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Recherche Agronomique Suisse 2 0 1 2

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N u m é r o

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Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich

S e p t e m b r e

Production végétale La banque de gènes nationale d’Agroscope ACW hier, aujourd’hui et demain Environnement

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Installations de récupération de chaleur: un climat d’étable optimal en été ­également

Production animale Estimation de la valeur nutritive de l’ensilage de maïs

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Depuis plus de 100 ans, la banque de gènes d’Agroscope ACW conserve la diversité des variétés locales, qui constituent le patrimoine génétique national et ­assurent la sécurité alimentaire en cas de besoin. Les techniques de conservation permettent le maintien à long terme d’un nombre ­important d’espèces. ­ (Photo: Carole Parodi, ACW) Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées. Editeur Agroscope Partenaires bA groscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW; ­ Agroscope Liebefeld-Posieux et Haras national suisse ­A LP-Haras; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART) b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne b Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen b Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b E cole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement

Sommaire Septembre 2012 | Numéro 9 407 Editorial 408

d’Agroscope ACW hier, aujourd’hui et demain Geert Kleijer, Arnold Schori et Beate S­chierscher Production végétale Ray-grass anglais: 62 variétés ont dû faire 414

leurs preuves Daniel Suter, Hansueli Hirschi, Rainer Frick et Philippe Aebi Production végétale La protection des utilisateurs dans 422

l’homologation des produits ­phytosanitaires

Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch

Olivier Sanvido, Carsten Hippe et Livia Bergamin Environnement Installations de récupération de chaleur: 428

un climat d’étable optimal en été ­également

Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP-Haras), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Philippe Droz (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich) Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch

Markus Sax, Ludo Van Caenegem et Matthias Schick Production animale Le lait de vache facilite la transition 436

­alimentaire chez les porcelets sevrés Andreas Gutzwiller Production animale Estimation de la valeur nutritive de l’en442

silage de maïs

Changement d'adresse e-mail: verkauf.zivil@bbl.admin.ch, Fax +41 31 325 50 58 Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse © Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS

Production végétale L a banque de gènes nationale

Yves Arrigo et Peter Stoll Eclairage Mission en Russie pour soutenir la culture 450

de la pomme de terre Công-Linh Lê 454 Portrait 455 Actualités 459 Manifestations


Editorial

Les banques de gènes et la sélection contribuent à la sécurité alimentaire Chère lectrice, cher lecteur,

Arnold Schori, chef du département de recherche Amélioration des plantes de grandes cultures, ressources génétiques, Agroscope Changins-­Wädenswil ACW, 1260 Nyon

La diversité génétique d’une espèce cultivée est la résultante des effets de la nature (mutations), du talent de l’homme (des agriculteurs-sélectionneurs dès le néolithique) et des migrations de populations (toujours accompagnées de leurs plantes vivrières). La valeur des variétés anciennes est maintenant largement reconnue par le grand public et au niveau international. Leur adaptation locale repose sur un savant équilibre entre différentes caractéristiques de précocité, de résistance et de qualité. Ces variétés ont nourri nos prédécesseurs, souvent dans des conditions très dures, et ont ainsi acquis une valeur culturelle (lire l’article Kleijer et al. en page 408). La variété en soi intéresse pourtant peu le sélectionneur, car l’équilibre qui en fait sa valeur est rompu à chaque croisement. La valeur des collections réside pour lui davantage dans les caractéristiques individuelles (gènes). Seule une très faible partie de la diversité génétique est visible, et elle émerveille chaque fois celui qui l’observe. Nombre de caractéristiques, encore inconnues, permettent pourtant au sélectionneur de poursuivre les efforts d’adaptation de la plante cultivée aux besoins de l’homme. Les banques de gènes ont donc un statut unique de réservoir et de matière première pour notre sécurité alimentaire de demain. Les espèces agricoles peu ou pas sélectionnées ont progressivement disparu de nos paysages agricoles (comme le millet, le sarrasin ou la gesse), ou n’occupent plus que de très faibles surfaces (féveroles). Elles ont été doublement pénalisées car également négligées par les banques de gènes, souvent initiées par des sélectionneurs. Cette perte de diversité est malheureusement irréversible. A l’inverse, des plantes comme le maïs, cultivées pour l’alimentation humaine en Suisse dès le 17e siècle, ont bénéficié dès les années 1950 d’importants efforts de sélection et ont entamé une conquête inexorable vers le Nord, comme plantes fourragères. D’autres, comme le colza, ont largement bénéficié de la sélection et ont été entièrement remodelées ces dernières décennies. Un colza actuel n’a rien à voir avec celui que nos pères cultivaient. Ces progrès saisissants n’ont été possibles que par l’existence de la diversité génétique disponible au sein des espèces domestiquées. La sélection végétale reste la meilleure utilisation possible de cette ressource de gènes au service du consommateur de demain. Nous disons avec Peter Stamp (NZZ, 20.04.2012) que «nur bunte Blümchen genügen nicht» (les petites fleurs seules ne suffisent pas): l’agriculture est notre alimentation, et nous devons savoir dès aujourd’hui ce que nous voulons avoir dans nos assiettes dans 20 ou 30 ans. Agroscope, sur mandat de l’OFAG, est heureusement active dans le domaine de la préservation des ressources génétiques et de l’amélioration des plantes de quelques espèces.

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P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

La banque de gènes nationale d’Agroscope ACW hier, aujourd’hui et demain Geert Kleijer, Arnold Schori et Beate Schierscher Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1 Renseignements: Beate Schierscher, e-mail: beate.schierscher-viret@acw.admin.ch, tél. +41 22 363 47 26

Geert Kleijer tient à jour l’herbier de la banque de gènes, qui contient 11 705 épis de référence. (Photo: ACW)

Historique Les activités de conservation des ressources génétiques en Suisse ont commencé vers 1900. A cette période, les chercheurs de la Station fédérale d’essais agricoles de Mont Calme (Lausanne) ont collecté des variétés locales de blé et d’orge, et ont sélectionné de ces populations locales des variétés plus performantes. Toutes ces variétés ont été conservées dans la banque de gènes. La plus ancienne variété de blé collecté et encore disponible actuellement date de 1900. Il s’agit de la variété Rouge de Gruyère (fig. 1), qui avait été trouvée dans un champ à Morlon, près de Bulle (Martinet 1931). Une autre variété, la Nonette de Lausanne (fig. 2), a été décrite en 1880 dans le livre «Les meilleurs blés» (VilmorinAndrieux); ce blé poulard largement cultivé en Europe à l’époque est également toujours disponible.

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La banque de gènes était à l’origine très liée à des programmes de sélection et d’importantes collectes de variétés locales ont été effectuées jusque dans les années 1950 par la Station de recherche de Reckenholz (actuellement Agroscope Reckenholz-Tänikon ART), principalement pour le blé, l’épeautre, l’orge et le maïs. Pour le blé et l’orge, l’accent a été mis sur des variétés d’origine suisse, tandis que pour l’épeautre, des collectes ont également été effectuées en Allemagne, en Belgique, au Luxembourg et en Espagne, si bien qu’actuellement la banque de gènes nationale à ACW représente sans doute la plus vaste collection au monde, hébergeant plus de 2100 variétés d’épeautre (tabl. 1). Ces variétés, initialement conservées à Reckenholz, ont été regroupées au début des années 1990 à Changins. La collection de blé est restée liée au programme de sélection et s’est agrandie avec des variétés originaires


La banque de gènes nationale d’Agroscope ACW hier, aujourd’hui et demain

Résumé

d’Europe et d’ailleurs. Elle maintient également des lignées de sélection. Actuellement, l’effectif de cette collection de blé se monte à 5141 (tabl. 1) et continue d’être alimentée par des variétés intéressantes pour le programme de sélection. La collection de variétés potagères date du début des années 1980. A partir de cette date, les variétés traditionnelles et anciennes de plusieurs espèces ont commencé à être massivement remplacées par des variétés hybrides. Des collectes ont été organisées pour sauvegarder les variétés suisses ou cultivées pendant longtemps en Suisse. Actuellement, cette collection se compose de 430 variétés représentant 45 espèces différentes. Depuis 1999, dans le cadre du Plan d’action national pour la conservation et l’utilisation durable des ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture (PAN), l’Office fédéral de l’agriculture OFAG finance des projets d’inventaire, de conservation, de caractérisation et d’évaluation des variétés dignes d’être conservées en Suisse. Toutes les variétés conservées ou étudiées dans le cadre du PAN font partie intégrante de la banque de gènes nationale. Les collections d’arbres fruitiers conservées dans des vergers ou les collections de vigne et de petits fruits conservées au champ et gérées 

| Production végétale

La banque de gènes d’Agroscope ACW est plus que centenaire et les variétés collectées au début de 1900 sont toujours conservées et disponibles. Les techniques de conservation permettent actuellement le maintien à long terme d’un nombre important d’espèces. Pour les espèces conservées par semence, une conservation de sécurité, indispensable, est réalisée en Norvège dans la «banque de gènes mondiale» de Svalbard (Svalbard Global Seed Vault). Les variétés des espèces à conservation végétative doivent être cultivées en plusieurs exemplaires et à plusieurs endroits. Depuis 1999, le Plan d’action national pour la conservation des ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture (PAN) permet d’une part d’assurer la conservation, et d’autre part d’effectuer des caractérisations et évaluations agronomiques des variétés conservées. Les données collectées sont mises à disposition du public par une base de données. Plusieurs voies permettant d’améliorer la gestion des banques de gènes sont envisagées.

Tableau 1 | Matériel génétique conservé dans la banque de gènes nationale

Espèce

Baies

Variétés conservées par ACW

Autres variétés ­conservées en Suisse

125

378

Arbres fruitiers

4793

Vignes

383

336

Pommes de terre

96

6

Blé

5141

Triticale

846

Epeautre

2198

Orge

795

Seigle

62

Maïs

406

Soja

36

Plantes potagères

430

Plantes fourragères

98

Plantes médicinales

143

Total

10759

Total des variétés conservées en Suisse

5513 16272

par des organisations privées sont donc également une composante de la banque de gènes nationale. Une vue d’ensemble des ressources génétiques en Suisse a été donnée par Kleijer et Kohler (1995) et par Schierscher et Kleijer (2007). Le cadre Après l’adoption de la Convention sur la diversité biologique (CBD) en 1991 puis du Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture (IT)1 en 2001, tous deux ratifiés par la Suisse, des instruments internationaux et juridiquement contraignants ont été créés. Ces instruments règlent non seulement l’accès aux ressources génétiques et le partage des avantages, mais soulignent également la souveraineté des Etats sur leurs ressources génétiques et la nécessité de les conserver. La plupart des banques de gènes n’ont heureusement pas attendu l’entrée en vigueur de la CBD et de l’IT pour débuter leurs activités, ce qui a évité à de nombreuses variétés locales et anciennes de disparaître. La banque de gènes Agroscope à Changins a reçu son International Treaty on Plant Genetic Resources for Food and Agriculture.

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Production végétale | La banque de gènes nationale d’Agroscope ACW hier, aujourd’hui et demain

Figure 1 | Rouge de Gruyère.

statut de banque de gènes nationale en 2004, lors du message au parlement pour la ratification du IT. C’est dans ce document qu’elle apparaît pour la première fois comme banque de gènes nationale. Le but premier de la banque de gènes nationale est de préserver le patrimoine génétique national, permettant de maintenir vivant et utilisable un réservoir génétique de grand intérêt pour le futur. Ce réservoir génétique permettrait de tester rapidement un grand nombre de variétés si nous étions confrontés à une nouvelle maladie des plantes, à une nouvelle race d’une maladie existante, ou à des aléas climatiques par exemple. Le matériel génétique conservé Le nombre d’accessions conservées dans la banque de gènes nationale figure dans le tableau 1. Alors que toutes les espèces conservées sous forme de semences se trouvent physiquement à Changins, la conservation des espèces à multiplication végétative comme les arbres fruitiers, la vigne et les petits fruits est principalement assurée par des organisations privées dans différents lieux de Suisse. Agroscope ACW détient également une importante collection de vigne à Pully, une collection de variétés de baies à Conthey et une collection in vitro de variétés de pommes de terre et de baies à Changins. Les variétés conservées par des organisations privées sont majoritairement des variétés suisses ou ayant eu une certaine importance dans notre pays. Certaines

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organisations conservent également des duplicata des variétés de céréales ou potagères. La collection des blés contient en revanche, comme indiqué précédemment, des variétés étrangères et des lignées de sélection, soit du matériel n’ayant pas le potentiel de devenir une variété mais présentant des caractéristiques intéressantes. Dans la collection des blés, 42% des variétés sont d’origine suisse, variétés locales ou anciennes et lignées de sélection. Pour les espèces à multiplication par semences, les graines sont conservées d’une part en conservation à long terme à -18 °C pour la collection de base et d’autre part à +4 °C pour la collection active. Cette première conservation sert uniquement à la régénération de la variété en cas de nécessité, tandis que la collection de travail fournit le matériel de distribution en cas de demande. De toutes les accessions de blé, épeautre, orge, seigle et triticale, des épis représentatifs sont de plus conservés (tabl. 2), dont deux sont prélevés lors de la première multiplication (fig. 1 et 2). Ceci permet en cas de doute vérifier l’identité de l’accession lors des multiplications suivantes. Un échantillon de semences de chaque variété est envoyé en duplicata au Svalbard Global Seed Vault (Spitzberg, Norvège) pour une conservation de sécurité. Actuellement 9’500 variétés y sont également stockées. Les défis de la conservation à long terme Pour la conservation à long terme, deux éléments sont importants: il faut produire suffisamment de semence et celle-ci doit présenter un taux de germination élevé. Dès que la quantité ou la qualité de semence diminue, une nouvelle multiplication est organisée. Le taux de germination doit être maintenu supérieur à 80% pour la plupart des espèces. La multiplication se fait au champ. Les céréales sont semées à la machine et chaque parcelle de blé est séparée par une parcelle tampon de triticale, pour éviter des mélanges au moment des semis. Une épuration est effectuée pour ôter les plantes hors type et ainsi sauve-

Tableau 2 | Herbier d'épis Blé

5141

Triticale

856

Epeautre

2198

Orge

795

Seigle

62

Total

11 705


La banque de gènes nationale d’Agroscope ACW hier, aujourd’hui et demain

| Production végétale

sées à un taux d’humidité d’environ 7,5%. Les grains sont ensuite mis sous sachet en aluminium plastifié et ceux-ci sont soudés hermétiquement avant d’être congelés. Trois ou quatre sachets par variété sont conservés. Le solde est mis en conservation à moyen terme en sachet papier. Pour les céréales, environ 200 grammes sont conservés à long terme et 200 grammes à moyen terme. Pour les variétés de plantes potagères, la quantité nécessaire varie beaucoup selon l’espèce et la taille des grains. Un minimum de 2000 graines pour les espèces autogames et 5000 pour les espèces allogames sont conservées.

Figure 2 | Nonette de Lausanne.

garder l’identité de la variété (Kleijer 1986). Pour assurer une bonne qualité des semences, un traitement phytosanitaire est effectué en cas de nécessité. La récolte s’effectue à la main dès que la maturité est atteinte. Pour les espèces allogames, comme c’est le cas de beaucoup de légumes, le seigle ou le maïs, une isolation spatiale de 200 à 300 m doit être respectée entre 2 parcelles, ou alors l’isolation est temporelle, la multiplication n’étant réalisée que pour une seule variété par espèce compatible la même année. Un minimum de 40 plantes est utilisé pour la multiplication afin de préserver la variabilité génétique d’une variété. Avant leur mise en conservation à long terme, les graines sont séchées en étuve à 23 °C avec une humidité relative de 10% durant 2 à 3 semaines. Les céréales se stabilisent après séchage à une humidité entre 5 et 6%. Certaines espèces comme les haricots ne peuvent pas être séchées à un taux d’humidité aussi bas car les grains deviennent alors très cassants. Ces espèces sont stabili-

Les utilisateurs de la banque Conserver les ressources phytogénétiques est une nécessité pour assurer la sécurité alimentaire. Toutes ces variétés conservées peuvent être réutilisées en cas de besoin. Pour pouvoir les choisir à bon escient, il faut bien connaître et décrire leurs caractéristiques. La caractérisation et l’évaluation agronomique sont donc primordiales pour favoriser l’utilisation de ces ressources et offrent une plus-value importante au matériel. Lors de la multiplication des variétés de céréales, les observations effectuées sont introduites dans la base de données dans laquelle sont stockées toutes les informations disponibles (www.bdn.ch). Dans le cadre du PAN, plusieurs projets sont en cours, en collaboration avec des organisations privées, afin d’évaluer des variétés de plantes potagères et de céréales. L’accès aux variétés de la banque de gènes nationale est libre. Les variétés sont mises à disposition avec l’Accord de transfert de matériel standard élaboré par le Traité International sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture. Cet accord décrit les obligations des fournisseurs du matériel et celles des bénéficiaires. Les motifs des demandes sont très variés. Il peut s’agir de demandes pour des jardins botaniques ou pour des jardins de démonstrations, ou pour des écoles d’agriculture. D’autres demandeurs souhaitent réintroduire une variété dans son lieu d’origine pour souligner son aspect historique et culturel. Certaines anciennes variétés de légumes de la banque de gènes nationale sont réintroduites sur le marché par des producteurs de semences biologiques et sont destinées aux jardins privés. Des sélectionneurs privés sont régulièrement intéressés à élargir la base génétique de leur programme de sélection et demandent régulièrement plusieurs variétés pour les tester dans leurs conditions climatiques et ne retenir que les plus intéressantes pour eux. Il peut s’agir de variétés résistantes aux maladies, ou encore résistantes au froid, comme par exemple des variétés locales de 

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Production végétale | La banque de gènes nationale d’Agroscope ACW hier, aujourd’hui et demain

maïs de la vallée du Rhin, ou Ribelmais (Peter et al. 2006). La résistance à la pourriture des neiges d’une variété de blé originaire du Münstertal (Kleijer 1988) a notamment été étudiée et utilisée par des chercheurs japonais. L’Université du Minnesota aux Etats-Unis a testé des variétés locales suisses d’orge et a trouvé des résistances très intéressantes contre la rouille noire, maladie très dévastatrice dans cette région. A Changins, dans le dans le cadre du projet PAN, Agroscope a trouvé plusieurs types de résistances contre la fusariose sur épi dans l’épeautre. Des croisements avec le blé ont été effectués pour transférer cette résistance. D’autres exemples d’utilisation sont donnés dans l’article de Kleijer et al. (1990). La banque de gènes demain Jusque dans les années 1970, les variétés de blés étaient multipliées chaque année. Ceci était possible parce que le nombre de variétés dans la banque de gènes était encore restreint. Avec plus de 12’000 variétés, une multiplication annuelle n’est plus envisageable. Heureusement, l’amélioration des techniques de stockage permet désormais de conserver les variétés durant 50 ans ou plus. Cela permet d’une part de bien gérer les variétés de la banque de gènes et d’autre part d’accorder plus d’attention à la caractérisation et à l’évaluation. Une multiplication plus espacée présente aussi l’avantage de minimiser les risques de croisements fortuits entre variétés et d’erreurs lors des semis et récoltes. La variabilité génétique dans une banque de gènes est très large en raison du nombre de variétés conservées, mais certaines variétés de la même région ou issues du même croisement peuvent être génétiquement assez proches. Une technique basée sur des analyses morphologiques, agronomiques et moléculaires permet de mesurer la variabilité génétique d’une collection et de créer une collection noyau représentative par exemple de 10% de toutes les accessions, tout en maintenant 95% de la variabilité génétique totale. Si l’on souhaite effectuer des recherches pour trouver un caractère spécifique dans une collection, il est alors possible de n’observer dans un premier temps que la collection noyau, et de n’élargir qu’en cas de nécessité à l’ensemble des accessions disponibles. Une collection noyau a été créée pour les variétés locales suisses de maïs par l’ETH de Zurich (Eschholz 2008). Le PAN permet non seulement d’assurer la conservation des ressources génétiques importantes pour la Suisse, mais également de réaliser des évaluations morphologiques et agronomiques permettant de mieux caractériser les variétés. Le PAN a déjà permis d’établir une très bonne collaboration entre organisations publiques et privées et favorise la conservation et l’utili-

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sation durable des ressources génétiques en Suisse. Il est important que le PAN puisse continuer en assurant les synergies entre organisations publiques et privées avec le soutien de la Commission suisse pour la conservation des plantes cultivées. Cette commission regroupe toutes ces organisations publiques et privées de Suisse. Les analyses moléculaires seront certainement utilisées d’avantage dans le futur pour permettre de mieux rechercher des doublons dans les collections, en nombre important pour les espèces à multiplication végétative. Ces doublons sont plus beaucoup plus coûteux à conserver que dans le cas des espèces qui se conservent par la semence. D’autres techniques se développent, comme la cryoconservation, permettant également de conserver les espèces à multiplication végétative à moindres frais. Il faut toutefois que ces techniques soient plus performantes et permettent la régénération de toutes les variétés ainsi conservées. En Europe, le Programme coopératif européen pour les réseaux de ressources génétiques prône depuis 1980 une collaboration plus étroite entre les différentes banques de gènes européennes. Depuis quelques années, ce programme met sur pied une banque de gènes intégrée. Chaque banque de gènes garde son identité et ses activités. Chacune se porte officiellement garante de la conservation des variétés de son pays et du matériel unique qu’elle a dans ses collections. Ceci évite que certaines variétés se voient conservées à double, triple, voir plus dans les différentes banques de gènes. On estime la fréquence des doublons dans les différentes banques de gènes à plus de 50%. Ce programme permettra une meilleure gestion des banques de gènes et laissera aux banques de gènes plus de disponibilités pour effectuer en priorité des travaux de régénération et d’évaluation des accessions. Le système se met actuellement lentement en place, car une coordination avec des banques de gènes de plus de 40 pays est complexe. n


La banca genetica nazionale di Agroscope ACW, ieri, oggi e domani La banca genetica di Agroscope ACW esiste da oltre cent’anni e le varietà raccolte inizio 1900 sono sempre conservate e disponibili. Le tecniche di conservazione permettono attualmente il mantenimento a lungo termine di un importante numero di specie. Per le specie conservate come semente è stata realizzata in Norvegia all’interno di una «banca genetica mondiale» di Svalbard (Svalbard Global Seed Vault),una conservazione indispensabile di sicurezza. Le varietà delle specie a conservazione vegetativa devono essere coltivate in diversi esemplari e luoghi. Dal 1999, il Piano nazionale d’azione per la conservazione delle risorse fitogenetiche per l’alimentazione e l’agricoltura (PAN) permette da un lato di assicurare la conservazione, e dall’altro di effettuare delle caratterizzazioni e valutazioni agronomiche delle varietà conservate. I dati raccolti sono messi a disposizione del pubblico attraverso una banca dati. Sono considerati diversi modi per migliorare la gestione delle banche dati genetiche.

Bibliographie ▪▪ Eschholz T. W., 2008. Genetic diversity and relationships of Swiss Flint maize (Zea mays L. ssp. mays) landraces. Diss. ETH-Nr. 17715 ▪▪ Kleijer G., 1986. La collection des blés à Changins. Revue suisse Agric. 15, 281–288. ▪▪ Kleijer G., 1988. La résistance de nos variétés de blé à la pourriture des neiges. Revue suisse Agric. 20, 65–67. ▪▪ Kleijer G., Badoux S. & Corbaz R., 1990. Les variétés locales suisses: une grande richesse. Revue suisse Agric. 22, 157–164. ▪▪ Kleijer G. & Kohler A., 1995. Les ressources phytogénétiques en Suisse. Revue suisse Agric. 27, 255–261.

