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SOMMAIRE AGADIR PREMIÈRE est édité par Azigzao éditions Av. Hassan II - Imm. Maison de l’Avocat N°620 - 6e étage - Agadir - Tél. : 05 28 82 16 72 E-mail : info@azigzao.com Directrice de Publication : Touria OUCHEHAD Rédactrice en Chef : Catherine BIDAULT Directeur Artistique : Yassine MOUTAOUAKIL Graphiste Senior : Maryam IMAKBOUBEN Responsable Développement : Malik BOULBAROUD Impression : DP Crédits Photos : Azigzao - Shutterstock - Salima Naji Architecte SDR du Tourisme SM - Mehdi Benssid - Hollywood Studio Commune Urbaine d’Agadir - Yassir Khalil - Festival Gnaoua Yassine Atir - Zakaria Latouri - FNAP - Consulat Général de France Manuel et Landry Gautier Dépôt légal : 2006/0076 Dossier de presse : 06/234 ISSN : 2028-9723 Marque & Modèle déposés Tirage : 10 000 exemplaires Distribution gratuite Responsable Commercial Hicham OUCHEHAD Tél. : 06 61 93 25 46 commercial@azigzao.com Azigzao décline toute responsabilité vis-à-vis de la conformité des produits et services proposés par les annonceurs, sociétés et structures citées. Les produits et services offerts par les prestataires sont soumis à une relation client-fournisseur soumise aux lois en vigueur et n’impliquent en aucun cas l’éditeur du magazine.
DOSSIER P.6
Un collège d’experts au chevet de la Kasbah d’Agadir Oufella
ACTION CITOYENNE P.28
Opération « période estivale 2020 »
URBAN NEWS P.32
Architecture de la reconstruction, l’heure de la reconnaissance
PATRIMOINE P.36
La reconnaissance de notre diversité culturelle
HOMMAGE P.47
Repartir riche d’une belle amitié franco-marocaine
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www.agadirpremiere.com
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ZOOM P.50
Infirmières, infirmiers, aux origines d’un précieux métier
ÉCONOMIE P.53
Une entreprise répond au besoin en masques du Souss Massa
QUOI DE NEUF P.55
Le tour des nouveautés
Où NOUS TROUVER P.56
éditorial A
près tant de semaines de confinement et de déconfinement, toute l’équipe d’Agadir Première est heureuse de vous retrouver pour partager à nouveau les temps forts de notre ville et de notre région, et vous offrir ce magazine qui atteint cette année ses 14 ans d’existence. Il va sans dire que nous nous souviendrons de cette année 2020 qui nous a pris de court et chamboulé nos façons de vivre. Dans notre précédent numéro, nous étions dans la liesse d’une Visite Royale très attendue à Agadir, sans se douter que le coronavirus arriverait si vite à nos portes.
À l’heure du retour vers la reprise économique, nous pouvons nous recentrer sur les points positifs du grand Programme de Développement de la Ville d’Agadir 2020-2024, lancé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, octroyant près de 6 Milliards de Dirhams aux grands projets stratégiques de la ville. Malgré l’immobilisation générale imposée par la crise sanitaire, les grands chantiers prévus ont rapidement vu le jour dans le respect des délais engagés. Dans l’axe 5 du PDU, un projet longtemps espéré est d’ores et déjà mis en œuvre : la réhabilitation de la Kasbah d’Agadir Oufella. À l’occasion de ce grand événement, nous vous offrons, pour ce numéro de reprise, un dossier spécial sur la phase archéologique des remparts du site. Un voyage dans le temps à travers l’histoire de notre antique Kasbah. Catherine BIDAULT Rédactrice en Chef
Nos points de distribution
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UN COLLÈGE D’EXPERTS AU CHEVET DE LA KASBAH D’AGADIR OUFELLA
’événement paraît presque irréel, tant il a porté d’espoirs depuis 60 ans. Cet événement, c’est la mise en patrimoine de la Kasbah d’Agadir Oufella, monument historique cher au cœur des Gadiris, dont la phase archéologique est en cours de déroulement. Il y a pourtant bien longtemps que le projet de sa réhabilitation était en gestation, soulevant nombre de questionnements relativement complexes. Dans cette perspective, nulle improvisation n’était en effet envisageable, par respect pour Agadir et sa riche histoire séculaire, mais aussi pour permettre la sanctuarisation des lieux dont l’intensité n’a pas faibli depuis le tragique séisme de 1960. Pour ces raisons, la sensibilité du sujet a considérablement pesé dans le processus de réflexion et la balance des décisions autour du monument, mais aujourd’hui, au terme d’une grande démarche participative réunissant spécialistes, institutions et société civile, un projet raisonné de mise en patrimoine a vu le jour. Composante majeure des projets de mise en valeur du patrimoine de la Région Souss Massa, signés en février 2020 devant Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, la réhabilitation de la Kasbah d’Agadir Oufella intègre désormais, à juste titre, le cadre du Programme de Développement de la Ville d’Agadir 2020-2024.
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DOSSIER Honorer et s’approprier la mémoire des lieux C
’est au cœur d’un printemps marqué par la crise sanitaire du Covid-19 que le chantier a démarré sur le site d’Agadir Oufella. Ce chantier exceptionnel de complexité sur un monument historique classé au patrimoine national marocain, mais ruiné suite au tremblement de terre de 1960, nécessite une approche scientifique spécifique mêlant archéologie préventive et archéologie post-catastrophe. Ainsi, avant toute intervention, le bâtiment est documenté très précisément pour comprendre comment il a passé les siècles mais aussi résisté au tremblement de terre. Dans ce contexte, des fouilles ont été mises en oeuvre à l’extérieur des remparts, en commençant par les façades Sud et Est. Ces fouilles sont en effet déterminantes pour guider le projet de restauration, car elles permettront d’identifier avec précision les vestiges, la hauteur des murailles en 1960 et les différentes techniques constructives utilisées au fil des siècles. Cette forme d’archéologie préventive est indispensable pour déterminer le type de restitution adéquat à adopter pour le projet. Par ailleurs, les fouilles permettent d’apporter des éléments historiques extrêmement précieux pour la mise en tourisme du site. Visiteurs et amoureux de la Kasbah pourront ainsi profiter d’une importante documentation sur son histoire.
UN COLLÈGE D’EXPERTS AU CHEVET DE LA KASBAH D’AGADIR OUFELLA La mise en patrimoine d’un site meurtri par l’histoire
L’archéologie a pour objectif de participer à l’écriture de l’histoire de l’humanité à travers la détermination, la caractérisation et l’interprétation des vestiges mis au jour, tant par l’étude du bâti que par les fouilles. Associée à de nouveaux champs, transdisciplinaires, l’archéologie apporte également une connaissance approfondie du territoire. La lecture multiscalaire et interdisciplinaire des fouilles renouvelle en effet l’étude des paysages et de l’histoire de l’aménagement des territoires. L’archéologie voit également davantage des transformations plutôt que des ruptures et permet d’aborder, en dialoguant avec d’autres disciplines, les questions d’héritages, de transmission, de créations, de transformations, d’adaptabilité, de résilience ou de forçage.
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Pour permettre la réhabilitation d’Agadir Oufella, un vaste chantier participatif a été lancé, liant la gouvernance territoriale régionale aux citoyens et à l’ensemble de la société civile. Des ateliers participatifs ont été mis en place dès septembre 2017 et de nombreuses réunions partielles ont été tenues avec les élus, les responsables régionaux, communaux et associatifs, pour assurer l’assentiment de tous avant d’engager les travaux avec une entité dédiée à l’ordonnancement, au pilotage et à la coordination du projet : la SDR du Tourisme Souss Massa. Le 20 décembre 2018, une grande rencontre placée sous le thème « Histoire et mémoire d’Agadir Oufella. Honorer et s’approprier la mémoire des lieux, la mise en patrimoine d’un site meurtri par l’histoire » a été organisée à la Wilaya d’Agadir Souss Massa, en présence des autorités et responsables de la ville et de la région. La société civile, largement représentée, prouvait bien la charge émotionnelle encore portée à ce monument historique.
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Le patrimoine et la qualité du cadre de vie sont aujourd’hui des outils essentiels pour les responsables des villes et des territoires. Facteurs d’identité pour les habitants, ils contribuent à leur intégration sociale et servent de levier au développement économique et environnemental. Pour Agadir, le contexte est celui d’une situation post-catastrophe qui pose un certain nombre d’enjeux de réhabilitation. Le premier étant celui de respecter ceux qui reposent en paix après le tremblement de terre de 1960, sans pour autant empêcher les générations à venir de comprendre d’où elles viennent. L’atelier du 20 décembre 2018 a donc replacé le site d’Agadir Oufella dans des problématiques patrimoniales récentes, notamment en y intégrant une archéologie respectueuse des défunts.
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DOSSIER Salima Naji, Architecte Anthropologue
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our mener à bien la réhabilitation patrimoniale de la Kasbah d’Agadir Oufella, le projet a été confié à Madame Salima Naji, Architecte Anthropologue, pour son parcours exceptionnel dans la restauration ou la requalification de complexes patrimoniaux et d’édifices anciens dont, notamment, le Ksar d’Assa, la Kasbah Aghennaj de Tiznit, le Minaret d’Akka (soeur de la Tour Hassan de Rabat), mais aussi de nombreux greniers collectifs « Igoudars », et autres sites oasiens sacrés de la région. Lauréate de l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La-Villette et docteure de l’École des hautes études en sciences sociales de Paris, Salima Naji a réalisé plusieurs dizaines d’actions de sauvegarde d’architectures historiques menacées par la ruine, mais aussi édifié de nombreux bâtiments selon les principes de l’écoconstruction en terre crue et en pierre. Elle est l’une des rares architectes du Royaume a avoir écrit de nombreux ouvrages de référence sur ce patrimoine qu’elle restaure.
UN COLLÈGE D’EXPERTS AU CHEVET DE LA KASBAH D’AGADIR OUFELLA MOBILISATION D’UN COMITÉ DE SPÉCIALISTES DE HAUT NIVEAU Salima Naji a, par ailleurs, reçu nombre de distinctions internationales (« Jeunes architectes » 2004 de la Fondation EDF ; Prix Holcim du Développement Durable (2011), Short list de l’Aga Khan Award for architecture (2013), Chevalier des Arts et des Lettres de la République Française (2017),… Membre de l’équipe scientifique qui a accompagné la création du Musée Berbère du Jardin Majorelle en 2011, Fondation Yves Saint-Laurent-Pierre Bergé à Marrakech et membre du réseau Mediterre, professionnel de la terre crue, elle est associée à divers laboratoires de recherche ou comités scientifiques. Coordonnant, aujourd’hui, le comité scientifique en charge des fouilles archéologiques de la forteresse d’Agadir Oufella, l’architecte s’engage dans la restauration d’un monument des plus emblématiques du Sud marocain. Un défi qu’elle relève avec l’engagement et la passion qui la caractérisent.
À ses côtés, un collège d’experts de haut niveau de compétences et de références a été sollicité. Passionnés par l’histoire de la Kasbah et le challenge représenté par sa réhabilitation, tous ont fait preuve de réactivité et se sont mobilisés, malgré la crise sanitaire du Covid-19, pour ne pas retarder le chantier et pouvoir tenir les engagements pris. Le choix des profils des experts s’est fait sur la base de critères scientifiques très précis, notamment le fait d’avoir déjà dirigé des programmes de recherche internationaux au Maroc, d’avoir publié dans des revues scientifiques internationales, d’être liés à des institutions de formation et habilités à encadrer des doctorants pour donner à ce chantier une dimension formatrice essentielle.
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UN COLLÈGE D’EXPERTS AU CHEVET DE LA KASBAH D’AGADIR OUFELLA
a sensibilité et la complexité du chantier d’Agadir Oufella ont imposé la nécessité de disposer d’une réflexion d’ensemble. Outre les murailles, les équipes doivent aussi investiguer l’ensemble des abords, ce qui les amène à interroger le temps très long de l’occupation humaine. C’est ainsi qu’ont été sollicités des archéologues sachant mener des programmes de recherche portant sur de longues ères temporelles, selon les standards internationaux en vigueur.
Il était essentiel, pour Salima Naji, d’avoir à ses côtés un collège d’experts pour procéder à une restauration finale qui soit réfléchie. La rigueur scientifique permet d’établir une grande confiance mais aussi un esprit ouvert à la discussion des nombreuses hypothèses qui se vérifient progressivement. L’architecte est alors à même de procéder à des ajustements au fil des découvertes et des réponses données par les scientifiques après investigations. Aujourd’hui, les fouilles préventives sont dirigées, pour la période dite islamique des dynasties sultaniennes, par le Dr Mabrouk Saghir et pour la période antéislamique, par le Dr Youssef Bokbot qui gère également la coordination scientifique avec le professeur Jorge Onrubia Pintado. Tous possèdent une grande expérience en programmes internationaux de recherche, en particulier dans le Sud du Maroc.
MABROUK SAGHIR
Miguel Angel Hervás Herrera
Mabrouk Saghir est Archéologue et Professeur d’enseignement supérieur, Spécialiste d’archéologie islamique à l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine de Rabat. Lauréat de l’Université Mohammed V de Rabat et de Paris I Sorbonne, Mabrouk Saghir a travaillé sur de nombreux projets, notamment un programme de recherches archéologiques sur Figuig et sa Région durant le Moyen Âge islamique, en collaboration maroco-française, de 2013 à 2018, et, plus récemment, un programme de coopération archéologique maroco-anglaise « Jbel Bani Occidental, du Néolithique Final à la fin du Moyen Âge », dans la Province de Tata, depuis 2018. Du fait de la singularité de la forteresse d’Agadir Oufella au Maroc, il est accompagné d’un spécialiste ayant une expérience reconnue internationalement dans le traitement des fortifications post-catastrophes. Le choix s’est ainsi porté sur Miguel Angel Hervás Herrera qui a œuvré en Espagne, au Moyen-Orient et en Amérique latine. Archéologue professionnel, docteur de l’Université de Castilla-La Mancha, Miguel Angel Hervás Herrera est spécialiste de l’étude des matériaux et des techniques de construction de l’époque médiévale et moderne, de la conservation du patrimoine bâti et du développement des techniques de prospection, de fouille et de documentation archéologique.
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Archéologue préhistorien et Enseignant-Chercheur à l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine de Rabat, Youssef Bokbot est lauréat des Universités de Provence, Meknès et Montpellier. Il a participé à de nombreux projets de recherches archéologiques dans différentes régions du Maroc, de même qu’il dirige actuellement plusieurs programmes de recherches, dont sept internationaux tels que « Souss-Tekna, Préhistoire, Ethnologie et Archéologie islamique de la Vallée de l’Oued Noun », mené en coopération maroco-espagnole, ou encore « Néolithique et Protohistoire des plateaux de Zemmour », en coopération maroco-française.
Jorge Onrubia-Pintado est professeur titulaire à l’Université de Castilla-La Mancha où il dirige le Laboratoire d’archéologie, patrimoine et technologies émergentes rattaché à l’Institut de développement régional. Archéologue spécialiste des Îles Canaries et du Maghreb occidental, il a dirigé plusieurs projets de recherches archéologiques et est auteur ou co-auteur d’une centaine d’ouvrages et d’articles scientifiques. Comme Youssef Bokbot, Jorge Onrubia Pintado a été l’élève du grand archéologue Gabriel Camps qui a créé la fameuse Encyclopédie Berbère, lequel chercha à montrer la permanence des Imazighen sur la longue durée.
Tous les experts possèdent une grande expérience en programmes internationaux de recherche, en particulier dans le Sud du Maroc.
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DOSSIER
UN COLLÈGE D’EXPERTS AU CHEVET DE LA KASBAH D’AGADIR OUFELLA
Adrien Delmas Venu de Rabat, Adrien Delmas est le Directeur du Centre Jacques Berque pour le développement des sciences humaines et sociales au Maroc. Il a apporté son soutien en facilitant le lancement du chantier des fouilles d’Agadir Oufella et surtout soutenu la mise en place de son suivi à distance par l’équipe espagnole qui a dû décaler sa venue, du fait de la pandémie. Historien, Adrien Delmas a beaucoup travaillé sur le développement des routes commerciales européennes au XVIIe siècle dans une histoire connectée, ce champ historique neuf qui consiste en la reconnexion des différentes histoires nationales longtemps restées cloisonnées. Il a précédemment dirigé l’Institut Français d’Afrique du Sud (IFAS) et dirigé plusieurs programmes sur les cités commerciales en Afrique Australe. Lors de la conférence de décembre 2018 présentant le projet de réhabilitation d’Agadir Oufella, il avait souligné les résonances existantes entre Agadir Oufella et d’autres monuments contemporains dans le continent africain, notamment le Fort São Caetano de Sofala, érigé en 1505 au Mozambique par les Portugais, sur permission du Cheikh Isuf du Port de Sofala, site dont il a organisé les fouilles en 2019. Par ailleurs, Adrien Delmas codirige avec David Goeury le programme « La route des empires : recherche archéologique et valorisation patrimoniale des sites médiévaux du Présahara marocain ».
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David Goeury est docteur en géographie au laboratoire « Médiations. Sciences des lieux, science des liens » de Sorbonne Université. Parmi de nombreux projets, il est le coordonnateur scientifique, depuis 2002, du programme de recherche action « Architectures collectives et sacrées des oasis marocaines » et du programme « Collective Granaries ». En décembre 2019, il a coorganisé pour le Royaume du Maroc, avec l’Université d’Oxford, le Global Heritage Fund et l’ICROM Athar, la cinquième session de la conférence internationale « Protecting the Past » sur la préservation du patrimoine dans un contexte post-catastrophe. Cette grande conférence, qui vise à la circulation des bonnes pratiques en situation d’urgence, a été accueillie à Agadir. Membre du comité scientifique du projet de mise en patrimoine d’Agadir Oufella, il assure la coordination entre les projets de recherche, les opérations de fouilles et la médiation pédagogique.
Passionné du Maroc et de l’image, Mehdi Benssid est, pour sa part, le spécialiste en photogrammétrie de l’équipe. Cette spécialité pointue consiste en la captation aérienne par drone et la restitution en 3D de sites historiques et archéologiques, une technique qui permet de restituer un objet en trois dimensions à partir de simples photos en deux dimensions. L’avantage de la photogrammétrie est de pouvoir renseigner sur les volumes au centimètre près. Elle permet de mesurer des bâtiments, des distances, des volumes, ou même des cavités invisibles à l’œil nu, directement sur la simulation 3D, et ce, en un temps record, alors qu’autrefois ces relevés se faisaient longuement à la main, sans offrir tant de précision. La photogrammétrie permet en effet de documenter au fur et à mesure les fouilles et de constituer un fond d’archives numériques, à chaque fois que cela est nécessaire. Enfin, elle permet de visiter virtuellement des monuments ou des paysages et ainsi de développer des applications pédagogiques pour le grand public. Mehdi Benssid accompagne également le programme « La route des empires » et le programme « Collective Granaries ».
