Recherche Agronomique Suisse 2 0 1 3
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N u m é r o
9
Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich
S e p t e m b r e
Production végétale Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures Page 368 Production végétale Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse Page 394 Eclairage
Série ProfiCrops: La différenciation, pour renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses Page 402
Changements à la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL: un bâtiment neuf, une nouvelle direction et une nouvelle régie (la HES bernoise). (Photo: HAFL)
Sommaire Septembre 2013 | Numéro 9 367 Editorial
Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées. Editeur Agroscope Partenaires bA groscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux et Haras national suisse A LP-Haras; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART), www.agroscope.ch b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.blw.ch b Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.ch b Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.ch b E cole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.ch Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP-Haras), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich) Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch, Fax +41 26 407 73 00 Changement d'adresse e-mail: verkauf.zivil@bbl.admin.ch, Fax +41 31 325 50 58 Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse © Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS
Production végétale Evaluation de l’impact des insecticides sur 368
la durabilité dans les cultures Patrik Mouron et al. 376
Production végétale I nfluence des insecticides sur les auxiliaires
dans les céréales et pommes de terre Stève Breitenmoser et Robert Baur Production végétale Screening de légumineuses pour couverts 384
végétaux: azote et adventices Claude-Alain Gebhard et al. Production végétale Contrôles sur le marché – la qualité des 394
produits phytosanitaires en Suisse Ulrich Schaller et al. Eclairage – Série ProfiCrops La différenciation, pour renforcer la 402
confiance des consommateurs envers les produits suisses Anna Crole-Rees, Martina Spörri, Johannes Rösti et Christine Brugger Eclairage Culture du colza: des scientifiques de 406
quatre continents font le point à Changins Didier Pellet et Alice Baux 408 Portrait 409 Actualités 411 Manifestations
Editorial
Axer la formation et la recherche sur la pratique Chère lectrice, cher lecteur,
Magdalena Schindler, directrice de la Haute école des sciences a gronomiques, forestières et a limentaires HAFL
L’agriculture suisse est confrontée à des défis multiples et toujours plus nombreux. Seuls de bons spécialistes et des approches innovantes permettront d’y faire face et de saisir de nouvelles chances. La Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL compte, avec sa nouvelle direction et en tant que département de la HES bernoise, continuer à apporter sa contribution dans ce domaine. Notre institution propose des études de bachelor basées sur des connaissances scientifiques et ancrées dans la pratique; dans le master, elle forme des experts qualifiés, possédant de hautes compétences méthodologiques, pour toute la filière agricole suisse. Des compétences très recherchées sur le marché du travail, ainsi que le confirme l’étude portant sur le secteur agroalimentaire publiée en juin 2013. La formation dans une HES doit toutefois être liée à la recherche. A l’origine, c’est la raison qui nous a poussés à instituer nos activités de recherche. Entre-temps, ces dernières sont devenues partie intégrante de notre mandat de prestations. Elles comptent désormais au rang des «affaires courantes» et constituent depuis longtemps un domaine à part entière. Nous privilégions des approches innovantes pour traiter les sujets actuels du monde pratique et développer des solutions porteuses d’avenir. Les petits projets sont gérés au sein de l’école; pour les projets plus importants, la coopération avec d’autres instituts est recherchée. Les conditions générales applicables aux HES précisent que la recherche doit y être financée par des tiers, car les fonds publics sont presque exclusivement octroyés pour l’acquisition et le développement des compétences. Nous sommes donc axés sur les besoins de la pratique tout en accordant une importance particulière au transfert des connaissances – ce qui correspond aussi à notre mandat en tant que HES. Un autre point important à nos yeux est l’orientation stratégique de la recherche. Nous travaillons actuellement à définir nos futures activités, dans le but de continuer à les consolider et de mieux les profiler. Les grands défis qui se posent dans le secteur requièrent des solutions. La HAFL, en tant que partenaire de confiance, est prête à apporter sa contribution dans ce domaine; une contribution qui se traduit par une formation, une formation continue et des activités de recherche axées sur la pratique.
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 367, 2013
367
P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Evaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité dans les cultures Patrik Mouron1, Chiara Calabrese1, Stève Breitenmoser2, Simon Spycher3 et Robert Baur3 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon 1, 8356 Ettenhausen, Suisse 2 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1, Suisse 3 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil, Suisse Renseignements: Patrik Mouron, e-mail: patrik.mouron@agroscope.admin.ch, tél. +41 44 377 72 23
1
Lorsqu’un traitement contre le doryphore ou les criocères des céréales s’avère nécessaire dans les cultures conventionnelles, c’est en appliquant Audienz (spinosad) que l’impact sur la durabilité est le moins important en termes de préservation des auxiliaires, de risque écologique et de rentabilité. (Photos: ART, Gabriela Brändle)
Introduction Les prestations écologiques requises (PER) supposent des restrictions dans l’application d’insecticides dans les cultures de céréales et de pommes de terre selon l’annexe 6, chiffre 6.2 de l’Ordonnance sur les paiements directs (RS 910.13). Les insecticides peu sélectifs susceptibles de perturber l’effet régulateur des auxiliaires ne peuvent être utilisés qu’après l'octroi d’une autorisation spéciale délivrée par le service phytosanitaire cantonal compétent. Cette règle PER est remise en question par les agricultrices et les agriculteurs et par les organes d’exécution proprement dits. Les agriculteurs considèrent la demande d’une autorisation spéciale comme une entrave administrative et déplorent que les produits nécessitant une autorisation spéciale soient plus actifs et soient également moins chers que les produits applicables sans autorisation. Quant aux organes d’exécution proprement dits, ils souhaiteraient réduire le coût des autorisations spéciales. C’est pourquoi, dans le cadre de la politique agricole 2014−2017, l’OFAG souhaiterait revoir les règles PER remises en question et si nécessaire
368
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013
les adapter. Afin d’effectuer cet examen sur des bases scientifiques actuelles, en 2012, l’OFAG a chargé Agroscope d’effectuer l’étude présentée ici. Un groupe d’experts a été formé pour l’étude, comprenant des scientifiques, mais aussi des spécialistes cantonaux de la protection des plantes et des agriculteurs.
Méthode Déroulement de l’évaluation de l’impact sur la durabilité L’impact sur la durabilité a été évalué selon le schéma de la méthode «SustainOS». Cette méthode a été développée entre 2008−2010 dans le cadre du projet UE ENDURE (http://www.endure-network.eu/), afin de comparer les stratégies de protection des plantes dans les cultures fruitières et testée dans cinq pays européens (Naef et al. 2011; Mouron et al. 2012). Paramètres contextuels et paramètres-cibles La description du système pour les céréales et les pommes de terre a été effectuée sur une parcelle modèle d’un hectare pendant une année, sachant que les valeurs (p.
ex. pour les quantités de récolte) sont basées sur la moyenne annuelle et qu’elles sont, de l’avis des experts, représentatives de la Suisse. Toutes les activités ont été définies, du travail du sol jusqu’à la récolte. L’étude repose sur l’hypothèse que les seuils de tolérance étaient dépassés pour les criocères des céréales (Oulema spp.) et pour le doryphore (Leptinotarsa decemlineata [Say 1824]) et les pucerons (différentes espèces) dans les cultures de pommes de terre. Concernant les maladies fongiques, on suppose une pression moyenne dans les deux cultures. Les principaux paramètres-cibles étaient que les récoltes soient acceptées à la livraison, et que les bonnes pratiques de gestion des résistances soient respectées. Variantes de protection des plantes Compte tenu des paramètres contextuels et des paramètres-cibles fixés, le groupe d’experts a défini des plans de protection des plantes adaptés à la pratique. Pour le choix des insecticides, trois variantes de base ont été définies par rapport au respect des auxiliaires: Variantes A: Sans restrictions. C’est-à-dire que tous les insecticides autorisés en 2012 peuvent être employés sans autorisation spéciale. Variantes B: Restrictive. Seuls peuvent être utilisés les insecticides qui n’avaient pas besoin d’une autorisation pour les PER en 2012. Variantes C: Autorisations spéciales comme en 2012. les autorisations spéciales sont acceptées lorsque le seuil de tolérance est dépassé et que l’application d’inhibiteurs de mue n’est plus suffisamment efficace contre les larves des criocères des céréales et du doryphore. Le tableau 1 récapitule toutes les variantes de protection des plantes définies par le groupe d’experts. Seule l’application des insecticides est modulée. Concernant les fongicides, les herbicides et les régulateurs de croissance, les mêmes hypothèses sont posées pour toutes les variantes d’une même culture. Comme les insecticides sont souvent épandus mélangés à un fongicide, le nombre de trajets est souvent inférieur au nombre de produits phytosanitaires épandus. La combinaison utilisée comme référence est celle appliquée le plus fréquemment selon le groupe d’experts. Méthodes d’analyse quantitatives La méthode et les résultats de l’analyse de préservation des auxiliaires (Coccinellidae, Chrysopidae, Syrphidae et hyménoptères parasitoïdes) font l’objet d’un autre article dans ce numéro de Recherche Agronomique Suisse (Breitenmoser et Baur 2013).
Résumé
Evaluation de l’impact des insecticides sur la d urabilité dans les cultures | Production végétale
Dans le cadre des prestations écologiques requises (PER), l’utilisation d‘insecticides homologués dans les cultures de céréales et de pommes de terre en Suisse requiert des autorisations spéciales lorsque les produits sont considérés comme peu respectueux des auxiliaires. Pour évaluer l’effet de cette directive PER, une variante de référence appliquant la directive a été comparée à d’autres variantes avec insecticides. L’impact sur la durabilité a également été évalué, à l’aide de la méthode SustainOS. Celle-ci prend en compte non seulement la préservation des auxiliaires, mais aussi les risques écotoxicologiques et la rentabilité. Les résultats montrent que, pour lutter contre les criocères des céréales, une application unique d’Audienz (spinosad) améliorerait significativement la durabilité par rapport aux insecticides de référence (Nomolt [téflubenzuron] + Biscaya [thiaclopride]). Dans le cas du doryphore par contre, où Audienz est considéré comme la référence, aucune alternative n’a pu être trouvée pour améliorer la durabilité. L’étude montre également que les variantes utilisant Novodor (Bacillus thuringiensis) préservent certes les auxiliaires, mais impliquent un risque accru pour les récoltes et des coûts plus élevés. Par conséquent, on peut recommander de ne pas modifier la directive PER pour le doryphore et de l’adapter pour les criocères des céréales.
L’analyse du risque écologique pour les organismes vivant dans l’eau et le sol a été réalisée à l’aide du modèle «Synops» développé à l’Institut Julius-Kühn (Gutsche et Strassemeyer 2007). La simulation prend en compte les poissons, les invertébrés aquatiques, les plantes aquatiques, les algues et les vers de terre. Pour le calcul des risques, la toxicité (Toxicity) du principe actif pour ces groupes d’organismes est mise en relation avec sa concentration (Exposure). Cette méthode permet d’obtenir le rapport Exposure-Toxicity-Ratio (ETR) comme mesure du risque, sachant que: ETR = Exposure / Toxicity. Pour l’analyse économique, un calcul des coûts complets a été effectué pour chaque variante de protection des plantes. Le calcul des coûts complets oppose les prestations, composées des recettes et des paiements directs, aux coûts de production totaux, eux-mêmes
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013
369
Production végétale | Evaluation de l’impact des insecticides sur la d urabilité dans les cultures
Tableau 1 | Définition des variantes insecticides selon l’hypothèse que les seuils de tolérance sont dépassés pour les criocères des céréales et pour le doryphore et les pucerons dans les cultures de pommes de terre Céréales Insecticide (nom commercial)
Variante A1
Biscaya*
B1
Nomolt et Audienz*
B2
Audienz*
Quantité de principe actif (substance active g/ha)
Coûts de produits (CHF/ha)
Risque de récolte par rapport aux insecticides (variabilité)
Fongicides/ Herbicides/Régulateurs de croissance (nombre)
Mélanges de réservoir (nombre)
Total des passages (nombre)
58
33
+/- 5 %
2/ 1/ 1
1
4
60 et 48
78 et 62
+/- 7 %
2/ 1/ 1
1
5
48
62
+/- 7 %
2/ 1/ 1
1
4
Nomolt et Biscaya*
60 et 58
78 et 33
+/- 5 %
2/ 1/ 1
1
4
A1
Karate* et Biscaya*
8 et 48
18 et 33
+/- 15 %
13/ 2/ 0
3
14
A2
Biscaya* (2x)
48 (2x)
33 (2x)
+/- 15 %
13/ 2/ 0
3
14
C1 Référence Pommes de terre
B1
Nomolt, Audienz et Plenum*
38, 24 et 150
49, 31 et 84
+/- 15 %
13/ 2/ 0
4
14
B2
Novodor, Audienz et Plenum*
120, 24 et 150
192, 31 et 84
+/- 15 %
13/ 2/ 0
4
14
B3
Novodor (2x) et Plenum*
120 (2x) et 150
192 (2x) et 84
+/- 20 %
13/ 2/ 0
4
14
C1 Référence (D ≠ P)
Audienz et Plenum*
24 et 150
31 et 84
+/- 15 %
13/ 2/ 0
3
14
C2 (D + P)
Audienz et Biscaya*
24 et 48
31 et 33
+/- 15 %
13/ 2/ 0
3
14
*Insecticides nécessitant une autorisation spéciale selon la règle PER de 2012. (D ≠ P): Les doryphores ne sont pas présents en même temps que les pucerons. (D + P): Les doryphores sont présents en même temps que les pucerons. Insecticides: dans les céréales: contre les criocères des céréales; insecticides dans les pommes de terre: contre le doryphore et les pucerons Nom commercial (principe actif/ catégorie) des insecticides: Audienz (spinosad/ spinosyne); Biscaya (thiaclopride/ néonicotinoïde); Karate (lambda-cyhalothrine/ pyréthrinoïde); Nomolt (téflubenzuron/ inhibiteur de mue); Novodor (Bacillus thuringiensis/ bioinsecticide); Plenum (pymétrozine/ pyridine-azométhrine). Pour les maladies fongiques et les adventices, l’hypothèse est celle d’une pression moyenne. Nombre de fongicides / herbicides/ régulateurs de croissance dans les céréales: 2/ 1 / 1 avec pour les fongicides (principes actifs): Amistar Xtra (azoxystrobine, c yproconazole) et Input (spiroxamine, prothioconazole); nombre de fongicides / herbicides dans les pommes de terre: 13/ 2 de la totalité pour les fongicides 5x Mancozeb (= 4,5 x dose complète); pour toutes les variantes de protection des plantes d’une culture, on a choisi le même plan de traitement pour les fongicides. Les prix se réfèrent aux produits phytosanitaires pour les cultures en plein champ, moyenne 2009–2011, sans rabais (Brenner et Hochstrasser 2011).
composés des coûts spécifiques et des coûts de structure, afin de déterminer les bénéfices ou les pertes. Si par exemple, le seuil de rentabilité est juste atteint, cela signifie que les coûts de production totaux sont couverts, y compris le salaire horaire pris comme hypothèse, soit CHF 28.−/h (Gazzarin 2011). De même, un revenu du travail calculé supérieur à CHF 28.–/h, signifie qu’un bénéfice a été réalisé. Les coûts totaux de protection des plantes comprennent outre le coût des produits, le coût du travail, des machines et des bâtiments (Gazzarin 2011), ce qui explique que le nombre des passages influe considérablement sur le niveau des coûts. Evaluation de l’impact sur la durabilité La figure 1c-e présente l’arbre d’évaluation tel qu’il a été utilisé dans cette étude. Les attributs ont été sélectionnés selon la méthode SustainOS et classés par ordre hiérarchique. Les attributs de base (en gris) se réfèrent aux résultats des analyses quantitatives. Seul l’attribut de base «risque de récolte» repose sur une estimation du groupe d’experts. Dans notre étude, aucune analyse de cycle de vie n’a été effectuée car les variantes se différencient peu les unes des autres en termes d’énergie et
370
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013
de consommation des ressources. Les attributs écologiques sont représentés du côté gauche de l’arbre d’évaluation (en bleu) et les attributs économiques du côté droit (en rouge). Tous les attributs de l’arbre d’évaluation ont été pondérés de la même manière, à l’exception du risque chronique (pondération de 67 %) et du risque aigu (pondération de 33 %). Le risque chronique s’est vu accorder plus de poids, car dans la pratique des cultures de céréales et de pommes de terre, les concentrations élevées nécessaires pour obtenir des effets aigus sont plus rares que les concentrations généralement basses liées aux risques chroniques potentiels. Pour intégrer les résultats quantitatifs des analyses dans les attributs de base évalués, cinq catégories d’évaluation ont été définies par rapport à la variante de référence (VR): 1 = bien plus mauvaise que VR; 2 = plus mauvaise que VR; 3 = semblable à VR; 4 = meilleure que VR; 5 = bien meilleure que VR. Comme les résultats de l’analyse de préservation des auxiliaires et des risques écologiques étaient disponibles pour cinq catégories d’évaluation, il allait de soi de les attribuer aux catégories relatives de durabilité. Les attributs de base de la durabilité économique (coûts de pro-
Evaluation de l’impact des insecticides sur la d urabilité dans les cultures | Production végétale
Durabilité globale écologique-économique
50%
(e)
50%
Durabilité écologique
50%
50% Préservation des auxiliaires (P)
Risque écologique
50%
33% Risque aquatique aigu (R)
(b)
(a)
33% Revenu par ha (C)
33% Risque de récolte (E)
50%
Risque aquatique
(c)
33% Coûts de production par ha (C)
67% Risque aquatique chronique (R)
Risque terrestre
33% Risque terrestre aigu (R)
67% Risque terrestre chronique (R)
Méthodes d’analyse quantitatives Préservation des auxiliaires (P), risque environnemental (R), calcul des coûts complet (C)
Evaluation des experts (E)
(d)
Durabilité économique
Description du système pour les cultures de céréales et de pommes de terre Définition des différentes variantes de protection des plantes dans le cadre de paramètres contextuels et de paramètres-cibles définis par des experts
Figure 1 | Illustre les différentes étapes de l’évaluation de l’impact sur la durabilité, telle qu’appliquée aux céréales et aux pommes de terre par le groupe d’experts de cette étude.
duction par ha, revenu par ha et risque de récolte) ont été attribués aux catégories de durabilité 1 à 5 en raison de leur effet sur le salaire horaire. Pour les catégories d’évaluation 2 et 4, la limite à partir de laquelle la différence par rapport au salaire horaire était considérée comme significative a été fixée à +/−5 % par le groupe d’experts. Pour les catégories d’évaluation 1 et 5, la limite a été fixée à +/−20 % par rapport à VR. Lorsque le salaire horaire s’écartait moins de +/−5 % par rapport à la variante de référence, il était attribué à la catégorie d’évaluation 3 (comme la VR). Comme le salaire horaire calculé de la variante de référence est de CHF 25.− pour les céréales et de CHF 39.− pour les pommes de terre, voici comment se répartit l’évaluation de la durabilité par culture: Céréales: limites pour la catégorie 4 et 5 (4 meilleure et 5 bien meilleure que VR), lorsque les coûts sont de CHF 66.− resp. 266.– /ha inférieurs par rapport à VR; limites pour la catégorie 2 et 1 (2 mauvaise, 1 bien plus mauvaise que VR), lorsque les coûts sont de CHF 67.– resp. 266.– /ha plus élevés que VR. Coûts totaux de production de VR: CHF 5596.– /ha
Pommes de terre: limites pour la catégorie 4 et 5, lorsque les coûts sont de CHF 163.– resp. 968.– /ha inférieurs par rapport à VR; limites pour la catégorie 2 et 1, lorsque les coûts sont de CHF 240.– resp. 1024.–/ha plus élevés que la référence. Coûts totaux de production de VR: CHF 17 483.–/ha Résultats pour les céréales La variante de référence – pour laquelle on a d’abord employé l’inhibiteur de mue Nomolt contre les criocères des céréales, puis après obtention d’une autorisation spéciale le néonicotinoïde Biscaya – représente selon les experts la situation correspondant aux règles PER en 2012. L’analyse de la référence montre que Nomolt n’agit parfois pas de manière fiable contre les larves des criocères des céréales du fait de sa période d’action limitée et que Biscaya obtient certes de très bons résultats, mais nuit gravement aux auxiliaires. La durabilité globale écologique et économique de cette variante de référence est dépassée par deux des trois variantes alternatives. La figure 2a montre qu’il s’agit des variantes B2 (Audienz) et A1 (Biscaya), qui obtiennent des évaluations de durabi-
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013
371
Production végétale | Evaluation de l’impact des insecticides sur la d urabilité dans les cultures
a
Durabilité écologique-économique
Durabilité écologique-économique
Variante de référence
Durabilité écologique
B2 (Audienz) Durabilité écologique-économique 5 Variante de référence 3,67 4 B2 (Audienz) 3 25
4 B23(Audienz) 5 3,67 2 4 1 3 0 2
3,33 2,92
A1 (Biscaya)
0 2,92
3,33
B1 (Nomolt et Audienz)
A1 (Biscaya)
B1 (Nomolt et Audienz) 2,92
Risque écologique
0
A1 (Biscaya) 3,33 A1 (Biscaya)
Risque de récolte
Revenu
Coûts de production
B2 (Audienz) 5 Risque de récolte 4
Revenu
4
B2 (Audienz) 3 5 2 4 1 3 0 2
B2 (Audienz) 3 5 2 4 1 3 0 2 1
1 0
3,33
Coûts de production
d
B2 (Audienz) Préservation des auxiliaires 5 Risque écologique
B1 (Nomolt et Audienz)
1
B1 (Nomolt et Audienz)
Préservation des auxiliaires
c
b
1
B1 (Nomolt et Audienz)
Durabilité économique
Durabilité écologique
3,67
14 3 0 2
2,92
Durabilité écologique-économique B2 (Audienz) 5 3,67
Durabilité économique
A1 (Biscaya)
B1 (Nomolt et Audienz)
0
A1 (Biscaya)
Figure 2 | Résultats de l’évaluation de l’impact sur la durabilité des insecticides utilisés contre les criocères des céréales.
B1 (Nomolt et Audienz)
A1 (Biscaya)
lité globale nettement supérieures à 3,0. La durabilité globale de la variante B1 (Nomolt et Audienz) est légèrement moins bonne que celle de la variante de référence. Les figures 2b-d permettent de suivre les résultats de la durabilité globale par rapport aux niveaux des attributs secondaires. Il est intéressant de voir que les deux meilleures variantes obtiennent un meilleur classement de durabilité globale que la variante de référence, ce, pour des raisons très différentes. La variante B2 (Audienz) a un net avantage par rapport à la variante de référence pour la durabilité écologique où elle obtient une note de 4,33 (fig. 2b). Ceci s’explique par une préservation nettement meilleure des auxiliaires (5,0) et un meilleur facteur de risque écologique (3,67) (fig. 2c). En ce qui concerne les attributs économiques, la variante B2 (Audienz) a toutefois des avantages et des inconvénients par rapport à la variante de référence. Tandis que le risque de récolte est plus élevé et par conséquent les quantités de récolte prévues plus faibles (fig. 2d), les coûts de production sont plus bas, car elle économise un passage (CHF 77.–/ha pour la machine et la main-d’œuvre) et les coûts de Nomolt (CHF 78.–/ha). Comme cet avantage de coûts arrive tout juste à compenser les recettes plus basses (quantités de récolte inférieures), le revenu obtenu ne se distingue pas de manière significative de la variante de référence.
372
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013
B1 (Nomolt et Audienz)
A1 (Biscaya)
Dans la variante A1, qui par rapport à la référence, renonce à l’emploi de Nomolt et applique une fois Biscaya, le risque de récolte ne s’accentue pas grâce à l’efficacité très élevée de Biscaya, ce qui veut dire que la quantité de récolte attendue est la même que dans la variante de référence. Par conséquent, l’avantage en termes de coûts (pas de Nomolt et un passage en moins) se traduit par une amélioration du revenu en conséquence (fig. 2d). Résultats pour les pommes de terre La variante de référence qui représente la pratique actuelle dans le respect des règles PER en 2012, prévoit un traitement avec Audienz contre le doryphore (aucune autorisation spéciale nécessaire) et un traitement contre les pucerons avec Plenum (autorisation spéciale exigée) à supposer que les deux ravageurs aient dépassé le seuil de tolérance. La durabilité globale écologique-économique de la variante de référence n’est dépassée par aucune des six variantes alternatives. Parmi les variantes alternatives, la variante B2, dans laquelle contrairement à la variante de référence une application supplémentaire du bioinsecticide (Bacillus thuringiensis) a lieu avant l’emploi d’Audienz, est celle qui atteint la meilleure rentabilité globale, avec 3,0, soit presque aussi
Evaluation de l’impact des insecticides sur la d urabilité dans les cultures | Production végétale
Durabilité écologique-économique
Variante de référence
Durabilité écologique-économique
Variante de référence
a A2 (Biscaya (2x)) A2 (Biscaya (2x))
A1 (Karate et Biscaya) A1 (Karate et Biscaya)
B2 (Novodor, Audienz et Plenum) B25(Novodor, Audienz et Plenum) 54 3,00 B3 (Novodor (2x) et 43 3,00 2,50 Plenum) 2,75 B3 (Novodor 32 (2x) et 2,50 Plenum) 21 2,75 10 2,50 2,50
0
2,63 2,63
2,58
Durabilité écologique-économique Durabilité écologique-économique économique Durabilité Durabilité économique B2 (Novodor, Audienz et B2Plenum) (Novodor, Audienz et b 5 Plenum) 54 3,00 43 A2 (Biscaya (2x)) 3,00 32 2,50 A2 (Biscaya (2x)) 21 2,50
c
B3 (Novodor (2x) et Plenum) 2,75 B3 (Novodor (2x) et Plenum) 2,75
10
C2 (Audienz et Biscaya) C2 (Audienz et Biscaya)
A1 (Karate et Biscaya) A1 (Karate et Biscaya)
2,58 B1 (Nomolt, Audienz et Plenum) B1 (Nomolt, Audienz et Plenum)
Préservation des auxiliaires
Durabilité écologique Durabilité écologique
2,50
0
2,63
2,50
2,58
2,63
2,58 B1 (Nomolt, Audienz et B1 (Nomolt, Plenum) Audienz et Plenum)
C2 (Audienz et Biscaya) C2 (Audienz et Biscaya)
Risque écologique
Coûts de production
Risque de récolte
Revenu
Préservation des auxiliaires Risque écologique B2 (Novodor, Audienz et B2Plenum) (Novodor, Audienz et 5 Plenum)
Coûts de production
B2 Risque (Novodor, de récolte Audienz et B2Plenum) (Novodor, Audienz et 5 Plenum) 54 43 32 21 10
Revenu
A2 (Biscaya (2x)) A2 (Biscaya (2x))
54 43 32 21
B3 (Novodor (2x) et Plenum) B3 (Novodor (2x) et Plenum)
d
A2 (Biscaya (2x)) A2 (Biscaya (2x))
10
0
0
A1 (Karate et Biscaya) A1 (Karate et Biscaya)
B3 (Novodor (2x) et Plenum) B3 (Novodor (2x) et Plenum)
C2 (Audienz et Biscaya) C2 (Audienz et Biscaya) B1 (Nomolt, Audienz et B1 Plenum) (Nomolt, Audienz et Plenum)
A1 (Karate et Biscaya) A1 (Karate et Biscaya)
C2 (Audienz et Biscaya) C2 (Audienz et Biscaya) B1 (Nomolt, Audienz et B1 (Nomolt, Plenum) Audienz et Plenum)
Figure 3 | Résultats de l’évaluation de l’impact sur la durabilité des insecticides utilisés contre le doryphore et les pucerons.
bien que la référence (fig. 3a). Les figures 3b-c montrent que la variante B2 ne se distingue pas non plus de manière significative de la variante de référence pour tous les attributs secondaires, puisqu’elle obtient partout la note de 3,0. Cela peut peut-être paraître étonnant au vu des coûts de production, parce que B2 comprend un traitement supplémentaire à base de Novodor par rapport à la référence. C’est pourquoi toutes les variantes comprennent un total de 14 passages. Effectivement, cela entraîne des coûts supplémentaires de CHF 192.–/ha, ce qui se traduit par une baisse de moins de 5 % du salaire horaire. On ne comptabilise aucun coût supplémentaire pour les machines et la main-d’œuvre, car 14 passages par hectare et par an ont été définis à la base pour la variante de référence et les variantes alternatives. Comme ces passages sont essentiellement dus à l’épandage de fongicides (tabl. 1), des insecticides supplémentaires peuvent être ajoutés dans le réservoir et épandus simultanément. La variante B3 (deux fois Novodor et Plenum), qui contrairement à la variante de référence applique deux fois Novodor contre le doryphore au lieu d’une fois
Audienz, obtient 2,75 comme note de durabilité globale (fig. 3a), bien que la double application de Novodor lui apporte des avantages par rapport à la référence en ce qui concerne le risque écologique (3,33) et qu’elle obtienne un résultat semblable à celui de la variante de référence pour la préservation des auxiliaires (fig. 3c). Les avantages écologiques vont toutefois de pair avec des coûts supplémentaires de CHF 353.–/ha. Cette variante n’apportant aucun atout en termes de risque de récolte, son revenu est également plus bas que celui de la variante de référence. Globalement, les inconvénients économiques priment sur les avantages écologiques dans la variante B3 par rapport à la variante de référence (fig. 3b). Les quatre autres alternatives (C2, B1, A1, A2) affichent toutes le même profil. Aucune ne se distingue de manière significative de la variante de référence en termes de rentabilité alors qu’elles affichent des inconvénients évidents en termes de durabilité écologique (fig. 3b, 3c). Les variantes étudiées emploient l’insecticide Plenum (pymétrozine) contre les pucerons dans les pommes de terre. Il est également possible d’utiliser Teppeki (flo-
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013
373
Production végétale | Evaluation de l’impact des insecticides sur la d urabilité dans les cultures
nicamide). Plenum comme Teppeki peuvent être considérés comme des produits neutres sans effets secondaires sur les auxiliaires (cf. article correspondant dans ce numéro, Breitenmoser et Baur 2013).
Discussion Cette étude a montré que lorsque le seuil de tolérance était dépassé, aussi bien pour les criocères des céréales que pour le doryphore, Audienz préserve davantage les auxiliaires que Biscaya, ce qui veut dire qu’Audienz satisfait mieux l’objectif de la règle PER. Si, outre l’effet sur les auxiliaires, d’autres attributs autant écologiques qu’économiques, Audienz montre encore une durabilité globale plus élevée que Biscaya. Actuellement, l’utilisation d’Audienz ne nécessite pas d’autorisation spéciale dans les cultures de pommes de terre dans le cadre des PER. L’idée serait donc d’ajouter les surfaces de céréales aux surfaces d’application autorisées. Le risque de résistances contre Audienz s’en trouverait-il accru? Le groupe d’experts de l’étude est d’avis qu’aussi longtemps que le pourcentage de surface «Extenso» (stricte interdiction des herbicides et des fongicides) reste d’environ 50 % et plus dans les céréales et que la fréquence des traitements insecticides dans les cultures céréalières reste faible en moyenne, le risque que des résistances se développe devrait être minime. Il ne faut pas oublier non plus que lorsque la pression des criocères des céréales est faible, un traitement de Nomolt devrait suffire. Dans les pommes de terre, où la tolérance aux dommages est très faible, en pratique, presque personne ne se fierait seulement à Nomolt ou Novodor. La toxicité des produits pour les abeilles n’a pas été évaluée de manière explicite comme attribut de durabilité, car selon les experts, les abeilles ne sont pas présentes en grand nombre, ni dans les céréales, ni dans les pommes de terre. Il reste néanmoins un risque lorsque l’offre de fleurs est pauvre dans la région et que parallèlement, les abeilles sont attirées dans les céréales ou dans les pommes de terre par le miélat produit par les pucerons. Pendant les études, on a constaté que les données relatives à l’effet des insecticides sur les auxiliaires ne s’appuyaient souvent pas assez sur des relevés actuels de terrain. Par ailleurs, on ne peut pas exclure que les fongicides eux-mêmes, surtout en cas d’applications répétées sur la même parcelle et durant la même année, comme c’est le cas pour les pommes de terre, aient un impact très négatif sur les auxiliaires. Là non plus, on ne dispose pratiquement d’aucune donnée de terrain. Comme à partir de 2014, la protection intégrée des plantes sera introduite sur l’ensemble du territoire de tous les pays de l’UE, les données de terrain sur la protec-
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Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013
tion des auxiliaires susciteront davantage d’intérêt – chez les utilisateurs comme chez les fabricants de produits phytosanitaires.
Conclusions Dans l’hypothèse d’un dépassement des seuils de tolérance pour les criocères des céréales et le doryphore, l’évaluation de l’impact des insecticides sur la durabilité a permis d’étudier différentes variantes de protection des plantes adaptées à la pratique. On a constaté qu’il s’agissait essentiellement de comparer les deux insecticides Audienz (spinosad/ spinosyne) et Biscaya (thiaclopride / néonicotinoïde). A partir de cette étude, les recommandations suivantes peuvent être établies pour les règles PER: •• Parmi les insecticides étudiés, on pourrait désormais également autoriser l’application d’Audienz (spinosad) contre les criocères des céréales, sans exigence d’autorisation spéciale dans le cadre de l’Ordonnance sur les paiements directs pour les PER. Par contre, l’emploi de Biscaya devrait continuer à nécessiter une autorisation spéciale, car cet insecticide préserve nettement moins les auxiliaires. Le net avantage d’Audienz en ce qui concerne la préservation des auxiliaires par rapport à Biscaya s’accompagne toutefois de quelques inconvénients économiques. Tous les attributs étudiés confondus, Audienz n’en affiche pas moins la meilleure durabilité. L’autorisation d’Audienz dans les céréales simplifierait également l’application de la législation en cas de forte pression des ravageurs, car un produit efficace serait alors disponible sans autorisation spéciale. ••Concernant la lutte contre le doryphore, l’étude a confirmé qu’Audienz pouvait continuer à être utilisé sans autorisation spéciale et qu’il préserve nettement mieux les auxiliaires dans cette culture que Biscaya. Contre les pucerons dans les pommes de terre de consommation, on pourrait désormais autoriser l’emploi des deux insecticides Plenum et Teppeki sans autorisation spéciale, car ils ne nuisent pas davantage aux auxiliaires dans l’ensemble du système, pas plus qu’ils n n’augmentent les risques écologiques. Remerciement
Nous remercions l’Office fédéral de l’agriculture OFAG de nous avoir confié le mandat et financé le projet «Evaluation de la durabilité des autorisations spéciales pour les insecticides utilisés contre le doryphore et les criocères des céréales». Nous tenons également à remercier tous les membres du groupe d’experts. Informations supplémentaires
Sur Internet, il est possible de consulter les descriptions détaillées et les résultats des plans de traitement, de l’analyse de préservation des auxiliaires, du risque écologique (Synops) et du calcul des coûts complets ainsi que le nom des membres du groupe d’experts: http://www.agroscope.admin.ch/ ➝ Recherche avancée/ Critère de recherche: Mouron; Secteur: Publications
Valutazione della sostenibilità di insetticidi nella coltivazione di cereali e patate in Svizzera Nel quadro della prova che le esigenze ecologiche sono rispettate (PER), in Svizzera, per la coltivazione di patate e di cereali, occorrono autorizzazioni speciali per quegli insetticidi che non rispettano gli organismi utili. Per verificare l'efficacia di questa condizione PER, è stata confrontata una variante di riferimento, che rappresenta le attuali condizioni PER, con altre varianti di insetticidi. A tale scopo è stata effettuata una valutazione della sostenibilità secondo il metodo SustainOS che, oltre alla salvaguardia degli organismi utili, presta attenzione anche ai rischi ecotossicologici e agli aspetti economici. I risultati mostrano che, contro la criocera del frumento, l'impiego unico di Audienz (Spinosad) migliorerebbe in modo significativo la sostenibilità rispetto alla variante di riferimento (Nomolt [Teflubenzuron] più Biscaya [Thiacloprid]). Nel caso della dorifora della patata, invece, in cui è preso come riferimento Audienz, non è stata trovata alcuna alternativa che potrebbe presentare una migliore sostenibilità. Inoltre lo studio mostra che le varianti con Novodor (Bacillus thuringiensis) pur conservando bene gli organismi utili, presentano un notevole rischio correlato al raccolto e costi elevati. Di conseguenza si raccomanda il mantenimento delle condizioni PER riguardanti la dorifora della patata e l'adeguamento di quelle per la criocera del frumento.
Bibliographie ▪▪ Breitenmoser S. & Baur R., 2013. Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre. Recherche Agronomique Suisse 4 (9), 376–383. ▪▪ Brenner H. & Hochstrasser M., 2011. Pflanzenschutzmittel im Feldbau. Datenblätter Ackerbau, Agridea, Lindau. ▪▪ Gazzarin Ch., 2011. Coûts-machines 2011. Rapport ART 747, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen. ▪▪ Gutsche V. & Strassemeyer J., 2007: SYNOPS – ein Modell zur Bewertung des Umwelt-Risikopotentials von chemischen Pflanzenschutzmitteln. Nachrichtenbl. Deut. Pflanzenschutzd. 59 (9), 197–210. ▪▪ Mouron P., Aubert U., Heijne B., Naef A., Strassemeyer J., Hayer F., Gaillard G., Mack G., Hernandez J., Avilla J., Solé J., Sauphanor B., Alaphilippe A., Patocchi A., Samietz J., Höhn H., Bravin E., Lavigne C., Bohanec M.
Summary
Riassunto
Evaluation de l’impact des insecticides sur la d urabilité dans les cultures | Production végétale
Sustainability assessment of insecticides in Swiss grain and potato production As part of the Proof of Ecological Performance (PEP), Switzerland requires special permits to be obtained for the use in cereals and potato production of authorised insecticides which have a potential to impact beneficial arthropods. In order to test the impact of this PEP requirement, a reference variant illustrating the current PEP requirements was compared with other insecticide variants. For this purpose, a sustainability assessment taking account of ecotoxicological risks and economic viability in addition preservation of beneficials was performed according to the «SustainOS» methodology. The results show that the one-off use of Audienz (spinosad) against cereal-leaf beetle would significantly improve sustainability vis-à-vis the reference (Nomolt [teflubenzuron] plus Biscaya [thiacloprid[). In the case of Colorado beetle, however, where Audienz is considered the reference, no alternative which would exhibit better sustainability could be found. Furthermore, the study shows that variants with Novodor (Bacillus thuringiensis) are friendly to beneficials, but pose an increased risk to yield and incur higher costs. Consequently, it can be recommended that the PEP requirements with respect to Colorado beetle be retained and adapted for cereal-leaf beetle. Key words: sustainable agriculture, plant protection strategies, wheat, potato, full cost calculation, ecological risk assessment (Synops).
& Bigler F., 2012. A Multi-attribute Decision Method for Assessing the Overall Sustainability of Crop Protection Strategies: A Case Study Based on Apple Production in Europe. In: Marta-Costa A. A., Silva E. (Eds.), M ethods and Procedures for Building Sustainable Farming Systems, Springer, 123–137. ▪▪ Mouron P., Heijne B., Naef A., Strassemeyer J., Hayer F., Avilla J., Alaphilippe A., Höhn H., Hernandez J., Gaillard G., Mack G., Solé J., Sauphanor B., Samietz J., Patocchi A., Bravin E., Lavigne C., Bohanec M., Aubert U. & Bigler F., 2012. Sustainability assessment of crop protection systems: SustainOS methodology and its application for apple orchards. Agricultural Systems 113, 1–15. ▪▪ Naef A., Mouron P. & Höhn H., 2011. Production de pommes: évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires. Recherche Agronomique Suisse 2 (7+8), 334–341.
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 368–375, 2013
375
P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre Stève Breitenmoser1 et Robert Baur2 1 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1, Suisse 2 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil, Suisse Renseignements: Stève Breitenmoser, e-mail : steve.breitenmoser@agroscope.admin.ch, tél: +41 22 363 43 17
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Figure 1 | Groupes d’auxiliaires pertinents retenus pour les céréales et les pommes de terre. A) Larve et adulte de Coccinella septempunctata (Linnaeus 1758). B) Larve et adulte de Episyrphus balteatus (De Geer 1776). C) Larve et adulte de Chrysoperla carnea (Stephens 1836). D) Adultes et pucerons parasités par Aphidius rhopalosiphi de Stefani-Perez 1902. (Photos: Mario Waldburger, Agroscope; sauf larve de Episyrphus [Unité d'Entomologie fonctionnelle et évolutive de Gembloux Agro-Bio Tech (Université de Liège – Belgique)] et Aphidius © INRA, Bernard Chaubet.
376
Introduction
Matériel et méthodes
La protection ou lutte intégrée en agriculture a notamment pour but de minimiser les effets secondaires négatifs des produits phytosanitaires sur la faune auxiliaire. Elle privilégie l’emploi d’insecticides ménageant cette faune qui joue un rôle important dans la régulation des ravageurs. Les insecticides autorisés librement dans les grandes cultures pour les prestations écologiques requises (PER) sont réglementés dans l’Ordonnance sur les paiements directs (OPD). Une fois les seuils de tolérance dépassés, l’OPD liste les insecticides qui peuvent être utilisés librement et ceux qui nécessitent une autorisation spéciale délivrée par les services phytosanitaires cantonaux. Cependant, les connaissances actuelles sur l’impact des substances actives sur les auxiliaires sont souvent insuffisantes ou incomplètes. C’est pourquoi, dans le cadre d’une actualisation des insecticides utilisables librement en PER dans les céréales et les pommes de terre ou afin de permettre un choix plus approprié de ceux-ci lors de l’octroi d’autorisations spéciales par les cantons, une évaluation de leur impact sur la faune auxiliaire a été réalisée.
