Recherche Agronomique Suisse 2 0 1 1
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N u m é r o
9
Agroscope | OFAG | HESA | AGRIDEA | ETH Zürich
S e p t e m b r e
Environnement
Influence de la fumure organique et minérale sur le lessivage des éléments nutritifs
Production végétale Lotier et esparcette:résultats des essais de variétés 2008 à 2010 Production animale Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain
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Pages 402, 412, 418
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Sommaire Septembre 2011 | Numéro 9
Les lysimètres sont des récipients remplis de terre, au fond desquels il est possible de collecter l’eau infiltrée dans le sol. Les lysimètres servent à étudier le cycle de l’eau et des matières dans les sols agricoles. Il s’agit en premier lieu de connaître le lessivage des éléments nutritifs dans l’eau d‘infiltration et les échanges d’eau dans les cultures agricoles. (Photo: Gabriela Brändle, ART)
Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées. Editeur Agroscope Partenaires b A groscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux ALP et Haras national suisse HNS; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART) b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne b Haute école suisse d’agronomie HESA, Zollikofen b Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Department of agricultural and foodscience Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope LiebefeldPosieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP et HNS), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HESA), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich) Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou info@rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch
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Editorial
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Environnement Influence de la fumure organique et
minérale sur le lessivage des éléments nutritifs Ernst Spiess, Volker Prasuhn et Werner Stauffer Environnement 382 Faciliter l’évaluation des dommages
potentiels du génie génétique sur l’environnement Olivier Sanvido, Jörg Romeis et Franz Bigler Production végétale 388 Les viroses du colza en Suisse Stève Breitenmoser, Nathalie Dubuis, Lonnie Grillot, Justine Brodard et Carole Balmelli Production végétale 396 Lotier et esparcette:
résultats des essais de variétés 2008 à 2010 Rainer Frick, Eric Mosimann, Daniel Suter et Hansueli Hirschi Production animale Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain 402 Garde à l’étable vs garde au pâturage –
alimentation, performances et efficience Pius Hofstetter, Hansjörg Frey, Remo Petermann, Walter Gut, Lukas Herzog et Peter Kunz Production animale Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain 412 Qualité du lait et saisonnalité des
livraisons de lait Ueli Wyss, Jürg Mauer, Hansjörg Frey, Thomas Reinhard, André Bernet et Pius Hofstetter Production animale Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain 418 Affouragement au pâturage ou à
l‘étable – qu’est-ce qui est plus rentable?
ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse © Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS
Christian Gazzarin, Hans-Jörg Frey, Remo Petermann et Markus Höltschi 424
Portrait
425
Actualités
427
Manifestations
Berner Fachhochschule Haute école spécialisée bernoise Schweizerische Hochschule für Landwirtschaft SHL Haute école suisse d’agronomie HESA
Editorial
Du solo à la symphonie Chère lectrice, cher lecteur,
Walter Gut, Centre de formation professionnelle Nature et alimentation BBZN, Hohenrain
Pour maintenir sa position à l’avenir sur le marché du lait, l’économie laitière suisse doit relever des défis. Dans le cadre du projet «Comparaison de systèmes de production laitière», deux troupeaux dotés de deux systèmes de production laitière différents ont été comparés au centre de formation professionnelle Nature et alimentation BBZN de Hohenrain (LU). L’objectif était d’obtenir une performance laitière par vache élevée pour le troupeau affouragé à l’étable, et une performance élevée par hectare de surface de pâture pour le troupeau à la pâture. Les deux troupeaux disposaient de la même surface. Les deux systèmes ont été comparés au niveau de la technique de production et du point de vue économique. Ceci afin de fournir aux producteurs de lait de nouvelles impulsions pour une production laitière concurrentielle et professionnelle, de montrer les possibilités d‘optimisation des deux systèmes de production, d’élaborer des recommandations pour la pratique et de fournir des outils d’aide à la décision pour les questions économiques. Près de 20 spécialistes – chercheurs, conseillers, enseignants, représentants d’associations et agriculteurs – se sont laissés enthousiasmer par ce projet On-Farm-Research et se sont engagés dans les sous-projets «culture fourragère», «détention d’animaux», «qualité du lait et saisonnalité», «organisation du travail», «économie et modélisations», «aspect social et valeurs» ainsi qu’«écologie et bien-être de l’animal». Des solistes se sont joints à l’orchestre et ont développé une symphonie à partir de nombreuses particularités. Ensemble, ils ont œuvré pour l’avenir de l’économie laitière suisse. Travailler ensemble sur les interfaces d’une technique de production, d’une gestion et d’une durabilité optimales, fut très gratifiant. Si et de quelle manière les nombreuses connaissances acquises vont pouvoir être appliquées dans la pratique sera déterminant. Il me tient à cœur qu’un nombre élevé d’exploitations laitières puissent en bénéficier. C’est avec la tête que l’on gagne. Les meilleures techniques et méthodes sont peu utiles sans la motivation. Merci à tous les collaborateurs et institutions partenaires pour leur excellente collaboration: l’association pour le développement de la culture fourragère ADCF, Agroscope ALP et ART, le Service cantonal de l’agriculture et de la forêt du canton de Lucerne, Profi-Lait, la HESA, les Producteurs suisses de lait PSL et les Producteurs de lait de Suisse centrale ZMP. «Du solo à la symphonie» est la devise de notre projet, et nous espérons que tous les partenaires de la filière du lait s’uniront pour atteindre des objectifs communs. Un orchestre bien rodé est un parfait exemple pour des stratégies efficaces de gestion, de conduite et de résolution de conflits. Car nulle part ailleurs on ne rencontre un personnel hautement qualifié qui collabore de façon aussi étroite. En cas de succès, la beauté et la grandeur de la musique se manifestent. Le produit naturel qu’est le lait le mérite aussi.
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E n v i r o n n e m e n t
Influence de la fumure organique et minérale sur le lessivage des éléments nutritifs Ernst Spiess, Volker Prasuhn et Werner Stauffer, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich Renseignements: Ernst Spiess, e-mail: ernst.spiess@art.admin.ch, tél. +41 44 377 73 49
Lysimètres à Berne-Liebefeld avec pois protéagineux et blé d‘automne. (Photo: ART)
Introduction Outre la volatilisation de l’ammoniac et la dénitrification, le lessivage des nitrates est la voie la plus importante de pertes d’azote (N) provenant de l’agriculture. Selon Heldstab et al. (2011), entre 27 000 et 41 000 t d’azote ont été lessivés dans les sols agricoles en Suisse en 2005. Le lessivage est influencé par un grand nombre de facteurs, dont les principaux sont la hauteur et la répartition des précipitations, la capacité de rétention d’eau du sol, l’évapotranspiration (influence des conditions météorologiques et de la culture), la fumure, la minéralisation de la matière organique du sol (influence du travail du sol et de la teneur en humus) et l’assimilation des éléments nutritifs par les plantes. Dans la fumure, outre la quantité d’éléments nutritifs, le
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moment et le procédé d’épandage, le type d’engrais joue également un rôle essentiel. La plupart des exploitations agricoles en Suisse épandent non seulement des engrais minéraux, mais aussi du fumier et du lisier dans les grandes cultures. Une fumure exclusivement à base d’engrais minéraux (p. ex. dans les exploitations de grandes cultures sans production animale) ou exclusivement à base d’engrais de ferme (p. ex. dans les exploitations de grandes cultures avec élevage intensif de porcs et de volaille ou dans l’agriculture biologique) modifie-t-elle le lessivage des éléments nutritifs? Un essai avec des lysimètres pendant un assolement de sept ans a permis d’étudier les éventuelles différences entre trois procédés: fumure exclusivement minérale (= min), exclusivement organique (= org) et mixte organique-minérale (= org-min).
Influence de la fumure organique et minérale sur le lessivage des éléments nutritifs | Environnement
Lysimètres L’essai a été mis en place de 2002 à 2009 sur neuf lysimètres du site de Berne-Liebefeld (Furrer et Stauffer 1980). Il s’agit de lysimètres non monolithiques d’une surface de 1 m² et d’une profondeur de 1,50 m. Pour mesurer l’eau d’infiltration, des augets basculeurs ont été utilisés selon le principe de Joss-Tognini. La taille des lysimètres utilisés permet d’obtenir des quantités d’eau d’infiltration de plus de 100 litres par mois. C’est pourquoi un dispositif a été mis au point permettant de prélever un petit échantillon proportionnel à l’écoulement (Furrer et Stauffer 1980). La quantité d’eau d’infiltration a été relevée chaque mois. Les échantillons pour l’analyse chimique ont été prélevés au même rythme. Sol En 1982, les neufs lysimètres ont été remplis de sol du site de Berne-Liebefeld (tabl. 1). Le sol a été placé en respectant les couches et le volume, et recompacté selon la densité mesurée sur le terrain. Les propriétés du sol brun lessivé sont typiques du Plateau suisse. Assolement De 1982 à 2000, les lysimètres ont été utilisés dans différents essais. Au printemps 2001, des pommes de terre ont été plantées pour rééquilibrer le sol et, après leur récolte, un mélange trèfle-graminées a été semé. En 2002, l’essai sur la fertilisation a débuté avec un assolement sur sept ans (maïs-ensilage – blé d’automne 1 – betteraves sucrières – blé d’automne 2 – pois protéagineux – orge d’automne – prairie temporaire). La prairie temporaire a été semée après la récolte de l’orge et rompue deux printemps plus tard peu avant le semis de maïs. Après le blé d’automne 1, du radis oléifère hybride non résistant au gel a été semé (Raphanus sativus x Brassica oleracea). Le blé d’automne 2 a été suivi de choux chinois hivernants (Brassica chinensis x Brassica rapa; Spiess et al. 2011). Le produit de la récolte de ces deux cultures dérobées a été extrait du lysimètre en octobre. Des relevés de rendement ont été effectués sur tous les produits et sous-produits végétaux obtenus. Leur teneur en azote et Tableau 1 | Propriétés du sol contenu dans le lysimètre (terre végétale avant le début de l’essai en 2001, couche du sous-sol après la fin de l’essai en 2009) Argile (%)
Silt (%)
Sable (%)
pHH2O
Corg (%)
Ntot (%)
Terre végétale
17
25
58
6,2
1,3
0,17
Couche du sous-sol
14
21
65
8,1
0,3
0,07
Résumé
Matériel et méthodes
L’influence du type de fertilisation sur la quantité d’eau d’infiltration et sur le lessivage des éléments nutritifs durant un assolement a été étudiée au moyen de lysimètres, de 2002 à 2009, sur le site expérimental de Berne-Liebefeld. Une fumure exclusivement organique a permis d’obtenir des rendements végétaux légèrement supérieurs à une fumure exclusivement minérale ou à une fumure mixte organique et minérale. Cela s’explique sans doute entre autres par le fait qu’un essai lysimétrique permet une gestion optimale des engrais de ferme. Par contre, les trois procédés de fertilisation ne se différenciaient que très peu en ce qui concerne la quantité d’eau d’infiltration, la concentration de nitrates dans l’eau d’infiltration et la quantité d’éléments nutritifs lessivés. Ce dernier a été davantage influencé par les conditions climatiques et par la culture mise en place. Une durée d’essai plus longue aurait probablement permis de différencier davantage les procédés, étant donné l’arrièreeffet de l’azote organique. Cet arrière-effet devrait entraîner de légères hausses des rendements au fil des ans, mais aussi une augmentation des pertes par lessivage due à une minéralisation plus importante de l’humus.
en sels minéraux a également été analysée, de façon à calculer les éléments nutritifs prélevés par les plantes. Travail du sol En général, le sol était travaillé manuellement à 20 cm de profondeur avant les cultures principales et à 10 cm avant les cultures dérobées. Lorsqu’aucune culture dérobée ne suivait la culture principale, la parcelle restait en friche jusqu’au travail du sol pour la prochaine culture principale (champ récolté ou envahissement par les mauvaises herbes). Fertilisation La fertilisation s’est basée sur les recommandations de fumure des stations fédérales de recherche en vigueur à l’époque (Flisch et al. 2001). La fumure azotée était répartie en plusieurs apports dans les cultures principales. L’essai a tenté de fertiliser tous les procédés avec la même quantité d’azote disponible (tabl. 2). Dans le procédé minéral, l’azote a été épandu sous forme de nitrate d’ammoniac, le phosphore sous forme de supertriple, et le potassium sous forme de Patentkali et de Kali 60. Dans le procédé mixte organique-minéral, du fumier a été épandu dans le maïs-ensilage, dans les betteraves à
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Environnement | Influence de la fumure organique et minérale sur le lessivage des éléments nutritifs
Tableau 2 | Fertilisation dans les trois procédés pendant toute la durée de l’assolement (en kg ha –1 an –1) Procédé
Ntot
Nsol
P
K
Ca
Mg
Min
123
123
36
156
21
28
Org-min
157
112
41
193
50
37
Org
213
102
26
305
76
25
N tot = azote total; N sol = azote soluble (notamment ammonium).
sucre et dans la prairie temporaire. Du lisier a été épandu dans le maïs-ensilage, ainsi que sur la prairie temporaire. Par contre, les céréales, les pois protéagineux et les cultures dérobées ont reçu une fumure exclusivement minérale. Dans le procédé organique, les betteraves sucrières ont été fertilisées avec du fumier, les céréales ainsi que la première culture dérobée avec du lisier et le maïsensilage, la prairie temporaire et la deuxième culture dérobée avec du lisier et du fumier. Le plan de fumure s’est basé sur la teneur indiquée pour les engrais minéraux et sur les résultats des analyses d’éléments nutritifs pour le fumier et le lisier. Précipitations Jusqu’en juin 2006, les quantités de précipitations indiquées provenaient de la station de MeteoSuisse, distante de 300 m. Après le déplacement du site expérimental, elles provenaient du site de Berne-Zollikofen, situé à 7,5 km. Les sommes annuelles étaient calculées du 1er avril de l’année en cours jusqu’au 31 mars de l’année suivante. Sur les sept années, les précipitations s’élevaient en moyenne à 1046 mm par année et variaient entre 867 mm (2003/04) et 1274 mm (2006/07; fig. 1).
Résultats et discussion Rendements Les rendements dans les lysimètres étaient en général élevés (tabl. 3). C’est le maïs ensilage qui a dépassé le plus la moyenne de l’agriculture suisse. Les conditions d’exploitation optimales et l’effet d’oasis dû à la petite
surface du lysimètre (1 m²) ont largement contribué aux rendements végétaux élevés. Le procédé organique a entraîné les rendements les plus élevés. Les apports de lisier et de fumier étant essentiellement basés sur la teneur en ammonium, le procédé organique a reçu moins de phosphore (P) et nettement plus de potassium (K) que les deux autres procédés (tabl. 2), où l’emploi exclusif ou complémentaire d’engrais minéraux a permis une fertilisation plus ciblée. L’apport plus important de potassium dans le procédé organique devrait avoir influencé le niveau des rendements vu les teneurs plutôt faibles du sol en potassium. Dans des essais de plusieurs années avec des lysimètres dans des grandes cultures, Gutser et Dosch (1996) mais aussi Ryser et Pittet (2000) ont observé des rendements aussi élevés avec une fumure minérale qu’avec une fumure mixte minérale et organique. Les bons rendements obtenus dans cet essai avec la fumure organique sont certainement aussi liés à la gestion des engrais de ferme. En effet, il est plus facile de les gérer dans le cadre d’un essai que dans la pratique agricole, car les coûts et le temps requis ont une importance moindre. Dans la pratique, il est souvent difficile d’estimer correctement la quantité et la teneur en éléments nutritifs des engrais de ferme (Menzi et al. 1994). Les teneurs du lisier notamment peuvent varier considérablement. Pour le fumier, l’estimation du volume et du poids spécifique est complexe. Dans un essai en revanche, les engrais de ferme sont pesés avant l’épandage et les teneurs en éléments nutritifs sont analysées en laboratoire. Dans la pratique, les parcelles sont exploitées avec des machines lourdes et dans des conditions météorologiques défavorables avec compactage du sol, tandis que dans les lysimètres, toutes les mesures culturales sont effectuées à la main et dans de bonnes conditions météorologiques. Grâce à une meilleure structure du sol, le lisier pénètre plus rapidement dans le sol et le fumier peut être enfoui immédiatement après l’épandage, ce qui réduit les pertes d’ammoniac. Cette gestion optimale des engrais de ferme permet une plus grande efficacité de l’azote minéral et organique.
Tableau 3 | Rendements des différentes cultures principales et cultures dérobées des trois procédés de fumure (en dt de matière fraîche ha –1; valeurs en italique en dt de matière sèche ha –1) Procédé
PTP
ME
BA1
CD1
BS
BA2
CD2
PP
OA
PTA
PT1
2002
2002
2003
2003
2004
2005
2005
2006
2007
2007
2008
13
259
59
54
910
71
23
47
78
24
112
Org-min
8
250
63
45
933
75
24
45
73
36
155
Org
10
259
57
56
1043
81
41
48
71
34
180
Min
PP = pois protéagineux; PT1 = 1ère année d’exploitation principale de la prairie temporaire ; PTA = semis de la prairie temporaire en automne; PTP = exploitation de la prairie temporaire au printemps avant le semis de maïs; ME = maïs-ensilage; OA = orge d’automne; BA1 = blé d’automne 1; BA2 = blé d’automne 2; CD1 = culture dérobée 1 CD2 = culture dérobée 2; BS = betteraves sucrières.
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Tableau 4 | Prélèvement d’éléments nutritifs par les plantes dans les procédés pendant toute la durée de l’assolement (en kg ha –1 an –1) Procédé
N
P
K
Ca
Mg
Min
228
39
210
92
32
Org-min
250
43
241
101
33
Org
263
45
302
111
34
1000 800 600 400 200
120
250
ne
9
en
/0
M oy
8
7
/0
08 20
07 20
6
/0 06 20
/0 05
5 20
4
/0 04 20
/0 03 20
20
02
/0
3
0
b) Concentration en nitrates min org-min org
100 80 60 40 20
ne
9
en
/0
oy
08
M
20
8 /0 07 20
7 /0 06 20
6 /0 20
05
5 /0 04 20
4 /0 03 20
20
02
/0
3
0
c) Quantité d’azote lessivée min org-min org
200 150 100 50
ne
M
oy
en
9 /0 08 20
8 /0 07 20
7 /0 06 20
6 /0 05 20
5 /0 04 20
4 /0 03 20
02
/0
3
0
20
Concentration en nitrates de l’eau d’infiltration Les concentrations en nitrates ont considérablement varié d’une année à l’autre, avec des valeurs comprises entre 10 mg NO3– L–1 en 2003/04, années à faibles précipitations, et près de 100 mg NO3– L–1 en 2006/07, années à fortes précipitations (fig. 1b). Outre les précipitations, la culture avait également une influence considérable sur la concentration en nitrates. Pendant trois années sur sept, et en moyenne sur toute la durée de l’essai, la valeur de tolérance pour l’eau potable (40 mg NO3– L–1) a été dépassée dans tous les procédés. Il faut toutefois préciser que les concentrations en nitrates ont été mesurées dans l’eau d’infiltration à une profondeur de 1,50 m et non dans un captage d’eau potable. Parmi les trois procédés, c’est le procédé organique-minéral qui présentait la valeur la plus élevée en moyenne.
a) Quantité d’eau d’infiltration
P min org-min org
1200
Concentration en nitrates (mg NO3-L-¹)
Formation d’eau d’infiltration La quantité d’eau d’infiltration dépendait largement de la hauteur des précipitations (fig. 1a). La quantité d’eau d’infiltration était la plus élevée lors des deux années de précipitations maximales (2002/03 et 2006/07), et à son minimum lors des deux années sèches (2003/04 et 2004/05. Il est frappant de constater que les fluctuations annuelles de la quantité d’eau d’infiltration étaient presque deux fois plus élevées que pour les précipitations. Hormis la culture en place, la température (p. ex. canicule de l’été 2003) et les variations des réserves d’eau du sol au cours de l’année jouent également un rôle. La plupart des années, les quantités d’eau d’infiltration enregistrées dans le procédé organique étaient légèrement supérieures à celles des deux autres procédés, bien que les rendements et les prélèvements d’éléments nutritifs aient tendance à être plus élevés.
1400
Quantité d’azote lessivée (kg N ha-¹)
Le prélèvement d’éléments nutritifs par les plantes était le plus élevé dans le procédé organique, pour tous les éléments nutritifs (tabl. 4). Ce phénomène est dû aux rendements supérieurs et, dans le cas du potassium, aux teneurs plus élevées de cet élément – notamment dans les végétaux comme l’herbe, la paille de blé et les fanes de betteraves sucrières.
Quantité d’eau d’infiltration (mm)
Influence de la fumure organique et minérale sur le lessivage des éléments nutritifs | Environnement
Figure 1 | Quantités d’eau d’infiltration, concentrations en nitrates et quantités d’azote lessivées dans les trois procédés et précipitations (P) durant les sept années d’essai.
Quantité d’azote lessivée Les fluctuations annuelles étaient plus importantes pour la quantité d’azote lessivée que pour la quantité et la concentration en nitrates de l’eau d’infiltration. En 2006/07, environ 200 kg N ha–1 ont été lessivés, soit presque 40 fois plus d’azote qu’en 2003/04 (5 kg N ha–1; fig. 1c). Les plus grandes pertes d’azote ont été mesurées durant l’année à plus fortes précipitations, et avec une combinaison culturale exposée aux risques de lessivage (pois protéagineux – orge d’automne). C’est aussi en 2006 – 07 que la quantité d’eau d’infiltration et la concentration en nitrates étaient les plus élevées. Par contre, la quantité de nitrates lessivés était réduite les années à faibles précipitations et où la couverture végétale était suffisante en hiver (prairie temporaire et cultures dérobées; Spiess et al. 2011). Les pertes par lessi-
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Environnement | Influence de la fumure organique et minérale sur le lessivage des éléments nutritifs
Tableau 5 | Quantités de potassium, calcium et magnésium lessivées dans les trois procédés (en kg ha –1 an –1). Moyenne des sept années d’essai Procédé
Potassium
Calcium
Magnésium
Min
3,4
265
9,7
Org-min
2,7
279
10,1
Org
2,2
234
10,8
vage étaient sans doute légèrement plus élevées dans cet essai lysimétrique que dans la pratique, car la minéralisation de l’azote était plus importante du fait de la structure favorable du sol. La teneur en humus légèrement en baisse dans le procédé minéral en dépit d’un bon assolement indique également une forte minéralisation. Les quantités d’azote lessivées sur l’ensemble de l’essai étaient relativement similaires dans les trois procédés de fertilisation. Pour le potassium, le calcium et le magnésium, les différences entre les procédés étaient également minimes (tabl. 5). Ryser et Pittet (2000) ont obtenu des résultats similaires dans un essai avec fumure minérale et fumure organique-minérale, mais le lessivage des nitrates était légèrement supérieur dans le procédé organique minéral. Gutser et Dosch (1996) ainsi que Thomsen et Christensen (1999) ont aussi trouvé des pertes de nitrates plus importantes avec une fumure organique minérale par rapport à une fumure exclusivement minérale. Thomsen et Christensen ont expliqué le lessivage plus élevé par l’azote organique contenu dans le lisier, qui n’est pas parvenu à augmenter le rendement de l’orge cultivée pendant dix ans en monoculture. Arrière-effet de l’azote organique L’effet de l’azote est plus difficile à estimer dans les engrais organiques que dans les engrais minéraux. Après l’épandage, une partie de l’azote minéral peut se volatiliser sous forme d’ammoniac. La majeure partie de l’azote organique gagne les réserves du sol et fait augmenter les teneurs en humus, sachant qu’il peut s’écouler des décennies avant que la teneur en humus ne se rééquilibre (Gutser et Dosch 1996). L’humus ne se minéralise que lentement au fil des années et des décennies. A Rothamsted, en Angleterre, une parcelle de l’essai longue durée «Hoosfield» a été fertilisée avec du fumier pendant 20 ans, de 1852 à 1871, puis n’a plus été fertilisée. Plus de 100 ans après le dernier apport d’engrais, cette parcelle contenait toujours plus d’humus que la parcelle témoin qui n’avait jamais été fertilisée (Jenkinson et al. 1991). Lorsque l’azote issu des engrais organiques et lié dans l’humus se minéralise au bout de plusieurs années, les plantes en assimilent une partie. C’est pourquoi il est probable que l’effet de l’azote contenu
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dans un engrais organique augmente légèrement, même plusieurs dizaines d’années après l’épandage. Dans le cas d’une fumure organique, Gutser et Dosch (1996), ainsi que Vullioud et al. (2006) ont observé que plus leurs essais sur le terrain duraient longtemps, plus les rendements augmentaient et mieux l’azote était exploité grâce à l’arrière-effet de l’azote organique. La minéralisation de l’azote organique ne suit toutefois pas toujours les besoins des plantes de manière synchrone (Dahlin et al. 2005). Elle se produit souvent en automne, ce qui peut accroître considérablement le lessivage de l’azote en hiver (Hofer et Jäggli 1975). Si une quantité toujours plus importante d’azote organique est minéralisée du fait de l’augmentation des teneurs en humus, les pertes par lessivage devraient aussi s’accroître légèrement au fil du temps. C’est le cas aussi des pertes par dénitrification. Dans le cadre d’un essai en plein champ, une parcelle de maïs a été fertilisée avec du lisier pendant huit ans. La neuvième année, elle n’a reçu aucun apport en lisier. Malgré tout, les émissions de N2O étaient plus élevées que dans le procédé témoin qui n’avait jamais reçu d’apports de lisier (Gutser et al. 2010). Tous ces résultats montrent que si cet essai lysimétrique avait duré plus longtemps, les rendements et les quantités d’éléments nutritifs lessivés dans les procédés de fumure auraient pu être davantage différenciés. Avec la fumure organique, les rendements et les pertes par lessivage auraient probablement légèrement augmenté.
Conclusions ••Au cours d’un essai lysimétrique de sept ans, des rendements végétaux légèrement plus élevés ont été obtenus avec une fumure exclusivement organique par rapport à une fumure exclusivement minérale ou une fumure mixte (organique et minérale). Les bons rendements obtenus avec la fumure organique sont probablement dus au fait qu’un essai à petite échelle permet une gestion optimale des engrais de ferme. •• Le volume d’eau d’infiltration, sa concentration en nitrates et les quantités d’azote, de potassium, de calcium et de magnésium lessivés ont beaucoup fluctué d’une année à l’autre, essentiellement en raison de la culture mise en place et des différentes conditions climatiques. ••Le type d’engrais n’a que peu influencé la formation d’eau d’infiltration et le lessivage des éléments nutritifs Il est probable qu’avec une durée de l’essai plus longue, l’arrière-effet de l’azote organique entraîne une légère augmentation des rendements des cultures végétales, mais aussi une augmentation des quantités de nitrates lessivées, à cause des teneurs plus imporn tantes en humus dans la fumure organique.
