Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, novembre-décembre 2014

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RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE 2 0 1 4

|

N u m é r o

1 1 – 1 2

Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich | FiBL

N o v e m b r e – D é c e m b r e

Production animale Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes Page 444 Environnement

Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse Page 458

Production végétale La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible Page 474


Sommaire Chez les vaches allaitantes, une alimentation optimale est importante. Des essais menés par Agroscope ont montré que selon le type de fourrage – sec ou humide – et la race de vache, le fourrage est valorisé différemment. (Photo: Gabriela Brändle, Agroscope)

Novembre–Décembre 2014 | Numéro 11–12 443 Editorial 444

Production animale I ngestion d’une ration humide ou sèche

chez les vaches allaitantes Isabelle Morel et Adrien Butty Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées. Editeur Agroscope Partenaires bA groscope (Institut des sciences en production végétale IPV; Institut des sciences en p­ roduction animale IPA; Institut des sciences en denrées alimentaires IDA; Institut des ­s ciences en durabilité agronomique IDU), www.agroscope.ch b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.ofag.ch b Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.ch b Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.ch b E cole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.ch b Institut de recherche de l'agriculture biologique FiBL, www.fibl.org Rédaction Direction et rédaction germanophone Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 58 466 72 21, Fax +41 58 466 73 00 Rédaction francophone Sibylle Willi Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, Tél. +41 58 460 41 57 Suppléance Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, Tél. +41 58 460 41 82 e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Responsable Corporate Communication Agroscope), Evelyne Fasnacht, Erika Meili et Sibylle Willi (Agroscope), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich), Thomas Alföldi (FiBL). Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch, Fax +41 26 407 73 00 Changement d'adresse e-mail: verkauf.zivil@bbl.admin.ch, Fax +41 31 325 50 58 Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse © Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS

Production animale Test d’efficacité de divers conser­vateurs 452

pour foins humides Ueli Wyss Environnement Emissions de gaz à effet de serre dans 458

l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse Daniel Bretscher, Sabrina Leuthold-Stärfl, Daniel Felder et Jürg Fuhrer Production végétale Rhubarbe, bourdaine et tannins contre 466

les ­fusarioses et les mycotoxines du blé Hans-Rudolf Forrer et al. Production végétale La culture du maïs pour assainir les sur474

faces contaminées par le souchet comestible Martina Keller, René Total, Jürgen Krauss et Reto Neuweiler Production végétale Support Obst Arbo: résultats pour les 482

­arboriculteurs professionnels Esther Bravin, Johannes Hanhart, Dante Carint et Dominique Dietiker Production animale L’avenir des prairies en Europe – 25e 490

congrès de la Fédération européenne des herbages Ueli Wyss 492 Interview 494 Actualités 499 Manifestations Listes variétales Liste suisse des variétés de Encart

pommes de terre 2015 Ruedi Schwärzel et al.


Editorial

Renouvellement de la convention de Recherche Agronomique Suisse Jean-Philippe Mayor, président de la revue Recherche Agronomique Suisse et responsable ­Corporate Communication Agroscope CCA

«Faut-il rappeler qu’une société sans commémoration réduit le temps à une succession incohérente d’instants qui passent et ne vont nulle part ? Qu’elle détruit l’historicité hors de laquelle les vieux n’ont plus d’identité et les jeunes plus d’appartenance?» Boris Cyrulnik

La revue Recherche Agronomique Suisse paraît depuis janvier 2010. La convention passée entre Agroscope (éditrice) et les institutions partenaires (fig. 1) a été renouvelée le 23 juin 2014 et nous les remercions de leur confiance. Pour mémoire, nous avons le plaisir d’accueillir, depuis mai 2014, l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL). Rappelons que notre revue Recherche Agronomique Suisse soutient l’adaptation et le développement de la société rurale en général - technique et scientifique en particulier. Elle remplit cette mission en produisant, validant et transférant des savoirs et des compétences, afin de rendre le monde agraire plus intelligible ; en portant sur cette société et son fonctionnement un regard sans complaisance. Agroscope et les institutions partenaires articulent disciplines scientifiques et savoirs pragmatiques pour les faire converger sur des thèmes fédérateurs ou des questions communes (les sciences de la terre, les sciences de la vie; l’écologie; etc). Le fossé entre science et société se comble peu à peu grâce aussi à la revue Recherche Agronomique Suisse qui revendique ce transfert de connaissances. L’enquête de satisfaction adressée aux lecteurs de la revue en 2013 a montré des résultats réjouissants, avec une moyenne générale élevée de satisfaction (voir édito RAS 5 (7 – 8), p. 271, 2014). En outre, il est apparu que l’érosion constatée dans le monde de la presse écrite s’est stabilisée pour notre revue, quand bien même les abonnements online n’ont cessé d’augmenter. A cet égard, nous avons le plaisir de vous annoncer la parution prochaine d’une version iPad/iPhone et smartphone. Dans les coulisses de la rédaction Ainsi, grâce au renouvellement de notre Convention, vous retrouverez ces prochaines années un comité de rédaction (fig. 2) motivé, qui se réjouit de continuer sa mission au profit de la société, de l’agronomie, de la recherche mais avant tout, à votre profit, fidèles lectrices et lecteurs.

Figure 1 | Les institutions ­p artenaires: ­Recherche Agronomique Suisse (J.-P. Mayor), OFAG (B. Lehmann), HAFL (M. Schindler), Agridea (U. Ryser), Agroscope (M. Gysi), FiBL (D. Barjolle) et ETHZ (E. Frossard, absent).

Figure 2 | Le comité de rédaction: Judith Auer1, Sibylle Willi1, Beat Huber2 , Evelyne Fasnacht1, Andrea Leuenberger-Minger1, Thomas Alföldi3, Erika Meili1, Esther Weiss 4 , Karin ­B ovigny 5 et Jean-Philippe Mayor1 (devant). 1

Agroscope, 2HAFL, 3FiBL, 4Agridea, 5OFAG

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 443, 2014

443


P r o d u c t i o n

a n i m a l e

Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes Isabelle Morel1 et Adrien Butty2 Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, 1725 Posieux, Suisse 2 Institut für Agrarwissenschaften, ETH, 8092 Zurich, Suisse Renseignements: Isabelle Morel, e-mail: isabelle.morel@agroscope.admin.ch

1

Les vaches du troupeau allaitant appartiennent aux races Angus et Limousin ou au croisement Limousin x Red Holstein. (Photo: Isabelle Morel, Agroscope)

Introduction Afin de développer un modèle d’estimation de l’ingestion pour les vaches allaitantes, l’effet de la nature de la ration sur l’ingestion a été étudié lors d’un essai. La plupart des valeurs d’ingestion obtenues avec le troupeau de vaches allaitantes présent à Posieux de 2004 à 2012 ont été récoltées à partir de rations composées d’un mélange d’ensilage d’herbe et de foin. Pour élargir la base de données, un essai comparatif entre deux rations iso-énergétiques – l’une à base d’ensilage d’herbe et de foin et l’autre composée de foin ou regain – a été réalisé durant la première moitié de la lactation avec des vaches allaitantes de trois types génétiques différents (fig. 1). L’effet potentiel de la nature de la ration pourra le cas échéant être intégré dans le nouveau modèle.

444

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014

Les principaux facteurs de variation de la capacité d’ingestion chez les vaches allaitantes sont la race, le poids vif, l’état d’engraissement, le stade de lactation et le lait produit ainsi que le numéro de lactation. Le niveau d’ingestion dépend également de la composition de la ration et de sa valeur nutritive. La régulation du processus de satiété peut s’opérer tant du point de vue énergétique que physique. Pour cette dernière, le système de prédiction français fait intervenir la notion des unités d’encombrement, où chaque aliment est caractérisé par sa capacité à être ingéré (INRA 2007). Le taux d’humidité de la ration est rarement pris en compte dans les systèmes d’estimation de l’ingestion existants. Dans une revue décrivant les différentes méthodes de prédiction des quantités ingérées chez les vaches laitières (Faverdin 1992), la teneur en matière


Résumé

Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes | Production animale

Figure 1 | L’ingestion volontaire par des vaches allaitantes de deux rations iso-énergétiques, l’une sèche à base de foin et de regain (à gauche), l’autre humide composée d’un mélange d’ensilage d’herbe et de foin extenso (à droite), a été comparée. (Photo : Isabelle Morel)

sèche des fourrages n’apparaît que dans le système d’équations de Lewis (1981). Peu de données existent sur la comparaison entre une ration sèche et humide chez le bovin. Muller et al. (1992) ont étudié pendant trois années consécutives l’effet du mode de conservation d’une même prairie sous forme de foin ou d’ensilage d’herbe sur l’ingestion et les performances de bœufs ou de génisses en croissance. Aucune différence n’est apparue entre les deux types de fourrages au niveau de l’ingestion.

Matériel et méthodes Animaux L’essai a été réalisé avec 36 vaches allaitantes suitées, appartenant à trois types génétiques («races») différents, à raison de 12 vaches par race, soit Angus (AN), Limousine (LM) et LM × Red Holstein (F1). Ces races se distinguent aussi bien du point de vue de leur précocité que de leur niveau de production laitière. Les animaux ont été répartis de façon équilibrée selon la race, la date de vêlage et le poids vif à raison de six vaches et veaux par race dans deux variantes expérimentales correspondant à deux types de rations iso-énergétiques distribuées aux vaches uniquement. L’essai a porté sur les quatre premiers mois de lactation. Les veaux sont tous issus d’un croisement des mères avec un taureau de race piémontaise.

L’effet de la nature de la ration sur l’ingestion a été étudié dans un essai réalisé avec 36 vaches allaitantes de types génétiques différents, durant les quatre premiers mois de lactation. Les vaches appartenaient aux races Angus (AN), Limousin (LM) et issues du croisement entre Limousin et Red Holstein (F1). Deux rations iso-énergétiques distribuées ad libitum, l’une sèche (S) composée de foin et de regain et l’autre humide (H) composée d’un mélange de foin et d’ensilage d’herbe, ont été comparées. Les vaches ayant reçu la ration S ont consommé 0,87 kg MS par jour de plus que celles de la ration H à partir du deuxième mois de lactation (P<0,001) et 0,76 kg de MS par jour de plus sur l’ensemble de l’essai (P=0,07). Des écarts importants apparaissent entre types génétiques (F1>AN>LM; P<0,001). La comparaison des données d’ingestion mesurées dans cet essai avec les formules de prédiction utilisées actuellement a montré une sous-estimation systématique de l’ingestion. En outre, aucune formule ne prend en compte à la fois l’effet du type de la ration et celui du type génétique. Une nouvelle équation de prédiction tenant compte de ces nouvelles données sera publiée prochainement lors de la mise à jour du chapitre consacré aux vaches allaitantes du Livre vert.

Rationnement La ration humide H (53 % matière sèche MS) était composée d’un mélange d’ensilage d’herbe et de foin extenso, tandis que la ration sèche S (90 % MS) comprenait du foin et du regain (fig. 1). L’équilibre des rations sur le plan énergétique a été optimisé en faisant varier les proportions d’ensilage d’herbe et de foin de la ration 

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014

445


Production animale | Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes

Tableau 1 | Valeur nutritive des rations hebdomadaires des deux groupes

Semaine d’essai

Ration sèche S

Ration humide H

MS (%)

NEL (MJ/kg MS)

PAIE (g/kg MS)

PAIN (g/kg MS)

MS (%)

NEL (MJ/kg MS)

PAIE (g/kg MS)

PAIN (g/kg MS)

1

88,8

5,00

80,4

70,7

60,3

5,00

75,7

72,1

2

89,2

5,00

79,1

70,4

49,4

5,00

72,5

72,4

3

89,3

5,20

83,7

77,7

47,9

5,15

74,8

73,6 74,7

1

1

1

1

4

89,4

5,40

88,2

84,9

49,3

5,30

77,1

5

90,5

5,45

87,6

82,2

49,6

5,20

75,5

75,1

6

91,6

5,50

87,0

79,5

50,8

5,10

73,8

75,5

7

90,3

5,30

82,2

69,1

56,8

5,55

86,7

86,1

8

90,3

5,30

82,2

69,1

56,3

5,55

86,7

86,1

9

89,5

5,35

82,6

69,4

55,4

5,50

83,9

85,2

10

88,6

5,40

83,0

69,7

53,5

5,50

81,1

84,4

11

88,9

5,35

83,6

71,6

54,2

5,45

80,3

83,6

12

88,9

5,35

83,6

71,6

53,3

5,40

79,4

82,8

13

88,9

5,35

83,6

71,6

53,0

5,35

78,5

82,7

14

89,6

5,30

84,1

73,5

53,9

5,30

77,5

82,6

15

90,6

5,50

89,6

86,3

54,7

5,40

79,0

83,8

16

90,6

5,50

89,6

86,3

55,1

5,50

80,7

85,0

17

90,8

5,45

89,4

87,2

52,9

5,35

80,3

86,5

18

91,0

5,40

89,2

88,1

49,3

5,10

76,3

76,4

19

91,0

5,40

89,2

88,1

41,6

5,05

75,5

73,5

Moyenne

89,9

5,34

85,1

77,2

52,5

5,30

78,7

80,1

1 MS = matière sèche, NEL = énergie nette pour la lactation, PAIE = protéines absorbables dans l’intestin, synthétisées à partir de l’énergie disponible, PAIN = protéines absorbables dans l’intestin, synthétisées à partir de la matière azotée dégradée.

humide en fonction de la valeur nutritive des différents lots de fourrages utilisés (tabl. 1 et 2). Les rations expérimentales ont été distribuées ad libitum dans des crèches montées sur balance permettant l’enregistrement individuel de l’ingestion des vaches, qui elles-mêmes étaient munies d’une puce électronique. Un complément minéral-vitaminique sous forme de bac à lécher (UFA 999, UFA, Herzogenbuchsee, Suisse) et du sel pour bétail (pierres à lécher de 5 kg) ont été mis à disposition des animaux. Les veaux avaient libre accès aux mères, mais pas aux rations de ces dernières. Ils disposaient d’un foin de bonne qualité donné ad libitum dans un espace réservé. Mode de garde Les animaux ont été gardés en stabulation libre avec aire d’affouragement sur caillebotis partiel, aire de repos sur litière profonde et aire de sortie sur béton. Mise en valeur Les données ont été analysées avec une analyse de variance à deux facteurs suivie d’un test de tukey HSD (logiciel R).

446

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014

Résultats et discussion Ingestion suivant la forme de la ration Sur la durée totale de l’essai, les vaches de la variante S ont consommé en moyenne 0,76 kg MS de plus que celles de la variante H (P=0,07; tabl. 3). Cette différence n’est significative qu’à partir du 2e mois de lactation avec une différence d’ingestion de 0,87 kg MS (P<0,001). La figure 2 représente l’évolution de la consommation moyenne des groupes selon la forme de la ration et la race pendant les 17 premières semaines de la lactation. Après une ingestion très basse pendant la semaine suivant le vêlage, la consommation de fourrage augmente rapidement par la suite. L’effet du type de ration sur l’ingestion se manifeste entre la 2e et la 4e semaine de lactation. Une fois un certain pic de consommation atteint (entre la 7e et la 9e semaine), celle-ci se stabilise. Plus tard dans la lactation, les animaux ingèrent régulièrement moins de fourrage semaine après semaine. Dans la littérature, cette évolution de l’ingestion est comparée à une courbe de lactation (Lawrence et al. 2013).


Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes | Production animale

Tableau 2 | Teneurs en nutriments et valeur nutritive des fourrages (par kg MS) Constituant

Foin extenso (tarissement)

Foin extenso (mélange ration H)

Ensilage (mélange ration H)

Foin/ regain ration S

Foin veaux

Cendres

66

78

90

91

85

Matière azotée

58

77

170

124

118

Cellulose brute

361

357

223

272

279

Parois cellulaires (NDF)

602

630

389

511

598

Lignocellulose (ADF)

405

396

252

298

225

NEL1

4,1

4,2

6,2

5,4

5,2

1

PAIE

58

64

88

86

83

PAIN1

36

48

107

79

75

NEL = énergie nette pour la lactation, PAIE = protéines absorbables dans l’intestin, synthétisées à partir de l’énergie disponible, PAIN = protéines absorbables dans l’intestin, ­s ynthétisées à partir de la matière azotée dégradée.

1

Poids et note d’état corporel des vaches L’écart maximal de poids vif moyen entre les trois races au début de l’essai était de 20 kg (AN 685 ± 70, F1 702 ± 46 et LM 682 ± 58 kg). L’évolution du poids vif des animaux montre que l’ingestion supplémentaire mesurée lors de la distribution de la ration sous forme sèche a été valorisée chez les F1 sous forme d’une prise de poids supérieure de 24 kg au cours des quatre premiers mois de lactation par rapport aux animaux du groupe H; en revanche, aucune différence n’est observée chez les AN et un effet inverse est constaté chez les LM avec 15 kg de prise de poids en plus pour les vaches de la variante H (fig. 4). Contrairement aux deux autres races, le poids des deux groupes de Limousines n’était pas équilibré au début de la période de mesure, avec 12 kg de plus pour les vaches du groupe H. Au lieu de se réduire en cours d’essai, l’écart a plutôt eu tendance à augmenter au cours des mois de lactation, ce qui signifierait que les LM valorisent mieux une ration humide qu’une ration sèche. Le BCS (body condition score ou note d’état corporel) des animaux est resté stable pendant toute la durée de l’essai, en particulier pour les AN (entre 3,5 et 3,6) et les LM (de 3,3 à 3,4). En raison de leur génétique laitière, les F1 présentaient un état corporel moindre par rapport 

Ingestion selon la race Au tableau 3, il apparaît que les trois races se sont distinguées de façon marquée les unes des autres principalement à partir du 2e mois de lactation (P<0,001). Selon nos résultats et ceux de la littérature, des différences de niveau d’ingestion étaient attendues entre ces races (Petit et al. 1992; Manninen et al. 1998; Murphy et al. 2008; Emmenegger 2009). Sur l’ensemble de l’essai, on observe effectivement un écart de consommation de 0,9 kg de MS entre F1 et AN et de 1,4 kg MS entre AN et LM (F1>AN>LM; P<0,001). Ces effets ainsi que ceux de la forme de la ration sont bien visibles également sur la figure 2. Selon Murphy et al. (2008), dont l’étude a été réalisée sur différents croisements avec du Limousin, plus la génétique limousine est présente dans les croisements, moins les animaux consomment de fourrage. Drennan et al. (2004), qui ont comparé entre eux deux croisements industriels Hereford x Friesian et Limousin x Friesian, n’ont en revanche pas observé de différence d’ingestion. L’analyse de variance n’a pas montré d’interaction entre les formes de ration et les races, ce qui permet de conclure que l’effet de la forme de la ration sur l’ingestion est indépendant de la race (fig. 3).

Tableau 3 | Ingestion moyenne en kg MS par race et selon la forme de la ration Race (R) Forme Ration (FR)

AN

F1

LM

Valeurs P

H

S

H

S

H

S

R

FR

R × FR

1er mois

14,7

15,8

15,8

15,4

13,7

14,4

0,1

0,4

0,5

dès le 2 mois

16,3

17,1

17,3

18,3

14,9

15,7

< 0,001

0,0

0,1

essai entier

16,0

16,8

17,0

17,6

14,6

15,4

< 0,001

0,1

0,1

e

(AN: Angus; F1: animaux croisés LM × Red Holstein; LM: Limousin; (H=humide ou S=sèche)

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014

447


Production animale | Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes

19

Ingestion, kg matière sèche par jour

18

17

16 Angus -sèche 15

Angus - humide F1* - sèche

14

F1* - humide 13

Limousin - sèche Limousin - humide

12 1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

17

* Limousin x Red Holstein

Semaines de lactation

Figure 2 | Evolution de la consommation moyenne des groupes selon la forme de la ration et la race (36 vaches, 6 par groupe).

aux deux autres races au moment du vêlage (3,1), mais leur état s’est amélioré en cours de lactation pour rejoindre celui des LM. En raison de leur production laitière plus élevée, elles mobilisent davantage de réserves corporelles durant la période post-partum, réserves qu’elles reconstituent au-delà du 2e mois de lactation.

Poids des veaux et valorisation des rations Toutes races confondues, les veaux dont les mères ont reçu la ration H ont pris en moyenne durant l’essai 3,3 kg de plus que ceux des mères avec la ration S (AN 0; F1 +4; LM +3 kg). Cette différence n’est pas significative (P>0,05). La production laitière des vaches n’ayant pas

Figure 3 | Lors de la comparaison entre races, le foin a été préféré au mélange d’ensilage d’herbe et de foin extenso aussi bien pour les Angus et les Limousines que pour les croisements Limousines x Red ­H olstein (de gauche à droite). (Photo: Isabelle Morel)

448

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014


Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes | Production animale

770 760 750 740 Angus - sèche

Poids vif (kg)

730 720

Angus - humide

710

F1* - sèche

700

F1* - humide

690

Limousin - sèche

680 670

Limousin - humide LG vêlage

PV 1er mois

PV 2e mois

PV 4e mois

PV 3e mois

* Limousin x Red Holstein

Phase de lactation Figure 4 | Evolution du poids vif des vaches entre le vêlage et le quatrième mois de lactation.

pu être mesurée, la valorisation des rations évaluée à partir des prises de poids des vaches et des veaux semble ne pas être identique pour chaque race. Les LM semblent mieux valoriser la ration sous forme humide que sèche, alors qu’aucune différence n’apparaît chez les AN. Chez les vaches F1, une ration humide serait valorisée sous forme de lait et profiterait davantage

20 18

17,1

18,3

17,3

16,3

15,7

14,9

16 Ingestion, kg MS par jour

aux veaux qu’une ration sèche, transformée en gain de masse corporelle par la vache elle-même. Les veaux des mères F1 sont effectivement ceux qui ont pris le plus de poids durant l’essai, sans toutefois que la différence soit significative (P>0,05). Cette tendance due à la production laitière plus élevée a également été démontrée  par McGee et al. (2005).

14 12 10 8 6

Données essai

4

Livre vert

2 0

Emmenegger 2009 H

S AN

H

S F1

H

S LM

Variantes et races Figure 5 | Valeurs mesurées et estimées de l’ingestion à partir du 2e mois de lactation. (AN: Angus, F1: animaux croisés LM x Red Holstein, LM: Limousin, H: ration humide; S: ration sèche).

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014

449


Production animale | Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes

Comparaison avec les méthodes d’estimation actuelles La figure 5 présente la comparaison des données d’ingestion obtenues dans cet essai avec les valeurs du Livre vert d’une part (Agroscope 2013) et l’équation de prédiction publiée par Emmenegger en 2009 d’autre part. On constate globalement que les deux méthodes d’estimation actuellement disponibles en Suisse sous-estiment systématiquement l’ingestion effective de 0,5 à presque 4 kg MS. En outre, le Livre vert actuel ne distingue pas l’effet des races, alors que la nature de la ration est prise en compte. A l’inverse, l’équation d’Emmenegger (2009) propose une correction en fonction de la race, mais pas du type de ration. La nouvelle équation qui sera publiée lors de la prochaine mise à jour du chapitre consacré aux vaches allaitantes du Livre vert tiendra compte de ces deux facteurs de correction.

450

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014

Conclusions Selon cette étude, les animaux nourris avec une ration sèche à base de foin et de regain ingèrent davantage de fourrage que s’ils reçoivent une ration de valeur nutritive équivalente, mais sous forme humide. Cette différence de près de 900 g de MS par jour en pleine lactation est importante pour la planification des rations dans la pratique. Ce peut être un élément de décision quant au choix du type de fourrage à produire dans l’exploitation, tout en sachant que la valorisation sous forme de lait pour les veaux ou de gain de masse corporelle pour la vache elle-même d’une ration sèche ou humide peut varier selon la race. Cet effet de la nature du fourrage sur l’ingestion mérite d’être intégré sous forme d’un coefficient de correction dans une équation d’estimation de l’ingestion. Les recommandations actuellement utilisées en Suisse sous-estiment systématiquement l’ingestion et n’intègrent pas simultanément l’effet de la race et celui de la ration. Une nouvelle équation de prédiction tenant compte de ces nouvelles données sera publiée prochainement lors de la mise à jour du chapitre consacré aux vaches allaitantes du Livre vert. n


Ingestione di una razione umida o secca con vacche nutrici Nel quadro di uno studio condotto con 36 vacche nutrici delle razze Angus (AN), Limousin (LM) e ottenute dall'incrocio tra Limousin e Red Holstein (F1) si è analizzato l'effetto del tipo di razione sull'ingestione nei primi quattro mesi di lattazione. Sono state confrontate due razioni isoenergetiche somministrate ad libitum, una secca (S) composta da fieno e grumereccio, l'altra umida (H, 53 % SS) composta da una miscela di fieno e insilato d'erba. Le vacche cui era stata somministrata la razione S hanno consumato 0,87 kg di SS in più al giorno rispetto a quelle nutrite con la razione H a partire dal secondo mese di lattazione (P < 0,001) e 0,76 kg di SS in più al giorno su tutto l'arco dello studio (P = 0,07). Si riscontrano scarti considerevoli tra le varie razze (F1 > AN > LM; P < 0,001). Il confronto tra i dati sull'ingestione rilevati nel corso di questo studio e le formule di previsione attualmente applicate evidenzia che l'ingestione viene sistematicamente sottovalutata. Inoltre, nessuna di queste formule considera contemporaneamente tipo di razione e razza. Una nuova equazione di previsione che tenga conto di queste nuove informazioni verrà pubblicata prossimamente nel quadro dell'aggiornamento del capitolo sulle vacche nutrici del Libro verde.

Bibliographie ▪▪ Agroscope, 2013. Apports alimentaires recommandés et tables de la valeur nutritive pour les ruminants (Livre vert).Accès: http://www.agroscope.admin.ch/futtermitteldatenbank/04834/index.html?lang=fr. [août 2014] ▪▪ Drennan M. J. & McGee M., 2004. Effect of suckler cow genotype and nutrition level during the winter on voluntary intake and performance and on the growth and slaughter characteristics of their progeny. Irish Journal of Agricultural and Food Research 43 (2), 185–199. ▪▪ Emmenegger J., 2009. Futteraufnahme und Lebendgewichtentwicklung von Mutterkühen und Mutterkuhkälbern unterschiedlicher Rassen im Lebensabschnitt Geburt bis zum Absetzen. Bachelorarbeit ETH Zürich, 41 p. ▪▪ Faverdin P., 1992. Alimentation des vaches laitières: Comparaison des différentes méthodes de prédiction des quantités ingérées. INRA Prod. Anim. 5 (4), 271–282. ▪▪ INRA, 2007. Alimentation des bovins, ovins et caprins. Ed. Quae, ­Versailles Cedex, 307 p. ▪▪ Lawrence P., Kenny D.A., Early B. & McGee M., 2013. Intake of conserved and grazed grass and performance traits in beef suckler cows differing in phenotypic residual feed intake. Livestock Science 152 (2-3), 154–166.

Summary

Riassunto

Ingestion d’une ration humide ou sèche chez les vaches allaitantes | Production animale

Intake of a dry or a moist ration by suckler cows The effect of type of ration on feed intake was studied in a trial with 36 lactating cows of the Angus (AN), Limousin (LM) and Limousin x Red Holstein cross breeds (F1) during the first four months of lactation. Two iso-energetic rations fed ad libitum were compared: a dry ration (D) composed of hay and aftermath, and a moist ration (M, 53 % DM) composed of a mixture of hay and grass silage. The cows fed ration D consumed 0.87 kg DM more per day than those fed ration M from the second to the fourth month of lactation (P<0.001), and 0.76 kg DM more per day over the entire trial period (P=0.07). Major differences were observed between the different genetic types (F1>AN>LM; P<0.001). A comparison of the ingestion data measured in this trial with the prediction formulas currently used in Switzerland revealed a systematic underestimation of feed intake. Moreover, no prediction formula took simultaneous account of the effect of ration type on the one hand, and genetic type on the other. A new prediction equation taking these new data into account will be published shortly, once the ‘suckler cow’ chapter of the Swiss feeding recommendations for ruminants (Green Book) is updated. Key words: feed intake, suckler cow, silage, hay.

▪▪ Lewis M., 1981. Equations for predicting silage intake by beef and dairy cattle. Proceedings of the sixth silage conference, Edinburgh, 1981, 35–36. ▪▪ Manninen M., Aronen I. & Puntila M.-L., 1998. Effect of type of forage offered and breed on performance of crossbred suckler heifers and their calves. Agricultural and Food Science in Finland, 7 (3), 367–380. ▪▪ McGee M., Drennan M. J. & Caffrey P. J., 2005. Effect of suckler cow genotype on milk yield and pre-weaning calf performance. Irish Journal of Agricultural and Food Research 44 (2), 185–194. ▪▪ Muller A., Micol D., Dozias D. & Peccatte J. R., 1992. Foin ou ensilage pour les bovins en croissance en système herbager. INRA Prod. Anim . 5 (2), 121–126. ▪▪ Murphy B. M., Drennan M. J., O’Mara F. P. & McGee M., 2008. Performance and feed intake of five beef suckler cow genotypes and preweaning growth of their progeny. I rish Journal of Agricultural and Food Research 47 (1), 13–25. ▪▪ Petit M., Jarrige R., Russel A. J. F. & Wright I. A., 1992. Feeding and nutrition of the suckler cow. In: R. Jarrige, C. Béranger (éd.) World Animal Science C5. Beef Cattle Production , 191–208.

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 444–451, 2014

451


P r o d u c t i o n

a n i m a l e

Test d’efficacité de divers conservateurs pour foins humides Ueli Wyss, Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, 1725 Posieux, Suisse Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: ueli.wyss@agroscope.admin.ch

Installation expérimentale pour mesurer l'échauffement du foin humide. (Photo: Ueli Wyss, Agroscope)

Introduction Le foin séché au sol n’affiche pas toujours une teneur en matière sèche supérieure à 85 %, valeur requise pour garantir une conservation sans problème. Cet état se rencontre principalement avec les balles très fortement pressées, d’où l’humidité résiduelle ne peut s’échapper que lentement. Divers micro-organismes se développent alors, notamment les moisissures, et le

452

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 452–457, 2014

fourrage s’échauffe et moisit. L’emploi d’agents conservateurs, la plupart à base d’acide propionique, permet d’empêcher le développement des micro-organismes. Dans cet essai, l’efficacité de divers micro-organismes (bactéries lactiques et levures), d’enzymes ainsi que du produit Sil All Hay a été testée à l’échelle du laboratoire avec un fourrage ayant une teneur en matière sèche (MS) de 75 %.


Test d’efficacité de divers conservateurs | Production animale

Résumé

Matériel et méthodes Pour les essais, du regain (2e coupe – riche en graminées, à prédominance ray-grass) a été humidifié de manière à obtenir une teneur en MS de 75 %. En raison du nombre de variantes, l’essai a été réalisé en deux séries. Chaque variante a été répétée trois fois. Une variante sans ajout de produit d’ensilage a servi de contrôle négatif et une variante avec de l’acide propionique de contrôle positif (produit Luprosil: 99,5 % acide propionique), ceci pour les deux séries. Les différentes variantes figurent dans les tableaux 1 et 2. La souche de bactéries lactiques Pediococcus pentosaceus, la souche de levures Pichia anomala et l’enzyme chitinase de la firme Lallemand ont été étudiées seules et en combinaison. Le produit Sil All Hay de la firme Danstar Ferment, qui contient du sorbate de potassium, du benzoate de sodium et du propionate de sodium, a été également testé. Pour tous les traitements, sauf le contrôle positif, les produits ont été dilués dans l’eau. Les dosages ont été respectés selon les recommandations des firmes. Pour le contrôle négatif, la même quantité d’eau a été appliquée. Les essais ont été réalisés à l’échelle du laboratoire, sur l’installation développée par Meisser (2001). Le fourrage a été introduit dans des cylindres en PVC pour être compressé à 175 kg de MF/m3 (matière fraîche par m3). Chaque cylindre a été muni d’une sonde pour relever et enregistrer les températures toutes les 30 minutes pendant la durée de conservation de 30 jours. Les teneurs en MS et divers paramètres chimiques ont été relevés avant et après les 30 jours de conservation. Les nutriments ont été déterminés par spectroscopie dans le proche infrarouge (NIRS). L’azote insoluble (NADF) a aussi été analysé. La charge en microorganismes (bactéries aérobies mésophiles, moisissures et levures) dans le foin au début des tests et spécialement les moisissures dans toutes les variantes et répétitions à la fin des tests 

Le foin séché au sol doit être suffisamment sec à la récolte pour assurer un stockage sans problème. Une alternative est l'utilisation d’agents conservateurs pour empêcher l’échauffement et l’altération du fourrage. L'efficacité de divers micro-organismes (bactéries lactiques, levures et enzymes) ainsi que d’un produit contenant divers acides a été testée à l’échelle du laboratoire avec un foin humide (75 % de matière sèche). Seul le contrôle positif à base d'acide propionique est parvenu à éviter l’échauffement et l'altération du foin humide. Les variantes étudiées avec différents microorganismes ou un produit chimique ne se sont pas révélées efficaces. Le foin humide s’étant échauffé, il était fortement moisi à la fin des tests.

Tableau 2 | Variantes pour la deuxième série Tableau 1 | Variantes pour la première série No

Description

No Dosage par 100 kg de fourrage

1

Contrôle négatif

2

Contrôle positif = acide propionique

600 g

3

enzyme chitinase

0,15 g

4

Pediococcus pentosaceus

1011 UFC

5

Pichia anomala (dosage 1)

1010 UFC

6

Pichia anomala (dosage 2)

1011 UFC

Description

Dosage par 100 kg de fourrage

7

Contrôle négatif

8

Contrôle positif (acide propionique)

600 g

9

enzyme chitinase et Pediococcus pentosaceus

0,15 g 1011 UFC

10

enzyme chitinase et Pichia anomala

0,15 g 1010 UFC

11

Pediococcus pentosaceus et Pichia anomala

1011 UFC 1010 UFC

12

Sil All Hay

40 g

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 452–457, 2014

453


Production animale | Test d’efficacité de divers conservateurs

Tableau 3 | Teneurs en MS et en nutriments du foin avant l’essai pour les deux séries MS

Cendres

Matière ­azotée

Cellulose brute

ADF

NDF

Sucres

NADF N total

%

g/kg MS

g/kg MS

g/kg MS

g/kg MS

g/kg MS

g/kg MS

%

Première série

74,7

80

117

249

271

468

130

3,0

Deuxième série

75,0

74

115

253

274

482

132

2,3

ADF: lignocellulose; NDF: parois; NADF/N total: azote insoluble par rapport à l’azote total.

Tableau 4 | Charge en micro-organismes dans le foin avant les tests Bactéries aérobies mésophiles log UFC/g

Moisissures log UFC/g

Levures log UFC/g

Première série

8,3

6,3

6,1

Deuxième série

8,3

6,2

6,2

micro-organismes dans le foin diminue significativement si le foin était stocké dans de bonnes conditions jusqu’à l’affouragement.

Résultats

Températures pendant la conservation Toutes les variantes des deux séries, exceptées celles du contrôle positif, se sont rapidement et considérablement échauffées (fig. 1 et 2). L’inefficacité de la souche de bactéries lactiques ajoutée peut s’expliquer par le fait que les bactéries lactiques sont actives en conditions anaérobies, ce qui n’est pas le cas avec le stockage du foin humide. Même le produit Sil All Hay n’a pas empêché l’échauffement. Il semble que le dosage de 400 g/t soit insuffisant. Comme le montrent les résultats de Wyss (2012), le dosage du produit joue ici un rôle déterminant pour obtenir un effet.

Teneurs en MS et nutriments Les teneurs en MS et les nutriments présents dans le fourrage avant le stockage figurent dans le tableau 3 pour les deux séries. Dans les trois groupes de microorganismes bactéries, moisissures et levures, la charge était élevée, selon les valeurs d’orientation VDLUFA (tabl. 4). Toutefois, la charge en micro-organismes à la récolte est élevée, selon Adler et al. (2014), la charge en

Teneurs en MS et nutriments après stockage Au cours de la conservation de 30 jours, l’altération du foin de plusieurs variantes a entraîné la formation d’eau, ce qui se remarque par des teneurs en MS plus basses. Après la conservation, seul le foin du contrôle positif a montré des teneurs en MS supérieures à 75 %. Pour ce dernier, il n’y a pas d’altération ni de dégradations par des micro-organismes.

UFC: unité formant colonie.

ont été déterminées. L’évaluation statistique a fait l’objet d’une analyse de variance et d’un test de Bonferroni (programme SYSTAT 13).

6,0

Différence de température °C

5,0 4,0 3,0 2,0 Contrôle négatif Contrôle positif Enzyme Chitinase Pediococcus pentosaceus Pichia anomala-dosage 1 Pichia anomala-dosage 2

1,0 0,0 -1,0 0

48

96

144

192

240 288

336 384 432 Durée (heures)

480 528

576 624

672

720 768

Figure 1 | Evolution de la température – première série (différence de température avec la température ambiante; température ambiante moyenne 21,5 °C)

454

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 452–457, 2014


Test d’efficacité de divers conservateurs | Production animale

6,0

Différence de température °C

5,0 4,0 3,0 2,0 Contrôle negatif Contrôle positif Enzyme Chitinase + Pichia anomala Enzyme Chitinase + P. pentosaceus P. pentosaceus + Pichia anomala Sil All Hay

1,0 0,0 -1,0

0

48

96

144 192 240 288 336 384 432 480 528 576 624 672 720 768 Durée (heures)

Figure 2 | Evolution de la température – deuxième série (différence de température avec la température ambiante; température ambiante moyenne 21,0 °C)

De plus, il y a eu des différences significatives entre le contrôle positif et presque toutes les autres variantes concernant les cendres, la matière azotée, les constituants pariétaux et le sucre (tabl. 5 et 6). De même, la part d’azote insoluble par rapport à l’azote total – paramètre important pour décrire le processus de dénaturation – a montré des différences significatives entre les variantes de la première série. Pour la deuxième série, les différences n’étaient pas significatives. Le contrôle positif a obtenu dans les deux séries les valeurs les plus basses. Selon Weiss et al. (1992), plus la

part d’azote insoluble croît par rapport à l’azote total, plus la digestibilité de la matière azotée diminue. La détérioration des foins a eu aussi des effets sur les pertes en MS et sur la teneur en NEL (tabl. 5 et 6). Pratiquement aucune perte en MS n’a été observée dans le contrôle positif. Au contraire, dans les autres variantes, des pertes en MS élevées ont été déterminées. La même situation est observée à propos des valeurs énergétiques NEL. Des valeurs en NEL significativement plus élevées ont été observées dans le foin humide du  contrôle positif.

Tableau 5 | Paramètres chimiques du foin humide pour la première série après conservation Teneur en MS %

Cendres g/kg MS

Matière azotée g/kg MS

Cellulose brute g/kg MS

ADF g/kg MS

NDF g/kg MS

Sucres g/kg MS

NADF / N total %

Pertes en MS %

NEL MJ/kg MS

Contrôle négatif

73,3a

84b

135b

310 b

361b

593c

58a

5,7b

11,5b

5,1b

Contrôle positif

78,2b

60a

117a

254 a

268a

489a

138b

2,4 a

0,2a

5,7a

Enzyme chitinase

73,3

a

90

b

135

b

311

359

b

594

c

62

a

4,4

b

13,1

5,1b

Pediococcus pentosaceus

a

74,1

84

b

130

b

306

352

b

576

bc

64

a

5,3

9,5

b

5,1b

Pichia anomala (dosage 1)

73,6a

88b

129b

313b

360 b

590 bc

63a

5,6b

12,6b

5,0 b

Pichia anomala (dosage 2)

74,5

74

127

297

345

555

69

4,5

ab

9,7

b

5,3b

SE

0,53

3,1

2,0

3,4

4,5

6,9

4,2

0,42

1,1

0,06

Seuil de signification

***

***

***

***

***

***

***

**

***

***

a

ab

ab

b b

b

b

b

a

ab b

MS: matière sèche; ADF: lignocellulose; NDF: parois; sucres: hydrates de carbones solubles dans l’éthanol; NADF/N total: azote insoluble par rapport à l’azote total; NEL: énergie nette pour la production laitière. SE: erreur standard; n.s.: non significatif; * p<0,05; ** p<0,01; *** P<0,001. Des lettres minuscules différentes au sein d’une même colonne indiquent des moyennes significativement différentes entre les procédés au seuil de 5 % (test Bonferroni).

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Production animale | Test d’efficacité de divers conservateurs

Tableau 6 | Paramètres chimiques du foin humide pour la deuxième série après conservation Teneur en MS %

Cendres g/kg MS

Matière azotée g/kg MS

Cellulose brute g/kg MS

ADF g/kg MS

NDF g/kg MS

Sucres g/kg MS

NADF/ N total %

Pertes en MS %

NEL MJ/kg MS

Contrôle négatif

70,9a

90 b

138b

299b

344b

567b

47a

6,3

16,9b

5,2b

Contrôle positif

78,5

67

116

253

267

469

a

140

3,4

-0,7

5,6a

Enzyme chitinase + P. pentosaceus

73,6ab

84 ab

132ab

302b

342b

563b

64 a

4,3

11,9ab

5,2b

Enzyme chitinase + P. anomala

72,3ab

81ab

130ab

312b

351b

579b

63a

5,3

14,9 b

5,1b

P. pentosaceus + P. anomala

72,6ab

83ab

136b

302b

344b

564b

62a

5,7

15,3b

5,3b

Sil All Hay

74,2ab

76ab

131ab

299b

339b

561b

73a

4,7

9,5ab

5,3b

SE

1,35

3,8

3,4

3,1

4,9

6,6

5,4

0,99

2,6

0,05

*

*

**

***

***

***

***

n.s.

**

Seuil de signification

b

a

a

a

a

b

a

log UCF/g

MS: matière sèche; ADF: lignocellulose; NDF: parois; sucres: hydrates de carbones solubles dans l’éthanol; NADF/N total: azote insoluble par rapport à l’azote total; NEL: énergie nette pour la production laitière. SE: erreur standard; n.s.: non significatif ; * p<0,05; ** p<0,01; *** P<0,001. Des lettres minuscules différentes au sein d’une même colonne indiquent des moyennes significativement différentes entre les procédés au seuil de 5 % (test Bonferroni).

première série

11,0 10,0 9,0 8,0 7,0 6,0 5,0 4,0 3,0 2,0 1,0 0,0

b

a

tif

ga

é en

l

trô

con

deuxième série Limite entre qualité normale et nombre légèrement élevé b

b

b

itin

h eC

b

ase

s 1 2 ceu ge ge osa osa d d e la la zym sp ma ma En no no ccu a a o c a a hi hi dio Pic Pic Pe if

sit

o ep

l

trô

con

b

sa nto

tif

ga

é en

l

trô

con

a

zym

e

E

us

se

a itin

h

eC

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b

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as

itin

h eC

tif

osi

p ôle

tr

con

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P.

la

ma

no

a P.

+

b

s+

eu sac

P

ala

om

n .a

b

ay

ll H

A Sil

nto

pe

En Figure 3 | Moisissures dans le foin humide (UFC: unité formant colonie).

Evaluation sensorielle et moisissures Après la conservation d’une durée de 30 jours, le foin humide de toutes les variantes, sauf celui du contrôle positif des deux séries, était entièrement moisi. Il dégageait une forte odeur d’ammoniac. Les analyses complémentaires portant sur les moisissures ont confirmé l’évaluation sensorielle. Selon les valeurs d’orientation de VDLUFA (2012), seules les valeurs pour le contrôle positif étaient au degré I, ce qui correspond à des valeurs normales. Pour toutes les autres variantes, les valeurs ont été classées au degré IV, ce qui est déjà considéré comme altéré (fig. 3).

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Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 452–457, 2014

Conclusions ••Le foin humide non traité se conserve mal. Il s’échauffe et moisit. ••Le contrôle positif avec l’acide propionique a permis d’éviter l’échauffement et l’altération du foin. ••Les divers produits testés ne se sont pas révélés efficaces. Le foin humide traité s’est échauffé et était moisi à la fin des tests. Ceci s’explique d’une part par les conditions de stockage qui ne sont pas idéales pour les bactéries lactique et, d’autre part, par un dosage insuffisant. n


Test di efficacia di vari conservanti per il fieno umido Il fieno essiccato al suolo deve essere sufficientemente asciutto al momento del raccolto per garantire una conservazione senza problemi. Un'alternativa è l'utilizzo di conservanti per impedire il riscaldamento e il deterioramento del foraggio. È stata testata l'efficacia di vari microrganismi (batteri lattici, lieviti ed enzimi) e di un prodotto contenente diversi acidi su un fieno umido con un tenore in sostanza secca del 75 per cento sulla scala del laboratorio. Soltanto il controllo positivo a base di acido propionico ha consentito di evitare il riscaldamento e il deterioramento del fieno umido. Le varianti testate con diversi microrganismi o con un prodotto chimico non si sono rivelate efficaci. Il fieno umido si è riscaldato e al termine dei test è risultato decisamente ammuffito.

Bibliographie ▪▪ Adler A., Kiroje P., Reiter E. & Resch R., 2014. Einfluss unterschiedlicher Trocknungsverfahren auf die Futterhygiene von Raufutter. Bericht über das 19. Alpenländische Expertenforum, 54-67. ▪▪ Meisser M., 2001. Conservation du foin humide. Revue suisse d'Agriculture 33 (2), 61–65. ▪▪ Weiss W. P., Conrad H. R. & St. Pierre N. R., 1992. A theoretically-based model for predicting total digestible nutrient values of forages and concentrates. Anim. Feed Sci. Technol. 39, 95–110.

Summary

Riassunto

Test d’efficacité de divers conservateurs | Production animale

Effect of preservatives in moist hay Field-dried hay must be sufficiently dry at harvest for problem-free storage. Alternatively, preservatives that prevent heating and spoilage may be added to the hay. In a trial, the efficacy of various microorganisms (lactic acid bacteria, yeasts and enzymes) as well as of a product containing various acids was tested in moist hay with a DM content of 75 % on a laboratory scale. The positive control with propionic acid was the only one preventing the heating and deterioration of the hay. The variants with different microorganisms or a chemical product were not effective: the forage heated, and was highly mouldy at the end of the test. Key words: hay, preservatives, lactic acid bacteria, yeasts, enzymes.

▪▪ Wyss U., 2012. Efficacité d’un agent conservateur du foin humide – résultats 2011. Recherche Agronomique Suisse 3 (6), 314–321. ▪▪ VDLUFA, 2012. Keimgehalte an Bakterien, Hefen, Schimmel- und Schwärzepilzen. Methodenbuch III, Die chemische Untersuchung von Futtermitteln, 8. Ergänzungslieferung 2012.

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 452–457, 2014

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E n v i r o n n e m e n t

Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse Daniel Bretscher1, Sabrina Leuthold-Stärfl1, Daniel Felder2 et Jürg Fuhrer1 Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU, 8046 Zurich, Suisse 2 Office fédéral de l’agriculture, 3003 Berne, Suisse Renseignements: Daniel Bretscher, e-mail: daniel.bretscher@agroscope.admin.ch

1

Les importations de denrées alimentaires sont la cause principale de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse. (Photo: Kara, Fotolia.com)

Introduction L’agriculture et la filière alimentaire sont des sources importantes d’émissions de gaz à effet de serre, dans le monde entier comme en Suisse. Les émissions se produisent tout au long de la chaîne alimentaire, au travers de la fabrication des agents de production, des processus biochimiques dans la production animale et végétale, et de la transformation et du transport des denrées alimentaires. Dans la «Stratégie Climat pour l’agriculture», l’Office fédéral de l’agriculture a formulé des objectifs de réduction (OFAG 2011): d’ici 2050, au moins un tiers des émissions dues à la production agricole doivent être réduits grâce à des mesures techniques, d’exploitation et d’organisation (perspective de production). Des adaptations du comportement de consommation et d’alimentation doivent permettre de réduire les émissions d’un autre tiers (perspective de consommation). Des inventaires d’émissions sont nécessaires pour définir et contrôler les mesures et objectifs.

458

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 458–465, 2014

Le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estime que, sur le plan mondial, 13,5 % des émissions anthropogènes de gaz à effet de serre peuvent être attribués à l’agriculture. Adoptant un angle de vue encore plus large, Bellarby et al. (2008) chiffrent le pourcentage des émissions agricoles directes et indirectes de 17 à 30 %. Cet écart peut être expliqué par les différences de segmentation sectorielle et par la délimitation territoriale des approches des bilans. Les méthodes-cadres du GIEC pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre limitent l’observation aux sources d’émissions de la production agricole directe. En général, ce type d’approche se fait uniquement dans la perspective de la production, c’est-à-dire des «impacts environnementaux directs des branches de l’industrie et des services à l’échelle nationale» (Jungbluth et al. 2011; EEA 2013). Au contraire, la perspective de la consommation englobe «tous les impacts environnementaux directs et indirects le long de la chaîne de production et de consommation d’un produit consommé sur le territoire national». Dans l’UE et en Suisse, les denrées alimentaires font ainsi partie des biens de consommation les plus responsables des émissions de gaz à effet de serre (Jungbluth et al. 2011; EEA 2013). Etant donné la grande diversité des approches utilisées pour les bilans, les limites du système et les angles d’étude sont des facteurs importants dans l’élaboration des stratégies de réduction. Différentes études récentes tentent donc de représenter l’agriculture et la filière alimentaire dans une perspective intégrale et complète (Garnett 2011; Smith et Gregory 2013; EEA 2013). L’étude présentée ici fournit les bases de données nécessaires pour les décisions de politique agricole et de politique climatique en Suisse. Les émissions de gaz à effet de serre liées à l’agriculture et la filière alimentaire suisses sont prises en compte tant dans la perspective de la production que dans celle de la consommation. Par ailleurs, ce premier récapitulatif montre où des recherches sont encore nécessaires. Les analyses détaillées ultérieures doivent pouvoir s’appuyer sur les principes établis.


Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse | Environnement

Principes généraux et portée de l’étude L’agriculture et la filière alimentaire sont subdivisées en sept secteurs partiels (secteurs de production) (fig. 1). Le trajet du point de vente au consommateur à la maison, la transformation dans les ménages ainsi que les déchets et leur élimination ne sont pas pris en compte. Lors de l’enregistrement des émissions liées aux importations et aux exportations de denrées alimentaires, les limites du système sont fondamentalement les mêmes. Les émissions causées par les denrées alimentaires exportées ne sont pas portées au compte de la Suisse et sont mentionnées comme des valeurs négatives. Contrairement aux approches territoriales et basées sur la production, le relevé des émissions liées à la consommation ne fait l’objet d’aucune méthode standard. Le principe primaire repose sur les méthodes de deux études de Jungbluth et al. (2007) et Jungbluth et al. (2011). Dans tous les domaines, les émissions de dioxyde de carbone (CO2), de méthane (CH4) et de protoxyde d’azote (N2O) sont calculées. CH4 et N2O sont convertis en équivalents CO2 (éq. CO2) à partir de leur potentiel de réchauffement global sur 100 ans. Les facteurs utilisés sont les suivants: pour CH4, facteur 21, pour N2O, facteur 310. Bases de données Les méthodes de calcul des domaines de la production agricole directe, de la consommation d’énergie ainsi que de l’utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie, UTCATF (LULUCF: Land Use, Land Use Change and Forestry) sont soit repris directement de l’inventaire national des gaz à effet de serre, soit s’orientent sur les bases méthodologiques correspondantes (OFEV 2013). Dans les domaines des intrants, des importations et des exportations, l’approche suivie est celle de l’analyse de cycle de vie. Les importations et les exportations de biens sont reprises des statistiques douanières suisses et regroupées suivant la disponibilité des données d’analyses de cycle de vie (facteurs d’émission) (AFD 2013, tabl. 1). Dans le domaine de la transformation, les branches et les groupes de biens 15 et 16, soit la «fabrication de denrées alimentaires», ont été pris en compte (OFS 2002). Les NAMEA (National Accounting Matrices including Environmental Accounts) attribuent à ces branches les émissions correspondantes à partir de l’inventaire national des gaz à effet de serre (Sutter et al. 2009). Les répartitions entre les différentes branches secondaires se font en fonction du pourcentage des employés (équivalents plein temps). Les intrants d’autres branches

Résumé

Méthode

L’agriculture et la filière alimentaire sont des sources importantes d’émissions de gaz à effet de serre. Les inventaires d’émissions sont à la base des stratégies de réduction et des contrôles d’impact. Les efforts faits jusqu’ici pour tirer des bilans se caractérisent souvent par des visions sectorielles relativement étroites. Dans la présente étude, les émissions de l’agriculture et de la filière alimentaire en Suisse font l’objet d’une approche intégrale, tant dans la perspective de la production que dans celle de la consommation. Tandis que du point de vue de la production, les émissions ont légèrement reculé en dépit de l’augmentation de la production, les rejets totaux de gaz à effet de serre par l’agriculture et la filière alimentaire ont augmenté au total de 15 % depuis 1990. Cette hausse est principalement due aux importations de denrées alimentaires, qui ont augmenté de bien 70 % depuis 1990. Les résultats mettent en évidence un écart considérable entre les objectifs de la «Stratégie Climat pour l’agriculture» et l’évolution des émissions liées à la consommation. Les principales actions à envisager consistent notamment à encourager les habitudes alimentaires respectueuses du climat, mais aussi à accroître l’efficience de tous les domaines de la production.

pour la «fabrication de denrées alimentaires» sont déterminés à partir des tableaux EE-IOT (environmentally-extended input-output-tables) et NAMEA (Nathani et al. 2013).

Résultats Au total, l’agriculture et la filière alimentaire sont responsables en moyenne de l’émission de 14,6 millions de tonnes d’éq. CO2 net par an – à noter que les émissions ont progressé de plus de 15 % entre 1990 et 2011 (fig. 2 et tabl. 2). En Suisse, les émissions de gaz à effet de serre par habitant causées par l’alimentation étaient de l’ordre de 2 t éq. CO2 durant toute cette période. Les principaux domaines d’émission sont la production agricole directe et les importations de denrées alimentaires. Tandis que les émissions de la production agricole directe ont baissé d’environ 8 % de 1990 à 2011 du fait de la baisse des effectifs animaux et de l’emploi des engrais minéraux, les émissions dues aux importations de denrées alimentaires ont augmenté de bien 70 % durant la  même période.

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459


Environnement | Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse

–2,3

Exportations de denrées alimentaires

Intrantsª

Production agricole directe CH4 et N2O issus de la production agricole directe (secteur 4 des inventaires nationaux des gaz à effet de serre) 5,6

0,7

0,7 0,0–1,2

Consommation d’énergie (énergie grise)b UTCATFc

Transformation (transformation, conditionnement, transport)

(A)

1.4

Ménages

9,3

Déchets et élimination

Importations de denrées alimentaires

a: Fabrication d’agents de production agricole b: Consommation d’énergie dans les exploitations agricoles c: UTCATF: Utilisation des terres et changement d’affectation des terres

(B) Figure 1 | Perspective production (A) et perspective consommation (B) de l’agriculture et de la filière alimentaire en Suisse. Les chiffres et surfaces des rectangles correspondent aux émissions en 2011 en millions de tonnes d’équivalents CO2 . Les flèches représentent l’évolution durant la période 1990–2011:  tendance stable,  émissions en hausse,  émissions en baisse.

Perspective de la production Les émissions dans le domaine des intrants, de la consommation d’énergie et de l’UTCATF sont faibles en comparaison. Pour les émissions des intrants, les engrais azotés gourmands en énergie pèsent notamment lourd dans la balance avec 0,3–0,4 millions de t éq. CO2 par an (fig. 3). Au début des années 90 notamment, les émissions de gaz à effet de serre liées à la production étaient légèrement en recul. Au contraire, les émissions des aliments pour animaux importés ont considérablement augmenté depuis 1990 (+210 %) et ont pratiquement atteint le niveau des engrais azotés en 2011. La production de pesticides ne joue pratiquement aucun rôle. Les émissions de la production agricole directe sont dominées par les émissions de CH4 issues de la digestion des animaux de rente (44 %) et par les émissions de N2O provenant de la fertilisation (38 %). Le reste provient du stockage des engrais de ferme, 11 % de CH4 et 7 % de N2O. Parmi toutes les sources d’émissions de la production agricole directe, les bovins jouent le rôle prédominant. Ils sont responsables de plus de 85 % des émissions de CH4 et contribuent aussi largement aux émissions de N2O. Deux tiers des émissions énergétiques des exploitations agricoles sont dus à l’emploi de tracteurs et de machines, ainsi qu’au séchage de l’herbe, tandis que le dernier tiers est dû au chauffage des serres. Les ten-

460

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 458–465, 2014

dances sont stables dans le temps, à l’exception du séchage de l’herbe qui n’a pratiquement plus d’importance aujourd’hui, ce qui n’était pas le cas en 1990. L’énergie grise, liée à la fabrication des bâtiments agricoles et des machines ainsi qu’à la mise à disposition de l’énergie directe, n’a pas été prise en compte. Selon Latsch et al. (2013), la charge énergétique correspondante est pratiquement deux fois plus élevée que la consommation directe d’énergie. Les sources et les puits du domaine UTCATF sont estimés séparément pour les herbages et les terres arables, ainsi que pour les sols minéraux et les sols organiques (sols tourbeux). Les pertes de carbone dans les sols organiques drainés et exploités sont les principales responsables des émissions dans ce domaine. Les sols minéraux qui représentent une surface nettement plus importante, sont supposés se trouver en équilibre lorsque l’affectation agricole reste inchangée. Par conséquent, ils ne produisent pratiquement pas d’émissions. Les fortes fluctuations des valeurs absolues du domaine UTCATF sont dues à la variabilité annuelle de la biomasse disponible. Perspective de la consommation L’intégration des domaines de la transformation, de l’importation et de l’exportation des denrées alimentaires, permet d’élargir la perspective de la production à la


Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse | Environnement

Tableau 1 | Facteurs/intensités d’émissions (données des analyses de cycle de vie) des agents de production et des denrées alimentaires en kg d’équivalents CO2 par kg de produit Agent de production / Denrée alimentaire

Facteur d’émission 2834 Nitrites, nitrates

Engrais (selon la Liste des ­positions tarifaires AFD)

Pesticides Aliments pour animaux

Importation / Exportation

0,4

3101 Engrais d’origine animale ou végétale

0,0

3102 Engrais azotés

2,2

3103 Engrais phosphatés

0,5

3104 Engrais potassiques

0,4

3105 Engrais mixtes, autres engrais

0,7

Insecticides

18,7

Fongicides

14,3

Herbicides

23,1

Aliments pour animaux

Hillier et al. 2011

Lal 2004 Jungbluth et al. 2007

0,7 Import

Export 9,7

Animaux vivants

AV

8,2

Viande et produits carnés

VPC

9,7

9,1

Poissons et crustacés

PC

9,4

9,3

Produits de laiterie et œufs

PLO

5,7

5,7

Autres produits d’origine animale

APA

0,4

0,8

Plantes vivantes et fleurs

PVF

1,2

0,4

LF

1,2

0,4

Café, thé, cacao, épices

CTC

3,8

1,5

Céréales, produits céréaliers

CPC

0,9

1,0 1,4

Légumes, fruits

Graines et fruits oléagineux

GFO

1,5

HGAV

3,5

7,7

Sucres, sucreries, miel

SM

0,8

0,7

Autres denrées alimentaires

ADA

0,8

0,7

BO

1,4

0,2

TPBT

0,8

0,6

Huiles et graisses animales et végétales

Boissons Tabac et produits à base de tabac

perspective de la consommation. Le pourcentage de ces domaines est passé d’environ 42 % à environ 54 % durant la période observée. Un peu plus de deux tiers des émissions imputables au domaine de la transformation sont dus à la fabrication de denrées alimentaires, tandis que le reste provient des branches fournisseuses. A côté de l’industrie des produits boulangers, la transformation du café, du cacao, des épices, etc., la transformation du lait ainsi que les abattoirs et la transformation de la viande sont les domaines qui pèsent le plus lourd dans la balance. Ni le total des émissions, ni leur répartition entre les différentes branches et les différents biens n’ont changé de manière significative depuis 1990. La contribution des importations nettes de denrées alimentaires (importations moins exportations) s’élève en moyenne à près de 38 % du total des émissions de l’agriculture et de la filière alimentaire, sachant que les émissions correspondantes ont nettement augmenté depuis 1990 (+57 %). La plupart des émissions sont causées par les importations de viande et de produits carnés, de légumes et de fruits, ainsi que de boissons (fig. 4).

Source

Jungbluth et al. 2007

De 1990 à 2011, les exportations ont augmenté de plus de 140 %. Les émissions les plus importantes peuvent être imputées aux produits laitiers et aux œufs, qui parallèlement sont responsables de la majeure partie de l’augmentation. La répartition des émissions entre les différents groupes de produits montre que les intensités d’émissions élevées sont déterminantes pour les produits carnés, tandis que les quantités absolues jouent un plus grand rôle pour les produits végétaux.

Discussion Le total des émissions comptabilisées et la répartition entre les différents domaines de l’agriculture et de la filière alimentaire correspondent bien aux résultats des autres études (Garnett 2008; Jungbluth et al. 2011). Par rapport aux objectifs de réduction de la stratégie Climat pour l’agriculture, il reste encore beaucoup à faire (fig. 5). On constate notamment une augmentation des émissions dans la perspective de la consommation depuis 1990. Cette hausse peut s’expliquer en grande partie par la croissance démographique et par les importations de

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461


Environnement | Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse

15,0

10,0

5,0 Importations Transformation UTCATF Consommation d’énergie Production agricole directe Intrants Exportations 2011

2010

2009

2008

2006

2007

2005

2004

2003

2001

2002

2000

1999

1998

1996

1997

1995

1994

1993

1991

-5,0

1992

0,0

1990

Millions de tonnes d’équivalents CO2 par an

20,0

UTCATF: Utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie (LULUCF: Land Use / Land Use Change and Forestry)

Figure 2 | Emissions de gaz à effet de serre de l’agriculture et de la filière alimentaire en Suisse de 1990 à 2011.

denrées alimentaires qui vont de pair. C’est pourquoi, les inventaires d’émissions GIEC centrés sur le plan sectoriel et territorial sont insuffisants pour établir des stratégies de réduction. L’inventaire national des gaz à effet de serre couvre uniquement les domaines «production directe agricole», «consommation d’énergie», «UTCATF» et «transformation», qui représentent en moyenne 58 % des émissions, sachant que ce pourcentage a baissé en continu durant la période d’observation. 20,0 Le volume d’émissions qui peut être appréhendé par des mesures prises dans la perspective de la consommation est donc presque deux fois plus important que celui 15,0 qui peut être appréhendé dans la perspective de la production. L’étude de Jungbluth et al. (2011) était déjà arrivée à la conclusion que le secteur des denrées ali10,0 mentaires prenait beaucoup d’importance dans la pers-

pective de la consommation et que les émissions importées de l’étranger représentaient bien plus de 50 %. L’observation intégrale a en outre l’avantage de montrer si une mesure de réduction conduit seulement à déplacer une émission dans des domaines non pris en compte et notamment à l’étranger. Qu’une telle tendance ait existé dans le passé est confirmé par le fait que les émissions liées à la production ont diminué au fil du temps, tandis que les émissions liées à la consommation ont augmenté. Qualité des données et pertinence Le potentiel d’un domaine par rapport à la réduction des gaz à effet de serre ne peut pas dépendre exclusivement du niveau des émissions correspondantes. Des facteurs tels que l’incertitude ou la sensibilité aux conditions

Tableau 2 | Emissions de gaz à effet de serre de l’agriculture et de la filière alimentaire suisses en 1990 et 2011 1990

2011

Millions de t d’équivalents CO2

2011

%

%

Intrants

0,58

0,69

4,2

4,5

Production agricole directe

6,09

5,60

43,8

36,2

Consommation d’énergie

0,85

0,72

6,1

4,7

UTCATF

0,56

0,09

4,0

0,6

Total perspective production

8,07

7,10

58,1

45,9

Transformation

1,41

1,41

10,2

9,1

Importations

5,37

9,27

38,7

59,9

Exportations

–0,96

–2,31

–6,9

–15,0

Total perspective consommation

5,83

8,37

41,9

54,1

13,90

15,47

100,0

100,0

Total

462

1990

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 458–465, 2014


Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse | Environnement

Millions de tonnes d’équivalents CO2 par an

0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2

2011

2010

2009

2008

2007

2006

2005

2004

2003

2001

2002

2000

1998

1999

1997

1996

1995

1994

1993

1991

1990

0,0

1992

0,1

Aliments pour animaux Pesticides Engrais mixtes, autres engrais Engrais potassiques Engrais phosphatés Engrais azotés

Figure 3 | Emissions de gaz à effet de serre du domaine des intrants de 1990 à 2011.

environnementales sont également décisifs. Dans ce contexte, il faut souligner les domaines UTCATF et transformation. D’infimes variations des réserves en carbone du sol peuvent conduire à des émissions significatives ou à des puits allant jusqu’à 3 millions de t éq. CO2 (OFEV 2013). Pour les données d’analyses de cycle de vie des denrées alimentaires également et particulièrement pour la production d’aliments pour animaux, les émissions UTCATF associées ne sont souvent considérées que de manière très générale. D’énormes lacunes de connaissances existent encore dans ce domaine.

Dans le domaine de la transformation, les incertitudes portent notamment sur la répartition des émissions au sein du domaine à l’aide de chiffres indicatifs. En outre, il n’est pas possible d’attribuer les gaz à effet de serre aux processus qui couvrent plusieurs branches, comme le transport, le refroidissement ou le conditionnement. Sans analyses plus détaillées, il est donc particulièrement difficile d’établir des stratégies de réduction. D’autres études sont également nécessaires dans le domaine des analyses de cycle de vie. La grande importance et la large fourchette des valeurs spécifiques aux 

11 Viande et produits carnés

Facteurs d’émission (kg d’équivalent CO2) par kg

10 9

Poissons et crustacés Animaux vivants

8 7

Produits de laiterie et œufs

6 5

Café, thé, cacao, épices

4

Huiles et graisses animales et Graines et fruits végétales oléagineux

3 2 1 0 -0,2

TPBT ADA APA 0,0

Légumes, fruits

PVF

Céréales, produits céréaliers

SM 0,2 0,4 0,6 0,8 Importations nettes en millions de t.

1,0

1,2

Figure 4 | Facteurs d’émissions et importations nettes de différents groupes de denrées alimentaires (sans les boissons) en 2011. Produits animaux: carrés rouges; produits végétaux: cercles verts; indéterminé: losanges bleus. Les proportions des surfaces correspondent à la contribution aux émissions des importations nettes. Abréviations: voir tableau 1.

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Environnement | Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse

120

Emissions perspective consommation

115

Indice 1990 = 100 %

110

Production de denrées alimentaires

105

Domaine cible production

100 95

Emissions perspective production

90 85 80

2020

2015

2010

2005

2000

1995

Domaine cible Emissions 1990

75

Figure 5 | Evolution des émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture et de la filière alimentaire en Suisse (perspective de la consommation) ainsi que de la production agricole et des émissions associées (perspective de la production). Les surfaces en couleur correspondent aux objectifs cibles de la «Stratégie Climat pour l’agriculture».

produits dans la littérature montrent que de nombreuses recherches sont encore requises. Par ailleurs, des facteurs d’émissions constants ont été établis pour tous les produits/marchandises sur l’ensemble de la période. Dans le domaine des intrants comme dans celui des importations et exportations des denrées alimentaires, les intensités d’émissions sont toutefois généralement en recul. Enfin, les domaines «Ménage» et «Déchets et élimination», non pris en compte, sont loin d’être négligeables: l’étude de Garnett (2011) considère que ces domaines (catering compris) sont responsables d’environ 20 % des émissions liées à l’agriculture et à l’alimentation. En outre, c’est aussi là qu’ont lieu la plupart des pertes et des déchets de denrées alimentaires, qui, si on pouvait les empêcher, contribueraient à la réduction des gaz à effet de serre.

Conclusions et perspectives Du côté de la production, des mesures dans le domaine des intrants et de la consommation d’énergie seraient relativement faciles à mettre en pratique. Mais le volume d’émissions est trop faible pour en attendre des réductions d’envergure. Si l’on se limite par contre au grand domaine de la production agricole directe et de l’UTCATF, les possibilités techniques de réduction des émissions sont très restreintes. Les processus biochimiques dans la production animale et végétale sont étroitement imbriqués les uns dans les autres et difficilement influençables. D’autre part, certaines mesures isolées ne conduisent souvent qu’à un simple déplacement des émissions ou

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Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 458–465, 2014

entraînent des effets secondaires indésirables. Les stratégies supérieures qui visent une augmentation de l’efficience (p. ex. augmentation de l’efficience de l’azote) sont nettement plus prometteuses, car premièrement, elles agissent sur l’ensemble de la filière et deuxièmement, elles entraînent également des réductions dans le domaine des intrants et de l’énergie. Tandis que les stratégies établies dans la perspective de la production visent essentiellement à augmenter l’efficience de la production de plus gros volumes, la perspective de la consommation inclut également le comportement des consommatrices et des consommateurs ainsi la composition du panier de la ménagère, c’est-à-dire les moteurs fondamentaux des émissions. Les produits animaux qui émettent beaucoup de gaz à effet de serre jouent un rôle clé. Par conséquent, le passage à une alimentation de plus en plus végétarienne serait extrêmement prometteur, d’une part à cause du grand volume d’émissions de la production animale et d’autre part, parce que les effets se font sentir dans tous les domaines de la chaîne alimentaire (cf. p. ex. Stehfest et al. 2009, Popp et al. 2010, Smith et Gregory 2013). Avec la mesure «Alimentation plus respectueuse des ressources naturelles» du plan d’action Economie verte et les enseignements tirés du Programme national de recherche «Alimentation saine et production alimentaire durable» (PNR 69), des efforts sont faits pour présenter plus concrètement le potentiel d’amélioration de l’alimentation sur le plan écologique et pour mieux l’exploiter. n


Evoluzione delle emissioni di gas serra nella filiera agroalimentare svizzera La filiera agroalimentare rappresenta una fonte significativa di emissioni di gas serra. Gli inventari delle emissioni sono alla base delle strategie di riduzione e dei controlli degli effetti. Finora, tuttavia, i tentativi di bilanciamento sono stati spesso caratterizzati da limitati punti di vista settoriali. Nel presente studio, le emissioni derivanti dalla filiera agroalimentare svizzera vengono considerate con un approccio integrale dalla prospettiva sia della produzione sia del consumo. Mentre, dal punto di vista della produzione, le emissioni si sono leggermente ridotte nonostante la crescita in termini di output, dal 1990 i gas serra derivanti dalla filiera agroalimentare sono aumentati complessivamente del 15 per cento. La causa principale è costituita dalle importazioni di alimenti, che dal 1990 sono aumentate di un buon 70 per cento. I risultati rivelano un notevole divario di obiettivi tra le prescrizioni della «Strategia sul clima per l'agricoltura» e l'evoluzione delle emissioni basate sui consumi. Le più importanti opzioni di intervento sono la promozione di un'alimentazione rispettosa dell'ambiente, ma anche l'incremento dell'efficienza in tutti i settori produttivi.

Bibliographie ▪▪ AFD, 2013. Statistique du commerce extérieur. Administration fédérale des ­d ouanes (AFD) Berne. Accès: http://www.ezv.admin.ch [26.06.2013]. ▪▪ Bellarby J., Foereid B., Hastings A. & Smith P., 2008. Cool Farming: Climate impacts of agriculture and mitigation potential. Accès: http://www.greenpeace. org [26.06.2013]. ▪▪ EEA, 2013. European Union CO2 emissions: Different accounting perspectives. European Environment Agency (EEA), Copenhagen. Technical report No. 20. ▪▪ Garnett T., 2011. Where are the best opportunities for reducing greenhouse gas

Summary

Riassunto

Emissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture et la filière alimentaire en Suisse | Environnement

Development of greenhouse gas emissions in the Swiss agriculture and food sector The agriculture and food sector is a major contributor to greenhouse gas emissions. Emission inventories serve as a basis for reduction strategies and the respective impact assessments. To date however, efforts at assessment have frequently been characterised by limited sector perspectives. Adopting an integral approach, the present study reviews emissions from the Swiss agriculture and food sector from the perspectives of both production and consumption. Whereas emissions from the production perspective fell slightly in spite of rising output, greenhouse gas emissions from the total agriculture and food sector have risen by a total of 15 % since 1990. The main reason for this is food imports, which have increased by more than 70 % since 1990. The results reveal a considerable gap between the goals of the «Climate Strategy for Agriculture» and the trend of consumption-based emissions. The main options for action are the promotion of a climate-friendly diet and the increase of efficiency in all areas of production. Key words: greenhouse gas emissions, food system, agriculture, food consumption.

