RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE 2 0 1 3
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N u m é r o
1 0
Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich
O c t o b r e
Production végétale Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des prés Page 416 Production végétale Série ProfiCrops: Transfert de connaissances en cultures maraîchères suisses Page 432 Eclairage
Tête de moine AOP: une nouvelle culture pour certifier son origine Page 448
Les produits agricoles pourvus d’une appellation d’origine protégée (AOP), tels que la Tête de Moine, bénéficient sur le marché d’une valeur ajoutée en tant que produits fabriqués traditionnellement et dotés d’une origine géographique définie. Des chercheurs d’Agroscope ont mis au point une méthode basée sur une culture de bactéries traceuses afin de pouvoir certifier l’origine de la Tête de Moine AOP. (Photo: Olivier Bloch, ALP-Haras) Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées. Editeur Agroscope Partenaires bA groscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux et Haras national suisse A LP-Haras; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART), www.agroscope.ch b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.blw.ch b Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.ch b Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.ch b E cole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.ch Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP-Haras), Erika Meili (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich) Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch, Fax +41 26 407 73 00 Changement d'adresse e-mail: verkauf.zivil@bbl.admin.ch, Fax +41 31 325 50 58 Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse © Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS
Sommaire Octobre 2013 | Numéro 10 415 Editorial Production végétale Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le 416
pâturin des prés Daniel Suter, Hansueli Hirschi, Rainer Frick et Philippe Aebi Production végétale Sensibilité de la pomme de terre aux 424
pourritures de tiges provoquées par Dickeya spp. Jérémie Rouffiange et al. 432
Production végétale – Série ProfiCrops ransfert de connaissances en cultures T
maraîchères suisses Robert Baur, Simone Fähndrich, Brigitte Baur et Thomas Wieland Eclairage – Série ProfiCrops Recherche pour une production fruitière 440
suisse durable, malgré le feu bactérien Esther Bravin Eclairage Développement éclair de nouveaux outils 444
de diagnostic pour l'agronomie Christophe Debonneville, Jean-Sébastien Reynard, Olivier Schumpp et Santiago Schaerer Eclairage Tête de moine AOP: une nouvelle culture 448
pour certifier son origine John Haldemann et al. 451 Portrait 452 Actualités 455 Manifestations
Editorial
L’Anthropocène – une nouvelle période géologique Chère lectrice, cher lecteur,
Paul Steffen, dirigeant Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
Lorsque Max Frisch a publié son récit «Der Mensch erscheint im Holozän» (litt. «L’homme apparait à l’Holocène») en 1979, il ne s’imaginait sans doute pas que cette période géologique était sur le point d’arriver à son terme. Même si scientifiquement parlant, le titre est faux, il a une certaine justesse par rapport à l’homme moderne: l’Holocène – une période relativement chaude et climatiquement stable de 10 000 à 12 000 ans – a créé les conditions qui ont permis l’évolution culturelle et historique de l’homme actuel. Cependant au cours des 200 dernières années, l’homme est lui-même de plus en plus devenu un facteur géologique: une nouvelle période a débuté, l’Anthropocène. Nous connaissons tous les conséquences de l’action de l’homme sur le climat et l’écosystème. Selon Paul J. Crutzen, chercheur spécialiste de l’atmosphère et prix Nobel, qui a largement popularisé le concept d’Anthropocène, la nouvelle période peut – pour l’instant – être subdivisée en trois phases. La première phase d’environ 1800 à 1945, qui comprend essentiellement l’ère de l’industrialisation, se caractérise par l’emploi accru des combustibles fossiles. Jusqu’en 1945, la concentration en CO2 a déjà augmenté à un niveau qui dépasse largement la variation statistique atteinte pendant l’Holocène. La deuxième phase a débuté en 1945 et se prolongera jusque vers 2015 selon les prévisions de Crutzen. Durant cette phase qu’il a baptisée «The Great Acceleration», la dynamique de l’influence humaine sur l’environnement a augmenté dans des proportions dramatiques. Dans cette phase typiquement, le changement de mentalité de tout un chacun ou des décideurs économiques et politiques ne se fait que de manière frileuse, et les efforts engagés pour trouver des solutions au niveau international ne se concrétisent que par un succès très modeste. L’humanité restera pour les milliers d’années, voire les millions d’années qui viennent, un facteur d’influence géologique capital. C’est indiscutable. La grande question par rapport à la troisième phase de l’Anthropocène porte cependant sur le rôle que jouera l’homme à l’avenir. Le développement de stratégies efficaces pour trouver un équilibre durable entre l’action de l’homme et l’écosystème global est un des plus importants enjeux politiques et scientifiques qui soit. Et comme on en arrive lentement à constater que les approches classiques, par exemple en vue de réduire les émissions de CO2, agiront trop lentement pour pouvoir protéger l’homme à temps des conséquences dramatiques du changement climatique, on recherche toujours plus de nouvelles solutions pour intervenir activement dans la dynamique climatique globale. Ces approches réunies sous l’étiquette de geoengineering ont en général pour but de freiner le réchauffement climatique, de diminuer la concentration de CO2 ou d’empêcher l’acidification des océans. Nous sommes au tout début de ces développements et il reste à espérer que l’homme mettra ses facultés en œuvre pour jouer son rôle de «facteur géologique» à l’avenir en pleine conscience de ses responsabilités. Une recherche agronomique dynamique à l’échelle nationale et internationale aura une place importante à tenir dans ce contexte.
Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 415, 2013
415
P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des prés Daniel Suter1, Hansueli Hirschi1, Rainer Frick 2 et Philippe Aebi2 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich, Suisse 2 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon, Suisse Renseignements: Daniel Suter, e-mail: daniel.suter@agroscope.admin.ch, tél. +41 44 377 72 79
1
Figure 1 | Trèfle blanc ( Trifolium repens) et pâturin des prés ( Poa pratensis). Illustration tirée du livre «Wiesen und Alpenpflanzen» de Walter Dietl et Manuel Jorquera, Österreichischer Agrarverlag, Leopoldsdorf, 4 e édition 2012. (Dessins: Manuel Jorquera, zurich. Tous droit réservés. Copyright : ADCF, Zurich. Avec l’aimable autorisation de l’ADCF.)
Introduction Trèfle blanc: précieux et persistant Dans les prairies fréquemment exploitées, seule une espèce de trèfle résiste sur la durée: le trèfle blanc (Trifolium repens L.). En raison de son type de croissance, seuls les limbes et les pétioles sont éliminés lors de la fauche. La tige reste intacte et continue à se développer sous forme de pousse rampante. Ces tiges rampantes (fig. 1) permettent au trèfle blanc de se régénérer rapidement après différents types d’impact, comme la fauche, l’abroutissement ou le piétinement, et de combler immédiatement les lacunes, se multipliant non seulement par
416
Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 416–423, 2013
propagation des semences, mais aussi par voie végétative. Cette aptitude à la régénération fait du trèfle blanc une espèce de trèfle idéale pour les pâturages. Dans tous les mélanges standard qui associent trèfles et graminées pour une durée de trois ans et plus, le trèfle blanc constitue la composante essentielle du peuplement à partir de la deuxième année d’exploitation (Mosimann et al. 2012). Il remplit une fonction capitale, car les mélanges à base de trèfles et de graminées apportent de gros avantages par rapport aux mélanges de graminées purs (Finn et al. 2013; Nyfeler et al. 2009). Sachant que seuls les limbes et les pétioles du trèfle blanc sont récoltés, les peuplements contenant du trèfle blanc ont un mode d’exploitation plus élastique que les peuplements contenant du trèfle violet ou de la luzerne en raison de la qualité plus ou moins constante de la récolte. Le trèfle blanc possède la propriété intéressante de pouvoir étendre ses pétioles de manière à placer les limbes de ses feuilles là où ils reçoivent plus de lumière. Il peut même tourner les limbes en direction de la lumière incidente (Marcuvitz et Turkington 2000). En dépit de ces propriétés, il est recommandé de faucher fréquemment les peuplements à base de trèfle blanc, de façon à ce qu’ils puissent résister à leurs concurrents à croissance rapide (Winkler 1984). C’est pourquoi la première coupe doit avoir lieu tôt dans l’année si l’on veut maintenir, voire promouvoir le trèfle blanc dans le peuplement. Les sols idéaux pour le trèfle blanc sont les sols frais, riches en éléments nutritifs. Le trèfle blanc supporte mal les longues périodes de sécheresse à cause de son système racinaire superficiel. Le besoin d’engrais se limite en général aux éléments suivants: phosphore (P), potassium (K) et magnésium (Mg). Le trèfle blanc est une légumineuse et à ce titre, il peut fixer l’azote de l’air à l’aide des rhizobiums. Le trèfle blanc n’est pas le seul à profiter de cet azote. Les autres plantes du peuplement en tirent elles aussi le bénéfice (Nyfeler et al. 2011). Par conséquent, les mélanges de trèfle et de graminées ont besoin de moins d’engrais azoté que les cultures de graminées pures. Le trèfle blanc résiste mal aux fortes gelées. Lorsque la couverture neigeuse se prolonge, le trèfle blanc est
plus ou moins atteint de sclérotiniose (Sclerotinia trifoliorum) en fonction de la variété (Michel et al. 2000). Cette maladie fongique peut diminuer de manière importante la persistance d’une plante de trèfle. Les plantes de trèfle blanc contiennent souvent des quantités significatives de glucosides cyanogéniques susceptibles de libérer de l’acide cyanhydrique à l’aide des enzymes présents dans la plante ou dans la panse des ruminants. Cet acide représente un risque potentiel pour la santé des animaux. C’est pourquoi les variétés recommandées prennent en compte uniquement des variétés dont la teneur en acide cyanhydrique (HCN) ne dépasse pas de manière significative celle de la variété «Sonja» choisie comme référence. Deux types de trèfle blanc pour les mélanges standard: Les variétés à petites et moyennes feuilles (T. repens f. Hollandicum): les variétés de cette forme restent plutôt petites, mais pas aussi petites en général que le type sauvage (T. repens f. sylvestris). Elles conviennent parfaitement pour les pâturages. Certaines variétés de ce type développent beaucoup de fleurs en été. Les variétés à grosses feuilles (essentiellement de type Ladino, synonyme T. repens f. giganteum): elles poussent en hauteur et ont un bon rendement. Elles conviennent plutôt pour les prairies de fauche. Elles fleurissent relativement peu en été. Les variétés à grosses feuilles, notamment celles du type Ladino, ont souvent des teneurs nettement plus basses en glucosides cyanogéniques que les variétés à petites et moyennes feuilles. Désormais, il existe également des variétés à grosses feuilles qui ne peuvent pas clairement être attribuées au type Ladino. Pâturin des prés: installation lente Ce que le trèfle blanc est aux espèces de trèfles, le pâturin des prés (Poa pratensis L.) l’est aux espèces de graminées. Il fait partie des espèces les plus persistantes des surfaces intensives et constitue, avec le ray-grass anglais (Lolium perenne L.), la graminée typique des prairies de fauche-pâture et des pâturages à haut rendement. Il remplace complètement celui-ci dans des conditions de croissance moins favorables ou lorsque le ray-grass a disparu du peuplement avec le temps. A l’instar du trèfle blanc, le pâturin des prés peut se maintenir dans le peuplement grâce à ses pousses rampantes. Contrairement au trèfle blanc, ces dernières forment des rhizomes souterrains. Le pâturin des prés se développe très lentement après la germination des graines, que celle-ci ait été accélérée artificiellement ou non. Il peut s’écouler largement plus d’une année avant qu’il ne soit véritablement établi. Dans les cultures mixtes, les espèces associées compétitives comme le dactyle (Nösberger et Moser
Résumé
Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des prés | Production végétale
De 2010 à 2012, les stations de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et Agroscope Changins-Wädenswil ACW ont effectué des essais sur vingt variétés de trèfle blanc et douze variétés de pâturin des prés. Dix des variétés de trèfle blanc et huit des variétés de pâturin de prés étaient de nouvelles obtentions. Les critères évalués étaient les suivants: vitesse d’installation, aspect général (densité, capacité de repousse), tolérance aux conditions hivernales, résistance aux maladies foliaires, persistance (aspect général de la culture notée au terme de la dernière année d‘essai) et aptitude à la culture en altitude. Dans le cas du trèfle blanc, la teneur en glycosides cyanogéniques a également été évaluée, et dans le cas du pâturin des prés, la teneur en matière organique digestible. Quatre nouvelles obtentions de trèfle blanc («CW 0905», «CW 0904», «TR 0505» et «TR 0705») et trois de pâturin des prés («PP 0515», «PP 0425» et «Varenzo 5») ont fourni des performances suffisantes pour une recommandation. Hélas, toutes ces variétés n’ont pas encore passé l’examen DHS, nécessaire à leur recommandation. Etant donné leurs résultats lors des essais, les variétés de trèfle blanc «Vysocan» et «Seminole» ainsi que la variété de pâturin des prés «Tommy» recommandées jusqu’ici, ont été radiées de la liste des variétés recommandées.
1988) ou le vulpin des prés (Lehmann 1995) peuvent considérablement freiner la vitesse d’installation du pâturin des prés. Elles empêchent surtout la formation des rhizomes. Dans ce cas, il faut nettement plus longtemps avant que le pâturin des prés ne s’établisse dans le peuplement. Le pâturin des prés bien développé forme un gazon dense et résistant au piétinement. Les lacunes qui surviennent se referment aussitôt grâce aux rhizomes, ce qui empêche également les adventices de se propager. Cette propriété se manifeste également en cultures associées. C’est pourquoi c’est une fonction importante dans les mélanges longue durée (Mosimann et al. 2012). Le pâturin des prés est plus tolérant à la sécheresse que le ray-grass anglais et peut se développer dans des conditions climatiques diverses. Il supporte bien le froid et les couvertures neigeuses prolongées. Le pâturin des prés peut être exploité intensivement. Comme il est tolérant à l’ombre jusqu’à un certain stade, il convient
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Production végétale | Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des prés
Figure 2 | Essai variétal de trèfle blanc au printemps. Variété «CW 0904»: des peuplements denses, homogènes, non touchés par les maladies, sont la condition d’un rendement élevé. (Photo: ART)
également pour la fauche. Pour la persistance du pâturin des prés, il est important que la hauteur de coupe ne soit pas trop basse. Le potentiel de rendement n’atteint pas tout à fait celui du ray-grass anglais et ne peut être totalement exploité que si les éléments nutritifs sont disponibles en quantité suffisante et que l’eau n’est pas trop rare. Il existe de grandes différences entre les variétés en ce qui concerne leur résistance aux champignons de la rouille qui réduisent notamment la palatabilité du fourrage (Michel et al. 2000). Quelles que soient les variétés, la sensibilité à la rouille est plus ou moins élevée. La drechslera est une autre maladie fréquente qui peut entraîner une certaine baisse de la palatabilité et du rendement fourrager. Comme c’est surtout la masse foliaire qui est importante pour la production fourragère, les variétés de pâturin des prés intéressantes sur le plan agronomique présentent un faible rapport tige/feuille. Toutefois, la proportion limitée de tiges florifères a pour conséquence un faible rendement de semences à l’hectare. Cette mauvaise propagation rend la production de semences souvent non rentable. C’est pourquoi le nombre de variétés de qualité est très limité et leurs semences coûtent nettement plus cher que celles des variétés avec une forte proportion de tiges dont les aptitudes à la culture fourragère sont moins bonnes. Malgré tout, il vaut la peine d’utiliser les variétés de qualité «plus onéreuses». Car sur la durée, leur coût devient plus avantageux en raison de leur valeur fourragère plus élevée.
