numero 5 2010

Page 1

Recherche Agronomique Suisse 2 0 1 0

|

N u m é r o

5

Agroscope | OFAG | HESA | AGRIDEA | ETH Zürich

M a i

Production végétale Effets de la fumure sur une pelouse à nard raide

Page 176

Production animale Production de viande sur pâturage : intérêt de la fétuque élevée Economie agricole

Augmenter la compétitivité agricole suisse

Page 202

Page 194


La diversité et la composition botaniques des prairies riches en espèces réagissent à la fumure et au mode d’exploitation. (Photo: Gabriela Brändle, ART)

Sommaire Mai 2010 | Numéro 5 175 176

Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope LiebefeldPosieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Eliane Rohrer (ACW), Gerhard Mangold (ALP et HNS), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HESA), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich) Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou info@rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch ISSN infos ISSN 1663-7917 (imprimé) ISSN 1663-7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse © Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Production végétale

ffets de la fumure sur une pelouse à E nard raide Roman Tenz, Reto Elmer, Olivier Huguenin-Elie et Andreas Lüscher

184

Editeur Agroscope Partenaires b A groscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux ALP et Haras national suisse HNS; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART) b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne b Haute école suisse d’agronomie HESA, Zollikofen b Centrales de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Department of agricultural and foodscience

Editorial

Production végétale

L'appauvrissement botanique réduit la ­ production fourragère Andreas Stampfli et Michaela Zeiter

Economie agricole 190 Désinfection de la semence de basilic :

un vrai défi Werner E. Heller et Cornelia Zoller 194

Production animale

roduction de viande sur prairies tempo- P raires : intérêt de la fétuque élevée

Eric Mosimann, Ruedi Schmied, Claude-Pascal Thuillard et Peter Thomet

202

Economie agricole

Augmenter la compétitivité agricole suisse

Markus Lips

208

Portrait

209

Actualités

211

Manifestations

Listes variétales Encart Liste recommandée des variétés de colza

d'automne pour la récolte 2011 Didier Pellet, Alice Baux et Jürg Hiltbrunner


Editorial

Agroscope : une recherche ­agronomique multifonctionnelle Chère lectrice, cher lecteur, Les Stations Agroscope sont les centres de compétence de la Confédération dans le domaine de la recherche agronomique. Une des principales forces d’Agroscope est de fournir des bases scientifiques à la recherche et au développement, mais aussi à l’expertise, aux décisions politiques et à l’exécution des tâches légales. Ces trois secteurs ne sont pas toujours totalement séparables, mais se renforcent les uns les autres.

Paul Steffen, Directeur de la Station de recherche Agroscope ­Reckenholz-Tänikon ART

Trois piliers essentiels A l’interface entre science et politique, la recherche d’Agroscope se caractérise par une approche orientée sur les problèmes et proche de la pratique. Un tel résultat ne peut être obtenu qu’en travaillant de manière interdisciplinaire et en intégrant les utilisateurs et les groupes d’intérêts. De plus, Agroscope souhaite pratiquer une recherche de qualité reconnue au niveau international. Pour le soutien au monde politique, Agroscope doit pouvoir fournir au pied levé des compétences scientifiques se basant souvent sur des résultats d‘études entreprises dans la continuité et à long terme. Parallèlement, la fonction d’éclaireur d’Agroscope implique d’identifier à temps les nouveaux développements, les nouveaux risques et les nouveaux enjeux. C’est l’objet de la recherche exploratoire, qui porte sur des thèmes potentiellement importants à l’avenir. Les tâches légales, qui découlent souvent de la fonction protectrice de l’Etat pour ses citoyens, ainsi que pour la nature et l’environnement, représentent une large part du champ d’activité d’Agroscope. Ces fonctions portent notamment sur l’étude, la certification et l’évaluation des produits par rapport aux standard de qualité et de sécurité élevés. Ceci implique qu’Agroscope dispose des dernières connaissances scientifiques et techniques, tout en pratiquant une recherche appliquée dans une perspective à long terme. Investie de ce vaste mandat, Agroscope apporte une large contribution dans les enjeux de plus en plus complexes, à dimensions parfois globales, dans les domaines de la production, de l’alimentation, des ressources naturelles, de l’environnement et du climat. Les financements externes sont le reflet de la qualité Les financements externes ont une importance stratégique capitale pour Agroscope. Ils représentent un des meilleurs «labels de qualité», attestant qu’une institution peut s’imposer dans la libre concurrence de la recherche. De plus, ces fonds contribuent à une mise en réseau dans le système de connaissances national et international. Ils sont d’une importance centrale pour le développement des compétences scientifiques des collaborateurs. Les financements externes permettent de traiter des questions supplémentaires d’intérêt public, importantes ou sur le point de le devenir. Les multiples tâches d’Agroscope – recherche et développement au profit du secteur agro-alimentaire, bases de décisions politiques et expertise, ainsi que ses tâches légales – nécessiteront toutefois toujours un considérable engagement financier de la part de la Confédération.

Recherche Agronomique Suisse 1 (5): 175, 2010

175


P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Effets de la fumure sur une pelouse à nard raide Roman Tenz1, