Edition 1 janvier 2012

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Recherche Agronomique Suisse 2 0 1 2

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N u m é r o

Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich

J a n v i e r

Environnement

La mise en réseau des surfaces écologiques ­favorise les sauterelles

Production végétale Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture Eclairage Rentabilité de la production de viande de lapin

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Sommaire Janvier 2012 | Numéro 1

Habitat du criquet des clairières. Les projets de mise en réseau améliorent la distribution du grillon champêtre (Gryllus campestris) et du criquet des clairières (Chrysochraon dispar). Afin de remédier à l’appauvrissement de la biodiversité dans les zones agricoles, des paiements directs sont versés en Suisse depuis 1993 pour les surfaces de compensation écologique. (Photo: Roman Graf, Station ornithologique suisse de Sempach) Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

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Editorial

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Environnement La mise en réseau des surfaces

­écologiques ­favorise les sauterelles Martin Duss, Kim Silvana Meichtry-Stier, Gilberto Pasinelli, Bruno Baur et Simon Birrer 12

de ­céréales biologiques à Agroscope ART Irene Bänziger, Silvia Zanetti, Thomas Hebeisen, Laurent Graff et Susanne Vogelgsang 20

Editeur Agroscope Partenaires b A groscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW; ­ Agroscope Liebefeld-Posieux et Haras national suisse ­A LP-Haras; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART) b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne b Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen b Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement

Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP-Haras), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich) Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou info@rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse © Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS

Production végétale astor, une nouvelle variété de trèfle P

violet pour la pâture Beat Boller, Peter Tanner et Franz Xaver Schubiger Production végétale 28 Traitement des cultures maraîchères de

grande taille sous serre: vers un modèle de dosage Jacob Rüegg, René Total, Mauro Jermini, Sebastiano Scettrini, Ronald Wohlhauser, Stefan Wolf et Graham Sanderson

Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch

Production végétale 5 ans de tests de santé sur des semences 1

Production végétale 36 Facteurs d’influence sur les valeurs

­nutritives des fourrages secs ventilés Marc Boessinger et Pascal Python Production végétale 44 Performance et efficacité de l’azote des

variétés de blé suisses du 20e siècle Anastase Hategekimana, David Schneider, ­Dario Fossati et Fabio Mascher Eclairage 52 Espèces aviaires pour une évaluation

appro­fondie des risques des pesticides en Suisse Michela Gandolfi et Thomas S. Reichlin Eclairage 55 Rentabilité de la production de viande

de lapin Gregor Albisser Vögeli et Markus Lips 58

Portrait

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Actualités

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Manifestations


Editorial

Succès du congrès EAAE à Zurich Chère lectrice, cher lecteur,

Stephan Pfefferli, Sous-directeur Agroscope ­Reckenholz-Tänikon ART

Fin août 2011, Zurich a accueilli le congrès de l’European Association of Agricultural Economists1 (EAAE). L’idée a germé en 2006 au congrès mondial de Brisbane (Australie). C’est là qu'ART a commencé à sonder le Board de l’EAAE. De retour en Suisse, ART a cherché à savoir si cette idée pourrait bénéficier du soutien de l’Office fédéral de l’agriculture OFAG, de l’EPF et d‘Agroscope. Manfred Bötsch a incité ART et l‘EPFL a déposer une candidature. En 2008, le Board de l’EAAE a choisi le dossier de la Suisse parmi quatre autres candidatures. Lors du congrès de l’EAAE à Gand (Belgique) en 2008, Zurich a été ­présentée comme le lieu de la conférence 2011. Ce fut le début d’une période de trois ans pendant laquelle le comité d’organisation local (COL) a préparé le congrès en étroite collaboration avec le Board de l’EAAE et le comité du programme. Le COL a par exemple cherché des sponsors, fait de la publicité, organisé la restauration et le logement ainsi que diverses manifestations sociales. L’EPF a mis ses locaux à disposition gratuitement et apporté un grand soutien au travers de son service Manifestations. Les inscriptions et la gestion des documents ont été déléguées à un office externe. Le congrès a remporté un grand succès et récolté de nombreux compliments. Près de 750 personnes de plus de 50 pays différents y ont participé. Des personnalités comme la présidente de l’EAAE Monika Hartmann, le directeur général de l’OMC Pascal Lamy et le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann ont pris la parole lors de l’ouverture. Lors des trois séances plénières qui se sont tenues dans le gymnase de l’EPF réaménagé pour l’occasion, six chercheurs de renom ont présenté des exposés sur les méthodes expérimentales pour l’évaluation du bien-être, l’aide à la prise de décision, la politique agricole dans un monde incertain, la crise des denrées alimentaires et l’économie politique, l’évaluation des risques des projets d’investissement et le changement climatique. 220 papers et 250 posters ont été présentés en trois jours et ont permis de donner une vue d’ensemble de la recherche agronomique des trois dernières années en Europe. De ­nombreux sponsors ont soutenu le congrès par d’importantes contributions, de petites participations, l’organisation d’excursions ou par des prestations en nature. Un grand merci à tous. Les photos sont disponibles sous www.eaae2011.ch. Lors des congrès, il est toujours appréciable pour chacun de pouvoir, en l’espace de quelques jours, se faire une idée des travaux de recherches dans un domaine et de pouvoir échanger avec des collègues. Cette fois, la Suisse était l’hôte, ce qui a impliqué un surcroît de travail, pris également sur le temps libre. C’est pourquoi un grand merci est adressé à tous les collègues d’ART et du groupe Economie agroalimentaire et rurale de l’institut pour les décisions environnementales de l’EPF, qui ont participé au COL. Un grand merci également aux responsables d‘ART, de l‘OFAG et de l‘EPF pour le support du congrès.

Association européenne des économistes agricoles.

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E n v i r o n n e m e n t

La mise en réseau des surfaces écologiques ­favorise les sauterelles Martin Duss1,2, Kim Silvana Meichtry-Stier1, Gilberto Pasinelli1, Bruno Baur2 et Simon Birrer1 Station ornithologique suisse de Sempach, 6204 Sempach 2 Université de Bâle, Institut pour la protection de la nature, du paysage et de l’environnement, 4056 Bâle Renseignements: Simon Birrer, e-mail: simon.birrer@vogelwarte.ch, tél. +41 41 462 97 38 1

Figure 1 | Prairie extensive de la plaine de Wauwil, avec une forte présence des grillons champêtres et de criquets des clairières. Au centre, une mare entourée de vieilles herbes. La végétation non fauchée revêt une grande importance pour le criquet des clairières. ­( Photo: Roman Graf)

Introduction L’intensification croissante de l’agriculture a donné lieu à une fragmentation et à une destruction considérables de l’habitat. Des éléments paysagers tels que haies, mares et vergers à litière ont été éliminés. Dans l’exploitation herbagère, des mélanges de semences ont permis d’aménager des prairies denses et pauvres en espèces,

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qui ne constituent plus un habitat adapté pour la plupart des espèces animales et dont la fauche fréquente s’avère mortelle pour de multiples invertébrés (Humbert et al. 2009). Afin de remédier à l’appauvrissement de la biodiversité dans les zones agricoles, des paiements directs sont versés en Suisse depuis 1993 pour les surfaces de compensation écologique (SCE). L’impact de ces surfaces écologiques sur la biodiversité varie d’une étude


à l’autre. Jusqu’à présent, les mesures n’ont guère suffi pour promouvoir la rediffusion d’espèces menacées et empêcher la disparition d’espèces inscrites sur la Liste rouge (Kleijn et Sutherland 2003; Herzog et Walter 2005; Kleijn et al. 2006; Zellweger-Fischer et al. 2011). Les cultures intensives, le tissu urbain ainsi que le réseau routier fragmentent et séparent les écosystèmes et donc aussi les SCE. En outre, la qualité des SCE ne satisfait souvent pas aux exigences des espèces menacées en matière d’habitat. Les SCE fragmentées et mal interconnectées ainsi que leur qualité médiocre peuvent expliquer le succès modeste obtenu dans la promotion de la biodiversité (Whittingham 2007). En vue d’améliorer la qualité et l’interconnexion des SCE, des contributions leur sont accordées en Suisse depuis 2001 conformément à l’Ordonnance sur la qualité écologique (OQE). Dans la plaine de Wauwil, un projet de mise en réseau OQE est en cours depuis 2003; les SCE concernées doivent soit contribuer à la mise en réseau, soit remplir les exigences minimales en matière de qualité biologique. A cet effet, plusieurs SCE ont été valorisées par exemple au moyen de mares, haies, réensemencements ou fauche échelonnée, afin de créer un nouvel espace de vie destiné aux espèces présentant des exigences spécifiques en matière d’habitat (fig. 1). Les surfaces en réseau sont censées favoriser la diffusion des espèces et l’échange entre les populations. En 2003, 30 % des SCE de la plaine de Wauwil étaient intégrées dans le projet de mise en réseau; cinq ans plus tard, 41 %  des surfaces en faisaient partie (Graf 2009).

Résumé

La mise en réseau des surfaces écologiques ­f avorise les sauterelles | Environnement

Les projets de mise en réseau ont pour objectif d’améliorer la qualité et l’interconnexion des surfaces de compensation écologique (SCE). Les incidences de ces projets sur la distribution du grillon champêtre (Gryllus campestris) et du criquet des clairières (Chrysochraon dispar) ont été étudiées dans la plaine de Wauwil (LU). Les populations de ces deux espèces ainsi que huit variables d’habitat ont été cartographiées. Il est apparu que la mise en réseau des SCE était essentielle pour les deux espèces et en particulier la proximité d’une surface déjà colonisée par l’espèce. Les grillons champêtres privilégiaient les prairies extensives et peu intensives ou les surfaces présentant une végétation basse, et ils évitaient les sites humides dotés d’une végétation dense et haute. En outre, la probabilité de trouver des grillons champêtres augmentait avec la taille de la surface. S’agissant du criquet des clairières, il était important qu’une partie de la végétation soit maintenue durant l’hiver. Cette étude montre ainsi que des espèces peu mobiles comme le grillon champêtre et le criquet des clairières peuvent être encouragées par les projets de mise en réseau. Il convient de tenir compte de divers facteurs en fonction de l’espèce.

Figure 2 | Les grillons champêtres privilégient les sites secs offrant une végétation basse et c­ lairsemée. (Photo: Albert Krebs)

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Environnement | La mise en réseau des surfaces écologiques ­favorise les sauterelles

Matériel et méthode Zone étudiée L’étude a été menée sur la plaine de Wauwil (17 km²), un paysage voué à une exploitation agricole intensive du Plateau lucernois. La région englobe trois zones humides et présente une très faible part de forêts et de constructions. Grâce à ce paysage intact, la plaine a été inscrite à l’inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels. Elle revêt une grande importance pour limicoles bruns, les amphibiens et les reptiles, mais aussi pour les lièvres (Lepus europaeus). Plusieurs secteurs figurent dans des inventaires de protection de la nature d’importance régionale et nationale, comme par exemple dans l’inventaire des bas-marais d’importance nationale.

Figure 3 | Criquet des clairières mâle. Cette espèce affectionne la végétation haute. (Photo: Urs Lustenberger)

Variables d’habitat Huit variables explicatives ont été utilisées pour décrire la qualité de l’habitat et la disposition géographique des SCE (tabl. 1). Comme il existe de nombreux types de SCE non pertinentes pour les espèces étudiées, telles que murs de pierres sèches ou arbres fruitiers à haute-tige, seules les SCE de grande étendue ont été prises en considération. Pour les sauterelles, la structure de la prairie est importante (Laussmann 1999). Les SCE ont par conséquent été réparties en six types de prairies. Les espèces

Tableau 1 | Description des variables d’habitat

La présente étude analyse l’influence de la structure, de la qualité et de l’interconnexion des surfaces de compensation écologique de la plaine de Wauwil sur la présence de grillon champêtre (Gryllus campestris; fig. 2) et de criquet des clairières (Chrysochraon dispar; fig. 3). Les deux espèces de sauterelles ont été sélectionnées pour diverses raisons: d’une part, elles réagissent rapidement aux modifications de leur environnement en raison de leur courte durée de génération, si bien qu’un projet de six ans devrait être suffisant pour mettre en évidence les premiers effets; d’autre part, les exigences des deux espèces sur le plan de l’habitat sont déjà connues et se distinguent sensiblement (Detzel 1998; Baur et al. 2006). Les deux espèces sont peu mobiles et permettent une cartographie relativement facile. Tandis que le grillon champêtre n’est pas considéré comme menacé en Suisse, le criquet des clairières figure parmi les espèces potentiellement menacées (Monerat et al. 2007).

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Type de surface ­écologique

Répartition des SCE en 4 types: prairie extensive, prairie peu intensive, haie, surface à litière.

Type de prairie

Les SCE ont été réparties en 6 catégories et ­désignées en fonction de l’espèce herbagère ­dominante: ray-grass, fromental (y compris prés fleuris riches en espèces), pâturin (y compris laîche hérissée), vulpin des prés, ourlet, roselière.

Distance de la SCE la plus ­proche

Distance en mètres par rapport à la SCE la plus proche.

Distance à la SCE Distance en mètres par rapport à la SCE la plus ­colonisée la plus proche proche colonisée par l’espèce.

Distance au plan d’eau

Distance en mètres par rapport au plan d’eau le plus proche.

Vieille herbe

Présence (oui/non) de végétation maintenue ­durant l’hiver

Age

Age de la SCE en années

Taille de la surface

Superficie de la SCE en ha


La mise en réseau des surfaces écologiques ­f avorise les sauterelles | Environnement

toutes les variables numériques standardisées en supplément (moyenne = 0, SD = 1). Les variations de taille, de qualité et d’interconnexion des SCE ont été vérifiées au moyen de tests de proportions. Les corrélations entre la présence de sauterelles et les variables d’habitat ont été testées séparément pour chaque espèce au moyen de modèles linéaires généralisés (GLM), et la signification des variables d’habitat a été contrôlée grâce à des tests de ratio de vraisemblance.

végétales présentes dans la prairie et leur fréquence ont également été prises en compte. La cartographie des types de prairies s’est déroulée entre le 7 et le 15 juin 2009, c’est-à-dire avant la première fauche. Il a été vérifié en même temps si les prairies présentaient de la végétation non fauchée de l’année précédente (vieille herbe). Comme les jachères (n=7) et les pâturages extensifs (n=1) étaient rares parmi les types de surfaces écologiques, de même que les jachères parmi les types de prairie (n=1) et qu’ils ne correspondaient à aucune des autres catégories, ils n’ont pas été intégrés dans l’analyse. Il restait 347 SCE permettant d’analyser la présence des deux espèces.

Résultats et discussion Evolution des SCE La part des SCE considérées sur l’ensemble de la surface agricole utile (SAU) de la plaine de Wauwil n’a guère évolué entre 2002 (env. 7,9 %, 119 ha) et 2008 (7,6 %, 112 ha). Mais leur qualité a varié. Durant la même période, la part des surfaces de qualité OQE a grimpé de 5,5 % à 18,6 % (Graf 2009), essentiellement grâce aux mesures de valorisation des surfaces liées au projet de mise en réseau, telles que l’ensemencement en fleurs ou l’aménagement d’ourlets. Outre l’amélioration de la qualité, le projet a aussi eu pour effet d’accroître la part des SCE interconnectées, qui est passée de 55 % à 83 % (n=213 et n=356, x2 = 53,2, p < 0,0001), certaines SCE étant déplacées vers des sites plus appropriés. Dans cette étude, les SCE étaient considérées comme mises en réseau si elles étaient distantes de 5 m au maximum. Cette distance peut être facilement surmontée par les espèces étudiées et empêche que des SCE voisines ne soient pas considérées comme interconnectées par suite d’imprécisions dans les relevés. Le grillon champêtre semble tirer profit du projet de mise en réseau et du regain de qualité et des connexions qui en découlent. Entre 2005 et 2009, la part des prairies extensives colonisées a sensiblement 

Cartographie des sauterelles La cartographie des sauterelles s’est déroulée en 2009, par un temps chaud et sec, deux passages étant effectués pour chaque espèce. Chaque SCE de la zone étudiée a été parcourue selon un transect diagonal et la présence/absence de l’espèce a été consignée. Les grillons champêtres mâles sont faciles à remarquer en raison de leur chant sonore; ils ont été cartographiés en mai et en juin. La cartographie du criquet des clairières a eu lieu de fin juillet à début septembre. A cette saison, quelques surfaces étaient déjà fauchées. Comme de nombreuses sauterelles ne survivent pas à la fauche des prairies (Humbert et al. 2009), ces surfaces ont été cartographiées au plus tôt trois semaines après la fauche. Les criquets des clairières sont plutôt difficiles à repérer, car leur chant est bas et ils privilégient une végétation haute et dense. Statistiques Les évaluations statistiques ont été effectuées avec le programme R 2.12.0. Les variables d’habitat qui n’étaient pas normalement distribuées ont été transformées et

Tableau 2 | Effet des variables d’habitat sur la présence des espèces étudiées: LR et p résultant des tests de ratio de vraisemblance. N = 347 Distance de la SCE colonisée la plus proche

LR = 23,37; p < 0,001

LR = 51,96; p<0,001

ns

LR = 11,92, p < 0,001

Type de surface écologique

LR = 32,12; p < 0,001

ns

Type de prairie

LR = 16,10; p = 0,007

ns

Taille de la surface

LR = 25,34; p < 0,001

ns

Distance du plan d’eau

ns

LR = 7,785; p = 0,005

Vieille herbe

ns

LR = 15,72; p < 0,001

Age

ns

ns

Distance de la SCE la plus proche

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Environnement | La mise en réseau des surfaces écologiques ­favorise les sauterelles

probabilité de présence ± 95% CI

1,0

a)

1,0

0,8

0,8

0,6

0,6

0,4

0,4

0,2

0,2

0,0

0,0 0,0

0 100 200 300 400 500 distance de la SCE colonisée la plus proche [m]

robabilité de présence ± 95% CI

1,0

c)

0,5 1,0 2,0 1,5 taille de la surface [ha]

1,0

0,8

0,8

0,6

0,6

0,4

0,4

0,2

0,2

0,0

b) 2,5

d)

0,0 ray grass pâturin ourlet fromental vulpin des prés roselière types de prairie

EW

WIW

HS

SL

type de surface écologique

Figure 4 | La probabilité de présence du grillon champêtre dépend des facteurs suivants: a) distance par rapport à la surface de compensation écologique colonisée la plus proche; b) taille de la surface; c) type de prairie; d) type de surface écologique (EW = prairie extensive, WIW = prairie peu intensive, HS = haie, SL = surface à litière). Valeurs moyennes estimées par le modèle (lignes rouges), avec 95 % d’intervalle de confiance (lignes noires).

progressé, passant de 23 % (Graf et al. 2006) à 59 % (n = 112 et 238, x 2 = 35,41, p < 0,0001). Les effectifs de grillons champêtres peuvent subir de fortes variations liées aux intempéries (Remmert 1979). L’occupation constitue un indicateur plus stable que la densité. L’accroissement constaté au niveau des surfaces occupées par les grillons n’est donc vraisemblablement pas lié aux conditions météorologiques. Concernant les effectifs de criquets des clairières, aucune comparaison ne peut être établie sur plusieurs années, car les données disponibles d’années antérieures ne portent que sur des surfaces sélectionnées et résultent d’une autre méthodologie. Distance par rapport à la SCE (colonisée) la plus proche Pour les deux espèces, un modèle a permis d’analyser l’effet des huit variables d’habitat sur la probabilité de pré-

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sence de l’espèce. Il s’est avéré que la distribution des espèces présentait une corrélation négative tant avec la distance par rapport à la SCE la plus proche qu’avec la distance par rapport à la SCE colonisée la plus proche (tabl. 2, fig. 4a, fig. 5a, fig. 5b). Cependant, la variable distance par rapport à la SCE la plus proche était corrélée avec la variable distance par rapport à la SCE colonisée la plus proche. Dans le modèle sans la variable distance par rapport à la SCE colonisée la plus proche, la variable distance par rapport à la SCE la plus proche n’est plus significative. Plus la distance de la SCE la plus proche est courte, meilleure est l’interconnexion et plus grande est la probabilité d’observer l’une des deux espèces sur une surface, mais seulement si une surface déjà colonisée se situe le plus près possible. Les grillons champêtres, tout comme la plupart des criquets des clairières, ne sont pas capables de voler et ne couvrent que de courtes distances pendant


La mise en réseau des surfaces écologiques ­f avorise les sauterelles | Environnement

probabilité de présence ± 95% CI

1,0

a)

0,8

0,8

0,6

0,6

0,4

0,4

0,2

0,2

0,0

0,0 0

1,0 probabilité de présence ± 95% CI

1,0

50 100 150 200 250 distance de la SCE la plus proche [m] c)

b)

0 100 200 300 400 500 distance de la SCE colonisée la plus proche [m] 1,0

0,8

0,8

0,6

0,6

0,4

0,4

0,2

0,2

0,0

0,0 50 0 100 150 200 250 distance du plan d’eau le plus proche [m]

d)

oui non présence de vieilles herbes

Figure 5 | La probabilité de présence du criquet des clairières dépend des facteurs suivants: a) distance par rapport à la surface de compensation écologique la plus proche; b) distance par rapport à la surface de compensation écologique colonisée la plus proche; c) distance de la surface de compensation écologique par rapport au plan d’eau le plus proche; d) présence de vieilles herbes. ­Valeurs moyennes estimées par le modèle (lignes rouges), avec 95 % d’intervalle de confiance ­( lignes noires).

leur durée de vie (Baur et al. 2006). De nouvelles surfaces sont donc surtout colonisées si elles côtoient directement une parcelle déjà colonisée. Nous avons pu le confirmer dans notre étude. Peter et Walter (2001) ainsi que Walter et al. (2004) ont montré que le nombre d’espèces de sauterelles sur une SCE présentait une corrélation positive avec la part de surfaces riches en espèces limitrophes. Pour promouvoir la diffusion et la conservation des deux espèces, il est donc capital d’aménager des surfaces appropriées de la manière la plus interconnectée possible. Grillon champêtre Outre la distance par rapport à la SCE colonisée la plus proche, certaines variables ont influencé la présence du grillon champêtre: taille de la surface, type de surface

écologique et type de prairie (tabl. 2). Une corrélation positive entre la taille de la surface et la présence de l’espèce a aussi été mise en évidence, par exemple, pour le grillon des bois (Nemobius sylvestris; Brouwers et Newton 2009). Dans la présente étude, la probabilité de présence du grillon champêtre grimpait rapidement avec l’accroissement de la surface jusqu’à environ 0,5 ha et ne croissait que lentement pour les étendues supérieures (fig. 4b). Nous supposons que, sur les surfaces réduites, la taille constituait le facteur limitant et que, sur les surfaces plus vastes, en revanche, la qualité était le facteur limitant. Néanmoins, il faut chercher à créer des surfaces de la plus grande taille possible, car la probabilité de découvrir des grillons ne s’élevait qu’à  65 % pour les surfaces de 0,5 ha.

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Environnement | La mise en réseau des surfaces écologiques ­f avorise les sauterelles

Le type de prairie et donc la structure de la végétation des SCE revêtent une grande importance pour le grillon champêtre. Dans cette étude, il privilégiait les prairies où prédominaient le pâturin des prés, le vulpin des prés ou la laîche hérissée et évitait les bandes herbeuses et les roselières (fig. 4c). Les sols des parcelles peuplées de pâturin des prés présentent des carences en manganèse (Schmid & Zihlmann 2009, non publié), ce qui explique la persistance d’une végétation basse et clairsemée. De même, le vulpin des prés et la laîche hérissée forment, dans la zone étudiée, des surfaces à végétation basse et clairsemée et au sol sec, correspondant aux attentes du grillon champêtre en matière d’habitat. Il ne fréquentait guère, en revanche, les stations humides ou les surfaces dotées d’une végétation haute et dense telle que bandes herbeuses ou roselières. De même, les écotypes secs du genre prairie extensive ou peu intensive étaient plus souvent colonisés dans la zone étudiée que les bordures de haies et les surfaces à litière relativement humides et denses (fig. 4d). Criquet des clairières La présence du criquet des clairières était influencée par quatre variables d’habitat (tabl. 2). Outre la distance par rapport à la SCE la plus proche et la distance par rapport à la SCE colonisée la plus proche, les facteurs étaient la distance de la SCE par rapport à l’eau et la présence de végétation non fauchée de l’année précédente (vieilles herbes) sur la surface (fig. 5c & 5d). En même temps, la probabilité de cartographier des criquets des clairières diminuait rapidement avec l’éloignement de l’eau par rapport à la SCE: elle était de 41 % à une distance d’1 m, s’abaissait déjà à 12 % à 10 m et descendait en dessous de 5 % à 37 m. Les SCE situées à proximité de l’eau étaient des stations le plus souvent humides, correspondant aux attentes du criquet des clairières en matière d’habitat, car il privilégie notamment les prairies humides, les zones littorales et les bords de fossés (Detzel 1998; Baur et al. 2006). Ces surfaces contiennent souvent des vieilles herbes, car elles sont moins faciles d’accès et donc plus difficiles à faucher. Ce phénomène apparaît également dans la corrélation des variables distance par rapport à l’eau et aux vieilles herbes (t-Test, t = 7,038, p < 0,0001). Les vieilles herbes sont probablement plus importantes que la proximité de l’eau. Les surfaces non fauchées et proches de l’eau tendaient à être davantage colonisées que les parcelles plus éloignées (glm, LR = 3,48, p = 0,062). Cela résulte sans doute du fait que, dans les années 1970, les criquets des clairières n’étaient plus observés qu’à proximité des plans d’eau, car les seules surfaces présentant des vieilles herbes s’y trouvaient.

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La végétation maintenue durant l’hiver s’est avérée très importante pour le criquet des clairières. Sur les SCE dotées de vieilles herbes, la probabilité de trouver des criquets des clairières était nettement plus élevée (44 %) que sur les surfaces intégralement fauchées (7 %). Les surfaces vouées à une fauche régulière manquent de possibilités de pondaison nécessaires à la reproduction de l’espèce. Les femelles pondent leurs œufs dans les tiges médulleuses de framboisier, de laîche ou de massette, par exemple, où les œufs peuvent passer l’hiver jusqu’à ce qu'ils éclosent au printemps (Detzel 1998). Comme, avec les années, la probabilité s’accroît qu’une surface soit colonisée par des individus en dispersion, nous escomptons un effet positif de l’âge des SCE sur la présence des espèces étudiées. Nous n’avons toutefois pas pu le confirmer.

Conclusions La présente étude confirme de nombreuses hypothèses: ••les espèces peu mobiles comme le grillon champêtre et le criquet des clairières peuvent être encouragées par des projets de mise en réseau selon l’OQE. ••Pour obtenir un impact aussi positif que possible pour les deux espèces, il faudrait si possible connecter de nouvelles SCE avec d’autres déjà existantes et les aménager à proximité de populations existantes. ••Outre la mise en réseau, il convient de prendre en compte d’autres facteurs, en fonction de l’espèce à promouvoir et de ses exigences en matière d’habitat. ••Pour le grillon champêtre, cela implique notamment que les SCE soient aménagées sur des sites secs présentant une végétation basse, alors que, pour le criquet des clairières, les surfaces incomplètement n fauchées s’avèrent essentielles.


La connessione delle superfici ecologiche favorisce le cavallette I progetti di interconnessione intendono migliorare la qualità e la connessione delle superfici di compensazione ecologica (SCE). Abbiamo studiato gli effetti di un progetto di questo tipo nella pianura di Wauwil (LU) sulla distribuzione del grillo campestre (Gryllus campestris) e della cavalletta Chrysochraon dispar. Sono state cartografate le zone di presenza delle due specie e otto variabili riguardanti l’habitat. E’ risultato che per ambedue le specie erano importanti l’interconnessione delle SCE e, in particolare, la vicinanza a una superficie già occupata dalla specie. I grilli campestri preferivano prati poco intensivi ed estensivi o superfici con vegetazione bassa, mentre evitavano siti umidi con vegetazione alta e densa. La probabilità di incontrare grilli campestri aumentava inoltre in maniera direttamente proporzionale alla grandezza della superficie. Per Chrysochraon dispar era importante che una parte della vegetazione fosse mantenuta durante l’inverno. Con il nostro studio mostriamo che specie poco mobili, come il grillo campestre e Chrysochraon dispar, possono essere favoriti mediante progetti d’interconnessione, ponendo l’attenzione su fattori diversi a seconda delle specie considerate.

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Summary

Riassunto

La mise en réseau des surfaces écologiques ­f avorise les sauterelles | Environnement

Grasshoppers and crickets benefit from ­connected ecological compensation areas The quality and connectivity of ecological compensation areas (ECA) may be improved by habitat connectivity projects. The effects of such a project on the distribution of field cricket (Gryllus campestris) and large gold grasshopper (Chrysochraon dispar) were studied in the Plain of Wauwil (canton of Lucerne). The presence of both species, as well as eight habitat variables were mapped. The connectivity of ECAs was vital for both species, especially links to ECAs where the species had already settled. Field crickets favoured short vegetation and meadows farmed at a medium or low intensity; they avoided damp sites with a dense sward of tall plants. Moreover, the probability of encountering field crickets increased with field size. For the large gold grasshopper it was important that the vegetation was not mown on part of the area and remained undisturbed over winter. We show that insects with a restricted mobility like the field cricket and the large gold grasshopper profit from habitat connectivity projects. Depending on the species’ requirements, however, specific factors have to be considered. Key words: ecological compensation area, habitat connectivity, grasshoppers, field cricket, large gold grasshopper.

▪▪ Kleijn D., Baquero R.A., Clough Y., Díaz M., De Esteban J., Fernández F., Gabriel D., Herzog F., Holzschuh A., Jöhl R., Knop E., Kruess A., Marshall E. J. P., Steffan-Dewenter I., Tscharntke T., Verhulst J., West T. M. & Yela J. L., 2006. Mixed biodiversity benefits of agri-environment schemes in five European countries. Ecol. Lett. 9, 243 – 254. ▪▪ Laussmann H., 1999. Die mitteleuropäische Agrarlandschaft als Lebensraum für Heuschrecken (Orthoptera: Saltatoria). Verlag Agrarökologie, Berne. 215 p. ▪▪ Monnerat C., Thorens P., Walter T. & Gonseth Y., 2007. Liste rouge des espèces menacées en Suisse: Orthoptères Office fédéral de l‘environnement, Berne, et Centre suisse de cartographie de la faune (CSCF), Neuchâtel.. L’Environnement pratique 0719. 62 p. ▪▪ Peter B. & Walter T., 2001. Heuschrecken brauchen ökologische Ausgleichsflächen. Agrarforschung 38, 452–457. ▪▪ Remmert H., 1979. Grillen – oder wie gross müssen Naturschutzgebiete sein? Nationalpark 22, 6 – 9. ▪▪ Walter T., Hunziker M., Peter B. & Ward P., 2004. Threatened grasshopper species profit from ecological compensation areas. Grassland Sci. Eur. 9, 234 – 236. ▪▪ Whittingham K. J., 2007. Will agri-environment schemes deliver substantial biodiversity gain and if not why not? J. Appl. Ecol. 44, 1–5. ▪▪ Zellweger-Fischer J., Kéry M. & Pasinelli G., 2011. Population trends of brown hares in Switzerland: The role of land-use and ecological compensation areas. Biol. Conserv. 144, 1364–1373.

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P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

15 ans de tests de santé sur des semences de ­céréales biologiques à Agroscope ART Irene Bänziger, Silvia Zanetti, Thomas Hebeisen, Laurent Graff et Susanne Vogelgsang Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich Renseignements: Irene Bänziger, e-mail: irene.baenziger@art.admin.ch, tél. +41 44 377 72 27

Figure 1 | Germes infectés par la moisissure des neiges ( Microdochium nivale et M. majus), caractérisée par une couche de spores de teinte orange.

Introduction En Suisse, le marché des produits biologiques est en phase de croissance. Il en découle que la demande en semences produites selon les directives de la culture biologique augmente aussi. De 2000 à 2010, les surfaces consacrées à la multiplication de semences de céréales biologiques ont passé de 220 à 369 ha, ce qui représentait quelque 5 % des surfaces consacrées à la production de semences de céréales certifiées. Depuis 2004, l’utilisation de semences produites selon les principes de l’agriculture biologique est ancrée dans «l’Ordonnance sur l’agriculture biologique et la désignation des produits et des denrées alimentaires biologiques». Dans l’UE, la base légale se trouve dans «l’Ordonnance n° 1452/2003 de la Com-

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mission européenne». Il en découle que les semences utilisées doivent être produites selon les directives de l’agriculture biologique. Le recours à des semences conventionnelles ne peut être justifié que dans des situations exceptionnelles et il est soumis à autorisation. En Suisse, les principales maladies d’importance économiques qui peuvent être transmises par les semences sont: la moisissure des neiges (Microdochium nivale et M. majus), la carie ordinaire (Tilletia caries, syn. T. tritici), la carie naine (Tilletia controversa) et la septoriose (Septoria nodorum). Cette dernière a perdu de l’importance au cours des dernières années grâce au développement des variétés de céréales tolérantes. La carie naine se propage aussi par les semences mais elle est principalement présente dans les sols.


Les maladies transmises par les semences créent de sérieux problèmes que l’on rencontre dans le monde entier. Le traitement des semences avec des fongicides synthétiques permet de bien maîtriser les infections. En revanche, les produits pour le traitement des semences qui sont efficaces et dûment homologués pour l’agriculture biologique sont rares. Par conséquent, le contrôle phytosanitaire des semences biologiques est une mesure importante pour identifier les maladies qu’elles peuvent porter et assurer un contrôle de qualité efficace. En Suisse, les seuils de tolérance pour l’utilisation de semences non traitées ont été définis par Winter et al. (1997): carie ordinaire et carie naine, 10 spores par graine; moisissure des neiges, 10 %; septoriose, 40 %. Si les examens effectués dans le cadre de la procédure de certification des semences biologiques révèlent des taux d’infection supérieurs, le service de certification d’Agroscope Reckenholz-Tänikon ART déconseille l’utilisation de telles semences sans les traiter préalablement. Dans les pays voisins, les seuils de tolérance diffèrent parfois de ceux de la Suisse. Ainsi, en Bavière (Allemagne) par exemple, les associations écologiques et l’Institut agricole bavarois se sont accordés pour définir un seuil de tolérance de 20 spores par grain pour la carie ordinaire et la carie naine. En Suisse, les principales maladies d'importance économiques qui peuvent être transmises par les semences sont: la moisissure des neiges (Microdochium nivale et M. majus), la carie ordinaire (Tilletia caries, syn. T. tritici), la carie naine (Tilletia controversa) et la septoriose (Septoria nodorum). Cette dernière a perdu de l'importance au cours des dernières années grâce au développement des variétés de céréales tolérantes. La carie naine se propage par les semences mais elle est principalement présente dans les sols. Les infections de moisissure des neiges diminuent la faculté germinative des semences de céréales, en particulier par basse température; le taux de levée est faible et, par conséquent, le peuplement de la céréale est lacunaire. Avec la carie ordinaire et la carie naine, des agrégats de spores toxiques et à l’odeur fétide se développent en prenant la place du grain. Ces deux agents pathogènes possèdent un énorme potentiel de dissémination. Au cours du battage, les spores contaminent les grains sains puis, après le semis, les plantules sont infectées à leur tour. De surcroît, toute la chaîne est contaminée, de la moissonneuse-batteuse au silo. En ce qui concerne la carie ordinaire, c’est non seulement le taux d’infection des semences (l’inoculum) mais aussi les conditions météorologiques durant la phase de germination des graines qui jouent un rôle important. Des conditions sèches ainsi que des températures entre 5 et 

Résumé

15 ans de tests de santé sur des semences de ­c éréales biologiques à Agroscope ART | Production végétale

Les investigations au cours de 15 ans de contrôle des semences de céréales produites dans les conditions de l'agriculture biologique ont mis en évidence toute la pertinence des tests de santé qui ont été effectuées. La pression des maladies varie en fonction des conditions météorologiques de l'année. Cependant, l'intensité des infections de carie ordinaire et de carie naine (Tilletia caries et T. controversa) a augmenté graduellement au cours des dernières années. Sur épeautre, c'était surtout la carie ordinaire qui est en augmentation, tandis que sur blé, c'était surtout la carie naine. La variété d'épeautre «Oberkulmer Rotkorn» semble être particulièrement sensible à la carie ordinaire. Comme cette maladie peut se propager très rapidement à partir de semences infectées, il est important que la semence destinée à la multiplication soit au départ saine. Au cours des hivers avec couverture de neige persistante (2008/2009), la carie naine pouvait aussi se développer en zones de basse altitude. La moisissure des neiges a posé des problèmes en particulier sur seigle; fréquemment, plus de la moitié des échantillons examinés ont dépassé le seuil de tolérance. Pour la production biologique, des produits de traitement des semences homologués, efficaces existent que contre la carie ordinaire du blé et de l'épeautre. Leur effet contre la moisissure des neiges (Microdochium nivale et M. majus) et la carie naine n'est que partiel ou insuffisant.

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Production végétale | 15 ans de tests de santé sur des semences de ­c éréales biologiques à Agroscope ART

En culture biologique, on constate une recrudescence du charbon nu de l’orge (Ustilago nuda). Un contrôle lors de la visite de culture est possible car les épis infectés sont bien visibles à ce moment; ce n’est en revanche pas le cas pour les maladies fongiques du genre Tilletia. L’identification du charbon nu sur la semence est difficile; le mycélium du champignon se trouve dans l’embryon et son isolation est laborieuse.

Matériel et méthodes

Figure 2 | Spores de Tilletia caries (à gauche) et de T. controversa (à droite) avec un agrandissement de 400 fois.

10 °C après le semis constituent des conditions d’infection idéales. Les infections de carie naine, quant à elles, proviennent principalement du sol; les germes de la céréale sont particulièrement exposés lorsque les températures se situent entre 0 et 5 °C. La septoriose atteint tout particulièrement les coléoptiles et les racines des plantules dont elle affecte la vigueur et perturbe la croissance, ce qui se traduit aussi par un peuplement lacunaire. Dans la procédure de certification, tous les échantillons de semences biologiques sont soumis à un contrôle de pureté et de faculté germinative. Ces paramètres doivent satisfaire les exigences de l’Ordonnance sur les semences du Département fédéral de l’économie (DFE). Les seuils de tolérance indiqués plus haut sont en fait des recommandations. Cependant, les membres de la commission technique «Grandes cultures» de «Bio Suisse» (Le Bourgeon) les ont reprises. Les responsables des organisations de producteurs de semences sont chargés de leur mise en pratique.

Identification de Microdochium nivale et M. majus: Le taux d’infection des semences de blé, de triticale et de seigle par les champignons de la moisissure des neiges est déterminé en même temps que la faculté germinative mais en recourant à un test de germination modifié (Winter et al. 1997). A cet effet, on dépose 200 grains sur un papier filtre humide, ensuite on les fait incuber, d’abord 5 jours à 10 °C à l’obscurité, puis 3 jours à 20 °C à la lumière. Une infection par la moisissure des neiges se signale par une déformation des germes, des brunissures sur les racines ou l’absence totale de germination avec, autour du grain, une tache blanc-rose typique révélant la présence du mycélium de ce champignon. Identification de Tilletia caries et T. controversa: Le taux d’infection des semences de blé, d’épeautre et de triticale par les spores de carie ordinaire et de carie naine est déterminé par une méthode de filtration décrite par Kietreiber (1984) et agrée par l’ISTA (International Seed Testing Association). 250 graines (pour l’épeautre: 50 graines non décortiquées) sont trempées dans une solution de dihydrogénophosphate de sodium (0,2 %) qui est ensuite filtrée à

60

Lots refusés (%)

50 40 30 20 10

) (1 17 0 '1

36 ) (1 9 '0

'0

8

(1

26 )

4) (1 5 '0 7

1) '0 6

(1 6

8) (1 4

8)

T. caries / T. controversa

'0 5

(1 3 4

7) (9 3 '0

'0

) (1 21

)

M. nivale / M. majus

'0 2

(9 2 1 '0

) '0

0

(8 6

) (6 2 9 '9

1) (6 '9

8

7) (3 7 '9

1) (3 6 '9

'9

5

(2

0)

0

S. nodorum

Seuils: M. nivale et M. majus: 10 %; T. caries et T. controversa: 10 spores/grain; S. nodorum: 40 % Figure 3 | Pourcentage de lots refusés sur la base des échantillons dépassant les seuils de tolérance, pour les différentes maladies, au cours des années 1995 à 2010. Le nombre total des échantillons figure entre parenthèses.

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15 ans de tests de santé sur des semences de ­c éréales biologiques à Agroscope ART | Production végétale

travers un filtre (Millipore™) à 5 mm. Le nombre de spores de carie par grain est déterminé sous le microscope à un agrandissement de 100 fois. Depuis 2009, on fait une distinction entre les spores de la carie ordinaire et ceux de la carie naine en recourant à un agrandissement de 400 fois. La surface des spores de la carie naine présente une structure réticulée nettement plus marquée et aux formes plus allongées que celles des spores de la carie ordinaire (fig. 2). Identification de Septoria nodorum: La proportion de grains de blé et de triticale infectés par la septoriose est déterminée à l’aide du test par fluorescence décrit par Kietreiber (1981) et agréé par l’ISTA. On dépose les semences sur un papier filtre à triple couche; ensuite on les met en germination pendant 3 jours à 18 °C, puis 4 heures à –20 °C (pour tuer le germe), et finalement on les soumet à 4 jours d’incubation à 28 °C (pour stimuler le développement du champignon). Toutes les phases du test se déroulent dans l’obscurité. Le champignon produit une toxine qui peut être mise en évidence par fluorescence sous une source de lumière jaune soufre à une longueur d’onde de 366 nm.

Résultats et discussion

Augmentation des contaminations du blé et de l’épeautre par la carie ordinaire et par la carie naine depuis 2005 L’augmentation des infections par Tilletia spp. (intensité et fréquence) a été frappante. Pour mettre en évidence la présence de cette maladie et la fréquence des infections, on a pris en compte tous les échantillons porteurs de plus d’une spore par graine (fig. 4). Rüegger et al. (1998) ont déjà signalé qu’il y avait lieu de bien suivre l’évolution de la carie ordinaire et de la carie naine sur les semences produites en conditions biologiques. En effet, même si l’agent pathogène est présent en très faibles quantités, sa dissémination peut être élevée si l’on ne contrôle pas l’état sanitaire des

100

100

90

90

80

Echantillons contaminés (%)

Echantillons contaminés (%)

De 1995 à 2010, plus de 1500 échantillons de semences biologiques ont été analysés. La première année, il n’y en avait que 20, mais à partir de 2002, ce nombre a atteint 120 à 160 par année. La majorité des échantillons concernait le blé. Au cours des dernières années, le nombre d’échantillons de blé a diminué en faveur de l'épeautre. Depuis 2005, l’épeautre constituait un tiers des lots, alors que le seigle et le triticale ne représentaient que moins de 10 % chacun.

Etat sanitaire des échantillons reçus La proportion d’échantillons sains a varié fortement en fonction des conditions climatiques des années concernées. Au cours des années 1996 à 1998, 2002 à 2004 ainsi que 2006, au moins 80 % des lots contrôlés, toutes espèces confondues, se situaient en dessous des seuils de tolérance et pouvaient donc être considérés comme «sains» et aptes à être semés sans traitement préalable. Au cours des années 1995, 1999, 2007, 2009 et 2010, un quart des échantillons présentaient un taux de contamination par Microdochium nivale et M. majus trop élevé; les lots concernés ne pouvaient donc pas être semés sans avoir été traités. Les contaminations par Tilletia spp. ont augmenté depuis 2005, passant d’une moyenne de 3 % à un taux situé entre 9 et 17 %; l’année 2007 a fait exception avec 1 % seulement. La proportion de lots refusés à cause leur contamination par Septoria nodorum a été plus élevée seulement au cours des années 1998, 1999 et 2001 (7 à 11 %) alors qu’elle était insignifiante toutes les autres années (fig. 3).

70 60 50 40 30 20 10 0

80 70 60 50 40 30 20 10

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 (62) (61) (81) (65) (98) (89) (89) (81) (70) (76) (70) > 10 spores par grain

> 1 spore par grain

Figure 4a | Evolution des infections par Tilletia caries et T. controversa sur blé de 2000 à 2010. Le nombre total d'échantillons ­f igure entre paranthèses.

0

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 (18) (20) (27) (22) (32) (47) (59) (46) (42) (42) (39) > 10 spores par grain > 1 spore par grain

Figure 4b | Evolution des infections par Tilletia caries et T. controversa sur épeautre de 2000 à 2010. Le nombre total d'échantillons figure entre parenthèses.

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Production végétale | 15 ans de tests de santé sur des semences de ­c éréales biologiques à Agroscope ART

Tableau 1 | Infections par Microdochium nivale et M. majus ainsi que par Tilletia caries et T. controversa (moyennes / médianes) de différentes variétés de blé au cours des années 2008 à 2010 Nombre d'échantillons

M. nivale / M. majus (%)

Fiorina

19

16,4 / 13,0

0,7 / 0,2

Ludwig

11

9,6 / 8,0

0,2 / 0,0

Runal

21

12,0 / 10,0

5,6 / 0,8*

Scaro

17

6,0 / 3,0

1,1 / 0,4

Variété de blé

Tilletia spp. (spores par grain)

Siala

37

9,9 / 8,5

17,7 / 0,7*

Titlis

36

6,8 / 7,0

0,7 / 0,2

Wiwa

44

7,6 / 7,0

1,3 / 0,2

*Principalement T. controversa.

lots quant à la présence de spores et ne prend pas des mesures adéquates. Il est aussi très important que la multiplication des semences soit réalisée à partir de lots sains. Au cours de la visite de culture, il est parfois très difficile d’identifier les épis de blé ou d’épeautre malades parmi les sains, selon la variété et son stade de développement. L’augmentation des cas d’infection sur épeautre concernait principalement la carie ordinaire, tandis que sur blé c’était plutôt la carie naine (fig. 5). En Allemagne et en Autriche, on a relevé les observations suivantes: «La carie ordinaire ainsi que la carie naine du blé sont actuellement les maladies des semences les plus importantes en production écologique, avec une tendance à l’augmentation» (traduction d’une citation extraite de la 11e Journée scientifique sur l’agriculture écologique, Giessen, 2011).

«Au cours de ces dernières années, la fréquence des infections par la carie ordinaire et par la carie naine qui ont été annoncées a de nouveau augmenté. Ce constat vaut tant pour l’agriculture écologique que pour l’agriculture traditionnelle. Les infections recensées ont été particulièrement sévères en 2004 pour ce qui est de la carie ordinaire et en 2006 pour la carie naine» (traduction d’une citation extraite de la 58e Journée de l’Association des sélectionneurs de semences et des commerçants en semences d’Autriche, 2007). La carie naine du blé est aussi présente dans les zones plus basses En général, la carie naine n’est présente que dans les zones élevées, à des altitudes supérieures à 600 m où les sols sont plus froids, étant donné que les spores germent

Echantillons avec > 10 spores/grain (%)

45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 Blé (70)

Epautre (42) 2008

Blé (76)

Epautre (42) 2009

T. controversa

Blé (70)

Epautre (39) 2010

T. caries

Figure 5 | Proportion de Tilletia caries et Tilletia controversa sur blé et épeautre de 2008 à 2010. Nombre d'échantillons indiqué entre parenthèses.

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15 ans de tests de santé sur des semences de ­c éréales biologiques à Agroscope ART | Production végétale

Tableau 2 | Infections par Microdochium nivale et M. majus (moyennes / médianes) de différentes variétés de seigle et de triticale au cours des années 2008 à 2010 Céréale

Variété

Nombre d'échantillons

M. nivale / M.majus (%)

Seigle

Matador

8

24,1 / 20,0

Seigle

Recrut

7

13,1 / 10,0

Triticale

Bedretto

14

11,9 / 11,0

Triticale

Triamant

5

11,4 / 10,0

à des températures situées entre 0 et 5 °C. En 2009, on a aussi observé des infections de carie naine dans des zones plus basses, notamment à Fehraltorf (530 m), Ober­embrach (600 m), Brütten (610 m) et Schaffhouse (600 m). Ce phénomène était probablement lié à des chutes de neige plus abondantes et couvrant le sol plus longtemps dans ces régions au cours de l’hiver 2008/2009 (Source: MeteoSuisse). Différences variétales apparentes parmi les céréales analysées Moisissure des neiges: Au cours des trois dernières années, on a constaté des différences d’intensité d’infection par la moisissure des neiges selon les variétés de blé (tabl. 1). «Fiorina» a été la variété la plus atteinte (16 %) tandis que «Scaro» et «Titlis» l’étaient moins (6 % et 7 %). Le seigle et le triticale sont généralement plus sensibles à la moisissure des neiges que le blé. La variété de seigle «Matador» a été fortement infectée, avec un taux de 24 % en moyenne; la variété «Recrut» l’a été moins avec 13 %. Les variétés de triticale «Bedretto» et «Triamant» ont montré des taux d’infection semblables (12 % et 11 %; tabl. 2). Sur épeautre, la présence de moisissure des neiges sur les semences a été insignifiante.

grain (tabl. 3). Les variétés «Ostro» (17 spores par grain), «Titan» (20 spores par grain) et «Tauro» (4 spores par grain) ont subi des infections moins fortes et moins fréquentes. Sur le blé, la variété «Siala» a été la plus atteinte par les deux espèces de carie, avec 18 spores par grain en moyenne des trois dernières années (tabl. 1). Les variétés «Fiorina», «Ludwig», «Scaro», «Titlis» et «Wiwa» ont toutes présenté un taux de contamination inférieur à deux spores par grain en moyenne. Le seigle et le triticale ont rarement été contaminés, et si tel était le cas, le taux restait faible. Dans la statistique du contrôle des infections par la carie ordinaire et par la carie naine, on a constaté que la valeur médiane s’écartait parfois beaucoup de la valeur moyenne. Ceci est symptomatique d’une variabilité des contaminations beaucoup plus forte que celle des contaminations par la moisissure des neiges. De nombreux lots étaient peu infectés, mais quelques-uns étaient fortement contaminés, contribuant à faire grimper la moyenne (tabl. 1 à 3). D’anciens essais variétaux (Bänziger et al. 2003) ont mis en évidence des différences de sensibilité à la carie ordinaire significatives. Pour tester la sensibilité des variétés actuelles, il faudrait réaliser des essais précis en petites parcelles.