Tableau 1 | Caractéristiques des essais de variétés de trèfle blanc et de pâturin des prés terminés en 2012 Lieu, canton
Altitude (m)
Date de semis
Trèfle blanc Nombre de répétitions
16/04/2010
Coupes pesées
Nombre de répétitions
Coupes pesées
Culture pure1
Mélange2
2011
2012
Culture pure3
Mélange4
2011
2012
3
–
4
–
3*
–
4
3
Changins, VD
430
Reckenholz, ZH
440
17/04/2010
4
–
5
5
4
–
5
5
Seebach, ZH
440
19/04/2010
–
3
–
–
–
3
–
–
Oensingen, SO
460
16/04/2010
4
4
5
5
4
3
5
5
Ellighausen, TG
520
13/04/2010
3
3
5
5
–
–
26/08/2010
1
–
5
5
4
3
5
5
Goumoëns, VD
630
15/04/2010
3
3
5
5
3
–
4
4
La Frêtaz, VD
1200
28/04/2010
3
–
–
–
3
2
–
–
Maran, GR
1850
10/05/2011
–
–
–
–
3
–
–
–
+ 1 répétition pour la notation de l'indice de précocité 1 culture pure: 150 g/100 m2 variété témoin pour la densité de semis : «Sonja» 2 culture en mélange: 50 g/100 m2 variété témoin pour la densité de semis : «Sonja» + 100 g/100 m2 dactyle «Pizza» 3 culture pure: 200 g/100 m2 variété témoin pour la densité de semis : «Nixe» 4 culture en mélange: 150 g/100 m2 variété témoin pour la densité de semis : «Nixe» + 25 g/100 m2 trèfle blanc à grosses feuilles «Seminole» + 15 g/100 m2 trèfle blanc à petites feuilles «Sonja» *
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Pâturin dés prés
Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 416–423, 2013
Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des prés | Production végétale
Tableau 2 | Trèfle blanc: résultats des mesures de rendement et des observations de 2010 à 2012
Variété
Rendement1
Aspect général*
Vitesse d'installation
Force de concurrence
Résistances/tolérances: Persistance*
Conditions hivernales*
Maladies foliaires*
Adaptation à l'altitude
Indice
variétés à feuilles petites à moyennes 1
Pepsi
5,0
3,1
3,8
4,9
3,4
4,4
2,0
3,6
3,61
2
Rabbani
4,8
3,0
3,4
5,0
3,4
4,8
2,5
3,1
3,64
3
Sonja
5,6
3,0
3,3
5,0
3,4
4,7
2,5
3,8
3,74
4
Hebe
5,4
3,3
3,6
5,1
3,8
4,7
2,2
3,6
3,80
5
Tasman
5,3
3,1
3,8
4,7
3,3
5,0
2,7
4,3
3,85
6
Vysocan
4,8
3,4
3,7
5,0
4,5
5,3
2,6
3,2
4,01
Moyenne des témoins
5,2
3,2
3,6
4,9
3,6
4,8
2,4
3,6
3,78
7
AberPearl
5,4
3,1
3,6
5,1
2,6
4,8
1,8
3,2
3,50
8
AberAce
5,3
3,4
3,7
5,2
3,1
5,2
2,1
3,8
3,81
9
ZE-JP-1
5,2
3,1
3,5
5,1
3,7
5,2
2,7
3,7
3,90
10
Numuniai
6,0
3,5
3,4
5,2
4,4
5,1
2,9
3,1
4,15
variétés à grosses feuilles 11
Apis
4,3
2,7
3,4
4,6
2,8
4,8
2,6
3,1
3,43
12
Bombus
4,3
2,7
3,7
4,5
2,8
5,3
3,1
3,8
3,67
13
Fiona
4,8
3,0
3,7
4,7
3,3
4,8
3,3
3,5
3,78
14
Seminole
6,0
4,0
4,5
5,0
4,8
6,1
4,0
4,6
4,83
4,8
3,1
3,8
4,7
3,4
5,3
3,2
3,7
3,93
Moyenne des témoins 15
CW 0905
3,8
2,4
3,2
4,5
2,5
4,9
2,7
3,2
3,31
16
CW 0904
4,0
2,7
3,3
4,6
2,5
5,2
3,1
3,7
3,54
17
TR 0505
4,4
2,7
3,5
4,4
3,2
4,8
3,0
3,4
3,60
18
TR 0705
4,8
2,8
4,1
4,6
2,9
4,5
2,9
3,4
3,61
19
Giga
5,0
3,2
3,3
4,5
4,0
5,0
2,6
3,8
3,85
20
Florida
5,7
3,9
3,9
5,0
3,9
6,0
3,4
4,7
4,48
Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées. Notes: 1 = très élevé, très bon; 9 = très faible, très mauvais. 1 Notes de rendement de 5 lieux avec respectivement 4 et 5 coupes pesées en 2011 et de 4 lieux avec 5 coupes pesées en 2012. * Caractéristiques comptant double dans le calcul de l'indice.
Matériel et méthodes Test au champ De 2010 à 2012, les stations de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et Agroscope Changins Wädenswil ACW ont étudié vingt variétés de trèfle blanc et douze variétés de pâturin des prés. Les variétés de trèfle blanc comprenaient dix nouvelles obtentions dont l’aptitude à la culture a été testée pour la première fois dans le cadre d’essais en plein champ. On comptait également huit nouvelles obtentions de pâturin des prés. Pour les essais, le trèfle blanc a été semé sur sept sites et le pâturin des prés sur huit sites différents. Les observations ont été effectuées selon une échelle allant de un à neuf, un étant la meilleure note et neuf la moins bonne. Elles ont eu lieu sur de petites parcelles de cultures pures de 1,5 × 6,0 mètres. Les critères observés était la vitesse d’installation, l’aspect général (densité, capacité de repousse), la tolérance aux conditions hivernales, la
résistance aux maladies foliaires, la persistance (aspect général de la culture notée au terme de la dernière année d‘essai), et l’aptitude à la culture en altitude (aspect général sur les sites d’essai situés à plus de 900 m d’altitude). Les rendements en matière sèche mesurés au champ ont été additionnés aux rendements annuels et convertis en notes à l’aide d’une méthode statistique (Suter et al. 2013). Dans le cas du trèfle blanc, la teneur potentielle en acide cyanhydrique (HCN) a également été mesurée à l’aide d’une méthode basée sur celle de Pulss (1962). Le matériel végétal analysé provenait d’échantillons prélevés sur le site de Reckenholz la deuxième et la troisième année d’essais, à trois reprises. Pour le pâturin des prés, le pourcentage de la teneur en matière organique digestible (MOD) dans le fourrage a été calculé en laboratoire. Les valeurs ont été mesurées par spectrophotométrie à infrarouge (Norris et al. 1976) et ont été validées d’après la méthode de Tilley et Terry (1963), en utilisant du jus de panse. Le matériel
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Production végétale | Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des prés
Tableau 3 | Trèfle blanc: teneur potentielle en acide cyanhydrique (HCN) Variété
Teneur potentielle en acide cyanhydrique (HCN) (mg/kg MS)
Tableau 4 | Trèfle blanc: variétés testées et classement
% de Sonja
Variété
70
1
Pepsi
Pepsi
2
Rabbani
402
86
2
3
Sonja
463
100
3
DLF-Trifolium, DK
1
Rabbani
DLF-Trifolium, DK
1
Sonja
Svalöf-Weibull, SE
1
4
Hebe
427
92
4
Hebe
Svalöf-Weibull, SE
1
5
Tasman
338
73
5
Tasman
Barenbrug, NL
1
6
Vysocan
170
36
6
Vysocan
Agrogen, CZ
7
AberPearl
906
7
AberPearl
Germinal Holdings, GB
8
AberAce
637
137
8
AberAce
Germinal Holdings, GB
9
ZE-JP-1
600
129
9
ZE-JP-1
NPZ-Lembke, DE
3
10
Numuniai
141
30
10
Numuniai
Agrolitpa, LT
3
195
*
variétés à grosses feuilles
2/3 4 3
variétés à grosses feuilles
11
Apis
505
109
11
Apis
DSP, CH
1
12
Bombus
348
75
12
Bombus
DSP, CH
1
13
Fiona
59
12
13
Fiona
DSP, CH
1
14
Seminole
469
101
14
Seminole
Cal West, US
15
CW 0905
397
85
15
CW 0905
Cal West, US
1*
16
CW 0904
471
101
16
CW 0904
Cal West, US
1*
17
TR 0505
255
55
17
TR 0505
DSP, CH
1*
18
TR 0705
323
69
18
TR 0705
DSP, CH
1*
19
Giga
15
3
19
Giga
20
Florida
310
66
20
Florida
Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées. * Les variétés dont la teneur en HCN dépasse celle de Sonja ne sont pas recommandées. (n = 120; P < 0,05; Tukey-HSD)
végétal provenait d’échantillons prélevés sur le site de Reckenholz lors des trois premières coupes de la deuxième année d’essai, ce à trois répétitions. Les teneurs en MOD ont été converties en notes de la même façon que le rendement. Importance de la force de concurrence pour les mélanges Du fait que les graminées et les trèfles sont presque exclusivement utilisés en mélanges en Suisse, il est important de connaître la force de concurrence des variétés testées. Dans ce but, des parcelles expérimentales supplémentaires ont été semées pour le trèfle blanc, où chacune des variétés à tester était associée à du dactyle. Le pâturin des prés, quant à lui, était associé à du trèfle blanc. La note de la force de concurrence a été calculée à partir de la part de la variété à tester dans le rendement total du mélange, enregistrée avant la coupe, selon la formule: Note = 9 – 0,08 × pourcentage de rendement %. A partir des observations de la taille des feuilles, les variétés de trèfle blanc ont été réparties en deux groupes à l’aide d’une analyse par partitionnement.
420
Classement1
variétés à feuilles petites à moyennes
variétés à feuilles petites à moyennes 1
327
Requérant
Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 416–423, 2013
2/3
Jouffray-Drillaud, FR
3
Allied Seed, US
3
Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées. Classement basé sur les résultats des essais: Classe 1: Variété recommandée en Suisse Classe 1*: Ne peut être recommandée qu'après avoir rempli les exigences légales pour une commercialisation en Suisse (voire Ordonnance du DFE sur les semences et plants RS 916.151.1) Classe 2/3: Ancienne variété recommandée déclassée en vue d'une radiation dès le 1er janvier 2016 Classe 3: Variété ne satisfaisant pas à une recommandation. Variété moyenne, sans caractéristique particulièrement intéressante Classe 4: Variété ne satisfaisant pas à une recommandation. Variété ne convenant pas à la culture en Suisse
1
D’autres informations sur les sites d’essai, les densités de semis et le nombre des récoltes se trouvent dans le tableau 1. Evaluation à l’aide d’un indice global Pour le classement des variétés, toutes les notations ont été prises en compte sous la forme d’un indice global. Pour le trèfle blanc, l’aspect général, la persistance, la tolérance aux conditions hivernales et la résistance aux maladies foliaires comptent double par rapport aux autres caractéristiques. Dans le cas du pâturin des prés, ce sont l’aspect général, la force de concurrence, la persistance, la résistance aux maladies foliaires ainsi que l’aptitude à la culture en altitude qui comptent double. Une nouvelle variété est inscrite dans la Liste des variétés recommandées (Frick et al. 2012) si sa valeur d’indice global est meilleur d’au moins 0,20 point que la moyenne
Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des prés | Production végétale
Tableau 5 | Pâturin des prés : résultats des mesures de rendement et des observations de 2010 à 2012
Variété 1
Nixe
Rendement1*
Aspect général*
Vitesse d'installation
Force de concurrence*
Persistance*
3,2
2,5
5,3
4,6
2,7
Résistances/tolerances: Conditions hivernales
Maladies foliaires*
MOD2
Adaptation à l'altitude*
Indice
4,0
3,9
4,3
3,2
3,59
2
Likollo
3,6
2,6
5,2
4,6
2,5
4,0
3,9
5,3
3,5
3,71
3
Lato
2,6
3,0
4,4
4,1
3,2
4,2
5,2
3,7
3,6
3,71
4
Tommy
4,0
3,4
5,8
5,0
2,7
4,7
4,5
6,7
4,3
4,34
Moyenne des témoins
3,4
2,9
5,2
4,6
2,8
4,2
4,4
5,0
3,6
3,84
5
PP 0515
2,5
2,6
4,3
4,0
2,7
3,9
4,2
3,7
3,7
3,41
6
PP 0425
3,1
3,0
4,6
3,7
2,4
4,7
4,3
3,7
4,1
3,61
7
Varenzo 5
3,2
2,5
4,8
4,7
2,5
4,0
4,3
4,7
3,3
3,64
8
Rhenus (ST 250)
4,8
3,5
5,3
4,8
3,3
4,4
5,1
4,7
4,1
4,37
9
Hekate (LL HZ 39)
6,4
3,4
4,6
5,6
3,3
4,4
5,5
5,7
3,6
4,70
10
Helios (LL HZ 38)
6,6
3,6
5,0
5,5
3,4
4,5
6,3
5,7
3,9
4,92
11
Europa
7,5
5,4
5,5
6,3
5,6
4,7
6,7
2,3
4,6
5,66
12
Mercury
8,7
6,1
6,6
6,4
5,9
6,0
4,8
9,0
6,1
6,52
Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées Notes: 1 = très élevé, très bon; 9 = très faible, très mauvais 1 Notes de rendement de 5 lieux avec respectivement 4 et 5 coupes pesées en 2011 et 3 à 5 coupes pesées en 2012 2 MOD = matière organique digestible: moyenne de 2 prélèvements en 2011 et d'un prélèvement en 2012 à Reckenholz * Caractéristiques comptant double dans le calcul de l'indice
des variétés témoins (valeur inférieure = meilleure). Une ancienne variété est éliminée si son indice global dépasse de plus de 0,20 points la moyenne des variétés témoins (valeur plus élevée = plus mauvaise). De plus, une variété est écartée dès que sa note pour l’une des caractéristiques importantes est de 1,50 points supérieure ou plus à la moyenne. Enfin, pour le trèfle blanc, seules sont prises en compte les variétés dont la teneur potentielle en acide cyanhydrique (HCN) ne dépasse pas de manière statistiquement significative (P < 0,05) la valeur de la variété «Sonja» choisie comme référence.
Résultats et discussion Quatre nouvelles obtentions performantes, à grosses feuilles Pour les variétés à petites et moyennes feuilles, la nouvelle obtention «AberPearl» n’a pas pu être retenue pour une recommandation, malgré d’excellentes qualités agronomiques (tabl. 2), du fait de sa teneur potentielle en acide cyanhydrique (HCN) (tabl. 3). En revanche, quatre des six nouvelles obtentions à grosses feuilles testées satisfont les exigences requises pour une recommandation (tabl. 4). La variété «CW 0905» en provenance des Etats-Unis arrive en tête avec un excellent résultat global (tabl. 2). Elle a dépassé la moyenne des variétés témoins de plus de 0,60 points et a obtenu la première place de toutes les variétés à grosses feuilles testées pour le rendement, l’aspect général, la vitesse
d’installation et la persistance. Elle s’est classée deuxième pour la force de concurrence et l’aptitude à la culture en altitude. Elle a obtenu la deuxième meilleure note pour la résistance aux maladies foliaires et la troisième meilleure note pour la tolérance aux conditions hivernales. Les trois nouvelles obtentions «CW 0904» (provenance Etats-Unis), «TR 0505» et «TR 0705», (prov. Suisse) s’avèrent quasiment aussi performantes les unes que les autres. Leurs indices dépassaient de plus de 0,30 points la moyenne des variétés témoins. «CW 0904» a convaincu par une très bonne persistance et ses très bons résultats (2e place) en termes de rendement, d’aspect général et de vitesse d’installation. Avec des résultats meilleurs
Figure 3 | Le pâturin des prés se développe très lentement, mais fournit des peuplements très denses. Hélas, de nombreuses variétés sont très sensibles à la rouille, ce qui se voit très bien à la c ouleur du peuplement. (Photo: ART)
Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 416–423, 2013
421
Production végétale | Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des prés
Tableau 6 | Pâturin des prés: variétés testées, indice de précocité et classement Variété
Requérant
Indice de précocité1
Classement2
1
Nixe
SZ-Steinach, DE
51b
1
2
Likollo
Euro Grass, DE
51b
1
3
Lato
SZ-Steinach, DE
52a
1
4
Tommy
DLF-Trifolium, DK
52b
5
PP 0515
DSP, CH
53a
2/3 1*
6
PP 0425
DSP, CH
51b
1*
7
Varenzo 5
DSP, CH
51b
1*
8
Rhenus (ST 250)
SZ-Steinach, DE
53a
9
Hekate (LL HZ 39)
Životice, CZ
52b
3
10
Helios (LL HZ 38)
Životice, CZ
53a
4
11
Europa
Freudenberger, DE
52a
4
12
Mercury
Freudenberger, DE
51b
4
4
Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées. 1 Indice de précocité: Période à laquelle débute l'épiaison. Le premier chiffre indique le mois, le second la décade et la lettre la partie de la décade (a = début, b = fin). Exemple: 51b = début épiaison du 06 au 10 mai. 2 Classement basé sur les résultats des essais: Classe 1: Variété recommandée en Suisse. Ne peut être recommandée qu'après avoir rempli les exigences légales pour une commercialisation en Suisse (voire Ordonnance du DFE sur les semences et plants Classe 1*: RS 916.151.1). Classe 2/3: Ancienne variété recommandée déclassée en vue d'une radiation dès le 1er janvier 2016. Classe 3: Variété ne satisfaisant pas à une recommandation. Variété moyenne, sans caractéristique particulièrement intéressante. Classe 4: Variété ne satisfaisant pas à une recommandation. Variété ne convenant pas à la culture en Suisse.
que les moyennes dans les catégories rendement et aspect général, la variété «TR 0505» s’est démarquée notamment par la meilleure force de concurrence de l’essai et des valeurs prometteuses pour l’aptitude à la culture en altitude. La variété «TR 0705» a elle aussi obtenu des résultats tout à fait louables, avec la troisième place pour l’aspect général, la meilleure tolérance aux conditions hivernales et une bonne résistance aux maladies foliaires. Hélas, ces quatre nouvelles obtentions ne pourront être recommandées avant leur mise en circulation. L’examen DHS (tests de distinction, d’homogénéité et de stabilité) réalisé à l’étranger doit avoir été passé avec des résultats positifs. Or, ces derniers ne sont pas encore disponibles pour l’instant. Les deux variétés recommandées jusqu’à présent, «Vysocan» pour la gamme des variétés à petites et moyennes feuilles et «Seminole» pour la gamme des variétés à grosses feuilles, doivent être radiées de la «Liste des variétés recommandées de plantes fourragères» en raison de leurs résultats (tabl. 4). C’est pourquoi elles ne pourront plus être utilisées comme «variété recommandée» que jusqu’à fin 2015. Trois nouveaux pâturins des prés très prometteurs Parmi les nouvelles obtentions, «PP 0515», «PP 0425» et «Varenzo 5», toutes trois des variétés suisses, se détachent du lot du fait de leurs excellentes performances (tabl. 5). «PP 0515» se distingue en obtenant les meilleures notes pour le rendement, la vitesse d’installation et la tolérance aux conditions hivernales. Elle se classe en deu-
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Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 416–423, 2013
xième position pour la force de concurrence et la teneur en MOD et en troisième position pour l’aspect général de son peuplement et pour sa résistance aux maladies foliaires. Ces résultats combinés lui ont permis d’obtenir le meilleur indice de tout l’essai, ce qui fait que «PP 0515» présente une différence de 0,18 par rapport à «Nixe», la meilleure des variétés recommandées jusqu’ici. Les deux autres nouvelles obtentions mentionnées plus haut ont obtenu le premier rang pour la force de concurrence et la persistance («PP 0425») et pour l’aspect général («Varenzo 5»). Elles se positionnent juste derrière «Nixe» et, tout comme «PP 0515», avec un indice supérieur d’au moins 0,20 points par rapport à la moyenne des variétés témoins, elles remplissent les conditions agronomiques nécessaires à une recommandation. Hélas les trois nouvelles obtentions ne remplissent pas encore les conditions légales requises pour leur mise sur le marché et par conséquent, pour leur entrée dans la liste des variétés recommandées (tabl. 6). Les résultats positifs au test DHS qui sont requis dans ce but, ne sont pas encore disponibles. Il reste à espérer que ce soit bientôt le cas pour que la multiplication des semences de ces variétés puisse débuter le plus tôt possible. La variété «Tommy» recommandée depuis plus de vingt ans doit être radiée de la «Liste des variétés recommandées de plantes fourragères» en raison de ses résultats (tabl. 6). Cette variété ne pourra être utilisée que jusqu’à fin 2015 comme «variété recommandée» dans les mélanges standard d’Agroscope et dans les autres n mélanges dotés du label ADCF.