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DOSSIER LE PROGRAMME DES RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES COUVRIRA UN TEMPS LONG ALLANT DE LA PÉRIODE ANTÉISLAMIQUE À LA PÉRIODE ISLAMIQUE
UN COLLÈGE D’EXPERTS AU CHEVET DE LA KASBAH D’AGADIR OUFELLA AGADIR OUFELLA, UN SITE EN LIEN AVEC D’AUTRES MONUMENTS HISTORIQUES DU MAROC
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es fouilles préventives du projet de réhabilitation de la Kasbah d’Agadir Oufella intègreront un vaste programme de trois volets. Le premier sera la documentation autour de la Kasbah et de ses remparts par les professeurs Youssef Bokbot et Mabrouk Saghir, pour la restitution des murailles dans le cadre des bonnes pratiques et des nouveaux standards internationaux sur lesquels Miguel Angel Hervás Herrera apportera son expertise. Le second sera une étape de recommandations pour la médiation pédagogique du site, démarche qui en favorise la découverte et la compréhension. Celle-ci sera basée sur les standards internationaux conseillés par le professeur Jorge Onrubia Pintado qui a déjà mené avec succès l’expérience du Musée et du Parc Archéologique Cueva Pintada à Gran Canaria et se démarque par sa grande connaissance des régions du Sud du Maroc. Enfin, le troisième sera un volet de médiation scientifique auprès des jeunes chercheurs et doctorants pour la transmission des compétences spécifiques à ce type de site soumis aux risques sismiques, spécialité du Laboratoire d’archéologie, patrimoine et technologies émergentes dirigé par Jorge Onrubia Pintado avec Miguel Angel Hervás Herrera à l’Université de Castilla-La-Mancha.
Le site d’Agadir Oufella est d’une telle importance pour la mémoire et pour l’histoire que tous les experts qui l’étudient en restent fortement émus et impressionnés. Youssef Bokbot souligne que ce chantier est l’un de ceux qui a réuni le plus de compétences dans tout le Maroc. C’est par le biais de ce collectif que la restitution pourra s’approcher d’une situation historique clairement documentée pour éviter le pastiche ou la falsification de l’histoire. Le croisement des compétences permettra d’articuler le respect pour l’histoire et les mémoires du site. L’étude du site d’Agadir Oufella se fait en parallèle d’un programme d’ensemble mené actuellement sur l’histoire médiévale du Sud marocain. Berceau des dynasties almoravides, almohades, saâdiennes et alaouites, ce programme vise à documenter et valoriser cet axe saharien liant Sijilmassa, Zagora et Aqqa à Nul Lamta et désormais Agadir. Au-delà de la littérature où ces sites sont mentionnés, les recherches permettent une mise à jour matérielle de ces richesses patrimoniales dans ces territoires. Elles remettent les sites en réseau, notamment de par leurs relations commerciales et les routes médiévales, et redessinent la grande histoire au gré des découvertes, une histoire dont font intrinsèquement partie Agadir et sa Kasbah. Il était, à ce titre, primordial de mettre en évidence les liens d’Agadir Oufella avec son arrière-pays, en même temps qu’avec le commerce maritime mondial. Les fouilles archéologiques viendront apporter de nouveaux éclairages sur l’histoire du Souss dans son ouverture sur le monde.
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es scientifiques réunis au chevet de la Kasbah d’Agadir Oufella ont tous pour point commun la passion du Grand Sud et sont ici pour comprendre cette fortification dans son contexte. D’après Youssef Bokbot, spécialiste de la période antéislamique, le cas de figure d’Agadir Oufella est unique, car il est très rare de travailler sur une citadelle qui était encore active jusque dans notre période contemporaine (1960). Par ailleurs, la spécificité du tremblement de terre et de ses tragiques conséquences rend l’approche encore plus délicate de la part des archéologues. Ces particularités exigeront du collectif des solutions qui fluctueront au gré des découvertes quotidiennes, mais aussi au gré des regards croisés, jusqu’à la prise de décision finale. En effet, lorsque les équipes scientifiques entament les fouilles, elles le font avec un faisceau d’hypothèses qui évolue au fil des découvertes. Par le biais d’échanges permanents entre eux, les spécialistes peuvent alors déterminer comment traduire ces informations sur l’architecture à restaurer. L’architecte en est alors le chef d’orchestre qui cherche à retrouver une harmonie à travers divers instruments de musique.
UN COLLÈGE D’EXPERTS AU CHEVET DE LA KASBAH D’AGADIR OUFELLA De son côté, l’historien Adrien Delmas insiste sur l’importance désormais cruciale de pratiquer une archéologie préventive sur un site de cette importance. C’est par un dialogue entre la connaissance du passé et la restauration à venir qu’un tel projet grandit. Concrètement, cela se traduira par une analyse fine des échantillons recueillis, des linéaments de murs ou autres éléments du bâti, par les analyses des écofacts et artefacts recueillis à chaque couche soulevée, à l’extérieur des remparts. Mais aussi par l’analyse des enduits pour s’approcher au plus près des matériaux encore en fonction à l’époque que l’on souhaite restituer.
Dans le cas d’un monument comme la Kasbah d’Agadir Oufella, l’archéologie préventive s’imposait. Ce mode de recherche est apparu indispensable dès les prémices architecturaux du travail, d’une part, dans un souci de scientificité et d’identification de l’héritage patrimonial, mais aussi, et surtout, au regard du sentiment brutal de perte vécu par de nombreux habitants d’Agadir ayant perdu un proche. Car l’archéologie a aussi pour vocation de soigner des mémoires meurtries par toute catastrophe, en proposant une analyse très fine des vestiges. Ceci est ainsi un moyen supplémentaire pour ce collège d’experts de respecter ceux qui reposent en paix en ce site depuis le tremblement de terre de 1960, tout en proposant aux générations à venir de comprendre d’où elles viennent.
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POUR UNE ÉTHIQUE DE LA PRÉSERVATION Dans sa vision de la réhabilitation du site d’Agadir Oufella, Salima Naji souligne combien l’archéologie en est la pièce maîtresse. Il était primordial de vérifier l’exactitude des linéaments de murs, d’examiner les fondations de l’édifice pour que ce projet ne soit pas une copie moderne d’un édifice qui a existé, mais qu’au contraire se construise une documentation inédite sur un site qui a traversé l’histoire et qui pourra ensuite être présenté au public. Le projet de restauration sera donc amendé et évoluera au regard des découvertes archéologiques. Après avoir étudié les nombreuses photographies anciennes, après avoir côtoyé le monument pendant près de trois ans pour en établir des relevés, en extraire des plans, l’architecte pose avec les autres experts des hypothèses sur les possibles interventions sur le site. La fouille archéologique est donc indispensable pour révéler les mises en œuvre constructives historiques qui se sont succédé du XVIe siècle à 1960. La stratigraphie, les sondages archéologiques, les multiples prélèvements permettent de reconstruire une chronologie constructive sur au moins cinq siècles, laquelle sera ensuite mise en perspective avec les grands moments historiques de la forteresse. Agadir Oufella a connu de nombreuses phases : ses premières fondations à partir d’une construction archaïque, ses extensions multiples jusqu’à son périmètre actuel, son abandon relatif, les assauts militaires, les reconstructions suite aux tragiques effondrements lors du tremblement de terre et des interventions plus récentes, problématiques, qui ont fragilisé la structure. Le projet actuel de restitution est une œuvre collective dans la mesure où tous les intervenants apportent leur pierre à l’édifice dans un projet commun : faire parler le site.
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DOSSIER PREMIÈRES DÉCOUVERTES EXTRA-MUROS S
i les récits situent la construction de la forteresse d’Agadir Oufella au temps des Saâdiens, les fouilles archéologiques sont là pour attester de la véracité de ces informations, les compléter et les démontrer. Elles permettent aussi d’étudier, voire vérifier l’éventuelle présence de substrats archéologiques d’avant cette époque. De la forteresse d’Agadir Oufella jusqu’à ses alentours, tout est actuellement observé et documenté. À ce titre, le Dr Youssef Bokbot souligne que le site occupe une position stratégique où sont imbriquées toutes les phases : celles d’avant 1960, celles liées à l’effondrement dû au tremblement de terre et celles des interventions effectuées après le séisme. Tout est lisible, comme les pages d’un livre que l’on feuillette. La découverte, aux alentours de la Kasbah, de carrières utilisées pour l’extraction de sable et d’argile, a même permis de remonter l’histoire du site jusqu’à son âge géologique. La présence d’affleurements de roches où apparaissent des fossiles marins, prouve en effet qu’à l’ère géologique, ce niveau de strate était au niveau de la mer.
UN COLLÈGE D’EXPERTS AU CHEVET DE LA KASBAH D’AGADIR OUFELLA DES SONDAGES POUR ANALYSER LES MURAILLES Des sondages ont été pratiqués le long du rempart Est jusqu’à la tour Nord-Est de la Kasbah, puis sur la partie du rempart Sud se situant avant l’entrée, pour vérifier l’intégrité des remparts de cette enceinte, remaniés à plusieurs reprises, et tâcher ainsi de les dater. Il est impératif de bien comprendre la stratigraphie muraire en ce qui concerne les mortiers et les enduits. Leur datation est assez compliquée. Les datations effectuées sur les carbonates (CO3Ca) de la chaux n’étant nullement fiables, le seul moyen de dater les mortiers consiste à échantillonner les éventuelles inclusions de matière organique contenues dans ces matériaux : charbons de bois, fragments de paille… Plusieurs couches stratigraphiques ont été mises au jour jusqu’à la roche-mère et le matériel archéologique découvert est en cours d’analyse. Le Dr Mabrouk Saghir précise que ce matériel apportera de précieux indices sur les modes d’occupation ou de vie des sociétés qui se sont succédé sur ce site, du Moyen Âge jusqu’aux époques modernes d’avant 1960. D’ores et déjà, Mabrouk Saghir et Youssef Bokbot s’accordent à déclarer que le site était déjà occupé avant le XVIe siècle.