▪▪ Nathani C., Sutter D., van Nieuwkoop R., Kraner S., Peter M. & Zandonella R., 2013. Energiebezogene Differenzierung der Schweizerischen IOT 2008 und Revision der Energie-IOT 2001 und 2005. Office fédéral de l’énergie (OFEN), Berne. 75 p. ▪▪ OFAG, 2011. Stratégie Climat pour l‘environnement. Protection du climat et ­a daptation au changement climatique pour une agriculture et une économie ­a limentaire suisses durables. Office fédéral de l’agriculture (OFAG), Berne. ­A ccès: http://www.blw.admin.ch/themen/00010/00071/00265/index. html?lang=fr [05.05.2013]. ▪▪ OFEV, 2013. Switzerland’s Greenhouse Gas Inventory 1990–2011. National

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Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 458–465, 2014

465


P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les ­fusarioses et les mycotoxines du blé Hans-Rudolf Forrer1, Tomke Musa1, Fabienne Schwab2, Eveline Jenny1, Thomas D. Bucheli1, Felix E. Wettstein1, Keqiang Cao3 et Susanne Vogelgsang1 1 Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU, 8046 Zurich, Suisse 2 Duke University, Center for the Environmental Implications of Nanotechnology, Durham, NC 27708, USA 3 Agricultural University of Hebei, College of Plant Protection, Baoding 071001, Chine Renseignements: Hans-Rudolf Forrer, e-mail: hans-rudolf.forrer@agroscope.admin.ch

Ecorce de bourdaine Frangula alnus

Les plantes médicinales agissent aussi contre les fusaries: écorce de bourdaine (Frangula alnus) , racines de rhubarbe (Rheum palmatum) et farine de galle chinoise (Galla chinensis) avec galle du chêne (G. legnosa). (Photo: Hans-Rudolf Forrer, Agroscope)

Introduction Importance et présence des espèces de Fusarium Les champignons Fusarium font partie des principaux agents pathogènes dans les cultures de céréales. Les fusaries sont redoutées non seulement pour les pertes de récolte et de qualité qu’elles causent, mais aussi et surtout pour les substances toxiques qu’elles produisent, appelées mycotoxines. L’espèce de Fusarium dominante dans le blé est Fusarium graminearum (FG). Elle forme les mycotoxines déoxynivalénol (DON), nivalénol (NIV) et zéaralénone (ZEA), qui entraînent une faiblesse du système immunitaire, une réduction de l’alimentation ou des troubles de la fécondité.

466

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 466–473, 2014

Jusqu’en 1974, Fusarium nivale (aujourd’hui dans le genre Microdochium), l’agent pathogène de la pourriture des neiges qui ne forme aucune mycotoxine, était l’espèce de loin la plus répandue (Häni 1977). Dans 86 % des échantillons de blé, on observait une infestation par Microdochium de 1 % ou plus. En moyenne, 13 % des grains étaient infestés (tabl. 1). Les fusaries pures ne jouaient qu’un rôle secondaire et FG n’était identifié que dans 6 % des échantillons. En moyenne, seuls 0,1 % des grains étaient infestés par FG. C’est pourquoi on n’accordait alors qu’une faible importance aux fusaries, mais aussi parce qu’on ne parlait presque pas des mycotoxines à l’époque. A l’exception de F. poae, les chiffres des infestations n’ont pratiquement pas varié dans un autre monitoring réalisé de 1991–1999.


Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les ­f usarioses et les mycotoxines du blé | Production végétale

Facteurs de risques: maïs et protection du sol Le développement très important des infestations par FG entre 1991–1999 et 2007–2010 est sans doute dû à l’extension des cultures sans labour, à la mise en place croissante de variétés de blé sensibles à FG, ainsi qu’au fort recul de la variété de blé Arina, qui possède des résistances uniques à FG. Tandis qu’Arina représentait plus de 80 % de la surface cultivée en blé dans les années 1980 et en représentait encore plus de 60 % dans la période 1991–1999, ce pourcentage a chuté à moins de 10 % aujourd’hui.

Résumé

2007–2010: 60 fois plus de F. graminearum Avec l’importance croissante de la sécurité des denrées alimentaires et des aliments pour animaux, la surveillance des mycotoxines ainsi que des rapports mentionnant leur augmentation dans le monde, les fusaries dans les céréales occupent désormais le devant de la scène. Le dernier monitoring suisse du blé de 2007–2010 montre que ceci était justifié: 76 % des échantillons étaient infestés par FG et en moyenne 6 % des grains de blé étaient infestés (résultats non publiés). La teneur moyenne en DON de ces échantillons s’élevait à 0,65 ppm (mg/kg) et 17 % des échantillons dépassaient la valeur limite de 1,250 ppm pour les céréales non transformées. Comment expliquer l’augmentation en flèche de l’infestation par FG et donc la charge en DON? Les monitorings du blé ont montré que les problèmes de FG et de DON survenaient généralement là où le blé faisait suite à des cultures de maïs mises en place par semis direct ou avec un travail du sol minimal. Avec ces techniques, les restes des plantes de maïs, souvent atteintes de FG, demeurent à la surface du sol. Le champignon FG hiverne dans les restes de maïs et forme des fructifications au début du printemps avec des ascospores qui infectent le blé à la floraison. La forte augmentation des problèmes causés par FG peut s’expliquer par le fait que de 1960 à aujourd’hui, les cultures de maïs en Suisse sont passées de moins de 5000 ha à plus de 60 000 ha, et que ces vingt dernières années, la tendance a été de ménager le sol et de renoncer au labour.

Ces dernières années, l’importance des fusaries et de leurs toxines a fortement augmenté dans le blé. Les plantes médicinales pourraient être un moyen de lutte écologique. Des suspensions de Galla chinensis (galle chinoise) et d’acide tannique ont inhibé la germination des spores et la croissance du mycélium de Fusarium ­graminearum in vitro de 75 à 100 %. En chambres climatisées avec du blé «Apogee» infecté de manière artificielle, des traitements à l’acide tannique, à base de G. chinensis et de Rheum palmatum (rhubarbe chinoise) ont réduit la teneur des grains en déoxynivalénol (DON) de 67 à 81 %. Bien qu’elle n’ait donné aucun résultat ni in vitro ni en chambre climatique, l’écorce de bourdaine (Frangula alnus) a réduit la teneur en DON de 60 % lors d’essais sur le terrain avec deux variétés de blé d’automne. L’effet également élevé de l’acide tannique et de G. chinensis peut s’expliquer par la toxicité fongique. Nous expliquons l’effet de F. alnus par une induction de résistance. Nous avons pu montrer pour la première fois que des substances végétales pouvaient offrir une vraie alternative à l’utilisation de fongicides de synthèse dans la lutte contre les fusaries du blé.

Tableau 1 | Infestation par Fusarium des grains de blé d’automne en 1971–1974, 1991–1999 et 2007–2010 (moyennes de tous les grains avec infestation en %, entre parenthèses % des échantillons de blé avec au moins 1 % d’infestation; –: pas d’indication) Nombre d’échantillons

Microdochium spp.

1971–1974 a

101

12,8 (86)

0,1 ( 6)

1991–1999b

550

10,1 ( – )

0,3 ( – )

2007–2010c

527

12,7 (90)

6,0 (76)

1,9 (60)

Période

F. gramin– earum (FG)

F. poae (FP)

F. avenaceum (FA)

F. culmorum (FC)

F. crookwellense (FCr)

0,2 (15)

0,4 (30)

0,2 (13)

1,1 ( – )

0,2 ( – )

0,1 ( – )

0,9 (38)

0,1 ( 7)

0,1 ( 9)

a) Häni 1977, b) Schachermayr et Fried 2000, c) Vogelgsang et al., en production.

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 466–473, 2014

467


Production végétale | Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les ­f usarioses et les mycotoxines du blé

120

% germination des spores

100

100

80

80

% croissance du mycélium

60

60 PrP 40

TA

40

GC

20

FA

1%

abc FA

0,2

%

a

FA

1%

abc RP

0,2

%

ab

RP

1%

cd GC

0,1

%

bc

GC

% concentration

1%

10

d TA

1

%

0,1

cd

0

0,1

0 0,01

RP

TA

20

Figure 1 | Influence des suspensions d’acide tannique (TA), Galla chinensis (GC), Rheum palmatum (RP), Frangula alnus (FA) et Pronto Plus® (PrP) sur la germination des spores (à gauche) et la croissance du mycélium (à droite) de Fusarium graminearum (FG0407); PrP non représenté pour la croissance du mycélium car complètement inhibé avec 0,1 %. Moyennes avec erreurs standards (germination des spores) ainsi que boxplots avec valeurs médianes, max. et min. (croissance du mycélium, les traitements avec des lettres semblables ne se distinguent pas statistiquement, rang ANOVA avec test de Dunn, p < 0,05). Les données sont représentées par comparaison (%) aux valeurs des procédés témoins.

Connaissant la problématique, la vulgarisation a conseillé soit de ne pas planter de blé à la suite du maïs, soit de broyer les restes de maïs et de les enfouir dans le sol (Blum et al. 2011). En termes de surfaces, le blé et le maïs sont les principales grandes cultures. C’est pourquoi il est n’est pas si simple de les séparer dans les rotations. D’un point de vue économique et compte tenu de la protection du sol, le retour au labour serait lui aussi problématique. La question FG/DON reste donc un problème d’actualité. Les cultures conventionnelles quant à elles ont souvent recours aux fongicides de synthèse. Dans les cultures bio, le risque d’une infestation par FG est moindre que dans les autres formes culturales du fait de l’emploi plus fréquent de la charrue. Avec l’augmentation des cultures de maïs et la tendance à un travail plus respectueux du sol, le risque de voir les charges en toxines augmentées s’accroît ici aussi. C’est pourquoi de 2003 à 2005, nous avons testé l’adéquation d’antagonistes, de plantes médicinales et de stimulateurs des défenses naturelles dans la lutte contre le Fusarium, tout comme nous l’avions fait pour remplacer le cuivre dans la lutte contre le mildiou de la pomme de terre (Dorn et al. 2007). Des résultats prometteurs ayant été obtenus avec les plantes médicinales, nous nous limiterons à ces dernières dans cet article.

468

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 466–473, 2014

Matériel et méthodes Sélection de pathogènes et de plantes médicinales Dans nos essais, nous avons utilisé trois isolats de F. graminearum (FG) et un isolat de F. crookwellense (FCr), obtenus à partir de grains de blé provenant de différentes régions du Plateau. Les conditions de culture et de multiplication des fusaries sont décrites dans Forrer et al. (2014). Les effets du matériel végétal suivant ont été étudiés: farine de galle chinoise (Galla chinensis: GC), de racines de rhubarbe chinoise (Rheum palmatum: RP) et d’écorce de bourdaine (Frangula alnus: FA). La farine GC a donné de bons résultats contre M. majus, l’agent pathogène de la pourriture des neiges des céréales, et la farine de FA, de GC et de RP contre Phytophthora infestans dans les pommes de terre (Vogelgsang et al. 2013; Hu et al. 2009; Krebs et al. 2007). Ces produits végétaux contiennent tous des tannins et d’autres substances phénoliques ayant des effets antibiotiques et antioxydants, qui ont trouvé leur application dans la médecine ou la diététique. Comme GC contient près de 70 % d’acide tannique (tannic acid: TA), nous étudions également dans nos essais ce polyphénol végétal à masse moléculaire élevée. Le fongicide de synthèse Pronto Plus® (principes actifs tébuconazole et spiroxa-


Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les ­f usarioses et les mycotoxines du blé | Production végétale

f. av

. in

inf

P Pr

av

.e

ta

p.

inf

RP

FA

av

e

.

ab

.

. .e

ta

ta

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p.

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cd

inf

inf

f.

ta

ap

bcd

.

d

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. in av

TA

oin

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abc

2

1 m

oin m té

. in av

a

TA

a

f.

. inf

P Pr

p.

inf

ta

p.

av

ppm déoxynivalénol (DON)

FA

RP

av

.e

ta

ta .e av

GC

c

.

. p.

p. ta

.e av TA

a

inf

inf

f. . in ap

ab

.e

b .

ab

. in

2

av TA

oin m té

oin m té

ab f.

a

TA

a

200 175 150 125 100 75 50 25 0

% d’infestation (épi)

1

80 70 60 50 40 30 20 10 0

Figure 2 | Essais en chambre climatisée: influence des suspensions à base d’acide tannique (TA), de Galla chinensis (GC), Rheum palmatum (RP), Frangula alnus (FA) et Pronto Plus® (PrP) avec infection artificielle par Fusarium graminearum du blé de printemps «Apogee» sur l’infestation des épis (surface en %) et sur la teneur des grains de blé en déoxynivalénol (DON). Abréviations: tém. 1 et 2: témoins avec ­a pplication d’eau du robinet normale et acidifiée à pH 4,0; av. inf., ap. inf. et av. & ap. inf.: Application avant (av), après (ap) et avant et après (av.& ap.) l’infection (inf.). Moyennes avec erreurs standards de deux répétitions d’essais. Les procédés marqués des mêmes lettres ne présentaient pas de différences statistiquement significatives (test de Tukey, p < 0,05).

mine) a également fait partie des tests à titre de référence pour l’efficacité des produits végétaux (Forrer et al. 2014). Tests: laboratoire, chambre climatisée et champ L’effet des produits végétaux sur la germination des spores et la croissance du mycélium de FG a été étudié in vitro en laboratoire. Au cours d’essais en chambre climatisée avec des infections artificielles au Fusarium (spores de FG/FCr en suspensions au moment de la floraison) du blé de printemps «Apogee» (Bugbee et Koerner 1997), les chercheurs ont étudié l’effet sur l’infestation des épis et la contamination des grains par la mycotoxine DON. De 2006 à 2010, des essais sur le terrain ont été effectués avec les variétés de blé «Runal» et «Levis» infectées de manière artificielle par des suspensions de spores, comme en chambre climatique. Enfin, en 2010, un essai sur le terrain a été réalisé avec des infections semi-naturelles au Fusarium. Nous avions en effet répandu de la paille de maïs contaminée par FG/FCr sur la parcelle d’essai en novembre 2009. Dans les essais avec des infections artificielles, des suspensions de produits végétaux à 5 % ont été appliquées un jour avant et/ou après l’infection. Dans l’essai en plein champ, avec des infections semi-naturelles, les traitements ont eu lieu avant et/ou après une période d’infection FusaProg pendant la floraison (Musa et al. 2007; www.fusaprog.ch). Les procédés, les méthodes d’analyses et de statistique sont décrits dans Forrer et al. (2014).

pourquoi, seul un isolat FG a été utilisé dans les essais in vitro. Avec Pronto Plus® (PrP) et des suspensions d’acide tannique (TA) et de galle chinoise (GC), des concentrations de 0,2 % et de 1 % ont suffi à empêcher totalement la germination. Avec la rhubarbe chinoise (RP) et l’écorce de bourdaine (FA) par contre, même des suspensions à 10 % (fig. 1) n’y sont pas parvenues. La situation était similaire en ce qui concerne la croissance du mycélium: tandis que PrP inhibait totalement la croissance du mycélium dès une concentration de 0,2 %, des suspensions de 

0,66

-0,74

-0,64

-0,92

-0,93

Rendement

0,66 PMG

-0,74

-0,92 Infestation -0,95

-0,64

-0,93

0,95 DON

Résultats et discussion Effet in vitro des plantes médicinales La germination des spores de l’isolat de F. crookwellense (FCr) et des trois isolats de F. graminearum (FG) a été inhibée de la même manière par l’acide tannique. C’est

Figure 3 | Essai en chambre climatique: matrice du diagramme de dispersion qui illustre les rapports entre le rendement, le poids de mille grains (PMG), l’infestation des épis et la teneur en DON du blé Apogee lors des essais en chambres climatisées. Les chiffres dans les cases correspondent aux coefficients de corrélation de Spearman; le secteur avec des valeurs absolues supérieures à 0,9 est mis en évidence.

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 466–473, 2014

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Production végétale | Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les ­f usarioses et les mycotoxines du blé

50

% d’infestation des épis

40 30 20 10 0

8

a

b

d

c

2006

2007

2008

2009

2010

a

b

2006

2007

2008

rendement (t/ha)

6 4

après l’infection a réduit l’infestation de manière statistiquement significative de 80 %. Tous les produits végétaux, à l’exception de FA et d’un procédé TA (traitement uniquement avant l’infection), ont réduit la teneur en DON de manière significative de 67–80 % (fig. 2). Comme le montre la matrice du diagramme de dispersion des données de mesures des essais réalisés en chambres climatisées avec «Apogee», des relations très étroites ont été observées entre l’infestation des épis, les poids de mille grains et la teneur en DON des grains, avec des coefficients de corrélation absolues de plus de 0,90 (fig. 3). Les résultats présentent une forte corrélation avec ceux des expériences in vitro: un excellent effet de PrP, suivi de TA, GC et RP, mais aucun effet de FA.

2 0

c 2009

a 2010

Figure 4 | Essais en plein champ: infestation de Fusarium et rendement de deux variétés de blé («Runal» et «Levis», six procédés, cf. fig. 5) et infections artificielles par Fusarium graminearum et F. crookwellense en 2006–2010. Les boxplots avec médiane comprennent les données des deux variétés et de tous les procédés. Les boxplots, qui se caractérisent par les mêmes lettres, ne présentaient pas de différences statistiquement significatives (test de Tukey, p < 0,05); 2007 n’a pas été prise en compte dans la comparaison des années, car seuls cinq procédés ont été testés.

1 % des produits végétaux GC et TA ont permis d’obtenir des réductions de croissance de 80–85 % (RP: 10 %). Avec FA, il n’a pas été possible de mesurer une inhibition statistiquement significative. Les essais ont montré que TA et GC avaient de bons effets inhibiteurs sur les champignons, néanmoins dix fois inférieurs à ceux du fongicide. RP avait également un faible potentiel inhibiteur, mais pas FA. Des résultats semblables ont été obtenus in vitro avec GC et M. majus, le champignon responsable de la pourriture des neiges (Vogelgsang et al. 2013). Essai avec la variété de blé «Apogee» Comme les suspensions de TA et de GC avaient un pH de près de 4,0, nous avons mis en place deux procédés témoins à l’eau du robinet – l’un d’entre eux avec de l’eau acidifiée jusqu’à atteindre un pH de 4,0. Les épis des deux procédés témoins affichaient environ 60 % de surface infestée en moyenne des deux séries d’essais et des procédés et la teneur en DON des grains Apogee s’élevait à plus de 125 ppm (mg/kg). Comme dans les tests in vitro, PrP a eu le plus fort effet inhibiteur sur l’infestation et a réduit la contamination en DON de 98 %. Pour les produits végétaux, le TA appliqué avant et

470

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 466–473, 2014

Essais sur le terrain avec des infections artificielles De 2006 à 2010, les effets de TA, GC et FA ont été étudiés dans le cadre d’essais en plein champ avec des infections artificielles provoquées par des suspensions à base de spores de FG et FCr. Pour des raisons de ressources, RP n’a pas été testée. Le résultat de l’infection dans les essais en plein champ dépend de divers facteurs externes, comme le développement de la plante hôte et les conditions météorologiques au moment de l’infection. La figure 4 montre comment l’infestation et le rendement ont évolué au fil des ans. En dépit de différences marquées entre les années, des corrélations étroites hautement significatives (p < 0,001) ont été observées entre les valeurs de mesures (Spearman, n = 227): –0,806 entre l’infestation et le rendement, –0,840 entre le rendement et la teneur en DON, et 0,899 entre la teneur en DON et en NIV. Hormis FA, qui a donné des effets aussi bons sur le terrain que TA et GC, les résultats obtenus correspondaient à ceux des essais in vitro et en chambres climatisées. Il est également intéressant de constater que PrP à l’exception du rendement, n’a pas eu de meilleurs résultats, statistiquement parlant, que les produits végétaux (fig. 5). Avec PrP, le rendement était en moyenne de 37 % et avec les produits végétaux de 13–23 % (TA) supérieur à celui du témoin. Le rendement plus élevé obtenu avec PrP peut en partie être expliqué par le large spectre d’efficacité de ce fongicide dans le cas de maladies des feuilles et des épis. Les bons résultats de FA non toxique pour les champignons ne peuvent s’expliquer que par l’induction de mécanismes de résistance, c’est-à-dire l’élicitation de défenses immunitaires propres à la plante. Une induction de résistance par FA a également été identifiée dans des essais contre le mildiou de la vigne (Gindro et al. 2007).


Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les ­f usarioses et les mycotoxines du blé | Production végétale

% d’infestation des épis

5,0 4,0 3,0 2,0 1,0

0,5 0,0

. in . e f. t GC ap av . in . e f. t FA ap av . in . e f. t Pr P av . in f.

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b

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t/ha rendement

7,0 6,0

oin

20,0 17,5 15,0 12,5 10,0 7,5 5,0 2,5 0,0

Figure 5 | Essais en plein champ avec les variétés de blé d’automne «Runal» et «Levis» avec des infections ­a rtificielles par Fusarium graminearum et F. crookwellense en 2006 et 2008–2010: influence des suspensions à base d’acide tannique (TA), de Galla chinensis (GC), Frangula alnus (FA) et Pronto Plus® (PrP) sur ­l ’infestation des épis par Fusarium , le rendement du blé, la teneur des grains de blé en déoxynivalénol (DON) et en nivalénol (NIV). Moyennes avec erreurs standards de 4 essais avec 2 variétés et 4 répétitions. Abréviations et statistiques comme dans fig. 2.

les 6–7 juin. Conformément au classement dans la liste des variétés de céréales recommandées par Agroscope (www.swissgranum.ch), nous avons mesuré un rendement plus élevé de 25 % pour «Levis» (catégorie I) par rapport à «Runal» (catégorie supérieure). La résistance

Essai sur le terrain avec des infections semi-naturelles Dans cet essai réalisé en 2010, le système de prévision FusaProg (Fusarium et DON) a été utilisé pour déterminer la période d’application des produits (Musa et al. 2007). FusaProg indiquait des périodes d’infection pour

7 6 5 4 3 2 1 0

différences non significatives, p=0,118

ppm DON Runal

10

a

ab

ab

ab

ab

ab

ab

b

bc

b

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c

ppm DON Levis

) (1

(2

)

P Pr

(1

) FA

(2 )

FA

(1

m

GC

b

oin

a

GC

0

) (1

)

P

(2

c

Pr

)

ab

FA

(1

(2 GC

bc

FA

)

b

)

a

GC

(1

bc

(2 TA

TA

m Té

)

bc

oin

a

)

2

0

(2

2

(1

4

)

6

4

)

8

6

TA

8

t/ha Levis

(1 )

10

t/ha Runal

TA

7 6 5 4 3 2 1 0

Figure 6 | Essai en plein champ avec les variétés de blé d’automne «Runal» et «Levis» et infections semi-naturelles par Fusarium causées par les chaumes de maïs: influence des suspensions à base d’acide tannique (TA), de Galla chinensis (GC), Frangula alnus (FA) et Pronto Plus® (PrP) sur le rendement du blé et la teneur des grains de blé en déoxynivalénol (DON). Moyennes avec erreurs standards de 4 répétitions. Abréviations: (1) Applications le 7.6.2010, (2) le 7.6.2010 et le 8.6.2010; lettre sous les colonnes comme dans fig. 2.

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 466–473, 2014

471


Production végétale | Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les ­f usarioses et les mycotoxines du blé

aux fusarioses des épis est classée comme moyenne pour «Runal» et comme «moyenne à faible» pour «Levis». Dans les échantillons du procédé témoin «Runal», nous avons mesuré 3,7 mg/kg (ppm) resp. 8,5 mg/kg DON avec «Levis». Ces contaminations en DON correspondent bien aux valeurs relevées dans la pratique pour du blé semé directement après du maïs (Vogelgsang et al. 2011). Comme dans les essais en plein champ avec infections artificielles, l’effet des produits végétaux sur les infections semi-naturelles était bon à très bon. Sur la moyenne des deux variétés et dans le cas d’un et de deux traitements, la teneur en DON a été réduite de 54 % resp. 70 % avec TA, de 27 % resp. 54 % avec GC et de 59 % resp. 55 % avec FA (fig. 6). Les fongicides à base de Triazoles ont également permis d’obtenir des réductions de DON de 50 % (Forrer et al. 2000) resp. 60 % (Edwards et al. 2010) en Suisse et en Grande-Bretagne. Dans cet essai, PrP a réduit la teneur en DON du blé de 87 %, ce qui devrait venir du choix de la période de traitement optimale grâce à FusaProg. Comme dans les essais en plein champ avec infection artificielle, l’efficacité de FA était très bonne ici aussi. Notre supposition selon laquelle FA induit des résistances sur «Runal» et «Levis» en a été renforcée. Le fait qu’une deuxième application de FA n’apporte pas d’amélioration, comme c’est le cas avec les produits végétaux toxiques pour les champignons comme TA et GC, est un indice supplémentaire qui confirme cette hypothèse. L’écorce de bourdaine a également donné de bons résultats en ce qui concerne le rendement, qu’elle a amélioré en moyenne de 10 % par rapport au témoin (PrP: 22 %). Le fait que FA ne soit pas passé derrière TA (9 %) pour le rendement montre que l’induction des résistances et la production des agents inhibitrices ne se font pas au détriment du rendement. Une question demeurait néanmoins encore en suspens: pourquoi FA n’avait-elle aucune influence sur l’infestation par le

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Fusarium et la teneur en DON dans les essais avec «Apogee»? La réponse est peut-être qu’«Apogee» ne dispose pas de locus de caractères quantitatifs (quantitative trait locus = région d’un chromosome qui a une influence sur le développement d’un critère phénotypique quantitatif) du chromosome 3BS, important pour la résistance au Fusarium. Ce manque de résistance n’a pas d’importance pour «Apogee», car la variété était destinée à la production de blé dans les stations spatiales (Bugbee et Koerner 1997).