Trifoglio bianco e poa pratense Tra il 2010 e il 2012 le Stazioni di ricerca Agroscope Reckenholz-Tänikon ART e Agroscope Changins-Wädenswil ACW hanno condotto esperimenti con 20 varietà di trifoglio bianco e 12 di poa pratense. Per quanto riguarda il trifoglio bianco vi erano 10 novità varietali, per la poa pratense 8. Sono stati valutati la precocità, l'aspetto generale (impressione generale, densità di popolamento, facoltà di ricaccio), l'idoneità allo svernamento, la resistenza a malattie fogliari, la persistenza (aspetto alla fine dell’ultimo anno di esperimento) nonché l'idoneità alla coltivazione ad alta quota. Inoltre per il trifoglio bianco è stato valutato il tenore di glicosidi cianogenetici e per la poa pratense il tenore di sostanza organica digeribile. Quattro novità varietali di trifoglio bianco, ovvero «CW 0905», «CW 0904», «TR 0505» e «TR 0705», e tre di poa pratense, «PP 0515», «PP 0425» e «Varenzo 5», hanno fornito prestazioni sufficienti per costituire un riferimento. Purtroppo a tutte manca ancora il cosiddetto test DUS (Distinguibilità, Uniformità e Stabilità) per poter essere raccomandate. Sulla base dei risultati non sono più raccomandate le finora consigliate varietà di trifoglio bianco «Vysocan» e «Seminole» nonché la varietà di poa pratense «Tommy».
Bibliographie ▪▪ Finn J. A., Kirwan L. & J. Connolly et al., 2013. Ecosystem function enhanced by combining four functional types of plant species in intensively managed grassland mixtures: a 3-year continental-scale field experiment. Journal of Applied Ecology 50, 365–375. ▪▪ Frick R., Bertossa M., Suter D. & Hirschi H. U., 2012. Liste 2013–2014 des variétés recommandées de plantes fourragères. Recherche Agronomique Suisse 3 (10), 1–8. ▪▪ Lehmann J., 1995. Wie lässt sich das Wiesenrispengras fördern? Agrarforschung 2 (2), 53−56. ▪▪ Markuvitz S. & Turkington R., 2000. Differential effects of light quality, provided by different neighbours, on the growth and morphology of Trifolium repens L. (white clover). Oecologia 125, 293–300. ▪▪ Michel V., Schori A., Mosimann E., Lehmann J., Boller B. & Schubiger F., 2000. Maladies des graminées et des légumineuses fourageres. Revue suisse d'agriculture 32 (2), I–XII. ▪▪ Mosimann E., Frick R., Suter D. & Rosenberg E. , 2012. Mélanges standard pour la production fourragère Révision 2013–2016. Recherche A gronomique Suisse 3 (10), 1–12. ▪▪ Norris K. H., Barnes R. F., Moore J. E. & Shenk J. S., 1976. Predicting f orage quality by infrared reflectance spectroscopy. Journal of Animal Science 43, 889–897.
Summary
Riassunto
Nouveaux essais sur le trèfle blanc et le pâturin des prés | Production végétale
White clover and smooth-stalked meadow-grass retested From 2010 to 2012, the Agroscope ReckenholzTänikon ART and Agroscope Changins-Wädenswil ACW research stations conducted experiments with 20 varieties of white clover and 12 of smooth-stalked meadow-grass. Ten of the white clover and eight of the meadow-grass varieties were new cultivars. Juvenile development, vigour (general impression, stand density, regenerative capacity), winter-hardiness, resistance to leaf diseases, persistence (quality at the end of the final test year) and suitability for cultivation at higher altitudes were assessed. In addition, the content of cyanogenic glycosides of the white clover and the content of digestible organic matter of the meadow-grass were assessed. Four new white-clover cultivars, viz., «CW 0905», «CW 0904», «TR 0505» and «TR 0705», and three meadow-grass cultivars – «PP 0515», «PP 0425» and «Varenzo 5» – performed sufficiently well to earn recommendation. Unfortunately all these varieties have yet to pass the DUS test which will allow their recommendation. Based on the results, recommendations have been withdrawn for the previously recommended white clover varieties «Vysocan» and «Seminole», as well as for the meadow-grass variety «Tommy». Key words: Trifolium repens, white clover, Poa pratensis, smooth-stalked meadow-grass, variety testing, yield, disease resistance.
▪▪ Nösberger J. & Moser S., 1988. Die Wiesenrispe – ein förderungswürdiges Gras der Naturwiesen. Landwirtschaft Schweiz 1 (2), 89–91. ▪▪ Nyfeler D., Huguenin-Elie O., Suter M., Frossard E., Connolly J. & Lüscher A., 2009. Strong mixture effects among four species in fertilized agricultural grassland led to persistent and consistent transgressive overyielding. Journal of Applied Ecology 46, 683–691. ▪▪ Nyfeler D., Huguenin-Elie O., Suter M., Frossard E. & Lüscher A., 2011. Grass-legume mixtures can yield more nitrogen than legume pure stands due to mutual stimulation of nitrogen uptake from symbiotic and non-symbiotic sources. Agriculture, Ecosystems and Environment 140, 155–163. ▪▪ Pulss G., 1962. Untersuchungen zur Isolierung und Bestimmung von Blausäure in pflanzlichem Material. Zeitschrift für analytische Chemie 190, 402–409. ▪▪ Schubiger F. X., Lehmann J., Daccord R., Arrigo Y., Jeangros B. und S cehovic J., 2001. Nährwert von Wiesenpflanzen: Verdaulichkeit. Agrarforschung 8 (9), 354–359. ▪▪ Suter D., Hirschi H.U., Frick R. & Aebi P., 2013. Dactyle: résultats de l’examen de 31 variétés. Recherche Agronomique Suisse 4 (7/8),324–329. ▪▪ Tilley J. & Terry R., 1963. A two stage technique for the in vitro digestion of forage crops. Journal of the British Grassland Society 18, 104–111. ▪▪ Winkler L., 1984. Wachstum und Entwicklung von Weissklee ( Trifolium r epens L.) in verschieden bewirtschafteten Naturwiesen. Diss. EPF, Zurich.
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P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Sensibilité de la pomme de terre aux pourritures de tiges provoquées par Dickeya spp. Jérémie Rouffiange1, David Gerardin2, Isabelle Kellenberger3, Santiago Schaerer3 et Brice Dupuis3 Institut supérieur industriel agronomique Huy-Gembloux, 4500 Huy, Belgique 2 UFR PEPS, Université de Haute Alsace, 68000 Colmar, France 3 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon, Suisse Renseignements: Brice Dupuis, e-mail: brice.dupuis@agroscope.admin.ch, tél. +41 22 363 47 48
1
Figure 1 | Vue d’ensemble de l’essai portant sur l’agressivité des isolats de Dickeya spp. (Photo: J. Rouffiange)
Introduction Les bactéries pectinolytiques qui affectent la pomme de terre sont responsables de nombreuses maladies, que ce soit au champ ou au stockage. Ces bactéries appartiennent aux genres Pectobacterium et Dickeya. On recense principalement quatre espèces pathogènes de la pomme de terre: Pectobacterium atrosepticum, Pectobacterium carotovorum, Dickeya dianthicola et ‘Dickeya solani’ (Toth et al. 2011). ‘Dickeya solani’ est présenté entre guillemets car le nom de cette espèce n’a pas encore été formellement entériné par la communauté scientifique (Toth et al. 2011). Leur répartition géographique est essentiellement liée aux conditions du milieu (exigences thermiques) et de la présence ou non des
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Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 424–431, 2013
hôtes sensibles tels que la pomme de terre. P. atrosepticum est présente dans les régions tempérées. Son développement est optimal entre 15 et 25 °C, tandis que P. carotovorum possède une gamme de températures plus large: entre 20 et 40 °C. Dickeya spp. sont issues de climats tropicaux, subtropicaux ou tempérés chauds. Son optimum de température se situe entre 25 et 40 °C et peut donc développer des symptômes durant les périodes chaudes dans des climats plus tempérés d’Europe occidentale (Hélias et Gaucher 2007; Pasco et al. 2005). De plus, les populations varient en fonction des conditions d’humidité du milieu. Elles sont globalement faibles dans les sols secs et nombreuses lorsque les conditions sont humides ou si les sols sont irrigués (Pérembelon et Lowe 1974).
Les symptômes aériens causés par Dickeya spp. diffèrent de ceux causés par P. atrosepticum (Toth et al. 2011), P. carotovorum ne provoquant pas de symptômes aériens sur pommes de terre (Bartz et Kelman 1984), sauf cas exceptionnels (observations personnelles, suite à des dégâts de grêle) ou à la présence de souches virulentes (Johan Van Vaerenbergh, communication personnelle). En cas d’infection par Dickeya spp., les symptômes de pourriture peuvent apparaître plus haut dans la plante alors que la base de la tige reste saine (fig. 2; Laurila et al. (2010). Les symptômes aériens typiques résultant de la présence de P. atrosepticum sont, quant à eux, des lésions imbibées d’eau et une pourriture brun foncé sur les parties les plus basses de la tige (fig. 3; Laurila et al. 2010). Toutefois, l’expression de ces symptômes est très variable et l’identification du pathogène nécessite une analyse au laboratoire. En conditions sèches, Dickeya spp. développent moins de pourritures de tiges que P. atrosepticum. Par contre, si les températures sont élevées, Dickeya spp. développent plus de pourritures au niveau du tubercule qui ne s’étendent pas de manière systématique aux stolons et à la tige (Toth et al. 2011). Sur 718 échantillons de plantes malades prélevés en Suisse (tiges et tubercules) entre 1986 et 2010, en moyenne 66 % de Dickeya spp. et 34% de Pectobacterium spp. ont été isolés (Cazelles et Schwaerzel 1992; Dupuis et al. 2010). La présente étude se concentre donc sur l’étude des symp tômes aériens provoqués par Dickeya spp.
Figure 2 | Symptômes causés par Dickeya spp. (Photo: G. Riot)
Résumé
Sensibilité de la pomme de terre aux pourritures de tiges provoquées par Dickeya spp. | Production végétale
Dickeya dianthicola et 'Dickeya solani' sont les bactéries qui posent le plus de problèmes en production de plants de pommes de terre en Suisse. Elles provoquent au champ des symptômes de pourritures aériennes de tiges communément appelées jambes noires. L’étude présentée ici a deux objectifs principaux: d’une part étudier la sensibilité à Dickeya spp. des variétés Agria, Victoria, Charlotte, Innovator, Arinda et Lady Claire, et d’autre part, étudier l’agressivité de trois isolats de D. dianthicola et trois isolats de 'D. solani' sur la variété Agria. Pour cela, des essais en pots ont été mis en place en serre. La variété Agria semble plus sensible au développement de pourriture de tiges que les autres variétés testées. Les isolats les plus agressifs de 'D. solani' ne sont pas plus virulents que les isolats de D. dianthicola les plus agressifs testés. L’agressivité des isolats de D. dianthicola semble plus variable que celle des 'D. solani'. Enfin, le risque de développement de symptômes sur les tiges lié aux isolats de Dickeya spp. semble plus important que celui lié à la variété. En effet, la variété la plus sensible développe six fois plus de symptômes que la variété la moins sensible, tandis que l’isolat le plus agressif développe 40 fois plus de symptômes que l’isolat le moins agressif.
Figure 3 | Symptômes causés par Pectobacterium a trosenticum. (Photo: B. Dupuis)
Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 424–431, 2013
425
Production végétale | Sensibilité de la pomme de terre aux pourritures de tiges provoquées par Dickeya spp.
Concept de lutte intégrée contre les bactéries pectinolytiques dans la production de pommes de terre Dans le cadre d’un projet international (20102014) est développé un concept de lutte intégrée contre Dickeya spp., Pectobacterium carotovorum subsp. carotovorum et Pectobacterium atrosepticum. Ce projet est supporté par la Commission pour la technologie et l'innovation CTI. Les objectifs du projet: • Développer une méthode d’analyse de routine des infections latentes des tubercules lors du processus de certification des plants de pomme de terre. • Identifier et quantifier les principaux facteurs responsables de la contamination des lots de pomme de terre. •D évelopper un concept de lutte intégrée en collaboration avec les représentants de tous les niveaux de la branche de la pomme de terre. Partenaires du projet: • Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL – Zollikofen (direction du projet pour la Suisse) • Agroscope Changins-Wädenswil ACW Changins • BIOREBA AG - Reinach • Swisssem, organisation faîtière des multiplicateurs de semences de toute la Suisse • Swisspatat, organisation de la branche, resp. de l’économie de la pomme de terre • Institut national de la recherche agronomique INRA - Rennes (direction du projet pour la France) • Groupement national interprofessionnel des semences et plants (GNIS) • Fédération nationale des producteurs de plants de pomme de terre (FN3PT)
Une fois que la bactérie est présente dans le tubercule mère, celle-ci peut être directement transportée vers les tiges, stolons et tubercules fils par le biais de l’eau mise en mouvement dans le système vasculaire par le phénomène d’évapotranspiration (Czajkowski et al. 2010). Si l’inoculum est présent dans le sol, l’infection peut également se faire par les racines et se propager ensuite vers la tige via le système vasculaire de la plante (Czajkowski et al. 2009; Helias et al. 2000a, 2000b). Dans un premier
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temps, des symptômes de flétrissement et de chlorose du feuillage peuvent apparaître, principalement en conditions sèches (Czajkowski et al. 2010; Laurila et al. 2010), laissant supposer une obstruction partielle du système vasculaire par les bactéries. Dans un second temps, si les conditions sont humides, ces symptômes peuvent évoluer en pourritures de tiges résultant de la dégradation des tissus vasculaires par les enzymes pectinolytiques produits par les bactéries (Czajkowski et al. 2010; Laurila et al. 2010). Les différences d’expression des symptômes de jambe noire entre variétés peuvent être expliquées à l’aide de plusieurs hypothèses. Premièrement, ces différences peuvent être dues à la subérisation des lenticelles du tubercule mère. Ces lenticelles sont des portes d’entrée pour les infections par Dickeya spp. (Pérembelon et Lowe 1974; Scott et al. 1996). Toutefois, elles présentent plusieurs couches de cellules imprégnées de subérine qui agissent comme barrières contre la pénétration des bactéries et l’épaisseur de ces couches varie d’une variété à l’autre (Scott et al. 1996). Il a été prouvé que l’activité des enzymes pectinolytiques dépend du degré d’estérification des pectines des parois cellulaires (Pagel et Heitefuss 1990), ce degré pouvant varier d’une variété à l’autre (McMillan et al. 1993). La quantité importante de pectate de calcium présente dans les parois des cellules ou encore une faible concentration d’ions calciques libres pourrait également expliquer la sensibilité des variétés (McGuire et Kelman 1984; Pagel et Heitefuss 1990). Enfin, les différences de sensibilité variétale peuvent être liées à une production variable d’inhibiteurs de protéases et de phytoaléxines au niveau de la tige (Yang et al. 1992). Toutefois, si les mécanismes de résistance sont connus, il existe actuellement peu de données concernant la sensibilité des variétés face à Dickeya spp. du point de vue du développement de symptômes aériens (Toth et al. 2011). Des différences d’agressivité entre isolats ont également été observées. De manière générale, ‘D. solani’ cause des dégâts plus importants que D. dianthicola (Toth et al. 2011). Son développement peut se faire aussi bien à basse ou haute température (>39 °C) et sa température optimale de croissance est plus élevée que celle de D. dianthicola (Czajkowski et al. 2012; Tsror et al. 2009). Dans le cadre d’un projet de lutte intégrée contre la maladie de la jambe noire (encadré), nous nous sommes focalisés sur l’importance, dans l’interaction plante-pathogène, de la sensibilité variétale de la pomme de terre et de l'agressivité de l’isolat bactérien. La première partie de cette étude vise à identifier d’éventuelles différences de sensibilité variétale parmi les principales variétés de pommes de terre cultivées en
Sensibilité de la pomme de terre aux pourritures de tiges provoquées par Dickeya spp. | Production végétale
Suisse. Dans la seconde partie, l’agressivité de plusieurs isolats de Dickeya spp. est testée sur la variété de pomme de terre la plus cultivée en Suisse, Agria (Swisspatat 2013).