DES STRATES ANTÉRIEURES AU XVIe SIÈCLE Pratiqué dans un angle pour observer la liaison entre deux murs, un sondage a révélé des couches stratigraphiques datant d’avant la fondation de la Kasbah. En effet, si les côtés Est et Sud de l’édifice reposent sur la roche-mère, situant ses fondations au XVIe siècle, la partie analysée du mur d’enceinte Nord-Est présente, pour sa part, deux couches stratigraphiques antérieures au XVIe siècle et une grande quantité de matériel archéologique qui prouve qu’une vie avait bien cours avant la construction de la forteresse en ce point du site. Ceci corrige déjà la vision d’un site dont on connaît un périmètre récent, mais dont on ne savait pas qu’il était bordé d’autres éléments de bâti indépendants de lui.
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DOSSIER DES MORTIERS DIFFÉRENTS mis au jour SOUS LA MURAILLE
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’un des sondages de la muraille Est a dévoilé deux dalles reposant elles-mêmes sur la roche-mère de la montagne. Un sondage pratiqué à cet endroit a révélé une petite fosse remplie de gravats et de gros blocs qui ont probablement servi de support aux fondations de la muraille. À ce niveau du site, la roche-mère est aussi beaucoup plus élevée qu’au niveau des lieux saints, avec une différence de près de 4 mètres, ce qui offre une base beaucoup plus solide aux structures et a probablement orienté le choix des sites d’implantation des murailles. Une faille visible montre comment tout ceci a été remodelé encore lors d’un tremblement de terre, sans doute le dernier en date.
UN COLLÈGE D’EXPERTS AU CHEVET DE LA KASBAH D’AGADIR OUFELLA UN SOL DE 1960 QUI A REÇU DES ÉBOULEMENTS L’un des sondages les plus profonds effectués a révélé trois couches distinctes avant le substrat du sol dit dur. La première est la couche superficielle toujours dégagée avant de débuter un sondage archéologique. La seconde est une couche archéologique qui contient beaucoup de vestiges (débris, animaux, éclats de céramique). La troisième constitue le sol de 1960, celui qui a reçu les éboulements et en dessous duquel se trouvent les blocs qui soutiennent la muraille et les sédiments marins. Lorsque certaines parties de la muraille se sont effondrées, c’est ce sédiment qui les a reçues d’abord avant d’être recouvert par la couche archéologique évoquée plus haut. Cet état de fait dû à un site sismique complexifie ainsi la fouille.
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LA TOUR DISPARUE Au niveau de l’angle du rempart Est, les archéologues ont découvert les fondations d’une tour dont seule la base affleure encore au sol. Elle a la particularité d’être une tour angulaire, probablement une tour de guet qui servait autrefois à surveiller les environs arrière de la Kasbah. Dans l’optique d’une reconstruction, il faudra déterminer chacune des époques intriquées pour bien expliquer comment un monument ne naît pas d’un seul coup mais provient d’une succession d’étapes constructives.
LE FOUR À CHAUX
Un four à chaux creusé dans le roc a été identifié en contrebas de la forteresse. Ce dernier présente une ouverture circulaire cylindrique caractéristique. Une ouverture latérale a été opérée à la base du four pour l’alimentation en combustible. Celle-ci conserve encore des blocs de grès dunaire rougis par le feu. La forteresse, connue pour ses blanches façades, avait en effet prélevé la matière sur son site même d’édification.
LE DÉCAPAGE HORIZONTAL APRÈS SONDAGES
Les divers points de sondage pratiqués le long de la muraille Est ont révélé que le sol d’occupation contemporain au tremblement de terre est situé entre 0,40 et 0,60m de profondeur. Les sondages ont révélé aussi que la muraille a été bâtie directement sur le substratum géologique calcaire. Les blocs d’effondrement dus au tremblement de terre reposent sur le sol d’occupation d’avant février 1960. Pour délicatement enlever le plus gros après les fouilles préventives, une petite pelle mécanique opère avec godet à tranche lisse et à nasse. L’ensemble de ces opérations est placé sous le contrôle permanent de l’un des archéologues en chef.
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UN COLLÈGE D’EXPERTS AU CHEVET DE LA KASBAH D’AGADIR OUFELLA L’ARCHÉOLOGIE PRÉVENTIVE Si l’archéologie se pratique depuis au moins 150 ans, l’archéologie préventive est une discipline scientifique plutôt récente, apparue depuis à peine trente ans. Son appellation anglaise « emergency archeology » renseigne bien sur sa véritable nature : une archéologie d’urgence. Elle a pour rôle premier d’étudier les vestiges qui risquent d’être détruits par des travaux d’aménagement du territoire. En plus d’identifier l’héritage patrimonial, l’archéologie préventive a pour deuxième vocation de documenter scientifiquement et de façon systématique, puisque chaque intervention sur le patrimoine est toujours enregistrée. Adrien Delmas déplore que cette démarche soit encore trop rare au Maroc, alors que les enjeux sont considérables dans un pays aussi riche d’histoire. Au regard de l’urbanisation croissante du pays, du développement des infrastructures, l’historien préconiserait une archéologie préventive qui accompagne les travaux pour s’assurer de ne pas détruire le patrimoine. Car les excavations que doivent faire toute autoroute ou autre grand aménagement sont une opportunité exceptionnelle pour permettre à des équipes d’archéologues professionnels de documenter des périodes anciennes. Le Dr Youssef Bokbot précise que l’archéologie préventive n’est pas systématique au Maroc pour cause de vide juridique. La loi n° 22-80, relative à la conservation du patrimoine, ne prévoit pas, en effet, d’études d’impact sur le patrimoine archéologique lors du lancement de projets structurants. Seule la volonté et la sensibilité des aménageurs peuvent faire la différence. Cependant, les expériences internationales ont démontré qu’aujourd’hui, la maîtrise d’ouvrage peut facilement intégrer l’archéologie préventive dans les études préalables.
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LA VISION DE SALIMA NAJI SUR LE PROJET AGADIR OUFELLA « Le passé d’Agadir Oufella doit être perceptible au premier regard. » La finalité, que le Maître d’Ouvrage appelait de ses vœux depuis le premier jour, était de restituer la grandeur de la Kasbah, ce qui ne peut se faire qu’au travers de sa vérité. Voici près de trois ans que l’actuel projet est apparu au grand jour, sous l’impulsion de Monsieur Ahmed Hajji, Wali de la Région Souss Massa, qui a œuvré à concilier les divergences et à mobiliser les énergies nécessaires à sa mise en œuvre. Après de longues années d’attente où les avis se sont faits et défaits sur l’avenir d’Agadir Oufella, une vision commune et partagée s’est construite, avec la société civile et les services déconcentrés, tour à tour consultés et associés, pour être en mesure de proposer un projet à même de rendre hommage aux survivants et à leurs familles. Car comment aborder un bâtiment qui a tant souffert et connu tant de drames personnels…? Cette question, la Maîtrise d’Ouvrage en a fait le moteur de sa commande. Pour la première fois, un réel dialogue s’est ouvert avec les rescapés et les descendants des victimes... Ces derniers ont été écoutés et une réflexion a été menée pour déterminer comment leur répondre avec la plus grande sincérité.
La sanctuarisation des lieux exigeait en effet l’adoption d’un protocole pour intervenir avec le respect qui se devait et ce, non pas seulement sur le monument. Un monument complexe qui s’est transformé au cours de l’histoire. Son état indiquait des voies à suivre. La première était celle des récits.
Les plus âgés des survivants n’étant plus, ces récits se sont construits sur les souvenirs des plus jeunes, des souvenirs chargés d’émotion. Il était donc question pour l’équipe en charge du projet de reconstruire ce rapport perdu aux lieux. Ainsi, dans la commande publique de mise en patrimoine d’Agadir Oufella, il y avait une volonté très forte de prendre en compte la dimension humaine, de faire parler le lieu, de le donner à comprendre en retour à tous – qu’ils soient ou non de la région ou de la ville – de rendre l’histoire avec générosité. L’architecte, en se mettant au service du monument, doit en effet agir en révélateur d’une histoire singulière par définition. Le rôle d’un architecte au chevet d’un édifice patrimonial de cette complexité est de s’effacer pour proposer une lecture du site la plus juste possible.
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« Ce lieu qui veille sur la ville doit être notre aïeul à tous, une figure qui représente un passé commun. » Le site d’Agadir Oufella concentrait des contraintes essentielles qui ont ainsi balisé le projet. L’une d’elle était la catastrophe ayant causé des pertes humaines et des dommages sur le bâti du monument : la perte physique des êtres, la perte mémorielle des murs, et en miroir, la nécessité de sa réparation.
