Recherche Agronomique Suisse 2 0 1 1
|
N u m é r o
1 0
Agroscope | OFAG | HESA | AGRIDEA | ETH Zürich
O c t o b r e
Environnement
Un travail du sol réduit protège les vers de terre
Page 432
Production animale Agents conservateurs d’ensilage et stabilité aérobie: résultats des tests 2010
Page 440
Production végétale Lutte microbienne contre les méligèthesdu colza: premières expériences suisses
Page 454
Le travail des vers de terre améliore la fertilité du sol. Pour suivre le développement des populations de vers de terre dans les terres assolées avec et sans labour, les chercheurs d’Agroscope Reckenholz-Tänikon ART ont effectué pendant plusieurs années des relevés sur deux sites. (Photo: Gabriela Brändle, ART)
Sommaire Octobre 2011 | Numéro 10 431 432
Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées. Editeur Agroscope Partenaires b A groscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux ALP et Haras national suisse HNS; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART) b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne b Haute école suisse d’agronomie HESA, Zollikofen b Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Department of agricultural and foodscience
Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP et HNS), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HESA), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich) Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou info@rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21 Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse © Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Environnement
U n travail du sol réduit protège les vers de terre Werner Jossi, Urs Zihlmann, Thomas Anken, Brigitte Dorn et Marcel Van der Heijden
Production animale 440 Agents conservateurs d’ensilage et
stabilité aérobie: résultats des tests 2010 Ueli Wyss 446
Production végétale ssais en plein champ avec du blé géné E
tiquement modifié résistant à l’oïdium Andrea Foetzki, Michael Winzeler, Thomas Boller, François Felber, Wilhelm Gruissem, Christoph Keel, Beat Keller, Fabio Mascher, Monika Maurhofer, Wolfgang Nentwig, Jörg Romeis, Christof Sautter, Bernhard Schmid et Franz Bigler
Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope LiebefeldPosieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21 Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW Case postale 1012, 1260 Nyon 1 e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch
Editorial
Production végétale 454 Lutte microbienne contre les méligèthes
du colza: premières expériences suisses Stefan Kuske, Christian Schweizer et Ursula Kölliker Production végétale 462 Importance et distribution du nouveau
biotype Nr:1 du puceron de la laitue en Suisse alémanique Cornelia Sauer-Kesper, Noël Lucia, Hanspeter Buser et Ute Vogler Production végétale 470 ProfiGemüse CH: un nouveau réseau
comme projet intégré de ProfiCrops Ute Vogler et Robert Baur 476
Portrait
477
Actualités
479
Manifestations
Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS Berner Fachhochschule Haute école spécialisée bernoise Schweizerische Hochschule für Landwirtschaft SHL Haute école suisse d’agronomie HESA
Editorial
«Le veau en rose» Chère lectrice, cher lecteur,
Michel Rérat, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP
La filière de la viande de veau en Suisse joue un rôle essentiel dans la régula tion des marchés du lait et de la viande bovine. Par l’utilisation des excédents laitiers, elle contribue au soutien des prix du lait et permet une stabilisation du marché de la production de viande bovine par la mise en valeur des veaux mâles issus du cheptel laitier. Des modes de production alternatifs comme l’engraissement de veaux sous la mère ainsi qu’une législation suisse exi geante concernant le bien-être animal permettent de répondre au souci d’une détention respectueuse des animaux exprimé par les consommateurs. La nouvelle Ordonnance sur la protection des animaux de 2008 stipule que les besoins primordiaux du veau à l’engrais, tel qu’un accès permanent à un fourrage riche en fibres autre que la paille ainsi qu’à de l’eau, doivent être couverts. Afin de formuler des recommandations pour les éleveurs concer nant la complémentation fourragère, un projet de recherche étudiant tant les aspects de santé animale que ceux des performances zootechniques a été mis sur pied en 2009 par la Clinique des Ruminants de l’Université de Berne, en collaboration avec Agroscope Liebefeld-Posieux ALP. Cette fin d’année 2011 verra la diffusion de ces résultats dans les différents médias agricoles. S’il est important d’améliorer la qualité de vie de nos animaux de ferme, il ne faut cependant pas oublier la réalité économique de la production de denrées alimentaires. Seule la couleur est actuellement prise en compte comme critère de qualité de la viande de veau, cette caractéristique permet tant au consommateur une identification immédiate de la viande claire de veau par rapport aux autres produits de la filière viande bovine. Bien que ce critère ne permette pas d’informer de manière objective sur la qualité intrin sèque du produit, des déductions sur le prix de la carcasse restent prélevées pour toute viande de veau de coloration rouge. Or, les changements d’ali mentation visant à améliorer la qualité de vie du veau à l’engrais augmen tent les apports en fer et font tendre la pigmentation de la viande vers une coloration plus rouge. Un décalage persiste entre les réalités économiques dans cette filière de production et les recommandations pour une détention respectueuse des animaux. A nous, acteurs de ce secteur, de trouver des critères d’appréciation perti nents afin de combler cet écart, mais également à nous, consommateurs, de choisir à l’étalage le rose comme couleur du veau.
Recherche Agronomique Suisse 2 (10): 431, 2011
431
E n v i r o n n e m e n t
Un travail du sol réduit protège les vers de terre Werner Jossi, Urs Zihlmann, Thomas Anken, Brigitte Dorn et Marcel Van der Heijden Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich Ruedi Tschachtli, Centre de formation professionnelle Nature et Alimentation BBZN, 6170 Schüpfheim Renseignements: Werner Jossi, e-mail: werner.jossi@art.admin.ch, tél. +41 44 377 73 91
Lumbricus terrestris: les espèces de grands vers de terre relient le sous-sol et l’horizon superficiel par leurs galeries et améliorent ainsi la circulation de l’air et de l’eau. (Photo: ART)
Introduction Repos du sol et nourriture suffisante Dans un sol de prairie fertile et profond, on peut comp ter plus de quatre tonnes de vers de terre par hectare (Cuendet 1997). Des études ont montré que ce sont sur tout les espèces de grands vers creusant en profondeur qui sont vulnérables au travail du sol (Maurer-Troxler et al. 2005, Jossi et al. 2004). Le risque de blessures est par ticulièrement élevé pour les grands vers lorsque le travail du sol a lieu au printemps ou en automne, parce qu’à cette période, ils se trouvent principalement dans les
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Recherche Agronomique Suisse 2 (10): 432–439, 2011
couches supérieures du sol. En hiver et pendant les mois chauds de l’été, les vers migrent vers les couches plus profondes du sol, où ils sont protégés du froid ou de la sécheresse. En cas d’exploitation agricole, une popula tion efficace de vers de terre ne peut généralement se développer que dans les prairies pluriannuelles, où ces organismes trouvent suffisamment de nourriture et où ils n’ont à craindre pratiquement aucun effet inhérent au travail du sol. Les vers de terre absorbent de grandes quantités de nourriture sous forme de matière végétale morte. Une couverture continue du sol avec des plantes cultivées ou des cultures dérobées peut leur procurer constamment de la nourriture. Les résidus végétaux qui stagnent à la surface du sol sont particulièrement efficaces, contraire ment à ceux qui sont enfouis dans le sol par le labour. Les vers de terre tirent la matière végétale dans les galeries qu’ils creusent pour se créer des réserves. La matière végétale s’y décompose et ce n’est qu’à ce moment que les vers la dévorent. Les excréments des vers de terre for ment finalement des grumeaux de sol riches en élé ments nutritifs. Bauchhenss (2005) a prouvé que dans un sol où les vers de terre sont actifs, jusqu’à 60 dt/ha de résidus de paille peuvent être décomposés par les vers de terre entre les moissons et le semis de maïs au prin temps suivant. Pour savoir comment se développent les populations de vers de terre dans les parcelles sans labour et avec semis direct, des relevés ont été effectués pendant plu sieurs années dans le cadre de deux essais de systèmes culturaux à Burgrain (Alberswil LU) et à Hausweid (Aadorf TG; cf. encadré p. 434).
Matériel et méthodes Sites d’essai Burgrain: l’essai sur les systèmes culturaux a duré de 1991 à 2008 dans l’exploitation mixte de Burgrain à Alberswil (LU). Il avait pour but d’étudier les répercussions d’un apport réduit en éléments fertilisants et en protection phytosanitaire sur le rendement, la rentabilité et l’envi
ronnement dans trois systèmes culturaux différents: PIintensif, PIextensif et Bio (encadré). Pendant les trois asso lements de six ans, des relevés du nombre de vers de terre ont été effectués dans tous les systèmes culturaux. Dans la deuxième période d’assolement de 1997 à 2002, des échantillons ont été prélevés chaque année sur les six parcelles (Jossi et al. 2004). Durant la troisième période d’assolement, de 2003 à 2008, certains change ments ont eu lieu concernant la gestion de l’exploita tion: le colza a remplacé les pommes de terre et l’orge d’automne a pris la place de l’orge de printemps. De plus, le système cultural PIextensif a supprimé le labour. Le maïs-ensilage a été mis en place après la prairie tempo raire de deux ans avec un semis en bandes fraisées, le colza avec un semis sous litière la troisième année succé dant la prairie temporaire. Pour la mise en place du blé d’automne, de l’orge d’automne et de la prairie tempo raire, on a eu recours au cultivateur et à la herse rotative à axe horizontal (encadré). Les systèmes culturaux Bio et PIintensif ont continué à être travaillés à la charrue horssillon et à la herse rotative à axe horizontal (Zihlmann et al. 2010). Hausweid: l’essai de Hausweid à Aadorf (TG) a été mis en place en 1987 pour étudier les influences durables des différentes méthodes de travail du sol sur les para mètres pédologiques et agronomiques (Anken et al. 1997). Au total, trois systèmes de travail réduit du sol ainsi qu’un système de semis direct ont été comparés au labourage traditionnel (encadré). Des relevés du nombre de vers de terre ont été effectués en 2005 et 2008 dans les procédés labour et semi direct. Les relevés ont toujours été effectués en octobre, au moment où les vers de terre se trouvent dans la couche supérieure du sol. Dans l’essai de Burgrain, six surfaces partielles ont été étudiées par système cultural, et, dans l’essai de Hausweid, huit surfaces de 0,25 m² par pro cédé (deux par répétition). La méthode appliquée consistait à capturer les vers à la main, en les faisant émerger du sous-sol à l’aide d’une solution de formaline. La terre a été retournée à la bêche à une profondeur d’environ 20 cm et ratissée à la main. Dix litres de solu tion de formaline (0,1 %) ont été alors versés dans la cavité creusée, qui était ensuite contrôlée pendant 45 minutes. Ce traitement ultérieur permet de ramener à la surface les vers qui se sont retirés dans les couches plus profondes du sol. En général, il s’agit des grands vers de type Lumbricus terrestris, que l’on arrive diffici lement à dénombrer, notamment dans les sols profonds où les galeries qu’ils creusent restent intactes après les excavations (Cuendet 1997). Dans les cultures labourées, ces captures ultérieures ont généralement donné de faibles résultats (fig. 2). Les vers ont été conservés dans
Résumé
Un travail du sol réduit protège les vers de terre | Environnement
De par leur activité, les vers de terre améliorent la fertilité du sol. Dans les zones agricoles, les plus importantes populations de vers de terre se trouvent dans les prairies pluriannuelles. Les répercussions du type et de l’intensité du travail du sol sur la population de vers de terre ont été étudiées dans le cadre de deux essais de plusieurs années sur les systèmes culturaux à Burgrain (Alberswil LU) et à Hausweid (Aadorf TG). Dans un assolement de six ans à Burgrain, en moyenne des années 2004 à 2008, dans les procédés PI semis sous litière avec du colza et PI semis en bandes fraisées avec du maïs-ensilage (PI extensif), aucune différence significative n’a été constatée dans la biomasse des vers de terre par rapport aux procédés avec labour de la culture Bio et PI (PI intensif). La surface de Hausweid affichait, elle, après 21 ans d’essais, des différences nettement plus marquées selon l’intensité et le type de travail du sol. Dans l’assolement de quatre années sans prairie temporaire, les populations de vers de terre ont été relevées dans le procédé avec semis direct et dans le procédé avec labour, de même que dans les autres prairies permanentes voisines. Dans la prairie permanente, on a mesuré une biomasse des vers de terre de 330 g par m². Dans les parcelles avec semis direct, la biomasse était inférieure d’environ 50 %, et dans les parcelles avec labour elle était inférieure de 80 %. La diversité des espèces de vers de terre est en moyenne 30 % plus élevée dans la prairie permanente ou avec le procédé de semis direct que dans le procédé avec labour. Les résultats confirment l’influence positive du semis direct sur les vers de terre.
une solution de formaline à 4 % et comptés en labora toire. Ils ont été pesés et répertoriés par espèce (Cuen det 1995). Détermination des espèces de vers de terre En fonction de leur comportement, de leur taille et de leur couleur, les vers de terre peuvent être répartis en quatre grands groupes écomorphologiques (types de conditions de vie): Espèces épigéiques: petites espèces à pigments rouges. Elles vivent dans la couche de litière du sol et se nourris sent de résidus végétaux en décomposition. Ces espèces sont fréquentes dans le compost. Elles sont en général faiblement représentées dans les terres cultivées et peu vent tout au plus s’établir dans les couches de mulch ou dans les prairies pluriannuelles.
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Environnement | Un travail du sol réduit protège les vers de terre
Description du site et données d'exploitation des essais longue durée à Burgrain et à Hausweid Hausweid (Aadorf TG) 1987 – 2008
Burgrain (Alberswil LU) 1991 – 2008 Six parcelles avec chacune trois systèmes culturaux et 65 ares
Essai parcellaire (12 m × 19 m), 4 répétitions
Sol: 5 parcelles de sols alluviaux: faiblement humiques à humiques, profond, limon sablonneux à limon 1 parcelle sur sol morainique: faiblement humique, profond, limon sablonneux
Sol morainique peu profond, pierreux: limon sablonneux, faiblement humique
Climat: Altitude Précipitations annuelles moyennes
520 m 1100 mm
550 m 1180 mm
Assolements: de six ans
1991 – 2002
2003 – 2008
de quatre ans
1987 – 2008 Orge d'automne
1 année
Pommes de terre
Maïs-ensilage
1 année
2e année
Blé d'automne
Orge d'automne
2e année
Maïs-ensilage
3e année
Maïs-ensilage
Colza
3e année
Orge d'automne
4 e année
Orge de printemps
Orge d'automne
4 e année
Colza
5e année
Prairie temporaire
Prairie temporaire
6e année
Prairie temporaire
Prairie temporaire
re
re
Fumure: voir ci-dessous
Engrais minéraux uniquement
Travail du sol: 2003 – 2008
1987 – 2008
PIintensif
Charrue hors-sillon, 1 × herse rotative à axe horizontal
1. Charrue 1 × herse rotative à axe horizontal
PIextensif
Cultivateur, 1 × herse rotative à axe horizontal, maïs-ensilage semis sur bandes fraisées
2. Paraplow, 1 × herse rotative à axe horizontal
Bio
Charrue hors-sillon, 1 × herse rotative à axe horizontal
3. D écompacteur à ailettes, 1× herse rotative à axe horizontal
De 1991 à 2002, charrue et herse rotative à axe horizontal dans tous les systèmes
4. Semis combiné avec fraise 5. Semis direct
Caractéristiques des trois systèmes culturaux de Burgrain PIintensif
Intensité d'exploitation usuelle sur le site, PER, emploi important de produits phytosanitaires et d'engrais (engrais de ferme et engrais minéraux azotés)
PIextensif
PER, emploi réduit de produits phytosanitaires et d'engrais (engrais de ferme et engrais minéraux azotés, production E xtenso de céréales et de colza)
Bio
Culture biologique à l'échelle parcellaire, renoncement aux engrais minéraux et aux produits phytosanitaires chimiques et de synthèse
Espèces endogéiques: vers de terre non pigmentés, roses à gris bleuté. Ils vivent dans la couche supérieure du sol au niveau des racines. En absorbant la matière orga nique du sol, ils contribuent à sa décomposition et la mélangent avec la terre environnante. Ils construisent généralement des couloirs horizontaux qui ne sont pas solides. Espèces de Lumbricus anékiques: grands vers de terre à pigments rouge brun. Ils construisent des galeries verti cales et solides qui peuvent s’étirer très profondément dans le sous-sol. Ils tirent les résidus végétaux dans leurs galeries depuis la surface du sol pour s’en faire des réserves de nourriture. Ils déposent généralement leurs
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Recherche Agronomique Suisse 2 (10): 432–439, 2011
excréments dans le sol. Les vers restent actifs durant toute l’année. Pendant les périodes sèches et par grand froid, ils se retirent dans les zones les plus profondes du sol. Les jeunes animaux ont un comportement égipéique, c’est-à-dire qu’ils vivent dans la couche de litière. L’es pèce la plus fréquente de ce type est le ver de terre com mun (Lumbricus terrestris). Grâce à sa fonction essen tielle, il a été élu animal de l’année 2011 par Pro Natura. Espèces de Nicodrilus anékiques: grands vers à pigments bruns noirs, qui vivent également dans des galeries ver ticales. Ils se nourrissent de résidus végétaux restés en surface. Les animaux adultes produisent beaucoup d’ex créments qu’ils évacuent à la surface du sol (buttes). Ils
Un travail du sol réduit protège les vers de terre | Environnement
350
Nicodrilus anékiques Espèces endogéiques
Biomassse des vers de terre g/m
300
Lumbricus anékiques Espèces épigéiques
250 200 150 100 50 0 PI intensif PI extensif Bio Labour Semis sur bandes Labour fraisées après le maïs-ensilage (1re grande culture après la prairie temporaire)
PI intensif Labour
PI extensif Semis direct (SD)
Bio Labour
après le colza (3e grande culture après la prairie temporaire)
Figure 1 | Biomasse (g/m ²) des groupes d'espèces de vers de terre dans les cultures de maïs-ensilage et de colza. Moyennes des trois systèmes culturaux à Burgrain de 2004 à 2008 avec différents procédés de travail du sol. Les différences de biomasses totales entre les systèmes ne sont pas statistiquement significatives (test Tukey, P < 5 %).
survivent aux périodes sèches en été, roulés en boules dans les couches inférieures du sol. Les jeunes animaux se comportent de manière endogéique, c’est-à-dire qu’ils vivent dans les couches supérieures du sol. Pour l’évaluation, on privilégie en général la bio masse des vers de terre (p. ex. g/ m²), parce qu’elle reflète mieux l’impact écologique des vers de terre sur le sol que le nombre d’individus.
Résultats Le sarclage du maïs met-il les vers de terre en danger? Durant le troisième assolement, la population de vers de terre dans l’essai de Burgrain était très élevée dans le maïs-ensilage qui a suivi la prairie temporaire de deux ans, avec une biomasse d’environ 300 g par m² (Cuendet 1997). Dans le système PIintensif avec labour, la moyenne n’était que de 3 % inférieure à celle du système PIextensif avec semis sur bandes fraisées. Dans le système PIextensif, on a relevé un peu plus d’espèces épigéiques. Les faibles différences entre les deux systèmes culturaux PI n’étaient significatives pour aucun des groupes d’es pèces (tabl. 1). Malgré le labour en mai, les populations de vers étaient très élevées en 2004 et 2005 dans le sys tème PIintensif. Dans le système cultural Bio, également avec labour, la population de vers de terre sur une moyenne de cinq ans était inférieure de 17 % à celle du système PIextensif. En particulier les espèces de vers
Nicodrilus anékiques étaient nettement moins nom breuses dans le système Bio. Le résultat est statistique ment significatif. Il est possible que le sarclage du maïs à deux reprises avec une sarcleuse-étoile en mai/juin ait causé des dommages à ces deux espèces de grands vers de terre (fig. 1, tabl. 1). Le colza favorable aux vers de terre Les résultats obtenus après le colza étaient semblables à ceux obtenus après le maïs-ensilage. Sur la moyenne des cinq années d’essai, la biomasse de vers de terre dans les procédés avec labour était de 7 % inférieure au système PIextensif avec semis sous litière dans le système PIintensif et de 14 % dans le système Bio (fig. 1, tabl. 1). A l’ex ception des espèces Nicodrilus anékiques, tous les autres groupes d’espèces affichaient des valeurs légèrement plus élevées avec le système PIextensif. Les différences n’étaient statistiquement significatives que pour les espèces de vers de terre épigéiques. Ces dernières ont probablement bénéficié du mulch qui se trouve à la sur face du sol. En général, le colza peut être considéré comme une culture qui ménage les vers de terre, car le travail du sol a lieu fin août/début septembre, lorsque les vers se trouvent la plupart du temps encore dans les couches souterraines profondes. Grâce à la croissance rapide du colza et à sa période végétative de près d’un an, les vers disposent d’une longue trêve avec approvi sionnement constant en nourriture.
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Environnement | Un travail du sol réduit protège les vers de terre
Tableau 1 | Biomasse (g/m²) et nombre de vers de terre par m ² des groupes d'espèces présentes dans le maïs-ensilage et le colza. Moyennes des trois systèmes culturaux à Burgrain, de 2004 à 2008, avec les procédés de travail du sol labour/herse rotative à axe horizontal et semis sur bandes fraisées pour le maïs, semis sous litière pour le colza. Les différences significatives entre les systèmes sont mises en évidence par des lettres différentes (test Tukey HSD, P < 5 %).