Conclusions Ces essais montrent que l’induction de résistance à l’aide d’écorce de bourdaine (FA) constitue un bon moyen de réguler les fusaries et de réduire le risque des mycotoxines dans les cultures de blé bio. Cela pourrait également être une alternative à l’utilisation des fongicides appliqués sur les épis dans la production intégrée. Pour ces deux systèmes culturaux, l’acide tannique agissant directement de manière toxique sur les champignons (TA) ainsi que la galle chinoise (GC), qui a donné des résultats semblables à ceux de FA, pourraient également convenir. Quel que soit le produit, il est décisif de l’appliquer de manière ciblée en fonction du stade de croissance du blé et du risque d’infection. On peut supposer qu’en appliquant l’inducteur de résistance FA au début de la floraison, suivi d’une application de TA ou de GC peu avant ou juste après la période d’infection, les résultats seront encore meilleurs qu’avec les fongicides traditionnels. Pour que FA puisse être employé de manière optimale, il est important de tester la réaction des principales variétés à FA et d’en savoir plus sur le spectre et la dynamique de production des substances induites. Ceci permettrait également de savoir si des substances utiles à la diététique sont également formées en cas n d’utilisation de FA (Forrer et al. 2014)


Rabarbaro, frangola e tnnine contro le infezioni da Fusarium e le micotossine nel frumento Negli ultimi anni la presenza nel frumento dei funghi del genere Fusarium e delle loro tossine è aumentata notevolmente. I Fusarium possono essere contrastati in modo naturale con piante medicinali, come dimostra questo studio: sospensioni ricavate dalla Galla chinensis e dall'acido tannico hanno inibito del 75–100 per cento la germinazione delle spore e la crescita del micelio del Fusarium graminearum in vitro. In esperimenti condotti in camera climatica con la varietà «Apogee» infettato artificialmente, i trattamenti con acido tannico, G. chinensis e Rheum palmatum (rabarbaro cinese) hanno ridotto del 67–81 per cento il contenuto di deossinivalenolo (DON) nei chicchi. La corteccia della frangola (Frangula alnus) non ha dato alcun effetto né in vitro né nella camera climatica, mentre nelle prove sul campo con due varietà di frumento il contenuto di DON è stato ridotto del 60 per cento. L'effetto positivo sia dell'acido tannico che della G. chinensis si spiega con la tossicità del fungo, mentre quello della F. alnus lo imputiamo all'induzione di resistenza. Per la prima volta siamo riusciti a dimostrare che le sostanze vegetali costituiscono una reale alternativa all'uso di fungicidi nella lotta contro i Fusarium nel frumento.

Bibliographie ▪▪ Blum A., Chervet A., Forrer H.-R., Vogelgsang S. & Schmid F., 2011. Fusarien in Getreide. Datenblatt Ackerbau 2.5.23, AGRIDEA, 4 p.

Summary

Riassunto

Rhubarbe, bourdaine et tannins contre les ­f usarioses et les mycotoxines du blé | Production végétale

Control of Fusarium fungi and mycotoxins in wheat with rhubarb, alder buckthorn and tannins During the past few years, the importance of Fusarium fungi and their toxins in wheat has increased significantly. This study demonstrated that fusaria can be controlled organically with medicinal plants: Suspensions of Galla chinensis and tannic acid inhibited spore germination and mycelial growth of Fusarium graminearum in vitro by 75 to 100 %. In climate chamber experiments with artificially infected «Apogee» wheat, treatments with tannic acid, G. chinensis (Chinese galls) and Rheum palma­ tum (Chinese rhubarb) reduced the deoxynivalenol (DON) content in grains by 67 to 81 %. Although the bark of alder buckthorn (Frangula alnus) showed no effect either in vitro or in the climate chamber, it reduced the DON content of two winter-wheat varieties by 60 % under field conditions. The good efficacy of tannic acid and G. chinensis can be explained by fungal toxicity, whereas that of F. alnus can be explained by resistance induction. This is the first time, that plant compounds proved to be a true alternative to synthetic fungicides for controlling Fusarium fungi in wheat. Key words: botanical, Fusarium graminearum, induced resistance, mycotoxin, wheat.

▪▪ Häni F. J., 1977. Über Getreidefusariosen – insbesondere Fusarium nivale (Fr.) Ces. Bei Weizen und Roggen. Thèse de doctorat, ETH-Zurich, ETH-No 6092. ▪▪ Krebs H., Musa T., Forrer H.-R., 2007. Control of potato late blight with ext-

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P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible Martina Keller, René Total, Jürgen Krauss et Reto Neuweiler Institut des sciences en production végétale IPV, 8820 Wädenswil, Suisse Renseignements: Martina Keller, e-mail: martina.keller@agroscope.admin.ch

Figure 1 | Les fleurs de souchet comestible sont caractéristiques et faciles à reconnaître. Sur la parcelle, il est cependant primordial d’identifier le souchet comestible à des stades plus précoces de son développement.

Introduction Le souchet comestible (Cyperus esculentus L.) fait partie des adventices les plus problématiques et les plus redoutées au monde (Bryson et Carter 2008). Il est apparu pour la première fois en Suisse, il y a environ 30 ans. Entretemps, il s’est beaucoup répandu et est devenu un problème dans les exploitations maraîchères, mais aussi dans les exploitations de grandes cultures (Keller et al. 2013). Le souchet comestible se multiplie par voie végétative par l’intermédiaire de tubercules dans le sol (Stoller et Sweet 1987). Ils se disséminent facilement dans d’autres surfaces, exploitations et régions, via les outils de travail du sol, les machines et notamment les machines de récolte. La tendance à déléguer un nombre de plus en plus grand d’opérations à des entreprises de travaux

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Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 474–481, 2014

agricoles contribue encore à la propagation de cette adventice. Souvent, on manque de temps pour nettoyer les machines et les outils à fond. Parfois aussi, les producteurs/productrices n’ont pas conscience du problème. En outre, il est difficile, voire impossible, de nettoyer les machines comme les récolteuses totales de betteraves à sucre dans un laps de temps acceptable (pointes de travail, dépendance par rapport aux conditions météorologiques, nécessité économique d’exploiter au mieux les machines). Les autres facteurs de propagation du souchet comestible sont par exemple les plants, les résidus de récolte, la terre adhérente, les boues de lavage ou les fragments de sol provenant des régions touchées (Keller et al. 2013; Bohren et Wirth 2013). Il suffit de peu de tubercules, en théorie un seul, pour coloniser une nouvelle surface. En une saison de végétation, un seul


«tubercule mère» peut ainsi engendrer plusieurs centaines à plusieurs milliers de nouveaux tubercules (Bohren et Wirth 2013). Lors des mesures ultérieures de travail du sol, le souchet comestible se dissémine sur toute la surface et dans certaines circonstances également dans d’autres parcelles. En Suisse, il existe des herbicides (partiellement) efficaces contre le souchet comestible, mais ils ne sont autorisés que dans certaines cultures. Si les autres adventices sont éliminées avec succès par les herbicides, le souchet comestible n’est plus en concurrence qu’avec la plante cultivée (Bryson et Carter 2008). Dans les cultures peu compétitives, ceci peut conduire à d’importantes pertes de rendement. De plus, le souchet comestible est alors en mesure de se multiplier considérablement dans ces cultures (Keeley 1987). La situation est particulièrement précaire dans les cultures maraîchères, dans lesquelles une forte proportion de souchet comestible peut entraîner une perte totale de la récolte (comm. pers. L. Collet, Grangeneuve) et empêcher par la suite la mise en place de certaines cultures. Mais même dans les pommes de terre et les betteraves à sucre, des peuplements denses de souchet comestible peuvent causer des pertes de rendement de 40 %, respectivement 60 % (relevé propre 2013). Dans ces cultures, le risque de propagation est en outre très élevé, d’une région à l’autre également. Compte tenu de ces éléments, il est particulièrement important d’empêcher la dissémination et d’enrayer la première infestation de manière conséquente (plantes isolées, zones d’infestation localisées) (cf. Keller et al. 2013). Cependant, il faut encore trouver des stratégies de lutte efficaces pour réduire ou tout au moins stabiliser la pression du souchet comestible dans les surfaces où l’infestation est déjà relativement homogène et d’une ampleur moyenne à élevée. L’objectif à long terme devrait être d’assainir la surface et d’éradiquer tout risque d’infection. Une stratégie de lutte qui paraît prometteuse consiste à cultiver du maïs sur plusieurs années. En effet, des herbicides autorisés en Suisse dans les cultures de maïs ont une certaine efficacité contre le souchet comestible et, de plus, une lutte mécanique est également possible. D’autre part, le maïs nécessite des conditions de germination similaires à celles du souchet comestible. Par conséquent, en choisissant la date de semis, il est possible d’harmoniser l’application des herbicides par rapport au stade de développement du souchet comestible. Après fermeture du peuplement, le maïs apporte beaucoup d’ombre, pendant une longue période, ce qui réduit la germination des autres plantes de souchet comestible (Keeley 1987; Keller et al. 2013; Ano nyme 2014a).

Résumé

La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible | Production végétale

Le souchet comestible (Cyperus esculentus L.) est l’une des adventices les plus redoutées au monde. Il constitue une menace de plus en plus importante pour les exploitations de grandes cultures et de cultures maraîchères en Suisse. Il se multiplie et se répand par l’intermédiaire de tubercules formés par voie végétative. Il est aussi important d’empêcher la propagation de ce fléau que de réduire la pression d’infestation sur les parcelles touchées. La culture du maïs sur plusieurs années avec lutte intensive contre les adventices est une stratégie prometteuse. Des essais en plein champ ont été conduits sur trois ans (2011–2013) dans des cultures de maïs pour déterminer l’effet de différents herbicides, de l’application fractionnée et de la lutte mécanique sur le souchet comestible. Les résultats ont montré qu’il fallait privilégier l’application fractionnée par rapport à l’application unique. S-Metolachlor, Bentazone, Rimsulfurone combinés avec Mésotrione ont donné de bons résultats contre le souchet comestible. S-Metolachlor combiné avec des passages de la sarcleuse a réduit le peuplement. Une application tardive en pulvérisation sous-foliaire a permis de réduire encore la pression d’infestation. La culture du maïs avec pour objectif de réduire la pression du souchet comestible nécessite une lutte contre les adventices très intense, bien au-delà des mesures habituelles.

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Production végétale | La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible

Tableau 1 | Variantes d’essai 2011, herbicides, dose et période d’application Description des variantes Herbicides/ mécanique

Principe actif, dose d’application g/ha

Période d’intervention (BBCH)

Essai A 1 2_2011

Témoin non traité

Dual Gold

S-Metolachlor, 1920

PRb

3a

Callisto

Mésotrione, 150

13

3b

Callisto

Mésotrione, 2 x 75

13,16

Dasul

Nicosulfurone, 60

13

4a _2011 4b_2011

Dasul

Nicosulfurone, 2 x 30

13, 16

5

Permit

Halosulfurone-méthylea, 2 x 15

13, 16

a

Sarclage

Essai B

b c _2011

13, 16

Dual Gold

S-Metolachlor, 1920

Sarclage

IBSc 13, 16

Dual Gold

S-Metolachlor, 1920

Sarclage

PR 13, 16

Essai C

10 _2011

11_2011 12_2011

13_2011

14 _2011

Permit

Halosulfurone-méthylea, 2 x 15

13, 16

Titus

Rimsulfurone, 2 x 5

13, 16

Basagran

Bentazone, 960

63

Callisto

Mésotrione, 75

63

Basagran

Bentazone, 2 x 960

16, 63

Callisto

Mésotrione, 75

63

Basagran

Bentazone, 2 x 960

16, 63

Callisto

Mésotrione, 75

63

Titus

Rimsulfurone, 2 x 5

13, 16

Callisto

Mésotrione, 3 x 75

13, 16, 63

Basagran

Bentazone, 960

63

Callisto

Mésotrione, 150, 75

16, 63

Basagran

Bentazone, 960

63

Non autorisé en Suisse b Prélevée c Traitement de pré-semis incorporé a

Ce projet avait pour objectif d’étudier 1) l’effet de différents herbicides en application unique et fractionnée; 2) l’effet de mesures mécaniques, notamment en combinaison avec la lutte chimique et 3) l’effet de mesures de lutte intensives contre le souchet comestible dans la culture du maïs pendant plusieurs années. Il s’agissait de trouver plusieurs possibilités de lutte efficaces, susceptibles d’être utilisées immédiatement et à moyen terme dans la pratique.

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Matériel et méthodes Trois essais en plein champ (A, B et C) ont été réalisés dans la vallée du Rhin saint-galloise avec du maïs sur le même site durant trois ans (2011 – 2013). Le sol était composé d’argile limoneuse à forte teneur organique. Les températures annuelles moyennes étaient de 11,7 °C en 2011, de 10,2 °C en 2012 et de 9,5 °C en 2013. Les précipitations annuelles s’élevaient à 1302 mm en 2011, 1322mm en 2012 et 1247 mm en 2013 (www.agrometeo, station météorologique la plus proche du site d’essai). Les essais ont été conçus sous forme de blocs complets aléatoires, l’essai A comptait quatre répétions, B deux et C trois. Dans les essais A et C, la taille des parcelles était de 6 m × 10 m, dans l’essai B de 6 m × 20 m. L’essai A a étudié l’effet de différents herbicides et de combinaisons d’herbicides en applications simple et fractionnée (2 ×) (tabl. 1 et 2). Pour la comparaison entre application simple et fractionnée, les parcelles ont été subdivisées en parcelles secondaires (3a, 3b, 4a, 4b). L’essai B portait sur les variantes de sarclage avec et sans lutte chimique. L’essai C a testé les méthodes de lutte intensives avec combinaisons d’herbicides et jusqu’à trois applications. En 2011, les variantes 11 et 12 étaient identiques, car les conditions météorologiques défavorables n’ont pas permis une autre application de Bentazone dans la variante 12. Les variantes ont été adaptées après la première année d’essai sur la base des résultats obtenus. Durant la troisième année d’essai, les variantes ont été maintenues à l’identique, sauf les variantes 12 et 14. Dans ces deux variantes, Rimsulfurone et Mésotrione ont été appliqués en mélange en post-levée lors du premier traitement. Toutes les applications herbicides effectuées jusqu’au BBCH 13 – 16 ont été pratiquées avec un pulvérisateur de parcelle (Schachtner). Les conditions météorologiques étaient très différentes durant les trois ans, de sorte que les deux applications en post-levée n’ont pas pu être effectuées à des stades de développement du maïs exactement semblables. Les chercheurs ont veillé à ce que la majorité des plantes de souchet ait au moins cinq feuilles lors des applications. L’application tardive sous-foliaire dans le maïs a été effectuée à l’aide d’un pulvérisateur dorsal (Foxmotori.IT) au stade BBCH 63 (2011, 2012); et au stade BBCH 39 (2013). La quantité d’eau était de 400 l/ha pour tous les traitements. Pour améliorer l’effet mouillant sur les feuilles, on a utilisé 0,5 l/ha d’Exell (2011) et 0,5 l/ha de Break-Thru (2012 et 2013) en postlevée. La sarcleuse a été passée deux fois au stade BBCH 12 – 13 et encore une fois au stade BBCH 15 – 16 avec un porte-outil (FOBRO-Mobil, Bärtschi-FOBRO AG). L’efficacité des procédés a été évaluée de la façon suivante: au début de l’essai au printemps 2011 et en


La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible | Production végétale

Tableau 2 | Variantes d’essai 2012 et 2013, herbicides, dose et ­p ériode d’application Description des variantes Principe actif, g/ha

Période d’intervention (BBCH)

Essai A Témoin non traité

Isoxaflutole, 2 x 37,1

12-13, 15-16

Thiencarbazone, 2 x 14,85

12-13, 15-16

Cyprosulfamideb, 2 x 24,8

12-13, 15-16

Callisto

Mésotrione, 2x75

12-13, 15-16

3a

Callisto

Mésotrione, 150

12-13

3b

Callisto

Mésotrione, 2 x 75

12-13, 15-16

Isoxaflutole, 74,2

12-13

Thiencarbazone, 29,7

12-13

Cyprosulfamide , 49,6

12-13

Isoxaflutole, 2 x 37,1

12-13, 15-16

Thiencarbazone, 2 x 14,85

12-13, 15-16

Cyprosulfamideb, 2 x 24,8

12-13, 15-16

Halosulfurone-méthylea , 2x15

12-13, 15-16

b

5

Permit

a

Sarclage

Essai B Dual Gold

b

12-13, 15-16 S-Metolachlor, 1920

­sarclage Dual Gold

c

VSEc VSE

12

d

13

14

d

Basagran SG

Bentazone, 960

63

Permit

Halosulfurone-méthyle, 2 x 15

12-13, 15-16

Titus

Rimsulfurone, 2 x 5

12-13, 15-16

Titus

Rimsulfurone, 2 x 5

12-13, 15-16

Callisto

Mésotrione, 2 x 75

12-13, 15-16

Titus

Rimsulfurone, 10

12-13

Callisto

Mésotrione, 150

15-16

Titus

Rimsulfurone, 2 x 5

12-13, 15-16

Callisto

­Mésotrione, 2 x 75

12-13, 15-16

Basagran SG

Bentazone, 960

63

Titus

Rimsulfurone, 10

12-13

Callisto

Mésotrione, 150

15-16

Basagran SG

Bentazone, 960

63

Non autorisé en Suisse b Safener c Traitement de présemis incorporé d En 2013, Titus et Callisto ont été appliqués sous forme de mélanges lors de la première ­application dans ces deux variantes de l’essai. a

Essai A (s)

12-13, 15-16 Essai C

11

L’envahissement d’une parcelle par les mauvaises herbes est généralement hétérogène sur l’ensemble de la surface (exemple: Nordmeyer et Zuk 2002; Gerhards et Oebel 2006), notamment pour les espèces vivaces. La 

12-13, 15-16 S-Metolachlor , 1920

­sarclage

10

Résultats et discussion

50

Adengo

Essai B (ns)

Essai C (ns)

40

4b

30

Adengo

b

20

4a

ab ab

10

Adengo

2

ab ab

a

a

2

3a 3b 4a 4b 5

0

1

Nombre de pousses de souchet comestible

Herbicides / mécanique

automne, quatre échantillons de sol ont été prélevés (quatre carottes par parcelle, profondeur 0,2 m, volume total 10 l, correspond environ à 0,05 m²). Les échantillons ont été stockés au frais (env. 2 °C), puis placés dans des pots en serre. Le nombre de tiges aériennes a été compté au bout de quatre semaines (SCSerre). L’évaluation s’est faite avec le programme de statistique R (version 3.1.1). Pour l’évaluation des différentes années, le SCSerre de l’année précédente a été inclus comme co-variable dans le modèle. Cette méthode a permis de prendre en compte les différents antécédents des parcelles. Les essais ont été mis en valeur séparément. L’effet de bloc a été modélisé comme étant fixe. Une réduction du modèle a été opérée à l’aide du critère d’information Akaike (Akaike information criterion, AIC) en utilisant la fonction «step». Les moyennes ajustées (least square means) ont été calculées avec le package «lsmeans» de R.V. Lenth (2014). L’évolution du peuplement de souchet comestible au fil des ans a été représentée de manière descriptive pour les différentes variantes.

1

a b Variantes

c

10 11 12 13 14

Figure 2 | Nombre de pousses de souchet comestible dans les échantillons de sol de l’automne 2011 (moyennes ajustées, lsmeans). Nombre par 10 l de sol au bout de 4 semaines de croissance en serre. Les données relatives aux variantes d’essai figurent dans le tableau 1. s: significatif (valeur p <0,05); ns: non significatif.

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80

80

Production végétale | La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible

Essai B (ns)

b

Essai C (s)

Essai A (s) Nombre de pousses de souchet comestible 20 40 60

b ab ab ab ab B a AB A

1

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2

3a 3b 4a 4b

5

a b Variantes

c

Essai C (ns)

b

ab

ab ab

ab

a

ab

A

0

A

Essai B (ns)

10 11 12 13 14

0

Nombre de pousses de souchet comestible 20 40 60

Essai A (s)

Figure 3 | Nombre de pousses de souchet comestible dans les échantillons de sol de l’automne 2012 (moyennes ajustées, lsmeans). Nombre par 10 l de sol au bout de 4 semaines de croissance en serre. Les données relatives aux variantes d’essai figurent dans le tableau 2. s: significatif (valeur p <0,05); ns: non significatif.

5 a b c 10 11 12 13 14 Variantes Figure 4 | Nombre de pousses de souchet comestible dans les échantillons de sol de l’automne 2013 (moyennes ajustées, lsmeans). Nombre par 10 l de sol au bout de 4 semaines de croissance en serre. Les données relatives aux variantes d’essai figurent dans le tableau 2. s: significatif (valeur p <0,05); ns: non significatif.

contamination de la surface d’essai par le souchet comestible était elle aussi très variable, ce qui explique que l’amplitude de variation des données était relativement élevée. Au début de l’essai, on comptait environ neuf pousses de souchets comestibles par pot. Cela correspond environ à 180 pousses par m² avec une dispersion de ±144 pousses par m² (SD). Par conséquent, des différences significatives n’ont été observées que dans peu de variantes. Il est néanmoins possible de dégager des tendances. Dans l’essai A, dans cinq cas sur six, le SCSerre était nettement plus bas dans les variantes avec application fractionnée que dans la variante correspondante avec une seule application (fig. 2; fig. 3 et fig. 4.; 3b versus 3a, 4b versus 4a). En 2013, dans les échantillons de sol de parcelles témoins non traitées (variante 1) placés en serre, moins de souchets comestibles (SCSerre) ont germé par rapport aux variantes avec herbicides comme 4a. Ce résultat est dû à l’importante concurrence exercée par les autres adventices, en particulier par le panic pied-decoq (Echinochloa crus-galli) et la renouée persicaire (Polygonum persicaria). Cette pression très forte des adventices qui s’étaient développées les années précédentes sans lutte contre les mauvaises herbes, a eu un effet très inhibiteur sur le souchet comestible. Bryson et Carter (2008) ont déjà rapporté que le souchet comestible n’avait pu s’établir par exemple dans le sud-est des Etats-Unis qu’après l’introduction des herbicides et par conséquent la disparition des autres adventices. Dans notre essai, la perte de rendement dans la parcelle

témoin non traitée a augmenté jusqu’à 100 % en 2013. Dans l’essai A, l’Halosulfurone-méthyle (variante 5) s’est révélé le principe actif le plus efficace sur les trois ans (par rapport au témoin) (fig. 2, fig. 3 et fig. 4). La valeur relativement élevée du SCSerre en 2013 vient de la prise en compte des antécédents de la parcelle, le SCSerre de l’année précédente ayant été ajouté comme co-variable. Par ailleurs, l’Halosulfurone-méthyle n’a pas été suffisamment efficace contre le millet commun. Jusqu’en 2013, ce dernier s’est multiplié de manière tellement massive qu’il faisait une forte concurrence au souchet comestible et à la culture. Au contraire, la variante 10 (Halosulfurone-méthyle combiné à Rimsulfurone) dans l’essai C était encore exempte d’adventices en 2013 et ne présentait qu’une très faible proportion de souchet comestible. Toutefois, l’Halosulfurone-méthyle n’est pas autorisé en Suisse (www.blw.admin.ch; état août 2014). Dans l’espace européen, l’Halosulfurone-méthyle est autorisé en Italie, en Grèce et en Espagne pour les cultures de riz (Anonyme 2014b-e). Dans l’essai B, le SCSerre était nettement plus bas deux années d’essais sur trois avec les variantes combinant mesures chimiques et mécaniques qu’avec la lutte seulement mécanique avec sarclage (fig. 2, fig. 3 et fig. 4; variantes b et c versus a). Dans la variante avec sarclage sans traitement supplémentaire aux herbicides, le souchet comestible n’a pas pu être suffisamment éliminé, en particulier dans les lignes. L’herbicide racinaire S-Metolachlor a donné de bons résultats. Ce principe actif nécessite cependant une certaine humidité du sol pour atteindre sa pleine

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1

2

3a 3b 4a 4b


La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible | Production végétale

comestible a été confirmé dans l’essai (2011: variante, 11, 12). Une application sous-foliaire ultérieure de Bentazone dans le maïs a conduit à une réduction supplémentaire des pousses de souchet comestible dans cinq cas sur six, indépendamment des mesures prises au préalable (2012 – 2013: c versus b, 14 versus 12, 13 versus 11). L’application tard dans la saison a permis d’appréhender les souchets comestibles à germination tardive et d’empêcher ainsi la formation de tubercules. L’observation des résultats sur plusieurs années montre qu’une application fractionnée est préférable à une application simple (fig. 5). Cependant, l’application fractionnée de Mésotrione a elle aussi conduit à une augmentation de l’infestation sur les trois ans. Halosulfurone-méthyle et Rimsulfurone en application fractionnée, ainsi qu’une lutte très intensive en trois applications (Mésotrione et Rimsulfurone en doses fractionnées combinés à une application sous-foliaire ultérieure de Bentazone) ont permis de stabiliser voire  de réduire la pression du souchet comestible.