Matériel et méthodes Deux essais distincts ont été réalisés. Le premier essai (A) porte sur la sensibilité variétale de six variétés: Agria, Victoria, Charlotte, Innovator, Arinda et Lady Claire. Cet essai est mené en serre et a été répété deux fois (essais A1 et A2). Vingt tubercules de chaque variété sont inoculés par trempage avec l’isolat Dickeya dianthicola 8823 à la concentration 106 ufc/ml et chaque tubercule est ensuite planté en pot. Pour chaque variété, 20 plants servent de témoin et sont trempés dans de l’eau. Le second essai (B), porte sur l’agressivité des isolats de Dickeya spp. Pour cet essai, six isolats de bactéries sont testés sur la variété de pommes de terre Agria à une concentration de 10 6 ufc/ml: Dickeya dianthicola 980, Dickeya dianthicola 8823, Dickeya dianthicola 12, ‘Dickeya solani’ 2222, ‘Dickeya solani’ 05026 et ‘Dickeya solani’ 07044. Cet essai a également été mené en serre et répété à deux reprises (essais B1 et B2), 20 pots sont mis en place pour chacun des isolats ainsi que pour le témoin (fig. 1). L’inoculation des plants se déroule sur une période de 48 h et en 4 étapes: trempage dans l’eau pendant deux heures, ouverture des lenticelles pendant 22 heures (humidité relative proche de 100 % à 25 °C), trempage dans la suspension bactérienne pendant 12 heures et séchage pendant 12 heures. Cette méthode présente l’avantage de permettre l’inoculation d’un grand nombre de tubercules en un temps relativement court. Dès l’apparition des premiers symptômes de jambe noire, deux observations par semaine sont effectuées. A chaque observation, le pourcentage de tiges infectées est calculé. Enfin, un calcul de l’aire sous la courbe de progression de la maladie (AUDPC.rel) est effectué
(Bonierbale et al. 2007). Nous avons utilisé la transformation angulaire afin que les données de pourcentages de tiges infectées satisfassent aux conditions d’application de l’analyse de la variance (ANOVA) (Dagnelie 1975). Le logiciel Statistica (Statsoft, Tulsa, USA) est utilisé pour l’analyse statistique. Pour chaque essai, une analyse de la variance (ANOVA) à deux facteurs est réalisée. Le premier facteur correspond à la répétition de l’essai dans le temps. Le second facteur est la variété pour le premier essai et l’isolat de Dickeya spp. pour le deuxième essai. L’interaction entre les deux facteurs est également testée. S’il y a présence d’une différence significative (p<0,05), un test de Newman et Keuls (comparaison de moyennes) s’ajoute à l’analyse.
Résultats Essai A: sensibilité variétale Les plantes des pots témoins n’ont pas développé de pourritures des tiges. Cela indique que les lots de tubercules utilisés sont sains et exclut tout développement de symptômes issus d’infections naturelles dans l’expérience. Après analyse de l’aire sous la courbe de développement de la maladie (AUDPC.rel; fig. 4), aucune différence de sensibilité variétale n’est observée (p>0,05). Ceci nous indique que, si l’on considère l’ensemble de la durée de l’essai, les différences d’expression de symptômes entre variétés sont trop faibles pour être détectées. Par contre, si l’on observe les courbes de développement des symptômes au cours du temps (fig. 4), on remarque que certaines variétés développent leurs symptômes tardivement, c’est particulièrement le cas d’Agria dans l’essai A2 (fig. 4). Ce développement tardif des symptômes aura peu d’influence sur l’aire sous la courbe (AUDPC.rel) mais générera des différences importantes entre variétés pour les dernières observations de l’essai. C’est pourquoi les écarts les plus impor-
Figure 4 | Evolution du pourcentage de tiges présentant des symptômes de pourritures aériennes dans les essais A1 et A2 d’étude de la sensibilité des variétés à Dickeya spp.
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Production végétale | Sensibilité de la pomme de terre aux pourritures de tiges provoquées par Dickeya spp.
Figure 5 | Pourcentage maximum de tiges infectées par variété (moyennes des essais A1 et A2). La variabilité est représentée par l’erreur standard et les groupes d’homogénéité sont représentés par des lettres minuscules au sommet des barres d’erreur.
tants entre la variété la plus et la moins sensible sont obtenus le dernier jour d’observations (fig. 5), respectivement 23 jours après levée pour l’essai A1 et 20 jours après levée pour l’essai A2. L’ANOVA réalisée sur ces données permet de mettre en évidence des différences de sensibilité entre variétés (p<0,001). En revanche, aucune interaction entre l’essai et les variétés testées n’a été observée (p>0,05). Agria s’est montrée en moyenne six fois plus sensible qu’Arinda, avec 37,4 % de tiges infectées contre 6,1 % pour Arinda. Entre ces deux extrêmes, on trouve Charlotte (16,6 % de tiges infectées) et Lady Claire (17,3 %),ainsi qu’Innovator (22,6 %) et Victoria (27,7 %) (fig. 5). Essai B: agressivité des isolats Lorsqu’on analyse les données d’AUDPC.rel, on observe une différence d’agressivité entre les isolats de Dickeya spp. testés (p<0,001). Cependant, une interaction entre la variété et la répétition de l’essai est apparue (p<0,001). L’isolat D. dianthicola 8823 semble être responsable de cette
interaction car lorsqu’on le soustrait de l’ANOVA, l’interaction disparaît (p>0,05). Cet isolat a en effet développé significativement moins de symptômes dans l’essai B1 que dans l’essai B2 (fig. 6). La différence observée pourrait avoir pour origine une mauvaise conservation de l’échantillon de la souche utilisée dans le cadre de l’essai B1. Cet isolat ne sera donc plus pris en compte dans l’analyse statistique. Si, comme pour l’essai de sensibilité variétale, on analyse les données correspondant au jour où les écarts entre isolats sont les plus importants (15 jours après levée), on observe également des différences significatives entre isolats (p<0,001). Les isolats D. dianthicola 980, ‘D. solani’ 2222 et D. dianthicola 05026 sont moins agressifs que ‘D. solani’ 07044 et D. dianthicola 12 (fig. 7). La différence d’agressivité entre isolats d’une même espèce est plus grande pour les isolats de D. dianthicola (D. dianthicola 12 est 40 fois plus agressive que D. dianthicola 980) comparée aux isolats de ‘D. solani’ (‘D. solani’ 07044 est six fois plus agressive que ‘D. solani’ 2222).
Figure 6 | Essai B1 et B2: évolution du pourcentage de tiges présentant des symptômes de pourritures aériennes dues aux différents isolats testés.
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Sensibilité de la pomme de terre aux pourritures de tiges provoquées par Dickeya spp. | Production végétale
Figure 7 | Pourcentage maximum de tiges infectées par isolat (moyennes des essais B1 et B2). La variabilité est représentée par l’erreur standard et les groupes d’homogénéité sont représentés par des lettres minuscules au sommet des barres d’erreur.
Discussion Cet essai a permis de démontrer l’existence de différences de sensibilité variétale au développement de jambe noire provoquée par Dickeya spp. La variété qui apparaît la plus sensible à cette maladie est également la variété la plus cultivée en Suisse. En effet, en 2012, 22 % des surfaces de pommes de terre étaient plantées avec la variété à frites Agria. Victoria et Innovator, également des variétés à frites, représentent quant à elles respectivement 6 et 7 % des surfaces de pommes de terre produites en Suisse. Si Innovator apparaît moins sensible qu’Agria (40 % de tiges infectées en moins), Victoria s’avère aussi sensible que cette dernière. Les variétés Charlotte et Lady Claire figurent parmi les variétés les moins sensibles testées dans ces essais. Charlotte est la première variété à chair ferme produite en Suisse avec 14 % des surfaces plantées et Lady Claire la première variété type «chips» avec 4 % des surfaces de pommes de terre cultivées en Suisse (Hebeisen et al. 2012; Swisspatat 2013). Les essais ont également mis en évidence des différences d’agressivité entre les isolats de Dickeya spp. Contrairement à ce que mentionne la littérature (Toth et al. 2011), les isolats de ‘D. solani’ ne sont pas systématiquement plus virulents que les isolats de D. dianthicola. En effet, parmi les souches les plus agressives étudiées dans ces essais, on trouve à la fois des isolats de D. dianthicola et de ‘D. solani’. On observe par ailleurs une agressivité beaucoup plus variable au sein des isolats de D. dianthicola comparé aux isolats de
‘D. solani’. Cette différence peut s’expliquer par le fait que ‘D. solani’ apparait comme étant «clonal», c’est-àdire avec une variabilité génétique plus restreinte que D. dianthicola (Bourget 2012; Czajkowski et al. 2012; Pritchard et al. 2012). Cette variabilité génétique plus importante observée chez les isolats de D. dianthicola pourrait également concerner les gènes impliqués dans les mécanismes de développement des pourritures, ce qui expliquerait les importantes différences d’agressivité observées. Enfin, en comparant les résultats obtenus dans le cadre des essais de sensibilité variétale et d’agressivité d’isolats, on constate que les différences d’agressivité sont beaucoup plus importantes entre isolats qu’entre variétés. En effet, si on se réfère au pourcentage de pourriture maximal obtenu, la variété la plus sensible développe six fois plus de symptômes sur tiges que la variété la moins sensible, tandis que l’isolat le plus agressif développe 40 fois plus de symptômes sur tiges que l’isolat le moins agressif. Ceci indique que le risque variétal de développement de symptômes est inférieur au risque lié à l’isolat de bactérie. Cette étude ouvre différentes perspectives. D’une part, il serait pertinent de savoir si la réponse des variétés et des isolats est équivalente dans le cadre d’essais menés au champ. D’autre part, il serait également intéressant de déterminer s’il existe une interaction entre la variété et l’agressivité des isolats. Les résultats présentés ci-dessus permettent d’identifier les bonnes variétés et les meilleurs isolats candidats pour ce type d’étude d’interaction.
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Production végétale | Sensibilité de la pomme de terre aux pourritures de tiges provoquées par Dickeya spp.
Conclusions Il va de soi que le producteur ne choisit pas le type d’isolat bactérien qui contamine son lot de plants. Il a cependant une certaine influence sur le choix de la variété de pomme de terre qu’il cultive. Il peut alors tenter de diminuer le risque de refus de lot lors des visites de culture par une prise en compte de la sensibilité des variétés aux pourritures de tiges provoquées par Dickeya spp. Si les résultats de sensibilité variétale obtenus par des essais
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au champ devaient être comparables aux résultats obtenus en serre, ces derniers représenteraient une alternative plus rapide et moins coûteuse pour déterminer la n sensibilité des variétés aux Dickeya spp.
Remerciement
Les auteurs tiennent à remercier Swissem, Swisspatat, Bioreba et la Commission pour la Technologie et l’Innovation CTI qui ont contribué au financement de cette étude, ainsi que Andreas Keiser et Patrice De Werra de la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL) pour leurs commentaires avisés lors de la rédaction de cet article.
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Sensibilità della patata ai marciumi dello stelo provocati da Dickeya spp. Dickeya dianthicola e ‘Dickeya solani’ sono i batteri che causano la maggior parte dei problemi nella produzione di piante di patate in Svizzera. Essi provocano in campo dei sintomi di marciumi aerei degli steli comunemente chiamati gambe nere. Lo studio qui presentato ha due obiettivi principali: da un lato studiare la sensibilità a Dickeya spp. delle varietà Agria, Victoria, Charlotte, Innovator, Arinda e lady Claire e dall’altro di studiare l’aggressività di tre isolati di D. dianthicola e di tre isolati di ‘D. solani’ sulla varietà Agria. A questo scopo si sono condotte delle prove in vaso sotto serra. La varietà Agria sembra essere più sensibile allo sviluppo di marciume degli steli delle altre varietà testate. Gli isolati più aggressivi di ‘D. solani’ non risultano essere più virulenti di quelli più aggressivi testati di D. dianthicola. Infine, il rischio di sviluppo di sintomi sugli steli legati agli isolati di Dickeya spp. sembra più importante di quello legato alla varietà. In effetti, la varietà più sensibile sviluppa sei volte più sintomi della varietà meno sensibile, mentre l’isolato più aggressivo sviluppa 40 volte più sintomi dell’isolato meno aggressivo.
Summary
Riassunto
Sensibilité de la pomme de terre aux pourritures de tiges provoquées par Dickeya spp. | Production végétale
Potato susceptibility to aerial stem rot caused by Dickeya spp. Dickeya dianthicola and 'Dickeya solani' are the most problematic bacteria in the Swiss seed-potato production. They are responsible for aerial stem rot symptoms in the field, usually named «blackleg». This study has two main objectives. On the one hand, to study the susceptibility of five cultivars, namely Agria, Victoria, Charlotte, Innovator, Arinda and Lady Claire, to Dickeya spp. On the other hand, to study the aggressiveness of three D. dianthicola and 3 'D. solani' isolates on the cultivar Agria. Trials using plants in pots were managed in the greenhouse to achieve both objectives. Agria appears to be the most susceptible cultivar to Dickeya spp. The most virulent 'D. solani' are not more aggressive than the most virulent D. dianthicola isolates tested. The aggressiveness of the D. dianthicola isolates seems to be more variable compared to that of the 'D. solani' isolates. Finally, the risk of developing stem rots appears to be more closely correlated to the isolate used than to the cultivar tested. Indeed, the most susceptible cultivar presents a six-fold increase in symptoms, compared to the least susceptible one, while the most aggressive isolate causes a 40-fold increase in symptoms, compared to the least aggressive one. Key words: Dickeya, blackleg, potato, aerial stem rot, Pectobacterium.
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P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Série ProfiCrops
Transfert de connaissances en cultures maraîchères suisses Robert Baur, 1Simone Fähndrich, 1Brigitte Baur, 2Thomas Wieland Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil, Suisse 2 Centrale suisse pour la culture maraîchère et les cultures spéciales CCM, 3425 Koppigen, Suisse Renseignements: Robert Baur, e-mail: robert.baur@agroscope.admin.ch, tél. +41 44 783 63 33
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Les producteurs de légumes estiment que les réunions professionnelles sont très importantes pour le transfert de connaissances et permettent des échanges entre collègues d’une même branche.
Introduction Maintenir la capacité concurrentielle d’une entreprise ou d’une branche économique exige d’excellentes capacités entrepreneuriales et une ouverture résolue aux innovations (Gielen et al. 2003). Pour les entreprises agricoles suisses, cela implique aussi d’accéder à de nouvelles connaissances concernant les cultures, la commercialisation des récoltes, le calcul des coûts, les conditions cadres et les directives pour la production, ainsi que les compétences pour utiliser ces informations. Des canaux d’information trop nombreux et divergents peuvent être un obstacle pour les utilisateurs des connaissances. Cet inconvénient touche particulièrement les entreprises maraîchères, en raison de la multiplicité des cultures et de l’évolution rapide des conditions cadres régissant la production et la commercialisation des produits frais. La connaissance des marchés de distribution
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a, de ce fait, une grande importance car les contributions des pouvoirs publics ne représentent qu’une petite part des revenus des exploitations. Le secteur maraîcher suisse se caractérise par une forte dissémination, avec des zones de production dans quasiment toutes les parties du pays. Les structures d’entreprise, les canaux de commercialisation ainsi que les spécialités de culture propres aux entreprises (Möhring et al. 2012) contribuent à la diversité du maraîchage en Suisse. Vogler et Baur (2011) ont déjà montré le défi que représentent dans ces conditions, pour les entreprises maraîchères, la réalisation de réseaux professionnels ainsi que le transfert efficace d’informations en provenance de la recherche et des services de vulgarisation. Le transfert de connaissances est très segmenté dans le secteur de la production maraîchère en Suisse (Alföldi et al. 2003). Les fournisseurs de savoir coordonnent partiellement leur offre, par exemple en organisant des
Transfert de connaissances en cultures maraîchères suisses | Production végétale
Résumé
journées d’information communes. Cependant, ils sont en concurrence les uns avec les autres pour la visibilité auprès des bénéficiaires de leurs prestations. Dans le cadre de ProfiGemüse CH, un projet intégré du programme de recherche ProfiCrops d’Agroscope, des recherches ont été effectuées pour améliorer l’assimilation et la mise en œuvre, par les producteurs, des connaissances transmises par les partenaires de ProfiGemüse CH. Une enquête a été réalisée et mise en valeur en 2010. Les premiers résultats montrent qu’il y a toujours une demande d’informations sous forme imprimée et que le besoin d’informations sous forme électronique augmente (Vogler et al. 2012; Vogler & Baur 2011).