Nicodrilus anékiques
Système cultural
Travail du sol
Maïs-ensilage
Biomasse g/m²
Lumbricus anékiques
Espèces épigéiques
Total
PI intensif
Charrue, herse rotative à axe horizontal
194,9
ab
30,3
a
73,4
a
6,4
a
305,1
a
PI extensif
Semis en bandes fraisées
203,2
a
26,4
a
70,5
a
13,1
a
313,2
a
Charrue, herse rotative à axe horizontal
153,8
b
20,0
a
74,6
a
11,3
a
259,8
a
Bio
Nombre par m
²
PI intensif
Charrue, herse rotative à axe horizontal
182,6
a
14,4
a
225,3
a
14,7
b
437,0
a
PI extensif
Semis en bandes fraisées
165,8
ab
13,6
a
227,6
a
26,2
a
433,1
a
Charrue, herse rotative à axe horizontal
118,4
b
9,6
a
239,1
a
19,0
ab
386,1
a
Bio Raps
Biomasse g/m
²
PI intensif
Charrue, herse rotative à axe horizontal
155,0
a
22,4
a
46,7
a
4,5
b
228,6
a
PI extensif
Semis en bandes fraisées
149,3
a
32,2
a
53,1
a
10,1
a
244,7
a
Charrue, herse rotative à axe horizontal
134,4
a
24,0
a
45,7
a
6,5
ab
210,7
a
Bio
Nombre par m
²
PI intensif
Charrue, herse rotative à axe horizontal
104,9
a
7,7
a
181,2
a
11,5
a
305,3
a
PI extensif
Semis sous litière
112,1
a
10,8
a
196,3
a
21,5
a
340,7
a
Charrue, herse rotative à axe horizontal
114,0
a
8,7
a
179,1
a
20,8
a
322,5
a
Bio
En moyenne, la biomasse des vers de terre relevée dans le colza était inférieure de 22 % par rapport au maïsensilage (fig. 1). La réduction s’explique par la position du colza dans l’assolement après le maïs-ensilage et le blé d’automne. Le travail du sol de la culture précédente (blé d’automne) a probablement réduit le nombre des vers de terre. Dans l’assolement de 1997 à 2002, les vers de terre ont subi de gros dommages causés par le travail du sol en octobre, pour le blé d’automne, et ne s’en sont remis que grâce à la prairie temporaire bi-annuelle (Jossi et al. 2004). Au total, à Burgrain, l’espèce des Nicodrilus ané kiques représentait la majeure partie de la biomasse des vers de terre avec près de 63 %, suivie par les espèces endogéiques (23 %), L. terrestris (10 %) et les espèces épigéiques (4 %). En nombre, ce sont les espèces endo géiques qui dominaient avec près de 55 %. La couche de litière stimule les vers de terre Dans l’essai de Hausweid, un relevé des vers de terre a été effectué dès la 18e année de culture en 2005 après le colza, en creusant et en triant à la main sans utiliser de formaline. Il est donc possible que l’espèce L. terrestris ait été légèrement sous-estimée dans cette étude (tabl. 2,
436
Espèces endogéiques
Recherche Agronomique Suisse 2 (10): 432–439, 2011
fig. 2). La biomasse totale était environ 27 % plus élevée dans les parcelles avec semis direct que dans les parcelles labourées. Les espèces Nicodrilus anékiques et les espèces épigéiques, notamment, étaient plus fréquentes en cas de semis direct, tandis que les vers de terre endogéiques qui vivent dans l’horizon superficiel du sol étaient prati quement deux fois plus nombreux en cas de labour. La part relativement élevée d’espèces épigéiques dans les deux procédés était elle aussi inhabituelle (tabl. 2). Les espèces épigéiques vivent dans la couche de mulch à la surface du sol et sont sinon plutôt sous-représentées dans les terres cultivées. Il est probable que l’année de relevé ait été favorable sur le plan climatique et que l’approvisionnement en matières végétales dans le colza ait été optimal pour le développement des vers de terre. En nombre, la population de vers de terre était, avec le semis direct, supérieure de seulement 10 % par rapport au labour. Lors du comptage des vers de terre en 2008, 21 ans après le début de l’essai, les bandes de prairies perma nentes entre les parcelles cultivées ont également été étudiées. Avec 60 g par m², la biomasse dans le système avec labour était réduite de 61 % par rapport au semis direct. Quant à la quantité, la réduction était de 21 %.
Un travail du sol réduit protège les vers de terre | Environnement
Tableau 2 | Biomasse (g/m ²) en 2005 et 2008 et nombre de vers de terre par m² en 2008 des groupes d'espèces présentes dans l'essai de Hausweid. Moyennes des procédés de travail du sol labour/herse rotative à axe horizontal et semis direct par rapport à la prairie permanente 2008. Différences significatives cf. tabl. 1
Nicodrilus anékiques
Travail du sol 2005
Lumbricus anékiques Espèces endogéiques Espèces épigéiques
Total
Biomasse g/m²
Charrue, herse rotative à axe horizontal
47,1
Semis direct
84,5
2008
Biomasse g/m
b
11,9
a
44,3
a
19,6
122,9
b
a
18,5
a
27,9
a
37,7
168,6
a
²
Charrue, herse rotative à axe horizontal
14,2
c
7,6
b
36,4
b
1,2
a
59,4
c
Semis direct
89,1
b
35,1
b
23,0
b
7,1
a
154,3
b
Prairie permanente
137,7
a
122,7
a
57,6
a
11,6
a
329,7
a
Nombre par m
²
Charrue, herse rotative à axe horizontal
15,5
b
4,5
b
99,0
a
2,5
b
121,5
b
Semis direct
73,0
a
15,0
b
49,0
b
18,0
ab
155,0
b
Prairie permanente
83,5
a
29,5
a
109,5
a
30,0
a
252,5
a
Biomasse des vers de terre (g/m²)
Comme sur le site de Burgrain, le labour a surtout réduit les espèces anékiques, de 82 % en moyenne. Les espèces épigéiques, également, n’avaient probablement pas la couche de litière nécessaire à leur alimentation dans les parcelles labourées (fig. 2, tabl. 2). Comme dans le relevé de 2005, les espèces endogéiques étaient néanmoins deux fois plus nombreuses dans le procédé avec labour que dans le semis direct. Plusieurs auteurs ont constaté que le travail du sol perturbait moins les petits vers de terre que les plus grands qui creusent plus profondé ment (Maurer-Troxler et al. 2005, Jossi et al. 2004). Eton namment, les vers de terre endogéiques qui vivent dans l’horizon superficiel ont semble-t-il été stimulés par le labour. On ne peut que spéculer sur les raisons d’un tel
phénomène. Il se peut que la densité végétale supé rieure de 10 % dans le procédé avec labour ait fourni de meilleures conditions de vie aux vers. De plus, le pour centage de pores grossiers était nettement plus impor tant dans la couche supérieure du sol après labour que dans les parcelles avec semis direct (Anken et al. 1997). Le labour réduit la diversité des espèces Par rapport à la prairie permanente voisine (= 100 %), la biomasse totale était d’environ 50 % dans le semis direct, et encore de 20 % avec labour, le ver commun (Lumbricus terrestris) étant celui qui subissait la plus forte réduc tion (fig. 2). De plus, dans le procédé avec labour, la diversité des vers de terre a été réduite en moyenne de
350 Espèces épigéiques Espèces endogéiques Lumbricus anékiques Nicodrilus anékiques
300 250 200
c
b
a
150
c
100
b
c
b
a
a
50 0
Labour Semis direct Prairie
Labour Semis direct Prairie
Labour Semis direct Prairie
vers de terre déterrés et triés à la main (T; 0 – 20 cm)
vers de terre chassés à l'aide de formaline dans le sous-sol (F)
Total (T et F)
Figure 2 | Biomasse (g/m ²) des groupes d'espèces de vers de terre dans l'essai de Hausweid en 2008. Moyennes des procédés de travail du sol labour et semis direct par rapport à la prairie permanente de 21 ans. Les différences significatives entre les systèmes d'exploitation sont mises en évidence par des lettres différentes (test Tukey HSD, P < 5 %). Résultats du tri manuel (T), de l'introduction de formaline dans le sous-sol (F) ainsi que total des deux méthodes de capture.
Recherche Agronomique Suisse 2 (10): 432–439, 2011
437
Environnement | Un travail du sol réduit protège les vers de terre
9
Diversité des espèces
8
b
a
a
Labour
Semis direct
Prairie permanente
7 6 5 4 3 2 1 0
Figure 3 | Nombre d'espèces de vers de terre dans l'essai de Hausweid en 2008. Moyennes des procédés de travail du sol labour, semis direct et prairie permanente de 21 ans. Les différences significatives entre les systèmes d'exploitation sont mises en évidence par des lettres différentes (test T, P < 5 %). La liste des espèces est disponible auprès de l'auteur.
30 % par rapport à la prairie permanente et au procédé avec semis direct (fig. 3). Si l’on établit la moyenne de tous les relevés de 2008, la biomasse des vers de terre sur le site de Hausweid se compose de 41 % d’espèces Nicodrilus anékiques, de 24 % d’espèces Lumbricus anékiques, de 31 % d’espèces endogéiques et de 4 % d’espèces épi géiques.
Discussion Le semis direct ménage les vers de terre Le semis direct ne nécessitant pas un ameublissement de l’ensemble de la surface, les sols sont plus portants et mieux protégés contre l’érosion. De plus, des quantités considérables de carburant peuvent être économisées grâce au nombre réduit de passages (Anken et al. 1997). Dans l’essai de Hausweid, aucune perte de rendement notoire n’a été constatée par rapport au procédé avec labour (Anken et al. 2004). Dans l’ensemble, les orga nismes vivant dans le sol profitent également de ce mode d’exploitation conservateur. Comme dans une prairie permanente, le mélange, l’aération et le drai nage des couches supérieures du sol sont en grande par tie assurés par les vers de terre. Toutefois, la circulation de machines lourdes sur la parcelle lorsque le sol est trop humide peut entraîner le compactage du terrain et res treindre l’activité des vers de terre. Kramer (2008) a constaté une réduction de la population des vers de terre dans des sols artificiellement compactés, surtout lorsque les machines circulaient sur des sols détrempés. Plusieurs essais ont montré que la population des vers de terre pouvait se régénérer relativement rapide
438
Recherche Agronomique Suisse 2 (10): 432–439, 2011
ment dans les prairies temporaires. Dans l’essai sur les systèmes culturaux à Burgrain (période de 1997 à 2002), les espèces Nicodrilus anékiques se sont multipliées en moyenne de 80 % dans la prairie temporaire biannuelle (Jossi et al. 2004). Le semis direct ménage également les vers de terre, comme l’a confirmé le relevé dans l’essai de Hausweid. Dans cet essai avec assolement sans prairie temporaire, on a cependant constaté que les conditions pour les vers de terre même avec le semis direct ne sont qu’à moitié aussi favorables que dans la prairie perma nente avoisinante. Suivant la culture et le mode d’ex ploitation les vers de terre ont besoin de plus de temps pour se régénérer dans les conditions du semis direct, que dans une prairie temporaire. Maurer-Troxler et al. (2005) a pu constater une nette hausse des espèces de vers de terre anékiques avec semis direct, sept ans après la dernière intervention dans le sol, pour atteindre un niveau de population semblable à celui des prairies. L’ef fet stimulant du semis direct sur les vers de terre était particulièrement marqué dans l’assolement sans pommes de terre.
Conclusions Les vers de terre sont plus ou moins fortement influencés par différents facteurs. Hormis le travail du sol, la fumure et les propriétés du sol jouent également un rôle (Jäggi et al. 2002). Les modes d’exploitation proches de la nature, comme l’agriculture biologique (Pfiffner et Luka 2007) ou la culture extensive PI (Jossi et al. 2004) préserve les vers de terre. Les produits phytosanitaires peuvent affaiblir les populations de vers de terre. Ces dernières années, les pesticides toxiques pour les vers de terre ont tout de même été en grande partie retirés du marché (Jossi et al. 2004). Pour stimuler durablement la popula tion des vers de terre dans les terres cultivées, il faut réduire le plus possible le travail du sol, notamment pen dant les périodes où les vers de terre sont actifs, au prin temps et en automne, éviter le compactage du sol, veiller à une couverture végétale continue et intégrer des prai n ries pluriannuelles dans l’assolement.
La lavorazione ridotta del suolo protegge i lombrichi I lombrichi migliorano la fertilità del suolo attraverso la loro attività. Nell'area agricola, le popolazioni più numerose si concentrano nelle praterie permanenti. Nell'ambito di due prove pluriennali sul sistema di coltivazione condotti a Burgrain (Alberswil LU) e Haudweid (Aadorf TG), si sono studiati gli effetti del tipo e dell'intensità della lavorazione del suolo sulla popolazione di lombrichi. A Burgrain, in una rotazione delle colture sessennale, i metodi di semina su pacciamatura PI per colza e il metodo PI con semina di mais da silo su banda fresata (PI estensiva), non hanno mostrato, sulla media dal 2004 al 2008, nessuna differenza significativa nella biomassa di lombrichi rispetto al metodo di aratura nella coltivazione biologica e PI (PI intensiva). Sulla superficie di Hausweid si sono registrate dopo 21 anni differenze più marcate tra intensità e tipo di lavorazione. Nella rotazione delle colture quadriennale senza prati artificiali le popolazioni di lombrichi sono state rilevate in relazione ai metodi di semina diretta e con aratura, nonché nei prati naturali limitrofi. In questi ultimi è stata misurata una biomassa da lombrichi di 330 g per m². Nelle particelle a semina diretta e in quelle arate si sono registrati valori inferiori rispettivamente del 50 per cento circa e dell'80 per cento. La diversità delle specie di lombrichi nei prati naturali e nei terreni a semina diretta è risultata in media del 30 per cento superiore rispetto a quella dei terreni arati. I risultati confermano l'effetto positivo della semina diretta sui lombrichi.
Bibliographie ▪▪ Anken T., Heusser J., Weisskopf P., Zihlmann U., Forrer H. R., Högger H. R., Scherrer C., Mozafar A. & Sturny W., 1997. Systèmes de travail du sol. Le semis direct impose des contraintes élevées. Rapport FAT 501, Tänikon, 14 p. ▪▪ Anken T., Weisskopf P., Zihlmann U., Forrer H.R., Jansa J. & Perhacova K., 2004. Long-term tillage system effects under moist cool conditions in Switzerland. Soil & Tillage Research 78, 171–183. ▪▪ Bauchhenss J., 2005. Bodenleben und Bodenfruchtbarkeit – Bestandesaufnahme zum Wissensstand in Deutschland. FLN Heft 10, 15–29. ▪▪ Cuendet G., 1995. Identification des lombriciens de Suisse. Vauderens, 19 p. ▪▪ Cuendet G., 1997. Die Regenwurmfauna von Dauergrünland des Schweizer Mittellandes. Buwal Schriftenreihe Umwelt Nr. 291, 1 – 92. ▪▪ Jäggi W., Weisskopf P., Oberholzer H. R. & Zihlmann U., 2002. Die Regenwürmer zweier Ackerböden. Agrarforschung 9 (10), 446–451.
Summary
Riassunto
Un travail du sol réduit protège les vers de terre | Environnement
Reduced tillage protects earthworms Earthworm activity improves soil fertility. In arable crop rotations highest earthworm populations are usually found in leys. The impact of tillage system and tillage intensity on earthworm populations was studied in the two long term trials at Burgrain (Albertswil LU) and at Hausweid (Aadorf TG). At Burgrain having a crop rotation lasting six years and including a ley, no significant difference of earthworm biomass was found between ploughed plots and plots with in the sampling period 2004-2008 in the tillage system usingminimum tillage (mulch drilling for oilseed rape and sowing with a rotary band cultivatorrotary band seeding for silage maize) (IP extensive) compared to ploughing in both, the organic as well as the integrated production (IP intensive). In contrast, at Hausweid having a four years crop rotation at Hausweid without ley, earthworm populations differed significantly depending on tillage system and tillage intensity after 21 years of the trial. Earthworm biomass reached 330 g per m2 in the permanent grassland adjacent to the trial whereas it was reduced by 50 % in the no-till and even by 80 % in the ploughed plots. Additionally, average earthworm species diversity in permanent grassland and no-till was 30 % higher than in ploughed tillage system. These findings confirm the positive impact of no-till on the increase of earthworm populations and species diversity. Key words: Earthworm, no-till, farming system, tillage system.
▪▪ Jossi W., Valenta A. & Tschachtli R., 2004. Das Auf und Ab der Regenwurmfauna. Cahiers de la FAL 52, Zurich, 53–58. ▪▪ Kramer S., Weisskopf P. & Oberholzer H. R., 2008. Status of earthworm populations after different copaction impacts and varying subsequent soli management practices. 5th International Soil Conference ISTRO Czech Branch – Brno 2008, 249 – 256. ▪▪ Maurer-Troxler C., Chervet A., Ramseier L. & Sturny W., 2005. Bodenbiologie nach zehn Jahren Direktsaat und Pflug. Agrarforschung 12 (10), 460–465. ▪▪ Pfiffner L. & Luka H., 2007. Earthworm populations in two low-input cereal farming systems. Applied Soil Ecology 37, 184–191. ▪▪ Zihlmann U. & Tschachtli R., 2010. Comparaison entre production intégrée et production biologique. Rapport ART 722, Zurich, 16 p.
Recherche Agronomique Suisse 2 (10): 432–439, 2011
439
P r o d u c t i o n
a n i m a l e
Agents conservateurs d’ensilage et stabilité aérobie: résultats des tests 2010 Ueli Wyss, station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 1725 Posieux Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: ueli.wyss@alp.admin.ch, tél. +41 26 407 72 14
Un bon tassement des ensilages et particulièrement une reprise suffisante au désilage sont les facteurs les plus importants pour empêcher les post-fermentations. (Photo : ALP)
Introduction Le maïs d’ensilage peut être ensilé rapidement et facile ment si l’on respecte les règles d‘ensilage. Un tassement insuffisant et surtout un prélèvement de quantités trop faibles lors de l’affouragement sont les principales causes d’échauffement des ensilages. Une utilisation ciblée des agents conservateurs d’ensilage permet d’empêcher les post-fermentations. Cependant, on y parvient unique
440
Recherche Agronomique Suisse 2 (10): 440–445, 2011
ment si les règles d’ensilage ont été respectées et si l’agent conservateur d’ensilage choisi a été utilisé conformément au dosage recommandé et réparti de manière homogène dans le fourrage. En outre, le pro duit doit être adapté au domaine d’utilisation concerné. Des essais réalisés avec du maïs d’ensilage en automne 2010 ont permis de déterminer dans quelle mesure le produit Schaumasil supra NK permettait d’améliorer la stabilité aérobie.
Agents conservateurs d’ensilage et stabilité aérobie: résultats des tests 2010 | Production animale
Du maïs d’ensilage de la variété Amadeo a été ensilé le 20 septembre (1re récolte) et le 11 octobre 2010 (2e récolte), avec une teneur moyenne en matière sèche (MS) de respectivement 32,8 % et 36,2 %. Les plantes de maïs ont été coupées à la main au champ et passées ensuite au hachoir (longueur de coupe théorique: 5 mm). Cinq silos de laboratoire de 1,5 l ont été remplis par récolte et par variante. Les teneurs des plantes de maïs au moment de l’en silage figurent dans le tableau 1. Les coefficients de fer mentation, calculés à l’aide de la teneur en MS et du rapport sucre/capacité tampon, ont donné des valeurs allant de 77 à 85. Au-dessus de 45, le fourrage est consi déré comme facile à ensiler (Kaiser et Weiss 2007). Une variante sans additif a servi de contrôle négatif et une variante traitée avec du Luprosil de contrôle posi tif. Le produit Schaumasil supra NK a fait l’objet de tests. Les dosages exacts des agents conservateurs d’ensilage utilisés figurent dans le tableau 2. Le produit Schaumasil supra NK contient principale ment du propionate d’ammonium. Pour déterminer la vitesse d’acidification, un silo par variante a été ouvert après trois jours et le pH mesuré. Les autres silos ont été ouverts après 8 semaines. Une semaine avant l’ouverture des silos, les ensilages ont été soumis à un stress aérobie pendant 24 heures en ouvrant
Résumé
Matériel et méthodes
Une utilisation ciblée d’agents conservateurs d’ensilage efficaces permet d’empêcher les post-fermentations. La station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP a testé l’agent conservateur d’ensilage Schaumasil supra NK avec du maïs d’ensilage afin de vérifier son efficacité sur la stabilité aérobie. En plus d’un contrôle négatif sans additif, un contrôle positif traité avec du Luprosil a été réalisé. Les essais ont été menés avec du maïs d’ensilage de la variété Amadeo à des teneurs en matière sèche (MS) de 33 % et 36 %. Le maïs a été ensilé dans des silos de laboratoire d’une contenance de 1,5 litre pendant 56 jours. Tous les ensilages ont présenté une bonne qualité de fermentation. Les ensilages non traités se sont échauffés très rapidement après le prélèvement. La stabilité aérobie a été améliorée aussi bien dans l’ensilage du contrôle positif traité avec le Luprosil que dans l’ensilage traité avec l’agent conservateur d’ensilage à tester Schaumasil supra NK. Sur la base de ces résultats, l’agent conservateur d’ensilage Schaumasil supra NK a été définitivement autorisé pour améliorer la stabilité aérobie.
Tableau 1 | Teneurs en matière sèche et en nutriments du maïs d'ensilage à la mise en silo 1re récolte
2e récolte
Teneur MS
%
32,8
36,2
Cendres
g/kg MS
33
33
Matière azotée
g/kg MS
65
81
Cellulose brute
g/kg MS
164
145
ADF
g/kg MS
191
172
NDF
g/kg MS
370
334
Sucres
g/kg MS
131
132
Nitrates
g/kg MS
< 0,5
< 0,5
Pouvoir tampon
g/kg MS
23
22
Coefficient de fermentation
77
85
NEL
MJ/kg MS
6,5
6,7
PAIE
g/kg MS
65
71
PAIN
g/kg MS
40
50
MS: matière sèche. ADF: lignocellulose. NDF: parois. NEL: énergie nette pour la production laitière. PAIE: protéines absorbables dans l'intestin, synthétisées à partir de l'énergie disponible. PAIN: protéines absorbables dans l'intestin, synthétisées à partir de la matière azotée dégradée.