Summary

Riassunto

La banque de gènes nationale d’Agroscope ACW hier, aujourd’hui et demain

| Production végétale

The national genebank of Agroscope yesterday, today and tomorrow The genbank of Agroscope ACW is more than one hundred years old and landraces, collected at the beginning of 1900 are still conserved and available. The actual conservation techniques allow the long term preservation of an important number of species. For the species conserved by seeds, the backup conservation is carried out in Norway, at the global genebank of Svalbard (Svalbard Global Seed Vault). Varieties of vegetatively conserved species have to be cultivated with several plants at several locations. Since 1999, the National plan of action for the conservation of plant genetic resources for food and agriculture makes it possible to ensure not only the conservation but also the characterisation and agronomic evaluation of the conserved varieties. A database makes these data available for everybody. Different approaches to improve the management of the database are discussed. Key words: long term conservation, plant genetic resources, Swiss national genebank.

▪▪ Martinet G. 1931. Résultats d’essais avec diverses céréales sélectionnées. Annuaire agricole de la Suisse, 79–96. ▪▪ Peter R., Eschholz T. W., Stamp P. & Liedgens M., 2006. Swiss maize landraces - early vigour adaptation to cool conditions. Acta Agronomica Hungarica 54, 329–336. ▪▪ Schierscher-Viret B. & Kleijer G., 2007. L’état des ressources phytogénétiques en Suisse. Revue suisse Agric. 39, 261–266. ▪▪ Vilmorin-Andrieux & Cie, 1880. Les meilleurs blés. Description et culture des principales variétés de froments d’hiver et de printemps, p. 175.

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P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Ray-grass anglais: 62 variétés ont dû faire leurs preuves Daniel Suter1, Hansueli Hirschi1, Rainer Frick 2 et Philippe Aebi2 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich 2 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1 Renseignements: Daniel Suter, e-mail: daniel.suter@art.admin.ch, tél. +41 44 377 72 79

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Figure 1 | Ray-grass anglais ( Lolium perenne). Planche extraite du livre «Wiesengräser» de Walter Dietl et al ., Landw. Lehrmittel­ zentrale, Zollikofen, 1998. (Dessin: Manuel Jorquera, Zurich. Tous droits réservés. Copyright: ADCF, Zurich. Avec l’aimable autorisation de l’ADCF.)

Introduction Importance du ray-grass anglais Le ray-grass anglais (Lolium perenne) est la graminée emblématique des zones climatiques douces moyennement humides et représente l’un des piliers de la production fourragère. Il se développe spontanément dans de

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Recherche Agronomique Suisse 3 (9): 414–421, 2012

nombreuses régions en Suisse. En raison de ses qualités fourragères, il est au cœur de nombreux programmes de sélection. L’offre variétale s’en trouve ainsi constamment renouvelée. Après le semis, le ray-grass anglais (fig. 1) se développe rapidement et étouffe la levée des adventices. Sa physionomie permet la formation d’un gazon dense qui se prête à des utilisations intensives pour la fauche comme pour le pâturage. De plus, sa teneur élevée en sucre lui confère une excellente aptitude à la conservation sous forme d’ensilage. Sa forte capacité de tallage est bien valorisée par des utilisations intensives, en particulier au pâturage où l’on peut parfois observer la formation de rhizomes (Gilliland et Mann 2000) qui assurent une meilleure résistance au piétinement du bétail. Ce potentiel de développement végétatif est une caractéristique fixée dans le patrimoine génétique de l’espèce. Les variétés qui épient tardivement ont une meilleure capacité de tallage au printemps que les variétés précoces (Laidlaw 2005). Dans nos conditions, un intervalle de un mois et demi sépare les dates d’épiaison des variétés les plus précoces et les plus tardives. Enfin, il est reporté que les types diploïdes tallent davantage que les tétraploïdes (Laidlaw 2004). Comme toutes les espèces du genre Lolium, le ray-grass anglais est très apprécié du bétail. Il bénéficie, d’autre part, d’une digestibilité supérieure qui dépasse de cinq à dix pourcents celle des autres graminées fourragères. A stade phénologique équivalent, le fourrage des variétés précoces a une digestibilité supérieure à celle des variétés tardives (Schubiger et al. 1997). La ploïdie a également une influence, puisque les tétraploïdes sont plus digestibles que les diploïdes. Une espèce exigeante Le ray-grass a des exigences élevées en ce qui concerne la température et la disponibilité en eau. Les risques de dégâts de pourriture des neiges ou de gel en hiver sont considérables. Il existe cependant des différences importantes d’aptitude à la culture en altitude entre les variétés. L’assortiment actuel propose des variétés qui


conviennent pour les régions situées au-dessus de 900 m. Les sols frais et plutôt lourds ont un effet positif sur la croissance du ray-grass anglais, pour autant qu’il n’y ait pas d’excès d’humidité ou de sécheresse. Enfin, ses besoins en éléments nutritifs sont élevés, en particulier en azote, pour valoriser au mieux le potentiel de production de cette graminée. De juin à août, les plantes de ray-grass peuvent être fortement contaminées par le flétrissement bactérien (Xanthomonas translucens pv. graminis). La tolérance, voire la résistance à ce pathogène est variable d’un cultivar à l’autre. Il en va de même avec la rouille couronnée (Puccinia coronata), une maladie fongique qui se développe en fin d’été. En plus d’une baisse d’appétence et de valeur nutritive, une réduction significative du rendement peut être observée (Mühle 1971). Le ray-grass anglais peut aussi être touché par la rouille noire (Puccinia graminis) en été, ou la rouille brune (Puccinia loliina) au printemps. En Suisse, le raygrass occupe une place importante dans la composition des mélanges standard (Mosimann et al. 2008), en particulier dans les mélanges graminées-trèfle blanc pour une durée de trois ans et plus. Sa haute valeur nutritive et son aptitude à être pâturée sont les atouts majeurs de cette graminée plus persistante que d’autres espèces de ray-grass.

Résumé

Ray-grass anglais: 62 variétés ont dû faire leurs preuves

| Production végétale

De 2009 à 2011, les stations de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et Changins-Wädenswil ACW ont examiné la valeur agronomique de 62 variétés de ray-grass anglais, dont 45 nouvelles obtentions. Les caractéristiques suivantes ont été évaluées: rendement en matière sèche, aspect général, vitesse d’installation, force de concurrence, persistance, tolérance aux conditions hivernales, résistance aux maladies foliaires ainsi qu’au flétrissement bactérien, digestibilité de la matière organique et aptitude à la culture en altitude. Dans le groupe des variétés précoces à mi-précoces, Algira, Arcturus et Salmo ont satisfait les critères justifiant leur inscription à la liste des variétés recommandées. Une procédure d’enregistrement officiel étant en cours pour ces trois variétés, leur commercialisation n’est cependant pas encore autorisée. Les anciennes variétés Arvella, Lipresso, Cavia seront radiées de la liste en raison de résultats insuffisants. Quatre variétés mi-tardives à tardives, Soraya, Mercedes, Trivos et Dexter 1, s’ajoutent aux variétés recommandées. Les nouvelles obtentions Allodia et Vidalia ont également satisfait les exigences pour une recommandation. Elles devront encore obtenir les autorisations nécessaires avant de pouvoir être commercialisées. L’ancienne variété recommandée Premium ne satisfait plus les critères pour la recommandation.

Matériel et méthodes

Figure 2 | Récolte des variétés de ray-grass anglais. La mécanisation adaptée à la taille des parcelles assure la collecte de données fiables et l’entretien précis des surfaces d’essai. (Photo : ART)

De 2009 à 2011, les stations de recherche Agroscope ­Reckenholz-Tänikon ART et Changins-Wädenswil ACW ont comparé la valeur agronomique de 44 nouvelles variétés de ray-grass anglais dans diverses conditions environnementales. En plus, un nouvel hybride xFestulolium loliaceum résultant du croisement de la fétuque des prés et du ray-grass anglais, très semblable au deuxième, a été testé. Les 17 variétés déjà recommandées ont également été prises en compte dans les essais et ont servi de témoins (fig. 2). Les plantes fourragères étant presque exclusivement cultivées en mélange dans la pratique, la force de concurrence est un critère important pour le choix des variétés. Chacune d’elles a donc été semée en association avec les trèfles blanc (Trifolium repens) et violet (Trifolium pratense). Toutes les autres évaluations ont été effectuées sur les cultures pures. Le tableau 1

Recherche Agronomique Suisse 3 (9): 414–421, 2012

415


Production végétale | Ray-grass anglais: 62 variétés ont dû faire leurs preuves

Tableau 1 | Caractéristiques des essais variétaux de ray-grass ­a nglais terminés en 2011

Lieu, canton

Altitude (m)

Date de ­semis

Nombre de répétitions

Tableau 2a | Ray-grass anglais, variétés précoces à mi-précoces: indice de précocité et classement des variétés testées

Nombre de coupes pesées

Ploïdie Requérant, pays

Indice de Classement2) précocité1)

pur

mélange

1)

2)

2010

2011

1

Salamandra

4n

DSP, CH

52a

1

3

4

2

Artesia

4n

DSP, CH

51a

1

Changins, VD

430

14/04/2009

3 + 1*

2

Reckenholz, ZH

440

06/04/2009

4

3

5

5

3

Arvicola

4n

DSP, CH

51a

1

Oensingen, SO

460

08/04/2009

4

3

5

5

4

Lacerta

4n

DSP, CH

52b

1

Ellighausen, TG

520

15/04/2009

4

5

5

5

Arara

2n

DSP, CH

43b

1

Goumoens, VD

630

22/04/2009

3

1**

5

5

6

Arolus

2n

DSP, CH

51a

1

Hochstalden, BE

960

07/05/2009

3

7

Arvella

2n

DSP, CH

52a

2/3

La Frêtaz, VD

1200

13/07/2009

3

2

8

Lipresso

2n

Euro Grass, DE

53a

2/3

9

Cavia

* une répétition pour la détermination de l'indice de précocité ** mis en valeur avec les deux répétitions à La Frêtaz Variétés précoces à mi-précoces 1) culture pure : 220 g/100 m ² variété témoin pour la densité de semis: «Arara» culture en mélange: 2) 150 g/100 m ² variété témoin pour la densité de semis: «Arara» + 10 g/100 m ² trèfle violet «Mont Calme» + 25 g/100 m ² trèfle blanc «Seminole» + 15 g/100 m ² trèfle blanc «Sonja» Variétés mi-tardives à tardives 1) culture pure: 220 g/100 m ² variété témoin pour la densité de semis : «Pomposo» culture en mélange: 2) 150 g/100 m ² variété témoin pour la densité de semis : «Pomposo» + 10 g/100 m ² trèfle violet «Mont Calme» + 25 g/100 m ² trèfle blanc «Seminole» + 15 g/100 m ² trèfle blanc «Sonja»

contient les informations concernant les semis dans les divers lieux d’essai. Les cultures pures ont reçu un apport de 50 kg N par ha à chaque pousse, sous forme de nitrate d’ammoniac. Cette dose était réduite de moitié sur les associations avec les trèfles. Toutes les observations ont été basées sur une échelle de 1 à 9: 1 étant la meilleure note et 9 la moins bonne. Les mesures de rendement en matière sèche et de digestibilité de la matière organique (MOD) ont également été converties en notes selon la même échelle, suite au traitement statistique. La détermination des valeurs MOD a été réalisée par spectrométrie proche de l’infra-rouge (NIRS, Norris et al. 1976), étalonnée à partir d’échantillons analysés selon la méthode Tilley et Terry (1963) avec du jus de panse. Les autres critères observés concernaient la vitesse d’installation, l’aspect général (capacité de repousse et densité), l’aptitude à la culture en altitude (deux lieux d’altitude supérieure à 900 m), la tolérance aux maladies foliaires, au flétrissement bactérien, ainsi qu’aux conditions hivernales et la persistance. La force de concurrence a été notée en considérant la proportion de ray-grass dans la biomasse selon le calcul suivant: force de concurrence = 9 – (0,08 × part en %).

416

Variété

Recherche Agronomique Suisse 3 (9): 414–421, 2012

2n

DSP, CH

52a

10 Algira (LP 0485)

4n

DSP, CH

52a

1*

11 Arcturus (LP 0475)

4n

DSP, CH

51b

1*

12 Salmo (LP 0495)

4n

DSP, CH

52b

1*

13 Jaran

4n

Životice, CZ

52a

3

14 Tribal (TRAS 649)

4n

R2n, FR

53a

3

15 Arotis (LP 0055)

2n

DSP, CH

51a

3

16 Maurizio

4n

Euro Grass, DE

53a

3

17 LP 0205

2n

DSP, CH

52b

3

18 Karatos

4n

Euro Grass, DE

52b

3

19 Malta

4n

NPZ-Lembke, DE

53a

3

20 AberGlyn

4n

Germinal Holdings, GB

52b

3

21 LP 0125

2n

DSP, CH

52b

3

22 Intrada

4n

Euro Grass, DE

53a

3

23 Genesis

2n

Teagasc, IE

52b

3

24 Ivana

2n

SZ-Steinach, DE

51a

3

25 Toronto

2n

Euro Grass, DE

53a

3

26 Arsenal

2n

Euro Grass, DE

53a

4

27 AberStar

2n

Germinal Holdings, GB

53a

4

28 Rupert (DP 49)

2n

Carneau, FR

53a

4

29 Hugin

2n

DLF-Trifolium, DK

52b

4

2/3

Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées 1) Indice de précocité: Période à laquelle débute l'épiaison. Le premier chiffre ­indique le mois, le second la décade et la lettre la partie de la décade (a = début, b = fin). Exemple: 51a = début épiaison du 1er au 5 mai. 2)

Classement (sur la base des résultats des essais):

1: variété recommandée en Suisse. 1*: ne peut être recommandée qu'après avoir rempli les exigences légales pour une commercialisation en Suisse. (voire Ordonnance du DFE sur les ­s emences et plants RS 916.151.1). 2/3: ancienne variété recommandée déclassée en vue d'une radiation dès le 1er janvier 2015. 3: variété moyenne, sans caractéristiques particulièrement intéressantes. 4: variété ne convenant pas à la culture en Suisse.


Ray-grass anglais: 62 variétés ont dû faire leurs preuves

| Production végétale

Tableau 2b | Ray-grass anglais, variétés précoces à mi-précoces: résultats des essais variétaux 2009–2011

Variété

Rendement1)*

Aspect Vitesse Force de Persistance* général* d'installation concurrence*

Résistances/tolérances : Conditions ­hivernales*

Maladies ­foliaires

Flétrissement ­bactérien**

MOD2)

Adaptation à l'altitude*

Indice 3,12

1

Salamandra

4,0

3,0

2,1

3,5

2,8

4,1

2,6

2,0

2,7

2

Artesia

4,5

2,6

2,1

3,2

2,5

4,3

2,5

3,3

2,7

3,17

3

Arvicola

4,3

2,9

2,2

3,3

3,0

4,7

2,9

3,3

2,9

3,38

4

Lacerta

4,7

3,4

2,1

3,2

3,3

4,8

2,8

2,7

3,3

3,52

5

Arara

5,2

3,4

3,1

3,1

3,5

5,2

4,1

4,7

3,3

3,95

6

Arolus

5,0

3,8

3,3

3,0

3,4

5,0

4,1

6,0

4,0

4,12

7

Arvella

5,5

3,9

3,2

3,3

3,3

6,2

4,2

4,7

3,9

4,28

8

Lipresso

5,1

4,2

3,4

3,3

3,7

5,5

5,0

7,0

4,2

4,51

9

Cavia

6,2

4,6

3,2

3,2

4,1

6,4

3,9

5,0

4,5

4,66

Moyenne des témoins

4,9

3,5

2,7

3,2

3,3

5,1

3,5

4,3

3,5

3,86

10

3,2

2,5

1,9

2,9

2,3

4,7

2,3

1,3

2,6

2,80

Algira (LP 0485)

11

Arcturus (LP 0475)

3,2

2,5

2,0

3,1

2,6

4,3

2,6

2,0

2,4

2,85

12

Salmo (LP 0495)

3,3

2,8

2,0

3,0

2,8

4,2

2,3

3,3

2,8

3,03

13

Jaran

4,1

3,9

2,4

3,4

3,5

4,8

3,8

3,7

3,7

3,78

14

Tribal (TRAS 649)

4,9

3,9

2,9

3,9

3,1

4,9

2,6

4,0

3,7

3,88

15

Arotis (LP 0055)

4,9

3,5

3,0

3,0

3,6

5,2

4,9

3,7

3,7

3,96

16

Maurizio

5,4

4,1

2,6

3,8

3,2

4,8

2,9

4,3

4,1

4,03

17

LP 0205

6,0

3,3

2,5

3,1

3,0

6,3

4,1

4,3

3,2

4,04

18

Karatos

5,6

3,9

2,5

3,7

3,0

5,5

3,3

5,3

3,9

4,16

19

Malta

5,5

4,1

2,2

4,2

3,3

5,3

3,3

4,3

4,0

4,18

20

AberGlyn

4,7

3,9

2,2

3,4

3,1

5,9

3,3

6,7

4,4

4,19 4,24

21

LP 0125

5,5

4,2

3,2

3,3

3,6

5,8

4,0

3,0

4,3

22

Intrada

4,5

4,3

2,6

4,1

3,2

5,6

3,9

5,3

4,4

4,27

23

Genesis

4,4

4,3

2,8

3,4

3,6

6,1

3,6

7,0

4,6

4,40 4,56

24

Ivana

5,8

3,9

3,7

3,2

4,2

5,6

5,3

5,7

4,1

25

Toronto

5,2

4,3

3,2

3,3

3,4

5,8

4,0

9,0

4,7

4,63

26

Arsenal

4,9

4,5

3,3

3,6

3,4

6,3

3,9

7,7

4,9

4,68

27

AberStar

5,9

4,6

3,4

3,5

4,0

5,6

4,2

6,7

4,8

4,74

28

Rupert (DP 49)

6,3

4,7

3,9

3,4

3,4

6,7

3,3

9,0

5,3

5,06

29

Hugin

6,1

4,8

3,7

4,0

3,9

6,5

4,2

8,3

5,2

5,16

Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées (témoins) Notes: 1 = très élevé, très bon; 9 = très faible, très mauvais 1) Notes de rendement de 5 lieux avec respectivement 3 et 5 coupes pesées en 2010 et respectivement 4 et 5 coupes pesées en 2011 2) MOD = matière organique digestible: moyenne de 3 prélèvements en 2010 à Reckenholz *Caractéristiques comptant double dans le calcul de l'indice **Aucune observation possible

Pour le classement des variétés, toutes les notations ont été prises en compte sous la forme d’un indice global. Le rendement, l’aspect général, la force de concurrence, la tolérance aux conditions hivernale et au flétrissement bactérien, ainsi que l’aptitude à la culture en altitude (caractéristiques importantes) comptent double par rapport aux autres caractéristiques. Une nouvelle variété est inscrite dans la «Liste des variétés recommandées» (Frick et al. 2010) si elle atteint un indice global d’au moins 0,2 point inférieur à la moyenne des variétés témoins. Une ancienne variété est éliminée si

son indice global dépasse de 0,2 point ou plus la moyenne des témoins (une valeur plus élevée étant moins bonne). De plus, une variété est écartée si sa note pour l’une des caractéristiques importantes dépasse de 1,5 point ou plus la moyenne des variétés témoins. En plus des critères d’examen officiels qui ont servi au classement, la capacité des variétés à former un gazon dense a été évaluée. Cette caractéristique permet principalement d’appréhender l’aptitude au pâturage. A cet effet, chacune des variétés a été mise en place à Reckenholz sur des parcelles de 1,5 m × 1,5 m dans un dispo- 

Recherche Agronomique Suisse 3 (9): 414–421, 2012

417


Production végétale | Ray-grass anglais: 62 variétés ont dû faire leurs preuves

Tableau 3a | Ray-grass anglais, variétés mi-tardives à tardives: ­i ndice de précocité et classement des variétés testées Variété

Ploïdie Requérant, pays

Indice de Classement2) précocité1)

30 Alligator

4n

DSP, CH

53b

31 Pomposo

4n

Euro Grass, DE

61a

32 Barnauta

4n

Barenbrug, NL

61b

1

1 3

33 Elgon

4n

DLF-Trifolium, DK

62a

1

34 Calibra

4n

DLF-Trifolium, DK

53b

1

35 Proton

4n

DLF-Trifolium, DK

61b

36 AberDart

2n

IBERS, UK

53b

sitif à quatre répétitions. De manière similaire au système anglais (Gilliland et Mann 2000), elles ont été fauchées au moins sept fois dans l’année, à la fréquence moyenne de toutes les quatre semaines, de manière à simuler le pâturage. L’appréciation de la densité du couvert s’est faite à l’aide de notes selon l’échelle de 1 à 9.

