GĂŠrard Garouste Contes ineffables
Galerie Daniel Templon
Exposition du 11 janvier au 26 fĂŠvrier 2014
GĂŠrard Garouste Contes ineffables
Galerie Daniel Templon
Introduction Foreword
Introduction Foreword “… on rencontre pêle-mêle Tintin et Milou, la bande dessinée d’Hergé, le Talmud, les fables de La Fontaine, les contes de la tradition ashkénaze, Don Quichotte, le Faust de Goethe...”
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“…we come across, pell-mell, Hergé’s comic strip characters Tintin and his dog Milou, the Talmud, the fables of La Fontaine, traditional Hassidic tales, Don Quixote and Goethe’s Faust...”
Gérard Garouste | Contes ineffables – Ineffable Tales
L’œil a bonne mémoire. Il sait distinguer un oiseau
The eye has a good memory. It can distinguish a bird
de paradis d’une pie, un ange d’un démon, un bison
of paradise from a magpie, an angel from a demon, an
d’Amérique d’un centaure. De ce dernier, il reconnaît
American bison from a centaur. In the latter, it recognizes
facilement la part de l’homme et celle de la bête et s’il
easily enough the human part and the animal part and
lui arrivait d’en rencontrer un au cours d’une prome-
if it were to meet one on a country walk, it would
nade champêtre, il saurait immédiatement qu’il est au
immediately know it is in the middle of a dream. But
milieu d’un rêve. Mais tous les yeux raisonnablement
all the reasonably intelligent eyes of those who visit this
intelligents qui visiteront l’exposition se demanderont
show will wonder why the hindquarters of this mythical
pourquoi la croupe de cet animal mythique sert de gué-
animal are used as a table for a Chinese vase, why this vase
ridon à un vase chinois, pourquoi ce vase
contains a dog rather than flowers and
contient un chien plutôt que des fleurs et
why this dog is wearing a bird’s nest as a
pourquoi ce chien porte un nid d’oiseau en guise de chapeau. Le tableau est un modèle d’énigme. Trois ans après son exposition sur le Faust de Goethe, Gérard Garouste choisit cette fois de ne pas se limiter à un seul sujet. Par le filtre de la mémoire, le peintre
Tableaux et sculptures sont construits comme un rêve et leur logique dérive de flux imprévisibles créant un effet de flottement.
hat. The picture is a model enigma.
—
Goethe’s Faust, Gérard Garouste
Pictures and sculptures are constructed like a dream. Their logic derives from unpredictable streams of consciousness creating a wavering effect.
se fait la matière même de sa peinture.
Three years after his exhibition on has chosen not to confine himself to a single subject. Through the filter of his memory, the painter makes himself the subject matter of his painting. Pictures and sculptures are constructed like a
Tableaux et sculptures sont construits comme un rêve et
dream. Their logic derives from unpredictable streams
leur logique dérive de flux imprévisibles créant un effet de
of consciousness creating a wavering effect that forms the
flottement qui forme le point de départ de cette exposi-
point of departure for this exhibition. For if knowledge
tion. Car si la connaissance passe par l’entendement, elle
is acquired through understanding, it is enriched
s’enrichit d’une autre lecture qui passe par l’œil et exige
by another reading acquired through the eye and it
de se laisser guider par l’imagination.
demands to be guided by the imagination. The latter is
Cette dernière ne se contrôle pas, pas plus que le geste de
not controllable, any more than the gesture of the artist
l’artiste confronté à la matière qui, lâchant un but pour
confronted by his subject matter, who, abandoning
poursuivre d’autres chimères, commence un nuage qui
one goal to pursue other fantasies, starts a cloud
finit en loup.
that ends up as a wolf. 5
Gérard Garouste | Contes ineffables – IneffableTales
Contes ineffables remet en scène un axe majeur de l’œuvre
Ineffable Tales stages another major axis of the artist’s
de l’artiste : l’univers des mythes et des contes qui consti-
work: the universe of myths and tales which constitutes for
tue pour lui le meilleur moyen d’aborder des questions
him the best means of dealing with the universal questions,
universelles, notre rapport au temps, à la connaissance
our relationship to time, to knowledge or to the Other. The
ou à l’autre. La finalité de la peinture n’est pas dans la
end goal of painting lies not in formal achievement but
réussite formelle mais dans la pensée, philosophique,
in the thought, the philosophical thought encountered in
qu’elle met en scène.
the course of his reading. In his subliminal images made
Cette pensée s’anime et s’incarne à travers les person-
from reminiscences and associations of ideas, we come
nages rencontrés au cours de ses lectures. Dans ses images
across, pell-mell, Hergé’s comic strip characters Tintin and
subliminales faites de réminiscences et
his dog Milou, the Talmud, the fables
d’associations d’idées, on rencontre
of La Fontaine, traditional Hassidic
pêle-mêle Tintin et Milou, la bande de La Fontaine, les contes de la tradition
La finalité de la peinture n’est pas dans la réussite formelle mais dans la pensée, philosophique, qu’elle met en scène.
ashkénaze, Don Quichotte, le Faust de
—
dessinée d’Hergé, le Talmud, les fables
Goethe… La présence récurrente parmi eux de l’Indien renvoie à son compagnon Classique. Ces deux personnages qui n’en font qu’un sont les avatars de
The end goal of painting is not in formal achievement but in the thought, the philosophical thought encountered in the course of his reading
tales, Don Quixote and Goethe’s Faust. The recurrent presence among them of the Indian refers to his companion, Classic. These two characters which are in fact just one are the artist’s own avatars oscillating between reason and instinct; the one existing in the world of appearances while the other is advancing through the dark forest. From this
l’artiste oscillant entre raison et instinct ; l’un évolue dans le monde des apparences quand l’autre
experience of one divided human nature the powerful
avance dans la forêt obscure. De cette expérience d’une
idea emerges that the relationship to the Other represents
nature humaine divisée émerge l’idée forte que la rela-
something vital.
tion à l’autre a quelque chose de vital.
The pigment spread across the canvas constitutes a reservoir
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Les pigments étalés sur la toile constituent un réservoir
of images from which the artist manages to recreate the
d’images dont l’artiste parvient à restituer le souvenir.
memory. From one painting to the other, something
D’un tableau à l’autre affleure quelque chose de confus
obscure surfaces of which all of us carry the memory.
dont nous portons tous la mémoire. Cette détermina-
This determination to go back over the past owes nothing
tion à faire retour sur le passé ne doit rien à la nostal-
to nostalgia but is based, in Garouste, on a demand for
Gérard Garouste | Contes ineffables – Ineffable Tales
gie mais fonde chez Garouste une exigence de sens et
meaning and the practice of a critical interpretation
une pratique d’interprétation critique du monde. Les
of the world. The myths, the handling of traditional
mythes, le maniement de matériaux traditionnels ou
material or references to the classical themes of painting
les références à des thèmes classiques de la peinture for-
create a mine of perspicuity with which to interrogate the
ment une mine d’intelligibilité pour interroger l’avenir.
future. This redundancy and the idea of an art going back
Dans cette redondance et l’idée d’un art qui remonte
in time contain the inverse movement of projection into
le temps s’inscrit le mouvement inverse de projection
the future. The discrepancy in style is a form of questioning
vers le futur. Le déphasage du style est la forme d’un
a contemporary world submerged in oblivion and the
questionnement adressé à un monde contemporain
sacrifice of transmission.
immergé dans l’oubli et la perte de
From St Hubert and the Bird’s Nest
transmission.
Rabbin et le nid d’oiseaux, de Jonas au
Dans cette redondance et l’idée d’un art qui remonte le temps s’inscrit le mouvement inverse de projection vers le futur.
Crépuscule ou de L’errance du prince
—
De St-Hubert et le nid d’oiseaux au
Valet aux Cigares du pharaon, un lien court confirmant la prodigieuse virtualité des images, leur capacité à rebondir, un mythe trouvant écho dans
This redundancy and the idea of an art going back in time contain the inverse movement of projection into the future.
un autre mythe, un symbole migrant
to Rabbi and the Bird’s Nest, from Jonah to Twilight or from The Wanderings of the Prince Valet to The Pharaoh’s Cigar, a link runs confirming the
prodigious virtuality of the images, their capacity to rebound, a myth finding an echo in another myth, a symbol migrating from one culture to another, a detail making a reference to another detail,
d’une culture à une autre, un détail renvoyant à un
a piece of the sky, the curve of a branch, the feathers
autre détail, un morceau de ciel, la courbure d’une
of a bird, the burst of colour. Created by the hanging
branche, le plumage d’un oiseau, l’éclat d’une couleur.
and presentation of the works, this link holds together
Créé par l’accrochage et la présentation des œuvres, ce
the fragments of an exploded thought. They will
lien tient ensemble les fragments d’une pensée éclatée.
disperse once the exhibition has ended.
Ils se disperseront une fois l’exposition terminée. Hortense Lyon est auteur et historienne d’art.
—
Hortense Lyon is a writer and an art historian.