40 20

Nombre de souchets germés

60

80

efficacité. L’application en prélevée ou en pré-semis incorporé (non autorisée sous cette forme en Suisse, état août 2014) permet également de lutter une nouvelle fois contre le souchet comestible en post-levée lorsque les résultats sont insuffisants du fait du manque de précipitations. L’EPPO (European and Mediterranean Plant Protection Organization) propose par exemple également le maïs en monoculture et l’application systématique de S-Metolachlor pour assainir la surface (Anonyme 2014a). Cette recommandation a pu être confirmée par l’essai B. Dans l’essai C, Rimsulfurone et Mésotrione répartis en application fractionnée (fig. 3 et fig. 4; variante 11, 2012 et 2013) ont donné de bons résultats. Seules quelques tiges ont été comptées dans les pots. Rimsulfurone et Mesotrione appliqués successivement (fig. 3, variante 12; 2012) ou en mélange en prélevée (variante 12; 2013) ont eu des effets moins satisfaisants, c.-à-d. un SCSerre plus élevé. L’effet très important, déjà documenté, du principe actif Bentazone (Anonyme 2006) contre le souchet

0

Avant l’essai 2011 2012 2013 meso 1x

meso 2x

mech/chem

rim/halo 2x

rim/mes/ben

Variantes Figure 5 | Evolution des variantes sélectionnées sur les trois années d’essai. Meso 1x: Mésotrione appliqué une fois en postlevée précoce; meso 2x: Mésotrione appliqué deux fois en doses fractionnées en post-levée; mech/chem: S-Metolachlor, sarclage, Bentazone (2012, 2013 en traitement sous-foliaire tardif); rim/halo 2x: Rimsulfurone et Halosulfurone-méthyle appliqué deux fois en doses fractionnées, et en plus en 2011 Bentazone et Mesotrione en traitement sous-foliaire tardif; rim/mes/ben: Bentazone appliqué en post-levée, Bentazone et Mésotrione en traitement sous-foliaire tardif (2011), Rimsulfurone et Mésotrione appliqués deux fois en doses fractionnées en post-levée et Bentazone en traitement sous-foliaire tardif (2012–2013).

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Production végétale | La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible

Figure 7 | La technique des droplegs et un pulvérisateur automoteur permettraient également de lutter contre le souchet comestible dans le maïs à une période tardive.

Figure 6 | Les souchets à germination tardive doivent être éliminés pour éviter la formation de nouveaux tubercules et la multiplication de cette adventice.

Conclusions La culture du maïs pendant plusieurs années stabilise le peuplement de souchet comestible et permet très probablement de le réduire. La condition est toutefois de procéder à une lutte contre les adventices d’une intensité qui va bien au-delà des mesures habituelles. Il s’agit de procéder à plusieurs applications d’herbicides, de sarcler plusieurs fois, d’effectuer des traitements factionnés, de pulvériser des mélanges d’herbicides et de combiner les produits. Une application sous-foliaire tardive dans le maïs est prometteuse et serait souvent également nécessaire pour éviter que les souchets comestibles à germination tardive ne forment des tubercules. En pratique, la technologie Dropleg (buses orientées vers le bas) et un pulvérisateur automoteur avec une garde au sol suffisante permettent d’appliquer ces traitements (fig. 6 et fig. 7) (Rüegg et Total, 2013). Ce système permet de très peu toucher le maïs (jusqu’à la hauteur des buses) et de réduire considérablement le risque de phytotoxicité. La lutte contre le souchet comestible dans le maïs revient cher et ne vaut parfois pratiquement pas la peine à court

480

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 474–481, 2014

terme pour les exploitations de grandes cultures extensives. Les exploitations maraîchères intensives ainsi que les exploitations cultivant les pommes de terre et les betteraves à sucre dont les parcelles sont touchées sont en revanche très probablement contraintes de mettre ces surfaces en maïs tout en intensifiant la lutte contre les adventices, bien que la valeur ajoutée de cette culture d’assainissement soit nettement moindre et que les débouchés fassent défaut. Actuellement, la Suisse manque d’incitations, de possibilités et de conditions-cadres pour lutter efficacement contre le souchet comestible sur toutes les surfaces concernées dans l’ensemble du pays. Pourtant, il est extrêmement important de lutter intensivement et systématiquement contre cette adventice pour que nos sols demeurent un facteur de production à long terme. n


Zigolo dolce: il mais come possibile coltura di risanamento Lo zigolo dolce (Cyperus esculentus L.) è una delle malerbe più temute in tutto il mondo; in Svizzera sta diventando sempre più una minaccia per le aziende dedite all'orticoltura e alla campicoltura. La riproduzione e la diffusione avvengono tramite tubercoli formatisi per via vegetativa. Oltre a impedire un'ulteriore diffusione è importante ridurre l'attacco sui lotti interamente infestati. Una strategia molto promettente in questo senso è una coltivazione pluriennale di mais con metodi intensivi di gestione delle malerbe. Nell'arco di tre anni (2011–2013) sono state eseguite prove sul campo per il mais al fine di determinare l'effetto di diversi erbicidi, del trattamento frazionato e della lotta meccanica allo zigolo dolce. I risultati hanno mostrato che un trattamento frazionato è preferibile a un'applicazione. S-Metolachlor, Bentazone e Rimsulfuron, combinati con Mesotrione, hanno mostrato una buona efficacia contro lo zigolo dolce. L'S-Metolachlor combinato con passaggi di sarchiatura ha ridotto la presenza dell'infestazione. Un'applicazione tardiva nell'ipofillo ha provocato un'ulteriore riduzione dell'infestazione. Una coltivazione di mais avente l'obiettivo di ridurre l'infestazione dello zigolo dolce richiede una gestione delle malerbe molto più intensiva delle procedure solitamente addottate.

Bibliographie ▪▪ Anonyme, 2006. The Pesticide Manual. Fourteenth Edition. Editor Tomlin C.D.S. BCPC Hampshire UK. ▪▪ Anonyme, 2014a. Accès: http://www.salute.gov.it/portale/temi/p2_4.jsp?l ingua=italiano&tema=Alimenti&area=fitosanitari abgerufen 18.08.2014. ▪▪ Anonyme,2014b. Accès: http://wwww.minagric.gr/syspest/syspest_ menu_eng.aspx abgerufen 18.08.2014. ▪▪ Anonyme, 2014c. Accès: http://www.magrama.gob.es/es/agricultura/temas/sanidad-vegetal/productos-fitosanitarios/registro/menu.asp [18.08.2014]. ▪▪ Anonyme, 2014d . Accès: http://ec.europa.eu/sanco_pesticides/public/index.cfm?event=activesubstance.detail, août 2014). ▪▪ Anonyme, 2014e. Cyperus esculentus (European/non-european). 0511809 Draft EPPO quarantine pest, Data Sheets on Quarantine Pests. Accèshttp://www.eppo.int [05.08.2014]. ▪▪ Bohren C. & Wirth J., 2013. Souchet comestible (Cyperus esculentus L.): situation actuelle en Suisse.. Recherche Agronomique Suisse 4 (11-12), 460-467. ▪▪ Bryson C. T. & Carter R., 2008. The Significance of Cyperaceae as Weeds. In: Sedges: Uses, Diversity and Systematics of the Cyperaceae. Naczi, R.F.C. and B. A. Ford, B. A. Monogr. Syst. Bot. Missouri Bot. Garden, 108.

Summary

Riassunto

La culture du maïs pour assainir les surfaces contaminées par le souchet comestible | Production végétale

Reduction of yellow nutsedge infestation levels in highly infested fields: Continuous maize cropping as potential control strategy Yellow nutsedge (Cyperus esculentus L.) is among the most dreaded weeds worldwide. In Switzerland, it has increasingly become a problem for vegetable growers and arable farmers. This weed propagates and disperses via vegetative tubers in the soil. Producers are facing an important challenge: They have not only to stop the weed’s further dispersal but also reduce infestation levels in fields already broadly infested with yellow nutsedge. For the later a promising strategy is continuous cropping of maize combined with intensive weed control. Field trials were carried out in maize during 3 years (2011–2013). Aims were to determine the efficacy of different herbicides, split application, and mechanical control against yellow nutsedge. The results clearly showed that split application was superior to single application. S-metolachlor, bentazone, and rimsulfuron combined with mesotrione showed high efficacy. S-metolachlor combined with hoeing passes reduced infestation levels. A late under-leaf application additionally reduced yellow nutsedge. Cropping maize with the aim to reduce yellow nutsedge infestation levels requires a very intense weed control that will exceed current intensity levels considerably. Key words: Bentazone, Halosulfuron-methyl, mechanical weed control, S-Metolachlor, splitting.

▪▪ Gerhards R. & Oebel H., 2006. Practical experiences with a system for site-specific weed control in arable crops using real-time image analysis and GPS-controlled patch spraying. Weed Research 46, 185-193. ▪▪ Keeley P. E., 1987: Interference and Interaction of Purple and Yellow Nutsedges (Cyperus rotundus and C. esculentus) with crops. Weed Technology 1 74-81. Keller M., Total R., Bohren C. & Baur B., 2013. Gestion du problème «souchet comestible»; repérage précoce, lutte à effets durables. Fiche technique Agroscope. ▪▪ Nordmeyer H. & Zuk A., 2002. Teilflächenunkrautbekämpfung in Winterweizen (Site-specific weed control in winter wheat). Journal of Plant Diseases and Protection XVIII, 459-466. ▪▪ Rüegg J. & Total R., 2013: Dropleg-Applikationstechnik für zielgerichteten Pflanzenschutz in Reihenkulturen. Flugschrift. Bundesamt für Landwirtschaft und Agroscope. ▪▪ Stoller E. W. & Sweet R. D., 1987. Biology and Life Cycle of Purple and Yellow Nutsedges (Cyperus rotundus and C. esculentus). Weed Technology 1, 66-73.

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P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Support Obst Arbo: résultats pour les ­arboriculteurs professionnels Esther Bravin1, Johannes Hanhart 2, Dante Carint 2 et Dominique Dietiker2 Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8820 Wädenswil 2 Agridea, 8315 Lindau Renseignements: Esther Bravin, e-mail: esther.bravin@agroscope.admin.ch

1

de cent producteurs qui ont transmis des données détaillées inscrites manuellement dans un livret. Les données relatives aux variétés, rendements, produits phytosanitaires, engrais, heures de travail et charges salariales ont permis de fixer les prix. Ces livrets se trouvent actuellement dans les Archives de l’histoire rurale à Berne. Depuis 1997, la banque de données SOA enregistre les données techniques de production sous forme électronique.

Pommiers dans le canton de Thurgovie.

Arboriculture en point de mire Support Obst Arbo (SOA) est un projet conduit par Agridea et Agroscope et cofinancé par la Fruit-Union Suisse (FUS) qui favorise la compétitivité de l’arboriculture suisse. Le projet se consacre à l’analyse de données de techniques de production et d’économie d’entreprise ainsi qu’à l’élaboration de supports de conseil pour le secteur arboricole. Afin de concrétiser le projet, 25 exploitations de référence transmettent des données relatives à la production (coûts de main d’oeuvre, des machines, des produits phytosanitaires, des engrais et des investissements, ainsi que le produit réalisé). Principe dès 1947 En 1947 déjà, la station fédérale de recherches de Wädens-­ wil commençait à enregistrer des données économiques d’exploitations, afin de proposer un support de conseil en arboriculture et d’obtenir des chiffres clés pour la formation des prix (Meli 1991). Jusqu’en 1996, ce sont près

482

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Saisie détaillée des données La gestion de cultures pérennes exige une planification à long terme et de grands investissements (de 40 000 fr./ha pour les pommes jusqu’à 150 000 fr./ha pour les cerises de table, cf. Arbokost 2014). De plus, ces cultures sont sujettes à de fortes variations de rendement dues aux conditions climatiques. Il est donc nécessaire d’avoir une base de données détaillée et durable afin de développer des supports d’aide à la planification. Au moyen du logiciel Asa-jAgrar, les exploitations de référence SOA enregistrent quotidiennement ou hebdomadairement les tâches liées à la production de fruits pour chaque parcelle. Tant la précision, la régularité que la durabilité de la saisie des données sont variables. Pour les producteurs, l’enregistrement régulier des données techniques de production est très exigeant, particulièrement en période de pics de travail comme à la récolte. En raison de cette tâche non négligeable, il ressort une certaine fluctuation des données au sein du réseau d’exploitations. Le réseau actuel n’est pas représentatif de toute la Suisse, mais plutôt du canton de Thurgovie (Bravin et Dietiker 2013) qui comprend 30% des surfaces de pommes de table en Suisse (OFAG 2014a). Financement Le projet SOA est financé par l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) – suite au travail d’Agroscope et Agridea – ainsi que par la Fruit-Union Suisse (FUS) qui participe aux coûts du logiciel informatique ASA-jAgrar. Le soutien financier du secteur arboricole permet aux exploitations de référence d’utiliser le programme ASA-jAgrar gracieusement.


Aperçu du réseau SOA De 1997 à 2012, 45 exploitations arboricoles de toute la Suisse ont pris part au réseau; 39 produisent selon les directives de la production intégrée (PI) et 6 selon les directives Bio Suisse. 18 à 25 exploitations par année participent au réseau. Les données de 80 ha de pommiers, 10 ha de poiriers, 3,5 ha de cerisiers et 1,5 ha de pruniers sont enregistrées. En 2013, les exploitations du réseau provenaient du canton de Thurgovie (9 exploitations), Saint-Gall (3), Argovie (2), Vaud (2), Valais (2), Soleure (1), Zoug (1) et Zurich (1). Evaluation au niveau de l’exploitation Les données SOA permettent aux exploitations de référence d’obtenir des indicateurs sur l’économie de leur entreprise et ceci pour chaque parcelle et variété. Ainsi, les producteurs peuvent par exemple évaluer la situation économique d’un verger en particulier. Les chiffres réels tirés des exploitations de référence tels que les heures de main-d’oeuvre et d’utilisation des machines, les coûts de protection phytosanitaire, d’engrais et d’infrastructures sont utilisés pour ces évaluations. Afin de pouvoir comparer les exploitations, les coûts de main-d’oeuvre et des machines sont normés. En accord avec la Fruit-Union Suisse, les salaires sont fixés comme suit: 20.30 fr./MOh pour la main-d’oeuvre externe, 24 fr./MOh pour la main d’oeuvre familiale et 34.35 fr./MOh pour le chef d’exploitation. Les coûts des machines sont calculés selon les données du rapport coûts-machines d’Agroscope. Seules les parcelles en plein rendement (p. ex. de la 4e à la 15e

Arboriculteurs

FruitUnion Suisse

AGRIDEA

Agroscope

Résumé

Support Obst Arbo: résultats pour les ­a rboriculteurs professionnels | Production végétale

Le projet Support Obst Arbo (SOA) est conduit par Agridea et Agroscope. Grâce à l’instauration d’un logiciel informatique, le projet propose des données utiles en arboriculture tant pour la pratique, le conseil, ou la recherche. 25 exploitations de référence enregistrent leurs données annuellement. Des évaluations de la rentabilité de l’exploitation sont ainsi possibles, jusqu’au niveau de la variété. L’analyse des données – avec des coûts de main-d’oeuvre et de machines normés – révèle que la moitié des producteurs n’obtient aucun bénéfice, ou présente même des pertes, ce qui restreint la marge de manœuvre pour de futurs investissements. La gamme des variétés des producteurs SOA montre que les variétés Gala, Braeburn et Golden Delicious sont toujours très appréciées. Néanmoins, les variétés alternatives comme Milwa, Fuji, Nicoter ou Scifresh ont pris de l’importance ces dernières années. Les diverses variétés ont une rentabilité très différente. Gala, Braeburn et Fuji sortent du lot. En revanche, Golden Delicious et Diwa s’en sortent mal. Les prix à la production de Golden Delicious sont trop bas. Pour Diwa les prix sont bons mais les rendements assez faibles. A travers SOA, Agroscope et Agridea mettent à disposition des données scientifiques et techniques utiles à la pratique, formation, conseil et recherche dans le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire.

année pour les pommiers), d’une surface d’au moins 0,10 ha et d’une densité de plantation de 1000 à 4000 arbres par hectare sont prises en compte dans l’analyse. La figure 2 présente les bénéfice/pertes (en fr./ha) des années 2008 à 2011 par quartier variétal et par exploitation (P01 à P13). Pour cette analyse, seules les exploitations ayant transmis les données au réseau SOA sans interruption de 2008 à 2011 ont été prises en considération. Le nombre de quartiers variétaux par exploitation est représenté entre parenthèses (par exemple 41 pour l’exploitation P01), la surbrillance bleue du texte indique la surface totale de pommiers par exploitation (en 2011). La grande variabilité des résultats au sein des exploitations (entre 6617 et 13 046 fr./ha) peut être expliqué par les grandes divergences de bénéfice/pertes en fonction du quartier variétal ou de l’année. En raison de l’hétérogénéité de l’échantillon, il n’est pas possible de tirer des conclusions au niveau de l’exploitation. La surface des cultures de pommiers ou le nombre de quartiers variétaux par exemple n’ont que peu d’in- 

Figure 1 | Flux de données au sein du réseau SOA.

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Production végétale | Support Obst Arbo: résultats pour les ­a rboriculteurs professionnels

Bénéfice/pertes

50 000 40 000

Bénefice/pertes (Fr./ha)

30 000 20 000 10 000 0 -10 000 -20 000 -30 000

A

-40 000

A

A

A

A

AB

AB

AB

ABC

BC

CD

CD

D

P01 (41) P02 (68) P03 (39) P04 (38) P05 (64) P06 (59) P07 (16) P08 (66) P09 (33) P10 (89) P11 (87) P12 (48) P13 (48) 5,5 ha 8 ha 7,5 ha 4,5 ha 3,5 ha 6 ha 4,5 ha 1 ha 6 ha 6 ha 2 ha 4,5 ha 3,5 ha

-50 000

Figure 2 | Bénéfice/pertes calculés par producteur de 2008 à 2011.

Surface (ha)

fluence sur le bénéfice ou les pertes. Le résultat final est surtout influencé par des facteurs difficilement mesurables, tels que l’expérience du producteur, les conditions climatiques et l’alternance. Il est cependant inquiétant de constater que la moitié des producteurs obtiennent un bénéfice nul ou même des pertes sur la moyenne des années considérées. Il s’agit certes d’analyses avec des chiffres normés qui ne correspondent que peu à la réalité (le chef d’exploitation et la main-d’oeuvre familiale ne perçoivent normalement pas de salaire, mais reçoivent ce qu’il reste à la fin de l’année). Il n’empêche que ce résultat ne laisse pas de marge pour une réduction supplémentaire des prix à la production. Les producteurs auront de grosses difficultés à surmonter une diminution supplémentaire des prix de la part du commerce en gros et de détail ou suite à la libéralisation du commerce de l’Union européenne. A cela s’ajoute l’insécurité sociale en raison des variations du bénéfice (ou des pertes) allant jusqu’à 40 000 fr./ha par an.

Evaluation des variétés Le choix des variétés est déterminant pour la réussite de l’entreprise. SOA contribue à donner des recommandations pour la pratique au niveau de la variété et de la parcelle. Le prix, le rendement et la qualité (Mouron & Carint 2001) sont les facteurs qui sont le plus influencés par le choix variétal. En cas de choix variétal approprié, le producteur peut s’attendre à un bénéfice sur plus de quinze ans. En revanche, s’il choisit une variété qui n’est plus demandée sur le marché, qui est très sensible à la production ou peu productive, l’arrachage ou le surgreffage aura probablement une forte influence sur les coûts. Pour les producteurs, il serait avantageux que le commerce en gros et de détail communique clairement ses stratégies de choix variétal (p. ex. contrat de culture), ce qui n’est pas le cas actuellement. Evolution des variétés principales Les différentes analyses qui peuvent être tirées du réseau SOA sont présentées ci-dessous. Elles ont été effectuées

90 80 70 60 50 40 30 20 10 0

Gala Golden Delicious Toutes les sortes 2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

Figure 3 | Evolution des surfaces totales des exploitations de Gala et Golden Delicious du réseau SOA de 2000 à 2011.

484

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Support Obst Arbo: résultats pour les ­a rboriculteurs professionnels | Production végétale

tiers variétaux de Gala et Golden Delicious des années 2000 et 2001 ont été comparées avec celles des années 2010 et 2011.

Tableau 1 | Comparaison de la moyenne du rendement, du produit, des coûts de production et du bénéfice/pertes de Gala et Golden Delicious pour les années 2000/01 et 2010/11 (QV = nombre de quartiers variétaux) de tous les producteurs PI du réseau SOA. 2000/01 Gala (SQ=28)

Golden Delicious (SQ=63)

Gala (SQ=62)

Golden Delicious (SQ=55)

32 756

42 462*

35 984

36 371

1,0

0,7

0,9

0,7

Produit (fr./ha)

33 758

29 549

32 276

25 670*

Coûts de production (fr./ha)

35 532

32 630

28 641

29 800

Bénéfice/pertes (fr./ha)

-1774

-3081

3635

-4130*

Rendement (kg/ha) Prix (fr./kg)

Rendement Les rendements de Gala et Golden Delicious du réseau SOA correspondent aux valeurs expérimentées dans la pratique. Les rendements de Golden Delicious sont généralement plus élevés que ceux de Gala (OFAG 2014b). Les rendements moyens tirés des valeurs SOA ne se différencient toutefois pas de manière significative entre Gala (2010/11) et Golden Delicious (2010/11). L’augmentation du rendement de Gala de 3228 kg/ha de 2000/01 à 2010/11 est à relever. En revanche, le rendement de Golden Delicious a diminué puisqu’en 2010 il était particulièrement bas (1/4 de moins).

2010/11

Différence significative (test t, sig. bilatérale, p<0,05) entre les variétés Gala et Golden ­Delicious sur les années 2000/01 et 2010/11. *

avec les variétés principales Gala et Golden Delicious. Avec 36 %, les variétés Gala et Golden représentent plus du tiers de la surface totale de pommiers en Suisse. Au sein du réseau SOA, ces deux variétés sont très importantes, avec 34 % de la surface de pommiers. Golden Delicious était la variété principale des exploitations SOA jusqu’en 2006, puis Gala l’a détrônée en 2007 (fig. 3). En raison de l’alternance rencontrée chaque année en production de pommes, l’analyse de la productivité est plus pertinente si l’échantillon comprend au moins deux années. Pour analyser la productivité et la rentabilité de Gala et Golden Delicious, les moyennes des quar-

Produit Afin de calculer le produit, le rendement est multiplié par le prix de la catégorie (de qualité). Les producteurs obtiennent de meilleurs prix avec Gala (en fr./ha) qu’avec Golden Delicious, ce qui implique que le produit est aussi plus élevé. En 2000/01, les producteurs de Gala ont obtenu 1.03 fr./kg (prix moyen de la classe 1, classe 2 et cidre). Dix années plus tard, ils recevaient 0.90 fr./kg (-13 %). Le prix de Golden Delicious est par contre resté stable, 0.70 fr./kg. La chute des prix de Gala s’explique par l’augmentation du rendement et des surfaces de cultures ces dernières années. La situation est différente pour Golden Delicious. Les faibles rendements n’ont pas 

Distribution des variétés Boskoop 3% Braeburn 9% Cox Orange 2%

autres 23%

Cripps Pink (Pink Lady®) 2% Elstar 2%

Topaz 2% Scifresh (Jazz®) 3%

Gala 21%

Milwa (Diwa®, Junami®) 3% Maigold 3% La Flamboyante (Mairac®) 2% Groupe Jonagold 6% Idared 3% Gravensteiner 3%

Golden Delicious 14%

Figure 4 | Distribution des variétés de pommes par surface en Suisse, 2013.