Recherche Agronomique Suisse 2 (10): 440–445, 2011
441
Production animale | Agents conservateurs d’ensilage et stabilité aérobie: résultats des tests 2010
Tableau 2 | Agents conservateurs d'ensilage testés et dosages utilisés (dosage par 100 kg de maïs frais) 1re récolte
2e récolte
–
–
Luprosil (contrôle positif)
500 g
600 g
Schaumasil supra NK
600 g
600 g
Sans conservateur (contrôle négatif)
Tableau 3 | Teneurs en nutriments des ensilages de maïs Traitement
Date de récolte
Cendres
Matière azotée
Cellulose brute
ADF
NDF
Sucre
NEL
PAIE
PAIN
g/kg MS
g/kg MS
g/kg MS
g/kg MS
g/kg MS
g/kg MS
MJ/kg MS
g/kg MS
g/kg MS
Sans conservateur
1
31
68
178
199
353
51
6,4
64
42
Luprosil
1
30
65
165
189
350
69
6,5
64
40
Schaumasil supra NK
1
33
70
173
200
379
69
6,5
65
43
Sans conservateur
2
33
76
144
165
341
44
6,7
68
47
Luprosil
2
32
74
140
164
323
103
6,7
68
46
Schaumasil supra NK
2
33
77
150
176
334
85
6,7
68
47
Tableau 4 | Paramètres fermentaires et points DLG des ensilages de maïs
Traitement
Date de récolte
MS
pH jour 3
pH
%
Acide lactique
Acide acétique
Acide propionique
Acide butyrique
Ethanol
AGV/A. tot.
NH3-N/ tot.
Pertes gazeuses
g/kg MS
g/kg MS
g/kg MS
g/kg MS
g/kg MS
%
%
%
Sans conservateur
1
31,7
4,4
4,1
46
12
0
0
14
21
6,6
2,9
100
Luprosil
1
31,8
4,8
4,0
47
8
11
0
5
29
6,3
1,4
100
Schaumasil supra NK
1
32,3
4,9
4,0
45
9
9
0
10
30
10,4
2,2
100
Sans conservateur
2
35,2
4,6
4,0
54
10
0
0
6
16
5,9
2,3
100
Luprosil
2
36,0
4,7
4,0
43
5
14
0
1
31
3,5
0,8
100
Schaumasil supra NK
2
35,0
5,0
3,9
57
7
11
0
2
24
9,0
1,1
100
AGV/A. tot.: proportion d'acides gras volatils par rapport au total des acides. N-NH 3/N tot.: proportion d'azote ammoniacal par rapport à l'azote total.
Tableau 5 | Stabilité aérobie des ensilages de maïs Traitement
Sans conservateur
Date de récolte
Stabilité aérobie
Différence maximale de température
nombre d'heures
°C
1
12
14,8
pH à la fin du test 7,3
Luprosil
1
216*
0,0
3,9
Schaumasil supra NK
1
124
4,1
5,0
Sans conservateur
2
26
13,5
7,2
Luprosil
2
216*
-0,4
4,0
Schaumasil supra NK
2
216*
-0,1
3,9
*Le test de post-fermentation a été interrompu après 216 heures.
442
Points DLG
Recherche Agronomique Suisse 2 (10): 440–445, 2011
Agents conservateurs d’ensilage et stabilité aérobie: résultats des tests 2010 | Production animale
Figure 1 | Une bonne qualité des ensilages est une condition importante pour une haute ingestion des fourrages. (Photo: ALP)
les orifices (en haut et en bas dans le verre). Le contenu de trois silos par variante a été utilisé pour les analyses. La stabilité aérobie a été déterminée en relevant et en enregistrant la température toutes les 30 minutes pen dant au moins 8 jours. Les ensilages ont été considérés comme stables du point de vue aérobie tant que leur température ne dépassait pas la température ambiante de plus de 1 °C.
Résultats et discussion Teneurs des ensilages Le tableau 3 présente les teneurs en nutriments des ensilages en fonction de la date de récolte et de la variante. Pour les deux dates de récolte, les ensilages traités présen taient toujours des teneurs en sucre plus élevées que les ensilages non traités. Les autres teneurs en nutriments ainsi que les teneurs en NEL, PAIE et PAIN étaient très sem blables durant la même période de récolte. Paramètres de fermentation Le tableau 4 présente les divers paramètres de fermenta tion. Une bonne qualité des ensilages est importante pour une haute ingestion des fourrages (fig.1). Dans les
ensilages non traités, le pH a baissé davantage au cours des trois premiers jours que dans les deux ensilages trai tés. Les deux produits chimiques ont ralenti la fermenta tion lactique. Après deux mois de stockage, tous les ensilages présentaient un pH avoisinant 4,0. Aucune trace d’acide propionique n’a été détectée dans les ensilages non traités. Par contre, les ensilages traités contenaient de l’acide propionique. Aucun ensilage ne contenait d’acide butyrique. Relativement peu d’acide acétique a été produit. La proportion d’azote ammoniacal dans l’azote total était inférieure à 10 % dans presque tous les ensilages. C’est le contrôle positif qui a enregistré à chaque fois les valeurs les moins élevées. Les pertes de gaz fermentaire étaient faibles dans tous les ensilages. Les valeurs les plus faibles ont été enregistrées lors des deux récoltes dans les ensilages traités avec le Luprosil. Selon la clé d‘évaluation DLG (DLG 2006), tous les ensilages ont obtenu le nombre maximal de points. Stabilité aérobie Dans les ensilages de la première et de la seconde récolte, les contrôles négatifs se sont échauffés très rapidement
Recherche Agronomique Suisse 2 (10): 440–445, 2011
443
Production animale | Agents conservateurs d’ensilage et stabilité aérobie: résultats des tests 2010
18 16
Différences de température ( °C)
14 12 10 8 6 4 2 0 -2 0
24
48
72
96
120
144
168
192
216
Durée (h) Sans conservateur - 1er échantillon Luprosil -
1er
échantillon
Schaumasil supra NK -
1er
Sans conservateur - 2e échantillon Luprosil -
échantillon
2e
Luprosil - 3e échantillon
échantillon
Schaumasil supra NK -
2e
Sans conservateur - 3e échantillon
échantillon
Schaumasil supra NK - 3e échantillon
Figure 2 | Evolution des températures après le désilage pour l'ensilage de maïs avec 33 % MS.
et le pH a fortement augmenté (tabl. 5). Après la période de prélèvement de 9 jours, ces ensilages étaient complè tement moisis. Dans le contrôle positif traité avec le Luprosil, l’échauffement a été complètement empêché pendant la période de prélèvement de 9 jours, pour les deux récoltes, et le pH n’a pas augmenté. L’agent conser vateur d’ensilage testé (Schaumasil supra NK) s’est éga lement révélé efficace. Lors de la première récolte, ces trois échantillons se sont échauffés avec une rapidité dif férente (fig. 2). Cependant, une amélioration de la stabi lité aérobie a été observée, s’élevant en moyenne à 4,7 jours. En ce qui concerne la seconde récolte, aucun échauffement n’a été observé et le pH ne s’est pas modi fié lui non plus.
444
Recherche Agronomique Suisse 2 (10): 440–445, 2011
Conclusions ••La qualité fermentaire de tous les ensilages était bonne et ils ont tous obtenu 100 points DLG. ••L’utilisation de l’agent conservateur d’ensilage Schaumasil supra NK a permis d’améliorer la stabilité aérobie des ensilages. ••Sur la base de ces résultats, l’utilisation de l’agent conservateur d‘ensilage Schaumasil supra NK pour l’amélioration de la stabilité aérobie a été autorisée. n
Additivi per insilati e stabilità aerobica: risultati dei test 2010 Attraverso l’uso mirato di additivi efficaci per l'insilamento è possibile evitare fermentazioni successive. La Stazione di ricerca Agroscope Liebefeld-Posieux ALP ha testato l'additivo Schaumasil supra NK su insilati di mais per migliorare la stabilità aerobica. Oltre ad un controllo negativo senza additivi è stato preso in considerazione un controllo positivo utilizzando Luprosil. Le prove sono state eseguite su insilati di mais della varietà Amadeo con tenori in sostanza secca (SS) compresi tra il 33 e il 36 % in silos di laboratorio da 1,5 litri. La durata d’insilamento era di 56 giorni. Tutti gli insilati hanno mostrato una buona qualità fermentativa. Dopo il prelevamento quelli non trattati si riscaldavano molto velocemente. La stabilità aerobica è risultata migliore sia nel controllo positivo con Luprosil, che in quello con il prodotto in prova, Schaumasil supra NK. Sulla base di tali risultati, Schaumasil supra NK è stato omologato definitivamente quale prodotto per il miglioramento della stabilità aerobica.
Summary
Riassunto
Agents conservateurs d’ensilage et stabilité aérobie: résultats des tests 2010 | Production animale
Silage additives and aerobic stability: test results 2010 When using efficient silage additives the aerobic instability can be reduced. The Liebefeld-Posieux Research Station ALP tested the silage additive Schaumasil supra NK meant for improving the aerobic stability of maize silages. In addition to a negative control without additives, a positive control with Luprosil was taken into account. The trials were conducted with silage maize of the Amadeo variety with dry-matter (DM) contents of 33 % and 36 %, ensiled in 1,5-litre laboratoryscale silos. The storage period lasted 56 days. All silages showed a very good fermentation quality. The silages without additives warmed up very fast after opening the silos. The silages of the positive control with Luprosil as well as as the variant with Schaumasil supra NK improved the aerobic stability. Based on these results, the product Schaumasil supra NK was now definitively authorized for the improvement of aerobic stability. Key words: silage additives, maize silage, aerobic stability, fermentation quality.
Bibliographie ▪▪ DLG, 2006. Grobfutterbewertung. Teil B – DLG-Schlüssel zur Beurteilung der Gärqualität von Grünfuttersilagen auf Basis der chemischen Untersuchung. DLG-Information (2). ▪▪ Kaiser E. & Weiss K., 2007. Nitratgehalt im Grünfutter – Bedeutung für Gärqualität und siliertechnische Massnahmen. Übersichten zur Tierernährung 35 (1), 13–30.
Recherche Agronomique Suisse 2 (10): 440–445, 2011
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P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Essais en plein champ avec du blé génétiquement modifié résistant à l’oïdium Andrea Foetzki1, Michael Winzeler1, Thomas Boller2, François Felber3, Wilhelm Gruissem4, Christoph Keel5, Beat Keller6, Fabio Mascher7, Monika Maurhofer8, Wolfgang Nentwig9, Jörg Romeis1, Christof Sautter4, Bernhard Schmid10 et Franz Bigler1 1 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich 2 Université de Bâle, Institut botanique, 4056 Bâle 3 Université de Neuchâtel, Institut de biologie, 2000 Neuchâtel 4 EPF Zurich, Biotechnologie végétale, 8092 Zurich 5 Université de Lausanne, Département de microbiologie fondamentale, 1015 Lausanne 6 Université de Zurich, Institut de biologie végétale, 8008 Zurich 7 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 8 EPF Zurich, Pathologie végétale, 8092 Zurich 9 Université de Berne, Institut d’écologie et d‘évolution, 3012 Berne 10 Université de Zurich, Institut de biologie évolutive et des sciences de l‘environnement, 8057 Zurich Renseignements: Andrea Foetzki, e-mail: andrea.foetzki@art.admin.ch, tél. +41 44 377 76 64
Figure 1 | Parcelles d’essai en plein champ avec du blé génétiquement modifié sur le site de Reckenholz. (Photo: ART)
Introduction PNR59 et Consortium-blé Les premières cultures commerciales de plantes généti quement modifiés (GM) remontent à 1996. En 2010, les plantes GM occupaient déjà 148 millions d’hectares dans 29 pays (10 % des surfaces cultivées dans le monde, James 2010). En Suisse, un moratoire interdit l’utilisation
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Recherche Agronomique Suisse 2 (10): 446–453, 2011
commerciale de plantes GM jusqu’en novembre 2013. La recherche sur les plantes GM a été explicitement exclue de cette interdiction et le Conseil fédéral a donné man dat d’étudier les avantages et les inconvénients poten tiels de la culture de plantes GM. C’est dans ce but qu’en 2006, le Fonds national suisse (FNS) a lancé le programme national de recherche PNR 59 «Utilité et risques de la dissémination des plantes génétiquement modifiées»
(www.pnr59.ch). Par la suite, le Consortium-blé a égale ment été institué afin de traiter des projets scientifiques sur des blés GM résistants à l’oïdium dans des essais en plein champ dans le cadre d’une affiliation d‘instituts de recherche. Y participaient l’Université de Zurich (direc tion), l’EPF de Zurich, les deux stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW et Agroscope Rec kenholz-Tänikon ART ainsi que les Universités de Bâle, Berne, Lausanne et Neuchâtel. Durant l’été 2007, le FNS a financé huit projets pour le consortium-blé. Deux de ces projets ont étudié l’amélioration de la résistance du blé à l’oïdium (utilité), tandis que six projets portaient sur la biosécurité (risques environnementaux). Pour l’au torisation légale des essais en plein champ, trois demandes pour les lignées de blé GM et pour les hybrides de blé GM avec l’égilope cylindrique (Aegilops cylindrica) ont été déposées auprès de l’OFEV. Après consul tation des offices fédéraux, des commissions et des can
Tableau 1 | Projets du Consortium-blé dans les essais en plein champ sur du blé génétiquement modifié résistant à l’oïdium (2008 – 2010) Recherche sur les résistances B. Keller
Université de Zurich
W. Gruissem
EPF Zurich
C. Sautter
EPF Zurich
F. Mascher
ACW
Analyse de la fonction du gène de résistance Pm3 dans le blé transgénique Analyse de la résistance à l’oïdium apportée par la chitinase/glucanase de l’orge
Recherche sur la biosécurité T. Boller
Interactions des champignons mycorUniversité de Bâle hiziens arbusculaires avec le blé GM et non GM
W. Nentwig
Université de Berne
M. Maurhofer
EPF Zurich
C. Keel
Université de L ausanne
J. Romeis
ART
B. Schmid
Université de Zurich
B. Schmid
Université de Zurich
Influence de l’environnement biotique et abiotique sur les propriétés écologiques du blé GM et non GM
F. Felber Université de R. Guadagnuolo Neuchâtel
Conséquences génétiques et écologiques de l’introgression de blé transgénique dans une mauvaise herbe apparentée, Aegilops cylindrica
A. Foetzki
ART
F. Mascher
ACW
C. Sautter
EPF Zurich
*Cofinancé par le FNS.
Effets de la culture du blé GM sur le taux de décomposition de la biomasse GM par les arthropodes du sol et les annélides Répercussions du blé GM sur la fertilité du sol due aux bactéries auxiliaires Répercussions du blé GM sur les insectes herbivores et les réseaux alimentaires
Croisement des lignées chitinase/ glucanase avec le blé*
Résumé
Essais en plein champ avec du blé g énétiquement modifié résistant à l’oïdium | Production végétale
Les bénéfices et les risques environnementaux du blé de printemps génétiquement modifié (GM), plus résistant à l’oïdium, ont été étudiés sur deux sites en plein champ de 2008 à 2010, dans le cadre d’un réseau de groupes de recherche suisses. Les lignées de blé GM, possédant une résistance spécifique à l’oïdium et aux maladies fongiques en général, ont été comparées à des variétés de blé commercialisées, à des lignées témoins ainsi qu’à de l’orge et du triticale. Outre la résistance à l’oïdium, l’étude a également porté sur les répercussions sur les insectes et les organismes du sol (bactéries, champignons mycorhiziens, faune du sol) ainsi que sur les croisements fortuits du blé. Plusieurs lignées de blé GM étaient nettement plus résistantes à l’oïdium que les témoins. Aucun impact significatif sur les organismes non-cibles n’a été constaté, sur leur biodiversité ou sur certaines fonctions sélectionnées des écosystèmes. Dans l’ensemble, les différences entre le blé GM et les lignées témoins étaient moindres qu’entre les variétés de blé commerciales ou les autres espèces de céréales. Les cas de croisement fortuits étaient rares et n’ont été trouvés qu’à faible distance des plantes GM de l’essai.
tons concernés, les demandes ont été approuvées avec des réserves. Un grand nombre de mesures concernaient la biosécurité (et visaient p. ex. à empêcher la dissémina tion de matériel GM) ou avaient pour but de garantir la sécurité du site expérimental (protection contre le van dalisme). Le Consortium-blé s’était fixé pour objectif d’étudier la résistance aux pathogènes en plein champ dans les cultures de blé GM résistant à l’oïdium et de traiter les questions de biosécurité de manière interdisciplinaire. Le Consortium tenait particulièrement à former de jeunes scientifiques dans la recherche sur les résistances et la biosécurité. En outre, le Consortium-blé recher chait activement le dialogue avec la population afin d’amener sur un plan scientifique les discussions sur l’utilité et les risques du génie génétique. Sites d’essai et projets impliqués Les essais en plein champ sur du blé génétiquement modifié ont eu lieu de 2008 à 2010 à la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART sur le site de Zurich-Reckenholz (fig. 1) et à la station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW sur le site de Pully/ Lausanne (2009 – 2010). Les deux stations de recherche
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Production végétale | Essais en plein champ avec du blé g énétiquement modifié résistant à l’oïdium
ART et ACW étaient responsables de la réalisation tech nique et du suivi agronomique des essais en plein champ, de la coordination scientifique et technique ainsi que de la planification et de l’application des mesures de sécu rité (biosécurité, sécurité des essais). Les projets scientifiques (tabl. 1) sur le site de Reckenholz ont porté sur la résistance à l’oïdium, sur les propriétés agronomiques et les conséquences sur les insectes et les organismes du sol. Des essais ont également été réalisés pour étudier le comportement écologique des plantes, les fonctions des écosystèmes et les croisements fortuits. À Pully, en plus des propriétés agronomiques, les cher cheurs se sont également intéressés à la résistance aux différentes maladies fongiques, aux conséquences sur les organismes du sol et au croisement fortuit. Nous pré sentons ici une sélection de méthodes et de résultats obtenus dans quelques projets du Consortium-blé.
Tableau 2 | Lignées de blé et variétés de céréales dans les essais en plein champ avec du blé génétiquement modifié 2008–2010 (S = lignée sœur témoin. Pm3 = lignées GM avec variété d’origine Bobwhite. Chi, Chi/Glu = lignées GM avec variété d’origine Frisal). Variété testée
Transgène
Pm3a (2 lignées)
Pm3a
Sa (2 lignées) Pm3b (4 lignées) Sb (4 lignées) Pm3c (2 lignées) Sc (2 lignées) Pm3d Sd Pm3f (2 lignées) Sf (2 lignées) Pm3g
–
Pm3b –
Pm3c –
Pm3d –
Pm3f –
Pm3g
Sg
–
Bobwhite SH 98 26
–
Chi Chi/Glu
Chi Chi, Glu
Frisal
–
Toronit, Fiorina, Casana, Rubli
–
Chul (Pm3b)*
–
Asosan (Pm3a)*
–
Estana (Gerste)
–
Trado ( Titicale)
–
*Variétés asiatiques, avec des variantes naturelles des gènes Pm3.
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Matériel végétal et technique d’essai Dans les essais en plein champ, différentes lignées de blé de printemps GM et leurs lignées témoins ont été comparées à des variétés de blé de printemps dispo nibles dans le commerce et à d’autres espèces de céréales. Au total, douze lignées de blé avec une résis tance à l’oïdium spécifique aux allèles (avec les allèles Pm3 : Pm3a-d et Pm3f-g) et leurs lignées sœurs non modifiées basées sur la variété mexicaine Bobwhite S26 ont été fournies par l’université de Zurich (Brunner et al. 2011). Deux lignées de blé avec une résistance fongique quantitative (comportant des gènes de chitinase et de glucanase) sur la base de la variété suisse de blé de prin temps Frisal provenaient de l’EPF Zurich (Bieri et al. 2003). Ces lignées de blé constituent des plantes modèles utiles pour les besoins de la recherche sur les résistances contre les champignons pathogènes. Ce ne sont donc pas des lignées développées pour la sélection variétale destinée à une éventuelle commercialisation. Tous les transgènes sont des gènes provenant du blé (allèles Pm3) ou de l’orge (chitinase, glucanase), mais dont l’ac tivité a été renforcée dans les plantes transgéniques. Ce matériel végétal, ainsi que les variétés d’origine utilisées pour la transformation (Bobwhite S26, Frisal), quatre nouvelles variétés suisses de blé de printemps, ainsi que de l’orge et du triticale de printemps ont été mis en culture dans l’essai en plein champ (tabl. 2). Deux tailles de parcelles ont été employées: des petites parcelles d’une surface de 1,3 m² et de grandes parcelles d’une surface qui pouvait varier entre 3,9 et 9,1 m² selon l’année et le site d’essai. Les phases d’essai ont été répétées quatre à cinq fois sur des surfaces réparties au hasard, afin de permettre une évaluation statistique. L’ensemble de l’essai était entouré d’un semis manteau de triticale de printemps d’une largeur de 2,6 m. La surface d’essai à Pully était d’environ 0,1 ha. À Reckenholz, elle variait entre 0,5 et 0,9 ha selon l’année. Procédé Les analyses de résistance (petites parcelles) ont étudié différents procédés d’infection par l’oïdium: l’infection artificielle, l’infection naturelle ainsi que l’empêchement de l‘infection par les fongicides. Pour l’infection artifi cielle, des variétés de blé sensibles à l’oïdium ont été cultivées en pots, infectées avec des isolats d’oïdium définis et plantés dans des rangées facilitant la propaga tion de l’infection. Ces rangées étaient constituées de variétés de blé extrêmement sensibles, semées entre les parcelles d’essai. Partant des plantes en pots, une pres sion d’infection élevée se propageait de ces rangées vers les parcelles testées.