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Dialogues Conversations
GĂŠrard Garouste Hortense Lyon
Dialogues Conversations
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Gérard Garouste | Contes ineffables – Ineffable Tales
Hortense Lyon – L’image subliminale est au cœur de cette exposition. Ce n’est pas la première fois que vous abordez le sujet : il était en germe dans certains tableaux de vos précédentes expositions. gérard Garouste – En effet le sujet me préoccupe depuis plusieurs années : c’est cette vocation à cacher et à dévoiler qui m’intéresse dans les images. Je n’ai jamais cru à la peinture comme simple processus de représentation. Il n’y a pas d’œil naïf ou de pure visibilité, pas plus de la part de l’artiste que de celle du spectateur. C’est vrai depuis toujours, ça l’est encore plus à l’époque actuelle où notre regard est très informé. Un tableau est une croûte opaque qui renferme du sens. L’œuvre est tout ce qui vit et se développe sous la surface. Ses significations dépendent d’un lieu, d’un temps et d’une technique donnés : un contexte qui détermine une foule d’associations d’idées aléatoires et arbitraires qui flottent autour de l’image. Comme dans un rêve. Au surgissement de ces images subliminales, il y a des raisons profondes mais quant à les interpréter… Dans cette exposition il est question de ce flottement et du lien qui unit des tableaux paraissant très éloignés. Le plus important se donne à lire entre les lignes, ou entre les tableaux. Il est un fait que devant vos tableaux, on reste souvent perplexe. Il est rare que l’image soit simple. Vous vous adressez au spectateur en langage crypté ? Je suis peintre donc muet. Du reste la question n’est pas de comprendre mais de se laisser aller à ce flottement et de jouer avec le sens. J’ai conçu cette exposition comme une dynamique. Il ne s’agit pas de vouloir être intelligent ou cultivé mais d’être attentif à ses réminiscences et associations de pensées. J’insiste toujours sur le moment de la découverte d’une œuvre car en quelques centièmes de seconde, l’œil transmet une foule d’infor-
Hortense Lyon – The subliminal image is at the heart of this exhibition. It’s not the first time that you tackle this subject: the seeds of it were present in your previous shows. gérard Garouste – The subject has indeed been a preoccupation of mine for several years. It’s this function of hiding and revealing that interests me in images. I have never thought of painting as a simple process of representation. There is no such thing as an innocent eye or pure visibility, either on the part of the artist or of the spectator. This has always been true, even more so today when our look is loaded down with information. A picture is an opaque crust enclosing meaning. The work is everything that lives and develops beneath the surface. Its meanings depend on the given place, time and techniques. A context determines a multitude of associations of random and arbitrary ideas flowing around the image. As in a dream. For the emergence of these subliminal images, there are profound reasons, but when it comes to interpreting them… This exhibition raises the question of this flow and of the link uniting these apparently very remote pictures. The most important thing is to read between the lines – or between the pictures. It’s a fact that, faced with your pictures, we are often left perplexed. The image is rarely simple. Are you addressing the spectator in a coded language? So I’m a painter who stays silent. Moreover, it is not a question of understanding but of letting yourself go with the flow and of playing with the meaning. I conceived this exhibition as a dynamic. It’s not a matter of wanting to be intelligent or cultivated, but to be attentive to one’s reminiscences and associations of ideas. I always insist on the moment of that first encounter with a work because in a few hundredths of a second, the eye transmits a multitude of information which establishes an intuitive knowledge. 11
Gérard Garouste | Contes ineffables – IneffableTales
Whatever its subject, the image is a source of resonance and unexpected, mysterious and poetical relationships. Each of them makes do with its own story. But we all come from the same melting pot. Memory has a common source.
La grotte Chauvet The Chauvet Grotto
mations qui fondent une connaissance intuitive. Quel que soit son sujet, l’image est source de résonances et de relations inattendues, mystérieuses ou poétiques. Chacun fait avec son histoire. Mais nous sommes tous issus du même creuset. Il y a un fonds commun de la mémoire. Ce fonds commun s’exprime entre autres à travers les mythes, les contes et les légendes. Exposition après exposition, vous creusez ce même sillon. Les mythes m’intéressent dans la mesure où ils véhiculent une intuition d’ordre ontologique. Ils sont universels et intemporels. En lisant Barthes, j’ai réalisé que le mythe était aussi un langage vivant qui pouvait servir à interroger le présent. Quand Freud s’empare du mythe d’Œdipe pour étayer sa théorie de l’inconscient, la question n’est pas de la réalité historique de ce personnage. En revanche, l’interprétation de l’histoire est fondamentale. Même les contes les plus naïfs sont porteurs d’une dimension uni12
This common source expresses itself via – among other things – myths, fairy tales and legends. One exhibition after the other, you hoe the same row. I’m interested in the myths to the extent that they convey an intuition about existence itself. They are universal and timeless. Reading Barthes, I realized that myth was also a living language which could serve to question the present. When Freud seizes on the myth of Œdipus to support his theory of the unconscious, there is no question of the historical reality of this person. On the other hand, the interpretation of the story is fundamental. Even the most naive tales carry a universal dimension which derives from our innermost selves, at a place shared by all. The tales of the Grimm brothers and of Rabbi Nachman of Breslov, or the tales told by African shamans all deal with the same quest of the individual. They form archetypes which endure over the centuries. Myths and legends unite men among themselves. That’s what interests me, that’s why I paint. And there is no medium more archaic than painting. Does that means you place art in a field that is more anthropological than aesthetic? In June 2013, I had the extraordinary experience of climbing down into the Chauvet Grotto. I was familiar with its drawings, but the confrontation with these paintings completely shattered my bearings. When we visit a museum, we take pleasure in immersing ourselves in our culture. Our eye constructs the images according to elements of its knowledge, to a system of taste, to a history. The Chauvet Grotto, on the contrary, is free of any art history and
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verselle qui prend sa source au plus profond de nous, dans une intériorité commune. Les contes de Grimm, de Rabbi Nahman de Braslav ou les contes chamaniques africains tournent toujours autour de la même quête de l’individu. Ils forment des archétypes qui traversent les siècles. Les mythes et les légendes relient les hommes entre eux. C’est ce qui m’intéresse, c’est ce pourquoi je peins. Et il n’y a pas de médium plus archaïque que la peinture. Est-ce à dire que vous placez l’art dans un domaine plus anthropologique qu’esthétique ? En juin 2013, j’ai fait l’expérience extraordinaire de descendre dans la grotte Chauvet. J’en connaissais les dessins mais la confrontation avec ces peintures a bouleversé mes repères. Quand on se trouve dans un musée, on prend plaisir à s’immerger dans notre culture. Le regard construit des images en fonction de ses connaissances, d’un système de goût, d’une histoire. La grotte Chauvet, au contraire, est dépourvue d’histoire de l’art et vierge de religion. Sous la croûte terrestre, les repères esthétiques volent en éclats devant ce que j’appellerais l’aventure humaine. Ces peintures rupestres nous confrontent à une force irrésistible qui pousse l’homme à dépasser sa condition. L’art est une ouverture et je trouve remarquable que cette ouverture ait lieu, paradoxalement, dans l’obscurité d’une grotte. Quelle nécessité y avait-il à faire ces peintures dans une caverne aussi sombre et froide ? La main imprimée en oxyde rouge sur la roche touche à l’essentiel, bien davantage à mon sens que n’importe quelle œuvre conceptuelle qui voudrait s’être dépouillée de toute « pollution » culturelle. Cette main contient en germe toute l’histoire de l’art dont la modernité voudra se débarrasser. Cette main nous dit aussi que la modernité est un leurre et que l’histoire de l’art n’est jamais qu’un récit nécessaire pour organiser nos connaissances. Chaque artiste œuvre à son époque et
untouched by religion. Beneath the earthly crust, the aesthetic points of reference are just blown away by what I would call the human adventure. These cave paintings confront us with an irresistible force that pushes man to exceed his condition. Art is an opening and I find it remarkable that this opening took place, paradoxically, in the obscurity of a grotto. What necessity was there to create these paintings in a cave so dark and cold? The hand printed in red oxide on the rock touches the essential much more, in my opinion, than any conceptual work which would like to purify itself of any cultural “pollution”. This hand holds the seed of the whole history of art that modernity now vows to remove. This hand also tells us that modernity is an illusion and that the History of art is never more than an account that we need to organize our knowledge. Each artist is at work in his time and there is no dogma to respect. But I find that art today, involved in the quest for technical perfection, has lost its humanity, its share of mysticism and its emotional charge. Faced with those works composed in part some 37,000 years ago we gain the terrible impression that our society has lost sight of the essential: man’s gut instinct to project himself beyond his self into a dimension that I would call mystic.The artist is a medium between everyday existence and something which escapes us and of which we have irrepressible need, however powerful the feeling may be that the game is lost in advance. It is this quest and this failure to which everybody is an accomplice. That is what created the love of art, that something which is unknown and so attractive. Let’s make a concession to chronological order. Let’s begin at the beginning. This chequered shirt in The Hare and the Tortoise on its Back, is that the signal for the start? It can indeed be seen that way. The shirt is not far off from being a reference to the chequered flag in a car race. Although 13
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il n’y a pas de dogme à respecter. Mais je trouve que l’art d’aujourd’hui, engagé dans la recherche de la perfection technique, a perdu son humanité, sa part de mysticisme et sa charge d’émotions. Devant ces œuvres qui datent pour certaines d’entre elles de 37 millénaires, on a l’impression terrible que notre société a perdu l’essentiel : cet instinct viscéral de l’homme à se projeter au-delà de lui-même, dans une dimension que j’appelle mystique. L’artiste est un médium entre le quotidien et quelque chose qui nous échappe et dont nous avons un besoin irrépressible, quelque soit la force du sentiment que la partie est perdue d’avance. C’est de cette quête et de cet échec dont tout le monde est complice. C’est cela qui fonde l’amour de l’art, ce quelque chose d’inconnu et d’attirant. Le lièvre et la tortue à l’envers The Hare and the Tortoise on its Back 2013