Effetto della concimazione organica e minerale sul dilavamento delle sostanze nutritive Tra il 2002 e il 2009 si è studiato presso l’impianto lisimetrico di Berna-Liebefeld, l’influsso di forme di concimazione sulla loro percolazione nelle acque freatiche ed il dilavamento di elementi nutritivi in una parcella sottoposta a rotazione colturale. La concimazione puramente organica ha fornito rese vegetali leggermente superiori a quelle raggiunte con una concimazione puramente minerale o organico-minerale. Tale differenza potrebbe essere stata influenzata dall’uso dei lisimetri e dalla conseguente ottimale gestione del concime aziendale. Tuttavia, i tre metodi di concimazione si differenziavano soltanto in maniera marginale per quanto concerne la loro percolazione nelle acque freatiche, le concentrazioni di nitrati contenuti in essa ed il carico di sostanze nutritive dilavate. Sono state, al contrario, le condizioni climatiche ed il tipo di coltura ad avere un impatto maggiore su tali fattori. Se la sperimentazione fosse stata condotta su un arco di tempo maggiore, si sarebbero riscontrate maggiori differenze tra i metodi di concimazione, dovute al protrarsi dell’azione dell’azoto organico. Quest’ultima da un lato determina lievi aumenti di resa nel corso degli anni, ma dall'altro comporta anche un aumento delle perdite dovute a dilavamento a causa di una maggiore mineralizzazione dell'humus.
Bibliographie ▪▪ Dahlin S., Kirchmann H., Kätterer T., Gunnarsson S. & Bergström L., 2005. Possibilities for improving nitrogen use from organic materials in agricultural cropping systems. Ambio 34, 288–295. ▪▪ Flisch R., Sinaj S., Charles R. & Richner W., 2009. Grundlagen für die Düngung im Acker- und Futterbau (GRUDAF). Agrarforschung 16 (2), 1–100. ▪▪ Furrer O. J. & Stauffer W., 1980. Die neue Lysimeteranlage der F orschungsanstalt Liebefeld-Bern. Jb. Schweiz. Naturforsch. Ges ., Wiss. Teil 1, 53–57. ▪▪ Gutser R. & Dosch P., 1996. Cattle-slurry – 15N turnover in a long-term lysimeter trial. Fertilizers and environment (Eds. C.Rodriguez-Barrueco). Kluwer Academic Publish-ers, Dordrecht, 345–350. ▪▪ Gutser R., Ebertseder T., Schraml M., von Tucher S. & Schmidhalter U., 2010. Stick-stoffeffiziente und umweltschonende organische D üngung. KTBL-Schrift 483, 31–50. ▪▪ Heldstab J., Reutimann J., Biedermann R. & Leu D., 2010. Stickstoffflüsse in der Schweiz. Stoffflussanalyse für das Jahr 2005. Umwelt-Wissen 1018, Office fédéral de l’environnement OFEV, Berne. 128 p. ▪▪ Hofer H. & Jäggli F., 1975. Probleme bei der umweltgerechten Anwendung von Düngemitteln. Mitt. Schweiz. Landw. 23, 89–111. ▪▪ Jenkinson D. S., 1991. The Rothamsted long-term experiments: are they still of use? Agron. J. 83, 2–10.
Summary
Riassunto
Influence de la fumure organique et minérale sur le lessivage des éléments nutritifs | Environnement
Influence of organic and mineral fertilizers on nutrient leaching Between 2002 and 2009 the influence of fertilizer type on drainage water formation and nutrient leaching was investigated in one crop rotation at the BernLiebefeld lysimeter station. Slightly higher crop yields were obtained with purely organic fertilizer than with pure mineral or organic-mineral fertilizers. One of the reasons for this may be that optimum manure management is possible in a lysimeter trial. However the three fertilizer methods differed only slightly in amounts of drainage water, drainage water nitrate concentrations and leached nutrient loads. These were much more strongly influenced by climatic conditions and the crop cultivated. A greater differentiation between the treatments could presumably have been achieved with a longer trial period because of the longterm after-effects of organic nitrogen. On the one hand these after-effects produce slight yield increases over the years, but on the other hand an increase in leaching losses can be expected owing to greater humus mineralization. Key words: drainage water, fertilization, leaching, lysimeter, nitrate.
▪▪ Menzi H., Besson J.-M. & Frick R., 1994. Specific norm values: a tool to optimize nu-trient efficiency of manure and to reduce ammonia emissions. In: Animal waste man-agement (Ed. J. Hall). Proc. of the 7th technical consultation on the ESCORENA network on animal waste management, Bad Zwischenahn (D), 17–20 Mai 1994, FAO, Rome, REUR Technical Series 34, 345–350. ▪▪ Ryser J.-P. & Pittet J.-P., 2000. Influence du sol et de la fumure sur les c ultures et le drainage des éléments fertilisants. Revue suisse Agric. 32, 159–164. ▪▪ Spiess E., Prasuhn V. & Stauffer W., 2011. Einfluss der Winterbegrünung auf Was-serhaushalt und Nitratauswaschung. In: Bericht über die 14. Gumpensteiner Lysimetertagung. LFZ Raumberg-Gumpenstein, I rdning, 213–215. Accès: http://www.raumberg-gumpenstein.at/c/index. php?option=com_docman&Itemid=100139&task=doc_ download&gid=4383&lang=de [7.6.2011]. ▪▪ Thomsen I. K. & Christensen B. T., 1999. Nitrogen conserving potential of successive ryegrass catch crops in continuous spring barley. Soil Use M anage. 15, 195–200. ▪▪ Vullioud P., Neyroud J.-A. & Mercier E., 2006. Efficacité de différents apports organiques et d'un engrais minéral azoté à Changins (1976–2004). Revue suisse Agric. 38, 173–183.
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E n v i r o n n e m e n t
Faciliter l’évaluation des dommages potentiels du génie génétique sur l’environnement Olivier Sanvido, Jörg Romeis et Franz Bigler, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich Renseignements: Olivier Sanvido, e-mail: olivier.sanvido@art.admin.ch, tél. +41 44 377 73 04
Les abeilles sont des pollinisateurs importants et assurent une prestation de l’écosystème essentielle à l’homme. Elles seront sans aucun doute définies comme une communauté de pollinisateurs à protéger. (Photo: ART)
Introduction Les répercussions des plantes cultivées génétiquement modifiées (GM) sur l’environnement sont encore l’objet de controverses aujourd’hui. La question de savoir si la culture de plantes GM est néfaste pour l’environnement alimente les débats, non par manque de données scientifiques pour y répondre, mais plutôt par manque de critères pour évaluer les impacts des plantes GM sur la biodiversité. Comme les critères d’évaluation exacts font
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défaut, les processus de décision et de régulation ne sont souvent pas transparents et sont difficilement compréhensibles. Les bases légales réglant l’autorisation et l’utilisation des plantes GM en Suisse et dans l’Union européenne prescrivent qu'il incombe aux autorités chargées de l’autorisation de décider quels types d’impacts sont importants et présentent un risque pour l’environnement. Actuellement, on court le risque que de telles décisions paraissent avoir été prises arbitrairement, en l’absence de critères d’évaluation clairs.
Faciliter l’évaluation des dommages potentiels du génie génétique sur l’environnement | Environnement
Résumé
Matériel et méthodes Le projet VERDI1 réalisé dans le cadre du programme national de recherche PNR 59 «Utilité et risques de la dissémination des plantes génétiquement modifiées» a pour but de développer des recommandations pour les preneurs de décision et les autorités chargées des autorisations, afin de les aider à améliorer la régulation des plantes GM. Nous avons invité à cet effet les experts de l’industrie, de la recherche et des autorités chargées de l’autorisation des plantes GM de différents pays européens à participer à deux ateliers. Le premier nous a permis d’analyser les approches actuelles et les enjeux des processus de décision relatifs aux plantes GM. Dans le deuxième atelier, nous avons déterminé quels impacts des plantes GM sur la biodiversité devaient être considérés comme des dommages inacceptables. Cette évaluation était basée sur une comparaison éthique et écologique des impacts des plantes GM et de la pratique agricole courante. Les résultats des discussions nous ont servi à établir des recommandations aidant à déterminer les critères écologiques et éthiques pertinents pour évaluer les impacts des plantes GM sur la biodiversité. Le présent article n’aborde que les aspects écologiques. Définitions actuelles des dommages Jusqu’à présent, il n’existe pas de définition univoque du concept de «dommage causé à l’environnement» (Sanvido et al. 2011) qui fasse l’unanimité. Cependant, toutes les définitions ont en commun les trois points suivants: (1) L e dommage touche une ressource naturelle ou une prestation d’un écosystème, (2) le dommage est mesurable et (3) le dommage se caractérise par un changement négatif.
Les débats alimentés par les possibles impacts des plantes cultivées génétiquement modifiées (GM) sur la biodiversité montrent qu’il n’existe actuellement aucun critère d’évaluation des dommages causés à l’environnement qui fasse l’unanimité. La polémique ne vient pas du fait qu’il y a trop peu de données, mais de l’absence de critères permettant d’évaluer les impacts des plantes GM sur la biodiversité. Comme les critères d’évaluation exacts font défaut, les processus de décision et de régulation ne sont souvent pas transparents et sont difficilement compréhensibles. Par conséquent, les décisions concernant les dangers environnementaux des plantes GM risquent davantage d’être prises arbitrairement. Le projet VERDI (Evaluation des effets environnementaux des plantes génétiquement modifiées – critères de décision éthiques et écologiques pour leur régulation) a pour but de développer des recommandations pour les preneurs de décision et les autorités chargées des autorisations, afin de les aider à améliorer la régulation des plantes GM. Les résultats montrent que la description précise des biens à protéger et l’établissement d’une base de comparaison sont deux points essentiels pour définir les dommages. Dans le cadre du projet, nous élaborons des propositions afin d’améliorer ces deux points.
Ces trois points communs conduisent à trois questions auxquelles il faut répondre pour pouvoir définir les dommages causés à l’environnement (fig. 1): (1) Que faut-il protéger? (2) Que faut-il mesurer? (3) Qu’est-ce qu’un changement négatif, inopportun? Nous aborderons successivement chacune de ces trois questions en détail. Nous nous limiterons toutefois à l’analyse des impacts des plantes GM sur la biodiversité.
Valuating environmental impacts of GM crops - ecological and ethical criteria for regulatory decision-making (Evaluation des effets environnementaux des plantes génétiquement modifiées – critères de décision éthiques et écologiques pour leur régulation).
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Environnement | Faciliter l’évaluation des dommages potentiels du génie génétique sur l’environnement
Le dommage touche une ressource naturelle ou une prestation de l’écosystème
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Que faut-il protéger?
Le dommage se caractérise par un changement indésirable
Le dommage est mesurable
2
Biens à protéger Points finaux d’évaluation
Que faut-il mesurer?
Points finaux de mesure
3
Qu’est-ce qu’un changement indésirable?
Base de comparaison (baseline)
Figure 1 | Toutes les définitions des «dommages causés à l’environnement» ont trois points en commun qui conduisent à trois questions auxquelles il faut répondre pour pouvoir définir le concept.
Résultats et discussion Que faut-il protéger? Les biens à protéger prescrits par la loi servent de point de départ aux autorités chargées des autorisations des plantes GM pour la définition des dommages. Cependant la terminologie utilisée dans la loi pour décrire la «biodiversité» est trop vague pour pouvoir être employée et évaluée de manière scientifique. Pour résoudre ce problème, nous proposons une approche qui aidera à définir le concept de «biodiversité». Dans un premier temps, les biens à protéger sont définis de manière plus détaillée. A partir de là, les étapes suivantes consistent à définir des objectifs visés par leur protection qui soient scientifiquement mesurables et aptes à fournir une base à la prise de décision. Les biens à protéger ont été tirés des bases légales en vigueur. En Suisse, il s’agit de la Loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage et de l’ordonnance correspondante (LPN, RS 451; OPN, RS 451.1). L’Ordonnance sur la protection de la nature et du paysage sert d’une part de base aux listes rouges, et répertorie d’autre part les milieux naturels dignes de
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protection. Depuis peu, il existe également les «objectifs environnementaux pour l’agriculture» définis en commun par l’Office fédéral de l’environnement et l’Office fédéral de l’agriculture sur les bases légales existantes (OFEV/OFAG 2008). Ces objectifs définissent des espècescibles et des espèces caractéristiques, typiques des surfaces agricoles ou dépendantes de l’exploitation agricole. Les espèces-cibles sont des espèces locales ou régionales, en danger au niveau national, qui doivent être préservées et protégées et par rapport auxquelles la Suisse a une responsabilité particulière en Europe. Les espèces caractéristiques sont typiques d’une région et représentatives d’un habitat particulier. Elles font office d’indicateurs de la qualité de l’espace vital qu’elles occupent. Protection des prestations des écosystèmes Outre la protection des espèces et des espaces vitaux, le concept de «prestations des écosystèmes» a gagné en importance ces dernières années en relation avec la protection de la biodiversité (Millenium Ecosystem Assessment 2005). Les prestations des écosystèmes regroupent toutes les prestations qu’ils fournissent à la communauté,
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par exemple la pollinisation des fleurs ou la lutte biologique contre les ravageurs. Ces prestations sont essentielles pour la vie sur notre planète, car il n’existe pas d’alternatives techniques, ou s’il en existe, elles ne sont que partielles. Nous indiquons quelques prestations des écosystèmes qui doivent être particulièrement protégées du point de vue agricole: pollinisation, lutte biologique contre les ravageurs, décomposition de la matière organique, flux de matières (N, P), structure du sol, régulation et purification des eaux. C’est aux autorités chargées de l’autorisation des plantes GM de déterminer quelles fonctions des écosystèmes doivent être protégées. Les autorités qui s’occupent de l’autorisation des plantes GM doivent fixer de manière générale et sur la base des directives légales quels sont les biens à protéger. Idéalement, il faudrait qu’une telle définition fasse l’objet d’une procédure transparente et qu’elle inclue tous les acteurs impliqués (c.-à-d. les régulateurs, les demandeurs et les experts scientifiques). A l’aide de l’approche proposée ici, les autorités peuvent déterminer les biens à protéger en appliquant un processus systématique, permettant de mesurer les dommages éventuels. Les listes de biens environnementaux à protéger fournissent un point de départ pour déterminer ce qu’il faut protéger. Les biens qui y sont répertoriés ont cependant l’inconvénient d’être en général difficiles à évaluer, car ils ne peuvent pas être mesurés clairement à un niveau scientifique (Marti et al. 2000). C’est pourquoi une deuxième étape devrait permettre de spécifier ce qu’on appelle les points finaux d’évaluation à l’aide de critères précis. Un point final d’évaluation (anglais: assessment endpoint) est défini comme une entité écologique clairement spécifiée, qu’il convient de protéger conformément aux bases légales (Suter 2000). Il est important de noter qu’un point final d’évaluation n’est pas un indicateur, c’est-à-dire qu’il n’a pas de valeur indicative et ne fournit pas d’informations sur telle ou telle condition environnementale. Points finaux d’évaluation Avant de définir les points finaux d’évaluation, il s’agit d’abord de préciser les entités écologiques à protéger sur la base des biens à protéger fixés au préalable. Dans le contexte de la culture de plantes GM, les groupes d’espèces à protéger sont surtout les mammifères, les oiseaux, les amphibiens, les insectes et les plantes. Pour la protection des prestations des écosystèmes, il faut également déterminer une entité écologique caractéristique de chaque prestation. Pour la pollinisation, ce sont par exemple les insectes pollinisateurs, tandis que pour la décomposition de la matière organique, ce sont les organismes vivant dans le sol.
La description des points finaux d’évaluation se caractérise également par la définition précise de cinq facteurs mesurables, qui permettent une vérification scientifique du statut de protection des entités écologiques définies: (1) Propriété ou entité à protéger: la protection de la biodiversité consiste en général à préserver la densité de population d’une espèce protégée, tandis que la protection des prestations des écosystèmes consiste à maintenir leur fonction écologique. (2) Eléments à protéger: il s’agit de décider si la protection concerne l’individu, la population ou la communauté d’organismes. Il peut par exemple être important de protéger de gros mammifères comme les chevreuils en tant qu’individus tandis que d’autres espèces doivent être protégées à l’échelle de la population (LGG, RS 814.91). (3) Définition des espaces dans lesquels les unités écologiques doivent être protégées: la protection peut porter sur la parcelle où sont cultivées les plantes GM, ou sur d’autres surfaces agricoles, mais aussi sur des surfaces non agricoles. Les surfaces agricoles comptent en général peu de plantes-hôtes servant de base alimentaire aux larves de papillons diurnes. Pour ces derniers, la protection pourrait donc être explicitement limitée aux surfaces non-agricoles. (4) Unité temporelle à protéger: il faut déterminer combien de temps les unités écologiques définies doivent être protégées. Bien que la loi sur le génie génétique exige par exemple un maintien durable de la diversité biologique et de la fertilité du sol, la durabilité n’est pas une unité temporelle scientifiquement mesurable. Nous proposons donc de limiter la protection à une unité temporelle clairement définie comme la saison culturale actuelle ou la suivante. Si cette période s’avérait trop courte, la protection pourrait être étendue à dix ans, ce qui correspond à la durée d’autorisation d’une plante GM aujourd’hui (ODAIGM, RS 817.022.51). (5) Définir l’effet néfaste: pour la protection de la biodiversité, une baisse «significative» de la densité de population est généralement considérée comme un dommage, tandis que pour la protection des prestations des écosystèmes, le dommage vient d’une perturbation «significative» de la fonction écologique. C’est aux autorités chargées des autorisations de définir ce qu’on entend par baisse «significative» de la densité de population ou perturbation de la fonction écologique des écosystèmes. Que doit-on mesurer? Après la définition des points finaux d’évaluation, la prochaine étape consiste à établir les points finaux de
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mesure. Les points finaux de mesure (measurement endpoints) sont des critères biologiques mesurables qui peuvent être mis en rapport avec un point final d’évaluation déterminé (Suter 2000). Ils permettent de décider s’il y a eu ou non un impact sur les entités écologiques à protéger, préalablement définies. Comme il est impossible de déterminer l’état de tel ou tel bien à protéger (p. ex. la diversité des espèces de papillons diurnes) dans son ensemble, il faut dans un premier temps définir des indicateurs appropriés. Dans ce but, on choisit en général des espèces particulièrement représentatives d’un groupe d’espèces donné (Reid et al. 1993). Il faut ensuite déterminer des paramètres qui permettent d’appréhender les changements inopportuns de l’indicateur choisi. Ces paramètres peuvent varier suivant l’environnement de test. Les paramètres utilisés pour les analyses en laboratoires couvrent généralement les impacts létaux (p. ex mort) ou sub-létaux (p. ex. perte ou baisse de la capacité reproductive), tandis que les paramètres comme la densité de population ou la diversité sont caractéristiques des études de terrain (Duelli 1997; Romeis et al. 2011). Qu’est-ce qu’un changement inopportun? La base de comparaison indique quels changements sont inopportuns et par conséquent, représentent un dommage. Comme la base de comparaison n’est souvent pas claire, il est nécessaire de la caractériser plus précisément. D’un point de vue légal, l’évaluation des dommages causés par les plantes GM ne devrait théoriquement prendre en compte que ce qui est déjà considéré actuellement comme dommage en rapport avec d’autres technologies. De notre point de vue, il ne serait pas cohérent que la culture de plantes GM soit soumise à des exigences de protection plus strictes que les autres technologies de l’agriculture conventionnelle. Dans le cas des plantes GM commercialisées aujourd’hui, le problème se pose néanmoins. En effet, contrairement aux pesticides par exemple, leur application est réglée de manière différente dans la loi. C’est souvent l’argument qu’utilisent les autorités chargées des autorisations pour expliquer qu’il est impossible de comparer directement les systèmes de culture GM avec la pratique culturale courante. Pourtant, une telle comparaison devrait être possible. L’effet intentionnel d’un produit phytosanitaire sur des ravageurs donnés est l’objectif de l’application. Comme tel, il est expressément exclu de ce que l’on considère comme dommage, même si la régulation restrictive de l’organisme ravageur a des répercussions sur les auxiliaires qui dépendent spécifiquement de lui. En revanche, les répercussions non intentionnelles sur des organismes non-cibles
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sont considérées comme inopportunes lorsqu’elles dépassent une certaine mesure et ne sont pas réversibles (Candolfi et al. 2000; European Commission 2002). On ne comprend pas pourquoi ce principe ne sert pas lui aussi de base à l’évaluation des impacts environnementaux causés par les plantes GM. L’application d’un seul et même principe permettrait de pouvoir comparer les deux procédés.
Conclusions Les réflexions présentées ici peuvent contribuer à mieux comprendre le concept de dommage et à trouver des critères d’évaluation qui fassent l’unanimité. Elles peuvent également aider à mieux comprendre et à rendre plus transparentes les décisions des autorités sur les risques environnementaux occasionnés par des plantes cultivées génétiquement modifiées, afin d’éviter de donner l’impression que ces décisions aient été prises de manière arbitraire. Cela permettrait d’assurer que toutes les technologies qui représentent un risque potentiel pour l’environnement soient évaluées selon les mêmes critères n légaux.
Modalità di valutare i potenziali danni ambientali dell'ingegneria genetica Il dibattito sui possibili effetti delle colture geneticamente modificate (OGM) sulla biodiversità mostra che finora non è stato raggiunto un consenso su criteri di valutazione dei danni ambientali generalmente accettati. Se il dibattito è ancora in corso, non è a causa di una carenza di dati, bensì dell’assenza di criteri per la valutazione delle conseguenze delle piante OGM sulla biodiversità. Mancando precisi criteri di valutazione, i processi regolatori e decisionali spesso non sono trasparenti e nemmeno facilmente comprensibili. Ciò accresce il pericolo che le decisioni in materia di rischi ambientali correlati alle piante OGM vengano prese in maniera arbitraria. Il progetto VERDI (Valutazione degli effetti ambientali delle piante geneticamente modificate – criteri decisionali ecologici ed etici per la loro regolamentazione) è finalizzato a mettere a punto raccomandazioni per gli organi decisori e le autorità preposte all'omologazione, attraverso le quali è possibile migliorare la regolamentazione delle piante OGM. Dai risultati emerge che la chiara descrizione dei beni da proteggere e la determinazione della base di confronto costituiscono due punti essenziali quando si tratta di definire danni. Nel quadro del progetto si elaborano proposte per perfezionare questi due aspetti.
Bibliographie ▪▪ Candolfi M., Bigler F., Campbell P., Heimbach U., Schmuck R., Angeli G., Bakker F., Brown K., Carli G., Dinter A., Forti D., Forster R., Gathmann A., Hassan S., Mead-Briggs M., Melandri M., Neumann P., Pasqualini E., P owell W., Reboulet J. N., Romijn K., Sechser B., Thieme T., Ufer A., Vergnet C. & Vogt H., 2000. Principles for regulatory testing and interpretation of semi-field and field studies with non-target arthropods. Anzeiger für Schädlingskunde -Journal of Pest Science 73 (6), 141–147. ▪▪ Duelli P., 1997. Biodiversity evaluation in agricultural landscapes: an approach at two different scales. Agriculture, Ecosystems and Environment 62, 81 – 91. ▪▪ European Commission, 2002. Guidance document on terrestrial ecotoxicology under Council Directive 91/414/EEC, Directorate E - Food Safety: plant health, animal health and welfare, international questions, Brussels. 39 p. ▪▪ Marti F., Maurer R. & Stapfer A., 2000. Erfolgskontrollen von Naturschutzmassnahmen. In: Erfolgskontrolle von Umweltmassnahmen – P erspektiven für ein integratives Umweltmanagement (Ed. R.W. Scholz), Springer-Verlag, Berlin, Heidelberg, New York. 65–91. ▪▪ Millenium Ecosystem Assessment, 2005. Ecosystems and human wellbeing: Synthesis. Island Press, Washington DC. 137 p.
Summary
Riassunto
Faciliter l’évaluation des dommages potentiels du génie génétique sur l’environnement | Environnement
Facilitating the evaluation of possible environmental harm from genetic engineering The debate on the possible impact of genetically modified (GM) crops on biodiversity shows that so far there is no consensus on generally accepted assessment criteria for environmental harm. This debate stems primarily not from a shortage of data, but rather from the absence of criteria for assessing the effects of GM plants on biodiversity. Since there are no exact assessment criteria, regulatory decision-making processes are often not transparent and can be difficult to understand. This increases the danger that decisions on environmental risks from GM plants may appear arbitrary. The aim of the VERDI Project (Valuating environmental effects of genetically modified crops – ecological and ethical criteria for regulatory decision-making) is to develop recommendations for decision makers and licensing authorities, thus helping to improve the regulation of GM plants. The results show that both the unambiguous description of protection goals and the establishment of a basis of comparison are two essential criteria when defining harm. In the project we are working on suggestions for improving these two criteria. Key words: environmental harm, regulatory decision-making, biodiversity, protection goals, genetically modified crops.
▪▪ OFEV/OFAG, 2008. Umweltziele Landwirtschaft – hergeleitet aus bestehenden rechtlichen Grundlagen, Umwelt-Wissen 0820, 221 p. ▪▪ Reid W. V., Mc Neely J. A., Tunstall D. B., Bryant D. A. & Winograd M., 1993. Biodiversity indicators for policy-makers. World Resources Institute, New York. 42 p. ▪▪ Romeis J., Hellmich R.L., Candolfi M.P., Carstens K.D.S., Gatehouse A. M. R., Herman R. A., Huesing J. E., McLean M.A., Raybould A., Shelton A. M. & Waggoner A., 2011. Recommendations for the design of laboratory studies on non-target arthropods for risk assessment of genetically engineered plants. Transgenic Research 20, 1–22. ▪▪ Sanvido O., Romeis J. & Bigler F., 2011. Environmental change challenges decision-making during post-market environmental monitoring of transgenic crops. Transgenic Research , DOI 10.1007/s11248 – 011 – 9524 – 8. ▪▪ Suter G.W., 2000. Generic assessment endpoints are needed for ecological risk assessment. Risk Analysis 20 (2), 173–178.
Recherche Agronomique Suisse 2 (9): 382–387, 2011
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P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Les viroses du colza en Suisse Stève Breitenmoser, Nathalie Dubuis, Lonnie Grillot, Justine Brodard et Carole Balmelli, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon Renseignements: Stève Breitenmoser, e-mail: steve.breitenmoser@acw.admin.ch, tél. 022 363 43 17 et Carole Balmelli, e-mail: carole.balmelli@acw.admin.ch, tél. 022 363 43 71
Parcelle de colza située à Changins (Nyon), échantillonnée en automne 2010 dans le cadre de la présente étude. (Photo: ACW)
Introduction Le colza (Brassica napus L.) est cultivé en Suisse essentiellement sur le Plateau, depuis Genève jusqu’en Thurgovie. Avec 15 000 ha cultivés, il s’agit d’une des principales grandes cultures entrant dans la plupart des rotations des exploitations suisses. Semé à la fin de l’été et récolté l’année suivante en juillet-août, le colza est donc un hôte de choix pour l’hivernation de certaines espèces de pucerons et des pathogènes qu’ils véhiculent. Le colza peut être ainsi sujet à plusieurs types d’infections virales, ayant des conséquences plus ou moins importantes sur le rendement de la culture.
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Recherche Agronomique Suisse 2 (9): 388–395, 2011
Les viroses Les trois pathogènes majeurs sont : ••le virus de la jaunisse occidentale de la betterave (beet western yellows virus, BWYV) ••le virus de la mosaïque du chou-fleur (cauliflower mosaic virus, CaMV) ••le virus de la mosaïque du navet (turnip mosaic virus, TuMV). Le virus de la jaunisse occidentale de la betterave n’a que très peu d’effet sur le rendement, tandis que le virus de la mosaïque du chou-fleur et le virus de la mosaïque du navet engendrent des pertes allant jusqu’à 10 dt par hectare et sont considérés comme viroses graves du colza.
L’infection par le BWYV se traduit par un jaunissement des feuilles, tandis que les infections par le CaMV ou le TuMV engendrent des mosaïques et nécroses sur le feuillages (fig. 1) et un rabougrissement de la plante. Cependant, étant donné le peu de symptômes générés sur la plante au moment de l’infection, il est difficile de bien apprécier le risque encouru. La situation dans certains pays limitrophes à la Suisse tels que la France et l’Allemagne (Anonyme 2006 – 2007; Bayer Crop 2008 – 2009; Gloria 2008) nous ont amenés à étudier la répartition et l’incidence de ces viroses en Suisse. En France, une récente étude du CETIOM (Anonyme 2006 – 2007) montre que ces trois virus sont bien présents, parfois même à des taux inquiétants. Le BWYV peut infecter jusqu’à 100 % de la culture, mais heureusement c’est le seul qui n’entraîne pas de baisse de rendement. Quant aux deux autres virus, qui induisent de fortes pertes, un taux moyen d’infection de 13,2 % pour le TuMV et de 1 % pour le CaMV a été relevé. Bien que ces taux moyens soient relativement faibles, le taux d’infection individuel de certaines parcelles, peut atteindre plus de 40 % pour le TuMV et plus de 20 % pour le CaMV. Afin de lutter contre une trop forte propagation des virus, la règle établie en France est d’intervenir si plus de 20 % des plantes sont porteuses d’au moins un puceron (Anonyme 2006 – 2007). Ce seuil est à appliquer dans les six semaines qui suivent la levée du colza, ensuite le traitement devient inutile et non rentable. Dans l’étude présentée ici, la répartition et l’incidence des trois virus précités ont été analysés. De plus un quatrième virus, le
TuMV
Contrôle sain
Résumé
Les viroses du colza en Suisse | Production végétale
Le colza est cultivé en Suisse essentiellement sur le Plateau, depuis Genève jusqu’en Thurgovie. Avec 15 000 ha cultivés, le colza est l’une des principales grandes cultures entrant dans la plus part des rotations des exploitations suisses. La grande majorité des surfaces est cultivée en colza d’automne, semé dès la fin août. Plusieurs pays voisins, notamment la France et l’Allemagne, ont décelé la présence de virus induisant des viroses dites graves dans leur culture de colza. Afin de connaître la situation de ces viroses dans les cultures de colza en Suisse, une prospection a été réalisée au printemps et en automne 2010 par les groupes d’entomologie et de virologie de la station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW. Cette étude concerne 11 parcelles réparties sur le Plateau suisse. Les résultats démontrent que malgré la quasi omniprésence des viroses dites graves sur les parcelles, les taux d’infection détectés restent très faibles.
CaMV
Figure 1 | Exemple de mosaïque sur colza induite par le TuMV et le CaMV Les virus ont été transmis par i noculations mécaniques réalisées en serre sur la variété Visby au stade 2 feuilles (BBCH 12). (Photos: ACW)
Recherche Agronomique Suisse 2 (9): 388–395, 2011
389
Production végétale | Les viroses du colza en Suisse
Figure 2 | Répartition des parcelles échantillonnées.
virus de la jaunisse du navet (turnip yellow mosaic virus, TYMV), transmis par les altises du colza, a également été inclus dans l’étude. Afin de confirmer la présence de pucerons dans les cultures de colza à l’automne, un échantillonnage a été réalisé sur une parcelle type de la présente étude. Les vecteurs Les pucerons et les altises sont responsables de la transmission de ces virus qui se produit à l’automne. Les virus TuMV, CaMV et BWYV sont transmis principalement par le puceron vert du pêcher (Myzus persicae Sulzer) et secondairement par le puceron cendré du chou (Brevicoryne brassicae Linné). A l’exception du BWYV, qui persiste sur son vecteur plus de 50 jours, le TuMV ne persiste pas plus de 3 heures et le CaMV pas plus de 3 jours. Le puceron vert du pêcher est dioécique et holocyclique, c’est-à-dire qu’il effectue son cycle sur deux types d’hôtes différents et a un cycle de développement qui passe obligatoirement ou facultativement par des formes sexuées et la production d’œufs. Son hôte primaire est le pêcher ou d’autres essences du genre Prunus. Les hôtes secondaires sont constitués de plus de 400 espèces végétales, dont le colza et les pommes de terre, ce puceron étant très polyphage. Il passe l’hiver sous forme d’œuf sur l’hôte primaire. Au printemps suivant, des femelles fondatrices éclosent, puis, après plusieurs générations parthénogénétiques, des formes ailées migrent sur les diffé-
390
Recherche Agronomique Suisse 2 (9): 388–395, 2011
rents hôtes secondaires (vols de printemps). L’espèce se multiplie par parthénogénèse jusqu’à l’automne, mais des formes ailées peuvent apparaître pour coloniser d’autres hôtes secondaires (vols d’été). Ensuite, des formes sexuées ailées apparaissent, volent vers l’hôte primaire où les femelles s’accoupleront par la suite avec des mâles ailés pour produire les œufs (Radtke et Rieckmann 1991; Lampel et Meier 2007). Le puceron cendré du chou est monoécique et holocyclique, c’est-à-dire que son cycle ne s’accomplit que sur un type d’hôte – les crucifères – principalement les espèces du genre Brassica. Il passe l’hiver soit sous forme d’œufs ou même d’adultes si l’hiver n’est pas trop rigoureux. Les œufs éclosent au printemps sur les crucifères, puis les fondatrices vont donner naissance à des femelles qui se multiplient par parthénogénèse jusqu’à l’automne. Alors que la population est maximale sur la plante, des formes ailées apparaissent durant la saison pour aller coloniser d’autres plantes. Les formes sexuées apparaissent à l’automne et vont pondre leurs œufs sur des crucifères qui passent l’hiver sous forme de rosette comme le colza (Volker 1988). La différence du cycle de développement de ces deux espèces de pucerons explique que M. persicae soit le vecteur principal et B. brassicae un vecteur secondaire. Les altises impliquées dans la transmission du TYMV sont l’altise d’hiver du colza (Psylliodes chrysocephala Linné) et les petites altises des crucifères (Phyllotreta spp.). Le virus persiste quelques jours sur le vecteur. Les altises,
Les viroses du colza en Suisse | Production végétale
Tableau 1 | Résultats de la prospection menée au printemps 2010 sur 11 parcelles de colza pour les virus TuMV: Turnip mosaic virus (virus de la mosaïque du navet), CaMV: Cauliflower mosaic virus (virus de le mosaïque du chou-fleur), TYMV: Turnip yellow mosaic virus (virus de la mosaïque jaune du navet) et BWYV: Beet western yellows virus (virus de la jaunisse occidentale de la betterave)
Canton Commune
Parcelle
Prélèvement
Stade VIRUS phénolique % de plantes infectées (N = 500)
ha
Date de semis
Altitude
date
responsable
BBCH
TuMV
CaMV
TYMV
BWYV
Variété
Extenso
oui/non
VD
Nyon
1,21
1/9/2009
422
14/4/2010
ACW
57
2,2
0
0,6
98,9
V141OL
non
VD
Goumoëns
~2
NT*
604
21/4/2010
ACW
57
0,2
0,4
0
NA**
Visby
oui
GE
Satigny
~2
NT
405
21/4/2010
ACW
63
1,8
0
4,4
NA
Visby
non
BE
Zollikofen
3,6
24/8/2009
555
30/4/2010
ACW
63
0
1,2
0
48,6
V140OL
non
JU
Delémont
2,2
4/9/2009
540
7/5/2010
ACW
65
0
0,2
0
33,8
Visby
non
AG
Suhr
2,5
NT
402
19/5/2010
ACW
69 – 76
0,2
0,4
0,2
87,4
mélange
non
ZH
Andelfingen
NT
NT
400
19/5/2010
ACW
67 – 75
0,4
0
0
13,6
NT
NT
FR
Gletterens
~3
NT
486
30/4/2010
ACW
65
0
0,2
0
84,4
NT
non
NE
Marin
~4
NT
450
7/5/2010
ACW
67
0,4
0
0,4
99,8
NT
oui
TG
Kreuzlingen
3
NT
425
19/5/2010
ACW
69 – 76
0
0,8
0
68,8
NT
oui
SO
Bellach
3
7/9/2009
420
30/4/2010
ACW
63
0
0,2
0
98,6
V141OL
non
*NT: donnée non transmise; **NA: non analysé.
soit P. chrysocephala et Phyllotreta spp., apparaissent en fin d’été et à l’automne, à partir de zones boisées (lisières, haies, bois) ou du sol et colonisent les champs de colza. Elles occasionnent des dégâts principalement sur les cotylédons et les premières feuilles en perforant le limbe. C’est à ce moment-là qu’elles transmettent le virus. Les femelles de P. chrysocephala pondent dans le sol à la base des plantes 10 à 15 jours après leur arrivée. La ponte s’arrête dès que la température atteint 0 °C et reprend à la fin de l’hiver. Les larves s’introduisent dans les pétioles des feuilles de colza et y creusent des galeries pour se nourrir. Au printemps suivant, on retrouve ces larves à l’intérieur des tiges. Elles se nymphosent ensuite dans le sol en mai-juin. Les adultes de la nouvelle génération sortent en juin-juillet, se nourrissent puis prennent leur quartier d’été où elles effectuent une diapause estivale (Volker 1988). Les adultes des espèces du genre Phyllotreta apparaissent au mois de juillet-août, en remontant à la surface du sol et commencent à s’alimenter sur les feuilles des Crucifères en faisant de petites morsures jusqu’à la fin de l’automne. Lorsque le froid survient, elles se mettent à l’abri et hivernent dans le sol.
Au mois d’avril-mai de l’année suivante, elles reprennent leur activité et se reproduisent puis pondent dans le sol à proximité de crucifères. Suivant l’espèce, les larves rongent les racines pendant 3 ou 4 semaines ou minent les feuilles en se développant entre les deux épidermes, puis se nymphosent dans le sol.
Matériel et méthodes Echantillonnage de parcelles 11 parcelles de colza réparties sur l’ensemble du Plateau suisse, du canton de Genève à la Thurgovie, ont reçu la visite des chercheurs au printemps 2010 (fig. 2) et 11 autres parcelles de colza, situées dans les mêmes communes des mêmes cantons, en automne 2010 (fig. 2). 500 échantillons par parcelle ont été prélevés aléatoirement. Chaque échantillon comprend 3 morceaux de feuilles différentes par plante qui sont placés dans un sachet ELISA et congelés avant analyses. Les parcelles échantillonnées en automne 2010, présentant le plus fort taux de viroses dites graves (TuMV et/ou CaMV), ont été ré-échantillonnées au printemps suivant.
Recherche Agronomique Suisse 2 (9): 388–395, 2011
391
Production végétale | Les viroses du colza en Suisse
Echantillonnage des espèces de pucerons L’échantillonnage a été réalisé le 19.10.2010 dans le colza (stade BBCH 18) de la parcelle de Nyon (VD). Dix plantes ont été prélevées au hasard, puis lavées au laboratoire à l’aide d’une douche dans un bac en forme d’entonnoir dont les résidus se déversent sur un tulle (maille 0,2 mm). Les pucerons présents sur le tulle sont identifiés à la loupe binoculaire.
Résultats La figure 2 illustre la répartition des parcelles échantillonnées. Pendant l’échantillonnage, aucun symptôme confirmant une infection virale n’a été clairement identifié. Ceci a permis un échantillonnage aléatoire de la parcelle. Au printemps 2010, le TuMV a été détecté dans 6 des 11 parcelles (54 %), le CaMV dans 7 parcelles (63 %) et le TYMV dans 4 parcelles (36 %; fig. 3A). Le BWYV est
392
Recherche Agronomique Suisse 2 (9): 388–395, 2011
100
A
% Parcelles infectées
80 60 40 20
70%*
<1%
<1%
<1%
BWYV
TuMV
CaMV
TYMV
6%*
<1%
<1%
<1%
0
100
B
80 % Parcelles infectées
Test ELISA Pour chaque virus, un anticorps spécifique est dilué dans une solution carbonate dispensée dans les puits d’une plaque ELISA. La fixation de l’anticorps dans les puits s’effectue par incubation de la solution carbonate-anticorps 5 h à 30 °C. La plaque est ensuite lavée à l’eau déionisée. Les échantillons sont broyés dans 5 ml de tampon de lyse (PBS contenant 2 % PVP et 0,5 % Tween) et 100 µl de surnageant de chaque échantillon sont chargés en duplicat dans chaque puits de la plaque pour l’analyse ELISA. Après une incubation des échantillons toute la nuit à 4 °C, la plaque est lavée 2× à l’eau déionisée et 1× avec du tampon salin PBS contenant 0,1 % Tween. Les virus fixés sur les anticorps de capture sont détectés grâce à un deuxième anticorps spécifique au virus (anticorps de détection) dilué dans du tampon PBS contenant 0,05 % Tween, 2 % PVP, 0,2 % BSA et 0,002M MgCl2 à pH 7,4. L’anticorps de détection est lui-méme lié à une enzyme (alkaline-phosphatase) ce qui permet de révéler les interactions anticorps de capture-virus-anticorps de détection grâce à l’addition d’un substrat spécifique (P-Nitrophényl phosphate) à l’enzyme dilué dans du tampon substrat. Ceci produit une réaction jaune. L’absorbance est mesurée à 405 nm en utilisant un lecteur de microplaque (photomètre). Une réaction est jugée positive lorsque la densité optique mesurée est trois fois supérieure à celle obtenue pour l’échantillon contrôle (plante saine). Les anticorps de capture et de détection contre le BWYV et les anticorps de capture utilisés contre le CaMV, TuMV, TYMV ont été développés à ACW (antisérum de lapin). Les anticorps de détection correspondant marqués à l’alkaline-phosphatase de même que les anticorps de capture et de détection pour le CaMV ont été achetés chez BIOREBA (Reinach, Suisse).
60 40 20 0
BWYV TuMV CaMV TYMV *Pourcentage de plantes virosées (moyenne des parcelles) Figure 3 | Taux de parcelles infectées par le BWYV ( beet western mosaic virus , jaunisse occidentale de la betterave), TuMV (turnip mosaic virus , jaunisse du navet), CaMV (cauliflower mosaic virus , mosaïque du chou-fleur) et TYMV (turnip yellow mosaic virus , m osaïque jaune du navet) au printemps 2010 (A) et à l’automne 2010 (B). Le pourcentage moyen de plantes virosées est indiqué pour chaque virus dans l’histogramme.
quant à lui omniprésent (fig. 3A). Le taux moyen d’infection de TuMV, CaMV et TYMV au sein des parcelles, est inférieur à 1 % (fig. 3A et tabl. 1). Dans le cas du TuMV, les exceptions sont les parcelles de Nyon VD avec un taux d’infection de 2,2 %, et Satigny GE avec 1,8 %. Le taux le plus élevé de CaMV a été lui mesuré à Zollikofen BE avec 1,2 % de plantes infectées (tabl. 1). Une seule parcelle, celle de Satigny, présente un taux relativement élevé de TYMV (4,4 %). En général, des taux supérieurs à 50 % ont été détectés pour le BWYV. Seules les parcelles de Delémont JU (34 %) et de Andelfingen ZH (13,6 %) se situent en dessous (tabl. 1). En automne 2010, l’analyses des parcelles montre une répartition similaire des quatre virus (fig. 3B). Le TuMV a été détecté dans 4 des 11 parcelles (36 %), le CaMV dans 8 parcelles (73 %) et le TYMV dans 4 parcelles (36 %; fig. 3B). Le BWYV est à nouveau omniprésent (fig. 3B). Les taux moyens de viroses détectées par par-
Les viroses du colza en Suisse | Production végétale
Tableau 2 | Résultats de la prospection menée à l'automne 2010 sur 11 parcelles de colza sélectionnées pour les virus TuMV (turnip mosaic virus, virus de la mosaïque du navet), CaMV (cauliflower mosaic virus , virus de la mosaïque du chou-fleur), TYMV (turnip yellow mosaic v irus , virus de la mosaïque jaune du navet) et BWYV ( beet western yellows virus , virus de la jaunisse occidentale de la betterave)
Canton
Commune
Parcelle
Prélèvement
Stade phénol.
VIRUS Variété % de plantes infectées (N=500)
ha
Date de semis
Altitude
date
responsable
BBCH
TuMV
CaMV
TYMV BWYV
Enrobage
Extenso
produit
oui/non
VD
Nyon
3,6
2/9/2010
425
19/10/2010
ACW
18
0,2
0
0
3,8
Visby
Modesto + TMTD
non**
VD
Goumoëns
1,15
25/8/2010
604
12/10/2010
ACW
19
1
1,8
0,4
2,6
Visby
Modesto + TMTD
non**
GE
Satigny
4,8
31/8/2010
426
5/11/2010
ACW
18
0
3
0
3
Visby
Modesto + TMTD
non**
BE
Zollikofen
2,8
26/8/2010
554
28/10/2010
ACW
17 – 18
0
0
0
6,4
V140OL
NT*
non**
JU
Delémont
~1
6/9/2010
460
26/10/2010
ACW
17
0,8
3
0
3
Visby
Modesto + TMTD
non**
AG
Suhr
~0,5
3/9/2010
400
17/11/2010
ACW
18 – 19
0
2
0
7,6
Visby
Modesto + TMTD
non**
ZH
Andelfingen
~3,5
26/8/2010
360
17/11/2010
ACW
20 – 21
0
2
0
13,2
Visby
NT
non**
FR
Gletterens
~3
4/9/2010
471
28/10/2010
ACW
18
0
0,4
0,6
8,2
Visby
Modesto + TMTD
non**
NE
Marin
~3
28/8/2010
440
26/10/2010
ACW
18
0
1,2
0,4
6
V141OL
NT
non**
TG
Kreuzlingen
~1,5
6/9/2010
423
17/11/2010
ACW
17 – 18
0
0,8
0
11,6
HOLL
Modesto + TMTD
non**
SO
Bellach
3
26/8/2010
428
26/10/2010
ACW
19
0,4
2,2
0,2
4,8
V140OL
NT
non**
*NT: donnée non transmise; **pas de traitement insecticide automnal.
celle sont inférieurs à 1 % pour les virus TuMV et TYMV (fig. 3B et tabl. 2). Certaines parcelles montrent des taux d’infection de CaMV supérieurs ou égaux à 2 % (tabl. 2): les parcelles de Andelfingen (ZH, 2 %), Bellach (SO, 2,2 %), Delémont (JU, 3 %), Satigny (GE, 3 %) et Suhr (AG, 2 %). Pour le BWYV, un taux moyen de 6 % a été détecté pour l’ensemble des parcelles avec un minimum de 2,6 % pour la parcelle de Goumoëns (VD) et un maximum de 13,2 % pour la parcelle de Andelfingen (ZH). Dans 14 % des cas d’infection par CaMV, une double infection par le BWYV a été observée (12 échantillons sur 85). Au printemps 2011, trois parcelles présentant un taux de CaMV supérieur à 2 % à l’automne précédent ont été ré-échantillonnées, les résultats montrent que les taux sont restés stables (tabl. 3). Echantillonnage des espèces de pucerons Sur les dix plantes de colza échantillonnées, trois espèces ont été identifiées. Il s’agit en majorité de Myzus persicae, avec 36 larves, 1 adulte aptère et 4 ailés. Deux
autres espèces étaient présentes: Brevicoryne brassicae, avec 1 individu mâle, et Lipaphis erysimi (Kaltenbach), avec 1 adulte aptère.
Discussion L’étude visait essentiellement à évaluer la répartition et l’incidence des viroses du colza en Suisse, à la suite de la publication de plusieurs études alarmantes notamment sur la situation en France. En Suisse, les viroses dites «de type grave» (TuMV, CaMV) ont été détectées dans la plupart des parcelles de colza. Cependant, les faibles taux détectés sont rassurants. Aucune différence liée au mode de culture extenso ou non extenso n’a été mise en évidence. Les taux de viroses détectés au printemps reflètent les taux obtenus à l’automne, confirmant que la transmission des virus s’effectue principalement à l’automne lorsque le puceron vert du pêcher migre vers son hôte primaire pour pondre. Avec un taux général inférieur à 1 % à l’automne, le propagation du TuMV, CaMV
Recherche Agronomique Suisse 2 (9): 388–395, 2011
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Production végétale | Les viroses du colza en Suisse
Tableau 3 | Résultats de la prospection menée au printemps 2011 sur 3 parcelles de colza sélectionnées pour les virus TuMV (turnip mosaic virus, virus de la mosaïque du navet), CaMV (cauliflower mosaic virus , virus de la mosaïque du chou-fleur), TYMV (turnip yellow mosaic virus , virus de la mosaïque jaune du navet) et BWYV ( beet western yellows virus , virus de la jaunisse occidentale de la betterave)
Canton Commune
Parcelle
ha
Date de semis
Prélèvement
Stade VIRUS Variété héno % de plantes infectées (N = 500) p
responsable BBCH TuMV
Altitude
date
4,8 31/8/2010
426
13/4/2011
ACW
65
Enrobage
Extenso
oui/non et produit
oui/non
CaMV
TYMV
BWYV
0
1
NA**
NA
Visby
Modesto + TMTD
non
GE
Satigny
JU
Delémont
~1
6/9/2010
460
13/4/2011
ACW
63
0,4
0,4
NA
NA
Visby
Modesto + TMTD
non
SO
Bellach
3
26/8/2010
428
13/4/2011
ACW
61
0
2,4
NA
NA
V140OL
NT
non
*NT: donnée non transmise; **NA: non analysé.
et TYMV reste limitée. Ceci est certainement dû au fait que ces virus ne persistent que quelques temps (3h à 3 jours) sur les vecteurs. Le BWYV, qui est lui transmis de manière persistante, se propage de façon beaucoup plus importante, atteignant dans la majorité des cas plus de 80 % de la culture. Ce virus pouvant infecter plus de 150 espèces végétales, il est évidemment utopique d’éviter la contamination des cultures sensibles sans traitement. Il est difficile de déterminer précisément pourquoi une telle discrépance est observée entre la situation en Suisse et celle en France par exemple. On peut citer comme facteurs déterminants (i) la faible intensité de traitement pour lutter contre les pucerons en Suisse. Contrairement à nos voisins français, aucun traitement n’est appliqué en Suisse contre les pucerons à l’automne et de plus actuellement il n’y a pas de résistances connues des pucerons aux insecticides et aphicides dans les cultures de colza en Suisse. (ii) L’enrobage des semences avec des néonicotinoïdes agit sur les altises du colza, et également indirectement sur les pucerons vecteurs des virus TuMV et CaMV à l’automne. (iii) Le renouvellement annuel des semences joue certainement un rôle notamment dans la propagation du TYMV (dont la transmission par les graines a été prouvée).
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Recherche Agronomique Suisse 2 (9): 388–395, 2011
Conclusions De manière générale, cette étude démontre l’absence virtuelle de viroses graves dans les cultures de colza. Les techniques culturales utilisées semblent être tout à fait adéquates pour contenir la propagation des virus pouvant nuire au rendement. n
Remerciements Les groupes de virologie et d’entomologie de la station ACW remercient vivement les stations phytosanitaires cantonales, AgriGenève et les producteurs de colza qui ont contribué à la réalisation de cette étude.
Le malattie virali della colza in Svizzera In Svizzera la colza è coltivata essenzialmente sull’Altipiano da Ginevra fino in Turgovia e, con i suoi 15 000 ha coltivati, è una delle colture principali nella rotazione colturale nella maggioranza delle aziende svizzere. La maggior parte delle superficie è coltivata a colza autunnale, seminata a fine agosto. Diversi paesi limitrofi, in particolare Francia e Germania, hanno rilevato la presenza di virus che provocano delle virosi cosiddette gravi nelle loro colture. Nella primavera e nel autunno 2010 il gruppo di entomologia e virologia della stazione di ricerca Agroscope Changins-Wädenswil ACW ha realizzato un’indagine per conoscere la situazione relativa a queste virosi nelle colture di colza svizzere. Questo studio riguarda 11 parcelle distribuite sull’Altipiano svizzero. I risultati dimostrano che, nonostante la quasi onnipresenza sulle parcelle delle virosi, dette gravi, i tassi d’infezione rilevati rimangono molto bassi.
Summary
Riassunto
Les viroses du colza en Suisse | Production végétale
Viral diseases of oilseed rape in Switzerland In Switzerland, the rape is grown mainly on the Plateau, from Geneva to Thurgovie. With 15 000 ha cultivated, it is one of the predominant crops in our rotation-culture system. The majority is cultivated as autumn rape, sown at the end of August. In some of our neighboring countries, such as Germany and France, viruses responsible for virosis having a high economic impact on this crop have been detected in many rape plots. To investigate on the situation in Switzerland, a survey was realized in spring and autumn 2010 by the virology and entomology groups of the Research Station Agroscope Changins-Wädenswil ACW. This study involves 11 plots dispersed on the Swiss Plateau. The results demonstrated that despite the quasi omnipresence of these «high economic impact» viruses, a really low level of infection was detected. Key words: Brassica napus, virus, aphids flea beetles, ELISA, distribution.