Est donc rapidement venue, en écoutant les uns et les autres, en regardant l’objet dans son état actuel et dans ses vies précédentes, la nécessité de rendre le monument à son passé, cette fois-ci convenablement restitué. C’est là que se situe l’obligation de l’archéologie et de l’histoire. L’arrêt du vécu est ce fameux 29 février 1960. Il a été donc très tôt convenu de rechercher ce seuil de la catastrophe sur les murs de la citadelle. Il y a en effet un avant et un après ce niveau 0 où la vie s’est arrêtée. Lors des fouilles, ce niveau archéologique devient le repère à partir duquel tout s’est reconstruit. De retrouver certaines failles sismiques dans le bâti, de mettre au jour d’autres détails restituant la mémoire du lieu, de remonter le «sombre abime du temps» (Buffon). Les murs seront les témoins de la grandeur passée qu’a connue la vieille ville. Les photographies anciennes ne suffisent plus pour aller au-delà de la mémoire humaine, il faut encore remonter le cours de l’histoire, soulever le palimpseste des pages que le passé a imprimées sur le site, creuser sur le pourtour du site, documenter ses abords, comprendre comment il fonctionnait sur la durée, qu’il soit port ou ville. Que son histoire ait connu des heures de gloire comme des temps d’ombre.
La silhouette des murs incarnant l’idée de la citadelle dans la mémoire de tous sera donc scrupuleusement restituée, et autour et à l’intérieur seront mis en valeur tout ce que l’archéologie aura su faire remonter de l’histoire, de ses strates géologiques à la fabrication de la forteresse telle qu’elle nous a été léguée, de sa genèse à aujourd’hui. On sait bien que ce lieu ne s’est pas édifié en une fois tel qu’il est apparu à l’orée du XXe siècle sur les photographies ou dans les contours que nous en a donné l’iconographie connue des gravures du XVIIIe siècle et des témoignages plus anciens. On se doute bien qu’il y a d’autres monuments qui la bordent et que d’autres périmètres tracèrent ses divers contours. Qu’il y a eu sans doute des fortins archaïques qui l’ont précédée, un ensemble de données hydrauliques qui
furent nécessaires à son fonctionnement. Tout ceci n’apparaîtra pas en quelques mois, il faudra des années de recherche initiée en parallèle avec une mise en patrimoine du site. Dans cette restitution d’un passé complexe, tous les intervenants deviennent des passeurs de mémoire. La matière inadéquate doit être retirée (ciment et bitume) pour laisser entrevoir le substrat, la gangue de la citadelle ; la laisser redevenir notre aïeule à tous, cette figure tutélaire qui représente notre passé, en la mettant en valeur par ce qu’elle porte en elle et non un habit esthétique qui la recouvrirait. Chercher un niveau d’exigence guidé par un devoir de mémoire sur un lieu malmené par l’histoire récente, en refusant une unique quête esthétique qui enrobe le monument au lieu de le dévoiler. À cette fin, l’Architecte et la Maîtrise d’Ouvrage ont taché de réunir un collège d’experts, lequel a accepté de se mettre patiemment au chevet de la citadelle pour venir ensemble révéler un lieu, un lieu visible de partout à Agadir, un lieu implanté sur le point le plus haut d’un site stratégique, un lieu qui veille sur la ville comme une sentinelle.
Les édifices collectifs La passion de Salima Naji pour les édifices collectifs qui ont traversé les siècles, s’attache au fait qu’il s’agit toujours de biens communs, de biens partagés : des biens dont nous ne sommes que les légataires temporels et qui ne nous appartiennent pas puisqu’ils appartiennent à tous. À travers un patrimoine qui, à divers moments de son histoire, est pris dans la nasse de la mondialisation, une communauté donnée reprend le chemin de l’histoire ; une histoire connectée. Agadir se présente à nouveau à une communauté plus grande, à l’échelle universelle, avec un monument en cours de restitution enfin placé face à son histoire, assumée.
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ACTION CITOYENNE
OPÉRATION « PÉRIODE ESTIVALE 2020 » Après avoir été privés de leur plage pendant le confinement du printemps, les Gadiris l’ont retrouvée avec bonheur au début de l’été. Offrant près de 5,5 km de sable et 4,5 km de promenade de front de mer, la plage d’Agadir est aussi très appréciée des citoyens et des visiteurs pour sa baie à l’abri des courants et des ardeurs de l’Océan Atlantique. Avec une moyenne de fréquentation de 60.000 personnes par jour en été, et jusqu’à 80.000 personnes les week-ends et jours fériés, la plage d’Agadir fait l’objet d’un soin particulier et incessant de la part des services de la Commune avec optimisation de la signalétique des parkings, trottoirs et panneaux d’informations, nettoyage fréquent de la plage et de la promenade avec tous les moyens humains et techniques nécessaires, sans oublier un contrôle de qualité des eaux de baignade tous les 15 jours. Début juillet 2020, une grande opération de nettoyage de la plage d’Agadir est venue marquer le lancement de la période estivale. Pour en savoir plus, nous nous sommes rapprochés de Monsieur Bakiri Mohammed, Premier vice-président chargé de l’environnement à la Commune d’Agadir.
En été, la plage d’Agadir est nettoyée 7/7 jours, de 1 à 3 fois par jour par une soixantaine d’agents, dont une équipe de nuit.
Le dimanche 5 juillet 2020, la Wilaya de la Région Souss Massa et la Commune d’Agadir ont donné le ton en organisant une opération de nettoyage de la plage d’Agadir en partenariat avec le Centre Régional du Tourisme d’Agadir Souss Massa et l’Association Marocaine de Jet Ski à Agadir, et en collaboration avec des associations de la société civile : l’Association des Amateurs de la Mer, de la Pêche Sous-Marine et de la Protection de l’Environnement, la Fondation Africaine des Secouristes et le Club des Jeunes Leaders Marocains de la Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales d’Agadir. Tout au long de la plage et au bord de l’océan, piétons et plongeurs n’ont pas ménagé leurs efforts pour collecter les déchets et engager le dialogue avec les usagers de la plage. Dirigée en conformité avec les mesures de sécurité sanitaires en vigueur, cette initiative s’inscrit dans une démarche éco-citoyenne de la Commune Urbaine d’Agadir qui vise à sensibiliser les estivants à la préservation de l’environnement maritime. Très bon été sur la plage d’Agadir !
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URBAN NEWS I
l s’en est fallu de peu que le programme prévu dans le cadre de la Commémoration des 60 ans de la Reconstruction d’Agadir, qui a eu lieu dans la semaine du 28 février au 6 mars, ne tourne court avec le spectre du coronavirus à nos portes. Les prescriptions se faisant chaque jour plus pressantes pour anticiper l’épidémie, les événements des deux derniers jours, un match des anciens et la soirée de clôture, se sont vus malheureusement annulés. Il reste que cette semaine fut riche en émotions avec de multiples rencontres et retrouvailles, inaugurations et hommages qui ont réchauffé les cœurs, et surtout ouvert la porte à une reconnaissance officielle de notre architecture moderne, sujet qui nous tient à cœur depuis longtemps chez Agadir Première. Si la menace du coronavirus est venue écourter ces événements, un mouvement est désormais en marche et nous sommes heureux de vous dévoiler ici tout ce que vous pourrez découvrir ou visiter lors de vos prochains déplacements en ville.
ARCHITECTURE DE LA RECONSTRUCTION, L’HEURE DE LA RECONNAISSANCE UN TIMBRE de collection Les premiers jours de cette semaine anniversaire ont débuté dans une grande solennité. Après un émouvant moment de recueillement observé la veille au Cimetière d’Ihchach, en présence des officiels de la ville, des représentants des trois grandes religions et de rescapés qui avaient fait le voyage, le 29 février, jour anniversaire du séisme, prévoyait de multiples surprises pour notre ville.
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Un timbre à l’effigie du Mur du Souvenir marque le 60e anniversaire de la Reconstruction d’Agadir Dans un Hôtel de Ville mis en valeur pour l’occasion, une cérémonie officielle d’ouverture s’est déroulée dans la Salle Brahim Radi, avec la présence exceptionnelle du Chef du Gouvernement, Monsieur Saâd Eddine El Othmani, de Monsieur Ahmed Hajji, Wali de la Région Souss Massa, de Monsieur Brahim Hafidi, Président du Conseil Régional, de Monsieur Salah El Malouki, Maire d’Agadir, des consuls de la ville et de la société civile. La cérémonie, largement médiatisée et relayée sur les chaînes de télévision nationales, a été marquée par le dévoilement et la présentation d’un timbre émis par Barid Al Maghrib, institution nationale de la poste et des télécommunications.
Créé sur le thème du 60e anniversaire de la Reconstruction d’Agadir, ce timbre, d’une valeur postale de 3,75 Dirhams, a pour effigie le Mur du Souvenir d’Agadir, œuvre de l’architecte Claude Verdugo, dont la façade est ornée d’une citation hautement symbolique de feu le Roi Mohammed V : « Si le destin a décidé la destruction d’Agadir, sa reconstruction dépend de notre foi et de notre volonté ». Amateurs de philatélie et de courrier postal, vous trouverez ce timbre à votre disposition auprès des bureaux de Barid Al Maghrib, à la Poste Principale d’Agadir. Ce dernier rejoint ainsi la collection de timbres historiques du Maroc dédiés au thème de la Reconstruction d’Agadir.
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URBAN NEWS SIGNATURES DE BÂTIMENTS HISTORIQUES
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our ce 60 e anniversaire, trois bâtiments phares de la Reconstruction d’Agadir et plus particulièrement du quartier de la Ville Nouvelle, ont été mis en lumière par l’apposition de tablettes commémoratives en hommage aux architectes qui les ont créés : l’Hôtel de Ville d’Émile Duhon, la Poste Principale de Jean-François Zevaco et l’Immeuble A de Louis Riou et Henri Tastemain. Les plaques ont été dévoilées avec cérémonie sous les yeux du Chef du Gouvernement, des officiels de la ville et du public présent pour l’occasion. Cette initiative prouve que des étapes se franchissent peu à peu dans notre ville vers une vraie reconnaissance de l’architecture historique d’Agadir et il est à souhaiter que ce geste s’étende aux autres bâtiments signés de grands architectes. Ne manquez pas d’orienter votre prochaine sortie vers le centre-ville pour découvrir ces plaques commémoratives.