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Faisons une concession à la chronologie. Commençons par le début. Cette chemise à damier dans Le lièvre et la tortue à l’envers, est-ce le signal du départ ? On peut la voir ainsi, en effet. Cette chemise n’est pas loin de faire penser à un drapeau de course automobile. Quoique j’aurais bien d’autres choses à dire sur le damier, sur le noir et le blanc, la question du choix, sur la liberté… J’aurais pu appeler ce tableau « autoportrait à la chemise à damier ». En réalité c’est une boutade : Le lièvre et la tortue à l’envers ou comment fabriquer une image subliminale. Je suis le bricoleur maladroit d’une farce ratée. La tortue à l’envers trahit une fabrication naïve et artificielle : ce qui devrait passer inaperçu se remarque comme le nez au milieu de la figure. En prenant pour titre une fable de La Fontaine, j’oriente nécessairement la lecture du tableau. La rétine est intelligente et le jeu des images subliminales s’inscrit à l’intérieur du champ culturel qui nous a nourris. Du reste, ce n’est pas le lièvre en tant qu’animal qui m’a intéressé, mais le lièvre de Dürer auquel je rends hommage… À l’inverse de Duchamp qui voulait faire table rase du passé et s’affranchir de tous
I would have other things to say about the chess board, about the black and white, the question of choice, about freedom… I might have called the picture “self-portrait with chequered shirt”. In fact, it’s a quip: The Hare and the Tortoise on its Back or how to fashion a subliminal image. I am the clumsy handyman of a trick gone wrong. The tortoise viewed on its back betrays a naïve and artificial fabrication. What should pass unnoticed stands out like the nose in the middle of our face. By adopting as the title a fable of La Fontaine, I am necessarily directing how the picture should be read. The retina is intelligent and the play of subliminal images fits in within the cultural domain that has nourished us. Moreover, it’s not the hare as an animal that interests me but Dürer’s hare to which I pay tribute… Contrary to Duchamp, who wanted to make a tabula rasa of the past and free himself from all the “isms”, I play the game of these references. In that, I am closer to a Chirico aware that we can’t escape out cultural identity. The retina is intelligent, you say, but you sometimes blame the idleness of the eye. The Isaiah in the Issenheim altarpiece, there you have a successful subliminal image. Down the centuries, it bursts into the present day and creeps right up to us. This is not your first painting on this subject. I’m returning in The Roots of the Crib to a theme I already treated in a previous exhibition, but I’m doing it in a very different state of mind. When I painted Isaiah of Issenheim in 2007, I was denouncing the scandal of an education which had duped me. I was the madman wrapped up in a strait-jacket and I wanted to communicate my anger at the injustice contained in certain symbols of Christian iconography, in particular in the Annunciation depicted in Grünewald’s Issenheim altarpiece. Today, my eye is more detached: I have taken the same detail of the face of Isaiah, but this time I handle it in the manner of a theatrical
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les « ismes », je joue le jeu de ces références. En cela je serais plus proche d’un Chirico conscient qu’on ne peut pas échapper à son identité culturelle. La rétine est intelligente, dites-vous mais vous dénoncez parfois l’oisiveté du regard. L’Isaïe du retable d’Issenheim, voilà une image subliminale réussie. Par-delà les siècles, elle fait irruption dans le présent et s’insinue jusqu’à nous. Vous n’en êtes pas à votre premier tableau sur ce thème. Je reprends dans Les racines de la crèche un thème que j’ai déjà abordé dans une précédente exposition mais je le fais dans un état d’esprit très différent. Quand j’ai peint Isaïe d’Issenheim en 2007, je dénonçais le scandale d’une éducation qui m’avait dupé. J’étais le fou enroulé dans une camisole et je voulais transmettre ma colère
illusion. I find fascinating in Grünewald’s picture the fact that the feet of Isaiah take the form of roots, since Christianity digs into the Old Testament to find its roots. In Isaiah of Issenheim, I point up the fact that this detail coexisted with an erroneous and tendentious reading of the Bible, thus offering the spectator a double, contradictory message. On the one hand, we (Christians) assume a debt towards a legacy and on the other, we deny it by transforming it to our own profit. In this picture, I put my foot right in it, so to speak, by painting the subliminal in the foreground. And to hammer the point home, I play with other similar subliminal elements which had scandalized me: the ox and the ass in the painting Alma (2005) lend a grotesque note to this setting. You say your state of mind has changed, giving way to a more detached view. In Mordechai (Mardochée),
Isaïe d’Issenheim Isaiah of Issenheim 2007 Les racines de la crèche The Roots of the Crib 2013
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La huitième boule de cristal The Eighth Crystal Ball 2013
devant l’injustice contenue dans certains symboles de l’iconographie chrétienne, en particulier dans l’Annonciation du retable d’Issenheim de Matthias Grünewald. Aujourd’hui mon regard est plus distancié : j’ai repris le même détail de la figure d’Isaïe mais cette fois je l’ai traité sur le mode de l’illusion théâtrale. Je trouve fascinant que dans le tableau de Grünewald, les pieds d’Isaïe prennent la forme de racines, puisque les racines du christianisme plongent précisément dans l’Ancien Testament. Dans Isaïe d’Issenheim, je pointais le fait que ce détail cohabitait avec une lecture erronée et tendancieuse de la Bible, formant ainsi à l’adresse du spectateur un double message, contradictoire. D’un côté on assume une dette envers un héritage et, de l’autre, on le nie en le transformant à son profit. Dans ce tableau, je mets les pieds dans le plat en quelque sorte en peignant le subliminal au premier plan. Et pour enfoncer le clou, je joue d’autres éléments subliminaux du même ordre qui m’avaient scandalisé : le bœuf et l’âne du tableau Alma (2005) donnent à cette mise en scène un ton grotesque. Vous dites que votre état d’esprit a changé, laissant la place à un regard plus distancié. Dans Mardochée pourtant, on a l’impression que l’homme en colère refait surface. Voilà encore une image subliminale : ce sont deux personnages souffrant, mais de quoi ? Le titre renvoie à un épisode crucial de l’histoire du peuple juif, relaté dans le Livre d’Esther. La souffrance du personnage que j’ai peint y fait allusion. Mon propos, politique, dépasse la condition du judaïsme et appelle à la vigilance face au sort réservé aux minorités : discrimination, exil, extermination... À l’appui de ce tableau, je citerai la phrase d’Edmond Jabès : « Souviens toi que tu es toujours un étranger sur terre. »
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however, we get the impression the angry man has reappeared. There again we have a subliminal image: these are two people suffering, but from what? The title refers to a crucial episode in the history of the Jewish people, as told in the Book of Esther. The suffering of the character I painted alludes to that. My political message goes beyond the condition of Judaism and makes an appeal to vigilance in the face of what is being done to minorities: discrimination, exile, extermination… In support of the picture, I would quote the words of Edmond Jabès: “Remember that on Earth you are always a stranger.” Let’s jump from the ox of the crib to the one which Captain Haddock is carrying in The Eighth Crystal Ball. The picture is constructed from a childhood memory. I was a great fan of Hergé’s comic books and was particularly fascinated by this drawing of a character with a big head and legs. And no body. I associate it with the image of the centaur and often use it in my painting. In this episode of The seven crystal balls, Captain Haddock, who thinks he has understood a magic trick (the miracle of transforming water into wine), gets ready to take another look at the magician’s show. On the way, he gets his feet caught up in the stage set. Once again, all the details are important. Because if you look carefully at the curtain from a distance, you notice that it represent a yellow Star of David on which is superimposed the image of a vampire. For a child, it is an evil star. Thus I could have called this painting: How to communicate an anti-Semitic message via some entertaining reading. So I picked up two powerful images from this book, two characters which constitute the foreground and I’ve pushed the subject of the picture away into a bleed area. However, the essence of the picture is not there. By definition, the subliminal escapes me. But the mummy pisses on the crystal ball!
Gérard Garouste | Contes ineffables – Ineffable Tales
Sautons du bœuf de la crèche à celui que porte le capitaine Haddock sur la tête dans La huitième boule de cristal. Le tableau est construit à partir d’un souvenir d’enfance. J’étais un grand amateur de la bande dessinée d’Hergé et j’étais particulièrement fasciné par ce dessin d’un personnage avec une grosse tête et des jambes. Sans corps. Je l’associe à l’image du centaure et l’utilise souvent dans ma peinture. Dans cet épisode des Sept boules de cristal, le capitaine Haddock qui croit avoir compris un tour de magie (le miracle de la transformation de l’eau en vin) s’apprête à aller revoir le spectacle du magicien. En chemin, il se prend les pieds dans le décor. Encore une fois, tous les détails sont importants. Car si l’on regarde bien le rideau du lointain, on s’aperçoit qu’il représente une étoile de David, jaune, sur laquelle se superpose l’image d’un vampire. Pour un enfant, c’est une étoile maléfique. Ainsi, j’aurais pu appeler ce tableau : comment faire passer un message antisémite à travers une lecture distrayante. J’ai donc repris deux images fortes de ce livre, deux personnages qui forment le premier plan et j’ai renvoyé le sujet du tableau au lointain, en fond perdu. L’essentiel du tableau n’est pourtant pas là. Par définition le subliminal m’échappe. Mais la momie pisse sur la boule de cristal ! Tout cela ne m’empêche pas d’être un fervent tintinophile : dans Le sarcophage – tableau dans lequel les connaisseurs de la BD reconnaîtront une péripétie des Cigares du pharaon – je me suis peint dans le rôle de Tintin. Ailleurs vous êtes Méphistophélès… J’avais centré ma précédente exposition sur le Faust de Goethe. Ce sujet m’intéressait particulièrement car il rejoignait un thème récurrent de ma mythologie person-
Le Sarcophage The Sarcophagus 2013
All of that does not stop me being a fervent fan of Tintin: in The Sarcophagus – a painting in which comics connoisseurs will recognize an incident in The Cigars of the Pharaoh – I painted myself in the role of Tintin. Elsewhere you are Mephistopheles. I had centred a previous exhibition on Goethe’s Faust. This subject was of particular interest to me because it linked up with a recurring theme of my personal mythology, the Classic and the Indian. I return to Goethe in Wagner, Mephistopheles and the Homunculus: Wagner, depicted here as an alchemist and an assistant to Mephistopheles, received the flattery of the latter as a token of his erudition. Mephistopheles, we see, has him in his possession and is making fun of him. An allusion to the ignorance of those who believe they are knowledgeable. If Hergé’s characters are described in detail and are 17
Gérard Garouste | Contes ineffables – IneffableTales
nelle, le Classique et l’Indien. Je reviens à Goethe dans Wagner, Méphistophélès et l’Homonculus : Wagner, ici représenté en alchimiste et assistant de Méphistophélès, reçoit les flatteries de ce dernier comme un gage de son érudition. Or Méphistophélès le possède et se moque de lui. Allusion à l’ignorance de ceux qui croient détenir des connaissances. Si les personnages d’Hergé sont très décrits et immédiatement reconnaissables, St-Hubert et le nid d’oiseaux en revanche convoque des souvenirs plus diffus : il règne dans ce tableau une atmosphère de déjà-vu. Quand j’ai peint ce tableau, j’ai volontairement utilisé une forme dépassée et des thèmes traditionnels de la peinture romantique : le coucher de soleil, les rochers et les silhouettes en contre-jour. Cette citation est un clin d’œil, un jeu avec l’histoire de l’art et avec la pratique de la peinture même.