Carie ordinaire et carie naine: Sur l’épeautre, c’était surtout la variété «Oberkulmer Rotkorn» qui s’est révélée la plus infectée au cours des trois dernières années, avec en moyenne 132 spores par

Efficacité du traitement des semences au Cerall®, admis en culture biologique Les produits pour le traitement des semences Cerall® et Cedomon® (à base de bactéries Pseudomonas chlorora- 

Tableau 3 | Infections par Microdochium nivale et M. majus ainsi que Tilletia caries et T. controversa (moyennes/médianes) de différentes variétés d'épeautre au cours des années 2008 à 2010 Nombre d'échantillons

M. nivale / M. majus (%)

Alkor

9

< 2,0

3,3 / 2,0

Oberkulmer Rotkorn

30

< 2,0

131,9 / 18,5

Ostro

50

< 2,0

17,4 / 2,9

Samir

3

< 2,0

0,7 / 0,0

Tauro

11

< 2,0

4,2 / 0,0

Titan

14

< 2,0

19,6 / 0,2

Variété

Tilletia spp. (spores par grain)

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 12–19, 2012

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Production végétale | 15 ans de tests de santé sur des semences de ­c éréales biologiques à Agroscope ART

Tableau 4 | Produits homologués pour le traitement des semences de céréales bio Produit Cerall Cedomon Tillecur

Dose / 100 kg de semences

Efficacité contre des maladies transmises par les semences

Blé

Seigle et triticale

Epeautre

Carie ordinaire

Moisissure des neiges

Septoria nodorum

1000 ml

1000 ml

1500 ml

+

effet partiel

effet partiel

1000 ml

+

1,3 kg*

+

*A incorporer dans 5–6 litres d'eau.

phis) sont homologués pour la culture biologique depuis 2007. Cedomon® a été développé pour des espèces de céréales non décortiquées, contre l’helminthosporiose (Drechslera teres) et la maladie des stries (Drechslera gramineum) de l’orge ainsi que contre la carie ordinaire de l’épeautre. Cerall® est efficace contre la carie ordinaire du blé et de l’épeautre et il montre un effet partiel contre les infections de moisissure des neiges sur les semences de blé, de seigle et de triticale ainsi que contre les infections de septoriose sur les semences de blé (tabl. 4). Nos essais effectués sur 65 échantillons de céréales présentant différents taux de contamination ont montré qu’un traitement avec Cerall® augmentait la faculté germinative des semences de 78 à 88 % et réduisait le taux de contamination par la moisissure des neiges de 20 à 9 %. Ainsi, les semences atteignaient le taux de germination requis et ne dépassaient pas le seuil de tolérance pour les infections par la moisissure des neiges, ce qui permettait de les considérer comme appropriées pour le semis.

Conclusions ••A peu près une année sur deux, la proportion des lots de semences de céréales bio reconnus sains dépassait 80 %. Mais il y a aussi eu des années où la proportion des lots pouvant être recommandés pour des semis sans traitement préalable n'atteignait que 60 à 70 %. ••L'augmentation du nombre d'échantillons présentant un taux d'infection par la carie ordinaire et la carie naine élevé requiert une attention particulière. Il est absolument indispensable de suivre l'évolution de la maladie par un test de santé annuel. •• Pour éviter une dissémination accrue de ces maladies, la préconisation «semences non appropriées à une utilisation sans traitement préalable» prend ici toute son importance. Si la pression de ces maladies devait encore augmenter, il y aurait lieu de revoir les seuils de tolérance qui sont admis aujourd'hui. •• Différencier la carie ordinaire de la carie naine a tout son sens puisque les contaminations par cette dernière proviennent essentiellement de sols infectés.

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Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 12–19, 2012

••Contre la carie naine, l'utilisation de semences saines n'est pas une mesure suffisante car les spores de ce champignon peuvent survivre jusqu'à dix ans dans le sol. Pour cette raison, il ne faudrait pas cultiver de céréales d'automne durant plusieurs années sur les sols infectés, seulement des céréales de printemps ou de l'orge, ces espèces n'étant pas atteintes par la carie naine. ••Lorsque l'hiver est particulièrement froid, avec de longues couvertures de neige, la carie naine peut aussi sévir dans les zones plus basses. ••La résistance aux caries devrait être intégrée aux objectifs de sélection des variétés de céréales bio. Dans d'anciens essais de blé et d'épeautre, on a observé des différences de sensibilité entre les variétés face à la carie ordinaire et à la carie naine; cependant, ce n'était pas encore une vraie résistance. Toutefois, la variété «Butaro», un blé d'automne réputé résistant issu de la sélection du Dottenfelderhof, en Allemagne, est actuellement testée dans les essais variétaux des stations de recherche d'Agroscope. ••Les agriculteurs disposent de trois produits pour le traitement des semences admis pour la culture biologique. Cerall® (formulation aqueuse à base de bactéries) est efficace contre la carie ordinaire du blé et partiellement contre la moisissure des neiges. Cedomon® (formulation huileuse à base de bactéries) est homologué pour combattre la carie ordinaire de l'épeautre. Tillecur® (farine de moutarde jaune) peut être utilisé contre la carie ordinaire du blé. •• Il n'existe actuellement aucun produit de traitement des semences qui soit biologiquement actif contre la carie naine. Cerall® et Cedomon® peuvent être utilisés dans les grandes installations de traitement des semences, mais ce n'est pas possible avec Tillecur®. ••Un inconvénient des deux produits à base de bactéries est leur durée de conservation limitée, quelques jours sans réfrigération, quelques semaines s'ils sont réfrigérés. Cependant, les semences traitées avec l'un ou l'autre de ces deux produits peuvent être stockées n jusqu'à 18 mois.


15 anni di controlli sanitari su sementi cerealicole biologiche presso Agroscope ART Le ricerche condotte negli ultimi quindici anni sulle sementi cerealicole biologiche indicano l'importanza del controllo delle loro patologie. La pressione esercitata dalle malattie è legata a oscillazioni annuali, influenzate dalle condizioni meteorologiche. Tuttavia, negli ultimi anni, gli attacchi di carie e carie nana del frumento (Tilletia caries / T. controversa) sono aumentati. Si sono riscontrati soprattutto più casi di carie del frumento nella spelta e di carie nana nel frumento. La varietà di spelta «Oberkulmer Rotkorn» sembra particolarmente sensibile alla carie del frumento. È importante ricorrere a sementi sane, poiché questa patologia si propaga molto rapidamente mediante le sementi contaminate. Durante gli inverni molto innevati e con manto nevoso persistente (2008/2009), la carie nana del frumento è apparsa anche in pianura. I problemi con il mal del piede dei cereali si sono manifestati soprattutto nella segale: più della metà dei campioni di sementi analizzate si trovava oltre il valore di soglia. Dei prodotti fitosanitari efficaci e omologati per l’agricoltura biologica esistono solamente per il trattamento delle sementi contro la carie del frumento che attacca frumento e spelta. Tuttavia, essi riscontrano solo una parziale o insufficiente efficacia contro il mal del piede dei cereali (Microdochium nivale / M. majus) e contro la carie nana del frumento.

Bibliographie ▪▪ Bänziger I., Forrer H.-R., Schachermayr G., Frei P. & Gindrat D., 2003. Stinkbrandanfälligkeit in- und ausländischer Weizensorten, Agrarforschung 10, 328–333. ▪▪ Gengenbach H., 2011. 11e Journée scientifique sur l'agriculture écologique à Giessen, 15 – 18 mars 2011: dossier complémentaire pour les workshops organisés sur la base de dialogues, 14–21. ▪▪ Kietreiber M., 1981. Filterpapier-Fluoreszenztest für die Feststellung von Septoria nodorum in Triticum aestivum unter Berücksichtigung des in Keimruhe befindlichen Saatgutes. Seed Science and Technology 9, 717–723. ▪▪ Kietreiber M., 1984. Wheat: dwarf bunt, bunt (stinking smut), smoothspored bunt (stinking smut). In: ISTA Handbook on Seed Health Testing, ISTA, Zurich, Working sheet No 53, 1–4.

Summary

Riassunto

15 ans de tests de santé sur des semences de ­c éréales biologiques à Agroscope ART | Production végétale

Fifteen years of organic cereal seed health analyses at Agroscope ART Investigations on organically produced cereal seed over the past 15 years have shown the importance of the control of seed-borne diseases. Although disease pressure depends on annual fluctuations caused by the weather, infestation with common and dwarf bunt (Tilletia caries/T. controversa) has increased in the last few years, with the former primarily occurring on spelt and the latter on wheat. On spelt, the cultivar «Oberkulmer Rotkorn» seems to be particularly susceptible to common bunt. Since the disease can spread very quickly through contaminated seed, it is important to use non-infested starter seed. In winters with abundant snow fall and persistent snow cover (2008/2009), dwarf bunt also occurred in lower altitudes. Problems with snow mould occurred primarily on rye, with over half of the examined seed samples frequently exceeding the threshold value. Effective seed dressings registered for organic farming are only available against common bunt on wheat and spelt; they are only partially or insufficiently effective against snow mould (Microdochium nivale/M. majus) and dwarf bunt. Key words: seed borne disease, soil born disease, seed health testing, bunt, snow mould, glume blotch, threshold value, organic cereal seed.

▪▪ Killermann B., Voit B. & Büttner P., 2007. Brandkrankheiten bei Weizen – Erfahrungen und Ergebnisse aus der Saatgutuntersuchung. 58 e Journée de l'Association des sélectionneurs de semences et des commerçants en semences d'Autriche à Gumpenstein, 20–22 novembre 2007, 41–44. ▪▪ Rüegger A., Winter W. & Bänziger I., 1998. Gesundheitsdienst im Dienste der Biosaatgutproduktion. Agrarforschung 5, 121–124. ▪▪ Winter W., Bänziger I., Krebs H., Rüegger A., Frei P. & Gindrat D., 1997. Beizung nach Schadschwellen. Ergebnisse mit Sommerweizen. Agrarforschung 4, annexe séparée en couleur.

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P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture Beat Boller, Peter Tanner et Franz Xaver Schubiger, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich Renseignements: Beat Boller, e-mail: beat.boller@art.admin.ch, tél. +41 44 377 73 63

Figure 1 | L'aptitude à la pâture de la nouvelle variété de trèfle violet Pastor a été testée à Reckenholz dans un essai pâturé par des ­ énisses. (Photo: ART) g

Introduction De par sa nature, le trèfle violet (Trifolium pratense L.) est peu adapté à une utilisation par la pâture. Le trèfle blanc est la légumineuse qui se propage naturellement dans les prairies pâturées et qui est intégré dans les mélanges de semences pour pâtures. Grâce à ses stolons, il est capable de se régénérer rapidement après le passage des animaux, ce qui assure sa pérennité. Toutefois, son potentiel de rendement est faible (Lehmann 1999) et sa très haute teneur en protéines entraîne un déséquilibre par rapport à la teneur en énergie du fourrage

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Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 20–27, 2012

jeune avec, pour conséquence, l’excrétion d’importantes quantités d’azote avec les émissions d’ammoniac qui en découlent. De plus, si les conditions de croissance lui conviennent bien et que la fumure azotée est réduite, il peut concurrencer les graminées à un point tel que leur proportion devient insuffisante, la composition botanique est déséquilibrée, avec en plus le risque que le gazon résiste mal au piétinement. On a essayé de sélectionner la luzerne comme légumineuse de substitution (Bouton et al. 1991; Piano et al. 1996). Dans les essais variétaux suisses, les types de


luzerne prévus pour la pâture n’ont pas atteint le niveau souhaité (Mosimann et al. 2007). Le trèfle violet se caractérise par un potentiel de rendement plus élevé et une teneur en protéines un peu plus faible que celle du trèfle blanc. L’intense activité d’une enzyme, la polyphénoloxydase (PPO), permet d’éviter la dégradation dans la panse d’une importante proportion des protéines, ce qui diminue les pertes d’azote au pâturage (Lee et al. 2004). Le trèfle violet ne développant pas de stolons, il y a moins de risques qu’il concurrence les graminées en cas de sous-fertilisation azotée. Toutefois, les variétés usuelles de trèfle violet sont de grande taille et peuvent concurrencer les graminées basses, comme le ray-grass anglais et le pâturin des prés, qui sont importantes dans les pâtures tant pour la résistance du gazon au piétinement que pour le maintien d’un gazon dense. De plus, le trèfle violet supporte mal le piétinement et le broutage bas. Il se régénère donc mal et, de ce fait, les variétés usuelles ne permettent pas d’assurer une proportion de trèfle stable dans la pâture. Ce constat a incité ART à mettre sur pied un programme de sélection du trèfle violet pour la pâture en 1990. Les objectifs suivants ont été fixés: un potentiel de rendement satisfaisant, une bonne persistance sans concurrencer les graminées ainsi qu’une bonne capacité de régénération après la pâture. Pastor est la première variété de trèfle violet issue de ce programme qui peut être présentée. Evaluée sous le numéro de lignée TP0325, sa valeur agronomique a été testée avec succès (Frick et al. 2008) et, entre-temps, ses caractères distinctifs et son homogénéité ont été établis, ce qui a permis son inscription dans les catalogues officiels suisse et français en 2011.

Résumé

Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture | Production végétale

Pastor est une nouvelle variété de trèfle violet destinée à être cultivée en Suisse et qui a la particularité d'avoir été sélectionnée tout spécialement pour son aptitude à la pâture. Pastor est issue de croisements entre un écotype récolté dans le canton du Jura et du matériel de sélection qui est à la base du trèfle violet du type «Mattenklee». Cette nouvelle variété se caractérise par sa taille plutôt trapue et ses feuilles plus petites que celles du trèfle violet habituel. Dans deux essais en parcelles pâturées par des génisses ou des vaches allaitantes, Pastor a mieux persisté, jusqu'à fin de la seconde année d'exploitation, que Milvus qui est pourtant une variété appréciée. La part de Pastor dans le couvert végétal était plus élevée, davantage de plantes ont persisté et elles ont développé deux fois plus de pousses par plante et par unité de surface que la variété Milvus. En introduisant la variété Pastor en lieu et place du trèfle blanc dans les mélanges standard MS 440 ou MS 462, qui sont recommandés pour la pâture, on a observé, en cours d'utilisation pastorale, des gazons avec une part de trèfle plus régulière qu'avec le trèfle blanc ou la variété de trèfle violet Dafila. La nouvelle variété de trèfle violet Pastor possède le potentiel nécessaire pour remplacer le trèfle blanc dans les mélanges destinés à être pâturés durant au moins trois ans.

Matériel et méthodes Origine de la variété Pastor La variété Pastor est issue d’un croisement entre du matériel de sélection d’ART et un écotype provenant du canton du Jura. En 1990, ART a reçu de Peter Thomet (Haute école suisse d’agronomie de Zollikofen) de la semence d’un écotype croissant dans la région de Pré de Joux – La Metteneux, sur la commune d’Undervelier, à 620 m d’altitude. Cette population se trouvait sur un pâturage à chevaux dont le gazon était toujours maintenu court. Elle a été mise en culture dans la pépinière de Zurich-Reckenholz et 10 plantes typiques, à petites feuilles et à port bas, ont été choisies. Elles ont été croisées avec 20 plantes élite de trèfle violet du type Mattenklee. La descendance (F1) a été recroisée avec du trèfle violet longue durée («Mattenklee») et la population qui en est issue, dont le matériel génétique contenait 75 % de trèfle violet longue durée et 25 % de trèfle sauvage 

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 20–27, 2012

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Production végétale | Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture

Tableau 1 | Mélanges semés dans l'essai de pâture WV08b (2008–2010)

Espèce

Variété

Fétuque élevée

BELFINE

Fléole Ray-grass angl. (2n)

Densité de semis g/a MS 462

MS 440

150

RICHMOND

30

ARVELLA

30

100

Pâturin des prés

LATO

100

100

Fétuque rouge

ECHO

50

Variantes de trèfle: Trèfle violet

PASTOR

Trèfle violet

DAFILA

Trèfle blanc

Gdes feuilles/petites f. 2/1

Total

40

40 40

40 40

320

40 320

relativement peu intensive, la durée de pâture correspondait à 4 à 5 passages de 2 à 3 semaines par année d’utilisation principale. Dans l’essai 2008 – 2010, exploité de manière intensive, on comptait 6 à 7 passages de 6 à 7 jours par année. Après que les animaux eurent quitté le pâturage, les refus ont été fauchés si nécessaire afin de disposer d’un gazon uniforme pour pouvoir procéder à des notations objectives. Avant chaque mise en pâture, la proportion de trèfle a été estimée visuellement. Des échantillons ont été soumis à une analyse botanique pour vérifier la validité des appréciations visuelles. La correspondance s’est révélée très bonne, avec une corrélation hautement significative (r = 0,985 pour n = 12 comparaisons) et une concordance très bonne aussi entre les valeurs absolues, avec 24,5 % pour l’estimation visuelle et 25,0 % pour l’analyse botanique. Le nombre de plantes de trèfle violet par unité de surface ainsi que le nombre de pousses par plante ont été déterminés à différentes dates.

Résultats et discussion

du Jura, a été l’objet d’une sélection individuelle en pépinière durant trois générations. A chaque génération, on a veillé à ne choisir que les plantes de taille basse, à la pousse vigoureuse et à petites feuilles qui correspondaient aux objectifs fixés. En 2002, 42 plantes choisies ont été placées dans une enceinte isolée pour un polycross. En 2003, la descendance des 25 plantes les plus productives en semences ont été semées en lignes. De ce matériel, on a choisi 21 descendants typiques qui, ensemble, constituent la variété Pastor. Essais de pâture Pour tester la capacité de Pastor et de variétés de référence à supporter la pâture, des parcelles d’essai d’au moins 30 m² ont été mises en place à Zurich-Reckenholz (fig. 1). Dans les essais WV04 (2004−2006) et WV08a (2008−2010), le trèfle violet a été semé à une densité de 30 g/a avec une fétuque élevée à fines feuilles à 150 g/a dans un dispositif avec quatre répétions. Dans l’essai WV08b (2008−2010), on a semé des mélanges plus complexes correspondant aux mélanges standard MS 462 et MS 440 avec 4 à 5 répétitions (tabl. 1). Dans ce programme, on a semé soit le mélange original contenant du trèfle blanc, soit des mélanges où le trèfle blanc était remplacé par une quantité comparable de trèfle violet Pastor ou Dafila. A partir de l’automne de l’année de semis, l’exploitation correspondait à celle d’une pâture tournante. Dans l’essai 2004 – 2006, exploité de manière

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Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 20–27, 2012

Comportement dans les essais de pâture avec la ­ fétuque élevée Dans le mélange simple avec la fétuque élevée (WV04, 2004−2006), Pastor s’est mieux développé que le trèfle violet Milvus au cours du temps et a pris une part plus élevée dans le couvert végétal (fig. 2). Alors que la proportion de Milvus a régressé continuellement, celle de Pastor a progressé légèrement jusqu’au milieu de la première année d’utilisation principale, puis s’est maintenue à un niveau constamment plus élevé jusqu’à la fin de l’essai. Dans l’essai de pâture WV08a (2008−2010), Pastor a aussi atteint la part de couvert végétal la plus élevée parmi les quatre variétés testées (tabl. 2). Chaque année, en automne, c’est Pastor qui a atteint le plus grand nombre de plantes, de pousses par plante et de pousses par unité de surface. Comparé à Milvus, Pastor comptait 2,6 à 3,0 fois plus de pousses par unité de surface. Les résultats de cet essai ont été pris en compte par l’autorité responsable de l’inscription des variétés au catalogue français et ont influencé positivement l’admission de Pastor. Au pâturage, les plantes typiques de Pastor sont plus trapues et présentent des feuilles plus petites et plus rondes que celles du trèfle violet Dafila par exemple (fig. 3). Les jeunes pousses de Pastor sont nombreuses et partent du centre de la plante quasiment à l’horizontale. La disposition de ces pousses permet une rapide régénération de la plante après la pâture. Des plantes filles se développent à partir de l’aisselle des feuilles portées par les tiges étalées; elles s’ancrent ensuite dans le sol par des racines adventives.


Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture | Production végétale

Tableau 2 | Part au rendement, nombre de plantes et nombre de pousses de Pastor, associé à la fétuque rouge, dans l'essai de pâture WV08a (2008 – 2010), comparé à des variétés de trèfle violet usuelles Varitété Part de trèfle violet (%) au ­rendement

Epoque

Pastor

Milvus

Lemmon

Mistral

Moyenne de 12 enregistrements 2008 – 2010

39,7 a

35,2 b

35,3 b

28,4 c

Automne 2008

65,3 a

55,5 a

63,8 a

55 a

Automne 2009

36,1 a

29,1 ab

35,1 a

20,2 b

Automne 2010

4,5 a

3,1 ab

2,3 ab

0,6 b

Moyenne de 3 notations

35,3 a

29,2 bc

33,7 ab

25,3 c

Automne 2009

21,6 a

9,8 bc

13,0 b

8,7 c

Automne 2010

8,9 a

4,4 b

4,3 b

3,8 b

Moyenne de 2 notations

15,2 a

7,1 bc

8,6 bc

5,9 c

Automne 2009

770 a

295 bc

450 b

170 c

Automne 2010

40 a

13 b

10 b

2b

Moyenne de 2 notations

406 a

155 b

231 b

87 c

Nombre de plantes de trèfle­ ­violet / m²

Nombre de pousses / plante

Nombre de pousses / m²

Dans une ligne, les valeurs qui ne sont pas suivies de lettres communes sont significativement différentes les unes des autres (p<0,05).

Dans les essais variétaux officiels exploités en tant que prairies de fauche (Frick et al. 2008), l’aspect général, le rendement ainsi que la capacité de concurrence de Pastor étaient nettement inférieurs aux paramètres

de Milvus. Sa position par rapport à Milvus était inversée dans les essais de pâture, ce qui mettait en évidence l’aptitude particulière de Pastor pour cette utilisation.

100

Proportion dans le couvert végétal %

90 80

Année du semis 1re année d'utilisation principale

2e année d'utilisation principale

70 Ppds (5%) 60 50

Trèfle violet pour pâture Pastor

40

MILVUS

30 20 10 0 02.09.04

14.04.05

30.06.05

24.04.06

30.05.06

04.07.06

14.08.06

Figure 2 | Evolution de la proportion estimée de Pastor et de Milvus dans le couvert végétal, en association avec la fétuque élevée, dans l'essai de pâture WV04 (2004 – 2006).

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 20–27, 2012

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Production végétale | Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture

Figure 3 | Plante typique du trèfle violet à pâturer Pastor (à gauche) comparée au trèfle violet Dafila (à droite). Ces plantes ont été observées dans une pâture en automne de la première année d'exploitation principale. La plus jeune feuille sur les 7 pousses de Pastor ainsi que sur le 4 pousses de Dafila est marquée par un hachuré (dessins de Malin Maurer).

Du trèfle violet plutôt que du trèfle blanc dans les ­mélanges standard? Il n’existe pas à ce jour de mélange standard recommandé pour la pâture qui contienne du trèfle violet de longue durée (Suter et al. 2008). Dans les mélanges standard, le trèfle blanc est la légumineuse de base pour les utilisations en pâture. Dans cette étude, les aptitudes du trèfle violet Pastor pour la pâture ont été testées en le substituant au trèfle blanc dans les mélanges standard MS 440 et MS 462 (tabl. 1). Dans les deux mélanges avec trèfle blanc, celui-ci s’est développé dans un premier temps comme le trèfle violet dans les deux mélanges qui en contenaient; mais par la suite, le trèfle blanc a pris visiblement plus de

60 50

Ppds (5%)

40 30 20 10

08 9.08 .1 09 0.08 .0 30 4.09 .0 27 4.09 .0 30 5.09 .0 05 6.09 .0 10 8.09 .0 22 9.09 .1 08 0.09 .0 06 4.10 .0 15 5.10 .0 27 6.10 .0 26 8.10 .1 0. 10

0

01

2e année d'utilisation principale

80 70

Ppds (5%)

60 50 40 30

Objectif: 30-40% de trèfle

20 10 0

.0 08 9.08 .1 09 0.08 .0 30 4.09 .0 27 4.09 .0 30 5.09 .0 05 6.09 .0 10 8.09 .0 22 9.09 .1 08 0.09 .0 06 4.10 .0 15 5.10 .0 27 6.10 .0 26 8.10 .1 0. 10

70

Proportion du couvert végétal (%) dans le MS 462

80

Trèfle blanc DAFILA 100 Année 1re année d'utilisation du semis principale 90

01

2e année d'utilisation principale

.0

Proportion du couvert végétal (%) dans le MS 440

PASTOR 100 Année 1re année d'utilisation du semis principale 90

place (fig. 4). Dès l’automne de la première année d’utilisation principale, la part du trèfle blanc dans le couvert végétal atteignait souvent plus de 50 %, soit nettement au-dessus de celle des deux variétés de trèfle violet. Une telle proportion de trèfle dans une pâture n’est pas souhaitée. La composition du fourrage s’en trouve déséquilibrée, avec trop de protéines et pas assez d’hydrates de carbone facilement métabolisables; il en résulte un risque d’augmentation des pertes d’azote à travers le système digestif des ruminants. De plus, les gazons ayant une trop faible proportion de graminées sont moins résistants au piétinement. Ce point est particulièrement délicat en agriculture biologique où il n’est pas possible de stimuler les graminées

Figure 4 | Evolution de la proportion du couvert végétal des trèfles violets Pastor et Dafila ainsi que du trèfle blanc dans l'essai de pâture WV08b (2008 – 2010). Noté avant le tour de pâture, sur le mélange standard MS 440 (à gauche) et sur le MS 462 (à droite). Les barres verticales situent la valeur moyenne ± la plus petite différence significative (p = 0,05).

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Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 20–27, 2012


Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture | Production végétale

MS 440

L.p.

Avec trèfle blanc

T.r.

L.p.

Avec trèfle violet DAFILA

P.p.

L.p.

Avec trèfle violet PASTOR

MS 462

P.p.

F.a.

Avec trèfle blanc

P.p.

L.p.

F.a.

Avec trèfle violet DAFILA

L.p.

0%

T.r.

T.r.

P.p.

L.p.

20%

T.r.

T.p.

P.p.

F.a.

Avec trèfle violet PASTOR

T.p.

40%

T.p.

P.p.

T.r.

T.p.

60%

T.r.

80%

100%

Fétuque élevée (F.a.)

Ray-grass anglais (L.p.)

Pâturin des prés (P.p.)

Timothe

Fétuque rouge

Autres graminées

Trèfle violet (T.p.)

Trèfle blanc (T.r.)