Méthode Le questionnaire a été élaboré en partenariat avec les membres du groupe PI ProfiGemüse CH1. Il a été articulé selon les données de structure comme, par exemple, la taille de l’entreprise et divisé en trois questions principales, avec des questions secondaires: 1. «D’où tirez-vous vos connaissances professionnelles ainsi que les informations dans les domaines des techniques de production, du marché et de l’économie d’entreprise, et quelle est pour vous l’importance des sources suivantes dans l’acquisition d’informations concernant ces domaines?» Les réponses sont évaluées sur une échelle de 4 (très importante) à 1 (négligeable). 2. «À votre avis, quel est le thème sur lequel il y a un déficit d’informations disponibles?» Les réponses sont données par des cases cochées dans des listes à options (plusieurs coches possibles). 3. «Où voyez-vous des possibilités d’amélioration dans l’offre d’informations, afin d’en augmenter l’usage?» Liste à choix, comme pour la question 2. Les participants à l’enquête pouvaient cocher des possibilités d’amélioration ou formuler des propositions personnelles. Les réponses aux questions pouvaient être complétées avec des considérations personnelles. Les notions d’information et de connaissances utilisées ont été définies de la manière usuelle: l’information se rapporte à des faits individualisés et les connaissances à l’information intégrée en fonction du contexte. Les questionnaires ont été envoyés en novembre 2010 à 1432 entreprises maraîchères, sélectionnées par les offices et aux conseillers, via les offices maraîchers cantonaux. Partenaires de ProfiGemüse CH: offices maraîchers des cantons de TG, ZH, AG, VS, FR, l’Inforama Ins, Agridea, Agroscope, la Centrale suisse des cultures maraîchères et des cultures spéciales ainsi que l’Union maraîchère suisse.
1
Une enquête a été réalisée en 2010, portant sur le transfert de connaissances dans la culture maraîchère suisse et les diverses sources d’information des exploitations en matière de techniques de production, d'accès au marché et d'économie d'entreprise. 226 questionnaires d’entreprises maraîchères et de vulgarisateurs ont été analysés. Les résultats montrent que les entreprises accordent une grande importance aux connaissances de base. Une grande importance est également accordée aux connaissancestransmises par contacts personnels internes qu'à celles transmises par des personnes externes à l'entreprise ou lors de journées d'information. La majorité des personnes ayant répondu au questionnaire ne font état d'aucun déficit important de connaissances disponibles dans l'un ou l'autre des domaines professionnels concernés. Cependant, une moitié d'entre elles souhaitent une amélioration du transfert de connaissances par l'intermédiaire d'Internet ou de supports électroniques de données. Ces résultats serviront de base à une meilleure coordination et à une conception mieux ciblée du transfert de connaissances à l'intention de la branche maraîchère suisse.
Le taux de retour a été de 16,5% (206 réponses des entreprises et 20 des conseillers), avec de grandes différences d’un canton à l’autre. Par exemple, 3,7% des entreprises du canton de Berne sollicitées ont répondu, 18,9% du canton d’Argovie et 51,4% du Tessin. Les réponses provenaient de 90 entreprises ne pratiquant que la culture de plein champ, de 109 cultivant en plein champ et sous serres et de 7 ne produisant que sous serres. Les réponses ont été ventilées et analysées selon ces catégories. Les entreprises qui ont fourni des réponses ont été réparties en trois groupes, créés de manière empirique par les partenaires du projet, sur la base de leur taille: «petite exploitation», «exploitation familiale moyenne» et «grande exploitation» (tabl. 1).
Résultats Importance des canaux dans le transfert de connaissances Les informations et les connaissances sont transmises par divers canaux; les utilisateurs2 disposent de diverses sources pour les acquérir. Celles qui comptent pour les Pour améliorer la lisibilité du texte, les participants à l’enquête ne sont mentionnés qu’au masculin. Les formulaires ont été remplis et analysés anonymement.
2
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Production végétale | Transfert de connaissances en cultures maraîchères suisses
Tableau 1 | Différenciation des 206 entreprises participantes selon la taille et la surface cultivée Catégorie (délimitation empirique)
Surface totale de production1
Nombre d'exploitations
% de toutes les exploitations
Petite (petites exploitations, vente directe, livraison à la gastronomie régionale)
< 2 ha
60
29,1
Moyenne (livraison à des entre prises collectrices)
≥ 2 – 19 ha
98
47,6
Grande (souvent entreprises collectrices, infrastructure propre d'entreposage et de préparation)
> 19 ha
48
23,3
Total plein champ et serres.
1
cultures maraîchères sont listées dans le tableau 2. La question no 1 (voir Méthode) a été posée aux producteurs de légumes, afin de connaître l’importance qu’ils accordent à ces sources. Le domaine des techniques de production comportait plusieurs thèmes, tels que gestion des cultures de plein champ et en serre, fumure et protection des plantes, machines, équipements et infrastructure, directives pour la production et prescriptions. En général, les réponses ne variaient guère selon les différentes catégories d’entreprises (tabl. 1). Les producteurs accordent une grande importance à leurs propres connaissances professionnelles et à celles de leurs collègues de la branche concernant les thèmes de la protection des plantes et de la fumure (fig. 1). Dans les domaines des techniques de production et de l’économie d’entreprise, les connaissances propres sont claire-
ment mieux cotées que celles disponibles auprès de sources externes (tabl. 2, cat. 2 et 3). Les réponses donnent aux fournisseurs de connaissances des indications sur la valeur relative accordée à leur offre. Par exemple, la situation en matière d’autorisation de produits phytosanitaires est complexe. Les offices cantonaux et Agroscope déploient d’importants efforts pour sensibiliser les producteurs à une utilisation correcte des produits phytosanitaires. Cette enquête montre qu’en matière de protection des plantes et de fumure, les informations des conseillers des firmes ont auprès des producteurs une importance aussi grande ou plus grande encore que les informations fournies par les offices cantonaux ou Agroscope (fig. 1). Cela indique que les conseils fournis par les distributeurs de produits phytosanitaires sont jugés fiables en matière de protection des cultures et d’évitement d’erreurs dans les traitements. D’autre part, la figure 2 montre que les informations fournies par les offices cantonaux et Agroscope sont jugées sans intérêt en matière de machines, d’équipement et d’infrastructure. Un jugement compréhensible dans la mesure où ces institutions ne proposent que ponctuellement des informations sur ces sujets. Dans l’ensemble, les réponses montrent que les entreprises de production maraîchère accordent beaucoup d’importance aux connaissances disponibles au sein de l’entreprise et à celles détenues par des collègues de la branche. On peut en déduire que la formation professionnelle est importante lorsqu’il s’agit d’intégrer de nouvelles connaissances dans la pratique des exploitations maraîchères.. Les résultats ont également mis en évidence le fait que la diffusion de connaissances
Figure 1 | Importance des diverses sources d'informations attribuées aux catégories 1 – 4 (voir tabl. 2) pour les connaissances professionnelles et les informations sur les thèmes de la protection végétale et de la fumure. Résultats pour l'ensemble des 206 entreprises. La longueur moyenne des barres du graphique (somme de toutes les couleurs) est de 76,5 %, étant donné que, pour chaque source, un nombre de réponses ne contenaient aucune donnée.
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Transfert de connaissances en cultures maraîchères suisses | Production végétale
Tableau 2 | Les sources de connaissances à disposition des producteurs suisses de légumes, telles que proposées dans le questionnaire, sont catégorisées comme suit: Catégorie 1
2
3
4
Type de source de connaissances
À choix dans le questionnaire
Connaissances de base: • Disponibles à l'interne • Non influençables à court terme • L'intuition comme facteur
• Connaissances et expériences personnelles • Relevés et calculs personnels • Discussions avec des collègues de la branche
Connaissances transmises dans un seul sens: • Sources imprimées et numériques • Principe apport et/ou prélèvement • «Communication à sens unique» • Sans interaction sociale • Choix individuel du moment de l'acquisition • Connaissances disponibles à moyen et long terme après l'acquisition
• Revue professionnelle suisse «Le Maraîcher» • Revues professionnelles étrangères • Bulletin Agroscope «Info cultures maraîchères» • Site Internet Agroscope • Informations des offices cantonaux (sites Internet, bulletins) • Sites Internet, bulletins de fournisseurs • Internet public (Google etc.) • Information par l'acheteur de la marchandise • Bulletin, informations du marché UMS1 (association de la branche) • Bulletin des prix des bourses aux légumes (plateforme du commerce) • Bulletin Swissmip.ch / CCM2 (information officielle de la branche sur les prix et les conditions de prise en charge) • Informations AGRIDEA • Informations ART • Informations UMS sur les coûts de production
Transmission personnalisée des connaissances • Contacts personnels avec fournisseurs externes de connaissances • Disponibilité limitée dans le temps • Délais modifiables • Interaction réciproque
• Conseiller de fournisseur • Conseiller technique d'office cantonal • Organisation régionale de vulgarisation • Conseiller de culture payé par l'exploitation • Bureau fiduciaire, comptable
Transmission personnalisée de connaissances individualisées, combinaison des catégories 1, 2, 3 • Liée à des délais convenus • Possibilité limitée: interaction réciproque
• Journées d'information • Cours, séminaires
Union maraîchère suisse. Centrale suisse pour la culture maraîchère et les cultures spéciales.
1 2
Figure 2 | Importance des diverses sources d'informations attribuées aux catégories 1 – 4 (voir tabl. 2) pour la transmission de connaissances professionnelles dans les domaines du machinisme, des appareils et des infrastructures. Résultats pour l'ensemble des 206 entreprises. La longueur moyenne des barres du graphique (somme de toutes les couleurs) est de 73,4 %, étant donné que, pour chaque source, un nombre de réponses ne contenaient aucune donnée.
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Production végétale | Transfert de connaissances en cultures maraîchères suisses
Tableau 3 | Lacunes d'informations dans les domaines des techniques de production, du marché et de l'économie d'entreprise: r ésultats des trois catégories d'entreprises selon le tableau 1. Les valeurs égales ou supérieures à 25 % sont surlignées en bleu
Économie d'entreprise
Marché
Techniques de production
% de mentions Surface < 2 ha (n=60)
Surface > 2 à 19ha (n=98)
Surface > 19 ha (n=48)
Conseils de culture plein champ
25,0
31,6
37,5
Conseils de culture serre
15,0
21,4
18,8
Semences, variétés, plantons
25,0
28,6
14,6
Fumure
18,3
27,6
33,3
Protection des plantes
25,0
30,6
29,2
Machines, appareils, infrastructure
10,0
21,4
22,9
Directives de production
15,0
20,4
27,1
Moyenne % de mentions
19,0
25,9
26,2
Prix, prix indicatifs
30,0
23,5
18,8
Offre, demande
16,7
31,6
33,3
Acheteurs
11,7
18,4
22,9
Exigences qualitatives
11,7
7,1
18,8
Marchés étrangers
8,3
17,3
45,8
Moyenne % de mentions
15,7
19,6
27,9
Organisation d'entreprise
8,3
17,3
18,8
Conduite d'entreprise
10,0
24,5
20,8 10,4
Économie d'entreprise
8,3
16,3
Coûts de production
20,0
24,5
41,7
Recrutement, conduite du personnel
8,3
26,5
20,8
Personnel de nationalité étrangère
10,0
23,5
22,9
Moyenne % de mentions
10,8
22,1
22,6
par des documents imprimés ou par voie numérique (fig. 2, cat. 2) est jugée moins efficace que la transmission de connaissances lors de contacts personnels (fig. 2, cat. 1). A une époque où l’on trouve une vaste offre de nouvelles connaissances diffusées par divers canaux, le conseil direct prodigué par les offices cantonaux ou par des entreprises de services reste primordial. Les journées d’informations ont aussi été jugées importantes, en général. C’est d’autant plus remarquable qu’au cours des dernières années, le nombre de participants aux journées d’informations organisées à l’intention des producteurs de légumes a stagné, voire baissé. Ces réponses peuvent être interprétées comme un jugement positif à l’égard des journées d’informations, pour lesquelles les producteurs ne disposent toutefois que de peu de temps. À moins que le calendrier ou le lieu de ces manifestations ne soient pas toujours bien choisis. Déficits d’information des entreprises maraîchères Le tableau 3 résume les résultats de tous les domaines professionnels, répartis selon les catégories d’exploitations. Pour aucun des thèmes abordés, un manque d’informations n’a été rapporté chez une majorité des parti-
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Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 432–439, 2013
cipants à l’enquête. Dans le domaine des techniques de production et concernant la gestion de la culture en plein champ, 31,4% de toutes les exploitations de plein champ signalent des déficits d’informations contre seulement 18,4% des exploitations des cultures sous serres. Dans le domaine de la protection des plantes (et de la fumure, au moins pour les exploitations moyennes et grandes), une partie considérable des producteurs souhaitent avoir plus d’informations. Le manque d’informations disponibles est davantage ressenti par les grandes exploitations que par les petites. Les résultats ne permettent pas de savoir si cela est dû au fait que les grandes entreprises se basent davantage que les petites sur des nouvelles connaissances et des informations actualisées pour leurs décisions ou si les connaissances transmises correspondent moins aux besoins des grandes entreprises. Pour les thèmes relatifs au marché, les déficits relevés varient selon la catégorie d’exploitations (tabl. 3). Fournir aux entreprises des informations et des connaissances correspondant à leurs besoins semble d’autant plus difficile lorsque ces derniers sont très différents. Dans ce domaine comme dans celui de l’économie d’entreprise, les déficits d’informations ont tendance à augmenter avec la taille de l’entreprise. Il est frappant de constater que plus de 40% des grandes entreprises signalent un manque d’information concernant les coûts de production et les marchés étrangers. Les remarques additionnelles des personnes questionnées montrent aussi que certaines des exploitations bio ont trop peu d’informations dans les domaines des techniques de production et de l’économie d’entreprise. Possibilités d’amélioration de l’offre d’informations Les résultats montrent clairement le désir d’amélioration, prioritairement dans l’offre d’informations sous forme numérique (tabl. 4). Au total, 48,1% des entreprises souhaiteraient disposer d’un portail Internet centralisé, structuré par thèmes. Plus d’un tiers salueraient une amélioration de l’offre de connaissances sur support informatique. Plusieurs personnes interrogées ont exprimé en plus le vœu d’une meilleure coordination de l’offre proposée par les différents fournisseurs. La perception d’un manque de vue d’ensemble de l’offre est peut-être la raison pour laquelle Internet n’est pas mentionné comme canal de transmission de connaissances très important selon les figures 1 à 3. Les réponses des conseillers étaient très semblables à celles des producteurs quant aux possibilités d’amélioration (tabl. 5). Comme les conseillers acquièrent des informations, les traitent et les transmettent par divers canaux aux producteurs, ils joueront un rôle central dans la mise en œuvre des améliorations.
Transfert de connaissances en cultures maraîchères suisses | Production végétale
Tableau 4 | Possibilités d'amélioration de l'offre d'informations: comparaison des trois catégories d'entreprises selon le tableau 1. Les valeurs égales ou supérieures à 25 % sont surlignées en bleu % de mentions Surface <2 ha (n=60)
Surface >2 à 19 ha (n=98)
Surface > 19 ha (n=48)
Offre d'informations groupées par thèmes et structurées, sur un portail Internet
38,3
56,1
43,8
Offre d'informations groupées par thèmes sur support papier (p. ex. dossier, classeur)
20,0
20,4
10,4
Davantage d'échanges d'informations entre les exploitations
20,0
22,4
16,7
Offre d'informations groupées par thèmes sous forme numérique (p.ex. CD, e-mail)
28,3
33,7
43,8
Davantage de journées d'information sur des thèmes ciblés
10,0
12,2
8,3
Offre supplémentaire de conseil individuel aux exploitations
18,3
21,4
29,2
Moyenne % de mentions
22,5
27,7
25,4
Choix proposé de possibilités d'amélioration
Les journées d’informations comptent parmi les plus importants canaux de transfert de connaissances (fig. 1 et 2), toutefois rares sont les personnes interrogées qui désirent une augmentation de l’offre. Les améliorations devront donc porter sur la qualité de ces journées plutôt que sur leur nombre. Dans les catégories «amélioration de l’échange de connaissances entre les entreprises» et «conseils directs à l’entreprise» (fig. 1 et 2), le besoin d’améliorations n’est ressenti que par moins du quart des personnes qui ont répondu au sondage. Conclusions et recommandations Les commentaires additionnels au questionnaire montrent que le plus grand défi des entreprises dans l’acquisition de connaissances est la maîtrise du flot
d’informations disponibles. Il s’agit donc surtout de canaliser et de structurer ce flot et non d’augmenter la quantité d’informations disponibles. Un modèle a souvent été cité, celui de Hortigate (www.hortigate.de), la plateforme Internet allemande d’offre de connaissances en horticulture. Il est indispensable d’optimiser une telle offre en raison du peu de temps dont les entreprises maraîchères disposent pour l’acquisition de connaissances. Les fournisseurs d’informations doivent entreprendre ensemble d’améliorer l’efficacité du transfert de connaissances. Il n’est pas encore établi si, à cet égard, le rôle dirigeant revient aux associations de la branche, aux offices cantonaux ou à la recherche (Agroscope). Les résultats soulignent le rôle important que joue le transfert personnalisé de connaissances par la vulgarisa-
Figure 3 | Importance des diverses sources d'informations attribuées aux catégories 1 – 4 (voir tabl. 2) pour la transmission de connaissances professionnelles dans le domaine des coûts de production. Résultats pour l'ensemble des 206 entreprises. La longueur moyenne des barres du graphique (somme de toutes les couleurs) est de 70,0 %, étant donné que, pour chaque source, un nombre de réponses ne contenaient aucune donnée.
Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 432–439, 2013
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Production végétale | Transfert de connaissances en cultures maraîchères suisses
Tableau 5 | Possibilités d’amélioration de l’offre d’informations: comparaison des réponses fournies par les entreprises avec celles des conseillers. Plusieurs mentions étaient possibles dans les réponses. Choix proposé de possibilités d’amélioration
% de mentions, % de mentions, entreprises conseillers
Offre d’informations groupées par thèmes et structurées, sur un portail Internet
48,1
42,9
Offre d’informations groupées par thèmes sur support papier (p. ex. dossier, classeur)
18,0
23,8
Davantage d’échanges d’informations entre les exploitations
20,4
19,0
Offre d’informations groupées par thèmes sous forme numérique (p.ex. CD, e-mail)
34,5
38,1
Davantage de journées d’information sur des thèmes ciblés
10,7
0,0
Offre supplémentaire de conseil individuel aux exploitations
22,3
9,5
tion. Bien que les ressources disponibles pour cette tâche aient été réduites ces dernières années dans les services de vulgarisation cantonaux, les exploitations maraîchères dans leur majorité n’y voient pas encore de nécessité d’amélioration. Lorsqu’il s’agira d’optimiser à l’avenir l’engagement des ressources pour le transfert de connaissances, il faudra garder à l’esprit que le contact interactif entre la recherche, le conseil et la production figure pour les producteurs comme pour les conseillers parmi les formes les plus importantes de transfert des connaissances. En Allemagne, les coupes opérées dans les offices cantonaux de vulgarisation et l’imposition de tarifs pour les prestations de conseil ont entraîné la prise en charge d’une grande partie du conseil technique par des entreprises privées, car la demande persiste même si les conseils sont payants (Dirksmeyer 2009). Pour les journées d’informations et les manifestations, ProfiGemüse CH a fait un premier pas dans la bonne direction en incitant les partenaires à établir un calendrier central pour la branche (Wieland 2010). Il doit servir à une meilleure coordination des manifestations de la branche. De plus, un nouveau concept établit que l’offre de journées d’informations sera dorénavant coordonnée par la CCM, chaque année pour la suivante et sur le plan national aussi bien que régional. Pour améliorer encore le transfert de connaissances dans la branche maraîchère en Suisse, il faut que tous les acteurs, y compris Agroscope, coordonnent leurs efforts. Les résultats détaillés de l’enquête, disponibles dans un rapport établi par Agroscope, sont une bonne base pour discuter des démarches à poursuivre ou à entreprendre. n
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ProfiCrops Le programme de recherche Agroscope ProfiCrops (www.proficrops.ch) a pour objectif de contribuer à garantir la compétitivité de la production végétale suisse dans un cadre de plus en plus libéralisé et de renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses. Les hypothèses posées en début de programme stipulaient que l’efficience de la production devait être améliorée, l’innovation et la valeur ajoutée augmentées, la confiance des consommateurs renforcée et les conditions cadres modifiées. Ces quatre aspects ont fait l’objet de recherches interdisciplinaires, sous forme de modules (Efficience, Innovation, Consommateurs et Conditions cadres) ainsi que de projets intégrés et associés: Feu Bactérien, ProfiVar, ProfiGemüse CH, Coopération d’assolement, ProfiViti, WIN4 et FUI. La série d’articles «ProfiCrops» publiée dans Recherche Agronomique Suisse permet de diffuser une sélection de r ésultats et de solutions pour le maintien de la compétitivité de la production végétale en Suisse. Ces résultats et solutions sont exemplaires. Un rapport de synthèse sera disponible début 2014. L’article «Transfert de connaissances en cultures maraîchères», lié au projet intégré ProfiGemüse CH*, présente une initiative concrète d’une coordination intensifiée du transfert de connaissances au sein d’une branche. Il démontre le besoin de coordonner les flux d’information et l’importance des réseaux dans le cadre du transfert de connaissances, essentiels pour permettre aux producteurs d’innover au sein de ce secteur particulièrement dynamique. http://www.agroscope.admin.ch/proficrops/05372/index.html?lang=fr *
ProfiCrops Programmes de recherche Agroscope
Transfer di conoscenze nell’ambito dell’orticoltura svizzera Un’inchiesta condotta nel 2010 ha analizzato il transfer di conoscenze nell’ambito dell’orticoltura svizzera attraverso 226 risposte scritte. E’ stata registrata l’importanza delle fonti di conoscenza nei settori della tecnica di produzione, mercato e gestione aziendale delle aziende orticole. Si è dimostrato che la propria conoscenza di base delle aziende è valutata più importante di quelle acquisite tramite consulenza o giornate informative. La maggior parte dei partecipanti all’inchiesta non ha percepito in nessuno dei settori intervistati delle carenze significative di conoscenze disponibili. Tuttavia, quasi la metà dei partecipanti desidera un miglioramento nello scambio di conoscenze attraverso internet o sotto forma di banche dati elettroniche. I risultati di quest’inchiesta possono servire come base per un migliore coordinamento e orientamento del transfer di conoscenze per l’orticoltura svizzera.
Summary
Riassunto
Transfert de connaissances en cultures maraîchères suisses | Production végétale
Knowledge dissemination in the Swiss vegetable production A survey on knowledge dissemination in the vegetable sector and on information sources used by vegetable farms was conducted in 2010. 226 questionnaires returned by growers and advisors were analyzed. Information domains were: technical aspects of production, market access and farm economics. Results show that growers attached a high value to their own basic knowledge and information transferred through inter-farm personal contacts. In addition, knowledge available from advisory services or acquired at information days for farmers was also considered to be of major importance. Most of the growers do not recognize relevant gaps in the available knowledge in any of the covered domains. However, half of them wish an improvement in the electronic dissemination pathways such as internet or other media. The results of this survey will help to focus and improve knowledge dissemination within the Swiss horticultural sector. Key words: knowledge dissemination, vegetable production, survey, ProfiCrops.
Bibliographie ▪▪ Alföldi T., Weidmann G., Schmid O. & Niggli U., 2003. Herausforderungen für den Wissenstransfer in der Schweiz. Accès: http://orgprints.org/525/1/ alfoeldi-t-herausforderung-wissenstransfer-schweiz-2003.pdf ▪▪ Dirksmeyer W., 2009. Exkurs: Beratungsstrukturen im Produktionsgartenbau. Landbauforschung Sonderheft 330, 163 – 167. ▪▪ Gielen P. M., Hoeve A. & Nieuwenhuis L. F. M., 2003. Learning entrepreneurs: learning and innovation in small companies. European Educational Research Journal 2, 90–106. ▪▪ Möhring A., Mack G. & Willersinn C., 2012. Cultures maraîchères – modélisation de l’hétérogénéité et de l’intensité. Recherche Agronomique Suisse 3, 382 – 389.
▪▪ Vogler U. & Baur R., 2011. ProfiGemüse CH – ProfiGemüse CH: un nouveau réseau comme projet intégré de ProfiCrops. Recherche Agronomique Suisse 2, 470 – 475. ▪▪ Vogler U., Fähndrich S., Crole-Rees A. & Baur R. 2012. Mises à disposit ion d’informations: le point de vue des maraîchers. Der Gemüsebau/ Le Maraîcher 4, p. 31. ▪▪ Wieland T., 2010. Novum: Zentraler Veranstaltungskalender für die Schweizer Gemüsebaubranche im Internet. Communiqué du 08.11.2010. Schweizerische Zentralstelle für Gemüsebau und Spezialkulturen.
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E c l a i r a g e
Série ProfiCrops
Recherche pour une production fruitière suisse durable, malgré le feu bactérien Esther Bravin Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil, Suisse Renseignements: Esther Bravin, e-mail: esther.bravin@agroscope.admin.ch, tél. +41 44 783 62 44
Le feu bactérien est une malade grave qu’il faut gérer (symptôme sur Gala). Bildlegende
Le 2 juillet 2013, la station de recherche Agroscope a organisé à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich EPFZ une manifestation de clôture du projet intégré «PI Feu Bactérien» (fig. 1). Quelque soixante invités de la recherche, de la branche et de la production fruitières sont venus de toute la Suisse pour participer à cette journée organisée par Anna Crole-Rees (cheffe ProfiCrops) et Eduard Holliger (coordinateur du PI Feu Bactérien).
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Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 440–443, 2013
Motion du conseiller national Walter Müller Le projet intégré Feu Bactérien a été initié par la station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW en réaction à la dissémination dévastatrice du feu bactérien en 2007. La motion Müller a permis d’investir des moyens supplémentaires (0,5 millions de francs par année sur quatre ans) dans la recherche en arboriculture fruitière.
C’est ainsi que les activités d’Agroscope et celles de nombreux partenaires (tabl. 1) ont pu être mises sous un seul toit, ce qui a permis de mieux exploiter les synergies. L’accumulation de compétences de haut niveau dans le cadre du «PI Feu Bactérien» a incité d’autres institutions à financer des projets supplémentaires (tabl. 1). Le but du projet a été présenté par Eduard Holliger (Agroscope): il s’agit d’assurer la capacité concurrentielle et les chances d’avenir de la production fruitière suisse par des moyens durables de prévention et de lutte contre le feu bactérien: «Ce but ne pourra être atteint que lorsque l’on aura mieux compris et diagnostiqué le comportement de l’agent pathogène, et développé des méthodes adéquates pour la lutte et la gestion du feu bactérien». La recherche et la coopération dans les domaines du diagnostic, de la génomique et de la sélection génétique ont été renforcées en vue de résoudre le problème urgent posé par cette maladie. Résultats pour la recherche et la production fruitière Bien que la recherche en arboriculture fruitière nécessite souvent de longs délais pour l’obtention de résultats durablement efficaces, le PI Feu Bactérien a permis d’obtenir en six ans seulement des résultats de haute valeur scientifique et d’efficacité avérée dans la pratique de l’arboriculture fruitière en Suisse: ••test rapide du feu bactérien pour le diagnostic au champ ••décryptage du génome de l’agent pathogène ••caractérisation moléculaire des isolats ••mise en évidence de caractéristiques de porte-greffes de pommier résistants au feu bactérien ••vue d’ensemble de la sensibilité au feu bactérien de nombreuses espèces de fruits à pépin ••mise en production (exploitations pilotes) de la variété résistante de pommier Ladina.
Zusammenfassung
Recherche pour une production fruitière suisse durable, malgré le feu bactérien | Eclairage
ProfiCrops Le programme de recherche Agroscope ProfiCrops (www.proficrops.ch) a pour objectif de contribuer à garantir la compétitivité de la production végétale suisse dans un cadre de plus en plus libéralisé et de renforcer la confiance des consommateurs envers les produits suisses. Les hypothèses posées en début de programme stipulaient que l’efficience de la production devait être améliorée, l’innovation et la valeur ajoutée augmentées, la confiance des consommateurs renforcée et les conditions cadres modifiées. Ces quatre aspects ont fait l’objet de recherches inter-disciplinaires, sous forme de modules (Efficience, Innovation, Consommateurs et Conditions cadres), ainsi que de projets intégrés et associés: Feu Bactérien, ProfiVar, ProfiGemüse CH, Coopération d’assolement, ProfiViti, WIN4 et FUI. La série d’articles «ProfiCrops» publiée dans Recherche Agronomique Suisse permet de diffuser une sélection de résultats et de solutions pour le maintien de la compétitivité de la production végétale en Suisse. Ces résultats et solutions sont exemplaires. Un rapport de synthèse sera disponible début 2014. L’article «Recherche pour une production fruitière suisse durable, malgré le feu bactérien», liée au projet intégré Feu Bactérien (http:// www.agroscope.admin.ch/proficrops/05369/ index.html?lang=fr) relate les résultats les plus marquants du projet, obtenus grâce à une recherche interdisciplinaire et soutenue.
Brion Duffy, bactériologue (Agroscope), a présenté les résultats consécutifs au décryptage du génome de l’agent pathogène du feu bactérien Erwinia amylovora avec son équipe en 2011. Une éventuelle résistance à la streptomycine de la bactérie peut être identifiée grâce à des méthodes de biologie moléculaire. Les résistances peuvent être évitées au moyen de stratégies de lutte adaptées. Grâce au test rapide EaAgriStrip, les offices techniques peuvent mettre en évidence l’agent du feu bactérien directement au verger, de manière simple, rapide et fiable. La combinaison d’EaAgriStrip et du modèle de prédiction de l’infection des inflorescences Marybliyt contribue à optimiser l’application des méthodes de lutte. Divers antibactériens ont été testés contre le pathogène, parmi lesquels des produits conte-
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Eclairage | Recherche pour une production fruitière suisse durable, malgré le feu bactérien
Tableau 1 | Institutions partenaires et organes de financement (dans l'ordre alphabétique) du PI Feu Bactérien Institutions partenaires
Organes de financement
Agroscope
Agroscope
Ecole polytechnique fédérale (EPF)
Office fédéral de l'agriculture (OFAG)
Forschungsinstitut für Biologischen Land-bau (FiBL)
Office fédéral de l'environnement (OFEV)
Fruture
CAVO-Stiftung
Institut national de la recherche agronomique (INRA – France)
Commission fédérale pour la sécurité biologique (CFSB)
Julius Kühn-Institut (JKI – Deutschland)
Ecole polytechnique fédérale (EPF)
Kantonale Fachstellen: Aargau, Luzern, St. Gallen, Thurgau und Zürich
Programme cadre UE pour la recherche
Kompetenzzentrum Obstbau-Bodensee (KOB – Deutschland)
EUPHRESCO (UE)
Lubera
European Cooperation in Science and Tech-nology (COST)
Mabritec
Fructus
Université de Genève (UNIGE)
Interreg IV
Universität Hohenheim (Allemagne)
Kantonale Fachstellen: Aargau, Luzern, St. Gallen, Thurgau und Zürich
Universität Konstanz (Allemagne)
Commission pour la technologie et l'innovation (CTI)
VariCom
Quality Juice Foundation Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNRS-SNF)
nant Bacillus subtilis, Pseudomonas fluorescens ou Pantoea agglomerans ou encore des levures. Pour Brion Duffy, la contribution à une coexistence des anciens vergers à haute tige et des exploitations commerciales actuelles est un objectif important de la recherche sur le feu bactérien. Markus Kellerhals, sélectionneur de cultivars fruitiers (Agroscope), a présenté des résultats exhaustifs d’étude de la sensibilité au feu bactérien de variétés et de collections destinées à la sélection. La création de variétés résistantes telles par exemple Ladina est une percée remarquable. Jennifer Gassmann (Agroscope) a présenté des résultats obtenus dans le domaine des ressources génétiques d’espèces fruitières. Plus de 200 cultivars ont été testés quant à leur sensibilité au feu bactérien. Certains tels Alant, Enterprise, Rubinola et Dalinette ont donné des résultats encourageants. Il existe en Suisse plus de 1700 cultivars n’ayant pas encore été testés. Sarah Perren (Agroscope) a présenté les résultats d’évaluation de la sensibilité au feu bactérien consécutive à l’inoculation artificielle des inflorescences. Dans ce cas (essai au champ), les variétés ne réagissent pas toutes de la même manière que lors de l’inoculation de rameaux en serre. Il est donc indispensable de réaliser les deux tests.
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Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 440–443, 2013
Feu bactérien et politique Selon Hans Dreyer (Office fédéral de l’agriculture OFAG), la Confédération et les cantons ont dépensé au cours des vingt dernières années plus de 100 millions de francs en mesures phytosanitaires dans le domaine du feu bactérien. Ces mesures ne sont pas contestées, non plus que l’utilisation de la streptomycine. Il a manqué trois voix seulement pour que soit acceptée il y a deux ans la motion de la conseillère nationale Maya Graf, qui exigeait une modification radicale de la stratégie de lutte contre le feu bactérien. Bien que le projet «PI Feu Bactérien» touche à sa fin, Georg Bregy, directeur de l’Union fruitière suisse et David Szalatnay (Office des cultures fruitières du Strickhof) estime qu’il y a encore un important besoin de travaux de recherche dans les domaines suivants: ••alternatives à la streptomycine ••connaissance détaillée du pathogène et de l’épidémiologie ••sélection de cultivars résistants et maintien à long terme de la résistance ••acceptation des cultivars résistants par le marché (offensive de marketing) ••communication sur le thème du feu bactérien.
Recherche pour une production fruitière suisse durable, malgré le feu bactérien | Eclairage
Figure 1 | La cérémonie de clôture du PI Feu Bactérien a attiré quelque soixante professionnels de la production fruitière.