Wagner, Méphistophélès et l’Homonculus Wagner, Mephistopheles and the Homunculus 2013
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immediately recognizable, St Hubert and the Bird’s Nest on the other hand evokes more diffuse memories. An atmosphere of déjà vu reigns over this picture. When I painted this picture, I deliberately used an outdated style and traditional themes of Romantic painting: the sunset, the rocks and silhouettes, all backlit. This “quotation” is an allusive game with the history of art and with the practice of painting itself. Nobody is taken in. I am “speaking” with the vocabulary of another era. If I believe neither in artistic progress nor in the diktat of the tabula rasa, I do think it’s important to know one’s own culture in order to be able to forget it. A sunset and backlit silhouettes are archetypes of painting that I use like words in a dictionary, in the sense that Roland Barthes has defined it: not as a finite corpus of words but as an immense text in which the words refer only to other words. With this definition of words relying only on other words, we can never escape from this movement, never really reach the thing we are looking for. I am shut up in painting as in this dictionary. There is in my approach something of an unavoidable failure. I accept this failure so as to provide a setting for a detail that is scarcely visible: a bird’s nest. This detail is stuck fast in the history of painting. Allegiance takes up the theme of St Hubert and the Bird’s Nest. A failure, you say, but you never abandoned painting. You persist in missing your target. There is always, in the creation of a picture or of a sculpture, a force that surpasses the artist. The spirit, the will formulates an idea or a goal and the gesture goes off in another direction. The result is never what was planned. That’s what I call the failure. When I crush them on the canvas, the mixture of pigments, iron oxides and oil cease to be chaotic elements. From the moment they are placed within the confines of the frame, these particles unite to become a microcosm loaded with
Gérard Garouste | Contes ineffables – Ineffable Tales
Personne n’est dupe. Je « parle » le vocabulaire d’un autre temps. Si je ne crois ni au progrès en art ni au diktat de la table rase, en revanche je pense qu’il faut bien connaître sa culture pour pouvoir l’oublier. Un coucher de soleil et des silhouettes en contre-jour sont des archétypes de la peinture que j’utilise comme les mots d’un dictionnaire, au sens où Barthes l’a défini : non pas un corpus fini de mots mais un immense texte où les mots ne renvoient qu’à d’autres mots. La définition de mots ne reposant que sur d’autres mots, on ne peut jamais sortir de ce mouvement, jamais atteindre vraiment la chose qu’on cherche. Je suis enfermé dans la peinture comme dans ce dictionnaire. Il y a dans ma démarche quelque chose d’un échec incontournable. J’assume cet échec pour mettre en scène un détail à peine visible : un nid d’oiseaux. Ce détail est encroûté dans l’histoire de la peinture. Allégeance reprend le thème de St-Hubert et le nid d’oiseaux. Un échec, dites-vous, mais vous n’avez jamais abandonné la peinture. Vous persistez à rater votre cible. Il y a toujours, dans la mise en œuvre d’un tableau ou d’une sculpture, une force qui dépasse l’artiste. L’esprit, la volonté, formulent une idée ou un but et le geste part ailleurs dans une autre direction. Le résultat n’est jamais ce qui était prévu. C’est ce que j’appelle l’échec. Au moment où je les écrase sur la toile, les pigments, les oxydes de fer et l’huile mélangés cessent d’être des éléments chaotiques. Dès lors qu’elles sont posées à l’intérieur des limites du cadre, ces particules s’unissent pour devenir un microcosme chargé de sens. Ce qui m’intéresse, c’est cette alchimie qui met en scène du hasard. Ce qui me pousse à continuer à peindre, c’est ce moment où la matière s’organise, entre intention et hasard, pour mettre en évidence un sujet qui, s’il est lui même mythique, crée un espace clos dont je n’ai pas envie de sortir.
St-Hubert et le nid d’oiseaux St Hubert and the Bird’s Nest 2013
meaning. What interests me is this alchemy which provides a setting for chance. What prompts me to continue to paint is that moment when the material is organized, between intention and chance, to present a subject which, if it is itself mythical, creates a closed space which I do not feel like leaving. In this dialectic between chance and intention, your gesture expresses a form of memory which opens up to the future. In this opening, what is the role of the detail of the bird’s nest, which recurs like a leitmotiv in several of your pictures? I attribute a lot of importance to the detail. In Isaiah of Issenheim or in The Eighth Crystal Ball, it exposes the repressed attitude of an era. In St Hubert and the Bird’s Nest, it displaces the picture’s centre of interest and creates a link. When I painted it, I was already thinking of the next 19
Gérard Garouste | Contes ineffables – IneffableTales
Le Rabbin et le nid d’oiseaux The Rabbi and the Bird’s Nest 2013
Dans cette dialectique entre hasard et intentionnalité, votre geste exprime une forme de mémoire qui s’ouvre vers l’avenir. Que vient faire, dans cette ouverture, le détail du nid d’oiseaux qui revient comme un leitmotiv dans plusieurs de vos tableaux ? J’accorde beaucoup d’importance au détail. Dans Isaïe d’Issenheim ou dans La huitième boule de cristal , il trahit le refoulé d’une époque. Dans St-Hubert et le nid d’oiseaux, il déplace le centre d’intérêt du tableau et crée du lien. Lorsque je l’ai peint, je pensais déjà à la toile suivante et au mouvement qui pourrait circuler à l’intérieur de l’exposition. De la même manière que l’Indien avance dans la forêt obscure, ce thème très énigmatique du nid d’oiseaux est lié au voyage et au cheminement de la pensée. C’est un 20
canvas and of the movement that could circulate within the exhibition. In the same way that the Indian advances in the dark forest, this very enigmatic theme of the bird’s nest is linked to the journey and passage of thought. It is a theme borrowed from Talmudic thought. But everyone is free to see it otherwise or to pause at another detail, the stag’s antlers or Saint Hubert’s bag, for example. The more I progress in my knowledge of the Biblical themes, the more I admire the irrational and poetic dimension pervading the Talmud. The most extravagant commentaries proceed, however, from an ascetic attitude and lead to a set of rigorous rules. There is something jubilatory in this thinking which constitutes for me an opening towards poetry. I am not a Talmudist, but you don’t need to be a musician to appreciate music. The theme of the bird’s nest is derived from the Houlin treatise (folio 139b) which proposed a commentary of the following verse: “If by chance you come across on your way a bird’s nest, you drive away the mother, you take the babies and life will be better for you and your days will be prolonged.” This enigmatic verse (Deuteronomy Ch. 22, verse 6) has given rise to very complex commentaries according to whether the nest is by the side of a road, on a tree, on the roof of a house, on the sea, in the air…In discussing the place of a bird’s nest and the driving away of the mother, commentators raised fundamental questions. The commentary that Marc-Alain Ouaknin made on this verse in his book Lire aux éclats struck me by the liberty given to free associations and to phonetic logic. I pay tribute to him in The Rabbi and the Bird’s Nest in which he is represented with the nest of bird of paradise on his head in a body language appropriate to the Talmudists.The rigour of reasoning does not exclude envisaging irrational situations. Here is the question posed by Talmudist Rabbi Matana: what happens if the bird’s nest is in or on the head? Will his days be prolonged? As abstruse as it may be, this questioning appeals to me and makes me feel like creating images. For Vanity in
Gérard Garouste | Contes ineffables – Ineffable Tales
thème emprunté à la pensée talmudique. Mais libre à chacun de le voir autrement ou de s’arrêter à un autre détail, les bois du cerf ou la besace de saint Hubert par exemple. Plus j’avance dans la connaissance des thèmes bibliques, plus j’admire la dimension déraisonnable et poétique qui traverse le Talmud. Les commentaires les plus extravagants procèdent pourtant d’une ascèse et aboutissent à des règles rigoureuses. Il y a quelque chose de jubilatoire dans cette pensée, qui constitue pour moi une ouverture vers la poésie. Je ne suis pas talmudiste mais il n’est pas besoin d’être musicien pour apprécier la musique. Le thème du nid d’oiseaux est tiré du traité Houlin (folio 139b) qui propose un commentaire du verset suivant : « Si par hasard en chemin tu rencontres un nid d’oiseaux, tu chasses la mère, tu prends les enfants, la vie sera meilleure pour toi et tes jours seront prolongés. » Ce verset énigmatique (Deutéronome 22 versets 6 et 7) a donné lieu à des commentaires très complexes selon que le nid se trouve au bord d’une route, sur un arbre, sur le toit d’une maison, sur la mer, en l’air... En discutant de la place d’un nid d’oiseau et du renvoi de la mère, les commentateurs soulevaient des questions fondamentales. Le commentaire qu’a fait Marc-Alain Ouaknin de ce verset dans son livre Lire aux éclats m’a frappé par la liberté donnée aux associations libres et à la logique phonétique. Je lui rends hommage dans Le Rabbin et le nid d’oiseaux où il est représenté coiffé d’un nid d’oiseau de paradis, dans une gestuelle propre aux talmudistes. La rigueur du raisonnement n’exclut pas d’envisager des situations irrationnelles, parfois jusqu’à l’absurde. Voici la question posée par le talmudiste Rabbi Matana : « Que se passe-t-il si le nid est dans ou sur la tête ? Les jours en seront-ils prolongés ? » Aussi abscons soit-il, ce questionnement me plaît et me donne envie de créer des images. Pour Vanité au nid, celle que j’avais en tête était très précise :
the Nest, the image I had in mind was a very precise one: a skull with a bird nesting inside. I have painted a plausible situation, even if its plausibility doe not help in the slightest with interpreting the text. In The Nest on the Sea, the verse is twisted and turned in every direction to stimulate new suggestive possibilities. Why this obstinacy in the quest for meaning, why so many complications? Quit simply in order to be happy on Earth. What happens if the nest is on the sea?
Is it an allusion to the mother, should we seek a psychoanalytical interpretation? (A French word-play on ‘mer’ – ‘sea’ – and ‘mère’ – ‘mother’.) And if the nest were to be on the head of a dog? I have fun creating in The Centaur and the Bird’s Nest a
Le Centaure et le nid d’oiseaux The Centaur and the Bird’s Nest 2013
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Gérard Garouste | Contes ineffables – IneffableTales
crazy situation by multiplying the borrowings. It’s about a nest placed on the head of a dog (mine), himself in a vase borrowed from Hergé’s Blue Lotus. The whole thing on the hindquarters of a centaur. I mix the styles, the Talmud, mythology, my life, the comics. As for interpreting this configuration and knowing whether my days will be prolonged by it…
La danse et les pies The Dance and the Magpies 2013
un crâne avec un oiseau niché à l’intérieur. J’ai peint une situation vraisemblable même si la vraisemblance n’aide en rien à l’interprétation du texte. Dans Le nid sur la mer, le verset est trituré et retourné dans tous les sens pour susciter de nouvelles possibilités de suggestion. Pourquoi cette obstination dans la demande de sens, pourquoi tant de complications ? Tout simplement pour être heureux sur terre. Que se passe-t-il si le nid est sur la mer ? Est-ce un clin d’œil à la mère, faut-il chercher une interprétation psychanalytique ? Et si le nid se trouve sur la tête d’un chien ? Je m’amuse à créer dans Le Centaure et le nid d’oiseaux une situation saugrenue en multipliant les emprunts. 22
And when the bird is a magpie which, as everyone knows, likes to decorate its nest with shiny objects stolen in the neighbourhood? The Dance and the Magpies is not a reference to the Talmud but to Rabelais whom I love and never tire of reading and re-reading. His texts are all the more comic for being serious in their content, all the more obscure because of the danger of expressing himself freely. The Inquisition kept a watch on maintaining the dogmas of the ecclesiastic authorities. His conception of metaphysics being considered eminently subversive, in order to cover his tracks Rabelais used both humour and the language of the guilds (resembling that of Free Masonry). For the initiated, the magpie with black and white feathers has a meaning, just as this dance is not without significance. In your bestiary, the ass also has a privileged role to play. He is in the foreground of Twilight. I wanted to give pride of place to this overlooked animal, with its legendary wisdom belying the stupidity which is also attributed to him. The character engaging the animal in a dialogue stages the silence of listening. We also find the sunset and the pictures impasto of the paintings St Hubert and the Bird’s Nest and, in a subliminal image, a reference to Van Gogh’s Sower. Twilight evokes an outdated pictorial era and a gesture linked to the farming of another age. I express through this deliberately old-fashioned image my feeling that our modern world has no future.