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 482–489, 2014

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Production végétale | Support Obst Arbo: résultats pour les ­a rboriculteurs professionnels

Distribution des variétés 2001 Topaz 1%

Distribution des variétés 2011 Boskoop 3%

Braeburn 1% autres 7%

Boskoop 7% Cox Orange 7% Elstar 5%

Maigold 11%

Jonagold 10%

Cox Orange 3% Elstar 2%

Gala 13% Topaz 4%

Idared 4%

Gravensteiner 5%

autres 27%

Braeburn 16%

Golden Delicious 29%

Maigold 4%

Jonagold 7%

Gala 19%

Golden Delicious 11% Idared 0% Gravensteiner 4%

Figure 5 | Distribution des variétés de pommes par surface, exploitations SOA, 2001 et 2011.

été compensés par une augmentation des prix. Ainsi, les produits de Golden Delicious en 2010/11 étaient significativement plus faibles qu’en 2000/01. La situation du marché pour Golden Delicious est plus difficile qu’il y a dix ans. Depuis 2001, en moyenne 50 ha de Golden Delicious sont arrachés chaque année en Suisse et ne sont pas renouvelés. Parallèlement, les surfaces de Gala ont augmenté de 30 ha par année. En 2009, Gala a détrôné Golden Delicious en tant que variété la plus cultivée en Suisse. Coûts de production En arboriculture, les coûts de récolte représentent au moins 20 % des coûts totaux de production (Arbokost 2014) et 55 % de l’investissement en main-d’oeuvre (fig. 8). Bénéfice/pertes Le bénéfice, respectivement les pertes, indique les finances restantes par hectare et par année lorsque les coûts de production sont pondérés par le produit. Dans le calcul du bénéfice/pertes, tous les produits (y compris les paiements directs) ainsi que les coûts de production (coûts de main-d’oeuvre familiale et coûts du capital inclus) sont pris en compte. Les coûts de main-d’oeuvre et des machines vus plus haut ne permettent pas aux producteurs de Golden Delicious (2000/01 et 2010/11) et Gala (2000/01) de couvrir leurs coûts. Seule Gala (2010/11) permet aux producteurs d’obtenir un bénéfice. Comme mentionné, les chefs d’exploitation et la main-d’oeuvre familiale ne perçoivent souvent qu’un faible salaire. Les

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Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 482–489, 2014

arboriculteurs ne peuvent obtenir de bénéfice que s’ils adoptent de faibles salaires pour la main-d’oeuvre familiale. Bilan Au vu des mauvais résultats obtenus avec Golden Delicious, la diminution des surfaces de culture observée ces dernières années prend tout son sens (2001: 1144 ha, 2013: 576 ha). Néanmoins, cette variété est toujours cultivée sur 15 % des surfaces de pommiers (fig. 4). Golden Delicious présente effectivement des caractéristiques intéressantes telles que des rendements élevés et réguliers ainsi qu’un bon rendement à la récolte (kg/MOh) (fig. 6). De plus, la plupart des producteurs ont des compétences avec Golden Delicious et l’introduction d’une nouvelle variété impliquerait un investissement supplémentaire ainsi qu’un risque de pertes de rendement. Selon les producteurs, Golden Delicious continuera à perdre du terrain. Nouvelles variétés et variétés déjà établies Gala, Golden Delicious et Braeburn sont les variétés principales du réseau d’exploitations (43 % au total). Cela correspond aux surfaces cultivées au niveau national (42 %, OFAG 2014a). Etant donné que les prix moyens à la production des variétés établies sur le marché comme Golden Delicious sont en train de chuter (Bravin et al. 2008), les arboriculteurs essaient d’obtenir des recettes plus élevées avec les nouvelles variétés. Ainsi, Nicoter, Fuji et Milwa font partie des variétés les plus cultivées du réseau SOA avec chacune 3 ha, après les trois variétés principales et Jonagold. Au niveau suisse (fig. 4) les


Support Obst Arbo: résultats pour les ­a rboriculteurs professionnels | Production végétale

45

Golden Delicious (10)

Rendement (t/ha)

40

Braeburn (11)

Gala (14)

Jonagold (7)

35

Fuji (4)

30 25

Nicoter (4) Milwa (5)

20 15

80

90

100 110 120 Rendement à la récolte (kg/MOh)

130

140

Figure 6 | Rendement et rendement à la récolte par variété (­ moyenne 2009–2012). La dimension du disque indique l’importance (en surface) des variétés. Le nombre de producteurs de la variété concernée est indiqué entre parenthèses.

variétés Scifresh, Milwa, La Flamboyante et Cripps Pink représentent 10 % de la surface totale de pommiers (OFAG 2014a). En Europe, les variétés Club correspondent à 5 % des parts du marché (Schwartau 2010). La distribution des variétés au sein du réseau SOA (fig. 5) a fortement évolué de 2001 à 2011. Les surfaces de Braeburn et de Gala ont augmenté, tandis que celles de Golden Delcious, Jonagold et Maigold ont diminué. La figure 6 présente le rendement et le rendement à la récolte (kg de pommes par MOh) des huit variétés principales du réseau SOA. Bien que le rendement à la récolte dépende du rendement, d’autres facteurs l’influencent: par exemple la couleur, le mode de conduite, la taille et la technique de récolte. Seuls les quartiers variétaux qui étaient entre la 4e et 15e année de production de 2009 à 2012 sont pris en considération. Les rendements de Golden Delicious, Gala, Braeburn et Jona-

gold ne présentent aucune différence significative et se situent entre 35 et 45 tonnes par hectare. Avec 32 t/ha, les rendements de Fuji sont significativement plus bas que ceux de Golden Delicious. Les rendements de Nicoter et Milwa sont encore bien plus bas (env. 20 t/ha). Golden Delicious et Braeburn obtiennent les meilleurs rendements à la récolte (136 et 137 kg/MOh). Ceci n’est point surprenant puisque Golden Delicious a des fruits de gros calibre et Braeburn des pommes lourdes (denses). La figure 7 met en évidence le produit ainsi que le bénéfice et les pertes en francs par hectare. Le bénéfice/ pertes permet d’évaluer la rentabilité de la variété et le produit permet d’établir la productivité. Les coûts de production moyens s’élèvent à environ 27 200 fr./ha avec un rendement moyen de 33 t/ha. En ce qui concerne le bénéfice et les pertes, deux groupes sont distincts: le premier comprend Gala, Braeburn et Fuji (bénéfice moyen: 4238 fr./ha). Le second groupe est constitué de Jonagold, Golden Delicious, Nicoter et Milwa (pertes moyennes: -2652 fr./ha). Cependant, Nicoter et Jonagold présentent encore un bénéfice, tandis que Golden Delicious et Milwa accusent des pertes. Aucune différence significative entre les variétés n’est constatée au sein des différents groupes. Il semblerait que la rentabilité et la productivité soient fortement liées (une faible productivité implique une plus faible rentabilité). Golden Delicious fait exception en obtenant une bonne productivité mais une mauvaise rentabilité. Le problème réside dans le principe de fixation des prix et l’interaction de l’offre et de la demande. Deux facteurs principaux impliquent une diminution de la rentabilité: i) une production élevée et ii) une baisse d’attractivité de la variété sur le marché. Une production élevée peut impli- 

15 000 13 000 11 000 9000 Bénéfice/pertes (CHF/ha)

7000 5000

Fuji (4)

3000

-3000

Gala (14)

Nicoter (4)

1000 -1000

0

5000

10 000

15 000

20 000

Braeburn

Jonagold (7) 25 000

30 000

35 000

Golden Delicious (10)

-5000 -7000 -9000

Milwa (5)

-11 000 -13 000 -15 000 Produit (CHF/ha)

Figure 7 | Produit, bénéfice/pertes par variété (moyenne 2009–2011). La dimension du disque indique l’importance (en surface) de la variété. Le nombre de producteurs est indiqué entre parenthèses. ­D onnées du réseau d’exploitations SOA.

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 482–489, 2014

487


Production végétale | Support Obst Arbo: résultats pour les ­a rboriculteurs professionnels

Administration et autres travaux 2% Protection phytosanitaire 5%

Administration et autres travaux 1%

Répartition du travail 2001/2002 Taille 13%

Eclaircissage 15%

Travail du sol 2% Fertilisation 1%

Installations fixes travaux annuels 4%

Protection phytosanitaire 4% Installations fixes travaux annuels 4%

Répartition du travail 2011/2012 Taille 11%

Eclaircissage 20% Travail du sol 2% Fertilisation 1%

Installation 2%

Installation 3%

Récolte 55%

Récolte 55%

Figure 8 | Répartition du travail, moyenne de tous les quartiers variétaux 2001–02 et 2011–2012.

quer une diminution du prix à la production (par exemple lorsqu’une grande récolte est attendue au niveau national). Une baisse d’attractivité de la variété implique également une réduction des prix, en revanche les coûts de production ne sont pas touchés mais seulement le produit. Quatre variétés de pommes (fig. 7) présentent un bénéfice annuel (Braeburn, Gala, Fuji et Jonagold). En revanche, les variétés Milwa et Golden Delicious présentent des pertes. Les résultats insatisfaisants de Milwa sont la conséquence de faibles rendements, environ 20 tonnes par hectare (4e, 5e, et 6e années de production). Répartition du travail en production de pommes Les données des exploitations SOA permettent de tirer des conclusions quant au temps investi dans la production de pommes. Les données enregistrées montrent que les producteurs SOA investissent entre 550 et 620 heures de main-d’œuvre par hectare (MOh/ha) pour la production de pommes. La répartition des différents travaux (moyenne de toutes les exploitations PI) est très similaire entre 2001/02 et 2011/12 (fig. 8). Seul l’éclaircissage requiert proportionnellement plus de temps. L’évolution de la gamme variétale (fig. 5), les conditions météorologiques ou la charge en fruits peuvent en être la cause. Avec 55 %, la récolte représente plus de la moitié des heures de travail totales. L’éclaircissage est en seconde position avec 15 à 20 %. L’éclaircissage permet d’éviter l’alternance (ou de la réduire) ainsi que de favoriser la qualité de la récolte. La taille et la protection phytosanitaire favorisent aussi la qualité mais sont également des travaux arboricoles exigeants en heures de travail. Données pour la pratique Avec les résultats SOA, les arboriculteurs disposent de chiffres clés et d'informations permettant d’augmenter la rentabilité de la production fruitière et de prendre des

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Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 482–489, 2014

décisions stratégiques importantes. Ils sont en possession d’éléments permettant d’évaluer leur propre situation économique. Les résultats SOA sont utilisés tant dans le secteur du conseil que de la formation. A travers SOA, Agroscope et Agridea proposent des données scientifiques et techniques utiles à la pratique, à la formation et au conseil dans le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire, mais également au sens de l’ordonnance sur la recherche agronomique (ORAgr). Le programme de simulation Arbokost se base sur les informations et expériences accumulées par SOA pour le calcul du cashflow. Cet instrument de planification en arboriculture est mis à disposition en ligne. Données pour la recherche Les informations du réseau SOA sont également utilisées dans le domaine de la recherche. Des données sont déjà mises à profit du secteur de l’environnement pour des évaluations ou des calculs d‘écobilans. Elles sont également utilisées pour évaluer le potentiel de baisse des coûts des pommes génétiquement modifiées (FiBL, EPF) ou pour estimer le potentiel économique de la production fruitière dans les pays en transition (FiBL). Seules des données précises, sur le long terme et sans interruption permettent de mettre à disposition une base de données n fiable pour d’importants projets de recherche. Remarques

Cet article mentionne les noms des variétés. Voici leurs marques: Milwa = Diwa®, Nicoter = Kanzi®, Scifresh = Jazz® Certaines informations contenues dans cet article ont déjà été publiées dans Bravin et al., 2013, SOA: Die Sortenfrage im Obstbau bleibt, Schweizerische ­Zeitschrift für Obst und Weinbau 150 (3), 10–13.


Support Obst Arbo: risultati per l’aboricultura professionista Nel 1947 l’odierna stazione di ricerca Agroscope cominciò con la raccolta di dati aziendali della produzione frutticola per la pubblicazione d’informazioni di consulenza e indici per la formazione dei prezzi. Oggi il progetto Support Obst Arbo (SOA), diretto da Agridea e Agroscope,genera dati tecnici per la produzione, la consulenza e la ricerca. Tra le 20 e le 25 aziende frutticole mettono i loro dati a disposizione del progetto per valutare la redditività a livello aziendale e di parcella varietale. Dall’analisidei dati con gli indici normalizzati dei salari e delle macchine risulta che la metà dei produttori ha un utile netto medio di zero o è addirittura in perdita. Ciò limita fortemente i futuri investimenti. Dal 2001 al 2011 la distribuzione varietale si è sviluppata. Sebbene Gala, Braeburn e Golden Delicious restino le varietà più diffuse per la produzione, varietà alternative quali Milwa, Fuji, Nicoter o Scifresh hanno aumentato la loro superficie. La redditività tra le diverse varietà è molto differente: Gala, Braeburn e Fuji ottengono i risultati migliori, mentre Golden Delicious e Milwa hanno i risultati peggiori. Golden Delicious soffre a causa dei bassi prezzi alla produzione. Milwa invece è pagata bene ma i raccolti restano al di sotto delle aspettative.

Bibliographie ▪▪ Arbokost 2014, Betriebswirtschaftliches Modell für den Obstbau, Accès: www.arbokost.agroscope.ch ▪▪ Bravin E. & Dietiker D., 2013. Jahresbericht SOA 2012, Schweizer Zeitschrift für Obst- und Weinbau 149 (3), 12–14. ▪▪ Bravin E., Dietiker D., Hanhart J. & Carint D., 2014. SOA: Die Sortenfrage im Obstbau bleibt, Schweizer Zeitschrift für Obst und Weinbau 150 (3), 10–13. ▪▪ Bravin E., Leumann M. & Amsler P, 2008. Klasse I. - Anteile sinken, Früchte und Gemüse 9, p 27. ▪▪ Meli T., 1991. Kosten und Erträge in Tafelapfelanalgen. Station fédérale de recherches en arboriculture, viticulture et horticulture, Wädenswil. ▪▪ Mouron P. & Carint D., 2001. Rendite-Risiko-Profil von Tafelobstanlagen. Teil I: Renditepotenzial, Schweizer Zeitschrift für Obst- und Weinbau, 137 (5), 78–81.

Summary

Riassunto

Support Obst Arbo: résultats pour les ­a rboriculteurs professionnels | Production végétale

Support Obst Arbo: results for the professional arboriculture In 1947 today’s date Agroscope started the collection of on farm data to draft extension information and indices for grower prices. Agridea and Agroscope lead the project Support Obst Arbo (SOA), which gives detailed basics for growers, extension and research. 20–25 references fruit farms deliver their data to the project to evaluate the on farm and on plot profitability. The evaluation with normed salary and machine costs shows that the benefit of the half of the growers is equal to zero or lower. This limits the flexibility of investments. From 2001 to 2011 the variety distribution has changed. Gala, Braeburn e Golden Delicious are still the most popular varieties. However Milwa, Fuji, Nicoter and Scifresh increased in surface. The profitability between cultivars is very variable: Gala, Braeburn e Fuji achieve better results, while Golden Delicious and Milwa have poor results. This because Golden Delicious is low in price and Milwa has low yield despite good prices. Key words: economics, fruit production, network, productivity.

▪▪ Office fédéral de l’agriculture (OFAG), 2014a. Statistiques fruits, Les cultures fruitières de la Suisse, statisfique des surfaces 2013. Accès: http:// www.blw.admin.ch/themen/00013/00083/00096/01188/index. html?lang=fr ▪▪ Office fédéral de l’agriculture (OFAG), 2014b. Statistiques fruits, Les ­c ultures fruitières de la Suisse, culture de pommes et de poires, estimation des cultures 2005 à 2013. Accès: http://www.blw.admin.ch/themen/00013/00083/00096/01188/index.html?lang=fr ▪▪ Ordonnance du 23 mai 2012 (état le 1er janvier 2013) sur la recherche ­a gronomique (ORAgr), SR 915.7 ▪▪ Schwartau H., 2010. Liegt die Zukunft in den Club-Sorten?, European Fruit Magazine 2 (4), 20–22.

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 482–489, 2014

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E c l a i r a g e

L’avenir des prairies en Europe – 25e congrès de la Fédération européenne des herbages Ueli Wyss Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, 1725 Posieux, Suisse Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: ueli.wyss@agroscope.admin.ch

Visite à la ferme de David Lee, président de la Société britannique de prairies. (Photo: Ueli Wyss, Agroscope)

L’avenir des prairies en Europe était au coeur des débats lors du 25e congrès général de la Fédération européenne des herbage. Cet événement s’est tenu du 11 au 17 septembre dernier à Aberystwyth, au Pays de Galles (GB) et a rassemblé près de 300 personnes en provenance de 39 pays. L’importance des surfaces herbagères et des activités de recherche en Europe du Nord, en Europe centrale et en Europe méridionale a été soulignée dans trois conférences qui proposaient une vue d’ensemble de la thématique. Les conditions climatiques dans ces régions sont très diverses, ce qui se répercute sur la croissance de l’herbe et sur la période de végétation. Le changement climatique en cours entraînera dans les pays nordiques une hausse des températures et donc une prolongation de la période de végétation, avec très probablement une augmentation de la biomasse. Dans le sud de l’Eu-

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Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 490–491, 2014

rope, la sécheresse estivale représentera à l’avenir un problème toujours plus important. L’agriculture multifonctionnelle, qui empêche l’abandon des terres à la friche et l’érosion du sol, gagnera en importance dans cette aire géographique. La production de semences adaptées aux conditions arides représente donc un défi supplémentaire. De l’herbe pour les ruminants Avec une production de lait en constante augmentation, l’alimentation des vaches basée sur les herbages doit de plus en plus souvent être complétée par du maïs et des aliments concentrés. Or, on observe dans différents pays une tendance vers une alimentation basée davantage sur les herbages et une production de denrées alimentaires estampillées AOC, appellation qui apporte une valeur ajoutée aux produits. Par conséquent, il sera toujours plus important à l’avenir de tenir compte aussi bien


L’avenir des prairies en Europe – 25e congrès de la Fédération européenne des herbages | Eclairage

La Fédération européenne des herbages La Fédération européenne des herbages (Euro­ pean Grassland Federation, EGF) a été fondée en 1963 à Hurley en Grande-Bretagne par onze pays, dont la Suisse. Elle a été créée dans le but de développer les contacts et l’échange entre les diverses associations actives dans le domaine des herbages en Europe, soit entre les milieux scientifiques, la vulgarisation, la pratique agricole et les milieux politiques. Actuellement, elle regroupe 39 pays européens. Le premier congrès international a eu lieu en 1965 à Wageningen (NL). L’EGF organise chaque année, en alternance, un congrès général et un symposium. Le congrès général a déjà été organisé à deux reprises en Suisse. La première fois en 1971 à Lausanne avec pour thème «Comparaison entre prairies permanentes et temporaires» et la seconde fois en 2004 à Lucerne sur le thème «Systèmes d’utilisation des terres dans les régions à dominance herbagère». Depuis 2004, Willy Kessler, de l’Institut des sciences en durabilité agronomique IDU d’Agroscope, est le secrétaire de l’EGF. Joseph Nösberger, professeur émérite en production fourragère à l’EPF de Zurich, en est un des présidents d’honneur depuis 2004.

de la durabilité écologique qu’économique et de faire en sorte qu’il y ait suffisamment de surfaces herbagères destinées à l’alimentation des ruminants. Mais les prairies doivent également remplir leurs fonctions de maintien de la biodiversité, de protection des eaux et du paysage. La société attend des prairies qu’elles remplissent toutes ces fonctions simultanément, ce qui est pourtant difficilement réalisable. Des compromis doivent donc être trouvés, l’agriculteur-trice tenant un rôle de premier plan dans l’ensemble du système. La qualité et l’authenticité des produits laitiers et carnés basés sur les herbages sont une autre priorité. Le profil des acides gras du lait et de la viande représente un indicateur important pour l’identification du fourrage et la certification de l’authenticité des produits. Les herbages sont certes le fourrage le plus important pour les ruminants, mais ils sont en même temps – ou plutôt leur biomasse – très demandés pour les installations de biogaz. De plus, la biomasse riche en lignine peut être une source de combustible.

Défis et perspectives Prins et Kessler (2014) ont abordé dans leur présentation les points suivants, tous d’une importance cruciale pour le futur: 1. Les surfaces herbagères remplissent de plus en plus souvent des objectifs multifonctionnels, raison pour laquelle les chercheurs-euses des divers domaines de recherche doivent travailler de façon pluridisciplinaire. C’est à cette seule condition que des situations «gagnant-gagnant» peuvent être créées. 2. Pour maîtriser ces nouvelles tâches et réaliser des études, l’EGF favorise la formation de groupes de travail spéciaux. Actuellement, il en existe plusieurs qui étudient les thèmes suivants: systèmes de production laitière, pâture, prairies temporaires et permanentes. 3. L’EGF est la seule organisation européenne non politique qui organise régulièrement des congrès sur le thème des surfaces herbagères. 4. Souvent, les décisions politiques sont prises sur la base d’essais réalisés dans le court terme. L’EGF intervient auprès des décideurs politiques et fait clairement comprendre que des essais sur le long terme sont nécessaires pour évaluer valablement les développements en matière de systèmes écologiques. 5. Avec la croissance de la population et l’utilisation de la biomasse à d’autres fin que la production de denrées alimentaires, de grands défis s’annoncent dans le futur qui ne pourront être relevés que si les spécialistes des différents domaines voués aux herbages collaborent étroitement. 6. La formation des experts en production herbagères doit être améliorée dans de nombreux pays. L’EGF peut grandement y contribuer grâce à son réseau et à l’échange d’informations. Prochain symposium et prochain congrès Le prochain symposium de l’EGF aura lieu du 15 au 17 juin 2015 aux Pays-Bas avec le thème suivant: «Surfaces herbagères et fourrage dans les systèmes de production laitière à production élevée». Quant au prochain congrès général de l’EGF, il se tiendra du 5 au 8 septembre 2016 en Norvège et aura pour thème «La multifonctionnalité des prairies dans la bioéconomie européenne». n

Bibliographie ▪▪ Prins W. H. & Kessler W., 2014. The European Grassland Federation at 50: past, present and future. Grassland Science in Europe 19, 27–35.

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 490–491, 2014

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I n t e r v i e w

Johan Six, professeur d’agroécosystèmes ­durables à l’ETH Zurich Monsieur Six, vous menez des recherches sur les agro­ écosystèmes durables. Qu’est-ce qui vous fascine dans ce domaine? Je pense que mon enthousiasme pour ce sujet s’est révélé durant mon enfance, lorsque je travaillais au jardin potager avec mon père. Ma famille est originaire de Belgique et a des liens étroits avec la République démocratique du Congo. Dans ma jeunesse déjà, j’ai appris à quel point nous sommes privilégiés en Europe. Chez nous, lorsqu’il y a de mauvaises récoltes, nous pouvons acheter de la nourriture au magasin. En République démocratique du Congo, comme dans bien d’autres pays en voie de développement, les gens souffrent de faim lorsqu’ils n’ont pas ou peu de récoltes. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai commencé à mener des recherches plus approfondies sur la gestion durable des agroécosystèmes et sa contribution à la sécurité alimentaire. Sur quels points particuliers se concentre votre recherche? L’objectif principal de mon travail est d’explorer et comprendre le fonctionnement des agroécosystèmes. Mes recherches portent sur différentes échelles, allant de processus qui se déroulent en quelques secondes dans le sol jusqu’aux changements dans les agroécosystèmes qui s’étendent sur plusieurs décennies. Au final, ces nouvelles connaissances doivent contribuer une utilité pratique.

En mars 2013, Monsieur Johan Six a été nommé Professeur d’agroécosystèmes durables à l’ETH Zurich. Auparavant, il menait des recherches et enseignait à l’Université de Californie, Davis, USA. Ses recherches se basent sur les interactions entre les plantes, les organismes du sol et les éléments organiques du sol dans les agroécosystèmes, prairies et forêts, et sur la manière dont ces interactions sont influencées par l’homme.

