Recherche Agronomique Suisse, numéro 3, mars 2015

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RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE 2 0 1 5

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N u m é r o

3

Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich | FiBL

M a r s

Production végétale Evaluation de deux méthodes pour optimiser la fertilisation azotée des grandes cultures Page 84 Production animale Bien-être animal dans l’engraissement bovin: outils d’évaluation on-farm Page 102 Société Nouvelle politique agricole – le point de vue des agriculteurs et des spécialistes Page 110


Sommaire Mars 2015 | Numéro 3 Deux méthodes sont utilisées en Suisse pour optimiser la ­fumure azotée des grandes cultures: la méthode des normes corrigées et la ­méthode Nmin. Agroscope a évalué ces deux méthodes à partir d’essais de fertilisation azotée pour une large gamme de grandes cultures et de conditions pédo­ climatiques. (Photo: Carole Parodi, Agroscope)

83 Editorial 84

Production végétale

E valuation de deux méthodes pour optimiser la fertilisation azotée des grandes cultures Alexandra Maltas et al.

Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées. Editeur Agroscope Partenaires bA groscope (Institut des sciences en production végétale IPV; Institut des sciences en p­ roduction animale IPA; Institut des sciences en denrées alimentaires IDA; Institut des ­s ciences en durabilité agronomique IDU), www.agroscope.ch b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.ofag.ch b Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.ch b Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.ch b E cole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.ch b Institut de recherche de l'agriculture biologique FiBL, www.fibl.org Rédaction Direction et rédaction germanophone Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Agroscope, case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 58 466 72 21, fax +41 58 466 73 00 Rédaction francophone Sibylle Willi, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Agroscope, case postale 1012, 1260 Nyon 1, tél. +41 58 460 41 57 Suppléance Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Agroscope, case postale 1012, 1260 Nyon 1, tél. +41 58 460 41 82 e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Responsable Corporate Communication Agroscope), Evelyne Fasnacht, Erika Meili et Sibylle Willi (Agroscope), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich), Thomas Alföldi (FiBL). Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne/App: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Agroscope, case postale 64, 1725 Posieux e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch, fax +41 26 407 73 00 Changement d'adresse e-mail: verkauf.zivil@bbl.admin.ch, fax +41 31 325 50 58 Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse © Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS

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Production végétale ffets de la variété et du milieu sur la E

viscosité du blé Lilia Levy, Yosra Ellemsi et Didier Pellet Production animale Bien-être animal dans l’engraissement 102

bovin: outils d’évaluation on-farm Bernadette Oehen et al. Société Nouvelle politique agricole – le point de 110

vue des agriculteurs et des spécialistes Rebecca Knoth, Andreas Bosshard et Xenia Junge Eclairage AGROfutur: l’ETH Zurich réforme les 118

études de sciences agronomiques Achim Walter, Brigitte Dorn, Emma Lindberg et Lienhard Dürst Eclairage Femmes et égalité des sexes dans 122

l’agriculture: échanges de connaissances avec le Japon Ruth Rossier 126 Portrait 127 Actualités 131 Manifestations


Editorial

Echange international de ­connaissances axées sur la pratique Chère lectrice, cher lecteur,

Roland Künzler, AGRIDEA

«L’efficience c’était hier – L’efficacité c’est pour demain» et «Efficience et dialogue dans le secteur agroalimentaire» sont deux sujets qui seront développés lors du 54e congrès IALB (Académie internationale des conseillères et conseillers agricoles et ruraux). Celui-ci se tiendra à Soleure en juin prochain. Les conférenciers Christine Ax, philosophe et économiste à Hambourg et Vienne et Martin Keller, président de la direction de Fenaco, ouvriront le séminaire. Efficience, ce mot est aujourd’hui sur toutes les lèvres. Chaque fois que des expert-e-s analysent un processus de production ou des prestations de services, la gestion d’une entreprise ou d’un secteur de l’économie, le constat le plus fréquent révèle un manque d’efficience. Efficience dans les secteurs agricoles et agroalimentaires Les modèles théoriques et pratiques scientifiques réputés pour améliorer l’efficacité sont-ils directement applicables pour le secteur agricole et les activités de l’espace rural? Les approches développées pour les secteurs industriels et de services peuvent-elles être adaptées dans la pratique agricole ou dans l’économie domestique et, d’une manière générale, dans les exploitations de l’espace rural? Que signifie l’efficience dans notre propre branche, pour les services de vulgarisation et les autres organisations et institutions de l’espace rural, dans notre routine professionnelle? Ce genre d’interrogations sera abordé lors du congrès IALB 2015: «Efficacité dans l’industrie agroalimentaire – Etre et paraître dans l’exploitation et la vulgarisation». Congrès IALB du 14 au 17 juin 2015 à Soleure Le congrès IALB a lieu à tour de rôle dans un pays de langue allemande ou un pays voisin de ce dernier. AGRIDEA organise l’édition 2015 et peut compter sur le soutien de la Confédération et des cantons impliqués. Environ 300 vulgarisatrices et vulgarisateurs sont attendus de part et d’autre de la Suisse, d’Europe de l’est et d’Europe de l’ouest. Grâce aux conférences plénières et aux forums regroupant des spécialistes, le séminaire permet un échange et un partage de connaissances pratiques sur un plan international. «Efficience et effectivité – Interaction entre désir et réalité au quotidien et comment nous accommodons-nous de ces différences» sera un des thèmes proposés durant les ateliers. Le séminaire se déroulera à Soleure, en parallèle avec la conférence d’EUFRAS (European Forum for Agricultural and Rural Advisory Services). Des excursions thématiques seront proposées aussi dans les cantons voisins. Une opportunité pour des échanges d’expériences Le congrès IALB devrait intéresser les lectrices et lecteurs de la revue Recherche Agronomique Suisse. Nous sommes impatients de partager cet événement avec vous et nous réjouissons de vous accueillir prochainement dans l’attrayante ville baroque de Soleure. Pour plus d'infos: http://url.agridea.ch/IALB2015

Recherche Agronomique Suisse 6 (3): 83, 2015

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P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Evaluation de deux méthodes pour optimiser la fertilisation azotée des grandes cultures Alexandra Maltas, Raphaël Charles, Didier Pellet, Brice Dupuis, Lilia Levy, Alice Baux, Bernard Jeangros et Sokrat Sinaj Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 1260 Nyon, Suisse Renseignements: Sokrat Sinaj, e-mail: sokrat.sinaj@agroscope.admin.ch

Effet de la fertilisation azotée sur la croissance de colza, parcelle 24A à Changins. (Photo: C. Parodi)

Introduction Apporter la juste dose d’engrais azoté en complément de l’offre en azote (N) du sol pour couvrir les besoins de la culture permet à la fois d’optimiser la production agricole et de limiter les impacts environnementaux. Cependant, la dose optimale varie fortement en fonction des conditions culturales et pédoclimatiques de la parcelle, en raison des nombreux facteurs influençant le cycle de l’azote et de leurs interactions. Ainsi, il est difficile pour un agriculteur de prévoir cette dose. Il est donc nécessaire de développer des outils d’aide à la décision, simples d’utilisation et fiables, permettant de calculer cette dose optimale.

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Recherche Agronomique Suisse 6 (3): 84–93, 2015

A ce jour, deux méthodes sont utilisées en Suisse pour calculer la dose d’engrais azoté: la méthode des normes corrigées, également appelée méthode par estimation, et la méthode Nmin. Ces méthodes sont référencées dans les DBF-GCH 2009, Données de base pour la fumure des grandes cultures et des herbages (Sinaj et al. 2009). La méthode des normes corrigées Cette méthode estime la dose d’azote à apporter en appliquant des corrections à une dose de référence en fonction des conditions pédoclimatiques et culturales du site. Cette dose de référence, appelée aussi norme de fumure, correspond, pour une culture donnée, à la quantité d’azote qu’il faut apporter dans une situation stan-


dard pour obtenir le rendement moyen ou rendement de rĂŠfĂŠrence observĂŠ en Suisse pour cette culture. Ces normes de fumure et rendements de rĂŠfĂŠrences sont issus d’expĂŠrimentations ĂŠtablissant des courbes de rĂŠponse des cultures Ă la fertilisation azotĂŠe, de l’expĂŠrience des agriculteurs et du savoir d’experts. Dès que la situation pĂŠdoclimatique diffère de la situation standard, des facteurs de correction sont appliquĂŠs Ă la norme de fumure. Six facteurs de correction, qui peuvent prendre des valeurs nĂŠgatives ou positives, sont pris en compte (Eq. 1). Le facteur rendement (fRdt) prĂŠdit la demande en N d’une prĂŠvision de rendement supĂŠrieure ou infĂŠrieure Ă la norme de fumure (Sinaj et al. 2009; Richner et al. 2010). Ensuite, cinq facteurs permettent d’estimer l’impact des conditions pĂŠdoclimatiques de la parcelle sur l’offre en N du sol (Sinaj et al. 2009). En considĂŠrant que ces facteurs s’additionnent et n’interagissent pas, la dose d’azote Ă apporter (X) se rĂŠsume Ă l’Êquation suivante (Eq.1):

RĂŠsumĂŠ

Evaluation de deux mĂŠthodes pour optimiser la fertilisation azotĂŠe des grandes cultures | Production vĂŠgĂŠtale

Deux mĂŠthodes sont utilisĂŠes en Suisse pour optimiser la fumure azotĂŠe des grandes cultures: la mĂŠthode des normes corrigĂŠes et la mĂŠthode Nmin. Les deux mĂŠthodes proposent des approches diffĂŠrentes: la mĂŠthode des normes corrigĂŠes prend en compte des caractĂŠristiques parcellaires influençant la disponibilitĂŠ en azote, tandis que la mĂŠthode Nmin est basĂŠe sur la mesure de l’azote minĂŠral prĂŠsent dans le sol Ă des pĂŠriodes dĂŠcisives pour la croissance des plantes. Dans cet article, ces deux mĂŠthodes sont ĂŠvaluĂŠes Ă partir d’essais de fertilisation azotĂŠe rĂŠalisĂŠs par Agroscope pour une large gamme de grandes cultures et de conditions pĂŠdoclimatiques. Les avantages et les limites de chacune des mĂŠthodes sont exposĂŠs et des voies d’amĂŠlioration proposĂŠes.

đ?‘‹=đ?‘ đ?‘œđ?‘&#x;đ?‘šđ?‘’+(đ?‘“đ?‘…đ?‘‘đ?‘Ą+đ?‘“đ?‘€đ?‘œđ?‘ + đ?‘“đ?‘ƒđ?‘?+đ?‘“đ?‘€đ?‘Ž+đ?‘“đ?‘ƒđ?‘™đ?‘˘đ?‘–đ?‘’+ đ?‘“đ?‘‡đ?‘ ) (Eq.1)

Le facteur fMos prend en compte l’effet de la teneur en argile et en matière organique du sol (MOS) sur la minĂŠralisation de la MOS; fPc tient compte de l’effet du type de prĂŠcĂŠdent cultural et de sa date d’enfouissement sur la minĂŠralisation des rĂŠsidus de culture; fMa calcule la proportion de l’azote total contenu dans les engrais organiques disponible l’annĂŠe suivant celle de l’apport; fPluie estime l’impact des pluies sur les pertes d’azote par lixiviation pendant l’hiver et le printemps; fTs simule l’effet positif de sarclages rĂŠpĂŠtĂŠs sur la minĂŠralisation de la MOS.

La mĂŠthode Nmin Cette mĂŠthode est fondĂŠe sur la mesure de l’azote minĂŠral dans le sol. Elle se base sur une valeur de rĂŠfĂŠrence Ă laquelle on soustrait la mesure ÂŤNminÂť, qui correspond au stock d’azote minĂŠral prĂŠsent dans le sol Ă un moment donnĂŠ (avant le 1er ou le 2e apport d’azote). La pĂŠriode et la profondeur de prĂŠlèvement du Nmin dĂŠpend de la culture (Sinaj et al. 2009). La valeur de la mesure Nmin intègre des caractĂŠristiques spĂŠcifiques de la parcelle car les effets des diffĂŠrents facteurs ĂŠvoquĂŠs prĂŠcĂŠdemment sont directement contenus dans cette mesure. Cette mĂŠthode simplifie le calcul de la dose d’azote optimale mais ne permet pas de prendre en compte l’effet de ces facteurs après la date de mesure du Nmin. Pour pallier Ă ce dĂŠfaut, des facteurs de correction sont appliquĂŠs, comme pour la mĂŠthode des normes corrigĂŠes. Le nombre de ces facteurs est limitĂŠ et seuls des facteurs de corrections nĂŠgatifs sont pris en compte (Sinaj et al. 2009).

Cet article ĂŠvalue la performance de ces deux mĂŠthodes Ă partir d’essais de fertilisation azotĂŠe rĂŠalisĂŠs par Agroscope sur une large gamme de cultures et de conditions pĂŠdoclimatiques. Il complète celui de Richner et al. (2010), dont le but ĂŠtait de vĂŠrifier la valeur des normes de fumure azotĂŠe pour les grandes cultures.

MatÊriel et mÊthodes Essais utilisÊs pour l’Êvaluation des mÊthodes Quelque 65 essais combinant culture*site*annÊe et rÊalisÊs par les stations de recherche Agroscope entre 1996 et 2010 sur les principales grandes cultures suisses ont ÊtÊ utilisÊs (tabl. 1). La majoritÊ de ces essais (46) ont ÊtÊ rÊalisÊs dans le cadre de la rÊvision des DBF-GCH 2009 (Sinaj et al. 2009; Richner et al. 2010). Les 19 essais supplÊmentaires (9 en pomme de terre, 6 en blÊ panifiable 

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Production végétale | Evaluation de deux méthodes pour optimiser la fertilisation azotée des grandes cultures

Tableau 1 | Caractéristiques des essais culture*site*année. Les chiffres entre parenthèses indiquent le nombre d’essais. Caractéristiques des sites Année 1996 (1), 1997 (2), 1998 (2),1999 (3), 2000 (2), 2002 (1), 2003 (1), 2004 (1), 2005 (15), 2006 (19), 2007 (15), 2008 (1), 2009 (1), 2010 (1).

Lieu

Texture du sol1

Changins (33), Goumoëns (8), Tänikon (21), Reckenholz (2), Oensingen (1).

argile (1), argile limoneuse (2), limon argileux (8), limon (39), ­ limon sableux (14), sable fortement limoneux (1).

Historique cultural Travail du sol

Labour régulier (65)

Gestion des résidus

Culture intermédiaire

Suisse romande: toujours enfouis (41).

Tous (65): 1 année sur 2

Suisse alémanique: enfouis une fois sur deux (24).

Engrais de ferme

Prairie

Suisse romande (41): généralement sans engrais de ferme depuis plus de 10 ans.

Suisse romande (41): jamais de prairie dans la rotation.

Suisse alémanique (24): toujours avec engrais de ferme, en général dernier apport de fumier datant de 1–3 ans.

Suisse alémanique (24): toujours avec prairies, retournement généralement depuis plus de 3 ans.

Itinéraire technique sur la culture à fertiliser Culture

Suisse romande: blé panifiable (10), blé fourrager (4), colza (7), orge (5), pomme de terre (9), maïs grains (3), maïs ensilage (3). Suisse alémanique: blé panifiable (3), blé fourrager (3), colza (3), orge (2), seigle (4), triticale (3), maïs grains (3), maïs ensilage (3).

Travail du sol

Suisse romande: labour (18), techniques culturales simplifiées (23). Suisse alémanique: techniques culturales simplifiées (24).

Gestion des résidus

Toujours ­enfouis (53) sauf dans les cas de maïs ensilage (2).

Engrais ­azoté

NH4NO3 (65)

Engrais de ferme

Jamais (64), fumier de ­bovins (1).

Culture intermédiaire

Précédent

Systématiquement avant le maïs et la pomme de terre (18).

blé d’automne (15), blé de printemps (1), colza (11), orge d’automne (4), orge de printemps (2), triticale (8), pois protéagineux (8), soja (3), maïs ensilage (12), pomme de terre (1)

Classification des sols de Suisse, Sociétés Suisse de Pédologie, 2010.

1

et 4 en colza) n’ont pas été pris en compte par Richner et al. (2010). Sur ces essais, la réponse du rendement à la fertilisation azotée a été testée grâce à 4 à 6 doses de N parmi les suivantes: (i) 0 kg N ha-1 (procédé présent dans tous les essais), (ii) Norme-40 kg N ha-1, (iii) Norme, (iv) Norme + 40 kg N ha-1, (v) Norme + 80 kg N ha-1 et (vi) Norme + 120 kg N ha-1. Les doses ont été fractionnées selon les recommandations de Sinaj et al. (2009). Les essais étaient situés en Suisse romande (Changins et Goumoëns) et alémanique (Reckenholz, Oensingen et Tänikon). Les sites alémaniques se caractérisaient par (i) des températures plus fraîches et des précipitations plus importantes que les sites romands (tabl. 2) et (ii) une utilisation plus fréquente des amendements organiques et des prairies dans la rotation (tabl. 1). Dans chaque essai culture*site*année, une à six variétés ont été testées: blé panifiable (Arina, Pegassos, Runal, Zinal, Titlis), blé fourrager (Tapidor, Drifter), orge d’automne (Boreale, Verticale, Fridericus, Franziska), seigle d’automne (Matador), seigle d’automne hybride

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(Picasso), triticale d’automne (Triamant, Lamberto), colza d’automne (Trabant, Cormoran, Express), pomme de terre (Appell, Bintje, Derby, Gourmandine, Eden, Fontane, Innovator, Jelly, LadyClaire, LadyFelicia, LadyJo, LadyRosetta, Laura, Marlen, Naturella, Victoria), maïsgrain (Delitop, Atendo, LG2275) et maïs d’ensilage (Delitop, Atendo, LG2275). Déterminer la dose d’azote économiquement optimale La première étape pour déterminer la dose économiquement optimale consiste à décrire la réponse du rendement à la fertilisation azotée à l’aide de régressions non linéaires. La réponse du rendement à la fertilisation peut prendre diverses formes, les formes linéaires plus plateau, quadratique, quadratique plus plateau et racine carrée étant les plus employées. Sur les essais de cette étude, les quatre modèles ont obtenu une qualité d’ajustement bonne et similaire, mais le choix du modèle influençait de manière importante la dose optimale estimée (fig. 1). Cerrato et Blackmer (1990) ont observé le même résultat sur maïs et en ont déduit que le coefficient de détermina-


Evaluation de deux méthodes pour optimiser la fertilisation azotée des grandes cultures | Production végétale

Tableau 2 | Climat moyen de 2005–07 observé dans les différents sites d’étude Suisse romande

Suisse alémanique

Changins (VD)

Goumoëns (VD)

Tänikon (TG)

Reckenholz (ZH)

Oensingen (SO)

Altitude (m)

430

600

540

440

460

Température ­moyenne ( °C)

10,4

9,5

8,9

9,9

9,2

Cumul des ­précipitations (mm)

897

964

1130

1024

1161

tion n’est pas un critère pertinent de choix du modèle, compte tenu du nombre souvent restreint de doses testées et que des critères agronomiques doivent être pris en compte. Dans cette étude, c’est le modèle quadratique plus plateau qui a été choisi. Le modèle linéaire plus plateau a été écarté car il ne prend pas en compte la diminution progressive de l’efficience de la fertilisation azotée avec la dose et sous-estime la dose optimale (Cerrato et Blackmer 1990). Enfin, les modèles quadratiques et racines carrée n’ont pas été retenus car ils tendent à surestimer la dose optimale (Cerrato et Blackmer 1990, Bullock et Bullock 1994, Godard 2005).

Le modèle quadratique plus plateau est décrit comme suit: si Dose > Xmax alors Y = Rmax sinon Y = Rmax - A* (Dose - Xmax)2 Avec Y: rendement à l’humidité standard en dt/ha Dose: dose de N appliquée en kg N/ha A, Rmax et Xmax: paramètres de la courbe, ajustés par variété sur chaque essai culture*site*année. Rmax: rendement maximum et Xmax: dose permettant d’obtenir Rmax. La dose permettant d’atteindre l’optimum économique (Nopt) a été ensuite déterminée en trouvant le point où le supplément de récolte ne compense plus le supplément d’engrais selon l’équation suivante (Eq.2): Nopt = min[0, (CP/-2A) + Xmax]

Rendement (dt MF/ha)

35

30

25

20

138 0

50

100

183

194

150 200 Dose (kg N/ha)

250

300

Modèles testés

Nopt (kg N/ha)

Yopt (dt/ha)

R2

RMSE (dt/ha)

Linéaire plus plateau

138

45,7

0,967

1,3

Quadratique plus plateau

183

45,8

0,988

0,8

Quadratique

194

46,2

0,986

0,8

Racine carrée

1643

83,5

0,985

0,9

Figure 1 | Effet du choix du modèle sur l’estimation de la dose optimale (Nopt). Exemple d’un essai colza à Oensingen en 2006 (variété Expert).

(Eq.2)

Avec CP: ratio entre le prix de l’engrais (1,57 fr./kg) et le prix de vente de la récolte (fr./dt). Les prix de référence des récoltes s’élevaient à 36,5 fr./dt pour le blé fourrager et le maïs-grain, 53 fr./dt pour le blé panifiable de classe top (Runal et Titlis), 50 fr./dt pour le blé panifiable de classe I (Arina et Zinal), 44 fr./dt pour le blé panifiable de classe III (Pegassos), 34,5 fr./dt pour l’orge et le triticale, 40 fr./dt pour le seigle, 90 fr./dt pour le colza classique et 36 fr./dt pour la pomme de terre (non triées) (Pilet et Frei 2012). La valeur de Nopt obtenue avec le modèle n’est pas fiable lorsque cette valeur est supérieure à la dose maximale testée (Burns 2006, Hernandez et Mulla 2008). Afin d’éviter toute extrapolation abusive, nous avons considéré dans ces cas que Nopt prend la valeur de la dose maximale testée (Hernandez et Mulla 2008, Richner et al. 2010). Ceci concernait principalement des essais de blé panifiable (57 % des cas), colza (45 % des cas) et pomme de terre (71% des cas). Le rendement économique (Yopt) associé à la dose Nopt ainsi que les rendements obtenus avec les normes 

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Production végétale | Evaluation de deux méthodes pour optimiser la fertilisation azotée des grandes cultures

300 250

200

Dose optimale (kg N/ha)

150

100

50

200 150 100 50

0

Figure 2 | Rendements optimaux médians1 observés à partir du modèle quadratique plus plateau. Les croix rouges représentent les rendements de référence des DBF-GCH, 2009, c’est-à-dire les rendements moyens observés en Suisse.

Maïs d'ensilage

Maïs−grain

Pomme de terre

Colza

Seigle hybride

Seigle population

Orge d'automne

Triticale

Blé fourrager

Maïs d'ensilage

Maïs−grain

Pomme de terre

Colza

Seigle hybride

Seigle population

Orge d'automne

Triticale

Blé fourrager

Blé panifiable

0

Blé panifiable

Rendement optimal (dt/ha et t/ha pour pomme de terre)

250

Figure 3 | Doses d’azote optimales médianes1 observées à partir du modèle quadratique plus plateau. Les croix rouges représentent les normes de fumure des DBF-GCH, 2009.

Signification des boîtes à moustaches: les boîtes s’étendent du premier au troisième quartile. Le trait gras situé à l’intérieur des boîtes représente la médiane. Les moustaches s’étendent entre les valeurs minimale et maximale tant que la longueur de ces dernières est inférieure à 1,5 fois l’intervalle interquartile. Dans le cas contraire, les ­v aleurs extrêmes ne sont pas incluses dans les moustaches, elles sont considérées comme des valeurs exceptionnelles et sont représentées par des cercles.

1

de fumure, les normes corrigées et le conseil Nmin ont ensuite été calculés en utilisant les valeurs des paramètres du modèle obtenues à l’étape précédente. Pour l’ensemble des cultures, Yopt vaut de 97,4 à 99,8% de Rmax (résultats non présentés). Le modèle a été ajusté individuellement pour chacune des variétés testées. Une moyenne des différentes variétés a ensuite été calculée pour les divers rendements et doses (optimum économique, norme de fumure, normes corrigées, Nmin) afin d’obtenir une valeur par culture et par milieu (site*année) pour les 65 essais culture*site*année. Les caractéristiques de ces essais sont résumées dans les tableaux 1 et 2. Le rendement optimum a été utilisé comme objectif de rendement dans la méthode des normes corrigées pour les cultures faisant intervenir le facteur de correction fRdt (céréales et colza d’automne). Lorsque Yopt était supérieur au rendement maximal prévu par ce facteur de correction, la borne maximale de rendement a été employée (Sinaj et al. 2009; Richner et al. 2010). Mesure de l’azote minéral dans le sol (Nmin) Les stocks d’azote minéral utilisés dans la méthode Nmin ont été prélevés dans les 60 premiers cm de sol pour les cultures de pomme de terre et sur l’horizon 0 – 90 cm

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pour les autres cultures. Les prélèvements ont été réalisés à la sortie de l’hiver pour les cultures d’automne et 15 à 30 jours après plantation pour le maïs à Tänikon. Pour les cultures de maïs et pomme de terre à Changins, les prélèvements ont eu lieu à la plantation, soit avant la date conseillée par la méthode Nmin (feuillage à environ 10 cm de hauteur pour la pomme de terre et au stade 5 – 6 feuilles pour le maïs, Sinaj et al. 2009). Critères d’évaluation des méthodes La racine carrée de l’erreur quadratique moyenne (RMSE, Root Mean Squared Error, Eq. 3) et l’écart médian entre la dose observée et la dose conseillée par la méthode des normes corrigées ou par la méthode Nmin ont été utilisés comme critères d’évaluation de ces méthodes de conseil. Ces deux critères donnent une estimation de l’erreur du conseil en kg N/ha. L’écart médian indique si le conseil surestime (valeur négative) ou sous-estime (valeur positive) en moyenne la dose optimale, mais des erreurs de signe différent se compensent. D’où l’intérêt d’un second estimateur de l’erreur avec la RMSE que l’on souhaite la plus petite possible. (Eq. 3)


Evaluation de deux méthodes pour optimiser la fertilisation azotée des grandes cultures | Production végétale

Où n indique le nombre de situations, xi la valeur de Nopt observée pour la situation i, xi la dose conseillée par la méthode de conseil de la fertilisation testée (normes corrigées ou Nmin).

Résultats et discussion Doses d’azote et rendements optimaux Les essais d’Agroscope sont tous situés sur le plateau suisse, en zones favorables aux grandes cultures. Dans la pratique, les principales grandes cultures sont également présentes dans des zones moins productives (Richner et al. 2010). Ainsi, les rendements optimaux médians obtenus sur les essais d’Agroscope se situent généralement au-dessus des rendements de référence des DBFGCH (Sinaj et al. 2009; fig. 2) et des rendements moyens observés en Suisse (Pilet et Frei 2012). Ceci est particulièrement marqué pour les céréales d’automne (triticale, orge, seigles) et le maïs (grain et ensilage). Pour toutes les cultures, les normes de fumure présentées dans les DBF-GCH sont également souvent plus faibles que les doses optimales observées dans cette étude (fig. 3). Ceci peut être mis en relation, pour les céréales d’automne et les maïs, avec les hauts rendements des essais analysés dans cette étude (fig. 2). Ce constat est à l’origine du facteur de correction fRdt introduit en 2009 dans les DBF-GCH (Sinaj et al. 2009; Richner et al. 2010). Les écarts importants observés sur colza et pomme de terre (écart médian de 65 et 71 kg N/ha; tabl. 3) sont par contre surprenants. Pour ces deux cultures, le rendement médian observé étant proche du rendement de référence (fig. 2), la norme de fumure semble sous-estimée. Malgré les changements de techniques culturales et de variétés, les normes de fumure n’ont pas évolué depuis 20 ans ou plus [depuis 1987 pour le blé et le seigle d’automne (Ryser et al. 1987) et depuis 1994 pour les autres cultures (Ryser et al. 1994)]. Toutefois, ces écarts à la dose optimale doivent être relativisés. En effet, d’une part leurs effets sur les rendements restent limités (tabl. 3). D’autre part, si elle prend bien en compte le coût des engrais, l’approche de la dose optimale choisie n’intègre pas l’impact de la fertilisation azotée sur la qualité des récoltes et les coûts liés aux épandages d’engrais azotés, fongicides et régulateurs de croissance, ni les effets du fractionnement de la dose d’azote sur le rendement. Selon les recommandations de Sinaj et al. (2009), les doses devraient être fractionnées en trois apports au-delà de 140 kg N/ha pour les cultures d’automne (céréales et colza) et 160 kg N/ha pour les cultures d’été (maïs et pomme de terre). Ainsi, pour les cultures de blés, colza et pomme de terre,

deux apports suffiraient avec les normes de fumure, tandis que trois apports seraient nécessaires avec les doses optimales (tabl. 3). Pour une même culture, de fortes variations du Nopt ont été observées entre les essais: par exemple de 113 à 209 kg N/ha pour le blé panifiable et de 23 à 137 kg N/ha pour l’orge d’automne (fig. 3). Ainsi, même si la norme de fumure se situe en moyenne dans la zone de l’optimum (exception faite des cultures de colza et de pomme de terre), appliquer la norme de fumure quelle que soit la situation occasionne à la fois de fortes sous- et surfertilisations (fig. 4). Il est donc essentiel d’ajuster la dose en fonction des caractéristiques parcellaires, afin de réduire les pertes de revenu (tabl. 3) ou d’azote vers l’environnement. Evaluation de la méthode des normes corrigées En intégrant certaines caractéristiques parcellaires, la méthode des normes corrigées permet une assez bonne prédiction de la variabilité de la dose optimale (fig. 4). Par rapport aux normes non corrigées, il en résulte une légère amélioration de la RMSE. Les cas de sous-estimations restent nombreux et particulièrement importants pour le colza et la pomme de terre (écart médian de 41 et 80 kg N/ha; tabl. 3). Mais leurs impacts sur le rendement et la marge brute restent encore une fois limités (perte médiane maximales de 7% sur pomme de terre; tabl. 3). Ces sous-estimations corroborent les pratiques agricoles recensées entre 2001 et 2004 par Favre et Charles (2006). D’après ces auteurs, les agriculteurs romands et tessinois ont apporté en moyenne, selon les cultures, entre 10 et 36 kg N/ha de plus que la norme corrigée, l’excédent le plus important intervenant pour le colza. Ces auteurs notent, par contre, un excédent moyen pour la pomme de terre de seulement 10 kg N/ha probablement en raison des exigences en matière de qualité de la récolte (teneur en amidon et calibres des tubercules, paramètres non inclus dans le calcul de l’optimum dans cette étude). A l’opposé, les normes corrigées surestiment deux situations en maïs (fig. 4). Il s’agit de maïs cultivés en 2007 à Tänikon sur une parcelle présentant un fort stock d’azote minéral au semis (153 kg N/ha). La période entre la sortie de l’hiver et le semis du maïs, période sans absorption de N par les cultures mais avec une bonne minéralisation de la MOS, est relativement étendue pour cette culture. Si la pluviométrie et la température durant cette période sont favorables à la minéralisation, les stocks de N minéral au semis peuvent être très élevés, comme c’était le cas en 2007. La version actuelle des normes corrigées ne permet pas de tenir compte de cette forte offre en N car les effets des conditions 

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Production végétale | Evaluation de deux méthodes pour optimiser la fertilisation azotée des grandes cultures

Tableau 3 | Médiane de la dose d’azote, du rendement et de la marge brute simplifiée observée à l’optimum et écart médian entre la valeur observée à l’optimum et la valeur obtenue avec la norme de fumure, la dose conseillée par la méthode des normes corrigées et la dose conseillée par la méthode Nmin. Un écart médian positif indique une diminution par rapport à l’optimum. Blé panifiable

Blé fourrager

Triticale

Orge

Seigle

Colza

Pomme de terre

Maïs grain

Maïs d'ensilage

175

174

131

114

120

205

191

132

134

Normes

35

34

21

4

30

65

71

22

24

Normes corrigées

32

42

34

8

20

41

80

2

-22

Observée à l’optimum Dose (kg N/ha)

écart médian

Nmin Observé à l’optimum Rendement1 (dt/ha)

Marge brute ­simplifiée (fr./ha)2

écart médian

21

38

22

22

61

21

38

31

92,1

87,8

85,7

88,4

40,6

487

135,9

221,3

Normes

3,2

3,2

3,1

2,5

3,0

2,9

39

3,1

4,5

Normes corrigées

2,8

3,3

3,7

1,1

1,6

1,6

35

1,8

-0,2

Nmin

2,1

2,6

4,1

2,2

1,7

2,8

11

5,6

5,0

Observée à l’optimum écart médian

32 74,0

3415

3077

2905

2749

3324

3390

17232

4577

3365

Normes

113

67

112

65

72

155

1291

69

66

Normes corrigées

90

53

70

62

31

67

1128

60

57

Nmin

62

73

81

77

34

150

354

117

33

Les rendements «Normes», «Normes corrigées» et «Nmin» ont été calculés séparément pour chaque variété et chacun des 65 essais à l’aide des paramètres du modèle quadratique plus plateau et de la dose d’azote correspondante. 2 Marge brute simplifiée = (Rendement * prix de vente) – (Dose * prix de l’engrais) 1

hydriques et thermiques printanières sur la minéralisation de MOS ne sont pas pris en compte. Seuls les effets des pluies printanières sur la lixiviation de l’azote sont pris en compte via le facteur pluie (fPluie). Dans la version romande de 1987 (Ryser et al. 1987), il existait un facteur de correction qui intégrait les effets des conditions printanières sur la minéralisation de la MOS et la disponibilité de l’azote. Ce facteur a été retiré depuis la version de 1994 (Ryser et al. 1994) et remplacé par une nouvelle colonne intégrant les pluies printanières (fPluie). Au vu des résultats de cette étude, il pourrait être judicieux d’étudier l’impact de la réintroduction de ce facteur sur la qualité du conseil fourni par la méthode des normes corrigées. La prise en compte des caractéristiques pédoclimatiques et culturales se limite à seulement six facteurs considérés comme les plus significatifs. Ce nombre limité s’explique par la nécessité de recourir à des tables de références. Néanmoins, cela conduit à une prise en compte seulement partielle de la diversité des situations. Un autre problème lié aux normes corrigées provient du fait que l’influence des différents facteurs n’est pas cumulative et que les possibilités de combinaisons de leurs effets sont presque illimitées (Walther et al. 1998). Deux raisons sont à l’origine de ce problème: (i) la situation standard considérée comme normalement pourvue en N n’est pas clairement définie et (ii) les facteurs de

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correction, outre le fait que leur origine est ancienne et souvent inconnue, ont été ajoutés successivement et indépendamment les uns des autres au cours de l’évolution de la méthode, ceci en faisant régulièrement recours au «savoir d’experts». Il est difficile aujourd’hui de confronter ces facteurs avec les données de la littérature internationale car ils correspondent à des corrections par rapport à une norme et non à la valeur d’un poste du bilan N (tel que la minéralisation de l’humus, la lixiviation etc.). Evaluation de la méthode Nmin Dans ces essais, la méthode Nmin est celle qui retranscrit le mieux la variabilité du Nopt toutes cultures confondues (meilleure répartition des points autour de la diagonale; fig. 4). Cette méthode obtient surtout de meilleurs résultats que celle des normes corrigées pour la pomme de terre. Rappelons toutefois que pour la pomme de terre, le prélèvement Nmin a été effectué avant la date préconisée par la méthode. La moitié des maïs (six sur un total de douze) sont dans la même situation et ceci conduit à une forte sous-estimation des besoins dans deux cas. Il s’agit de deux maïs cultivés en 2007 à Changins avec un stock d’azote minéral très élevé au semis (209 et 142 kg N/ha) qui a probablement été en partie lixivié par les précipitations importantes intervenues après sa mesure (60 mm dans les dix jours suivant la


Evaluation de deux méthodes pour optimiser la fertilisation azotée des grandes cultures | Production végétale

Dose optimale observée (kg N/ha)

a) Normes RMSE (kg N/ha)= 48,9

b) Normes corrigées RMSE (kg N/ha)= 46,1

300

c) Nmin RMSE (kg N/ha)= 46,4

300

250

250

● ● ● ●

200

● ● ● ●● ● ● ● ● ● ● ● ● ●

150 100

● ● ● ● ●

250

●●● ●●

200

100

● ●

50

150

50

100

150

200

250

300

50

100

150

200

250

300

0

50

Dose conseil (kg N/ha) Blé Triticale

Ble ●

0 0

Norme de fumure (kg N/ha)

● ●

50

0 0

100

0

● ●● ● ● ● ●● ● ● ● ● ● ● ● ●● ●● ● ●● ●●●● ● ● ● ●

200

●● ●● ● ● ● ● ● ● ● ●● ●● ● ● ●● ●● ● ● ●● ● ● ●

150

● ● ●

50

300

Orge Seigle

100

150

200

250

Triticale Orge Seigle Colza Pomme de terre Maïs−grain Maïs d'ensilage

300

Dose conseil (kg N/ha)

Colza Pomme de terre

Maïs−grain Maïs d'ensilage

Figure 4 | Prise en compte de la variabilité de la dose optimale par a) la norme de fumure, b) la méthode des normes corrigées et c) la ­m éthode Nmin. Les lignes en pointillé représentent la dose optimale observée ± 30 kg N/ha.

mesure). Le conseil Nmin aurait vraisemblablement été plus proche de la dose optimale si le prélèvement avait été effectué avant le deuxième apport azoté, tel que préconisé par la méthode Nmin (Sinaj et al. 2009). Ces résultats sur pomme de terre et maïs à Changins ont donc une valeur indicative mais ne présument en rien de la valeur du conseil qui aurait été obtenue si les prélèvements Nmin avaient été effectués aux dates conseillées. Sur les autres maïs et les céréales d’automne, la méthode Nmin obtient des résultats satisfaisants et comparables à ceux de la méthode des normes corrigées. Par contre, elle est mise en défaut avec le colza (fig. 4) et notamment lorsque les colzas étaient peu développés à la sortie de l’hiver. Le colza est une culture capable d’accumuler d’importantes quantités de N avant l’hiver, avec de grandes variations suivant l’année et les conditions climatiques. En France, le COMIFER (Comité français ­ d’études et de développement de la fertilisation raisonnée; 2013) rapporte que le N absorbé avant la reprise de la végétation peut varier de 25 à plus de 150 kg N/ha pour le colza d’automne. Dans ces essais d’Agroscope, des quantités allant de 15 à 97 kg N/ha ont été observées. Or, à mesure Nmin identique, un colza bien développé présentera des besoins en N moindres qu’un colza peu développé, le premier ayant déjà absorbé une bonne partie du N dont il a besoin. C’est pourquoi le CETIOM (Centre technique interprofessionnel des oléagineux et

du chanvre) a développé en France la réglette azote colza. Celle-ci déduit de la dose conseillée l’azote déjà absorbé par le colza à la sortie de l’hiver à partir d’une estimation visuelle de la biomasse de la culture. Sinaj et al. (2009) mentionnaient déjà que la précision de la méthode Nmin est réduite quand la teneur en MOS excède 20% et inutilisable lorsque le niveau de la nappe phréatique est élevé ou variable. Cette étude montre que cette méthode est également prise en défaut avec le colza lorsque les plantes sont particulièrement petites ou grandes à la sortie de l’hiver. L’ajout d’un nouveau facteur de correction prenant en compte l’état du colza au moment du prélèvement Nmin pourrait améliorer les résultats.

Conclusions Les deux méthodes, normes corrigées et Nmin, conduisent à des doses conseillées proches de la dose optimale. Elles permettent de diminuer les cas de sur- et sous-fertilisation azotée par rapport à une dose d’azote fixe correspondant à la norme de fumure. D’autre part, elles montrent l’intérêt de moduler la fumure azotée selon les conditions pédoclimatiques. Dans les bonnes conditions de production de cette étude, les doses conseillées par ces deux méthodes sont en moyenne inférieures à la dose optimale. Les sous- 

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estimations les plus importantes ont été observées pour la pomme de terre avec la méthode des normes corrigées et pour le colza avec les deux méthodes. Les deux méthodes obtiennent les meilleurs résultats avec les céréales d’automne. Elles préconisent en effet des doses comparables et assez proches de la dose optimale. Cette étude suggère les améliorations méthodologiques suivantes: une prise en compte de la biomasse du colza à la sortie de l’hiver pour moduler la fumure azotée en fonction de l’état de la culture et une prise en compte de la minéralisation printanière pour les cultures sarclées de printemps.

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Combiner ces méthodes à des outils de diagnostic de l’état de nutrition azoté du couvert en cours de culture permettrait de corriger les éventuelles carences azotées induites par une sous-estimation de la dose optimale. Les potentialités de nouveaux outils de conseil existant sur le marché européen et prenant davantage en compte les caractéristiques parcellaires et le climat n doivent encore être testées. Remerciements:

Les auteurs remercient Walter Richner, Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique, pour la mise à disposition des données des essais réalisés en Suisse alémanique.


Valutazione dei due metodi per ottimizzare la fertilizzazione azotata delle campicolture In Svizzera per l'ottimizzazione della concimazione azotata in campicoltura ci si basa su due metodi: il metodo delle norme corrette e il metodo Nmin. Questi due metodi si differenziano tra loro nell'approccio all'analisi: il metodo delle norme corrette tiene conto delle varie caratteristiche di una parcella che influenzano la disponibilità dell'azoto, mentre il metodo Nmin si basa su misurazioni dell'azoto minerale presente nel suolo in periodi decisivi per la crescita delle piante. In questo articolo i due metodi sono valutati sulla base di esperimenti inerenti la concimazione azotata su diverse colture e in condizioni pedoclimatiche diverse fra loro realizzati da Agroscope. L'articolo mette in evidenza vantaggi e limiti dei due metodi, così come alcune proposte di miglioramento.

Bibliographie ▪▪ Bullock D.G. & Bullock D. S., 1994. Quadratic and quadratic-plus-plateau models for predicting optimal nitrogen rate of corn: a comparison. Agronomy Journal 86, 191–195. ▪▪ Burns I. G., 2006. Assessing N fertiliser requirements and the reliability of different recommendation systems. Acta horticulturae 700, 35–48. ▪▪ Cerrato M. E. & Blackmer A. M., 1990. Comparison of models for describing corn yield response to nitrogen-fertilizer. Agronomy Journal 82 (1), 138–143. ▪▪ COMIFER, 2013. Calcul de la fertilisation azotée. Guide méthodologique pour l’établissement des prescriptions locales. COMIFER, Groupe Azote. 159 p. ▪▪ Favre G. & Charles R., 2006. Gestion de la fumure azotée en grandes cultures de 1992 à 2004. Agridea. 54 p. ▪▪ Godard C., 2005. Modélisation de la réponse à l'azote du rendement des grandes cultures et intégration dans un modèle économique d'offre agricole à l'échelle européenne : application à l'évaluation des impacts du changement climatique. Thèse de doctorat. Institut National Agronomique Paris Grignon. 278 p.

Summary

Riassunto

Evaluation de deux méthodes pour optimiser la fertilisation azotée des grandes cultures | Production végétale

Evaluation of two methods for optimising nitrogen fertilisation of field crops Two methods are used in Switzerland to optimise the nitrogen fertilisation of field crops: the «corrected norms» method and the Nmin method. Each of the methods suggests a different approach: the «corrected norms» method takes into account field characteristics influencing nitrogen availability, while the Nmin method is based on the measurement of mineral nitrogen present in the soil during periods that are crucial for the plants growth. In this article, both methods are evaluated using nitrogen fertilisation experiments performed by Agroscope for a wide range of arable crops and pedoclimatic conditions. The advantages and limits of each method are presented, and ways for improvement are suggested. Key words: field crops, nitrogen fertilization, fertilizer recommendation, «corrected norms» method, Nmin method.

▪▪ Hernandez J. A & Mulla D. J., 2008. Estimating uncertainty of economically optimum fertilizer rates. Agronomy Journal 100 (5), 1221–1229. ▪▪ Pilet F. & Frei C., 2012. Mémento agricole 2013. Agridea. 240 p. ▪▪ Richner W., Flisch R., Sinaj S & Charles R., 2010. Détermination des normes de fumure azotée pour les grandes cultures. Recherche Agronomique Suisse 1 (11–12), 410–415. ▪▪ Ryser J. P., Charles J. P., Chauvin B., Degailler J., Dougoud R., Felber R., Maillard A., Rossier D., Thöni E. & Vullioud P., 1987. Directives de fumure pour les grandes cultures et les herbages en Suisse romande. Revue suisse d’Agriculture 19 (6), 297–318. ▪▪ Ryser J.P., Walther U. et Menzi H. 1994. Données de base pour la fumure des grandes cultures et des herbages. Revue suisse d’Agriculture 26 (4), 196–242. ▪▪ Sinaj S., Richner W., Flisch R. & Charles R., 2009. DBF-GCH 2009 – Données de base pour la fumure des grandes cultures et des herbages. Revue suisse d’Agriculture 41 (1), 1–98. ▪▪ Walther U., Weisskopf P. & Jaggli F., 1998. Schatzung der optimalen NDungung zu Wintergetreide? Agrarforschung 5, 185–188.