L’évaluation se base d’une part sur l’impact d’un traitement sur chaque groupe d’auxiliaires avec une seule substance active, et d’autre part sur l’impact de scénarios phytosanitaires (Mouron et al. 2013) sur chaque groupe d’auxiliaires avec plusieurs traitements insecticides et fongicides. Ces scénarios comportent des traitements contre les criocères (Oulema spp.) et les maladies fongiques dans le blé d’automne et des interventions contre le doryphore (Leptinotarsa decemlineata [Say 1824]), les pucerons du feuillage (différentes espèces) et les maladies fongiques dans les pommes de terre de consommation. Enfin, une note globale de l’impact des scénarios phytosanitaires est donnée pour l’ensemble des groupes d’auxiliaires.
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 376–383, 2013
Choix des groupes d’auxiliaires Le choix des groupes taxonomiques d’auxiliaires pertinents dans les céréales et les pommes de terre a été déterminé par leur fonction régulatrice envers les ravageurs principaux (criocères dans les céréales, doryphore
dans les pommes de terre) ainsi que les ravageurs plutôt secondaires (pucerons des épis ou du feuillage). Les groupes d’auxiliaires dominants présents dans ces cultures au moment des applications phytosanitaires sont les coccinelles, chrysopes, syrphes et hyménoptères parasitoïdes (Borgemeister 1991; Radtke et Rieckmann 1991; Obst et Volker 1993) (fig. 1; tabl. 1). Les carabes et araignées, prédateurs non spécifiques agissant principalement au sol, n’ont pas été retenus comme pertinents. L’influence des champignons entomopathogènes (entomophtorales) n’a pas été considérée, car elle est difficile à évaluer et peu de données sont disponibles dans la littérature. Quant aux abeilles, elles ne sont pas considérées comme auxiliaires au sens de l’OPD. En effet, selon la définition d’un auxiliaire, celui-ci doit avoir une fonction régulatrice sur un ravageur. La toxicité des produits de protection des plantes sur les abeilles est ainsi évaluée lors du processus d’homologation selon l’Ordonnance sur les produits phytosanitaires (OPPh). Sources de données Les informations quant aux effets secondaires négatifs d’une application d’une substance active sur un groupe d’auxiliaires proviennent des sources suivantes: rapports internes du Groupe Ecotoxicologie de ACW (2008); base de données de l’IOBC/OILB (2005); guides Arbo-Viti ACW (Wirth et al. 2011a, Wirth et al. 2011b); Biobest (2012); base de données des produits de traitements des plantes autorisés en France (E-phy 2005). Les informations ne sont pas toujours satisfaisantes et parfois même contradictoires. Les données à disposition pour chaque subs-
Résumé
Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre | Production végétale
Dans les prestations écologiques requises (PER), seuls certains insecticides ménageant les auxiliaires (insectes utiles) sont librement autorisés dans les grandes cultures en Suisse. Avec l’arrivée de nouveaux produits phytosanitaires ces dernières années, une nouvelle évaluation de la toxicité des insecticides est souhaitée autant par les autorités que par la pratique. Une évaluation basée sur des données de la littérature a permis de mettre en évidence quelles substances actives ménagent – ou pas – quatre groupes d’auxiliaires pertinents préalablement sélectionnés (Coccinellidae, Chrysopidae, Syrphidae et hyménoptères parasitoïdes). Dans un deuxième temps, la toxicité des quatre groupes d’auxiliaires a été évaluée sur la base de différents scénarios phytosanitaires préétablis (Mouron et al. 2013), comprenant insecticides et fongicides. Ces scénarios concernent la lutte contre les criocères dans le blé d’automne et la lutte contre le doryphore et les pucerons du feuillage dans les pommes de terre de consommation. Les résultats ont montré quels scénarios et surtout quelles substances actives ont un effet négatif sur cette faune utile. Les résultats montrent également que quelques fongicides ou leur application répétée peuvent également avoir un impact négatif sur les auxiliaires. Toutes ces données sont basées principalement sur des essais en laboratoire ou en conditions contrôlées sous abris. Elles mériteraient cependant d’être vérifiées en plein champ.
Tableau 1 | Choix et description des actions sur les ravageurs des différents groupes d’auxilaires présents dans les céréales et les pommes de terre Groupe d’auxiliaire (GA)
Action des auxiliaires
Pertinence1)
Exemples: Coccinella septempunctata (Linnaeus 1758). Adalia bipunctata (Linnaeus 1758).
Larves et adultes sont des prédateurs non spécifiques qui se nourrissent de pucerons, d’œufs et de larves de criocères et de doryphore. Dans les céréales aussi de thrips. Une génération par an, relativement mobiles.
Pertinent
Chrysopes (Chrysopidae)
Exemple: Chrysoperla carnea (Stephens 1836)
Larves et adultes sont des prédateurs non spécifiques qui se nourrissent de pucerons, éventuellement aussi d’œufs de criocères et de doryphore, également de thrips. Deux générations par an, relativement mobiles.
Pertinent
Syrphes (Syrphidae)
Exemple: Episyrphus balteatus (De Geer 1776).
Larves et adultes sont des prédateurs non spécifiques qui se nourrissent de pucerons. Trois générations par an, relativement mobiles.
Pertinent
Exemples: Aphidius rhopalosiphi (de Stefani-Perez 1902). Aphidius colemani (Viereck 1912).
Adultes relativement spécifiques, important surtout comme parasitoïde de pucerons (Aphididae). Plusieurs générations par an, peu mobiles.
Pertinent
Exemples: Poecilus cupreus (Linnaeus 1758). Pardosa spp. Aleochara bilineata (Gyllenhaal 1810).
Larves et adultes sont des prédateurs non spécifiques qui vivent principalement au sol, là où ne se trouvent pas les pucerons, œufs et larves de criocères et de doryphore.
Ces trois groupes sont moins pertinents
Coccinelles (Coccinellidae)
Parasitoïdes (Hymenoptera) Carabes (Carabidae), Araignées (Araneae), Staphylins (Staphilinidae) 1)
Pertinence du groupe d’auxiliaire par rapport aux ravageurs et aux cultures concernées.
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 376–383, 2013
377
Production végétale | Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre
Tableau 2 | Scénarios pour le blé d’automne
Scénario
Stratégie Criocères
Remarques
Nom commercial
Matières actives (g ma/ha)
Biscaya
thiaclopride (48-72)
sans restriction très restrictif
A1 B1
Nomolt
téflubenzuron (60)
B2
Nomolt+Audienz
téflubenzuron (60) + spinosad (48)
très restrictif
C1
Nomolt+Biscaya
téflubenzuron (60) + thiaclopride (48-72)
avec autorisation cantonale
tance active et groupe d’auxiliaires ne sont pas toujours équivalentes; dans de tels cas, on a considéré la moyenne du taux de mortalité observé par les différentes sources pour une substance active et un groupe d’auxiliaire. Pour certaines substances actives, il n’y a même aucune information disponible. Scénarios phytosanitaires Les différents scénarios phytosanitaires utilisés dans cette évaluation sont décrits par Mouron et al. (2013). Ils comprennent toutes les interventions phytosanitaires (herbicides, fongicides et insecticides) usuellement réalisées dans les cultures de blé d’automne et de pommes de terre de consommation durant une saison. Les insecticides visent les criocères dans le blé, le doryphore et les pucerons du feuillage dans les pommes de terre. Les applications plus rares ont été exclues des scénarios, comme par exemple la lutte contre les pucerons des épis ou la mouche jaune des chaumes (Chlorops pumilionis [Bjerkander 1778]) dans le blé. Dans le blé, quatre scénarios d’utilisation d’insecticides ont été définis (A1, B1, B2 et C1; tabl. 2). Dans
toutes ces variantes, un seul et même scénario fongicide a été suivi; il s’agit d’un traitement avec azoxystrobine+cyproconazole (Amistar Xtra) puis d’une application avec spiroxamine+prothioconazole (Input). Dans les pommes de terre, sept scénarios d’utilisation d’insecticides ont été définis (A1, A2, B1, B2, B3, C1 et C2; tabl. 3). Dans toutes les variantes, un seul et même scénario fongicide a été suivi; il comprend les applications des substances actives suivantes: mancozèbe (dose cumulée = 4,5 x la dose d’emploi), métalaxyl-M, fluazinam, benthiavalicarbe, mandipropamide, cymoxanil, zoxamide, dimétomorphe, cyazofamide, difénoconazole et chlorothalonil (pour toutes les autres substances, la quantité appliquée correspond à la dose d’emploi normale). Méthode d’évaluation Les différentes sources utilisées classent généralement les substances actives dans trois ou quatre classes de toxicité. Par souci de synthèse et de robustesse, seules trois classes ont été retenues: N = inoffensif à peu toxique
Tableau 3 | Scénarios pour les pommes de terre de consommation
Scénario
378
Stratégie Doryphore
Stratégie Pucerons
Remarques
Nom commercial
Matières actives I (g ma/ha)
Nom commercial
Matières actives II (g ma/ha)
A1
Karate
lambda-cyhalotrine (7,5)
Biscaya
thiaclopride (72)
sans restriction
A2
Biscaya
thiaclopride (48)
Biscaya
thiaclopride (72)
sans restriction
B1
Nomolt+Audienz
téflubenzuron+spinosad (37,5 + 24)
Plenum ou Teppeki
pymétrozine (150) ou flonicamide (80)
très restrictif
B2
Novodor+Audienz
Bacillus thuringiensis+spinosad (90-150 + 24)
Plenum ou Teppeki
pymétrozine (150) ou flonicamide (80)
très restrictif
B3
Novodor (2x)
Bacillus thuringiensis (90-150)
Plenum ou Teppeki
pymétrozine (150) ou flonicamide (80)
très restrictif
C1
Audienz
spinosad (24)
Plenum ou Teppeki
pymétrozine (150) ou flonicamide (80)
avec autorisation cantonale. Présence du doryphore et des pucerons NON simultanée.
C2
Audienz
spinosad (24)
Biscaya
thiaclopride (72)
avec autorisation cantonale. Présence du doryphore et des pucerons simulatnée.
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 376–383, 2013
Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre | Production végétale
Tableau 4 | Evaluation de la toxicité des substances actives sur les quatre groupes d’auxiliaires pertinents (GA) Note finale
Impact sur chaque groupe d’auxiliaires pertinents (GA)
Description finale de l’impact sur l’ensemble des groupes d’auxiliaires pertinents (GA)
1
+/- tous N
Aucun GA n’est significativement altéré.
2
Plusieurs N, mais un GA avec M (évent. un T)
Un seul GA est moyennement à gravement altéré mais la fonction régulatrice reste clairement maintenue
3
Au moins 1 GA pertinent avec un N
La majorité des GA sont altérés mais au moins 1 GA n’est clairement pas altéré. La fonction régulatrice reste assurée.
4
Combinaison de M et T (ou tous M)
Les indications sont clairement données que la fonction régulatrice n’est plus assurée et que les GA sont fortement altérés
5
Tous T
Tous les GA sont fortements altérés, détruits. La fonction régulatrice des GA est compromise.
N = inoffensif à peu toxique 0-50 % de mortalité; M = moyennement toxique 50-75 % de mortalité; T = toxique >75 % de mortalité
(0 – 50% de mortalité); M = moyennement toxique (50 – 75 % de mortalité); T = toxique (>75 % de mortalité). L’évaluation a tout d’abord porté sur l’influence d’un seul traitement avec une substance active sur chaque groupe d’auxiliaires, puis l’impact a été évalué sur l’ensemble des quatre groupes d’auxiliaires. Pour pouvoir assurer une fonction régulatrice sur les ravageurs des deux cultures, au moins un des groupes d’auxiliaires pertinents doit être épargné par la substance active. Dans cette étude, on admet que le potentiel de régulation de ces quatre groupes d’auxiliaires est analogue. Suite à l’évaluation, cette dernière obtient une note finale de 1 à 5. Au-delà de la note 3, la fonction régulatrice des auxiliaires principaux n’est plus assurée (tabl. 4). Dans un deuxième temps, la combinaison des effets de plusieurs substances actives sur chaque groupe d’auxiliaires a été évaluée de manière multiplicative. Ainsi, quand deux traitements occasionnent chacun 50 % de mortalité pour un groupe d’auxiliaires (classe M), il en résulte, selon le calcul (1 – 0,5) x (1 – 0,5) = 0,25, un taux de survie de 25 % seulement, soit une classification T. De même, on obtient un taux de survie de 18,7 % en cumulant un traitement occasionnant 75 % de mortalité et une application qui provoque une mortalité de 25 % [(1 – 0,75) x (1 – 0,25) = 0,187]. Cette méthodologie est également valable pour trois traitements ou plus et le tableau 5 montre les différentes catégories obtenues suite aux combinaisons des trois classes N, M et T. Cette méthode permet d’évaluer l’impact d’un scénario phytosanitaire comprenant plusieurs substances actives
Tableau 5 | Effet de la combinaison des différentes classes de m ortalité lorsque plusieurs traitements (substances actives) sont utilisées sur un groupe d’auxiliaire T et T = T
M et M = T
T et M = T
M et N = M
N et N = N ou M (évaluation détaillée)
T et N = T N = inoffensif à peu toxique 0-50 % de mortalité; M = moyennement toxique 50-75 % de mortalité; T = toxique >75 % de mortalité.
insecticides et fongicides différentes sur l’ensemble des quatre groupes d’auxiliaires pertinents. Tout comme pour l’évaluation des matières actives seules, le scénario obtient une note finale de 1 à 5 dont la note 3 est la limite (tabl. 4).
Résultats Impact d’une seule substance active Les résultats des évaluations de l’impact d’une seule substance active sur l’ensemble des quatre groupes d’auxiliaires sont donnés dans le tableau 6. Les insecticides à base de Bacillus thuringiensis, de flonicamide et de pymétrozine n’altèrent aucun des groupes d’auxiliaires pertinents dans les cultures de céréales et de pommes de terre, et sont donc favorables à la faune auxiliaire. Les substances actives comme l’azadirachtine, le diflubenzuron, le novaluron, le pirimicarbe, le spinosad et le téflubenzuron permettent à au moins un groupe d’auxiliaires pertinents d’assurer une fonction régulatrice sur les ravageurs dans ces deux cultures. L’acétamipride et le chlorantraniliprole présentent une combinaison de toxicité moyenne à forte sur les groupes d’auxiliaires pertinents (note 4), tandis que les autres substances évaluées sont toutes toxiques (alpha-cyperméthrine, bifenthrine, chlorpyrifos-éthyl, chlorpyrifos-méthyl, cyperméthrine, deltaméthrine, lambda-cyhalothrine, thiaclopride, thiaméthoxame et zéta-cyperméthrine). Impact d’un scénario phytosanitaire Les résultats des évaluations de l’impact d’un scénario phytosanitaire sur l’ensemble des quatre groupes d’auxiliaires sont présentés pour le blé d’automne dans le tableau 7 et pour les pommes de terre de consommation dans le tableau 8. Blé d’automne Pour le blé d’automne, les scénarios étudiés se classent tous entre la note 3 et 5 envers les auxiliaires. Concernant les fongicides, il s’avère que la spiroxamine est
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379
Production végétale | Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre
Tableau 6 | Catégorisation des substances actives insecticides au niveau de leur toxicité envers les groupes d’auxiliaires pertinents (GA): Coccinellidae, Chrysopidae, Syrphidae, Hymenoptera parasitoïdes dans les céréales et les pommes de terre. Pour chaque catégorie de note, les substances actives sont classées par ordre alphabétique Note finale
Substances actives
Impact sur les groupes d'auxiliaires (GA)
Bacillus thuringiensis, flonicamide, pymétrozine
+/- tous N
2
huile de colza, huile de paraffine
Plusieurs N, mais 1 GA avec M (évent. T)
3
azadirachtine, diflubenzuron, novaluron, pirimicarbe, spinosad, téflubenzuron
Au moins 1 GA avec un N
4
acétamipride, chlorantraniliprole
Combinaison de M et T (un GA = M)
5
alpha-cyperméthrine, bifenthrine, chlorpyrifoséthyl, chlorpyrifos-méthyl, cyperméthrine, deltaméthrine, lambda-cyhalothrine, thiaclopride, thiamethoxame, zéta-cyperméthrine
tous T (tous les GA = T)
1
Impact sur la fonction régulatrice
Fonction régulatrice assurée
Fonction régulatrice NON assurée
N = inoffensif à peu toxique 0-50 % de mortalité; M = moyennement toxique 50-75 % de mortalité; T = toxique >75 % de mortalité.
moyennement toxique pour les coccinelles et les parasitoïdes. Les variantes A1 et C1 avec l’insecticide thiaclopride obtiennent la note finale 5, car cette substance active est toxique pour trois groupes d’auxiliaires pertinents. Les variantes B1 et C1 avec le téflubenzuron donnent des résultats contrastés, car cette substance est toxique pour les coccinelles et moyennement toxique pour les chrysopes. La variante B2 avec l’insecticide spinosad donne le meilleur résultat (note 3), car la substance active est neutre pour deux groupes d’auxiliaires pertinents. C’est le seul scénario qui permet d’assurer une fonction régulatrice pour au moins un groupe d’auxiliaires malgré l’utilisation du fongicide spiroxamine qui péjore un peu
la note finale. En renonçant à ce fongicide ou en en choisissant d’autres non toxiques pour les quatre groupes d’auxiliaires, la variante B2 obtiendrait la note 2. En revanche, cette option ne changerait pas la notation finale des autres variantes. Pommes de terre de consommation Dans les pommes de terre, les scénarios étudiés obtiennent des notes de 4 et 5 envers les auxiliaires. Les résultats montrent que le cumul des fongicides s’avère moyennement toxique pour les quatre groupes d’auxiliaires pertinents. Ceci est dû uniquement à l’emploi répété de mancozèbe qui altère les populations d’auxiliaires. En effet, avec cinq applications (dont certaines à dosages réduits),
Tableau 7 | Evaluation de la toxicité des scénarios sur les groupes d’auxiliaires clés dans le blé d’automne. Fongicides: une application avec Amistar Xtra (azoxystrobine + cyproconazole) puis une application avec Input (spiroxamine + prothioconazole) Syrphes (Syrphidae)
Coccinelles (Coccinellidae)
Chrysopes (Chrysopidae)
Parasitoïdes (Hymenoptera)
Biscaya (thiaclopride)
?
T
T
T
Fongicides (Amistar Xtra+Input)
?+?
N+M
N+N
N+M
Synthèse
?
T
T
T
Nomolt (téflubenzuron)
N
T
M
N
Audienz (spinosad)
?
N
N
T
Fongicides (Amistar Xtra+Input)
?+?
N+M
N+N
N+M
Scénario
A1
B1
B2
C1
Synthèse
?
T
M
T
Audienz (spinosad)
?
N
N
T
Fongicides (Amistar Xtra+Input)
?+?
N+M
N+N
N+M
Synthèse
?
M
N
T
Nomolt (téflubenzuron)
N
T
M
N
Biscaya (thiaclopride)
?
T
T
T
Fongicides (Amistar Xtra+Input)
?+?
N+M
N+N
N+M
Synthèse
?
T
T
T
N = inoffensif à peu toxique 0-50 % de mortalité; M = moyennement toxique 50-75 % de mortalité; T = toxique >75 % de mortalité. ? = pas de données disponibles.
380
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Note finale
5
4
3
5
Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre | Production végétale
Tableau 8 | Evaluation de la toxicité des scénarios sur les groupes d’auxiliaires clés dans les pommes de terre de consommation. Fongicides: mancozèbe (dose cumulée = 4.5x la dose d’emploi), métalaxyl-M, fluazinam, benthiavalicarbe, mandipropamide, cymoxanil, zoxamide, dimétomorphe, cyazofamide, difénoconazole et chlorothalonil (pour ces dernières, la quantité appliquée correspond à la dose d’emploi) Scénario Karate (lambda-cyhalothrine) A1
A2
B1
B2
B3
C1
C2
Syrphes (Syrphidae)
Coccinelles (Coccinellidae)
Chrysopes (Chrysopidae)
Parasitoïdes (Hymenoptera)
?
T
T
T
Biscaya (thiaclopride)
?
T
T
T
Fongicides
M
M
M
M
Synthèse
?
T
T
T
Biscaya 2x (thiaclopride)
?
T
T
T
Fongicides
M
M
M
M
Synthèse
?
T
T
T
Nomolt (téflubenzuron)
N
T
M
N
Audienz (spinosad)
?
N
N
T
Plenum (pymétrozine) ou Teppeki (flonicamide)
? ou N
N ou N
N ou N
N ou N
Fongicides
M
M
M
M
Synthèse
?
T
T
T
Novodor (Bacillus thuringiensis)
N
N-M
N
N
Audienz (spinosad)
?
N
N
T
Plenum (pymétrozine) ou Teppeki (flonicamide)
? ou N
N ou N
N ou N
N ou N
Fongicides
M
M
M
M
Synthèse
?
M
M
T
Novodor 2x (Bacillus thuringiensis)
N
N-M
N
N
Plenum (pymétrozine) ou Teppeki (flonicamide)
? ou N
N ou N
N ou N
N ou N
Fongicides
M
M
M
M
Synthèse
? ou M
M
M
M
Audienz (spinosad)
?