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Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 492–493, 2014

Quel est le plus grand défi pour une gestion durable des agroécosystèmes? Pour moi, le principal défi est de donner un poids égal aux aspects écologiques, économiques et sociaux des agroécosystèmes. Par le passé, de nombreuses solutions proposées pour une gestion durable des agroécosystèmes ont échoué précisément parce que ces trois aspects n’ont pas tous été pris en compte. Aujourd’hui encore, il nous est souvent difficile de considérer les agroécosystèmes de manière intégrale. Quelles sont les possibilités pour relever ces défis? Les projets interdisciplinaires sont souvent évoqués comme étant une approche appropriée, mais ils sont en fin de compte trop peu mis en œuvre. Je pense toutefois qu’une telle approche est des plus importantes. Nous devrions nous efforcer de rassembler les meilleurs spé-


Johan Six, professeur d’agroécosystèmes ­d urables à l’ETH Zurich | Interview

cialistes de différentes disciplines, afin d’inclure les aspects relatifs aux sciences naturelles, à l’économie ainsi que les aspects sociaux. Il devrait donc y avoir plus d’occasions permettant aux spécialistes de différentes disciplines de chercher des solutions ensemble. A votre avis, quelles seraient les solutions? Les solutions doivent à chaque fois prendre en compte les spécificités locales, il n’y a pas de solution globale valable partout. Ce qui peut par exemple s’avérer faisable en Suisse ne peut pas simplement être transposé à la situation au Kenya. En Europe, nous sommes par exemple confrontés au problème des excédents de nutriments dans les systèmes agricoles, tandis que dans la plupart des pays africains, le problème est de disposer de suffisamment de nutriments. Comme les problèmes sont différents, les solutions doivent l’être également. Dans le domaine des agroécosystèmes durables, quels sont les thèmes particulièrement importants en Suisse? Tous les thèmes qui se rapportent à la gestion durable des agroécosystèmes sont importants pour la Suisse. Notre travail devrait mettre l’accent non seulement sur l’amélioration de la gestion de nos propres surfaces agricoles, mais également celle des surfaces dont nous importons des produits agricoles, par exemple du soja pour les aliments fourragers ou du cacao pour le chocolat. En Suisse, l’agriculture bio est très populaire en tant que méthode de gestion durable potentielle. Il subsiste toutefois de nombreuses questions sur la façon de concevoir l’agriculture bio de manière plus durable, et si elle est effectivement durable dans différentes conditions. Les pratiques du travail réduit du sol peuvent-elles être utilisées de manière efficiente dans l’agriculture bio? Comment pouvons-nous intensifier de manière durable l’agriculture bio? Quelles possibilités s’offrent aux cultures mixtes? La culture bio est-elle la meilleure option pour l’agriculture urbaine? Pour ce qui est de l’importation de produits agricoles, il y aurait d’autres thèmes importants relatifs aux agroécosystèmes tropicaux, par ex. la «gestion intégrée de la fertilité des sols», «l’agroforesterie» et les «cultures mixtes».

exemple déjà mené des recherches sur les émissions de gaz hilarant provenant des surfaces agricoles, et mon groupe travaille maintenant également sur ce genre de projets en Suisse. Je participe en outre à des projets relatifs à la sécurité alimentaire, en particulier en Afrique. J’apprécie l’attitude ouverte du paysage de recherche européen envers les projets de recherche en Afrique. Beaucoup de scientifiques suisses, actifs dans les domaines agronomique et environnemental, mènent déjà de nombreux projets dans les pays africains. Pour l'enseignement, j'emploie beaucoup d'exemples tirés de nos projets de recherche actuels. Qu’apprendront exactement les étudiants? Nous voulons donner une compréhension approfondie des agroécosystèmes dans nos cours. Pour ce faire, nous abordons les problèmes scientifiques agronomiques de la manière suivante: d’une part, nous intégrons systématiquement les aspects écologiques, économiques et sociaux; d’autre part, nous considérons la thématique à différentes échelles spatiales et temporelles. Une bonne approche consiste à intégrer les étudiants de manière active, et à utiliser des stratégies d’enseignement participatif. n Interview: Brigitte Dorn, Janine Graber et Anett Hofmann, ETH Zurich adaptée et complétée à partir de l’INFO AGRARWIRTSCHAFT Juni 2013

* *

Votre déménagement en Suisse à l’ETH Zurich aura-t-il un impact sur votre recherche et sur l‘enseignement? L’ETH Zurich offre des possibilités exceptionnelles pour la recherche et l’enseignement. Depuis que je travaille à l’ETH, j’ai lancé plusieurs nouveaux projets qui abordent la situation concrète en Suisse. Le contexte régional a changé, mais les questions de recherche fondamentales restent les mêmes. A l’UC Davis en Californie, j’ai par

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 492–493, 2014

493


A c t u a l i t é s

Actualités Surfaces* de plants de pomme de terre visitées et admises en Suisse 2014 Henri Gilliand1 , Theodor Ballmer2 et Brice Dupuis1 1 Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 1260 Nyon 2 Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8046 Zurich

Surface inscrite (ha)

Surface refusée ou retirée (%)

Agata

46,6

Agria Alexandra

Variété

Total pour toutes les classes de certification (ha)

Répartition des surfaces par variété (%)

0,0

46,6

3,1

413,2

1,0

397,9

26,2

12,4

0,0

12,4

0,8

Amandine

48,6

0,0

48,6

3,2

Annabelle

48,2

0,0

48,2

3,2

Antina

1,0

0,0

1,0

0,1

Bintje

22,0

0,0

22,0

1,4

Blaue St-Galler

6,5

0,0

6,5

0,4

Celtiane

20,0

0,0

20,0

1,3

Challenger

18,4

0,0

18,4

1,2

Charlotte

162,5

0,0

162,5

10,7

Désirée

40,0

0,0

40,0

2,6

Ditta

58,7

0,0

58,7

3,9

Erika

13,3

0,0

13,3

0,9

Fontane

56,3

0,0

56,0

3,7

Gourmandine

25,8

0,0

25,8

1,7

Gwenne

4,2

0,0

4,2

0,3

Hermes

11,0

0,0

11,0

0,7

Innovator

100,4

0,1

99,3

6,5

Jelly

37,6

0,1

36,4

2,4

Lady Christl

35,5

0,0

35,5

2,3

Lady Claire

53,2

0,0

53,2

3,5

Lady Felicia

41,1

0,0

40,6

2,7

Lady Rosetta

35,3

0,1

34,0

2,2

Laura

12,6

0,0

12,6

0,8

Markies

59,5

0,0

59,5

3,9

Nicola

11,5

0,0

11,5

0,8

Panda

30,3

0,0

30,3

2,0

Pirol

11,5

0,0

10,8

0,7

Victoria Total général *

494

Surface admise

107,7

0,3

103,5

6,8

1544,3

1,6

1519,9

100,0

Surfaces provisoires, sous réserve de changements dus à des refus aux analyses virologiques (ELISA)

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 494–499, 2014


A c t u a l i t é s

Nouvelles publications

Compactage de l’ensilage d’herbe en silo-couloir Une répartition régulière des couches d‘ensilage à l’aide de distributeurs diminue le risque de postfermentation. Juin 2014

Photos: Agroscope

Agroscope Transfer N° 28 Un fourrage sec de haute qualité permet d’alimenter les ruminants à un coût avantageux en utilisant le moins possible de concentrés. Cependant, la qualité des ensilages en silos-couloirs est souvent l’objet de discussions, car on observe de lourdes pertes dans la pratique suite à des mauvaises fermentations et à la formation de moisissures. On sait que le degré et la régularité du compactage du fourrage jouent un rôle majeur. La présente étude montre que l’importante hétérogénéité de la compacité au moment de l’entreposage pose un problème essentiel. Un remplissage régulier en couches pas trop épaisses et l’emploi d’un distributeur d’ensilage peuvent atténuer ce problème. Trois passages minimum de véhicules d’environ 6–10 tonnes pour tasser le fourrage permettent d’atteindre une densité suffisante. Le processus global de compactage soulève encore de nombreuses questions car les facteurs d’influence sont multiples. Auteurs

Roy Latsch et Joachim Sauter

Un compactage élevé et régulier des ensilages est la pierre angulaire d’un fourrage de première qualité.

Un fourrage sec de haute qualité permet d’alimenter les ruminants à un coût avantageux en utilisant le moins possible de concentrés. Cependant, la qualité des ensilages en silos-couloirs est souvent l’objet de discussions, car on observe de lourdes pertes dans la pratique suite à des mauvaises fermentations et à la formation de moisissures. On sait que le degré et la régularité du compactage du fourrage jouent un rôle majeur. La présente étude montre que l’importante hétérogénéité de la com-

pacité au moment de l’entreposage pose un problème essentiel. Un remplissage régulier en couches pas trop épaisses et l’emploi d’un distributeur d’ensilage peuvent atténuer ce problème. Trois passages minimum de véhicules d’environ 6–10 tonnes pour tasser le fourrage permettent d’atteindre une densité suffisante. Le processus global de compactage soulève encore de nombreuses questions car les facteurs d’influence sont multiples.

Roy Latsch et Joachim Sauter, Agroscope

Evolution économique de l’agriculture suisse en 2013

Economie Agroscope Transfer | N° 43 / 2014

Evolution économique de l’agriculture suisse en 2013 Rapport principal n° 37 du Dépouillement centralisé des données comptables (série temporelle 2004–2013)

Octobre 2014

Agroscope Transfer N° 43 En 2013, les revenus par exploitation ont nettement augmenté par rapport à l’année précédente, du fait des prix plus élevés sur le marché des porcs, des bovins et du lait. Le revenu agricole des exploitations de référence se monte à 61 400 francs par exploitation, contre 56 000 francs l’année précédente, ce qui représente une hausse de 9,7 %. Le revenu agricole rémunère 469  900 francs de fonds propres investis dans l’exploitation ainsi que le travail de 1,21 unités de main-d’oeuvre familiale par exploitation. Suite à la hausse des taux d’intérêt, le revenu du travail par unité de main-d’oeuvre familiale n’a pas augmenté dans les mêmes proportions que le revenu agricole (7,6 %, +3320francs). La variation du revenu du travail par rapport à l’année précédente dépend considérablement du type d‘exploitation. Ainsi les exploitations du type «Autre bétail bovin» et «Transformation» ont pu améliorer leur revenu du travail par unité de main d’oeuvre familiale de 8,7 %, resp. 63,7 % par rapport à l’année précédente grâce à des prix favorables pour les porcs et les bovins, tandis que les types d’exploitation «Grandes cultures», «Vaches-mères» et «Chevaux/Ovins/Caprins» ont vu ce revenu chuter d’au moins 3 %. Le revenu extra-agricole s’élève en moyenne à 27 100 francs par exploitation et a légèrement augmenté (+360 francs ou +1,3 %) par rapport à 2012. Le revenu total, qui se compose du revenu agricole et du revenu extra-agricole, s’élève à 88 500 francs et a donc augmenté de 5800 francs (+7,0 %) par rapport à 2012. Gabriela Brändle, Agroscope

Compactage de l’ensilage d’herbe en silo-couloir

Technique Agroscope Transfer | N° 28

Auteurs

Dierk Schmid et Daniel Hoop dierk.schmid@agroscope.admin.ch daniel.hoop@agroscope.admin.ch

En 2013, la prestation brute de la production porcine a augmenté de 20,9 %.

Impressum

Editeur: Agroscope Tänikon 1, 8356 Etten hausen www.agroscope.ch Rédaction: Erika Meili

Mise en page et impression: Sonderegger Druck AG, Weinfelden

Prix: 6 fr. 30 l’exemplaire (montant minimum de la commande: 30 francs, frais d’expédition non compris) Commande: tél. +41 (0)58 480 31 31, e-mail: bestellung@agroscope.admin.ch Download: www.agroscope.ch/transfer/fr Copyright: © Agroscope 2014 ISSN: 2296-7222 (print), 2296-7230 (online)

En 2013, les revenus par exploitation ont nettement augmenté par rapport à l’année précédente, du fait des prix plus élevés sur le marché des porcs, des bovins et du lait. Le revenu agricole des exploitations de référence se monte à 61 400 francs par exploitation, contre 56 000 francs l’année précédente, ce qui représente une hausse de 9,7 %. Le revenu agricole rémunère 469 900 francs de fonds propres investis dans l’exploitation ainsi que le travail de 1,21 unités de main-d’œuvre familiale par exploitation. Suite à la hausse des taux d’intérêt, le revenu du travail par unité de main-d’œuvre familiale n’a pas augmenté dans les mêmes proportions que le revenu agricole (7,6 %, + 3320 francs). La variation du revenu du travail par rapport à l’année précédente dépend considérablement du type d‘exploitation. Ainsi les exploitations du type «Autre bétail bovin» et «Transformation» ont pu améliorer leur

revenu du travail par unité de maind’œuvre familiale de 8,7 %, resp. 63,7 % par rapport à l’année précédente grâce à des prix favorables pour les porcs et les bovins, tandis que les types d’exploitation «Grandes cultures», «Vaches-mères» et «Chevaux/Ovins/Caprins» ont vu ce revenu chuter d’au moins 3 %. Le revenu extraagricole s’élève en moyenne à 27 100 francs par exploitation et a légèrement augmenté (+360 francs ou +1,3 %) par rapport à 2012. Le revenu total, qui se compose du revenu agricole et du revenu extra-agricole, s’élève à 88 500 francs et a donc augmenté de 5800 francs (+7,0 %) par rapport à 2012.

Des résultats détaillés portant sur l’ensemble de l’exploitation se trouvent dans les tableaux des pages 10 à 19.

Dierk Schmid et Daniel Hoop, Agroscope

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Actualités

Nouvelles publications

Météorisation chez le bovin Animaux Agroscope Transfer | no 44

Météorisation chez le bovin Fiche technique destinée à la pratique

Octobre 2014

Auteur

Andreas Münger, Agroscope

Andreas Münger

Un risque de gonflement prononcé de la panse (météorisation) des bovins va certainement de pair avec des conditions particulières pendant l’affouragement en vert. Occasionnellement, ils peuvent pourtant se manifester dans d’autres systèmes d’alimentation. Tous les facteurs qui mènent à des météorisations ne sont pas connus ; par conséquent, l’évaluation du risque et de l‘efficacité des mesures préventives n’est pas possible avec certitude. Pour certains éleveurs, il s’agit d’un problème récurrent. Suite à leurs expériences, ils disposent de tout un arsenal de mesures préventives plus ou moins efficaces. Dans de nombreuses exploitations, les problèmes de gonflement de la panse surviennent périodiquement. Que l’on y soit préparé ou non, les pertes en animaux qui s’ensuivent sont toujours douloureuses.

La présente fiche technique pour la pratique porte sur la météorisation chez le bovin. Elle contient les thèmes suivants : • • • • •

Apparition et formes Symptômes Facteurs de risque connus et supposés Traitement des météorisations Prévention

Agroscope Transfer N° 44 Un risque de gonflement prononcé de la panse (météorisation) des bovins va certainement de pair avec des conditions particulières pendant l’affouragement en vert. Occasionnellement, ils peuvent pourtant se manifester dans d’autres systèmes d’alimentation. Tous les facteurs qui mènent à des météorisations ne sont pas connus; par conséquent, l’évaluation du risque et de l‘efficacité des mesures préventives n’est pas possible avec certitude. Pour certains éleveurs, il s’agit d’un problème récurrent. Suite à leurs expériences, ils disposent de tout un arsenal de mesures préventives plus ou moins efficaces. Dans de nombreuses exploitations, les problèmes de gonflement de la panse surviennent périodiquement. Que l’on y soit préparé ou non, les pertes en animaux qui s’ensuivent sont toujours douloureuses. La présente fiche technique pour la pratique porte sur la météorisation chez le bovin. Elle contient les thèmes suivants: • Apparition et formes • Symptômes • Facteurs de risque connus et supposés • Traitement des météorisations • Prévention Andreas Münger, Agroscope

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Actualités

Modèle d’évaluation du lessivage des nitrates dans les analyses de cycle de vie – SALCA-NO3 Agroscope Science n° 5 / juin 2014 Différents projets ont déjà pu montrer l’applicabilité du modèle SALCA-NO3 pour estimer le lessivage des nitrates dans les eaux souterraines. De nombreuses cultures supplémentaires ont été intégrées au modèle, p. ex. des variétés de légumes. Il était en outre souhaité de partir d’une approche du lessivage potentiel pour arriver à une estimation du lessivage probable des nitrates. Avec la présente version du modèle, ces deux objectifs ont été atteints pour la modélisation de l’absorption d’azote et la minéralisation de la matière organique du sol. Contrairement à l’ancienne version, le nouveau modèle permet de distinguer les régions de plaine, de collines et de montagne en Suisse, ce qui permet son utilisation dans un contexte climatique plus étendu. La modélisation de l’élevage de porcs en plein air est également venue s’ajouter. En outre, le modèle couvre une palette plus large de cultures, légumes compris. La quantité d’azote nitrique lessivée est estimée en établissant la différence mensuelle entre l’azote minéralisé disponible provenant de la matière organique du sol (minéralisation nette d’azote) et l’assimilation d’azote par les plantes, ainsi qu’en établissant la part d’azote lessivée qui provient des engrais minéraux épandus à des périodes défavorables. Le lessivage probable des nitrates pendant une période de culture se calcule en établissant la somme des valeurs mensuelles dans la période de l’analyse de cycle de vie, en commençant un mois après la récolte de la culture précédente jusqu’à la date de récolte de la culture concernée. Cette méthode permet également de bien modéliser les assolements qui incluent des cultures intermédiaires. Le calcul de la minéralisation nette d’azote a pris en compte les facteurs suivants: teneur en humus et en argile du sol, apport de matière organique via les engrais de ferme, intensité du travail du sol et assolement. La publication est disponible uniquement en allemand. Agroscope Science parait seulement sous forme électronique. La publication peut être téléchargée au format PDF sur www.agroscope. ch > Publications Walter Richner, Hans-Rudolf Oberholzer, Ruth Freiermuth Knuchel, Olivier Huguenin, Sandra Ott, Thomas Nemecek et Ulrich Walther

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Actualités

Communiqués de presse

www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen www.agroscope.admin.ch/communiques 07.11.2014 Faire parler les gènes silencieux des champignons Agroscope et l’Université de Genève ont fait parler des gènes de champignons jusque-là silencieux. En utilisant des modificateurs épigénétiques, ils ont pu accéder à un horizon de molécules actives inédites, présentant notamment des activités fongicides redoutables pour lutter contre les champignons nuisibles tant pour les cultures que pour la santé. Le potentiel de cette démarche est quasi infini et promet d’être à l’origine de découvertes d’intérêt médical et agronomique inespérés.

06.11.2014 Le vecteur de la flavescence dorée sous haute surveillance En 2014, Agroscope et les services cantonaux de viticulture ont mené une campagne nationale de surveillance de Scaphoideus titanus. Outre une présence déjà établie au Tessin, dans l’arc lémanique et le Chablais, le vecteur est confirmé au Valais central. Les autres sites suisses sous surveillance sont pour l’heure épargnés.

31.10.2014 Culture sous serre: la déshumidification par ­condensation permet d’économiser de l’énergie Les essais menés par Agroscope ont montré qu’une économie d’énergie de 15 à 25 % était possible en utilisant un déshumidificateur à condensation pour éviter les excès d’humidité de l’air dans les serres. Cet appareil permet de réguler l’humidité sans gaspillage énergétique ni impact négatif sur la culture.

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21.10.2014 Les grandes cultures tirent parti des organismes du sol: plus de biomasse, moins de pertes d’éléments nutritifs Les organismes du sol jouent un rôle majeur dans les grandes cultures: un réseau alimentaire souterrain efficace à base de bactéries, de champignons et de microfaune peut améliorer la nutrition des plantes, augmenter les rendements agricoles et réduire le lessivage des éléments nutritifs. Une étude d’Agroscope publiée dans le Journal of Applied Ecology montre qu’adopter un mode d’exploitation respectueux du sol porte ses fruits. Faire plus attention aux organismes du sol permet d’économiser des engrais et de protéger les eaux.

03.10.2014 Viroses de la pomme de terre: un radar à pucerons pour prévoir les risques La perte de production due aux infections virales représente un grand défi pour les multiplicateurs de plants de pomme de terre. Les pucerons transmettent les virus en début d’été. Ils volent de plantes malades en plantes saines et infestent ainsi les tubercules en développement. Agroscope surveille ces vols à l’aide d’un piège à aspiration et a développé un nouvel outil de prévision permettant d’informer les producteurs sur les risques de propagation des virus.


Actualités

Liens Internet

Manifestations

Agrometeo Webapp – Prévision et ­gestion des risques pour l'agriculture www.agrometeo.ch Agrometeo est une plate-forme qui rassemble des outils d’aide à la décision et des informations permettant une meilleure gestion de la lutte phytosanitaire en agriculture. Elle est basée sur un réseau constitué de plus de 150 stations autonomes, qui fournissent des données météorologiques microclimatiques utilisées par différents modèles de prévision des risques pour des maladies fongiques et des ravageurs.

V Doa rnssc hl ea up r o a c h a i n n u m é r o Janvier 2015 / Numéro 1 Le feu bactérien est un sérieux problème pour la culture de fruits à pépins en Suisse. Pour éviter de recourir aux antibiotiques, les chercheurs et chercheuses d’Agroscope explorent intensivement des approches alternatives. De nouveaux principes actifs, stratégies de protection phytosanitaire et mesures sont testés afin d’assainir les arbres atteints et d’obtenir des variétés de pommes et de poires robustes pour la culture de fruits à cidre. (Photo: Gabriela Brändle, Agroscope)

••Recherche de variétés robustes pour une gestion durable du feu bactérien, Anita Schöneberg et al., Agroscope

Novembre 2014 18.11.2014 Journée de la recherche Profi-Lait 2014 Profi-Lait, Agroscope, Agridea, HAFL Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen BE 20. – 21.11.2014 Beerenseminar 2014 Agroscope, SOV-FUS Kartause Ittingen, Thurgau 21.11.2014 AgriMontana AgriMontana / Agroscope Landwirtschaftliches Bildungs- und Beratungs­ zentrum Plantahof Landquart Janvier 2015 22.1.2014 2. Agroscope-Nachhaltigkeitstagung 2015 «Funktionelle Biodiversität in der Landwirtschaft» Agroscope INH 8046 Zurich Mars 2015 14. 03.2015 Journée d’information HAFL Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL Zollikofen Informations: www.hafl.bfh.ch 18. – 19.3.2015 5. Tänikoner Melktechniktagung Tänikon, 8356 Ettenhausen

••Les défis d’une production de pommes exemptes de résidus, Michael Gölles et al., Agroscope ••Croisements entre races laitières et à viande pour optimiser la performance bouchère, Arlène Müller ­ et al., HAFL ••Plantes cultivées en Suisse – cinq monographies, Peer Schilperoord, Alvaneu Dorf

Informationen: Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen www.agroscope.admin.ch/manifestations

Recherche Agronomique Suisse 5 (11–12): 494–499, 2014

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Donnerstag, 22. Januar 2015

Funktionelle Biodiversität in der Landwirtschaft 2. Agroscope-Nachhaltigkeitstagung 2015 Institut für Nachhaltigkeitswissenschaften INH

Themen • Funktionen der Biodiversität – Beispiele und Potenzial • Von Bienen und Blumen: funktionelle Biodiversität von Bestäubern in Agrarlandschaften • Bodenbiodiversität, Nachhaltigkeit und Ökosystem-Multifunktionalität • Ansaatwiesen – Pflanzeneigenschaften gezielt kombinieren • Ökonomische Bewertung der funktionellen Biodiversität

Tagungsort Agroscope Institut für Nachhaltigkeitswissenschaften INH Reckenholzstrasse 191, 8046 Zürich, Vortragssaal

Anmeldeschluss: 13. Januar 2015

www.agroscope.ch

AGRAR FORSCHUNG SCHWEIZ RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE Recherche Agronomique Suisse/ Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Les partenaires sont l’Office fédéral de l’agriculture OFAG, la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, AGRIDEA Lausanne & Lindau, l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Département des Sciences des Systèmes de l’Environnement et l'institut de recherche de l'agriculture biologique FiBL. Agroscope est l’éditeur. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

Detailprogramm und Anmeldung www.agroscope.ch/veranstaltungen > 2. Agroscope-Nachhaltigkeitstagung

Informations actuelles de la recherche pour le conseil et la pratique : Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois par année et informe sur les avancées en production végétale, production animale, économie agraire, techniques agricoles, denrées alimentaires, environnement et société. Recherche Agronomique Suisse est également disponible on-line sous www.rechercheagronomiquesuisse.ch Commandez un numéro gratuit! Nom / Société Prénom Rue/N° Code postal / Ville Profession E-Mail Date Signature Talon réponse à envoyer à: Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch www.rechercheagronomiquesuisse.ch


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