Bibliographie ▪▪ Anonyme, 2006 – 2007. Rencontres Techniques Régionales. Colza: Pucerons verts du pêcher et résistance aux pyréthrinoïdes. CETIOM. Accès: http://www.cetiom.fr/fileadmin/cetiom/regions/Est/2007/RTR2006/Pucerons-automne-document_v1.pdf ▪▪ Bayer CropScience, 2009. Viroses colza 2008–2009. Accès:http://www.google.ch/url?q=http://www.afpp.net/apps/accesbase/bindocload.asp%3Fd%3D5252%26t%3D0%26identobj%3D6yggUBz5 %26uid%3D57305290%26sid%3D57305290%26idk%3D1&sa=U&ei=P BRKTqCgK471sgbZ8ImrBw&ved=0CA4QFjAA&usg=AFQjCNFz_Pk9zulqbHUcsItckq1aJe__Pg ▪▪ Gloria C., 2008. Colza/les virus avancent masqués. Réussir grandes Cultures 218, 50. ▪▪ Radtke W. & Rieckmann W., 1991. Maladies et ravageurs de la pomme de terre (Th. Mann éd.). Gelsenkirchen-Buer, 86–91. ▪▪ Lampel G. & Meier W., 2007. Hemiptera : Sternorrhyncha-Aphidina, Vol 2: Aphidinae. Fauna Helvetica 16. Centre suisse de cartographie de la faune (CSCF), Neuchâtel, 377–379. ▪▪ Volker H. P., 1988. Krankheiten und Schädlinge des Rapses (Th. Mann éd.). Gelsenkirchen-Buer, 64–65 et 86–87.
Recherche Agronomique Suisse 2 (9): 388–395, 2011
395
P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Lotier et esparcette: résultats des essais de variétés 2008 à 2010 Rainer Frick et Eric Mosimann, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon Daniel Suter et Hansueli Hirschi, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich Renseignements: Rainer Frick, e-mail: rainer.frick@acw.admin.ch, tél. +41 22 363 46 87
Figure 1 | Esparcette au stade pleine floraison à la mi-mai à Changins. Cette légumineuse apprécie les situations bien ensoleillées et se prête à une utilisation plutôt extensive.
Introduction Les espèces de légumineuses les plus couramment utilisées dans les mélanges standard sont les trèfles violet, blanc, d’Alexandrie et de Perse, ainsi que la luzerne. Associées aux graminées appropriées, elles fournissent des quantités importantes de fourrage d’une très bonne valeur nutritive. Depuis près de 20 ans, l’esparcette (Onobrychis viciifolia Scop.) et le lotier corniculé (Lotus corniculatus L.) figurent également sur la Liste des variétés recommandées de plantes fourragères (Frick et al. 2010). Ces deux légumineuses conviennent pour une exploitation extensive et contribuent à diversifier la composition des prairies semées. L’assortiment modeste de variétés commercialisées justifie que les épreuves variétales soient réalisées à intervalles de 6 à 9 ans pour ces deux espèces.
396
Recherche Agronomique Suisse 2 (9): 396–401, 2011
Esparcette: un enracinement profond en conditions ensoleillées Autrefois abondante dans les prairies sèches, l’esparcette se rencontre sur des sols superficiels, filtrants et calcaires. Cette légumineuse rustique affectionne les expositions bien ensoleillées. En revanche, les longues périodes d’enneigement ne lui conviennent pas. Ses racines peuvent atteindre des profondeurs supérieures à 1,5 m. Relativement lente à s’installer après le semis, elle a une longévité de 3 à 6 ans selon les conditions de culture. L’esparcette exige une exploitation plutôt extensive, avec un maximum de trois coupes par année. Etant donné que la plupart de ses feuilles se forment sur les tiges fertiles, elle supporte très mal une première utilisation précoce au printemps. Sa production en matière sèche est inférieure à celle du trèfle violet ou de la luzerne, en particulier lors d’une fertilisation abondante. L’esparcette a cependant une bonne valeur nutritive et présente une certaine souplesse d’utilisation. Sa teneur élevée en tanins (Häring et al. 2007) la classe dans les plantes fourragères à vertus thérapeutiques (on l’appelle aussi «sainfoin»). Ces métabolites secondaires jouent un rôle important dans la lutte contre les nématodes gastro-intestinaux du bétail et limitent le risque du développement de résistance contre les anthelminthiques (Heckendorn et al. 2006). De plus, les tanins de l’esparcette présentent l’avantage de ralentir la dégradation des protéines dans la panse des ruminants (Barry et McNabb 1999). Enfin, les fleurs mellifères de l’esparcette exercent une très forte attirance sur les abeilles. On distingue deux formes d’esparcette cultivées sur le Plateau et dans le Jura: L’esparcette commune ne fleurit qu’une fois par année. Les écotypes indigènes de cette forme d’esparcette conviennent aux mélanges de fleurs destinés à la création de prairies extensives (Mst Salvia, Montagna et Broma). L’esparcette commune est très persistante, mais elle est moins concurrentielle en mélange que l’esparcette remontante. L’esparcette remontante se développe rapidement, fleurit l’année du semis déjà et, l’année suivante, pro-
duit de nouvelles fleurs après la première coupe. Les variétés inscrites sur la liste recommandée se prêtent à l’établissement de prairies temporaires peu intensives fauchées au maximum trois fois par année. Elles ne conviennent pas pour le semis des prairies extensives fleuries. Lotier corniculé: persistant et peu exigeant Le lotier corniculé est une légumineuse particulièrement peu exigeante. Doté de racines profondes, il supporte bien la sécheresse et se plaît sur presque tous les types de sols, pour autant qu’il n’y ait pas d’eau stagnante. Il tolère une gamme de pH comparable à celle du trèfle violet. Dans les sols bien pourvus en éléments nutritifs, le lotier est facilement concurrencé par d’autres espèces à port plus élevé. En particulier lors d’un apport d’azote, il peut être totalement dominé par les graminées. De plus, il ne supporte pas des utilisations fréquentes en raison de la croissance des nouvelles tiges qui s’effectue à partir des bourgeons axillaires. Le lotier s’installe très lentement après le semis. Le choix des espèces qui l’accompagnent dans les mélanges et les doses de semis doivent prendre en compte cet inconvénient. Une fois bien en place, le lotier a une longévité remarquable, pouvant dépasser 20 années en conditions optimales. Il convient bien pour la production de foin et à la pâture. On l’utilise pour le semis de prairies temporaires de longue durée, dans les mélanges pour la fauche (Mst 450, 451 et 455) et pour la pâture (Mst 481; Mosimann et al. 2008).
Figure 2 | Le lotier corniculé est persistant et peu exigeant. Il se plaît dans les conditions sèches et convient à une exploitation miintensive en fauche et en pâture.
Résumé
Lotier et esparcette:résultats des essais de variétés 2008 à 2010 | Production végétale
De 2008 à 2010, les Stations de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et Changins-Wädenswil ACW ont examiné la valeur agronomique de trois variétés d‘esparcette et de cinq variétés de lotier corniculé. Les caractéristiques suivantes ont été évaluées: rendement en matière sèche, vitesse de levée, aspect général, force de concurrence, résistance aux maladies ainsi qu’aux conditions hivernales, aptitude à la culture en altitude et persistance. Le classement des variétés s’est effectué sur la base du calcul d’un indice global pondérant l’ensemble de ces critères. Pour l’esparcette, l’assortiment des variétés recommandées est désormais complété par la nouvelle obtention Perdix. Aucune des nouvelles variétés de lotier n’a atteint un indice justifiant une inscription sur la Liste des variétés recommandées de plantes fourragères. Pour chacune des deux espèces, les variétés anciennement recommandées sont maintenues à l’assortiment.
Matériel et méthodes De 2008 à 2010, les Stations de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et Changins-Wädenswil ACW ont examiné la valeur agronomique de trois variétés d‘esparcette et de cinq variétés de lotier corniculé. Les semis ont eu lieu au printemps 2008 dans 7 lieux et sont décrits dans le tableau 1. Les essais mis en place à Goumoëns et à La Frêtaz n’ont pu être que partiellement valorisés en raison de la forte présence de plantes adventices et de conditions climatiques peu favorables au moment de la levée. Chacune des variétés a été semée sur des parcelles de 9 m² en culture pure et en association avec une graminée: fromental pour l’esparcette et dactyle pour le lotier. Ces mélanges ont permis d’apprécier la force de concurrence et ont reçu un apport de 30 kg N par ha, sous forme de nitrate d’ammoniac, lors de la première pousse. Les cultures pures n’ont pas été fertilisées avec de l’azote. Elles ont fait l’objet de nombreuses observations, telles que la vitesse d’installation, l’aspect général, la résistance aux maladies foliaires ainsi qu’aux conditions hivernales et la persistance. Les notations ont été faites selon une échelle de 1 à 9, 1 étant la meilleure note et 9 la moins bonne. Les récoltes ont été pesées et les rendements annuels en matière sèche ont été convertis en notes de 1 à 9 suite au traitement statistique. A
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Production végétale | Lotier et esparcette:résultats des essais de variétés 2008 à 2010
Tableau 1 | Caractéristiques des essais variétaux d'esparcette et de lotier corniculé 2008 – 2010 Esparcette Lieu (canton)
Altitude (m)
Date de semis
Lotier corniculé
Nombre de répétitions Nombre de coupes pesées Nombre de répétitions Nombre de coupes pesées pur1
mélange2
2009
2010
pur3
mélange4
2009
2010
Changins (VD)
430
07.05.2008
3
1
3
3
3
1
3
3
Reckenholz (ZH)
440
08.05.2008
4
3
4
3
4
3
4
3
Oensingen (SO)
460
09.05.2008
4
3
4
3
4
3
4
3
Ellighausen (TG)
520
14.05.2008
4
3
4
3
4
3
4
–
Goumoëns (VD)
630
14.05.2008
3
3
4
4
3*
3*
–
–
La Frêtaz (VD)
1200
01.07.2008
4*
4*
–
–
4*
2*
–
–
Maran (GR)
1850
06.06.2009
–
–
–
–
2
–
–
1
Culture pure: Culture en mélange:
1 2
1800 g/are esparcette (variété témoin pour la densité de semis: «Perly»). 1200 g/are esparcette (variété témoin pour la densité de semis: «Perly»). + 100 g/are Fromental, variété «Arone».
Culture pure: 180 g/are lotier (variété témoin pour la densité de semis: «Lotar»). Culture en mélange: 120 g/are lotier (variété témoin pour la densité de semis: «Lotar») + 100 g/are dactyle, variété «Accord». *Semis non réussi.
3 4
Changins, l’indice de précocité a été déterminé au printemps, en deuxième et troisième année. Pour le classement des variétés, toutes les notations ont été prises en compte sous la forme d’un indice global. Certaines caractéristiques ont un poids plus important dans cette évaluation finale. Ainsi, pour les deux espèces examinées, les notes d’aspect général et de persistance comptent double par rapport aux autres caractéristiques. Une nouvelle variété est recommandée si sa valeur d’indice global est de 0,2 points en dessous (valeur inférieure = meilleure) à la moyenne des variétés témoins anciennement inscrites à la liste des variétés recommandées. Une ancienne variété est éliminée si son indice global est de 0,2 points supérieur (valeur supérieure = résultat moins bon) à la moyenne des témoins. De plus, une variété est écartée si sa note pour l’une des caractéristiques s’écarte négativement de 1,5 points ou plus de la moyenne.
Résultats Esparcette Seules trois variétés ont été examinées: Perly et Višňovský, déjà recommandées depuis 1992 et 1999, ainsi que la nouvelle obtention Perdix (OV 0505) sélectionnée par ART (tabl. 2). Les deux anciennes variétés ont confirmé les résultats obtenus lors de la précédente série de tests en 1996 – 1998 (Mosimann et al. 1999). A nouveau, Višňovský s’est révélée supérieure à Perly pour les critères de rendement, d’aspect général, de force de concurrence et de levée (tabl. 3). En revanche, Perly s’est
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montrée moins sensible aux conditions hivernales et plus résistante aux maladies foliaires. De plus, Višňovský était plus sensible à la verse, bien que cette caractéristique n’ait pas été prise en compte dans le classement final. La nouvelle variété Perdix a atteint un indice global supérieur de 0,1 point à la moyenne des deux variétés de référence. Pour la plupart des critères, elle a obtenu des résultats comparables à ceux de Perly. Ils étaient légèrement meilleurs pour le rendement, la force de concurrence et la levée, conduisant à un indice global un peu plus faible. Perdix s’est révélée plus résistante aux conditions hivernales et aux maladies, mais n’a pas atteint un aussi bon indice que Višňovský. Bien que ce résultat soit insuffisant pour une recommandation, Perdix est nou-
Tableau 2 | Essais variétaux d'esparcette : provenance, indice de précocité et classement des variétés testées Indice de Classement2 précocité1
N°
Variété
Requérant, pays
1
Višňovský
Agrogen, CZ
53a
1
2
Perly
DSP/ART, CH
52a
1
3
Perdix (OV 0505)*
DSP/ART, CH
52a
1 (nouveau)
Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées. *Variété à haute teneur en tanin. 1 Indice de précocité: période à laquelle débute la floraison. Le premier chiffre indique le mois, le second la décade, et la lettre la partie de la décade (a = début; b = fin). 2 Classement (sur la base des résultats des essais): 1 = variété recommandée en Suisse.
Lotier et esparcette:résultats des essais de variétés 2008 à 2010 | Production végétale
Figure 3 | Essai variétal d’esparcette à Changins: à droite et au centre, les deux anciennes variétés Perly et Viš ňovský, à gauche la nouvelle variété Perdix.
vellement inscrite à la liste des variétés recommandées pour deux raisons. La première résulte d’une teneur en tanin plus élevée que celle des variétés témoin. L’intérêt à disposer de plantes fourragères riches en tanin pour le traitement des parasites et l’alimentation des ruminants est croissant, en particulier pour les exploitations bio. Un deuxième argument justifiant l’inscription de Perdix provient d’une volonté d‘élargir l’assortiment variétal. La non disponibilité de semences d’esparcette sur le marché est un risque qui ne mérite pas d’être pris. Idéalement, il faudrait porter à quatre le nombre de variétés recommandées. Ces mêmes raisons expliquent aussi le maintien de Perly comme variété recommandée.
Lotier corniculé Cinq variétés de lotier ont été testées (tabl. 4), dont trois nouvelles: Marianne, LC 0605 et Pardee. A nouveau, les variétés recommandées depuis 1999, Lotar et Polom, ont confirmé les résultats des essais précédents (Mosimann et al. 1999). Elles se sont révélées particulièrement intéressantes par leur aspect général, leur persistance, leur rendement et leur adaptation pour la culture en altitude (tabl. 5). Comparée à Polom, Lotar a fourni des rendement plus élevés et a été supérieure par l’aspect général, la force de concurrence et la persistance. Les deux variétés ont obtenu des résultats comparables pour l’aptitude à la culture en altitude et
Tableau 3 | Résultats des essais variétaux d'esparcette 2008 – 2010 Tolérance/résistance: Force de Persistance* concurrence Conditions hivernales Maladies foliaires
N°
Variété
Rendement1
Aspect général *
Installation
1
Višňovský
4,7
3,8
2,3
3,7
5,5
6,4
4,2
4,44
2
Perly
5,4
4,6
3,3
5,2
6,2
5,3
2,5
4,80
Moyenne des témoins
5,1
4,2
2,8
4,4
5,9
5,8
3,3
4,62
3
5,2
4,7
2,8
5,0
6,2
5,3
2,3
4,72
Perdix (OV 0505)
Indice
Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées (témoins). *Caractéristiques comptant double dans le calcul de l'indice. Notes: 1 = très élevé, très bon; 5 = moyen; 9 = très faible, très mauvais. 1 Notes de rendement des 5 lieux avec 3 à 4 coupes pesées en 2009 et 2010.
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Production végétale | Lotier et esparcette:résultats des essais de variétés 2008 à 2010
Tableau 4 | Essais variétaux de lotier corniculé: provenance, indice de précocité et classement des variétés testées Classement2
N°
Variété
Requérant, pays
Indice de précocité1
1
Lotar
Oseva, CZ
53b
1
2
Polom
SCPV VURV, SK
53b
1
3
Marianne
HBLFA, AT
53a
4
4
LC 0605
DSP/ART, CH
53b
4
5
Pardee
Allied Seed LLC, US
53b
4
Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées. 1 Indice de précocité: période à laquelle débute la floraison. Le premier chiffre indique le mois, le second la décade et la lettre la partie de la décade (a = début; b = fin).
Figure 4 | Les variétés de lotier examinées à Changins se sont très bien comportées en association avec le dactyle.
Classement (sur la base des résultats des essais): 1 = variété recommandée en Suisse 4 = variété ne convenant pas à la culture en Suisse 2
pour la résistance aux conditions hivernales. Leurs indices globaux sont comparables. Les trois nouvelles obtentions n’ont malheureusement pas été convaincantes, puisque leur valeur d’indice global est supérieure à 5,3, dépassant largement la moyenne des témoins qui était de 4,2. Leur notes étaient généralement beaucoup moins bonnes que celles des deux anciennes variétés, à l’exception de l’aptitude à la culture en altitude pour laquelle LC 0605 et Pardee étaient meilleures. En conséquence, aucune nouvelle obtention de lotier corniculé n’a été inscrite dans la Liste des variétés recommandées de plantes fourragères.
Conclusions En considérant le faible nombre de nouvelles variétés d’esparcette et de lotier, il apparaît clairement que la sélection d’espèces dites secondaires n’est pas une priorité dans les programmes de sélection internationaux. Cela est regrettable, puisque l’assortiment reste peu varié et que les nouvelles obtentions peinent à dépasser les performances des anciennes variétés. n
Tableau 5 | Résultats des essais variétaux de lotier corniculé 2008 – 2010 Tolérances:
N°
Variété
Rendement1
Aspect général*
Installation
Force de concurrence
Persistance*
1
Lotar
2,8
3,6
4,2
4,9
2
Polom
Altitude
4,4
4,5
5,1
Indice
4,16
3,4
3,8
2,3
5,2
4,7
4,4
5,1
4,17
Moyenne des témoins
3,1
3,7
3,3
5,1
4,5
4,5
5,1
4,17
3
Marianne
5,5
5,0
3,1
6,4
5,9
6,1
5,2
5,36
4
LC 0605
7,4
5,3
3,7
5,7
6,3
5,7
4,7
5,61
5
Pardee
6,2
5,8
3,2
7,1
6,7
6,3
4,8
5,84
Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées (témoins). *Caractéristiques comptant double dans le calcul de l'indice. Notes: 1 = très élevé, très bon; 5 = moyen; 9 = très faible, très mauvais. 1 Notes de rendement des 4 lieux avec 3 à 4 coupes pesées en 2009 et avec 1 à 3 coupes pesées en 2010.
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Hivernation
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Risultati delle prove varietali di Ginestrino comune e Lupinella (2008 – 2010) Le Stazioni di ricerca Agroscope Reckenholz-Tänikon ART e ChanginsWädenswil ACW dal 2008 al 2010 hanno realizzato una prova varietale con tre varietà di Lupinella e cinque varietà di Ginestrino comune con lo scopo di esaminare la loro attitudine alla coltivazione. Sono stati considerati i seguenti parametri: resa in sostanza secca, vigore giovanile, qualità del popolamento, competitività, persistenza, resistenza alle malattie, svernamento e idoneità alla coltivazione in zona montana. Per valutare e comparare le varietà, abbiamo calcolato per ogni varietà un indice derivato dalla media di tutti parametri analizzati. Per quanto concerne la Lupinella abbiamo aggiunto una nuova costituzione (Perdix) alla lista delle varietà consigliate. Purtroppo per il Ginestrino comune, nessuna varietà esaminata ha raggiunto un indice sufficiente da giustificare un’aggiunta alla lista citata. Per ambo le specie nessuna varietà già presente sulla lista è stata radiata.
Bibliographie ▪▪ Barry T. N. & McNabb W. C., 1999. The implications of condensed tannins on the nutritive value of temperate forages fed to ruminants. British Journal of Nutrition 81, 263–272. ▪▪ Frick R., Bertossa M., Suter D. & Hirschi H. U. 2010. Liste 2011 – 2012 des variétés recommandées de plantes fourragères. Recherche Agronomique Suisse 1 (10), 1–16. ▪▪ Häring D. A., Suter D., Amrhein N. & Lüscher A., 2007. Biomass allocation is an important determinant of the tannin concentration in growing plants. Annals of Botany 99, 111–120.
Summary
Riassunto
Lotier et esparcette:résultats des essais de variétés 2008 à 2010 | Production végétale
Sainfoin and birdsfoot trefoil variety trials (2008 – 2010) From 2008 through 2010, Agroscope Reckenholz-Tänikon ART and Agroscope Changins-Wädenswil ACW research stations tested three varieties of sainfoin and five varieties of birdsfoot trefoil. The parameters assessed were forage yield, juvenile development, vigour, competitive ability, persistence, resistance to leaf diseases and winter conditions and the ability for cultivation at higher altitudes. For each variety, an index-value based on measurements and observations of yield was calculated, allowing an accurate comparison of the varieties. According to the results, one new variety of sainfoin (Perdix) will be added to the «List of recommended Varieties of Forage Plants». With birdsfoot trefoil, none of the new breeds tested reached the index-value required for recommendation. For both kind of leguminous, all the previously recommended varieties will be maintained on the «List of recommended Varieties». Key words: Onobrychis viciifolia Scop., Lotus corniculatus L., variety test, list of recommended varieties.
▪▪ Heckendorn F., Häring D. A., Maurer V., Zinsstag J., Langhans W. & Hetzberg H., 2006. Effect of sainfoin (Onobrychis viciifolia) silage and hay on established populations of Haemonchus contortus and Cooperia curticei in lambs. Veterinary Parasitology 142, 293–300. ▪▪ Mosimann E. & Lehmann J., 1999. Variétés d’espèces fourragères d’importance secondaire. Revue suisse Agric. 31 (2), 95–98. ▪▪ Mosimann E., Frick R., Suter D. et Rosenberg, E., 2008. Mélanges standard pour la production fourragère: Révision 2009 – 2012. Revue suisse Agric. 40 (5), 1–12.
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P r o d u c t i o n
a n i m a l e
Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain
Garde à l’étable vs garde au pâturage – alimentation, performances et efficience Pius Hofstetter1, Hansjörg Frey2, Remo Petermann1, Walter Gut 2, Lukas Herzog2 et Peter Kunz3 Centre de formation professionnelle Nature et alimentation BBZN, 6170 Schüpfheim 2 Centre de formation professionnelle Nature et alimentation BBZN, 6276 Hohenrain 3 Haute école suisse d’agronomie HESA, 3052 Zollikofen Renseignements: Pius Hofstetter, e-mail: pius.hofstetter@edulu.ch, tél. +41 41 485 88 27
1
Le troupeau gardé à l’étable était composé de vaches Holstein- Friesian et Brown Swiss. La ration mélangée partielle était calée à 27 kg de lait. L’ingestion d’énergie se faisait principalement par l’ensilage d’herbe avec 40,5 %, l’ensilage de maïs avec 32,2 % et les concentrés avec 19,6 % de l’ingestion totale.
Le troupeau gardé au pâturage était composé de vaches de race Brown Swiss et Swiss Fleckvieh. Ces vaches ingéraient leur énergie principalement avec l’herbe pâturée (62,7 %) et le foin séché en grange (25,4 %). La part d’énergie amenée par les concentrés ne r eprésentait que 7,0 % de l’ingestion totale.
I n t r o d u c t i o n1
règle générale, des vêlages saisonniers au printemps et une réduction conséquente de l’utilisation des concentrés, ainsi que des coûts des machines et des structures. Les deux stratégies ont été mises en place et analysées au début des années 2000 sur des exploitations pionnières (Blättler et al. 2004). Les recherches en Suisse sur le système de pâture intégrale ont été intensives ces dernières années (Steiger Burgos et al. 2007; rapport final du projet «Quelle vache pour la pâture?» 2010; Schori et Münger 2010; Hofstetter et al. 2011). Mais à notre connaissance, les deux systèmes n’avaient encore jamais été comparés sur une même exploitation en Europe et de manière si complète. Le but du projet était de pratiquer côte à côte et simultanément sur la même exploitation les systèmes GE et GP dans les mêmes conditions et avec une surface fourragère identique, afin de comparer les deux systèmes sur différents niveaux: production fourragère,
Pour assurer leur existence sur le marché du lait, les producteurs suisses sont contraints de réduire leurs coûts et de devenir plus efficients. Dans ce projet, deux systèmes de production largement répandus dans le monde ont été comparés. Le premier système, la garde à l’étable (GE) mise sur une production laitière par vache supérieure à la moyenne, avec, en règle générale, une ration totale ou partielle mélangée et couvrant les besoins alimentaires, et l’emploi de technologies modernes. Le second système, la garde au pâturage (GP), vise une production laitière élevée par hectare de pâture avec, en Nous remercions pour leur soutien financier les Producteurs suisses de lait PSL, les Producteurs de lait de Suisse centrale ZMP, le Service pour l’agriculture et la forêt lawa du canton de Lucerne et l’Association pour le développement de la culture fourragère ADCF. Traduction française de Martine Steiger Burgos, Verger L`Ecuyer 2, 2068 Hauterive NE.
1
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Recherche Agronomique Suisse 2 (9): 402–411, 2011
garde des animaux, qualité et saisonnalité du lait, écologie et bien-être animal, aspects sociaux, productivité du travail et économie. L’efficience et la productivité des deux systèmes ont été optimisées, tout en restant dans le cadre légal, afin de générer un revenu du travail maximal sur une surface donnée. Les performances laitières visées étaient de 8500 kg de moyenne pour le troupeau GE et de 6300 kg de moyenne pour le troupeau GP. Tous les aliments et fourrages ont été produits sur la surface attribuée au projet, excepté les concentrés protéiques qui ont été achetés.