Gestion du feu bactérien Considérant la dissémination croissante de l’agent du feu bactérien, les producteurs, les offices techniques et la recherche se sont accordés depuis plus de dix ans sur la nécessité d’éliminer ce pathogène des régions de production fruitière. Diverses mesures de lutte et de régulation ont été envisagées et appliquées en vue de réduire les infestations de cet organisme et de protéger les vergers des infections. La notion de lutte a été remplacée par celle de gestion du feu bactérien. Avec l’aide de la recherche et des conseillers, les arboriculteurs devront à l’avenir s’attacher à pratiquer une production durable basée sur des conditions cadres acceptables, malgré le feu bactérien. Atelier scientifique La manifestation de clôture du projet «PI Feu Bactérien» a permis au treizième atelier «feu bactérien» de la Société internationale pour la science horticole ISHS (www.fireblight2013.org) de réaliser un lien optimal entre production et science. Organisé par Agroscope et l’EPF Zurich, l’atelier a donné à 120 scientifiques du monde entier l’occasion d’échanger leurs connaissances sur le thème du feu bactérien.
La participation active des experts et la générosité des sponsors suisses ont mis en évidence l’engagement des acteurs et l’importance qu’a pris la Suisse dans la recherche mondiale sur le feu bactérien. Des extraits de cet article ont déjà été publiés dans la revue Schweizerische Zeitschrift für Obst- und Weinbau n SZOW du 2 août 2013 (15e cahier 2013).
ProfiCrops Programmes de recherche Agroscope Informations supplémentaires: www.feuerbrand.ch Programme et présentations de la manifestation «PI Feu Bactérien»: http://www.agroscope.admin.ch/proficrops/05416/07157/index.html?lang=de
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Développement éclair de nouveaux outils de diagnostic pour l'agronomie Christophe Debonneville, Jean-Sébastien Reynard, Olivier Schumpp et Santiago Schaerer Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon, Suisse Renseignements: Christophe Debonneville, e-mail: christophe.debonneville@agroscope.admin.ch, tél. +41 22 363 43 71
Purification des anticorps recombinants sélectionnés par Phage Display.
Face à l’émergence constante de nouvelles maladies ou de souches virales, bactériennes et fongiques, il est nécessaire de pouvoir développer, dans les plus brefs délais et à faible coût, de nouveaux outils de diagnostic. La méthode dite du Phage Display permet l’isolation de nouveaux anticorps de manière rapide et fiable, tout en permettant d’analyser un large spectre de cibles dans les domaines phytosanitaire, vétérinaire ou même agroalimentaire. Un exemple de cible est présenté cidessous avec le virus de la petite cerise.
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Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 444–447, 2013
Introduction L’excellence de l’agriculture en Suisse repose largement sur la science et l’innovation technologique. Dans le domaine de la protection végétale, le développement scientifique contribue de manière importante au diagnostic rapide et précis des maladies infectieuses pour choisir les moyens de lutte les plus efficaces. La découverte de la méthode de détection immunologique par ELISA (Enzyme-Linked Immunosorbent Assay, fig. 1) et
Développement éclair de nouveaux outils de d iagnostic pour l'agronomie | Eclairage
Figure 1 | Représentation schématique de la méthode ELISA. A: ELISA «indirect»: le virus est immobilisé sur une surface solide, puis un anticorps primaire est appliqué pour le détecter. Un anticorps secondaire conjugué permet la révélation des échantillons (changement de couleur pour les échantillons positifs). B: ELISA «sandwich double-anticorps» (DAS): l’anticorps de capture est immobilisé sur une surface solide puis l’échantillon est appliqué. Un anticorps de détection conjugué permet la révélation des échantillons (changement de couleur pour les échantillons positifs).
son adaptation au diagnostic sur des plantes cultivées (Clark et Adams 1977) ont été des étapes déterminantes. Depuis plus de 30 ans, l’application de la méthode dans les filières de certification de plants de culture (Gugerli 1978) garantit la qualité de plusieurs types de cultures majeures, produites et vendues en Suisse. Avec l’intensification des échanges entre pays du globe, l’augmentation de la législation et des contrôles et l’émergence de nouvelles maladies, les besoins en
A
nouveaux outils de diagnostic explosent. Le diagnostic immunologique de type ELISA et par immuno-chromatographie sur bandelette restent les outils les plus utilisés. Comparée aux méthodes de diagnostic moléculaire basées sur la spécificité génétique des souches pathogènes, l’analyse immunologique est moins coûteuse et peut être utilisable par des non-spécialistes, comme des producteurs et des particuliers (De Boer et Lopez 2012). Pour ces mêmes raisons, elle conserve tout son intérêt
B
Figure 2 | A: Particule de phage filamenteux contenant l'ADN modifié qui permet l'expression du fragment d'anticorps à sa surface (génotype lié au phénotype). B: Cycle de sélection-amplification du Phage Display. La cible d'intérêt est immobilisée sur une surface solide, puis exposée à la banque de phages. Après lavages, les phages se liant à la cible sont élués, titrés puis amplifiés. Après 2 à 4 tours de sélection, les fragments d'anticorps sont analysés pour les propriétés recherchées.
Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 444–447, 2013
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Eclairage | Développement éclair de nouveaux outils de d iagnostic pour l'agronomie
Figure 3 | Cerises saines (gauche) ou atteintes par le virus de la petite cerise (droite). (Photo: ACW)
pour les analyses à haut débit dans le cadre des processus de certification de plants. Le diagnostic immunologique en agriculture repose sur la production d’anticorps spécifiques, ciblant les agents causaux des maladies. Au sein d’Agroscope, le groupe de virologie et phytoplasmologie développe en permanence de nouveaux anticorps pour la détection de maladies, nouvelles ou émergentes, qui frappent les cultures en Suisse. La technologie dite du Phage Display présentée ci-dessous est habituellement réservée au domaine thérapeutique et au diagnostic médical. En l’adaptant aux besoins agronomiques, il est possible de produire rapidement et à faible coût de nouveaux anticorps hautement spécifiques de type monoclonal. La technique du Phage Display Le développement d’un nouvel anticorps monoclonal est un procédé complexe. Plusieurs méthodes ont été utilisées à ce jour avec succès, notamment la production d’hybridomes et la technique du Phage Display. Avec cette dernière, des peptides exogènes (dans notre cas, un fragment d’anticorps ou FAC) sont exprimés à la surface d’un bactériophage filamenteux et peuvent être présentés à des cibles diverses (fig. 2A). Ceci permet d’imiter in vitro la sélection naturelle des immunoglobulines. Le point de départ est généralement un grand répertoire, très diversifié, de particules de phages (appelé banque et contenant 106 à 1010 candidats diffé-
446
Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 444–447, 2013
rents). Ce répertoire est exposé à la cible d’intérêt afin d’identifier et d’isoler les candidats qui s’y lient (fig. 2B). Les phages produisant les FAC ainsi isolés sont ensuite amplifiés et sélectionnés à nouveau contre la même cible. Après 2 à 4 tours de sélection et d’amplification, les candidats sont testés pour l’activité recherchée, principalement par ELISA. Cette stratégie basée sur la sélection est nettement plus puissante qu’une stratégie de criblage classique (utilisant la culture cellulaire), qui nécessite beaucoup plus de temps et de moyens. Il est en effet possible de cribler 106 à 1010 candidats différents dans un tube au laboratoire, un nombre qui serait impossible à atteindre en cultivant des cellules selon le protocole de la méthode traditionnelle. En outre, l’association du phénotype (fragment d’anticorps exprimé à la surface du phage) avec son génotype (ADN codé par le phage) permet d’accéder rapidement aux séquences des molécules sélectionnées. Grâce à cette méthode efficace, il est possible de sélectionner un phage spécifique dans la banque originale. L’accès à l’information génétique permet également une étape postérieure d’optimisation en manipulant par exemple la séquence d’ADN à des endroits précis par mutagenèse ciblée, afin d’améliorer l’affinité des fragments d’anticorps sélectionnés. Des exemples d’anticorps monoclonaux développés grâce à cette technologie existent dans le domaine médical (Geyer et al. 2012; Hairul Bahara et al. 2013) ainsi qu’en virologie végétale (Ziegler et al. 1995).
Développement éclair de nouveaux outils de d iagnostic pour l'agronomie | Eclairage
Conclusions
Figure 4 | Résultat d’un test ELISA réalisé avec plusieurs fragments d’anticorps (FAC) isolés par Phage display. Le FAC 1 reconnait spécifiquement le virus de la petite cerise, alors que les FAC 2 et 3 ne le reconnaissent pas. Le FAC 1 pourra servir de base au développement d’un test diagnostic de la maladie de la petite cerise.
La maladie virale de la petite cerise La maladie de la petite cerise, d’origine virale, complexe et encore mal connue, est associée à plusieurs virus filamenteux de la famille des Closteroviridae (Hadidi et al. 2011). Cette maladie virale a un impact négatif important sur la qualité de la récolte des arbres infectés. En effet, les variétés sensibles produisent des petites cerises, sans couleur et insipides, qui ne peuvent pas être commercialisées (fig. 3). D’autres symptômes sont le rougissement automnal précoce du feuillage et une diminution de la vigueur des arbres. La maladie se transmet par greffage et par des vecteurs naturels, les cochenilles. Cette maladie est difficile à diagnostiquer uniquement sur la base de symptômes. L’indexage, permettant de dépister les maladies d’origine virale, reste le moyen classique de diagnostic, cependant il demande plusieurs années d’étude. C’est pourquoi il est nécessaire de disposer d’outils de diagnostic fiables et rapides afin de lutter efficacement contre cette maladie. A l’aide de la technique du Phage display, des anticorps sont en cours de fabrication afin de développer un test de diagnostic rapide et spécifique de cette maladie. Plusieurs fragments d’anticorps ont déjà été sélectionnés et ces derniers sont capables de détecter la protéine de la capside du virus (fig. 4). A terme, le développement d’un test ELISA avec ce nouvel anticorps permettra d’accélérer le diagnostic et d’améliorer les connaissances sur la maladie de la petite cerise en Suisse.
Non seulement rapide et peu coûteuse, la technique du Phage Display offre un large spectre d’applications dans le développement d’outils de diagnostic en agronomie. Il n’est plus nécessaire de pouvoir enrichir ou de purifier le pathogène causal, étant donné la possibilité d’utiliser une protéine de la cible produite in vitro. La technique est donc applicable à de nombreux domaines autres que la virologie, comme la bactériologie ou la phytoplasmologie (par exemple la maladie de la flavescence dorée de la vigne). Pour rappel, les phytoplasmes sont des organismes ne pouvant être cultivés ex vivo. Le Phage Display permet également d’isoler un anticorps dirigé contre une toxine ou toute autre cible potentiellement présente dans des denrées alimentaires. Il est théoriquement possible d’obtenir un anticorps contre n’importe quelle cible, faisant de cette technique un outil d’une puissance remarquable. n
Bibliographie ▪▪ Clark M. F. & Adams A. N., 1977. Characteristics of the microplate m ethod of enzyme-linked immunosorbent assay for the detection of plant viruses. Journal of General Virology 34, 475–483. ▪▪ De Boer S. H. & Lopez M. M., 2012. New grower-friendly methods for plant pathogen monitoring. Annual Review of Phytopathology 50, 197–218. ▪▪ Engvall E. & Perlmann P, 1971. Enzyme-linked immunosorbent assay (ELISA). Quantitative assay of immunoglobulin G. Immunochemistry 8, 871–874. ▪▪ Geyer C. R., McCafferty J., Dubel S., Bradbury A. R. & Sidhu S. S., 2012. Recombinant antibodies and in vitro selection technologies. Methods Mol Biol 901, 11–32. ▪▪ Gugerli P., 1978. Detection of 2 Potato Viruses by Enzyme-Linked Immunosorbent Assay (Elisa). Phytopathologische Zeitschrift-Journal of Phytopathology 92, 51–56. ▪▪ Hadidi A., Barba M., Candresse T. & Jelkmann W., 2011. Virus and viruslike diseases of pome and stone fruits. American Phytopathological Society. 429 p. ▪▪ Hairul Bahara N. H., Tye G. J., Choong Y. S., Ong E. B., Ismail A. & Lim T. S., 2013. Phage display antibodies for diagnostic applications. Biologicals 41, 209–216. ▪▪ Ziegler A., Torrance L., Macintosh S. M., Cowan G. H. & Mayo M. A., 1995. Cucumber mosaic cucumovirus antibodies from a synthetic phage display library. Virology 214, 235–238.
Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 444–447, 2013
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Tête de moine AOP: une nouvelle culture pour certifier son origine John Haldemann, Hélène Berthoud, Alexandra Roetschi, Ueli von Ah, Deborah Rollier et Elisabeth Eugster Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras, 3003 Berne, Suisse Renseignements: John Haldemann, e-mail: john.haldemann@agroscope.admin.ch, tél. +41 31 323 43 34
Figure 1 | Aucune anomalie n’a été constatée entre les contrôles (en haut à gauche) et les fromages d’essai lors de la comparaison des photos de coupes des Tête de Moine fabriquées lors de l’essai en fromagerie.
En tant que produits fabriqués traditionnellement dans une aire géographique déterminée, les produits agricoles pourvus d’une appellation d’origine protégée (AOP) bénéficient sur le marché d’une valeur ajoutée. Or, il arrive souvent que ces produits soient l’objet de contrefaçons. Agroscope, à Liebefeld, a donc mis au point une méthode basée sur une culture bactérienne traceuse qui permet désormais de certifier l’origine de la Tête de Moine AOP. Cette culture de certification de l’origine est utilisée depuis janvier 2013. Chaque année, des sommes importantes tombent dans l’escarcelle de faussaires qui fabriquent des contrefaçons, privant les fabricants de Tête de Moine de revenus importants. Ces faussaires mettent illégalement sur le marché des imitations de Tête de Moine qui ne respectent pas les directives strictes du cahier des charges AOP. Pour lutter et pour protéger le consommateur
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Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 448–450, 2013
contre les fraudes, Agroscope a développé un nouveau procédé à la fois efficace et bon marché. Son principe est simple: il consiste à identifier à l’aide d’analyses par biologie moléculaires des souches de bactéries traceuses, ensemencées sous la forme de cultures lors de la fabrication fromagère. L’identification des bactéries traceuses s’effectue par une analyse de leur patrimoine génétique (Eugster et al. 2013; Eugster et al. 2011). A l’instar d’un test de paternité, ces bactéries peuvent être identifiées dans un morceau de Tête de Moine AOP (World Intellectual Property Organization 2011). Développement de cultures à Liebefeld: des compétences de haut niveau et une solide expérience Entreprise par une équipe de 12 personnes, l’aventure des cultures pour la certification de l’origine (CCO) a commencé il y a une dizaine d’années. En 2006, des cultures AOP pour le Gruyère ont été développées. Elles
Tête de moine AOP: une nouvelle culture pour certifier son origine | Eclairage
Tableau 1 | Détectabilité spécifique de trois souches traceuses dans la Tête de Moine (essai en installation pilote) Taux d’inoculation ufc/ml
Souche A
Taux d’inoculation ufc/ml
1m
3m
Sans
103
–
Sans
10 4
Sans
10 4
Sans
Sans
10 4
–
–
–
Sans
Sans
105
–/+
+
–/+
1m
3m
6m
Souche B 6m
Taux d’inoculation ufc/ml
Souche C 1m
3m
6m
–
–
103
–
–
–
+
+
+
Sans
+
+
+
Sans
102
+
+
+
105
+
+
+
103
–
–
–
10
+
+
+
10
+
+
+
10
–
–
–
2
5
4
+: détection positive: par réaction, le nombre de copies dépasse 10 . –: détection négative: par réaction, le nombre de copies est inférieur à 103. +/-: résultat équivoque: le nombre de copies par réaction se situe entre 103 et 10 4. 4
ont été suivies en 2011 par la CCO pour l’Emmentaler AOP. Comme Agroscope ne vend ces cultures qu’à des fromageries suisses, l’identification des souches dans le fromage est un indicateur sûr de la fabrication du fromage sur territoire suisse. Intéressées par les résultats probants de cette méthode, d’autres interprofessions ont mandaté Agroscope pour le développement de cultures destinées à la certification de l’origine de leurs fromages: parmi elles, l’interprofession de la Tête de Moine. Dans un premier temps, il a fallu mettre la main sur des bactéries appropriées, naturellement présentes dans la Tête de Moine, survivant à la fabrication et qui, par ailleurs, soient encore identifiables après une durée d’affinage de 3 à 6 mois. Dernier point mais non des moindres, ces cultures ne devaient modifier ni l’apparence ni les propriétés organoleptiques du fromage. De telles bactéries ont été rapidement trouvées dans la collection de souches d’Agroscope, qui compte quelque 13’000 isolats de bactéries. Le choix s’est porté sur des bactéries lactiques provenant de la région d’origine de la Tête de Moine. Ensemencées en très petites quantités dans le lait de cuve, elles se sont avérées identifiables
après une durée d’affinage de six mois, tant dans le fromage prêt à la consommation que dans les rosettes. L’étape ultérieure a consisté à trouver, parmi ces bactéries lactiques, des souches adaptées qui, au travers de séquences spécifiques à la souche, soient identifiables au moyen d’analyses par biologie moléculaire. Séries d’essai de longue haleine L’adéquation des bactéries lactiques sélectionnées a été testée en laboratoire et dans la pratique. Trois souches (A, B et C) de ces bactéries ont été sélectionnées pour les tests d’utilisation en installation pilote et en fromagerie. Les résultats de deux essais sont présentés ci-après. Les bactéries traceuses peuvent, selon le dosage, influencer la teneur en acides aminés libres de même que la valeur pH et la formation de gaz dans le fromage. Plus le dosage de la culture de certification de l’origine est élevé, plus la teneur en acides aminés libres augmente (mesurée avec la méthode OPA) de même que la valeur pH (1,2). Autrement dit, l’équilibre entre détectabilité des bactéries traceuses et leur influence sur la qualité du fromage doit être optimal.