N
N
T
Plenum (pymétrozine) ou Teppeki (flonicamide)
? ou N
N ou N
N ou N
N ou N
Fongicides
M
M
M
M
Synthèse
?
M
M
T
Audienz (spinosad)
?
N
N
T
Biscaya (thiaclopride)
?
T
T
T
Fongicides
M
M
M
M
Synthèse
?
T
T
T
Note finale
5
5
5
4
4
4
5
N = inoffensif à peu toxique 0-50 % de mortalité; M = moyennement toxique 50-75 % de mortalité; T = toxique >75 % de mortalité; ? = pas de données disponibles.
la dose cumulée de ce fongicide correspond à 4,5 fois la dose d’emploi simple soit 10 kg ma/ha. Les résultats de Mills (2006) montrent qu’à la suite d’applications répétées de cette matière active correspondant à 6,3 à 7,7 kg ma/ha, les populations de parasitoïdes comme Aphidius rhopalosiphi de Stefani-Perez 1902 et de Chrysoperla carnea (Stephens 1836) sont légèrement altérées. Les applications répétées de mancozèbe ont donc été considérées comme moyennement toxiques à l’égard des quatre groupes d’auxiliaires, tandis qu’une seule application de
cette substance est considérée comme neutre à peu toxique. Les scénarios A1, A2 et C2 avec l‘insecticide thiaclopride obtiennent la note 5, car cette substance active est toxique pour trois groupes d’auxiliaires pertinents. Le scénario B1 avec le téflubenzuron donne des résultats contrastés, car cette substance est toxique pour les coccinelles et moyennement toxique pour les chrysopes. L’emploi de flonicamide ou de pymétrozine pour lutter contre les pucerons du feuillage n’a aucune
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381
Production végétale | Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre
influence sur le résultat final du scénario, car ces deux substances actives sont neutres à peu toxiques pour les quatre groupes d’auxiliaires pertinents (même si pour la pymétrozine on ne dispose pas de données concernant les syrphes). Avec l’utilisation de mancozèbe, aucune variante n’obtient une note finale en dessous de 4, synonyme d’une fonction régulatrice assurée. Les moins mauvaises variantes avec la note finale de 4 sont donc B2, B3 et C1. En renonçant ou en limitant fortement l’utilisation de ce fongicide ou en en choisissant d’autres non toxiques pour les quatre groupes d’auxiliaires, la variante B3 obtiendrait la meilleure note 1 – 2 (au lieu de 4). Mais ceci ne serait valable que lors d’une faible pression du doryphore, car le Bacillus thuringiensis n’est efficace que contre les jeunes larves de stades L1 et L2. De même, les variantes C1 et B2 obtiendraient la note respectivement de 2 et 2 – 3 (au lieu de 4). L’utilisation de spinosad permet une lutte efficace lorsque la pression du doryphore est importante, car cette substance active est efficace contre tous les stades du ravageur. Par contre, ces scénarios sans mancozèbe ne changeraient pas la note finale 5 pour les variantes A1, A2 et C2.
Discussions L’étude a permis de classifier et d’identifier les substances actives et les scénarios pouvant engendrer des impacts négatifs sur la fonction régulatrice des groupes d’auxiliaires pertinents dans les céréales et les pommes de terre. Actuellement, les restrictions d’utilisation PER pour les produits de traitement dans les grandes cultures ne concernent que les insecticides. Ce travail a montré que certains fongicides peuvent également engendrer des effets négatifs sur les auxiliaires. Ainsi, l’usage de la spiroxamine dans les céréales et l’application répétée de mancozèbe dans les pommes de terre peuvent avoir un impact non négligeable sur les auxiliaires. Malgré le fait que la méthodologie utilisée dans cette étude permet un schéma d’analyse reproductible et cohérent, les sources utilisées sont pour certaines substances actives parfois incomplètes, lacunaires ou dans certains cas contradictoires. Ces données reposent principalement sur des études conduites en laboratoire ou en conditions contrôlées sous abris (semi-field tests). Dans un contexte global, l’effet des substances actives seules ou de scénarios considérant tous les paramètres extérieurs et l’agroécosystème dans son ensemble (climats, régions, interactions des populations et peuplements de ravageurs et auxiliaires, etc.) permettraient d’avoir une vision plus réaliste de la situation au champ (field tests).
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Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 376–383, 2013
De telles études de plein champ manquent souvent, mais seraient souhaitables pour affiner et valider les évaluations. De plus, si le choix des principaux auxiliaires est cohérent, la non prise en compte des prédateurs du sol comme les carabes et les araignées est discutable. Biondi et al. (2012), mentionnent dans leur synthèse des résultats similaires aux nôtres concernant le spinosad, dans des conditions de laboratoire ou aux champs. Ainsi, si les résidus de spinosad n’ont pas d’effets significatifs sur Chrysoperla carnea, les femelles de Coccinella septempunctata Linnaeus 1758 et les larves et adultes de Adalia bipunctata (Linnaeus 1758), ils ont une toxicité aigüe sur 22 espèces d’hyménoptères parasitoïdes dont Aphidius colemani Viereck 1912 et Trichogramma spp.
Conclusions ••Cette évaluation de la toxicité des insecticides sur les auxiliaires dans le blé d’automne et les pommes de terre de consommation a permis de définir les substances actives ou les scénarios ayant un impact négatif sur la fonction régulatrice des groupes d’auxiliaires pertinents dans ces cultures. ••Ces résultats peuvent servir d’outil d’aide à la décision. ••Dans le blé d’automne, les résultats montrent que l’utilisation de spinosad ou de téflubenzuron contre les criocères, mais dans ce dernier cas sans spiroxamine, est à privilégier pour ménager les auxiliaires. ••Dans les pommes de terre de consommation, les résultats montrent que l’utilisation de Bacillus thuringiensis et/ou spinosad contre le doryphore et/ ou pymétrozine ou flonicamide contre les pucerons est à privilégier pour ménager les auxiliaires. Dans nos scénarios, il est préférable de limiter les applications de mancozèbe. ••Les connaissances actuelles sur la toxicité des insecticides et spécialement des fongicides sur les auxiliaires sont partielles et basées sur des données obtenues en laboratoire ou en conditions contrôlées (semi-field tests). Les conclusions de l’analyse des scénarios mériteraient d’être validées en conditions réelles aux n champs (field tests).
Remerciements
Nous tenons à remercier M. Bernard Chaubet de l’INRA et Encyclop'aphid (www. inra.fr/encyclopedie-pucerons) INRA- UMR IGEPP (www.rennes.inra.fr/igepp) de nous avoir mis à disposition la photo de Aphidius rhopalosiphi, ainsi que M. François Verheggen de l’Unité d'Entomologie fonctionnelle et évolutive de Gembloux Agro-Bio Tech (Université de Liège – Belgique) pour la mise à disposition de la photo de la larve de Episyrphus balteatus. Merci enfin à M. Mario Waldburger (Agroscope) pour la mise à disposition des six autres photos.
Influenza degli insetticidi sugli ausiliari presenti nelle
Influence of insecticides on beneficial arthropods in
colture di cereali e di patate
cereals and potatoes
Nelle prestazioni ecologiche richieste (PER) solamente alcuni insetticidi, rispettosi nei confronti degli ausiliari (insetti utili) sono liberamente omologati per la campicoltura svizzera. Con l’arrivo di nuovi
Summary
Riassunto
Influence des insecticides sur les auxiliaires dans les céréales et pommes de terre | Production végétale
The Swiss program on ecological production restricts the range of insecticides approved for pest control to those with relatively little impact on beneficial arthropods. With the arrival of new crop protection products
prodotti fitosanitari negli ultimi anni sia le autorità,
over the last few years, a re-evaluation of the toxicity
sia la pratica auspica una nuova valutazione della
of insecticides has been requested by both the official
tossicità degli insetticidi. Una valutazione basata
authorities and farmers. The present study used data
sulle indicazioni della letteratura ha permesso di
from the scientific literature to rank several insecticides
evidenziare quali sostanze attive rispettano – o non
based on their side effects on selected groups of
rispettano – quattro gruppi d’ausiliari pertinenti
beneficial insects: Coccinellidae, Chrysopidae, Syrphidae
precedentemente selezionati (Coccinellidae,
and parasitic wasps. In a second step, different plant
Chrysopidae, Syrphidae e imenotteri parassitoidi). In
protection scenarios, including the use of insecticides
un secondo tempo si è valutata la tossicità nei
and fungicides, were evaluated for their impact on
confronti dei quattro gruppi d’ausiliari sulla base di
beneficial insects. The scenarios focused on the control
diversi scenari fitosanitari prestabiliti (Mouron et al.
of the cereal leaf beetle in wheat as well as the control
2013), comprendenti insetticidi e fungicidi. Questi
of Colorado beetle and aphids in potato. The results
scenari concernono la lotta contro le criocere del
showed that certain scenarios and especially certain
frumento autunnale e la lotta contro la dorifora e gli
active substances will likely have adverse effects on the
afidi del fogliame della patata di consumo. I risultati
beneficial fauna. Furthermore, some fungicides may
hanno mostrato quali scenari e, soprattutto, quali
also have a negative impact on beneficials if applied
sostanze attive hanno un effetto negativo su questa
repeatedly. All available data on non-target effects was
fauna utile. Inoltre, essi mostrano anche che alcuni
obtained in laboratory or semi-field experiments.
fungicidi o la loro ripetuta applicazione possono
Validation under the field conditions would be very
aver un impatto negativo sugli ausiliari. Tutti questi
valuable.
dati si basano principalmente su prove in laboratorio e in condizioni controllate in coltivazione protetta.
Key words: sustainable agriculture, plant protection
Meriterebbero tuttavia, di essere verificate in pieno
strategies, insecticide, toxicity evaluation, beneficial’s
campo.
arthropods, side effects, potato, wheat.
Bibliographie ▪▪ Biondi A., Mommaerts V., Smagghe G., Viñuela E., Zappala L. & Desneux N., 2012. The non-target impact of spinosyns on beneficial arthropods. Pest Manag Sci 68, 1523–1536. ▪▪ Biobest 2012, Biological systems for sustainable crop management. Accès:http://www.biobest.be/neveneffecten/2/search-itmq/ [20.06.2012] ▪▪ Borgemeister C., 1991. Primär- und Hyperparasitoiden von Getreideblattläusen: Interaktionen und Beeinflussung durch Insektizide. Agrarökologie Band 3, Verlag P. Haupt, Bern, Stuttgart und Wien, 191 p. ▪▪ E-phy, 2012. Catalogue des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Ministère français de l'agriculture et de la pêche. Accès: http://e-phy.agriculture.gouv.fr/[+20.06.2012] ▪▪ Groupe Ecotoxicologie de Agroscope Changins-Wädenswil , 2008. R apports internes des effets secondaires des produits/substances actives sur les arthropodes non cibles (dont les auxiliaires). ▪▪ IOBC/OILB, IOBCwrps Working Group «Pesticides and Beneficial Organisms & IOBCwrps Commission IP Guidelines and Endorsement», 2005. Accès: http://www.iobc-wprs.org/ip_ipm/IOBC_IP_Tool_Box.html [20.06.2012]. ▪▪ Mills M., 2006. Mancozeb : A profile of effects on beneficial and non-target arthropods. Pesticides and Beneficial Organisms IOBC/wprs Bulletin 29 (10), 67-79.
▪▪ Mouron P., Calabrese C., Breitenmoser S., Spycher S. & Baur R., 2013. Evaluation de l’impact des insecticides sur la d urabilité dans les cultures. Recherche Agronomique Suisse 4 (9), 368–375. ▪▪ Obst A. & Volker H. P., 1993. Krankheiten und Schädlinge des Getreides. Ed. Th. Mann, Gelsenkirchen-Buer, 159–165. ▪▪ Ordonnance sur les paiements directs versés dans l'agriculture (OPD) du 7 décembre 1998 (Etat le 1er janvier 2013). RS 910.13. Accès: http://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/19983379/index. html [05.06.2013] ▪▪ Ordonnance sur la mise en circulation des produits phytosanitaires (OPPh) du 12 mai 2010 (Etat le 1er février 2013). RS 916.161. Accès: http://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/20100203/index. html [05.06.2013] ▪▪ Radtke W. & Rieckmann W., 1991. Krankheiten und Schädlinge der K artoffel. Ed. Th. Mann, Gelsenkirchen-Buer, 85–140. ▪▪ Wirth J., Linder Ch., Höhn H., Dubuis P.-H. & Gölles M., 2011a. Index p hytosanitaire pour l'arboriculture «Guide Arbo» 2011. Revue suisse de Viticulture, Arboriculture, Horticulture 43 (1). ▪▪ Wirth J., Linder Ch., Höhn H., Dubuis P.-H. & Naef A., 2011b. Index phytosanitaire pour la viticulture «Guide Viti» 2011. Revue suisse de Viticulture, Arboriculture, Horticulture 43 (1).
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 376–383, 2013
383
P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Screening de légumineuses pour couverts végétaux: azote et adventices Claude-Alain Gebhard1, Lucie Büchi2, Frank Liebisch3, Sokrat Sinaj2, Hans Ramseier1 et Raphaël Charles2 Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse 2 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon, Suisse 3 Ecole polytechnique fédérale ETHZ, 8092 Zurich, Suisse Renseignements: Raphaël Charles, e-mail: raphael.charles@agroscope.admin.ch, tél. +41 22 363 46 59
1
Les légumineuses offrent une complémentarité intéressante dans des mélanges avec d’autres espèces de couverts végétaux dans le but d'offrir une large gamme de services agro-écosystémiques
Introduction Cette étude évalue le potentiel agronomique de légumineuses comme couverts végétaux semés en pur et en association. Il s’agit en particulier de décrire leur croissance et de quantifier leur capacité à fixer l’azote de l’air en période d’interculture dans les conditions du plateau suisse. Au cours du 20e siècle, la présence des légumineuses dans la rotation a constamment diminué, suite à la
384
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013
découverte du procédé industriel Haber-Bosch permettant de fixer l’azote de l’air et au développement des engrais minéraux. Pourtant, le rôle bénéfique des légumineuses dans le maintien de la fertilité des sols et le développement de systèmes de culture efficients est connu depuis l’Antiquité. A défaut de cultiver des légumineuses comme cultures régulières de la rotation (Charles et al. 2008), les cultures intermédiaires peuvent associer des légumineuses pour en tirer profit, à l’instar des prairies temporaires (Mosimann et al. 2012).
En Suisse, la mise en place d’engrais verts en interculture longue est rendue obligatoire par l’Ordonnance fédérale sur les paiements directs, dans le but de réduire les pertes de nitrates, de lutter contre l’érosion et de préserver la fertilité des sols. Cette mesure culturale est efficace et peut être complétée par de nombreux autres services agro-écosystémiques bénéfiques (Justes et al. 2012). Pourtant, dans la pratique, les cultures intermédiaires restent parfois décevantes, répondant plutôt aux exigences du cahier des charges qu’à des objectifs agronomiques. Des semis clairs et tardifs sont notamment observés en culture pure de phacélie (Phacelia tanacetifolia) ou de moutarde (Sinapsis arvensis). Sur le long terme, l’entretien de la matière organique du sol par les engrais verts s’est avéré insatisfaisant dans un essai de longue durée, appelant à une meilleure maîtrise de leur humification, passant par le rapport carbone/azote de leur biomasse (Maltas et al. 2012a). Ce même essai a révélé une valeur azotée limitée de la moutarde comme engrais vert, soulignant l’intérêt d’un choix d’espèces mieux fondé et d’un mode de conduite plus pointu (Maltas et al. 2012b). Les légumineuses dans l’interculture peuvent améliorer l’efficience du cycle de l’azote. Les données de base pour la fumure DBF (Sinaj et al. 2009) indiquent une réduction de 20 à 30 kg N/ha de la fumure d’une culture suivant un engrais vert à base de légumineuses. En outre, l’efficacité de fixation d’azote varie entre les principales espèces cultivées (Unkovich et al. 2008), mais reste mal connue pour la plupart des légumineuses. Il convient donc de mieux quantifier ces variations spécifiques et de les confronter au contexte de l’interculture. Les DBF prévoient aussi la possibilité d’apporter 30 kg N/ha afin d’assurer le bon développement des engrais verts (Sinaj et al. 2009). Si cette fumure est justifiée pour quelques situations limitant la disponibilité en azote, elle peut être substituée par des légumineuses pures ou en association, tout aussi favorables à la production de biomasse. En effet, une croissance rapide et une biomasse abondante des cultures intermédiaires sont essentielles pour une bonne couverture du sol et lorsqu’il s’agit de lutter sans herbicide contre les adventices durant l’interculture (Melander et al. 2013). Le renforcement du rôle des légumineuses dans l’interculture pour améliorer l’efficience du cycle de l’azote et la lutte contre les adventices nécessite une meilleure compréhension du comportement des espèces comme couvert végétal en conditions estivales. Une expérimentation a été mise en place pour mieux connaître leur croissance, leur capacité de fixation symbiotique, leur force de concurrence envers les adventices, ainsi que leur potentiel d’association.
Résumé
Screening de légumineuses pour couverts v égétaux: azote et adventices | Production végétale
Cette étude a évalué 27 légumineuses comme couverts végétaux en pur et en association, dans le but d’en préciser les services agroécosystémiques. Les résultats montrent des variations de comportement importantes entre les différentes espèces testées. La quantité de biomasse aérienne formée depuis le mois d’août jusqu’au premier gel se situe entre 0,4 et 5,9 t MS/ha. De 377 à 850 degrésjours sont nécessaires pour atteindre 50 % de couverture du sol. L'azote accumulé par les légumineuses provient principalement de la fixation symbiotique et varie de quelques kilos à 150 kg N/ha en trois mois de végétation. La capacité des légumineuses de concurrencer les adventices est étroitement corrélée avec la quantité de biomasse produite (R2 = 0,93). Elle s’apparente à la faculté d'association des légumineuses testée dans des mélanges avec phacélie et avoine. Cinq espèces (gesse cultivée, féverole, pois, vesce velue et commune) sont particulièrement dominantes et composent plus de 80 % de la biomasse en mélange avec la phacélie et environ 70 % avec l’avoine. Ces mêmes espèces sont celles qui produisent le plus de biomasse, qui couvrent le plus rapidement le sol et fixent le plus d’azote de l’air. De nombreuses autres légumineuses (fenugrec, lentille, lupin blanc, soja, trèfle d’Alexandrie, trèfle de Perse, trèfle incarnat, vesce de Hongrie) sont moins concurrentielles et offrent ainsi une bonne complémentarité pour des associations d’espèces.
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385
Production végétale | Screening de légumineuses pour couverts v égétaux: azote et adventices
Tableau 1 | Caractéristiques physico-chimiques des sols des trois sites d’expérimentation Argile %
Sable %
pH
MO %
Nmin kg N/ha
Changins, 2010
41
25
6,9
3,4
52
Changins, 2011
23
34
7,4
2,0
78
Zollikofen, 2011
20
47
7,7
4,0
124
Dispositif
Matériel et méthodes Dispositif expérimental La comparaison d’espèces porte sur 27 légumineuses, 2 non-légumineuses et un procédé non semé. Trois expérimentations de plein champ ont été mises en place en 2010 et 2011 sur le domaine expérimental de Changins (Nyon, 420 m) et en 2011 sur le domaine de l’Ecole d’agriculture de la Rütti (Zollikofen, 544 m). A Changins, les sols sont de texture moyenne à lourde et d’un pH neutre à légèrement alcalin. A Zollikofen, le sol est de texture moyenne, de pH alcalin et bien pourvu en matière organique (tabl. 1). En 2010, les précipitations se sont produites surtout en fin de cycle végétatif, conduisant à un déficit hydrique cumulé de 70 l/m2 (tabl. 2). En 2011, les précipitations ont été régulières sur les deux sites d’expérimentation. Les espèces sont étudiées en parcelles expérimentales organisées en blocs randomisés avec trois répétitions. Afin d’évaluer les légumineuses en association, chaque dispositif a été complété par un strip-plot croisant les espèces étudiées avec une bande de phacélie Phacelia tanacetifolia (demi-dose, 5 kg/ha) et une bande d’avoine Avena sativa (demi-dose, 66 kg/ha). Ces deux espèces servent également de référence non-légumineuse. Le semis des microparcelles (10 m2) a été effectué à l’aide d’un semoir Plotman Wintersteiger au début du mois d’août (tabl. 2), après récolte d’un blé d’automne suivi d’un labour (pailles exportées). Aucune inoculation n’a été pratiquée.