ARCHITECTURE DE LA RECONSTRUCTION, L’HEURE DE LA RECONNAISSANCE 60 TABLEAUX AU MUSÉE DU PATRIMOINE AMAZIGH Nous vous avions annoncé cette exposition d’arts plastiques et le résultat artistique s’est révélé au-delà des espérances. Le lundi 2 mars a ainsi été dévoilée, sur la cimaise du Musée Municipal du Patrimoine Amazigh, une extraordinaire œuvre mosaïque de 60 tableaux réalisés par 6 artistes : Mustapha Belkadi, Samira Ait El Maalam, Rachid Fassih, Ahmed Bibaoune, Abdelaziz Ousalah, Abdelhadi Mourid. Si vous n’avez pas eu le temps d’aller l’admirer, la fresque vous attendra dans la salle d’expositions temporaires dès la réouverture officielle du musée.
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DES AVENUES EN MÉMOIRE DES GRANDS HOMMES Après les plaques commémoratives des bâtiments, le mardi 3 mars a été l’occasion d’une nouvelle surprise pour la ville d’Agadir et ses citoyens : le dévoilement symbolique, à l’Hôtel de Ville, de nouvelles appellations de rues à l’occasion du 60e anniversaire de la Reconstruction d’Agadir. En partenariat avec l’Association Forum Izorane N’Agadir, dédiée à la mémoire d’Agadir, les plaques donnent ainsi leur nom à six nouvelles avenues qui rendent hommage à six grands hommes, architectes et hommes politiques, ayant marqué le paysage du Maroc et d’Agadir après le séisme : Mourad Ben Embarek, Jean-François Zevaco, Elie Azagury, Salah M’Zili, Mohamed Benhima, Abdessalam Faraoui. Lors de vos prochains déplacements en ville, vous pourrez découvrir ces nouvelles avenues aux alentours de l’hypermarché Marjane Agadir au quartier Founty et, au même niveau, dans l’entrée du Haut Founty. Bonnes visites.
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PATRIMOINE R
iche d’une histoire plurielle au carrefour des civilisations, notre pays abrite une multitude d’arts populaires, héritage de traditions régionales séculaires, de migrations lointaines ou de luttes pour la protection du territoire. Ce patrimoine immatériel, aussi solidement ancré soit-il, est pourtant régulièrement mis à mal. Le manque de relève parmi les nouvelles générations, l’exode rural et l’émigration massive des années 60 en sont les principales causes, mais les effets de la mondialisation et le manque d’intérêt croissant des plus jeunes pour les arts de leurs ancêtres, menacent encore plus sûrement de disparition nos spécificités artistiques régionales. Conscient de l’importance de ce patrimoine et de l’urgence d’en assurer sa conservation, le Maroc a adhéré, au cours des dernières années, à une convention de l’UNESCO spécialement dédiée à cet objectif. Cette initiative vient d’être récemment gratifiée d’une belle consécration par l’inscription, en 2019, de la culture Gnaoua sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.
LA RECONNAISSANCE DE NOTRE DIVERSITÉ CULTURELLE
« La diversité culturelle est inhérente à l’humanité, elle est digne d’être célébrée et préservée au profit de tous. » Convention 2005 de l’Unesco
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PATRIMOINE LA CONVENTION UNESCO 2005
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’est à Paris, en octobre 2005, que s’est tenue la 33e session de la Conférence générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture. Au jour du 20 octobre 2005, une convention y a été adoptée pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Celle-ci se base sur une prise de conscience de l’importance de la diversité culturelle comme caractéristique inhérente à l’humanité, digne d’être célébrée et préservée au profit de tous. La convention souligne, parmi de nombreux autres points, que la diversité culturelle nourrit les valeurs humaines et profite au développement durable. Elle est indispensable à la paix et à la cohésion sociale, en particulier à l’amélioration du statut des femmes dans la société. La diversité culturelle se renforce par la libre circulation des idées, les échanges constants et les interactions entre les cultures. La convention reconnaît, par ailleurs, la nécessité de prendre des mesures pour protéger la diversité des expressions culturelles, y compris de leurs contenus, en particulier dans des situations où celles-ci peuvent être menacées d’extinction ou de graves altérations. L’adhésion du Maroc à cette convention est entrée en vigueur le 4 septembre 2013.
LA RECONNAISSANCE DE NOTRE DIVERSITÉ CULTURELLE La culture est une école, une nourriture pour l’esprit, une distraction pour le corps, une source inépuisable de bien-être.
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LES POLITIQUES SONT AUSSI CULTURELLES
Ces dernières décennies, le monde a compris que la culture est un pilier de stabilité notoire pour les populations et même un des plus solides. Pourtant, cette notion est encore inégalement comprise ou appliquée par tous les états qui relèguent parfois la culture au dernier plan des priorités, bien après les secteurs de la santé, de l’enseignement ou de l’énergie. Pourtant, la culture est elle aussi une école, une nourriture pour l’esprit, une distraction pour le corps. Elle est donc une source inépuisable de bien-être pour les citoyens et doit faire, à ce titre, l’objet d’une véritable réflexion politique.
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En préface du rapport mondial 2015 de la Convention 2005, Irina Bokova, alors Directrice Générale de l’Unesco, soulignait que cette convention a changé l’approche générale de la culture : « La Convention 2005 reconnaît le droit souverain des gouvernements à introduire des politiques visant à protéger et promouvoir la diversité des expressions culturelles. Elle met en lumière la double nature des activités, biens et services culturels, qui ont à la fois une dimension économique et culturelle. … Aujourd’hui, nous pouvons constater les multiples avantages de cette dualité qui est une force pour la durabilité sociale et économique, mais aussi un moteur de promotion des droits de l’homme et des libertés fondamentales. … De nouveaux discours et de nouvelles approches sont nécessaires pour orienter les politiques culturelles. Elles doivent s’accompagner d’engagements vers des changements institutionnels et structurels dans tous les domaines de la gouvernance et de la gestion de la culture. »
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PATRIMOINE LA CULTURE POUR LE PROGRAMME 2030
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ous avons vu précédemment que la culture est aujourd’hui reconnue comme un des leviers majeurs du développement durable. Cette vision s’est renforcée, en 2015, par l’adoption du Programme Unesco de Développement Durable à l’Horizon 2030. Audrey Azoulay, la nouvelle Directrice Générale de l’organisation depuis 2017, le présente en ces mots : « Cette initiative internationale est la première à prendre en compte le pouvoir qu’a la culture de créer des emplois décents, de favoriser la croissance économique, de réduire les inégalités, de protéger l’environnement, de promouvoir l’égalité des genres et d’édifier des sociétés pacifiques et inclusives. »
LA RECONNAISSANCE DE NOTRE DIVERSITÉ CULTURELLE « Aucun développement ne saurait être durable sans prendre en considération la culture. » Unesco Ce plan d’action universel compte contribuer à promouvoir la culture à l’échelle mondiale en œuvrant à la préservation du patrimoine matériel tels les monuments, les sites archéologiques et les villes historiques, et à la valorisation du patrimoine culturel immatériel tels les arts du spectacle, les traditions et expressions orales et les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel. Le patrimoine naturel et la biodiversité auront aussi toute leur importance, de même que les industries dédiées à la culture et les expressions de diversité culturelle.
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PATRIMOINE A
rt traditionnel de notre pays parmi les plus marquants, la culture Gnaoua vient d’obtenir une belle reconnaissance internationale. C’est en effet lors du 14e Comité intergouvernemental de l’Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, tenu en décembre 2019, à Bogotá, en Colombie, que l’art Gnaoua a été inscrit sur la liste représentative de l’organisation. De l’avis même du comité, la communauté gnaouia s’est montrée particulièrement active dans toutes les étapes du processus, depuis le lancement de l’initiative de dépôt de candidature en 2013 par l’Association Yerma-Gnaoua dédiée à la promotion et à la diffusion de ce patrimoine. Depuis, l’État partie et les communautés concernées ont pris part à des réunions, ateliers et activités pour sauvegarder l’élément, élaborer le dossier de candidature et définir les mesures de sauvegarde.
LA RECONNAISSANCE DE NOTRE DIVERSITÉ CULTURELLE LA TRADITION GNAOUA INSCRITE À L’UNESCO
Très appréciés pour leurs rythmes envoûtants, les Gnaoua perpétuent un art développé vers le XVIe siècle par des groupes et individus issus de l’esclavage, certains venus du Mali ou du Sénégal, mais le plus souvent du Soudan. De nos jours, leurs descendants produisent un ensemble de créations musicales, performances, pratiques confrériques et rituels à vocation thérapeutique où le profane se mêle au sacré, où les pratiques africaines ancestrales se mêlent aux influences arabo-musulmanes et amazighes. Très présents à Essaouira, les Gnaoua revêtent tour à tour des vêtements blancs à la campagne ou colorés et brodés en ville, rehaussés de cauris, petits coquillages porteurs d’une symbolique ancienne en Afrique. Pour pratiquer leur art, les Gnaoua s’accompagnent d’instruments traditionnels : guembri à cordes, castagnettes en fer Qraqeb et grands tambours. Depuis 22 ans, le Festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira contribue largement à diffuser la culture gnaoua à l’international et à créer l’envie de cet art chez les jeunes générations.