Dent de lion

Autres dicotylédones

Figure 5 | Abondance relative des différentes espèces évaluée d'après la méthode Daget-Poissonnet en automne 2010 dans l'essai de pâture WV08b (2008 – 2010) avec les variantes basées sur les mélanges standard MS 440 et MS 462: mélange original avec ­t rèfle blanc, mélange modifié avec trèfle violet Dafila ou Pastor à la place du trèfle blanc. Le trèfle blanc observé dans les ­v ariantes avec trèfle violet s'est installé spontanément, sans avoir été semé.

par une fumure azotée dirigée. Le trèfle violet Dafila a aussi atteint temporairement une part élevée dans le couvert végétal, mais il a fortement régressé vers la fin de la seconde année d’exploitation principale. Pastor, en revanche, a occupé une proportion assez régulière du couvert végétal. Il n’y a qu’au printemps de la première année d’utilisation principale dans le mélange MS 462 qu’il a dépassé 40 %; il se situait en général entre 30 et 40 %. Vers la fin de la seconde année d’exploitation principale, la part de trèfle violet a nettement régressé, aussi avec Pastor. Parallèlement à cette régression, un développement spontané de trèfle blanc a été observé dans ces couverts végétaux. On a constaté un certain parallélisme de l’évolution de la proportion de trèfle dans les mélanges MS 440 et MS 462 (fig. 4). Les différences entre les variantes de trèfle étaient cependant légèrement plus faibles dans le MS 462 que dans le MS 440. Dans le MS 462, il a fallu plus de temps jusqu’à ce que le trèfle blanc atteigne une part dans le couvert végétal plus élevée que celle des deux variétés de trèfle violet. Le relevé exact de la composition botanique au moyen de la méthode Daget-Poissonnet, à l’automne de la

seconde année d’exploitation principale, a confirmé l’abondance relative élevée du trèfle par rapport aux graminées dans les mélanges avec trèfle blanc (fig. 5), alors que ces valeurs étaient plus équilibrées dans les variantes avec trèfle violet. A ce stade, on n’a pas observé de différences significatives entre les variantes avec trèfle violet, bien que l’abondance relative de Pastor ait été légèrement plus élevée que celle de Dafila. La substitution du trèfle blanc par le trèfle violet dans le MS 462 a influencé non seulement le rapport entre trèfle et graminées, mais aussi les proportions de graminées entre elles. En effet, la part de fétuque élevée a fortement augmenté (p < 0,05) au détriment du raygrass qui a diminué significativement tandis que de la part totale des graminées dans le couvert végétal ait augmenté. On peut en déduire que la fétuque élevée s’accommode mieux que le ray-grass de la présence du trèfle violet. Un peu de trèfle blanc s’est installé dans toutes les parcelles avec trèfle violet, cependant un peu plus dans Dafila que dans Pastor. Le trèfle blanc a vraisemblablement occupé les espaces libérés par la forte régression de Dafila au cours de l’été de la  seconde année d’exploitation principale (fig. 4).

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Production végétale | Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture

Laisser grainer pour maintenir la part du trèfle violet Malgré la meilleure aptitude de Pastor pour la pâture que celle des variétés de trèfle violet usuelles, il subit aussi une régression du nombre de ses plantes qui va augmentant au fil des trois années d’observation (tabl. 2). Pour compenser cette régression et maintenir durablement une proportion de trèfle violet adéquate, il faudrait que celui-ci puisse produire des graines. Dans nos essais, les refus ont été fauchés après le passage des animaux pour faciliter les observations et favoriser une repousse homogène. De ce fait, le trèfle violet ne pouvait guère produire de graines, les quelques boutons floraux formés n’ayant pas la possibilité de mûrir. En renonçant à la fauche des refus, les chances d’une production de graines pourraient être augmentées. Dans un nouvel essai de pâture en cours, des observations faites vers l’automne de la première année d’exploitation principale (2011) semblent indiquer que Pastor aurait de bonnes dispositions pour grainer, à condition que l’on renonce à la fauche des refus pendant la période propice, soit en fin d’été et en automne. Dans des mélanges fourragers contenant différentes variétés de ray-grass et qui ne sont plus fauchés après la pâture de septembre, on a pu dénombrer, au début d’octobre, en moyenne de 12 parcelles, 18,6 inflorescences avec des graines en cours de maturation pour Pastor et 8,8 pour Dafila. Le potentiel grainier plus élevé de Pastor tient manifestement au fait que grâce à ses tiges basses, un plus grand nombre d’inflorescences peuvent échapper au broutage, ce qui n’est le cas chez Dafila.

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Conclusions ••Pastor est la première variété de trèfle violet disponible en Suisse pour les prairies temporaires et qui, intégré dans un mélange de semences adéquat, a le potentiel nécessaire pour bien supporter la pâture. ••En système de fauche, Pastor n'a pas atteint le niveau de rendement des variétés de trèfle violet usuelles de type Mattenklee. ••En revanche, en association avec la fétuque élevée dans les essais de pâture, Pastor s'est toujours révélé supérieur au trèfle violet Milvus. Il doit cet avantage principalement à un nombre élevé de pousses par plante et par unité de surface. ••La substitution du trèfle blanc par le trèfle violet Pastor dans les mélanges standard MS 440 et MS 462 a permis d'obtenir des pâtures contenant une proportion de trèfle plus stable au cours des trois années d'utilisation (semis au printemps de la première année, puis deux ans d'utilisation principale). ••Pastor a en effet l'avantage de ne pas proliférer et dominer temporairement dans le couvert végétal, contrairement au trèfle blanc et aux variétés usuelles de trèfle violet. ••Une variété de fétuque élevée à feuilles fines semble être un bon partenaire pour le trèfle violet Pastor dans les mélanges fourragers destinés à la pâture. n


Pastor, un nuovo trifoglio rosso per il pascolo Pastor è, la prima varietà di trifoglio rosso a disposizione dell’agricoltura svizzera, selezionata e testata per il pascolo. Essa risale a incroci tra un ecotipo originario del canton Giura e alcune varietà coltivate di trifoglio pratense lunga durata. Si distingue per il portamento basso, rampante, e per le foglie più piccole del trifoglio pratense lunga durata comune. Questa varietà, in due parcelle sperimentali pascolate da manzi e mucche allattanti, si è mantenuta fino alla fine del secondo anno di sfruttamento con risultati migliori della varietà raccomandata di trifoglio pratense lunga durata Milvus. Pastor raggiunge un’importante copertura vegetale con un maggior tasso di sopravvivenza e, rispetto a Milvus, gli individui producono almeno il doppio di germogli per pianta e per unità di superficie. Sostituendo Pastor al trifoglio bianco impiegato in due miscele standard raccomandate, SM 440 o SM 462, le semine si sono sviluppate in una popolazione più equilibrata rispetto alle miscele contenenti trifoglio bianco o trifoglio pratense lunga durata della varietà Dafila. In miscele adeguate, la nuova varietà di trifoglio rosso Pastor ha il potenziale di assumere il ruolo di leguminosa da pascolo per almeno tre anni di utilizzazione.

Summary

Riassunto

Pastor, une nouvelle variété de trèfle violet pour la pâture | Production végétale

Pastor – a new red clover suitable for grazing For the first time, a red clover variety bred and tested especially for its suitability for grazing is available to Swiss agriculture. Named Pastor, this variety traces back to crosses between an ecotype stemming from the canton of Jura, and Mattenklee breeding material. The new variety is characterised by a lower, flatter growth habit and smaller leaves than conventional Mattenklee. In two plot trials where beef cattle or suckler cows were grazed, it performed better than the recommended Mattenklee variety Milvus up to the end of the second year. Pastor achieved higher percentages of the total population and more plants survived than with Milvus, and it formed at least twice as many shoots per plant and per unit of area as the latter. Where Pastor was sown and grazed in the standard mixtures recommended for pasture (SM 440 or SM 462) instead of white clover, stands developed which, over time, had a better-balanced proportion of clover than was the case with white clover or with the Mattenklee variety Dafila. In suitable mixtures, the new red-clover variety Pastor has the potential to take on the role of white clover as a grazing legume for at least three years. Key words: breeding, cultivars, grazing, red clover, selection, Trifolium pratense.

Bibliographie ▪▪ Bouton J. H., Smith S. R. J., Wood D. T., Hoveland C. S. & Brummer E. C., 1991. Registration of 'Alfagraze' alfalfa. Crop Science 31, 479. ▪▪ Frick R., Jeangros B., Demenga M., Suter D. & Hirschi H. U., 2008. Essais de variétés de trèfle violet. Revue suisse d'Agriculture 40 (6), 245–248. ▪▪ Lee M. R. F., Winters A. L., Scollan N. D., Dewhurst R. J., Theodorou M. K. & Minchin F. R., 2004. Plant-mediated lipolysis and proteolysis in red clover with different polyphenol oxidase activities. Journal of the Science of Food and Agriculture 84 (13), 1639 – 1645. ▪▪ Lehmann J., 1999. Der Ertrag und Nährwert von Futterpflanzen und die Milchleistung. Vorträge für Pflanzenzüchtung 44, 102–109. ▪▪ Mosimann E., Jeangros B., Suter D. et Briner H. U., 2007. Essais de variétés de luzerne et de bromes fourragers (2004–2006). Revue suisse d'Agriculture 39 (4), 189–192. ▪▪ Piano E., Valentini P., Pecetti L. & Romani M., 1996. Evaluation of lucerne germplasm collection in relation to traits conferring grazing tolerance. Euphytica 89, 279–288. ▪▪ Suter D., Rosenberg E., Frick R. & Mosimann E. (2008) Standardmischungen für den Futterbau, Revision 2009 – 2012. Agrarforschung 15 (10), 1–12.

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P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage Jacob Rüegg1, René Total1, Mauro Jermini2, Sebastiano Scettrini2, Ronald Wohlhauser3, Stefan Wolf3 et Graham Sanderson3 1 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil 2 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil, Centre de Cadenazzo, 6594 Contone 3 Syngenta Crop Protection AG, Groupe Technique d’application (Gruppe Applikationstechnik), 4002 Bâle Renseignements: Jacob Rüegg, e-mail: jacob.rueegg@acw.admin.ch, tél. 044 783 64 28 / 079 777 26 17

A

B Figure 1 | Aubergines variété Madonna, distance interligne 2 mètres. 14 jours après la plantation: hauteur de la haie foliaire 53 cm, surface calculée de la haie foliaire 5340 m ² par ha, surface foliaire obtenue environ 2800 m ² par hectare (A). 121 jours après la plantation: hauteur de la haie foliaire 227 cm, surface calculée de la haie foliaire 22 710 m ² par ha, surface foliaire obtenue environ 65 000 m ² par hectare (B).

Introduction Maintenir les maladies et les ravageurs en-dessous du seuil de tolérance est un des facteurs-clé de réussite des cultures sous serre de tomates, de concombres, d’aubergines et de poivrons. Les insectes nuisibles et les acariens sont principalement tenus en échec par l’utilisation de leurs antagonistes biologiques; l’application d’insecticides et d’acaricides a nettement reculé ces dernières années, mais ceux-ci restent occasionnellement nécessaires dans les cas de multiplication rapide et critique des ravageurs. Dans les serres modernes, l’expansion des maladies fongiques peut être fortement contenue par une bonne conduite du climat, mais elle ne peut pas toujours être suffisamment contrôlée. Les traitements fongicides à base de différents groupes de matières actives

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sont généralement répétés et menés à titre préventif. Il n’existe en effet pas de modèles fiables pour le pronostic des principales maladies fongiques attaquant les cultures sous serre, et il est donc impossible d’appliquer un traitement approprié au moment propice sur la base d’un pronostic. On attend d’une protection des plantes moderne que les agents phytosanitaires soient utilisés de manière à la fois appropriée, efficace et économique. Une protection phytosanitaire adaptée aux cultures comprend deux éléments: a) il faut adapter la dose du produit sélectionné et le volume d’eau à la culture en question et à sa croissance et b) le dispositif d’application doit permettre de répartir le produit autant que possible régulièrement et sur la totalité de la culture. Dans la plupart des cas, il faut traiter tout le feuillage de la culture. Mais selon l’agent pathogène et le stade de culture, il faut traiter


seulement certaines parties du feuillage. Pour la protection de l’utilisateur et de l’environnement ainsi que pour des raisons financières, il faut aspirer à un taux de récupération maximal, c’est-à-dire qu’un pourcentage aussi élevé que possible de la quantité totale de matière active épandue (60 – 85 %) devrait se retrouver sur la culture. Les exigences en matière d’adaptation de la protection phytosanitaire aux conditions de culture ne sont pas faciles à satisfaire. Avec les appareils habituels, on constate souvent une répartition assez irrégulière des produits phytosanitaires sur l’ensemble des cultures, la face inférieure des feuilles, notamment, n’étant que peu, voire jamais atteinte. En collaboration avec l’industrie, ACW évalue actuellement les dispositifs existants et nouveaux pour les traitements phytosanitaires. Le travail présenté ici se penche également sur le problème de l’adaptation de la dose de produit et du volume d’eau à la surface foliaire de la culture considérée, aspect qui n’a pas encore trouvé de réponse satisfaisante. Un premier pas important est d’arriver à mieux cibler la surface foliaire à traiter et à la caractériser correctement au moyen d’une valeur de référence aussi simple que possible.

Matériel et méthodes Entre 2009 et 2010, ACW a procédé à des mesures répétées dans ses propres cultures de tomates, de concombres, d’aubergines et de poivrons, ainsi que dans des exploitations du sud et du nord de la Suisse (fig. 1 à 3). A des intervalles d’une à trois semaines, la hauteur et la largeur de la haie foliaire ont été mesurés pour dix plants représentatifs, et le nombre de feuilles par plant a été compté. Des échantillons représentatifs de feuilles ont été prélevés et la projection de leur surface a été déterminée électroniquement (planimètres de la maison ­LI-COR Inc. Lincoln, Nebraska USA; modèle stationnaire LI-3100A et modèle portatif LI-3000A; fig. 3a). Le nombre de plants par hectare a pu être déterminé à partir des intervalles entre les plants dans les lignes et des distances entre les lignes. Avec ces données, la surface foliaire par plant et par hectare a été calculée. Pour les plants d’aubergine (fig. 1a, 1b), de concombre (fig. 2a, 2b) et de poivron, l’augmentation hebdomadaire de la surface de la haie foliaire et de la surface du feuillage était assez variable. La surface ciblée par le traitement phytosanitaire se modifiait fortement au cours de la croissance, les résultats obtenus n’étant pas les mêmes pour toutes les cultures. Les données disponibles jusqu’ici devront être complétées par des mesures supplémentaires pour pouvoir livrer une image plus  complète de la croissance du feuillage.

Résumé

Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage | Production végétale

Actuellement, les praticiens ne savent pas exactement comment adapter le dosage des fongicides, insecticides et acaricides à la croissance des cultures maraîchères de grande taille sous serre (tomates, concombres, aubergines et poivrons). Dans la plupart des cas, les produits de lutte contre les ravageurs et les champignons doivent être appliqués sur le feuillage. Des mesures préliminaires montrent que la surface du feuillage des cultures d’aubergine, de concombre et de poivrons, peut être estimée indirectement et avec suffisamment de précision via la surface de la haie foliaire, elle-même simple à déterminer. Pour les tomates, des mesures complémentaires sont nécessaires en raison de la diversité des formes de cultures et des variétés. Un modèle de travail est proposé provisoirement à partir de l’hypothèse suivante: une haie foliaire de 20 000 m² par hectare correspond à la quantité de base de produit, calculée à partir du volume de base d’eau de 1000 litres par hectare et de la concentration d’application autorisée. Tout comme en arboriculture, en viticulture et dans les cultures de baies, le volume de bouillie à concentration simple pourrait alors être adapté de manière linéaire à la hausse ou à la baisse, en fonction de la surface de la haie foliaire. Ce modèle provisoire de dosage devra être validé par des mesures et des essais supplémentaires. De plus, d’autres améliorations doivent être réalisées au niveau des outils d’application afin que le volume de bouillie puisse être réparti autant que possible régulièrement sur la totalité de la culture traitée.

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Production végétale | Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage

A

B

Figure 2 | Concombres variété Loustik, distance interligne 2 mètres. 16 jours après la plantation: hauteur de la haie foliaire 80 cm, surface calculée de la haie foliaire 8100 m ² par ha, surface foliaire obtenue environ 3000 m ² par hectare (A). 56 jours après la plantation: hauteur de la haie foliaire 332 cm, surface calculée de la haie foliaire 33 200 m ² par ha, surface foliaire obtenue environ 22 500 m² par hectare (B).

Résultats et discussion

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Comme expliqué brièvement, la détermination de la surface du feuillage d’une culture est une procédure compliquée. Il est donc logique de rechercher une référence qui permette de décrire la surface du feuillage simplement, rapidement et avec une précision acceptable. La hauteur de la haie foliaire, soit la distance entre la feuille la plus basse et le sommet de la tige, est simple et facile à déterminer. Le producteur connaît la distance entre les lignes de par les modalités de plantation, et c’est aussi une valeur est aisément vérifiable. A partir de ces deux

valeurs simples à mesurer, il est facile de calculer par hectare la surface de la haie foliaire des deux côtés des lignes de plantation et pour toutes les lignes. La figure 4 présente, à l’exemple de l’aubergine, les mensurations nécessaires et le calcul qui en résulte. De manière analogue, il est possible de déterminer rapidement et à tous les stades de croissance la surface de la haie foliaire pour les concombres, les poivrons et les tomates. Les figures 5 et 7 montrent, pour l’aubergine et le concombre, l’évolution de la surface de la haie foliaire et de la surface effective du feuillage pendant la croissance de ces cultures.

Figure 3a | Projection de la surface foliaire d’un nombre représentatif de feuilles par plant de poivron – la surface foliaire est mesurée électroniquement au moyen d’un planimètre mobile. Chaque instant de mesure repose sur un échantillon de dix plants.

Figure 3b | Poivrons variété Derby, distance interligne 2,2 mètres. 57 jours après la plantation, hauteur de la haie foliaire 102 cm; surface calculée de la haie foliaire 9309 m ² par ha, surface foliaire obtenue environ 11 500 m ² par hectare.

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Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage | Production végétale

Hauteur de la haie foliaire Distance entre les doubles lignes Calcul de la surface de la haie foliaire en m ² par hectare: 2 × hauteur de la haie foliaire m × 10 000 m ² Distance entre les doubles lignes en m Exemple: Hauteur de la haie foliaire 2,2 m, distance entre les doubles lignes 2,0 m 2 × 2,2 m × 10 000 m ² 2,0 m

= 22 000 m ²

Figure 4 | Calcul de la surface de la haie foliaire à l'exemple d'une culture d'aubergines.

La surface de la haie foliaire, paramètre facile à déterminer, est-elle cependant une référence appropriée pour la description de la surface effective du feuillage? Des calculs de régression (fig. 6 et 8) montrent qu’il existe réellement une association valable entre les deux surfaces. Concrètement, la surface approximative du feuillage peut être déduite de la surface de la haie foliaire. Pour les cultures de poivrons aussi, les mesures effectuées jusqu’ici (fig. 9) montrent que la surface de la haie foliaire, rapide et simple à déterminer, peut être prise indirectement comme référence pour la détermination de la surface foliaire totale. Nous présumons que

Surface de la haie foliaire en m² par ha

90 000

pour les tomates, malgré les différences inter-variétés, la surface de la haie foliaire est une valeur appropriée pour la caractérisation de la surface du feuillage. Sur la base des mesures déjà effectuées, nous partons provisoirement de l’hypothèse que la surface de la haie foliaire permet d’estimer avec suffisamment de précision la surface du feuillage, et donc la surface à cibler par les traitements fongicides, insecticides et acaricides des cultures d’aubergines, de concombres, de tomates et de poivrons. La prochaine étape est de savoir comment la valeur «surface de la haie foliaire» peut être  traduite en prescriptions de dosage.

Surface du feuillage en m² par ha

Distance entre les plants 60 cm Distance entre les lignes 200 cm Plants par m² 1,67

80 000 70 000 60 000 50 000 40 000 30 000 20 000 10 000 0

0

14

28

42

56

70

84

98

112

126

140

154

168

182

Jours depuis la plantation Figure 5 | Évolution de la surface de la haie foliaire et de la surface foliaire effective d'une culture d'aubergines de la variété Madonna, du 7e au 176 e jour après la plantation.

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Production végétale | Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage

Surface du feuillage en m² par ha

100 000 y = 0,0009×1,7864 R² = 0,9103 N=90

90 000 80 000 70 000 60 000 50 000 40 000 30 000 20 000

Distance entre les plants 60 cm Distance entre les lignes 200 cm Plants par m² 1,67

10 000 0

0

4000

12 000

8000

16 000

20 000

24 000

28 000

32 000

36 000

40 000

Surface de la haie foliaire en m² par ha Figure 6 | Lien entre la surface de la haie foliaire et la surface du feuillage pour les aubergines de la variété Madonna.

Surface de la haie foliaire en m² par ha

Surface du feuillage en m² par ha

40 000 Distance entre les plants 80 cm Distance entre les lignes 200 cm Plants par m² 1,25

35 000 30 000 25 000 20 000 15 000 10 000 5000 0 0

7

14

21

28

35 42 Jours depuis la plantation

49

56

63

70

77

Figure 7 | Évolution de la surface de la haie foliaire et de la surface foliaire effective d’une culture de concombres de la variété Loustik, du 7e au 77e jour après la plantation.

Conclusions En Suisse, la plupart des autorisations de produits phytosanitaires destinés à être épandus en serre préconisent une certaine concentration d’utilisation (voir information dans l’encadré). L’utilisateur sait quelle concentration le produit doit avoir dans la bouillie, mais la quantité de bouillie, et donc de produit, à appliquer sur la

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Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 28–35, 2012

culture en question reste vague. ACW et le groupe Technique d’application de l’entreprise Syngenta Crop Protection AG entretiennent depuis de nombreuses année une bonne collaboration dans le domaine de l’arboriculture, de la viticulture et de l’horticulture. Ils ont analysé les données actuellement disponibles en Suisse et à l’étranger sur les cultures maraîchères conduites sous serre. Un modèle de travail provisoire est actuellement


Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage | Production végétale

Surface du feuillage en m² par hectare

30 000 y = 0,0222 × 1,3285 R² = 0,9664 N=100

25 000 20 000 15 000 10 000

Distance entre les plants 80 cm Distance entre les lignes 200 cm Plants par m² 1,25

5000 0 0

5000

10 000

15 000

20 000

25 000

30 000

35 000

40 000

Surface de la haie foliaire en m² par hectare Figure 8 | Lien entre la surface de la haie foliaire et la surface du feuillage pour les concombres de la variété Loustik.

50 000 y = 0,0007 × 1,8179 R² = 0,9433 N= 110

Surface du feuillage en m² par hectare

45 000 40 000 35 000 30 000 25 000 20 000 15 000 10 000 5000 0 0

2500

5000

7500

10 000

12 500

15 000

17 500

20 000

Surface de la haie foliaire en m² par hectare Figure 9 | Lien entre la surface de la haie foliaire et la surface du feuillage pour les poivrons des variétés Derby, Golden Summer et Selmabel.

en discussion, qu’il s’agira encore de vérifier et de compléter avec des données supplémentaires, puis de valider. Ce modèle se base sur l’hypothèse selon laquelle la quantité de base de produit, calculée à partir de la concentration d’application autorisée et de la quantité de base d’eau de 1000 litres par hectare, doit se référer à une surface de la haie foliaire de 20 000 m² par hectare. Si, pour une culture, on obtient une surface de haie

foliaire de 15 000 m²/ha, le volume de bouillie, moyennant une concentration inchangée, serait abaissé à 750 l/ha. Inversement, pour une surface de haie foliaire de 30 000 m²/ha, le volume de bouillie serait augmenté à 1500 l/ha. Dans la pratique, il faudrait donc calculer la surface de la haie foliaire et la diviser par 20 pour obtenir le volume de bouillie à la concentration simple autorisée du produit phytosanitaire. Ce modèle de travail est 

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Production végétale | Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage

maintenant en discussion dans le contexte européen, en arboriculture, en viticulture comme en horticulture. Moyennant des adaptations éventuelles aux différentes cultures maraîchères, il devra être validé par d’autres essais et mesures quant à son effet et aux résidus. Toutefois, pour pouvoir être appliqué avec succès dans la pratique, il est nécessaire de travailler avec des outils d’application qui dispersent bien la bouillie dans la culture, y compris sur la face inférieure des feuilles. Des instruments bien conçus et adaptés à la culture devraient assurer un taux de récupération aussi élevé que possible. Les travaux et discussions menés jusqu’ici avec des collègues en Europe permettent d’espérer que nous nous trouvons sur une voie prometteuse. Il y a certes encore un certain travail à faire jusqu’à l’établissement de recommandations solides, valables pour la pratique, en Suisse comme dans nos pays voisins en Europe. On peut cependant tabler sur l’élaboration de solutions concrétisables pour les importantes cultures sous serre que sont la tomate, le concombre, l’aubergine et le poivron, à l’instar des modèles de dosage valables et de bons instruments sont déjà appliqués en horticulture (Rüegg J. et Viret O. 1999; Rüegg J. et al. 1999), en viticulture (Siegfried W. et al. 2007) et dans les cultures de baies (Rüegg J. et Neuweiler R. 2003). n

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Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 28–35, 2012

Dosage des produits phytosanitaires Pour la plupart des fongicides, des insecticides et acaricides, les autorisations de produits phytosanitaires actuellement en vigueur en Suisse se contentent d’indiquer une concentration en % pour la préparation de la bouillie destinée aux cultures sous serre. Dans d’autres pays européens, on indique souvent la quantité de produit par 100 litres de bouillie. La quantité de produit par hectare est habituellement calculée pour une quantité de base d’eau de 1000 litres par hectare. Un dosage uniforme par hectare fait toutefois peu de sens parce que les plantes grandissent, raison pour laquelle une adaptation à la croissance de la culture serait souhaitable (Rüegg J. et al. 2007; Albert R. et al. 2009).