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P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Effets de la variété et du milieu sur la viscosité du blé Lilia Levy, Yosra Ellemsi et Didier Pellet Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 1260 Nyon, Suisse Renseignements: Lilia Levy, e-mail: lilia.levy@agroscope.admin.ch

La diversité des blés (et des autres espèces) se répercute sur la viscosité.

Introduction Le blé est devenu un composant majeur des aliments pour les animaux (Grosjean et al. 1998). L’intérêt de son utilisation résulte de sa teneur énergétique élevée et du coût intéressant de cette énergie, comparé à celui des autres matières premières. Différentes études ont montré que l’énergie métabolisable du blé est très variable. La viscosité de l’extrait aqueux des blés est un paramètre de qualité qui peut influencer cette énergie métabolisable. En effet, les lots de blé caractérisés par une viscosité faible ont une énergie métabolisable plus importantes que ceux à forte viscosité (Vilariño 2008). Malgré les connaissances établies sur l’effet de la viscosité et sur son importance dans l’alimentation des monogastriques ainsi que dans l’alimentation humaine, ce paramètre qualitatif n’a guère été pris en compte dans la pratique en Suisse. L’ajout d’additifs dans les aliments augmente l’énergie métabolisable du blé et diminue la viscosité (Vilariño et al. 2009). Cependant, de bonnes

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connaissances sur la viscosité des variétés et sur l’impact du milieu permettent aussi d’obtenir des fourrages adaptés au bétail. Les objectifs de ce travail sont: ••Faire le point sur les connaissances actuelles au sujet de la viscosité en tant que paramètre qualitatif dans l’alimentation animale et humaine; ••Montrer la gamme de viscosité présente dans les blés actuels et évaluer les facteurs qui influencent sa variabilité; ••Etudier les corrélations entre la viscosité et les paramètres agronomiques et qualitatifs. Qu’est-ce que la viscosité? La viscosité est un indicateur indirect de la prévalence de polysaccharides hydrosolubles non amylacés (Carré et al. 1994) au niveau de la paroi cellulaire. Les principaux polysaccharides responsables de la viscosité sont les arabinoxylanes dans les blés (Shewry et Ward, 2012) et les


béta-glucanes (essentiellement dans l’orge). Ces structures accumulent de l’eau à travers leurs molécules ramifiées (Saulnier et al. 2007). Elles font partie des fibres alimentaires qui ont un effet important sur la qualité nutritionnelle des céréales (Saulnier et al. 2007). Les principaux avantages des arabinoxylanes dans la santé humaine sont un effet d’abaissement de la lipémie dans le sang, y compris du mauvais cholestérol impliqué dans les maladies cardiovasculaires, ainsi qu’un effet favorable sur la flore du côlon, ce qui peut réduire le risque de cancer (Adam et al. 2003). Par contre, dans le cas de l’affouragement aux monogastriques, notamment à la volaille et aux porcs, les céréales dont la viscosité est élevée peuvent avoir un effet anti-nutritif (Moss et Givens 2001), à savoir une activité enzymatique réduite dans l’intestin de l’animal, un ralentissement du passage du bol alimentaire et un taux d’absorption des aliments diminué (Grosjean et Barrier-Guillot 1996; Strnad 2009). De plus, une viscosité élevée du fourrage peut entraîner des diarrhées non infectieuses, une excrétion ramollie défavorable et pouvant causer une prolifération microbienne (Grosjean et Barrier-Guillot, 1996; Strnad 2009). Les jeunes poulets et porcins sont les plus affectés par une viscosité trop élevée des céréales et expriment plus fortement la valeur énergétique diminuée de la céréale (Vilariño 2008). La mesure de la viscosité des lots de blé est un moyen simple pour choisir des lots adaptés aux volailles et aux porcs (Grosjean et al. 1998). Les facteurs affectant la viscosité La variabilité de la viscosité dépend de plusieurs facteurs. Le déterminisme génétique est le principal facteur connu de variabilité de la viscosité (Oury et al. 1998; Martinant et al. 1998; Gebruers et al. 2010; Vilariño 2008). Différentes études ont présenté des résultats contradictoires quant à l’effet du milieu sur la viscosité. Zhang et al. (2010) ont montré que la viscosité augmente sous un stress hydrique ou si les températures sont élevées. Coles et al. (1997) ont trouvé une corrélation positive entre viscosité et stress hydrique. Dans une étude sur sept variétés de blé, Levy Haener (2011) a montré que la viscosité du blé diminue quand la moyenne de température journalière est élevée durant une période critique de 15 jours après l’épiaison. Selon Vilariño (2008), les pratiques culturales (notamment la fertilisation, la date de semis et la protection fongicide), le type de blé (panifiable ou non) et le mode de conservation des grains n’ont pas d’effet sur la variabilité de la viscosité. L’irrigation et le stress hydrique n’exercent qu’un effet mineur sur la viscosité (Levy Hae ner 2011).

Résumé

Effets de la variété et du milieu sur la viscosité du blé | Production végétale

La viscosité du blé est une caractéristique qualitative des céréales. Certaines études indiquent des effets positifs pour la santé humaine liés à une viscosité élevée, tels qu’un abaissement du cholestérol ou la réduction des risques de cancer. Mais dans le cadre de l’affouragement du bétail, notamment des animaux monogastriques, des viscosités basses sont souhaitables. En effet, une viscosité élevée réduit entre autres l’activité enzymatique dans l’intestin de l’animal, ralentit le passage du bol alimentaire et diminue le taux d’absorption des aliments. Pour contrecarrer ces inconvénients, l’industrie enrichit les mélanges fourragers avec des enzymes. La viscosité de 48 variétés de blé a été analysée, 24 variétés ayant été testées pendant les trois ans d’essai. Cette caractéristique est hautement dépendante de la variété, mais varie aussi selon les conditions pédoclimatiques de la culture. 70 % des variétés étudiées présentent une viscosité moyenne adaptée à l’affouragement. La viscosité n’est liée avec pratiquement aucune autre caractéristique agronomique (notamment le rendement en grain) ou qualitative. Toutefois, un sous-échantillon de 11 variétés montre une corrélation négative entre viscosité et teneur en protéine. Les résultats de cette étude montrent que les producteurs disposent de variétés avec des viscosités très contrastées. Une connaissance approfondie de la viscosité des variétés et leur utilisation ciblée pourrait contribuer à réduire l’utilisation des enzymes dans les mélanges, surtout dans les cas où l’éleveur produit lui-même la matière première pour l’affouragement de ses animaux.

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Production végétale | Effets de la variété et du milieu sur la viscosité du blé

Tableau 1 | Itinéraire technique des essais et données météorologiques: température moyenne (T moy) et précipitations cumulées (P cumm) entre le 1er février et le 10 juillet pour chaque année d’essai Altitude (m)

Lieu

Date de semis

Fertilisation azotée Date

Changins

Goumoëns

430

610

Date de ­récolte

T moy. ( °C)

P cumm. (mm)

Quantité appliquée (kg N/ha)

07.10.2009

5/03 et 30/03/2010

40+70

12.07.2010

10,9

337

11.10.2010

21/02 et 10/03/2011

40+50

07.07.2011

12,6

216

12.10.2011

26/02,21/03 et 17/04/2012

43+62+35

18.07.2012

11,1

421

14.10.2009

6/03, 20/03 et 8/04 2010

50+60+30

21.07.2010

9,4

266

12.10.2010

23/02 et 25/03/2011

55+55

28.07.2011

11,6

325

13.10.2011

07/03 et 26/03/2012

50+90

23.07.2012

9,8

368

Viscosité et paramètres agronomiques et qualitatifs Peu de paramètres agronomiques et qualitatifs semblent être liés à la viscosité. Le rendement en grain, le poids à l’hectolitre ou le poids de mille grains ne sont pas corrélés à la viscosité (Dornez et al. 2008a; Levy Haener 2011). En ce qui concerne les paramètres qualitatifs, certaines études montrent un lien entre viscosité et protéines (Dornez et al. 2008b; Levy Haener 2011), d’autres n’ont observé aucun lien (Carré et Oury 2001).

Matériel et méthodes Quarante-huit variétés de blé ont été testées au total en 2010, 2011 et 2012. Ces variétés appartiennent à différentes classes de qualité. Les essais ont été semés en

petites parcelles (7,1 m²) disposées en lattice avec trois répétitions. La moitié des variétés (24) était présente pendant les trois années d’expérimentation et a servi comme base pour les analyses statistiques. Les essais ont été conduits en mode extenso (sans application de régulateurs de croissance, ni de fongicides ), avec un maximum de 140 kg N/ha/an (tabl. 1), sur deux sites très contrastés du canton de Vaud (Changins et Goumoëns). Goumoëns se caractérise par des sols plus profonds et plus riches en matière organique que Changins. Les sols de Changins sont riches en argile. En tenant compte de la période reprise de la végétation – maturité (début février - 10 juillet), on constate que 2012 était l’année la plus humide, 2011 l’année la plus chaude et 2010 l’année la plus fraîche. Changins était plus sec en 2011, tan dis que Goumoëns l’était en 2010.

5 4,5 4

Viscosité (ml/g)

3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5

CHAUMONT CH CAMEDO MAGNO RUNAL RIGI SIMANO BATUTA HANSWIN RAINER ZINAL ARINA LUDWIG SURETTA WENZEL SIALA MANHATTAN ISUELA CH CLARO MULAN AROLLA VANILNOIR LORENZO MURETTO ORZIVAL GALAXIE CH COMBIN LEVIS FIORINA TANELIN RUSTIC SERTORI JAZZI PAPAGENO GRAINDOR BOCKRIS TITLIS CH NARA MOIRY IMPRESSION MOLINERA FOREL SCALETTA WINNETOU CAPHORN CAMBRENA TIRONE VALODOR TAPIDOR

0

Variétés 2010/2011/2012

2011/2012

2012

2010/2011

2010

Figure 1 | Viscosité moyenne de 48 variétés, cultivées à Changins et à Goumoëns pendant les années 2010, 2011 et 2012. Seules les 24 variétés analysées pendant les trois années sont représentées par des histogrammes (n = 18); les symboles indiquent la valeur moyenne des variétés testées pendant une (2010, 2012; n = 6) ou deux années (2010/2011, 2011/2012; n = 12). Les barres d’erreur représentent l’erreur standard sur la moyenne.

96

Recherche Agronomique Suisse 6 (3): 94–101, 2015


Effets de la variété et du milieu sur la viscosité du blé | Production végétale

Tableau 2 | Paramètres qualitatifs (viscosité et teneurs en protéines) et agronomiques (rendement, PMG et PHL) des 24 variétés cultivées pendant trois années (2010, 2011 et 2012) dans deux sites (Changins et Goumoëns). Les valeurs moyennes avec les erreurs standards (n= 18) sont indiquées Variétés

Viscosité (ml/g)

Classe de qualité

Protéines (%)

Rendement (dt/ha)

PHL (kg)

PMG (g)

CH CAMEDO

TOP

2,2

±0,06

13,1

±0,29

67,0

±4,42

45,8

RUNAL

TOP

2,2

±0,06

14,1

±0,20

63,8

±3,77

47,5

80,9

RAINER

II

2,3

±0,06

11,7

±0,31

73,0

±5,31

46,1

80,5

SIMANO

I

2,3

±0,12

13,0

±0,34

66,4

±4,05

48,1

78,9

ARINA

I

2,4

±0,07

13,9

±0,24

61,7

±3,78

44,9

81,6

LUDWIG

II

2,4

±0,07

11,8

±0,30

68,9

±3,85

49,8

79,7

ZINAL

I

2,4

±0,07

13,1

±0,25

66,3

±4,42

46,8

82,1

SURETTA

I

2,5

±0,13

13,6

±0,27

62,3

±4,11

43,2

77,7

CH CLARO

TOP

2,6

±0,09

13,0

±0,26

68,0

±4,85

46,1

79,5

MANHATTAN

TOP

2,6

±0,08

10,5

±0,30

75,5

±5,11

44,7

76,1

SIALA

TOP

2,6

±0,08

13,5

±0,29

63,6

±4,76

46,8

80,9

MULAN

F

2,7

±0,07

10,9

±0,26

73,2

±4,30

46,8

79,3

GALAXIE

II

2,8

±0,08

12,3

±0,35

63,5

±4,39

43,8

78,4

ORZIVAL

I

2,8

±0,09

13,0

±0,22

72,0

±3,89

47,0

79,0

CH COMBIN

I

2,9

±0,07

12,5

±0,35

65,4

±4,63

51,8

78,9

FIORINA

I

2,9

±0,06

13,0

±0,40

67,3

±4,23

47,3

81,2

LEVIS

II

2,9

±0,09

12,9

±0,23

65,6

±3,89

47,9

80,0

BOCKRIS

F

3,1

±0,09

11,5

±0,27

75,7

±4,53

49,4

77,6

PAPAGENO

F

3,1

±0,05

10,8

±0,31

72,6

±5,20

42,8

80,2

TITLIS

TOP

3,1

±0,09

13,8

±0,29

63,4

±3,91

46,8

81,1

CH NARA

TOP

3,2

±0,08

14,1

±0,22

63,4

±4,25

43,0

82,1

FOREL

II

3,2

±0,11

13,2

±0,26

67,0

±4,25

42,1

81,0

WINNETOU

F

3,8

±0,09

10,7

±0,20

75,8

±4,38

43,4

76,9

CAMBRENA

B

3,9

±0,11

11,4

±0,27

71,1

±4,05

42,8

78,6

**

0,44

**

5,81

**

1,28

**

1,82

**

2,9

±0,05

12,4

±0,12

76,0

±0,94

48,0

78,7

2011

2,7

±0,04

13,0

±0,16

68,2

±2,15

46,8

80,6

2012

2,8

±0,05

12,3

±0,11

60,0

±0,91

43,4

79,6

**

0,16

**

2,06

**

0,45

PPDS (%)

0,12

79,2

Année 2010

PPDS (%) Lieu

0,04

**

0,64

Changins

2,9

±0,04

12,8

±0,13

56,3

±0,99

46,0

80,5

Goumoëns

2,7

±0,41

12,4

±0,97

79,7

±3,71

46,1

78,8

PPDS (%)

0,04

**

0,13

**

1,68

**

n.s.

0,52

**

**

*significatif à P = 0, 05; **significatif à P = 0,01 n.s.: non significatif. B = variété biscuitière et F = variété fourragère.

Recherche Agronomique Suisse 6 (3): 94–101, 2015

97


Production végétale | Effets de la variété et du milieu sur la viscosité du blé

Viscosité 4% 2%Viscosité

Teneur en protéines Teneur en protéines

4% 2%Viscosité

Teneur en protéines 17% 27% 17% 27% 1% 17% 27% 1% 1%

2% 4% 42% 42% 42%

52% 52%

55% 55%

52%

55% Rendement en grain 2%en grain Rendement 0% 2% 0% 5% en grain Rendement 2% 0% 5%

Poids de mille grains Poids de mille grains 1% 1% 1%de 1% Poids mille 7% grains 7% 1% 1%

5%

7%

93% 93%

91% 91%

93%

91%

Poids à l‘hectolitre Poids à l‘hectolitre Poids 18% à l‘hectolitre 20% 18% 20% 4% 4%

18%

20%

4%

Variété Variété Milieu Milieu * milieu 58% Variété Variété 58% Variété * milieu Autres Milieu Autres 58% Variété * milieu Figure 2 | Part de la variabilité totale (somme Autres des carrés moyens de l’analyse de variance) de divers paramètres (viscosité, teneurs en protéines, rendement en grain, poids de mille grains et poids à l’hectolitre) expliquée par la variété (24), le milieu (6 combinaisons lieu x année) et l’interaction variété*milieu. Les autres interactions et l’erreur sont rassemblés sous «Autres».

Observations et mesures Le rendement (standardisé à 15% d’humidité), le poids de mille grains (PMG), le poids à l’hectolitre (PHL), le taux de protéines et la viscosité ont été mesurés pour chaque répétition. L’indice de Zeleny, test donnant une indication sur la qualité des protéines, a été mesuré sur le mélange des répétitions. La teneur en protéines dans les grains a été mesurée à l’aide d’une spectroscopie proche infrarouge (NIRS, Büchi Nirflex N-500, Büchi Labortechnik AG, Flawil). La viscosité potentielle a été mesurée à l’aide d’un viscosimètre (AVS370, Schott-Instruments, Allemagne) équipé de capillaires Micro Ostwald comportant 2 ml de capacité. Les résultats ont été exprimés en (ml/g de farine) et calculés en tant que logarithme de la viscosité de l’extrait par rapport à celle de la solution tampon.

98

Recherche Agronomique Suisse 6 (3): 94–101, 2015

Analyse statistique L’analyse de la variance et les tests de Fisher ont été calculés avec le logiciel WIDAS (Delivery and Analysis System, Waelti AG, Buchs, Suisse). Les tests de corrélation de Pearson ont été calculés avec XLSTAT 2011.2.04, la significativité de la pente a été établie avec le logiciel SigmaPlot 12.0.

Résultats et discussion Viscosité Au cours des trois ans d’essais, la viscosité de 48 variétés a été analysée. Les variétés couvrent une large gamme de viscosités allant de 2,1 à 5,7 ml/g pour les valeurs individuelles. Cinq catégories sont représentées (fig. 1): 24 variétés présentes en 2010, 2011 et 2012, douze variétés présentes pendant deux années successives (2010 et 2011 ou 2011 et 2012), six variétés qui ont été cultivées pendant une seule année (2010 ou 2012). Le tableau 2 donne les résultats statistiques obtenus pour les 24 variétés présentes durant les trois années d’essai. Avec des rendements supérieurs à 70 dt/ha, les variétés fourragères Winnetou et Bockris sont les plus productives. Elles se caractérisent par des viscosités des grains élevées (3,8 et 3,1 ml/g respectivement) et un taux de protéines faible (10,7 et 11,5 % respectivement). La variété biscuitière Cambrena présente des caractéristiques semblables à celles des variétés fourragères et la viscosité la plus élevée (3,9 ml/g). Les variétés de classe TOP CH Camedo et Runal obtiennent les plus faibles viscosités (de l’ordre de 2,2 ml/g), des taux de protéines importants (13,1 et 14,1% respectivement) et des rendements inférieurs à la moyenne générale (67 et 63,8 dt/ha respectivement; tabl. 1). Les variétés Titlis et CH Nara ont des teneurs en protéines importantes (13,8 et 14,1 % respectivement) accompagnées des viscosités élevées (3,1 et 3,2 ml/g respectivement). Les années 2010, 2011 et 2012 se sont révélées très différentes au niveau climatique. Ceci s’est répercuté sur tous les critères observés (tabl. 2). Dans cette étude, les différences pédoclimatiques entre les deux lieux d’essais se sont traduites par des différences très marquées sur la plupart des critères observés. Seuls les PMG ne se distinguent pas entre les sites. Facteurs influençant les paramètres qualitatifs et ­agronomiques La variation de la viscosité est attribuée principalement à l’effet du milieu et de la variété, soit respectivement 52 et 42 % (fig. 2). D’après la littérature (Oury et al. 1998; Martinant et al. 1998; Gebruers et al. 2010; Vilariño, 2008), le déterminisme génétique de la viscosité


Effets de la variété et du milieu sur la viscosité du blé | Production végétale

Tableau 3 | Corrélations de Pearson (r) entre les différents paramètres avec niveau de signification (analyse sur 24 variétés testées pendant trois années sur deux lieux) Paramètres Poids de mille grains (g)

Rendement en grain (dt/ha)

Poids de mille grains (g)

0,39

***

Poids à l'hectolitre (kg/hl)

-0,21

***

0,09

n.s.

Teneurs en protéines (%)

-0,38

***

-0,18

***

Poids à l'hectolitre (kg/hl)

0,21

***

Teneurs en protéines (%)

Rendement en protéines (kg/ha)

0,90

***

0,33

***

-0,13

**

0,04

n.s.

Viscosité (ml/g)

0,08

n.s.

0,05

n.s.

-0,07

n.s.

-0,36

***

Précocité

0,26

***

-0,04

n.s.

-0,25

***

-0,38

***

Hauteur (cm)

0,47

***

0,08

n.s.