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’ est loin des vallées du Haut Atlas, dans l’île sud-coréenne de Jeju, qu’en ce mois de décembre 2017, le 12e Comité intergouvernemental de l’Unesco a inscrit la danse Taskiwin sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente. Les rebondissements de l’histoire ont fait naître au cœur des montagnes du Haut-Atlas occidental, une danse guerrière amazighe portant le nom de Taskiwin. Simulant d’anciennes batailles sur un rythme cadencé accompagné d’une vibration des épaules et de percussions « taârija », les danseurs arborent une tunique blanche, une cartouchière et une poire à poudre sur l’épaule, nommée Tiskt. Fabriquée en bois de noyer, bois noble et léger, le Tiskt est richement décoré et recouvert de feuilles d’argent. Pour le fabriquer, les interventions croisées du forgeron, du menuisier, du potier, de l’orfèvre et du cordonnier sont nécessaires, sans oublier l’armurier pour la poudre. Le tout se complète de fils de laine décoratifs travaillés par les femmes du village.
LA RECONNAISSANCE DE NOTRE DIVERSITÉ CULTURELLE LA TASKIWIN, DANSE MARTIALE DU HAUT-ATLAS OCCIDENTAL En 1962, une campagne d’émigration a bien failli faire disparaître cet art, tous les jeunes danseurs de Taskiwin ayant été recrutés pour les mines de charbon françaises. Depuis, la relève manque pour enseigner les différents rythmes de la danse et les techniques de fabrication du Tiskt et des instruments aux jeunes générations. De plus, avec la mondialisation actuelle, beaucoup de jeunes commencent à se désintéresser de cet héritage du passé au profit de pratiques artistiques modernes. Fort heureusement, au cours des deux dernières décennies, la nécessité d’assurer la viabilité de la Taskiwin a fait l’objet d’une prise de conscience collective dans certaines communautés. Ainsi, la première association dédiée à cette pratique a été créée dans la région en 1993 et cette initiative a été suivie par plusieurs autres villages.
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REPARTIR RICHE D’UNE BELLE AMITIÉ
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près quatre années de mission à Agadir, le temps est venu pour Dominique Doudet, Consul Général de France, de repartir vers de nouveaux horizons. Sa personnalité empathique, son écoute et sa disponibilité ont fait que nous garderons le souvenir d’un homme qui a su mettre en lumière le travail des entrepreneurs français de la région et tisser des liens solides avec les autorités, les collectivités, les acteurs culturels, associatifs et universitaires du Souss Massa. En d’autres circonstances, Dominique Doudet aurait eu plaisir à préparer un inoubliable 14 juillet dans les jardins du consulat général, une fête nationale solennelle et festive dont il a fait un authentique moment d’amitié francomarocaine et d’union de la communauté française. Malheureusement, la pandémie du Covid-19 l’a contraint à y renoncer cette année. Néanmoins, grâce aux réseaux sociaux, M. Doudet a pu maintenir son traditionnel discours du 14 juillet, notamment remarqué pour ses passages en langues arabe et amazighe.
« La France entend, plus que jamais, être à vos côtés pour participer aux nombreux défis qui s’annoncent dans cette belle région dont Sa Majesté le Roi Mohammed VI a souligné la place centrale. » Ce discours a été l’occasion de revenir sur les temps forts de la mission de Dominique Doudet au Consulat Général de France d’Agadir, en particulier sur la récente situation de crise sanitaire. Pendant quatre mois, l’équipe du Consulat Général a en effet travaillé sans relâche et sous une forte pression pour aider touristes et ressortissants bloqués à regagner la France, avec le soutien des autorités de la Région Souss Massa, des conseillers des Français de l’étranger, des associations et des volontaires. Saluant l’engagement de la France et le courage des personnels soignants dans ce combat, Dominique Doudet a également témoigné sa gratitude envers les efforts considérables réalisés par le Maroc pour lutter contre la pandémie et protéger ceux qui y vivent, parmi lesquels la communauté française. Avant son prochain départ, Dominique Doudet réitère son attachement à notre région : « Je tiens à dire combien, avec mon épouse Maryse, nous regretterons Agadir, mais nous repartirons plus riches de votre amitié, de vos enseignements et d’une belle expérience… Je souhaite longue vie à cette ville qui a su nous charmer, à cette belle région pleine d’avenir, et à la relation d’exception qui unit la France et le Maroc. »
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NOUVEAU concept SHOWROOM
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près Casablanca et Bouskoura, les sociétés Aluminium Pyxel et Sepalumic se rapprochent des métropoles du Sud du Maroc en ouvrant une troisième adresse à Marrakech, dans le quartier de Sidi Ghanem. Mettant leur expertise et leur créativité au service d’une nouvelle clientèle, les équipes de Pyxel et Sepalumic vous proposent tout un choix de conceptions de systèmes en aluminium sur-mesure et de grand standing. Complètement aménagé, le showroom de Marrakech offre plusieurs options et produits dédiés à l’agencement et à la protection solaire. Vous y découvrirez un large choix de portes et cloisons, pergolas, vérandas, brise-soleil, persiennes, fenêtres, portails et bien d’autres solutions innovantes.
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ZOOM C
haque soir à 20h, on les a applaudis aux fenêtres des quatre coins du monde. Jamais le statut de soignant n’aura été si médiatisé qu’au temps de la pandémie du coronavirus. Mais savez-vous que le métier d’infirmière et d’infirmier n’a pas toujours été tel que nous le connaissons aujourd’hui ? Sa pratique, dans sa version moderne, a été en effet initiée par deux femmes : Valérie de Gasparin et Florence Nightingale. Mais avant le courant lancé par ces deux pionnières, la profession connut des débuts bien différents. Découvrons-les ensemble.
INFIRMIÈRES, INFIRMIERS, AUX ORIGINES D’UN PRÉCIEUX MÉTIER « L’ENFERMIER », GARDE-MALADE DU XIVe SIÈCLE Issu du mot latin «infirmus» (faible), le mot «enfermier» apparaît en 1398. À cette époque, les «enfermiers» étaient ceux qui gardaient les malades. «L’enfermerie» désignait alors à la fois l’état de maladie et le refuge où l’on soignait les plus démunis. Dans la mythologie théologique, la maladie était souvent assimilée à une possession démoniaque, un fléau tout droit issu des enfers. C’est pourquoi, jusqu’au milieu du XIXe siècle, les infirmières étaient toutes des religieuses. Leur implication tenait plus d’une vocation de charité que d’un véritable métier, vision que vont radicalement changer Valérie de Gasparin et Florence Nightingale.
VALÉRIE DE GASPARIN, LA GENEVOISE
C’est en Suisse, en 1859, que Valérie de Gasparin fonda, avec l’aide de son mari médecin, la première école laïque de formation d’infirmières, nommée « La Source », dont l’approche rationnelle et médicale permit aux infirmières de ne plus se contenter de veiller les malades, mais aussi de leur dispenser un certain nombre de soins. Les élèves infirmières bénéficièrent ainsi de cours scientifiques où soignants et médecins se relayaient pour leur prodiguer l’enseignement nécessaire à leur métier. Valérie de Gasparin fut également la première à demander que ce travail soit rémunéré.
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FLORENCE NIGHTINGALE, LA BRITANNIQUE De son côté, à Londres, Florence Nightingale instaura également, en 1860, une formation pour laïcs qui reste toutefois liée aux valeurs de la religion, afin de perpétuer la vocation de ce métier, le don de soi tel qu’il a pu être dans ses origines. Son nom marquera particulièrement l’histoire du métier d’infirmier(e), grâce à sa participation active pendant la guerre de Crimée où elle partit en 1854 avec une délégation d’infirmières. Surnommée « la dame à la lampe », car elle veillait les blessés tard dans la nuit, elle fut considérée comme une véritable héroïne à son retour à Londres pour avoir contribué à réduire la mortalité dans les camps en instaurant des conditions d’hygiène inédites et en faisant preuve d’humanité auprès des malades. Sa bravoure dans cette mission donna du poids à ses paroles et elle fut écoutée au Département de la Santé. Elle créa donc sa formation, en 1860, au sein des hôpitaux et auprès des religieux en axant ses priorités sur l’hygiène dans les établissements de santé et pendant l’application des soins.
De par leur statut de femmes de la haute bourgeoisie et leurs idées novatrices, Valérie de Gasparin et Florence Nightingale surent se faire entendre pour donner toutes ses lettres de noblesse à ce métier. Une tendre pensée pour elles et pour tous les infirmiers et infirmières mis à rude épreuve pendant la pandémie du Covid-19. Nous leur rendons ici hommage. Qu’ils soient tous remerciés.
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ÉCONOMIE L
es acteurs économiques de notre région ont de la ressource et l’ont prouvé au cœur de la pandémie du Covid-19. Parmi les entreprises courageuses, Style Tex Factory s’est montrée particulièrement résiliente. Fabricant en textile et vêtements d’image depuis près de 20 ans, cette PME de 25 employés a dû en effet se reconvertir d’urgence, suite à la fermeture des hôtels et l’annulation des événements sportifs et culturels qui constituaient son cœur de métier. Quand l’état d’urgence sanitaire s’est imposé, l’atelier, situé au cœur de l’ancien quartier industriel Tildi, travaillait sur sa production textile, quand tout s’est arrêté brusquement. Un moment difficile à vivre. Mais face au besoin urgent des entreprises de la région de protéger leurs salariés des risques de contamination, Style Tex Factory s’est lancée dans la fabrication de masques de protection, transformant son atelier en quasi laboratoire, car produire des masques aux normes ne s’improvise pas. Un défi aujourd’hui amplement réussi. Pour l’accompagner dans son initiative, Style Tex Factory a reçu beaucoup de soutien de la part des opérateurs publics et privés du secteur industriel, dont la délégation régionale du Ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Économie Verte et Numérique et l’Association Marocaine des Industries du Textile et de l’Habillement (AMI TH). Dès réception du cahier des charges, l’atelier de Style Tex Factory s’est mis au travail.