Animaux, matériel et méthodes Conditions expérimentales Le projet s’est déroulé de 2008 à 2010 sur l’exploitation du centre de formation professionnelle Nature et alimentation BBZN à Hohenrain (LU). L’exploitation mixte au parcellaire complètement regroupé se trouve dans une région herbagère privilégiée à 620 m d’altitude. De 2008 à 2010, elle a reçu en moyenne 1171 mm (± 131) de précipitations annuelles. La température moyenne annuelle se montait à 9,4 °C (± 0,5). Les deux troupeaux de vaches laitières avaient chacun une surface agricole utile (SAU) à disposition de taille similaire: en moyenne 15,8 ha pour les vaches GE et
Tableau 1 | Surfaces disponibles en ha pour la production du f ourrage de base et des aliments correcteurs énergétiques et p rotéiques [moyenne et écart-type (ET)] de 2008 à 2010 Moyennes 2008 – 2010 (ha)
GE Moyenne
GP (±SD)
Moyenne (±SD)
Surface agricole utile (SAU)
15,80
(0,37)
15,70
(0,70)
Surface fourragère principale (SFP)
11,50
(0,56)
14,60
(0,58)
Prairies pour la pâture et la fauche
0,93
(0,40)
13,69
(0,58)
Ensilage d’herbe
6,77
(0,10)
Ensilage de maïs
2,89
(0,23)
Surfaces écologiques
0,91
(0,00)
0,91
(0,00)
Blé fourrager1
0,76
(0,19)
0,50
(0,11)
0,64
(0,15)
0,41
(0,16)
1,71
(0,60)
0,11
(0,18)
1,20
(0,33)
0,05
(0,09)
1
Maïs grains
1
Tourteau d’extraction de soja Gluten de maïs
3,4
2,4
L’ensilage de maïs, le blé fourrager et l’ensilage de maïs grains ont été en grande partie achetés la première année. 2Le calcul de l’équivalent en surface du tourteau de pression de soja a été réalisé en passant par le tourteau d’extraction de soja, en considérant une allocation de 67 % et un rendement de 35,4 kg MF/ha de tourteau d’extraction. 3En considérant une allocation de 6,4 % et un rendement de 71,6 kg MF/ha de grains de maïs. 4Pour le troupeau GP seulement 2008. 1
Résumé
Garde à l’étable vs garde au pâturage – a limentation, performances et efficience | Production animale
Le but du projet «Comparaison de deux systèmes de production laitière à Hohenrain» était de comparer, sur une même exploitation laitière, deux stratégies de production: la garde à l’étable (GE) et la garde au pâturage (GP). Cette comparaison a eu lieu de 2008 à 2010. Les conditions et la surface fourragère étaient les mêmes dans les deux systèmes. Le système GE disposait de 15,8 ha SAU (42,9 % d’ensilage d’herbe, 18,3 % d’ensilage de maïs, 8,9 % de céréales, 18,4 % d’aliments protéiques, 5,8 % de pâtures, 5,8 % de surfaces écologiques). Douze vaches Holstein-Friesian et douze vaches Brown Swiss gardées en stabulation libre étaient alimentées avec une ration mélangée partielle composée d’ensilage de maïs, d’ensilage d’herbe et de correcteur azoté. Le concentré équilibré était distribué individuellement à la station automatique (DAC). Les vaches GE ont produit 9607 kg ECM/lactation avec 1094 kg MF de concentrés, et 675,4 kg de matières grasses et de protéines par lactation standard. Le système GP disposait de 15,7 ha SAU (87,2 % de prairies pour la pâture et la fauche, 5,8 % de céréales, 1,0 % d’aliments protéiques, 5,8 % de surfaces écologiques). Quatorze vaches Swiss Fleckvieh et quatorze vaches Brown Swiss étaient gardées en stabulation libre en début de lactation de janvier à mars, puis au pâturage sur gazon court sur quatre parcelles pendant la période de végétation. Le foin de ces parcelles était fauché en été, séché en grange, puis distribué à volonté dans la stabulation pendant la phase de démarrage. Les vaches GP ont produit 5681 kg ECM/lactation avec 285 kg MF de concentrés et 434,9 kg de matières grasses et de protéines par lactation standard. Les périodes de service (GE: 121,3 vs GP: 85,0 jours post partum, P < 0,01) et les durées intervêlage étaient plus courtes chez les vaches GP. Le troupeau GE a produit 12717 kg ECM/ha SAU/année, et le troupeau GP 10307 kg ECM/ha SAU/année. Le troupeau GE a atteint une productivité et une efficience supérieures au troupeau GP grâce à une densité énergétique plus élevée dans la ration du fourrage et un apport en nutriments plus important après le vêlage.
15,7 ha pour les vaches GP (tabl. 1). La fumure des parcelles a été faite à l’aide de la méthode Suisse-Bilan (2008). En moyenne sur les trois ans, la surface des vaches GE a reçu 176,6 kg N (± 9,5), et celle des vaches GP 166,1 kg N par ha (± 2,2) sous forme d’engrais de ferme et d’engrais minéraux.
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403
Production animale | Garde à l’étable vs garde au pâturage – a limentation, performances et efficience
Tableau 2 | Composition chimique et valeur nutritive du fourrage de base et des concentrés [moyenne et écart-type (ET)] distribués aux troupeaux GE et GP de 2008 à 2010 MS1 % n
M7
(±ET)
MA 2
NDF3
ADF4
NEL5 (Dairy One) MJ NEL/kg MS
g/kg MS
g/kg MS
g/kg MS
M
M
M
(±ET)
(±ET)
PAIE6
PAIN6
g/kg MS
g/kg MS
(±ET)
M
(±ET)
M
M
(±ET)
(±ET)
GE
3 ans
Ensilage d’herbe
48
44,9
(8,2) 164,6 (29,2) 447,8 (47,1) 306,7 (24,5)
6,1
(0,4)
77,3
(6,8) 103,4 (18,2)
GE
3 ans
Ensilage de maïs
3
36,9
(2,0)
84,7
(5,0) 363,3 (31,4) 215,0 (20,7)
7,3
(0,2)
66,0
(1,0)
GP
3 ans
Herbe pâturée
51
15,9
(2,7)
260,4 (27,0) 378,5 (41,1) 241,6 (25,6)
6,3
(0,4)
118,2 (5,5) 174,6 (17,6)
GP
3 ans
Foin
5
87,3
(1,6)
161,1 (28,8) 426,5 (52,3) 290,5 (24,5)
6,1
(0,4)
92,6
(4,2) 103,3 (18,7)
GE/GP 2008–09
CP8
1
89,0
584,3
92,0
48,0
7,8
374,2
460,7
GE
2010
CP 9
1
89,0
696,6
110,0
68,0
8,5
514,6
576,4
GP
2008–10
CE10
1
89,0
116,9
99,0
38,0
8,1
107,9
85,4
GE
2008–10
VL11
1
89,0
197,8
143,0
57,0
8,5
137,1
144,9
52,7
(3,1)
1 MS: matière sèche. 2MA: matière azotée. 3NDF: neutral detergent fibre. 4ADF: acid detergent fibre. 5NEL: énergie nette pour la lactation. 6PAIE: protéines absorbables dans l’intestin synthétisées à partir de l’énergie et PAIN: protéines absorbables dans l’intestin synthétisées à partir de la MA; calculé d’après le Livre Vert (2006). 7M: moyenne. 8Concentré protéique; composition: 47,5 % tourteau de pression de soja, 47,5 % gluten de maïs, 3,5 % phosphate monocalcique et 1,5 % carbonate de calcium, et sel pour bétail et minéraux. 9Concentré protéique ; gluten de maïs. 10 Concentré énergétique ; composition moyenne: 48,7 % grains de maïs, 48,7 % blé fourrager, 2 % mélasse de betteraves sucrières, 0,3 % phosphate monocalcique, 0,3 % carbonate de calcium. 11Concentré vaches laitières équilibré ; composition moyenne: 35,8 % blé fourrager et grains de maïs, 15,7 % tourteau de pression de soja, 7,7 % gluten de maïs 1,5 % mélasse, 1,8 % graisse cristalline, 0,7 % phosphate monocalcique et 1 % carbonate de calcium.
Animaux et troupeaux Pendant les trois années d’essai, le troupeau GE se composait en moyenne de 24,0 (± 0,8) vaches, âgées en moyenne de 61,4 (± 31,0) mois, avec un nombre moyen de lactation de 3,0 (± 2,2) et un poids vif de 698,3 (± 86,2) kg. Ce troupeau était composé en moyenne de 12,6 (± 0,2) vaches de race Brown Swiss (BS) et de 11,3 (± 0,8) vaches de race Holstein suisses (HF). La valeur d’élevage globale (VEG) moyenne pour les BS était de 107,5 (± 6,2) et l’index génétique de synthèse (ISEL) moyen des HF était de 1032,9 (± 59,2). Les vêlages des vaches GE étaient répartis sur toute l’année avec une fréquence plus élevée en juin et en août. Pendant la période de végétation, ces vaches avaient accès à un pâturage pendant 3 heures par jour. Le troupeau GP se composait en moyenne de 28,1 (± 0,5) vaches, âgées en moyenne de 52,1 (± 15,7) mois, avec un nombre de lactation de 2,5 (± 1,2) et un poids vif de 610,2 (± 69,6) kg. Ce troupeau était composé en moyenne de 13,9 (± 0,1) vaches BS et de 14,1 (± 0,6) vaches de race Swiss Fleckvieh (FV). La VEG moyenne de ces vaches BS était de 96,5 (± 6,0) et celle des vaches FV de 98,2 (± 6,7). Les vêlages des vaches GP avaient lieu de février à avril, suivis d’une période d’insémination du 20 avril au 20 juillet. Les deux troupeaux étaient gardés chacun séparément dans une stabulation libre à logettes.
404
Recherche Agronomique Suisse 2 (9): 402–411, 2011
Mesure du poids vif et estimation du Body Condition Score Les vaches ont été pesées toutes les 4 semaines après la traite du matin à 06h30. Toutes les 2 semaines, leur Body Condition Score (BCS) a été estimé d’après Edmonson et al. (1989) modifié d’après Metzner et al. (1993), sur une échelle de 1 à 5. Alimentation et analyses L’alimentation des vaches GE était composée toute l’année d’une ration mélangée partielle à base d’ensilage de maïs (EM) et d’ensilage d’herbe (EH), complétée par un correcteur azoté (CA). La ration était mélangée dans une mélangeuse à vis verticale et distribuée tous les jours en été et tous les 2 jours en hiver. A partir d’une production journalière de 27 kg de lait, les vaches GE recevaient individuellement un concentré pour vaches laitières équilibré (VL) distribué à une station automatique (DAC), d’après les calculs du plan d’affouragement CPM-Dairy (2006), basé sur les normes NRC (2001). Les vaches taries recevaient séparément, dans une stabulation entravée, du foin séché à l’air provenant des surfaces de compensation écologiques (foin écologique) et des restes de ration mélangée (refus). Les vaches GP recevaient à volonté en début de lactation (de janvier à mars) du foin séché en grange ainsi qu’une quantité limitée de concentrés distribuée à la
Garde à l’étable vs garde au pâturage – a limentation, performances et efficience | Production animale
Tableau 3 | Poids vif (PV) des vaches GE et GP à plusieurs périodes de la lactation [moyenne et erreur standard (ES)] de 2008 à 2010. Moyennes de 2008 à 2010
GE
GP
P-Value
n
Moyenne
(±ET)
n
Moyenne
(±ET)
39
759,1
(13,1)
60
698,7
(8,6)
**
PV avant le vêlage moins PV veau (kg)
39
712,6
(12,8)
60
654,1
(8,4)
**
PV pendant la période 281–308 d.pp (kg)
39
744,3
(10,7)
60
679,2
(9,2)
**
Variation (kg)
39
55,2
(5,9)
60
78,8
(4,2)
**
PV min. (kg)
39
657,4
(9,4)
60
575,4
(6,6)
**
Jour du PV min., d.pp
39
73,8
(8,3)
60
111,7
(6,2)
**
Perte de poids (%)
39
7,8
(0,7)
60
11,6
(0,6)
**
Perte de poids/jour jusqu’au PV min., (g/j)
39
1199,9
(192,9)
60
946,3
(117,7)
n. s.
PV avant le vêlage (kg)
1
2
3
4
Poids mesuré entre les jours 281 et 308 (d.pp: jours après le vêlage (pp: postpartum). 2Différence maximale entre PV avant le vêlage moins PV veau et PV min. 3Poids vif le plus bas. 4Différence entre le PV le plus haut et le PV le plus bas en %.
1
crèche, conformément au plan d’affouragement AGRIDEA pour vaches laitières (FUPLAN 2008). Jusqu’au début de la période de pâture intégrale, elles recevaient au maximum 4 kg de matière fraîche (MF, matière originale) de correcteur énergétique (CE) par jour. Ensuite, elles ont reçu au maximum 2 kg MF de CE par jour contenant en plus 4 % d’oxyde de magnésium. La gestion de la pâture sur le pâturage à gazon court, en rotation sur quatre parcelles, a été effectuée comme dans l'essai précédent («Quelle vache pour la pâture?» 2010). Ces parcelles servaient à la production de foin de manière échelonnée. A partir de mi-octobre, lorsqu’il n’y avait plus suffisamment d’herbe à pâturer, les vaches GP ont reçu en complément du foin séché en grange et, après le tarissement, du foin écologique et de la paille. Des échantillons représentatifs d’herbe ont été relevés toutes les deux semaines sur les surfaces pâturées. Plusieurs échantillons représentatifs ont également été pris diagonalement avec une sonde dans le tas de foin et de regain au début de l’hiver. La MS de tous les fourrages de base a été déterminée dans un four sur l’exploitation pendant 24h à 105 °C. Les échantillons destinés à être envoyés pour analyse ont été préséchés pendant 24h à 55 °C. Tous les fourrages et aliments ont été analysés au laboratoire de l’entreprise Dairy One, Ithaca, New York, à l’aide de la méthode NIRS basée sur l’analyse de van Soest (van Soest et al. 1991). Les quantités de protéines absorbables dans l’intestin (PAIE et PAIN) ont été calculées après analyse des nutriments bruts avec le programme de calculs d'Arrigo (Livre Vert 2006).
Surfaces nécessaires pour le fourrage de base et les concentrés et croissance de l’herbe Les quantités annuelles de fourrages calculées par le plan d’affouragement CPM-Dairy ont servi de base à la détermination des surfaces nécessaires aux cultures destinées à l’affouragement du troupeau GE. Les rendements moyens des cultures de 2003 à 2006 ont été retenus pour les calculs. Les surfaces herbagères nécessaires ont été déterminées à l’aide des données issues de la comparaison des types de vaches réalisée par la HESA (2005) à Burgrain (LU). Les équivalents en surface des correcteurs azotés (tourteau de pression de soja et gluten de maïs) ont été déterminés d’après Zimmermann (2006, 2009). Les ensilages de maïs et d’herbe ont été stockés sous forme de grandes balles rondes et rectangulaires. La courbe de croissance de l’herbe a été déterminée sur la base de quatre parcelles représentatives, selon la méthode de Corral et Fenlon (1978) modifiée d’après Mosimann (2001). Une moyenne a ensuite été calculée. Ingestion des troupeaux et bilan énergétique Après la récolte de chacune des cultures, la quantité de fourrage a été pesée. Les teneurs analysées des différentes cultures ont permis de déterminer les quantités d’énergie et de nutriments disponibles pour chaque troupeau. Les besoins en énergie et en nutriments des vaches et des troupeaux ont été calculés d’après la production laitière (divisée en différentes périodes) et le poids des vaches. On a considéré que les vaches des deux troupeaux avaient les mêmes besoins en énergie pour l’entretien (0,293 MJ NEL × kg PV0,75; ALP 2008).
Recherche Agronomique Suisse 2 (9): 402–411, 2011
405
Production animale | Garde à l’étable vs garde au pâturage – a limentation, performances et efficience
Tableau 4 | Performances laitières par lactations complètes et lactations standard: quantités de lait et teneurs [moyenne et écart-type (ET)] des vaches GE et GP de 2008 à 2010 GE
GP
2008 – 10
n
Moyenne
(±ET)
Lact. (jours)
67
328,1
(58,8)
Lait (kg)
67
9353,6
Lait (kg)
67
9607,4
n
Moyenne
(±ET)
P-Value
88
280,5
(39,4)
**
(2278,2)
88
5891,7
(1293,7)
**
(2304,2)
88
5681,1
(1233,3)
**
Lactations complètes
Lactations standard Lact. (jours)
62
301,0
(8,4)
67
293,6
(11,5)
**
Lact. (jours)
62
8900,4
(1583,2)
67
6073,8
(1078,4)
**
Matières grasses (%)
62
4,1
(0,3)
67
3,8
(0,4)
**
Matières grasses (%)
62
364,2
(68,9)
67
228,3
(42,6)
**
Protéines (%)
62
3,5
(0,2)
67
3,4
(0,2)
**
Protéines (kg)
62
311,2
(48,4)
67
206,6
(33,1)
**
Détermination de la quantité de lait et de ses teneurs Les quantités de lait et les teneurs ont été déterminées via les contrôles laitiers officiels des différentes fédérations d’élevage. En 2008 et 2009, 22 contrôles étaient disponibles, et 23 en 2010. Les vaches étaient traites le matin à 05h15 et le soir à 16h00 dans une salle de traite 2x5 en forme d’arête de poisson. Les vaches du troupeau GE ont toujours été traites avant celles du troupeau GP. Les quantités de lait corrigé en énergie ont été calculées selon la méthode de Sjaunia et al. (1990).
406
Recherche Agronomique Suisse 2 (9): 402–411, 2011
64
36
à3 7 33
à3 9
08
Jours pp
Figure 1 | Evolution du Body Condition Score (BCS) moyen des vaches GE et GP de 2008 à 2010.
30
1
à3
80 28
52
à2 3 25
24
à2 5 22
96
à2 6 19
à1 8 16
14
0
à1 68
à1 40
*
11 2
à1 12
*
85
à8 4
**
57
à5 6 29
à2
8
**
1
-2 8
Pâture
Etable
n.s
3,70 3,50 3,30 3,10 2,90 2,70 2,50 2,30
à0
BCS
Fertilité et poids des veaux à la naissance Les événements liés à la fertilité ont été relevés par le personnel d’étable. Ces données ont été contrôlées par un vétérinaire expérimenté qui examinait également les vaches de manière rectale et vaginale toutes les deux semaines depuis le vêlage jusqu’à la gestation confirmée.
Analyse statistique Les données ont été analysées statistiquement à l’aide du logiciel NCSS (2004). Les résultats du poids vif, du Body Condition Score ainsi que la production laitière et les teneurs du lait ont été comparés. Des moyennes de 28 jours de lactation ont été calculées pour former plusieurs périodes de lactation. Pour les mesures de poids vif et le BCS, les données ont été considérées avant (ante partum) et après le vêlage (post partum, pp). Lorsque les données étaient réparties normalement, le test de t Equal-Variance a été employé. En cas de non-égalité des variances, l’analyse a été faite avec le test AspinWelch Unequal-Variance. Les données non réparties normalement ont été analysées par rang avec le test de Wilcoxon. Les seuils de significativité sont présentés de la manière suivante: non significatif (n.s.): P > 0,05; (*): P < 0,05 et (**): P < 0,01.
Garde à l’étable vs garde au pâturage – a limentation, performances et efficience | Production animale
Tableau 5 | Paramètres de fertilité et poids de naissance des veaux [moyenne et écart-type (ET)] des vaches GE et GP de 2008 à 2010 GE n
Moyenne
GP (±ET)
n
P-Value
Moyenne
(±ET)
Indice d’insémination
86
2,1
(1,4)
86
1,6
(1,0)
n. s.
Durée intervêlage (jours)
55
405,1
(58,9)
74
373,5
(30,1)
**
Période de service (jours)
57
121,3
(57,5)
75
85,0
(29,6)
**
Délai d’attente (jours)
57
84,0
(20,8)
75
70,2
(19,3)
**
Délai IP-IF1 (jours)
57
37,3
(52,1)
76
14,8
(22,1)
**
72
284,9
(6,8)
86
288,5
(5,8)
**
73
44,2
(5,5)
88
43,4
(5,7)
n. s.
Durée de gestation (jours) Poids de naissance des veaux (kg) 2
Délai entre insémination première et insémination fécondante. Tous les vêlages.
1
2
Les données annuelles des vaches GE ont été prises en compte du 1er octobre de l’année précédente jusqu’au 30 septembre. En 2010, les données ont été inclues jusqu’à fin décembre. Les données annuelles des vaches GP ont été réparties suivant l’année du calendrier.
Résultats Rendements, qualité des fourrages et charge par ha Le rendement annuel moyen de l’ensilage d’herbe se montait à 138,1 (± 8,0) dt MS/ha, celui de l’ensilage de maïs à 177,1 (± 19,2) dt MS/ha. Le rendement moyen du blé fourrager était de 7913 (± 991) kg MF/ha et celui du maïs grain de 9466 (± 1900) kg MF/ha. Les rendements herbagers mesurés selon Corral et Fenlon (1978) se montaient à 142,3 (± 4,9) dt MS/ha. En ce qui concerne la composition chimique et la valeur nutritive des fourrages et des concentrés (tabl. 2), on remarque en particulier les teneurs élevées de l’herbe en MA, PAIE et PAIN ainsi que les hautes teneurs du foin en MA et en énergie. Les vaches étaient au pâturage toute la journée pendant en moyenne 179 jours (± 12), alors que la saison de pâture totale a duré en moyenne 242 jours (± 2) sur les 3 ans. La charge des animaux GE était en moyenne de 2,09 (± 0,06) vaches/ha de surface fourragère principale (SFP), et de 1,93 (± 0,10) vaches/ha SFP dans le troupeau GP. Chez le troupeau GE, l’ingestion d’énergie s’est faite principalement par l’EH (40,5 % ± 4,3), par l’EM (32,2 % ± 4,3) et par les concentrés (19,6 % ± 2,7). La proportion d’herbe pâturée s’élevait à 4,5 (±0,2) % et celle du foin écologique à 3,2 (±0,2) %. Chez le troupeau GP en revanche, l’énergie a été ingérée principalement avec l’herbe pâturée (62,7 % ± 4,2) et le foin séché en grange (25,4 % ± 2,6). La part d’énergie amenée par l’ingestion des concentrés ne se montait qu’à 7,0 % ± 1,0 chez les vaches GP, celle amenée par le foin écologique à 4,2 (±1,9) % et celle par la paille à 0,7 (±1,3) %.
Poids vifs et Body Condition Score La variation des poids vifs était plus élevée chez les vaches GP (tabl. 3). Par contre, les vaches GE ont perdu davantage de poids par jour jusqu’au poids minimum et l’ont atteint plus vite après le vêlage. Les vaches GP ont atteint le minimum du BCS plus tard après le vêlage que les vaches GE (GE: 89,5 vs GP: 175,5 jours pp, P < 0,05), comme le montre la figure 1. Evolution des teneurs du lait La différence entre les teneurs en matière grasse des deux troupeaux était très grande au milieu de la lactation (fig. 2). Les teneurs du lait en protéines des vaches GP étaient plus basses dès le 85e jour de lactation, mais plus élevées à la fin de la lactation que celles des vaches GE (fig. 3). Les teneurs en urée du lait des vaches GE étaient stables tout au long de la lactation, avec des valeurs entre 23 et 25 mg/dl de lait. Par contre, chez les vaches GP, les valeurs ont augmenté continuellement jusqu’au 196e jour de lactation pour atteindre plus de 50 mg/dl, puis elles se sont abaissées jusqu’à la fin de la période de mesure et ont atteint en moyenne 28,6 (± 1,5) mg/dl de lait. Lactations complètes et lactations standard Les lactations complètes des vaches GE ont duré en moyenne 47,6 jours de plus que celles des vaches GP (tabl. 4). Les performances moyennes du troupeau GE en lactation complète et pendant la lactation standard étaient considérablement plus élevées. Les vaches GP présentaient une persistance inférieure à celle du troupeau à l’étable. Les vaches GE ont produit 240 kg de plus de matière grasse et de protéines (tabl. 4). Paramètres de fertilité La plupart des paramètres relatifs à la fertilité étaient nettement plus bas chez les vaches GP que chez les vaches GE, excepté la durée de la gestation (tabl. 5).
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Production animale | Garde à l’étable vs garde au pâturage – a limentation, performances et efficience
**
5,50
**
n.s
**
5,00
%
4,50 4,00
36 à3 9 30
28
1
à3
80 à2 3 25
19
22
6
5
à2
24 à2
à1 8 16
14
0
à1
68
40 à1 11 2
85
57
à8
à1 12
4
6 à5 29
à2 1
08
Pâture
52
3,00
96
Etable
8
3,50
Jours pp
Figure 2 | Evolution de la teneur en matière grasse du lait (%) des vaches GE et GP de 2008 à 2010.
n.s
n.s
4,50
**
**
%
4,00
3,50 Etable 3,00
36 à3 9 30
08 à3 1 28
80 à2 3 25
52 à2 5 22
19
6
à2
24
96 à1 8 16
14
0
à1
68
40 à1 11 2
à1 12 85
57
à8
4
6 à5 29
1
à2
8
Pâture
Jours pp Figure 3 | Evolution de la teneur en protéines du lait (%) des vaches GE et GP de 2008 à 2010.
Productivité et efficience En moyenne sur les 3 ans, le troupeau GE a produit davantage de kg ECM/ha SAU (tabl. 6). Sa mise en valeur des fourrages et concentrés était meilleure, de même que son efficacité alimentaire. Par contre, le troupeau GP a produit davantage de masse de veaux (tabl. 6). Chez le troupeau GE, les coûts de concentrés étaient nettement plus élevés (tabl. 6).
Discussion Rendements des cultures et analyse des nutriments La quantité d’herbe disponible correspondait aux rendements moyens (Thomet et Blättler 1998) et à la croissance de l’herbe mesurée à Burgrain (LU); (Steiger Burgos et al. 2007).
408
Recherche Agronomique Suisse 2 (9): 402–411, 2011
Les teneurs en énergie nette pour la lactation (MJ NEL), calculées par Dairy-One pour l’EM et le foin (tabl. 2), ainsi que les teneurs en NDF et ADF de l’EH et la teneur en MA de l’herbe étaient élevées par rapport aux normes suisses (ALP 2008). Cela s’explique par la méthode van Soest, qui n’est pas standardisée internationalement, et par les différentes équations de régression utilisées pour estimer les teneurs en NEL. Pour le troupeau GE, les grandes quantités importées d’aliments protéagineux (18,4 % de la SAU) sont problématiques pour l’environnement et en regard de la situation socio-économique des pays producteurs. Poids vif et BCS Partant du principe que la valeur énergétique de la perte de poids est de 19,3 MJ/kg et que 83 % des réserves
Garde à l’étable vs garde au pâturage – a limentation, performances et efficience | Production animale
Tableau 6 | Productivité de la surface et des animaux, efficacité alimentaire ainsi que quantité et coûts des concentrés [moyenne et écart-type (ET)] des troupeaux GE et GP de 2008 à 2010 Années 2008 -2010
GE
GP
Comparaison
n
Moyenne
(± ET)
Moyenne
(± ET)
GE/GP (%)
ECM / ha surface fourragère principale (kg)
3
17 513
-926
11080
-639
158,1
ECM / ha surface agricole utile SAU (kg)
3
12 717
-201
10307
-616
123,4
NEL / kg ration MS (MJ)
3
6,58
(0,02)
6,07
(0,1)
108,4
Intensité de production1
3
2,93
(0,04)
2,42
(0,05)
121,1
ECM / kg ration MS2 (kg)
3
1,28
(0,04)
1,08
(0,03)
118,5
ECM / kg PV0,75 (kg)
3
61,1
(1,9)
46,6
(0,7)
131,1
Efficacité énergétique3 (%)
3
64,4
(0,39)
57,1
(0,9)
112,8
Masse de veaux / ha SAU (kg)
3
66,8
(2,9)
80,8
(5,0)
82,7
Concentrés / vache / lactation (kg)
3
1094,2
(149,6)
285,2
(26,3)
383,7
Concentrés / kg ECM (g)
3
131,1
(14,7)
53,9
(6,0)
248,2
Coûts des concentrés / kg ECM (cent.)