Résultats 3

Variétés précoces: nouvelles obtentions performantes Seules trois nouvelles variétés de type précoce à mi-­ 37 Premium 2n DLF-Trifolium, DK 53b 2/3 précoce ont atteint la valeur agronomique requise: 38 Allodia (LP 0395) 4n DSP, CH 53b 1* Algira (LP 0485), Arcturus (LP 0475) et Salmo (LP 0495) 39 Vidalia (LP 0396) 4n DSP, CH 53b 1* (tabl. 2a). Elles occupent les trois premiers rangs du clas40 Soraya (LP 0355) 4n DSP, CH 61a 1 sement avec des valeurs d’indice général particulière41 Mercedes 4n SZ-Steinach, DE 61a 1 ment bonnes. Algira a obtenu les meilleurs résultats du 42 Trivos 4n Euro Grass, DE 61a 1 groupe précoce à mi-précoce pour le rendement, l’as43 Quartet II 4n PGG Wrightson, NZ 61b 2 pect général, la persistance, la MOD, la vitesse d’instal1 44 Dexter 1 4n Innoseeds, NL 53b lation, la force de concurrence et la résistance aux 45 Activa 4n Carneau, FR 53b 2 maladies foliaires (tabl. 2b). Pour les trois premiers cri46 Kubus 4n NPZ-Lembke, DE 53b 3 tères, ses notes dépassaient d’au moins un point celles 47 Giant 4n Teagasc, IE 52b 3 des variétés témoin. En revanche, Algira était claire48 Galion 4n Jouffray-Drillaud, FR 62a 3 ment dépassée par d’autres variétés sur la base de la 49 Virtuose 4n Carneau, FR 61a 3 tolérance aux conditions hivernales. Arcturus occupe la 50 Albion 4n Jouffray-Drillaud, FR 61b 3 deuxième ou la troisième place pour la plupart des cri51 Korok 4n Životice, CZ 61b 3 tères examinés. Tout comme Algira, elle a obtenu les 52 9LPD 103 2n Barenbrug, NL 61b 3 meilleures notes de rendement et d’aspect général. Il 53 Boyne 2n DLF-Trifolium, DK 53b 3 faut relever également la bonne digestibilité d’Acturus, 54 Achat 2n Freudenberger, DE 61b 3 comparable à celle de l’ancienne variété Salamandra 55 Gagny 2n Jouffray-Drillaud, FR 53b 3 classée au deuxième rang sur ce critère. Ayant obtenu 56 Indicus 1 2n Innoseeds, NL 61a 4 les deuxièmes meilleures notes de rendement, de 57 Themis 2n Jouffray-Drillaud, FR 61a 4 vitesse d’installation, de force de concurrence et de 58 RGAS 773 2n R2n, FR 61a 4 tolérance aux conditions hivernales, Salmo occupe la 59 Bajka 2n IHAR Bartążek, PL 53b 4 troisième place du classement. Sa digestibilité a atteint 60 DI 143 2n Carneau, FR 61a 4 une valeur qui dépasse d’environ un point la moyenne 61 Revolution* 2n Cropmark, NZ 53b 4 des variétés témoins. Les trois nouvelles candidates ne 62 Rela 2n IHAR Bartążek, PL 61b 4 sont pas encore commercialisables. Les résultats des *xFestuloilum loliaceum épreuves concernant leur valeur DHS (variétés distinctes, Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées Indice de précocité : P ériode à laquelle débute l'épiaison. Le premier chiffre homogènes et stables) en cours actuellement à l’étran­indique le mois, le second la décade et la lettre la partie de la décade (a = début, b = fin). ger ne sont pas connus. En conséquence, elles ne rem Exemple: 61a = début épiaison du 1 au 5 juin plissent pas les exigences légales requises et ne peuvent Classement (sur la base des résultats des essais): donc pas encore être inscrites dans la «Liste des variétés 1 : variété recommandée en Suisse 1* : ne peut être recommandée qu'après avoir rempli les exigences légales pour recommandées». Une fois les résultats connus, et pour une commercialisation en Suisse (voire Ordonnance du DFE sur les semences autant qu’ils soient positifs, la multiplication de ces et plants RS 916.151.1) 2 : variété de réserve. Bien que cette variété atteint l'indice nécessaire pour une trois variétés sera entreprise et leur utilisation dans les recommandation, elle ne peut pas être recommandée en raison de la limitation du nombre de variétés recommandées. En cas de retrait d'une variété mélanges standard n’aura plus de frein. Trois anciennes recommandée, la meilleure variété de la classe 2 est automatiquement ajouvariétés recommandées, Arvella, Lipresso et Cavia sont tée à la «liste des variétés recommandées de plantes fourragères». Sur ­d emande du sélectionneur, une variété de la classe 2 peut être échangée déclassées dans la catégorie 2/3 en raison de leurs résulcontre une variété déjà recommandée du même sélectionneur, si les contrats existants ne sont pas affectés. L'échange a lieu directement sans délai tats insuffisants. Elles peuvent encore être utilisées ­d'attente pour la variété retirée. dans les mélanges standard jusqu’à fin 2014. Afin de 2/3 : ancienne variété recommandée déclassée en vue d'une radiation dès le 1 janvier 2015 garder un nombre suffisant de variétés diploïdes dans 3 : variété moyenne, sans caractéristiques particulièrement intéressantes 4 : variété ne convenant pas à la culture en Suisse la «Liste des variétés recommandées», Arolus n’est pas 1

1)

er

2)

er

418

Recherche Agronomique Suisse 3 (9): 414–421, 2012


Ray-grass anglais: 62 variétés ont dû faire leurs preuves

| Production végétale

Tableau 3b | Ray-grass anglais, variétés mi-tardives à tardives: résultats des essais variétaux 2009 – 2011

Variété

Rendement1)*

Aspect Vitesse Force de général* d'installation concurrence*

Persistance*

Résistances/tolérances: Conditions ­hivernales*

Maladies foliaires

Flétrissement bactérien*

MOD2)

Adaptation à l'altitude*

Indice 3,56

30 Alligator

3,6

3,6

2,7

4,4

3,4

5,1

3,6

1,3

4,0

3,8

31 Pomposo

4,9

3,9

3,1

4,3

3,1

5,3

2,9

2,1

4,0

4,0

3,82

32 Barnauta

5,2

3,9

2,9

4,1

3,0

5,2

3,4

2,3

4,0

4,1

3,88

33 Elgon

5,0

4,0

3,1

4,3

3,3

5,0

3,3

1,8

5,0

4,2

3,91

34 Calibra

5,5

4,0

2,4

4,5

3,7

5,1

3,4

1,9

4,0

3,7

3,92

35 Proton

5,0

4,2

3,9

4,6

3,8

4,9

3,7

1,5

3,3

4,7

4,03

36 AberDart

5,1

4,3

3,3

3,4

4,3

5,4

3,9

1,5

5,3

4,3

4,06

37 Premium

5,5

4,5

3,3

4,2

3,8

6,3

4,1

1,6

6,3

4,8

4,42

Moyenne des témoins

5,0

4,0

3,1

4,2

3,6

5,3

3,5

1,7

4,5

4,2

3,95

38 Allodia (LP 0395)

3,0

3,6

2,4

3,6

3,2

4,9

2,5

1,8

3,7

3,7

3,30 3,31

39 Vidalia (LP 0396)

3,8

3,4

2,5

3,7

3,0

4,8

2,5

1,8

3,3

3,6

40 Soraya (LP 0355)

4,5

3,3

2,3

3,7

3,0

4,8

2,4

1,6

5,0

3,2

3,41

41 Mercedes

4,3

3,7

2,3

3,8

2,5

5,2

2,7

2,0

4,3

3,9

3,53

42 Trivos

3,8

3,8

2,8

4,5

2,9

5,3

2,6

1,6

4,7

3,9

3,63

43 Quartet II

4,6

3,9

2,7

4,1

3,2

5,1

3,1

1,3

3,7

4,1

3,64 3,65

44 Dexter 1

3,8

3,9

3,0

4,0

3,2

4,8

3,2

2,0

4,3

4,1

45 Activa

4,3

4,0

2,5

3,9

3,4

5,0

2,5

2,4

4,7

4,1

3,74

46 Kubus

4,6

4,0

2,8

4,3

3,2

5,2

2,6

2,1

5,0

4,3

3,88

47 Giant

3,7

3,9

2,8

4,1

3,5

5,7

3,7

3,0

4,3

4,1

3,94

48 Galion

5,2

3,9

3,0

4,2

3,1

5,7

2,6

2,6

4,7

3,9

3,96

49 Virtuose

5,2

4,3

3,2

4,1

3,7

5,0

3,3

2,8

4,0

4,2

4,06

50 Albion

4,9

4,1

3,1

4,3

3,3

5,2

2,7

3,4

4,3

4,3

4,06

51 Korok

4,6

4,2

2,6

4,2

3,5

5,2

3,5

4,0

4,0

3,9

4,09

52 9LPD 103

5,6

4,4

3,3

3,4

3,2

5,9

3,4

1,5

7,3

4,6

4,21

53 Boyne

4,2

4,7

3,1

3,5

4,1

6,1

3,9

2,0

6,7

5,0

4,30

54 Achat

5,7

4,6

3,4

4,0

3,7

6,1

3,9

1,6

6,3

4,8

4,38

55 Gagny

5,3

4,7

3,7

3,9

3,7

6,7

3,1

1,6

6,3

5,1

4,42 4,43

56 Indicus 1

5,6

4,6

3,6

4,0

3,8

6,3

4,2

1,4

6,7

4,7

57 Themis

5,9

4,8

3,6

4,5

3,7

6,6

3,1

2,1

6,0

4,9

4,57

58 RGAS 773

6,2

4,8

3,3

4,1

4,2

6,6

3,3

2,0

5,7

5,0

4,60

59 Bajka

6,6

4,8

3,6

4,1

4,0

6,3

4,0

2,0

7,0

5,0

4,72

60 DI 143

5,7

5,2

3,6

4,6

4,5

6,8

3,7

1,3

6,7

5,3

4,75

61 Revolution

6,0

5,4

2,8

4,1

4,8

7,8

3,3

2,1

6,3

5,4

4,91

62 Rela

7,3

5,2

3,8

4,9

4,6

6,1

4,4

2,0

7,7

5,2

5,08

Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées (témoins) Notes: 1 = très élevé, très bon; 9 = très faible, très mauvais Notes de rendement de 5 lieux avec respectivement 3 et 5 coupes pesées en 2010 et respectivement 4 et 5 coupes pesées en 2011 MOD = matière organique digestible: moyenne de 3 prélèvements en 2010 à Reckenholz *Caractéristiques comptant double dans le calcul de l'indice

1)

2)

déclassée, bien que sa valeur d’indice général n’ait pas atteint un niveau suffisant. Variétés tardives: beaucoup de dynamisme! Les résultats des variétés mi-tardives à tardives démontrent le travail de sélection fructueux qui a été effectué dans divers pays. Huit nouvelles variétés ont

subi avec succès les épreuves agronomiques. Compte tenu du nombre limité de places sur la liste, elles n’ont pas toutes pu être recommandées (tabl. 3a). Comme il n’était pas possible de remplacer un nombre suffisant d’anciennes variétés recommandées, comme par exemple Pomposo par Trivos et Proton par Dexter 1, Quartet II et Activa ont été classées en catégorie 2 

Recherche Agronomique Suisse 3 (9): 414–421, 2012

419


Production végétale | Ray-grass anglais: 62 variétés ont dû faire leurs preuves

Tableau 4 | Densité du peuplement végétal des ray-grass anglais, évaluée en 2010 et en 2011 par des échantillons de mulch

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62

Variété Variétés précoces à mi-précoces Salamandra Artesia Arvicola Lacerta Arara Arolus Arvella Lipresso Cavia Algira (LP 0485) Arcturus (LP 0475) Salmo (LP 0495) Jaran Tribal (TRAS 649) Arotis (LP 0055) Maurizio LP 0205 Karatos Malta AberGlyn LP 0125 Intrada Genesis Ivana Toronto Arsenal AberStar Rupert (DP 49) Hugin Variétés mi-tardives à tardives Alligator Pomposo Barnauta Elgon Calibra Proton AberDart Premium Allodia (LP 0395) Vidalia (LP 0396) Soraya (LP 0355) Mercedes Trivos Quartet II Dexter 1 Activa Kubus Giant Galion Virtuose Albion Korok 9LPD 103 Boyne Achat Gagny Indicus 1 Themis RGAS 773 Bajka DI 143 Revolution Rela

Ploïdie

Note

4n 4n 4n 4n 2n 2n 2n 2n 2n 4n 4n 4n 4n 4n 2n 4n 2n 4n 4n 4n 2n 4n 2n 2n 2n 2n 2n 2n 2n

4,6 4,3 4,1 3,8 2,2 1,6 2,4 2,0 2,3 4,4 4,7 4,7 4,4 3,6 2,2 3,1 1,3 2,8 4,2 4,8 2,1 3,3 3,0 1,8 2,1 2,0 2,7 1,8 2,2

4n 4n 4n 4n 4n 4n 2n 2n 4n 4n 4n 4n 4n 4n 4n 4n 4n 4n 4n 4n 4n 4n 2n 2n 2n 2n 2n 2n 2n 2n 2n 2n 2n

4,4 4,1 3,3 4,3 4,3 4,3 2,9 3,3 4,6 5,0 4,3 4,4 4,9 3,8 4,1 4,0 4,3 3,8 3,3 4,4 3,8 4,0 2,1 2,7 2,3 2,0 2,9 2,4 2,6 2,9 2,8 3,1 3,3

Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées Notes de taxation: 1 = très dense; 9 = très lacuneux

420

Recherche Agronomique Suisse 3 (9): 414–421, 2012

­ variétés de réserve » (voir la note au-bas du tabl. 3a). « Il convient de souligner les excellents résultats d’Allodia (LP 0395) pour le rendement, de Vidalia (LP0396) pour la MOD et de Soraya (LP 0355) pour l’aptitude à la culture en altitude (tabl. 3b). Mercedes s’est distinguée par une persistance très marquée, suivie de près par Trivos, mais ne présentait pas une MOD aussi bonne que celle des huit nouvelles variétés. Quartet II s’est montrée très peu sensible au flétrissement bactérien, de manière comparable à l’ancienne variété recommandée Alligator. Dexter 1 occupe la tête du classement quant à la résistance aux conditions hivernales. Activa a généralement obtenu de meilleures notes que les variétés témoins, sauf pour la résistance au flétrissement bactérien et la MOD. Allodia et Vidalia ne peuvent pas encore être commercialisées, pour les mêmes raisons évoquées ci-dessus au sujet des nouvelles obtentions précoces. Elles sont en attente pour une inscription dans la «Liste des variétés recommandées». L’ancienne variété Premium est déclassée dans la catégorie 2/3, en raison de ses résultats insuffisants. Elle peut encore être recommandée jusqu’à fin 2014. Puisqu’elles sont remplacées par de nouvelles obtentions (voir la note au-bas du tableau 3a), Pomposo et Proton sont retirées de la «Liste des variétés recommandées» avec effet immédiat.Les autres nouvelles variétés qui ont satisfait les exigences des épreuves agronomiques pour être recommandées sont tétraploïdes. De manière générale, les variétés diploïdes sont moins bien notées sur la plupart des critères. En raison de leur capacité à former un gazon dense (tabl. 4), particulièrement intéressante pour la création de pâturages, il est avantageux de recommander un certain nombre de variétés diploïdes. Un nouveau classement des variétés recommandées, non seulement selon leur précocité, mais aussi selon leur ploïdie, pourrait faire sens lors de la pron chaine série d’essais.


Loietto inglese: 62 varietà sotto esame Tra il 2009 e il 2011 le Stazioni di ricerca Agroscope Reckenholz-Tänikon ART e Agroscope Changins-Wädenswil ACW hanno testato 62 varietà di loietto inglese, di cui 45 novità varietali. Sono state prese in considerazione le seguenti caratteristiche: resa, aspetto generale, precocità, forza di concorrenza, persistenza, idoneità allo svernamento, resistenza a malattie fogliari e batteriosi, digeribilità della sostanza organica e idoneità alla coltivazione ad alta quota. Visti i risultati ottenuti tra le varietà precoci e semiprecoci, Algira, Arcturus e Salmo hanno potuto essere iscritte nella «lista delle varietà raccomandate di piante da foraggio». Siccome la procedura di autorizzazione non si è ancora conclusa, non possono ancora essere raccomandate né commercializzate. Le varietà finora raccomandate Arvella, Lipresso e Cavia sono stralciate dalla lista a causa dei risultati ottenuti. Per quanto riguarda le varietà semitardive e tardive si raccomandano Soraya, Mercedes, Trivos e Dexter 1. Anche le novità varietali Allodia e Vidalia hanno ottenuto risultati sufficienti per essere raccomandate. Tuttavia, visto che la procedura di autorizzazione è ancora pendente bisognerà ancora attendere per una raccomandazione e per la commercializzazione. La varietà Premium viene stralciata dalla lista perché non adempie più le esigenze poste per una raccomandazione.

Bibliographie ▪▪ Frick. R., Bertossa M., Suter D., Hirschi H. U., 2010. Liste 2011 – 2012 des variétés recommandées de plantes fourragères. Recherche Agronomique Suisse 1 (10), I–XVI. ▪▪ Gilliland T. J. & Mann R. L., 2000. Effect of sward cutting management on the relative performance of perennial ryegrass varieties. Journal of Agricultural Science 135, 113–122. ▪▪ Laidlaw A. S., 2004. Effect of heading date of perennial ryegrass cultivars on tillering and tiller development in spring and summer. Grass and Forage Science 59, 240–249. ▪▪ Laidlaw A. S., 2005. The relationship between tiller appearance in spring and contribution to dry-matter yield in perennial ryegrass ( Lolium perenne L.) cultivars differing in heading date. Grass and Forage Science 60, 200 – 209.

Summary

Riassunto

Ray-grass anglais: 62 variétés ont dû faire leurs preuves

| Production végétale

Perennial ryegrass: 62 cultivars put to the test From 2009 through 2011, Agroscope Reckenholz-Tänikon ART and Agroscope Changins-Wädenswil ACW tested 62 cultivars of perennial ryegrass, including 45 new cultivars. Yield, vigour, juvenile development, competitive ability, persistence, winter hardiness, resistance to leaf diseases and bacterial wilt, digestible organic matter content and suitability for higher altitudes were investigated. Of the early-to-mid-early varieties, «Algira», «Arcturus» and «Salmo» achieved results allowing for admission to the «List of Recommended Varieties of Forage Plants». Due to unfinished registration processes, however, the recommendation and the trade of these three cultivars is not yet possible. The previously recommended cultivars «Arvella», «Lipresso» and «Cavia» will be deleted from the list owing to their results. «Soraya», «Mercedes», «Trivos» and «Dexter 1» are the new mid-late-tolate varieties on the list. In addition, the new cultivars «Allodia» and «Vidalia» achieved results sufficient for a recommendation. Owing to pending registration processes, however, the recommendation and the trade of these cultivars is for the time being not possible. The formerly listed cultivar «Premium» no longer meets the requirements for recommendation. Key words: Lolium perenne, perennial ryegrass, variety testing, yield, disease resistance.

▪▪ Mosimann E., Frick R., Suter D. & Rosenberg E., 2008. Mélanges standard pour la production fourragère. Révision 2009–2012. Revue suisse Agric. 40 (5), 1–12. ▪▪ Mühle E., 1971. Krankheiten und Schädlinge der Futtergräser. S. Hirzel Verlag, Leipzig. 442 p. ▪▪ Norris K. H., Barnes R. F., Moore J. E. & Shenk J. S., 1976. Predicting forage quality by infrared reflectance spectroscopy. Journal of Animal Science 43, 889–897. ▪▪ Schubiger F. X., Bosshard H. R. & Lehmann J., 1997. Nährwert von Englisch Raigrassorten. Agrarforschung 4 (4), 169–172. ▪▪ Tilley J. & Terry R., 1963. A two stage technique for the in vitro digestion of forage crops. Journal of the British Grassland Society 18, 104–111.

Recherche Agronomique Suisse 3 (9): 414–421, 2012

421


P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

La protection des utilisateurs dans l’homologation des produits phytosanitaires Olivier Sanvido, Carsten Hippe et Livia Bergamin Secrétariat d’Etat à l’économie SECO, secteur Produits chimiques et travail, 8004 Zurich Renseignements: Olivier Sanvido, e-mail: olivier.sanvido@seco.admin.ch, tél. +41 43 322 21 52

Le SECO évalue les risques pour la santé des travailleurs lors de l'utilisation des produits phytosanitaires. (Photo: Gabriela Brändle, ART)

Introduction Les produits phytosanitaires (PPS) contiennent des principes actifs destinés à protéger les végétaux des organismes nuisibles, à conserver les produits à base de végétaux et à détruire les plantes ou les parties de plantes indésirables (LChim RS 813.1). L’agriculture moderne recourt aux produits phytosanitaires dans de nombreux systèmes de culture afin de pouvoir satisfaire aux hautes exigences de qualité envers les produits agricoles et assurer des rendements élevés. Les pommes, par exemple, subissent une quinzaine de traitements PPS avant d’être mises sur le marché. On estime aujourd’hui que sans l’application de PPS, le rendement des principales cultures agricoles de nos latitudes tempérées (betterave sucrière, pomme de terre, orge, maïs et blé) serait inférieur de 50 à 80 % à ce qu’il est aujourd’hui, du fait des organismes nuisibles, des mauvaises herbes et des maladies (Oerke & Dehne 2004). Même avec l’aide des PPS, la perte de rendement effectif reste encore supérieure à 30 %. Rares sont les modes de production agricoles qui

422

Recherche Agronomique Suisse 3 (9): 422–427, 2012

peuvent se passer de PPS. Cependant, même si ces produits contribuent à minimiser les pertes dans les cultures, ils ne sont pas dénués d’effets secondaires dommageables. C’est pour les minimiser et protéger ainsi la vie et la santé humaine et animale, de même que l’environnement, que la loi sur les produits chimiques (LChim RS 813.1) et l’Ordonnance sur les produits phytosanitaires (OPPh RS 916.161) imposent des prescriptions strictes et précises en la matière. En Suisse, les PPS doivent être homologués par l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) avant d’être mis en circulation (fig. 1). Les demandes d’homologation sont généralement traitées par quatre offices fédéraux. L’Office fédéral de l’environnement (OFEV) se penche sur les questions spécifiques ayant trait à l’environnement, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) apprécie les aspects relatifs à la santé publique, à la protection des consommateurs, ainsi que les caractéristiques toxicologiques des produits. L’évaluation des propriétés chimiques des PPS, de leur comportement dans le sol, de leur efficacité et de leurs risques écotoxicologiques incombe à l’OFAG, lequel confie cette tâche à ses stations de recherche Agroscope. Enfin, l’évaluation de la sécurité des utilisateurs professionnels de PPS relève de la compétence du Secteur produits chimiques et travail du Secrétariat d’État à l’économie SECO. L’évaluation des risques réalisée par le SECO porte sur l’exposition des utilisateurs de PPS proprement dits, c’est-à-dire les personnes qui préparent et appliquent ces produits (= opérateur) et le personnel d’exploitation chargé des travaux postérieurs à l’application des produits phytosanitaires, en particulier les travaux d’entretien des cultures et de récolte (= travailleur). C’est dans la viticulture, l’arboriculture fruitière et l’horticulture ornementale par exemple que beaucoup de travaux d’entretien ou de récolte se font à la main, ce qui expose les travailleurs aux PPS, via le contact avec le feuillage traité. Les risques pour la santé des utilisateurs professionnels et l’adoption des mesures de protection pour l’application de PPS découlent de deux éléments: (1) les propriétés dangereuses pour la santé des substances actives et (2) l’exposition de l’utilisateur aux PPS, qui se calcule à l’aide


de modèles reconnus par les autorités européennes. L’organe d’évaluation du SECO examine la protection des utilisateurs dans l’ensemble des cultures agricoles et des domaines d’application et établit, à l’intention de l’OFAG, une expertise détaillant les prescriptions à imposer pour assurer la santé des utilisateurs de PPS. 1re partie de l’évaluation des risques Classification et étiquetage des substances La classification et l’étiquetage des substances chimiques indiquent les propriétés dangereuses pour la santé au moyen de symboles de danger ou pictogrammes et de phrases de risques (OChim RS 813.11). Le système d’étiquetage appliqué jusqu’alors dans l’Union européenne cède progressivement la place au nouveau système SGH (Système Général Harmonisé) (Rüegg 2010). Fabricants et importateurs de produits chimiques ont jusqu’en juin 2015 pour passer au nouveau système. Pour les produits phytosanitaires, l’étiquetage selon le nouveau système sera possible à partir de décembre 2012 et devra être définitivement adopté en juin 2018 (train d’ordonnances

Demande d’homologation Service d’homologation OFAG

OE OFSP

OE OFEV

OE OFAGAgroscope

OE SECO

Résultat de l’évaluation

Résumé

La protection des utilisateurs dans l’homologation des produits phytosanitaires | Production végétale

Dans bien des systèmes de culture, les produits phytosanitaires (PPS) constituent un facteur de production majeur, gage d’une production agricole de qualité supérieure et d’un rendement élevé. Les PPS cependant ne sont pas dénués de propriétés dangereuses et c’est pourquoi ils ne sont commercialisés qu’après avoir été autorisés par l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG). L’homologation est obtenue si l’application de ces produits ne met pas en danger les êtres humains, les animaux et l’environnement. Plusieurs offices fédéraux sont associés à la procédure d’homologation, chacun ayant pour mission d’évaluer certaines propriétés spécifiques des PPS. Au nombre des organes d’évaluation, on trouve le Secteur produits chimiques et travail du Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO), qui est chargé d’évaluer les mesures nécessaires à la protection de la santé des utilisateurs professionnels de PPS. Les mesures à prendre pour la préparation et l’application des PPS découlent de deux éléments: (1) les propriétés dangereuses des produits pour la santé des travailleurs (2) l’exposition systémique des utilisateurs de PPS. A l’aide de modèles de calcul reconnus, le SECO évalue l’exposition des utilisateurs de PPS ainsi que celle du personnel d’exploitation qui travaille dans les cultures traitées. L’organe d’évaluation du SECO établit ensuite une expertise qui détaille les mesures de protection à imposer pour protéger la santé des personnes amenées à manipuler les PPS.