-0,21

***

-0,46

***

Niveaux de signification: n.s.; *, **, *** correspondent à P > 0,05, < 0,05, < 0,01, < 0,001 respectivement.

est important. Dans le cadre de cette étude, la variabilité expliquée par la variété atteint un niveau considérable (42 %), mais elle est plus faible qu’attendu. En effet, les différences de viscosité pour une même variété cultivée à différents endroits étaient plus importantes que celles qui distinguaient une variété à viscosité élevée d’une variété à viscosité faible. Ces variations sont essentiellement dues à quelques variétés peu stables, notamment Suretta et Simano; celles-ci obtiennent à Goumoëns en 2012 des valeurs particulièrement faibles (environ 60 % de leur valeur moyenne). D’autres variétés, telles que Orzival, CH Claro ou Cambrena, ont également contribué à cette forte fluctuation des valeurs. A quelques exceptions près, nos résultats confirment néanmoins les observations de Oury et al. (1998) qui ont rapporté que la viscosité est un critère relativement stable et très dépendant du génotype. Comparée aux autres critères analysés, tels que la teneur en protéines ou le rendement en grain, la viscosité reste le critère le plus influencé par le choix variétal. Les variations de la teneur en protéines des grains et du PHL s’expliquent aussi en bonne partie par le choix variétal (respectivement 27 % et 20 %), mais l’effet du milieu reste prépondérant (respectivement 55  % et 58 %). Pour la teneur en protéines, Mut et al. (2010) obtiennent des résultats proches des nôtres. La variabilité du rendement en grain et du PMG s’explique presque entièrement par un effet du milieu (respectivement 93 % et 91 %). En Suisse, les principaux facteurs limitants la croissance du blé sont l’excès d’eau jusqu’au stade 3 feuilles ainsi que pendant la croissance végétative, un rayonnement solaire insuffisant (pendant la croissance reproductive) et également le stress causé par le gel (en altitude) et la chaleur (Holzkaemper et al. 2014). L’année 2010 a réuni les conditions idéales pour une récolte abondante, contrairement à 2012 avec un rendement en grain réduit en moyenne de 16 dt/ha

par rapport à 2010. Les deux lieux d’essais sont également très contrastés (différence de rendement moyenne de 23 dt/ha). De ce fait, la variabilité du rendement en grain est majoritairement expliquée par la variation des conditions pédoclimatiques. Corrélations entre les différents paramètres qualitatifs et agronomiques Le rendement est corrélé positivement avec le PMG, la date d’épiaison ainsi que la hauteur des plantes (tabl. 3). Conformément aux observations de Grant et McCalla (1949), le rendement en grain et la teneur en protéines sont négativement corrélés (r=-0,38). La quantité de protéines récoltée (en kg/ha) reste néanmoins étroitement corrélée avec le rendement en grain. En accord avec la littérature (Dornez et al. 2008a; Levy Haener et al. 2013), le rendement en grain et la viscosité ne sont pas corrélés. A l’intérieur de chaque classe de qualité, les viscosités peuvent considérablement diverger: Runal et CH Nara, deux variétés de classe Top, ont des rendements et teneurs en protéines comparables alors que leurs viscosités sont bien différentes (2,2 et 3,2 ml/g respectivement). La même observation peut être faite pour les variétés fourragères Mulan (2,7 ml/g) et Winnetou (3,8 ml/g). La corrélation négative entre viscosité et teneurs en protéines (r=-0,36) avait déjà été rapportée par Dornez et al. (2008b), toutefois ceux-ci avaient observé une relation plus étroite (r=-0,52), mais statistiquement non assurée. Nos résultats confirment également une étude antérieure de Levy Haener (2011) qui a montré que la viscosité potentielle du blé diminuait quand le taux de protéines augmentait, ce qui est intéressant pour la production animale. Carré et Oury (2001) ont par contre montré qu’une augmentation de la concentration en protéines n’entrainait aucun changement de la viscosité potentielle. Nos résultats pourraient contribuer à clarifier cette contradiction. En effet, en analysant séparément pour chaque variété les résultats de viscosité et de 

Recherche Agronomique Suisse 6 (3): 94–101, 2015

99


Production végétale | Effets de la variété et du milieu sur la viscosité du blé

Tableau 4 | Caractéristiques de la régression linéaire entre viscosité et teneur en protéines pour les 11 variétés ayant présenté un coefficient de détermination (R²) significativement différent de 0 Variété

Coefficient de détermination

Pente

Nombre d'observations n=16

CH CLARO

R² = 0,57 **

a= -0,24 **

CH COMBIN

R² = 0,62 **

a= -0,16 **

n=18

FOREL

R² = 0,36 *

a= -0,16 **

n=17

GALAXIE

R² = 0,29 *

a= -0,12 *

n=17

LEVIS

R² = 0,26 *

a= -0,20 *

n=18

LUDWIG

R² = 0,26 *

a= -0,12 *

n=17

MULAN

R² =0,25 *

a= -0,14 *

n=18

PAPAGENO

R² = 0,33 *

a= -0,09 *

n=18

RAINER

R² = 0,26 *

a= -0,09 *

n=18

SIALA

R² = 0,52 **

a= -0,20 **

n=18

WINNETOU

R² = 0,40 **

a= -0,30 *

n=18

Niveaux de signification: *P < 0,05; ** P< 0,01.

teneur en protéines, on constate que 11 des variétés analysées montrent une relation négative entre ces deux paramètres (tabl. 4), alors que treize variétés ne montrent aucune relation. Une autre analyse par milieu toutes variétés confondues montre une relation négative significative dans quatre cas sur six. Il semble donc que l’antagonisme entre viscosité et teneur en protéines n’est pas une règle universelle, mais qu’il dépend du set de variétés analysées et des caractéristiques pédoclimatiques. Peu de variétés remplissent toutes les exigences posées: une teneur en protéines élevée et une viscosité faible, tout en donnant un bon rendement en grain. La variété Mulan présente les valeurs de viscosité les plus basses, mais Bockris est une variété nettement plus intéressante au niveau de sa teneur en protéines. Bouguennec et al. (2001) estiment que la viscosité d’un blé fourrager ne devrait pas dépasser 3 ml/g pour être retenu pour des mélanges. Bockris dépasse en moyenne cette valeur limite de 0,1 ml/g, mais notre étude montre que la variabilité de la viscosité varie beaucoup d’un milieu à l’autre. De ce fait, cultivée dans des milieux où sa viscosité reste modérée, Bockris pourrait être une variété très intéressante.

100

Recherche Agronomique Suisse 6 (3): 94–101, 2015

Conclusions Un effet hautement significatif de la variété sur la viscosité a été observé, mais cette viscosité dépend aussi beaucoup des conditions pédoclimatiques. Toutes variétés confondues, une corrélation négative (faible, mais significative) entre la viscosité et la teneur en protéines du grain a été constatée; une analyse par variété révèle une corrélation négative significative pour près de la moitié des variétés testées. En faisant abstraction de l’impact du milieu sur l’expression de la viscosité, à peu près 70 % des variétés de blé étudiées seraient adaptées pour l’alimentation des animaux monogastriques. En raison du manque de connaissances actuelles sur la viscosité des variétés, un grand nombre de variétés avec une viscosité élevée est encore cultivé pour l’affouragement. Les différences de viscosité entre variétés mise en évidence par cette étude démontrent qu’il existe déjà actuellement des variétés présentant une faible viscosité et qui sont aussi productives que les variétés à viscosité élevée. L’avenir nous dira si ce critère sera jugé comme étant suffisamment important pour être dorénavant pris en compte dans les recommandations au producteur. n


Effetti della varietà e dell'ambiente sulla viscosità del frumento La viscosità del frumento è una caratteristica qualitativa dei cereali. Alcuni studi rivelano una correlazione tra una viscosità elevata ed effetti positivi sulla salute umana, quali l'abbassamento del colesterolo o la riduzione del rischio di cancro. Ma nel contesto del foraggiamento del bestiame, soprattutto nel caso degli animali monogastrici, sono preferibili viscosità basse. Una viscosità elevata, riduce infatti, tra le altre cose, l'attività enzimatica nell'intestino dell'animale, rallenta il passaggio del bolo alimentare e diminuisce il tasso di assorbimento degli alimenti. Per contrastare questi inconvenienti, l'industria arricchisce di enzimi le miscele per la foraggicoltura. È stata analizzata la viscosità di 48 varietà di frumento, e 24 varietà sono state testate nei tre anni di sperimentazione. Questa caratteristica dipende in larga misura dalla varietà, ma varia anche in base alle condizioni pedoclimatiche della coltura. Il 70 % delle varietà studiate presenta una viscosità media adatta al foraggiamento. La viscosità non è correlata praticamente con nessun'altra caratteristica agronomica (in particolare il rendimento in grano) o qualitativa. Tuttavia, un sottocampione di 11 varietà mostra una correlazione negativa tra viscosità e tenore di proteine. I risultati dello studio mostrano che i produttori dispongono di varietà con viscosità molto diverse. Una conoscenza approfondita della viscosità delle varietà e il loro utilizzo mirato potrebbero contribuire a ridurre l'utilizzo di enzimi nelle miscele, soprattutto nel caso in cui l'allevatore produca egli stesso la materia prima per il foraggiamento degli animali.

Summary

Riassunto

Effets de la variété et du milieu sur la viscosité du blé | Production végétale

Effects of variety and environment on wheat viscosity Wheat viscosity is a qualitative characteristic of cereals. Certain studies indicate positive effects for human health linked to high viscosity, such as the lowering of cholesterol or a reduction in cancer risks. Where the feeding of livestock is concerned, however – especially monogastric animals – low levels of viscosity are desirable. In fact, among other things, a high viscosity reduces enzymatic activity in the animal’s gut, slows down the passage of the alimentary bolus, and reduces the rate of absorption of the feed. To counteract these disadvantages, the industry enriches forage mixtures with enzymes. The viscosity of 48 varieties of wheat was analysed, with 24 varieties being tested during the three years of the trial. Although this trait is highly dependent upon variety, it also varies according to the pedoclimatic conditions of the crop. Seventy per cent of the varieties studied have an average viscosity that is suitable for feed. Viscosity is linked to practically no other agronomic or qualitative ­characteristic (particularly kernel yield). Despite this, a sub-sample of 11 varieties shows a negative correlation between viscosity and protein content. The results of this study show that producers have access to varieties with highly contrasting viscosities. In-depth knowledge of the viscosities of the different varieties and their targeted usage might contribute to a reduction in the use of enzymes in the mixtures, especially where the breeders themselves produce the raw material for feeding their livestock. Key words: viscosity, wheat, varieties, protein content, GxE interaction.

Bibliographie La bibliographie est disponible chez l'auteur.

Recherche Agronomique Suisse 6 (3): 94–101, 2015

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P r o d u c t i o n

a n i m a l e

Bien-être animal dans l’engraissement bovin: outils d’évaluation on-farm Bernadette Oehen, Anet Spengler Neff, Florian Leiber, Otto Schmid, Friederike Hoffmann et Barbara Früh Institut de recherche de l’agriculture biologique FiBL, 5070 Frick Renseignements: Barbara Früh, e-mail: barbara.frueh@fibl.org

Les systèmes d’élevage qui offrent un haut niveau de bien-être a­ nimal garantissent un comportement naturel, la propreté et un ­a ffouragement adapté à l’espèce. Des conseils ciblés peuvent contribuer à maintenir et à améliorer le bien-être animal dans les exploitations. (Photo: Marion Nitsch).

Introduction Le bien-être animal en agriculture biologique Les labels bio devraient garantir un niveau élevé de bien-être animal et l’attribut «bien-être animal élevé» devrait également servir à différencier sur le marché la

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Recherche Agronomique Suisse 6 (3): 102–109, 2015

viande, le lait et les œufs bio par rapport aux produits issus d’autres systèmes d’élevage. Le règlement européen et l’ordonnance suisse sur l’agriculture biologique contiennent peu de règles allant au-delà de la législation en vigueur sur la protection des animaux. Tous deux traitent cependant de domaines pertinents pour le bien-être animal, notamment l’interdiction du caillebotis intégral, des exigences particulières en matière de litière et d’aire de couchage ou des prescriptions spécifiques pour les parcours extérieurs (Schmid et Kilchsberger 2010; Knutti 2012). Afin de garantir un traitement respectueux des animaux et des conditions d’élevage adaptées à l’espèce, différentes organisations d’agriculture biologique ont introduit dans leur cahier des charges des règles d’élevage complémentaires à l’ordonnance sur l’agriculture biologique. Ainsi, les associations allemandes d’agriculture biologique Bioland, Biokreis, Demeter et Naturland ont élaboré en commun des «lignes directrices pour le bien-être animal». Celles-ci sont illustrées par des photos qui indiquent en quoi consiste le bien-être animal. Ces lignes directrices sont conçues de manière à permettre aux agriculteurs de réaliser un auto-audit de leur propre exploitation. Outre l’architecture et les équipements de l’étable, les critères portent sur les conditions corporelles et la propreté des animaux, ainsi que sur les technopathies, les irritations cutanées, l’état des onglons et les claudications. Depuis 2014, un contrôle on-farm du bien-être animal, basé sur les «lignes directrices pour le bien-être animal», fait partie du contrôle bio annuel dans les exploitations allemandes sous les labels Bioland, Biokreis, Demeter et Naturland. En Suisse, on ne dispose pas d’un instrument onfarm comparable, ni pour la sensibilisation des producteurs bio, ni pour le contrôle bio.

Matériel et méthodes L’outil de détermination on-farm du bien-être animal en Suisse a été élaboré en compilant la littérature scientifique actuelle sur le sujet et en intégrant les


connaissances des experts. Pour la «check-list du bienêtre animal», des spécialistes suisses ayant une expérience du contrôle bio, de la certification et des cahiers des charges bio ont en outre été consultés. Les instruments ont été élaborés en tenant compte de la littérature internationale sur le bien-être animal. Il a cependant été tenu compte des données spécifiques à la Suisse. À cet effet, des paramètres directs appropriés, indiquant le comportement ou la constitution des animaux, ont été identifiés afin d’évaluer le bien-être animal. Ces paramètres se rapportent directement aux animaux observés individuellement et sont donc parfaitement valides. Il s’agit par exemple de paramètres éthologiques ou de paramètres fondés sur la performance. Toutefois, procéder uniquement par évaluation quantitative demande beaucoup de temps et présente un risque de subjectivité. C’est pourquoi les deux outils d’évaluation du bienêtre animal comprennent également des paramètres indirects qui ne caractérisent pas l’animal lui-même, mais les conditions d’élevage. Lorsqu’il existe des corrélations significatives entre certains paramètres directs et indirects, la détermination de paramètres indirects du bien-être animal est plus rapide, plus simple et plus objective (Rütz 2010). En effet, les dimensions et la nature des équipements de l’étable sont plus faciles à quantifier que les paramètres directs. Les paramètres indirects sont donc également au cœur de la législation sur la protection des animaux et des contrôles afférents. Toutefois, les corrélations entre le bien-être animal et les paramètres indirects ne sont pas toujours établies, ni représentatives de tous les aspects du bien-être animal (Rütz 2010). Une évaluation du bien-être animal a été réalisée dans 15 exploitations pratiquant l’engraissement bovin en Suisse: la «check-list du bien-être animal» a été testée dans six exploitations et «l’outil d’évaluation du bienêtre animal» dans neuf exploitations. Parmi ces dernières, trois pratiquaient un engraissement conforme au cahier des charges Bœuf de pâturage bio (BPB), trois autres à celui de TerraSuisse (TS) et trois étaient conformes à la LPA (loi sur la protection des animaux)/ PER (prestations écologiques requises). En raison du faible nombre d’exploitations, il s’agit de cas d’étude destinés à vérifier l’applicabilité les deux instruments. Les tendances observées ici ne démontrent donc pas leur validité générale. Le bien-être animal ne concerne pas uniquement l’agriculture biologique mais également le transport des animaux et leur abattage. Ces domaines ne sont pas pris en compte dans les deux outils d’évaluation.

Résumé

Bien-être animal dans l’engraissement bovin: outils d’évaluation on-farm | Production animale

L’optimisation du bien-être animal est l’une des préoccupations centrales de l’agriculture biologique. Pour atteindre cet objectif et se conformer mieux encore à la législation sur la protection des animaux, les associations allemandes et britanniques d’agriculture biologique ont élaboré des outils permettant la détermination on-farm du bien-être animal. Ces outils sont à la disposition des éleveurs et des organismes de contrôle biologique. De tels outils ne sont pas encore disponibles en Suisse pour les exploitations bio et les organismes de contrôle biologique. La «check-list du bien-être animal» et «l’outil d’évaluation du bien-être animal» sont deux instruments qui ont été développés en Suisse pour déterminer et contrôler le bien-être animal dans l’engraissement bovin. Les indicateurs utilisés à cet effet sont fondés sur la littérature scientifique et associent des observations sur les animaux (paramètres directs) à des mesures dans l’environnement des animaux (paramètres indirects). Ces deux outils permettent d’améliorer le bien-être animal dans les exploitations biologiques sans nécessiter d’adaptation des cahiers des charges, des lois ou des décrets. Par ailleurs, ils enrichissent les connaissances des agriculteurs dans le domaine du bien-être animal et sont conçus de telle sorte que les exploitations non biologiques puissent également les utiliser.

Recherche Agronomique Suisse 6 (3): 102–109, 2015

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Production animale | Bien-être animal dans l’engraissement bovin: outils d’évaluation on-farm

Tableau 1 | Cercles fonctionnels et description des indicateurs pour l’évaluation on-farm du bien-être animal dans des exploitations l’engraissement bovin (d'après Hoffmann 2013) Cercles fonctionnels et indicateurs avec le nombre maximal de points qui peuvent être obtenus

Paramètre et évaluation

Comportement de déplacement Surface de mouvement totale

5

m2/animal écorné: 5: ≥7; 4: ≥6; 3: ≥5; 2: ≥4; 1: ≥3,0: <3 m2/animal cornu: 5: ≥9; 4: ≥8; 3: ≥7; 2: ≥6; 1: ≥5; 0: <5

Accès à un parcours extérieur / aire d’exercice

5

jours/an: 5: ≥270 jours; 4: ≥230 jours; 3: ≥180 jours; 2: ≥120 jours; 1: ≥50 jours; 0: jamais

Pâturage

3

jours/an 3: ≥120 jours; 2: ≥50 jours; 1: ≥30; 0: jamais

Estivage

1

1= oui; 0= non

Structure du sol des couloirs de passage

2

2: antidérapante; 1: antidérapante, partiellement glissante; 0: glissante, -1: glissante/défectueuse

Structure du sol des parcours extérieurs

2

2: antidérapante; 1: antidérapante, partiellement glissante; 0: glissante; -1: glissante/défectueuse

Topographie des pâtures

2

2: sol alpestre, forte pente; 1: plat, légèrement incliné

5

m2/animal écorné: 5: ≥7; 4: ≥6; 3: ≥5; 2 ≥4; 1: ≥3,0: <3 m2/animal cornu: 5: ≥9; 4: ≥8; 3: ≥7; 2: ≥6; 1: ≥5; 0: <5

Accès à un parcours extérieur / aire d’exercice

4

jours/an 5: ≥270 jours; 4: ≥230 jours; 3: ≥180 jours; 2: ≥120 jours; 1: ≥50 jours; 0: jamais

Pâturage

3

jours/an 3: ≥120 jours; 2: ≥50 jours; 1: ≥30 jours; 0: jamais

Structure du troupeau

5

5: structure familiale; 4: troupeau sans taureau; 3: groupes d’âge stables; -1: changements de g­ roupes fréquents

Remonte

3

3: à partir de la descendance du troupeau/contact visuel avec le troupeau; 2: à partir de la descendance du troupeau /intégration de plusieurs animaux; 1: achat/intégration de groupes qui se connaissent; 0: achat/intégration de groupes, -1: intégration d’animaux isolés

Comportement social Surface de mouvement totale

Comportement de repos et de sommeil 5

5: aisé, non limité; 3: aisé, limité; 1: incommode, limité; -1: incommode, très entravé

Constitution de la surface de couchage

5

5: ≥ 6 cm paille; 4: 3-6 cm paille/≥6 cm sable; 2: caoutchouc mou, <3 cm paille/<6 cm sable; 1: caillebotis avec revêtement en caoutchouc; 0: caillebotis en béton, -1: sol de mauvaise qualité technique

Propreté de la surface de couchage

5

5: ≤ 10 % souillé; 3: 10-20 % souillé; 1: 20-30 % souillé; 0: 30-50 % souillé; -1: > 50 % souillé

Surface de couchage permettant un déplacement des animaux en toute sécurité

5

5: antidérapante; 3: antidérapante, partiellement souillé; 1: très peu antidérapant, 0: glissant; -1: très glissant, ­défectueux

Lever/coucher

Comportement d’alimentation Disponibilité de la nourriture

3

3: ad libitum; 1: > 2 fois/jour; 0: ≤ 2 fois/jour

Présentation des rations

3

3: composants séparés, 1: ration partiellement mélangée; 0: ration totalement mélangée

Fibres brutes, énergie, protéines

3

3: adapté aux ruminants; 1: léger excès énergétique/ manque de structure; -1: manque de structure très important

Aménagement de l’aire d’alimentation

2

Animal: nombre d’animaux/aire d’alimentation: 2: < 1:1; 0: 1:1; -1: > 1:1, ad libitum vaut 1:1

Construction de l’aire d’alimentation

2

2: cornadis; 1: barres horizontales; 0: tubes nues; -1: dispositif défectueux

Propreté de la table d’affouragement

1

1: propre; 0: souillé; -1: techniquement défectueux

Consistance des fèces

1

1: aspect grumeleux, étalé; 0: liquide pâteux; -1: compact, très liquide

Structure des fèces

1

1: homogène; 0: morceaux non digérés isolés; -1: structures non digérées

Système d’abreuvage

3

3: abreuvoir à auge; 2: abreuvoir à auge et à bol; 1: abreuvoir à niveau constant; 0: abreuvoir à bol;

Propreté de l’abreuvoir

1

1: propre; 0: souillé; -1: techniquement défectueux

3

3: possibilité de changer de température ambiante; 2: possibilité limitée de changer de température ambiante; 1: impossibilité de changer de température ambiante

Santé, confort et hygiène des animaux Thermorégulation

104

Équipements de confort

3

3: présents, bien placés; 2: présents; 0: absents

Lumière du jour dans l’étable

2

2: ouverture frontale, très clair; 1: au moins 60 Lux; 0: au moins 15 Lux; -1: sombre

Qualité de l’air dans l’étable

2

2: ouverture frontale; 1: bon; 0: satisfaisant, insalubre; -1: mauvais

Courant d’air dans l’aire de couchage

3

3: exclu; 1: occasionnel; 0: pour les animaux de rang inférieur; -1: toujours

Nuisances sonores

2

2: non; 1: légère; 0: nette; -1: forte

Techno-/ ethnopathies des pattes

3

3: non; -1: oui

Techno-/ ethnopathies du tronc et des pattes

3

3: non; -1: oui

Irritations cutanées

3

3: non; -1: oui

Propreté des animaux

2

2: propre, 0-1 salissure; 1: 1-2 salissures; 0: très souillé; -1: salissures anciennes encroûtées

État des onglons

2

2: parfait; 1: bon; 0: pas encre de traitement nécessaire; -1: traitement nécessaire

Traitement vétérinaire allopathique traitement du troupeau pendant l’engraissement

4

4: ≤ 1 traitement; 2: ≤ 2 traitements; 1: ≤ 3 traitements; 0 ≤ 4 traitements; -1: > 4 traitements

Mortalité

3

3: 1 %; 2: 2 %; 1: 3 %; 0: 4 %; -1: ≥ 5 %

Écornage

1

1: non; 0: oui

Castration

1

1: non; 0: oui

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Bien-être animal dans l’engraissement bovin: outils d’évaluation on-farm | Production animale

Thermorégulation Castration

10,0

Equipements de confort

8,0 Écornage

6,0

Lumière du jour dans l‘étable

4,0 2,0

Mortalité

Qualité de l‘air dans l‘étable

0,0 -2,0 -4,0

Traitement vétérinaire allophatique

Courant d‘air dans l‘aire de couchage

État des onglons

Nuisances sonores

Propreté des animaux

Techno-/ethnopathies des pattes

Irritations cutanées

LPA/PER

TerraSuisse

Techno-/ethnopathies du tronc et des pattes

BPB

Exploitation idéale

Figure 1 | Bien-être animal dans le cercle fonctionnel «Santé, confort et hygiène des animaux» selon le système de production (Bœuf de pâturage bio, TerraSuisse et en conformité avec la LPA/PER). Comparaison avec une ­e xploitation idéale, qui obtient le nombre maximal de points pour tous les indicateurs dans ce cercle fonctionnel. Dans l’évaluation globale (non représentée ici), l’exploitation d’engraissement bovin conforme à la LPA/PER ­o btient en moyenne 16,2 % du bien-être possible dans des conditions optimales, contre 52,5 % pour l’exploitation TerraSuisse et 76 % pour l’exploitation Bœuf de pâturage bio.

Résultats Les cercles fonctionnels, base de l’évaluation L’outil élaboré par Hoffmann (2013) a pour objet l’évaluation du bien-être animal et se fonde sur l’hypothèse bien étayée que chacun des modes de comportement naturels existant chez les bovins peut être attribué à un cercle fonctionnel caractéristique (Sundrum 1998; KTBL 2006). Plus nombreux sont les modes de comportement naturels pouvant s’exprimer dans un système d’élevage, mieux celui-ci est adapté à l’espèce. Comme l’outil d’évaluation a été élaboré pour l’engraissement bovin, il comprend les cinq cercles fonctionnels suivants: comportement de déplacement, comportement social, comportement de repos et de sommeil, comportement d’alimentation et enfin santé, confort et hygiène des animaux. Chacun des cercles fonctionnels contribue pour 20 % au bien-être animal. Pour quantifier le bien-être animal correspondant à un cercle fonctionnel, des indicateurs ont été définis à

partir de la littérature scientifique (Bartussek 1996; Rütz 2010; Schneider 2010; Sundrum 2007; Welfare Quality 2012; Knierim et Winckler 2009) et les paramètres qui s’y rapportent ont été établis (tabl. 1). De cette manière, tous les indicateurs sont décrits sans équivoque par des paramètres et peuvent être évalués sur une échelle numérique discrète. Certains indicateurs correspondent à des observations sur les animaux (par exemple, irritations cutanées, claudications, propreté), tandis que d’autres sont mesurés dans leur environnement (par exemple, éclairage, place) ou déterminés en interrogeant l’éleveur (par exemple, l’alimentation). Pour déterminer les paramètres caractérisant les animaux, un échantillon aléatoire représentant 25 % de l’ensemble des bovins est sélectionné et observé. Pour le bien-être global associé à un système de production, la valeur moyenne de l’ensemble des indicateurs d’un cercle fonctionnel est calculée et le bien-être est évalué selon les spécifications du projet WelfareQua lity (2012) de la manière suivante:

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Production animale | Bien-être animal dans l’engraissement bovin: outils d’évaluation on-farm

Castration

Thermorégulation 10

Équipements de confort

8 Écornage

6

Lumière du jour dans l‘etable

4 2 Mortalité

Qualité de l‘air dans l‘etable

0 -2 -4

Traitement vétérinaire allophatique

Courant d‘air dens l‘aire de couchage

État des onglons

Nuisances sonores

Propreté des animaux

Techno-/ethnopathies des pattes

Irritations cutanées

BPB 1

BPB 2

Techno-/ethnopathies du tronc et des pattes BPB 3

Exploitation idéale

Figure 2 | Bien-être animal dans le cercle fonctionnel «Santé, confort et hygiène des animaux» dans trois exploitations Bœuf de pâturage bio. Comparaison avec l’exploitation idéale qui obtient le nombre maximal de points. L’outil fait apparaître des différences entre les trois exploitations et des écarts par rapport à l’exploitation idéale.

Excellent: obtention d’au moins 55 % du maximum possible de points pour tous les cercles fonctionnels et de 80 % du maximum possible de points pour au moins deux d’entre eux. Supérieur: obtention d’au moins 20 % des points pour tous les cercles fonctionnels et 55 % pour au moins deux d’entre eux. Acceptable: obtention d’au moins 10 % pour tous les cercles fonctionnels et au moins 20 % pour trois d’entre eux. Insuffisant: exploitation ne remplissant pas les exigences minimales pour assurer un bien-être animal suffisant. L’outil d’évaluation a été utilisé pendant le semestre d’hiver 2012/13 dans neuf exploitations d’engraissement bovin en Suisse. La collecte des données dans chaque exploitation a duré deux heures et comprenait un questionnaire à remplir avec l’éleveur, l’observation des animaux dans le système d’élevage et des mesures. L’outil d’évaluation était applicable dans les systèmes de production étudiés et il a permis de mettre en ­évidence des différences entre les systèmes d’élevage (fig. 1) et entre des exploitations appliquant le même système d’élevage (fig. 2).

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Recherche Agronomique Suisse 6 (3): 102–109, 2015

Check-list pour l’évaluation du bien-être animal Tandis que l’outil d’évaluation de Hoffmann (2013) est axé sur la détermination on-farm du bien-être animal, Knutti (2012) a élaboré une check-list du bien-être animal dans les exploitations biologiques suisses, qui peut être utilisée par les éleveurs et par les personnes chargées du contrôle biologique annuel. Cet auteur s’est servi des «Lignes directrices pour le bien-être animal» élaborées par les associations allemandes d’agriculture biologique ainsi que d’un projet de l’organisation britannique d’agriculture biologique Soil Association (www.assurewel.org) et a adapté l’attribution des points de contrôle aux conditions-cadres suisses. L’évaluation du bien-être animal, selon Knutti (2012), est fondée à la fois sur l’observation de paramètres directs (par exemple, l’état nutritionnel, le degré de salissure, les blessures, l’état des onglons) et sur des paramètres indirects (par exemple, les dimensions de l’étable, la propreté de l’aire d’affouragement, les équipements de confort). Le bien-être animal dans l’exploitation est évalué par un simple système de couleurs: bon (vert), améliorable (orange) ou insuffisant (rouge). La checklist pour l’élevage bovin (tabl. 2) a été testée dans six exploitations à l’occasion d’un contrôle volontaire avec


Bien-être animal dans l’engraissement bovin: outils d’évaluation on-farm | Production animale

Tableau 2 | Check-list pour l’évaluation on-farm du bien-être animal dans des exploitations bio d’engraissement bovin dans le cadre d’un contrôle biologique (résumé simplifié d’après Knutti, 2012)

Indicateurs directs basés sur les animaux

Aide

État nutritionnel (Body Score Index FiBL)

Système d’évaluation bon

améliorable

insuffisant

illustrations

bon

trop gras

trop maigre

Salissures

photos

aucune

moyennes

fortes

Blessures (écorchures, plaies, enflures)

photos

aucune

légères

importantes

aucune

légères

fortes

soignés

en règle

non soignés

Claudications Soins: onglons

illustrations

Indicateurs indirects, non basés sur ­les animaux

Aide

Système d’évaluation bon

améliorable

insuffisant

Hygiène de l’aire d’affouragement / de l’abreuvoir

propre

en ordre

Sol

antidérapant

lisse

très glissant

Qualité de l’air

bonne

insalubre

très insalubre

Confort (brossage ou étrillage)

effectué

insatisfaisant

aucun

RÉSULTAT GLOBAL ÉTABLE Observations particulières (par exemple, posture incorrecte systématique)

des personnes chargées du contrôle et des chefs d’exploitation. Le contrôle a duré en moyenne 30 minutes par exploitation. Knutti (2012) met en avant le processus d’apprentissage de l’éleveur et les mesures d’amélioration mises en œuvre par l’exploitation. Dès lors, la check-list doit être orientée vers la pratique pour que les exploitants puissent l’utiliser. Knutti (2012) propose en outre que les exploitations mal notées plusieurs fois de suite, malgré recommandation, ne soient plus autorisées à commercialiser leurs animaux ni leurs produits animaux sous un label bio, même si elles ne contreviennent pas à l’ordonnance sur l’agriculture biologique ni à la loi sur la protection des animaux. Les associations d’agriculture biologique devront déterminer dans quelle mesure la nouvelle règle est justifiée et applicable.

Discussion et conclusions Selon Rütz (2009), un outil d’évaluation on-farm se doit d’énumérer et de décrire clairement les indicateurs. Il doit être simple et son utilisation ne doit pas nécessiter trop de temps. Pour qu’il soit applicable dans différents systèmes d’élevage, il doit également être flexible. Les résultats doivent être objectifs et reproductibles. L’outil

élaboré par Hoffmann (2013) répond à ces critères. Il permet de déterminer le bien-être animal dans différentes exploitations d’engraissement bovin et différents systèmes d’élevage et de déduire et visualiser les résultats de manière transparente. Les indicateurs sont clairement définis et des paramètres correspondants leur sont attribués. Comme cet outil est plus nuancé que celui de Knutti (2012), il se prête à la sensibilisation et à la formation des chefs d’exploitation. Ces derniers peuvent, par exemple, évaluer eux-mêmes le bien-être de leurs animaux et utiliser l’outil pour savoir quand des modifications doivent intervenir dans leur système d’exploitation. La check-list de Knutti (2012) est axée sur l’évaluation on-farm du bien-être animal dans des exploitations bio. Elle est aisément applicable et comporte des illustrations et des photos facilitant son utilisation. Testée en pratique avec des agriculteurs et des personnes chargées du contrôle, elle s’est avérée utilisable dans un délai raisonnable. Cette check-list est donc applicable dans le cadre de contrôles biologiques réguliers. Le système de couleurs est trop sommaire pour permettre de sensibiliser les chefs d’exploitation et devrait être décliné pour s’adapter à différentes catégories de bovins  (veaux, vaches laitières, bœufs à l’engraissement).

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Production animale | Bien-être animal dans l’engraissement bovin: outils d’évaluation on-farm

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En ce qui concerne le contenu, l’outil d’évaluation et la check-list sont similaires. Ils associent des paramètres directs et indirects pour le bien-être animal et utilisent en partie les mêmes indicateurs. Il serait souhaitable d’harmoniser ces deux outils. De cette manière, les exploitations biologiques suisses pratiquant l’engraissement bovin disposeraient d’un instrument à la fois équivalant aux «lignes directrices pour le bien-être animal» des associations bio allemandes et adapté à la législation suisse sur la protection des animaux ainsi qu’à l’ordonnance suisse sur l’agriculture biologique et aux cahiers des charges bio. Les outils on-farm dans le domaine du bien-être animal peuvent contribuer à améliorer le savoir-faire des agriculteurs et des personnes chargées du contrôle dans différents systèmes de production. Certes, le respect des prestations écologiques

requises (respect de la loi sur la protection des animaux) ainsi que des programmes SST (Systèmes de stabulation particulièrement respectueux des animaux) et SRPA (Sorties régulières en plein air) fait également l’objet d’un contrôle on-farm dans toutes les exploitations suisses. Cependant, les outils on-farm basés sur les animaux, présentés ici pour l’évaluation du bien-être animal, vont plus loin: ils fournissent aux éleveurs une indication sur la façon dont ils pourraient eux-mêmes améliorer la santé et le bien-être de leurs animaux. De cette manière, le bien-être animal pourrait être amélioré dans les exploitations agricoles suisses sans que d’autres adaptations soient nécessaires au niveau des cahiers des charges, des ordonnances ou des lois. n

Bibliographie ▪▪ Bartussek H., 1996. Tiergerechtheitsindex für Rinder – TGI 35L/1996-Rinder. Gumpenstein, Bundesanstalt für alpenländische Landwirtschaft. ▪▪ Hoffmann C. F., 2013. Zielkonflikt? Reduktion von Treibhausgasemissionen und Animal Welfare in Schweizer Rindfleischproduktionssystemen verschiedener Intensität. Mémoire de master en sciences agricoles de la faculté des sciences agricoles et horticoles de l’université technique de Munich en coopération avec l’Institut de recherche de l’agriculture biologique. ▪▪ Knierim U. & Winckler C., 2009. On-farm welfare assessment in cattle – validity, reliability and feasibility issues and future perspectives with special regard to the Welfare Quality® approach. Animal Welfare 18, 451–458. ▪▪ Knutti S., 2012. Wie kann die Biokontrolle und im Speziellen im Bereich Tierwohl weiterentwickelt werden. Mémoire de fin d’études, Inforama (Haute école spécialisée). Zollikofen, avril 2012. ▪▪ KTBL, 2006. Nationaler Bewertungsrahmen Tierhaltungsverfahren. Darmstadt, Kuratorium für Technik und Bauwesen in der Landwirtschaft, KTBL-Schrift 446. ▪▪ Rütz A., 2010. Untersuchung verschiedener Parameter auf ihre Eignung zur Bewertung der Tiergerechtheit von Laufställen für Milchkühe im Rahmen eines On-farm welfare assessment. Munich, Université Ludwig-­ Maximilian de Munich.

▪▪ Schneider C., 2010. Dimensionierung und Gestaltung von Laufställen für behornte Milchkühe unter Berücksichtigung des Herdenmanagements. Thèse, Université de Kassel, faculté des sciences biologiques, D-Witzenhausen. 184 p. ▪▪ Schmid O., & Knutti S., 2012. Outcome-oriented approaches for regulating animal welfare in organic farming. Paper presented in Workshop 6.3 on «Producing and reproducing farming systems. New modes of organization for sustainable food systems of tomorrow.» 10th European IFSA Symposium, Aarhus, Danemark, du 1 au 4 juillet 2012. International Farming Systems Association, 8 p. ▪▪ Sundrum A., 1998. Zur Beurteilung der Tiergerechtheit von Haltungsbedingungen landwirtschaftlicher Nutztiere. Dtsch. Tierärztl. Wschr. 105: 65–72. ▪▪ WelfareQuality Project 2012. Practical experiences with the cattle onfarm assessment. Summary papers on project website. Edited by Linda Keeling. Accès: http://www.welfarequality.net/everyone/41398/5/0/22 [6.1.2015].

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Strumenti per il rilevamento on-farm e la valutazione del benessere dei bovini durante l’ingrasso Il maggior benessere possibile degli animali è uno degli obiettivi centrali dell’agricoltura biologica. Per migliorare il benessere degli animali e per rispondere ancora meglio alle esigenze della protezione degli animali, alcune associazioni bio germaniche e inglesi hanno sviluppato degli strumenti per rilevare il benessere degli animali on-farm. Gli strumenti possono essere applicati dal detentore e in occasione dei controlli bio. Per le aziende biologiche svizzere e per i controlli bio questi mezzi non sono ancora disponibili. Con la «checklist benessere degli animali» e lo «strumento per la valutazione del benessere degli animali» sono stati sviluppati due mezzi per rilevare e controllare il benessere dei bovini durante l’ingrasso. Gli indicatori utilizzati a questo scopo sono tratti dalla letteratura scientifica e combinano l’osservazione degli animali (parametri diretti) con misurazioni nell’ambiente in cui si trovano gli animali (parametri indiretti). Entrambi gli strumenti hanno il potenziale di migliorare il benessere degli animali nelle aziende bio senza che debbano essere adeguate direttive, leggi o ordinanze. Inoltre servono a migliorare le conoscenze relative al benessere degli animali dei contadini e sono stati predisposti in modo da poter essere applicati anche nelle aziende non gestite in regime biologico.

Summary

Riassunto

Bien-être animal dans l’engraissement bovin: outils d’évaluation on-farm | Production animale

Instruments for on-farm animal welfare assessments in beef production Maximum animal welfare is a core concern in organic farming. With a view to improving animal welfare and making further progress in meeting animal welfare requirements, German and British organic farming associations have developed on-farm animal welfare assessment instruments. These instruments can be applied by the farmers themselves and in the context of organic inspections. In Switzerland, such aids are not yet available to organic farmers and inspectors. Two instruments have now been developed, namely the «Animal Welfare Checklist» and the «Animal Welfare Assessment Tool», which allow assessing and monitoring of animal welfare in beef production. The indicators used are derived from the scientific literature and combine animal observation (direct parameters) with measurements taken in animals’ environments (indirect parameters). Both instruments offer potential to improve animal welfare on organic farms without the need to amend standards, laws or regulations. Moreover, they enhance farmers’ knowledge of animal welfare issues and are set out so that they may also be used on non-organic holdings. Key words: animal welfare, on-farm animal welfare assessment, animal welfare indicators.

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S o c i é t é

Nouvelle politique agricole – le point de vue des agriculteurs et des spécialistes Rebecca Knoth1,3, Andreas Bosshard2 et Xenia Junge3 1 Institut de biologie de l'évolution et des sciences de l'environnement IEU, 8057 Zurich 2 Vision Landwirtschaft, 8966 Oberwil-Lieli 3 Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL, 8903 Birmensdorf Renseignements: Rebecca Knoth, e-mail: rebeccaknoth@gmx.ch

Des informations claires et objectives de même que des conseils globaux pourraient accroître le degré de satisfaction des agricultrices et agriculteurs. (Photo: Andreas Bosshard)

Introduction En 2011, le Parlement suisse a confié au Conseil fédéral la mission d’élaborer des propositions de subventions agricoles plus ciblées et plus pertinentes. Ainsi, dès 2014, la politique agricole suisse a subi d’importantes réformes avec l’arrivée de la PA 14 – 17. Les paiements directs, qui représentent la plus grande partie des contributions fédérales à hauteur de 2,8 milliards de francs par année, ont été entièrement repensés. Ils sont constitués essentiellement de paiements directs généraux (80 %), lesquels ont été répartis en instruments. Ces instruments correspondent aux différents objectifs de l’article constitutionnel sur l’agriculture. Une agriculture multifonc-

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tionnelle est ainsi fortement encouragée, qui ne se contente pas de produire des denrées alimentaires, mais contribue aussi à la conservation du paysage et de la biodiversité, à la création d’emplois ainsi qu’à l’occupation décentralisée du territoire (art. 104 de la Constitution fédérale). Tandis que la politique agricole suisse accorde de plus en plus d’importance aux prestations d’intérêt public, il s’agit de considérer la position des personnes directement concernées par ces dispositions, c’est-à-dire les agriculteurs. Des divergences d’opinion entre les personnes concernées et les responsables peuvent empêcher la mise en place de mesures efficientes pour la protection


de la nature et de l’environnement (Schenk et al. 2007). Pour favoriser une agriculture multifonctionnelle efficace et durable, les personnes impliquées doivent mieux comprendre le sens et l’objectif des mesures mises en place à cet effet (Schenk et al. 2007). Ce travail analyse le point de vue des agricultrices/ agriculteurs suisses et des spécialistes sur la PA 14 – 17. Il est particulièrement intéressant de déterminer quelles mesures les agriculteurs pensent entreprendre en réponse aux nouvelles dispositions et quelle direction l’agriculture suisse prendra suite à la nouvelle politique agricole.

Méthode Sondages En mars 2014, 1000 questionnaires ont été envoyés par courrier à des agriculteurs des cantons des Grisons, de Zurich, Soleure et Argovie. Pour chaque canton, les exploitations ont été choisies de manière aléatoire, la moitié étant des exploitations bio et l’autre moitié non bio. Début avril 2014, 71 questionnaires supplémentaires ont été transmis à des spécialistes en agriculture dans les domaines de la recherche, de l’administration, des écoles d’agriculture, des bureaux d’écologie, des ONG/associations, de l’économie et de la politique. Les questionnaires ont été élaborés sur la base d’études bibliographiques et sur la consultation d’enquêtes préalables, en particulier celle de Göpfert (2005). 41 % des agriculteurs et 52 % des spécialistes ont retourné leur questionnaire. Le taux de réponse pour les exploitations bio était supérieur à la moyenne (bio 61 %; non bio 31 %). Les exploitations des zones de plaine étaient les mieux représentées (46 %), suivies par celles des zones de montagne (29 %) puis de collines (18 %).

Résumé

Nouvelle politique agricole – le point de vue des agriculteurs et des spécialistes | Société

Dans le cadre de la nouvelle politique agricole 2014–2017 (PA 14–17), les prestations d’intérêt général telles que les mesures écologiques doivent être attribuées de façon plus ciblée. La présente étude expose le point de vue des agricultrices et agriculteurs sur la PA 14–17 et la tendance à s’orienter vers une agriculture de plus en plus écologique. Elle présente également les adaptations de l’exploitation qui pourraient être attendues suite aux nouvelles dispositions. Un questionnaire écrit a été soumis aux agriculteurs ainsi qu’aux spécialistes en agriculture (afin d’obtenir un autre avis d’experts). L’analyse des résultats montre, entre autres, que les agriculteurs sont bien disposés face aux mesures écologiques, tandis que la satisfaction vis-à-vis de la PA est plutôt faible. En ce qui concerne les surfaces écologiques, les agriculteurs préfèrent miser sur la qualité plutôt que sur la quantité. Ils ne prévoient pas de réduire leur cheptel. Cette étude offre des bases permettant de dresser un premier bilan de la PA 14–17.

Interprétation des résultats Afin d’identifier les corrélations entre les différentes réponses du sondage, une analyse multivariée a été effectuée à l’aide de la modélisation par équations structurelles (Davcik 2014). Les connaissances du système et de la littérature ont permis de repérer d‘éventuelles corrélations entre les questions du sondage (variables mesurées) et les concepts globaux du questionnaire (variables latentes). Pour la partie statistique, ces corrélations ont été analysées selon un système d’équations linéaire. Les différences entre les groupes ont été déterminées par des analyses de variance, le test U de MannWhitney (comparaison spécialistes et agriculteurs) ou le test de comparaisons multiples post-hoc pour plus de  deux groupes.

Recherche Agronomique Suisse 6 (3): 110–117, 2015

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Société | Nouvelle politique agricole – le point de vue des agriculteurs et des spécialistes

Les agriculteurs suisses sont-ils satisfaits?

Je suis satisfait de l’état actuel de mon exploitation.

Dans l’ensemble, je suis satisfait de l’évolution actuelle de l’agriculture suisse.

A

*

La politique agricole suisse me paraît bonne.

Zone de plaine B

Zone de collines Zone de montagne

1

2

3 4 Barre d’erreur: +/- 1 S.E.

5

Figure 1 | Satisfaction des agriculteurs en ce qui concerne l’exploitation et la politique agricole. Comparaison des différentes zones de production agricoles. Valeurs: 1 = pas du tout, 2 = plutôt non, 3 = mitigé, 4 = plutôt oui, 5 = tout à fait. Les différences significatives entre les sous-groupes sont indiquées avec des lettres différentes (test Bonferroni), * p < 0,05.

Résultats Position vis-à-vis de la PA 14 – 17 Bien que les agriculteurs ayant participé au sondage s’estiment plutôt satisfaits de la situation de leur exploitation, ils considèrent la politique agricole actuelle de façon assez négative (fig. 1). Les agriculteurs des zones de montagne sont toutefois plus satisfaits de la politique agricole actuelle que les agriculteurs des zones de plaine. Il a été demandé aux agriculteurs et spécialistes si les contributions étaient mieux ciblées avec la nouvelle PA (fig. 2). Les spécialistes trouvent que oui, les agriculteurs sont mitigés. Les experts en agriculture considèrent les effets de la PA 14 – 17 sur le revenu agricole de manière plus positive que les agriculteurs. En même temps, les spécialistes estiment la réaction des agriculteurs face à la nouvelle politique agricole plus alarmante que ce qu’elle n’est réellement. Position vis-à-vis de l’écologisation de l’agriculture Dans l’ensemble, les agriculteurs considèrent positivement la contribution de l’agriculture à l’écologie. Les agriculteurs des exploitations bio sont particulièrement concernés; ils évaluent d’ailleurs presque tous les aspects plus favorablement que les exploitants non bio (fig. 3).