Observations et mesures Durant la croissance des plantes, le taux de couverture du sol par la végétation a été mesuré à intervalle régulier à compter du semis. Ces valeurs ont servi à modéliser la dynamique de croissance des plantes en ajustant des fonctions de Gompertz (Bodner et al. 2010), calculées sur la base des degrés jours écoulés depuis la date de semis (base de 0 °C) (tabl. 2). Ces analyses ont été effectuées avec le package R drc «Analysis of dose-response curves» (Ritz et Streibig 2005). L’arrivée des premiers gels a déterminé les dates des dernières observations et récoltes (tabl. 2): hauteur des plantes, proportion d’adventices, proportion de chaque légumineuse dans le mélange avec avoine et avec phacélie, rendement des couverts, azote minéral du sous sol nu (0 – 90 cm). Sur la base des observations aux champs, 22 espèces performantes ont été retenues pour quantifier la part d’azote dérivé de l’air (Nda) (tabl. 3), selon la méthode de l’abondance naturelle de l’azote 15N (Unkovich et al. 2008). Cette méthode permet de caractériser la capacité de fixation de chaque espèce de légumineuse. Elle repose sur l’abondance naturelle en 15N plus élevée dans le sol que dans l’air et par extension plus élevée dans la biomasse d’une plante non fixatrice d’azote, puisant son azote dans le sol, que dans une plante fixatrice. Elle met donc en relation les concentrations en 15N d’une plante référence non fixatrice et d’une légumineuse. Elle distingue deux situations de nutrition azotée pour la légumineuse: le plein champ et la fixation symbiotique exclusive. A cet effet, une expérimentation en conditions contrôlées a été conduite en 2011 à Zollikofen, comprenant les 22 espèces cultivées en pots, sous abri et sur substrat enrichi de bactéries symbiotiques obtenues d’un lessiva de sol des essais de plein champ. Les analyses de l’isotope 15N ont été faites au spectromètre de masse par le laboratoire «Isolab» de l’ETHZ. Les mesures ont été faites sur les biomasses aériennes récoltées en fin de cycle en plein champ, ainsi que sur les biomasses de cultures conduites en conditions contrôlées.
Tableau 2 | Dates de semis, récolte et données météorologiques
Précipitations
Potentielle Evapo transpiration mm ETP
Somme températures après semis Dispositif
Semis
Récolte Degrés-jours (base 0 °C)
386
Date
Date
15 jours
Changins, 2010
04.08.
06.11.
Changins, 2011
03.08.
10.11.
Zollikofen, 2011
10.08.
08.11.
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013
30 jours
60 jours
mm
291
570
1014
309
379
320
629
1151
354
368
337
598
1030
353
353
Screening de légumineuses pour couverts v égétaux: azote et adventices | Production végétale
Tableau 3 | Principales caractéristiques des légumineuses testées: biomasse aérienne en fin de cycle et hauteur de la végétation, temps nécessaire pour atteindre 50% de couverture du sol (t50), azote total dans la biomasse aérienne (Ntot), azote dérivé de l’air en quantité (Nda) et en part de l’azote total (pNda), couverture par les adventices à la récolte, part de la légumineuse en mélange avec avoine et avec phacélie
Biomasse t MS/ha
Espèces
Hauteur cm
t50 degrésjours
Ntot kg/ha
Nda kg/ha
pNda %
Adventices %
Mél. avoine %
Mél. phacélie %
1
Cicer arietinum
Pois chiche
1,1
46
454
19
3
14
40
21
43
2
Glycine max
Soja
2,8
46
599
69
16
23
29
41
52
3
Lathyrus sativus
Gesse cultivée
3,5
40
423
145
126
86
5
67
93
4
Lens culinaris
Lentille comestible
3,2
29
418
102
75
74
13
48
44
5
Lens culinaris cv.canada
Lentille canadienne
2,4
32
440
–
–
–
15
50
47
6
Lotus corniculatus
Lotier corniculé
0,5
10
652
–
–
–
58
8
7
7
Lupinus albus
Lupin blanc
4,1
75
468
65
26
40
8
50
56
8
Lupinus angustifolius
Lupin à folioles étroites
2,3
49
609
–
–
–
23
19
21
9
Medicago lupulina
Luzerne lupuline
1,1
14
587
–
–
–
38
15
17
10
Medicago sativa
Luzerne cultivée
1,8
37
531
57
34
57
14
32
26
11
Melilotus albus
Mélilot blanc
1,4
29
583
44
26
55
24
34
26
12
Onobrychis viciifolia
Esparcette
1
27
850
–
–
–
45
13
17
13
Pisum sativum cv.Arvica
Pois fourrager
4,2
71
414
–
–
–
1
94
96
14
Pisum sativum cv.Hardy
Pois protéagineux
5,1
51
442
150
108
72
2
72
83
15
Trifolium alexandrinum
Trèfle d'Alexandrie
3,2
48
471
76
49
64
11
43
46
16
Trifolium hybridum
Trèfle hybride
1,2
23
552
–
–
–
32
24
24
17
Trifolium incarnatum
Trègle incarnat
3,2
32
457
94
73
76
17
41
45
18
Trifolium pratense
Trèfle violet
1,4
26
525
43
30
71
32
32
34
19
Trifolium repens
Trèfle blanc
1,2
21
751
40
32
78
31
24
28
20
Trifolium resupinatum
Trèfle de Perse
2,7
37
423
81
65
82
16
42
46
21
Trifolium subterraneum
Trèfle souterrain
1,5
21
572
44
25
55
24
23
28
22
Trigonella caerulea
Trigonelle bleue
1,3
34
479
21
0
4
21
19
24
23
Trigonella foenum-graecum
Fenugrec
2,2
41
573
48
15
34
16
33
52
24
Vicia faba
Féverole
5,9
108
541
163
136
84
6
71
86
25
Vicia pannonica
Vesce de Hongrie
2,5
31
485
102
87
86
19
41
43
26
Vicia sativa
Vesce commune
4,4
43
420
171
127
75
3
77
87
27
Vicia villosa
Vesce velue
3,8
36
377
163
143
87
4
73
85
28
Avena sativa
Avoine de printemps
4,1
79
515
49
0
0
4
–
–
29
Phacelia tanacetifolia
Phacélie
4,5
91
479
53
0
0
5
–
–
30
Sol nu
Sol nu
–
–
–
–
–
–
100
–
–
29
–
29
22
22
22
30
27
27
p-value
< 0,001
–
< 0,001
< 0,001
< 0,001
< 0,001
< 0,001
< 0,001
< 0,001
ppds 5%
0,5
–
55
18
13
18
10
8
9
ppds 1%
0,7
–
73
24
17
25
13
11
11
Changins 2010
2,3
31
588
74
54
60
24
41
51
Changins 2011
2,8
43
510
92
66
65
18
27
33
Zollikofen 2011
2,5
–
465
85
56
56
20
54
55
n
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013
387
Production végétale | Screening de légumineuses pour couverts v égétaux: azote et adventices
100
% couverture du sol
80
60
40
20
−ek(ti−tmax)
y = ymax e
0 0
500
1000
Avena sativa Lens culinaris Lotus corniculatus Medicago sativa Phacelia tanacetifolia Pisum sativum cv. Arvika Trifolium alexandrinum Trifolium resupinatum Trigonella foenum−graecum Vicia faba Vicia sativa Vicia villosa
1500
Nombre de degrés−jours après semis
Figure 1 | Dynamique du taux de couverture du sol en fonction du temps depuis le semis, pour une sélection d'espèces en 2010 à Changins.
Analyses de variance Des analyses de variance multi-sites ont été effectuées pour chaque variable, et les ppds correspondant calculés (Gomez et Gomez 1984). Toutes les analyses numériques ont été effectuées avec le logiciel R 2.14.1 (R Development Core Team 2011)
Résultats Biomasse aérienne En trois mois de végétation, le développement de biomasse aérienne varie extrêmement d’une espèce à l’autre, allant de 0,5 t MS/ha à 5,9 t MS/ha (tabl. 3). Dans la plupart des cas, la production de biomasse est restée relativement stable entre les années et les sites. Les espèces pluriannuelles présentent généralement une croissance moins importante que les annuelles. Dix légumineuses atteignent un rendement supérieur à 3,0 t MS/ ha (tabl. 3). Certaines d’entre elles se développent plutôt en hauteur (lupin blanc, pois et féverole) et d’autres présentent une végétation plus basse et dense (gesse cultivée, lentille, trèfles de Perse et incarnat, vesces). Le pois fourrager et la gesse cultivée sont sensibles à la verse et leur biomasse affaissée en fin de cycle végétatif est parfois sujette à la pourriture lors de conditions relativement humides (2011). Les espèces faiblement développées ont notamment été carencées en azote en raison de l’absence de bactéries symbiotiques (soja, pois chiche, trigonelle bleue), voire partiellement détruites par des ravageurs (lièvre sur soja).
388
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013
Dynamique de croissance Plusieurs espèces présentent une croissance plus rapide que la phacélie et l'avoine (temps nécessaire pour couvrir 50 % du sol): gesse cultivée, lentille, pois fourrager, trèfle de Perse, vesces commune et velue (tabl. 3). Les différences de dynamique de croissance durant la phase d’implantation ont été particulièrement marquées en 2010 à Changins avec des conditions relativement sèches, soulignant davantage encore les espèces les plus rapides pour une implantation estivale: lentille, pois fourrager, trèfle de Perse, vesces, voire trèfle d’Alexandrie (fig. 1). Absorption et fixation d’azote L’azote accumulé par les légumineuses (Ntot) provient principalement de la fixation symbiotique (Nda) (tabl. 3, fig. 2). Elle s’étend de quelques kilos à 150 kg N/ha en trois mois de végétation et varie fortement d’une espèce à l’autre. Le prélèvement d’azote du sol (Nds) résulte à la fois de la quantité d’azote disponible dans la solution du sol et de la capacité d’absorption de la plante. Le Nds atteint un maximum de 50 kg N/ha, notamment pour la vesce commune et le pois. Cette même quantité de Nds est accumulée par la phacélie et l’avoine, pour lesquelles Nds = Ntot (fig. 2), mais aussi par le soja dont la Nda est restée négligeable en raison de l’absence de symbiose. Par contre, la féverole n’absorbe que 27 kg N/ha du sol, alors qu’elle est très productive (5,9 t MS/ha), pour un Ntot de 163 kg N/ha.
Screening de légumineuses pour couverts v égétaux: azote et adventices | Production végétale
26 27
150
3
24
14
27
24
Azote accumulé [kg/ha]
3
26
14 4
25
100
17 25 20 2 20 10
50 19
11 21 18
19 18 11 22 1 21 11 1 18 19 1
0 0
1
10 21
2 23
15 4 17 7 28
15
7 23 10 23
25
20
4 17 2
29 26
14
15
24
7 3
27
N total: y = 30,3x ; N air: y = 22,2x ; N sol: y = 8,1x ;
22
2
3
4
5
R² = 0,75 R² = 0,58 R² = 0,10
6
Biomasse [t MS/ha] Figure 2 | Azote absorbé en fonction de la biomasse des légumineuses: quantité d'azote total (carré rouge), quantité dérivée de l’air (cercle bleu), et quantité absorbée du sol (triangle jaune). Numéros et espèces selon tableau 3. Valeurs moyennes des trois expérimentations.
Une bonne relation est observée entre le Ntot et la quantité de biomasse (R2 = 0,75) (fig. 2). Cette relation repose nettement sur la Nda (R2= 0,58), par rapport à la Nds (R2 = 0,10). Considérant l’ensemble de ces relations, l’accumulation d’azote par unité de biomasse atteint 30 kgN / tMS, dont 22 kg proviennent de l’air et 8 kg du sol (fig. 2). La féverole et la vesce velue présentent les plus fortes performances azotées, avec pour la féverole un Ntot de 163 kg N/ha, pour une part provenant de l’air (pNda) de 85 % (tabl. 3). La vesce commune atteint une performance similaire avec un Ntot de 171 kg N/ha et un pNda de 75 %. Plusieurs trèfles montrent une performance symbiotique élevée (pNda 70 %) pour un Ntot moyen de 30 à 70 kg N/ha. Les sites d’expérimentation ont montré des performances analogues avec quelques légères différences. La sécheresse de 2010 à Changins a pénalisé la couverture du sol (fig. 1 et tabl. 3), la biomasse ainsi que l’accumulation d’azote, sans toutefois réduire la pNda. Les légumineuses se sont particulièrement bien exprimées en 2011 à Changins au niveau de l’accumulation d’azote
(tabl. 3). Le Nda en tendance légèrement plus bas à Zollikofen (9 kg N/ha) peut être mis en relation avec la fertilité élevée du sol de ce site, avec un Nmin de 124 kg N/ ha (tabl. 1) en fin de végétation sous un sol nu, contre 80 kg N/ha la même année à Changins, et 52 kg N/ha en 2010 à Changins. Effet sur les adventices La flore adventice observée en 2010 à Changins est essentiellement composée d’amaranthe (Amaranthus retroflexus) et de chénopode (Chenopodium album). A cela s’ajoutent des espèces secondaires (renouée persicaire Polygonum persicaria, lamier rouge Lamium purpureum, capselle Capsella bursa-pastoris, laiteron rude Sonchus asper) et en 2011 une forte présence de colza (Brassica napus) sur les deux essais. La biomasse des adventices correspond à 0,98 t MS/ha dans les parcelles non semées (sol nu, moyenne des 3 essais). La proportion des adventices est inversement liée avec la biomasse des légumineuses (R2 = 0,93) (fig. 3A). Une couverture de plus de 3,5 t MS/ha est nécessaire pour assurer une concurrence élevée face aux adventices (<15 %). Le
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389
Production végétale | Screening de légumineuses pour couverts v égétaux: azote et adventices
B
A 100
30
100
y = 90,8e −0,982x + 5,9 R² = 0,93
80
80
60
6
% adventices
% adventices
y = 0,11x−29,8 R² = 0,60
12 1 9
40
9
2 8
0 1
12 1
18 16
25 23 5 20 17 10 4 15
0
6
40
1618 19 11 21 22
20
60
2
20 7 3 27 28 29 26 13
3
4
14 5
24
27 0 6
Biomasse [t MS/ha]
19
2
21 11 8 22 25 17 205 23 10 4 15 7 24 3 2928 26 14 13 400
500
600
700
Temps [degrés−jours] pour atteindre 35% de couverture
Figure 3 | Part d'adventices dans la biomasse en fonction A. de la biomasse des légumineuses, et B. du temps pour atteindre 35% de couverture par la légumineuse. Numéros et espèces selon tableau 3.
nombre de jours requis pour couvrir 35 % du sol est le meilleur indicateur de la relation entre la dynamique de croissance des légumineuses et la présence des adventices (R2 = 0,6) (fig. 3B).
pour accroître sa biomasse que l’avoine (mesuré à Changins, non présenté). La part des légumineuses dans les associations montre une bonne relation avec la capacité de concurrence face aux adventices (R2 = 0,89) (fig. 4B).
Discussion Performance en mélanges Les mélanges de légumineuses avec la phacélie et l’avoine discriminent leur capacité d’association (fig. 4A, tabl. 3). Cinq espèces (gesse cultivée, féverole, vesce velue et commune, pois) sont particulièrement dominantes et composent plus de 80 % de la biomasse en mélange avec la phacélie et environ 70 % avec l’avoine. Le pois fourrager est particulièrement concurrentiel, composant plus de 90 % de la biomasse des deux mélanges. Un groupe d’espèces se montre davantage complémentaire, composant 40 à 50 % des mélanges (fenugrec, soja, lupin blanc, trèfle d’Alexandrie, vesce de Hongrie, trèfle de Perse, trèfle incarnat, lentille). L’avoine est un peu plus concurrentielle que la phacélie vis-à-vis des légumineuses (fig. 4A). En 2010, la phacélie a davantage bénéficié de l’association avec une légumineuse
390
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 384–393, 2013
Les variations de comportement relativement larges au sein des 27 légumineuses étudiées permettent d’envisager de multiples usages de ces espèces comme couverts végétaux. Bien que la fixation symbiotique d’azote représente la principale fonction attendue, la manière de les cultiver en engrais verts pur ou en mélange, ainsi que leur effet sur les adventices, méritent également une attention particulière. Azote Au début de leur croissance, la première source de nutrition azotée des légumineuses provient de la solution du sol. Les résultats montrent que certaines légumineuses sont capables d’absorber du sol autant que des plantes non fixatrices, en raison d’une croissance
Screening de légumineuses pour couverts v égétaux: azote et adventices | Production végétale
B
A 100
13
3 242726 14
80
60
60
7 23
40
2 15 5 20 17 25 4
1
y = 66,0e -0,03x -1,3 R² = 0,89
80
% adventices
% biomasse dans le mélange avec phacélie
100
6
12 40
20
129
16 18 19
21 19 11 10 22 16 8
8 21 11 22
20
10
6 0
0 0
20 40 60 80 % biomasse dans le mélange avec avoine
1
9
18
100
0
2 25 17 205 23 4 15
7
24 3 27 14 26
20 40 60 80 % biomasse moyenne dans les mélanges
13 100
Figure 4 | Capacité d'association des légumineuses. A. Part de la légumineuse en mélange avec avoine et avec phacélie (% de la biomasse +/- erreur standard). B. Part d'adventices dans la légumineuse pure en fonction de la part de la légumineuse dans les mélanges phacélie et avoine. Numéros et espèces selon tableau 3.
élevée (pois, vesce commune) ou, faute de symbiose, d’une nécessité, doublée d’une forte capacité de prélèvement (soja). Par contre, aucune légumineuse n’a prélevé davantage que les 50 kg N/ha accumulés par la phacélie et l’avoine. La fixation symbiotique a conduit à des accumulations d’azote considérables dans la biomasse aérienne, similaires à ce dont dispose un sol relativement fertile à la fin de la même période (Nmin de 120 kg N/ha à Zol likofen). Ces quantités d’azote sont d’autant plus conséquentes que certaines légumineuses productives (féverole) ont une capacité modeste d’absorption d’azote du sol. Ainsi, en l’espace de trois mois, la féverole a fixé une quantité d’azote comparable à ce qui a été montré dans une autre étude où elle était cultivée comme culture principale (six mois de végétation) (Lopez-Bellido et al. 2006). La relative homogénéité de la part d’azote fixée de l’air entre les essais, malgré les contrastes des conditions climatiques (2010 et 2011) et pédologiques (Changins et Zollikofen), souligne l’important déterminisme lié à l’espèce. L’efficience d’utilisation globale de la ressource azotée dépend d’une part de l’absorption de
l’azote du sol par la légumineuse, et d’autre part de la quantité d’azote fixée de l’air puis effectivement valorisée par les cultures suivant la légumineuse dans la rotation. Actuellement, les DBF comptabilisent un maximum de 30 kg N/ha déductibles de la fumure après une légumineuse hivernante (Sinaj et al. 2009), sans considérer les arrières effets de cet élément ou des autres éléments minéraux. L’objectif attendu du couvert végétal est donc primordial afin de préciser le rôle et le choix de la légumineuse, que ce soit pour le piégeage du nitrate, l’apport d’azote ou de matière organique dans le système. Cette thématique a été traitée de façon approfondie dans une expertise scientifique, incluant une large revue bibliographique (Justes et al. 2012). Les légumineuses peuvent effectivement être utiles pour réduire les fuites de nitrate, même si leur efficacité est deux fois plus faible que celle des non légumineuses. De plus, elles ont un effet positif sur la rotation des cultures par rapport à d’autres engrais verts dont l’effet est souvent mal maîtrisé (Maltas et al. 2012b). Enfin, le rapport C/N est déterminant dans la minéralisation des résidus d’en grais verts, en particulier pour les légumineuses.
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Production végétale | Screening de légumineuses pour couverts v égétaux: azote et adventices
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Aptitude à l’association et capacité de concurrence Les associations d’espèces figurent parmi les solutions innovantes pour optimiser les multiples fonctions des légumineuses comme engrais verts, à l’instar des mélanges herbagers graminées – légumineuses (Mosimann et al. 2012). Les tests d’association ont montré différents comportements des légumineuses: comme espèce très concurrentielle prédisposée à dominer un mélange (pois fourrager), espèce partenaire permettant d’atteindre une association équilibrée (trèfle d’Alexandrie), ou espèce subsidiaire peu concurrentielle (espèces bisannuelles). Par ailleurs, dans cette étude, la phacélie est apparue comme un partenaire mieux adapté aux mélanges que l’avoine, suggérant une plus faible capacité de concurrence, une meilleure valorisation de l’azote mis à disposition ou encore un effet mutualiste de l’association. L’analogie mise en évidence entre l’aptitude à l’association et la capacité de concurrence contre les adventices permet une utilisation croisée des résultats. Ainsi, la biomasse produite donne une information relativement cohérente pour les deux fonctions. La rapidité de couverture du sol ou la hauteur des plantes demeurent
des caractères importants qui rendent compte de la grande variabilité des légumineuses et permettent d’envisager une utilisation ciblée de chaque espèce. Toutefois, l’utilisation des légumineuses contre les adventices reste controversée du fait d’une part d’un effet de concurrence durant la croissance (azote, lumière, eau) et d’autre part d’un effet de l’azote résiduel favorable aux adventices (Charles et al. 2012).