Délais d’évaluation Les demandes d’homologation sont traitées dans un délai d’un an OE = Organe d’évaluation Office

Service d’homologation OFAG Homologation Tâches et objets d’évaluation dans la procédure d’homologation

Office fédéral de l'agriculture

• coordination, autorisation • contact avec les entreprises et les organes d'évaluation

Office fédéral de la santé ­publique

• aspects généraux ayant trait à la santé publique • protection des consommateurs • toxicologie (hazard assessment)

Office fédéral de l'environnement

• questions spécifiques relatives à l'environnement

Agroscope

• propriétés chimiques des PPS • comportement dans le sol efficacité • effets écotoxicologiques

SECO

• protection des utilisateurs professionnels • exposition lors de l'utilisation • évaluation des risques (= risk assessment) sur la base de l'analyse toxicologique (→OFSP) et ­exposition

Figure 1 | Organisation de la procédure d'homologation des produits phytosanitaires en Suisse.

agricoles de printemps 2012). Le nouveau système SHG introduit de nouveaux pictogrammes de danger, tandis que les phrases R et S sont remplacées par de nouvelles mentions de danger (phrases H = Hazard) et des conseils de prudence (phrases P = Precautionary). Avec le nouveau système de classification et d’étiquetage, il est possible d’encoder les dangers inhérents aux substances chimiques. Ainsi le pictogramme de la tête de mort désigne-t-il désormais un niveau «hautement toxique» tandis que le «point d’exclamation» signifie «Attention danger» (fig. 2). Les pictogrammes sont complétés par des phrases H qui précisent la nature du danger. Les phrases P quant à elles énoncent les précautions à prendre pour prévenir ou réduire les risques. L’organe d’évaluation du SECO se fonde sur la liste des propriétés dangereuses des PPS pour définir les mesures de protection à adopter. Ainsi, les produits marqués de la phrase H318 (provoque des lésions oculaires graves) exigent le port de lunettes de protection fermées ou  d’un appareil de protection du visage.

Recherche Agronomique Suisse 3 (9): 422–427, 2012

423


Production végétale | La protection des utilisateurs dans l’homologation des produits phytosanitaires

F+ / F

424

O

Extrêmement ou facilement inflammable E

Comburant

Explosible

Dangereux pour la santé

Xn

T

C

Toxique

Corrosif

Comburant

Hautement toxique

Corrosif

Explosible

Dangereux pour la santé

Attention danger

Dangereux pour l’environnement

N

Xi

Irritant

Extrêmement inflammable

Dangereux pour l’environnement

Figure 2a | Classification et étiquetage des substances chimiques au moyen des pictogrammes de danger en vigueur jusqu'ici.

Figure 2b | Classification et étiquetage des substances chimiques selon le système général harmonisé (SGH) applicable aux produits phytosanitaires dès décembre 2012.

2e partie de l’évaluation des risques Calcul de l’exposition systémique Deux paramètres toxicologiques majeurs déterminés par l’OFSP entrent en jeu pour calculer l’exposition systémique de l’utilisateur. Par exposition systémique, il faut entendre la quantité de substance effectivement absorbée quotidiennement par l’organisme via la peau et les voies respiratoires. 1. Le NAEO (niveau acceptable d’exposition de l’opérateur) en mg de substance active par jour et par kilo de poids corporel désigne la dose maximale de substance active qu’un utilisateur peut absorber par les voies respiratoires et cutanée, sans risque notable pour sa santé. Le NAEO repose sur la dose sans effet indésirable observé (NOAEL No Observed Adverse Effect Level) qui est établie par expérimentation animale. 2. L’absorption cutanée (Dermal Absorption DA en %) est une mesure indiquant la part de la substance active ou d’un autre composant du produit qui peut pénétrer dans la circulation sanguine par la peau. Elle est généralement établie sur une base expérimentale. À défaut de tests pertinents, on retient généralement pour le calcul un taux d’absorption cutanée de 25% pour la formulation concentrée et de 75% pour la formulation diluée. Pour calculer l’exposition, l’organe d’évaluation du SECO se sert d’un modèle mathématique mis au point par l’ancienne Deutsche Biologische Bundesanstalt für Landund Forstwirtschaft (BBA, aujourd’hui Institut JuliusKühn). Ce modèle permet d’estimer l’exposition systémique de l’utilisateur amené à manipuler des PPS concentrés (p.ex. pour la préparation de la bouillie de pulvérisation) et à appliquer le produit dilué (Lundehn

et al. 1992; fig. 3). La modélisation de l’exposition systémique prend en compte les paramètres suivants:

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••méthode d’application (rampe de pulvérisation tractée, turbo diffuseur ou pulvérisateur dorsal) ••forme du produit (liquide, granulat ou poudre) ••concentration des substances actives (en gramme par litre ou kilo de produit) ••absorption cutanée du concentré ou de la bouillie de pulvérisation (en %) ••dose appliquée (en litres ou kilos de produit par hectare) Dans un premier temps, le calcul de l’exposition systémique fait abstraction des mesures de protection individuelle (EPI). L’exposition systémique englobe l’absorption potentielle de PPS par la peau (voie cutanée) ou par les voies respiratoires (inhalation) que ce soit lors de la préparation ou de l’application de la bouillie de pulvérisation. Si l’exposition ainsi calculée est supérieure à la dose journalière acceptable (NAEO), on introduit dans le calcul une série de paramètres d’équipements de protection, ce qui permet généralement de ramener les valeurs d’exposition systémique en dessous du NAEO, de façon à garantir une manipulation sûre des PPS avec l’équipement de sécurité préconisé (fig. 3 et 4). Lors de la préparation de la bouillie de pulvérisation (manipulation de la formulation concentrée), il est possible de prévoir des gants de protection et un masque à gaz. Pour la pulvérisation (formulation diluée), le port de gants, d’une combinaison de protection, de bonnes chaussures et d’un masque à gaz peut être nécessaire. Chaque élément de protection réduit


La protection des utilisateurs dans l’homologation des produits phytosanitaires | Production végétale

Figure 3a | L’exposition systémique de l’utilisateur est supérieure au NAEO de la substance active, d’où la nécessité de mesures de protection individuelle pour réduire l’exposition.

Figure 3b | Grâce aux mesures de protection adoptées (port de gants pour la préparation de la bouillie de pulvérisation, gants et combinaison de protection pour son application), l’exposition systémique est inférieure au NAEO.

l’exposition systémique d’un facteur déterminé. Les gants de protection, par exemple, permettent de diminuer de 99 % l’exposition cutanée des mains. Une combinaison de protection réduit l’exposition cutanée de 95 % pour le corps entier, tandis qu’un masque à gaz protège les voies respiratoires à 95 – 98 %. Dans la plupart des cas, il est possible de définir un équipement de protection individuelle (EPI) qui abaissera l’exposition de façon à ramener la quantité de PPS absorbé en deçà de la dose journalière autorisée. En se fondant sur cette modélisation, l’autorité d’évaluation du SECO exige le port d’un EPI pour la préparation et la pulvérisation de la bouillie. En plus de l’exposition systémique pour l’utilisateur du PPS, l’autorité d’évaluation calcule aussi l’exposition du personnel d’exploitation qui travaille dans les

cultures après la pulvérisation. Le modèle de Hoernicke et al. (1998) utilisé à cet effet prend en compte les facteurs suivants: ••taux d’application (en kilos de substance active par hectare) ••nombre d’applications par saison ••durée de travail journalière moyenne pendant laquelle un ouvrier, en contact avec le feuillage, est exposé au PPS (en heures) ••surface du feuillage traité avec le PPS avec laquelle un ouvrier peut être en contact en accomplissant une activité donnée (en cm²/heure) ••quantité de PPS que l’ouvrier peut enlever en touchant les feuilles (DFR Dislodgeable Foliar Residues, généralement 1 mg/ cm²/kg substance active)

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425


Production végétale | La protection des utilisateurs dans l’homologation des produits phytosanitaires

Conclusions

Figure 4 | Le port d’un équipement de protection idoine (gants, combinaisons, chaussures résistantes et masque à gaz) permet de réduire l'exposition aux produits phytosanitaires. Une protection totale pour l'application de PPS ne s'impose que dans de très rares cas. L’organe d'évaluation du SECO définit les mesures de protection individuelles selon le principe «aussi peu que possible, mais autant que nécessaire».

••taux de pénétration du PPS à travers l’EPI ( en pour cent de la quantité susceptible de passer à travers l’EPI – généralement 5%) ••valeur d’absorption cutanée (en pour cent) Calculée à l’aide de ce modèle, l’exposition des travailleurs affectés aux travaux d’entretien et de récolte postérieurs à la pulvérisation est comparée encore une fois avec le NAEO de la substance active pour déterminer si la dose journalière maximale est dépassée sans équipement de protection, auquel cas l’organe d’évaluation du SECO impose le port de gants ou d’une combinaison de protection pendant une durée déterminée (p.ex. pendant les 48 heures qui suivent la pulvérisation).

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La décision de l’organe d’évaluation du SECO dans la procédure d’homologation des produits phytosanitaires contribue à assurer la protection de la santé des utilisateurs professionnels et à minimiser les risques, à condition d’observer les précautions d’usage. C’est précisément dans ce but que l’on cherche à déterminer s’il est possible, grâce à un dispositif de protection adéquat, de ramener l’exposition systémique aux PPS en dessous de la dose journalière maximale acceptable. En outre, on peut exiger des mesures de protection en cas de danger qui ont une origine autre que l’exposition systémique, comme par exemple la corrosion cutanée. Une étude du Secteur produits chimiques et travail du SECO,- non représentative du fait de son échantillon restreint - indique que les mesures de protection prescrites dans l’agriculture ne sont hélas pas suffisamment appliquées (Kindler et Winteler 2009). Pourtant, les dispositions qui régissent la manipulation des substances chimiques sont claires. Les utilisateurs accordent bien souvent trop peu d’attention aux consignes de protection individuelle imprimées sur les étiquettes des produits. La moitié environ des utilisateurs considérés dans l’étude ne portaient par exemple ni les gants ni les vêtements de protection préconisés. Au vu de ces résultats, l’organe d’évaluation du SECO envisage le lancement d’une campagne destinée à informer les utilisateurs de PPS de l’importance des équipements de protection optimale dans les travaux agricoles n


Protezione degli utilizzatori nel quadro dell’omologazione dei prodotti fitosanitari I prodotti fitosanitari (PFS) sono un importante fattore di produzione in molti sistemi colturali agricoli, senza il quale non potrebbero essere garantite l’alta qualità e l’alto rendimento dei prodotti agronomici. Tuttavia essi hanno anche proprietà pericolose, per questo motivo in Svizzera possono essere commercializzati solo dopo essere stati omologati dall’Ufficio federale dell’agricoltura (UFAG). L’omologazione viene rilasciata qualora durante il loro impiego sia garantita la tutela di persone, animali e ambiente. Questa procedura prevede la partecipazione di diversi organi federali nella valutazione delle caratteristiche specifiche di un PFS. Uno di questi organi è il settore Prodotti chimici e lavoro della Segreteria di Stato dell’economia (SECO), responsabile della valutazione delle misure di protezione. Le misure di protezione necessarie per la preparazione e per la dispersione di PFS derivano da due fattori: (1) le caratteristiche dei prodotti chimici nocive per la salute e (2) l’esposizione sistemica degli utilizzatori ai PFS. Mediante modelli di calcolo riconosciuti viene valutata l’esposizione degli utilizzatori di PFS e del personale dell’azienda che lavora sulle superfici agricole dopo il trattamento. In seguito a ciò, l’organo di valutazione della SECO redige un resoconto nel quale indica le misure di protezione necessarie a garantire la tutela della salute degli utilizzatori professionali, per un utilizzo di PFS conforme alle prescrizioni.

Bibliographie ▪▪ Hoernicke E., Nolting HG &Westphal D., 1998. Hinweise in der Gebrauchsanleitung zum Schutz von Personen bei Nachfolgearbeiten in mit Pflanzenschutzmitteln behandelten Kulturen (Worker re-entry). Nachrichtenbl. Deut. Pflanzenschutzd . 50, 267–269 ▪▪ Kindler P. & Winteler R., 2009. Anwendbarkeit von Expositionsmodellen für Chemikalien auf Schweizer Verhältnisse Teilprojekt 2: Überprüfung der Modelle «UK POEM» und «German Model», Secrétariat d’Etat à l’économie. Accès: www.seco.admin.ch/themen/00385/02071/02248 [14 août 2012] ▪▪ Loi fédérale du 15 décembre 2000 sur la protection contre les substances et préparations dangereuses (loi sur les produits chimiques, LChm) RS 813.1 ▪▪ Lundehn J. R., Westphal D., Kiezca H., Krebs B. Löcher-Bolz S., Maasfeld W. & Pick E. D., 1992. Einheitliche Grundsätze zur Sicherung des Gesundheitsschutzes für den Anwender von Pflanzenschutzmitteln, Mitteilungen aus der Biologischen Bundesanstalt für Land- und Forstwirtschaft BerlinDahlem, Heft 277, Kommissionsverlag Paul Parey, 112 p.

Summary

Riassunto

La protection des utilisateurs dans l’homologation des produits phytosanitaires | Production végétale

Evaluating occupational health risks in the approval process of plant protection products Plant protection products (PPP) have become an important production factor in many agricultural cultivation systems without which the high quality and output of agricultural products cannot be guaranteed. On the other hand however, PPP often have dangerous properties, and can therefore only be brought into circulation in Switzerland once they have been approved by the Swiss Federal Office for Agriculture (FOAG). Approval is given provided that it can be guaranteed that people, animals and the environment will be protected when such products are used. Various Federal departments are involved in the process of assessing the specific properties of a PPP, with one of them being the Chemicals and Occupational Health section of the State Secretariat for Economic Affairs (SECO), which is an assessment office responsible for the evaluation of the protective measures which are necessary to ensure the health of professional users of PPPs. The protective measures which are necessary for the application of PPPs are derived from two factors: (1) the properties of the chemicals which are hazardous to health and (2) the systemic exposure of users to PPPs. With the help of recognised calculation models, the exposure for users of PPPs and for operating staff for follow-up work in treated surfaces can be estimated. The SECO regulatory body uses this to produce a report, formulating the necessary protective measures to ensure the protection of the health of professional users when using PPPs according to the regulations. Key words: Operator exposure, worker exposure, risk assessment, plant protection products, chemicals, occupational health.

▪▪ Oerke E. C. & Dehne H. W. (2004) Safeguarding protection – losses in major crops and the role of crop protection. Crop Protection 23, 275–285. ▪▪ Ordonnance du 18 mai 2005 sur la protection contre les substances et les préparations (ordonnance sur les produits chimiques, OChim) RS 813.11O ▪▪ Ordonnance du 12 mai 2010 sur la mise en circulation des produits phytosanitaires (ordonnance sur les produits phytosanitaires, OPPh) RS 916.161 ▪▪ Rüegg C., 2010. SGH – le nouveau système d'étiquetage des produits chimiques. Communications CFST 69, 26–30. ▪▪ Train d'ordonnances agricoles de printemps 2012 modifications de l'ordonnance sur les produits phytosanitaires. Accès: http://www.blw.admin.ch/themen/00005/01464/index. html?lang=fr [14 août 2012]

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427


P r o d u c t i o n

a n i m a l e

Installations de récupération de chaleur: un climat d’étable optimal en été également Markus Sax, Ludo Van Caenegem et Matthias Schick Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen Renseignements: Markus Sax, e-mail: markus.sax@art.admin.ch, tél. +41 52 368 32 81

Figure 1 | Echangeur thermique double dans une halle d’engraissement de volaille. (Photo: ART)

Introduction Les températures extérieures élevées perturbent le climat de nombreuses porcheries et halles d’engraissement de volaille. L’acuité de ce problème augmente avec le réchauffement climatique. Les températures élevées dans les étables sont sources de stress pour les animaux et peuvent entraîner des baisses de rendement. En outre, elles accroissent les émissions de gaz polluants, ce qui nuit à l’environnement. Il peut valoir la peine de réduire les pertes de rendements dues à la chaleur en faisant baisser la température de l’air à l’intérieur de l’étable grâce à des dispositifs de refroidissement. Les procédés techniques les plus répandus sont le refroidissement de l’air ambiant à l’aide d’installations de nébulisation à haute pression

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Recherche Agronomique Suisse 3 (9): 428–435, 2012

(refroidissement évaporatif) dans l’étable ou le refroidissement de l’air entrant au moyen d‘échangeurs de chaleur thermique. Ces derniers permettent de compenser les températures extérieures élevées dans l’air entrant aussi bien que les basses températures. Ils nécessitent cependant de gros investissements. Leur potentiel de refroidissement diminue considérablement lorsque les vagues de chaleur durent longtemps, car le terrain alentour emmagasine une partie de la chaleur extraite de l’air entrant. L’efficacité du refroidissement évaporatif, meilleur marché, est limitée par le point de saturation (100 % d‘humidité relative) de l’air de l‘étable. La combinaison des installations d’humidification et de récupération de chaleur (RC) offre une nouvelle possibilité de refroidir l’air des étables. Les installations traditionnelles de récupération


Installations de récupération de chaleur: un climat d’étable optimal en été également | Production animale

Résumé

de chaleur air-air ne sont utiles que lorsque les températures extérieures sont basses et que le dégagement de chaleur sensible des animaux ne suffit pas à équilibrer le bilan énergétique thermique. Lorsque la température de l’étable dépasse la valeur limite, l’échangeur thermique de la RC est court-circuité par un bypass, pour empêcher la température de l’étable de continuer à augmenter. L’air peut être humidifié de différentes façons dans les installations RC. Selon que l’humidification a lieu dans l’air entrant ou l’air sortant, le refroidissement de l’air entrant se fera de manière diabatique* ou à la fois de manière diabatique et adiabatique. Contrairement au refroidissement adiabatique de l’air entrant, son refroidissement diabatique n’entraîne pas une augmentation de la teneur en eau de l’air de l’étable. A quel point l’air de l’étable doit-il être refroidi ou réchauffé? Cela dépend du rendement thermique et par conséquent de la taille de l’échangeur de chaleur. Pour calculer les coûts et les bénéfices, la température de l’étable doit être quantifiée par rapport au rendement de l’installation ainsi qu’aux caractéristiques du bâtiment, des animaux et du climat. Un modèle de calcul dynamique a été conçu à cet effet. La faisabilité technique et économique d’installations de récupération de chaleur de ce type sera testée ultérieurement sur un site pilote.

Matériel et méthode Principe d’action Suivant où se produit l’humidification de l’air, soit dans l’air entrant, soit dans l’air sortant, on peut distinguer trois variantes. En cas d’humidification de l’air sortant (variante RC As, fig. 2, à gauche), le refroidissement de

*Transformation diabatique: processus thermodynamique, lors duquel un transfert thermique est effectué entre le système étudié et le milieu extérieur. Transformation adiabatique: en thermodynamique, une transformation est dite adiabatique si elle est effectuée sans qu’aucun transfert thermique n’intervienne entre le système étudié et le milieu extérieur.

text=32 °C

text=32 °C

RC As

ti=30 °C

tae=27 °C

tas=30 °C

ti=27 °C

tae=23 °C

humidification

22°C

tas=27 °C

Les installations classiques de récupération de chaleur air-air (RC) ne sont utiles que lorsque les températures extérieures sont basses, tant qu’il est nécessaire de chauffer l’étable. L’incorporation d’un dispositif de nébulisation à haute pression dans la RC permet de refroidir également l’air entrant avec l’échangeur thermique. Le fait d’humidifier l’air sortant jusqu’à saturation avant qu’il ne passe par l’échangeur thermique permet de faire baisser sa température d’environ 10 Kelvin. Pour ce faire, la chaleur est prélevée dans l’air entrant à l’aide de l’échangeur thermique. Plus le rendement thermique de l’échangeur est élevé, plus le refroidissement de l’air entrant est efficace. Ce procédé diabatique augmente toutefois la teneur en eau de l’air de la porcherie. C’est le cas lorsque l’air entrant est humidifié à sa sortie de l’échangeur thermique. Contrairement à la nébulisation haute pression dans la porcherie, le refroidissement ne se fait pas intégralement de manière adiabatique en cas d’utilisation d’une installation de récupération de chaleur avec humidification de l’air entrant et sortant. En effet, une partie de la baisse de température obtenue dans la porcherie se fait de manière diabatique, par échange de chaleur entre l’air sortant et l’air entrant. Un modèle de calcul dynamique permet de déterminer la réduction de température à l’intérieur de la porcherie. La combinaison d’un dispositif de nébulisation haute pression et d’un échangeur thermique plus grand qui doit également suffire pour les débits d’air en été entraîne des coûts supplémentaires. Par ailleurs, l’installation est plus simple puisque les clapets et cheminées de by-pass deviennent superflus. En outre, le refroidissement peut également réduire le débit d’air maximal et par conséquent, la consommation des ventilateurs. L’installation est-elle en mesure de répondre aux attentes économiques, écologiques et à celles liées au climat d’étable? Cette question fera l’objet de tests dans une installation pilote.

RC Ae

humidification

27°C

RC Aes

ti=26 °C

tae=22 °C

tas=26 °C

humidification

humidification

22 °C

Figure 2 | Représentation schématique des différentes variantes de RC avec refroidissement adiabatique et/ou diabatique. (ti: température de l’étable, text: température extérieure, tae: température de l’air entrant, tas: température de l’air sortant).

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Production animale | Installations de récupération de chaleur: un climat d’étable optimal en été également

ti, référence =

ti, RC As =

ti, RC Ae =

ti, RC Ase =

ti, NHP =

ti, ETS =

430

H s + qT ta + V 0,28 qT + V 0,28

ta

H s + qT ta + V 0,28

[ta

WRG

H s + qT ta + V 0,28

[ta

WRG

Wab 680 ))] V 0,28 qT + V 0,28 (ta

(ti

(ta

ti )

WRG

Wab 1,16 (ti

Wzu 680 ] Wzu 1,16 (ti V 0,28

tw )

tw )

qT + V 0,28 H s + qT ta + V 0,28

H s + qT ta + V 0,28

[ta

WRG

(ta

(ti

Wzu 680 Wab 680 )) ] ( V 0,28 V 0,28 qT + V 0,28

ta WHDV 680 WHDV 1,16 (ti qT + V 0,28

H s + qT ta + V 0,28 (ta qT + V 0,28

EWT

(ta

WRG

Wab + Wzu ) 1,16 (ti

tw )

tw )

tb ))

ti,référence: Température à l’intérieur de l’étable de référence (sans traitement de l’air entrant) °C ti,RC As: Température à l’intérieur de l’étable avec RC As (humidification de l’air sortant) °C ti,RC Ae: Température à l’intérieur de l’étable avec RC Ae (humidification de l’air entrant) °C ti,RC Ase: Température à l’intérieur de l’étable avec RC Ase (humidification de l’air entrant et sortant) °C ti,NHP: Température à l’intérieur de l’étable avec NHP (nébulisation haute pression) °C ti,ETS: Température à l’intérieur de l’étable avec ETS (échangeur thermique souterrain) °C HS: dégagement de chaleur sensible des animaux (dépend de ti) W

Température extérieure °C Température de la terre autour des tuyaux ondulés °C Température de l’eau de l’installation d’humidification °C qT: Pertes par transmission W/ °C V: Taux de ventilation m3/h ρ: Densité de l’air kg/m3 Eas: Quantité d’eau pulvérisée dans l’air sortant kg/h Qae: Quantité d’eau pulvérisée dans l’air entrant kg/h ENHP: Quantité d’eau pulvérisée dans l’air de l’étable kg/h ηRC: Rendement thermique de l’installation de récupération de chaleur % ηETS: Rendement thermique de l’échangeur thermique souterrain %

l’air entrant s’effectue de manière totalement diabatique par échange de chaleur dans l’échangeur thermique (fig. 3). Il suffit d’avoir un échangeur thermique à récupération. Dans ce type d’échangeur thermique, les flux d’air sortant et entrant se croisent sans échange d’air ni d’humidité (ex. échangeur thermique à contrecourant). De ce fait, l’humidification de l’air sortant ne fait pas augmenter la teneur en eau de l’air à l’intérieur de l’étable. Par conséquent, l’air sortant peut être enrichi en eau jusqu’à ce qu’il ait atteint le point de saturation. Le refroidissement de l’air sortant dépend de l’humidité relative de l’air à l’intérieur de l’étable et donc de l’air sortant. Cette dernière dépend quant à elle du climat

extérieur, de l’effectif animal et du taux d’aération. Il est possible de réduire la température de l’air sortant de 10 Kelvin environ. Au lieu d’humidifier l’air sortant, on peut aussi humidifier l’air entrant (variante RC Ae, fig. 2, au centre). Contrairement à la variante RC As, l’humidification de l’air entrant augmente la teneur en eau de l’air amené et donc l’humidité relative de l’air à l’intérieur de l’étable. Afin que l’humidité relative de l’air de l’étable ne dépasse pas une valeur seuil (par exemple 70 %), il est conseillé de limiter la quantité d’eau vaporisée dans l’air entrant. L’eau peut également être nébulisée par des buses à haute pression dans l’ensemble de l’étable. La

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ta: tb: te:


Installations de récupération de chaleur: un climat d’étable optimal en été également | Production animale

Tableau 1 | Bases de calcul utilisées dans l’exemple (fig. 3 à 6) Température ext.