Gérard Garouste | Contes ineffables – Ineffable Tales
Il s’agit d’un nid posé sur la tête d’un chien (le mien), lui-même dans un vase emprunté au Lotus bleu d’Hergé. Le tout sur la croupe d’un centaure. Je mélange les registres, le Talmud, la mythologie, ma vie, la bande dessinée. Quant à interpréter cette configuration et savoir si mes jours en seront prolongés... Et quand l’oiseau est une pie qui, comme chacun sait, aime garnir son nid d’objets brillants volés aux alentours ? La danse et les pies ne se réfère pas au Talmud mais à Rabelais que j’aime et que je ne me lasse pas de relire. Ses textes sont d’autant plus comiques que leur contenu est sérieux, d’autant plus hermétiques qu’il y avait danger à s’exprimer librement. L’Inquisition veillait au maintien des dogmes du pouvoir ecclésiastique. Sa conception de la métaphysique étant jugée éminemment subversive, pour mieux brouiller les pistes, Rabelais maniait l’humour et usait du langage des guildes (qui s’apparente à la maçonnerie). Pour les initiés, la pie au plumage noir et blanc fait sens, de même que cette danse n’est pas anodine. Dans votre bestiaire, l’âne tient également une place privilégiée. Il est au premier plan du Crépuscule. J’ai voulu donner une place forte à cet animal oublié, à sa sagesse légendaire qui dément la stupidité qu’on a pu aussi lui prêter. Le personnage qui dialogue avec l’animal met en scène le silence de l’écoute. On retrouve aussi le coucher de soleil et les empâtements du tableau St-Hubert et le nid d’oiseaux et, en image subliminale, une référence au Semeur de Van Gogh. Le crépuscule renvoie à une époque picturale dépassée et à un geste lié à l’agriculture d’un autre temps. J’exprime, à travers cette image volontairement rétrograde, mon sentiment que notre monde moderne n’a pas d’avenir. Je ne
I don’t believe in its criteria nor in a triumphant Western world and I would put more trust in a shaman than in a politician. I evolve within a system that doesn’t fool me. As a painter, I’m not looking for any progress in the way of a rupture or originality. This picture is a critique of the present and of its passing pleasures, of the amnesia advocated by the various forms of avant-garde, of the obsession with modernity, of an art for art’s sake which creates spectacular and ephemeral emotions. I believe the future is in making a return. In painting, I want to play on that return. That is why I’m so attached to myths. That’s also why I paint the sky at twilight. The history of art, as well as the museums, constitutes for me a great archaeological site, rich in unexplored potentials and unknown subliminal messages. In this bottomless well, I can plunge with passion, just as I delight in paint, thick impasto and glazes. At the risk of donning the ridiculous costume of a painter of daubs.
Le crépuscule Twilight 2013
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Gérard Garouste | Contes ineffables – IneffableTales
crois pas en ses critères ni à l’idée d’un Occident triomphant et je ferais davantage confiance à un chaman qu’à un homme politique. J’évolue à l’intérieur d’un système dont je ne suis pas dupe. En tant que peintre, je ne cherche aucun progrès qui soit de l’ordre de la rupture ou de l’originalité. Ce tableau est une critique du présent et de ses jouissances provisoires, de l’amnésie prônée par les avantgardes, de l’obsession de la modernité, de l’art pour l’art qui apporte des émotions spectaculaires et éphémères. Je crois que l’avenir, c’est faire retour. En peinture, j’ai envie de jouer sur ce retour. C’est pour cela que je m’attache aux mythes. C’est pourquoi aussi j’ai peint ce ciel au crépuscule. L’histoire de l’art, ainsi que les musées, constitue pour moi un grand chantier d’archéologie, riche de potentialités inexplorées et de messages subliminaux ignorés. Dans ce puits sans fond, je me plonge avec passion, comme je me délecte
Don Quichotte et les livres brûlés Don Quixote and the Burned Books 2013
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In the same way, in Don Quixote, Cervantes borrows a form which is already outdated in his era, the romance of chivalry. For the same reasons that I love Rabelais, I’m an assiduous reader of Cervantes. The narrative in his hands resorts to endless diversions and the disguises necessary for the survival of the author. To accommodate the Inquisition, once again. Speaking up in those days involved considerable risk. In the picture Don Quixote and the Burned Books, the allusion to the Burned Book of Rabbi Nachman of Breslov expresses the connection of Cervantes to Biblical thought. The writer is portrayed with the features of a man of the theatre, Jean-Michel Ribes, who is wearing Don Quixote’s cap, which is in fact a barber’s plate. The Theatre of Don Quixote takes its inspiration faithfully from the work of Cervantes. In this scene of the human tragic-comedy, we find the path, the restless wandering, love, disguises… I have portrayed myself as a diabolical buffoon beside an angel confiding secrets to the ass. In the Bible, Balaam’s ass is able to hear and communicate, better than man, the word of God. As for the Buffoon of Warsaw, this picture is inspired by a photo of Warsaw Ghetto (1943). In Ouroboros and the Ass, you are wearing the ears of an ass. Speaking of the ear, I am thinking of an older self-portrait, The Ear-Bee (2004). There are a porosity and astonishing correspondences between the myths as we realize in pursuing the bee of the Bible to Greek mythology. In Hebrew, the word for bee is “Debora”, whose root-letters D-B-R also mean “spoken word” and suggest eloquence. And when the Pythia of Delphi, also called the Delphic bee, delivers its oracle, bees come out of its mouth. That’s why the subliminal images of this exhibition form a system of occurrences which can only be read in movement, from one picture or sculpture to the other.
Gérard Garouste | Contes ineffables – Ineffable Tales
de la peinture, de la haute pâte et des glacis. Au risque de m’affubler du costume ridicule de faiseur de croûtes.
L’Oreille-abeille The Ear-Bee 2004
De même dans Don Quichotte, Cervantès emprunte la forme, déjà démodée à son époque, d’un roman de chevalerie. Pour les mêmes raisons que j’aime Rabelais, je suis un lecteur assidu de Cervantès. La narration prend chez lui des détours infinis et les masques nécessaires à la survie de son auteur. Inquisition oblige, encore. La prise de parole comportait alors un risque vital. Dans le tableau Don Quichotte et les livres brûlés, l’allusion au Livre brûlé de Rabbi Nahman de Braslav exprime la parenté de Cervantès avec la pensée biblique. L’écrivain est représenté sous les traits d’un homme de théâtre, Jean-Michel Ribes, qui porte le casque de Don Quichotte, lequel est en fait un plat de barbier… Le théâtre de Don Quichotte est fidèlement inspiré du livre de Cervantès. Dans cette scène de la tragi-comédie humaine, on trouve le chemin, l’errance, le temps, l’amour, les travestis… Je me suis représenté en bouffon diabolique aux côtés de l’ange qui confie des secrets à l’âne. Dans la Bible, l’âne de Balaam est capable d’entendre et de transmettre, mieux que l’homme, la parole divine. Quant au Bouffon de Varsovie, ce tableau est inspiré d’une photo du ghetto de Varsovie (1943).
Ouroboros et l’âne Ouroboros and the Ass 2013
Dans Ouroboros et l’âne vous portez des oreilles d’âne. À propos d’oreilles, je pense à un autoportrait plus ancien, L’Oreille-abeille (2004). Il y a une porosité et des correspondances étonnantes entre les mythes, on s’en rend compte par exemple en suivant l’abeille de la Bible à la mythologie grecque. En hébreu, le mot qui veut dire abeille se dit “Debora”, dont les lettres D-B-R signifient aussi “parole” et suggèrent l’éloquence. Et quand la pythie de Delphes, aussi appelée abeille delphique,
Magic. Can we replace the magician with the artist? By what kind of conjuring trick does the artist manage to imbue an object with a powerful charm that delights the spectators? I’m more appreciative of a magician who uses just a few playing cards than the one who wants to dazzle me with a whole spectacular mechanical apparatus. Just as I cannot find any joy in the iconographic culture conveyed by the mass media or in the infinite possibilities proposed by the new technologies. I believe limits are necessary to express meaning. The more a language is codified, the better the imagination can express itself and poetry find enrichment. You just need a few colours and a canvas to make a picture, some terracotta and bronze to make a sculpture. I like this economy of means.
“Don’t ask your way of someone who knows it. You would risk not getting lost.” This quotation from 25
Gérard Garouste | Contes ineffables – IneffableTales
délivre son oracle, des abeilles sortent de sa bouche. C’est pourquoi les images subliminales de cette exposition forment un système d’occurrences qui ne peut se lire que dans le mouvement, d’un tableau ou d’une sculpture à l’autre.