Sulla via verso una protezione fitosanitaria adattata alla coltura di ortaggi a crescita indeterminata in serra Attualmente per i produttori non è molto chiaro come adattare il dosaggio di fungicidi, insetticidi e acaricidi alla crescita delle colture a crescita indeterminata in serra come pomodori, cetrioli, melanzane e peperoni. Nella maggior parte dei casi l’obiettivo nell’uso dei prodotti contro parassiti e malattie fungine deve essere orientato alla superficie fogliare della coltura. Misurazioni preliminari mostrano che la superficie fogliare delle colture di melanzane, cetrioli e peperoni può essere stimata indirettamente e in modo sufficientemente preciso mediante il semplice rilevamento della superficie della parete fogliare. Nel pomodoro, a causa dei diversi sistemi di coltura e delle numerose varietà, è necessario eseguire ulteriori misurazioni. Proponiamo come modello di lavoro provvisorio, una superficie fogliare di 20 000 m²/ha come base di riferimento per una poltiglia di 1000 l/ha contenente il prodotto alla concentrazione omologata. Come per la coltivazione di frutti, uva e bacche la poltiglia aumenterà, o diminuirà, linearmente a dipendenza della superficie della parete fogliare presente. Questo modello di dosaggio provvisorio dovrà essere validato attraverso ulteriori misure e prove. Per quanto concerne le irroratrici, bisognerà migliorare la loro capacità di distribuzione della poltiglia in modo da ottenere una copertura la più completa possibile della coltura.

Summary

Riassunto

Traitement des cultures maraîchères de grande taille sous serre: vers un modèle de dosage | Production végétale

Crop-adapted crop protection measures in high-growing greenhouse vegetables Currently the grower of glasshouse crops such as tomatoes, cucumbers, eggplants or sweet pepper does not have a clear guidance on how to adapt the dosage of fungicides, insecticides or acaricides to his growing crops. In most cases the total leaf area of the crop represents the target area for the application of crop protection products against diseases and pests. Preliminary measurements on eggplants, cucumbers and sweet pepper show that the total leaf area can be adequately estimated by the leaf wall area which is easy and quick to determine. More measurements will be necessary for tomatoes since the many varieties and forms of cultivation complicate matters here considerably. As a tentative model to estimate the total leaf area the leaf wall area is suggested whereby a leaf wall area of 20 000 m² per hectare would correspond to a single strength spray broth volume of 1000 liters per hectare. Similarly to models used in fruit-, berry- and grape production, the dose of the crop protection product would be increased or decreased linearly in relation to a greater or smaller leaf wall area. This tentative model must be tested and verified through further experiments and measurements. In addition to better crop adapted dosage of crop protection products current spray equipment used in glasshouses must be improved so as to achieve an even spray deposit on the entire canopy and a high rate of product recovery on the crop. Key words: leaf area model, dosage, crop protection products, vegetables, glasshouse, eggplant, cucumber, sweet pepper, tomato, crop adapted spraying.

Bibliographie ▪▪ Rüegg J. & Viret O., 1999. Determination of the tree row volume in stone fruit orchards as a tool for adapting the spray dosage. EPPO Bulletin 29, 95–101. ▪▪ Rüegg J., Siegfried W., Holliger E., Viret O. & Raisigl U., 1999. Anpassung der Menge des Pflanzenschutzmittels an das Baumvolumen der Kernund Steinobstbäume. Schweizerische Zeitschrift für Obst- und Weinbau 9, 237–240. ▪▪ Rüegg J. & Neuweiler R., 2003. Massgeschneiderter Pflanzenschutz in Beerenkulturen. Schweizerische Zeitschrift für Obst- und Weinbau 4, 1–12.

▪▪ Rüegg J., Heller W., Baur R., Krauss R. & Neuweiler R. 2007. Pflanzenschutzmittel im Gemüsebau: Dosierung und Wasservolumen. Der Gemüsebau 5, 9. ▪▪ Siegfried W., Viret O., Huber B. & Wohlhauser R., 2007. Dosage of plant protection products adapted to leaf area index in viticulture. Crop Protection 26, 73–82 ▪▪ Albert R., Luedtke H. &Merz F., 2009. Pflanzenschutz im Erwerbsgemüsebau 2009. Landwirtschaftliches Technologiezentrum Augustenberg (LTZ), 76227 Karlsruhe, Baden-Württemberg.

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 28–35, 2012

35


P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés Pascal Python et Marc Boessinger, AGRIDEA 1006 Lausanne Renseignements: Marc Boessinger, e-mail: marc.boessinger@agridea.ch, tél. +41 52 354 97 68

Selon la situation de la parcelle, la météo, les caractéristiques du sol et l’exploitation influencent différemment la composition et la qualité du foin. (Photo: AGRIDEA)

Introduction Depuis 1979, dans le cadre de l’enquête annuelle sur les foins séchés ventilés ou séchés au sol, la centrale de vulgarisation agricole AGRIDEA collecte sur tout le territoire national les résultats d’analyses (constituants organiques, minéraux et valeurs nutritives calculées) pour les ruminants, les interprète et les diffuse (Boessinger et al. 2011). Les données traitées proviennent des principaux laboratoires helvétiques d’analyses pour aliments. Audelà de l’intérêt direct des résultats d’analyses pour le client, la synthèse des résultats constitue un outil de référence pour la vulgarisation, l’enseignement et la pratique, car elle livre chaque année des valeurs

36

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 36–43, 2012

moyennes par région. A long terme, cette mise en valeur permet de suivre l’évolution de la qualité des fourrages secs sur une période, en relation avec le climat, le sol et les modes d’exploitation (Boessinger et al. 2010; Python et al. 2010). Les objectifs de la présente étude étaient, sur la base des données de l’enquête 2005 à 2009, d’évaluer statistiquement les facteurs d’influence significatifs sur la qualité des fourrages secs, en particulier de répondre aux interrogations suivantes: ••Quelles sont les influences des facteurs année, région, altitude et composition botanique sur les valeurs nutritives (constituants organiques, minéraux et oligoéléments) des fourrages secs ventilés?


Résumé

Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés | Production végétale

Figure 1 | Découpage de la Suisse en 12 régions pour l’enquête sur les fourrages secs.

••Quelle est la représentativité des données de l’enquête pour décrire la qualité régionale des fourrages secs par rapport aux références de la Base suisse de données des aliments pour animaux de ­Agroscope Liebefeld-Posieux ALP (feed-ALP; 2009)?

Matériel et méthodes Echantillons L’ensemble des résultats d’analyse utilisés dans la mise en valeur provient d’un seul laboratoire (UFAG SA), évitant ainsi les différences liées aux laboratoires. Cinq types d’information sur l’origine des échantillons étaient disponibles: a) foin (1re coupe) ou regain (coupes suivantes), b) mode de conservation: ventilé ou séché au sol, c) composition botanique selon l’ADCF (2007), d) attribution à l’une des 12 régions (fig. 1) grâce au numéro postal de l’exploitation et e) altitude de l’exploitation (répartition en 4 classes: ≤ 599; 600 – 799; 800 – 999;  ≥ 1000 m au-dessus du niveau de la mer).

Les résultats d’analyses de 1077 échantillons de fourrages secs ventilés provenant de l’enquête 2005–2009 d’AGRIDEA ont été utilisés dans une mise en valeur statistique pour mettre en évidence l’influence des facteurs année, région, altitude et composition botanique sur les constituants organiques, minéraux et oligoéléments des fourrages secs ventilés. Les résultats indiquent une influence significative de la région sur la majorité des teneurs, cuivre excepté. L’altitude agit sur la cellulose brute, les minéraux majeurs, la manganèse et le zinc. L’année exerce une influence significative sur une grande partie des teneurs, à l’exception de la matière azotée, des cendres et du potassium. Les échantillons issus de prairies équilibrées ou riches en graminées n’ont pas permis de détecter des influences significatives en raison de leur grand nombre. La mise en valeur donne un reflet représentatif de la qualité régionale des fourrages secs de la Suisse. Les différences entre régions fourragères intensives et régions d’altitude sont parfois importantes. A l’avenir, ces données devraient connaître une utilisation accrue dans les banques de données pour aliments ou dans le système d’information géographique.

Tableau 1 | Valeurs nutritives des fourrages secs ventilés, 2005 – 2009 en g/kg MS MA

CB

n

1073

1076

460

Minimum

76,0

172,3

Maximum

185,0

Médiane

NDF

Sucres

CE

Ca

P

Mg

K

460

457

1054

1054

1076

1066

1073

212

214

216

216

212

424,0

223,0

70,0

65,0

3,8

1,7

1,1

14,1

0,08

75,9

5,6

17,6

20,1

316,0

594,0

356,0

196,0

161,3

12,4

4,7

3,7

40,1

0,77

1363,0

10,1

194,8

44,5

129,0

245,2

489,0

280,0

123,0

110,3

7,2

3,5

2,2

28,5

0,3

474,0

7,9

75,7

30,1

Moyenne,

128,6

245,0

491,4

279,5

126,9

111,5

7,4

3,4

2,2

28,0

0,29

530,7

7,9

82,1

30,6

Ecart-type, s

16,4

21,5

33,5

22,6

25,0

14,7

1,5

0,5

0,5

4,4

0,15

268,1

0,9

36,8

4,5

Cœff. de variation %

12,7

8,8

6,8

8,1

19,7

13,2

20,1

15,8

20,1

15,6

50,1

50,5

11,1

44,9

14,8

1

ADF

en mg/kg MS

1

1

2

Na

2

Fe

2

Cu

2

Mn

2

Zn

Echantillons: 12008 – 2009, 22009.

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 36–43, 2012

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Production végétale | Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés

Au total, les analyses de 1077 échantillons de fourrages secs ventilés prélevés de 2005 à 2009 ont été incluses dans la mise en valeur. Le nombre d’analyses (n) par région est indiqué dans le tableau 3. Les analyses effectuées englobent la matière sèche (MS), la cellulose brute (CB), la matière azotée (MA), les cendres (CE), le calcium (Ca), le phosphore (P), le magnésium (Mg) et le potassium (K). De plus, les analyses sur les teneurs en parois (NDF), lignocellulose (ADF) et sucres étaient connues pour 460 de ces échantillons pour les années 2008 et 2009; et 218 échantillons pour 2009, avec les teneurs, pour la première fois, en sodium (Na), fer (Fe), cuivre (Cu), manganèse (Mn) et zinc (Zn). Analyse statistique Les effets des facteurs année, région, altitude et composition botanique, de même que les interactions entre ces facteurs, sur les caractères teneurs d’analyses des constituants organiques et minéraux, ont été testés par l’estimation du modèle linéaire par la méthode du Maximum Likelihood. La méthode statistique de Tukey-Kramer a été utilisée pour comparer les moyennes significatives.

Résultats et discussion Statistiques descriptives Les teneurs d’analyses des constituants organiques et minéraux sont résumées dans le tableau 1. Le coefficient de variation atteint presque 50 % pour le Fe, Mn et Na. Il se situe entre 15 et 20 % pour les autres minéraux analysés. Dès 1000 m d’altitude, la majorité des écarts-types double par rapport à la classe précédente d’altitude (tabl. 2).

La répartition des moyennes et écarts-types par région (tabl. 3) montre quelques extrêmes entre les régions. Les Grisons (10) et le Valais (12) sont les régions avec les teneurs les plus basses en MA, P et K, et les plus élevées en Ca et Mg. Ces régions ont une majorité d’analyses issues de parcelles provenant de 1000 m d’altitude et plus, dont l’intensité d’exploitation et de fumure est habituellement plus faible que dans les régions de basse altitude. A l’opposé, les régions fourragères intensives telles Berne-Soleure (4) et la région vaudoise (2) produisent des fourrages avec les teneurs les plus élevées en MA; Lucerne-Argovie (6) et Zurich-Thurgovie (8) ont les teneurs les plus élevées en P. Les fourrages secs les plus riches en K se situent dans les régions Lucerne-Argovie (6) et Berne-Soleure (4). Analyses par région, altitude et composition botanique Le tableau 3 contient l’ensemble des moyennes et écartstypes par région. Un nombre restreint d’analyses était disponible pour les régions 1, 2, 5, 10 et 12, et aucune analyse pour la région du Tessin (11). La répartition des 1077 échantillons par altitude était la suivante (tabl. 2): 380 échantillons à moins de 600 m, 385 entre 600 et 799 m, 235 entre 800 et 999 m, et 77 à 1000 m et plus (soit moins de 10 % des échantillons). La répartition des échantillons selon la composition botanique était la suivante: 433 de prairies équilibrées (E, autres graminées), 448 échantillons issues de prairies équilibrées (ER, principalement ray-grass), 92 de prairies riches en graminées (G, autres graminées), 89 de prairies riches en graminées (GR, principalement ray-grass) et 15 échantillons de prairies riches en diverses autres

Tableau 2 | Valeurs nutritives (moyenne et écart-type) des fourrages secs ventilés par altitude, 2005 – 2009 Altitude (m) a) ≤ 599

en g/kg MS

n

MA

IA= s2(n – 1) x 130,2

380

s

0,9

IA= s2(n – 1) x 129,4

b) 600 – 799 385

s

0,8

IA= s2(n – 1) x 127,4

c) 800 – 999 235

d) ≥ 1000

s

1,0

IA= s2(n – 1) x 120,0

77

s

1,6

CB

NDF

ADF

CE

Ca

P

Mg

K

276,9

133,5

109,6

7,1

3,5

2,1

29,2

0,3

436,2

7,8

56,7

28,4

2,2

1,9

2,2

0,7

0,1

0,02

0,02

0,2

0,02

27,6

0,1

2,3

0,4

492,7

279,3

126,0

112,4

7,3

3,5

2,2

28,7

0,3

560,1

7,9

79,6

30,7

1

245,9

494,2

1,1 246,3

1

2

Na

2

Fe

2

Cu

2

Mn

2

Zn

1,1

2,6

1,6

1,8

0,8

0,1

0,03

0,02

0,2

0,02

27,3

0,1

3,2

0,5

240,8

482,4

279,5

122,8

113,8

7,6

3,3

2,4

26,7

0,2

586,7

8,0

114,6

32,9

1,4

3,7

2,1

2,0

1,0

0,1

0,03

0,03

0,3

0,02

41,4

0,1

5,3

0,6

246,7

501,7

298,6

107,1

109,4

8,8

2,8

2,5

23,1

0,3

652,6

7,5

108,6

32,3

2,4

8,0

4,1

3,3

1,9

0,2

0,07

0,06

0,5

0,05

108,3

0,3

10,4

1,1

Echantillons: 12008 – 2009, 22009.

38

en mg/kg MS

Sucres

1

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 36–43, 2012


Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés | Production végétale

plantes ou légumineuses. La majorité (98,6 %) des échantillons provient de prairies équilibrées ou riches en graminées. Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives Facteur année Le tableau 4 montre que la grande majorité des valeurs nutritives (CB, NDF, sucres, CE, Ca, P, Mg) sont significativement influencées par l’année et par les conditions météorologiques qui conditionnent la date de coupe et le séchage. Seules les teneurs moyennes MA, ADF et K ne sont pas influencées d’une année à l’autre. Comme nous n’avions que les analyses de 2009 pour les oligoéléments et le sodium, le facteur année n’a pas pu être testé statistiquement pour ces teneurs. Par exemple, les moyennes de la teneur en CB sont significativement différentes entre les années 2005 et

2008, et entre 2005 et 2009. Durant l’année 2005, les fourrages récoltés étaient de bonne qualité en raison des bonnes conditions météorologiques, d’où des valeurs logiquement plus basses en CB (233,4 ± 1,4 g/kg MS) en comparaison des années 2008 et 2009 avec des conditions majoritairement défavorables et donc des teneurs élevées en CB (250,3 ± 1,4 g et 253,4 ± 1,2 g/kg MS). La moyenne de la teneur en Ca pour l’année 2008 est significativement plus basse (6,8 ± 0,08 g/kg MS) qu‘en 2006 (7,8 ± 0,1 g/kg MS), 2007 (7,1 ± 0,1 g/kg MS) et 2009 (7,7 ± 0,1 g/kg MS). Facteur région Le facteur région influence significativement la majorité des teneurs (tabl. 4). Les teneurs en CE et en Mn ne sont, quant à elles, que faiblement reliées au facteur région. Le test ne met en évidence aucune influence de ce fac teur sur les teneurs en cuivre.

Tableau 3 | Valeurs nutritives (moyenne et écart-type) des fourrages secs ventilés par région, 2005–2009 en g/kg MS Région 1

n

MA

K

8,0

3,3

1,9

27,5

0,4

574,9

7,8

67,4

27,6

3,1

0,4

0,1

0,1

1,0

0,04

95,7

0,3

5,7

1,5

109,1

8,1

3,4

2,1

29,3

3,5

0,4

0,1

0,1

0,9

7,2

3,3

2,2

26,5

0,3

521,4

7,7

103,8

32,6

0,1

0,03

0,03

0,3

0,02

36,5

0,1

5,7

0,8

7,5

3,5

2,0

29,8

0,4

437,4

8,0

69,4

28,4

0,2

0,1

0,04

0,6

0,04

98,7

0,3

9,1

0,9

8,8

3,4

2,6

26,2

6,5

3,7

1,9

30,1

0,3

349,5

7,6

61,7

28,1

BE, SO

IA= s2(n – 1) x 55 134,0 262,8 511,2 296,8 106,8 110,9

BS, BL

6

LU, AG

OW, NW, SZ, UR

5,3

1,0

2,5

5,8

11,4

6,2

4,7

4,5

1,3

2,8

3,8

5,0

2,1

3,5

1,7

3,4

1,0

1,8

IA= s2(n – 1) x 2 122,0 265,5 105,0 IA= s2(n – 1) x 201 130,2 251,1 506,2 279,0 133,7 107,5 s

IA= s2(n – 1) x

127

s

2

Cu

2

Mn

2

Zn

2,1

2,8

1,0

0,1

0,03

0,02

0,3

0,02

38,6

0,2

3,9

0,8

127,8

240,0

475,1

271,5

131,5

117,2

7,9

3,3

2,2

27,6

0,3

621,5

8,0

82,4

31,7

1,2

1,3

3,2

2,0

3,0

1,4

0,1

0,05

0,03

0,3

0,02

40,0

0,1

4,7

0,6

7,3

3,6

2,4

29,1

0,3

540,4

8,2

63,7

29,7

0,1

0,03

0,03

0,3

0,02

40,5

0,1

4,7

0,6

7,9

3,3

2,6

27,2

0,2

612,5

8,0

106,7

31,8

1,2

0,1

0,04

0,04

0,3

0,03

42,0

0,1

7,1

0,6

101,1

9,3

2,6

2,6

21,1

2,7

0,4

0,1

0,1

1,2

117,3

10,3

2,4

3,1

23,8

15,1

1,0

0,3

0,2

2,8

GL, AR, AI

1,1

1,0

1,4

1,5

10 GR

IA= s2(n – 1) x 24 120,5 254,1

12 VS

IA= s2(n – 1) x 5 117,0 240,2 s

Fe

2,7

IA= s2(n – 1) x 138 130,7 229,3 467,4 268,8 131,2 113,7

s

Na

2

1,3

ZH, TG

s

2

1,3

IA= s2(n – 1) x 229 132,3 237,6 478,4 269,8 135,3 110,8 s

9

Mg

BE, FR

5

8

P

IA= s2(n – 1) x 251 122,8 251,0 506,0 291,6 116,6 112,7

3,6

en mg/kg MS Ca

VD

s

7

CE

IA= s2(n – 1) x 22 131,2 248,8

s

4

ADF Sucres 1

JU, NE

s

3

NDF

1

IA= s2(n – 1) x 23 126,6 263,5 509,4 301,9 106,9 111,4 s

2

CB

1

3,3

4,0

4,0

3,4

2,9

2,9

2,6

1,9

2,7

2,7

0,9

Echantillons: 12008 – 2009, 22009.

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 36–43, 2012

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Production végétale | Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés

Tableau 4 | Résultats du test avec Maximum-Likelihood

Effet

MA

CB

NDF

ADF

Sucres

CE

Ca

P

Mg

K

Na

Fe

Cu

Mn

Zn

Année

n.s.

**

**

n.s.

**

**

**

*

**

n.s.

NA

NA

NA

NA

NA

Région

*

**

**

**

**

P = 0,06

**

**

**

**

**

*

n.s.

P = 0,08

*

Altitude

n.s.

**

n.s.

n.s.

n.s.

n.s.

*

**

**

**

n.s.

n.s.

n.s.

**

**

Compos. bot.

n.s.

n.s.

n.s.

n.s.

n.s.

n.s.

n.s.

P = 0,10

n.s.

n.s.

n.s.

P = 0,07

n.s.

n.s.

n.s.

*P ≤ 0,05 ; **P ≤ 0,01 ; n.s.: non significatif; NA : non analysé.

La moyenne de la région 1 (JU, NE) se différencie significativement des moyennes des régions 7, 8 et 9 (Suisse centrale et orientale) pour la CB et le Mg. Ces différences sont liées avant tout à la répartition déséquilibrée des échantillons par altitude. La moyenne pour la teneur en CB, NDF, ADF et Na de la région 4 (BE, SO) est aussi significativement différente des régions 8 (ZH, TG) et 9 (GL, AR, AI), où les conditions météorologiques locales semblent être responsables. Lorsqu’on se penche sur le cas du P, seule la région 3 (BE, FR) se différencie significativement de la moyenne de la région 8 (ZH, TG).

5,0

feed-ALP

Enquête 2005-09

Facteur altitude L’altitude, qui se traduit par des effets du climat, par une intensité d’exploitation et une composition botanique modifiées, a une influence significative sur les teneurs en CB, Ca, P, Mg, K, Mn et Zn. Par contre, le facteur altitude n’influence pas les teneurs en MA, NDF, ADF, sucres, CE, Na, Fe et Cu. Il est à observer que le cuivre est l’une des seules teneurs qui ne dépend ni de la région, ni de l’altitude (P > 0,05; tabl. 4), et son coefficient de variation est l’un des plus bas (11 %) parmi les minéraux analysés (tabl. 1).

linéaire (Enquête)

4,5

Teneur en P [g/kg MS]

4,0 3,5 3,0 2,5 2,0 1,5 10

15

20

25

30

35

Teneur en K [g/kg MS]

Figure 2 | Corrélation des teneurs en phosphore (P) et potassium (K) des fourrages secs ventilés.

40

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 36–43, 2012

40


Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés | Production végétale

Tableau 5 | Valeurs moyennes de l’enquête et feed-ALP pour les fourrages secs Moyennes, g/kg MS

MA

CB

NDF

ADF

Sucres

CE

Ca

P

Mg

K

Na

Enq.a

128,6

245,0

491,4

279,5

126,9

111,5

7,4

3,4

2,2

28,0

0,29

feed-ALPb

132,3

249,3

455,0

283,9

104,6

92,1

5,5 / 27,2

3,9

1,5 / 22,3

34,0

0,20

1

1

1re pousse; 2 repousses. Enquête 2005 – 2009. b Base suisse de données des aliments pour animaux ALP, fourrages secs des stades 3 et 4, composition botanique G, G R , E, ER . 1 a

Des différences significatives sont observées pour la teneur en CB entre les altitudes a) et c), b) et c) et pour la teneur en Mg entre a) et b) jusqu’à d). Pour K, seule la moyenne de l’altitude a) se différencie significativement de l’altitude d). Pour P, il n’y a qu’une tendance entre l’altitude a) et d) (tabl. 2). Facteur composition botanique Il est connu que les prairies contenant des autres plantes, légumineuses ou luzernes, se distinguent par des teneurs plus élevées en Mg et Ca que les prairies à forte proportion en graminées et équilibrées. Avec seulement 15 analyses, il n’a pas été possible de contrer la forte représentation des échantillons de prairies riches en graminées pour mettre en évidence des différences significatives. Seuls deux légers effets de la composition botanique sur les teneurs en phosphore (P = 0,10) et le fer (P = 0,07) sont à relever (tabl. 4). Corrélation des teneurs en minéraux Phosphore et potassium Le coefficient de corrélation de Pearson entre P et K est de 0,72. Daccord et al. (2001) avait déjà relevé une corrélation élevée. La figure 2 montre la relation entre ces deux caractères de 1074 analyses d’où la régression suivante est déduite: P [g/kg MS] = 0,089 × K [g/kg MS] + 0,935, R2 = 0,52. Les valeurs de références de feed-ALP des compositions botaniques G, GR, E et ER des stades de développement 3 (début épiaison) et 4 (pleine épiaison) des fourrages secs sont intégrées dans la figure 2. Les moyennes (stades 3 et 4) de feed-ALP sont de P = 3,9 g et K = 34,0 g/kg MS tandis que les moyennes de l’enquête sont légèrement plus basses : P = 3,4 ± 0,5 g et K = 28,0 ± 4,4 g/kg MS (tabl. 1).

De plus, les régions fourragères très intensives telles que la région 6 (LU, AG), P = 3,7 ± 0,03 g et K = 30,1 ± 0,3 g/kg MS, et la région 8 (ZH, TG), P = 3,6 ± 0,03 g et K = 29,1 ± 0,3 g/kg MS, ont les teneurs les plus élevées de l’enquête en P et en K. Pourtant, les teneurs de l’enquête de ces deux régions se situent en dessous des valeurs de références feed-ALP. Autres minéraux Dans les résultats, quatre coefficients de corrélation de Pearson sont supérieures à 0,50: R = 0,64 entre Ca et Mg (n = 1050), R = 0,56 entre Cu et Mg (n = 215), R = 0,54 entre Zn et Mn (n = 210) et R = 0,54 entre Mg et Zn (n = 211).

Conclusions ••La région, en particulier ses spécificités naturelles et anthropogéniques, influence fortement la plupart des teneurs du fourrage sec. L’influence de la région englobe l’altitude, des facteurs tels que le climat (pluviométrie, température, exposition), l’intensité d’exploitation et de fumure, et les caractéristiques du sol. La teneur en cuivre est l’unique élément qui ne dépend ni de la région, ni de l’altitude. Il est à remarquer que nous n’avions à disposition qu’un faible volume d’analyses pour le cuivre de même que pour les autres oligoéléments. ••La question de la représentativité des échantillons se pose pour les données de l’enquête sur les fourrages secs. Il ne s’agit pas d’un échantillonnage homogène car seules les exploitations intéressées par les résultats d’analyse envoient leurs échantillons. En outre, l’échantillon n’est souvent pas clairement déterminé.

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Production végétale | Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés

Il peut provenir d’une ou plusieurs coupes effectuées sur plusieurs parcelles, à des stades différents et sa composition botanique peut diverger de celle annoncée. De plus, la détermination correcte de la composition botanique n’est souvent pas assurée, d’autant plus que la composition botanique évolue: la proportion de légumineuses et autres plantes tend à augmenter avec l’altitude au détriment des graminées (Kessler 1989). Malgré toutes ces imprécisions difficilement maîtrisables, la présente mise en valeur permet d’illustrer les relations distinctes entre les facteurs d’influence et les caractéristiques qualitatives du fourrage sec. ••En considérant les moyennes de l’enquête 2005 – 2009 avec les valeurs feed-ALP (tabl. 5) et la corrélation de la figure 2, une bonne concordance est observée entre les valeurs des deux sources, même si les teneurs en P et K de l’enquête sont légèrement inférieures et celles en Ca et Mg sont légèrement plus élevées que les références de feed-ALP.

••En considérant les influences significatives des facteurs année, région et altitude sur un grand nombre de valeurs nutritives, la différenciation supplémentaire de la qualité des fourrages secs selon la zone climatique (région et altitude), en plus des critères usuels tels que la composition botanique, cycle et stade de développement (Daccord et al. 2006), apparaît comme appropriée. ••L’enquête annuelle des fourrages secs donne cependant un aperçu actuel de la qualité des fourrages secs helvétiques. Sur la durée, elle pourrait servir comme source dans les banques de données pour aliments et dans les systèmes d’information géographique (structure multidimensionnelle des données dans le temps et l’espace). n

Remerciements

Les auteurs remercient le Dr. Werner Luginbühl (ChemStat) pour son précieux appui et ses conseils pour la mise en valeur statistique, de même que les laboratoires UFAG SA pour la mise à disposition des résultats d’analyses des années 2005 à 2009 de l’enquête sur les fourrages secs.

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Fattori che influenzano il contenuto di nutrienti e minerali del foraggio secco ventilato I risultati d'analisi di 1077 campioni di foraggio secco ventilato, provenienti da un’inchiesta condotta da AGRIDEA dal 2005 al 2009, sono stati sottoposti a un’analisi statistica per evidenziare l’effetto dei fattori anno, regione, altitudine e composizione botanica sul valore nutritivo determinato da sostanze minerali e oligoelementi del foraggio secco ventilato. I risultati mostrano un influsso significativo della regione sulla maggior parte delle tenori sostanze contenute nel fieno ad eccezione del rame. L'altitudine agisce in modo significativo sul contenuto di fibre, la quantità di elementi e su manganese e zinco. Anche il fattore anno influenza in modo significativo gran parte tenori delle sostanze contenute, eccezion fatta per proteina grezza, ceneri e sodio. Non è stato possibile provare statisticamente l’influenza della composizione botanica, poiché i campioni provenivano principalmente da pascoli equilibrati e ricchi in graminacee. Quest’inchiesta annuale offre un quadro rappresentativo della qualità regionale e nazionale del foraggio secco svizzero, illustrando le importanti differenze tra le tipiche regioni foraggere intensive e montane d’alta quota. In futuro questi dati potrebbero essere pubblicati nella banca dati dei foraggi o nel sistema d'informazione geografico.

Bibliographie ▪▪ ADCF, 2007. Estimation de la valeur du fourrage des prairies: valeur nutritive et production de lait ou de viande, ADCF 3, 2007. ▪▪ Agroscope Liebefeld-Posieux, 2009. Base Suisse de données des Aliments pour Animaux.Accès: http://www.agroscope.admin.ch/futtermitteldatenbank/index.html?lang=fr ▪▪ Boessinger M., Buchmann M. & Python P., 2011. Valeur des fourrages secs récoltés en 2011. Publication annuelle, AGRIDEA. Accès: www.agridea-lausanne.ch/pages/productions_techniques.htm#134 ▪▪ Boessinger M., Buchmann M. & Python P., Tagungsbericht, ETH Zürich, Institut für Pflanzen-, Tier- und Agrarökosystem-Wissenschaften, 2010. Dürrfutterproduktion: Von den Besten kann noch gelernt werden.

Summary

Riassunto

Facteurs d’influence sur les valeurs nutritives des fourrages secs ventilés | Production végétale

Factors influencing the nutrient and mineral content of ventilated dry forage AGRIDEA has assembled the results of its annual forage survey (nutrient, mineral and trace elements content) undertaken between 2005 and 2009. Data of 1077 samples of ventilated dry forage were used in a statistical analysis to detect the various influences of factors such as year, region, altitude and botanical composition on the nutrient and mineral content of ventilated dry forage. The region influences significantly most of the nutrient contents, except for copper. Altitude influences the crude fiber, major minerals, manganese and zinc. The effect of the year is statistically significant on a majority of the nutrient contents, with the exception of crude protein, ash and potassium. The effect of botanical composition could not be determined due to the fact that most samples came from balanced meadows or grass-rich meadows. This study provides a representative picture of the regional quality of dry forages in Switzerland. Differences between intensive forage regions and mountain zones are sometimes considerable. This survey data could in the future be used in feed data bases or geographic information systems. Key words: forage, survey, influence factors, nutrient content, mineral content, trace elements.

▪▪ Daccord R., Arrigo Y., Kessler J., 2001. Nährwert von Wiesenpflanzen: Gehalt an Ca, P, Mg und K; Agrarforschung 8, 264–269. ▪▪ Daccord R., Wyss U., Kessler J. Arrigo, Y. Rouel, M. Lehmann, J. & Jean­ gros B., 2006. Apports alimentaires recommandés et tables de la valeur nutritive des aliments pour les ruminants, valeur nutritive des fourrages. Livre Vert, chap. 13. ▪▪ Kessler J., 1989. Mineralstoffgehalt von Wiesenfutter : Zusammenfassende Ergebnisse. Landwirtschaft Schweiz 9 (2), 523–526. ▪▪ Python P., Boessinger M. & Buchmann M., Frühjahrstagung ETH Zürich, 2010. Teneur moyenne en minéraux majeurs des fourrages secs ventilés selon l’altitude et la situation géographique.

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P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20e siècle Anastase Hategekimana, David Schneider, Dario Fossati et Fabio Mascher Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1 Renseignements: Fabio Mascher, e-mail: fabio.mascher@acw.admin.ch, tél. +41 22 363 47 33

Dernières notations dans les essais avant la récolte. (Photo: ACW)

Introduction En Suisse, la sélection du blé, initiée à la fin du 19e siècle, poursuit trois objectifs: rendement élevé et stable, bonne résistance aux maladies et excellente qualité boulangère (Fossati et Brabant 2003). Le rendement moyen national de blé panifiable a sensiblement augmenté, passant d’environ 13 dt/ha en 1850 à plus de 60 dt/ha aujourd’hui (Fossati et Brabant 2003; SWISSGRANUM 2011). Cette énorme augmentation est due à l’amélioration des méthodes de culture, à l’utilisation d’engrais, en particulier de l’azote minéral, et au progrès génétique réalisé

44

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012

par la sélection. Il est difficile de quantifier précisément la contribution de chaque facteur dans le progrès global. En ce qui concerne l’évolution des variétés, on constate que la part du grain dans la masse aérienne totale de la plante (indice de récolte) est passée de 35 % en 1930 à 50 % en 1980 (Fossati et Paccaud 1986). Ce changement des proportions s’est accompagné d’une réduction de la longueur de la tige, ce qui a permis d’accroître l’apport d’azote tout en évitant la verse (Fossati et Paccaud 1986). La forte contribution de l’emploi de l’azote dans l’augmentation des rendements du blé est un fait connu (Ladha et al. 2005). L’évolution de l’efficacité de l’utilisa-


tion de l’azote par les variétés de blé d’automne suisse est en revanche peu connue, malgré son rôle de polluant (Spiess et Richner 2005). Considérant que les variétés les plus anciennes ont été sélectionnées dans des conditions de faible disponibilité d’azote, il est concevable qu’elles absorbent et utilisent l’azote plus efficacement. L’efficacité d’utilisation de l’azote par la plante est un indicateur agronomique pour évaluer l’efficacité avec laquelle l’azote apporté à la culture est absorbé, avant d’être métabolisé puis remobilisé vers les grains. L’efficacité est définie comme étant la masse de grains produits par unité d’azote disponible dans le sol, ce qui permet de caractériser et de comparer des variétés (Foulkes et al. 2009). L’efficacité d’utilisation de l’azote peut être déclinée en: (1) l’efficacité de la plante à prélever l’azote du sol et (2) l’efficacité d’utilisation de l’azote pour produire des grains (Moll et al. 1982). Cette étude compare le rendement, les composantes du rendement et l’efficacité d’utilisation de l’azote de sept variétés de blé suisse mises sur le marché entre 1926 et 2003 ainsi que de la variété française récente Caphorn. Il est ainsi possible de mieux comprendre les améliorations apportées par la sélection au niveau de la plante, lesquelles ont contribué à l’augmentation globale du rendement. Les expériences sont menées avec deux niveaux de fumure azotée (niveau usuel et niveau très faible), pour pouvoir mieux comparer les variétés anciennes et modernes, issues de contextes de disponibilité d’azote contrastés. Ces informations sont utiles pour l’orientation future de la sélection de variétés compétitives et moins exigeantes en azote.

Résumé

Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20 e siècle | Production végétale

Le rendement moyen de blé en Suisse est passé de 13dt/ha en 1850 à 60dt/ha aujourd’hui. Cette étude a analysé le facteur variété dans cette spectaculaire progression de rendement. Le rendement, les composants du rendement ainsi que l’efficacité d’utilisation de l’azote de sept variétés de blé suisses homologuées entre 1926 et 2003 et de la variété française Caphorn (2001) ont été examinés dans des essais standardisés pendant 2 ans avec 2 régimes de fertilisation azotée (niveau faible et niveau Extenso). Les rendements en grain montrent un accroissement constant en fonction de l’année d’inscription au catalogue national et s’élèvent à environ 0,24dt/ha/an. Cet accroissement extraordinaire est certes dû à une augmentation du nombre de grains par m². Toutefois, l’amélioration constante de l’utilisation de l’azote joue également un rôle primordial dans cette évolution. La compréhension de ce progrès, accompli au niveau morphologique et physiologique de la plante, permettra à l’avenir de sélectionner des variétés avec une haute efficacité d’utilisation de l’azote.

Matériel et méthodes Variétés utilisées et caractéristiques L’essai inclut les variétés de blé d’automne suisses les plus cultivées à leur époque, ainsi que, à titre de comparaison, deux variétés récentes: Piotta (Agroscope/DSP) et la variété française Caphorn (Florimont-Desprez; tabl. 1). Toutes les variétés sont de qualité boulangère 1 ou 2 et peuvent donc être comparées dans ce contexte. Conditions de mise en place de l’essai L’essai a été conduit pendant deux ans (2005 et 2006) sur le site de Changins, situé à 440 m d’altitude, avec une pluviométrie de 755 mm pendant la phase végétative de l’essai pour l’expérimentation 2004 – 2005 et de 707 mm pour l’expérimentation 2005 – 2006. En 2004, le sol de la parcelle était composé de 24,3 % d’argile, 47,4 % de limon et 28,3 % de sable, tandis que celui de la parcelle de 2005 contenait 26,6 % d’argile, 42,2 % de limon et 31,6 % de sable. Le précédent cultural était dans les deux

Tableau 1 | Année d’inscription et classe de qualité des variétés de blé étudiées Année d’inscription au catalogue Classe de qualité ­national

Nom

Obtenteur

MC 245

Agroscope

1926

II

MC 268

Agroscope

1926

II

Probus

Agroscope

1948

I

Zénith

Agroscope

1969

II

Arina

Agroscope/DSP

1981

I

Zinal

Agroscope/DSP

2003

I

Piotta

Agroscope/DSP

2003

II

Florimond-Desprez

2001

III

Caphorn

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012

45


Production végétale | Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20 e siècle

70,00

Rendement en grains (dt/ha)

65,00 R² = 0,7329 pente = 0,27 dt/ha.an

60,00 55,00 50,00 45,00 40,00

Arina

Arina

Probus

MC 245 MC 268

35,00

Zenith Zenith

Probus MC 245

Caphorn

Piotta Caphorn Piotta Zinal Zinal Faible niveau de N Niveau extenso Régression faible niveau de N Régression niveau extenso

R² = 0,8247 pente = 0,20dt/ha.an

MC 268

30,00 1920

1940

1960

1980

2000

2020

Années d'inscription des variétés au catalogue national Figure 1 | Rendement en grains en fonction de la date d’inscription au catalogue national des variétés de blé panifiable d’automne sélectionnées en Suisse au cours du 20 e siècle, à faible niveau d’azote (ligne et triangle bleus) et à un niveau extenso (ligne et triangle rouges). Moyennes de deux ans d’expérimentation.

cas le pois protéagineux d’automne, sans fumure azotée. Pour éviter des interférences dues aux différences de hauteur des plantes, chaque variété a été semée sur trois parcelles adjacentes de 4,7 m de long et 1,5 m de large chacune. La parcelle centrale a été utilisée pour les analyses de rendement. Le semis a été réalisé avec une densité de 350 grains/m² semés sur 8 lignes. Afin de prévenir les problèmes de verse sur les parcelles à haut niveau d’azote en 2006, le régulateur de croissance Moddus (Syngenta, Bale, Suisse) a été appliqué au stade de «2 nœuds» (BBCH32) à raison de 0,4 l/ha. Niveaux d’azote et fractionnement des apports L’azote (N) a été apporté d’après la méthode de la norme corrigée (Sinaj et al. 2009). Pour 2005, le niveau extenso correspondait à 120 kg N/ha et pour l’année 2006 à 180 kg N/ha. Le faible niveau d’azote correspondait à la norme corrigée moins 50 unités N (soit 70 kg N/ha) pour l’année 2005, et à la norme corrigée moins 90 unités N (soit 20 kg N/ha) pour l’année 2006. L’azote a été apporté sous forme de nitrate d’ammonium (27,5 % d’azote) avant l’épiaison, en deux apports en 2005 et en quatre apports en 2006. Paramètres observés La densité des épis et le nombre de grains par épi ont été déterminés sur un échantillon représentatif dans chaque parcelle. Après récolte, le poids de mille grains (PMG) et le poids à l’hectolitre ont été mesurés.

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Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012

Pour l’analyse de la biomasse et de la teneur en azote de la plante à floraison et à maturité, des plantes ont été prélevées sur une longueur de 25 cm au centre de la troisième ligne, dans les parcelles latérales de chaque variété. La teneur en azote des grains et de la plante entière (à floraison et à maturité) a été déterminée par spectroscopie proche infrarouge (NIRS) appliquée sur des échantillons moulus (NIRS6500, FOSS NIRSystems, Inc., Laurel, MD, USA). Les analyses réalisées se basent sur des calibrages avec du matériel végétal analysé selon la méthode de référence Kjeldahl. Dans cette étude, la courbe de référence NIRS a été validée avec des échantillons additionnels (Fossati et al. 1993). L’efficacité d’utilisation de l’azote apporté (NUE) et ses deux composantes, notamment l’efficacité d’absorption de l’azote apporté (NUpE) et l’efficacité d’utilisation de l’azote absorbé (NUtE) ont été calculées avec la méthode proposée par Moll et al. (1982). Le calcul de l’efficacité de remobilisation de l’azote (ERemN) se base sur les méthodes de Barbottin et al. (2005). Analyse statistique Le dispositif expérimental utilisé était un split-plot à trois répétitions divisées, dont la fertilisation constituait le facteur principal et les variétés le facteur secondaire. Toutes les analyses statistiques ont été réalisées avec le logiciel Sigma Plot 11 (Systat Software Inc., Chicago, USA). Les différents facteurs et leurs interactions ont été


Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20 e siècle | Production végétale

Tableau 2 | Rendement en grains et de ses composantes. Moyennes de données obtenues avec 2 niveaux d’azote et durant 2 ans observation

Variétés

Rendement en grains (dt/ ha)

Nombre d’épis par m² (NE2)

Nombre de grains ­ par épi (NGE)

Nombre de grains par m² (NG2)

Poids de mille grains (PMG)

MC 245

42,70 (±8,53)

369 (±51)

28 (±6)

10092 (±2042)

42,48 (±0,65)

MC 268

35,56 (±5,19)

311 (±44)

30 (±5)

9124 (±1060)

40,26 (±1,08)

Probus

46,78 (±11,59)

324 (±57)

36 (±6)

11586 (±2986)

40,33 (±1,21)

Zénith

53,99 (±10,40)

376 (±65)

39 (±6)

14503 (±3344)

37,74 (±1,44)

Arina

51,03 (±10,05)

409 (±93)

33 (±6)

13104 (±2500)

38,99 (±0,57)

Zinal

52,28 (±13,21)

392 (±80)

32 (±6)

12537 (±3082)

41,80 (±1,39)

Piotta

59,82 (±10,96)

461 (±67)

32 (±3)

14627 (±3229)

40,82 (±1,31)

Caphorn

61,58 (±16,22)

361 (±48)

42 (±9)

15092 (±3895)

40,76 (±0,94)

comparés statistiquement avec le module ANOVA, après s’être assuré avec le module «Normalité» que les résidus sont distribués normalement. Les analyses de régression et de corrélation ont été effectuées avec les modules correspondants.

Résultats

7,50

Faible niveau de N

A

Azote remobilisé vers le grain (g/m²)

Azote remobilisé vers le grain (g/m²)

Rendement en grains et composantes du rendement Le rendement le plus élevé a été réalisé par la variété française Caphorn (61,58 dt/ha), suivi de près par la variété suisse Piotta (59,82 dt/ha), tandis que le plus faible rendement (35,56 dt/ha) a été observé avec la

Piotta

7,00

Probus

6,50

Arina

6,00

Caphorn

Zinal

5,50 5,00 4,50 MC 268

4,00 5,00

variété MC 268 (tabl. 2). La régression du rendement selon l’année d’inscription des 8 variétés testées (fig. 1) montre une augmentation du rendement importante d’environ 0,24 dt/ha/an. Pour mieux comprendre les aspects de rendement qui ont été modifiés par la sélection, les composantes principales du rendement (le nombre d’épis par m², le nombre de grains par épi, le nombre de grains par m² et le poids de mille grains) ont été examinées (tabl. 2). Les résultats montrent une nette augmentation du nombre de grains par épi, qui se répercute sur le nombre de grains par m², qui atteint environ 10 000 grains par m² (variétés Mont Calme) à 15 000 grains par m² pour les 

Zénith MC 245

y = 0,9866x - 1,1328 R² = 0,9876 (p < 0,001)

6,00 7,00 8,00 Azote absorbé par la plante à la floraison (g/m²)

9,00

10,00 9,50 9,00 8,50 8,00 7,50 7,00 6,50 6,00 5,50 5,00

Niveau extenso

B

Caphorn

Zénith Piotta Arina

MC 245

Zinal y = 0,8292x + 0,0541 R² = 0,9695 (p < 0,001)

Probus MC 268 7,00

13,00 9,00 11,00 Azote absorbé par la plante à la floraison (g/m²)

Figure 2 | Relation entre la quantité d’azote absorbée et remobilisée vers les grains et la quantité d’azote absorbé par la plante avant la floraison, à faible niveau d’azote (A) et à un niveau extenso (B).

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012

47


Production végétale | Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20 e siècle

Tableau 3 | Analyse de variance du rendement en grains et de ses composantes Source de ­variation

Degrés de ­liberté

Rendement en Nombre d’épis Nombre de grains grains (g/m²) par m² (NE2) par épi (NGE)

Nombre de grains par m² (NG2)

Poids de mille grains (PMG)

Année (A)

1

*

ns

ns

**

***

Variété (V)

7

***

***

***

***

***

Azote (N)

1

ns

*

ns

ns

**

A×V

7

ns

ns

*

ns

**

A×N

1

ns

ns

ns

ns

ns

V×N

7

ns

ns

ns

ns

ns

A×V×N

7

ns

ns

ns

ns

ns

***hautement significatif (P ≤ 0,1 %); **très significatif (P ≤ 1 %); *significatif (P ≤ 5 %); ns: non significatif.

variétés les plus récentes. Le poids de mille grains dépend bien de la variété, mais ce facteur de rendement ne semble pas avoir évolué en fonction de l’année d’inscription. L’analyse de variance (tabl. 3) montre que le facteur variété a fortement influencé les différences des rendements et de toutes les composantes du rendement. Les facteurs année d’expérimentation et fertilisation ont également influencé certaines composantes du rendement, mais dans une moindre mesure. Absorption et remobilisation de l’azote Les variétés ont absorbé en moyenne 7,82 g N/m² avant floraison et remobilisé 6,48 g N/m² après floraison, tous procédés confondus (tabl. 4). La figure 2 montre la relation entre la masse d’azote absorbée avant floraison et

la masse remobilisée vers les grains après floraison pour les 8 variétés. L’absorption et la remobilisation sont fortement corrélées et la proportion d’azote remobilisé (ERemN) est en moyenne de 82 % pour toutes les variétés. La quantité d’azote absorbée et remobilisée dépend de la disponibilité d’azote pour la plante dans le sol (tabl. 5). La figure 2 suggère que les variétés plus récentes absorbent une plus grande quantité d’azote par rapport aux variétés plus anciennes. Cette tendance n’est toutefois pas cautionnée par l’analyse de variance (tabl. 5). Par ailleurs, on remarque que les variétés qui ont réalisé le meilleur rendement, tous procédés confondus, sont celles qui ont stocké le plus d’azote avant la floraison et qui sont capables de remobiliser l’azote rapidement vers les grains.

Tableau 4 | Absorption et remobilisation de l’azote

Variété

Azote absorbé avant floraison (g/m²) Nf

Azote absorbé après floraison (g/m²) Napf

Azote présent dans la paille à maturité (g/m²) Npm

MC 245

7,08 (±2,09)

1,69 (±1,76)

1,44 (±0,66)

5,64 (±1,97)

MC 268

6,25 (±0,83)

2,39 (±1,74)

1,21 (±0,35)

Probus

7,84 (±1,56)

2,16 (±1,48)

1,33 (±0,37)

Zénith

7,44 (±1,11)

2,83 (2,31)±

Arina

7,47 (±3,06)

Zinal

Teneur en protéines dans le grain (%)

0,78(±0,10)

12,25 (±1,42)

5,04 (±0,57)

0,81 (±0,05)

12,26 (±1,67)

6,51 (±1,41)

0,83 (±0,04)

12,14 (±0,76)

1,16 (±0,34)

6,29 (±1,20)

0,83 (±0,05)

10,42 (±0,92)

2,26 (±0,87)

1,16 (±0,52)

6,32 (±2,57)

0,85 (±0,02)

11,49 (±0,76)

8,41 (±0,99)

2,55 (±2,30)

1,55 (±0,39)

6,86 (±0,99)

0,82 (±0,05)

11,09 (±0,52)

Piotta

8,48 (±1,21)

3,54 (±0,93)

1,24 (±0,12)

7,24 (±1,11)

0,86 (±0,01)

10,60 (±0,36)

Caphorn

9,59 (±2,26)

2,43 (±1,64)

1,61(±0,19)

7,98 (±2,21)

0,83 (±0,05)

10,27 (±0,42)

Moyenne

7,82 (±1,64)

2,48 (±1,63)

1,33 (±0,37)

6,48 (±1,50)

0,82 (±0,05)

11,32 (±0,85)

*NRem = Nf-Npm et ERemN = (NRem/Nf)*100.

48

Azote remobilisé Efficacité de remobilivers les grains après sation post-floraison ­floraison (g/m²) de l’azote (Index) NRem* ERemN*

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012


Faible niveau de N

120,00

bc

100,00

Niveau extenso

bc

80,00

a

40,00

abc

bc

c

60,00

b

bc

bc

a

a

a

a

a

a

a

20,00 0,00 MC 245 MC 268 Probus Zenith Arina Variétés

Zinal

Efficacité d‘absorption de l‘azote apporté (NupE) en g (g-1)

Efficacité d‘utilisation de l‘azote (NUE) en g (g-¹)

Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20 e siècle | Production végétale

Piotta Caphorn

Faible niveau de N

2,50 2,00 1,50 1,00

b

Niveau extenso b

b

b

b

b

b

ab ab

ab

b

a

a

a

ab

ab

0,50 0,00

MC 245 MC 268 Probus Zenith Arina Variétés

Zinal

Piotta Caphorn

Figure 3 | Efficacité d’utilisation de l’azote apporté (NUE) de sept variétés de blé panifiable d’automne sélectionnées en Suisse au cours du 20 e siècle et de la variété française Caphorn, testées avec deux niveaux d’azote pendant deux ans. L’erreur standard est ­r eprésentée par les barres. Les lettres différentes indiquent les ­d ifférences statistiquement significatives entre variétés.

Figure 4 | Efficacité d’absorption de l’azote apporté (NUpE) de sept variétés de blé panifiable d’automne sélectionnées en Suisse au cours du 20 e siècle et de la variété française Caphorn, testées avec deux niveaux d’azote pendant deux ans. L’erreur standard est représentée par les barres. Les différentes lettres indiquent les ­d ifférences statistiquement significatives entre variétés.

Efficacité d’absorption et d’utilisation de l’azote L’efficacité d’utilisation de l’azote par les variétés de blé testées est présentée à la figure 3. Toutes les variétés, à l’exception d’Arina, montrent une efficacité plus importante à faible niveau d’azote qu’au niveau extenso. Les différences entre les variétés sont plus évidentes à faible niveau d’azote où, par exemple, Caphorn montre une efficacité significativement supérieure à MC 245. En général, à faible niveau d’azote, les variétés récentes ont tendance à mieux valoriser l’azote que les variétés Mont Calme 245 et 268 ou Arina. L’efficacité d’absorption de l’azote des 8 variétés (fig. 4) montre une tendance similaire à l’efficacité d’utilisation de l’azote.

une structure de rendement particulière, ce sont principalement les changements morphologiques de la plante qui ont rendu l’augmentation du rendement possible. En particulier, il s’agit de l’augmentation du nombre de grains par épi et du nombre d’épis par m², tandis que le poids de mille grains, critère important pour l’amélioration du triticale (Schori et al. 2011), n’a guère évolué. Les résultats obtenus ici avec quelques-unes des variétés commercialement les plus importantes entre 1926 et 2003 confirment donc les observations réalisées sur un assortiment de variétés plus restreint par Fossati et Paccaud (1986). Différentes études sur les variétés de blé françaises inscrites entre 1946 et 1992 ont rapporté une évolution analogue du rendement et des modifications morphologiques des plantes (Le Buanec 1999; Trottet et Doussinault 2002). Au cours du 20 e siècle, la fertilisation azotée a été fortement augmentée pour améliorer les rendements. La sélection a mis à disposition des variétés résistantes à la verse, capables de supporter des apports d’azote 

Discussion Les variétés de blé suisses développées au cours du 20e siècle et utilisées dans la présente étude ont montré une augmentation constante du rendement, qui s’élève à environ 0,24 dt/ha/an. Bien que chaque variété possède

Tableau 5 | Analyse de variance des paramètres d’absorption et de remobilisation de l’azote

Source de ­variation

Degrés de liberté

Azote absorbé avant floraison (g/m²) (Nf)

Azote absorbé après floraison (en g/m²) (Napf)

Azote remobilisé Efficacité de remobilivers les grains après sation de l’azote Teneur en protéines ­floraison (g/m²) (en %) dans le grain (%) NRem (ERemN)

Variété (V)

7

ns

ns

ns

ns

***

Azote (N)

1

***

ns

***

ns

***

V×N

7

ns

ns

ns

ns

ns

***hautement significatif (P ≤ 0,1 %); **très significatif (P ≤ 1 %); *significatif (P ≤ 5 %); ns: non significatif.

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012

49


Production végétale | Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20 e siècle

Tableau 6 | Analyse de variance de l’efficacité d’utilisation de l’azote apporté (NUE) et de ses composantes (NUpE et NUtE) avec deux ­n iveaux d’azote

Degrés de liberté

Efficacité d’utilisation de l’azote apporté (NUE)

Efficacité d’absorption de l’azote apporté (NUpE)

Efficacité d’utilisation de l’azote absorbé (NUtE)

Variété (V)

7

*

ns

ns

Azote (N)

1

***

***

ns

V×N

7

ns

ns

ns

Source de variation

***hautement significatif (P ≤ 0,1 %) ; **très significatif (P ≤ 1 %) ; *significatif (P ≤ 5 %) ; ns: non significatif.

considérables. Les résultats élaborés dans cette étude montrent également qu’en termes de rendement, les variétés les plus récentes utilisent toujours mieux l’azote. En effet, l’effet variétal sur l’efficacité d’utilisation de l’azote apporté est statistiquement significatif. L’amélioration des deux critères, soit l’absorption et l’utilisation de l’azote, permet une meilleure performance des variétés également dans des conditions de disponibilité d’azote restreinte. L’amélioration de l’absorption de l’azote peut être obtenue par l’accroissement du système racinaire (Le Gouis et al. 2000; Foulkes et al. 2009) et par l’amélioration de l’absorption de l’azote par la racine (Slimane 2010). L’étude de l’architecture et de la fonctionnalité de la racine des variétés de blé n’a pas pu être réalisée dans le contexte de ce travail. Entre 60 et 95 % de l’azote assimilé par la plante est remobilisé vers les grains à maturité (Barbottin et al. 2005). Les valeurs recueillies ici montrent que toutes les variétés se trouvent dans la région supérieure de cette fourchette. Pour ce trait, il n’y a pas de différences entre les variétés. La proportion d’azote remobilisé est déjà assez élevée dans les variétés Mont Calme, suggérant que ce trait n’a pas été davantage amélioré au cours de la sélection.

Conclusions ••La sélection de génotypes de blé produisant un plus grand nombre de grains par m² a permis d’augmenter sensiblement les rendements des variétés de blé sélectionnées en Suisse au cours du 20e siècle. ••En parallèle, l’efficacité d’utilisation de l’azote a été améliorée au cours des années, principalement par une meilleure absorption de l’azote. ••Des études supplémentaires seraient nécessaires pour clarifier la contribution de chacun des deux facteurs clés de l’absorption à cette évolution: l’architecture de la racine et la capacité de celle-ci à absorber l’azote. ••Les variétés modernes examinées dans cette étude ont mieux utilisé l’azote que les variétés anciennes, dans des conditions de faibles disponibilités en azote. ••Mieux comprendre les progrès accomplis par les variétés modernes permettra de sélectionner des génotypes présentant davantage une capacité élevée n d’utilisation de l’azote.

Remerciements

Ce travail a été réalisé dans le cadre de l’action COST 860 SUSVAR (Sustainable low-input cereal production: required varietal characteristics and crop diversity). Les auteurs tiennent à remercier le Secrétariat d’Etat à la formation et la recherche SER, groupe pour le soutien financier (contrat no. C04.0203).

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Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012


Evoluzione della resa e dell'efficacia d'utilizzazione di varietà di frumento selezionate in Svizzera durante il novecento La resa media di frumento in Svizzera è passata da 13q/ha nel 1850 all’attuale 60q/ ha. Questo studio ha analizzato il fattore varietale in questa impressionante progressione della resa. Attraverso delle prove standardizzate sull’arco di due anni e con due regimi di fertilizzazione d’azoto (livello basso e livello Extenso), si è esaminato le rese, i componenti di essa e l’efficacia dell’impiego dell’azoto di sette varietà di frumento svizzere omologate tra il 1926 ed il 2003 e della varietà francese Caphorn (2001). La resa in grani mostra un aumento costante in funzione dell’anno d’iscrizione al catalogo nazionale delle varietà e ammonta a ca. 0,24q/ ha/anno Questo incremento straordinario è sicuramente dovuto ad un aumento del numero di grani per m². Tuttavia, anche il miglioramento costante nell’uso dell’azoto ricopre un ruolo primordiale in quest’evoluzione. La comprensione di questo progresso, realizzato a livello morfologico e fisiologico della pianta, permetterà, in futuro, di selezionare le varietà con un’elevata efficacia nell’uso dell’azoto.

Bibliographie ▪▪ Barbottin A., Lecomte C., Bouchard C. & Jeuffroy M.-H., 2005. Nitrogen remobilization during grain filling in wheat: genotypic and environmental effects. Crop Science 45, 1141–1150. ▪▪ Spiess E. & Richner W., 2005. L'azote dans l'agriculture. Cahiers de la FAL 57, 24–25. ▪▪ Fossati A. & Paccaud F.-X., 1986. La sélection du blé en Suisse: passé, présent, futur. Revue suisse d’agriculture 18 (2), 73–80. ▪▪ Fossati D., Fossati A. & Feil B., 1993. Relationship between grain yield and grain nitrogen concentration in winter triticale. Euphytica 71, 115–123. ▪▪ Fossati D. & Brabant C., 2003. La sélection du blé en Suisse: Le programme des stations fédérales. Revue suisse d’Agriculture 35(4), 169–180. ▪▪ Foulkes M. J., Hawkesford M. J., Barraclough P. B., Holdsworth M. J., Kerr S., Kightley S. & Shewry P. R., 2009. Identifying traits to improve the nitrogen economy of wheat: recent advances and future prospects. Field Crops Research 114, 329–342. ▪▪ Ladha J. K., Pathak H., Krupnik T. J, Six J. & van Kessel C., 2005. Efficiency of fertilizer nitrogen in cereal production: retrospects and prospects. Advances in Agronomy 87, 85–156. ▪▪ Le Buanec B., 1999. La diversité génétique des variétés de blé tendre cultivées en France au cours du vingtième siècle: Evolution variétale, données techniques et économiques. Comptes rendus de l’Académie d’agriculture de France 85 (8), 37–59.

Summary

Riassunto

Performance et efficacité de l’azote des variétés de blé suisses du 20 e siècle | Production végétale

Performance and nitrogen efficiency of Swiss wheat varieties of the 20th century The average wheat yield in Switzerland has increased from 13dt/ha in 1850 to 60dt/ha today. The present study investigates the factor variety in this spectacular yield improvement. Yield, yield components and nitrogen efficiency efficacy of seven Swiss wheat varieties released between 1926 and 2003 and the French variety Caphorn (released in 2001) have been studied in standardized plot trials for 2 years and at 2 nitrogen fertilization levels (low nitrogen level and medium extenso level). Grain yield shows a constant increase of about 0.24dt/ ha/year, in direct correlation with the year of release of the varieties. This impressive increase is due to the net increase of the number of grains produced per square meter. However, constant improvement of nitrogen utilization by the plants has strongly contributed to this evolution. Understanding of the evolution at both the morphological and the physiological level will contribute, in future, to breed varieties displaying an even more elevated efficacy of nitrogen utilization. Key words: wheat, breeding, low input agriculture, breeding for undemanding varieties.

▪▪ Le Gouis, J. Béghin D., Heumez E., & Pluchard P., 2000. Genetic differences for nitrogen uptake and nitrogen utilization efficiencies in winter wheat. European Journal Agronomy 12, 163–173. ▪▪ Moll R.-H., Kamprath J. & Jackson W.-A., 1982. Analysis and Interpretation of Factors Which Contribute to Efficiency of Nitrogen Utilization. ­A gronomy Journal 74, 562–564. ▪▪ Schori A., Mascher F. & Fossati D., 2011. Verbesserung des Ertrags, der Standfestigkeit und des spezifischen Gewichts bei Triticale. 61. Tagung der Vereinigung der Pflanzenzüchter und Saatgutkaufleute Österreichs 69–72. ▪▪ Slimane R.-B., 2010. Effets de la septoriose foliaire sur la sénescence et les flux d’azote pendant le remplissage des grains chez le blé tendre. Thèse de doctorat, Institut des Sciences et Industries du Vivant et de l’Environnement (AgroParisTech)-Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), Unité Environnement et Grandes cultures. ▪▪ Sinaj S., Richner W., Flisch R. & Charles R., 2009. Données de base pour la fumure des grandes cultures et des herbages (DBF-GCH 2009). Revue suisse d’Agriculture 41 (1), 98 p. ▪▪ swissgranum, 2011. Rendements moyens utilisables. Accès : http://swissgranum.ch/pdf/5df1_F_Marche_rendements.pdf (Accès: 30 juillet 2011). ▪▪ Trottet M. & Doussinault G., 2002. Analyse du progrès génétique chez le blé tendre au cours du XXe siècle. Le Sélectionneur français 53, 2–18.

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 44–51, 2012

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E c l a i r a g e

Espèces aviaires pour une évaluation ­appro­fondie des risques des pesticides en Suisse Michela Gandolfi et Thomas S. Reichlin, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil Renseignements: Michela Gandolfi, e-mail: michela.gandolfi@acw.admin.ch, tél. +41 44 783 62 70

L’alouette des champs, une espèce typique de la zone agricole. (Photo: Markus Jenny)

Une étude a été menée en 2011 par Agroscope Changins-Wädenswil ACW pour déterminer les espèces aviaires typiques des zones agricoles suisses pouvant se prêter à une évaluation réaliste des risques des pesticides sur les oiseaux en Suisse. Contexte Selon les règles de bonne pratique agricoles, les pesticides (produits phytosanitaires, PPh) ne doivent pas avoir d’impact intolérable sur l’environnement (OPPh 2010). Les entreprises requérantes doivent attester au travers d’un dossier l’innocuité de leurs produits sur les organismes non visés, entre autres sur les oiseaux. Le groupe d’écotoxicologie de la station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW examine les docu-

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Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 52–54, 2012

ments fournis par les entreprises et procède, à l’exemple de l’UE, à une évaluation des risques adaptée aux conditions suisses. L’évaluation des risques pour les oiseaux se déroule en plusieurs étapes. On part tout d’abord du modèle le plus défavorable (worst case), qui suppose qu’une espèce d’oiseau fictive se nourrit exclusivement dans les cultures venant d’être traitées avec un produit donné. Si au cours de cette première étape un risque ne peut être écarté, une analyse plus poussée doit être conduite (EFSA 2009). Pour cela, on a recours à des espèces existant réellement, dites «espèces focales» (traduction de l’anglais focal species), qui sont supposées se trouver effectivement dans les cultures au moment du traitement. Pour ces espèces réelles, des facteurs écologiques


Espèces aviaires pour une évaluation ­a ppro­f ondie des risques des pesticides en Suisse | Eclairage

Tableau 1 | Liste des espèces focales suisses pour toutes les cultures principales

Type de culture

Stade

Sans couverture végétale

Semis

Nourriture

Cultures

Espèce focale

Insectes terrestres

Toutes

Rougequeue noir (printemps) Bruant jaune (automne)

Graines d’adventices

Toutes

Chardonneret (printemps) Linotte (automne)

Vers

Toutes

Grive litorne

Céréales, betterave à sucre, ­colza, légumes

Alouette des champs

Semences Maïs, haricots, pois, tournesol, pommes de terre

Pigeon ramier

Insectes terrestres

Toutes

Bruant jaune

Graines d’adventices

Toutes

Linotte mélodieuse

Plantules

Céréales betterave à sucre, colza, ­légumes, maïs, haricots Pois, tournesol, pommes de terre

Levée Grandes cultures

Insectes

Végétation

Graines d’adventices

Bruant jaune

Céréales, maïs, betterave à sucre, pommes de terre,

Alouette des champs

Haricots, pois, tournesol

Légumes

Arboriculture fruitière

Viticulture

Culture des baies

Tous

Tous

Tous

Pigeon ramier

Toutes

Colza

Après récolte

Alouette des champs

Verdier Caille Pigeon ramier

Céréales, maïs, betterave à sucre, colza, pommes de terre

Bergeronnette grise

Haricots, pois, tournesol

Bruant jaune

Graines d’adventices

Toutes

Verdier

Insectes terrestres

Toutes

Rougequeue à front blanc

Insectes foliaires

Toutes

Mésange bleue

Graines d’adventices

Toutes

Chardonneret

Vers/fruits

Toutes

Grive litorne

Insectes foliaires et terrestres

Toutes

Rougequeue noir

Graines d’adventices

Toutes

Chardonneret

Vers / baies

Toutes

Étourneau sansonnet

Insectes terrestres

Toutes

Bergeronnette grise

Graines d’adventices

Toutes

Verdier

Vers / baies

Toutes

Grive litorne

Insectes foliaires

Seulement arbrisseaux à baies

Mésange bleue

Fleurs et arbrisseaux

Grive litorne

Prairies

Bergeronnette grise

Seulement fleurs et arbrisseaux

Mésange bleue

Fleurs et arbrisseaux

Verdier

Prairies

Chardonneret

Toutes

Grive litorne

Insectes

Insectes terrestres Plantes d’ornement

Tous

Insectes foliaires Graines d’adventices Vers

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 52–54, 2012

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Eclairage | Espèces aviaires pour une évaluation ­a ppro­f ondie des risques des pesticides en Suisse

et biologiques, comme l’utilisation de l’habitat et le comportement alimentaire, peuvent être utilisés pour évaluer de façon plus réaliste l’exposition aux PPh. Méthode de détermination des espèces focales Les espèces focales de Suisse ont été déterminées à partir d’observations sur le terrain effectuées en Suisse, de nombreux ouvrages ornithologiques suisses (Baur et al. 2005; Maumary et al. 2007; OFEV et OFAG 2008; Schmid et al. 1998; www.vogelwarte.ch) et avec la collaboration de spécialistes. Les espèces aviaires entrant en ligne de compte pour les principales cultures de Suisse ont été examinées indépendamment par le groupe d’écotoxicologie et deux ornithologues, dans le but de savoir si elles conviendraient comme espèces focales. Les critères suivants ont été retenus: ••association étroite avec la culture; ••abondance de la population dans la culture; ••ingestion d’une grande quantité de nourriture par rapport à la masse corporelle. Pour l’ensemble des cultures de Suisse et leurs différents stades de croissance, deux à quatre espèces focales ayant différentes préférences alimentaires ont été définies. Les évaluations des divers experts se recoupaient généralement. Les différences ont été passées en revue une à une et harmonisées. Espèces focales suisses et leur utilité Les espèces focales déterminées (tabl. 1) pourraient être utilisées à l’avenir pour une évaluation spécifique et assez réaliste des risques que les PPh pourraient faire courir aux oiseaux de Suisse. Les deux exemples ci-après permettent d’expliquer d’une part les réflexions qui ont été déterminantes pour le choix des espèces focales, et d’autre part l’importance de ces dernières. Le rougequeue noir dans le vignoble Le rougequeue noir est une espèce très commune (500 000 couples nicheurs) et répandue dans toute la Suisse. On la rencontre fréquemment dans les vignes, où elle trouve facilement de quoi se nourrir. Compte tenu de son faible poids (13 g), l’oiseau est obligé, comparativement aux plus grandes espèces, de consommer plus d’insectes par rapport à sa masse corporelle afin de couvrir ses besoins alimentaires et énergétiques quotidiens. Si une vigne est traitée avec des PPh, le rougequeue ingère proportionnellement plus de PPh en consommant des insectes contaminés que les espèces d’oiseaux de plus grande taille. Il est donc beaucoup plus touché par le traitement. Si les risques sont considérés comme

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Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 52–54, 2012

acceptables pour le rougequeue, il est donc fort probable que les autres espèces d’oiseaux insectivores vivant dans les vignes ne sont pas non plus menacées. Le rougequeue noir est donc considéré comme une espèce focale insectivore de la vigne. L’alouette des champs dans les cultures de céréales L’alouette des champs est une espèce d’oiseau typique de la zone agricole. Bien qu’elle soit moyennement fréquente en Suisse (50 000 couples nicheurs), elle est cependant largement répandue et est inféodée aux champs de céréales et autres grandes cultures. Dans les champs de céréales, l’alouette peut entrer en contact de diverses manières et à des moments différents avec un PPh, notamment: i) en ingérant des semences traitées après les semis, ii) en consommant des plantules traitées après la levée et iii) en consommant des graines d’adventices contaminées poussant au milieu des céréales. L’alouette des champs est donc considérée comme espèce focale granivore en champs de céréales. Les détails méthodologiques et autres informations sont disponibles chez l'auteure. n

Remerciements

Un grand merci aux ornithologues Simon Birrer de la Station ornithologique suisse et Michael Schaad de l’Aspo/BirdLife pour leur précieuse collaboration.

Bibliographie ▪▪ Bauer H.-G., Bezzel E. & Fiedler W., 2005. Kompendium der Vögel Mitteleuropas Band I. Aula Verlag. 808 p. ▪▪ EFSA, 2009. Guidance Document on Risk Assessment for Birds & Mammals. EFSA Journal 7 (12),1438. ▪▪ Maumary L., Vallotton L. & Knaus P., 2007. Les oiseaux de Suisse. Station ornithologique, Sempach, et Nos Oiseaux, Montmollin. 848 p. ▪▪ OFEV et OFAG, 2008. Objectifs environnementaux pour l’agriculture. Connaissance de l’Environnement n° 0820. OFEV, Berne. ▪▪ Ordonnance du 12 mai 2010 sur la mise en circulation des produits phytosanitaires (Ordonnance sur les produits phytosanitaires, OPPh). ▪▪ Schmid H., Luder R., Naef-Daenzer R., Graf R. & Zbinden N., 1998. Atlas des oiseaux nicheurs de Suisse: Distribution des oiseaux nicheurs en Suisse et au Liechtenstein 1993–1996. Station ornithologique de Sempach. ▪▪ www.vogelwarte.ch.


E c l a i r a g e

Rentabilité de la production de viande de lapin Gregor Albisser Vögeli et Markus Lips, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen Renseignements: Markus Lips, e-mail: markus.lips@art.admin.ch, tél. +41 52 368 31 85

Seul un tiers de la quantité totale de viande de lapin consommée est d’origine suisse. (Photo: H. R. Kyburz Vieh und Fleisch SA)

Un calcul des coûts complets a été établi pour évaluer la rentabilité de la production de viande de lapin. Les coûts de revient sont de CHF 14,23 par kg de poids à l’abattage pour des recettes de CHF 12,25. La perte qui résulte de ce calcul se traduit par un salaire horaire d’à peine CHF 14.– et non de CHF 28.– comme pris en compte dans le calcul de base.

Sur une consommation totale de 1866 tonnes de viande de lapin en 2009, seuls 35 % (645 tonnes) provenaient de Suisse (Office fédéral de la statistique 2011). Pour répondre à la demande, la production indigène pourrait être probablement étendue et constituer une branche de production intéressante pour plusieurs exploitations agricoles. Afin d’évaluer la rentabilité de cette produc-

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 55–57, 2012

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Eclairage | Rentabilité de la production de viande de lapin

tion de niche, les rendements (recettes) et les coûts de revient ont été évalués à partir de calculs des coûts complets, pour l’élevage et l’engraissement de lapins. Cinq exploitations analysées L’étude repose sur cinq exploitations agricoles pratiquant la production de lapins. Toutes les exploitations font partie de l’«Intégration Kyburz» de la société H. R. Kyburz Vieh und Fleisch SA. Elles détenaient initialement des vaches laitières ou des porcs. Au lieu d’effectuer les rénovations devenues nécessaires dans leurs étables, mais qui n’étaient plus rentables, les exploitations ont décidé de se convertir à la garde de lapins. Ce choix était donc premièrement motivé par la volonté de continuer à utiliser les anciens bâtiments. Outre la production de lapins, toutes les exploitations étudiées pratiquent également les grandes cultures. Trois des cinq exploitations pratiquent aussi bien l’élevage que l’engraissement de lapins. Un producteur ne s’adonne qu’à l’élevage, et un autre qu’à l’engraissement. On dispose dès lors de quatre résultats par branche de production, lesquels reflètent des formes de détention très diverses. Dans l’élevage, le nombre de lapines oscille entre 42 et 400. Les deux plus petits éleveurs pratiquent l’élevage individuel, tandis que dans les exploitations plus importantes les lapines sont détenues en groupes. Dans l’engraissement, la fourchette va de 1400 à 5400 lapins d’engraissement par an, sachant que les quatre branches de production remplissent les exigences SST (système de stabulation particulièrement respectueux des animaux). Calcul des coûts complets Les calculs des coûts complets ont été établis séparément pour les branches de production élevage et engraissement. Ensuite les valeurs moyennes sont calculées pour les deux branches. Le kilogramme de poids à l’abattage de la viande de lapin a servi de valeur de référence, dans l’hypothèse que chaque animal (jeune) atteint un poids de 1,5 kg à l’abattage. Pour limiter les influences spécifiques à chaque exploitation dans l’élevage de lapins, les calculs ne se sont pas basés sur le nombre effectif de petits par lapine et par an, mais sur des valeurs empiriques de plusieurs années (45 petits pour l’élevage individuel et 40 pour l’élevage en groupes). Pour les recettes, les contributions SST ont été calculées à partir des effectifs animaux. Les autres recettes ainsi que les coûts spécifiques pour les aliments pour lapin, la litière, le vétérinaire et les médicaments proviennent des comptabilités des exploitations interrogées. Les coûts du foin produit sur l’exploitation sont évalués au prix du marché (Agridea 2010). Les coûts du rem-

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placement des animaux d’élevage reposent sur une expertise de Michael Notter de l’«Intégration Kyburz». La répartition des coûts dans les exploitations qui pratiquent à la fois l’élevage et l’engraissement repose également sur des expertises. Pour les équipements d’étables, la durée d’amortissement supposée à partir de l’investissement est de cinq ans. Les coûts des bâtiments ont été calculés sur la base d’un bâtiment neuf (construction en bois avec isolation sur dalle en béton) avec un racleur d’évacuation pour le fumier et une fosse à lisier ainsi qu’un silo à aliment d’une taille correspondante. Les calculs sont basés sur des coûts de construction de CHF 255.– par m3 et une durée d’utilisation de 30 ans. Tandis qu’une lapine (et ses petits) ont besoin de 1,8 m3 en élevage individuel, l’espace nécessaire pour une lapine en élevage en groupe est de 3,9 m3, soit plus du double. L’espace nécessaire par place d’engraissement en revanche n’est que de 0,5 m3. Dans l’élevage de lapins, le taux d’occupation du bâtiment varie suivant la saison et est inférieur de 25 % en été, ce qui est pris en compte dans les coûts liés aux bâtiments. Le taux d’intérêt du capital engagé est de 3,75 % et le salaire horaire appliqué de CHF 28.– (Gazzarin et Albisser 2010). Les coûts de main-d’œuvre reposent sur les estimations de chefs d’exploitations consultés par rapport à leur temps de travail. Les coûts de l’énergie électrique, de l’eau et du téléphone sont issus de l’enquête réalisée auprès des chefs d’exploitation interrogés. Les coûts des assurances (bâtiments), la part pour la voiture et les frais généraux d’exploitation ont été estimés sur la base des données comptables (Dux et Schmid 2010) ainsi que sur des expertises.

Résultats Le tableau 1 présente les valeurs moyennes de l’élevage et de l’engraissement des quatre branches de production, ainsi que les coûts de production qui en résultent et les coûts totaux de la production de lapins. Toutes les données se rapportent à un kg de poids de viande de lapin à l’abattage. Mis à part le produit des lapins d’élevage de réforme, les recettes proviennent de la vente de lapins d’élevage et des contributions SST. Les recettes moyennes obtenues au total s’élèvent à CHF 12,25 par kg de poids à l’abattage. Les coûts par kg de poids à l’abattage sont de CHF 6,75 pour l’élevage et de CHF 7,48 pour l’engraissement, soit un coût total de CHF 14,23. Compte tenu des recettes, la perte est de près de CHF 2.– par kg de poids à l’abattage. Cette perte montre que le salaire horaire de CHF 28.– utilisé pour le calcul n’est pas atteint. La valorisation du travail investi est donc en moyenne à


Rentabilité de la production de viande de lapin | Eclairage

Tableau 1 | Calcul des coûts complets de l’élevage et de l’engraissement en CHF par kg de poids de viande de lapin à l’abattage Branche de production Produit des lapins d’élevage réformés

Elevage

Engraissement

0,01

Production de lapins

Part des coûts totaux

0,01

Produits des lapins d’engraissement

11,85

11,85

Contribution SST

0,39

0,39

Total des rendements

0,01

12,24

12,25

Aliment

1,69

3,72

5,41

38 %

Litière

0,06

0,11

0,17

1 %

Remplacement des animaux d’élevage

0,3

0,3

2 %

Vétérinaire et médicaments

0,1

0,08

0,18

1 %

Total des coûts spécifiques

2,15

3,91

6,06

43 %

Installation

0,83

0,67

1,5

11 %

Bâtiment

0,49

0,56

1,05

7 %

Intérêt du capital engagé

0,46

0,28

0,74

5 %

Main-d’œuvre

2,67

1,52

4,19

29 %

Autres coûts d’exploitation (y compris électricité, eau, assu-rances, part auto)

0,15

0,54

0,69

5 %

Total des coûts

6,75

7,48

14,23

100 %

peine de CHF 14.–, l’hypothèse étant que 0,15 heure de main-d’œuvre sont nécessaires par kg de poids à l’abattage – 0,1 heure pour l’élevage et 0,05 heure pour l’engraissement. Si l’on considère la structure des coûts de la production totale des lapins, l’importance du coût des aliments (38 %) et du travail (29 %) est flagrante, puisqu’ils représentent deux tiers des coûts (67 %). Les installations (11 %) et les bâtiments (7 %) sont également significatifs, avec près de 20 % en totalité.

les coûts de main-d’œuvre diminuent plus la taille de l’effectif augmente (Albisser et Lips 2011). Le management est un autre point sur lequel il est possible d’intervenir, par exemple en augmentant le nombre de petits par lapine, de manière à mieux répartir les coûts. A noter que les cinq exploitations analysées représentent un petit échantillon et que, par conséquent, les effets spécifiques à chaque exploitation ont un n gros impact.

Conclusions Le bilan des recettes et des coûts montre clairement que le salaire horaire cible de CHF 28.– est loin d’être atteint dans la production de viande de lapin. Rappelons également que les exigences requises pour les chefs d’exploitation sont très élevées et qu’il existe un risque de pertes de production à cause des agents pathogènes. Par conséquent, la production de lapins est pour l’instant peu attrayante et n’incite pas à s’y convertir. On peut se demander comment améliorer la rentabilité de cette branche de production. Si l’on part de la structure des coûts, on constate que la main-d’œuvre est centrale. La comparaison d’exploitations de différentes tailles montre que, notamment dans l’élevage,

Bibliographie ▪▪ Agridea, 2010. Preiskatalog, Ausgabe 2010. Agridea, Lindau. ▪▪ Albisser G. & Lips M., 2011. Vollkostenrechnung für Kaninchenfleisch, Schlussbericht, Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen. ▪▪ Office fédéral de la statistique, 2011. Encyclopédie statistique de la ­Suisse: bilan de la viande 2009, Neuchâtel. Accès: http://www.bfs.admin. ch/bfs/portal/de/index/themen/07/22/lexi.Document.21051.xls [13 mai 2011] ▪▪ Dux D. & Schmid D., 2010. Rapport de base 2009. Dépouillement centralisé des données comptables, Station de recherche Agroscope ReckenholzTänikon ART, Ettenhausen. ▪▪ Gazzarin Ch. & Albisser G., 2010. Coûts-machines 2010. Rapport ART 733. Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen.

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P o r t r a i t

Stefan Rieder: élevage et génétique du cheval «Lorsque je fais du cheval avec mes deux garçons, nous prenons une à deux juments non portantes et nous alternons les montures, entre vélo et cheval.» Sur le Mont Vully avec vue sur les Alpes, le Jura et le Plateau: c’est là que Stefan Rieder et sa famille ont acheté, il y a plusieurs années, une maison qu’il rénove lui-même progressivement. «Nous avons de la place pour notre ménagerie», déclare Stefan Rieder pour justifier le choix du site. Mais quiconque sait que les vignes et l’élevage de chevaux caractérisent le paysage des environs du «Haras» d’Avenches près du lac de Morat, sait d‘avance ce qui peut y attirer les amoureux des chevaux. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que cet ancien professeur de génétique animale et de sciences équines à la HESA* soit venu s’installer dans la région, même avant d’être nommé responsable du département de recherche Haras national à Agroscope en 2011. Le cheval, force motrice Après avoir terminé un apprentissage de commerce, Stefan Rieder s’est toujours consacré aux thèmes du cheval et de l’élevage animal. Il a d’abord travaillé dans des fermes en Amérique du Sud, puis il a parcouru l’Europe à cheval. Cet animal et la culture qui s’y rattache l’ont toujours fasciné, lui qui, bien qu’ayant des racines rurales, a grandi dans la région de Berne. Ayant échappé au travail de bureau, il se consacre à fond à ce domaine. Durant ses études d’agronomie à l’EPF de Zurich, un de ses travaux semestriels portait déjà sur la question des mélanomes chez les chevaux. Il a posé ainsi des jalons qui lui ont servi jusqu’à sa thèse de doctorat, puis son postdoc réalisé à l‘INRA en France. En 2003, sa vocation a entraîné à la HESA*, où Stefan Rieder a principalement mis en place une équipe de cinq à dix personnes, financée entre autres par des fonds externes et travaillant dans le domaine de la protection des animaux. Il a également participé à la création du cursus sur les sciences équines. Du cheval aux abeilles «En Suisse, comme à l’étranger, je me suis toujours particulièrement intéressé au cheval dans le contexte agricole. En outre, l’élevage et la génétique sont deux domaines qui me tiennent particulièrement à cœur. C’est pourquoi dans mes nouvelles fonctions, l’enjeu consiste pour moi à donner au Haras la place qui lui revient dans le monde de la recherche agricole», déclare-t-il. C’est également valable pour les domaines qui jusqu’ici

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Stefan Rieder, le nouveau responsable du département de ­recherche Haras national, est également responsable de ­ la recherche sur les abeilles à Agroscope. (Photo: ART)

n’étaient pas directement rattachés à un centre de recherche. Un enjeu que vient compléter le département de recherche sur les abeilles. Selon Rieder, la distance entre la recherche sur les chevaux et celle sur les abeilles est moins grande que l’on ne croit. «Dans les deux domaines, il s‘agit d’un vaste système de milice ayant un impact sur l’agriculture et la biodiversité. » Sur ce plan, le département de recherche Chevaux et abeilles peut, grâce à des expertises neutres et ciblées, répondre à la demande de marchés très hétérogènes composés d‘amateurs et de spécialistes. Etel Keller-Doroszlai, Station de recherche Agroscope ReckenholzTänikon ART, 8356 Ettenhausen

*

Depuis janvier 2012, la Haute école suisse d’agronomie HESA a changé de nom pour s’appeler Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL (Hochschule für Agrar-, Forst- und Lebensmittelwissenschaften).


A c t u a l i t é s

Actualités Nouveau Département des sciences des systèmes environnementaux à l’EPFZ – Fusion des sciences agronomiques et des sciences environnementales La direction de l’EPF Zurich a décidé de dissoudre le Département d’agronomie et des sciences alimentaires (D-AGRL) et d’intégrer les deux entités, sciences alimentaires et agronomie, dans deux nouveaux départements dès le 1er janvier 2012. L’Institut des sciences agronomiques (IAS) et celui des sciences environnementales ­formeront ensemble le Département des sciences des systèmes environnementaux (D-USYS). L’Institut des sciences alimentaires, nutritionnelles et de la santé fusionnera avec celui des sciences du mouvement dans un nouveau Département de la santé et de la technologie (D-HEST). Pour les sciences agronomiques, en fonction depuis près de 150 ans, cette fusion marque l’entrée dans une nouvelle phase. L’agriculture durable, postulat fondamental de la sécurité alimentaire mondiale, devient ainsi l’une des priorités de la recherche à l’EPFZ. Cette nouvelle orientation correspond aux défis futurs que l’humanité sera amenée à relever. La barre des 7 milliards d’habitants a été franchie. Sans une intensification durable de la production tenant compte de la préservation des ressources naturelles, l’approvisionnement de la planète en denrées alimentaires ne peut être garanti. Les défis à relever sont multiples et comportent diverses facettes, élevant ainsi le niveau de complexité. La clé pour une recherche efficace et prospère réside dans une collaboration étroite entre les différentes disciplines des systèmes environnementaux. La nouvelle structure D-USYS réunit les compétences des Instituts des sciences agronomiques (IAS), des sciences de l’atmosphère et du climat (IAC), de la biogéochimie et de la dynamique des polluants (IBP), de la biologie intégrative (IBZ), des Ecosystèmes terrestres (ITES), des décisions environnementales (IED) sous un même et unique toit et définit, tout en liant utilisation et protection de l’environnement, cinq thèmes principaux qui seront au centre des activités scientifiques futures: ••Prestations des systèmes environnementaux: les systèmes environnementaux intacts remplissent de multiples fonctions et fournissent des prestations. La préservation des capacités fonctionnelles doit être assurée.

••Rareté des ressources: l’utilisation rationnelle et efficace des ressources non renouvelables devient une tâche urgente, afin de réduire la pression sur les écosystèmes. ••Sécurité alimentaire: une population croissante avec de nouvelles habitudes alimentaires défie la pérennité de la production alimentaire mondiale et requiert le développement de systèmes de production et de distribution solides et durables. ••Changements climatiques: les modifications climatiques sont des phénomènes complexes qui restent partiellement compris. Les émissions de CO2 et la protection du climat nécessitent des solutions techniques, écologiques et socio-économiques, basées sur des modèles climatiques performants. ••Environnement et santé: les changements climatiques influencent la santé de l’homme, du monde animal et végétal et exigent des programmes de recherche dans les domaines des polluants et des maladies infectieuses et misant sur des progrès en biologie moléculaire, en génétique et en immunologie. Par les relations existantes entre les institutions fédérales de recherches, telles que l’EAWAG, le WSL ou encore Agroscope et ses propres instituts de recherche, le nouveau département est idéalement situé dans l’environnement suisse. Les liens actuels avec les sciences alimentaires seront également cristallisés dans la récente création d’un centre de compétences World Food System (WFS). La restructuration et la mise en commun des forces crée d’une part des opportunités pour les chercheurs et les étudiants et d’autre part des synergies essentielles contribuant à relever les défis de la sécurité alimentaire mondiale. Jörg Beck, ETH Zurich

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Actualités

La HESA change de nom et de régie en 2012 La Haute école suisse d’agronomie HESA de Zollikofen a changé de nom: depuis janvier 2012, elle s’appelle Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL – «Hochschule für Agrar-, Forst- und Lebensmittelwissenschaften»). Elle n’est désormais plus régie par le concordat réunissant tous les cantons suisses et le Liechtenstein, mais uniquement par le canton de Berne. Depuis l’entrée en vigueur de la Loi fédérale sur les hautes écoles spécialisées, la plupart des HES sont régies par le canton où elles ont leur siège. Ceci est maintenant aussi le cas de la HESA. Rattachée administrativement à la Haute école spécialisée bernoise (HESB) depuis plus de dix ans, elle en est désormais un département à part entière. Cette nouvelle structure nécessite une nouvelle appellation: la Haute école suisse d’agronomie a été rebaptisée Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires.

AgRAR foRSchung Schweiz RecheRche AgRonomique SuiSSe

Par rapport à l’ancienne appellation, le nouveau nom indique plus clairement que les prestations et l’orientation de la haute école ne se limitent pas à l’agronomie, mais englobent aussi la foresterie et la technologie alimentaire. L’emballage change, mais pas le contenu La Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires jouera le même rôle dans le système éducatif suisse. De même, ses prestations et son orientation ne changeront pas. Elle continuera de mener à l’échelle nationale et internationale ses différentes activités d’enseignement, de recherche, de services et de formation continue dans les trois domaines spécialisés. Gaby Allheilig, Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL)

Informations actuelles de la recherche pour le conseil et la pratique: Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois par année et informe sur les avancées en production végétale, production animale, économie agraire, techniques agricoles, denrées alimentaires, environnement et société. Recherche Agronomique Suisse est également disponible on-line sous www.rechercheagronomiquesuisse.ch

VEAU

NOU

Commandez un numéro gratuit! Nom / Société Recherche Agronomique Suisse/ Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Les partenaires sont l’office fédéral de l’agriculture ofAg, la haute école suisse d’agronomie de zollikofen heSA, AgRiDeA Lausanne & Lindau et l’ecole polytechnique fédérale de zurich eTh zürich, Department of agricultural and foodscience. Agroscope est l’éditeur. cette publication paraît en allemand et en français. elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

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Prénom Rue/N° Code postal / Ville Profession E-Mail Date Signature Talon réponse à envoyer à : Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch www.rechercheagronomiquesuisse.ch

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Actualités

Nouvelles publications

Rapport ART 745

Emissions d’ammoniac dans les stabulations libres de vaches laitières avec aire d’exercice extérieure: moins de pertes en hiver Mai 2011

Les émissions d’ammoniac (NH3) ont été déterminées pour les stabulations libres de vaches laitières avec ventilation naturelle, surfaces de circulation en dur et aire d’exercice exté­ rieure typiques de la Suisse. (Photo: ART) Autrices et auteurs Sabine Schrade, Margret Keck, ART Kerstin Zeyer, Lukas Emmenegger, Empa. sabine.schrade@art.admin.ch Impressum Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction: ART

Les stabulations libres représentent d’importantes sources d’émissions d’ammoniac. Jusqu’à présent aucune donnée n’était disponible sur les émissions des stabulations libres à logettes avec aire d’exercice extérieure, qui sont fréquemment répandues en Suisse. La station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et l‘Empa ont calculé les émissions d’ammoniac du système de détention stabulation libre à logettes avec surfaces de circulation en dur et aire d’exercice extérieure attenante pour vaches laitières. Les mesures ont été effectuées dans six exploitations et réparties sur toute l’année. Elles ont ainsi permis de couvrir les différences liées aux saisons et aux exploitations. Afin de décrire chaque situation de mesure, plusieurs données ont été relevées: des données relatives à l’exploitation, au climat, à la saleté des surfaces de circulation, au lieu de séjour des animaux ainsi que des données sur l’input, les émissions et la valorisation de l‘azote. Les moyennes journalières des émissions d’azote variaient

en été de 31 à 67 g par unité gros bétail (1 UGB = 500 kg poids vif) et jour (d). Pendant la période de transition, elles variaient de 16 à 44 g/UGB·d et en hiver de 6 à 23 g/ UGB·d. L’émission d’ammoniac est liée à la température extérieure, à la vitesse du vent et à la teneur en urée du lait conservé dans le tank: lorsque les températures et les vitesses du vent sont élevées, les émissions d’ammoniac sont nettement plus importantes. La quantité d’azote contenue dans les excréments est également décisive. La teneur du lait en urée donne des informations à ce propos. Ces paramètres sont à l’origine des objectifs de réduction qui prônent une alimentation équilibrée et conforme aux besoins des animaux et qui concernent aussi les aspects du climat d’étable. Avec un avant-toit, une protection contre le vent et le soleil, il est possible de réduire la température et la vitesse du vent et par conséquent, les émissions d’ammoniac. D’autres mesures portent sur la taille des surfaces de circulation souillée, la fréquence et la qualité du nettoyage.

Emissions d’ammoniac dans les stabulations libres de vaches laitières avec aire d’exercice ­extérieure: moins de pertes en hiver

Rapport ART 745 Les stabulations libres représentent d’importantes sources d’émissions d’ammoniac. Jusqu’à présent aucune donnée n’était disponible sur les émissions des stabulations libres à logettes avec aire d’exercice extérieure, qui sont fréquemment répandues en Suisse. La station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et l‘Empa ont calculé les émissions d’ammoniac du système de détention stabulation libre à logettes avec surfaces de circulation en dur et aire d’exercice extérieure attenante pour vaches laitières. Les mesures ont été effectuées dans six exploitations et réparties sur toute l’année. Elles ont ainsi permis de couvrir les différences liées aux saisons et aux exploitations. Afin de décrire chaque situation de mesure, plusieurs données ont été relevées: des données relatives à l’exploitation, au climat, à la saleté des surfaces de circulation, au lieu de séjour des animaux ainsi que des données sur l’input, les émissions et la valorisation de l‘azote. Les moyennes journalières des émissions d’azote vari­aient en été de 31 à 67 g par unité gros bétail (1 UGB = 500 kg poids vif) et jour (d). Pendant la période de transition, elles variaient de 16 à 44 g/UGB·d et en hiver de 6 à 23 g/UGB·d. L’émission d’ammoniac est liée à la température extérieure, à la vitesse du vent et à la teneur en urée du lait conservé dans le tank: lorsque les températures et les vitesses du vent sont élevées, les émissions d’ammoniac sont nettement plus importantes. La quantité d’azote contenue dans les excréments est également décisive. La teneur du lait en urée donne des informations à ce propos. Ces paramètres sont à l’origine des objectifs de réduction qui prônent une alimentation équilibrée et conforme aux besoins des animaux et qui concernent aussi les aspects du climat d’étable. Avec un avant-toit, une protection contre le vent et le soleil, il est possible de réduire la température et la vitesse du vent et par conséquent, les émissions d’ammoniac. D’autres mesures portent sur la taille des surfaces de circulation souillée, la fréquence et la qualité du nettoyage. Sabine Schrade et Margret Keck, ART Kerstin Zeyer et Lukas Emmenegger, Empa Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch ISSN 1661-7576

Coûts-machines 2011

Rapport ART 747

Coûts-machines 2011 Avec les coûts des parties du bâtiment et des installations mécaniques

Septembre 2011

Auteur Christian Gazzarin, ART christian.gazzarin@art.admin.ch Impressum Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction: ART Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch

La nouvelle répartition des tracteurs permet d’établir des configurations individuelles avec les équipements supplémentaires. (Photos: Christian Gazzarin, ART).

La présente compilation de données contient des bases et des valeurs indicatives pour l’indemnisation des machines agricoles utilisées en commun. Les tarifs d’indemnisation ont un caractère purement indicatif. Ce sont des valeurs calculées qui permettent d‘utiliser la machine en couvrant les coûts dans le cadre des hypothèses admises. Les rendements se réfèrent uniquement au temps de travail effectif au champ; par conséquent, les temps de panne, de préparation et de trajet ne sont

pas pris en compte (sauf pour les véhicules de transport). Les tarifs d’indemnisation s’appliquent par séquence de travail. Les coûts de carburant sont compris. Pour le calcul des coûts dans les cas particuliers, les hypothèses doivent être adaptées à la situation concrète de l’exploitation. Dans la pratique, les tarifs d’indemnisation effectivement en vigueur sont en outre soumis à la loi de l’offre et de la demande, de sorte qu’ils divergent plus ou moins des tarifs ART.

ISSN 1661-7576

Rapport ART 747 La présente compilation de données contient des bases et des valeurs indicatives pour l’indemnisation des machines agricoles utilisées en commun. Les tarifs d’indemnisation ont un caractère purement indicatif. Ce sont des valeurs calculées qui permettent d‘utiliser la machine en couvrant les coûts dans le cadre des hypothèses admises. Les rendements se réfèrent uniquement au temps de travail effectif au champ; par conséquent, les temps de panne, de préparation et de trajet ne sont pas pris en compte (sauf pour les véhicules de transport). Les tarifs d’indemnisation s’appliquent par séquence de travail. Les coûts de carburant sont compris. Pour le calcul des coûts dans les cas particuliers, les hypothèses doivent être adaptées à la situation concrète de l’exploitation. Dans la pratique, les tarifs d’indemnisation effectivement en vigueur sont en outre soumis à la loi de l’offre et de la demande, de sorte qu’ils divergent plus ou moins des tarifs ART. Christian Gazzarin, ART

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Actualités

M C oem d ime un nmi iqtut e é isl ud ne gperne s s e

www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen www.agroscope.admin.ch/communiques 19.12.2011 / ACW Entrez dans la ronde aromatique des pommes! Le monde des arômes est tellement vaste qu’un «GPS» est nécessaire pour s'y orienter. La Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW a mis au point dans ce but une première roue des arômes pour les pommes, qui fonctionne sur le même principe que celle du vin. Les informations qu’elle fournit aident les consommateurs à choisir plus précisément parmi les variétés et donnent aux spécialistes l’outil adéquat pour les dégustations professionnelles.

15.12.2011 / ACW Des semences de pomme de terre in vitro à récolter en boîte de culture «Agrobox» Désormais les pommes de terre poussent aussi en boîtes et produisent des tubercules de la même manière que celles qui sont produites en terre. Les travaux de recherche conduits à la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW en biotechnologie ont abouti à la fabrication d’un conteneur de culture permettant de produire tout au long de l’année des pommes de terre de haute qualité sanitaire.

08.12.2011 / ACW Un diagnostic accéléré pour les agents pathogènes Le consommateur associe inconditionnellement les fruits et légumes à l’image de fraîcheur et de santé. Pour maintenir cette confiance, les laboratoires doivent pouvoir identifier de façon fiable les germes pathogènes. Afin d’accélérer ce processus, la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW a mis au point une nouvelle méthode en collaboration avec le Functional Genomics Center Zurich (FGCZ) et propose un test simple pour diagnostiquer les bactéries et les champignons pathogènes. ACW contribue ainsi à garantir la sécurité alimentaire des fruits et légumes.

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06.12.2011 / ALP-Haras Les yogourts moins sucrés et moins aromatisés ont les faveurs des consommateurs et des consommatrices Les consommateurs apprécient un yogourt moins sucré et moins aromatisé. C’est ce qui ressort d’une enquête réalisée par Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras auprès du grand public.

28.11.2011 / ACW Faire bronzer des légumes pour soigner ses pieds L'application de rayonnements ultraviolets sur des plantes permet de stimuler la production d’un grand nombre de nouvelles molécules présentant des activités biologiques intéressantes, tant pour l’agronomie que pour la médecine. La technique développée par la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW permet de revisiter la diversité des espèces végétales autochtones connues depuis des siècles pour y découvrir des propriétés biologiques jusque là insoupçonnées, par exemple contre des mycoses résistantes aux traitements pharmaceutiques classiques.


Actualités

Manifestations

Liens Internet

2012: Année de l'énergie durable pour tous

Janvier 2012

www.unesco.ch

12. – 15.01.2012 Agroscope à Swiss’Expo 2012 Stations de recherche Agroscope ACW, ALP-Haras et ART Lausanne

L'Assemblée générale des Nations Unies a proclamé 2012 Année internationale de l'énergie durable pour tous. Les découvertes de pétrole atteindront leur maximum au cours des 20 prochaines années. Les énergies renouvelables auront le rôle essentiel de placer le monde sur une trajectoire énergétique plus sûre, plus fiable et plus durable. Le potentiel est incontestablement vaste, mais le rythme auquel la contribution de ces ressources augmentera pour répondre aux besoins énergétiques mondiaux n’est pas encore décidé.

Dans le prochain numéro

21.01.2012 Journée d`information HAFL Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL Zollikofen Informations: www.hafl.bfh.ch 24.01.2012 Journée suisse de l’arboriculture 2012 Agroscope Changins-Wädenswil ACW Martigny, Agrovina

Février 2012 / Numéro 2 La fièvre du lait est la maladie la plus fréquente et la plus importante du point de vue économique chez les vaches à haute performance après vêlage. Des chercheurs d’Agroscope ALP-Haras ont étudié si les paramètres acido-basiques dans l’urine des vaches avant vêlage permettaient d’informer de manière prédictive sur le risque de fièvre du lait.

••Indicateurs urinaires du statut acido-basique pour la prédiction de la fièvre du lait chez la vache laitière, Michel Rérat et Hans Dieter Hess, ALP-Haras ••Efficacité de la surface fourragère en système laitier dans le canton de Fribourg, Lucie Winckler et al., HAFL ••Réaction à la fumure azotée de nouvelles variétés de pommes de terre admises à la liste officielle, Thomas Hebeisen et al., ART et ACW ••Variétés, densité de semis et fumure azotée sur orge d'automne, Raphaël Charles et al., ACW ••Attractivité des prairies extensives pour les prédateurs des pucerons, Lisa Eggenschwiler et al., ART ••Plus de surfaces de compensation écologique et de meilleure qualité grâce au conseil, Véronique Chevillat et al., FiBL, Station ornithologique suisse et Agrofutura ••La Banque de données suisse des aliments pour animaux www.feedbase.ch, Monika Boltshauser, ALP-Haras ••Listes recommandées des variétés de soja, tournesol, pois protéagineux et maïs pour la récolte 2012

26.01.2012 ART-Tagung 2012 Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon Février 2012 03.02.2012 Journée Agriculture 2012 Agroscope Changins-Wädenswil ACW ACW, Changins Aula 23. – 26.02.2012 Agroscope à Tier & Technik 2012 Agroscope ACW, ALP-Haras et ART St. Gallen Mars 2012 13. – 14.03.2012 18. Arbeitswissenschaftliches Kolloquium Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon Mai 2012 09. – 10.05.2012 Landtechnik im Alpenraum Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Feldkrich, Autriche

Informationen: Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen www.agroscope.admin.ch/manifestations

Recherche Agronomique Suisse 3 (1): 59–63, 2012

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