Tableau 2 | Valeurs moyennes (n=7) des résultats des analyses chimiques après 100 jours d’affinage
Variante
Total AAL (OPA) mmol/kg
Total AAL (HPLC) mg/kg
Total AGV mmol/kg
Acide citrique mmol/kg
Valeur pH –
Amines biogènes mg/kg
Contrôle
196,7
21 383
15,7
5,5
5,68
599
ABC
216,7
na
17,9
5
5,7
na
AB
201,7
21 925
17,3
5,2
5,7
524
AC
191,5
na
14,8
5,6
5,64
na
Sans
196,7
21 383
15,7
5,5
5,68
599
Avec
203
21 925
16,6
5,3
5,68
524
Test de T
ns
ns
ns
ns
ns
ns
na: non analysé. ns: non significatif.
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449
Eclairage | Tête de moine AOP: une nouvelle culture pour certifier son origine
Figure 2 | Culture lyophilisée CCO-TdM.
Dans un essai en installation pilote, les trois bactéries traceuses (souches A, B et C) ont été ajoutées en diverses concentrations – seules ou combinées. La souche A, ensemencée dans la cuve à un taux d’inoculation de 102 ufc/ml, a pu être identifiée dans le fromage pendant toute la durée d’affinage (tabl. 1). Quant à la souche B, son identification dans le fromage est garantie à partir d’un taux d’inoculation de 10 4 ufc/ml de lait de cuve. Un taux de 105 ufc/ml n’étant pas intéressant du point de vue économique, la souche C n’entre donc pas en ligne de compte comme culture de certification de l’origine. L’effet des bactéries traceuses sélectionnées sur les propriétés organoleptiques du fromage prêt à la consommation a été étudié dans plusieurs essais réalisés en fromagerie. La courbe du pH, la formation d’acides aminés libres, d’amines biogènes de même que de gaz en particulier ont fait l’objet d’observations attentives. Le tableau 2 montre les résultats des analyses chimiques de la Tête de Moine à 100 jours. Sept des huit fromageries fabricant de la Tête de Moine ont participé à cet essai. La quantité de bactéries ensemencée dans le lait de cuve dans le cas de la variante ABC était de 102 ufc/ml pour la souche A et de 103 ufc/ml pour les souches B et C; dans le cas de la variante AB, la quantité inoculée était de 102 ufc/ml pour la souche A et de 5 × 10 4 ufc/ml pour la souche B; et finalement dans le cas de la variante AC, elle était de 102 ufc/ml pour la souche A et de 105 ufc/ml pour la souche C. Les analyses par biologie moléculaire ont permis de détecter les deux souches A et B dans tous les échantillons. A l’instar des essais réalisés en installation pilote, la souche C s’est révélée difficilement identifiable dans les
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Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 448–450, 2013
essais effectués en fromagerie. L’analyse en laboratoire au moyen d’un test de T des échantillons de fromage n’a montré aucune différence significative entre les échantillons de fromages fabriqués avec des bactéries traceuses et les échantillons de contrôle. La variation entre les sept fromageries s’est avérée plus importante que l’ensemencement des souches. La comparaison des photos de coupes des fromages de contrôle (sans bactéries traceuses) avec les fromages d’essai n’a pas révélé de différence au niveau de la formation de l’ouverture (fig. 1). Culture lyophilisée standardisée Parallèlement, un processus de fabrication pour la production d’une culture lyophilisée standardisée (fig. 2) a été mis au point par l’équipe des cultures d’Agroscope à Liebefeld. Depuis le 1er janvier 2013, la CCO-TdM (culture pour la certification de l’origine de la Tête de Moine) prête à l’emploi est envoyée tous les trois mois aux fromageries de Tête de Moine AOP. Si les bactéries lactiques inoculées lors de la fabrication ne peuvent pas être identifiées dans le fromage (morceau ou rosettes) par les analyses prévues, il faut en déduire qu’il s’agit d’une contrefaçon. n
Bibliographie: ▪▪ Eugster E., Wechsler D. & Von Ah U., 2013. Keine Nachsicht mehr mit Emmentaler Fälschern, dmz 2/2013. ▪▪ Eugster E., Guggenbühl B. & Wechsler D., 2011. Käsefälschern geht es nun an den Kragen, Lebensmittel-Technologie 4. ▪▪ World Intellectual Property Organization, Authentication method of dairy products, WO 2011/039359 A2, 7. April 2011.
P o r t r a i t
Elisabeth Eugster: «Je suis chercheuse, car je suis très curieuse» «Je suis très curieuse. Comprendre et percer la complexité de la vie me fascine», déclare Elisabeth Eugster (née en 1966) pour justifier le choix de sa profession. Une événement dont elle se souvient volontiers en tant que chercheuse est l’important écho suscité par les cultures de certification de l’origine, tant dans la branche fromagère que dans les médias. «Cela montre combien notre travail de recherche est important.» Les produits agricoles suisses – les fromages traditionnels en particulier – lui tiennent très à cœur. «Je souhaite à l’agriculture suisse qu'encore davantage de consommatrices et de consommateurs mangent du fromage suisse, en raison de son excellente qualité.» Après le gymnase à St-Gall, Elisabeth Eugster a étudié les sciences alimentaires à l’ETH à Zurich. Elle a exercé son premier emploi pendant quatre ans au service de Lipton-Sais dans le développement de produits et l’assurance de la qualité. De 1995 à 2003, elle a enseigné à la Haute école suisse d’agronomie (aujourd’hui HAFL) à Zollikofen BE, et travaillait en parallèle à la station de recherche laitière (autrefois la FAM, aujourd’hui ALPHaras) dans la section de technologie laitière. Son projet de recherche portait sur les propriétés émulsifiantes des protéines du lait, sujet de son travail de doctorat «Adsorptionsverhalten der Milchproteine an Phasengrenzflächen». «Ensuite, j’ai eu mes deux enfants, Patrick en 1998 et Lea en 2001», ajoute-t-elle. C’est enceinte jusqu’aux yeux qu’elle est allée à sa soutenance de thèse. Alors qu’auparavant son activité professionnelle se limitait à l’enseignement, elle dirige depuis 2003, en job sharing, le groupe de recherche Cultures, biodiversité et terroir. «Le job sharing m’a permis de concilier vie de famille et activité professionnelle», ajoute-t-elle. A partir du 1er janvier 2014, Elisabeth Eugster écrira un nouveau chapitre de sa carrière professionnelle: elle prendra chez Agroscope la direction de la division de recherche Denrées alimentaires d’origine animale. Les principales activités de cette division de recherche sont la transformation des matières premières agricoles ( lait et viande), la sécurité alimentaire et la qualité des denrées alimentaires, le développement et la production de cultures pour les produits laitiers et carnés fermentés, l’analyse sensorielle, la physiologie nutritionnelle, sans oublier le transfert de connaissances et la vulgarisation. Le but suprême d’Elisabeth Eugster: «Donner des ailes
au nouvel Institut des sciences en denrées alimentaires». La collaboration avec les trois autres instituts d’Agroscope, le maintien du lien étroit avec la pratique de même que des collaborateurs et collaboratrices qui ont du plaisir à effectuer leur travail font aussi partie de ses objectifs. Que fait la chercheuse, domiciliée à Zurich et employée à Liebefeld, en dehors de son activité de recherche? Elle s’occupe de sa famille. A cela s’ajoute le besoin de rester en contact avec la nature: les excursions en montagne, le ski, la natation, le vélo font partie de ses hobbies. L’été passé, elle a concrétisé un projet qui lui était cher: trois mois sur l’alpage de Malschüel, dans le canton de St-Gall, où elle était responsable de la fabrication de fromages de chèvres. Fabriquer seule du fromage n’était rien de nouveau pour elle: au cours de ses études, elle a travaillé pendant quatre mois comme stagiaire dans une fromagerie appenzelloise. Avec un berger, une fromagère et une personne auxiliaire, elle s’est occupée de 260 chèvres de juin à septembre. Alors qu’elle était à l’alpage, sa famille est restée à la maison; son mari et ses enfants ne sont venus que pour les vacances d’été. «J’avais bien un peu le mal du pays!», conclut-elle. Christine Caron-Wickli, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras
Recherche Agronomique Suisse 4 (10): 451, 2013
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A c t u a l i t é s
Nouvelles publications
Maîtriser le pâturin commun Rapport ART 763 Le pâturin commun (Poa trivialis) est une plante compétitive qui colonise les lacunes du peuplement par ses stolons et évince les autres plantes. Cette graminée n’a que peu de rendement et entraîne des pertes significatives dans la production fourragère. Si sa proportion dépasse 20 % dans la ration, les bovins ont tendance à manger moins volontiers à cause de l’odeur âcre et du manque d’appétence du fourrage. Deux séries d’essais en Suisse et en Autriche ont permis d’étudier différentes mesures pour juguler le pâturin commun dans les prairies. Les mesures se distinguent par leur intensité (douce /intensive) et leur fréquence (annuelle /unique). La mesure douce, une combinaison entre entretien de la prairie au printemps et sursemis, n’a fourni aucun résultat satisfaisant même après avoir été répétée pendant quatre ans. En revanche, le pâturin commun s’est avéré plus sensible au hersage intensif à la fin de l’été. Une comparaison des différents types de herse montre que des intervalles étroits entre les dents et une forte pression de ces dernières donnent de meilleurs résultats. Plusieurs hersages permettent d’ouvrir 70 % de la surface du sol à court terme. Etant donné le coût élevé des hersages multiples, de l’andainage et de l’évacuation nécessaire de 17 à 40 t de produit du hersage par hectare, ce procédé intensif ne peut être recommandé que pour un assainissement unique. Joachim Sauter et Roy Latsch, ART
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A c t u a l i t é s
Lutte biologique contre les rumex – L’eau chaude ouvre de nouvelles perspectives Rapport ART 764 La lutte contre les rumex dans l’agriculture biologique est une opération pénible qui prend beaucoup de temps. Pour venir à bout des rumex, il faut à la fois faucher les hampes florales et arracher les racines à l’aide du fer à rumex. Ce travail manuel peut être effectué pendant les temps morts de l’exploitation. Comme il est cependant laborieux, de nombreuses exploitations doivent faire face à une importante population de rumex, ce qui se traduit par des pertes significatives de rendement et de qualité fourragère. Un nouveau procédé de lutte biologique contre les rumex utilise l’eau chaude. Par rapport au fer à rumex, ce procédé a un rendement plus élevé à la surface et implique moins de travail physique. Le procédé est désormais arrivé à une maturité suffisante pour pouvoir être introduit dans la pratique. Roy Latsch et Joachim Sauter, ART
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Actualités
Nouvelles publications
www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen Langage sensoriel standardisé pour l’évaluation de la viande séchée ALP actuel 46 Pour la description des propriétés sensorielles d’un produit et l’établissement de profils sensoriels, comme c’est le cas dans le développement de produits, la production ou le contrôle qualité, on utilise fréquemment des termes à connotation hédonique (agréable, bon, mauvais, etc.), des termes généraux et imprécis (harmonieux, pur, typique, etc.) ou des termes relatifs à l’intensité (équilibré, etc.). Ces termes étant difficiles à définir, leur usage peut entraîner une confusion au sein du groupe
de juges et un manque de concordance lors de l’évaluation / description. Pour parer cet inconvénient, il y a lieu d’employer un vocabulaire défini. A ce propos, il est important que les juges qui participent aux évaluations comprennent le vocabulaire choisi, l’assimilent et l’utilisent tous de la même façon. Pour atteindre cet objectif, il faut élaborer des définitions et fixer des références spécifiques pour chaque terme sélectionné. Compte tenu de la démarche systématique appliquée au développement de ce vocabulaire, on parle d’un «langage sensoriel standardisé». Patrizia Piccinali et Jessika Messadene Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras
Communiqués de presse
www.agroscope.admin.ch/communiques 20.09.2013 Une nouvelle maladie provoque la défoliation prématurée des pommiers En Suisse orientale, quelques pommiers non traités ont perdu prématurément leurs feuilles en 2010. Les chercheurs d‘Agroscope ont établi que le champignon Marssonina coronaria, encore inconnu chez nous jusqu’ici, en était responsable. Depuis, cette maladie des pommiers s’est propagée: cette année, de nombreux pommiers non traités dans les jardins familiaux et les prés se dégarnissent déjà fortement à mi-septembre.
05.09.2013 Baisse des revenus agricoles en 2012 En 2012, les revenus agricoles des exploitations de référence ont baissé de 5,9 % par rapport à l’année précédente, en grande partie du fait des rendements plus bas dans la production végétale. Ils se montent en moyenne à 56 000 francs par exploitation. En revanche, le revenu
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du travail par unité de main-d’œuvre familiale à plein temps a légèrement augmenté par rapport à 2011 pour atteindre 43 700 francs. Cette évolution différente est due à la forte diminution des intérêts pour les fonds propres dans le calcul du revenu du travail.
03.09.2013 Enquête sur le budget-temps dans l’agriculture: important recul des tâches ménagères Depuis 1974, la journée de travail des paysannes est devenue plus courte, mais aussi parfois plus intensive, plus complexe et plus diversifiée. A la maison comme sur l’exploitation, le travail est plus rapide qu‘autrefois, tandis que l’on consacre plus de temps à l’éducation des enfants et aux activités extra-agricoles. Les cheffes d’exploitation sont particulièrement sollicitées: elles reçoivent généralement peu de soutien de leur partenaire dans les tâches ménagères. C’est ce que montre une enquête réalisée par Agroscope auprès de 223 exploitations agricoles familiales dans toute la Suisse.
Actualités
Liens internet
Manifestations
Recherche sur le feu bactérien www.feuerbrand.ch Le feu bactérien est une maladie particulièrement dangeureuse pour quelques espèces botaniques. Le site internet d’Agroscope donne toutes les informations relatives à la recherche sur le feu bactérien, les liens importants et les publications des projets.
Novembre 2013 05. – 06.11.2013 Weiterbildungskurs für Baufachleute Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Ettenhausen 21.11.2013 Congrès PAN-RPGAA 15 ans de plan c’action national la conservation de la diversité variétale des plantes cultivées – où en sommes-nous aujourd’hui ? OFAG et Commission suisse pour la conservation des plantes cultivées Inforama Rütti, Zollikofen Informations: www.cpc-skek.ch Janvier 2014
V Doa rnssc hl ea up r o c h a i n N u m é r o Novembre–Décembre 2013 / Numéro 11–12 Le souchet comestible (Cyperus esculentus L.) est une néophyte invasive qui s'est largement disséminée en Suisse au cours des deux dernières décennies. Une fois installée, cette mauvaise herbe redoutée dans les cultures est difficile à éradiquer et les moyens de lutte sont coûteux en temps et en argent. (Photo: Carole Parodi, ACW)
••Souchet comestible (Cyperus esculentus L.): situation actuelle en Suisse, Christian Bohren et Judith Wirth, ACW
18.01.2014 Journée d’information HAFL Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL Zollikofen Informations: www.hafl.bfh.ch 21. – 24.01.2014 Agroscope à Agrovina Martigny 23.01.2014 Nachhaltigkeitstagung 2014 «Wasser in der Landwirtschaft – heute und in Zukunft» Agroscope Agroscope, 8046 Zurich
••Dispositions d’exécution de la politique agricole 2014-2017, Thomas Meier, OFAG ••Effets de la disponibilité en eau sur la production fourragère en zone de grandes cultures, Eric Mosimann et al., ACW ••Effets d’une sécheresse estivale sévère sur une prairie permanente de montagne du Jura, Marco Meisser et al., ACW ••Essai pratique des moyens de réduire la dérive, Simon Schweizer et al., ACW et Zürcher Hochschule für Angewandte Wissenschaften ZAHW ••Liste suisse des variétés de pommes de terre 2014, Ruedi Schwärzel et al., ACW et ART
Informationen: Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen www.agroscope.admin.ch/manifestations
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AgRAR foRSchung Schweiz RecheRche AgRonomique SuiSSe
Informations actuelles de la recherche pour le conseil et la pratique : Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois par année et informe sur les avancées en production végétale, production animale, économie agraire, techniques agricoles, denrées alimentaires, environnement et société. Recherche Agronomique Suisse est également disponible on-line sous www.rechercheagronomiquesuisse.ch Commandez un numéro gratuit! Nom / Société
Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Les partenaires sont l’office fédéral de l’agriculture ofAg, la haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires hAfL, AgRiDeA Lausanne & Lindau et l’ecole polytechnique fédérale de zurich eTh zürich, Département des Sciences des Systèmes de l’environnement. Agroscope est l’éditeur. cette publication paraît en allemand et en français. elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
Prénom Rue/N° Code postal / Ville Profession E-Mail Date Signature Talon réponse à envoyer à: Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-haras, case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch www.rechercheagronomiquesuisse.ch