Bibliographie ▪▪ Bodner G., Himmelbauer M., Loiskandl W. & Kaul H., 2010. Improved evaluation of cover crop species by growth and root factors. Agronomy for Sustainable Development 30 (2), 455–464. ▪▪ Charles R., Bovet V., Bouttet D., Poivet K., Casta P. & Bengochea A., 2008. Quelles cultures de protéagineux pour la Suisse? Revue suisse d'Agriculture 40 (1), 17–23. ▪▪ Charles R., Montfort F. & Sarthou J. P., 2012. Effets biotiques des cultures intermédiaires sur les adventices, la microflore et la faune. In: Justes et al., 2012E., Beaudoin N., Bertuzzi P., Charles R., Constantin J., Dürr C., Hermon C., Joannon A., Le Bas C., Mary B., Mignolet C., Montfort F., Ruiz L., Sarthou J.P., Souchère V., Tournebize J., Savini I., Réchauchère O., 2012. Réduire les fuites de nitrate au moyen de cultures intermédiaires: conséquences sur les bilans d’eau et d’azote, autres services écosystémiques. Rapport d'étude, INRA (France). ▪▪ Gomez K. A. & Gomez A. A., 1984. Statistical procedures for agricultural research. Second Edition. John Wiley & Sons, Inc. ▪▪ Justes E., Beaudoin N., Bertuzzi P., Charles R., Constantin J., Dürr C., Hermon C., Joannon A., Le Bas C., Mary B., Mignolet C., Montfort F., Ruiz L., Sarthou J.P., Souchère V., Tournebize J., Savini I. & Réchauchère O., 2012. Réduire les fuites de nitrate au moyen de cultures intermédiaires: conséquences sur les bilans d'eau et d'azote, autres services, écosystémiques. Rapport d'étude, INRA (France). ▪▪ López-Bellido L., López-Bellido R. J., Redondo R. & Benítez J., 2006. Faba bean nitrogen fixation in a wheat-based rotation under rainfed Mediterranean conditions: effect of tillage system. Field Crops Research 98, 253–260.
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Conclusions Les légumineuses testées ont montré des aptitudes très variables à former de la biomasse, couvrir le sol, concurrencer les adventices, absorber l’azote du sol et fixer celui de l’air. Différents groupes ont pu être distingués: l’un est formé d’espèces très compétitives, un autre comprend des légumineuses destinées à des associations équilibrées d’espèces, un troisième groupe réunit des légumineuses moins adaptées à une fonction de couvert végétal. Les modalités d’utilisation des légumineuses en mélange et des règles d’association doivent encore être établies. n
Screening di leguminose per coperture vegetali: azoto e avventizie Questo studio ha valutato 27 leguminose come coperture vegetali in purezza e in associazione con lo scopo di precisarne i servizi agro-ecosistemici. I risultati mostrano delle importanti variazioni del comportamento tra le diverse specie testate. La quantità di biomassa aerea formatasi dal mese di agosto fino al primo gelo si situa tra 0,4 e 5,9 t SS/ha. Sono necessari da 377 a 850 gradi giorno per raggiungere il 50 % di copertura del suolo. L’azoto accumulato dalle leguminose proviene principalmente dalla fissazione simbiotica e varia di qualche kilo a 150 kg N/ha in tre mesi di vegetazione. La capacità delle leguminose di contrastare le avventizie è strettamente correlata alla quantità di biomassa prodotta (R2=0,93). Ella risulta simile alla facoltà d’associazione delle leguminose testate nelle miscele composte da facelia e avena. Cinque specie (cicerchia coltivata, fava, piselli, veccia villosa e coltivata) sono particolarmente dominanti e compongono più dell’ 80 % della biomassa miscelata con facelia e ca. il 70 % con avena. Sono queste specie che producono più biomassa, che coprono il suolo più rapidamente e che fissano più azoto proveniente dall’aria. Numerose altre leguminose (fieno greco, lenticchie, lupino bianco, soia, trifoglio alessandrino, trifoglio persiano, trifoglio incarnato, veccia d’Ungheria) sono meno concorrenziali e offrono di conseguenza una buona complementarietà per delle associazioni di specie.
Summary
Riassunto
Screening de légumineuses pour couverts v égétaux: azote et adventices | Production végétale
Screening of legumes as cover crops: nitrogen and weeds This study evaluated 27 legumes as cover crops, sowed in pure or mixed stands, with the aim to outline their agrosystemic services. The results show important behavior variations among the different legumes. The amount of aerial biomass built from August until the first frost achieve between 0.4 and 5.9 t DM/ha. From 377 to 850 degreesdays are necessary to reach 50 % of soil cover. The nitrogen accumulated by the legumes is mainly due to symbiotic nitrogen fixation and vary from a few kg to 150 kg N/ha. The ability of legumes to compete with weeds is closely correlated with the amount of biomass produced (R2 = 0.93). It is analogous to the aptitude of association tested on legumes in mixtures with oat and phacelia. Five species (grass pea, faba bean, hairy vetch, common vetch and pea) are found to be very dominant and reach more than 80 % of biomass in mixture with phacelia and about 70 % with oat. These species are also those producing the highest biomass, covering soil most rapidly, and fixing high quantity of nitrogen. Many other legumes (fenugreek, lentil, white lupin, soybean, berseem clover, persian clover, crimson clover, hungarian vetch) show less competitive performance and offer a good complement for species associations. Key words: legumes, cover crops, biological nitrogen fixation, weed control, intercropping.
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P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse Ulrich Schaller, Bruno Patrian, Astrid Bächli, Ursula Streit et Marianne Balmer Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil, Suisse Renseignements: Ulrich Schaller, e-mail: ulrich.schaller@agroscope.admin.ch, tél. +41 44 783 62 91
Figure 1 | Les cantons, l'OFAG et Agroscope travaillent en étroite collaboration pour réaliser les contrôles sur le marché des produits p hytosanitaires. Les analyses de laboratoire sont faites par le Groupe de chimie des produits phytosanitaires à la station Agroscope à Wädenswil. (Photo: Keystone / Gaëtan Bally)
Introduction Les produits phytosanitaires (PPS) font l’objet d’examens approfondis avant leur mise sur le marché suisse. D’une part, il s’agit d’évaluer les risques potentiels encourus par les personnes utilisant les produits phytosanitaires ainsi que les risques pour l’environnement, et d’autre part d’examiner l’adéquation des produits pour leur utilisation en agriculture. Outre l’efficacité biologique, cer-
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taines propriétés physico-chimiques de même que l’identité et la qualité des préparations des produits sont très importantes. Toutes ces propriétés qui définissent la valeur des produits phytosanitaires homologués sont vérifiées lors de contrôles sur le marché. L’octroi des homologations aux produits phytosanitaires revient à l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), tandis que le contrôle sur le marché est placé sous la responsabilité des cantons. Les campagnes annuelles de
contrôle sont coordonnées par la «Plate-forme de coordination pour l’exécution du droit en matière de produits chimiques» (KPVC) et sont mises en œuvre dans le cadre d’une collaboration étroite entre les organes cantonaux d’exécution (laboratoires cantonaux, services cantonaux des produits chimiques), le service de l’OFAG chargé des homologations pour les produits phytosanitaires et la station de recherche Agroscope. Les cantons sont responsables du prélèvement des échantillons et de l’évaluation de l’emballage, tandis que les analyses se font au laboratoire de contrôle du marché du groupe Chimie des produits phytosanitaires à la station Agroscope de Wädenswil. La base légale est fournie par la Loi sur les produits chimiques (Lchim), l’Ordonnance sur les produits phytosanitaires (OPPh) et l’Ordonnance sur les produits chimiques (Ochim). Contrôles sur le marché des produits phytosanitaires Le but des campagnes de contrôle des produits phytosanitaires est de vérifier sous différents aspects la qualité des produits phytosanitaires que l’on trouve sur le marché suisse. Un des éléments importants à vérifier est que le fournisseur mette en circulation le produit tel qu’il a été homologué, et que les exigences qualitatives soient durablement satisfaites. On garantit ainsi que les produits phytosanitaires sont maniables pour l’utilisateur, qu’ils sont tolérés par les cultures et qu’ils ont l’efficacité recherchée. D’une part, les contrôles sur le marché visent à établir si l’identité de la substance active correspond à l’homologation et si elle répond aux exigences en matière de teneur et de qualité. D’autre part, certaines propriétés particulières du produit phytosanitaire examiné sont analysées. Il s’agit alors de paramètres importants pour l’application pratique et pour la protection de l’utilisateur. Par exemple, le produit ne doit pas générer une mousse débordant du réservoir de bouillie, il ne doit pas boucher les buses et il doit se répartir de manière homogène dans la bouillie. L’adéquation de la formulation est examinée au moyen de tests physicochimiques standardisés sur le plan international (FAO/ WHO-Manuel 2010). De plus, les examens portent sur l’intégralité des données figurant sur l’étiquette, ainsi que sur l’étanchéité et l’adéquation de l’emballage à l’utilisation qui en est faite. Les paramètres examinés sont présentés ci-dessous, en prenant quelques exemples parmi les contrôles sur le marché réalisés au cours des cinq dernières années (tabl. 1), ainsi qu’un tableau récapitulatif des résultats (tabl. 2). Les rapports des campagnes précédentes ainsi que des considérations sur les aspects fondamentaux du
Résumé
Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse | Production végétale
Les produits phytosanitaires vendus en Suisse sont contrôlés sur le marché dans le cadre d'une étroite collaboration entre les laboratoires cantonaux, le service fédéral chargé des homologations pour les produits phytosanitaires et la station de recherche Agroscope. Au cours de cinq campagnes menées de 2008 à 2012, 106 produits phytosanitaires ont été analysés en laboratoire quant à leur teneur de substance active, à la qualité de celle-ci et à leurs principales propriétés physico-chimiques. Ces analyses ont permis de mettre en évidence divers défauts. Dans un cas, le produit ne contenait pas la substance active déclarée. Par contre, les contrôles n'ont pas révélé de teneurs trop élevées d'impuretés considérées comme importantes sur le plan toxicologique. Concernant les propriétés physico-chimiques, des écarts aux exigences ont été constatés dans quelque 10 % des cas. Pour l'un d'entre eux, c'est une poudre blanche qui était vendue au lieu du granulé annoncé. Plus de 40 % des produits étaient mis sur le marché avec une étiquette ou un mode d'emploi comportant des indications incomplètes ou fausses, qui ont fait l'objet de contraventions. D'une façon générale, les contrôles sur le marché contribuent à garantir que l'agriculture trouve à sa disposition des produits phytosanitaires d'utilisation sûre et de haute qualité.
Tableau 1 | Vue générale des contrôles réalisés sur le marché au cours des cinq dernières années. Les substances actives et les i mpuretés importantes examinées sont indiquées
2008
Produits phytosanitaires (PPS) contenant les substances actives Mecoprop-P (MCPP) et 2,4-D (acide 2,4-dichlorophénoxiacétique). Ont été examinés particulièrement le rapport des énantiomères du MCPP et les impuretés importantes 4-chlor-2-methylphénol du MCPP et 2,4-dichlorophénol du 2,4-D.
2009
PPS comportant la substance active chlorothalonil; analyse ciblée sur les impuretés importantes hexachlorobenzène et décachlorobiphényle.
2010
PPS comportant les substances actives cyperméthrine, alpha- cyperméthrine, zeta-cyperméthrine et deltaméthrine.
2011
PPS comportant la substance active folpet; analyse ciblée des impuretés tétrachlorométhane et perchlorométhylmercaptan.
2012
PPS comportant les substances actives diméthoate, chlorpyrifos et métamitron; analyse ciblée des impuretés importantes isodiméthoate et ométhoate du diméthoate, et sulfotep du chlorpyrifos.
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Production végétale | Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse
Tableau 2 | Vue générale des résultats des contrôles sur le marché. Le nombre d'échantillons ayant présenté des erreurs ou des défauts est indiqué. En conséquence, les produits concernés ont dû être dénoncés et le fabricant requis d'exprimer son point de vue ou de prendre des mesures correctives Campagne (année)
Nombre d'échantillons
Nombre d'échantillons n'ayant pas répondu aux exigences Teneur de substance active
Impuretés importantes
Tests physico- chimiques
Étiquette, mode d'emploi
Emballage (étanchéité)
25
3
0
0
16
0
2009
12
0
0
0
5
0
2010
27
4
-
1
15
2
2011
20
0
0
5
7
0
2008
2012
22
1
0
4
1
0
Total
106
8 (7,5 %)
0
10 (11 %)
44 (42 %)
2 (2 %)
contrôle sur le marché ont été publiés antérieurement (Patrian et al. 2005; Patrian et al. 2007; rapports sur les produits phytosanitaires de la KPVC).
Résultats des campagnes Est-ce la bonne substance active? L’identité et la teneur de la substance active dans le produit phytosanitaire sont des critères importants de qualité. Il arrive en effet que le produit ne contienne pas la substance active déclarée. Par exemple, le contrôle sur le marché réalisé en 2010 a révélé ceci: sont homologuées en Suisse la substance insecticide cyperméthrine, consti-
αR (1S)-cis
αS (1R)-cis
24,0 αR (1S)-trans
αR (1S)-cis αS (1R)-trans
17,00
GC DB-1 alpha-cyperméthrine 26,0
αS (1R)-cis
αS (1S)-trans
18,00
αR (1R)-trans
αS (1S)-cis
GC DB-1 cyperméthrine αR (1R)-cis
19,00
tuée d’un mélange de quatre paires d’énantiomères, ainsi que la substance active alpha-cyperméthrine. Cette dernière ne contient qu’une paire d’énantiomères, qui présente la plus haute activité biologique. La fabrication d’alpha-cyperméthrine est complexe et plus coûteuse. Cette substance active présente cependant l’avantage pratique d’une efficacité comparable avec une dose d’application inférieure. Il s’ensuit que les résidus et les effets secondaires sont réduits également. Un des produits analysés dans le cadre de la campagne devait, selon son étiquette et son dossier d’homologation, contenir la substance active alpha-cyperméthrine. En réalité, on a pu démontrer clairement en utilisant un procédé de
22,0
20,0
18,0
16,00
min 27,00
28,00
29,00
30,00
min 27,00
28,00
29,00
Figure 2 | Campagne de contrôle des produits phytosanitaires 2010. On voit les quatre paires d'énantiomères à la chromatographie en phase gazeuse de la cyperméthrine (à gauche) – on voit surtout une paire d'énantiomères dans l’analyse de l'alpha-cyperméthrine (à droite). Un produit contenait erronément de la cyperméthrine, alors qu'il aurait dû contenir de l'alpha-cyperméthrine selon l'homologation.
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Figure 3 | Campagne de contrôle des produits phytosanitaires 2011: voici quatre échantillons d'un PPS contenant du folpet. S'agit-il vraiment du même produit?
séparation par chimie analytique, que la substance active cyperméthrine avait été utilisée pour la fabrication de ce produit (fig. 2). Il est rare que l’on puisse faire de telles constatations, mais dans ce cas il s’agissait clairement d’une tromperie au détriment de l’utilisateur final qui souhaitait appliquer un produit phytosanitaire de plus grande valeur mais a reçu un produit dépourvu de cette valeur ajoutée. Au cours des cinq dernières années, seuls sept échantillons ont été relevés avec une teneur mesurée de substance active légèrement inférieure à celle déclarée. Impuretés importantes sur le plan toxicologique Les impuretés ne sont tolérées qu’en petites quantités dans une substance active, s’agissant par exemple des produits secondaires de la synthèse. Lorsqu’ils sont nettement plus toxiques que la substance active elle-même, des teneurs maximales à ne pas dépasser sont fixées par l’Union européenne. Cette disposition vise à garantir l’absence de risque supplémentaire pour l’utilisateur, le consommateur et l’environnement.
Au cours des divers contrôles sur le marché, nous avons examiné les impuretés importantes sur le plan toxicologique pour les différentes substances actives (tabl. 1). Heureusement, aucun dépassement des valeurs limites n’a été constaté au cours des cinq dernières années. Sous cet aspect, un bon certificat peut être décerné aux fabricants. Est-ce la bonne fabrication? En plus des substances actives, les produits phytosanitaires contiennent divers adjuvants destinés par exemple à protéger du froid, à solubiliser les substances ou à empêcher la formation de mousse. La composition d’un produit dépend des propriétés de la substance active qu’il contient et de son utilisation prévue. C’est pourquoi différents types de formulation des produits phytosanitaires ont été définis qui ont validité sur le plan international. Ces types de formulations se différencient fortement dans leur aspect et leurs propriétés physicochimiques; on peut citer les granulés ou les poudres pour la forme solide, les émulsions ou les suspensions pour la forme liquide.
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Production végétale | Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse
Figure 4 | Campagne de contrôle des produits phytosanitaires 2011. Test de mouillabilité d'un produit phytosanitaire contenant du folpet: après plus de dix minutes, le produit n'est pas encore complètement mouillé.
L’apparence d’un produit est une propriété facile à vérifier. La figure 3 montre quatre échantillons d’un produit phytosanitaire qui se distinguent clairement entre eux par la couleur et la granulation. Comme le produit est homologué en tant que granulé soluble, mais vendu en pratique sous forme de poudre, il a dû être dénoncé pour non-conformité grave. D’autres propriétés physico-chimiques peuvent être importantes, selon le type de formulation. Elles sont examinées en laboratoire au moyen de tests spécifiques. Test de mouillabilité La mouillabilité est une propriété importante pour les formulations en poudre et en granulés. Elle se mesure par la rapidité avec laquelle le produit se mouille après avoir été versé dans l’eau, c’est-à-dire le temps nécessaire pour qu’il ait disparu de la surface du liquide (fig. 4). Alors que les granulés brun clair et brun foncé (fig. 3) se sont mouillés en 10 respectivement 1 seconde, les deux produits blancs pulvérulents ont nécessité pour cela 30 resp. 60 minutes. Pour satisfaire aux exigences du manuel FAO/WHO 2010, les échantillons doivent présenter un temps d’humectage de 60 secondes au
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maximum. Cette poudre ne se dissoudra sûrement pas de manière complète et homogène dans la bouillie d’aspersion. Elle surnagera vraisemblablement beaucoup trop longtemps et se déposera en partie sur les parois internes de la cuve. En conséquence, le dosage du traitement sera nettement inférieur à celui prévu. Test de tamisage humide Ce test permet de vérifier qu’un produit phytosanitaire se dissout bien dans l’eau. Il consiste à mesurer quelle proportion reste sur un tamis aux mailles de 75 µm. Dans les campagnes de contrôle, certains granulés dispersables dans l’eau ont présenté au test de tamisage humide des résidus avoisinant ou dépassant les 2 % autorisés (fig. 5). En pratique, les formulations laissant des résidus importants ont tendance à boucher rapidement les buses. Comme la substance active n’est pas totalement dissoute dans la bouillie, le dosage sur la culture est alors inférieur à celui prévu. Test de stabilité en suspension Avec les suspensions concentrées, il est souvent difficile d’atteindre une répartition homogène de la substance active dans la bouillie. Le test de stabilité en suspension
Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse | Production végétale
Figure 5 | Campagne de contrôle des produits phytosanitaires 2011. Résidus d'un produit contenant du folpet après le test de tamisage humide.
permet de vérifier si les particules se dispersent finement et si elles se maintiennent longtemps ainsi dans la bouillie sans se déposer au fond de la cuve. La figure 6 montre à droite un produit de granulés contenant du folpet, dispersable dans l’eau. Dans le test ce produit a montré une stabilité en suspension de 46 % seulement au lieu des 60 % exigés. Pour cette raison, certains produits contenant du folpet ne sont homologués qu’avec la restriction suivante: la bouillie doit être agitée régulièrement dans la cuve. Cela garantit une distribution homogène de la substance active sur la culture, malgré la faible stabilité du produit en suspension. Examen des emballages Plus de cent emballages ont été testés, et deux parmi eux n’étaient pas totalement étanches. En conséquence, le produit phytosanitaire liquide pouvait se répandre inopinément. Comme cela constitue un risque potentiel pour l’utilisateur et pour l’environnement, la qualité de l’emballage doit être vérifiée et un meilleur type imposé si nécessaire.
Examen des étiquettes En moyenne, l’étiquette ou le mode d’emploi présentaient des erreurs chez 42 % des produits phytosanitaires examinés. C’est une proportion élevée, mais qui semble avoir tendance à baisser (tabl. 2). Les erreurs relevées dans les informations vont de points formels (absence de numéro de lot ou erreur de type de formulation) à des aspects significatifs sur le plan de la sécurité comme par exemple un dosage trop élevé, un délai d’attente trop court, un moment d’application erroné ou des applications non autorisées. Que se passe-t-il après le contrôle? Les résultats des contrôles sur le marché font toujours apparaître des défauts dans la qualité ou la composition des produits phytosanitaires. S’il s’agit de défauts mineurs, tels l’absence du numéro d’homologation sur l’étiquette, l’entreprise qui met le produit sur le marché doit corriger ce défaut dans un délai donné. Lorsqu’il s’agit de défauts entraînant un risque de sécurité, par exemple l’absence d’une restriction d’utilisation relative
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Production végétale | Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse
Figure 6 | Campagne de contrôle des produits phytosanitaires 2011. Test de stabilité en suspension de deux produits phytosanitaires contenant du folpet: l'échantillon de gauche montre une bonne stabilité en suspension, tandis que celle de l'échantillon de droite est i nsuffisante car la plus grande partie du produit se dépose au fond de la cuve au lieu de rester en suspension.