Essais en plein champ avec du blé g énétiquement modifié résistant à l’oïdium | Production végétale
Infestation de mildiou
150
100
50
it on
bli
To r
Ru
Fio r
ina
a Ca sa n
e bw hit
Sb 4
Bo
Sb 3
Sb 2
Sb 1
Pm 3b 4
Pm 3b 3
Pm 3b 2
Pm 3b 1
0
Figure 2 | Surface sous la courbe d’évolution de la maladie (AUDPC = area under disease progress curve) calculée à partir de l’infestation naturelle de l’oïdium en 2008 sur le site de Reckenholz. Pm3b1 – 4 : lignées GM, Sb1 – 4 : lignées sœur non modifiées, Bobwhite: variété initiale des lignées GM et des lignées sœur. Casana, Fiorina, Rubli, Toronit: variétés commerciales.
Résistance à l’oïdium La résistance à l’oïdium de toutes les lignées et de toutes les variétés de blé a été analysée. Pour la plupart des variétés testées, trois procédés ont été appliqués: infec tions artificielle et naturelle d’oïdium et traitement fon gicide. Dès le début de propagation de l’infection, la progression de l’infection d’oïdium a été relevée chaque semaine dans les parcelles. Dans les essais de résistance à Reckenholz, les lignées de blé GM Pm3a1 et Pm3a2 ainsi que Pm3b1 jusqu’à Pm3b4 se sont montrées nettement plus résistantes que leurs lignées sœurs (fig. 2; Zeller et al. 2010; Brunner et al. 2011) et que les variétés asiatiques Asosan et Chul, à partir desquelles les gènes Pm3a ou Pm3b ont été isolés (tabl. 2). Les autres lignées de blé avec des allèles Pm3 et les variétés commerciales suisses affichaient également une résistance accrue envers l’oïdium. Elles étaient moins touchées par la maladie que la variété mexicaine Bobwhite. Ce point a pu être observé aussi bien en cas d’infection naturelle qu’en cas d’infection artificielle. Dans l’essai en plein champ, les lignées de blé GM Chi et Chi/Glu n’étaient pas plus résistantes que leur variété d’origine Frisal. Répercussions sur les insectes et les animaux du sol Une modification génétique peut avoir des répercus sions sur le métabolisme des plantes et par conséquent sur les insectes herbivores. Les pucerons ont une relation très étroite avec leur plante hôte et sont donc de très bons indicateurs de possibles modifications de leur plante hôte. En outre, les pucerons et leurs prédateurs naturels, les guêpes ichneumonides (Ichneumonidae) conviennent bien à l’étude de l’ensemble des réseaux alimentaires permettant d’identifier les effets à des
niveaux plus élevés de la chaîne alimentaire (von Burg et al. 2011). Les études des insectes et de leurs réseaux ali mentaires ont été réalisées dans une serre semi-ouverte (Romeis et al. 2007) et en plein champ. Les pucerons et les larves de criocère des céréales (Oulema melanopus) ont été comptés toutes les deux semaines de mai à juillet sur des surfaces de référence à l’intérieur des parcelles. De plus, des momies de puce rons parasités ont été ramassées et envoyées au labora toire pour identification des ichneumonides. Les dégâts causés par les larves de criocère des céréales et par la mouche jaune des chaumes (Chlorops pumilionis) ont été relevés début juillet en pourcentage de surface foliaire touchée ainsi qu’en nombres de tiges attaquées. Le nombre de pucerons dans la serre semi-ouverte variait en fonction de l’année et de la variété ou de la lignée de blé (Álvarez-Alfageme et al. 2011). La lignée GM Pm3b1 résistante à l’oïdium avait nettement plus de pucerons que sa lignée sœur Sb1 (fig. 3). Des essais supplémen
* 15
Pucerons / tige
Méthodes et résultats
10
1 Pm3b1
*
2 Sb1 3 Chi/Glu
5
4 Frisal 5 Rubli
0
1
2
3 4 2008
5
1
2
3 4 2009
5
Figure 3 | Nombre de pucerons par tige dans une serre semi- ouverte en 2008 et en 2009. Lignées GM: Pm3b1, Chi/Glu , lignée sœur non modifiée: Sb1, Frisal, variété commerciale: Rubli. Les d ifférences significatives (P < 0,05) sont indiquées par *.
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Production végétale | Essais en plein champ avec du blé g énétiquement modifié résistant à l’oïdium
3,5 Sb Frisal Variétés commerciales Pm3 Lignées A Lignées
3,0
Biomasse de la litière (g)
2,5
2,0
1,5
1,0
0,5
0,0 Oct. 08
Nov. 08
Déc. 08
Janv. 09
Fév. 09
Mars 09
Avr. 09
Figure 4 | Taux de décomposition de litière à base de feuilles de blé, dans le sol, sur le site de Reckenholz en hiver 2008/2009, huit répétitions. Lignées GM: Pm3b et Chi/Glu . Lignées témoins non modifiées: Sb, Frisal. Variétés commerciales: Rubli, Toronit.
taires en laboratoire ont montré que les pucerons préfé raient les blés moins touchés par l’oïdium. Par contre, les lignées de blé GM n’avaient pas de répercussions cohé rentes sur les réseaux alimentaires entre pucerons et ich neumonides (von Burg et al. 2011). Pour les insectes her bivores en plein champ, on a constaté d’importantes différences entre les années mais aucune attribuable au transgène introduit (Álvarez-Alfageme et al. 2011). Une modification des éléments nutritifs qui compo sent la matière organique peut influencer le taux de décomposition de litière et par conséquent une fonc tion importante de l’écosystème (Lindfeld 2011). Des carottes de sol ont été prélevées à une profon deur de 0 – 20 cm dans 72 grandes parcelles durant l’été 2008 et dans 60 parcelles en 2009. La décomposition de litière a été suivie sur les mêmes parcelles l’hiver suivant. En octobre 2008 et 2009, on a enterré à 5 cm de pro fondeur dans chaque parcelle douze sacs en filet de PVC contenant chacun 3 g de feuilles de blé séchées de la variété correspondant à la parcelle. De novembre à avril, deux de ces sacs ont été prélevés chaque mois dans chaque parcelle. Les organismes présents ont été isolés en laboratoire, comptés et identifiés taxonomiquement. La quantité de litière restante a été déterminée. Ni les taux de décomposition de litière des dix-huit (en 2008) ou des douze (en 2009) variétés utilisées (fig. 4), ni le nombre des organismes du sol trouvés dans les sacs ne se différenciaient de manière significative (Lindfeld 2011). Des essais en laboratoire ont permis de tester de manière plus approfondie certains organismes clé, qui peuvent avoir une fonction importante dans les sols
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agricoles. Pour les larves de deux espèces de mouches (Drosophila melanogaster, Megaselia scalaris), les clo portes (Porcellio scaber), les enchytrées (Enchytraeus albidus) et les vers de terre (Lumbricus terrestris), les analyses ont porté, suivant l’espèce animale, sur l’indice de consommation, la variation du poids des animaux, la mortalité, le taux de reproduction, la durée de dévelop pement et la proportion des sexes. Par rapport à des blés non GM et à d’autres espèces de céréales, aucune influence négative de la biomasse GM sur les organismes étudiés n’a été constatée (Peter et al. 2010; Lindfeld et al. 2011; Bigler et al. 2011).
Figure 5 | Prélèvement de plantes de blé au moment du tallage pour l’étude des bactéries du sol qui colonisent les racines (pseudomonades) et des champignons mycorhiziens. (Photo: ART)
Taille de la population (log nombre d'UFC/g de racine)
Essais en plein champ avec du blé g énétiquement modifié résistant à l’oïdium | Production végétale
9
8
7
6
5
4 Stade de développement des plantes
Figure 6 | Population des bactéries auxiliaires Pseudomonas sur les racines du blé sur le site de Reckenholz (2008 – 2010) à deux stades de développement des plantes (tallage, maturité laiteuse). UFC = unité formant colonie.
Répercussions sur les bactéries auxiliaires du sol et sur les champignons mycorhiziens Deux des projets de recherche portaient sur les bactéries et les champignons auxiliaires du sol, en relation étroite avec les racines des plantes céréalières. Les bactéries du sol qui colonisent les racines (Pseudomonas sp.) permet tent d’éliminer les agents pathogènes et assurent une meilleure disponibilité des phosphates. Les champignons mycorhiziens sont des partenaires symbiotiques de plus de 80 % des plantes terrestres. Ils jouent un rôle décisif dans l’approvisionnement en éléments nutritifs. Dans les systèmes agricoles également, les plantes mycorhizées peuvent mieux exploiter les éléments nutritifs dispo nibles dans le sol. Au stade de tallage (fig. 5) et de la maturité laiteuse, des plantes de blé entières ont été prélevées des par celles pendant les trois années de l’étude. Leurs racines ont ensuite été lavées en laboratoire. Les échantillons de racines ont été répartis entre les deux projets. Les bacté ries Pseudomonas ont été placées en milieux de culture afin de déterminer la taille de leur population. Une élec trophorèse sur gel a permis d’analyser la diversité géné tique des bactéries. Le stade de développement des plantes (fig. 6), la variété de blé, le site et l’année d’essai avaient une influence nettement plus importante sur la taille des populations des bactéries Pseudomonas étudiées que la présence de la modification génétique dans la plante. Les échantillons de racines du premier prélèvement (fin du tallage 2008) sont les seuls pour lesquels on ait relevé des différences de diversité des groupes de bactéries du sol entre les lignées de blé GM et leurs lignées sœurs d’une part et les variétés commerciales d’autre part. Ces différences n’apparaissaient plus dans les échantillons
ultérieurs. Cela pourrait provenir des conditions de pro duction différentes de la semence pour la première année d’essai (laboratoire/serre ou plein air). Pour étudier le taux de mycorhization, des sections de racines ont été colorées et les structures fongiques comptées au microscope. Dans la plupart des cas, aucune différence significa tive de colonisation des racines de blé par les champi gnons mycorhiziens n’a été constatée entre les lignées de blé GM et les lignées témoins sur les deux sites. Seule une des quatre lignées Pm3b présentait une mycorhiza tion légèrement inférieure à celle de la lignée sœur, et ce, seulement durant la première des deux années d’es sai. Les différences ont été observées entre les variétés de blé et surtout entre les espèces de céréales: le triticale avait nettement plus de mycorhizes que l’orge (fig. 7). Un traitement des plantes avec un fongicide a eu des répercussions négatives sur les mycorhizes. En résumé, on constate que les projets sur la biosécu rité n’ont pas permis d’identifier de différences systéma tiques entre les plantes GM et les plantes non GM. Les différences minimes entre les plantes GM et leurs lignées témoin étaient moins importantes que les différences dues à la variété de blé ou à l’espèce de céréale, à l’an née et au site d’essai. Les plantes GM n’avaient notam ment aucune influence négative sur les autres orga nismes, la biodiversité ou les fonctions des écosystèmes. Croisement Le respect de distances d’isolement suffisantes entre les parcelles GM et les parcelles non GM peuvent minimiser la probabilité de croisement. La distance dépend large ment de l’espèce cultivée. Le blé est essentiellement une plante autogame pour laquelle les taux de croisement sont inférieurs à 1 % (Gustafson et al. 2005) à une dis tance de quelques mètres déjà. Les essais en plein champ faisaient partie des règles de biosécurité émises par l’OFEV. Pour intercepter le pollen, des petites parcelles semées avec la variété de blé Frisal ont été mises en place jusqu’à 200 m de la bordure de la parcelle expéri mentale. La variété Frisal fleurissait en même temps que les lignées Frisal GM Chi et Chi/Glu dans la parcelle d’es sai (Foetzki et al., soumis à publication). Une partie des semences de ces petites parcelles a été semée en serre. Les lignées Chi et Chi/Glu sont également tolérantes au glufosinate, la substance active de l’herbicide Basta®. Les hybrides issus des croisements devraient donc égale ment être tolérants aux herbicides et peuvent être iden tifiés aisément en pulvérisant les plantules avec Basta. Les plantes survivantes aux pulvérisations avec cet herbi cide ont été testées par PCR pour déterminer la présence du gène de résistance à Basta.
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Production végétale | Essais en plein champ avec du blé g énétiquement modifié résistant à l’oïdium
20 18
Taux de mycorhization (%)
16 14 12 10 8 6 4 2
Bo Sb4 bw hit Ca e sa n Fio a rin a Ru bli To ro nit Ch Ch i i/G lu Fr isa l Or ge Tr iti ca le
3b Pm 2 3b Pm 3 3b 4 Sb 1 Sb 2 Sb 3
Pm
Pm
3b 1
0
Figure 7 | Taux de mycorhization de différentes lignées et variétés de blé, ainsi que d’orge et de triticale en 2008 sur le site de Reckenholz. Pm3b1 – 4 : lignées GM de la variété Bobwhite. Sb1 – 4 : lignées sœur de Pm3b1 – 4 . Casana, Fiorina, Rubli, Toronit: variétés de blé commerciales. Chi, Chi/Glu : lignées GM de la variété Frisal.
Durant les trois années d’essai à Reckenholz, plus de 130 000 plantules ont été analysées, plus environ 60 000 autres testées à Pully. Aucun croisement n’a été détecté à Reckenholz, tandis qu’à Pully, deux plantes ont été trouvées en 2009 et une en 2010 dans le semis manteau, c’est-à-dire à une distance maximale de 2,6 m du champ.
Discussion et conclusions Les conditions qui règnent en laboratoire et en serre permettent d’optimiser les approches d’essai afin de tes ter le potentiel d’efficacité des propriétés transgéniques. L’étude a toutefois montré que les essais en plein champ sont indispensables, car les plantes peuvent réagir diffé remment dans les conditions d’un environnement natu rel par rapport à ce que l’on pourrait attendre d’après les essais en laboratoire et en serre. Une évaluation défi nitive du comportement des plantes GM dans l’environ nement ne peut avoir lieu qu’après une étude en plein champ. Analyse des résistances L’introduction de gènes de résistance peut permettre d’accroître la résistance à l’oïdium comme on a pu le montrer avec les lignées à allèles spécifiques Pm3 de la variété Bobwhite. Dès les essais préalables en serres, les lignées Pm3 génétiquement modifiées étaient plus résis tantes que leurs témoins (Brunner et al. 2011). Par contre,
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sur le terrain, les variétés Frisal, Chi et Chi/Glu ne présen taient pas de meilleure résistance à l’oïdium que leur variété initiale, bien qu’une meilleure résistance ait pu être observée en serre. Sachant que la variété Frisal pré sente d’emblée une très bonne résistance, les gènes sup plémentaires issus de l’orge ne parviennent pas dans ce cas à apporter une amélioration. D’après les expériences avec de nombreuses plantes GM, on sait que des gènes supplémentaires chitinase et glucanase peuvent contri buer à une meilleure résistance aux champignons (p. ex. Shin et al. 2008). Répercussions sur les organismes non-cibles Les principaux effets sur les macro- et micro-organismes sont dus aux conditions du site et de l’environnement ainsi qu’aux procédés culturaux. Les différences entre les effets du blé GM et du blé non GM sur les macro- et micro-orga nismes sont moindres et ne sont pas cohérentes au fil des années, ou sont carrément inexistantes. Elles se situent généralement dans l’intervalle de variation naturelle entre les variétés de blé et les autres espèces de céréales. Les paramètres mesurés pour les blés GM étudiés n’indiquent pas d’impacts environnementaux indési rables qui iraient au-delà de la variation des variétés conventionnelles. Les effets observés isolément dans nos essais en plein champ sur les organismes étudiés ne semblent donc pas avoir de conséquences significatives sur le plan écologique.
Essais en plein champ avec du blé g énétiquement modifié résistant à l’oïdium | Production végétale
Prove in campo aperto con frumento geneticamente modificato resistente all'oidio Dal 2008 al 2010, un’associazione di gruppi di ricerca svizzera hanno condotto in due siti delle prove di pieno campo per valutare benefici e rischi ambientali di linee di frumento primaverile geneticamente modificato (GM) che presentano una migliore resistenza all'oidio. Le linee di frumento GM con resistenza specifica all'oidio e una resistenza generale contro funghi patogeni sono state confrontate con varietà di frumento commerciali, linee testimone, nonché con orzo e triticale. Oltre alla resistenza all'oidio sono stati esaminati gli effetti su insetti e altri organismi del suolo (batteri, funghi micorrizici, fauna del suolo) come pure gli incroci spontanei del frumento. Diverse linee di frumento GM si sono rivelate decisamente più resistenti all'oidio rispetto a quelle di controllo. Non sono stati invece riscontrati effetti rilevanti su organismi non bersaglio, sulla loro biodiversità e sulle funzioni ecosistemiche studiate. Nel complesso, le differenze tra linee GM e linee di controllo sono risultate inferiori a quelle tra varietà di frumento commerciali e altre specie di cereali. Casi d’incroci spontanei sono rari e si sono riscontrati soltanto in un breve raggio di distanza dalle piante GM.
Remerciements Nous tenons à remercier le Fonds National Suisse (FNS) d’avoir financé les projets.
Summary
Riassunto
Croisement Les résultats confirment les données disponibles dans la littérature. Le blé affiche des taux de croisements spon tanés très faibles, même à courte distance. Aucun cas de croisement n’a été identifié en dehors du champ d’essai. Les distances d’isolement entre les parcelles de blé peu vent empêcher efficacement tout croisement. n
Field trials with genetically modified powdery mildew-resistant wheat The benefits and environmental risks of genetically modified (GM) spring wheat with improved powdery mildew resistance were investigated on two field sites by a consortium of Swiss research groups from 2008 to 2010. GM wheat lines with specific powdery mildew resistance and general fungal resistance were compared with control lines, commercial wheat varieties, and with barley and triticale. The impact on insects and soil organisms (bacteria, mycorrhizal fungi, soil fauna) as well as outcrossing to wheat were investigated in addition to powdery mildew resistance. Several GM wheat lines were significantly more resistant to powdery mildew than their controls. No relevant impact was found on non-target organisms, their biodiversity or selected ecosystem services. On the whole, the differences between GM and control lines were smaller than between commercial wheat varieties or other cereal crops. Outcrossing events were rare and found only at a short distance from GM test plants. Key words: genetically modified wheat, powdery mildew, disease resistance, non-target organisms, outcrossing.
Bibliographie La liste des publications est disponible auprès de la première autrice.
Recherche Agronomique Suisse 2 (10): 446–453, 2011
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P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Lutte microbienne contre les méligèthes du colza: premières expériences suisses Stefan Kuske, Christian Schweizer et Ursula Kölliker Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich Renseignements: Stefan Kuske, e-mail: stefan.kuske@art.admin.ch, tél. +41 44 377 72 11
Figure 1 | Après avoir quitté leurs quartiers d’hiver, les méligèthes du colza se nourrissent d’abord de différentes plantes fleuries (dent de lion ici), avant de migrer vers les champs de colza, attirés par l’odeur des plantes. (Photo: ART)
Introduction Les méligèthes du colza Meligethes aeneus F. et M. viridescens F. sont les principaux ravageurs du colza (Brassica napus L.). Dans l’agriculture conventionnelle, il faut effectuer régulièrement un à deux traitements insecti cides pour les éliminer. Par contre, en production biolo gique et Extenso, il n’existe ni insecticides, ni autres mesures de lutte efficaces. Or, sans protection adaptée contre ces ravageurs, les dommages causés chaque
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Recherche Agronomique Suisse 2 (10): 454–461, 2011
année lors de la floraison sont considérables, voire mas sifs. Les rendements enregistrent des fluctuations impor tantes et de plus en plus de surfaces sont abandonnées en cours de saison, d’où une réduction du volume de récolte. La surface de culture du colza Bio et Extenso stagne depuis deux à trois ans et les surfaces de semis prévues ne sont pas toujours atteintes. Malgré de bons prix à la production et une demande importante et constante d’huile de colza indigène de production éco logique, l’offre reste limitée. Actuellement, la surface
Lutte microbienne contre les méligèthesdu colza: premières expériences suisses | Production végétale
Résumé
cultivée en colza en Suisse représente environ 22 000 ha, dont environ 3500 ha sont cultivées lors les directives Extenso, et moins de 150 ha de colza lors les directives Bio. Selon la coopérative Biofarm à Kleindietwil, le récent recul des surfaces de semis, pour le colza bio, est dû essentiellement au risque cultural élevé, sachant que le méligèthe du colza est apparemment un facteur limi tant déterminant. Outre le méligèthe du colza, d’autres ravageurs locaux peuvent également jouer un rôle, comme les limaces, les altises, les charançons ou les céci domyies des silliques du colza. Coléoptères adultes à l’origine des dommages Les dommages causés par le méligèthe sur les plantes de colza sont presque exclusivement causés par des coléop tères adultes. Ces derniers se nourrissent uniquement de pollen. Ils passent l’hiver de préférence à la lisière des bois, dans les haies et en bordure des chemins, où ils s’enfouissent dans la couche de litière ou dans la terre riche en humus. Dès le début du printemps, lorsque les températures dépassent 15 °C, ils quittent leurs cachettes et se mettent à la recherche de pollen dans différentes plantes fleuries (fig. 1). Attirés par l’odeur des plantes de colza, l’invasion des coléoptères sur les champs de colza commence par la périphérie. Ils se nourrissent de pollen, s’accouplent et pondent leurs œufs. Avec le temps, les coléoptères colonisent toute la parcelle. Pour se nourrir, ils rongent les boutons floraux, qui sont encore fermés à cette période (fig. 2a). Dès le début de la floraison, ils viennent chercher leur pollen dans les fleurs déjà ouvertes et ne causent pratiquement plus de dommages en rongeant (fig. 2b). Ils déposent leurs œufs à l’intérieur des boutons de fleurs, où les jeunes larves se développe ront (Borg et Ekbom 1996). Les larves elles-mêmes se nourrissent de pollen, mais ne causent pratiquement pas
Figure 2a | Les méligèthes du colza rongent les boutons floraux et détruisent la fleur. (Photo: ART)
La lutte contre le méligèthe du colza sans insecticide représente un enjeu de taille pour l’agriculture écologique. Pour la production biologique et pour la culture selon les directives d’IP-SUISSE, il n’existe actuellement aucune possibilité de lutte efficace contre ce ravageur. Une préparation basée sur un champignon insecticide a été testée afin d’évaluer le potentiel des stratégies de lutte microbienne contre les ravageurs. Des souches indigènes de Beauveria bassiana, un agent pathogène naturel du méligèthe du colza, se sont avérées très efficaces en laboratoire. Les tests effectués sur un produit fongique commercialisé contenant la même espèce de champignon ont également laissé paraître un potentiel pour la lutte contre le méligèthe du colza. En laboratoire, plus de 50 à 60 % des deux principales espèces de méligèthe du colza ont été tués en l’espace de deux jours. Néanmoins, sur le terrain, l’effet a été nettement moindre et la protection contre les dommages causés par le ravageur n’a pas répondu aux attentes. Des formules optimisées contenant le même champignon sont actuellement testées quant à leur efficacité et pourraient à l’avenir apporter une contribution essentielle à la régulation du ravageur dans les cultures écologiques.