3
11,0
(1,1)
3,4
(0,7)
326,5
1 Energie nette pour la lactation (NELtotal; kg ECM × 3,14 MJ) + besoins d’entretien (NELentretien; kg PV 0,75 × 0,293 MJ × 365) / NELentretien, (ALP, 2008). 2Efficacité alimentaire. 3Part d’énergie pour la production laitière en % de l’énergie totale ingérée.
corporelles sont transformées en lait (Moe et al. 1971; Gibb et al. 1992), les vaches GE ont produit, jusqu’à leur poids le plus faible, en moyenne 6,1 kg ECM/jour avec leurs réserves corporelles et en tout 451,8 kg ECM, soit 4,7 % de la totalité du lait produit. Les vaches GP ont, quant à elles, produit 4,8 kg ECM/jour avec leurs réserves corporelles et en tout 539,3 kg ECM jusqu’à leur poids le plus faible, soit 9,5 % de la totalité du lait produit. Il semble que le sous-approvisionnement des vaches GE n’a duré que peu de temps après qu’elles ont atteint leur poids le plus faible, puisque 15 jours plus tard, une augmentation du BCS a été constatée. Au contraire, chez les vaches GP, le BCS n’est remonté qu’à partir du 176e jour de lactation. On peut en conclure que le troupeau GP a produit environ 12 % de la quantité de lait totale en puisant dans ses réserves corporelles. Cette longue phase de perte de poids des vaches GP s’explique principalement par le faible apport en éléments nutritifs, particulièrement en été. En effet, les teneurs de l’herbe en ADF étaient élevées et, par conséquent, ses teneurs en énergie plutôt basses. Evolution des teneurs du lait La teneur en urée stable ainsi que le rapport moyen matières grasses/protéines de 1,2:1 chez les vaches GE indiquent un approvisionnement régulier en éléments nutritifs. Par contre, chez les vaches GP, la teneur en urée élevée en été indique un approvisionnement déséquilibré avec un excès de N. Cela s’explique par la faible teneur de l’herbe en sucres et en énergie en juillet et
août, comparé aux teneurs constatées au printemps et en automne. En conséquence, le rapport moyen matières grasses/protéines était bas (1,1:1). Par rapport aux performances laitières moyennes des races suisses (Fédération suisse d’élevage de la race Hol stein 2011; Fédération suisse de la race brune 2011), les vaches GE ont réalisé des performances supérieures à la moyenne pour les teneurs en matières grasses et en protéines, grâce, entre autres, à une alimentation équilibrée. Les performances des vaches GP, quant à elles, étaient inférieures à la moyenne. Le système de pâture intégrale ne leur a pas permis d’exprimer tout leur potentiel génétique. Lactations complètes et lactations standard Les analyses de fourrage et le calcul du plan d’alimentation ont permis de bien couvrir les besoins des vaches GE, et ainsi de produire des quantités de lait, de matière grasse et de protéines supérieures à la moyenne de leur race. Au contraire, la production de matière grasse et de protéines par lactation des vaches GP était inférieure de15 % à la moyenne de la race tachetée rouge (Swiss Herdbook 2011). Cela s’explique notamment par l’apport réduit en nutriments, et par le fait que de nombreux producteurs suisses pratiquent une alimentation mixte pendant la période de végétation (pâturage à la demi-journée et complémentation d’herbe dans la stabulation). Cette alimentation mixte augmente l’ingestion de MS comme l’ont montré Kolver et Muller (1998) et Kaufmann et al. (2011) chez des vaches Holstein-Frie-
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Production animale | Garde à l’étable vs garde au pâturage – a limentation, performances et efficience
sian, et Hofstetter et al. (2011) chez des vaches brunes et tachetées rouges. Chez les vaches GP, la production de kg ECM par lactation était légèrement supérieure à celle des vaches suisses du projet «Quelle vache pour la pâture?» dans les mêmes conditions. En accord avec les résultats d’Urdl et al. (2007), ces différences constatées dans la production des deux troupeaux GE et GP s’expliquaient par les différences d’apport en éléments nutritifs et en énergie pp. Paramètres de fertilité La durée intervêlage était supérieure chez les vaches GE et inférieure chez les vaches GP par rapport à la durée moyenne officielle de leur race respective. L’indice d’insémination était particulièrement élevé chez les vaches GE, en comparaison avec les résultats de Reist et al. (2000). Les délais d’attente étaient inférieurs chez les deux troupeaux à la moyenne des races suisses. Le fait que les vaches GE aient eu des délais d’attente et des délais entre insémination première et insémination fécondante (IP-IF) plus longs que les vaches GP peut s’expliquer par leur perte de poids quotidienne plus élevée (+250 g) pendant un laps de temps plus court pp, en accord avec Butler (2005), Butler et Smith (1989) et Barb et Kraeling (2004) sur les bilans énergétiques négatifs pp. Productivité et efficience La production totale de 6074 kg ECM par lactation des vaches GP correspond tout à fait aux résultats produits par des vaches de génétique néozélandaise pâturant dans des systèmes de production similaires (Rapport final du projet «Quelle vache pour la pâture?» 2010). L’efficacité alimentaire (kg ECM/ kg ration MS) du troupeau GP était tendanciellement inférieure à celle constatée dans les essais de Schori et Münger (2010) à Sorens (FR). Par contre, l’efficience de la production laitière des vaches GP (46,4 kg ECM/kg PV0,75) se situe au niveau des résultats déjà constatés en Suisse dans des essais similaires sur pâturage (Steiger Burgos et al. 2007; Schori et Münger 2010; Thomet et al. 2010). L’essai présenté ici n’avait pas pour objectif d’estimer si et dans quelle mesure les besoins en énergie supérieurs dus à une activité physique plus élevée d’une vache au pâturage (Kaufmann et al. 2011) modifient l’efficience du troupeau GP. Alors que l’intensité de production du troupeau GE n’était que de 21 % supérieure à celle du troupeau GP, le troupeau GE a produit 31 % de plus de kg ECM/kg PV0,75. L’efficience supérieure du troupeau GE résulte de la production laitière plus élevée en proportion des besoins d’entretien des animaux, comparée au troupeau GP. La masse de veaux produite dans le système GP était plus grande que celle produite dans le système GE, car le
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Recherche Agronomique Suisse 2 (9): 402–411, 2011
troupeau GP était plus grand. Ce facteur doit être pris en compte du point de vue économique. Productivité de la surface et coûts des concentrés La productivité de la surface par ha (SFP) était très élevée chez le troupeau GE, car la surface prise par les concentrés (27,3 % de la SAU) n’est pas comprise dans la SFP. La productivité de la surface par ha de SAU, qui se montait en moyenne à 10 307 kg/ha SAU chez le troupeau GP, était plus faible que celle de l’essai de Burgrain (Steiger Burgos et al. 2007). Elle était également nettement inférieure à celles des essais réalisés à la station de recherche de Moorepark en Irlande par McEvoy et al. (2009) et Curran et al. (2010), qui travaillaient toutefois avec une fumure azotée bien supérieure (+80 kg/ha) et une charge en animaux presque deux fois plus importante. De plus, les résultats de Moorepark, où les conditions climatiques sont plus favorables, ne tiennent pas compte de l’ensemble de la lactation. En ce qui concerne les coûts des concentrés, le système GE présentait des coûts similaires à ceux des exploitations de plaine analysés par Haas et Höltschi (2010). Dans le système GP par contre, les coûts des concentrés étaient nettement inférieurs à ceux calculés dans la publication mentionnée ci-dessus.
Conclusions ••Des lactations de plus de 9000 kg de lait avec des teneurs supérieures à la moyenne sont possibles dans un troupeau gardé à l’étable, affouragé avec une ration mélangée partielle et recevant environ 1100 kg de concentrés/vache/lactation. ••La productivité élevée des vaches gardées à l’étable a été atteinte grâce à une alimentation à la hauteur des besoins, et grâce à l’achat d’aliments protéiques. ••L’intensité de production plus élevée dans le troupeau gardé à l’étable a conduit à une meilleure efficacité alimentaire et une meilleure valorisation énergétique que celles du troupeau gardé au pâturage. ••Dans nos régions herbagères, il est possible d’atteindre des lactations de 6000 kg avec des vaches en pâture intégrale recevant environ 300 kg de concentrés/vache/ lactation. ••En raison de la saisonnalité due au système de pâture intégrale, les quantités de lait des vaches gardées au pâturage, ainsi que les teneurs ont beaucoup varié au cours de l’année. ••Le mode de garde, l’alimentation et l’intensité de production plus faible dans le troupeau gardé au pâturage ont conduit à de meilleurs paramètres de n fertilité que dans le troupeau gardé à l’étable.
Confronto tra sistemi di produzione lattiera Hohenrain: alimentazione in stalla vs. pascolo foraggio, performance ed efficienza Scopo di questo progetto era di confrontare, tra il 2008 ed il 2010 in un’azienda agricola mantenendo le medesime condizioni e le stesse superfici foraggere, due strategie per la produzione di latte; il sistema di pascolo (PC) completo con l’alimentazione in stalla (AS). Nel sistema di alimentazione in stalla con 15,8 ha di terreno agricolo (42,9 % GS, 18,3 % MS, 8,98% grano, 18,4 % mangime proteico, 5,8 % pascolo, 5,8 % superfici di compensazione ecologica) si sono tenute in un box 12 mucche HF e 12 mucche BS, nutrendole con una razione alimentare parzialmente mista, composta da MS, GS e PAF. Del foraggio concentrato era somministrato, se necessario, attraverso una stazione di alimentazione. Le mucche AS hanno prodotto per lattazione con 1094 kg di FS foraggio concentrato 9607 kg ECM e per lattazione standard 675,4 kg di grasso e proteine. Nel sistema a pascolo completo con 15,7 ha di terreno agricolo (TA) (87,2 % pascolo e terreni da fieno, 5,8 % grano, 1,0 % foraggio concentrato, 5,8 % superfici di compensazione ecologica) si sono tenute, a inizio lattazione da gennaio a marzo, 14 mucche FV e 14 mucche BS, successivamente, durante il periodo di vegetazione su un pascolo ad erba corta, suddivise su quattro parcelle. Il foraggio secco è stato raccolto durante l’estate dagli appezzamenti, ventilato nel box e distribuito ad libitum. Le mucche RC hanno prodotto per lattazione con 285 kg FS di foraggio concentrato 5681 kg ECM e per lattazione standard 434,9 kg di grasso e proteine. Il periodo di intervallo tra i parti ed il periodo fecondo (AS: 121,3 vs. PC: 85,0 giorni, P < 0,01) è risultato più breve per le mucche PC. La mandria AS ha prodotto 12717 kg ECM/ha TA/ anno, la mandria PC 10307 kg ECM/ha TA/anno. La maggiore produttività ed efficienza della mandria AS in confronto alla mandria PC è stata raggiunta attraverso una maggiore densità di energia nel foraggio ed un apporto maggiore di nutrienti dopo il parto.
Bibliographie La liste bibliographique est disponible chez l’auteur.
Summary
Riassunto
Garde à l’étable vs garde au pâturage – a limentation, performances et efficience | Production animale
Comparison of dairy farming systems: barn-keeping v pasture-based keeping – Feed, performance and efficiency The aim of this study was to compare barn-keeping (BK) to pasture-based-keeping (PK) systems in dairy farming. We established two herds which were kept under the same conditions and with an equal agricultural area (AA) on the same experimental farm from 2008 to 2010. The BK herd consisted of 12 Swiss Holstein-Friesian and 12 Brown Swiss cows which were kept in a free-stall barn and fed with a part-mixed ration composed of maize silage, grass silage and protein concentrate. They were allocated 15.8 ha AA [therefore 42.9 % grass silage, 18.3 % maize silage, 8.9 % cereals (energy concentrate), 18.4 % area for protein concentrate, 5.8 % pasture, 5.8 % extensive grassland (hay)]. The concentrate was fed by a concentrate dispenser according to the requirements of each individual cow. BK cows produced 9,607 kg of energy-corrected milk (ECM) per lactation and 675,4 kg of milk fat and protein per standard lactation having been fed 1,094 kg of air-dried concentrate. The PK herd consisted of 14 Swiss Fleckvieh and 14 Brown Swiss cows which were kept in a free-stall barn during winter time and on a semi-continuous pasture subdivided into four paddocks during the vegetation period. They were allocated 15.7 ha AA [therefore 87.2 % pasture and hay land, 5,8 % cereals, 1,0 % area for protein concentrate, 5,8 % extensive grassland (hay)]. Winter hay, harvested from the same pasture and later barn ventilated, were offered ad libitum in the indoor period after the calving. These cows produced 5,681 kg ECM per lactation and 434,9 kg milk fat and protein per standard lactation having been fed 285 kg of air-dried concentrate. The calving interval and the empty time of the PK cows (BK: 121,3 v. PK: 85,0 days, P<0,01) were shorter. The BK herd yielded 12,717 kg ECM/ha AA/year and the PK herd 10,307 kg ECM/AA/year. In conclusion, the productivity and the efficiency of the BK herd were higher compared to the PK herd due to the higher energy intake per kg feed and the higher nutrient intake postpartum. Key words: dairy-farming systems, barn feeding, pasture, productivity, efficiency.
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P r o d u c t i o n
a n i m a l e
Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain
Qualité du lait et saisonnalité des livraisons de lait Ueli Wyss1, Jürg Mauer1, Hansjörg Frey2, Thomas Reinhard3, André Bernet4 et Pius Hofstetter5 Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 1725 Posieux 2 Centre de formation professionnelle Nature et alimentation BBZN, 6276 Hohenrain 3 Producteurs Suisses de Lait PSL, 3000 Berne 4 Zentralschweizer Milchproduzenten ZMP, 6002 Lucerne 5 Centre de formation professionnelle Nature et alimentation BBZN, 6170 Schüpfheim Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: ueli.wyss@alp.admin.ch, tél. +41 26 40 77 214
1
Le profil des acides gras du lait peut être influencé par le système de production laitière respectivement par l’affouragement (Photo: H.J. Frey, BBZN, Hohenrain)
Introduction Dans le cadre du projet «Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain», mené au Centre de formation professionnelle Nature et alimentation (BBZN) de Hohenrain (LU), deux systèmes de production laitière ont été comparés sur la même exploitation de 2008 à 2010. Le premier système était basé sur la pâture avec vêlages saisonniers et un affouragement restrictif en ali-
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ments concentrés. Le second système était quant à lui axé sur l’alimentation à l’étable avec des ensilages d’herbe et de maïs, complétés si nécessaire par des aliments concentrés. Différents aspects ont été examinés dans sept sous-projets. Cet article aborde les données relatives à la qualité du lait, en particulier le profil des acides gras du lait ainsi que des réflexions concernant la production laitière et les livraisons de lait.
Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain: Qualité du lait et saisonnalité des livraisons de lait | Production animale
Résumé
Matériel et méthodes Des indications détaillées relatives au projet «Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain» sont décrites par Hofstetter et al. (2011). Des échantillons de lait de citerne ont été prélevés chaque mois pour déterminer les nombres de germes et de cellules ainsi que la teneur en matière grasse et en protéines. En 2008, au cours de trois périodes, les groupes de germes importants pour la transformation du fromage ont été analysés dans des échantillons de lait de citerne: nombres totaux de germes, spores butyriques, bactéries propioniques, germes halotolérants, entérocoques et germes aérobies psychrotrophes. En 2009 et en 2010, deux fois par mois, les nombres totaux de germes et de spores butyriques (méthode MPN = Most Probable Number) ont été analysés dans un échantillon de lait de citerne de chaque troupeau. Pendant les trois années, le profil des acides gras des échantillons de lait de citerne a été déterminé une fois par mois pour chaque troupeau. L’analyse a été réalisée en utilisant la méthode de Collomb et Bühler (2000).
Résultats et discussion Quantité du lait, teneurs en graisse et en protéines Pour le troupeau à la pâture, la production de lait moyenne s’est élevée à 5752 kg ECM par vache et par année, et pour le troupeau à l’étable à 8286 kg ECM. En raison des vêlages saisonniers, la quantité de lait moyenne par vache du groupe à la pâture a constamment diminué au cours de l’année. Pour le groupe à l’étable, dont les vêlages sont répartis de façon plus homogène sur toute l’année, la production moyenne
4,5 4,0 3,5 3,0 5,0
Teneurs en %
4,0 3,5
5,0 Teneurs en %
Teneurs en %
a Pâture
5,0
4,5
3,0 5,0
a Pâture
a Pâture
4,5 4,0 3,5
3,0 Jan. Sept. Fév. Oct. MarsNov. Avr. Déc. Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc. Jan. Fév. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août b Etable
5,0 Teneurs en %
Teneurs en %
5,0
De 2008 à 2010, dans le cadre du projet «Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain», deux systèmes de production laitière ont été comparés: le système basé sur la pâture et celui avec affourragement d’ensilages d’herbe et de maïs à l’étable. Cet article contient les résultats relatifs à la qualité du lait et à la production laitière saisonnière. Les teneurs en matière grasse et en protéines du lait du troupeau à la pâture variaient nettement plus au cours de l’année que dans le lait du troupeau à l’étable. Or, cela peut engendrer des problèmes lors de la transformation du lait. Le lait du troupeau à l’étable contenait davantage de cellules que celui du troupeau à la pâture. Les analyses des spores butyriques ont montré que, pour une production de lait sans ensilages, une séparation stricte entre les animaux nourris avec de l’ensilage et ceux nourris sans ensilage est importante. Le profil des acides gras du lait a été influencé par le système de production laitière et par l‘affouragement. Le lait des vaches à la pâture contenait moins d’acides gras saturés et davantage d’acides gras insaturés. En particulier des teneurs plus élevées en acides linoléiques conjugués (CLA) et en acides gras oméga 3 ont été observées dans le lait de ce troupeau par rapport au troupeau à l’étable. La production laitière des vaches à la pâture a fortement varié au cours de l’année et les plus grandes quantités de lait ont été livrées pendant les mois d’avril et de mai. La production laitière des vaches à l’étable était beaucoup plus régulière au cours de l’année.
4,5 4,0 3,5
b Etable
4,5 4,0 3,5
3,0 3,0 Jan. Sept. Fév. Oct. Mars Nov. Avr. Déc. Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc. Jan. Fév. Mars Avr. Mai Juin Juil. Jan. Août Fév. Sept.Mars Oct. Avr. Nov.Mai Déc.Juin Juil. Août b Etable
Matière grasse 2008 Protéines 2008
Matière grasse 2008grasse 2010 Matière grasse 2009 Matière grasse 2009 Matière Protéines 2009 Protéines 2008 Protéines 2010 Protéines 2009
Matière grasse 2010 Protéines 2010
Teneurs en %
4,5 Figure 1 | Teneurs en matière grasse et en protéines du lait des vaches à la pâture et à l’étable. 4,0 3,5 3,0
Jan. Fév. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc.
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Production animale | Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain: Qualité du lait et saisonnalité des livraisons de lait
fromagerie reçoit uniquement du lait de vaches avec vêlages saisonniers, il faut s’attendre à un impact négatif sur l’aptitude du lait à être transformé en fromage (Lucey 1996). Selon Schaeren et al. (2004), une proportion allant jusqu’à 50 % de lait de vaches en fin de lactation peut être utilisée pour la transformation fromagère sans impact négatif sur la qualité du fromage.
Tableau 1 | Nombre de germes et de cellules du lait des vaches à la pâture et à l’étable. Nombre de germes
Nombre de cellules
pâture
étable
pâture
étable
Médiane
2008
7500
6500
87 000
114 000
Minimum
2008
2000
3000
29 000
70 000
Maximum
2008
24 000
24 000
158 000
386 000
Médiane
2009
8000
5000
145 000
151 000
Minimum
2009
2000
3000
57 000
81 000
Maximum
2009
146 000
14 000
200 000
464 000
Médiane
2010
6000
4500
106 000
106 000
Minimum
2010
2000
2000
50 000
54 000
Maximum
2010
8000
24 000
158 000
466 000
Nombres de germes et de cellules Les nombres de germes et de cellules des échantillons de lait analysés figurent dans le tableau 1. Le seuil de contestation de 80 000 germes/ml a été dépassé une fois dans le troupeau à la pâture. Le seuil de contestation de 350 000 cellules/ml a été dépassé trois fois dans le troupeau à l’étable, chaque année une fois en été. Les nombres de germes moyens étaient très semblables dans les deux systèmes de production laitière, excepté en 2009. En revanche, pendant les trois années, le lait du troupeau à l’étable contenait davantage de cellules que celui du troupeau à la pâture (tabl. 1). Qualité bactériologique La plupart du temps, le nombre total de germes se situait au-dessous de 10 000 ufc/ml de lait. Entre 2008 et 2010, la teneur en spores butyriques a dépassé à plusieurs reprises la limite de contestation pour le lait de producteur sans ensilage de 200 spores par litre de lait, dans les deux systèmes de production (27 échantillons sur 55 pour le troupeau à la pâture et 43 échantillons sur 55 pour le troupeau à l’étable). Les valeurs les plus élevées ont été enregistrées en automne et au début de l’hiver (fig. 2). Le lait du troupeau à la pâture contenait aussi parfois des teneurs en spores élevées, ce qui pourrait provenir du fait que tous les animaux ont été traits dans la même salle de traite. Pour des raisons techniques, les vaches à l’étable étaient traites avant celles à la pâture.
Pâture
1600 1400 1200 1000 800 600 400 200 0
27.02 9.03 25.03 8.04 22.04 4.05 26.05 9.06 25.06 7.07 23.07 6.08 26.08 9.09 23.09 7.10 27.10 10.11 26.11 9.12
Spores butyriques par l de lait
de lait était plus régulière au cours de l’année, avec une légère augmentation vers la fin de l’été. Au cours des trois années, les teneurs en matière grasse et en protéines du groupe à la pâture ont tout d’abord diminué, puis augmenté en fin de lactation (fig. 1a). Pour le groupe à l’étable, les teneurs en matière grasse et en protéines du lait de citerne étaient plus constantes au cours de l’année (fig. 1b). En 2008 et en 2010, le lait des vaches à l’étable contenait en moyenne une teneur en matière grasse plus élevée de 0,3 % par rapport au lait des vaches à la pâture. En 2009, la différence était seulement de 0,1 %. Les teneurs en protéines moyennes des deux troupeaux étaient très similaires. Il est connu qu’en fin de lactation le lait présente des modifications nettes par rapport à la composition moyenne du lait (Kefford et al., 1995; Lucey 1996). Si une
2009 Figure 2 | Spores butyriques du lait des vaches à la pâture et à l’étable.
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Etable
2.02 16.03 30.03 15.04 29.04 11.05 29.05 10.06 22.06 6.07 22.07 3.08 23.08 6.09 20.09 20.09 20.10 1.11 15.11 1.12
Année
2010
Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain: Qualité du lait et saisonnalité des livraisons de lait | Production animale
Une contamination par les spores butyriques a donc pu se produire d’une part au travers du personnel travaillant dans l’étable ou à la traite et, d’autre part, au travers des animaux par le biais de la salle d’attente ainsi que par l’installation de traite. Par contre, si l’on prend pour limite 1500 spores par litre de lait pour le lait de silo, la plupart des valeurs des deux troupeaux se trouvent au-dessous de cette limite. Les analyses montrent clairement que, pour la production de lait sans ensilages, une séparation stricte entre animaux nourris avec de l’ensilage et ceux nourris sans ensilage est judicieuse et nécessaire. Mis à part un échantillon dans le cas des bactéries propioniques (290 ufc/ml), les groupes de germes importants pour la fabrication du fromage – bactéries propioniques, germes halotolérants, entérocoques et germes aérobies psychrotrophes – n’ont pas donné lieu à des contestations.
g/100 g matière grasse
Profil des acides gras La matière grasse du lait de vaches contient différents acides gras composés, dont certains auraient un effet positif sur la santé humaine (Haug et al. 2007). Les acides
70,0
a Acides gras saturés
65,0 60,0 55,0 50,0
g/100 g matière grasse
Jan. Fév. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc. b Acides linoléiques conjugués 3,5 3,0 2,5 2,0 1,5 1,0 0,5 0,0
g/100 g matière grasse
Jan. Fév. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc.
4,0 3,5 3,0 2,5 2,0 1,5 1,0 0,5 0,0
c Acides gras oméga 3
Jan. Fév. Mars Avr. Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc. Pâture 2008 Pâture 2010 Etable 2009
Pâture 2009 Etable 2008 Etable 2010
Figure 3 | Evolution des acides gras saturés, des acides linoléiques conjugués et des acides gras oméga 3 du lait des vaches à la pâture et à l’étable.
gras polyinsaturés, les acides gras oméga 3 et les acides linoléiques conjugués (CLA) en font partie. Le lait des vaches à la pâture contenait moins d’acides gras saturés que celui des vaches à l’étable, en particulier entre avril et octobre (fig. 3a), mais davantage d’acides gras mono et polyinsaturés. Dans le groupe à la pâture, la teneur en acides linoléiques conjugués a augmenté en permanence au cours des trois années jusqu’à septembre, passant de 0,5 à 3,4 g par 100 g de matière grasse (fig. 3b). Pour le groupe à l’étable, les teneurs en CLA s’élevaient en moyenne à 0,6 g par 100 g de matière grasse et variaient uniquement entre 0,3 et 0,8 g sur toute l’année. Les teneurs en CLA du groupe à la pâture ainsi que l’évolution au cours de la saison de pâturage étaient semblables aux teneurs enregistrées par Collomb et al. (2008) lors d’analyses en région de montagnes. Les résultats coïncident également avec les études de White et al. (2001), qui ont montré que des rations basées sur la pâture, comparées à une ration totale (ration complète mélangée, TMR), engendraient des teneurs plus élevées en CLA et en acides gras insaturés à longue chaîne dans le lait. Les acides gras oméga 3 ont également augmenté au cours des trois années dans le troupeau à la pâture passant de 1,3 à 2,2 g par 100 g de matière grasse (fig. 3c). En été, ces valeurs étaient deux fois plus élevées que dans le groupe à l‘étable, ce qui confirme les résultats de Martin et al. (2007). Les résultats de la présente étude montrent que la pâture a un impact positif sur le profil des acides gras du lait. Cependant, les teneurs en CLA et en acides gras oméga 3 du lait sont trop faibles pour que la législation suisse autorise une meilleure valorisation des teneurs supérieures du lait de pâturage. Saisonnalité des livraisons de lait Le marché du lait exige, dans la mesure du possible, des livraisons régulières sur toute l’année. En Suisse cependant, on est confronté au printemps à un net excédent de lait et en été à une pénurie (Frey et Bernet 2010). Pour le troupeau à la pâture, la production laitière était la plus élevée en avril et en mai (fig. 4), et la plus faible de décembre à février, avec peu ou pas de lait produit. Pour le troupeau à l’étable, la production laitière était plus régulière sur toute l‘année. En outre, chez ce groupe, on a essayé de compenser les fortes fluctuations saisonnières de livraison de lait du troupeau à la pâture par une insémination ciblée des vaches. Ainsi, la production de lait a été la plus faible au cours des mois de mai à juillet et la plus élevée au cours des mois de décembre et de janvier. Etant donné que l’affourragement du troupeau à l’étable avec uniquement du fourrage conservé
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Production animale | Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain: Qualité du lait et saisonnalité des livraisons de lait
Pâture
25 000
Etable
Quantité de lait, kg
20 000
15 000
10 000
5000
0 Jan.
Fev.