à la protection de la nappe phréatique, ou si le produit ne correspond pas au produit phytosanitaire homologué, cela peut être sanctionné par la suspension de l’homologation ou par son retrait. Ainsi, l’homologation du produit contenant du folpet qui présentait plusieurs défauts (fig. 3 et 4) a été suspendue.
Conclusions et perspectives Contrôle suisse intégré à un réseau international Les techniques de formulation des produits phytosanitaires évoluent constamment, de même que les exigences concernant la sécurité des personnes et de l’environnement. Pour ces raisons, il est important que les autorités responsables de l’exécution des contrôles sur le marché suivent régulièrement ces développements et y contribuent activement. Les spécialistes de la chimie des produits phytosanitaires à la station Agroscope peuvent apporter ici leur expérience de chercheurs et étendre leurs compétences. Ainsi, ils procèdent à des échanges réguliers avec les autorités parallèles de plusieurs pays voisins et participent activement aux groupes de travail germanophones sur les formulations de produits phytosanitaires (DAPF) et sur les méthodes analytiques pour les produits phytosanitaires (DAPA). Ces réunions sont
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des occasions d’échanges entre les autorités et l’industrie. Elles ont pour objectif d’assurer une procédure harmonisée, ainsi que de développer et de publier des tests physico-chimiques et des méthodes d’analyse éprouvées dans le cadre d’essais parallèles chez les différents partenaires. Cette coordination pose les bases nécessaires à des contrôles sérieux et objectifs des produits phytosanitaires mis sur le marché. Campagnes coordonnées Les produits phytosanitaires mis sur le marché suisse sont de très bonne qualité pour la plupart. Pourtant, les contrôles sur le marché révèlent parfois la présence de produits ne répondant pas aux exigences légales, ne correspondant pas aux besoins de la pratique agricole ou représentant un risque inutile pour les personnes et pour l’environnement. Souvent, ces défauts peuvent être corrigés assez facilement par le distributeur. Les contrôles sur le marché contribuent ainsi de manière efficace à l’amélioration de la qualité des produits phytosanitaires sur le marché suisse. Ils garderont leur importance dans le futur, grâce à la participation active des cantons, de l’OFAG et d’Agroscope dans les campagnes de contrôle. n
Controlli di mercato – la qualità dei prodotti fitosanitari in Svizzera Il controllo di mercato dei prodotti fitosanitari commerciati in Svizzera è eseguito in stretta collaborazione tra i laboratori cantonali, il servizio di omologazione dell’Ufficio federale dell’agricoltura (UFAG) e alla stazione di ricerca Agroscope. Dal 2008 al 2012 si è valutato in laboratorio, nell’ambito di cinque campagne, 106 prodotti fitosanitari sul loro contenuto e sulla qualità della sostanza attiva, come pure sulle proprietà fisico-chimiche più importanti. In questo contesto si sono evidenziate diverse carenze. In un caso un prodotto conteneva una sostanza attiva non dichiarata. Tuttavia, non furono riscontrati livelli troppo elevati relativi a impurità tossicologiche. Per quel che riguarda le proprietà fisicochimiche in ca. il 10 % dei casi si è riscontrato degli scostamenti dai requisiti. In un caso al posto di granulato era stata messa in commercio una polvere biancastra. In oltre il 40 % dei prodotti fu contestata l’informazione incompleta o non veritiera riportata sull’etichetta o nelle istruzioni d’uso. Complessivamente i controlli di mercato contribuiscono ad assicurare all’agricoltura dei prodotti fitosanitari di qualità e sicuri.
Summary
Riassunto
Contrôles sur le marché – la qualité des produits phytosanitaires en Suisse | Production végétale
Market control – quality of plant protection products in Switzerland In Switzerland, the market control of plant protection products is organized in a close collaboration of the cantonal laboratories, the registration authority and Agroscope. From 2008 to 2012, five campaigns with a total of 106 plant protection products were performed. The quality of the active ingredient and the most important physico-chemical properties of the samples were analyzed in the laboratory. One product did not contain the declared active ingredient. However, the concentrations of the relevant impurities with toxicological concerns were in all cases below the specified level. With respect to the physicochemical properties, about 10 % of the products did not meet all the requirements. In one case, a white powder was sold instead of water-soluble granules. Incorrect or insufficient information on the label was found with more than 40 % of the products tested. This had to be addressed and corrected by the responsible companies. The market control is important to maintain the safety and good quality of plant protection products in Switzerland. Key words: pesticide formulation quality, market control, FAO-specification.
Bibliographie ▪▪ Rapports KPVC (Plate-forme de coordination pour l'exécution du droit en matière de produits chimiques) sur les produits phytosanitaires. Accès: http://www.bag.admin.ch/anmeldestelle/03894/03895/index. html?lang=fr [20.08.2013] ▪▪ Deutschsprachige Arbeitskreise für Pflanzenschutzmittel-Formulierungen (DAPF) und für Pflanzenschutzmittel-Analytik (DAPA). Accès: http:// www.bvl.bund.de/DE/04_Pflanzenschutzmittel/01_Aufgaben/08_Produktchemie/psm_produktchemie_node.html [20.08.2013].
▪▪ FAO/WHO-Manual, 2010. Manual on Development and Use of FAO and WHO Specifications for Pesticides. First Edition, Second Revision, prepared by the FAO/WHO Joint Meeting on Pesticide Specifications (JMPS), Rome, 2010. Accès: http://www.fao.org/agriculture/crops/core-themes/ theme/pests/jmps/manual/en/ [20.08.2013]. ▪▪ Patrian B., Poiger T. & Müller M. D., 2005. Qualitätsbeurteilung von Pflanzenschutzmitteln. Agrarforschung 12 (1), 16–21. ▪▪ Patrian B., Bächli A. & Müller M. D., 2007. Qualität von Isoproturon- Herbiziden auf dem Schweizer Markt. Agrarforschung 14 (7), 306–311.
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Série ProfiCrops
La différenciation, pour renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses Anna Crole-Rees1, Martina Spörri1, Johannes Rösti2 et Christine Brugger1 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil 2 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon Renseignements: Anna Crole-Rees, e-mail: anna.crole-rees@agroscope.admin.ch, tél. +41 44 783 61 58
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Une différenciation réussie permet de vendre plus et/ou plus cher.
La stratégie de la différenciation permet de mieux comprendre et cibler les besoins et les préférences des différents groupes de consommateurs et ainsi, de vendre plus et/ou plus cher. Les travaux du module Consommateurs de ProfiCrops ont donc porté sur la stratégie de différenciation et comportaient deux objectifs: donner les moyens de mieux différencier les produits suisses et lier ces différenciations aux préférences des consommateurs en Suisse. Plusieurs études ont montré qu’une ouverture des marchés induira une concurrence accrue entre les produits agricoles d’origine suisse et étrangère. Il est donc essentiel de renforcer la confiance des consommateurs envers les produits d’origine suisse. C’est aussi un des objectifs formulés par le programme de recherche ProfiCrops d’Agroscope: «La production végétale a un avenir si les consommatrices et consommateurs préfèrent les produits suisses» (Agroscope 2008). S’il est essentiel de consolider la compétitivité de la production végétale, il s’agit de pri-
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vilégier la stratégie de domination par la différenciation par rapport à la stratégie de domination par les coûts. Cette contribution montre, dans un premier temps, que la différenciation requiert la définition et la mesure objective de la notion de qualité. L’approche par la différenciation est ensuite décrite ainsi que les préférences des consommateurs. Des recommandations pour la recherche comme pour les acteurs du secteur de la production végétale sont ensuite proposées. La notion de qualité La qualité est un élément de base pour établir la confiance des consommateurs envers les produits de la production végétale d’origine suisse. La question est de savoir ce que l’on entend par qualité et comment caractériser et mesurer cette promesse envers les acheteurs. Les principaux éléments définissant la qualité concernent les caractéristiques intrinsèques du produit, son mode et lieu de production et sa disponibilité (fig. 1).
La différenciation, pour renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses | Eclairage
Le programme de recherche Agroscope ProfiCrops (www.proficrops.ch) a pour objectif de contribuer à garantir la compétitivité de la production végétale suisse dans un cadre de plus en plus libéralisé et de renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses. Les hypothèses posées en début de programme stipulaient que l’efficience de la production devait être améliorée, l’innovation et la valeur ajoutée augmentées, la confiance des consommateurs renforcée et les conditions cadres modifiées. Ces quatre aspects ont fait l’objet de recherches inter-disciplinaires, sous forme de modules: Efficience, Innovation, Consommateurs et Conditions cadres, et de projets intégrés et associés: Feu Bactérien, ProfiVar, ProfiGemüse CH, Coopération d’assolement, ProfiViti, WIN4 et FUI.
*(http://www.agroscope.admin.ch/proficrops/05367/index.html?lang=fr)
Le nombre d’attributs a fortement augmenté durant les dernières décades. Les critères ne comportent plus seulement des éléments agronomiques ou de stockage, mais aussi des caractéristiques sensorielles, d’origine géographique, de mode de production incluant les aspects sociaux et environnementaux. Les raisons de cette augmentation du nombre d’attributs sont multiples. Les nouvelles connaissances scientifiques ont permis de mieux caractériser les différents profils de la qualité. Les habitudes alimentaires se sont modifiées, avec l’augmentation des revenus, les changements de priorisation des dépenses et de mode de vie, la disponibilité accrue en information en général et sur les produits, etc. La structure des marchés a aussi fortement évolué, avec un niveau de concentration plus élevé et avec des chaînes de commercialisation plus ou moins longues.
Comme l’a montré la journée d’information Agroscope à Changins sur la qualité le 8 février 2013 (Jeangros et Levy 2013), les différents acteurs des chaînes de valeur ont tous des besoins et des préférences concernant la qualité lors de l’achat de produits agricoles – du producteur au consommateur en passant par l’industriel et le détaillant. Toutefois, les critères pris en compte par les différents groupes d’acteurs et leur priorisation peuvent varier. Tout aussi important: les besoins et les préférences ne sont pas homogènes entre les différents produits comme au sein d’un groupe d’acteurs. Au sein de la transformation, les fabricants de frites n’ont pas les mêmes besoins que les producteurs de chips en termes de taux d’amidon et de forme de pommes de terre. De la même manière, les producteurs de pommes de terre peuvent avoir des préférences différentes concernant
Produit • Sensoriel • Arôme • Goût • Aspect • Texture • Sanitaire • Sécurité • Calibre • Aptitude à la transformation
La série d’articles «ProfiCrops» publiée cette année dans Recherche Agronomique Suisse permet de diffuser une sélection de résultats et de solutions pour maintenir la compétitivité de la production végétale en Suisse. Ces résultats et solutions sont exemplaires. Un rapport de synthèse sera disponible début 2014. L'article «La différenciation, pour renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses», lié au module Consommateurs*, met en lumière les défis de la recherche pour le développement de produits inspirant la confiance des consommateurs suisses et du besoin de la mobilisation de l’ensemble des acteurs pour y parvenir.
Disponibilité
Processus • Mode de production
• Stockage
• Traçabilité
• Transport
• Provenance • Suisse ou non • Local-régional, montagne
• Saisonnalité
• Authenticité, artisanal, agriculture familiale • Environnement, durabilité • Food miles • Ecobilan • Equitable, aspects sociaux • Bien-être animal
Figure 1 | Liste des attributs pouvant être inclus dans la notion de qualité. (Source: Adapté de Spörri 2012 et Réviron 2010)
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Eclairage | La différenciation, pour renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses
Production
• Marges • Organisation travail • Qualité • Rotation •…
Transformation Commerce
• Prix • Qualité • Stockage • Disponibilité • Relations fournisseurs •…
Consommation
• Qualité • Utilisation • Disponibilité • Prix •…
Figure 2 | La place de la qualité chez les acteurs de la chaîne de valeur. (Source: Crole-Rees, Spörri, Rösti et Brugger 2013)
les variétés et leur potentiel ainsi que des exigences ou besoins variés, liés à leur lieu de production, type de sol, rotation, etc. L’approche par la différenciation L’approche par la différenciation est un cadre d’analyse permettant de valoriser les différents attributs liés à la notion de qualité. Elle est aussi une stratégie de positionnement sur le marché qui sert à relâcher la concurrence et à mieux répondre aux préférences hétérogènes des consommateurs, en offrant des produits différents de ceux de la concurrence, en vue de vendre plus et/ou plus cher. Enfin, elle est l’ensemble des procédés par lesquels une entreprise ou un secteur va obtenir un produit ou service différent des entreprises ou régions productrices concurrentes. Lancaster (1975) distingue deux types de différenciation: Objective. Elle donne au produit une réelle différence en termes de caractéristiques, en général mesurables. Par exemple: la sélection d’un soja avec un hile incolore permet son utilisation pour la fabrication du tofu, les recherches menant aux recommandations pour éviter les taches vertes sur les pommes de terre, les travaux sur le stockage permettant d’étendre la période de commercialisation, la mise sur pieds du label Swiss Garantie, garantissant l’origine, etc. Subjective. Elle modifie la façon dont les consommateurs perçoivent un produit. Cette différenciation se fait notamment par le biais de la publicité qui change l’image d’un produit auprès des consommateurs. Toutefois, les consommateurs n’ayant pas les mêmes préférences, il faut encore distinguer la différenciation objective: ••Verticale: si les consommateurs préfèrent de manière unanime l’un des biens à l’autre (le bien A au bien B), alors les deux biens sont considérés comme différenciés verticalement.
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••Horizontale: si les consommateurs n’ont pas les mêmes préférences sur les deux biens, alors ces derniers sont considérés comme différenciés horizontalement. Les deux biens peuvent coexister sur le marché. Cela est particulièrement le cas avec les pommes (Spörri 2012). Il s’agira donc d’offrir des qualités spécifiques à des groupes de consommateurs différents. Le colza HOLL (Baux et al. 2013) convient plus particulièrement aux industriels. La stratégie de différenciation objective permet de mettre en valeur des caractéristiques des produits et, en cas de succès, de vendre plus et/ou plus cher. Cette stratégie a un coût. Elle induit une plus grande segmentation du marché et donc des coûts de production, de commercialisation et de communication (Réviron 2010). Les possibilités de stratégies de différenciation s’accroissent avec l’augmentation du nombre d’attributs. Toutefois, la stratégie de différenciation exige aussi de plus en plus de mesures, liées à la promesse de qualité et de connaissances, concernant les besoins et préférences des différents groupes d’acteurs. Par exemple, informer les consommateurs sur les aspects environnementaux est complexe, le nombre de paramètres et leur interprétation étant nombreux (Koch 2011). Le défi est aussi lié au fait que ces besoins et préférences ne sont pas toujours explicitement exprimés par les différents groupes d’acteurs. Les préférences des consommateurs en Suisse Les consommateurs sont les clients finaux des chaînes de valeur. Ils ne sont pas homogènes et les différents attributs de la figure 1 sont hiérarchisés de manière différente par les différents groupes de consommateurs, selon leur niveau de revenu, le genre, la composition de leur ménage comme aussi le moment et le lieu d’achat, entre autres. Par exemple, la consommation de pommes de terre à chair ferme augmente avec l’âge (OFAG 2012). Réviron (2010) identifie quatre groupes de consommateurs en Suisse: les «chasseurs de prix», les «fidèles
La différenciation, pour renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses | Eclairage
suisses», les «orientés suisses» et les «gourmets». Les trois derniers groupes représentent plus de 70 % des consommateurs. Ces derniers sont prêts à payer un prix plus élevé pour les produits suisses, d’autant plus qu’ils les estiment différents par leur mode de production et leurs caractéristiques intrinsèques (goût, arôme, fraîcheur) des produits importés. Les perspectives de différenciation Renforcer la confiance des consommateurs et consommatrices envers les produits suisses est essentiel pour permettre de maintenir le positionnement du secteur de la production végétale suisse. Afin de remplir cet objectif, les différentes initiatives menées au sein du programme ProfiCrops montrent que: ••L’approche par la différenciation permet, en cas de succès, de vendre plus et/ou plus cher. Elle consiste à offrir le produit préféré au client spécifique. ••La différenciation requiert la définition et la mesure objective des attributs de qualité. Le nombre d’attributs, en augmentation, varie selon beaucoup de facteurs. Il peut être différent selon le groupe d’acteurs, groupe dont les membres peuvent avoir des préférences hétérogènes. ••Une stratégie de différenciation induit des coûts. Elle doit donc viser les consommateurs intéressés à payer une plus-value liée à leurs préférences. Une majorité des consommateurs en Suisse sont prêts à payer plus pour l’origine suisse (différenciation verticale).
Bibliographie ▪▪ Agroscope, 2008. ProfiCrops: Neue Wege für einen zukunftsfähigen Pflanzenbau in der Schweiz unter liberalisierten Marktbedingungen. P rogrammbeschrieb. ▪▪ Baux A., Sergy P. et Pellet D., 2013. Le colza HOLL en Suisse: de la production pilote à la production à grande échelle. Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8), 344–347. ▪▪ Bertschinger L., Corelli-Grappadelli L., Derkx M. P. M., Hall S., Kockerols K., Sijtsema S. J., Steiner S., Van Der Lans I. A., Van Schaik A. C. R. & Zimmermann K. L., 2009. A search for a systematic method to bridge between pre-harvest, postharvest, and consumer research aimed at increasing fruit consumption: The «Vasco da Gama» process. Journal of Horticultural Science & Biotechnology ISAFRUIT Special Issue 2–6. ▪▪ Brugger C., Sijtsema S. J., 2012. Exploration of consumer and sensory r esearch in the House of Quality: Sweet and sour taste preferences for fruit. Scripta Horticulturae 16, 55–59. ▪▪ Brugger C., 2012. Sensorik – Chancen und potentieller Einsatz in der Qualitätsdifferenzierung. Vortrag, Kernobstseminar Swisscofel, 05. Juni 2013, Kartause Ittingen. ▪▪ Crole-Rees A., Spörri M., Rösti J. & Brugger Ch., 2013. Différencier les pommes de terre pour mieux répondre à la demande des consommateurs suisses? Présentation faite lors de la journée «La qualité dans les grandes cultures: un défi pour la recherche». Journée d’information, 8 février
••Tous les acteurs d’une chaîne de valeur doivent donc poursuivre les efforts de communication permettant aux acteurs d’exprimer leurs besoins et préférences d’une part, et, d’autre part, de valoriser les attributs spécifiques liés à la qualité, particulièrement ceux liés à une production et une transformation suisse. Cela requiert un renforcement de la coordination des filières. ••La recherche doit poursuivre les efforts de différenciation objective en tenant compte de différents groupes de consommateurs, de produits (consommés frais ou transformés), des exigences agronomiques, etc (Spörri 2012). Le développement et la valorisation d’outils permettant de mieux cibler la qualité, par exemple, comme la House of Quality (Bertschinger et al. 2009; Brugger & Sijtsema 2012; Brugger 2012), c’est-à-dire fournir le «bon» produit au «bon» consommateur, doivent se poursuivre. Elle doit aussi continuer à s’impliquer avec les acteurs des chaînes de valeur. Des exemples de succès sont: le colza HOLL (voir article ProfiVar, Baux et al. 2013) et les recommandations pour une production de blé à forte teneur en gluten. n
ProfiCrops Programmes de recherche Agroscope
2013. Agroscope ACW Changins. Accès: http://www.agroscope.admin. ch/praxis/00211/07029/index.html?lang=fr [18.06.2013]. ▪▪ Jeangros B. et Levy L., 2013. La qualité dans les grandes cultures: un défi pour la recherche. Journée d’information, 8 février 2013. Agroscope ACW Changins. Accès: http://www.agroscope.admin.ch/praxis/00211/07029/ index.html?lang=fr [18.06.2013]. ▪▪ Koch P. & Gaillard G., 2011. Förderung des nachhaltigen Konsums von L ebensmitteln – Welchen Beitrag können Ökobilanzen leisten? Ökobilanzen und Umweltproduktinformationen. Sicht der Forschung (2). Présentation lors de l’atelier de travail, Module 3 Consommateurs, ProfiCrops, Berne, 18.1.2011. ▪▪ Lancaster K.J. 1975. Socially Optimal Product Differentiation. The American Economic Review 65 (4), 567–585. ▪▪ OFAG, 2012. Bulletin du marché des pommes de terre. Aperçu rétrospectif de l’année 2011. Avril 2012. ▪▪ Spörri Eggenberger M., 2012. ProfiCrops: Ziele der Produktdifferenzierung im Schweizerischen Pflanzenbau: Review. Agroscope Wädenswil. 30.10.2013. ▪▪ Réviron S., 2010. Création de valeur auprès des consommateurs par la différentiation des produits des filières agricoles. Présentation lors de l’atelier de travail, Module 3 Consommateurs, ProfiCrops, Berne, 17.11.2010.
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Culture du colza: des scientifiques de quatre continents font le point à Changins Didier Pellet et Alice Baux Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, case postale 1012, 1260 Nyon 1 Renseignements: Didier Pellet, e-mail : didier.pellet@agroscope.admin.ch, tél: +41 22 363 47 16
Ambiance printanière pour la traditionnelle photo de groupe.
Du 28 avril au 1er mai dernier, les rencontres techniques du GCIRC (Groupe Consultatif International de Recherche sur le Colza) ont été organisées par Agroscope Changins-Wädenswil à Changins. Cette réunion a été l’occasion pour les spécialistes du colza de quinze pays de faire le point et d’échanger sur les derniers développements en culture de colza. Vers la fin de l’hégémonie du biodiesel en Europe? Le marché mondial du colza est fortement influencé par la production de biodiesel qui absorbe 10 % de la production totale, soit 16,5 millions de tonnes par année. A elle seule, l’Union européenne des 27 (UE-27) utilise actuellement dans ce but presque 10 millions de tonnes de graines, dont la moitié est importée (principalement d’Ukraine et d’Australie). Pourtant, en octobre 2012, une révision des objectifs énergétiques, assortie de
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mesures pour limiter la production de gaz à effets de serre, ainsi que d’autres mesures agri-environnementales ont résonné comme un coup de tonnerre dans un ciel jusque-là sans nuages! Les experts prédisent qu’à court terme l’UE-27, qui consacre actuellement ¾ de sa production au biodiesel, passera du statut d’importateur net de colza à celui d’exportateur, pour couvrir une demande croissante en Chine, au Proche et MoyenOrient ainsi qu’en Afrique du Nord. Au sein de l’UE-27, l’augmentation de la consommation d’huile de colza alimentaire est peu vraisemblable, bien que le colza y représente seulement 19% de l’huile alimentaire, soit une part inférieure à ce qui est observé en Suisse (25 %) et très loin des 54 % du Canada. Une spécialiste canadienne des marchés a conclu que la politique énergétique de l’UE a freiné l’amélioration de la qualité de cette huile alimentaire. Le développement du colza
Culture du colza: des scientifiques de quatre continents font le point à Changins | Eclairage
HOLL (huile de colza pour la friture) est une illustration de ce phénomène. L’importance de ce nouveau segment de marché reste limité en Europe (0,5 % des surfaces en France, Allemagne, Autriche, pays nordiques), alors qu’il constitue en Suisse 30 % d’un marché intérieur presque uniquement alimentaire. Sélection: suprématie des hybrides L’augmentation des surfaces de colza en Europe ces dernière années s’est faite de pair avec l’émergence d’hybrides, plus productifs, plus stables et dotés de bonnes qualités agronomiques, comme la tolérance au froid. Avec 90 % d’hybrides semés, la Suisse figure parmi les leaders européens dans ce domaine, démontrant une fois de plus que notre agriculture est prompte à adopter les innovations. Des travaux prometteurs de sélection sur le système racinaire en Allemagne ont été présentés. Ils permettraient une plus grande tolérance au stress hydrique et une meilleure absorption des nutriments qui pourrait améliorer la stabilité des rendements même avec une fertilisation réduite. En Australie, on s’intéresse également à la résistance au stress hydrique et aux températures élevées, couplée à une tolérance aux herbicides, puisque ces variétés occupent 90 % des surfaces. Résistance à la hernie du choux La hernie du choux cause une déformation du pivot qui précède la dégénérescence de la plante et peut rendre les parcelles contaminées inaptes à la culture du colza. Ce problème largement répandu est amplifié dans les sols acides ou par une charge importante en crucifères dans la rotation. En complément du chaulage, l’utilisation de variétés tolérantes est un moyen de lutte efficace. Des programmes de sélection canadiens et allemands sont en voie de fournir de nouvelles variétés résistantes à un large spectre de pathotypes du champignon (Plasmodiophora brassicae), qui permettront la relève de Mendel, la seule variété résistante à la hernie cultivée en Suisse, où le problème est heureusement peu répandu. Résistance au phoma En 2003, l’Australie a vécu une perte subite de résistance au phoma d’une variété jusqu’alors très résistante. Cette catastrophe économique a décidé les chercheurs à réorienter leur stratégie. Parallèlement à la recherche de variétés résistantes, un monitoring des souches de phoma permet de suivre les gènes d’avirulence qui permettent au champignon de contourner les résistances variétales. Ainsi, les variétés dont les résistances sont sur le point d’être percées peuvent être retirées à temps du marché, pour éviter de nouvelles catastrophes.
Techniques culturales Dans le cadre de la nouvelle politique agricole, la France recherche des solutions pour limiter l’utilisation d’intrants dans les cultures. Le semis du colza en association avec une légumineuse pourrait permettre de réduire les apports d’engrais azotés et de pesticides, sans pénaliser le rendement. Bien qu’en pleine expansion, le colza, avec ses 80’000 ha, reste une culture mineure en Argentine, par rapport aux 22’000’000 ha de cultures oléagineuses dans ce pays. Il s’agit principalement de variétés de colza de printemps, les besoins de vernalisation n’étant pas toujours remplis pour les variétés d’hiver. Récolté avant le blé, le colza permet un semis de maïs ou de soja plus précoce, ce qui lui donne une place intéressante dans la rotation. La demande toujours croissante en biodiesel et la stabilité de sa qualité permettent d’assurer les débouchés du colza en Argentine. Enfin, la lutte contre les méligèthes reste un enjeu important de la production de colza en Europe. L’outil d’aide à la décision Pro-plant Expert propose une alerte lorsque le seuil de traitement est atteint, permettant ainsi de limiter les traitements préventifs et de retarder l’apparition de résistances, et donc de prolonger la durée de vie des insecticides. Composition et utilisation du colza L’utilisation du tourteau de colza dans l’alimentation des porcs fait l’objet de plusieurs recherches, notamment en Allemagne et au Danemark. Les teneurs en glucosinolates et en fibres sont les principaux facteurs limitant son utilisation. Les variétés à graines jaunes contiennent moins de fibres (lignine), ce qui améliore leur qualité nutritionnelle. Les techniques d’extraction d’huile peuvent également influencer fortement la qualité du tourteau. De récentes études ont également confirmé l’importance de l’acide alpha-linolénique. Cet acide gras essentiel présent en proportion élevée dans l’huile de colza, précurseur d’autres acides gras polyinsaturés à longues chaînes, semble jouer un rôle protecteur contre les maladies cardiovasculaires et inflammatoires. Les deux jours de conférence se sont conclus par une journée de visite au champ, lors de laquelle les participants ont pu apprécier les recherches d’Agroscope sur le colza, en particulier le développement des variétés HOLL en Suisse, ainsi que la plateforme de démonstration de fenaco. Rendez-vous est pris pour les prochaines rencontres techniques du GCIRC qui auront lieu en 2017, n vraisemblablement en Suède.
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P o r t r a i t
Anette van Dorland: une âme de chercheuse, un cœur d’aventurière De ses études de bachelor à son poste actuel de professeure en physiologie de la nutrition et nutrition des ruminants à la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, Anette van Dorland a toujours suivi ses intérêts. Une bonne dose de persévérance et un soupçon de chance en plus lui ont permis de réaliser à chaque fois ses aspirations professionnelles. Sa prédilection pour l’agriculture – pour les bovins en particulier – remonte à l’enfance, puisqu’elle a grandi dans un village rural des Pays-Bas. Mais ce n’est qu’au moment de choisir une orientation, après avoir exploré plusieurs voies de formation et accompagné un vétérinaire quelques jours, que les choses sont devenues claires: «Je suis fascinée par les vaches, mais le côté “sanglant” de l’activité de vétérinaire n’est pas vraiment mon truc.» Se laisser guider par ses intérêts Dans le cadre du bachelor, elle se spécialise en agriculture tropicale et subtropicale. «Les vaches devaient être au centre de mes études. Et quand on est jeune, on a aussi envie d’aventure. C’est pour cela que j’ai choisi l’agriculture dans le domaine international», explique-telle. Pendant ses trois années d’études à l’International Agriculture College de Larenstein, ponctuées de séjours en Zambie et en Albanie, elle se découvre aussi une âme de chercheuse. Cela sera son métier. Elle débute des études de master à Wageningen, une étape intermédiaire mais nécessaire, car l’objectif qu’elle s’est fixé ne sera pas atteint avant d’avoir le doctorat en poche. Or, elle ne trouve aucun poste attrayant sur le moment. Fidèle à ses intérêts et à son goût pour l’aventure, elle s’engage alors pour une durée de trois ans en Ethiopie – dans un territoire aussi vaste que l’Allemagne – au sein d’une équipe interdisciplinaire (International Livestock Research Institute, ILRI) menant une étude de caractérisation des animaux de rente sur le terrain. Retour en Europe Le doctorat, Anette van Dorland n’y a pas renoncé pour autant. Un ami l’informe justement qu’une place de doctorant est vacante à l’ETH de Zurich dans le domaine de l’alimentation animale. La vie a voulu qu’elle ne retourne pas aux Pays-Bas; qu’après avoir vécu dans l’une des régions les plus pauvres du monde, elle aille dans l’une des plus riches. «J’ai tout de suite beaucoup aimé la
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Suisse, même si j’ai peu visité le pays pendant mon doctorat», se rappelle-t-elle. Sa thèse achevée, elle trouve un poste à la faculté Vetsuisse de l’Université de Berne. Elle passe six ans à Posieux, où elle étudie le métabolisme du foie chez les vaches laitières et participe notamment à un projet de recherche mené conjointement avec la HAFL. «Je me suis tout de suite rendu compte qu’ils faisaient aussi des recherches passionnantes à Zollikofen. Cette impression m’est restée.» Depuis août 2012, Anette van Dorland travaille à la HAFL. Elle y transmet ses connaissances à de jeunes étudiants enthousiastes et y fait de la recherche. «Un bon mélange», souligne-t-elle. Elle en a profité pour élargir son domaine de compétences: l’alimentation des chevaux est dorénavant au programme. L’occasion pour elle, une fois de plus, de concilier son travail et ses intérêts. Matthias Zobrist, Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen
A c t u a l i t é s
Actualités La recherche microbiologique en pleine mutation Des microbiologistes environnementaux venus du monde entier se sont réunis du 9 au 13 juin 2013 à l’occasion de la 12e conférence de «Bacterial Genetics and Ecology» (BAGECO 12) qui s’est tenue à Ljubliana en Slovénie. Tous les deux ans, cette conférence institue une plateforme d’échange pour les nouvelles connaissances et tendances. Cette année, la conférence était axée sur le transfert génétique et l’évolution, les interactions microbiennes, les microorganismes et les plantes, la diversité microbienne et les prestations écosystémiques ainsi que les réactions microbiennes aux facteurs de contrainte anthropiques.
www.feedbase.ch: la nouvelle base de données des aliments pour animaux Rechercher des données sur les fourrages grossiers provenant de l’enquête annuelle sur les fourrages secs et se référant à une région ou à une altitude déterminées en Suisse, telle est l’offre de la nouvelle base de données des aliments pour animaux d’Agroscope, en plus des requêtes habituelles, telles que la recherche des
Lors de la conférence, il est apparu clairement que la recherche microbiologique se trouvait en pleine mutation et que le diagnostic génétique ultramoderne était appliqué dans tous les domaines. Des génomes de bactéries inconnues jusqu’ici ont par exemple été décodés ou des milliers d’espèces d’un échantillon prélevé dans l‘environnement décrites en une seule analyse. La conférence a montré de façon impressionnante quel immense potentiel ces informations recelaient pour la microbiologie, la recherche sur les sols, la biotechnologie et l’agriculture. Laure Weisskopf, Franco Widmer, Martin Hartmann, Nejc Stopnisek, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
valeurs moyennes de nutriments et de valeurs nutritives de plus de 600 aliments simples et fourrages grossiers destinés aux ruminants, aux porcs, aux chevaux et aux volailles. Mais la nouvelle base de données offre encore bien d’autres possibilités. Monika Boltshauser, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras
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Actualités
Nouvelles publications
www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen Rapport ART 762
Matériaux servant à l’occupation des porcs à l‘engrais Qu’est-ce qui intéresse les porcs ?
Février 2013
Matériaux servant à l’occupation des porcs à l‘engrais
Rapport ART 762 Pour que la détention des porcs à l’engrais soit conforme aux besoins de l’espèce, les animaux doivent avoir accès à des matériaux manipulables leur permettant de se distraire. Ces matériaux satisfont leurs besoins comportementaux et évitent les dommages économiques liés aux morsures à la queue (caudophagie). La révision de l’Ordonnance sur la protection des animaux prévoit qu’à partir d’août 2013, les porcs doivent pouvoir s’occuper en tout temps avec de la paille, du fourrage grossier ou d’autres matériaux semblables. L’application de cette disposition soulève plusieurs questions pour les éleveurs et éleveuses. Quels sont les matériaux qui intéressent les porcs? Les porcs sont-ils suffisamment occupés avec un bâton à ronger? Combien de râteliers à paille faut-il pour un groupe de quelle taille? Plusieurs études réalisées ces dernières années à ART ont permis de répondre à ces questions. Autrices et auteurs
Bettina Zwicker, Beat Wechsler Office vétérinaire fédéral OVF, Centre spécialisé dans la détention convenable des ruminants et des porcs, 8356 Ettenhausen
Roland Weber Agroscope, Centre spécialisé dans la détention convenable des ruminants et des porcs, 8356 Ettenhausen Renseignements: Roland Weber, e-mail: roland.weber@agroscope. admin.ch, tél.+41 052 368 33 74 Impressum
Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction: ART
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Fig. 1 : Les porcs doivent pouvoir se distraire en permanence à l’aide de paille, de fourrage grossier ou d‘autres matériaux similaires. ( Photos : Agroscope )
Pour que la détention des porcs à l’engrais soit conforme aux besoins de l’espèce, les animaux doivent avoir accès à des matériaux manipulables leur permettant de se distraire. Ces matériaux satisfont leurs besoins comportementaux et évitent les dommages économiques liés aux morsures à la queue (caudophagie). La révision de l’Ordonnance sur la protection des animaux prévoit qu’à partir d’août 2013, les porcs doivent pouvoir s’occuper en tout temps avec de la paille, du fourrage grossier ou d’autres matériaux semblables. L’application de cette disposition soulève plusieurs questions pour les éleveurs et éleveuses. Quels sont les matériaux qui intéressent les porcs? Les porcs sont-ils suffisamment occupés avec un bâton à ronger? Combien de râteliers à paille faut-il pour un groupe de quelle taille?
Plusieurs études réalisées ces dernières années à ART ont permis de répondre à ces questions. On constate que des matériaux variés arrivent à occuper suffisamment les porcs à l’engrais. Cependant, il est évident que l’attrait exercé par la quasi-totalité des matériaux testés diminue au fil du temps. L’idéal serait donc de proposer aux porcs différents matériaux en alternance. Par rapport au bouchon de paille, le bâton à ronger a davantage incité les porcs à l’exploration. Lorsqu’un groupe de porcs à l’engrais disposait de plusieurs râteliers, le pourcentage d’animaux occupés avec de la paille augmentait. Les résultats ont montré comment optimiser le nombre de râteliers disponibles par rapport à la taille du groupe.
On constate que des matériaux variés arrivent à occuper suffisamment les porcs à l’engrais. Cependant, il est évident que l’attrait exercé par la quasitotalité des matériaux testés diminue au fil du temps. L’idéal serait donc de proposer aux porcs différents matériaux en alternance. Par rapport au bouchon de paille, le bâton à ronger a davantage incité les porcs à l’exploration. Lorsqu’un groupe de porcs à l’engrais disposait de plusieurs râteliers, le pourcentage d’animaux occupés avec de la paille augmentait. Les résultats ont montré comment optimiser le nombre de râteliers disponibles par rapport à la taille du groupe. Bettina Zwicker et Beat Wechsler Office vétérinaire fédéral OVF, Centre spécialisé dans la détention convenable des ruminants et des porcs, Ettenhausen Roland Weber Agroscope, Centre spécialisé dans la détention convenable des ruminants et des porcs, Ettenhausen
Communiqués de presse
www.agroscope.admin.ch/communiques 08.08.2013 La World Food LCA database: un projet international pour des données agroalimentaires de qualité Comment améliorer la réalisation et la communication des empreintes environnementales des produits agroalimentaires? Une nouvelle base fournissant des données fiables et actualisées pour les analyses du cycle de vie (ACV) des aliments et des boissons a été lancée par Agroscope et Quantis.
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Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 409–411, 2013
08.07.2013 Agroscope sur la trace des variétés perdues La collection nationale des plantes cultivées d’Agroscope à Changins conserve les semences de milliers de variétés anciennes et modernes, lignées et populations pour préserver la biodiversité de demain. Cette banque de gènes, qui constitue aussi une mine de ressources pour la sélection de futures variétés, a pu retrouver des variétés d’avoine, de seigle, d’orge et de lin d’origine suisse qui avaient disparu du pays mais étaient encore conservées dans des collections à l’étranger.
Actualités
Liens Internet
Manifestations
Application durable des produits phytosanitaires www.nap-pflanzenschutz.de/indikatoren-undanalysen/risikoanalyse-synops/ Les indicateurs de risque liés à la protection des plantes se réfèrent actuellement principalement aux risques pour l'écosystème. Les modèles assistés par ordinateur, comme par exemple SYNOPS (évaluation synoptique des produits phytosanitaires), permettent de calculer les modifications relatives aux risques pour les écosystèmes aquatiques et terrestres qui sont occasionnés par les applications de produits phytosanitaires.
V Doa rnssc hl ea up r o c h a i n n u m é r o Octobre 2013 / Numéro 10 Les produits agricoles pourvus d’une appellation d’origine protégée (AOP), tels que la Tête de Moine, bénéficient sur le marché d’une valeur ajoutée en tant que produits fabriqués traditionnellement et dotés d’une origine géographique définie. Des chercheurs d’Agroscope ont mis au point une méthode basée sur une culture de bactéries traceuses afin de pouvoir certifier l’origine de la Tête de Moine AOP.
••Culture de certification de l’origine pour la Tête de Moine AOP, John Haldemann et al., ALP-Haras •• Souchet comestible (Cyperus esculentus L.): situation actuelle en Suisse, Christian Bohren et Judith Wirth, ACW •• Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des prés, Daniel Suter et al., ART et ACW
Septembre 2013 13. – 15.09.2013 Equus helveticus Haras national suisse HNS Avenches Octobre 2013 01.10.2013 AlpFUTUR – Avenir de l’estivage en Suisse – Conférence finale AlpFUTUR Verbund (Agroscope, WSL) Schüpfheim LU 02.10.2013 7. Ökobilanzplattform Agroscope Agroscope, 8046 Zurich Novembre 2013 05. – 06.11.2013 Weiterbildungskurs für Baufachleute Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Ettenhausen Janvier 2014 18. 01. 2014 Journée d’information HAFL Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL Zollikofen Informations: www.hafl.bfh.ch 21. – 24.01.2014 Agroscope à Agrovina Martigny
••Sensibilité de la pomme de terre aux pourritures de tiges provoquées par Dickeya spp., Jérémie Rouffiange et al., Institut Supérieur Industriel agronomique Huy-Gembloux, Université de Haute Alsace et ACW ••Série Proficrops: Transfert de connaissances en cultures maraîchères suisses, Robert Baur et al., ACW ••Série Proficrops: Recherche pour une production fruitière suisse durable, malgré le feu bactérien, Esther Bravin, ACW •• Développement éclair de nouveaux outils de diagnostic pour l'agronomie, Christophe Debonneville et al., ACW
Informationen: Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen www.agroscope.admin.ch/manifestations
Recherche Agronomique Suisse 4 (9): 409–411, 2013
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Du 13 au 15 septembre prochain, Avenches sera une nouvelle fois placée sous le signe du cheval grâce à Equus helveticus, festival équestre devenu incontournable. Avec le National FM, finales suisses de sport et d’élevage des Franches-Montagnes, le Championnat suisse des chevaux de sport CH, de même que des courses de trot et de
Festival du cheval
Pferdefestival
galop, près de mille chevaux et vingt fois
13 - 15. 9. 2013 AVENCHES
plus de visiteuses et visiteurs sont attendus à Avenches.
www.equus-helveticus.ch
Mittwoch, 02. Oktober 2013
7. Ökobilanzplattform Landwirtschaft Ökodesign in der Land- und Ernährungswirtschaft
Agroscope
Forschungsanstalt Agroscope
Detailprogramm und Anmeldung www.agroscope.ch > Veranstaltungen > 7. Ökobilanzplattform
Themen • Konzept des Ökodesigns in Landwirtschaft und Industrie • Datenbanken und Ökobilanzen als Grundlage für Ökodesign • Anwendungsbeispiele in Landwirtschaft und Lebensmittelindustrie • Umweltpolitik: Entwicklung eines Systems zur Produktumweltinformation
Tagungsort Forschungsanstalt Agroscope, Vortragssaal Reckenholzstrasse 191, 8046 Zürich
Infomarkt Posterausstellung rund um das Thema Ökodesign
Anmeldeschluss ist der 13. September 2013