Figure 2b | Dès le début de la floraison, les méligèthes changent de destination et se servent de pollen dans les fleurs déjà ouvertes: les dommages causés diminuent rapidement. (Photo: ART)
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Production végétale | Lutte microbienne contre les méligèthesdu colza: premières expériences suisses
Figure 3 | Application sur le terrain du produit fongique à l’aide d’un pulvérisateur à dos. (Photo: ART)
de dommages. Pendant la période de floraison, les larves recherchent aussi des fleurs fraîches (Free et Williams 1978). Lorsqu’elles ont terminé leur développement, elles se laissent tomber au sol pour coconner dans la couche supérieure du sol. La génération suivante sort du sol au début de l’été avant la récolte de colza. Elle ne cause plus aucun dommage sur la parcelle. Peu à peu, ces coléoptères quittent la parcelle et vont chercher du pol len dans d’autres plantes fleuries. Ensuite, ils reprennent leurs quartiers d’hiver (Fritsche 1957). Gestion de l’habitat et préservation des auxiliaires Depuis plusieurs années, la station de recherche Agros cope Reckenholz-Tänikon ART étudie des méthodes de lutte alternatives pour réguler les méligèthes sans insec ticides. Hormis la lutte directe contre les coléoptères, ART a également étudié les possibilités de régulation durable des populations de méligèthes. Büchi et RoosHumbel (1991) ont montré que les larves des principaux ravageurs du colza sont souvent parasitées par des auxi liaires indigènes. Toutefois, un effet sur l’ensemble de la population de ravageurs n’a été que rarement observé. Avec des bandes de fleurs sauvages à proximité des champs de colza et des prairies de fauche extensives, les chercheurs sont parvenus à stimuler certains parasitoïdes importants comme Tersilochus heterocerus et Phradis spp. (Hymenoptera: Ichneumonidae) et à promouvoir leur impact sur le terrain (Büchi 2002, Ulber et al. 2010).
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Distraire, attirer, tuer L’utilisation de navettes (Brassica rapa L.) comme plantes pièges pour les ravageurs du colza a également donné quelques résultats prometteurs (Hokkanen 1991). Pour différentes raisons, les méligèthes du colza préfèrent les navettes pour y trouver le pollen et pondre leurs œufs. Le fait de mélanger un faible pourcentage de semences de navettes dans les semences de colza ou de mettre en place des bandes de navettes en bordures des parcelles a incité les méligèthes à se concentrer sur les plantes pièges et a réduit et retardé la colonisation des plantes de colza (Büchi 1995). En cas de grand nombre de colé optères dans les navettes, il s’est avéré impossible d’évi ter une propagation des méligèthes à l’intérieur des champs de colza. C’est pourquoi un traitement des bandes de plantes pièges aux insecticides a également été proposé (Büchi et al. 1987). Cette option n’est cepen dant pas admissible pour les producteurs de colza Bio et IP-SUISSE. De plus, la mise en place de bandes de navettes en bordures des parcelles entraîne des coûts supplémen taires. Il faut également faire une récolte à part pour évi ter que les graines de navettes ne se mélangent aux graines de colza, car même en faible pourcentage, elles ont un effet négatif sur la qualité de l’huile. Poudres de roches et substances naturelles Plus récemment en Suisse, les stratégies alternatives misent de plus en plus sur la lutte directe contre les colé
Lutte microbienne contre les méligèthesdu colza: premières expériences suisses | Production végétale
optères au printemps. ART a par exemple testé systéma tiquement l’effet d’un grand nombre de produits insecti cides et dissuasifs (huiles végétales, poudres de roches et combinaisons de substances naturelles). Certaines de ces préparations sont actuellement testées en pulvérisation ou en saupoudrage dans les conditions de la pratique par ART et l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL). Peut-être pourront-elles à l’avenir contribuer à réguler le nombre de méligèthes au printemps. Champignons prometteurs Les stratégies de lutte microbienne contre les ravageurs s’annoncent très prometteuses. Dans différentes études européennes, les champignons insecto-pathogéniques, les nématodes et les microsporides ont montré à plu sieurs reprises un potentiel de régulation des méligèthes du colza (Hokkanen 2008). Outre les coléoptères, ils attaquent également les stades évolutifs dans le sol et peuvent avoir un effet durable sur l’ensemble de la population. Dernièrement, des procédés de propaga tion de spores fongiques dans le colza par le biais d’in sectes pollinisateurs (Carreck et al. 2007) ont été testés. Des études antérieures ont confirmé que les abeilles ne courent aucun risque suite à la propagation de ces champignons (Butt et al. 1994). De tels procédés n’ont pas encore été appliqués en Suisse jusqu’à présent. En revanche, en 2004 et 2005, dans le cadre d’une étude de monitoring, des champignons insecto-pathogéniques ont pour la première fois été trouvés sur des méligèthes du colza (Pilz et Keller 2006). Les champignons insecti cides ont été isolés, cultivés et pour la plupart identifiés Tableau 1 | Souches indigènes de Beauveria bassiana , trouvés sur des méligèthes de colza, lieu d’origine et année d’identification. Isolat n°
Lieu/canton d’origine
Lieu/canton d’origine
ART 2572
Rümlang/ZH
2005
ART 2577
Lufingen (Augwil)/ZH
2005
ART 2578
Lufingen (Augwil)/ZH
2005
ART 2587
Berg am Irchel/ZH
2005
ART 2589
Gächlingen/SH
2005
ART 2590
Rümlang/ZH
2005
ART 2592
GlattfeldenZH
2005
ART 2594
Gächlingen/SH
2004
ART 2596
Neunkirch/SH
2004
ART 2598
Niederweningen/ZH
2005
ART 2601
Niederweningen/ZH
2005
ART 2612
Landquart/GR
2005
ART 2613
Landquart/GR
2005
ART 2616
Lanzenneunforn/TG
2005
comme des Beauveria bassiana. Ils sont particulièrement adaptés à la lutte microbienne contre les ravageurs, parce qu’ils peuvent être multipliés simplement, en grosses quantités et à faibles coûts. D'études prélimi naires ont montré que les formules de produits à base de champignons, pulvérisés directement sur les méli gèthes du colza qui colonisent les cultures au printemps (fig. 3), peuvent avoir un effet régulateur sur la popula tion des ravageurs. Dans le cadre de la présente étude, quelques souches de champignons d’ART ont été sélectionnées et testées en laboratoire pour évaluer leur potentiel de régulation sur les méligèthes du colza. De plus, l’efficacité d’un pro duit à base de B. bassiana disponible dans le commerce a également été testée en laboratoire et sur le terrain.
Matériel et méthodes Test en laboratoire 1. Pour évaluer l’efficacité des souches de B. bassiana contre les adultes de méligèthes du colza, un test de virulence a été effectué en laboratoire. Qua torze souches de B. bassiana trouvées dans le nord-est de la Suisse sur des méligèthes du colza ont été sélection nées dans ce but (tabl. 1). Les champignons ont été mul tipliés dans des milieux de culture solides dans des boîtes de Petri et les conidies matures ont été employées pour l’essai. Pour chaque souche, 30 méligèthes de colza adultes ont été plongés pendant cinq secondes dans une suspension contenant 1 × 107 spores par millilitre. Les coléoptères ont ensuite été maintenus en chambre cli matique à une température de 22 °C et à une humidité relative de 70 % pendant une phase lumineuse de 14:10 h L:D. Deux semaines plus tard, le pourcentage de colonisation des coléoptères par les champignons a été relevé. Test en laboratoire 2. Le développement de nou veaux produits fongiques prenant beaucoup de temps et étant très coûteux, un produit à base de B. bassiana déjà disponible dans le commerce a également été testé afin d’évaluer son efficacité contre les méligèthes du colza. Il s’agit du produit Naturalis®, de l’entreprise Intrachem Bio Italia S.p.A. Il contient le champignon B. bassiana souche ATCC 74040. Contrairement aux souches d’ART, celui-ci ne provient pas initialement des méli gèthes du colza, mais il est connu comme étant une souche virulente contre différents insectes ravageurs. Suivant la description du produit, Naturalis® contient une concentration de 2,3 × 107 conidies capables de ger mer par millilitre. En Suisse, le produit est autorisé sous le nom de Naturalis-L notamment contre les mouches blanches dans les serres et les cultures couvertes. Le pro duit a été testé en laboratoire à une concentration de
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Production végétale | Lutte microbienne contre les méligèthesdu colza: premières expériences suisses
Figure 4 | Méligèthes du colza colonisés par Beauveria bassiana. (Photo: ART)
0,5 %. Une solution aqueuse a servi de témoin, tandis que l’insecticide Karate Zeon, dont le principe actif est de la lambda-cyhalothrine (0,015 %), a servi de réfé rence. Afin de faciliter l’interprétation des résultats, les deux principales espèces de méligèthes du colza, Meligethes aeneus et M. viridescens, ont été séparées pour les besoins de l’essai. Pour chaque procédé, les méli gèthes du colza adultes ont été plongés pendant cinq secondes dans une suspension à base de spores. Les colé optères ont ensuite été maintenus en chambre clima tique à une température de 21 °C et à une humidité relative de 70 % pendant une phase lumineuse de 14:10 h L:D. La mortalité des coléoptères a été relevée au bout de 48 h. Essais sur le terrain. En 2009, deux essais ont été réa lisés sur le terrain avec le produit fongique Naturalis-L, l’un à Zurich-Affoltern et l’autre à Rümlang ZH. Les essais ont été réalisés au milieu de champs, en petites parcelles carré latin (3 × 3, superficie des parcelles: 80 m²). Une parcelle était exploitée de manière conventionnelle
(parcelle PER) avec la variété de colza Visby, l’autre était exploitée selon les directives IP-Suisse en condition Extenso avec la variété de colza Aviso (parcelle Extenso). Les produits ont été appliqués sur les parcelles le soir, à l’aide d’un pulvérisateur à dos classique avec une rampe de pulvérisation et des buses Teejet (type: TTJ60 – 11002) à une pression de 4 bar. Les procédés étaient les suivants: témoin (eau), Naturalis-L à 0,5 % (3 l/ha) et insecticide. Le procédé témoin avec de l’eau et le procédé avec Naturalis-L ont été pulvérisés trois fois à raison d’un volume de 600 l/ha. L’insecticide a été épandu à raison de 400 l/ ha. La première pulvérisation d’insecticide a eu lieu sur les deux parcelles avec Karate Zeon (0,075 l/ha). La deuxième pulvérisation d’insecticide a été effectuée avec Zolone (2 l/ha) sur la parcelle PER et avec Biscaya sur la parcelle Extenso (0,3 l/ha). Une autorisation spéciale avait été accordée pour l’emploi d’insecticides sur la par celle Extenso dans le cadre des essais. Sur la parcelle PER, le régime de pulvérisation était le suivant: 6.4. (tous les procédés), 15.4. (tous les procédés), 21.4. (uniquement témoin et Naturalis-L). Sur la parcelle Extenso le régime de pulvérisation était: 6.4. (tous les procédés), 15.4. (uniquement témoin et Naturalis-L), 21.4. (tous les procédés). Le nombre de coléoptères sur la pousse principale a été compté plusieurs fois sur 20 plantes par parcelles, pendant les jours précédant et sui vant les pulvérisations, de même que la part de gousses et le rendement en grains.
Résultats et discussion Potentiel des souches de champignons indigènes Le test de virulence en laboratoire a montré que cinq des quatorze souches indigènes atteignaient des taux de colonisation par les champignons de 60 % à plus de 80 %
% de coléoptères colonisés par les champignons (après 2 semaines)
120% 100% 80% 60% 40% 20%
2587
2578
2594
2572
2589
2598
2596
2592
2590
2613
2616
2601
2612
2577
Témoin
0% Souches de B. bassiana
Figure 5 | Pourcentage (%) de méligèthes du colza colonisés par les champignons après a pplication des souches indigènes de Beauveria bassiana dans le cadre de tests en laboratoire.
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Lutte microbienne contre les méligèthesdu colza: premières expériences suisses | Production végétale
Meligethes aeneus
% de mortalité des coléoptères après 48 h
120%
Meligethes viridescens
100%
80%
60%
40%
20% 120%
0% Témoin (eau)
120% Formule fongique (Naturalis-L)
Meligethes Meligethesaeneus aeneus Meligethes aeneus
Meligethes viridescens
Meligethes Meligethesviridescens viridescens
Insecticide 100%(Karate Zeon)
80%
% Käfermortalität nach 48h
% Käfermortalität nach 48h
Figure 6 | Effet d’un produit à base de B . bassiana 100% ( Naturalis -L) sur les deux principales espèces de méligèthes du colza en Suisse. 80%
60%
et montraient donc qu’ils possédaient un potentiel de différents avantages pour les spores fongiques qu’elle 60% lutte contre les méligèthes du colza (fig. 4 et 5). Cer contient. Les composants huileux peuvent d’une part col taines souches, bien que collectées sur des méligèthes du40% ler légèrement l’ouverture des pores des petits insectes et 40% colza, s’avéraient toutefois insuffisamment efficaces lors affaiblir davantage ces derniers. D’autre part, l’adhérence des tests en laboratoire. ART poursuit actuellement ses20% est plus importante, d’où de meilleures conditions de ger recherches sur de nouvelles formules20% de test optimisées, mination des spores sur le ravageur, ce qui a peut-être contenant les souches les plus prometteuses et les teste 0% contribué à accélérer l’effet insecticide. également sur le terrain. Kontrolle (Wasser) Pilzformulierung Insektizid 0% (Naturalis-L) (Karate Zeon) Traitements en plein champ pratiquement sans effet Kontrolle (Wasser) Pilzformulierung Insektizid (Naturalis-L) Zeon) durablement Les traitements fongiques n’ont (Karate pas réduit Espèces les plus fréquentes de méligèthes attaquées Dans le test en laboratoire avec le produit fongique Natu le nombre de coléoptères sur les pousses principales. Si ralis-L, les deux espèces les plus fréquentes de méligèthes au début du développement des fleurs (BBCH 51), la du colza ont été infectées dans les mêmes proportions par pression d’infestation se situait en dessous du seuil de B. bassiana. Plus de 50 % des coléoptères de M. virides- risque alors en vigueur (un coléoptère par plante), cens et plus de 60 % des coléoptères de M. aeneus ont été aucune réduction des coléoptères n’a pu être mesurée éliminés en deux jours seulement (fig. 6). Par rapport à après le traitement fongique. Seule une légère réduc l’insecticide de référence Karate Zeon (> 80–100 %), le tion a été observée lorsque le nombre de coléoptères procédé à base de champignons a donc donné un résultat dépassait cinq par plante. La réduction du nombre de inférieur. La mortalité légèrement plus faible de coléoptères avait tendance à être la plus forte le premier M. aeneus par rapport à M. viridescens lors du traitement jour après le traitement et se maintenait trois à quatre avec Karate Zeon peut s’expliquer par les résistances par jours. En moyenne, la réduction a été de 15 à 20 %. A tielles connues des populations de M. aeneus contre la l’inverse, les traitements insecticides permettaient d’ob pyréthroïde de type A (Derron et al. 2004). La mort rapide tenir une réduction du nombre des coléoptères allant des coléoptères dans le test avec la solution Naturalis-L ne jusqu’à 70 % pendant près d’une semaine. peut pas être attribuée uniquement à l’effet du champi Aucun effet sur le nombre de gousses et sur le rendegnon, car B. bassiana a généralement besoin de plus de temps pour réussir à infecter les coléoptères. Or, ces der ment Pour l’instant le produit fongique Naturalis-L utilisé en niers ont souvent montré une activité nettement réduite 2009 n’a pas pu confirmer dans les conditions pratiques immédiatement après avoir été plongés dans le produit les résultats prometteurs obtenus en laboratoire. Dans fongique, ce qui pourrait indiquer une action partielle des additifs contenus dans la solution. Le produit com la parcelle PER avec la variété Visby, le nombre de gousses était de 25 par pousse principale avec l’insecticide, de mercial testé présente une formule à base d’huile, qui a
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Production végétale | Lutte microbienne contre les méligèthesdu colza: premières expériences suisses
Extenso (variété: Aviso) PER (variété: Visby) 36 34
Rendement (kg/ha)
32 30 28 26 24 22 Meligethes aeneusAvisio) Meligethes viridescens Extenso (variété:
120%
20
Meligethes aeneus 120% Insecticide Formule fongique (Naturalis-L) 100% Figure 7 | Rendements du colza dans les essais sur petites parcelles en 2009. Natu100% ralis-L appliqué trois fois (6.4., 15.4., 21.4.); insecticides dans la parcelle PER: Extenso: Karate Zeon K arate Zeon (6.4.), Zolone (15.4.); insecticides dans la parcelle80% (6.4.), Biscaya (21.4.). 80%
Meligethes viridescens PER (variété: Visby)
60%
% Käfermortalität nach 48h
% Käfermortalität nach 48h
Témoin (eau)
60%
40%
16 avec le produit fongique et de 13 avec le procédé samment efficace pour éviter les dommages causés par 40% témoin. Sur la troisième pousse secondaire, le nombre de les méligèthes du colza. Le nombre de coléoptères a pu 20% gousses était de 17 avec l’insecticide, de 13 avec le produit être légèrement réduit sur les boutons, mais l’effet n’a 20% fongique et de 11 avec le procédé témoin. Dans la par été que de courte durée. La protection des boutons flo 0% celle Extenso avec la variété Aviso, le nombre de gousses raux était cependant trop limitée pour avoir un effet Kontrolle (Wasser) Insektizid 0% était généralement plus faible: 8 gousses par pousse prin positif sur le nombre dePilzformulierung cosses et sur le rendement. Au (Naturalis-L) (Karate Zeon) Kontrolle (Wasser) Pilzformulierung Insektizid cipale avec l’insecticide, 3 avec le produit fongique et éga départ, le produit fongique testé n’était pas prévu pour (Naturalis-L) (Karate Zeon) lement 3 avec le procédé témoin. Le nombre de gousses être utilisé sur le colza. C’est sans doute pour cela que par pousse secondaire était de 5 avec l’insecticide, 4 avec seul un résultat partiel a été obtenu contre les méli le produit fongique et 3 avec le procédé témoin. Les gèthes du colza. Des essais préalables avec des souches différences entre le procédé témoin et le produit fon de champignons indigènes propres à ART ont toutefois gique n’étaient pas significatives, tandis que la variante montré que différentes souches présentaient un meilleur avec l’insecticide obtenait dans tous les cas des résultats potentiel pour des applications futures contre les méli significativement supérieurs à ceux du procédé témoin et gèthes du colza (Kuske 2009). Il reste cependant à trou du produit fongique (ANOVA; p < 0,05). ver une formule adaptée à l’application sur le terrain Les relevés de rendement ont donné un résultat simi dans les champs de colza. Des travaux récents ont permis laire. Bien qu’en valeur absolue, les rendements obtenus d’obtenir des résultats prometteurs avec différentes for avec le produit fongique dans les deux essais sur le ter mules tests, même sur le terrain (données non publiées). rain se soient situés entre ceux du procédé témoin et du Les travaux de recherche et de développement en cours procédé de référence avec l’insecticide, aucune aug ont pour but d’arriver à ce que les préparations à base mentation majeure du rendement n’a été enregistrée de champignons puissent contribuer, seules ou en com par rapport au procédé témoin. En revanche, les pulvéri binaison avec d’autres stratégies de lutte alternatives, à sations d’insecticide ont entraîné des hausses significa réguler les méligèthes du colza. n tives des rendements d’environ 7 kg/a dans la parcelle Remerciements PER et d’environ 3 kg/a dans la parcelle Extenso par rap L’essai de terrain a pu être réalisé grâce à la participation financière d’IP-SUISSE port au procédé témoin (fig. 7). et de BioSuisse et à l’engagement de Beat Held. Nous tenons à les en remercier chaleureusement.