112

Recherche Agronomique Suisse 6 (3): 110–117, 2015

La plupart des agriculteurs ayant participé à l’enquête sont d’avis que les mesures écologiques entreprises doivent être autant efficaces (c’est-à-dire valoriser la nature et le paysage) qu’utiles à l’image reflétée par l’agriculture. L’affirmation rapportant que la production au sein de l’exploitation peut très bien se concilier avec la protection de la nature a reçu une forte approbation. Adaptations de l’exploitation En ce qui concerne les adaptations futures de l‘exploitation suite au passage à la nouvelle PA, les spécialistes et agriculteurs ont également des avis divergents (fig. 4). L’une des plus grandes différences se trouve dans la question de réduire ou non l’élevage d’animaux suite à la nouvelle PA. Les spécialistes pensent plutôt oui, tandis que les agriculteurs ne prévoient pas de diminuer l’élevage des animaux sur leur propre exploitation. De plus, les spécialistes surestiment beaucoup l’inclinaison des agriculteurs à augmenter la qualité et la quantité de leurs surfaces écologiques. Les agriculteurs ayant participé au sondage préfèrent s’engager sur un projet de qualité du paysage. En ce qui concerne l’adaptation des exploitations, l’attente des spécialistes est dans l’ensemble plus élevée que ne le sont les prévisions effectives des agriculteurs.


Nouvelle politique agricole – le point de vue des agriculteurs et des spécialistes | Société

Les agriculteurs suisses sont-ils satisfaits de la nouvelle PA?

Dans l’ensemble, les agriculteurs sont satisfaits de la nouvelle ordonnance sur les paiements directs. Les contributions aux agriculteurs sont accordées de façon plus ciblée avec la nouvelle PA.

***

La PA a une influence positive sur le revenu agricole.

***

A l’avenir les agriculteurs souhaitent des réformes allant dans le même sens que celles de la nouvelle PA.

Agriculteurs Spécialistes 1

2

3 4 Barre d’erreur: +/- 1 S.E.

5

Figure 2 | Comparaison du point de vue concernant la PA 14–17. L’avis effectif des agriculteurs et l’évaluation extérieure des spécialistes en agriculture. Valeurs: 1 = pas du tout, 2 = plutôt non, 3 = mitigé, 4 = plutôt oui, 5 = tout à fait. Seuil de signification: *** p < 0,001.

Modélisation par équations structurelles La modélisation par équations structurelles (fig. 5 et tabl. 1) présente les impacts de la nouvelle politique agricole sur la satisfaction des agriculteurs. Les différentes interactions ainsi que leur intensité sont également représentées. En général, plus l’agriculteur est informé sur la nouvelle PA et ouvert à l’écologisation de l’agriculture, plus il sera satisfait de la nouvelle politique agricole, et moins il sera affecté par les modifications suite à la nouvelle politique.

Discussion Enthousiasme mitigé pour la politique agricole Les résultats de l’enquête révèlent que le degré de satisfaction des agriculteurs envers leur propre exploitation (élevé) est différent de celui de l’évolution de l’agriculture suisse (moindre). Des sondages équivalents ont révélé des tendances similaires il y a dix ans (Göpfert 2005) ou vingt ans (Weiss 2000). Cependant, les agriculteurs suisses sont dans l’ensemble légèrement plus satisfaits de la politique agricole qu’il y a dix ans (Knoth 2014). La modélisation des résultats permet de démontrer que le degré de satisfaction est plus élevé lorsque les agriculteurs sont bien informés. Ils sont ainsi moins affectés par les changements politiques. Ainsi, des informations claires et objectives (Kobel et Schwab 2013; El Benni 2013) liées à des conseils globaux (Home et al. 2014; Bosshard et Meierhofer 2014) pourraient accroître le taux de satisfaction des agriculteurs.

Image en constante mutation La disposition des agriculteurs à entreprendre des mesures de protection de la nature et du paysage prouve que les prestations multifonctionnelles obtiennent de plus en plus la faveur des producteurs. Les spécialistes sous-estiment ainsi l’ouverture et l’esprit d’entreprise des agriculteurs. Le sondage a d’ailleurs révélé une grande volonté des agriculteurs à participer à des projets de qualité du paysage. Les producteurs ayant pris part à l’enquête estiment en outre que les mesures écologiques valorisent l’image de l’agriculture. Ces résultats confirment ceux de Herzon et Mikk (2007), montrant que la disposition à entreprendre des mesures écologiques ne dépend pas seulement de l’attrait monétaire mais aussi et surtout de la considération du grand public envers ces prestations écologiques. La population ayant une image positive de la valorisation du paysage (Junge et al. 2011), les agriculteurs pourraient accorder encore plus de crédit aux prestations en faveur de l’écologie et du paysage. La qualité plutôt que la quantité Les résultats révèlent que les agricultrices et agriculteurs préfèrent améliorer qualitativement leurs surfaces écologiques actuelles plutôt que d’aménager de nouvelles surfaces. Le Conseil fédéral désire renforcer les mesures incitatives en faveur des surfaces de haute valeur (message PA 14 – 17, p. 76). L’intention exprimée par les agriculteurs concorde parfaitement, étant donné que ceuxci préfèrent actuellement améliorer la qualité des mesures entreprises plutôt que d’étendre les surfaces  écologiques.

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Société | Nouvelle politique agricole – le point de vue des agriculteurs et des spécialistes

Quelle est la position des agriculteurs suisses vis-à-vis de l’écologisation de l’agriculture?

L’agriculture devrait davantage protéger et promouvoir la production indigène d’espèces animales et végétales.

*

Dans vingt ans, la protection de la nature et du paysage devrait être un élément central de l’agriculture suisse.

***

Les mesures écologiques actuelles contribuent fortement à la valorisation de la nature et du paysage.

***

Les mesures écologiques contribuent à une image positive de l’agriculture.

La production de denrées alimentaires ainsi que la protection de la nature et du paysage sont actuellement parfaitement conciliables au sein de mon exploitation.

***

non Bio Bio

1

2

3 Barre d’erreur: +/- 1 S.E.

4

5

Figure 3 | Comparaison de la position des agriculteurs d’exploitations bio et non bio vis-à-vis de l’écologisation de l‘agriculture. Valeurs: 1 = pas du tout, 2 = plutôt non, 3 = mitigé, 4 = plutôt oui, 5 = tout à fait. Seuil de signification: * p < 0,05, *** p < 0,001.

Pas de réduction du nombre d’animaux Le Conseil fédéral (2011) s’attend à ce que le nombre d’animaux chute suite aux mesures plus ciblées des paiements directs. Des calculs prévisionnels permettent de prévoir une réduction de 15 % du nombre d’animaux d’ici 2017 (Flury et al. 2012). Une utilisation plus efficiente des moyens de production ainsi que la réduction en aliments concentrés importés y seraient liés. La suppression des contributions pour animaux (contributions UGBFG et GACD) ainsi que l’introduction de contributions pour la production de lait et de viande basée sur les herbages (PLVH) sont les facteurs principaux pouvant mener à la réduction du cheptel. Cependant, différents spécialistes sont d’avis que les exigences et le montant des contributions pour le programme PLVH sont trop faibles (Bosshard et al. 2013). C’est peut-être la raison pour laquelle les agriculteurs ne prévoyaient pas de réduire leur cheptel au moment du sondage.

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Recherche Agronomique Suisse 6 (3): 110–117, 2015

Agriculteurs de montagne satisfaits, agriculteurs bio motivés Les prestations d’intérêt général de l’agriculture touchent particulièrement l’agriculture de montagne. Avec près de 50 %, les paiements directs pour les prestations agricoles sont ainsi considérables pour les exploitations de montagne (OFAG 2013). Des modifications du système de paiements directs auront donc plus d’influence sur les exploitations de montagne que celles de plaine. La nouvelle PA propose entre autres de meilleures indemnisations pour les surfaces en forte pente (Bosshard et Häusler 2012) et selon Flury et al. (2012), la PA 14 – 17 implique une augmentation des paiements directs dans les régions de montagne, aussi bien dans l’ensemble qu’au niveau de l’exploitation. La présente analyse confirme cette tendance, puisque les agriculteurs de montagne se montrent particulièrement satisfaits de l’orientation de la politique agricole.


Nouvelle politique agricole – le point de vue des agriculteurs et des spécialistes | Société

Quelles adaptations les agriculteurs suisses vont-ils mettre en place suite à la nouvelle PA?

***

Réduire l’élevage d’animaux.

Accroître l’élevage d’animaux. Prendre part à un projet de qualité du paysage. **

Améliorer la qualité des surfaces écologiques. ***

Augmenter les surfaces écologiques.

Agriculteurs

**

Augmenter la surface agricole utile.

Spécialistes 1

2

3 4 Barre d’erreur: +/- 1 S.E.

5

Figure 4 | Adaptations de l’exploitation suite à la nouvelle PA. Comparaison entre les attentes des spécialistes en agriculture et les prévisions effectives des agriculteurs. Valeurs: 1 = pas du tout, 2 = plutôt non, 3 = mitigé, 4 = plutôt oui, 5 = tout à fait. Seuil de signification: **p < 0,01, *** p < 0,001.

Les agricultrices et agriculteurs bio accueillent les incitations écologiques de manière positive et prévoient plutôt d’entreprendre des mesures allant dans cette direction. Berentsen et al. (2007) font également ressortir que les agriculteurs bio se sentent généralement très responsabilisés envers leur environnement et sont ainsi plus disposés à entreprendre des mesures écologiques au sein de leur entreprise.

Bien informé sur la nouvelle PA

p=0,000 0,162

Augmentation du revenu à l’avenir? Les spécialistes et les agriculteurs ont des avis divergents sur les conséquences de la PA 14 – 17. Le Conseil fédéral (2011) s’attend à une augmentation du revenu de l’exploitation de 7 % en moyenne d’ici 2017. Le revenu du secteur agricole devrait alors être de 4,2 % plus élevé que ce qu’il n’aurait été avec la politique agricole 2011 (OFAG 2012). L’analyse des données de certaines exploi-

Satisfait de la nouvelle politique agricole

p=0,000 0,728

Ouvert aux concepts écologiques

-0,337 p=0,000

p=0,000 -0,280

Très affecté par la nouvelle PA

N = 357 Ddl =129 Valeur p (khi-carré) = 0,000 (signification khi?)

Figure 5 | Modélisation par équations structurelles de la satisfaction des agriculteurs vis-à-vis de la nouvelle politique agricole. Les variables latentes (dans les ellipses) sont reliées entre elles par des coefficients de corrélation (flèches unidirectionnelles) et des covariances (flèches bidirectionnelles). Ddl=degré de liberté.

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Société | Nouvelle politique agricole – le point de vue des agriculteurs et des spécialistes

Tableau 1 | Modèle de mesure se rapportant au modèle d’équations structurelles de la fig. 5. Sont représentées les variables latentes (en gras) correspondant à plusieurs variables mesurées, c.-à-d. les questions du sondage (caractère maigre). La densité ainsi que les erreurs de mesure sont indiquées dans les deux colonnes à droite. Plus la densité d’une variable est élevée, plus le lien avec la variable latente s’y référant est étroit. Variables

Densité (valeur lambda)

Erreur des variables ­mesurées (1-lambda^2)

Bonne information de la nouvelle PA Avant l’arrivée de la nouvelle politique agricole je me sentais bien préparé en vue de la PA 14-17.

1

0,0

J’estime avoir actuellement de meilleures connaissances que mes collègues.

0,5

0,7

J’ai entrepris de grands efforts pour m’informer sur la PA 14–17.

0,6

0,7

0,6

0,6

Ouverture aux concepts écologiques Dans vingt ans, la protection de la nature et du paysage devrait être un élément central de l’agriculture suisse. Je me réjouis des efforts de promotion de la biodiversité.

0,9

0,3

Je me réjouis des nouvelles contributions pour les projets de qualité du paysage.

0,8

0,3

La nouvelle PA contribue à une production durable et de meilleure qualité.

0,8

0,4

Je me réjouis des réformes futures allant dans le même sens que la nouvelle PA.

0,7

0,5

Je suis rassuré en ce qui concerne l’avenir de la politique agricole suisse.

0,8

0,3

La politique agricole suisse me paraît bonne.

0,8

0,3

Dans l’ensemble je suis satisfait de l’évolution actuelle de l’agriculture suisse.

0,8

0,4

Je prévois une augmentation du revenu agricole en Suisse.

0,6

0,6

Satisfaction vis-à-vis de la nouvelle politique agricole

Les contributions sont dorénavant mieux ciblées.

0,7

0,6

Dans l’ensemble, je suis satisfait de la nouvelle ordonnance sur les paiements directs.

0,8

0,4

Insatisfaction vis-à-vis de la nouvelle PA (plus grande charge de travail) Mon exploitation est très affectée par les modifications relatives à la PA 14–17.

0,6

0,7

Je m’attends à ce que ma charge de travail augmente suite à la PA 14–17.

0,9

0,2

Suite à la PA 14-17, je m’attends à une augmentation de travail en ce qui concerne la gestion des surfaces.

0,8

0,4

Suite à la PA 14-17, je m’attends à avoir plus de travaux d‘administration.

0,6

0,6

tations a montré que le revenu pouvait être maintenu voire amélioré même en conditions difficiles, pour autant que les chefs d’exploitation entreprennent des mesures appropriées aux nouvelles conditions-cadre (Bosshard et Meierhofer 2014). En revanche, si aucune adaptation n’est effectuée, la majorité des agriculteurs sondés voit ses paiements directs et ainsi son revenu réduit au cours des années suivantes. Les spécialistes se baseraient sur les prédictions de la Confédération pour effectuer leur évaluation, tandis que les agriculteurs redoutent de ne pouvoir poursuivre comme auparavant, même sans prendre en compte les pertes de revenu. Les agriculteurs bio étaient fortement représentés dans cette étude et l’échantillon n’a pas été pris sur l’ensemble de la Suisse. Ainsi, il s’agit d’être prudent lors d’éventuelles généralisations des résultats. De plus, le sondage a été effectué quelque mois seulement après l’entrée en vigueur de la nouvelle politique agricole, ce qui pourrait augmenter la difficulté à estimer correctement les effets réels de cette nouvelle politique.

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Recherche Agronomique Suisse 6 (3): 110–117, 2015

Conclusions Pour le moment, les structures incitatives de la PA 14 – 17 (en particulier la réduction du cheptel) ne semblent pas avoir eu l’effet escompté. Les agricultrices et agriculteurs ne réagissent pas forcément selon les simulations économiques et les prévisions des spécialistes. Une meilleure communication des informations pourrait contribuer à la satisfaction des agriculteurs et à une réaction appropriée face aux nouveaux programmes. Afin d’éviter les malentendus et les fausses attentes, les agriculteurs et les spécialistes devraient intensifier le dialogue. Bien que les mesures d’écologie aient déjà obtenu la faveur des agriculteurs, celle-ci pourrait être renforcée en valon risant l’image de prestations multifonctionnelles.


Cosa pensano i contadini e gli esperti del settore della nuova politica agraria? Nella nuova politica agraria 2014-2017 (PA 14-17) le prestazioni di interesse economico generali quali per esempio le misure ecologiche dovrebbero essere riconosciute in maniera mirata. Il presente studio si propone di fornire una fotografia dell’opinione che gli operatori del settore hanno sulla PA 14–17 e della tendenza dell’agricoltura di assumere sempre più un’impronta ecologica. Sono stati analizzati anche i probabili adeguamenti necessari a livello aziendale per ottemperare alle nuove disposizioni di legge. A questo scopo sono state organizzate due indagini scritte, la prima presso i contadini e la seconda presso esperti del settore, al fine di ottenere anche l’opinione degli specialisti in materia. I risultati dimostrano come gli aspetti ecologici in generale sono molto ben accettati da parte degli intervistati, mentre la nuova PA trova meno consenso. Nell’ambito delle superfici ecologiche, i contadini puntano di più sulla qualità che sulla quantità, mentre esiste poca disponibilità alla riduzione del numero di capi allevati in azienda. Questo studio fornisce informazioni di base per una prima valutazione della PA 14–17.

Summary

Riassunto

Nouvelle politique agricole – le point de vue des agriculteurs et des spécialistes | Société

Bibliographie ▪▪ Berentsen P. B., Hendriksen A., Heijman W. J., & van Vlokhoven H. A., 2007. Costs and benefits of on-farm nature conservation. Ecological Economics 62, 571–579. ▪▪ Bosshard A. & Häusler L., 2012. Gezieltere Erschwernisbeiträge zugunsten einer ­f lächendeckenden Bewirtschaftung. Vision Landwirtschaft/Ö+L, Oberwil-Lieli. ▪▪ Bosshard A., & Meierhofer U., 2014. Entwicklungsmöglichkeiten von Landwirtschaftsbetrieben unter der neuen Schweizer Agrarpolitik AP 2014–17. Vision Landwirtschaft/Ö+L, Oberwil-Lieli. ▪▪ Bosshard A., Jenny M. & Schläpfer F., 2013. Anhörung zu den Ausführungsbestimmungen der Agrarpolitik 2014-2017. Vision Landwirtschaft, Oberwil-Lieli. ▪▪ Conseil fédéral, 2010. Message concernent les moyens financiers destinés à l'agriculture pour les années 2012 et 2013. Berne. ▪▪ Conseil fédéral, 2011. Message concernant l’évolution future de la politique agricole dans les années 2014 – 2017 (Politique agricole 2014–2017) Berne. ▪▪ Davcik N. S., 2014. The use and misuse of structural equation modeling (SEM) in management research: A review and critique. Journal for Advances in Management

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Farmers' and experts' attitudes towards the new agricultural policy The new Swiss Agricultural Policy 2014–2017 (AP 14–17) is designed to better compensate farmers for their production of common goods such as ecosystem services. We investigated the attitudes of Swiss farmers towards this new political measure and towards the trend of the increasing ecological performance of agriculture. In addition, we studied the expectations of farmers concerning farm adjustments resulting from the new AP 14–17. A written survey was administered to farmers, and, for comparison, a similar questionnaire was sent to a sample of qualified agricultural experts. Amongst other conclusions, this study demonstrated that the ecological tolerance of the surveyed farmers is quite high, whereas their satisfaction with the new agricultural policy is fairly low. With respect to ecological issues, farmers opt for quality over quantity, and they do not plan to reduce animal numbers. This study serves as a basis for further political discussion of AP 14–17 and its implementation. Key words: multifunctional farming, ecology acceptance of farmers, AP 14–17.

▪▪ Herzon I. & Mikk M., 2007. Farmers` perceptions of biodiversity and their willingness to enhance it through agri-environment schemes: A comparative study from Estonia and Finland. Journal for Nature Conservation 15, 10–25. ▪▪ Home R., Balmer O., Jahrl I., Stolze M. & Pfiffner L., 2014. Motivations for implementation of ecological compensation areas on Swiss lowland farms. Journal of Ru-

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tion 144, 1430–1440. ▪▪ Knoth R., 2014. Reaktion der Schweizer Landwirte auf die Agrarpolitik 2014–2017. Masterarbeit an der Universität Zürich, Institut für Evolutionsbiologie und Umweltwissenschaften, Zurich. ▪▪ Kobel T. & Schwab D., 2013. Agrarpolitik 2014–2017 – Kenntnisstand bei den ­B etroffenen und mögliche Anpassungsstrategien der Betriebe anhand einer Untersuchung im Kanton Bern. Berner Fachhochschule für Wirtschaft. Berne. ▪▪ Office fédéral de l'agriculture OFAG, 2013. Rapport agricole 2013. Berne. ▪▪ Office fédéral de l'agriculture OFAG, 2012. ▪▪ Schenk A., Hunziker M. & Kienast F., 2007. Factors influencing the acceptance of ­n ature conservation measures – A qualitative study in Switzerland. Journal of Envi-

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Recherche Agronomique Suisse 6 (3): 110–117, 2015

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E c l a i r a g e

AGROfutur: l’ETH Zurich réforme les études de sciences agronomiques Achim Walter, Brigitte Dorn, Emma Lindberg et Lienhard Dürst ETH Zurich, cursus Sciences Agronomiques, 8092 Zurich, Suisse Renseignements: Achim Walter, e-mail: achim.walter@usys.ethz.ch

Groupe de travail de l’ETH Zurich réunissant des enseignants, des spécialistes de l’enseignement et des étudiants durant une séance portant sur l’intégration des compétences supradisciplinaires dans les études de sciences agronomiques.

Les études de sciences agronomiques à l’ETH Zurich traversent une mutation profonde. Depuis plusieurs années, le nombre d’étudiants augmente sensiblement. Actuellement, environ 60 nouveaux étudiants s’inscrivent chaque année en Bachelor. AGROfutur, la réforme du cursus, vise à moderniser les études pour adapter la formation aux exigences de l’environnement professionnel et scientifique, tant au niveau régional que global. Un nouveau règlement des études devrait entrer en vigueur en automne 2016.

118

Recherche Agronomique Suisse 6 (3): 118–121, 2015

Evolution du cursus de 1874 à aujourd’hui Les études de sciences agronomiques existent depuis 1874 à l’ETH Zurich. Le cursus des sciences alimentaires s’est développé à partir des sciences agronomiques et débouche sur un diplôme spécifique depuis les années 1970. Depuis les années 1980, pour diverses raisons, la réputation des études en sciences agronomiques a baissé dans le monde entier. Le nombre d’étudiants a également reculé à l’ETH Zurich et l’accent a été mis sur la considération des aspects environnementaux des sys-


AGROfutur: l’ETH Zurich réforme les études de sciences agronomiques | Eclairage

80

Evolution du nombre d'inscriptions aux études en sciences agronomiques BSc de l'ETH Zurich

70

Nombre de nouvelles inscriptions en BSc

60

50

40

30

20

10

0 2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Année Figure 1 | Evolution du nombre d'étudiant-e-s (nouvelles inscriptions aux études de Bachelor) dans la filière Sciences agronomiques à l'ETH Zurich depuis l'introduction du système de Bologne.

tèmes agro-écologiques. Une réforme profonde des études a notamment eu lieu en 2003, lors de l’introduction du système de Bachelor et de Master. Les sciences agronomiques, les sciences alimentaires, les sciences de la terre et les sciences de l’environnement ont été regroupées en une branche interdisciplinaire appelée «sciences naturelles orientées système». Depuis lors, il existe notamment une première année d’études commune pour ces cursus. Cette année, appelée «année de base», est consacrée à l’enseignement des bases générales en mathématiques, physique, chimie, biologie, mais aussi en économie et en droit. L’orientation spécifique des études ne débute qu’au terme de cette première année. En sciences agronomiques, les étudiants peuvent choisir leurs cours parmi les nombreux cours proposés durant les deux années restantes de leurs études de Bachelor. Ceci en mettant l’accent soit sur le domaine de l’économie rurale, soit sur les sciences agronomiques. Les études de Bachelor se terminent en réalisant de manière indépendante un travail scientifique, le travail de Bachelor. Comme dans tous les cursus proposés à l’ETH Zurich, le diplôme de Bachelor n’est pas une qualification professionnelle. Cette dernière ne s’acquiert qu’après avoir obtenu le diplôme de Master, au terme de trois autres semestres.