Magie Magic 2013
Magie. Peut-on remplacer le magicien par l’artiste ? Par quel tour de prestidigitation le peintre parvient-il à investir un objet d’un charme puissant qui ravit les spectateurs ? Je suis plus sensible au magicien qui utilise quelques cartes à jouer qu’à celui qui m’en mettrait plein la vue avec une machinerie spectaculaire. Pas plus que je ne trouve mon bonheur dans la culture iconographique véhiculée par les mass media ni dans les possibilités infinies offertes par les nouvelles technologies. Je crois les limites nécessaires à l’expression du sens. Plus un langage est codifié, mieux l’imagination peut s’exprimer et la poésie s’enrichir. Il suffit de quelques couleurs et d’une toile pour faire un tableau, de terre cuite et de bronze pour faire une sculpture. J’aime cette économie de moyens. « Ne demande pas ton chemin à quelqu’un qui le connaît, tu risquerais de ne pas t’égarer. » Cette citation de Rabbi Nahman de Braslav vous est précieuse et trouve sa place dans cette exposition, particulièrement s’agissant de L’errance du prince Valet. L’ambiance de ce tableau est celle des contes de fée par lesquels Rabbi Nahman de Braslav exprimait sa philosophie et son mysticisme. Cet écrivain et philosophe naquit dans l’actuelle Ukraine en 1772. Ses contes initiatiques, très simples en apparence, recèlent de nombreuses interprétations. Le personnage du prince Valet est tiré de « l’histoire du fils du roi et du fils de la servante ». L’atmosphère du récit m’a fait penser à la Bourgogne de mon enfance et à mes personnages du Classique et l’Indien. L’Indien marche dans la forêt de ce conte et s’y sent chez lui. Le chemin est un thème récur-
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Rabbi Nachman of Breslov is dear to you and finds its place in this exhibition, in particular concerning The Wanderings of the Prince Valet. The ambience of this picture is that of the fairytales by which Rabbi Nachman expressed his philosophy and his mysticism. This writer-philosopher was born in what is now Ukraine in 1772. His tales of initiation, apparently very simple, contain many interpretations. The character of the Prince Valet is drawn from “The Story of the King’s Son and the Servant’s Son”. The atmosphere of the tale made me think of the Burgundy of my childhood and of my characters of the Classic and the Indian. The Indian walks in the forest in this take and feels at home. The path is a recurrent theme of Talmudic but also classical thought. We come across it, for instance, in Dante’s Divine Comedy: “Midway upon the journey of our life, I found myself within a forest dark, for the straightforward pathway had been lost.” ( Inferno, Canto 1). The journey is the one the spirit takes when subject to doubt.
L’errance du prince Valet The Wanderings of the Prince Valet 2013
Gérard Garouste | Contes ineffables – Ineffable Tales
rent de la pensée talmudique, mais aussi classique ; on le trouve notamment chez Dante : « Au milieu du chemin de notre vie, je me retrouvai par une forêt obscure, dont la route droite était perdue. » (La Divine Comédie, chant I). Le voyage est celui qu’emprunte l’esprit en proie au doute. Le chemin est aussi celui qui relie des tableaux et des sculptures qui, dites-vous, vont dans tous les sens. Que votre geste s’inscrive dans la peinture ou dans le bronze, la recherche de sens est omniprésente et s’appuie souvent sur l’exégèse biblique. On peut très bien ne voir dans le quotidien que la banalité des choses mais, si l’on y prête attention, chaque détail du monde qui nous entoure est porteur d’un sens à l’intérieur de notre culture. J’ai tendance à capter les détails. Dans la Bible, chaque mot est à interpréter en fonction de ses occurrences dans l’ensemble du texte, cela implique un ailleurs et un déplacement. C’est cet entredeux qui m’intéresse. J’ai fait deux sculptures en référence au personnage biblique de Jonas, toutes deux conçues avec Marc-Alain Ouaknin : l’une s’appelle Jonas, l’autre Iona, qui est la transcription phonétique de l’hébreu. Iona, qui signifie colombe, est associé à l’arche de Noé et à l’oiseau qui tient dans son bec un rameau d’olivier, annonciateur de la fin du déluge. La sculpture Jonas est également conçue par vous et Marc-Alain Ouaknin, l’homme qui porte un nid sur la tête dans Le rabbin et le nid d’oiseaux. En effet, cette petite sculpture porte les commentaires de Marc-Alain Ouaknin sur le personnage de Jonas. On y distingue la carcasse d’un bateau, une voile, des vagues mais l’interprétation en est ambiguë. Il importe que tout ne soit pas divulgué. La clé de l’œuvre reste secrète.
The path is also the one that links paintings and sculptures which, you say, go off in every direction. Whether your action is in paint or in bronze, the quest for meaning is omnipresent and is often based on Biblical exegesis. We may well see in everyday life only the banality of things, but if we look carefully, every detail in the world around us carries a meaning within our culture. I tend to soak up the details. In the Bible, every word is to be interpreted according to its occurrences in the whole text in its entirety. That implies an elsewhere and a transposition. It’s this interstice that interests me. I made two sculptures referring to Jonah, the Biblical character, jointly with Marc-Alain Ouaknin: one is called Jonas (Jonah), the other Iona, which is the phonetic transcription of the Hebrew ‘Iona’, meaning ‘dove’, associated with Noah’s Ark and the bird which holds in its beak an olive branch, heralding the end of the Flood. Jonah (Jonas), was also made jointly with Marc-Alain Ouaknin, the man carrying a nest on his head in The Rabbi and the Bird’s Nest. Indeed, this little sculpture carries with it the commentaries of Marc-Alain Ouaknin on the character of Jonah. We can see the skeleton of a boat, a sail, waves, but the interpretation is ambiguous. It’s important not to divulge everything. The key to the work remains secret.
Iona /Iona 2013
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œuvres Works
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Le lièvre et la tortue à l’envers The Hare and the Tortoise on its Back 2013 Huile sur toile 162 x 130 cm
Oil on canvas 63 3/4 x 51 1/8 in.
Vanité au nid Vanity in the Nest 2013 Huile sur toile 128 x 195 cm
Oil on canvas 50 3/8 x 76 3/4 in.
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Le nid sur la mer The Nest on the Sea 2013 Huile sur toile 200 x 160 cm
Oil on canvas 78 3/4 x 63 in.
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La danse et les pies The Dance and the Magpies 2013 Huile sur toile 160 x 130 cm
Oil on canvas 63 x 51 1/8 in.
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Le Centaure et le nid d’oiseaux The Centaur and the Bird’s Nest 2013 Huile sur toile 194,5 x 160 cm
Oil on canvas 76 5/8 x 63 in.
Le théâtre de Don Quichotte The Theatre of Don Quixote 2012 Huile sur toile 200 x 260 cm
Oil on canvas 78 3/4 x 102 3/8 in.
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Le Rabbin et le nid d’oiseaux The Rabbi and the Bird’s Nest 2013 Huile sur toile 162 x 130 cm
Oil on canvas 63 3/4 x 51 1/8 in.
“De la même manière que l’Indien avance dans la forêt obscure, ce thème très énigmatique du nid d’oiseau est lié au voyage et au cheminement de la pensée. C’est un thème emprunté à la pensée talmudique. Mais libre à chacun de le voir autrement ou de s’arrêter à un autre détail…”
“In the same way that the Indian advances in the dark forest, this very enigmatic theme of the bird’s nest is linked to the journey and passage of the thinking. It is a theme borrowed from Talmudic thought. But everyone is free to see it otherwise or to pause at another detail…”
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Les cigares du pharaon The Pharaoh’s Cigar 2013 Huile sur toile 195 x 160 cm
Oil on canvas 76 3/4 x 63 in.
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La huitième boule de cristal The Eighth Crystal Ball 2013 Huile sur toile 195 x 130 cm
Oil on canvas 76 3/4 x 51 1/8 in.
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Le Bouffon de Varsovie The Buffoon of Warsaw 2013 Huile sur toile 161,5 x 130 cm
Oil on canvas 63 5/8 x 51 1/8 in.
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L’errance du prince Valet The Wanderings of the Prince Valet 2013 Huile sur toile 130 x 97 cm
Oil on canvas 51 1/8 x 38 1/4 in.
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Les racines de la crèche The Roots of the Crib 2013 Huile sur toile 195 x 114 cm
Oil on canvas 76 3/4 x 44 7/8 in.
Le torche-cul The Arse-Wiper 2013 Huile sur toile 130 x 162 cm
Oil on canvas 51 1/8 x 63 3/4 in.
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Wagner, Méphistophélès et l’Homonculus Wagner, Mephistopheles and the Homunculus 2013 Huile sur toile 129,5 x 195 cm
Oil on canvas 51 x 76 3/4 in.
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“Wagner, ici représenté en alchimiste et assistant de Méphistophélès, reçoit les flatteries de ce dernier comme un gage de son érudition. Or Méphistophélès le possède et se moque de lui. Allusion à l’ignorance de ceux qui croient détenir des connaissances.”
“Wagner, depicted here as an alchemist and an assistant to Mephistopheles, received the flattery of the latter as a token of his erudition. Mephistopheles, we see, has him in his possession and is making fun of him. An allusion to the ignorance of those who believe they are knowledgeable.”
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Magie Magic 2013 Huile sur toile 195 x 130 cm
Oil on canvas 76 3/4 x 511/8 in.
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MardochĂŠe Mordechai 2013 Huile sur toile 195 x 160 cm
Oil on canvas 76 3/4 x 63 in.
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Allégeance Allegiance
Le brâme The Stag’s Bellow
2013
2013
Huile sur toile 70 x 50 cm
Huile sur toile 81 x 65 cm
Oil on canvas 27 1/2 x 19 5/8 in.
Oil on canvas 31 7/8 x 25 5/8 in.
St-Hubert et le nid d’oiseaux St Hubert and the Bird’s Nest 2013 Huile sur toile 160 x 195 cm
Oil on canvas 63 x 76 3/4 in.
49
Le héron au long bec emmanché d’un long cou The Long Beaked Heron with a Long Neck 2013 Huile sur toile 195 x 130 cm
Oil on canvas 76 3/4 x 51 1/8 in.
Don Quichotte et les livres brûlés Don Quixote and the Burned Books 2013 Huile sur toile 97 x 130 cm
Oil on canvas 38 1/4 x 51 1/8 in.
50
51
Le loup, la chèvre et le chou The Wolf, the Goat and the Cabbage
La barque, l’Indien et le cerf The Boat, the Indian and the Stag
2013
2013
Huile sur toile 65 x 81 cm
Huile sur toile 65 x 81 cm
Oil on canvas 25 5/8 x 31 7/8 in.
Oil on canvas 25 5/8 x 31 7/8 in.
52
La source et le centaure The Source and the Centaur 2013 Huile sur toile 100 x 81 cm
Oil on canvas 39 3/8 x 31 7/8 in.
53
Le sarcophage The Sarcophagus 2012 Huile sur toile 130 x 195 cm
Oil on canvas 51 1/8 x 76 3/4 in.
54
55
L’ange et le démon The Angel and the Demon 1988-2012 Huile sur toile 162 x 130 cm
Oil on canvas 63 3/4 x 51 1/8 in.
Le crépuscule Twilight 2013 Huile sur toile 97 x 130 cm
Oil on canvas 38 1/4 x 51 1/8 in.
56
57
Les frères ennemis Brother Enemies
La chèvre et le loup The Goat and the Wolf
2013
2013
Huile sur toile 65 x 81 cm
Huile sur toile 72 x 60 cm
Oil on canvas 25 5/8 x 31 7/8 in.