32 °C

Humidité relative ext.

40 %

Humidité relative max. autorisée dans l’étable

70 %

Effectif animal Pertes de transmission du bâtiment Température de l’eau vaporisée

600 porcs à l’engrais de 100 kg 257 W/°C 20 °C

variante RC Ae se distingue toutefois de la nébulisation classique à haute pression dans l’air ambiant, par le fait que l’air entrant est prérefroidi de manière diabatique dans l’échangeur thermique, à condition bien entendu que la température de l’étable soit inférieure à la température extérieure. Dans une installation avec humidification de l’air entrant et sortant (RC Ase, fig. 2, à droite), l’humidité relative de l’air sortant est saturée jusqu’à 100 %. L’humidité relative de l’air entrant ne peut cependant pas réellement être augmentée jusqu’à 100 %, sans quoi l’humidité relative de l’air de l’étable augmenterait trop. Cette variante permet toutefois d’exploiter au maximum le potentiel de refroidissement adiabatique et diabatique de la RC. Bases de calcul Le modèle de simulation associe les paramètres de réglage ci-dessous:

••dégagement de chaleur sensible et latent des animaux ••climat intérieur et extérieur ••pertes de chaleur par transmission (enveloppe du bâtiment) ••aération (pertes d’aération) ••rendement thermique de l’installation de récupération de chaleur. Ces paramètres permettent d’étudier l’influence de l’humidification de l’air entrant et sortant dans l’installation de récupération de chaleur sur le climat de l’étable. L’abaissement de la température de l’air à l’intérieur de l’étable sous l’effet de la RC peut être comparé au refroidissement de l’air par d’autres procédés comme l’échangeur de chaleur souterrain (ECS) ou la nébulisation haute pression (NHP). La température de l’étable étant à la fois valeur cible et facteur d’influence, le calcul est basé sur un procédé itératif. Les conditions cadres du refroidissement sont les suivantes: humidité relative maximale autorisée dans l’étable, point de saturation de l’air et rendement thermique de l’installation de récupération de chaleur. Dans une plage de 10 à 20 °C, la température de l’eau pulvérisée n’a que très peu d’influence sur la température de l’étable (< 0,1 °C). Exemple de calcul L’exemple porte sur une porcherie d’engraissement (tabl. 1). Les calculs ne prennent pas en compte l’inertie thermique du bâtiment (flux thermique stationnaire). Dans la porcherie de référence, l’air entrant n’est pas humidifié.

Figure 3 | Echangeur thermique dans une halle d’engraissement de volaille.

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Production animale | Installations de récupération de chaleur: un climat d’étable optimal en été également

35 33

70 000

65 000

60 000

RC Ase 55 000

25 50 000

RC As

45 000

27

40 000

RC Ae

35 000

29

30 000

Référence

25 000

31

20 000

Température de la porcherie °C

37

Débit d’aération (m³/h) Figure 4 | Températures de la porcherie avec les variantes de RC comparées avec la porcherie de référence. Rendement thermique de l’échangeur de chaleur 50 %.

Résultats et discussion Comparaison entre l’humidification de l’air entrant et de l’air sortant Avec la variante RC As, la température de l’air sortant peut être abaissée à 21,8 °C avec un débit d’air de 60 000 m3/h, à condition que l’humidité relative de l’air sortant soit augmentée à 100 %. La température de l’air entrant baisse de 32 °C (température extérieure) à 26,9 °C, lorsque le rendement de l’échangeur thermique est de 50 %. Grâce à ce refroidissement, la température de la porcherie (30,5 °C) se situe environ 1,5 Kelvin en dessous de la température extérieure (fig. 4). Sans RC As, la température de la porcherie serait de 34,5 °C et l’humidité relative de l’air à l’intérieur de 48,3 % (fig. 5).

L’humidification de l’air entrant (RC Ae) est limitée par deux facteurs: d’une part, la capacité maximale d’absorption d’eau de l’air entrant et d’autre part, l’humidité relative maximale autorisée dans la porcherie (70 %). Avec un débit d’air de 60 000 m3/h, la température de l’air entrant est de 22,8 °C et la température de la porcherie de 27,0 °C (fig. 4). La température de la porcherie se situe environ 3,5 Kelvin en dessous de la température obtenue avec l’installation RC As, mais l’humidité relative est toutefois 21,7 % plus élevée (fig. 5). Afin que l’humidité relative de l’air de la porcherie ne dépasse pas la valeur seuil (70 %), l’humidité relative de l’air entrant à la sortie de l’échangeur thermique ne doit pas dépasser 83,5 %. Si l’air entrant et l’air sortant sont tous deux refroidis de manière adiabatique (RC Ase), la température de la

75

Humidité relative %

70 65 60 55

Référence

50

RC Ae

45

RC As

40

RC Ase 70 000

65 000

60 000

55 000

50 000

45 000

40 000

35 000

30 000

25 000

20 000

35

Débit d’aération m³/h Figure 5 | L’humidité relative de la porcherie de référence et de la variante RC As est nettement plus basse que celle des deux autres variantes (RC Ae, RC Ase). Rendement thermique de l’échangeur de chaleur 50 %.

432

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Installations de récupération de chaleur: un climat d’étable optimal en été également | Production animale

Température de la porcherie °C

34 32 30 28 RC As

26

RC Ae RC Ase

24 40

50

60

70

80

Rendement thermique RC (%) Figure 6 | Impact du rendement thermique de l’échangeur de chaleur sur la température de la porcherie avec les trois variantes de RC. Débit d’aération 40 000 m 3/h.

porcherie descend à 26,2 °C pour un débit d’air de 60 000 m3/h (fig. 4). Avec cette variante également, il faut limiter l’humidité relative de l’air entrant plus le débit d’air est élevé, afin que l’air ne soit pas trop humide à l’intérieur de la porcherie. Impact du rendement thermique de l’échangeur de chaleur C’est avec la variante RC As que le rendement thermique a l’impact le plus marqué sur la température de la porcherie (fig. 6). Avec la variante RC Ae, la différence de température entre un rendement thermique de 40 % et un de 80 %, n’est que de l’ordre de 0,7 Kelvin (débit d’air 40 000 m3/h). Avec la variante RC As par contre, elle est de 4,2 Kelvin et avec la variante RC Ase de 1,5 Kelvin. Comparaison avec la nébulisation à haute pression dans la porcherie et avec l’échangeur thermique souterrain La comparaison est basée sur les hypothèses suivantes: la nébulisation haute pression (NHP) dans la porcherie, ainsi que l’humidification de l’air entrant dans I’installation RC Ase sont limitées par l’humidité relative (70 %) de l’air de la porcherie. Le rendement thermique de l’échangeur de chaleur est de 50 %. Avec la variante de l’échangeur de chaleur souterrain (ETS), la température de l’air entrant est de 24 °C pour une température extérieure de 32 °C. Avec la nébulisation haute pression dans la porcherie, le refroidissement de l’air entrant est totalement adia-

batique. Dans le cas d’une installation RC Ase, une partie de la baisse de température est obtenue de manière diabatique grâce à l’échange de chaleur entre l’air sortant et l’air entrant. Ce système permet d’obtenir une baisse de température de l’ordre de 1,0 à 1,5 Kelvin à l’intérieur de la porcherie (fig. 7). Avec un débit d’air de 70 000 m3/h, l’effet de refroidissement de l’ETS est environ aussi élevé que celui de la nébulisation haute pression dans la porcherie, avec néanmoins une humidité relative qui est 15 % plus basse. Aspects économiques Par rapport aux installations de récupération de chaleur traditionnelles, les variantes de RC avec refroidissement adiabatique entraînent des coûts supplémentaires à cause de l’installation d’humidification et du plus gros échangeur de chaleur, qui doit avoir une capacité suffisante pour le débit d’air nécessaire en été. Dans les coûts d’exploitation, il faut aussi tenir compte des coûts supplémentaires pour la consommation d’eau et la consommation d’électricité des pompes. D’un autre côté, ces dispositifs permettent également de faire des économies par rapport aux installations de récupération de chaleur traditionnelles. Le by-pass côté air sortant et air entrant (clapets, cheminées) devient superflu et la commande de l’installation est plus simple. Il est aussi possible de réduire davantage les coûts en réduisant les volumes d’air échangés en été (et donc les 

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Production animale | Installations de récupération de chaleur: un climat d’étable optimal en été également

Température de la porcherie °C

36 34 32 30 28

Réference ETS

26

NHP RC Ase

24 30 000

40 000

50 000

60 000

70 000

Débit d’aération m³/h Figure 7 | Plus le débit d’aération augmente, plus la différence de températures entre les variantes RC Ase et NHP (nébulisation haute pression dans la porcherie) s’accroît.

besoins de puissance des ventilateurs) grâce au refroidissement. Dans l’exemple, la température de la porcherie est de 28,6 °C avec une installation de RC Ase et un débit d’air de 30 000 m3/h, contre 34,5 °C dans la porcherie de référence avec un débit d’air de 60 000 m3/h. Si l’air entrant transite toute l’année à travers l’échangeur thermique, il faut s’attendre à une augmentation de la consommation électrique des ventilateurs du fait de la résistance supplémentaire de l’air plus élevée. D’un autre côté, la consommation d’électricité diminue lorsque le débit d’air peut être réduit grâce au refroidissement en été, lorsque les températures extérieures sont élevées. Plus l’installation de récupération de chaleur est grande (surface de l’échangeur thermique), plus la résistance aérodynamique devrait être faible pour le même débit d’air et plus le rendement thermique devrait être élevé. Par contre, les coûts d’investissement augmentent avec la taille de l’installation. Des recherches plus approfondies et des essais pratiques sont nécessaires pour trouver l’optimum économique de ces installations.

Conclusions Grâce à l’intégration d’un dispositif d’humidification côté air sortant et/ou air entrant, l’installation de récupération de chaleur contribue à réguler le climat de la porcherie tout au long de l’année.

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Une humidification de l’air sortant jusqu’au point de saturation avant l’échangeur thermique et une humidification partielle de l’air entrant après l’échangeur thermique permettent un abaissement de la température à l’intérieur de la porcherie comparable à celui que l’on peut obtenir avec un échangeur de chaleur souterrain à tuyaux ondulés. L’échangeur thermique classique présente des avantages significatifs par rapport à l’échangeur de chaleur souterrain. Les investissements sont moindres et le gain de chaleur est plus important en hiver, notamment lorsque les températures de la porcherie sont élevées. De plus, l’effet de refroidissement est indépendant de la durée de la période de canicule. Ses inconvénients sont sa manipulation plus complexe et son entretien plus exigeant. La dimension de l’installation a une très grande influence sur les performances de refroidissement et sur la consommation d’électricité des ventilateurs. Les échangeurs thermiques avec dispositif d’humidification intégré sont-ils également rentables? Cela dépend d’une part des coûts supplémentaires et d’autre part de la productivité des animaux lorsque les températures de la porcherie sont un peu plus basses. Seuls des essais pratiques permettront d’avoir une réponse. n


Clima ottimale nelle stalle anche in estate grazie a impianti di recupero di calore I tradizionali impianti di recupero di calore (IRC) ad aria sono utili solo in caso di temperature esterne basse, a condizione che sia necessario riscaldare la stalla. Con l'installazione di un impianto di nebulizzazione ad alta pressione nell'IRC anche l'aria d'alimentazione può essere raffreddata con lo scambiatore di calore. Se, prima di fluire attraverso lo scambiatore di calore, l'aria di scarico viene inumidita fino al punto di saturazione, la sua temperatura può essere ridotta anche di 10 gradi kelvin. In tal modo, nello scambiatore di calore è estratto il calore dall'aria d'alimentazione. Migliore risulta il grado di efficacia termica dello scambiatore di calore, maggiore sarà la riduzione di temperatura dell'aria d'alimentazione. In tale processo diabatico il tenore in acqua nell'aria della stalla non aumenta. Questo è il caso in cui l'aria d'alimentazione è inumidita dopo aver attraversato lo scambiatore di calore. Contrariamente all'impianto di nebulizzazione ad alta pressione in stalla, in caso di impiego di un impianto di recupero di calore con l'umidificazione dell'aria d'alimentazione e di scarico, il raffreddamento non è completamente adiabatico ma anche in parte diabatico attraverso lo scambio di calore tra aria d'alimentazione e di scarico. Con un modello di calcolo dinamico è possibile calcolare la riduzione della temperatura della stalla. Con l'impianto di nebulizzazione integrato e uno scambiatore di calore di maggiori dimensioni, che deve essere sufficiente anche per la quota di aria in estate, risultano dei sovraccosti. Dall'altro lato l'impianto diventa più semplice perché vengono meno le valvole e i camini di bypass. Inoltre, grazie al raffreddamento, anche la quota d'aria massima, e di conseguenze la prestazione del ventilatore, può essere ridotta. In un impianto pilota si appurerà se l'impianto può soddisfare aspettative relative al clima della stalla, economiche e rilevanti dal profilo ambientale

Summary

Riassunto

Installations de récupération de chaleur: un climat d’étable optimal en été également | Production animale

Optimum animal house climatization even in summer, thanks to heat recovery systems Traditional air to air heat recovery systems (HRS) are only useful at low outside temperatures as long as heat is required in animal housing. The incoming air can also be cooled by the heat exchanger if a high pressure water atomizer is installed in the HRS. If the outgoing air is humidified to saturation point before it passes through the heat exchanger it cools to 10 Kelvin, which means that heat is extracted from the incoming air in the heat exchanger. The better the thermal efficiency of the heat exchanger, the greater the reduction in temperature of the incoming air. The water content of the air in the housing does not increase during this diabatic process. This is the case if the incoming air is humidified after passing through the heat exchanger. Unlike high pressure atomization in animal housing, not all the cooling is effected adiabatically when a heat recovery system with outgoing and incoming air humidification is used, but some of it also takes place diabatically due to heat exchange between outgoing air and incoming air. The reduction in housing temperature can be calculated with a dynamic calculation model. Additional costs are incurred by the integrated high pressure atomizer and the larger heat exchanger, which must also be adequate for the summer airflow rate. On the other hand the system also becomes simpler, as bypass valves and flues are dispensed with. Thanks to the cooling, moreover, maximum air rate and consequently fan capacity can also be reduced. Pilot plant trials will be conducted to find out whether the system can meet expectations in respect of stall climatization, economic viability and environmental relevance. Key words: heat recovery, adiabatic and diabatic cooling, climatization of animal houses, energy efficiency.

Bibliographie ▪▪ Van Caenegem L., Jöhl G., Sax M. & Soltermann A., 2010. Diviser la consommation d’énergie du chauffage et de la ventilation par deux et plus. Rapport ART 735, Station de recherche Agroscope, Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen, 8 p. ▪▪ Van Caenegem L., Sax M. & Schick M., 2012. Wärmerückgewinnungsanlagen auch zum Kühlen. Landtechnik 67 (3), 216–220

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P r o d u c t i o n

a n i m a l e

Le lait de vache facilite la transition alimentaire chez les porcelets sevrés Andreas Gutzwiller Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 1725 Posieux Renseignements: Andreas Gutzwiller, e-mail: andreas.gutzwiller@alp.admin.ch, tél. +41 26 407 72 23

Les porcelets sevrés raffolent du lait de vache qui correspond mieux à leurs capacités ­ igestives que les aliments à base de céréales. d

Introduction Le sevrage représente un stress pour les porcelets: non seulement ils sont séparés de leur mère, mais ils passent en plus du lait maternel, riche en graisse et en lactose, à un aliment pauvre en graisse et riche en amidon. Le changement d’étable et le contact avec des porcelets d’autres nichées représentent des facteurs de stress supplémentaires. Par conséquent, les porcelets ne mangent pratiquement rien le jour du sevrage et la prise de nourriture pendant les jours suivants suffit le plus souvent à peine à couvrir leurs besoins d’entretien. Cette période de jeûne après le sevrage augmente d’une part les besoins en chaleur des porcelets dans l’aire de repos et, d’autre part, provoque une atrophie réversible des villosités intestinales qui résorbent les nutriments, ce qui rend les porcelets plus sensibles aux diarrhées (Pluske et al. 1996a). En plus, les porcelets ont tendance à se goinfrer après cette période de sous-alimentation pour reconstituer leurs réserves corporelles.

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Ce comportement favorise également l’apparition de diarrhées lorsque la capacité digestive est dépassée par l’ingestion de quantités élevées d’aliments. Afin de diminuer le risque de diarrhées, il faudra donc stimuler la prise de nourriture immédiatement après le sevrage, puis ensuite éviter une surconsommation d’aliments. Plusieurs expériences ont montré que l’alimentation liquide, l’adjonction de sous-produits laitiers, comme la poudre de lait écrémé ou le lactosérum, ainsi que la distribution de lait de vache favorisent la prise de nourriture après le sevrage et ont par conséquent un effet positif sur la muqueuse de l’intestin grêle (Deprez et al. 1987; Gutzwiller et Jost 1994; Pluske et al. 1996b; Gutzwiller 2000). La distribution manuelle de lait plusieurs fois par jour, pratiquée dans ces essais, représente un travail non négligeable et n’est guère praticable dans les conditions de la pratique. Or, un fabricant d’automates pour l’alimentation de porcelets a modifié un automate d’alimentation liquide afin de l’utiliser pour la distribution d’un mélange lait/aliment solide (fig. 1).


L’effet de l’adjonction de lait entier de vache à un aliment solide sur les performances des porcelets pendant les trois premières semaines après le sevrage a été testé en utilisant cet automate modifié.

Méthode Au total, 170 porcelets Grand Porc Blanc, testés en 4 séries expérimentales (tabl. 1), ont été utilisés pour comparer les effets d’un mélange lait/aliment solide (variante lait) et d’un mélange eau/aliment solide (variante eau). Des paires de deux frères ou de deux sœurs d’un poids semblable ont été sélectionnées dans les 4 séries de porcelets fraîchement sevrés à l’âge de 4 à 5 semaines. L’un des membres de chaque paire a été ensuite attribué à la variante lait et l’autre à la variante eau. Dans les séries 1 à 3, un aliment bon marché sans sous-produits laitiers (tabl. 2) a été donné aux porcelets des deux variantes afin de tester si l’adjonction de lait augmente les performances. Par ailleurs, pour tester si la combinaison lait/aliment sans sous-produits laitiers était équivalente à un aliment contenant des sous-produits laitiers, les animaux de la variante lait de la série 4 ont été nourris comme ceux des variantes 1 à 3, tandis que les animaux du groupe eau ont reçu un aliment contenant des sous-produits laitiers (tabl. 2) mélangés avec de l’eau. L’aliment liquide des deux variantes a été distribué quasi à volonté par deux automates du type Zanomat®, modifié par son constructeur pour que le liquide stocké dans un seau puisse être aspiré par une pompe (fig. 1). L’automate distribue du liquide et de l’aliment sec, mélangés dans l’auge, jusqu’à ce que celle-ci soit pratiquement pleine. Si le niveau d’aliment liquide dans l’auge ne baisse pas pendant 5 minutes, il s’ensuit une 

Résumé

Le lait de vache facilite la transition alimentaire chez les porcelets sevrés | Production animale

Une prise de nourriture insuffisante directement après le sevrage rend les porcelets vulnérables aux diarrhées. Des sous-produits laitiers coûteux, comme la poudre de lactosérum, de caséine ou de lait écrémé, sont souvent ajoutés aux aliments destinés aux porcelets afin de stimuler leur appétit. L’effet d’une ration composée de lait de vache et d’un ali­ment solide sans sous-produits laitiers, mélangée à intervalle de 30 à 120 minutes dans l’auge par un automate d’alimentation liquide, sur les performances de porcelets a été étudié pendant les trois premières semaines après le sevrage. Les 67 porcelets alimentés avec cet aliment, composé de 2 à 3 parts de lait et d’une part d’aliment solide, ont enregistré un accroissement plus rapide pendant la 1re semaine par rapport aux 67 porcelets témoins qui ont reçu le même aliment solide, mais mélangé avec de l’eau (164 g contre 122 g par jour; P < 0,01). L’adjonction de lait à l’aliment solide n’a pas influencé l’accroissement tout au long de la période expérimentale de trois semaines. Dans des exploitations laitières qui pratiquent aussi l’élevage de porcs, il est envisageable de nourrir les porcelets sevrés avec du lait de vache mélangé à un aliment bon marché sans sous-produits laitiers pendant quelques jours afin de favoriser la consommation de nourriture.

Figure 1 | Automate commercial pour l’alimentation liquide des porcelets, modifié par le fabricant pour l’utilisation de lait. Le lait, stabilisé avec de l’eau oxygénée, est stocké dans un seau fermé, équipé d’un mélangeur. Le lait aspiré par une pompe est mélangé avec l’aliment solide dans l’auge.

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Production animale | Le lait de vache facilite la transition alimentaire chez les porcelets sevrés

Tableau 1 | Les quatre séries expérimentales Série d'essais

Série 1

Série 2

Série 3

Série 4

40

50

44

36

8,1

9,7

6,1

ALP , sans sous-produits ­laitiers

ALP , sans sous-produits ­laitiers

Commercial , sans sous-produits laitiers

Porcelets, n Poids au sevrage, kg Aliment solide (voir tabl. 2)

1

1

9,8 1

ALP , dans variante eau avec sous-produits laitiers2 1

Rapport eau: aliment solide3

1,9

1,8

1,4

1,9

Rapport lait: aliment solide3

3,1

2,2

1,2

2,8

Les aliments utilisés dans les séries 1,2 et 4 ont été fabriqués au moulin d’ALP, tandis qu’un aliment commercialisé a été utilisé dans la série 3. 7 % de poudre de lactosérum et 10 % de poudre de caséine.​ 3 Ce rapport a été calculé sur la base des quantités d’aliment solide et de liquide utilisées pendant les trois semaines. 1 2

pause variant de 30 à 120 minutes avant que l’automate ne distribue à nouveau de l’aliment liquide. Le lait de vache entier a été prélevé une fois par jour dans un tank à lait contenant du lait réfrigéré destiné au commerce. Après adjonction de 1,5 ml d’eau oxygénée à 30 % par litre comme agent de conservation, le lait a ensuite été gardé dans un seau en plastique à température ambiante dans l‘étable et remué automatiquement toutes les 20 minutes pendant 2 minutes.

Résultats et discussion Il n’y a eu que peu de cas isolés de diarrhée traité individuellement par l’injection d’un antibiotique. Les diarrhées sont apparues avec la même fréquence dans les

deux variantes. Les performances zootechniques des porcelets variaient beaucoup entre les différentes séries, probablement en raison de la propagation d’une infection à Circovirus dans le cheptel porcin d' ALP.

Fonction de l’automate modifié Le rapport liquide:aliment solide était assez variable d’une série à l’autre, d’une part parce que ce rapport ne peut pas être réglé avec précision et, d’autre part, parce que nous ne connaissons pas le rapport optimal. L’automate a fonctionné sans problèmes tout au long de l’essai, aussi bien lors de la distribution d’eau que de lait. Il fallait cependant rincer à l’eau le tuyau et les valves en contact avec le lait tous les jours. L’automate modifié est

300

250

%

200

150

100

50

0

Eau série 1 lait série 2 lait série 3 lait EDP/j. sem. 1

GMQ sem. 1

EDP/j. sem. 2

GMQ sem. 2

EDP/j. sem. 3

GMQ sem. 3

Figure 2 | Ingestion d’énergie digestible porc (EDP) et accroissement journalier (GMQ) pendant les trois s­ emaines expérimentales (séries 1 à 3). Représentation des données en %; les données de la variante eau de chaque série représentent 100 %. La différence relative très élevée de l’accroissement pendant la première semaine dans la série 1 s’explique par l’accroissement extrêmement faible de la variante eau (54 g/j par rapport à 138 g/j dans la variante lait).

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Le lait de vache facilite la transition alimentaire chez les porcelets sevrés | Production animale

Tableau 2 | Teneur des aliments en nutriments par kg de matière sèche (MS) ainsi que par MJ d’énergie digestible porc (EDP) ALP, sans sous-produits ­laitiers

ALP, avec sous-produits ­laitiers

Aliment commercial

Lait entier de vache

EDP, MJ/kg MS

16,1

16,1

15,9

21,9

Matière grasse, g/kg MS (g/MJ EDP)

45 (2,8)

47 (2,9)

49 (3,1)

310 (14,2)

Matière azotée, g/kg MS (g/MJ EDP)

208 (12,9)

210 (13,0)

180 (11,3)

260 (11,9)

Fibres, g/kg MS

28

24

40

0

Lysine, g/kg MS (g/MJ EDP)

13,5 (0,84)

13,5 (0,84)

12,8 (0,81)

20 (0,91)

Méthione+Cystéine, g/kg MS (g/MJ EDP)

9,0 (0,56)

9,0 (0,56)

7,7 (0,49)

10 (0,47)

Ca, g/kg MS (g/MJ VES)

12,7 (0,79)

12,7 (0,79)

6,6 (0,41)

9,3 (0,42)

P, g/kg MS (g/MJ VES)

9,8 (0,61)

9,8 (0,61)

5,2 (0,33)

7,5 (0,34)

PDP1, g/kg MS (g/MJ EDP)

4,3 (0,27)

4,3 (0,27)

3,1 (0,20)

6,8 (0,31)

Aliment

La digestibilité calculée dans les aliments ALP qui ne contenaient pas de phytase microbienne s’est élevée à 44 %; une digestibilité de 60 % a été estimée pour le P dans l’aliment commercial, supplémenté avec une phytase microbienne. Le P du lait a une digestibilité de 90 %.

1

donc bien adapté à l’alimentation d’un mélange lait-aliment solide, à condition que le porcher soit prêt à investir quelques minutes par jour pour le nettoyage. Nutriments dans le mélange lait-aliment solide Selon le rapport lait: l'aliment solide (tabl. 1), l’adjonction de lait entier a augmenté la teneur de la ration en matière grasse et en énergie de 6 à 11 %, grâce à la teneur élevée du lait en graisse (tabl. 2). L’augmentation de la densité énergétique de la ration par la graisse de lait très digestible facilite le changement alimentaire lors du sevrage. La teneur du lait de vache entier en protéines, en lysine, en méthionine et en cystéine ainsi qu’en phosphore digestible, exprimée par MJ d’énergie digestible porc (EDP), correspond assez bien à la teneur de ces nutriments, exprimée par MJ EDP, dans les aliments pour porcelets (tabl. 2). L’adjonction de lait de vache à un aliment complet pour porcelets n’a par conséquent guère modifié la teneur de la ration en ces nutriments, exprimée par MJ EDP. Il n’est donc pas nécessaire de formuler un aliment complémentaire spécial; on peut sans autre mélanger du lait de vache entier à un aliment pour porcelets standard. Performances zootechniques Dans les séries 1 à 3, où un seul aliment solide sans sousproduits laitiers a été distribué, la distribution de lait a fortement augmenté l’ingestion et l’accroissement

immédiatement après le sevrage (fig. 2). Pendant la première semaine, les porcelets des variantes lait et eau ont ingéré respectivement 4,2 MJ et 3,4 MJ par jour (P = 0,09) et ont eu un accroissement de respectivement 164 g et 122 g par jour (P < 0,01). Les performances étaient pratiquement identiques au cours de la deuxième et de la troisième semaine après le sevrage. Pendant la période entière de l’essai, la distribution de lait a augmenté l’ingestion de 11 % (fig. 3; 6,14 contre 5,54 MJ EDP par jour; P = 0,02) et l’accroissement de 9% (240 contre 221 g par jour; P = 0,18, c’est-à-dire pas significatif du point de vue statistique). L’indice de consommation n’a pas été influencé par le régime alimentaire (lait: 25,1 MJ/kg; eau: 24,7 MJ/kg; P = 0,81). Dans la série 4, l’aliment distribué au groupe eau contenait 7 % de poudre de lactosérum et 10 % de poudre de caséine. Dans cette série, l’administration de lait a augmenté l’accroissement de 14 % dans la première semaine (275 contre 241 g/jour; P = 0,23) et de 2 % pendant la période expérimentale entière (349 contre 333 g/jour; P = 0,87); l’analyse statistique n’a donc pas montré de différence entre les deux variantes. La distribution de lait a augmenté l’ingestion de 13 % la première semaine et de 8 % sur l’ensemble de la période expérimentale et l’indice de consommation de 4 %. Une analyse statistique des données d’ingestion n’a pas été possible dans cette série, vu qu’il n’y avait qu’une seule  valeur par variante.

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439


Production animale | Le lait de vache facilite la transition alimentaire chez les porcelets sevrés

140 120 100

%

80 60 40 eau série 1 lait série 2 lait série 3 lait

20 0

MJ EDP/jour

GMQ

IC (MJ EDP/kg)

Figure 3 | Ingestion d’énergie digestible porc (EDP), accroissement journalier (GMQ) et indice de consommation (IC) dans les séries 1 à 3 sur la période expérimentale entière de trois semaines. Représentation des données en %; les données de la variante eau de chaque série représentent 100 %. La distribution de lait a significativement augmenté l’ingestion, alors que les différences d’accroissement et de l’indice de consommation ne sont pas statistiquement significatives.

En résumé, la distribution de lait a nettement stimulé la prise de nourriture de même que l’accroissement pendant la première semaine après le sevrage et devrait donc avoir un effet protecteur contre les diarrhées qui apparaissent plutôt dans la deuxième semaine après le sevrage. Dans une étude épidémiologique réalisée dans plusieurs exploitations d’élevage, Madec et al. (1998) ont montré qu’une faible consommation de nourriture pendant la première semaine après le sevrage est un facteur de risque de diarrhées plus important que, par exemple, la propreté de l’étable ou l’âge des porcelets au sevrage. Les résultats de l’essai à ALP montrent que l’effet positif de la distribution de lait à des porcelets sevrés à l’âge de 4 à 5 semaines et pesant au moins 6 kg sur l’ingestion et l’accroissement se limite à la première semaine après le sevrage et n’en vaut plus la peine après la première semaine, vu le travail supplémentaire et le coût du lait. Nos expériences avec des porcelets très légers au moment du sevrage, qui deviennent souvent chétifs après le sevrage, ont cependant montré que ceux-ci profitent d’un apport de lait pendant plus d’une semaine.

440

Recherche Agronomique Suisse 3 (9): 436–441, 2012

Conclusions ••Dans des élevages de porcs ayant à disposition du lait de vache, l’utilisation de lait frais en combinaison avec un aliment solide bon marché sans sous-produits laitiers pendant la première semaine après le sevrage est une alternative à un aliment coûteux qui contient des sous-produits laitiers. ••Comme l’automate modifié pour la distribution de lait peut rapidement être connecté au réseau d’eau, le changement lait/eau se fait assez vite et sans difficulté lorsque les porcelets commencent à bien manger après la phase d’adaptation. ••Le rassemblement des plus petits porcelets d’un groupe sevré et l’adjonction de lait à leur ration peuvent s’avérer intéressants vu l’effet particulièrement bénéfique du lait chez ces animaux délicats. ••Le régime alimentaire avec lait de vache doit être entrepris seulement si on est prêt à investir le temps nécessaire pour nettoyer régulièrement tout le n matériel en contact avec le lait.


Il latte vaccino facilita il cambiamento di mangime ai suinetti dopo lo svezzamento I suinetti che nei primi giorni dopo lo svezzamento mangiano poco sono esposti alla dissenteria. Per aiutarli a ingerire il cibo, agli alimenti loro destinati vengono mescolati costosi sottoprodotti del latte come siero di latte, caseina e latte scremato in polvere. In esperimenti sul foraggiamento, si è esaminato l'effetto sulle prestazioni dei suinetti di un alimento liquido costituito da latte vaccino e da un mangime economico privo di sotto­prodotti del latte, mescolato ogni 30 – 120 minuti con un'apparecchiatura modificata per l'alimentazione liquida. I 67 suinetti alimentati con tale miscela, composta da 2 – 3 parti di latte vaccino e una di mangime solido, nella prima settimana dopo lo svezzamento sono aumentati di 164 grammi al giorno, mentre i 67 del gruppo di controllo, ai quali è stato somministrato lo stesso mangime mescolato con acqua, sono aumentati di 122 grammi al giorno (P < 0,01). Tuttavia, nelle tre settimane del periodo sperimentale, il foraggiamento con latte vaccino non ha migliorato l'aumento di peso. Nelle aziende che detengono scrofe da allevamento e bestiame da latte, pertanto, per incentivare l'apporto di nutrienti ai suinetti nei primi giorni dopo lo svezzamento, è possibile ricorrere all'aggiunta di latte tramite un'apparecchiatura per l'alimentazione liquida.

Bibliographie ▪▪ Deprez P., Deroose P., Van den Hende C., Muylle E. & Oyaert W., 1987. ­L iquid versus dry feeding in weaned piglets: The influence on small intestinal morphology. Journal of Veterinary Medicine, Series B 34, 254–259. ▪▪ Gutzwiller A. & Jost M., 1994. Poudres de lait écrémé et de lactosérum dans l’alimentation du porcelet. Revue suisse d’Agriculture 26, 363–366. ▪▪ Gutzwiller A. , 2000. Lait, petit-lait et aliment diététique dans l’élevage des porcelets. Revue suisse d’Agriculture 32, 253–257. ▪▪ Madec F., Bridoux N., Bounaix S. & Jestin A., 1998. Measurement of digestive disorders in the piglet at weaning and related risk factors. Preventive Veterinary Medicine 35, 53–72.

Summary

Riassunto

Le lait de vache facilite la transition alimentaire chez les porcelets sevrés | Production animale

Whole cow’s milk facilitates feed intake in newly weaned piglets A low feed intake during the first days after weaning predisposes piglets to diarrhea. Adding expensive milk byproducts such as whey or skim milk powder to their feed are used to stimulate their appetite. The effect of a diet which consisted of a piglet feed containing no milk byproducts supplemented with whole cow’s milk on piglet performance was examined during the first three weeks after weaning. The fresh milk and the dry feed were automatically mixed in the feed trough at intervals ranging between one half and two hours. Compared to their 67 littermates receiving the dry feed mixed with water via an identical feeder, the 67 piglets which received the diet consisting of two to three parts of milk per part of dry feed grew faster during the first week after weaning (164 g vs. 122 g per day; P < 0.01). Milk feeding neither influenced growth during the two subsequent weeks nor during the whole three week experimental period. On farms where pigs are kept in addition to dairy cows, offering the newly weaned piglets a liquid feed consisting of fresh cow’s milk plus a low priced piglet feed without added milk byproducts via an automatic feeder is a practical way to increase the feed intake immediately after weaning. Key words: piglet, weaning, milk, liquid feeding.

▪▪ Pluske J. R., Williams I. H. & Aherne F. X., 1996a. Maintenance of villous height and crypt depth in piglets by providing continuous nutrition after weaning. Animal Science 62, 131–144. ▪▪ Pluske J. R., Williams I. H. & Aherne F. X., 1996b. Villous height and crypt depth in piglets in response to increases in the intake of cow’s milk after weaning. Animal Science 62, 145–158.

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P r o d u c t i o n

a n i m a l e

Estimation de la valeur nutritive de l’ensilage de maïs Yves Arrigo et Peter Stoll, station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras, 1725 Posieux Renseignements: Yves Arrigo, e-mail: yves.arrigo@alp.admin.ch, tél. +41 26 40 77 264

Figure 1 | Les deux variétés étudiées au stade pâteux-mou: LG32.52 à gauche (2 rangs visibles) et Amadeo à droite (4 rangs).

Introduction En Suisse, la surface consacrée au maïs s’élève à 46 800 ha (OFS 2011), soit 5,9 % de la surface consacrée à la production fourragère et constituée de prairies temporaires et de prairies permanentes (sans les alpages). Bien que répandu et utilisé abondamment dans les rations de nos ruminants, le maïs plante entière est un fourrage dont la valeur nutritive est délicate à prédire. La digestibilité de la matière organique (dMO) est un facteur essentiel pour l’estimation de la valeur nutritive. Dans le cas du maïs, son estimation est ambigüe du fait que la dMO de la plante entière est la somme des

442

Recherche Agronomique Suisse 3 (9): 442–449, 2012

dMO des tiges, des feuilles et des épis, dont les proportions dans la plante changent radicalement en fonction du stade de croissance. La dMO élevée de l’épi riche en amidon, dont la part dans la plante croît, compense en partie la dMO du reste de la plante qui régresse avec la lignification des tiges et la dégénérescence des feuilles. Pour éviter des investigations expérimentales onéreuses, la dMO peut être déterminée par différentes procédures chimiques, enzymatiques ou microbiologiques (Schubiger et al. 2001) ou estimée par équations. Ce dernier procédé, qui se base sur la composition chimique, apporte des réponses plus ou moins fiables selon la concordance de l’échantillon avec les données


du modèle. Une détermination exacte ne peut se faire que par expérimentation in vivo, mais cette exactitude a un prix qui ne la met pas à portée de la pratique, la réservant à l’élaboration et à la vérification des modèles. Depuis la mise en activité de la station de recherche Agroscope de Posieux en 1976, une trentaine d’essais de digestibilité du maïs ont été réalisés, ce qui représente 124 traitements et 546 valeurs individuelles. Le modèle actuellement proposé dans le Livre vert (LV2011) pour l’estimation de la dMO du maïs plante entière (PE) est issu d’une synthèse de plus de 254 essais réalisés en France (INRA). Comme tout modèle, il permet une approche qui peut se différencier de la réalité. Afin de cerner ces écarts, des valeurs nutritives d’ensilages calculées avec des digestibilités et dégradabilité de la matière azotée (deMA) estimées sont comparées aux valeurs établies avec des coefficients déterminés expérimentalement.

Résumé

Estimation de la valeur nutritive de l’ensilage de maïs | Production animale

Matériel, animaux et méthodes Deux variétés de maïs ont été cultivées en 2008 et 2010 à Posieux, altitude 640 m (tabl. 1; fig. 1), à savoir les variétés Amadeo typé «amidon» et LG32.52 typé «digestibilité». Les plantes ont été récoltées à 3 stades différents: au stade laiteux à 23 ± 1,3 % de matière sèche (MS), pâteux-mou à 30 ± 1,5 % de MS et pâteux-dur à 41 ± 2,0 % de MS. Elles ont été broyées au champ à 5 mm selon l’usage pour l’ensilage en Suisse. Les ensilages ont été réalisés sans agent de conservation dans des cuves en polyester de 700 litres refermées par un film plastique  qui est recouvert et pressé par du sable.

Afin de vérifier et d’améliorer la prédiction de leur valeur nutritive, 12 ensilages de maïs ont été étudiés en complément aux essais antérieurs. Deux variétés (Amadeo et LG32.52) ont été récoltées à trois stades différents au cours de deux années. La digestibilité de la matière organique (dMO) a été déterminée avec des moutons et la dégradabilité de la matière azotée (deMA) avec des vaches fistulées. Les compositions chimiques se différenciaient davantage entre les années qu’entre les variétés. Avec la maturité des plantes, les dMO ont augmenté, le stade laiteux se distinguant (p<0,01) des deux stades pâteux (69,1 % vs 74,9 % et 76,8 %), sans distinction entre les deux variétés, alors que la deMA a diminué. Au stade pâteux-dur, la deMA était inférieure (66,5 % p<0,01) à celles des autres stades (76,5 % laiteux et 77,8 % pâteux-mou). La deMA des deux variétés était similaire (p=0,4). Les différences entre les valeurs nutritives calculées à partir des coefficients déterminés ou estimés par équations variaient de + 2 % à -14,6 % pour les NEL et de + 9 % à -16,6 % pour les PAIE. Une nouvelle équation pour la matière organique digestible (MOD) et une correction de la MOD estimée sont proposées pour réduire les écarts résiduels. Les valeurs prédites resteront des valeurs approximatives qui doivent être utilisées en connaissance de cause.

100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%

épis spathes feuilles tiges Amadeo Amadeo Amadeo Amadeo Amadeo laiteux laiteux pât. pât. pât. 103 j. 122 j. mou mou dur 2008 2010 136 j. 142 j. 157 j. 2008 2010 2008

Amadeo pât. dur 175 j. 2010

LG32.52 LG32.52 LG32.52 LG32.52 LG32.52 LG32.52 laiteux laiteux pât. pât. pât. pât. 103 T. 122 T. mou mou dur dur 2008 2010 136 T. 142 T. 157 T. 175 T. 2008 2010 2008 2010

Variété, stade, âge en jours depuis le semis, année de culture. La récolte LG32.52 au stade pâteux-dur 2008 a été anéantie par des facteurs indépendants de l’essai.

Figure 2 | Composition anatomique des plantes de maïs aux différents âges depuis le semis.

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443


Production animale | Estimation de la valeur nutritive de l’ensilage de maïs

Résultats

Tableau 1 | Calendrier des cultures Année

Semis

Date de récolte (nbre de jours depuis le semis) laiteux

pâteux-mou

pâteux-dur

2010

26.04

26.08 (122j)

15.09 (142j)

18.10 (175j)

2008

7.05

20.08 (103j)

23.09 (136j)

14.10 (157j)

La digestibilité de la matière organique (dMO) et de la matière azotée (dMA) a été déterminée in vivo avec des béliers castrés adultes de race Oxford (n: 4/traitement; 4,9 ± 2,7 ans; 73,5 ± 14,6 kg). La procédure expérimentale comprenait une période d’adaptation d’une semaine en groupe, puis deux semaines en stalle individuelle, suivies de deux périodes de bilan de 4 jours. La dégradabilité de la matière azotée (deMA) a été déterminée par la méthode in sacco (Dohme et al. 2007, fig. 3) avec 3 vaches Holstein taries fistulées (711 ± 30 kg). Les échantillons à incuber ont été prélevés par sonde dans les cuves d’ensilage, puis lyophilisés et moulus à 3 mm. Pour l’estimation des valeurs nutritives, les coefficients de digestibilité ont été calculés avec les équations LV2011. Les coefficients de la deMA sont ceux édités dans la table du LV2011.

Lors de la croissance de la plante après la floraison, le développement de l’épi et le remplissage des grains dominent jusqu’à la récolte (Carpentier et Gabon 2011). Pour Amadeo, le développement de l’épi était généralement plus précoce, sa part dans la plante plus élevée que pour LG32.52 (fig. 2; au stade pâteux-mou 7 – 8 % d’épis en plus dans la plante chez Amadeo). Composition chimique L’évolution des nutriments de la plante entière en fonction des stades suit les modifications physiologiques: pertes azotées par la dégénérescence des feuilles et augmentation énergétique (amidon, graisse) par le développement des grains. Cette évolution variait d’une année à l’autre (tabl. 2 et 3). A la récolte, la teneur en amidon d’Amadeo était plus élevée que celle de LG32.52 au stade laiteux de 22 % (34 g/kg MS), au stade pâteux-mou de 26 % (82 g) et au stade pâteux-dur de 11 % (42 g). Ces différences étaient de respectivement 28 %, 14 % et 6 % dans l’ensilage après conservation, ce qui atteste bien le type «amidon» attribué à Amadeo. Au stade laiteux, la teneur en amidon s’est fortement différenciée entre les deux années, avec pour Amadeo 100 g/kg MS en 2008 vs 207 g/kg MS en 2010 et pour LG32.52 69 g vs 169 g/kg MS. La récolte 2008 a été réalisée 103 jours après le semis vs 122 jours en 2010.

Figure 3 | Extraction des sachets incubés dans la panse pour détermination de la dégradabilité de la matière azotée.

444

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Estimation de la valeur nutritive de l’ensilage de maïs | Production animale

Tableau 2 | Composition chimique du maïs à la récolte (teneurs 2008/2010, en g/kg de MS) laiteux

pâteux-mou

pâteux-dur

Variétés

Amadeo

LG32.52

Amadeo

LG32.52

Amadeo

LG32.52

Jours depuis le semis

103 / 122

103 / 122

136 / 142

136 / 142

157 / 175

157 / 175

Matière sèche (MS) %

20 / 24

21 / 24

27 / 31

28 / 30

42 / 41

– / 40

956 / 962

955 / 957

961 / 966

953 / 961

969 / 971

– / 967

84 / 72

88 / 78

75 / 68

81 / 69

76 / 75

– / 64

Matière organique (MO) Matière azotée (MA) Cellulose brute (CB)

245 / 194

252 / 213

203 / 161

234 / 187

177 / 144

– / 171

Lignocellulose (ADF)

284 / 220

295 / 235

237 / 193

269 / 223

202 / 167

– / 205

Parois (NDF)

488 / 411

497 / 442

433 / 355

469 / 400

449 / 343

– / 360

Amidon

100 / 207

69 / 169

286 / 349

202 / 268

389 / 419

– / 362

Sucres*

206 /188

216 /183

117 / –

133/ –

62 / –

–/–

Acides aminés totaux

73 / 66

71 / 71

66 / 62

72 / 63

66 / 70

– / 58

Lysine

3,6 / 2,2

3,3 / 2,5

2,5 / 2,5

2,8 / 2,7

2,2 / 2,4

– / 2,1

Méthionine

1,5 / 1,4

1,5 / 1,5

1,2 / 1,2

1,4 / 1,3

1,2 / 1,3

– / 1,2

Cystine

0,8 / 0,9

0,8 / 0,9

1,0 / 1,1

1,0 / 1,0

1,2 / 1,3

– / 1,2

Matière grasse

Nov-15

13 / 14

23 / 23

17 / 21

27 / 23

– / 20 – / 2,3

Ac. palmitique (C16)

2,5 / 2,3

2,5 / 2,3

– / 2,9

– / 2,8

– / 2,6

Ac. oléique (C18:1)

1,6/ 2,7

1,4 / 2,7

– / 4,9

– / 4,9

– / 4,9

– /5,0

Ac. linoléique (C18:2)

3,9/ 6,5

3,6 / 5,5

– / 11,4

– / 9,6

– / 12,8

– / 10,3

Ac. linolénique (C18:3)

3,4/ 2,0

3,4 / 2,3

– / 1,6

– / 2,1

– / 0,7

– / 0,7

Calcium (Ca)

1,8 / 2,1

2,0 / 2,6

1,7 / 2,0

2,2 / 2,5

1,4 / 1,7

– / 1,9

Phosphore (P)

2,3 / 2,3

2,5 / 2,4

2,2 / 2,4

2,3 / 2,3

2,3 / 2,8

– / 2,9

*Teneur en sucres 2010 dans les ensilages non disponible.

Les teneurs des autres nutriments des deux variétés étaient similaires au cours des deux années. Les teneurs en sucres déterminées par spectrométrie dans le proche infrarouge (NIRS calibré sur méthode sucres solubles à l’éthanol) régressent fortement dans les ensilages, les fermentations transformant le sucre en acides gras volatils. Les teneurs en sucre du maïs ensilé étaient inférieures à celles du maïs à la récolte de 80 % au stade laiteux, de 70 % au stade pâteux-mou et de 40 % au stade pâteux-dur. La teneur en lipides a augmenté avec la maturité de l’épi, puisque c’est dans cet organe que se retrouve la majorité des graisses (80 %). Sur le matériel frais, du stade laiteux au stade pâteux-dur, la matière grasse a augmenté de 70 % (de 13,3 g à 22,6 g/kg MS), l’acide oléique (C18:1) de 138 % (de 2,1 à 5,0 g/kg MS), l’acide linoléique (C18:2) de 137 % (de 4,9 à 11,6g/kg MS). L’acide palmitique (C16) a maintenu sa teneur à 2,4 g/kg MS. Par contre, l’acide linolénique (C18:3) a fortement diminué (75 %), passant de 2,8 à 0,7 g/kg MS.

Digestibilité in vivo Le stade est le facteur qui différencie le plus la digestibilité de la matière organique (tabl. 4). Avec l’avancement de la maturité des plantes et l’accroissement de la part en épis, la digestibilité augmente. Les digestibilités du stade laiteux étaient inférieures à celles des deux stades pâteux (dMO p < 0,01, dMA p < 0,05 et dNDF p < 0,01). Les deux variétés obtiennent globalement des digestibilités similaires avec des dMO de 73,4 % pour Amadeo vs 73,2 pour LG32.52 (p > 0,1), des dMA de 51,3 % pour Amadeo et 51,4 % pour LG32.52 (p > 0,1), des dNDF de 66,3  % pour Amadeo et 65,7  % pour LG32.52 (p > 0,1). Dégradabilité in sacco C’est au stade pâteux-dur que la deMA était la plus faible, avec 10 points de moins que celle des deux autres stades plus précoces (p < 0,01, tabl. 4). Les deux variétés ne se distinguent pas par rapport à la deMA (p=0,4).

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Production animale | Estimation de la valeur nutritive de l’ensilage de maïs

Tableau 3 | Composition chimique des ensilages (teneurs 2008/2010 en g/kg de MS) laiteux

pâteux-mou

Amadeo

LG32.52

Amadeo

LG32.52

Amadeo

LG32.52

Jours depuis le semis

157 / 175

103 / 122

103 / 122

136 / 142

136 / 142

157 / 175

Matière sèche (MS) g/kg

21 / 24

23 / 24

29 / 33

30 / 30

44 / 40

– / 39

Matière organique (MO)

955 / 957

960 / 956

961 / 966

958 / 960

961 / 968

– / 964

Matière azotée (MA)

77 / 80

81 / 80

76 / 74

86 / 74

78 / 80

– / 68

Cellulose brute (CB)

290 / 229

251 / 256

233 / 193

225 / 224

234 / 178

– / 203

Lignocellulose (ADF)

338 / 250

289 / 284

258 / 223

250 / 256

272 / 205

– / 231

Parois (NDF)

564 / 459

502 / 494

437 / 467

448 / 472

461 / 404

– / 449

Amidon

106 / 235

73 / 169

306 / 359

216 / 307

416 / 421

– / 398

Sucres

– /34

– / 36

– / 37

– / 44

– / 35

– / 39

Acides aminés totaux

– / 67

– / 65

– / 64

– / 62

– / 72

– / 59

Lysine

– / 2,9

– / 3,1

– / 2,3

– / 2,4

– / 2,0

– / 1,9

Méthionine

– / 1,4

– / 1,4

– / 1,3

– / 1,3

– / 1,3

– / 1,2

Cystine

– / 0,9

– / 0,8

– / 1,1

– / 1,0

– / 1,3

– / 1,1

Matière grasse

Dez–21

13 / 15

24 / 29

18 / 25

28 / 31

– / 27

Ac. palmitique (C16)

– / 3,0

– / 3,1

– / 4,0

– / 3,4

– / 3,5

– / 3,1

Ac. oléique (C18:1)

– / 2,8

– / 2,6

– / 5,9

– / 5,4

– / 5,9

– /5,8

Ac. linoléique (C18:2)

– / 7,7

– / 6,4

– / 14,9

– / 11,7

– / 14,6

– / 11,7

Ac. linolénique (C18:3)

– / 2,7

– / 2,9

– / 1,9

– / 2,2

– / 1,0

– / 0,8

Calcium (Ca)

2,0 / 2,3

2,1 / 2,8

1,6 / 2,0

2,1 / 2,7

1,7 / 2,4

– / 2,4

Phosphore (P)

2,6 / 2,4

2,5 / 2,2

1,9 / 2,4

2,6 / 2,1

2,4 / 2,3

– / 2,3

Digestibilité et dégradabilité déterminées vs estimées Par rapport aux coefficients déterminés in vivo, les dMO calculées par équations étaient sous-estimées (-3,5 ± 3,7 %), les dMA surestimées (9,3 ± 9,6 %). Aux maturités pâteuses, l’approche de la dMO par l’équation avec la cellulose brute (CB) était un peu meilleure que celle par ADF-NDF. Les valeurs des tables offrent des dMO souvent plus proches des valeurs in vivo que celles calculées par équation à partir d’analyses d’échantillons susceptibles de varier fortement. Les digestibilités des constituants pariétaux (CB, NDF et ADF) peuvent varier d’une année à l’autre pour la même variété au même stade. Ces digestibilités se situent dans les valeurs 45 à 75 % citées dans la littérature (Andrieu et Baumont 2000; Barrière et Emile 2000; Daccord et al. 1996; Herter et al. 1996). La deMA de 72 % donnée dans le LV (tirée de De ­Boever et al. 2002) était sous-estimée aux deux premiers stades de respectivement 5,8 % et 7,5 %, alors qu’au stade pâteux-dur elle était surestimée de 8,3 %. On ne peut pas prétendre que ces différences soient spécifiques à un stade, à une variété ou à une année, mais elles sont la conséquence des teneurs hétérogènes dont elles sont issues.

446

pâteux-dur

Variétés

Recherche Agronomique Suisse 3 (9): 442–449, 2012

Valeurs nutritives Les valeurs nutritives énergétiques NEL (énergie nette pour la production laitière), NEV (énergie nette pour la production de viande) azotées PAIE (protéines absorbables dans l’intestin synthétisée à partir de l’énergie disponible) et PAIN (protéines absorbables dans l’intestin synthétisée à partir de l’azote disponible) sont calculées sur la base des teneurs en nutriments (MA, CB ou NDF et ADF, cendres), de la digestibilité (dMO et dMA) et de la dégradabilité de la MA (deMA). Dès lors, l’estimation des dMO, dMA et deMA a une incidence sur les résultats. Les valeurs nutritives calculées à partir des coefficients déterminés expérimentalement ou estimés par les équations de prédiction (tabl. 5) montrent des différences de +2 % à -14,6 % pour les NEL et de +9 % à -16,6% pour les PAIE. Ces différences ne sont dues ni à la variété ni au stade, elles sont la conséquence de teneurs hétérogènes associées à des facteurs issus d’estimations. Potentiel d’amélioration de l’estimation En prenant en compte les 124 maïs étudiés à Agroscope avec 534 valeurs individuelles, on peut envisager une


Estimation de la valeur nutritive de l’ensilage de maïs | Production animale

Tableau 4 | Digestibilités et dégradabilités déterminées et estimées des ensilages (2008/2010) laiteux Variétés

Amadeo

pâteux-mou LG32.52

pâteux-dur

Amadeo

LG32.52

Amadeo

LG32.52 – /75,8

dMO in vivo

64,1/71,9

71,1/69,2

71,9/77,9

73,3/76,6

77,9/76,8

dMO estimée Van Soest1

65,1/70,3

68,1/68,3

69,0/72,0

70,5/69,6

68,6/72,8

différence dMO en %

1,6 / -2.2

-4.2 / -1,3

-4,0 / -7,6

-3,8 / -9,1

-11,9/-5,2

dMO estimée CB

66,8/70,7

69,4/69,1

70,3/72,6

71,4/70,7

70,3/73,9

– / 71,6

4,2 / -1,7

-2,4 / -0,1

-2.2 / -6,8

-2,6 / -7,7

-9,8 / -3,8

– / -5,5

71,1

71,1

72,5

72,5

74,0

72,6

différence dMO en %

10,9/-1,1

0,0/2,8

0,8/-6,9

-1,1/-5,4

-5,0 / -3,7

– / -4,2

dMA in vivo

42,3/50,0

52,5/48,4

47,1/55,0

55,9/52,1

57,1/56,2

– /47,9

dMA estimée4

55,7/56,4

56,4/56,4

55,4/54,6

57,8/54,8

55,9/56,2

différence dMA en %

31,8/12,7

7,5/16,5

17,5/-0,7

3,3/5,2

-2,2/-0,1

59,0

59,0

57,1

57,1

55,9

–/80,5

–/72,4

–/78,6

–/76,9

–/65,3

2

différence dMO en % dMO bsd3

dMA bsd deMA in sacco deMA LV

– /70,7 – / -6,7

– /53,2 – /11,1 55,6 –/67,7

72,0

72,0

72,0

72,0

72,0

– /-10,6

– /-0,6

– /-8,4

– /-6,4

– /10,3

dCB

60,4/67,4

62,8/64,3

63,4/70,3

61,3/70,5

75,0/65,9

– /68,7

dADF

59,1/61/9

59,9/62,0

60,1/66,9

58,5/68,1

72,7/61,4

– /63,3

dNDF

59,2/64

63,0/62,1

62,8/72,4

63,9/71,1

73,5/66,2

– /68,1

5

différence de MA en %

72,0 – /6,4

dMO = 75,7 + 0,0701 x MAMO + 0,0156 x NDFMO + 0,0720 x ADFMO. 2 dMO = 79,4 + 0,0652 MAMO – 0,0591 CBMO. 3 dMObsd: dMO banque suisse de données des aliments pour animaux. 4 dMALV: issue de MAD = MA(0,33+0,0033MAMO -0,0000061MA2MO). 5 deMA ensilage de maïs = 72 % selon livre vert (ALP 2011). 1

amélioration par l’estimation de la matière organique digestible comme suit (fig. 4): ••soit en corrigeant la MOD calculée avec la dMO estimée par l’équation avec CB (INRA, équation établie sur des maïs cultivés en France R2 0,40) MODcorrigée = 1,2812 × MODestimée -180,35 (R2 0,69) ••soit par une nouvelle équation basée sur nos déterminations (ALP12), mais qui implique l’analyse des constituants pariétaux selon Van Soest ( ADF, NDF; R2 0,77 teneurs des nutriments en g/kg MS):

MODALP12= -1016,7 + (MOx1,8) +  (MAxENA)/1000 ×1,106] + [(MAMOxHEMMO)/1000 × -3,01] + [(CBMO × NDFMO)/1000 × -0,0013] + 10,3 si maïs PE ou -10,3 si autre que maïs PE. En comparant les trois MOD estimées avec la MOD déterminée sur l’ensemble des 534 valeurs, la MOD estimée par la CB obtient un taux d’approche (la plus petite différence avec la MODvivo par rapport aux autres % et la estimations) de 27  %, la MODcorrigée de 31  MODALP12 de 42 %.

Tableau 5 | Valeurs nutritives des ensilages calculées avec la dMO et la deMA déterminées ou estimées (2008 / 2010)

Amadeo laiteux

NELdéter. MJ/kgMS

NELestimé MJ/kgMS

diff. %

PAIEdéter. g/kg MS

PAIEestimé g/kg MS

diff. %

5,4 / 6,2

5,5 / 6,1

2,0 / -2,7

62,0 /62,4

67,6 /65,8

9,0 / 5,4

LG32.52 laiteux

6,2 / 5,9

5,9 / 5,8

-5,1 / -1,7

71,5 /66,9

69,1 /66,3

-3,4 / -0,9

Amadeo pâteux-mou

6,3 / 6,9

6,0 / 6,3

-4,9 / -9,2

61,4 /65,2

62,4 /63,4

1,6 / -2,8

LG32.52 pâteux-mou

6,4 / 6,8

6,1 / 6,0

-4,6 /-11,1

68,3 /66,0

68,8 /62,3

0,8 / -5,6

Amadeo pâteux-dur

6,9 / 6,8

5,9 / 6,4

-14,6 /-6,5

72,7 /71,9

60,7 /64,5

–16,6/-10,3

LG32.52 pâteux-dur

– / 6,7

– / 6,1

– / -8,2

– / 67,3

– / 60,7

– / -9,8

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447


Production animale | Estimation de la valeur nutritive de l’ensilage de maïs

LG32.52 p. dur 2010

Amadeo p. dur 2010

LG32.52 p. mou 2010

Amadeo laiteux 2008 750 730 710 690 670 650 630 610 590 570 550

LG32.52 laiteux 2008

Amadeo p. mou 2008

LG32.52 p. mou 2008

Amadeo p. mou 2010

Amadeo p. dur 2008

LG32.52 lait. 2010

LG32.52 p. dur 2008 Amadeo lait. 2010

MODvivo =MO x dMO déterminée in vivo MODcb =MO x dMO estimée par CB LV11 MODcb corr = 1,2812 x MODcb – 180,35 MODALP12 = MOD estimée avec nouvelle équation ALP12

Figure 4 | Matière organique digestible déterminée et estimée, en g/kg de MS.

Conclusions ••L’hétérogénéité des teneurs rencontrées pour des mêmes variétés rend l’estimation de la valeur nutritive du maïs délicate par le fait que le fourrage s’éloigne plus ou moins du modèle. ••Les valeurs nutritives des ensilages de maïs de la banque suisse de données des aliments pour animaux offrent, à défaut d’analyses, une bonne approche pour des conditions de culture normales. ••Une correction de la MODestimée et une nouvelle équation de prédiction de la MOD basées sur nos essais permettent de se rapprocher des valeurs déterminées expérimentalement. ••Ramenée aux 46 800 ha de maïs produits en Suisse, la précision de l’estimation de la valeur nutritive a un impact financier important. ••Les valeurs prédites restent toujours des valeurs approximatives et doivent être utilisées en connaissance de cause, les plans d’alimentation devant être adaptés en fonction de la réponse des animaux. n

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MOD vivo MODcb MODcb corr MOD ALP12


Stima del valore nutritivo dell’insilato di mais Per completare delle prove precedentemente svolte e poter verificare e migliorare le previsioni del loro valore nutritivo, sono stati analizzati 12 insilati di mais. Durante due anni sono state raccolte e insilate due varietà (Amadeo e LG32,52) allo stadio lattiginoso, pastoso precoce e pastoso tardivo. È stata determinata la digeribilità della sostanza organica (DSO) in vivo su ovini e la degradazione della proteina grezza (dPG) in sacco su vacche fistolate. Si sono rilevate differenze nella composizione chimica che dipendono più dalle annate, che dalle varietà. La DSO aumentava proporzionalmente allo stadio di maturazione La digeribilità allo stadio di maturazione lattea (p < 0,01) si differenziava dalla digeribilità dei 2 stadi pastosi (69,1 % vs. 74,9 % e 76,8 %), senza poter verificare una differenza varietale. A differenza della DSO la dPG diminuisce con l’aumento della maturità (p < 0,01), mostrando una percentuale del 66,5 % allo stadio pastoso tardivo (76,5 % maturazione lattea e 77,8 % maturazione pastoso precoce). La dPG delle due varietà era simile (p = 0,4). Lo scarto tra i valori nutrizionali calcolati attraverso coefficienti dedotti da una prova animale o in base a stime dedotte da equazione variavano da +2 % a -14,6 % per i NEL e da +9 % a -16,6 % per i PAIE. Tali differenze non dipendono né dalla varietà, né dallo stadio di maturazione. Per ridurre gli scarti residuali si propone una nuova equazione per SOD e una correzione dell’equazione della SOD attuale. I valori di stima previsionali rimangono approssimativi e sono da applicare con cautela

Bibliographie ▪▪ Andrieu J., 1995. Prévision de la digestibilité et de la valeur énergétique du maïs fourrage à l’état frais; INRA Prod. Anim . 8 (4), 273–274. ▪▪ Arrigo Y. et al., 2006. Apports alimentaires recommandés et tables de la valeur nutritive des aliments pour les ruminants. Station de recherche ­A groscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras, édition en ligne actualisée 2011. Accès: http://www.agroscope.admin.ch/futtermitteldatenbank/04834/ index.html?lang=fr [30 juin 2012] ▪▪ Barrière Y. & Emile J.-C., 2000. Le maïs fourrage: Evaluation et perspectives de progrès génétiques sur les caractères de valeur alimentaire. Fourrage 163, 221–238. ▪▪ Carpentier B. & Gabon G., 2011. Le maïs fourrage: Elaboration du rendement et de la qualité, récolte et conservation, 55-70. Actes des journées de l’AFPF, 30-31 mars 2011 – Paris. Editions, RD 10, F – 78026 Versailles cedex ; http://www.afpf-asso.org. ▪▪ Daccord R., Arrigo Y. & Vogel R, 1996. Valeur nutritive de l’ensilage de maïs, Revue suisse Agric. 28 (1) 17–21.

Summary

Riassunto

Estimation de la valeur nutritive de l’ensilage de maïs | Production animale

Estimate of the nutritive value of maize silage In order to check and improve the prediction of their nutritive value, 12 maize silages were studied as a supplement to the previous trials. Two varieties (Amadeo and LG32,52) were harvested at three different stages over the course of two years. The silages were studied to determine organic-matter digestibility (OMD) in the case of sheep, and nitrogen degradability (ND) in the case of fistulated cows. The chemical compositions differed more between years than between varieties. The OMDs of the plants increased with maturity, with the milky stage differing (p<0,01) from the two wax-ripe stages (69,1 % vs. 74,9 % and 76,8 %), without distinction between the two varieties, whilst the ND decreased. In the hard-dough stage, the coefficient was lower (66,5 %, p<0.01) than that of the other stages (76,5 % for the milky and 77,8 % for the soft-dough stage, respectively). The ND of the two varieties was similar (p=0,4). The differences between the nutritive values calculated from coefficients determined or estimated by equations varied from + 2 % to – 14,6 % for the NELs and from + 9 % to -16,6 % for the PAIEs. A new equation for OMD and a correction of the estimated OMD are proposed in order to reduce the residual standard deviations. The predicted values will remain approximative values which must be used with grat care. Key words: corn silage, nutritive value, digestibitliy, degradability.

▪▪ De Boever J. L., Vanacker J. M. & De Brabander D. L., 2002. Rumen degradation characteristics of nutrients in maize silages and evaluation of laboratory measurements and NIRS as predictors. Animal Feed Science and Technology 101, 73–86. ▪▪ Dohme F., Graf C. M., Arrigo Y., Wyss U. & Kreuzer M., 2007. Effect of ­b otanical characteristics, growth stage and method of conservation on factors related to the physical structure of forage – An attempt toward a better understanding of the effectiveness of fiber in ruminants, Feed Science and Technology 138, 205–227. ▪▪ Herter U., Arnold A., Schubiger F. & Menzi M., 1996, Verdaulichkeit, das wichtigste Qualitätsmerkmal bei Silomais, Agrarforschung 3 (11–12), 535–538. ▪▪ OFS, 2011. Office fédéral de la statistique. Accès: http://www.bfs.admin. ch/bfs/portal/fr/index/themen/07/03/blank/data/01/02.html ▪▪ Schubiger F. X., Lehmann J., Daccord R., Arrigo Y., Jeangros B. & Scehovic J., 2001. Valeur nutritive des plantes de prairies. 5 | Digestibilité de la ­matière organique. Revue suisse Agric . 33 (6), 275–279.

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449


E c l a i r a g e

Mission en Russie pour soutenir la culture de la pomme de terre Công-Linh Lê, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon Renseignement: Công-Linh Lê, e-mail: legabriel8@gmail.ch, tél. +41 21 802 13 82

Figure 1 | Daniel Thomas montre les préparations indispensables au nouveau système de production de semences de pomme de terre en ­m ilieu stérile. (Photo ACW)

Depuis décembre 2011, le Dr Công-Linh Lê et M. Daniel Thomas, du laboratoire de biotechnologie végétale d’Agroscope ACW, se rendent régulièrement en Russie, mandatés par la Commission économique pour l’Europe des Nations-Unies. Leur mission: soutenir la modernisation des techniques de production et de conservation des ressources génétiques des pommes de terre cultivées en Russie. Le point sur deux projets en cours.

450

Recherche Agronomique Suisse 3 (9): 450–453, 2012

Projet à l’Institut Lorkh (Moscou) Le Dr Công-Linh Lê et M. Daniel Thomas se sont déjà rendus à plusieurs reprises à l’Institut Lorkh de Moscou, seul centre de recherche sur la pomme de terre de toute la Fédération de Russie. Leur mission est de promouvoir l’utilisation des nouvelles biotechnologies végétales dans la pratique agricole, en vue d’améliorer la qualité des semences de pomme de terre en Russie.


Mission en Russie pour soutenir la culture de la pomme de terre | Eclairage

Figure 2 | Production de microtubercules de pomme de terre (var. Jukovski) en boîte de culture Agrobox au laboratoire in vitro ( Lorkh/Moscou). (Photo: ACW)

Un cursus de formation aux technologies in vitro, allant de l’élimination des maladies virales à la conservation des génotypes en passant par la reproduction rapide et conforme au type parental de plantes de haute qualité sanitaire est actuellement conduit à cet institut (fig. 1 et 2). Production de semences in vitro Expert en matière de biotechnologie végétale appliquée sur les pommes de terre cultivées, le Dr Công-Linh Lê initie à l’Institut Lorkh l’utilisation d’un nouveau système de production de semences de pomme de terre in vitro développé à la station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW. Ce mode de production se réalise en circuit fermé dans un conteneur de culture Agrobox®. Toutes les étapes de la production, depuis la croissance des microplantes jusqu'au développement des tubercules, sont entièrement contrôlées par l’opérateur et

sont rendues possibles grâce à un système d’approvisionnement en éléments nutritifs conçu spécialement pour ce genre de conteneur. L’avantage de cette nouvelle technique est de pouvoir offrir aux utilisateurs potentiels des tubercules de petite taille, mais robustes et faciles à manipuler lors de leur transfert dans le cycle normal de culture. S’agissant d’un milieu fermé, l’Agrobox permet d’éviter efficacement les risques de contamination occasionnés lors de nombreuses manipulations. De nouveaux tubercules peuvent ainsi se développer à l’abri des agents infectieux. D’un point de vue pratique, ce nouveau système de production de semences représente un moyen efficace pour constituer rapidement un stock de matériel de qualité sanitaire irréprochable. Il peut être aisément intégré dans le cadre d’un approvisionnement en plants de base de haute qualité destinés  à la production de semences certifiées.

Recherche Agronomique Suisse 3 (9): 450–453, 2012

451


Eclairage | Mission en Russie pour soutenir la culture de la pomme de terre

Figure 3 | Le Dr Công-Linh Lê met en pratique la technique de conservation des ressources génétiques des pommes de terre par bio-encapsulation, avec Mme Elena Oves, responsable du laboratoire in vitro de l’Institut russe de recherches sur les pommes de terre, à Lorkh / Moscou. (Photo: ACW)

Premiers microtubercules produits en Russie Les premiers travaux réalisés sur les variétés de pomme de terre russes ont permis de produire, pour la première fois, les microtubercules de pomme de terre in vitro à l’Institut russe de recherches sur la pomme de terre (fig. 2). De même, le nouveau mode de conservation des ressources génétiques des pommes de terre moyennant la technique d’encapsulation des points végétatifs dans une matrice nourricière d’alginate de calcium, a été pratiqué sous forme de microbilles (fig. 3). Des tests de survie portant sur l’influence du mode de préparation du matériel vivant et du génotype cultivé ont été également mis en exécution pour une conservation à + 4 °C,

452

Recherche Agronomique Suisse 3 (9): 450–453, 2012

allant de trois mois à une année ou plus (fig. 4). Cette nouvelle technique de conservation contribue à diminuer sensiblement les charges de travail lorsqu’on doit conserver un nombre important de génotypes occupant de grandes surfaces de culture. A cela s’ajoute encore la possibilité d’utiliser ces semences miniaturisées pour des échanges de matériel, dans des conditions phytosanitaires irréprochables. Projet à Vladikavkaz (République d’Ossétie du Nord) L’objet de cette mission est de participer à la création d’un centre de production de semences de pomme de terre de haute qualité sanitaire, répondant au manque


Mission en Russie pour soutenir la culture de la pomme de terre | Eclairage

Figure 4 | Reviviscence des semences de pomme de terre encapsulées (var. Jukovski) après 3 mois de conservation à + 4 °C. (Photo E. Oves)

drastique de semences initiales saines dans cette partie de la Russie. Un défi de taille à relever puisqu’il faut mettre en place tous les éléments de base indispensables à cette production à Vladikavkaz. Aussi avons-nous dressé une feuille de route en priorisant la construction des locaux de travail dans un premier temps. Un cahier des charges, élaboré avec le concours des responsables du centre, a également été établi pour permettre le démarrage de la construction aussi rapidement que possible et cela selon les contraintes requises. Après trois mois de travaux, les locaux nécessaires aux diverses opérations de préparation, de nettoyage et de manipulations en milieu stérile sont à présent prêts et peuvent être utilisés pour un éventuel démarrage des travaux in vitro, alors que les chambres de culture, éléments indispensables à la croissance et au développement des

tubercules de pomme de terre sont en cours de montage et seront fonctionnelles sous peu. L’initiation du personnel de laboratoire aux nouvelles technologies in vitro dans le nouveau centre de production peuvent désormais être envisagée dans les mois à venir. n

Remerciements

La Commission économique pour l’Europe des Nations Unies (UNECE/Genève) et la direction d’Agroscope Changins-Wädenwil ACW sont vivement remerciées pour nous avoir permis de réaliser cette mission technico-scientifique en Russie.

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453


P o r t r a i t

Yves Arrigo, chercheur au long cours Alors que bon nombre de ses camarades du collège de Neuchâtel se tournent vers la microtechnique ou l’horlogerie, Yves Arrigo choisit de s’orienter vers l’agriculture. C’est au contact de la nature et des animaux lors des week-ends passés au chalet familial que lui vient le goût de cette profession. Il suit donc les cours à l’Ecole d’agriculture de Cernier et, son CFC en poche, effectue deux séjours à l’étranger, l’un en Allemagne, l’autre au Pays de Galles. La madeleine de Proust d’Yves Arrigo, c’est le «Welsch cake», dont il se souvient aujourd’hui encore de l'odeur. Après ces stages enrichissants, il rentre en Suisse et étudie au Technicum agricole à Zollikofen. Au terme de ses études d’ingénieur agronome, Yves Arrigo envisageait de «s’engager dans l’humanitaire», mais il subit une déconvenue: l’ONG qui voulait l’envoyer au Pérou a finalement engagé une autre personne. Que faire alors? A Zollikofen, on l’informe de l’opportunité de stage à la station fédérale de recherche en production animale à Posieux. Ce sera son premier contact avec la recherche agronomique. A la suite de ce stage, il décroche un emploi chez UFA comme conseiller en production porcine. Quelques années plus tard, un poste de chercheur en production porcine ayant été mis au concours à Posieux, Yves Arrigo, fort de l’expérience acquise, postule. Or, le poste en question a déjà été attribué, on lui propose donc celui de responsable du service technique. Excepté un emploi temporaire dans l’entreprise de construction familiale, ce domaine lui est étranger, mais de caractère volontaire, il décide de relever le défi. A Posieux, les temps changent de même que les directeurs et avec eux les attributions d’Yves Arrigo. Pendant quelque temps, il porte deux casquettes: responsable du service technique et chercheur en engraissement de veaux. C’est finalement en 1990 qu’Yves Arrigo se lance dans la recherche sur la valeur nutritive des aliments pour animaux. En plus de 30 ans de carrière à Posieux, il a été témoin et acteur de l’importante évolution dans la recherche agronomique en production animale, passant de la matière azotée digestible aux protéines assimilables dans l’intestin, de l’unité amidon à l’énergie nette pour la production de lait ou de viande. Au-delà du changement d’unités, ce sont toutes les bases de l’alimentation qui ont été revisitées pour permettre de mieux appréhender la valorisation des aliments et fourrages par les ruminants. Yves Arrigo n’est pas en mal de projets. Son travail sur la digestibilité du maïs, dont les résultats sont présentés dans ce numéro, est à peine terminé qu’il en

454

Recherche Agronomique Suisse 3 (9): 454, 2012

entame un nouveau portant sur la valeur nutritive des mélanges protéagineux/céréales immatures. Transformés en ensilages pour renforcer les réserves de fourrages, ces mélanges, dont les composants se complètent bien sur le plan alimentaire, pourraient servir à surmonter les périodes de sécheresse. Véritable amoureux de la vie en plein air, Yves Arrigo cultive plusieurs passions. Marin d’eau douce et de haute mer, randonneur en toutes saisons, motard et jardinier amateur, il alterne ses hobbies en fonction de la météo. Evelyne Fasnacht, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras


A c t u a l i t é s

Actualités Calèches électriques: un cadre scientifique pour une idée ­innovante

La station de recherche Agroscope ALP-Haras LiebefeldPosieux, associée à la commune d’Avenches et à une entreprise fribourgeoise d’ingénierie spécialisée en instrumentation industrielle se diversifiant dans la traction animale (Meterus Sàrl), a présenté le 13 août passé un projet d’«Intégration du cheval dans les travaux communaux à l’aide d’une calèche à assistance électrique» pour la collecte de déchets dans la vieille ville d’Avenches. Les premiers essais pratiques ont débuté le 23 août 2012. Dans ce projet, le rôle de la station de recherche Agroscope ALP-Haras est double. Elle apporte d’une part sa caution scientifique à l’expérience, en menant à bien des analyses éthologiques liées au bien-être du cheval. D’autre part, les mesures et informations réunies doivent lui permettre d’acquérir les connaissances nécessaires pour la mise à disposition d’un outil de conseil aux collectivités intéressées. A cet égard, ce projet est une première en Suisse.

L’essai mené à Avenches vise à étudier l’influence de la technique utilisée (calèche à assistance électrique) sur le bien-être et le comportement des chevaux. Il s’agit d’une étude préliminaire dans laquelle des paramètres adéquats destinés à mesurer le bien-être et le comportement du cheval sont définis et testés. Les résultats obtenus lors de cet essai seront intégrés dans des études éthologiques futures du Haras national suisse. Les chercheurs du Haras évalueront aussi, sur la base d’indicateurs économiques, écologiques et sociaux, dans quelle mesure la calèche électrique s’avère utile dans les travaux communaux. Les résultats obtenus serviront à développer un outil sous la forme d’un guide pratique. Ce guide contiendra des informations sur le besoin en personnel, les coûts, la formation nécessaire pour le cheval de même que pour les personnes travaillant avec lui ou encore sur les aspects techniques de la calèche à assistance électrique. Cet outil, qui sera utilisé en collaboration avec le bureau de conseils «Cheval» du Haras national suisse, fournira aux utilisateurs potentiels des renseignements fiables en vue d’un éventuel recours à la traction hippomobile pour les travaux communaux. Conjuguant tradition et technologie, ce projet possède également un important potentiel social, en particulier dans la resocialisation de groupes de personnes en rupture ou en situation de handicap. Enfin, il contribue indirectement au soutien de l’élevage indigène, en proposant de nouveaux débouchés à sa production. Ruedi von Niederhäusern, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras

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Actualités

Conférence nationale «Les femmes dans l’agriculture en Suisse» La journée du mardi 16 octobre 2012 sera placée sous le signe des femmes à l’Institut agricole de Grangeneuve à Posieux (FR). Lors d’une conférence nationale, la situation actuelle, les enjeux et les besoins de la femme dans l’agriculture en Suisse seront présentés et débattus. Cette conférence fait suite à la session annuelle de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies, qui a abordé en mars 2012 la situation des agricultrices dans le monde. L’Office fédéral de l’agriculture et Agroscope présenteront la nouvelle étude «Les femmes dans l’agriculture» et informeront sur la situation actuelle dans cette branche. La journée permettra également de découvrir les derniers résultats de l’étude «Genre, génération et égalité en agriculture», ainsi que les expériences réalisées en Autriche avec la budgétisation sous l’angle du genre (Gender Budgeting).

Des interviews et des ateliers donneront un aperçu de la vie des agricultrices dans des situations concrètes et des enjeux auxquels elles sont confrontées. La journée comprendra enfin une table ronde avec des personnalités issues des milieux politique, économique, agricole, associatif et administratif. Organisation: Office fédéral de l’agriculture OFAG Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes BFEG Informations complémentaires: début septembre sur www.blw.admin.ch Anne Rizzoli, Office fédéral de l’agriculture OFAG, 3003 Berne

Du 13 au 16 septembre prochain, Avenches sera une nouvelle fois placée sous le signe du cheval grâce à Equus helveticus, festival équestre devenu incontournable. Avec le National FM, finales suisses de sport et d’élevage des Franches-Montagnes, le Championnat suisse des chevaux de sport CH, un concours international de maréchalerie de même que des courses de trot et de galop, près de mille chevaux et vingt fois plus de visiteuses et visiteurs sont attendus à Avenches.

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Nouvelles publications

Systèmes de traite automatiques

Rapport ART 752

Systèmes de traite automatiques Aspects liés au respect des animaux

Nouvelles recommandations d’apport en phosphore chez le bovin laitier

ALP actuel

Nouvelles recommandations d’apport en phosphore chez le bovin laitier Fiche technique destinée à la pratique

Juin 2012

nº 44 | 2012

Auteur

Beat Wechsler, Isabelle Neuffer, Simone Helmreich, Lorenz Gygax, Rudolf Hauser, Office vétérinaire fédéral, Centre spécialisé dans la détention des ruminants et des porcs, ART Impressum Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction: ART Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch ISSN 1661-7576

Fig. 1: Les systèmes de traite automatique AMS sont employés dans environ 200 exploitations suisses (Photos: ART).

Patrick Schlegel Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras Tioleyre 4 CH-1725 Posieux patrick.schlegel@alp.admin.ch Impressum

En Suisse, les exploitations de vaches laitières se convertissent de plus en plus aux systèmes de traite automatique (AMS). Outre les aspects économiques et organisationnels de cette technique de traite, la question du bien-être des animaux est également essentielle. Dans le cadre de la procédure d’examen et d’autorisation des installations d’étable produites en série, deux projets ont été mis en place au Centre de détention spécialisé dans la détention convenable de l’Office vétérinaire fédéral. Ces projets portaient sur la sécurité du fonctionnement des AMS ainsi que sur le comportement et le stress des vaches. Les résultats montrent que les AMS peuvent en principe être considérés comme respectueux des animaux. L’OVF a autorisé deux modèles d’AMS. Les autorisations sont assorties de conditions qui ont pour but de garantir que l’emploi de l’AMS n’aille

pas au-delà de la capacité d’adaptation des vaches. Au cours des vingt dernières années, plusieurs questions ont fait l’objet de nombreuses études dans le monde entier en ce qui concerne le bien-être des animaux dans les exploitations équipées d’AMS. Comment la canalisation des vaches à l’aide de portes de présélection se répercute-t-elle sur le comportement des animaux? Les AMS peuvent-ils être utilisés en combinaison avec la garde au pâturage? Quelles mesures contribuent à l’hygiène du pis dans les exploitations avec AMS? Les principaux résultats de ces études viennent compléter les résultats des essais effectués à ART. Les conclusions montrent clairement que le bien-être des animaux ne tient pas seulement aux aspects techniques, mais aussi à la qualité des mesures de management et de suivi des animaux.

Editeur: Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras www.agroscope.ch Rédaction: Gerhard Mangold, ALP Mise en page: RMG Design, Fribourg Impression: Tanner Druck AG, Langnau im Emmental Copyright: Reproduction autorisée sous condition d’indication de la source et de l’envoi d’une épreuve à l’éditeur. ISSN 1660-7589

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Rapport ART 752 En Suisse, les exploitations de vaches laitières se convertissent de plus en plus aux systèmes de traite automatique (AMS). Outre les aspects économiques et organisationnels de cette technique de traite, la question du bien-être des animaux est également essentielle. Dans le cadre de la procédure d’examen et d’autorisation des installations d’étable produites en série, deux projets ont été mis en place au Centre de détention spécialisé dans la détention convenable de l’Office vétérinaire fédéral. Ces projets portaient sur la sécurité du fonctionnement des AMS ainsi que sur le comportement et le stress des vaches. Les résultats montrent que les AMS peuvent en principe être considérés comme respectueux des animaux. L’OVF a autorisé deux modèles d’AMS. Les autorisations sont assorties de conditions qui ont pour but de garantir que l’emploi de l’AMS n’aille pas au-delà de la capacité d’adaptation des vaches. Au cours des vingt dernières années, plusieurs questions ont fait l’objet de nombreuses études dans le monde entier en ce qui concerne le bien-être des animaux dans les exploitations équipées d’AMS. Comment la canalisation des vaches à l’aide de portes de présélection se répercute-t-elle sur le comportement des animaux? Les AMS peuvent-ils être utilisés en combinaison avec la garde au pâturage? Quelles mesures contribuent à l’hygiène du pis dans les exploitations avec AMS? Les principaux résultats de ces études viennent compléter les résultats des essais effectués à ART. Les conclusions montrent clairement que le bien-être des animaux ne tient pas seulement aux aspects techniques, mais aussi à la qualité des mesures de management et de suivi des animaux. Beat Wechsler, et al. Office vétérinaire fédéral, Centre spécialisé dans la détention des ruminants et des porcs, ART

Olivier Bloch, ALP

Auteur(e)s

Le phosphore (P) est un élément essentiel, non seulement pour le ruminant, mais aussi pour ses hôtes, les microorganismes de la panse. Un apport insuffisant en P peut donc mener à des pertes de productivité, mais un excès représente un risque de pollution environnemental. L’apport nécessaire en P des rations bovines est en grande partie couvert par le fourrage et les protéagineux. Le solde est apporté par le phosphate, ressource non renouvelable. Or, la Suisse est totalement dépendante des phosphates importés et les réserves minières de qualité sont limitant. Le prix du produit est donc voué à augmenter. Le caractère essentiel, non renouvelable et progressivement coûteux (phosphates) du P, ainsi que son potentiel de pollution, favorisent une utilisation alimentaire aussi efficace que possible. La révision des recom-

mandations d’apport en P des bovins laitiers a pour conséquence de réduire la marge de sécurité, et doit être compensée par une bonne connaissance des teneurs en P des fourrages et aliments utilisés sur l’exploitation. Cette fiche technique rappelle les principales connaissances en matière d’alimentation du phosphore chez le bovin laitier: • Rôles physiologiques et métabolisme du phosphore • Révision des besoins nets en phosphore • Interactions nutritionnelles et absorbabilité du phosphore alimentaire • Recommandations d’apport en phosphore révisées • Seuils de carence et de tolérance et évaluation du statut en phosphore

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ALP actuel 44 Le phosphore (P) est un élément essentiel, non seulement pour le ruminant, mais aussi pour ses hôtes, les micro­-­ organismes de la panse. Un apport insuffisant en P peut donc mener à des pertes de productivité, mais un excès représente un risque de pollution environnemental.­ L’apport nécessaire en P des rations bovines est en grande partie couvert par le fourrage et les protéagineux. Le solde est apporté par le phosphate, ressource non renouvelable. Or, la Suisse est totalement dépendante des phosphates importés et les réserves minières de qualité sont limitées. Le prix du produit est donc voué à augmenter. Le caractère essentiel, non renouvelable et progres­sive­ment coûteux (phosphates) du P, ainsi que son potentiel de pollution, favorisent une utilisation alimentaire aussi efficace que possible. La révision des recommandations d’apport en P des bovins laitiers a pour conséquence de réduire la marge de sécurité, et doit être compensée par une bonne connaissance des teneurs en P des fourrages et aliments utilisés sur l’exploitation. Cette fiche technique rappelle les principales connaissances en matière d’alimentation du phosphore chez le bovin laitier: ••Rôles physiologiques et métabolisme du phosphore ••Révision des besoins nets en phosphore ••Interactions nutritionnelles et absorbabilité du phosphore alimentaire ••Recommandations d’apport en phosphore révisées ••Seuils de carence et de tolérance et évaluation du statut en phosphore Patrick Schlegel, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras

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Actualités

M C oem d ime un nmi iqtut e é isl ud ne gperne s s e

www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen www.agroscope.admin.ch/communiques 09.08.2012 Dix laboratoires reconnus pour les analyses de sol PER

07.08.2012 Robert Kaufmann élu président des agrotechniciens européens

Dans le cadre des prestations écologiques requises (PER), les agriculteurs doivent analyser régulièrement les sols. Les analyses comprennent le pH, la teneur en matière organique ainsi que le phosphore et le potassium doivent être effectuées par un laboratoire agréé par l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG). Les analyses comparatives nécessaires ont été effectuées par la station de recherches Agroscope Reckenholz-Tänikon ART. Pour la période de culture 2012/2013, dix laboratoires sont reconnus pour les analyses prescrites dans le cadre PER. Tous les laboratoires participant au test ont rempli les exigences de qualité posées. La qualité des laboratoires suisses est très élevée en comparaison internationale.

A l’occasion du congrès mondial des ingénieurs agronomes (CIGR-AgEng2012) à Valence en Espagne, Robert Kaufmann, chef du département de recherche Economie et technologie agricoles à la station de recherche Agroscope ART, a été élu pour deux ans président de la «European Society of Agricultural Engineers» (EurAgEng). Une de ses principales tâches sera l‘organisation du congrès AgEng2014 à l’EPF de Zurich en 2014 (www. ageng2014.ch). C’est la première fois que cet important congrès international se tiendra en Suisse – tout juste 30 ans après la fondation de l‘EurAgEng, à laquelle des agrotechniciens suisses avaient également participé.

Dienstag/Mittwoch, 6./7. November 2012

Weiterbildungskurs für Baufachleute WBK 2012 Gemeinsame Tagung der ALB-CH, AGRIDEA , Agroscope ART und suissemelio

Themen • Klimastrategie Landwirtschaft – Bedeutung für das landwirtschaftliche Bauwesen • Wärmerückgewinnung in Geflügel- und Schweineställen • Moderne Milchviehställe – Trends in Frankreich • Kompoststall für Milchvieh • Perforierte Böden in der Schweinehaltung • Automatisierung bei der Fütterung und Entmistung

Tagungsort Institut agricole de l’Etat de Fribourg Grangeneuve CH-1725 Posieux FR Detailprogramm und Anmeldung www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen Anmeldeschluss: 19. Oktober 2012

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Actualités

Liens Internet

Manifestations

Le service d’informations compact pour les agricultrices et agriculteurs www.agrarticker.de Nouvelles, marchés et points de vue: agrarticker.de est un service d’informations sur mesure pour toutes celles et tous ceux qui veulent en savoir davantage, mais qui ont peu de temps à disposition. Ce nouveau service d’informations d’une toute nouvelle conception donne des informations sur les marchés agricoles, les entreprises et la politique. Par ailleurs, afin que les abonnés ne manquent rien, une Newsletter quotidienne résume les informations les plus importantes.

Dans le prochain numéro Octobre 2012 / Numéro 10 En situation de stress, les plantes produisent des composés chimiques pour se protéger et se défendre, notamment contre les ­maladies fongiques. Afin de ­découvrir de nouvelles molécules fongicides, exploitables tant dans le domaine agronomique que ­médical, une trentaine d'espèces végétales ont subi un stress lumineux par traitement aux UV-C.

•• Nouvelles propriétés antifongiques de plantes exposées aux UV, Olivier Schumpp et al., ACW •• Systèmes agroforestiers novateurs – Monitoring des opportunités et limites, Monika Kuster et al., ART et ETH Zürich •• La prédiction de la charge, une possibilité de paramétrer la régulation chimique de la charge chez le pommier, Michael Gölles et al., ACW ••Valeur nutritive déterminée et estimée de la chicorée, du lotier et de l’esparcette, Yves Arrigo, ALP-Haras ••Ammoniac dans les étables de bétail bovin: évolution des émissions en Suisse, Sabine Schrade et Margret Keck, ART ••Un nouvel avenir pour Agroscope, Paul Steffen, ART •• Le nouveau plan directeur de la recherche agronomique et agroalimentaire 2013–2016 de l’OFAG, Markus Lötscher, OFAG •• Liste 2013–2014 des variétés recommandées de plantes fourragères •• Mélanges standard pour la production fourragères – Révision 2013–2016

Septembre 2012 13.09.2012 AGFF-Waldhoftagung 2012 AGFF, Profi-Lait, HAFL, ALP et ART Inforama Waldhof, Langenthal 13.09.2012 6. Ökobilanzplattform Landwirtschaft: Ökologische Bewertung von Fleisch Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Reckenholz, Zürich-Affoltern 13. – 16.09.2012 Equus Helveticus – festival du cheval Haras national suisse HNS Avenches 20.09.2012 35. Informationstagung Agrarökonomie Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Reckenholz, Zürich-Affoltern 25.09.2012 Journée d'information ALP 2012 Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras et Agridea Posieux Octobre 2012 16.10.2012 Conférence nationale «Les femmes dans l'agriculture en Suisse» Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Institut agricole de l'Etat de Fribourg IAG, Grangeneuve 31.10.2012 Recherche pour la production laitière: Journée de ­recherche Profi-Lait 2012 Profi-Lait, Agroscope, AGRIDEA et HAFL Institut agricole de l'Etat de Fribourg IAG, Grangeneuve Novembre 2012 6.-7.11.2012 Weiterbildungskurs für Baufachleute ART, ALB-CH, Agridea et suissemelio Institut agricole de l'Etat de Fribourg IAG, Grangeneuve 15.11.2012 Bio-Forschungstagung Koordinationsgremium Bioforschung Agroscope – FiBL, Inforama, Zollikofen

Informationen: Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen www.agroscope.admin.ch/manifestations

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Mardi, 25 septembre 2012

Journée d’information ALP 2012

Cette année, nous avons le plaisir d’accueillir un intervenant de l’INRA AgroParisTech:

• Développements et tendances des variétés de maïs en Suisse (variétés de maïs et de maïs ensilage)

Dr Daniel Sauvant avec le thème « Evolution des systèmes d’unités d’alimentation énergétique et protéique INRA pour les ruminants, exemple de la vache laitière ».

• Estimation de la valeur nutritive de l’ensilage de maïs

Les autres thèmes de la journée seront les suivants: • Teneurs en oligoéléments de l’herbage • Comportement d’ingestion, activités et dépenses énergétiques des vaches laitières au pâturage • Présentation du chapitre « Pâture des vaches laitières» du Livre Vert

Lieu: ALP, salle de conférence, Tioleyre 4, 1725 Posieux Inscription: jusqu’au 17.09.12: Agridea, cours, Jordils 1, 1000 Lausanne 6, www.agridea.ch; cours@agridea.ch

• Tests sur les agents de conservation dans les balles d’ensilage www.agroscope.ch

DÉVELOPPE M ENT DE L’AGRICULTURE ET DE L’ESPACE RURAL

Schweizerische Eidgenossenschaft Confédération suisse Confederazione Svizzera Confederaziun svizra

Département fédéral de l'économie DFE Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras

Donnerstag, 15. November 2012, 9:00 – 16:30 Uhr, INFORAMA Rütti, Zollikofen

Wo steht die Schweizer Bioforschung? 7. Schweizer Bioforschungstagung

Themen • Überblick über die Forschung der letzten vier Jahre: Ackerbau, Spezialkulturen, Rindvieh, Futterbau, Soziökonomie • Posterausstellung mit zahlreichen Ergebnissen aus Forschungsvorhaben • Workshops für Forschungsinteressierte aus Praxis, Beratung und Forschung zu themenspezifischen Vorschlägen für die Forschungsperiode 2014–2017

Tagungsort Inforama Rütti Rütti 5, 3052 Zollikofen BE www.inforama.ch Detailprogramm und Anmeldung www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen Anmeldeschluss: 7. November 2012 Posteranmeldung: christine.vonallmen@art.admin.ch Schweizerische Eidgenossenschaft Confédération suisse Confederazione Svizzera Confederaziun svizra

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Eidgenössisches Volkswirtschaftsdepartement EVD Agroscope

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