Durant les études de Master, les étudiants se spécialisent dans l’un des trois domaines agronomiques suivant: Economie agricole, Sciences végétales ou Sciences animales. A l’issue du cursus théorique, les études de Master se terminent par la réalisation indépendante d’un travail scientifique, le travail de Master, qui dure six mois. Durant leurs études de Bachelor, les étudiants se familiarisent avec la pratique agricole en effectuant un stage obligatoire d’au moins sept semaines dans une exploitation agricole durant leurs études de Bachelor. Pendant les études de Master, il est recommandé d’effectuer un stage facultatif dans l’environnement professionnel. La plupart des étudiants interrompent leurs études entre le Bachelor et les études de Master pour acquérir de l’expérience au niveau professionnel et privé, en Suisse ou à l’étranger. Cette organisation des études répondait aux exigences du processus de Bologne et correspondait alors aux souhaits de la direction de l’enseignement de l’ETH Zurich d’avoir des études de Master de courte durée. Elle permettait en outre aux étudiants des filières «sciences naturelles orientées système» d’avoir de nombreux cours en commun. Elle répondait ainsi aux exigences multiples du marché du travail et de l’environnement académique, en donnant aux étudiants la plus grande liberté de choix 

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Eclairage | AGROfutur: l’ETH Zurich réforme les études de sciences agronomiques

Année de base: apprendre la théorie, satisfaire aux standards de l'ETH

★ Examen de base 1re année

Découvrir les bases du secteur agronomique et accomplir un stage

en ★ Stage agronomie

2e année

Assimiler les bases des sciences ­agronomiques

de ★ Travail Bachelor

3e année

Découvrir la pratique professionelle durant les cours spécialisés du Major et les cours à option

★ ­Stage professionnel 4e année

Engagement personnel dans les sciences agronomiques; approfondir les connaissances ­scientifiques

de ★ Travail Master

5e année

Figure 2 | Calendrier et principaux jalons des études réformées de sciences agronomiques à l’ETH Zurich.

possible. Ceci devait leur permettre de se spécialiser dans le domaine le plus proche de leurs intérêts spécifiques. Toutefois, certaines faiblesses de cette organisation des études sont apparues au cours du temps. Les connaissances de base spécifiques en sciences agronomiques des étudiants étaient assez disparates à la fin des études; la compréhension de l’environnement professionnel et les qualifications y relatives n’étaient pas clairement définies. En outre, les étudiants ne pouvaient souvent utiliser que de manière limitée les bases fondées sur les sciences naturelles enseignées dans les cours spécifiques de sciences agronomiques. La nécessité d’une refonte se faisait donc sentir depuis plusieurs années – l’augmentation du nombre d’étudiants (fig. 1) et la volonté de la direction de l’enseignement de l’ETH Zurich d’engager de nouveaux professeurs dans le domaine des sciences agronomiques permettent à présent d’amorcer ce processus de réforme. La voie vers un nouveau programme d’études Diverses mesures de réforme des études ont été conseillées et votées au cours des deux dernières années, dans le cadre d’un processus participatif. Un colloque participatif de deux jours, mené par un modérateur et réunissant plus de 40 participants au cours de l’été 2013, a permis de fédérer les principales parties prenantes, jouant ainsi un rôle important dans l’évolution du processus: du côté de l’ETH Zurich participent au processus des représentants des étudiants, des professeurs et du

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corps intermédiaire, ainsi que du World Food System Center nouvellement créé en 2012. Des représentants de l’environnement professionnel, impliqués dans les offices fédéraux, l’industrie, la recherche appliquée ainsi que dans la formation et la vulgarisation agricoles, se sont également engagés dans le processus. Les enjeux les plus décisifs ont été identifiés au cours de ce colloque, et des séances se sont tenues depuis lors par de nombreux groupes de travail internes à l’ETH Zurich. Par la suite, de nouveaux «fils rouges» ont été proposés pour les trois domaines spécialisés des études mentionnés plus haut. Ces tables rondes ont en outre abouti à la conception de nouvelles filières de formation et à la volonté de réorganiser les cours communs de «sciences naturelles orientées système». Enfin, priorité a été donnée à l’établissement d’un profil de qualifications qui réponde étroitement aux besoins actuels du marché du travail et de l’environnement académique, pour les études de Bachelor et de Master. Les parties prenantes ont été informées des étapes décisives du processus de réforme. De nombreuses étapes de la réforme ont en outre été discutées au sein des différents groupes de travail et commissions internes et externes à l’ETH Zurich, comme par exemple durant les séances de l’Association suisse des ingénieurs agronomes et des ingénieurs en technologie alimentaire (ASIAT), de la commission consultative de l’Institut des sciences agronomiques et du conseil consultatif du Département des sciences en systèmes environnementaux. Les étapes de la réforme du cursus ainsi définies (fig. 2) sont à présent largement soutenues


AGROfutur: l’ETH Zurich réforme les études de sciences agronomiques | Eclairage

tant au sein de l’ETH Zurich – direction de l’école, enseignants, commissions de l’enseignement, professeurs et étudiants – qu’en dehors de l’ETH Zurich, chez les partenaires de l’environnement professionnel, les hautes écoles et Agroscope. Etapes du programme d’études réformé L’objectif principal du nouveau programme d’études est de former des généralistes en sciences agronomiques. A partir du premier semestre de Bachelor, des cours obligatoires seront proposés dans les trois domaines de spécialisation, avec une pondération équivalente, pour donner aux étudiants des connaissances uniformes en sciences agronomiques. Les bases intensives de sciences naturelles et de sciences sociales faisant partie du programme d’études resteront inchangées. De la même manière, les connexions étroites avec les cursus voisins des sciences alimentaires et des sciences environnementales seront maintenues. Un stage d’au moins dix semaines dans une exploitation agricole d’économie mixte suisse sera à effectuer après le quatrième semestre de Bachelor. Les étudiants seront préparés à ce stage par des cours et des excursions. Après le stage, ils présenteront une tâche spécifique de l’exploitation. A partir du cinquième semestre, les étudiants pourront commencer à se spécialiser dans une des trois domaines agronomiques: Economie agricole, Sciences végétales ou Sciences animales. Au début des études de Master, les étudiants choisiront l’une de ces branches spécialisées comme domaine d’approfondissement. Les études de Master seront complétées par un stage professionnel obligatoire d’au moins 16 semaines qui pourra être effectué en Suisse ou à l’étranger. Au cours de ce stage professionnel intégré aux études, les étudiants exerceront leurs capacités à faire le lien entre les connaissances acquises et ce qui se passe en pratique dans l’environnement professionnel. Ils seront amenés à penser et agir de manière transdisciplinaire, c’est-à-dire en conjuguant l’environnement académique et celui orienté vers la pratique. Pour terminer, différentes filières de formation seront repensées. Cela concerne notamment les cours de sciences agronomiques du premier au quatrième semestre de Bachelor. De plus, le stage sur les techniques modernes de laboratoire, les cours de design expérimental et de statistique, de rédaction scientifique, de discussion et les cours de présentation seront également revus. Toutes ces propositions de réforme sont saluées par la grande majorité des étudiants et des enseignants en sciences agronomiques. Dans l’ensemble, la mise en place d’une bonne interaction équilibrée entre la théorie et la pratique durant les études semble réussie (fig. 2). Bon nombre de considérations émanant de l’environne-

ment professionnel ont été intégrées lors de cette réforme, et cette nouvelle structure des études permettra aux étudiants d’acquérir des compétences spécialisées solides, ainsi que des compétences transversales. En principe, les nouveaux règlements des études de Bachelor et de Master entreront en vigueur au semestre d’automne 2016. D’ici là, un travail soutenu sera fourni pour élaborer les différentes nouvelles filières de formation et pour réviser le contenu des filières de formation existantes. L’environnement thématique sera également intégré à ce processus. De manière globale, les futurs agronomes acquerront au cours de leur formation des compétences solides, leur permettant de faire le lien entre les sciences agronomiques orientées système et les aspects fondamentaux des sciences naturelles, de la technologie, de l’économie, de la politique, de la société et de l’écologie. Les agronomes ETH Zurich deviendront ainsi des acteurs incontournables des prochaines décennies, capables d’analyser les multiples éléments du système alimentaire mondial, d’élaborer et d’appliquer en Suisse comme dans différentes régions du globe des solutions taillées sur mesure pour répondre n aux défis urgents de notre époque.

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E c l a i r a g e

Femmes et égalité des sexes dans l’agriculture: échanges de connaissances avec le Japon Ruth Rossier Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU, 8356 Ettenhausen, Suisse Renseignements: Ruth Rossier, e-mail: ruth.rossier@agroscope.admin.ch

Figure 1 | En Suisse comme au Japon, ce sont essentiellement les femmes qui font progresser la diversification dans l’agriculture: Naoko Hida dans son café-glacier, dans la ferme de ses parents à Yokohama.

Par certains côtés, la situation des paysannes au Japon est semblable à celle des paysannes suisses: les exploitations de petite taille se transmettent souvent de père en fils. Pourtant, de nombreuses femmes échappent à la répartition traditionnelle des rôles en développant de nouvelles branches de production. C’est ce qui a été démontré lors d’un symposium sur le rôle des femmes dans les exploitations familiales au Japon. Ce symposium s’est tenu le 12 juillet 2014 à Saitama City, à la veille du Congrès international de sociologie (13 – 19 juillet 2014 à Yokohama). Au Japon, comme en Suisse, ce sont les exploitations paysannes familiales de petite structure qui dominent. Au Japon, les exploitations, qui comptent en moyenne 1,6 hectares, sont encore nettement plus petites qu’en Suisse. Deux tiers de la superficie du Japon sont occupés par la forêt et seuls 14 % peuvent être exploités par l’agriculture. Le recul considérable du niveau d’auto-approvision-

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nement en denrées alimentaires constitue le plus grand défi pour le développement rural du Japon. En 2011, l’auto-approvisionnement atteignait tout juste 39 %, soit le niveau le plus bas d’un pays industrialisé. La riziculture couvre cependant 100 % des besoins de la population, les cultures maraîchères 85 %. Quant aux aliments pour animaux, ils sont importés à 75 % (BMEL 2013; Wördermann et Yamaguchi 2014). En outre, une part de la surface cultivée a dû être abandonnée suite à la contamination des sols après la catastrophe atomique de Fukushima. Le déclin économique des régions marginales, qui souffrent de la diminution et du vieillissement de la population, pose un autre problème. Selon Uchiyama et Whitehead (2012), la question de la succession des exploitations au Japon présente quelques caractéristiques spécifiques: au Japon, de nombreux agriculteurs ont l’intention de poursuivre l’exploitation jusqu’à ce qu’ils ne soient plus en mesure de le faire. En matière de succession à la ferme, la diversification est souvent une option importante. Cette étude montre que les connaissances, les aptitudes et le capital réuni grâce à des activités hors exploitation peuvent accroître les chances de nouveau départ dans le secteur agricole. C’est là qu’interviennent également les femmes japonaises. Bien qu’au Japon aussi, on observe une tendance accrue à la consommation de denrées alimentaires importées, le riz reste un aliment de base traditionnel, encore très lié à la culture japonaise. Certes, les Japonais ont tendance à manger davantage à l’extérieur (plus rapidement), ce qui s’explique par l’augmentation du temps passé en dehors de la maison pour l’exercice de l’activité professionnelle et par le nombre croissant de ménages d’une personne (Dolles 2003). Mais avec son approche globale de l’éducation alimentaire baptisée «Shokuiku», le Japon espère un retour aux bases éprouvées de sa culture alimentaire. Echange de connaissances Suisse-Japon La coopération et l’échange entre la Suisse et le Japon a débuté en 2005 dans le cadre d’un groupe de travail sur la question des femmes et de l’égalité des sexes, lors du Congrès européen sur la sociologie rurale qui s’est tenu


Femmes et égalité des sexes dans l’agriculture: échanges de connaissances avec le Japon | Eclairage

Figure 2 | Satomi Hagiwara, fondatrice de Farm Inn Sagiyama, présente les plats du buffet qu’elle a organisé pour le symposium avec l’aide de paysannes.

en Hongrie. Les collègues japonaises ont témoigné un vif intérêt pour les possibilités spécifiques de formation agricole dans l’espace germanophone. En 2008, la sociologue familiale japonaise Yukiko Otomo de l’Université Jumonji à Niiza m’a contactée, car elle souhaitait étudier le parcours scolaire et professionnel des agricultrices en Suisse et qu’elle savait que je travaillais sur le même sujet. C’est ainsi que nous avons interviewé en commun onze agricultrices de différentes régions de Suisse alémanique en 2008 et 2011 (Otomo et Rossier 2013). Dans un projet de recherche en cours, Yukiko Otomo (Université Jumonji) et Hitomi Nakamichi (Université d’Ehime) étudient les «conditions légales et les facteurs socio-culturels d’une carrière de cheffe d’exploitation agricole dans l’espace germanophone» (2013–2016). En 2013, huit interviews structurées de cheffes d’exploitations agricoles ont eu lieu en Suisse dans ce contexte, d’autres ont été réalisées en Autriche et dans le Sud de l’Allemagne. Lors du Congrès international de sociologie (ISA) en 2014 à Yokohama, notre collègue a présenté ses premiers résultats: différents types de cheffes d’exploitations agricoles dans des exploitations biologiques de l’espace germanophone (Otomo et al. 2014). Des femmes novatrices – au Japon également Au Japon, comme en Suisse, c’est la succession patrilinéaire qui domine pour la remise des exploitations, basée sur le système familial japonais traditionnel «Ie» (Otomo et Oedl-Wieser 2009). L’exploitation passe de père en fils, et celui-ci a le devoir de s’occuper des parents. En 1995, le gouvernement japonais a conclu le Family Management Agreement pour assurer la reprise des exploitations. Il s’agissait d’une convention écrite entre les membres de la famille pour la prise de décision

(gestion de l’exploitation, heures de travail, salaire, répartition du travail au sein de la famille dans le ménage et l’exploitation). Cette convention a également pour but de renforcer la position des femmes dans l’exploitation agricole familiale, notamment celle des bellesfilles, qui ont tendance à avoir un statut inférieur dans la société rurale traditionnelle (Otomo 2000). En Suisse également, quelques efforts sont faits actuellement pour améliorer le statut et la situation des femmes dans 

Symposium international à Saitama-City L’année 2014 a été déclarée «Année internationale de l’agriculture familiale» par l’ONU. C’est donc le 12 juillet dernier que s’est tenu un symposium international sur le thème Women’s Contribution to Food Culture and Family Farming à Saitama-City au Japon. L’exposé d’ouverture, intitulé Farm Women’s Contribution to Family Farms in Switzerland: A TimeBudget Survey a été présenté par Ruth Rossier (Agroscope). L’échange culturel et scientifique a été complété par des visites d’exploitations, une rencontre avec la présidente du réseau de femmes HERS (Heroines for Environment and Rural Support) et une contribution commune au congrès mondial de l’Association internationale de sociologie (International Sociological Association, ISA), qui s’est déroulé du 13 au 19 juillet 2014 à Yokohama. L’échange de connaissances et la collaboration ont été ­financés par «MEXT/JSPS KAKENHI 24402031» et par l’Université Jumonji de Niiza.

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Eclairage | Femmes et égalité des sexes dans l’agriculture: échanges de connaissances avec le Japon

Figure 3 | Eri Otsu, présidente du réseau de femmes HERS (Heroines for Environment and Rural Support) et rizicultrice, explique les secrets de la cuisine japonaise et de ses multiples facettes.

les exploitations paysannes familiales, car des travaux de recherche ont montré qu’il y avait encore des lacunes à ce niveau (Rossier et Grossenbacher 2012; Rossier 2014; Rossier et Reissig 2014). Dans l’espace germanophone, les femmes sont souvent considérées comme la force motrice de la diversification dans l’agriculture. Au Japon aussi, les femmes ont un esprit novateur, apportent de nouvelles idées dans les fermes et échappent ainsi à la traditionnelle répartition des rôles. Voici quelques exemples pris au Japon. Farm Inn et catering service L’exploitation de deux hectares de Satomi Hagiwara se situe dans la banlieue de Tokyo. Avec son mari, elle gérait autrefois une exploitation horticole traditionnelle. Pendant la crise économique des années 1990, elle a cherché des possibilités de revenus alternatifs et a suivi des cours de formation continue dans le secteur du green tourism. Elle a effectué plusieurs voyages d’études en Europe, d’où elle a rapporté de nouvelles idées. Elle a fondé le Farm Inn Sagiyama: une école à la ferme pour les enfants de tous âges, un restaurant et un service de catering avec des produits locaux. Satomi Hagiwara a présenté son exploitation novatrice et diversifiée lors du symposium Women’s contributions to food culture and family farming en juillet 2014 à Saitama et a organisé un délicieux buffet préparé par des paysannes (fig. 2). Militante écologiste et présidente d’un réseau féminin Le réseau de femmes HERS (Heroines for Environment and Rural Support) travaille à un style de vie rural durable. Sa présidente, Eri Otsu, a également participé au symposium et a expliqué ce qu’était le HERS dans le cadre d’un entretien (fig. 3). Ce réseau a été fondé en 1994. Il est aujourd’hui une organisation à but non lucratif qui compte environ 200 membres.

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Paysagiste diplômée (études à l’Université technique de Munich), mère de trois enfants, Eri Otsu cultive du riz écologique avec son mari dans une exploitation de cinq hectares sur l’île sud de Kyushu. «Le riz unit», déclare Eri Otsu, «car pour produire du riz, il est indispensable de collaborer. Le système d’irrigation force les gens à s’entraider et à s’organiser, car tout le monde a besoin de l’eau». Elle est persuadée que l’avenir de l’agriculture est dans la diversification, notamment en ce qui concerne la production énergétique (p. ex. le biogaz). Les vingt tonnes de «riz éco» produites chaque année se vendent bien: en vente directe ou par expédition. L’exploitation emploie deux unités de maind’œuvre, un apprenti et un oncle célibataire. Elle compte également vingt vaches-mères, issues d’un croisement entre la Brown Swiss et une race japonaise régionale. A l’avenir, Eri Otsu et son mari souhaitent également commercialiser la viande directement. Café-glacier chez un producteur laitier L’exploitation de production laitière dans l’agglomération de Yokohama a été créée en 1942 par les grandsparents de Naoko Hida, âgée de 40 ans. A l’origine, c’était une petite exploitation avec quelques vaches, un peu de terres et des bois. L’exploitation se situe aujourd’hui entre deux grandes lignes ferroviaires. La croissance de l’agglomération est énorme. L’exploitation se trouve dans une zone à bâtir et ne peut subsister que grâce à sa situation peu attrayante entre les rails. L’exploitation ne dispose plus désormais de surface agricole utile et produit du lait totalement hors sol. La majeure partie du lisier va dans la canalisation de la ville de Yokohama. L’intégralité des aliments des trente vaches Holstein doivent être achetés (foin, herbe, concentrés sous forme d’aliments composés). Le chef de l’exploitation est Naoyuki Hida, âgé de 61 ans, père de Naoko. Avant que sa femme ne tombe malade en 1994, la famille Hida avait 50 vaches. Ensuite, le cheptel a dû être considérablement réduit. Pour soigner sa mère, la jeune femme a abandonné sa propre carrière de diététicienne. Comme elle avait besoin d’un revenu, elle a ouvert le café-glacier (fig. 1). 80 à 90 % du lait est livré à la laiterie (700–800 kg par jour). Le reste sert à la production de crème glacée. Les machines nécessaires ont été importées d’Italie. Environ 30 litres de crème glacée sont vendus directement à la ferme par jour ouvrable. Les week-ends, ce chiffre atteint même les 50–60 litres. Le successeur désigné de l’exploitation est le frère de Naoko, Tadaaki (32), bien qu’il soit informaticien de profession à l’origine. L’exploitation fonctionne comme une S.à.r.l. et tous les membres de la famille sont employés et perçoivent un salaire mensuel.


Femmes et égalité des sexes dans l’agriculture: échanges de connaissances avec le Japon | Eclairage

Cinq unités de main-d’œuvre extérieures à la famille travaillent également sur une base horaire dans le café-glacier. Vente directe et paniers repas à la ferme L’exploitation d’engraissement porcin de la famille Kitami se situe à Maioka-Park, à une heure de Tokyo. Le parc a été créé, car le terrain (102 ha) n’avait pas de grande valeur agricole, mais aussi pour assurer l’existence des 55 ménages/exploitations agricoles. L’initiative du parc est venue des familles paysannes. Elles voulaient protéger l’espace agricole pour éviter qu’il ne devienne une zone à bâtir fortement imposée à cause de la proximité de Tokyo. Le parc devait d’un côté être un espace de détente pour la population citadine, et d’un autre côté offrir une chance aux familles paysannes d’écouler leurs produits agricoles. L’exploitation de la famille Kitami est une S.à.r.l. depuis 1975. Le chef d’exploitation est Nobuyuki Kitami (65). Son gendre, deux employés à plein temps et un à mi-temps, ainsi qu’un à deux élèves du collège voisin travaillent également sur l’exploitation. Celle-ci compte non seulement 180 truies, mais aussi 130 ares de riz, 30 ares de légumes ainsi qu’un verger avec 20 ares de poiriers, mandariniers et figuiers. Depuis 2010, 10 ares de fraises à cueillir soi-même complètent le tout. Avec d’autres exploitations du village, la famille Kitami produit des paniers-repas qui sont très appréciés au Japon. L’exploitation comprend enfin une unité de transformation de la viande porcine (Ham Factory Maioka) et un magasin de vente tenu par l’épouse du chef d’exploitation, Machiko Kitami (68) (fig. 4).