Oil on canvas 28 3/8 x 23 5/8 in.
58
L’Indienne au bison The Indian Woman with the Bison 2013 Huile sur toile 97 x 130 cm
Oil on canvas 38 1/4 x 51 1/8 in.
59
L’amazone verte The Green Amazon 2013 Huile sur toile 100 x 81 cm
Oil on canvas 39 3/8 x 31 7/8 in.
La mandorle et le pantin The Mandorla and the Puppet 2013 Huile sur toile 65 x 92 cm
Oil on canvas 25 5/8 x 36 1/4 in. 60
L’amazone et la licorne The Amazon and the Unicorn 2013 Huile sur toile 100 x 81 cm
Oil on canvas 39 3/8 x 31 7/8 in.
61
L’ânesse et les livres The Ass and the Books 2013 Huile sur toile 50 x 74 cm
Oil on canvas 19 5/8 x 29 1/8 in.
L’androgyne The Androgyne 2012 Huile sur toile 200 x 160 cm
Oil on canvas 78 3/4 x 63 in.
62
63
Les tromperies The Deceptions
Autoportrait Ă la chemise Self-portrait with the Shirt
2012
2012
Gouache sur papier 104 x 71 cm
Gouache sur papier 122 x 80 cm
Gouache on paper 41 x 28 in.
Gouache on paper 48 x 31 1/2 in.
64
Ouroboros et l’âne Ouroboros and the Ass 2012 Gouache sur papier 100 x 89 cm
Gouache on paper 39 3/8 x 35 in. 65
Les fianรงailles Le confident indien The Engagement the Trusty Indian
Icra Icra 2012
2012
Gouache sur papier 59 x 45 cm
Gouache sur papier 119 x 80 cm
Gouache on paper 23 1/4 x 17 3/4 in.
Gouache on paper 46 7/8 x 31 1/2 in. 66
Malade Ă la seringue Invalid with the Syringe 2012 Gouache sur papier 117 x 100 cm
Gouache on paper 46 1/8 x 39 3/8 in.
67
Jonas Jonah 2011 - 2013 Bronze 26 x 24 x 18 cm Édition de 4 + 2 EA
Bronze 10 1/4 x 9 1/2 x 7 in. Edition of 4 + 2 AP
68
Don Quichotte Don Quixote 2013 Bronze 64 x 37 x 37 cm Édition de 4 + 2 EA
Bronze 25 1/4 x 14 5/8 x 14 5/8 in. Edition of 4 + 2 AP
69
Inceste Incest 2013 Bronze 60 x 50 x 34 cm Édition de 4 + 2 EA
Bronze 25 5/8 x 19 5/8 x 13 3/8 in. Edition of 4 + 2 AP
Tehena Tehena 2013 Bronze 42 x 27 x 21 cm Édition de 4 + 2 EA
Bronze 16 1/2 x 10 5/8 x 8 1/4 in. Edition of 4 + 2 AP
70
Le faune The Faun 2013 Bronze 58 x 50 x 29 cm Édition de 4 + 2 EA
Bronze 22 7/8 x 19 5/8 x 11 3/8 in. Edition of 4 + 2 AP
71
Cerbère Cerberus 2013 Bronze 20 x 27 x 20 cm Édition de 4 + 2 EA
Bronze 7 7/8 x 10 5/8 x 7 7/8 in. Edition of 4 + 2 AP
Médisance Malicious Gossip 2013 Bronze 46,5 x 18 x 15,5 cm Édition de 4 + 2 EA
Bronze 18 1/4 x 7 1/8 x 6 1/8 in. Edition of 4 + 2 AP
72
Iona Iona 2013 Bronze 47 x 62 x 51 cm Édition de 4 + 2 EA
Bronze 18 1/2 x 24 3/8 x 20 1/8 in. Edition of 4 + 2 AP
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Biographie Bibliographie Biography Bibliography
74
Gérard Garouste | Contes ineffables – Ineffable Tales
Expositions personnelles Solo exhibitions _ 2011
Gérard Garouste
Walpurgisnachtstraum (Songe d’une nuit de Walpurgis), Galerie Daniel Templon, Paris Gérard Garouste + La Source, Carré Sainte-Anne et Galerie Saint-Ravy, Montpellier
_ 2010
Né à Paris en 1946. Vit et travaille à Marcilly-sur-Eure (Normandie) et à Paris. Born in Paris, 1946. Lives and works in Marcilly-sur-Eure (Normandy) and Paris.
_ 2005 Saintes Ellipses, Panthéon, Paris
_ 2004 Portraits, Galerie Daniel Templon, Paris
_ 2003 Saintes Ellipses, Festival d’automne, Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière, Paris
_ 2002
Gérard Garouste et les enfants de La Source, Musée de Louviers, Louviers Ensemble de sculptures monumentales en bronze et de fresques en céramique, 23, rue de l’Université, Paris VIIe (Groupe Carlyle)
Kezive la ville mensonge, Galerie Daniel Templon, Paris Gérard Garouste, La Dive Bacbuc, Festival de Saint-Denis, Chapelle des Carmélites, Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis Gérard Garouste, château de Sédières, Clergoux
_ 2009
_ 2001
Rétrospective Gérard Garouste, Villa Médicis, Rome La Dive Bacbuc et Don Quichotte, Médiathèque, Argentan Le murex et l’araignée, Hôtel de ville, Aubusson
Gérard Garouste, La Haggada et œuvres gravées, Musée d’art et d’histoire du judaïsme, Paris Gérard Garouste, Musée des Beaux-Arts, Pau Gérard Garouste, Musée d’Évreux, Ancien Évêché, Évreux Gérard Garouste, Musée des Beaux-Arts, Tourcoing Gérard Garouste, Musée de l’Hospice Saint-Roch, Issoudun Ellipse, Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris Gérard Garouste, Rétrospective 1979-1991, Galerie Liliane & Michel Durand-Dessert, Paris
_ 2008 Microspective Gérard Garouste, Mairie de Lille, Lille La Bourgogne, la famille et l’eau tiède, Galerie Daniel Templon, Paris
_ 2006 L’ânesse et la figue, Galerie Daniel Templon, Paris Les libraires aveugles, Fondation Mudima, Milan
_ 2000 Cervantès, Don Quichotte, Garouste chez La Fontaine, Musée Jean de La Fontaine, Château-Thierry Don Quichotte, correspondances : Coypel, Natoire, Garouste, Musée national du château de Compiègne
75
Gérard Garouste | Contes ineffables – Ineffable Tales
_ 1999
Les rois et le labyrinthe The Kings and the Labyrinth 2012 Gouache sur papier 62 x 89 cm
Gouache on paper 24 3/8 x 35 in.
Quixote apocrifo, Galerie Liliane & Michel Durand-Dessert, Paris Lo Clásico y las Indianas, Musée national des Beaux-Arts, Santiago du Chili Lo Clásico y las Indianas, Centre culturel Recoleta, Buenos Aires Quixote apocrifo, Le Rectangle, Lyon
Salle de la Dragonne, Saint-Juire-Champgillon Indiennes & œuvres récentes, Salle Saint-Pierre & salle de la Fabrique, Avallon L’œuvre gravée de Gérard Garouste, Château prieural de Monsempron Tal la Rosée, Musée des Beaux-Arts, Valence Gérard Garouste, schilderijen, werken op papier, Museum Commanderie van Sint-Jan, Nijmegen
_ 1998
_ 1996
L’œuvre gravée de Gérard Garouste, Artothèque de Vitré, Centre culturel Jacques-Duhamel La Dive Bacbuc, Fondation d’entreprise Coprim, Paris Gérard Garouste, peintures et gravures, Galerie de l’Ancien Collège, Châtellerault Don Quichotte, gouaches, Musée d’Ixelles, Bruxelles
Abbaye Saint-André (avec Élisabeth Garouste et Mattia Bonetti), Meymac Couvent des Cordeliers, La Cassine Tal la Rosée, Galerie Liliane & Michel Durand-Dessert, Paris Nouvelles lithographies et gravures originales, Galerie Fall, Paris
_ 1997 Gravures 1989-1996, Passages, Centre d’art contemporain, Troyes Espace Rachi, Paris
_ 1995 Galerie Raab, Berlin Galerie Raab, Londres Galerie Patrick Martin, Lyon
_ 1994
L’Ecclésiaste et Isaïe, série sur l’Ancien Testament (gouaches), Espace des arts, Chalon-sur-Saône Galerie Liliane & Michel Durand-Dessert, Paris Œuvres récentes, Belvédère, Château de Prague
_ 1990 Gérard Garouste, Les Indiennes, Touko Museum of Contemporary Art, Tokyo Gérard Garouste, Les Indiennes, Santa Monica Museum of Art, Los Angeles
_ 1989 Malerei-Zeichnung, Städtisches Kunsthalle, Düsseldorf Neue Bilder, Galerie Rudolf Zwirner, Cologne Les Indiennes 1987-1989, Galerie Rudolf Zwirner, Cologne Stedelijk Museum, Amsterdam
_ 1988
_ 1993
Les Indiennes, Fondation Cartier, Jouy-en-Josas Gérard Garouste, Musée national d’art moderne Centre Georges Pompidou, Paris Musée Goya, Castres Obalne Galerije, Piran Leo Castelli Gallery, New York Tableaux, encres, gouaches, indiennes, Palais des Beaux-Arts, Charleroi
Le Qohelet (gravures), Art, Culture et Foi, Saint-Séverin/Saint-Nicolas, Paris
_ 1987
Centre d’art moderne, Espace Mira Phalaina, Montreuil Maison des arts, Laon Œuvres récentes, Musée Mandet, Riom Galerie Liliane & Michel Durand-Dessert, Paris
_ 1992 Galerie Zachęta, Varsovie Neue Arbeiten 1987-1991, Kunstverein Hannover, Hanovre Œuvres récentes, Ernst Museum, Budapest Museum Moderner Kunst Stiftung Ludwig, Vienne
76
_ 1991
Hors du calme, Galerie Liliane & Michel Durand-Dessert, Paris Peintures de 1985 à 1987, CAPC - Musée d’art contemporain, Bordeaux
Gérard Garouste | Contes ineffables – Ineffable Tales
_ 1986
_ 1979
Le débat du cœur et du corps, Galerie Liliane & Michel Durand-Dessert, Paris Musée d’art contemporain, Montréal
Comédie policière, Galerie Travers, Paris La règle du ‘Je’, Studio d’arte Cannaviello, Milan
_ 1985
_ 1969
Leo Castelli Gallery, New York
Dessins monumentaux, Galerie Zunini, Paris
_ 1984 Galerie Hans Strelow, Düsseldorf Galerie Cleto Polcina (en collaboration avec Gian Enzo Sperone), Rome La cinquième saison, Musée municipal de Bourbon-Lancy Nature contre-nature, Galerie Liliane & Michel Durand-Dessert, Paris
_ 1983 Paintings and drawings, Leo Castelli Gallery, New York Paintings and drawings, Sperone Westwater Gallery, New York
Théâtre | Theater _ 2008 Le Classique et l’Indien, spectacle de Gérard Garouste et Joël Calmettes ; avec Gérard Garouste et Denis Lavant, Théâtre du Rond-Point, Paris
_ 1978 Le Classique et l’Indien, spectacle de Gérard Garouste, Festival Transthéâtre Libération, Paris
_ 1982 Dall’Enigma del Canis Major, Museo civico d’arte contemporanea, Gibellina L’Indien “héroïque ou idiot”, Galerie Liliane & Michel Durand-Dessert, Paris
Commandes publiques Public commissions
_ 1981
2013 - Sculpture Le Défi du Soleil, Domaine national de Saint-Cloud, 1984-2013
Gérard Garouste, Études 1974-1981, Palazzo Ducezio, Noto
2006 - Tapisserie Le murex et l’araignée, Aubusson
_ 1980
2006 - Sculptures à l’hôtel de ville de Mons, Belgique
Cerbère et le masque ou la neuvième combinaison, Galerie Liliane & Michel Durand-Dessert, Paris La Règle du ‘Je’, Vereniging voor het Museum van Hedendaagse Kunst, Gand
1995 - Vitraux de l’église Notre-Dame de Talant en Bourgogne 1995 - Sculpture Vierge à l’Enfant pour la cathédrale d’Évry 1994 - Céramiques et sculptures monumentales au palais de justice de Lyon 1989 - Rideau de scène du Théâtre du Châtelet, Paris
Le serpent et le chien The Serpent and the Dog 2012 Gouache sur papier 44 x 63 cm
Gouache on paper 17 3/8 x 24 3/4 in.