UNE ENTREPRISE RÉPOND AU BESOIN EN MASQUES DU SOUSS MASSA Une reconversion d’urgence au cœur de la pandémie du Covid-19
UN MASQUE CERTIFIÉ IMANOR Composé de deux couches de tissu polycoton, le masque produit par Style Tex Factory se dote d’une couche filtrante 100% polyester non tissé et thermocollante entre les deux. Son confort de respiration a été particulièrement étudié. Style Tex Factory a écouté attentivement les conseils du laboratoire de tests C.T.T.H. de Casablanca (Centre Technique du Textile et de l’Habillement), ce qui lui a permis d’obtenir un taux de protection aux particules supérieur à 90%, quand la norme prévoit un minimum de 70%. Après l’approbation du laboratoire, le fabricant s’est vu décerner un certificat des mains de la Délégation Régionale du Ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Économie Verte et Numérique. Alors que la crise sanitaire du Covid-19 a contraint Style Tex Factory à réduire ses effectifs, l’entreprise est consciente de sa dépendance au tourisme et espère pouvoir très vite se projeter à nouveau sur l’avenir.
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QUOI DE NEUF
LE TOUR DES NOUVEAUTés PARAPHARMACIE ORIGINAL PARA Situé à l’angle de l’immeuble Tinmel au centre-ville d’Agadir, Original Para a développé, au fil de ces quinze dernières années, le plus grand espace de parapharmacie de la région du Souss. Cette longue expérience dans le domaine permet aujourd’hui à Original Para de vous proposer en boutique un assortiment de plus de deux cents marques et plus de 5000 références de produits dermocosmétiques, élaborés par de grands laboratoires internationaux. Sous les bons soins d’une équipe formée et accueillante, venez découvrir et choisir vos gammes de soins parmi des produits de grande qualité, adaptés à vos besoins et qui sauront parfaire votre bien-être et votre beauté. En ces beaux jours d’été, le rayon protection solaire d’Original Para vous séduira avec une variété de marques et de produits qui sentent bon les vacances. Proposés aux meilleurs prix avec un panel de promotions, ces produits solaires sauront répondre à toutes vos attentes et vos envies. Découvrez aussi la boutique en ligne d’Original Para avec possibilité de livraison gratuite sur Agadir en 48h, à partir de 349 DH d’achat. Un sourire, un conseil, c’est Original.
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BE WOK, RESTAURANT ASIATIQUE Après un printemps marqué par le confinement, voici l’été et le moment de se faire à nouveau plaisir avec les spécialités de Be Wok, votre adresse gourmande aux Galeries Talborjt. Filiale d’une célèbre chaîne de restauration asiatique Made in Morocco, Be Wok Talborjt vous propose le meilleur des cuisines thaï et japonaise. Réputée pour être particulièrement diététique, la cuisine asiatique est riche en saveurs et offre de nombreux bienfaits pour la santé : du riz sans gluten, des produits de la mer riches en oméga 3, des légumes semi-cuits aux vitamines préservées et des algues, sources d’iode et de sélénium, sans oublier la boisson phare du continent asiatique, le thé aux propriétés antioxydantes. Be Wok vous propose de profiter de tous ces bienfaits avec une sélection de sushis et de recettes au wok travaillés à base de produits sains, frais, équilibrés et élaborés sous l’expertise nutritionnelle de Madame Nadia El Fane, la Maîtresse des lieux. Que vous soyez en vacances ou au travail en cette période estivale, venez profiter de l’agréable terrasse de Be Wok, ombragée de parasols, ou du cadre stylé de sa salle intérieure, et découvrir les nouvelles «Collections de Sushis», de savoureux assortiments à partager avec vos proches. Service à emporter ou livraison.
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NOS POINTS DE DISTRIBUTION
OÙ NOUS TROUVER MARINA / TAWADA
Salon Richflor Jade Or Paris City Sport Restaurant Le Flore Restaurant Da Celsi Restaurant Pure Passion
05 28 84 49 72 05 28 84 06 16 05 28 84 74 33 05 28 84 88 39 05 28 84 87 44 05 28 84 01 20
Marina d’Agadir Marina d’Agadir Marina d’Agadir Promenade Tawada Promenade Tawada Marina d’Agadir
Salon Hair Style Targani Restaurant La Scala Salon Beauty Style Restaurant Jardin d’Eau Restaurant Le Mauresque
05 28 84 34 84 05 28 82 42 95 05 28 84 67 73 05 28 84 34 84 05 28 84 01 95 06 61 19 86 41
Bd. Du 20 Août - Hôtel Mabrouk Bd. Du 20 Août - Complexe Tafoukt Bd. Du 20 Août Bd. Du 20 Août - Hôtel Mabrouk Bd. Du 20 Août Bd. Du 20 Août
Salon Le Prestige Riad Villa Blanche Pharmacie Marjane Pâtisserie Ô Quotidien Le Maroquin Select Sport Yves Rocher Marjane
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Cité Founty - Chemin Des Dunes Cité Founty - Baie Des Palmiers Cité Founty - Marjane Cité Founty - Imm. Mimosa Cité Founty - Galerie Marjane Cité Founty - Marjane Cité Founty - Marjane
Marone Optique Tiznit Car Atlantic Hôtel Restaurant Bamboo Thaï DHL Le Boudoir du Linge Concept Bois Restaurant Rafiq Restaurant Côté Court Pâtisserie Lebanon Sweets Labo d’Audioprothèse Boujja Immobilière Drissi Maestro
05 28 82 82 64 05 28 84 29 98 05 28 84 36 61 05 28 84 21 08 05 28 84 06 56 05 28 84 53 45 05 28 84 37 04 06 55 25 87 68 06 71 95 71 33 06 43 38 18 56 05 28 84 86 19 05 28 84 31 85 05 28 84 34 85
Av. Hassan II - Imm. Ifrane Av. Hassan II - Imm. Maison de L’Avocat Av. Hassan II Av. Hassan II - Imm. Hassna Bd. Med. V - Imm. Igenouane Place des Orangers Av. Hassan II Av. Hassan II Av. Hassan II 65, Rue d’Oujda - Quartier Industriel Imm. Synergie Constructions Av. Hassan II Av. Hassan II - Imm. Fontanive
Un Autre Regard Agadir Stores & Co Mobilia Linan Kebab Lynx Optique G&G Restaurant Le Petit Pêcheur Secret Des Roses Venezia Ice Dioris C.D. Pierre Fauchard L’échappée Belle
05 28 82 09 93 05 28 84 79 00 05 28 82 44 49 05 28 84 38 09 05 28 82 89 46 05 28 84 86 00 05 28 82 82 20 05 28 84 77 28 05 28 82 66 19 05 28 82 82 61 05 28 82 09 10 06 78 74 22 27
QI. Av. My. Abdallah Av. Al Mouquaouama - Imm. Hamria Av. Cheikh Saadi - Imm. Assalam Les Galeries Talborjt Les Galeries Talborjt N°2 Mitak 21 - Imm. Assalam Les Galeries Talborjt Les Galeries Talborjt Les Galeries Talborjt Les Galeries Talborjt Rue Oum Rabii - Extention X 7, Rue Boufous - Talborjt
BD. DU 20 AOÛT / SECTEUR BALNÉAIRE
FOUNT Y
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Plomberie Inter-Rap Univers D’argane GBH Immobilier Agadir Nice Systemes Mamnil Syndicat Des Pharmaciens La Grande Récré Pause Vitamine Institut Français d’Agadir Centre Basma Dar El Beldi Krys Audition
05 28 84 63 43 05 28 84 48 44 05 28 84 37 44 05 28 82 09 53 05 28 82 44 33 05 28 84 59 82 05 28 82 89 40 05 28 84 14 92 05 28 84 13 13 05 28 82 45 46 05 28 84 84 88 05 28 84 87 51
10, Rue Chenguit - Talborjt 26, Lot Faiz - Talborjt Av. Al Mouquaouama - Imm. Tifaouine Av. Al Mouquaouama - Imm. Hamria Av. 29 Février - Imm. Marhaba Av. 29 Février Les Galeries Talborjt Les Galeries Talborjt Rue Chenguit - Talborjt Rue Chenguit - Talborjt 3, Rue Ifni - Talborjt Av. 29 Février
Union Des Français de l’étranger Salon Diva Salon Richflor Baoli Beauty Librairie Al Moggar
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Ville Nouvelle (Groupe Scolaire Gauguin) Rue De Marrakech Av. Prince My. Abdellah Av. Prince My. Abdellah Av. Prince My. Abdellah
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05 28 82 71 54 05 28 82 70 30 05 28 38 08 58 05 28 82 82 76 05 28 84 32 68 05 28 84 75 58 05 28 84 26 00 05 28 84 38 39 05 28 82 23 82 05 28 84 11 09 05 28 84 57 44 05 28 84 05 32
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L’Atelier Pâtisserie Vision Net Optique Pharmacie Faisel Planète Pharma Arizal CHR équipements Vivalu S.O.S Panneaux Protech Sam’Cake
05 28 22 00 93 05 28 23 52 64 05 28 23 83 83 05 28 22 54 83 05 28 21 22 12 05 28 23 52 15 05 28 22 28 02 05 28 22 58 59 05 28 21 28 74 05 28 22 22 65
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