Bibliographie ▪▪ BMEL, 2013. Länderbericht Japan, Stand: April 2013. Bundesministerium für Ernährung, Landwirt-schaft und Verbraucherschutz, Berlin. Accès: http://www.bmel.de/SharedDocs/Downloads/Veranstaltungen/0406-AUWITAG-LaenderberichtJapan.pdf?__blob=publicationFile [8.12.2014]. ▪▪ Dolles H., 2003. Der japanische Reis – «Handelsware» oder «Kulturgut»? Japan Markt, Juli 2003, 21–23. ▪▪ Otomo Y., 2000. Women’s Status in Agricultural Households. In: Women and Families in Rural Japan (Hrsg. Masae Tsutsumi). Tsukuba-Shobo, ­Tokyo. 101–120. ▪▪ Otomo Y. & Rossier R., 2013. Vielfältige Lebensmuster. Lebenslauf und Karriere von Bäuerinnen in der Schweiz. In: Frauen in der Landwirtschaft. Debatten aus Wissenschaft und Praxis (Hrsg. E. Bäschlin et al.). eFeF-Verlag Bern/Wettingen. Gender Wissen Bd. 14, 186–203. ▪▪ Otomo Y. & Oedl-Wieser T., 2009. Comparative analysis of patterns in farm succession in Austria and Japan from a gender perspective. In: Gender Issues (Hrsg. T. Oedl-Wieser & I. Darnhofer). Sonderheft des Jahrbuches der österreichischen Gesellschaft für Agrarökonomie, Wien, Band 18, Heft 2, 79–92.

Figure 4 | Machiko Kitami devant son magasin où elle vend des produits de l’exploitation familiale ainsi que des paniers-repas.

Conclusions L’organisation familiale et la situation des femmes dans les petites exploitations agricoles familiales au Japon présentent certains points communs avec l’agriculture suisse et ses petites structures. Dans les exploitations agricoles familiales, la répartition des rôles entre les sexes est plutôt traditionnelle et dans les deux pays, ce sont les femmes qui assument la responsabilité du ménage et des enfants. La succession est organisée de manière patrilinéaire, les cheffes d’exploitation sont une exception. Au Japon comme en Suisse, les paysannes sont très présentes dans la transformation des denrées alimentaires et dans la vente directe. De nouveaux mouvements écologiques dans l’agriculture dans lesquels de jeunes femmes s’engagent, comme le réseau HERS, ou des femmes comme Satomi Hagiwara avec son entreprise Farm Inn, montrent ce que l’initiative n des femmes peut générer dans l’agriculture.

▪▪ Otomo Y. et al., 2014. The Participation of Women in Farm Management in the Development of Sustainable Food Safety: Case Studies from Switzerland and Austria. XVIII ISA World Congress of Sociology, 13.–19. Juli 2014, Yokohama, Japan. ▪▪ Rossier R., 2014. Die Stellung der Frau auf bäuerlichen Familienbetrieben. In: Frauen am Land, Potentiale und Perspektiven (Hrsg. M. Schmitt et al.), StudienVerlag, Innsbruck, p. 186–203. ▪▪ Rossier R. & Grossenbacher E., 2012. Frauen in der Landwirtschaft. In: Agrarbericht 2011, Bundes-amt für Landwirtschaft BLW, Bern, p. 50–78. ▪▪ Rossier R. & Reissig L., 2014. Contribution des paysannes aux exploitations familiales agricoles en Suisse. Agroscope Transfer n° 21. Agroscope, Ettenhausen. 8 p. ▪▪ Uchiyama T. & Whitehead I., 2012. Intergenerational Farm Business Succession in Japan. In: Keeping it in the Family. International Perspectives on Succession and Retirement on Family Farms (Ed. M. Lobley et al.), Perspectives on Rural Policy and Planning, Ashgate, England/USA, p. 55–73. ▪▪ Wördermann R. & Yamaguchi K. (éd.), 2014. Länderbericht Japan. Die Erarbeitung der Zukunft. Schriftenreihe Band 1500, Bundeszentrale für ­p olitische Bildung, Bonn.

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P o r t r a i t

Ruth Rossier donne la parole aux paysannes Depuis 30 ans, l’agronome Ruth Rossier étudie la situation sociale et économique des exploitations agricoles familiales à Agroscope Tänikon. La situation des femmes dans l’agriculture constitue un point fort de ses recherches. Ses études montrent que les paysannes apportent une contribution substantielle au revenu global des exploitations familiales, mais qu’elles ne sont pratiquement pas rétribuées en contrepartie. De plus, elles sont souvent désavantagées sur le plan légal – la ferme n’appartient généralement qu’au mari – et n’ont souvent pas de protection financière suffisante en cas de séparation ou de décès de leur partenaire. Ruth Rossier n’est pas venue directement à l’agriculture, bien que durant son enfance à la campagne, elle ait beaucoup joué et travaillé dans les fermes: «J’ai tout fait, à l’étable et au champ.» Mais son père ne possédait pas d’exploitation agricole et elle n’avait donc pas la possibilité de reprendre un domaine. Véritable rat de bibliothèque, elle est devenue libraire, mais ce travail ne lui a pas donné satisfaction. «Un métier de misère», déclaret-elle aujourd’hui sèchement. Elle a donc suivi les cours de maturité cantonale pour adultes et a ensuite étudié l’agronomie à l’EPF de Zurich. «Le fait que je m’engage pour les femmes dans l’agriculture, est très certainement lié à ma biographie personnelle en tant que femme», déclare Ruth Rossier. Lorsqu’elle rédigeait son travail de diplôme sur la résistance du soja au froid, à Agroscope Changins, elle était déjà en fin de grossesse. Elle aurait bien aimé rester en Suisse romande, mais pour des raisons professionnelles, la jeune famille a dû aller s’installer dans le nord-est de la Suisse. «Je suis très reconnaissante à la Confédération de m’avoir accordé un poste à 60 % à Agroscope en 1985», ajoute cette mère de trois enfants. Il y a seulement quelques années qu’elle a pu augmenter son taux d’activité à 90 %. Au départ, Ruth Rossier était engagée comme experte en économie familiale. Son poste avait été créé pour répondre à un postulat du Conseiller national Alois Bommer de 1971, qui demandait un rapport sur la situation des paysannes. Les thèmes nouvellement abordés liés à la main-d’œuvre ou la commercialisation directe des produits agricoles lui ont rapidement montré que les méthodes servant aux sciences naturelles n’étaient guère applicables aux problématiques de l’exploitation familiale agricole. Une formation complémentaire dans les différentes méthodes qualitatives et quantitatives des sciences sociales lui a paru alors indispensable.

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Au fil de ses recherches, Ruth Rossier a compris à quel point il était important de tenir compte des femmes dans les études liées à l’évolution des exploitations familiales. C’est ce qui l’a conduite à étudier le travail des femmes dans l’agriculture, à déterminer leur temps de travail dans les ménages ruraux ou à s’occuper de la succession comme l’élément central du changement structurel agricole. Bien que Ruth Rossier n’ait pas écrit de thèse ou fait «carrière» à Agroscope, ses recherches bénéficient d’un écho de plus en plus grand en Suisse et à l’étranger. Elle a par exemple rédigé différents articles pour les rapports agricoles de l’Office fédéral de l’agriculture, des chapitres de livres et des articles pour des revues internationales, et présenté de nombreux exposés lors de conférences nationales et internationales (lire p. 122). En outre, elle a collaboré à diverses reprises à des programmes nationaux et internationaux, comme le programme du Fonds national SCOPES (Scientific co-operation between Eastern Europe and Switzerland), dans le cadre duquel elle a réalisé des projets en Croatie et en Roumanie, ou comme le Programme national de recherche «Egalité entre hommes et femmes» (PNR 60), où elle a participé au projet «Genre, générations et égalité en agriculture suisse». En 2012, elle s’est rendue à l’ONU à New York en qualité de membre de la délégation suisse pour assister à la session de la Commission sur le statut des femmes (Commission on the Status of Women, CSW) (Rercherche Agronomique Suisse 11/12 2012). Aujourd’hui âgée de 63 ans, elle ne veut pas encore penser à la retraite: «J’aimerais bien terminer le programme d’activité d’Agroscope jusqu’en 2017, afin de pouvoir encore finir tous les projets prévus.» Erika Meili, Agroscope


A c t u a l i t é s

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La Recherche Agronomique Suisse arrive sur vos tablettes et smartphones Depuis le début de l’année, l’App ­ « Publications Agroscope» rend la Recherche Agronomique Suisse accessible par tablette et smartphone. Elle offre non seulement la version électronique des articles, mais aussi des informations complémentaires sur des thèmes sélectionnés. En outre, il est également possible de consulter toutes les archives de la revue. Les prix des abonnements à ce service sont attrayants: l’accès à la version tablette revient à 61 francs, soit autant que l’édition imprimée ou l’édition en ligne. Si vous souhaitez lire la revue aussi bien sur la tablette que sous forme papier, il ne vous en coûtera pas beaucoup plus (Fr. 71.–). L’App permet également de s’abonner à la revue Schweizer Zeitschrift für Obst- und Weinbau ainsi qu’à la Revue suisse de Viticulture, Arboriculture, Horticulture à des conditions avantageuses. Vous trouverez plus de détails sur le prix des abonnements sur les sites Web des différents magazines:

••www.rechercheagronomiquesuisse.ch ••www.obstundweinbau.ch ••www.revuevitiarbohorti.ch Les revues spécialisées sont également complétées par les autres publications Agroscope, qui peuvent être téléchargées gratuitement dans l’application: les Agroscope Transfer et les fiches techniques Agroscope, qui s’adressent tous deux à la pratique, Agroscope Science qui contient des résultats pour la science et différentes autres publications spécialisées. Pour que les lecteurs et les lectrices puissent s’y retrouver plus facilement, les publications sont classées en sept rubriques thématiques: plantes, animaux, denrées alimentaires, environnement, économie, technique et aspects sociaux. Les liens pour télécharger l’App (iOs et Android) sont ­disponibles sur: www.agroscope.ch > Publications > Apps

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Nouvelles publications

Directives pour les installations de séchage en grange

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Séchage en grange – Directives et planification Technique Agroscope Transfer | N° 38 / 2014

Directives pour les installations de séchage en grange Une planification professionnelle garantit les résultats et réduit les coûts

Novembre 2014

Christian Aschauer, Université des ressources naturelles, Vienne (A) Susanne Jakschitz-Wild, Office bavarois de l‘agriculture, Freising (D) Matthias Kittl, Chambre d’agriculture, Salzburg (A) Karl Neuhofer, ARGE Heumilch, Strasswalchen (A) Franz Nydegger, Agroscope, Ettenhausen (CH) Johannes Ostertag, Office bavarois de l‘agriculture, Freising (D) Alfred Pöllinger, Centre de recherche et développement de RaumbergGumpenstein, Irdning (A) Reinhard Resch, Centre de recherche et développement de RaumbergGumpenstein, Irdning (A) Stefan Thurner, Office bavarois de l‘agriculture, Freising (D) Gotthard Wirleitner, Seekirchen (A)

Photo: Franz Nydegger, Agroscope

Auteurs

Installation de séchage en grange avec panneaux photovoltaïques: l’utilisation électrique et thermique de l’énergie solaire permet un séchage du foin sans impact sur le climat. Les installations de séchage en grange diminuent les pertes par brisure et par respiration, limitent considérablement l’activité des moisissures et des bactéries et réduisent de beaucoup le risque météorologique par rapport au séchage au sol. Lorsque les conditions météorologiques sont défavorables, les installations de séchage à air froid ne sont pas en mesure d’atteindre, en temps utile, la teneur en matière sèche de 87–88 % nécessaire pour un stockage en toute sécurité. Pour rendre le séchage plus efficace, on utilise donc de plus en plus de l’air chaud et/ou déshumidifié. Suivant la composition du peuplement végétal et avec une récolte effectuée au stade de l’épiaison / de l’apparition de la panicule des graminées dominantes (p. ex. dactyle), ces systèmes permettent d’atteindre une concentration énergétique de l’ordre de 6 MJ d’énergie nette

lactation (NEL) par kilogramme de matière sèche. Le foin demeure donc un fourrage de base de qualité, notamment parce qu’il ne contient presque plus de bactéries formant des spores. Ce point est particulièrement déterminant pour la fabrication de fromages à pâte dure. Les dépenses d’énergie pour le séchage du foin peuvent être considérablement réduites en utilisant l’énergie solaire et la technique des pompes à chaleur au lieu des sources d’énergie fossiles. Un chauffage de l’air sans émission de CO2 avec des copeaux de bois ou des pellets est une alternative pour certaines exploitations, de même que la récupération de chaleur. La combinaison de l’énergie photovoltaïque et de capteurs à air thermiques est également une solution intéressante. Pour de bons résultats, il est indispensable de bien planifier et de bien gérer l’installation de séchage.

Agroscope Transfer N° 38/2014 Les installations de séchage en grange diminuent les pertes par brisure et par respiration, limitent considérablement l’activité des moisissures et des bactéries et réduisent de beaucoup le risque météorologique par rapport au séchage au sol. Lorsque les conditions météorologiques sont défavorables, les installations de séchage à air froid ne sont pas en mesure d’atteindre, en temps utile, la teneur en matière sèche de 87–88 % nécessaire pour un stockage en toute sécurité. Pour rendre le séchage plus efficace, on utilise donc de plus en plus de l’air chaud et/ou déshumidifié. Suivant la composition du peuplement végétal et avec une récolte effectuée au stade de l’épiaison / de l’apparition de la panicule des graminées dominantes (p.ex. dactyle), ces systèmes permettent d’atteindre une concentration énergétique de l’ordre de 6 MJ d’énergie nette lactation (NEL) par kilogramme de matière sèche. Le foin demeure donc un fourrage de base de qualité, notamment parce qu’il ne contient presque plus de bactéries formant des spores. Ce point est particulièrement déterminant pour la fabrication de fromages à pâte dure. Les dépenses d’énergie pour le séchage du foin peuvent être considérablement réduites en utilisant l’énergie solaire et la technique des pompes à chaleur au lieu des sources d’énergie fossiles. Un chauffage de l’air sans émission de CO2 avec des copeaux de bois ou des pellets est une alternative pour certaines exploitations, de même que la récupération de chaleur. La combinaison de l’énergie photovoltaïque et de capteurs à air thermiques est également une solution intéressante. Pour de bons résultats, il est indispensable de bien planifier et de bien gérer l’installation de séchage. Christian Aschauer et al.

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Consommation énergétique de l’agriculture en Suisse

Environnement Agroscope Transfer | N° 56 / 2015

Consommation énergétique de l’agriculture en Suisse Grande dépendance par rapport au diesel et important pourcentage d’énergie grise

Février 2015

Auteurs

Photo: Annett Latsch, Agroscope

Annett Latsch Thomas Anken

En Suisse, les véhicules agricoles consomment environ 150 millions de litres de diesel par an. Pour la fabrication d’un tracteur, il faut en outre compter environ trois litres d’équivalent mazout par kilogramme de machine (énergie dite grise). 1400 litres d‘équivalent mazout par hectare de surface utile – telle est la quantité d’énergie consommée par l‘agriculture suisse en 2012 pour la production de biens agricoles primaires. Plus de la moitié de la consommation d’énergie prend la forme d’énergie grise liée aux bâtiments, aux machines et aux aliments pour animaux. C’est à ce résultat qu’aboutissent les calculs actuels d’Agroscope basés sur l’indicateur agro-environnemental «Consommation énergétique de l’agriculture». Le besoin

énergétique relativement élevé par unité de surface en Suisse par rapport aux autres pays est dû notamment aux surfaces disponibles limitées. Les principales sources énergétiques directes sont le diesel comme carburant ainsi que le mazout et le gaz pour chauffer les étables et les serres. Les calculs montrent clairement que l’agriculture suisse est très dépendante des sources d’énergie fossiles et que les sources d’énergie renouvelables ne représentent qu’une partie infime de la consommation.

Agroscope Transfer N° 56/2015 1400 litres d‘équivalent mazout par hectare de surface utile – telle est la quantité d’énergie consommée par l‘agriculture suisse en 2012 pour la production de biens agricoles primaires. Plus de la moitié de la consommation d’énergie prend la forme d’énergie grise liée aux bâtiments, aux machines et aux aliments pour animaux. C’est à ce résultat qu’aboutissent les calculs actuels d’Agroscope basés sur l’indicateur agro-environnemental «Consommation énergétique de l’agriculture». Le besoin énergétique relativement élevé par unité de surface en Suisse par rapport aux autres pays est dû notament aux surfaces disponibles limitées. Les principales sources énergétiques directes sont le diesel comme carburant ainsi que le mazout et le gaz pour chauffer les étables et les serres. Les calculs montrent clairement que l’agriculture suisse est très dépendante des sources d’énergie fossiles et que les sources d’énergie renouvelables ne représentent qu’une partie infime de la consommation. Annett Latsch et Thomas Anken, Agroscope

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Communiqués de presse

www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen 26.02.2015 Un souffle nouveau dans la culture du safran en Suisse

27.01.2015 Agroscope et le CSEM s’unissent pour développer de nouvelles technologies pour l‘agriculture

En Suisse, la culture du safran ne subsistait traditionnellement que dans le village haut-valaisan de Mund. Ces dernières années cependant, agriculteurs ou jardiniers amateurs plantent à nouveau des cormes de safran aux quatre coins du pays. Soutenu par Agroscope à travers un suivi agronomique et des études des provenances, cet essor s’inscrit dans la mouvance d’une agriculture innovante, respectueuse de l’environnement et à forte valeur ajoutée.

Agroscope et le centre privé de recherche et de développement CSEM souhaitent renforcer leur collaboration à l’avenir. Les deux institutions de recherche veulent créer des synergies pour l’industrie, l’agriculture et l’environnement afin d’exploiter la micro- et la nanotechnologie, la microélectronique, le photovoltaïque et les technologies de communication. Agroscope et le CSEM ont l’intention de mettre au point des instruments et des procédés qui augmentent la productivité de l’agriculture tout en préservant les ressources naturelles.

17.02.2015 Aliments pour animaux: tendance positive mais la prudence reste de mise Agroscope est mandatée pour contrôler les aliments pour animaux de rente et de compagnie (petfood) commercialisés en Suisse. Durant l’année écoulée, Agroscope a prélevé et analysé 1482 échantillons. Malgré une augmentation de la proportion d’échantillons respectant les exigences observée ces dernières années, la prudence reste de mise suite à divers cas non conformes décelés.

12.02.2015 Découverte d’un trésor: les données du sol de quatre décennies inventoriées et numérisées Les données du sol fiables sont rares en Suisse: les informations sur la répartition et les propriétés des différents sols ne sont disponibles que pour un tiers de la surface agricole utile. Elles constituent une base indispensable pour pouvoir gérer efficacement les exigences en matière d’exploitation en assurant la durabilité de la politique des ressources et la sécurité de l‘alimentation. En collaboration avec la Confédération, les cantons et l’économie privée, Agroscope a digitalisé des archives de données du sol relevées entre 1963 et 1996.

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Liens Internet

Manifestations

Infos pour détenteurs d'animaux de rente

Mars 2015

www.animauxderente.ch

14. 03.2015 Journée d’information HAFL Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL Zollikofen Informations: www.hafl.bfh.ch

Animauxderente.ch est le portail d'information de l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires OSAV. L'OSAV est l'interlocuteur des détenteurs d'animaux de rente pour toutes les questions de sécurité alimentaire, de nutrition, de santé animale, de protection des animaux et de conservation des espèces dans le commerce international.

18. – 19.03.2015 5. Tänikoner Melktechniktagung Agroscope Tänikon, 8356 Ettenhausen

V Doa rnssc hl ea up r o c h a i n n u m é r o

Avril 2015

Avril 2015 / Numéro 4

16.04.2015 10e Réunion annuelle du Réseau de recherche équine en Suisse Haras national suisse HNS Avenches

Le cheval franches-montagnes est la seule race de chevaux encore existante d’origine suisse. Elle doit lutter contre une baisse de sa population et du nombre de naissances, ainsi que contre un manque de rentabilité au niveau de la production. Dans le cadre de l’élaboration d’un rapport de stratégie pour le maintien du franchesmontagnes, le Haras national suisse HNS d’Agroscope a ­enquêté sur la conformité de cette race de chevaux à la ­demande du marché.

••Le rôle du franches-montagnes sur le marché Suisse du cheval, Ruedi von Niederhäusern et al., Agroscope et HAFL ••Digestibilité et dégradabilité d’ensilages ­protéagineux-céréales immatures, Yves Arrigo et al., Agroscope et HAFL

Juin 2015 14. – 17.06.2015 54. IALB-Tagung ( Internationale Akademie landund hauswirtschaftlicher Beraterinnen und Berater) 3. EUFRAS-Konferenz Effizienz in der Land- und Ernährungswirtschaft Agridea Solothurn Informations: http://url.agridea.ch/IALB2015 25.06.2015 Agroscope: 125 Jahre Forschung in Wädenswil Agroscope Wädenswil

••Qualité des ensilages plantes entières de triticale, d’avoine et de pois fourragers, Ueli Wyss et Yves Arrigo, Agroscope ••Utilisation de cuivre par les agriculteurs bio suisses dans différentes cultures, Bernhard Speiser et al., FiBL ••Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur, Emilie Carrera et al., Agroscope ••Conflits d’objectifs entre la promotion de la bio­ diversité et la protection phytosanitaire, Karin Ruchti et Christoph Studer, HAFL

Informationen: Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen www.agroscope.admin.ch/manifestations

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harasnational.ch

Journée anniversaire

Jubiläumstagung

10 ans du Réseau de 10 Jahre Netzwerk recherche équine en Suisse Pferdeforschung Schweiz 16 avril 2015, 9 h - 22 h Au Théâtre du Château, Avenches suivi d’une « science party » au Haras national suisse

16. April 2015, 9 - 22 Uhr Im Théâtre du Château, Avenches gefolgt von einer „Science Party“ im Schweizerischen Nationalgestüt

- Journée ouverte à tout public avec exposés, posters et remise des prix aux meilleur-e-s chercheuses et chercheurs - Recherche appliquée sur les sports et les loisirs équestres de même que sur la détention et l’élevage de chevaux - Gala équestre et surprises - Inscription obligatoire - Pour en savoir plus : www.reseaurechercheequine.ch

- Öffentliche Tagung mit Vorträgen, Poster-Ausstellung und Prämierung der besten Arbeiten - Praxisnahe Forschung zu Sport und Freizeit, Pferdehaltung und Zucht - Pferdegala und Überraschungen (gratis) - Anmeldung obligatorisch - Mehr dazu unter: www.netzwerkpferdeforschung.ch


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