Perspectives pour les produits fongiques Le produit fongique Naturalis-L disponible dans le com merce et testé dans cette étude ne s’est pas avéré suffi
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Lotta microbiologica al meligete della colza: prime esperienze in Svizzera. La lotta al meligete della colza senza insetticidi rappresenta una sfida impegnativa per l'agricoltura ecologica. Per la produzione biologica e la coltivazione secondo le direttive di IP-SUISSE, attualmente, non esistono possibilità di lotta efficaci. Al fine di stimare il potenziale di strategie di lotta microbiologica agli organismi nocivi, è stata testata una procedura basata su un fungo che uccide gli insetti. Isolati indigeni di Beauveria bassiana, individuati sul meligete della colza come agenti patogeni naturali, hanno dato risultati soddisfacenti in laboratorio. È stato, infatti, esaminato un prodotto fungino in commercio a base della stessa specie di fungo individuandone il potenziale per la lotta al meligete della colza: nell'arco di due giorni si è eliminato in laboratorio il 50–60 % degli insetti delle due specie principali. In campo aperto, l'effetto è tuttavia decisamente minore e la protezione dal meligete è inferiore alle aspettative. Attualmente si sta testando l'efficacia di formulazioni fungine ottimizzate, che in futuro potrebbero contribuire in modo fondamentale alla regolazione di quest’organismo nocivo nella coltivazione ecologica.
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Summary
Riassunto
Lutte microbienne contre les méligèthesdu colza: premières expériences suisses | Production végétale
Microbial pollen beetle control: initial experience gained in Switzerland Pollen beetle control without insecticides presents a major challenge to organic farming. There are currently no effective options available for controlling infestations in bioproduction or cultivation conforming to IP-SUISSE guidelines. An insecticidal fungusbased method was tested to assess the potential of microbial pest control strategies. Domestic isolates of Beauveria bassiana, found as natural pathogens on the pollen beetle, proved effective in the laboratory. Tests using a commercially available fungal product based on the same species of fungus also indicated a potential for pollen beetle control. More than 50 to 60 percent of the two most important species of pollen beetle were killed in the lab within two days. Under field conditions, however, the effect was significantly less and protection from beetle attack fell short of expectations. The effectiveness of optimized fungal formulations is currently being tested, and in future these may play an important part in controlling the pest in organic farming. Key words: microbial control, pollen beetle, Beauveria bassiana
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P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Importance et distribution du nouveau biotype Nr:1 du puceron de la laitue en Suisse alémanique Cornelia Sauer-Kesper, Noël Lucia, Hanspeter Buser et Ute Vogler, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil Renseignements: Cornelia Sauer-Kesper, e-mail: cornelia.sauer@acw.admin.ch, tél. +41 44 783 62 46
Figure 1 | Puceron de la laitue ailé avec nymphes sur une feuille de laitue. (Photo: ACW)
Introduction Le puceron de la laitue Nasonovia ribisnigri (Mosley) – ci-après Nasonovia (fig. 1) – est en Suisse alémanique, comme dans toute l’Europe centrale, le puceron prépon dérant dans les cultures de laitue (Lactuca sativa L.; Rei nink & Dieleman 1993). En Suisse alémanique, sa propor tion de la population totale de pucerons colonisant les têtes de laitue est de 52 à 100 % dans les plantations du début de l’été (Kesper et al. 1998).
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Jusqu’à la fin des années 1990, les principaux organismes nuisibles des laitues cultivées au champ étaient les puce rons, le mildiou de la laitue (Bremia lactucae) et les pour ritures de la laitue (Rhizoctonia solani, Sclerotinia sclerotiorum). Selon nos études menées auprès de maraîchers, les pucerons causaient des baisses de rendement pouvant atteindre 70 % (Kesper & Gysi 2002). S’appuyant sur les prescriptions suisses relatives à la qualité des légumes, le commerce ne tolère dans la marchandise récoltée ni les
pucerons, ni leurs antagonistes, ni les dégâts dus à leurs piqûres. De plus, les attaques de Nasonovia se concen trent dans le cœur de la plante et les couronnes foliaires internes des têtes; les traitements doivent donc interve nir exactement au moment de l’arrivée des pucerons ailés et avant la fin de la pommaison. Les prescriptions du commerce en matière de qualité ainsi que la biologie du ravageur imposent des contraintes strictes en matière de lutte chimique. L’absence de pucerons ou de leurs dégâts ne peut pas être garantie dans tous les cas. Résistance variétale de la laitue à Nasonovia ribisnigri (Nr:0) La découverte du gène de la résistance au biotype Nr:0 du Nasonovia dans la laitue sauvage Lactuca virosa à l’Insti tut de sélection végétale en horticulture (IVT) de Wage ningen, aux Pays-Bas, a été une grande avancée pour la culture de la laitue. Il s’agit d’un gène dominant qui confère à la laitue une résistance absolue à Nasonovia (Eenink et al. 1982 a, b). Par contre, la protection est nulle ou médiocre contre le puceron à stries vertes de la pomme de terre (Macrosiphum euphorbiae) ou contre le puceron vert du pêcher (Myzus persicae; Reinink & Dieleman 1989). Le facteur de résistance n’a pas été identifié. Selon les recherches menées par van Helden et al. (1993 a, b), les jeunes pucerons présents sur les plants de laitue résistants interrompent la succion peu après avoir piqué le phloème, où l’on pense que le facteur de résistance est localisé. Il s’agit probablement d’un inhibiteur d’in gestion. Les Nasonovia ne peuvent pas se nourrir sur les lignées résistantes, où ils ne sécrètent pas de miellat ni ne procréent. En 1997 sont apparues sur le marché européen les premiers cultivars résistants à Nasonovia (résistance au biotype Nr:0). Après amélioration de leurs qualités culturales et commerciales par la sélection, leur culture s’est imposée dans de vastes régions d’Europe centrale au cours de la dernière décennie. L’utilisation de culti vars dotés de la résistance au Nr:0 est ainsi devenue l’un des principaux outils de lutte contre Nasonovia et a fait régresser l’utilisation d’insecticides. Un nouveau biotype de Nasonovia brise la résistance variétale Van der Arend (2003) jugeait possible l’émergence d’un biotype de Nasonovia capable de briser la résistance au Nr:0. Il était d’avis que la haute spécificité du nuisible à son hôte, la laitue, et la forte pression de sélection par la culture à grande échelle de cultivars porteurs de la résis tance au Nr:0, favoriserait le contournement de la résis tance, surtout en l’absence de mesures complémentaires de prévention et de lutte directe.
Résumé
Importance et distribution du nouveau biotype Nr:1 du puceron de la laitue en Suisse alémanique | Production végétale
En Europe centrale, le puceron prépondérant dans les cultures de laitue au champ est le puceron de la laitue Nasonovia ribisnigri (Mosley). La culture de cultivars résistants à cette espèce (résistance au biotype Nr:0) a été dans toute l’Europe un élément clé de la lutte contre ce ravageur. Ceci jusqu’au contournement de cette résistance, en 2007, par le nouveau biotype Nr:1, identifié pour la première fois en 2008 en Suisse alémanique. La propagation du biotype Nr:1 en Suisse alémanique a pu être mise en évidence par des biotests en chambre climatisée. Jusqu’en 2010, il s’est propagé des principales régions de culture à des zones de culture plus écartées. Malgré ce contournement de la résistance, la culture de cultivars de laitue résistants au Nr:0 reste recommandée car le biotype Nr:1 s’y développe moins bien que sur les cultivars sensibles au Nr:0. Les cultivars résistants au Nr:0 offrent ainsi une protection partielle contre le biotype Nr:1.
En été et en automne 2007, de petits foyers circonscrits de contamination par Nasonovia sont apparus dans les plantations résistantes au Nr:0 de quelques régions de France, de Belgique, d’Allemagne et d’Autriche. Nak tuinbouw, l’organisation indépendante de contrôle de la qualité en horticulture aux Pays-Bas, confirmait au printemps 2008 la présence d’un nouveau biotype de Nasonovia (Enza Zaden 2008). Distinction entre le biotype Nr:1 et le biotype Nr:0 La désignation de biotype Nr:1 s’applique à un nouveau biotype capable d’attaquer les laitues résistantes au Nr:0 et de s’y multiplier (Enza Zaden 2008). Le type originel de Nasonovia, incapable d’attaquer les laitues résis tantes au Nr:0, est appelé biotype Nr:0. Situation en Suisse alémanique Pendant la saison 2008 des cultures de plein champ, le biotype Nr:1 s’est propagé à d’autres régions de culture d’Europe centrale. En Suisse alémanique, il a été détecté
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Production végétale | Importance et distribution du nouveau biotype Nr:1 du puceron de la laitue en Suisse alémanique
Tableau 1 | Cultivars de laitue utilisées dans les biotests pour la détermination du biotype de Nasonovia ribisnigri en 2009 et en 2010 Nom du cultivar (sélectionneur)
Type de laitue
Résistance à N. ribisnigri1
Biotests 2009 Ovation (Enza Zaden)
Laitue pommée verte
Nr:–
Véronique (Nunhems)
Laitue pommée verte
Nr:0
Verdi (inconnu)
Feuille de chêne verte
Nr:–
Veredes (Nunhems)
Feuille de chêne verte
Nr:0
Biotests 2010 Ovation (Enza Zaden)
Laitue pommée verte
Nr:–
Véronique (Nunhems)
Laitue pommée verte
Nr:0
Mafalda (Nunhems)
Laitue pommée verte
Nr:0
Santoro (Rijk Zwaan)
Laitue pommée verte
Nr:0
Nr:- = cultivar de laitue sensible sans résistance Nr, Nr:0 = cultivar de laitue avec r ésistance au biotype Nr:0.
1
pour la première fois en automne 2008 dans les cantons de Berne et de Zurich (Sauer & Enz /Agroscope ChanginsWädenswil, 2008). Les études présentées ici témoignent de l’expan sion du biotype Nr:1 en Suisse alémanique. Leur but était, partant des résultats obtenus dans les cultures suisses de laitue, d’évaluer l’efficacité des laitues résis tantes au Nr:0.
Matériel et méthodes Détermination du biotype de Nasonovia par des biotests En 2009, des individus de Nasonovia ont été collectés au début de l’été dans des cultures prêtes à la récolte sur neuf sites de Suisse alémanique et un site en Suisse romande pour être soumis à un biotest en chambre cli matisée. Des échantillons ont été prélevés à nouveau sur
Tableau 2 | Cultivar de laitue pommée utilisées en 2010 sur le domaine expérimental Sandhof ACW au champ et dans le biotest Nom du cultivar (sélectionneur)
Résistance à N. ribisnigri1
Ovation (Enza Zaden)
Nr:–
Maditta (Enza Zaden)
Nr:0
Véronique (Nunhems)
Nr:0
Mafalda (Nunhems)
Nr:0
Touareg (Seminis)
Nr:0
Beltran (Syngenta Seeds)
Nr:0
Gisela (Rijk Zwaan)
Nr:0
Santoro (Rijk Zwaan)
Nr:0
Nr:- = cultivar de laitue sensible (sans résistance Nr), Nr:0 = cultivar de laitue avec résistance au biotype Nr:0.
1
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deux des sites en 2010. Les biotests ont été effectués selon le dispositif expérimental préconisé par l’Institut Naktuinbouw aux Pays-Bas (Smilde 2009). Pour chaque site, 15 plants de laitue d’un total de quatre cultivars de laitue avec et sans résistance au biotype Nr:0 (tabl. 1) ont été élevés sous filets de protection et repiqués en pots de 10 cm de diamètre. Chaque jeune plant a été inoculé 14 jours après le semis avec cinq nymphes de Nasonovia d’âges différents issues des échantillons de pucerons prélevés sur chacun des sites. Chaque plant inoculé a été recouvert d’un godet en plastique dont on avait enlevé le fond, remplacé par une fine gaze afin d’éviter l’émi gration des pucerons. Les plants ont été ensuite placés dans les chambres climatisées et cultivés à 60 % d’humi dité relative à 22 °C de 6 à 22 h (éclairage photopério dique avec tubes fluo 40 W) et à 20 °C 22 à 6 h (sans éclairage) avec un arrosage régulier. Dix jours après l’inoculation, le nombre de Nasonovia vivants (adultes ailés et aptères, ainsi que les nymphes) était relevé pour chaque plant testé. Évaluation de la résistance au champ et comparaison avec les résultats des biotests Sur le domaine expérimental Sandhof de la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW à Wädenswil, le biotype Nr:1 avait été détecté en 2008. Avec des Nasonovia du site expérimental, deux biotests ont été effectués selon le schéma décrit plus haut avec sept cultivars de laitue pommée verte résistants au Nr:0 et un cultivar dépourvu de résistance (Nr: -; tabl. 2; Smilde 2009). Il s’agissait de déterminer le biotype de puceron prédominant sur le site expérimental. Le but était également de comparer la sensibilité des huit culti vars de laitue pommée dans le biotest et au champ. Pour le test de résistance au champ, les mêmes culti vars ont été élevés au début de l’été dans deux planta tions disposées en bloc randomisé, avec cinq répétitions. Une fois que les laitues avaient atteint la maturité, on a relevé le nombre de Nasonovia aptères par tête ainsi que le nombre total de pucerons aptères d’autres espèces dans six têtes par répétition et par cultivar. Avant l’essai, les plantons ont été protégés avec des
Tableau 3 | Dates de semis, de plantation et de récolte pour les deux plantations de l’essai au champ mené sur le domaine expérimental Sandhof ACW en 2010 N° de plantation
Date de semis
Plantation et début de l’essai
Date de récolte avec évaluation
1
29.03.2010
26.04.2010
02.06. et 03.06.2010
2
23.04.2010
25.05.2010
30.06. et 01.07.2010
Importance et distribution du nouveau biotype Nr:1 du puceron de la laitue en Suisse alémanique | Production végétale
sur ces sites appartenaient au biotype Nr:0. Lors des tests relatifs à cinq autres sites, aussi bien les laitues sensibles que les cultivars résistants au Nr:0 étaient attaquées par des Nasonovia (fig. 2b). Il faut supposer que le biotype Nr:1 était présent sur ces sites, mais on ne peut exclure une attaque mixte des biotypes Nr:0 et Nr:1. Les cultivars sensibles «Ovation» et «Verdi» présentaient dans la plu part des cas une colonisation de pucerons significative ment plus élevée que les cultivars «Véronique» et «Veredes» résistants au Nr:0. Pendant la saison 2009, le biotype Nr:1 a pu être détecté principalement dans les grandes régions de
filets contre l’arrivée de nouveaux pucerons. Du semis jusqu’à l’évaluation au moment de la récolte au champ, aucun traitement insecticide n’a été effectué (tabl. 3).
Résultats et discussion Répartition en 2009 et 2010 du biotype Nr:1 en Suisse alémanique Les résultats des biotests de l’année 2009 pour cinq sites suisses, où les Nasonovia volontairement introduits n’ont pu se développer sur les cultivars résistants au Nr:0, sont résumés à la figure 2a. Les pucerons collectés et testés
Nombre moyen de pucerons de la laitue par plant + écart-type
Site 1 120 100 80 60 40 20 0
a
c
1
2
Site 8 b
c
3
4
120 100 80 60 40 20 0
a
b
1
2
Site 3 120 100 80 60 40 20 0
a
1
b
b
3
120 100 80 60 40 20 0
4
b
c
a
c
1
2
3
4
Site 9 a
2
Site 10 a
3
b
a
120 100 80 60 40 20 0
b
a
b
Cultivars de laitue: 1-Ovation, sensible (Nr:-) 2-Véronique, résistante (Nr:0) 3-Verdi, sensible (Nr:-) 4-Veredes, résistante (Nr:0)
4
1
2
3
4
Figure 2a | Résultats des biotests 2009. Nombre moyen de pucerons de la laitue ( N. ribisnigri ) sur deux variétés de laitue sensibles et sur deux variétés de laitue Nr:0-résistantes pour cinq sites infestés avec le biotype Nr:0. Des lettres différentes indiquent une différence s ignificative. Test Mann-Whitney U: P < 0,05, N=15.
Site 5
Nombre moyen de pucerons de la laitue par plant + écart-type
Site 2 120 100 80 60 40 20 0
a
1
b
a
2
3
b
120 100 80 60 40 20 0
4
a
c
b
Cultivars de laitue: 1-Ovation, sensible (Nr:-) 2-Véronique, résistante (Nr:0) 3-Verdi, sensible (Nr:-) 4-Veredes, résistante (Nr:0)
1
2
3
4 Site 7
Site 6
Site 4 120 100 80 60 40 20 0
a
a
b
a
a
1
2
3
4
120 100 80 60 40 20 0
a
b
a
b
1
2
3
4
120 100 80 60 40 20 0
a
b
a
ab
1
2
3
4
Figure 2b | Résultats des biotests 2009. Nombre moyen de pucerons de la laitue ( N. ribisnigri ) sur deux de laitue sensibles et sur deux cultivars de laitue Nr:0-résistants pour cinq sites où le biotype Nr:1 est présent. Des lettres différentes indiquent une différence s ignificative. Test de Mann-Whitney: P < 0,05, N=15, exception site 7: cultivar 1-N=5, cultivar 4-N=2.
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Production végétale | Importance et distribution du nouveau biotype Nr:1 du puceron de la laitue en Suisse alémanique
Site 1 120
a
b
bc
c
Nombre moyen de pucerons de la laitue par plant + écart-type
100 80 60 40 20 0
120
1
2
a
c
1
2
Site 10
3
4
b
c
3
4
100 80 60 40 20 0
Cultivars de laitue: 1-Ovation, sensible (Nr:-) 2-Véronique, résistante (Nr:0) 3-Mafalda, résistante (Nr:0) 4-Santoro, résistante (Nr:0)
Figure 3 | Résultats des biotests 2010. Nombre moyen de pucerons de la laitue ( N. ribisnigri ) sur un cultivar de laitue sensible et sur trois cultivars de laitue Nr:0-résistants pour deux sites où le biotype Nr:1 est présent. En 2009, seul le biotype Nr:0 a été décelé sur ces sites (cf. fig. 2a). Des lettres différentes indiquent une différence significative. Test de Mann-Whitney U: P < 0,05, N=15.
cultures continues des cantons de Zurich, d’Argovie, de Berne et de Fribourg (Seeland). Les attaques n’ont causé que dans de rares cas des baisses de rendement. Il faut cependant relever qu’en 2009, la pression des pucerons sur les laitues a été modérée. D’après les considérations de Schut (2009), le biotype Nr:1 devrait se maintenir sur les sites colonisés et y réapparaître aussi l’année sui vante. L’évolution de la distribution du biotype Nr:1 a été ensuite suivie dans les biotests de 2010. Ces travaux ont montré qu’il avait entre-temps aussi colonisé des sites plus écartés, à l’est et à l’ouest des grandes régions de cultures précitées, là où l’année précédente, les biotests 2009 n’avaient révélé que la présence du biotype Nr:0 dans les échantillons de laitue examinés (fig. 3).
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Les biotests décrits ici sont actuellement le seul moyen de détecter la présence du biotype Nr:1 de Nasonovia sur un site donné. On a eu recours à ces tests pour suivre son expansion en Suisse alémanique dans les années 2009 et 2010 (fig. 4). Il faut s’attendre à ce que le biotype Nr:1 continue de se propager. Sensibilité variable des cultivars résistants au Nr:0 dans les biotests La présence du biotype Nr:1 du Nasonovia sur le domaine expérimental du Sandhof d’ACW a été confirmée dans deux biotests 2010. Comme c’était déjà le cas dans les biotests de 2009, on a observé des différences significa tives d’effectifs moyens de Nasonovia par plant sur les sept cultivars testées de laitue résistantes au Nr:0 (fig. 5). Les cultivars «Maditta» et «Mafalda» présentaient plus de Nasonovia par plant que les autres cultivars résistants au Nr:0 testés. Selon les biotests, ils devraient être quali fiés de légèrement plus sensibles. Tolérance des cultivars résistants au Nr:0 contre le biotype Nr:1 Le nombre de pucerons ayant pu se développer était le plus élevé sur «Ovation», une laitue sans résistance au Nr: 0. Dans le biotest, elle formait des feuilles très rabou gries présentant de nombreuses traces de piqûres bru nies. Aucun des cultivars résistants au Nr:0 attaqués ne présentait de tels symptômes d’attaque par des pucerons, même les plus infestées. Moins endommagés par les
Numéros des sites: 1-12 Résultats des biotests: a = Biotype-Nr:1 2008 b = Biotype-Nr:1 2009 c = Biotype-Nr:1 2010 D = Biotype-Nr:0 2009 9D 8D 6b 7b 10c D 5b 12ac 4b 3D 11a2b 1c D
Figure 4 | Présence des biotypes Nr:1 et Nr:0 du puceron de la laitue ( N. ribisnigri ) sur douze sites sur le Plateau suisse durant les a nnées 2008 à 2010 selon les biotests effectués. Laboratoire 2008: entreprise Rijk Zwaan, NL. Laboratoire 2009, 2010: ACW Wädenswil. Les numéros des sites 1–10 correspondent à ceux des fig. 2a,b et 3. Le 11 représente une exploitation dans le Seeland (BE), le 12 au d omaine expérimental d’ACW à Wädenswil (ZH).
Importance et distribution du nouveau biotype Nr:1 du puceron de la laitue en Suisse alémanique | Production végétale
Nombre moyen de pucerons de la laitue par plant + écart-type
120
a
100
Infestation d’un cultivar sensible (Nr:-) Infestation d’un cultivar résistant (Nr:0)
80
b bc
60
cd 40
de de
de
20
e
r:0 )
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Figure 5 | Résultats des deux Biotests 2010 du domaine expérimental Sandhof d’ACW à Wädenswil, où le biotype Nr:1 est présent. Moyenne des totaux de pucerons de la laitue ( N. ribisnigri ) sur un cultivar sensible et sept cultivars Nr:0-résistants de laitue. Des lettres d ifférentes indiquent une différence significative. Test de Mann-Whitney U: P < 0,05, N=30 (2 tests), exceptions: Mafalda N=29, Gisela N=17, Santoro N=23.
Nasonovia que les cultivars sensibles, les plants des culti vars résistants au Nr:0 présentaient ainsi en biotest une certaine tolérance au biotype Nr:1 (Van der Arend 2003).
fectif moyen de pucerons d’autres espèces était, selon le cultivar de laitue, de trois à huit individus par tête de laitue. Dans les conditions de culture en plein champ, il n’y avait pas de différences significatives entre les cultivars de laitue résistants au Nr:0 quant à la charge moyenne de Nasonovia aptères (fig. 6). Dans les cultures, elles pré sentaient en présence du biotype Nr:1 la même sensibi lité, que celle que les biotests avaient mise en évidence sur le site expérimental. Les différences constatées sur
Test de résistance au champ et comparaison avec les résultats des biotests Sur le domaine expérimental Sandhof, Nasonovia était le puceron prédominant dans les deux plantations du début de l’été. Sa proportion de l’effectif total de puce rons de toutes espèces était en moyenne de 91,6 %. L’ef
Nombre moyen de pucerons de la laitue par plant + écart-type
400
a
Infestation d’un cultivar sensible (Nr:-) Infestation d’un cultivar résistant (Nr:0)
300
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b
b
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Figure 6 | Résultats de l’essai de résistance au champ sur le domaine expérimental Sandhof d’ACW à Wädenswil en 2010. Nombre moyen de pucerons de la laitue aptères sur un cultivar sensible et sur sept cultivars Nr: 0-résistants de laitue. Des lettres différentes indiquent une différence significative. Test de Tukey HSD: P < 0,05, N=60 (2 plantations).
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Production végétale | Importance et distribution du nouveau biotype Nr:1 du puceron de la laitue en Suisse alémanique
les jeunes plants, dans le biotest, entre les cultivars résis tants au Nr:0, étaient probablement dues à des proprié tés qui par la suite se sont nivelées pendant la phase de croissance au champ. Les cultivars de laitue résistants au Nr:0 offrent une protection partielle contre le biotype Nr:1 Dans des conditions de culture en plein champ, jusqu’à la date de récolte, il se développait sur le cultivar sensible «Ovation» 4,5 fois plus de Nasonovia qu’en moyenne sur les cultivars de laitue résistants au Nr:0. En présence du biotype Nr:1, l’infestation sur les cultivars résistants au Nr:0 était nettement plus faible (fig. 6), ce qui montre que celles-ci offraient une protection partielle en com paraison avec le cultivar sensible «Ovation». L’efficacité de cette protection partielle sur un site est très probable ment influencée par les mesures de lutte, par des fac teurs biotiques tels que l’importance relative des diffé rents biotypes à l’intérieur de la population locale de Nasonovia et par des facteurs abiotiques. Un paramètre important pour l’expansion de Nasonovia est la tempé rature, avec un optimum à 20 – 24 °C. Il faut donc comp ter sur une forte pression d’immigration et une multipli cation massive dans ce domaine de températures (Diaz & Fereres 2005). Sur le site expérimental examiné, l’infesta tion par Nasonovia était modérée en 2010. Il y a lieu de vérifier si la protection partielle des cultivars résistants au Nr:0 contre le biotype Nr:1 est moins marquée pen dant les années à forte infestation.
Conclusions ••Après le contournement de la résistance au Nr:0, une stratégie de lutte polyvalente contre Nasonovia s’avère indispensable. Actuellement, il n’est pas possible de prédire si et quand des cultivars de laitue résistants au Nr:1 seront disponibles. ••La culture de cultivars résistants au Nr:0 doit être recommandée sur tous les sites, car ils offrent une protection partielle en cas d’infestation par le biotype Nr:1. Une combinaison de cultivars résistants au Nr:0 et de cultivars sensibles est conseillée en vue de réduire la pression de sélection. ••Afin d’interrompre le cycle de développement du ravageur, les résidus de récolte devraient être broyés et enfouis immédiatement après la récolte. Les plantations rapprochées dans le temps sont à éviter et un changement des surfaces cultivées est recom mandé.
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••L’utilisation de semences traitées à l’imidaclopride fait baisser le taux d’infestation des têtes de laitue. Cependant, elle ne garantit pas dans tous les cas l’absence d’attaque de Nasonovia pendant la princi pale saison d’infestation. ••Lors des vols de Nasonovia, il convient de prêter attention au service d’alerte afin de pouvoir débuter à temps les contrôles des cultures. C’est le seul moyen de suivre sur place le début et la durée du vol et de traiter à temps les cultures. Afin d’utiliser le potentiel de lutte des antagonistes, on donnera la préférence aux produits épargnant les auxiliaires, surtout avant la fin de la pommaison. L’efficacité du traitement devra être vérifiée par des contrôles de plants. En cas de répétition de la pulvérisation, il est indispensable de changer de groupe de substance active. ••Malgré les grands efforts entrepris du côté des producteurs, l’infestation par des pucerons et la présence d’auxiliaires dans les laitues ne peuvent pas toujours être évités. Le défi à relever ici reste celui d’informer les consommateurs et le commerce pour n les inciter à plus de tolérance.
Importanza e diffusione del nuovo biotipo Nr:1 dell’afide della lattuga nella Svizzera tedesca L’afide della lattuga, Nasonovia ribisnigri (Mosley), che colpisce l’insalata coltivata in campo aperto, è la specie di afide più importante in Europa. La coltivazione di varietà resistenti a questa specie (resistenza Nr:0) ha rappresentato un elemento importante nella sua lotta a livello europeo sino alla rottura di questa resistenza. Dal 2007 è comparso un nuovo biotipo di quest’afide in grado di rompere questa resistenza Nr:0, Denominato biotipo Nr:1 ha fatto la sua prima comparsa nella Svizzera tedesca nel 2008. Attraverso a test biologici condotti in camere climatiche si è potuto documentare la diffusione di questo biotipo nella Svizzera tedesca. Fino al 2010, l‘afide si è diffuso a partire dalle principali zone di coltivazione sino a raggiungere anche zone discoste. Malgrado la rottura di questa resistenza, la coltivazione di varietà di lattuga con la resistenza Nr:0 rimane comunque consigliata, in quanto il biotipo Nr:1 fatica a svilupparsi su queste varietà in confronto a quelle senza resistenza. In questo modo le varietà resistenti al Nr:0, anche in presenza del biotipo Nr:1, offrono una protezione parziale.
Bibliographie ▪▪ Diaz B. M. & Fereres A, 2005. Life table and population parameters of Nasonovia ribisnigri (Homoptera: Aphididae) at different constant temperatures. Environmental Entomology 34 (3), 527–534. ▪▪ Eenink A.H., Groenwold R. & Dieleman F. L., 1982a. Resistance of lettuce ( Lactuca) to the leaf aphid Nasonovia ribis nigri. 1. Transfer of resistance from L. virosa to L. sativa by interspecific crosses and selection of resistant breeding lines. Euphytica 31 (2), 291–300. ▪▪ Eenink A.H., Groenwold R. & Dieleman F. L., 1982b. Resistance of lettuce ( Lactuca) to the leaf aphid Nasonovia ribis nigri. 2: Inheritance of the r esistance. Euphytica 31 (2), 301–304. ▪▪ Enza-Zaden, 2008. Unabhängiges Labor bestätigt das Vorhandensein e ines neuen Biotyps von Nasonovia ribisnigri. Communication écrite du 28.04.2008. ▪▪ Kesper C., Keller F., Reller B., Schätti P., Müller S. & Bötsch R., 1998. Blattlausanfälligkeit, Anbau- und Marktwert von Kopfsalat- und Eis salatsorten mit Resistenz gegen die Grüne Salatlaus ( Nasonovia ribisnigri ). Der Gemüsebau 60 (11), 4–6. ▪▪ Kesper C. & Gysi C., 2002. Crop protection strategies in Switzerland. In: Integrated and ecological crop protection. VEGINECO Project Report No. 4. (éd. W. Sukkel & A. Garcia Diaz). Applied Plant Research BV, Lelystad, NL.
Summary
Riassunto
Importance et distribution du nouveau biotype Nr:1 du puceron de la laitue en Suisse alémanique | Production végétale
The new biotype Nr:1 of the currant lettuce aphid: its distribution and impact on Swiss lettuce production The currant lettuce aphid, Nasonovia ribisnigri (Mosley) is the most common aphid species on field-grown lettuce in Europe. Cultivation of lettuce varieties, resistant to the currant lettuce aphid (possessing the resistance Nr:0), was an important tool to control Nasonovia in the crop, until the plant resistance was broken down. In 2007, the currant lettuce aphid evolved a new biotype, which overcomes the lettuce resistance gene Nr:0. This biotype is designated as biotype Nr:1. Its presence was recorded in North and Central Switzerland for the first time in 2008. The dispersion of biotype Nr:1 in these parts of Switzerland was monitored using biotests in a climate chamber. According to the results, the biotype Nr:1 colonized the main lettuce production areas and dispersed also to remote sites until 2010. In comparison to susceptible lettuce, the biotype Nr:1 showed a lower performance on Nr:0 resistant cultivars. Therefore, varieties conferring the Nr:0 resistance are useful to reduce the infestation by biotype Nr:1. Although the resistance is broken down, their cultivation is still recommended. Key words: currant lettuce aphid, Nasonovia ribisnigri, resistance gene Nr:0, biotype, Lactuca sativa, lettuce.
▪▪ Reinink K. & Dieleman F. L. 1989. Comparison of sources of resistance to leaf aphids in lettuce ( Lactuca sativa L .). Euphytica 40 (1 – 2), 21–29. ▪▪ Reinink K. & Dieleman F.L. 1993. Survey of aphid species on lettuce. IOBC/WPRS Bulletin 16 (5), 56–68. ▪▪ Sauer C. & Enz C./Agroscope Changins-Wädenswil, 2008. Kopfsalat verliert Abwehr gegen Grüne Salatlaus. Communiqué de presse. Accès: http://www.agroscope.admin.ch/aktuell/00198/00199/00955/00963/index.html?lang=de [18.11.2008]. ▪▪ Smilde D./Naktuinbouw Institut NL, 2009. Communications personelles. ▪▪ Schut J./Rijk Zwaan NL, 2009. Communications personelles. ▪▪ Van der Arend A. J. M., 2003. The possibility of Nasonovia ribisnigri r esistance breaking biotype development due to plant host resistance: a literature study. In: Eucarpia Leafy Vegetables (éd. Th.J.L. von Hintum, A. Lebeda, D. Pink & J. W. Schut). CGN: 75–81. ▪▪ Van Helden M., Tjalingii W. F. & Dieleman F. L., 1993a. The resistance of lettuce ( Lactuca sativa L .) to Nasonovia ribisnigri: bionomics of N. ribisnigri on near isogenic lettuce lines. Entomologia Experimentalis et Applicata 66 (1), 53–55. ▪▪ Van Helden M. & Tjalingii W. F., 1993b: Tissue localisation of lettuce resistance to the aphid Nasonovia ribisnigri using electrical penetration graphs. Entomologia Experimentalis et Applicata 68 (3), 269–278.
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P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
ProfiGemüse CH: un nouveau réseau comme projet intégré de ProfiCrops Ute Vogler et Robert Baur, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil Renseignements: Robert Baur, e-mail: robert.baur@acw.admin.ch, tél. +41 44 783 63 33
Mécanisation du traitement après récolte des radis. (Photo: ACW)
Introduction En production maraîchère, les réseaux sont importants pour échanger des expériences et acquérir des connais sances. Ces échanges, qui consistaient jusqu’ici en contacts personnels tissés lors de manifestations au niveau régional, se font de plus en plus de manière impersonnelle par les moyens de communication élec troniques. Les ressources disponibles sous forme digi
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tale dans le domaine de la vulgarisation agrotech nique, par exemple, peuvent être consultées aujourd’hui à tout moment et en quantités illimitées. Dans les régions germanophones, la banque de don nées www.hortigate.de est utilisée par environ 2356 abonnés. Pour les producteurs maraîchers, la sélection des informations intéressantes dans le grand stock de connaissances et d’expériences est une démarche active qui prend du temps. En même temps, ils aspi
rent à un déroulement plus efficace et rationnel des processus afin de pouvoir abaisser leurs coûts de pro duction. Conséquence: le public-cible a tendance à sous-utiliser l’offre croissante de savoir, ou à ne l’appli quer que partiellement. Ce savoir développe ainsi un effet moindre que celui espéré par la recherche et la vulgarisation. En Suisse, les structures impliquées dans la transmis sion du savoir destiné aux cultures maraîchères sont les offices et services spécialisés des cantons, Inforama, Agroscope, Agridea, les services de conseil privé et les associations. Ce sont eux qui organisent entre autres des manifestations professionnelles. Il existe actuellement un déficit au niveau de la coordination des offres, ce qui rend les recoupements inévitables. Exemples de réseaux à l’étranger Des évolutions comparables ont également été consta tées à l’étranger, dans l’espace européen. Les réseaux tissés entre les protagonistes de la défense profession nelle se sont révélés efficaces pour l’élaboration et le partage de connaissances en réponse aux besoins. La nécessité de tels réseaux a été reconnue par les pro ducteurs, car beaucoup d’entre eux ne pourraient pas se payer un conseiller «personnel». Dans plusieurs Län der allemands, les «cercles de vulgarisation et de pro ducteurs» (Beratungs- und Erzeugerringe), co-financés par les producteurs maraîchers et les fonds publics, représentent des modèles efficaces, même si le soutien de l’Etat est de plus en plus réduit (Dirksmeyer 2009). En échangeant avec les producteurs, ils sont en mesure de proposer des conseils adéquats en termes de tech niques culturales et de protection phytosanitaire et mènent sur le terrain des essais portant sur les pro blèmes rencontrés dans la pratique. Ce concept semble contradictoire, puisque les concurrents régio naux y partagent leur savoir. Mais il est également évi dent que grâce à ces réseaux, les exploitations de pro duction d’une même région se développent ensemble et se soutiennent mutuellement. C’est un argument important pour rester dans la course au sein d’un vaste espace économique. Un autre exemple d’intégration réussie des produc teurs dans l’élaboration et le partage de connaissances est le projet «Farming with Future» (Wjinands et al. 2011). Aux Pays-Bas, un durcissement des directives a obligé les producteurs à repenser l’emploi des produits phytosanitaires. Producteurs, vulgarisation agricole, industrie phytosanitaire et recherche nationale ont esquissé ensemble des solutions qui ont été mises en pratique avec succès, via la participation active des pro ducteurs dans la phase de développement.
Résumé
ProfiGemüse CH: un nouveau réseau comme projet intégré de ProfiCrops | Production végétale
Le réseau ProfiGemüse CH, projet intégré de ProfiCrops, a pour but de renforcer la compétitivité de la production maraîchère suisse. Cet objectif doit être atteint par l’acquisition de connaissances en technique de production et en économie d’entreprise, ainsi que par la promotion du transfert de ces connaissances dans la pratique. ProfiGemüse met l’accent sur la mise en réseau des compétences des partenaires de la recherche et de la vulgarisation. Les synergies permettent d’étudier les problématiques agrotechniques également sous l’angle de l’économie d’entreprise et de l’organisation du travail. Un sondage mené auprès des utilisateurs des connaissances a montré que des améliorations sont encore possibles, ce qui incite à mieux coordonner sur le plan national les offres de manifestations professionnelles destinées à la branche maraîchère. ProfiGemüse CH renforce la confiance, la coopération et les synergies entre les acteurs de la recherche, de la vulgarisation et de la formation. Jusqu’à la fin du projet, en 2013, l’intégration des producteurs maraîchers en tant que participants doit être encore intensifiée.
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Pourcentage de mentions (n = 236 par thème)
Production végétale | ProfiGemüse CH: un nouveau réseau comme projet intégré de ProfiCrops
Possibilités d'améliorer l'offre d'informations Regroupées/structurées par thème via le portail Internet
48,3
Regroupées par thème en format digital (p.ex. CD, courrier électronique)
34,7
Plus grande offre de conseils individualisés pour chaque exploitation
20,8
Davantage d'échange d'informations entre les exploitations
20,8
Regroupées par thème sous forme imprimée (p.ex. dossier, classeur) Davantage de séminaires thématiques
18,6 10,2
Figure 1 | Résultats d’un sondage mené auprès de producteurs maraîchers suisses. Ceux-ci devaient répondre à la question «Où existe-t-il, selon vous, des possibilités d’améliorer l’offre d’informations pour augmenter leur utilité?». (Source: ACW)
Situation en Suisse En Suisse, la recherche axée sur les besoins de la pratique maraîchère est menée principalement par la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW et elle est contrôlée par le processus d’extension (Baur et al. 2005). Le concept «Extension» a pour but d’augmenter l’efficacité de la recherche en donnant aux représen tants de la défense professionnelle la possibilité d’inter venir dans le choix de l’orientation de celle-ci via le Forum Recherches Légumes. Toutefois, même les nou velles méthodes et stratégies issues de projets d’exten sion peinent à être mises en pratique. ProfiGemüse CH: projet de ProfiCrops Le programme de recherche ProfiCrops d’Agroscope a pour objectif de «mettre au point, préparer, évaluer et transférer les connaissances acquises afin de garantir un avenir à la production végétale suisse dans un marché largement libéralisé…» (Hilber et al. 2007). La produc tion maraîchère suisse se trouve déjà dans une phase de changement: pression sur les coûts de production, orien tation vers de nouveaux produits et spécialisation à tous les échelons de la filière, de la production à la commer cialisation. Un affaiblissement de la protection douanière pour les légumes, comme un accord de libre-échange avec l’Union Européenne (UE), accélérerait ce changement, car les producteurs maraîchers seraient alors en concur rence directe avec les régions de culture de 27 Etats membres de l’UE (état: juin 2011).
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ProfiGemüse CH a été lancé en automne 2009. Il s’agit d’un projet intégré de ProfiCrops, et son but est d’aug menter la compétitivité des producteurs suisses de légumes. Cet objectif doit être atteint par l’acquisition de connaissances en technique de production et en écono mie d’entreprise, ainsi que par la promotion du transfert de ces connaissances dans la pratique. ProfiGemüse CH met l’accent sur la mise en réseau des compétences des partenaires de la recherche et de la vulgarisation, afin d’exploiter les synergies qui en résultent et de réduire les divergences entre l’offre de connaissances et leur mise en pratique. Une étude de ProfiGemüse CH sur les déficits en termes de recherche et de vulgarisation a par ailleurs montré qu’il n’y a pas assez d’analyses sur le plan de l’économie d’entreprise pour accompagner les nouvelles connaissances techniques, principalement parce que les partenaires compétents sont trop peu intégrés dans les projets d’ACW. Or, selon les producteurs, des informa tions sur l’impact économique des changements tech niques au niveau de l’exploitation seraient importantes au moment de décider d’une éventuelle concrétisation. ProfiGemüse CH est organisé comme suit: des représen tants de la branche maraîchère constituent le comité de pilotage, qui est coordonné par ACW et la Centrale suisse de la culture maraîchère et des cultures spéciales (CCM). Ce comité de pilotage est responsable des objec tifs du projet, sert d’interlocuteur aux partenaires et décide de la mise en œuvre dans les deux projets partiels (décrits ci-après). Sont partenaires du projet toutes les organisations qui participent à des projets partiels.
ProfiGemüse CH: un nouveau réseau comme projet intégré de ProfiCrops | Production végétale
400
Besoins en temps de travail [MOh/0,1ha]
350
300
250
enlever la caisse pleine, préparer la caisse vide (sur le chariot)
200
pousser le chariot dans la ligne
150
déposer 2-3 fruits
100
récolter une tomate
50
mettre la caisse sur le chariot
0
mettre/enlever les gants manuelle
au sécateur Variante de récolte
Figure 2 | Résultats d’une investigation concernant le temps de travail nécessaire pour la récolte m anuelle et au sécateur des tomates de serre. (Source: K. Heitkämper, ART)
Partage de connaissances et réseau Le projet partiel ProfiGemüse crée les conditions préa lables en matière d’organisation pour une transmission efficace des connaissances et un renforcement du réseau des médiateurs de savoir. Les canaux d’information actuels sont comparés à leur utilisation réelle, afin d’éla borer des mesures propres à améliorer le partage de connaissances. Un questionnaire sur le degré de satisfaction concer nant l’offre d’informations a été envoyé à plus d’un mil lier de producteurs maraîchers, mettant au jour les forces et les faiblesses au niveau de la transmission de connaissances. Ce sondage montre que la demande d’in formations sous forme imprimée existe toujours, paral lèlement à l’augmentation du besoin d’informations disponibles sous forme électronique (fig. 1). Les produc teurs continuent de considérer que les échanges person nels sont très importants, ce qui signifie que la compo sante sociale ne doit pas être sous-estimée dans la transmission du savoir. Ces constats sont à prendre en compte pour l’aména gement d’une offre équilibrée de manifestations pro fessionnelles. C’est pourquoi ProfiGemüse CH travaille à l’instauration d’une coordination censée aboutir à une offre régionale plus équilibrée et à une collaboration
accrue des services organisant les manifestations. Grâce au «Calendrier branche maraîchère» soutenu par les fournisseurs de savoirs et les associations, les manifesta tions peuvent être maintenant coordonnées plus facile ment (Wieland 2010). Économie d’entreprise ProfiGemüse rassemble les compétences techniques, afin de mettre à disposition les bases d’économie d’entre prise utiles pour évaluer l’effet des mesures prises au niveau des techniques de production. En culture maraî chère, les coûts de la main-d’œuvre représentent une grande partie des coûts de production. Selon l’orienta tion de l’exploitation, ceux-ci vont de 25 % à 60 % (Meg gendorfer et al. 1997). Dans les cultures de légumesfruits, les travaux d’entretien et de récolte constituent une grande partie des coûts de production. La figure 2 compare les besoins en temps de travail de deux modes de récolte des tomates. L’analyse des étapes de travail montre le potentiel d’économies pour la culture considé rée. Agroscope ART procède actuellement au relevé des temps de travail de certaines cultures maraîchères. Pour ce travail, elle est mandatée par le «Comité pour la tech nique et le bâtiment dans l’agriculture KTBL», une insti tution qui a son siège en Allemagne, et bénéficie du sou
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Production végétale | ProfiGemüse CH: un nouveau réseau comme projet intégré de ProfiCrops
Figure 3 | Utilisation d’une fraise rotative équipée d’un GPS – Pilotage dans une culture maraichère. (photo: ACW)
tien de plusieurs offices cantonaux compétents dans le domaine maraîcher. Grâce à ProfiGemüse CH, des res sources supplémentaires sont mises à disposition pour le traitement des données, afin que celles-ci puissent être également utilisées par les producteurs suisses. D’autres questions traitées sur le plan interdiscipli naire concernent l’utilisation de nouveaux processus et technologies. ACW, ART, les maraîchers et le Service de prévention des accidents dans l’agriculture SPAA ont fait une synthèse de leurs expériences avec l’utilisation du Global Positioning Systems GPS, dans le but de formuler des recommandations concernant l’emploi du GPS dans les cultures maraîchères (fig. 3). L’influence des tech niques de gestion des serres sur la consommation et les frais d’énergie a été analysée par le biais de la collabora tion d’ACW avec les services professionnels cantonaux d’Arenenberg (TG) et de Grangeneuve (FR). Les retombées de ProfiGemüse CH L’entretien d’un réseau engendre des dépenses. Chez ProfiGemüse CH également, on se demande si les dépenses sont justifiées par l’utilité. Les partenaires du projet constatent que la meilleure mise en réseau et l’ap proche participative dans le développement des projets
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favorisent des discussions nécessaires et urgentes, ainsi que le développement de nouvelles idées. Cela contri bue à une meilleure coordination des tâches et permet de mettre en œuvre des projets interdisciplinaires. Reste l’obstacle des ressources des partenaires du projet; celles-ci, déjà affectées pour la plupart, n’offrent aujourd’hui guère la souplesse nécessaire au lancement de projets novateurs et étendus. ProfiGemüse CH crée une base pour renforcer la confiance, la collaboration et les synergies entre les acteurs de la recherche, de la vulgarisation et de la for mation. L’objectif reste de lancer d’ici la fin du projet, en 2013, des projets intégrant davantage la participation de la pratique. Cela serait un grand pas vers l’acquisition coordonnée des connaissances et la mise en pratique efficace de celles-ci. n
ProfiGemüse CH – una nuova rete come progetto integrato ProfiCrops ProfiGemüse CH è un progetto integrato di ProfiCrops, che ha come scopo di rafforzare la competitività degli orticoltori svizzeri. Questo scopo è raggiunto attraverso l’acquisizione di conoscenze di tecniche di produzione, di economia aziendale, come anche attraverso il transfert delle stesse nella pratica. In primo piano vi è l’interconnessione delle competenze preesistenti al progetto tra i partner della ricerca e della consulenza. Grazie a queste sinergie si possono, ad esempio, trovare soluzioni relative alle tecniche di coltivazione, l’economia aziendale e l’economia del lavoro. Con un sondaggio condotto presso gli utenti di suddette informazioni sono stati evidenziati i punti in cui è possibile apportare delle migliorie. Come conseguenza la coordinazione delle attività orticole sarà migliorata. ProfiGemüse CH crea maggiore fiducia, collaborazione e sinergie tra gli attori della ricerca, della consulenza e della formazione. Entro la fine del progetto, nel 2013, i produttori dovrebbero essere maggiormente integrati.
Summary
Riassunto
ProfiGemüse CH: un nouveau réseau comme projet intégré de ProfiCrops | Production végétale
ProfiGemüse CH – a new network as integrated project of ProfiCrops ProfiGemüse CH, which is an integrated project of ProfiCrops, aims to strengthen the competitiveness of swiss vegetable producers in the market. In order to reach this goal, the acquisition of knowledge related to technical aspects of the production and business related knowledge will be promoted and transferred into practice. Though, the interconnection of existing competences between research and consulting partners has priority. Thus, for example, questions regarding cultivation techniques could be investigated through these synergies with respect to business and occupational economics. A user survey has revealed possible improvements and as a result swiss vegetable producers profit from an improved coordination of expert conferences. ProfiGemüse CH builds trust, enhances the collaboration of partners and the synergies between partners from research, consulting and education. By the end of the project in 2013, the swiss vegetable producers should also be actively integrated. Key words: vegetable crops, know ledge dissemination, knowledge network, ProfiCrops, work study.
Bibliographie ▪▪ Baur R., Ladner J. & Bertschinger L., 2005. Praxisnahe Extension für den Schweizer Obst- und Gemüsebau. Agrarforschung 12, 196–201. ▪▪ Dirksmeyer W., 2009. Beratungsstrukturen im Produktionsgartenbau. In: Status quo und Perspektiven des deutschen Produktionsgartenbaus (Ed. W. Dirksmeyer). Landbauforschung, Sonderheft Nr. 330. ▪▪ Hilber U., Bütikofer U., Bachmann H.-P., Flury C. & Pfefferli S., 2007. A groscope Forschungsprogramme. Agrarforschung 14, 388–393. ▪▪ Meggendorfer L., Rothenburger W. & Seidl G., 1997. Tabellenkalkulation im Gartenbau. Parey, Berlin. 113 p. ▪▪ Wieland T., 2010. Novum: Zentraler Veranstaltungskalender für die Schweizer Gemüsebaubranche im Internet. Medienmitteilung 08.11.2010. Schweizerische Zentralstelle für Gemüsebau und Spezial kulturen (SZG). ▪▪ Wijnands F., Schoorlemmer H. & de Bie J., 2011. Farming with future; a Dutch stakeholder based approach to open up the regime for sustainable crop protection. In press.
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P o r t r a i t
Exploiter les astuces de la nature Développer des procédés de lutte biologique contre les ravageurs est un travail de longue haleine. Depuis plus de dix ans, Stefan Kuske, agronome expert en protection phytosanitaire, étudie comment réguler les ravageurs des plantes dans l’agriculture en utilisant les auxiliaires. Micro-guêpes contre la pyrale du maïs, nématodes contre la mouche de la cerise… Il n’existe pratiquement aucun insecte utile ou agent pathogène dont il ne se soit pas occupé. Depuis fin 2007, il est chef de projet au sein du groupe de recherche Protection écologique des plantes de la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART. Deux ravageurs particulière ment coriaces sont dans sa ligne de mire: le méligèthe du colza et le ver fil de fer pour lesquels il n’existe encore aucune méthode de lutte biologique efficace. Stefan Kuske s’attaque à ces deux ravageurs avec des champignons pathogènes. Le champignon colonise sa victime, entraîne sa mort et continue à proliférer, ce qui permet un effet durable. Certains isolats de champi gnons testés ont déjà donné des résultats contre les méli gèthes du colza en laboratoire. Mais le chemin est encore long avant l’application sur le terrain. «Dans le meilleur des cas, il faut compter quelques années», déclare Stefan Kuske. Pour un produit fongique utilisé aujourd’hui avec succès contre le hanneton commun et développé par ART, il a même fallu environ quinze ans. Mais le cher cheur est persuadé du succès: «La nature a tout prévu, il suffit de bien regarder et de savoir l’utiliser». Dès l’enfance, Stefan Kuske a développé le goût pour le détail et l’amour de la nature. Dans le vignoble de Stäfa sur les bords du lac de Zurich, où il a grandi avec ses trois frères et sœurs, il ramassait les coccinelles, élevait des chenilles et observait les papillons. Il était tellement plongé dans ses observations, qu’un jour il en oublia d’aller à l’école et que sa mère fut contactée par la maî tresse aux abois. Sa grand-mère fut la première viticul trice indépendante de la région du lac de Zurich. Stefan Kuske aurait bien repris l’exploitation si elle n’avait pas déjà été en grande partie vendue. Il a étudié l’agronomie à l’EPF de Zurich, avec la pro duction végétale comme spécialité, et a suivi une partie de son cursus à Pérouges en Italie. C’est là qu’en 1994, il s’est penché pour la première fois de manière intensive sur le thème de la «lutte biologique contre les rava geurs». Il a travaillé ensuite brièvement dans une entre prise qui testait des produits de lutte biologique et des nématodes pour la lutte contre les ravageurs. Dans sa thèse réalisée à ART, Stefan Kuske a étudié les risques de
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Un chercheur s’attaque aux ravageurs des plantes avec des méthodes naturelles: Stefan Kuske, Agroscope Reckenholz- Tänikon ART.
la libération des ravageurs sur les organismes non-cibles avec l’exemple de la micro-guêpe Trichogramma brassicae, utilisée contre la pyrale du maïs. Le système d’éva luation qu’il a contribué à mettre en place sert de base au Risk-Assessment-System employé aujourd’hui en Europe pour autoriser les auxiliaires. Dans son jardin aussi, Stefan Kuske se sert des astuces de la nature et expérimente différentes applications. Depuis quelques années, il vit de nouveau au bord du lac de Zurich et passe beaucoup de temps dehors avec ses trois enfants. Il est important pour lui d’avoir du temps pour sa famille. C’est pourquoi il partage son poste de chef de projet avec une collègue. Il apprécie d’être sou vent sur le terrain grâce à son travail. «Comme cela je suis tout près de l’action», dit-il. Stefan Kuske est parti culièrement satisfait lorsqu’il parvient à convaincre les agriculteurs de ses solutions, car cela aussi demande par fois des efforts de longue haleine. Claudia Hoffmann, Station de recherche Agroscope ReckenholzTänikon ART, 8046 Zurich
A c t u a l i t é s
Nouvelles publications Rapport de base 2010 Le présent rapport de base est un ouvrage de référence détaillé sur la situation économique actuelle de l’agriculture Rapport de base 2010 suisse. Il contient les résultats du dépouille ment centralisé des données comptables. La première partie présente les résultats portant sur l’ensemble de l’exploi tation concernant la famille et la main-d’œuvre, l’utilisa tion des sols, les effectifs d’animaux, l’intensité, la produc tion, le bilan, la prestation brute, les coûts réels et les résultats principaux. La deuxième partie comprend les résultats des branches de production. Le rapport présente également séparément les résultats des exploitations qui fournissent des «prestations écologiques requises» ainsi que les résultats des exploitations biologiques. Les chiffres fournis chaque année par le Dépouille ment centralisé des données comptables sont obtenus sur la base de méthodes uniformisées et transparentes. En cette époque de mutation de structures, ils consti tuent ainsi une base fiable de classement quantitatif des modifications importantes. Le rapport de base est utilisé principalement pour la vulgarisation agricole, la forma tion agricole de base et la formation continue en agricul ture ainsi que pour la recherche en tant que source d’in formations ou de base pour des calculs ultérieurs. Un condensé du Rapport de base 2010 sera publié dans le rapport ART «Evolution économique de l’agri culture suisse en 2010 – Rapport principal du Dépouille ment centralisé des données comptables». A l’aide de graphiques et de tableaux de séries chronologiques des 10 dernières années, il documente la situation de l’agri culture et tente d’expliquer les évolutions observées. Le Rapport de base ainsi que le rapport ART y rela tif (Rapport principal; 2011 Rapport ART 746) parais sent en allemand et en français et peuvent faire l’objet d’un abonnement sous forme papier ou électronique et sont disponibles gratuitement sur Internet sous www.agroscope.ch. Animaux consommant des FG UGBFG présents UGBFG présents/SAU Surface fourragère principale (SFP) Surface fourragère principale/UGBFG prés. Part d. prairies temporaires ds la SFP Part d. prairies perman., pâturages ds la SFP
Un grand livre sur la vigne en Suisse!
RGVE RGVE RGVE/ha ha a/RGVE % %
32.9 31.6 1.24 18 57 31 55
31.2 30.2 1.21 17 58 31 56
33.2 31.9 1.24 18 57 31 55
34.2 32.6 1.26 19 57 32 55
30.1 28.7 1.20 17 58 32 52
Dépouillement centralisé des données comptables
Patrik Mouron et Dierk Schmid
Cépages. Principales variétés de vigne cultivées en Suisse de Ph. Dupraz et J.-L. Spring, 130 pages Ce dernier ouvrage de l’AMTRA* sera récompensé à la fin de l’année 2011 par une mention spéciale de l’Orga nisation internationale de la vigne et du vin (OIV), dans la catégorie Viticulture. Alliant harmonieusement science et design, ce livre magnifiquement illustré présente 57 cépages rouges et blancs, décrits par les meilleurs spécialistes. Il est accom pagné d’un glossaire didactique, qui décline visuelle ment les différences entre les variétés de vigne. L’His toire, les synonymes, les caractères agronomiques, les surfaces cultivées et le potentiel œnologique de chaque cépage viennent compléter les données ampélogra phiques. Le livre et son glossaire sont disponibles en français, allemand ou italien. Les lecteurs de Recherche Agronomique Suisse peuvent bénéficier d’une offre spéciale (valable jusqu’au 31.12.2011) L’exemplaire Fr. 50.– au lieu de Fr. 57.– * *
Frais de port en sus.
Pour votre commande, veuillez mentionner «Offre lecteur Recherche Agronomique Suisse» AMTRA Antoinette Dumartheray Case postale 1006, 1260 Nyon 1 Téléphone 079 659 48 31 antoinette.dumartheray@acw.admin.ch www.revuevitiarbohorti.ch Association pour la mise en valeur des travaux de la recherche agronomique, qui édite notamment la Revue suisse de Viticulture, Arboriculture, Horticulture.
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Patrik Mouron et Dierk Schmid, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
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Actualités
M C oem d ime un nmi iqtut e é isl ud ne gperne s s e
www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen www.agroscope.admin.ch/communiques 22.09.2011 / ACW Les eaux-de-vie à l’épreuve du feu! Le voile a été levé le 22 septembre sur le nom des distilla teurs d'or 2011. Le concours national des eaux-de-vie de Distisuisse s’est déroulé sous la responsabilité technique d’Agroscope Changins-Wädenswil ACW et de la régie fédérale des alcools RFA. La cheffe du jury et l’un de ses membre sont des collaborateurs d'ACW. ACW et la RFA étaient en outre chargés d’établir, par des évaluations et des analyses, la haute qualité des eaux-de-vie primées. ACW, la RFA et Distisuisse s’engagent de cette façon à améliorer la qualité des eaux-de-vie suisses et leurs débouchés sur le marché.
18.09.2011 / HNS Equus helveticus – un nouveau succès pour le festival du cheval suisse Durant quatre jours, du 15 au 18 septembre 2011, le festival Equus helveticus a attiré 12 000 personnes à Avenches, dont 400 élèves des écoles de la région. Familles, cavaliers, meneurs et éleveurs venus de toute la Suisse et de l’étranger ont pu admirer plus de 1000 che vaux. Malgré les intempéries du dimanche, Equus helve ticus se confirme comme un événement unique pour la reconnaissance du cheval en Suisse.
13.09.2011 / ALP Pas de radioactivité dans la farine de poisson Le contrôle officiel des aliments pour animaux de la sta tion de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALPHaras a voué une attention particulière à la radioactivité de la farine de poisson suite à l'accident nucléaire de Fukushima au Japon. Tous les échantillons analysés ont révélé des valeurs insignifiantes. La farine de poisson peut être utilisée sans problèmes comme aliment pour animaux.
06.09.2011 / ACW Quelles seront les meilleures variétés de fraises cultivées en Suisse demain ? La station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW teste les nouvelles variétés de fraises proposées par les sélectionneurs européens, afin de permettre aux producteurs suisses de savoir lesquelles sont les mieux adaptées aux conditions du pays. Ce travail est conduit
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au sein d’un réseau variétal, en collaboration avec les offices cantonaux et la Fruit Union Suisse. Il permet d’établir la liste des variétés de fraises recommandées en Suisse, afin de répondre aux demandes des producteurs et des consommateurs.
05.09.2011 / ART Baisse des revenus agricoles en 2010 En 2010, les revenus ont baissé par rapport à l’année pré cédente. Le revenu agricole des exploitations de réfé rence se monte à 55 200 francs par exploitation contre 60 300 francs l’année précédente, ce qui correspond à une diminution de 8,5 %. Le revenu du travail moyen par unité de main-d’œuvre familiale baisse de 4,9 % par rap port à 2009, passant de 41 200 francs à 39 100 francs. Comparé aux 10 dernières années, cette valeur est supé rieure à la moyenne.
02.09.2011 / ACW Un nouveau ravageur détecté en Suisse La Drosophile du cerisier (Drosophila suzukii) a été iden tifiée en Suisse en juillet 2011 dans des cultures de petits fruits au Tessin et aux Grisons. Suite aux dégâts consta tés par cette drosophile en Italie et en France en 2010, la station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW a formé un groupe de travail au printemps 2011 et a initié une première campagne de piégeage dans des régions de production arboricoles. ACW évalue actuelle ment des possibilités de lutte.
Actualités
Manifestations
Dans le prochain numéro Novembre – Décembre 2011 / Numéro 11–12 Jean-René Germanier, Président du Conseil national 2010/2011, au marché de Berne. Les connaissances en matière de production de denrées alimentaires, de conservation des ressources vitales et d’entretien des paysages cultivés sont élaborées et communiquées par la recherche, la formation, la vulgarisation et la pratique. (Photo: Hélène Tobler)
Edition spéciale consacrée au système de connaissances agricoles en Suisse •• Importance de la recherche agronomique suisse à l'échelle mondiale, Bernard Lehmann, OFAG •• Le système de connaissances agricoles en Suisse, Alfred Buess et al., HESA et OFAG ••Agroscope – Recherche agronomique pour la Suisse, Jean-Philippe Mayor, Michael Gysi et Paul Steffen, ACW, ALP et ART ••AGRIDEA: des solutions innovantes et durables pour l’espace rural, Ulrich Ryser, Agridea •• Interview de 11 personnalités issues de la politique et du secteur agricole, Karin Bovigny, Carole Enz et Sibylle Willi, OFAG et ACW ••Tâches d’exécution des stations de recherche Agroscope: un soutien scientifiquement fondé au législateur, Lukas Bertschinger, Daniel Guidon et Stephan Pfefferli, ACW, ALP et ART •• Bases scientifiques du conseil aux politiques, Stephan Pfefferli et Lukas Bertschinger, ART et ACW •• Recherche, développement, conseil – La recette du succès suisse, Paul Steffen, Denise Tschamper et Ulrich Ryser, ART et Agridea Articles scientifiques •• Fusaries et mycotoxines dans le maïs-grains en Suisse, Tomke Musa et al., ART ••Combattre le feu bactérien grâce aux variétés résistantes, Gabriella Silvestri et Simon Egger, ACW •• Des cultures fromagères championnes du monde, Hanspeter Bachmann et al., ALP •• Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Synthèse et perspectives, Valérie Piccand et al., HESA •• Liste suisse des variétés de pommes de terre 2012, Ruedi Schwärzel et al., ACW et ART
Novembre 2011 08. – 09.11.2011 Weiterbildungskurs für Baufachleute Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon, Ettenhausen TG 16.11.2011 Collaborations inter-exploitations Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et Haute école suisse d’agronomie HESA Inforama Rütti, Zollikofen 18.11.2011 Pflanzenschutztagung Gemüsebau 2011 Agroscope Changins-Wädenswil ACW ACW Wädenswil 26.11.2011 Swiss Breed Classic Haras national suisse HNS Avenches 28.11. – 02.12.2011 Winterbesuchswoche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Zürich-Reckenholz Janvier 2012 12. – 15.01.2012 Agroscope à Swiss’Expo 2012 Stations de recherche Agroscope ACW, ALP et ART Lausanne Février 2012 23. – 26.02.2012 Agroscope à Tier & Technik 2012 Stations de recherche Agroscope ACW, ALP et ART St. Gallen
Informationen: Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen www.agroscope.admin.ch/manifestations
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Dienstag/Mittwoch, 8./9. November 2011
Weiterbildungskurs für Baufachleute WBK 2011 Gemeinsame Tagung der ALB-CH, AGRIDEA , Agroscope ART und suissemelio
Themen • Moderne Milchviehställe – wohin geht die Zukunft? • Einfache Laufställe für Klein- und Mittelbetriebe • Laufställe für behornte Kühe • Vollzugshilfe Umweltschutz – Grundsätze, mögliche Lösungen, erste Beispiele der Umsetzung • Aktuelle Forschungsprojekte in Tänikon
Tagungsort Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Refental Tänikon CH-8356 Ettenhausen TG Detailprogramm und Anmeldung: www.agroscope.ch >Veranstaltungen
ALB - CH
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AgRAR foRSchung Schweiz RecheRche AgRonomique SuiSSe
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Informations actuelles de la recherche pour le conseil et la pratique: Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois par année et informe sur les avancées en production végétale, production animale, économie agraire, techniques agricoles, denrées alimentaires, environnement et société. Recherche Agronomique Suisse est également disponible on-line sous www.rechercheagronomiquesuisse.ch
VEAU
NOU
Commandez un numéro gratuit! Nom / Société Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Les partenaires sont l’office fédéral de l’agriculture ofAg, la haute école suisse d’agronomie de zollikofen heSA, AgRiDeA Lausanne & Lindau et l’ecole polytechnique fédérale de zurich eTh zürich, Department of agricultural and foodscience. Agroscope est l’éditeur. cette publication paraît en allemand et en français. elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
Prénom Rue/N° Code postal / Ville Profession E-Mail Date Signature Talon réponse à envoyer à: Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch www.rechercheagronomiquesuisse.ch