Mars
Avr.
Mai
Juin
Juil.
Août
Sept.
Oct.
Nov.
Déc.
Figure 4 | Saisonnalité des livraisons de lait des vaches à la pâture et à l’étable (valeurs moyennes de 2008 à 2010).
n’est pas axé sur la période de végétation, l’enjeu sur les coûts de production n’est que peu affecté par la période de production maximale de lait. En outre, lors d’une production de lait ciblée, il est possible d’obtenir un prix du lait plus élevé. Au cours des trois années du projet, la production de lait du troupeau à la pâture a atteint en moyenne 155 524 kg par année. Durant les mois de janvier, février, octobre, novembre et décembre, la production était inférieure aux moyennes mensuelles et pour les autres mois, elle était supérieure. La production de lait du troupeau à l’étable s’est élevée en moyenne à 182 655 kg par année. Par rapport à la moyenne mensuelle, des écarts de ± 5,28 % ont été relevés pour ce troupeau. Etant donné que les transformateurs de lait accordent beaucoup d’importance à une livraison de lait régulière, il faut tenir compte, lors de la production basée sur la pâture, de la fluctuation saisonnière de la production laitière. Vu les différentes périodes d’excédent et de pénurie de lait par rapport à la moyenne mensuelle, il est théoriquement possible d’équilibrer les productions de lait des deux troupeaux. Pour atteindre cet équilibre, il faudrait combiner les productions de lait mensuelles du troupeau à la pâture avec les quantités de lait 4,5 fois plus élevées du troupeau à l’étable. Ce qui donne une quantité de lait annuelle de 977 470 kg avec un écart de ± 2,65 %. Afin d’atteindre ce faible écart, il faudrait théoriquement que 18,2 % des producteurs de lait suisses détiennent un tel troupeau à la pâture et 81,8 %
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un troupeau à l’étable. On ne peut cependant pas présumer qu’à l’avenir en Suisse il n’y aura que les deux systèmes de production laitière examinés ici.
Conclusions ••Les teneurs en matière grasse et en protéines du lait du troupeau à la pâture ont varié beaucoup plus que celles du troupeau à l‘étable. ••Le nombre de germes et de cellules ainsi que la qualité bactériologique du lait des deux systèmes de production étaient bons. ••La teneur en spores butyriques a plusieurs fois dépassé la limite de contestation pour le lait de producteur sans ensilage dans les deux systèmes de production. ••Le lait du troupeau à la pâture contenait moins d’acides gras saturés, mais davantage d’acides gras mono- et poly-insaturés. Et en particulier plus de CLA et d’acides gras oméga 3 que celui du troupeau à l’étable. Les valeurs sont cependant trop faibles pour être valorisées. ••Le marché du lait exige des livraisons de lait régulières sur toute l’année. Pour pouvoir atteindre cet équilibre, il faudrait combiner les productions de lait mensuelles du troupeau à la pâture avec les quantités de lait 4,5 fois plus élevées du troupeau à l’étable. Un prix de lait différencié, adapté à la production et à la saison, serait un moyen pour réguler la production totale. n
Confronto tra sistemi di produzione lattieri Hohenrain. Qualità del latte in relazione al periodo di consegna Tra il 2008 e il 2010, nell'ambito del progetto sul confronto tra sistemi di produzione del latte a Hohenrain, sono stati confrontati due sistemi di produzione di latte: il primo basato sulla pascolazione e il secondo sulla nutrizione in stalla con razione di erba e mais insilati. Il presente articolo ne riporta i risultati in termini di qualità e produzione stagionale del latte. Nel corso dell’anno si è riscontrato nel latte proveniente da mandrie al pascolo un contenuto in grasso e proteine molto più variabile rispetto a quello dell' altro gruppo. Queste variazioni possono generare problemi in fase di trasformazione del latte. Il numero di cellule era più elevato nel latte proveniente dalla stalla rispetto a quello del pascolo. Dalle analisi della flora batterica dell'acido butirrico è emerso che per produrre latte senza insilati è importante separare nettamente gli animali nutriti con questi ultimi dagli altri. Il profilo degli acidi grassi del latte è influenzato sia dal sistema di produzione, che dal foraggiamento. Quello proveniente da mandrie al pascolo presentava meno acidi grassi saturi e maggiormente acidi grassi mono o polinsaturi. In particolare, nel latte prodotto da mandrie al pascolo si sono riscontrati tenori più elevati di CLA e omega 3 rispetto a quelli rilevati nel latte proveniente dalla mandria afforaggiata in stalla. Per il sistema di produzione basato sul pascolo si è registrato un’importante variazione della produzione di latte nel corso dell'anno con picchi in aprile e maggio, mentre per quello afforaggiato in stalla la produzione è risultata molto più equilibrata.
Bibliographie ▪▪ Collomb M. & Bühler T., 2000. Analyse de la composition en acides gras de la graisse de lait. I. Optimisation et validation d’une méthode générale à haute résolution. Mitteilungen aus Lebensmitteluntersuchung und H ygiene 91, 306–332. ▪▪ Collomb M., Bisig W., Bütikofer U., Sieber R., Bregy M. & Etter L., 2008. Seasonal variation in the fatty acid composition of milk supplied to dairies in the mountain regions of Switzerland. Dairy Science and Technology 88, 631–647. ▪▪ Frey H. J. & Bernet A., 2010. Mehr Milch im Sommer, weniger im Frühling. Die Grüne 19, 9 – 12. ▪▪ Haug A., Hostmark A. T. & Harstad O. M., 2007. Bovine milk in human n utrition: a review. Lipids in Health and Disease 6, 25–40. ▪▪ Hofstetter P., Frey H. J., Petermann R., Gut W., Herzog L. & Kunz P., 2011. Comparaison de deux systèmes de production laitière : garde à l’écurie vs garde au pâturage - alimentation, performances et efficience Recherche Agronomique Suisse 2 (9), 402–41)
Summary
Riassunto
Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain: Qualité du lait et saisonnalité des livraisons de lait | Production animale
System comparison milk production Hohenrain: milk quality and seasonal milk production In the years 2008 to 2010, in the project «System comparison milk production Hohenrain», two different milk production systems were compared: a pasture based system versus an indoor feeding system with a mix ration of grass and maize silage. In the present paper the results of milk quality and seasonal milk production were investigated. The fat and protein contents varied during the year much more in the milk of the pasture based herd than in the milk of the indoor herd. In milk processing, this can cause serious problems. The milk of the indoor herd showed higher total somatic cell counts than the milk of the pasture based herd. The investigations of the butyric acid bacteria spores showed that, for the production of hard cheese, a strict separation of the animals fed with or without silage is important. The milk production system and the feeding influenced the fatty acid composition of the milk. The milk of grazing cows had less saturated and more unsaturated fatty acids than the milk of cows fed with conserved forage. Especially higher contents of CLA and omega-3 fatty acids were analysed in the milk of grazing cows. In the pasture based system, the milk production varied strongly during the year. The highest quantities were delivered in April and May. In the indoor feeding system, the milk production was more balanced during the whole year. Key words: milk production systems, pasture, indoor feeding, milk quality, fatty acids.
▪▪ Kefford B., Christian M. P., Sutherland B. J., Mayes J. J. & Grainger C., 1995. Seasonal influences on Cheddar cheese manufacture: influence of diet quality and stage of lactation. J. Dairy Res . 62, 529–537. ▪▪ Lucey J., 1996. Cheesemaking from grass based seasonal milk and problems associated with late-lactation milk. Journal of the Society of Dairy Technology 49, 59–64. ▪▪ Martin B., Ferlay A., Graulet B., Nozière P. & Chilliard Y., 2007. Influence de l’alimentation de la vache laitière sur la composition en acides gras et en vitamines du lait. Recueil des textes: les particularités du lait produit à base d’herbages, 18–30. ▪▪ Schaeren W., Sollberger H. & Münger A., 2004. Ein Mal Melken pro Tag: Milch- und Käsequalität. Agrarforschung 11 (7), 286–291. ▪▪ White S. L., Bertrand J. A., Wade M. R., Washburn S. P., Green J.T. & Jenkins T. C., 2001. Comparison of fatty acid content of milk from Jersey and Holstein cows consuming pasture or total mixed ration. Journal of Dairy Science 84, 2295–2301.
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P r o d u c t i o n
a n i m a l e
Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain
Affouragement au pâturage ou à l‘étable – qu’est-ce qui est plus rentable? Christian Gazzarin1, Hans-Jörg Frey2, Remo Petermann3 et Markus Höltschi2 1 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen 2 Centre de formation professionnelle Nature et alimentation BBZN, 6276 Hohenrain 3 Centre de formation professionnelle Nature et alimentation BBZN, 6170 Schüpfheim Renseignements: Christian Gazzarin, e-mail: christian.gazzarin@art.admin.ch, tél. +41 52 368 31 84
Le troupeau nourri au pâturage a permis de réaliser un revenu n ettement meilleur avec un temps de travail réduit.
Dans le cas du troupeau nourri à l’étable, les coûts élevés des aliments (conservation du fourrage, concentrés) n’ont pas pu être compensés par la production laitière plus importante.
Introduction
Site expérimental et procédure Dans le projet «Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain», les deux systèmes, stabulation et pâture permanente, ont été comparés dans des conditions largement homogènes. Pour ce faire, les vaches laitières de l’exploitation du centre de formation professionnelle Nature et alimentation BBZN de Hohenrain ont été réparties en deux groupes. En ce qui concerne la surface et la gestion de l’exploitation, le site expérimental offrait des conditions optimales pour la comparaison. Les informations détaillées relatives au projet se trouvent dans le document rédigé par Hofstetter et al. (2011). Pendant les trois années d’essai (2008–2010), une comptabilité séparée a été tenue pour les deux troupeaux, et toutes les prestations, tous les coûts spécifiques et coûts de structure ont été compilés dans le programme comptable Agro-Twin Cash (version 1.70). Dans la comptabilité, les différents postes des branches
Pour pouvoir subsister sur le marché du lait à l’avenir avec une protection aux frontières vraisemblablement réduite, les exploitations de production laitière doivent baisser leurs coûts et devenir plus efficientes dans tous les domaines. En Suisse, deux stratégies de baisse des coûts et d’augmentation de l’efficience se sont imposées depuis quelques années: d’une part, la stabulation permanente avec des rendements par vache au-dessus de la moyenne et un affourragement intensif à l’étable; d’autre part, la pâture permanente assurant un rendement laitier élevé par hectare de pâturage grâce au système de pâture intégrale, et vêlage saisonnier au printemps. La comparaison du potentiel économique des deux systèmes de production exige que l’on considère la globalité de l’exploitation afin d’en tirer des conclusions pertinentes pour la pratique.
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de production ont été attribués, dans la mesure du possible, aux deux systèmes de production selon le principe de causalité. Enfin, une comptabilité analytique complète a été établie pour les deux troupeaux. Le bouclement comptable a été confié à la fiduciaire AGRO- Treuhand Sursee (LU). Calcul des coûts complets Le calcul des coûts complets est basé sur la méthode appliquée par l’IFCN (International Farm Comparison Network), l’EDF (European Dairy Farmers) et jusqu’ici également par la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART. La méthode consiste à saisir le système de production laitière avec tous ses coproduits (recettes tirées du bétail d’abattage et de la sélection) ou co-prestations (paiements directs) ainsi que les postes de coûts et de prestations correspondants. Les résultats sont ensuite rapportés à l’ensemble de la production laitière. La simulation emploie le modèle de l’IFCN appelé TIPICAL (Hemme 2000). Il permet de saisir en détails les coûts et les prestations d’un système de production laitière à l’aide d’un modèle de prix et de quantités. La représentation transparente ainsi obtenue permet différents calculs de variantes et de scénarios. Répartition des coûts et des prestations Pour les besoins des calculs, les résultats des essais menés avec le troupeau nourri à l’étable et avec le troupeau nourri au pâturage ont été attribués respectivement à une exploitation fictive (exploitation modèle), afin de permettre une évaluation à l’échelle de l’exploitation. Les exploitations – qui seront désormais désignées par l’abréviation TE-24 (troupeau d’environ 24 vaches nourries à l’étable) et TP-28 (troupeau d’environ 28 vaches nourries au pâturage) – disposent d’une surface utile d’environ 12 hectares (surfaces de compensation écologique non comprises), sachant que l’exploitation avec troupeau nourri à l’étable produit également sur sa surface utile une partie des aliments concentrés La majeure partie de la ventilation des coûts a déjà été réalisée dans la comptabilité. Pour certains postes, notamment pour les coûts de structure, la clé de répartition a dû être établie à partir de valeurs standard à l’aide de divers programmes de calcul: pour le bâtiment, les investissements ont été calculés sur la base des prix corrigés du Système de prix par modules unitaires ART (Hilty et al. 2007). Le calcul s’est fait en deux temps à l’aide d’un programme basé sur les types d’étables (Gazzarin et Hilty 2002) et du modèle de simulation pour les systèmes de production laitière «PARK» (Gazzarin et al. 2004), qui prend en compte le stockage du fourrage, l’affourragement estival, le type de vache et le système
Résumé
Affouragement au pâturage ou à l‘étable – qu’est-ce qui est plus rentable? | Production animale
Dans le cadre du projet «Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain», deux troupeaux de vaches laitières ont été comparés pendant trois ans, sur des surfaces identiques mais avec des systèmes de production différents. Le système «troupeau nourri à l’étable» se caractérisait par des rendements individuels plus élevés de la part des animaux et par un affourragement intensif en stabulation, tandis que le «troupeau nourri au pâturage» se caractérisait par une pâture intégrale dans des parcelles bien regroupées, avec vêlage saisonnier. Une évaluation économique des deux systèmes sur la base des données d’essais a donné les résultats suivants: en raison de coûts réels nettement inférieurs, le troupeau nourri au pâturage génère un revenu significativement supérieur (+ CHF 12 000. –) en dépit des recettes moindres tirées du lait. La charge de travail est plus faible, et sa valorisation («salaire horaire») environ deux fois plus élevée qu’avec le troupeau nourri à l’étable. La réduction systématique des principaux postes de coûts réels (p. ex. aliments concentrés, maïsensilage) a davantage d’effets positifs sur le revenu que la tentative d’accroître les recettes tirées du lait en augmentant les rendements des animaux et en pratiquant un affourragement intensif à l’étable. Ceci se vérifie notamment lorsque la baisse du prix de vente du lait ne peut pas être compensée par celle des prix d’achat des concentrés ou des services (entreprises de travaux agricoles). Ces derniers postes de coûts variables pèsent lourd dans l’ensemble des coûts du troupeau nourri à l’étable. Ils ne peuvent être compensés que par une réduction des coûts de structure fixes (machines, bâtiments, travail) au moyen d’une forte extension de la production, qui cependant entraîne généralement des coûts liés. Dans un contexte de restrictions à la croissance, la stratégie d’affouragement au pâturage permet d’exploiter plus rapidement et à moindre risque le potentiel de baisse des coûts.
de traite. La durée d’amortissement a été fixée à 35 ans. Tandis que l’investissement calculé sert de base aux charges d’amortissement et d’entretien des bâtiments, les coûts du capital, eux, reposent sur un passif fixe de CHF 500 000. – réparti en fonction des différences d’investissement (troupeau nourri à l’étable 43 %, troupeau nourri au pâturage 57 %). Le temps de travail a d’une part été quantifié sur la base de mesures (provenant de l’essai ou d’exploitations comparables de groupes de producteurs) puis intégré
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Production animale | Affouragement au pâturage ou à l‘étable – qu’est-ce qui est plus rentable?
dans un programme de calcul. D’autre part, le temps a également pu être calculé manuellement par rapport à l’équipement technique disponible, sur la base du Budget de travail (Stark et al. 2009). Les différentes approches de calcul ont abouti à un pourcentage de temps de travail identique de 53 % pour le troupeau nourri à l’étable et de 47 % pour le troupeau nourri au pâturage. Les coûts de machines sont basés sur le parc de machines disponibles, pour les coûts fixes comme pour les coûts variables. Du fait de la taille de l’exploitation d’essai, les amortissements se situent à un niveau plutôt inférieur à la moyenne, raison pour laquelle ils ont été repris à 100 % pour chacune des exploitations modèles deux fois plus petites. En revanche, aucune machine de grandes cultures n’a été attribuée à l’exploitation avec pâture. L’allocation des coûts variables des machines comme l’entretien, les réparations et la consommation de carburant a été calculée à partir des heures de machines relevées (76 % pour le troupeau nourri à l’étable et de 24 % pour le troupeau nourri au pâturage). L’allocation des coûts d’électricité a été fixée à 30 % (troupeau nourri à l’étable) et à 70 % (troupeau nourri au pâturage), en raison du séchage en grange. Simulations Le facteur d’influence principal sur le revenu est le prix du lait. On l’a fait varier sur une plage de 40 à 80 centimes pour représenter l’évolution correspondante du revenu. Pour simplifier, les coûts ont été maintenus à un niveau constant. Par la suite, deux nouvelles variantes seront comparées à la variante initiale: ••Troupeau nourri à l’étable avec exploitation totale de la surface utile (aliments concentrés importés à 100 %) ••Troupeau nourri au pâturage avec affourragement d’ensilage
Résultats Variantes initiales (TE-24 / TP-28) Le tableau 1 présente les résultats. Les deux premières colonnes (TE-24; TP-28) concernent la variante initiale, qui sera traitée en premier. Les deux colonnes de droite feront l’objet des chapitres suivants «Variante 1» et «Variante 2». En termes de rendements, le troupeau nourri à l’étable génère des recettes plus élevées, ce qui tient en premier lieu à une production laitière supérieure. Avec presque quatre vaches de moins, l’exploitation produit 18 % de lait en plus sur la même surface. Les recettes tirées du lait sont plus faibles pour le troupeau nourri au pâturage, mais des rentrées annexes (vaches de réforme, veaux) et des paiements directs plus élevés (davantage
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de vaches) compensent des largement ce déficit: le revenu total par kg de lait est supérieur de presque 2 centimes à celui de l’autre troupeau. En ce qui concerne les coûts spécifiques, le troupeau nourri à l’étable affiche des coûts nettement plus élevés notamment pour l’achat de fourrages, tandis que les autres postes de coûts se démarquent moins. En valeur absolue, ils sont certes souvent plus élevés pour le troupeau nourri à l’étable, mais peuvent être en grande partie «dilués» grâce à la production laitière supérieure, c’est-à-dire qu’ils se répartissent sur la quantité. Des différences plus importantes ont été constatées dans les coûts de structure, notamment dans le domaine des machines (y compris travaux effectués en régie). Ici, ce sont surtout les coûts élevés des agro- entrepreneurs qui sautent aux yeux. Ils proviennent des charges en général nettement plus élevées de la conservation du fourrage, de la culture de maïs- ensilage et de la récolte de balles d’ensilage, dont une grande partie des coûts provient des prestations des agro-entrepreneurs. Par contre, le troupeau nourri au pâturage affiche, lui, des coûts nettement plus élevés pour les bâtiments, en raison de l’affourragement sans ensilage nécessitant de grands volumes pour le stockage de fourrage sec. Les coûts des machines pénalisent toutefois davantage le troupeau nourri à l’étable que ne le font les bâtiments pour le troupeau nourri au pâturage, de sorte que ce dernier affiche des coûts de structure réels de 39 centimes, soit près de quatre centimes de moins que le troupeau nourri à l’étable (juste 43 centimes). Dans l’ensemble, le troupeau nourri au pâturage bénéficie d’un avantage d’environ 8 centimes par kg de lait (69,6 centimes contre 77,2 centimes) pour les coûts réels. Pour les coûts de structure calculés, notamment pour les coûts de main-d’œuvre, le troupeau nourri à l’étable obtient un léger avantage par rapport au troupeau nourri au pâturage, avec 1,6 centimes de moins, en dépit de la conservation plus complexe du fourrage et de l’affourragement à l’étable. Ici encore, l’effet de dilution joue un rôle, sachant que le troupeau nourri à l’étable nécessite environ 300 heures de travail en plus. Par ailleurs, l’avantage en termes de coûts est dû également à la rationalisation mécanique et à l’emploi d’une remorque mélangeuse, qui se répercute également sur les coûts des machines. La productivité du travail (kg de lait par MOh) est presque équivalente pour les deux troupeaux. Avec des produits légèrement plus élevés et des coûts réels nettement plus bas, le troupeau nourri au pâturage peut finalement réaliser un revenu supérieur à celui du troupeau nourri à l’étable. La différence de revenu représente environ CHF 12 000. –. Étant donné le
Affouragement au pâturage ou à l‘étable – qu’est-ce qui est plus rentable? | Production animale
Tableau 1 | Quantités de lait produites, revenus et coûts des différentes variantes pour les troupeaux affouragés à l’étable ou au pâturage. Variantes initiales Variante 1 Variante 2 Quantité de lait produite (tonnes / an) Nombre de vaches
TE-24
TP-28
TE-28
TP-28e
194,11
165,21
223,41
165,21
24,3
27,9
27,9
27,9
Recettes (CHF / 100 kg de lait) 64,2
60,8
64,7
60,8
Recette tirée des vaches d'abattage
Recette tirée du lait
5,0
4,0
5,0
4,0
Recette tirée des veaux femelles
2,1
2,9
2,1
2,9
Recette tirée des veaux mâles
2,7
5,1
2,7
5,1
Somme des recettes des produits
74,0
72,8
74,5
72,8
Paiements directs
15,5
18,6
14,3
18,6
Total des recettes
89,5
91,4
88,9
91,4
TE–24
TP–28
TE–28
TP–28e
Concentrés achetés Prod. Laitière
Coûts spécifiques (CHF / 100 kg de lait)
7,2
3,3
9,9
2,6
Fourrage acheté Prod. laitière (sauf concentrés)
2,0
1,4
2,0
1,4
Vétérinaire et médicaments
3,5
3,1
3,5
3,1
Insémination
1,4
1,4
1,4
1,4
Litière
0,7
0,6
0,7
0,6
Divers coûts spécifiques + primes d'estivage
1,8
2,2
1,7
2,2
Coûts des contingents laitiers
3,4
3,4
3,7
3,4
Achat d'animaux
10,4
11,1
10,4
11,1
Total des coûts spécifiques des animaux
30,4
26,7
33,4
26,0
Engrais
1,3
1,0
0,9
1,0
Semences
1,2
–
1,0
–
Produits phytosanitaires
0,5
0,0
0,3
0,0
Divers
0,9
2,8
0,2
2,8
Total des coûts spécifiques de la p roduction fourragère
3,9
3,8
2,3
3,8
Coûts de structure réels (CHF/100 kg de lait)
TE–24
TP–28
TE–28
TP–28e
Amélioration de base du sol
0,0
0,0
0,0
0,0
Entretien des machines
2,4
0,9
2,4
0,9
Entretien des bâtiments
1,2
2,0
1,2
1,5
Agro-entrepreneurs
11,8
0,9
11,7
3,0
Location de machines
2,1
0,4
2,1
0,4
Diesel
1,7
0,6
1,6
0,6
Electricité
1,9
5,2
1,6
2,2
Eau (eau fraîche/ eaux usées)
0,8
1,1
0,8
1,1
Impôts et taxes
0,1
0,1
0,1
0,1
Taxe comptable légale
0,0
0,0
0,0
0,0
Téléphone, etc.
0,8
0,9
0,7
0,9
Divers coûts
0,9
1,0
0,7
1,0
23,6
13,1
23,0
11,8
Total des coûts réels de structure Coûts de main-d'oeuvre (réels)
–
–
Fermages
2,4
2,9
2,1
2,9
Intérêts des dettes
4,2
6,6
4,0
5,4
Total du coût des facteurs (réels)
6,6
9,5
6,1
8,3
Amortissements des machines
6,7
7,1
5,8
7,1
Amortissements des bâtiments
5,9
9,4
5,5
7,2
temps de travail moindre avec le troupeau nourri au pâturage, la valorisation du travail est presque deux fois plus élevée. Risque plus élevé pour le troupeau nourri à l’étable Comme le prix du lait joue un rôle décisif dans le résultat économique, la simulation a pris en compte une variation dans une fourchette allant de 40 à 80 centimes. La figure 1 présente le revenu en fonction du prix du lait. Plus la courbe est pentue, plus le résultat dépend du prix du lait. On s’aperçoit que le troupeau nourri à l’étable affiche une courbe plus pentue et, par conséquent, est exposé à un risque plus élevé par rapport au prix du lait. Le troupeau nourri à l’étable peut à peine encore faire face à des prix du lait inférieurs à 60 centimes (le revenu passe en dessous de zéro). En revanche, le troupeau nourri au pâturage dispose de recettes plus importantes issues des produits annexes (veaux) et des paiements directs. En cas de baisse du prix du lait, il a donc l’avantage de la diversification. Variante 1 «Exploitation de toute la surface utile» (TE-28) La variante initiale prévoit que l’exploitation avec le troupeau nourri à l’étable produit elle-même ses concentrés sur une surface d’environ 1,5 hectares. Par conséquent, la surface disponible pour le fourrage principal est moindre. Dans la variante 1, les 1,5 hectares sont eux aussi affectés à la culture fourragère principale. Le rapport herbages et maïs-ensilage reste constant. Les deux troupeaux disposent donc d’une surface fourragère principale et d’un nombre de vaches pratiquement identiques. Les résultats du troupeau nourri à l’étable n’ont été que légèrement améliorés. Du côté des produits, des recettes tirées du lait deviennent plus importantes tandis que la part des paiements directs s’amenuise. Les coûts réels ne baissent que modérément de 0,9 centimes. Cela peut s’expliquer par le fait que les principaux postes
12,6
16,5
11,3
14,3
77,2
69,6
76,3
64,1
Coûts de structure calculés (CHF/100 kg de lait)
50 000 Revenu tiré du lait / an
Total des amortissements Total des coûts réels
40 000 30 000 20 000 10 000 –
Terre
2,4
2,9
2,1
2,9
Main-d'œuvre
36,8
38,4
33,5
39,0
Capital
0,8
0,8
0,6
0,7
-20 000
Total
40
42
36
43
-30 000
Bénéfice de l'entrepreneur
-28
-20
-24
-15
-40 000
23 963
35 978
28 206
45 019
2553
2268
2670
2300
Revenu du lait (CHF/an) Temps de travail nécessaire (MOh/an) Productivité du travail (kg de lait/MOh)
76
73
84
72
Valorisation du travail (CHF/h)
7,9
13,2
9,2
17,1
Pâture
Etable
60 000
Amortissements
-10 000
40
50
60
70
80
Centimes / kg de lait Figure 1 | Revenu en fonction du prix du lait.