1984 - Sculptures Le défi du soleil pour les jardins du Palais-Royal, Paris 1983 - Plafond d’une chambre de l’appartement présidentiel au Palais de l’Élysée, Paris
2000 - Frise dans la salle des mariages de l’hôtel de ville de Mons, Belgique 1999 - Plafond du foyer du Théâtre royal de Namur, Belgique 1996 - Installation de peinture et fer forgé pour la Bibliothèque nationale de France, Paris
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Gérard Garouste | Contes ineffables – IneffableTales
Bibliographie | Bibliography Les aventures de la Vérité, textes de Bernard-Henri Lévy, coédition exceptionnelle de la Fondation Maeght et des éditions Grasset, Paris Gérard Garouste, retour aux sources, DVD réalisé par Joël Calmettes, Chiloe Productions
Gérard Garouste, préface de Michel Onfray, Éd. Flammarion, Paris (monographie) Le Classique et l’indien, Villa Médicis, Éd. Electa, Milan (catalogue d’exposition) L’apiculteur et les indiens, Michel Onfray, Éd. Galilée, Paris L’intranquille, autoportrait d’un fils, d’un peintre et d’un fou, Gérard Garouste et Judith Perrignon, Éd. L’iconoclaste, Paris
_ 2012
_ 2008
Don Quichotte, Cervantès, préface L. Busine, Éd. Diane de Selliers, Paris, réédition dans La Petite Collection
La Bourgogne, la famille et l’eau tiède, Hortense Lyon, Éd. Galerie Daniel Templon, Paris (catalogue d’exposition)
_ 2011
_ 2006
Walpurgisnachtstraum (Songe d’une nuit de Walpurgis), textes de Bernard Blistène, Henri Berestycki et Aurélie Barnier. Éditions Galerie Daniel Templon, Paris (catalogue d’exposition)
L’ânesse et la figue, Hortense Lyon, Éd. Galerie Daniel Templon, Paris (catalogue d’exposition) Garouste à Talant, Éd. Ereme, Paris Gérard Garouste, Les libraires aveugles, Éd. Fondation Mudima, Milan (catalogue d’exposition)
_ 2013
Le couple et le compagnon The Couple and the Companion 2013 Gouache sur papier 123,5 x 149,5 cm
Gouache on paper 48 5/8 x 58 7/8 in.
_ 2009
_ 2004 Gérard Garouste, Peindre à présent, François Rachline, Fragments Éditions, Paris Portraits, Marie-José Mondzain et Hortense Lyon, Éd. Galerie Daniel Templon, Paris (catalogue d’exposition)
_ 2003 Saintes ellipses, Laurent Busine, Festival d’automne de Paris, Éd. du Regard, Paris (catalogue d’exposition) Dieu prend-il soin des bœufs ?, Patrick Modiano, Éd. de l’Acacia, Paris (livre d’artiste)
_ 2002 Kezive, la ville mensonge, Marc Augé, Éd. Galerie Daniel Templon, Paris (catalogue d’exposition) 78
Le Grand Apiculteur, Gérard Garouste et Hortense Lyon, Éd. Bayard, Paris
_ 2001 La Haggada, Marc-Alain Ouaknin, Éd. Assouline, Paris Ellipse, Fondation Cartier pour l’art contemporain, Hortense Lyon, Éd. Actes Sud, Arles (catalogue d’exposition)
_ 2000 Gérard Garouste, Pierre Cabanne, Éd. Expressions contemporaines, Angers
_ 1999 Quixote apocrifo, Laurent Busine, Galerie Liliane & Michel Durand-Dessert, Paris (catalogue d’exposition)
_ 1998 Don Quichotte, Cervantès, préface Laurent Busine, Éd. Diane de Selliers, Paris La Dive Bacbuc, Guy Demerson, Gérard Garouste, Fondation d’entreprise Coprim, Paris (catalogue d’exposition)
_ 1997 Commedia, Anne Dagbert, Jacques Jansen, Éd. Daan van Speybroeck, Katholieke Universiteit Nijmegen, Nimègue (catalogue d’exposition) Gravures 1989-1996, Philippe Piguet, Libos/Troyes (catalogue d’exposition)
_ 1996 Gérard Garouste, Anne Dagbert, Éd. Fall, Paris Tal, d’après Le Livre des ressemblances, Edmond Jabès, Éd. Les Francs Bibliophiles, Paris (livre d’artiste) Tal la Rosée, Daniel Sibony, Galerie Liliane & Michel Durand-Dessert, Paris (catalogue d’exposition)
Gérard Garouste | Contes ineffables – Ineffable Tales
_ 1994 Le trouble du regard, Riom/Laon (catalogue d’exposition)
_ 1992 Neue Arbeiten 1987-1991, Philippe Piguet, Gérard-Georges Lemaire, Kunstverein Hannover, Hanovre (catalogue d’exposition)
_ 1991 L’Écclésiaste et Isaïe, série sur l’Ancien Testament (gouaches), Espace des arts, Chalon-sur-Saône (catalogue d’exposition) L’État de disgrâce esthétique, Gérard-Georges Lemaire, Galerie Liliane & Michel Durand-Dessert, Paris (catalogue d’exposition)
Le chapeau ridicule The Ridiculous Hat 2012
_ 1989
Gouache sur papier 62 x 47 cm
Galerie Rudolf Zwirner, Cologne (catalogue d’exposition)
Gouache on paper 24 3/8 x 18 1/2 in.
_ 1988 Le Palais de la mémoire, Éd. Fondation Cartier, Jouy-en-Josas (livre d’artiste) Gérard Garouste, Éd. Centre Georges Pompidou, Paris (catalogue d’exposition) Les Indiennes de Gérard Garouste, Palais des Beaux-Arts, Charleroi (catalogue d’exposition)
_ 1987 Gérard Garouste, Peintures de 1985 à 1987, CAPC - Musée d’art contemporain, Bordeaux (catalogue d’exposition)
_ 1986 Le débat du cœur et du corps, illustration des poèmes de François Villon, Galerie Liliane & Michel Durand-Dessert et Lebeer Hossmann, Paris (livre d’artiste)
Gérard Garouste, Gérard-Georges Lemaire, I Caffè Letterari, Éd. Il Quadrante, Turin (publication française : Les cafés littéraires, Éd. Henri Veyrier)
_ 1984 Gérard Garouste, Le Classique et l’Indien, Bernard Blistène, Gérard-Georges Lemaire, Catherine Strasser, Galerie Liliane & Michel Durand-Dessert et Jacques Damase, Paris La cinquième saison de Gérard Garouste, Gérard-Georges Lemaire, Musée municipal de Bourbon-Lancy (catalogue d’exposition) Gérard Garouste, Carmine Benincasa, Gérard-Georges Lemaire, Éd. Leader/Arte, Rome (catalogue d’exposition réalisé par Cleto Polcina)
_ 1983 Gérard Garouste, Paintings and Drawings, Bernard Blistène, Leo Castelli Gallery & Sperone Westwater Gallery, New York (catalogue d’exposition)
_ 1982 Gérard Garouste, Dall’Enigma del Canis Major, Demetrio Paparoni, Museo civico d’arte contemporanea, Gibellina (catalogue d’exposition)
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Catalogue édité à l’occasion de l’exposition Catalogue published for the exhibition
Gérard Garouste
Contes ineffables
Du 11 janvier au 26 février 2014
From January 11 to February 26, 2014
“à Joachim, Jasmine, Marcel”
Galerie Daniel Templon 30 rue Beaubourg 75003 Paris Tél : 33 (0)1 42 72 14 10 - Fax : 33 (0)1 42 77 45 36 info@danieltemplon.com - www.danieltemplon.com
Coordination : Victoire Disderot Traduction/Translation : Jack Altman Photos : Bertrand Huet/Tutti, Javier Trueba Rodriguez/Science Photo Library/Corbis (Grotte Chauvet)
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Création, édition : communic art 216 bd Raspail 75014 Paris Tél : 33 (0)1 43 20 10 49 info@communicart.fr - www.communicart.fr Directeur de la création/Creative director : François Blanc Design : Georges Baur Coordination : Pascale Guerre Imprimé en Belgique/Printed in Belgium © Galerie Daniel Templon ISBN : 978-2-917515-13-6
Galerie Daniel Templon 30 rue Beaubourg 75003 Paris
Tel : 33 (0)1 42 72 14 10 – www.danieltemplon.com ISBN 978-2-917515-13-6 35€