Recherche Agronomique Suisse 2 (9): 418–423, 2011
421
Production animale | Affouragement au pâturage ou à l‘étable – qu’est-ce qui est plus rentable?
de coûts comme l’achat de fourrage et les travaux en régie sont très variables et que l’exploitation ne peut pratiquement pas profiter de l’avantage que lui confère sa taille. Les économies sur les coûts proviennent uniquement d’une meilleure utilisation des machines et des bâtiments, de coûts de main-d’œuvre plus bas et de coûts spécifiques inférieurs pour la production de fourrage, car les coûts élevés liés à la production de concentrés par l’exploitation disparaissent. Mais les coûts de l’achat de concentrés renchérissent d’autant. Le revenu peut ainsi être amélioré d’environ CHF 4300. – par an. Variante 2 «Ensilage pour le troupeau nourri au pâturage» (TP-28e) Outre un système d’affouragement estival différent, on a introduit dans la comparaison des systèmes un système alternatif de conservation du fourrage (troupeau nourri au pâturage avec du fourrage sec, troupeau nourri à l’étable avec balles d’ensilage). En principe, la production de fourrage exclusivement sec s’intègre parfaitement à la stratégie de la pâture intégrale et permet grâce à des produits de qualité d’obtenir un prix du lait plus élevé. Cet avantage lié aux prix n’existant pas dans le présent essai, on a simulé ci-dessous un passage à la production d’ensilage. La variante 2 compare les deux types d’exploitation avec des systèmes identiques de conservation de fourrage (balles d’ensilage). Partant du fourrage sec conservé, la conversion en balles d’ensilage est ensuite calculée pour le troupeau nourri au pâturage (TP-28e). A partir de là, les coûts des bâtiments, des agro-entrepreneurs et des concentrés ont été adaptés. Avec une conservation de fourrage identique sous forme d’ensilage, les résultats s’avèrent encore plus nettement favorables au troupeau nourri au pâturage. Comme dans les deux cas les bâtiments ne sont pas amortis, mais calculés au prix complet, le troupeau nourri au pâturage bénéficie de nettes réductions sur le coût des bâtiments (amortissement, entretien) et du capital. Les coûts de l’électricité sont également nettement plus bas. Par contre, et comme on pouvait s’y attendre, les coûts des agroentrepreneurs augmentent, mais restent à un niveau néanmoins modeste étant donné la proportion relativement faible de fourrage conservé. La réduction de coûts par rapport à la variante de fourrage sec est de 5,5 centimes (coûts réels), ce qui se traduit finalement par une augmentation des revenus d’environ CHF 9000. – par an. Vu la charge de travail légèrement supérieure de l’affourragement d’ensilage, le temps de travail requis pour le troupeau nourri au pâturage a légèrement augmenté de sorte que la productivité du travail a chuté. Toutefois, étant donné les coûts réels plus bas, la valorisation du travail a tout de même augmenté à CHF 17,10 et repré-
422
Recherche Agronomique Suisse 2 (9): 418–423, 2011
sente donc presque le double de celle du troupeau nourri à l’étable.
Discussion et conclusions Les résultats de l’essai sur le terrain confirment les calculs de simulations antérieures (Gazzarin et al. 2004, 2005). On a constaté qu’avec une surface constante (comme base de comparaison) il faut une production laitière nettement plus élevée en affouragement à l’étable pour générer le même niveau de revenu qu’en affourragement au pâturage. Dans une autre comparaison, Höltschi (2010) montre lui aussi que les exploitations avec un rendement laitier élevé par vache et un gros volume de production de lait affichent un revenu du travail légèrement plus bas que les exploitations avec un rendement laitier bas et un petit volume de production. Dans le présent essai, le revenu significativement plus bas du troupeau nourri à l’étable peut être expliqué comme suit: La différence de production laitière d’environ 2000 kg (8000 kg pour le troupeau nourri à l’étable, 5900 kg pour le troupeau nourri au pâturage) est trop faible pour profiter d’un effet de dilution, étant donné les coûts élevés en Suisse. Avec l'affourragement à l’étable, il faudrait une production laitière nettement plus élevée par vache pour y parvenir. La forte part de coûts variables (coûts des concentrés et des agro-entrepreneurs) freine les économies d’échelle – en d’autres termes: l’effet de dilution ne se manifeste que faiblement. Par contre, le rapport entre le prix du lait et celui du fourrage acheté (et des prestations achetées) est un paramètre décisif pour la réussite du système. Lorsque les prix des concentrés et des prestations (travaux effectués par des tiers) ne baissent pas dans les mêmes proportions que ceux du lait, les revenus baissent en conséquence. C’est pourquoi les exploitants se sentent de plus en plus contraints à augmenter la production pour baisser davantage les coûts fixes de structure. Étant donné la faible disponibilité des surfaces et l’extension nécessaire des contrats de livraison, cette stratégie est également liée à des coûts, qui pourraient, au pire, annuler la réduction des coûts de structure, tout au moins à moyen terme. Une réduction systématique des charges des postes onéreux, comme l’achat de fourrage, les machines, les travaux de tiers ou les bâtiments (stock de fourrage) peut être obtenue plus rapidement et plus simplement avec une pâture directe de la surface. La baisse des recettes tirées du lait peut être largement compensée par le développement des recettes tirées des produits annexes (viande) ou des paiements directs, mais surtout par la baisse des coûts de revient. n
Confronto tra sistemi di produzione lattiera a Hohenrain Foraggiamento in stalla o pascolo – qual’è il sistema più economico? Nell'ambito di questo progetto si sono confrontate due mandrie tenute per tre anni su una superficie identica con sistemi di produzione diversi: 1) «mandria in stalla», caratterizzato da una prestazione del singolo animale più elevata e da un foraggiamento in stalla intensivo, 2) «mandria al pascolo», pascolo integrale con parto stagionale uniformato a fine inverno. Dalla valutazione economica sono emersi i seguenti risultati: la mandria al pascolo, nonostante una resa in latte inferiore, evidenzia costi terzi decisamente inferiori ed un reddito significativamente più elevato (+ CHF 12 000). Il minor carico di lavoro e la valorizzazione del lavoro (retribuzione oraria) è circa due volte superiore rispetto alla mandria foraggiata in stalla. La riduzione delle principali voci dei costi reali (p. es. alimenti concentrati, insilato di mais) influisce positivamente sul reddito rispetto a quello ottenuto da prestazioni dell'animale più elevate e da un foraggiamento intensivo in stalla. Questo è possibile quando il prezzo del latte non è compensato da una diminuzione dei prezzi degli alimenti concentrati o delle prestazioni (costi terzi). Tali costi variabili gravano molto su quelli della mandria in stalla e possono essere compensati soltanto mediante una riduzione di quelli strutturali fissi (macchine, edifici, lavoro) e con un importante aumento della produzione. Un simile incremento della produzione comporta generalmente costi correlati. Ponendo determinate limitazioni di crescita, la strategia di pascolo riduce i costi e sfrutta più rapidamente e con minori rischi il potenziale che ne scaturisce.
Bibliographie ▪▪ Gazzarin Ch. & Hilty R., 2002. Systèmes de stabulation pour vaches laitières: comparaison des investissements relatifs à la construction. Rapport FAT 586, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen. ▪▪ Gazzarin Ch. & Schick M., 2004. Systèmes de production laitière en région de plaine. Comparaison de la rentabilité et de la charge de travail. Rapport FAT 608, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen. ▪▪ Gazzarin Ch., Ammann H., Schick M., Van Caenegem L. & Lips M., 2005. Systèmes de production laitière dans les régions de plaine et de collines. Quelle est la solution optimale pour l’avenir? Rapport FAT 645, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen. ▪▪ Hemme et al., 2010. IFCN Dairy Report 2010, International Farm Comparison Network, IFCN Dairy Research Center, Kiel. ▪▪ Hemme T., 2000. Ein Konzept zur international vergleichenden Analyse von Politik- und Technikfolgen in der Landwirtschaft. Landbauforschung Völkenrode, Sonderheft 215. Braunschweig.
Summary
Riassunto
Affouragement au pâturage ou à l‘étable – qu’est-ce qui est plus rentable? | Production animale
Pasture feeding or cowshed feeding – which is more economical? In a «System comparison of milk production in Hohenrain» two dairy cattle herds on an identical land area were compared over three years in different production systems. Higher individual livestock yield and intensive cowshed feeding characterised the «cowshed herd» system, while the «pasture herd» was managed with permanent access to pasture and seasonal calving under largely homogenous conditions. An economic assessment of the two systems based on the trial data yielded the following results: the pasture herd incurred considerably lower external costs and consequently, despite lower milk revenue, returned a significantly higher income (+ CHF 12 000.–). Due to the lower labour input, work utilisation («hourly rate») was around twice as high as for the cowshed herd, depending on the variant. The consistent reduction of important external cost items (e.g. fodder concentrate, silage maize) affected income more favourably than the focus on higher milk revenue using increased livestock yields and intensive cowshed feeding. This is particularly true if lower milk prices cannot be offset by lower purchase prices for fodder concentrate or services (contractors). The latter variable cost items have a considerable impact on the costs of the cowshed herd and can only be compensated for by a reduction in fixed structural costs (machinery, buildings, labour), aided by a considerable expansion in production. As a rule, however, such an expansion in production incurs follow-up costs. Key words: milk production, production systems, system comparison, cost calculation, grazing, seasonal calving, indoor feeding.
▪▪ Hilty R., Van Caenegem L. & Herzog D., 2007. Système de prix par modules unitaires ART 2007. Compilation de frais de construction pour ruraux. Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon, Ettenhausen. ▪▪ Hofstetter P., Frey H.J., Petermann R., Gut W., Herzog L. & Kunz P., 2011. Comparaison de deux systèmes de production laitière à Hohenrain: garde à l’étable vs garde au pâturage – alimentation, performances et efficience. Recherche Agronomique Suisse 2 (9), 402–411. ▪▪ Höltschi M. 2010. Kostenmanagement in der Milchproduktion – Denksport für Zukunftsbetriebe!, CH-Braunvieh 10. ▪▪ Stark R., Schick M. & Moriz C., 2009. ART-Arbeitsvoranschlag 2009 (Budget de travail ART): Planungsinstrument zur Kalkulation des Personalund Maschineneinsatzes auf landwirtschaftlichen Betrieben. Software Version 2009. Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen.
Recherche Agronomique Suisse 2 (9): 418–423, 2011
423
P o r t r a i t
La fièvre des voyages de Hansjörg Frey «San Francisco, Grand Canyon, Hollywood, Chicago, Manhattan.... Actuellement, je suis à Las Vegas». La voix de Hansjörg Frey me parvient par saccades via Skype. Après quatre ans d’un travail intensif dans le cadre du projet Hohenrain et de formation continue, le jeune ingénieur agronome de 32 ans, diplômé de la HESA, s’est offert de longues vacances Outre-Atlantique. Pendant deux mois, Hansjörg Frey visite les Etats-Unis au volant d’une voiture de location. Projet Hohenrain La clôture du projet Hohenrain a lieu en septembre, et à cette occasion Hansjörg Frey sera bien entendu de retour en Suisse. Pendant quatre ans, en collaboration avec un groupe de chercheurs, il a comparé deux systèmes de production laitière sur le domaine agricole du Centre de formation professionnelle Nature et alimentation BBZN à Hohenrain. Les deux troupeaux (en moyenne 24 et 28 vaches) – au patrimoine génétique assez semblable – ont été détenus dans deux systèmes différents: l’un basé sur la pâture avec vêlage saisonnier et l’autre avec affourragement à l’étable et production laitière au-dessus de la moyenne. Divers paramètres ont été étudiés, tels que la santé des vaches, la composition du lait, le potentiel économique de l’exploitation, etc. La comparaison de la composition du lait produit dans les deux systèmes a par exemple donné des résultats intéressants: dans le système avec affouragement à l’étable, la teneur en matière grasse du lait reste assez stable tout au long de l’année, tandis que dans le système basé sur la pâture, les fluctuations sont importantes, ce qui se répercute aussi sur le prix du lait. (Certains résultats essentiels issus du projet Hohenrain sont présentés dans différents articles de ce numéro). Hansjörg Frey parle avec fougue du projet qu’il a conduit et réalisé en grande partie lui-même. Spécialiste en production animale, il déverse une quantité de termes techniques. Dans le feu de la conversation, nous oublions que nous sommes à des milliers de kilomètres l’un de l’autre, uniquement reliés par la connexion Internet entre Fribourg et Las Vegas – quand soudain le haut-parleur de l’ordinateur se met à cracher un bruit infernal… «Quelqu’un a enclenché l’aspirateur dans l’auberge de jeunesse, je dois aller dehors avec mon ordinateur portable», s’excuse Hansjörg Frey. Avenir en Suisse centrale Après ce petit intermède cocasse, la conversation revient rapidement sur la Suisse centrale. «J’envisage mon ave-
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Recherche Agronomique Suisse 2 (9): 424, 2011
nir en Suisse centrale». Fils d’agriculteur du canton d’Argovie, Hansjörg Frey a fait son apprentissage d’agriculteur dans le canton de Fribourg. Il a ensuite travaillé quelques années comme aide d’exploitation agricole avant d’entrer à la Haute école suisse d’agronomie (HESA) de Zollikofen. Là, de 2001 à 2004, il étudie la production animale avec une spécialisation en économie agraire, de même qu’en enseignement et en conseil. Après quelques années comme assistant à l’HESA, il a élaboré dès 2007 le projet Hohenrain en collaboration avec des partenaires. Il s’est consacré à cette tâche jusqu’en 2011, enseignant à temps partiel à la HESA et complétant sa formation à la Haute école de Lucerne par un diplôme en MBA. Après la clôture du projet de Hohenrain, Hansjörg Frey cherche un nouveau défi professionnel. De préférence un travail qui lui permette d’utiliser ses connaissances techniques, son expérience dans la gestion de projet ainsi que les nouvelles connaissances acquises en management et naturellement…en Suisse centrale. Un nouvel hobby «ll se pourrait bien que les voyages deviennent un nouvel hobby. En tous les cas, après ce séjour aux Etats-Unis, j’aimerais bien visiter un jour la côte est». Durant son temps libre, Hansjörg Frey fait des semi-marathons, du roller ou du vélo en pleine nature. Andrea Leuenberger-Minger, Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 1725 Posieux
A c t u a l i t é s
Nouvelles publications
Apport en zinc chez le porc ALP actuel
Apport en zinc chez le porc Fiche technique destinée à la pratique
nº 40 | 2011
Auteur Patrick Schlegel, Olivier Bloch, ALP
Patrick Schlegel Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP Tioleyre 4, Case postale 64 CH-1725 Posieux patrick.schlegel@alp.admin.ch Impressum Editeur: Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP www.agroscope.ch Rédaction: Gerhard Mangold, ALP Mise en page: RMG Design, Fribourg Impression: Tanner Druck AG, Langnau im Emmental Copyright: Reproduction autorisée sous condition d’indication de la source et de l’envoi d’une épreuve à l’éditeur. ISSN 1660-7589
Le zinc (Zn) est à la fois un élément essentiel pour le métabolisme, un métal polluant pour l’environnement et une ressource non-renouvelable. Son caractère essentiel s’explique par son rôle structurel et physiologique dans l’organisme. Une pollution en Zn du sol s’illustre principalement par des phénomènes de toxicité envers les micro-organismes et certaines plantes. Un porc de 100 kg contient environ 2 à 3 g de Zn et l’apport nécessaire en cet oligoélément se limite à quelques mg/kg d’aliment. Toutefois, les matières premières utilisées en alimentation porcine ne permettent pas de couvrir les besoins en Zn. Une supplémentation en Zn est donc recommandée. La biodisponibilité du Zn alimentaire varie principalement en fonction de la présence de phytates végétales.
De nouvelles connaissances sur cet antagonisme entre phytates et Zn permettent d’affiner les recommandations d’apport en Zn en fonction du type de ration distribuée. Cette fiche technique rappelle les principales connaissances concernant l’alimentation du porc en zinc et quantifie les apports recommandés en tenant compte des points suivants : • Fonctions et métabolisme du zinc, • Carence et tolérance au zinc, • Teneur et biodisponibilité du zinc provenant des matières premières, • Influence des phytases sur la biodisponibilité du zinc, • Recommandations actualisées d’apport en zinc chez le porc.
Schweizerische Eidgenossenschaft Confédération suisse Confederazione Svizzera Confederaziun svizra
Département fédéral de l'économie DFE Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP
ALP actuel 40 Le zinc (Zn) est à la fois un élément essentiel pour le métabolisme, un métal polluant pour l’environnement et une ressource non-renouvelable. Son caractère essentiel s’explique par son rôle structurel et physiologique dans l’organisme. Une pollution en Zn du sol s’illustre principalement par des phénomènes de toxicité envers les micro-organismes et certaines plantes. Un porc de 100 kg contient environ 2 à 3 g de Zn et l’apport nécessaire en cet oligoélément se limite à quelques mg/kg d’aliment. Toutefois, les matières premières utilisées en alimentation porcine ne permettent pas de couvrir les besoins en Zn. Une supplémentation en Zn est donc recommandée. La biodisponibilité du Zn alimentaire varie principalement en fonction de la présence de phytates végétales. De nouvelles connaissances sur cet antagonisme entre phytates et Zn permettent d’affiner les recommandations d’apport en Zn en fonction du type de ration distribuée. Cette fiche technique rappelle les principales connaissances concernant l’alimentation du porc en zinc et quantifie les apports recommandés en tenant compte des points suivants:
ALP fait partie de l'unité ALP-Haras
alp actuel 40_fr.indd 1
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••Fonctions et métabolisme du zinc, ••Carence et tolérance au zinc, ••Teneur et biodisponibilité du zinc provenant des matières premières, ••Influence des phytases sur la biodisponibilité du zinc, ••Recommandations actualisées d’apport en zinc chez le porc. Patrick Schlegel, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP
Recherche Agronomique Suisse 2 (9): 425–427, 2011
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Actualités
M C oem d ime un nmi iqtut e é isl ud ne gperne s s e
www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen www.agroscope.admin.ch/communiques 01.09.2011 / Agroscope Elle bat les records dans les champs de blé
12.08.2011 / HNS Equus helveticus fait la fête au cheval
Cela fait trente ans que la variété de blé Arina est cultivée en Suisse. C’est une durée exceptionnellement longue, car de nombreuses variétés sont supplantées sur le marché par de nouvelles sélections variétales après quelques années. Arina est issue de la collaboration des stations de recherche Agroscope et de l’entreprise Delley semences et plantes SA. Ces organisations sélectionnent en permanence des blés dotés de caractéristiques améliorées et posent ainsi la pierre angulaire de l’approvisionnement de la Suisse en céréales panifiables.
Du 15 au 18 septembre 2011, Avenches sera placée sous le signe de la fête grâce à Equus helveticus, festival équestre. Avec le National FM, le Championnat de Suisse des chevaux de sport CH, les Journées familiales « A la découverte du cheval » de même que des courses de trot et de galop, près de mille chevaux et vingt fois plus de visiteuses et visiteurs sont attendus à Avenches.
30.08.2011 / ART et ETH Zurich Faire face aux risques d’une agriculture globalisée Les changements climatiques, les ressources qui se raréfient et les fluctuations des prix sur le marché mondial mettent l’agriculture face à un avenir incertain. Les résultats présentés au Congrès des agro-économistes européens (EAAE) aideront à établir des pistes de solution.
15.08.2011 / ACW Nouvelle présentation Internet du suivi de la maturation des raisins à Agroscope ACW Depuis quelques années déjà, la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW met à disposition, sur le site internet www.agroscope.ch, les résultats analytiques de ses suivis de maturation des raisins. Ces résultats intéressent un public large et plus particulièrement les producteurs et encaveurs. Depuis cette année, la présentation des résultats a été améliorée en regroupant les données de l’ensemble des domaines viticoles d’ACW, dont ceux de la Suisse alémanique. La consultation en français et en allemand est dorénavant plus conviviale.
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11.08.2011 / ACW 25 ans de confusion sexuelle en Suisse C’est en 1986 que la technique de confusion sexuelle a été autorisée en Suisse pour lutter contre les ravageurs de la vigne et des arbres fruitiers. Après de longues années d’étude, la station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW confirme que, au bout d’un quart de siècle, cette méthode de lutte écologique n’a rien perdu de son efficacité. Aujourd’hui, près de 60 % du vignoble suisse et plus de 50 % des surfaces de vergers sont protégés contre leurs principaux ravageurs grâce à la technique de confusion sexuelle. La part des surfaces ainsi protégées met la Suisse en position de leader mondial dans l’utilisation de ce mode de lutte.
Actualités
Manifestations
Liens Internet
Gestion des pâturages
Septembre 2011
www.paturer.ch Le site internet paturer.ch permet de suivre en direct et de participer à la gestion des pâturages sur des exploitations professionnelles.
15.09.2011 34. Informationstagung Agrarökonomie Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon, Ettenhausen TG 15. – 18.09.2011 Equus helveticus Haras national suisse HNS Avenches 27.09.2011 Journée d’information ALP 2011 Agroscope Liebefeld-Posieux ALP Posieux Novembre 2011
Dans le prochain numéro Octobre 2011 / Numéro 10 Le travail des vers de terre améliore la fertilité du sol. Pour suivre le développement des populations de vers de terre dans les terres assolées avec et sans labour, les chercheurs d’Agroscope Reckenholz-Tänikon ART ont effectué pendant plusieurs années des relevés sur deux sites. (Photo: Gabriela Brändle ART)
•• Ménager les vers de terre en réduisant le travail du sol, Werner Jossi et al. ART et BBZN Schüpfheim •• Essais en plein champ avec du blé génétiquement modifié résistant au mildiou, Andrea Foetzki et al. ART ••15 ans d'analyses pathologiques sur des semences de céréales biologiques à Agroscope ART, Irene Bänziger et al. ART •• Lutte microbienne contre les méligèthes du colza: premières expériences suisses, Stefan Kuske et al. ART
08. – 09.11.2011 Weiterbildungskurs für Baufachleute Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon, Ettenhausen TG 16.11.2011 Collaborations inter-exploitations Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et Haute école suisse d’agronomie HESA Inforama Rütti, Zollikofen 18.11.2011 Pflanzenschutztagung Gemüsebau 2011 Agroscope Changins-Wädenswil ACW ACW Wädenswil 26.11.2011 Swiss Breed Classic Haras national suisse HNS Avenches 28.11. – 02.12.2011 Winterbesuchswoche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Zürich-Reckenholz
•• ProfiGemüse CH: un nouveau réseau comme projet intégré de ProfiCrops, Ute Vogler et Robert Baur ACW •• Importance et distribution du nouveau biotype Nr: 1 du puceron de la laitue en Suisse alémanique, Cornelia Sauer-Kesper et al. ACW ••Agents conservateurs d’ensilage et stabilité aérobie: résultats des tests 2010, Ueli Wyss et al. ALP
Informationen: Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen www.agroscope.admin.ch/manifestations
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Mardi, 27 septembre 2011
Journée d’information ALP 2011
Nous avons le plaisir d’accueillir un intervenant de l’INRA: René Baumont, Directeur de Recherche INRA à St Genes Champanelle avec le thème « La valeur alimentaire des fourrages: rôle de la diversité spécifique et des techhniques de conservation ». Les autres thèmes de la journée seront les suivants: • Quelle complémentation fourragère chez le veau à l’engrais? • Problématique, prévention et traitement de la tympanie chez les bovins • Influence du taux de potassium et de l’ajout de sel anionique dans la ration sur le métabolisme minéral et l’équilibre acido-basique de la vache • Apports recommandés en phosphore pour la vache laitière • Les effets environnementaux de la production laitière en Suisse
• Réduction des émissions d’ammoniac par des mesures d’affouragement chez la vache laitière • Développement de la base de données des aliments pour animaux & Programme de calcul des valeurs nutritives pour les aliments simples Lieu: ALP, salle de conférence, Tioleyre 4, 1725 Posieux Inscription: jusqu’au 17.09.11: Agridea, cours, Jordils 1, 1000 Lausanne 6, cours@agridea.ch www.agroscope.ch
Schweizerische Eidgenossenschaft Confédération suisse Confederazione Svizzera Confederaziun svizra
DÉVELOPPE M ENT DE L’AGRICULTURE ET DE L’ESPACE RURAL
ALP fait partie de l'unité ALP-Haras
AgRAR foRSchung Schweiz RecheRche AgRonomique SuiSSe
Informations actuelles de la recherche pour le conseil et la pratique: Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois par année et informe sur les avancées en production végétale, production animale, économie agraire, techniques agricoles, denrées alimentaires, environnement et société. Recherche Agronomique Suisse est également disponible on-line sous www.rechercheagronomiquesuisse.ch
VEAU
NOU
Commandez un numéro gratuit! Nom / Société Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Les partenaires sont l’office fédéral de l’agriculture ofAg, la haute école suisse d’agronomie de zollikofen heSA, AgRiDeA Lausanne & Lindau et l’ecole polytechnique fédérale de zurich eTh zürich, Department of agricultural and foodscience. Agroscope est l’éditeur. cette publication paraît en allemand et en français. elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
Prénom Rue/N° Code postal / Ville Profession E-Mail Date Signature Talon réponse à envoyer à: Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch www.rechercheagronomiquesuisse.ch
Département fédéral de l'économie DFE Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP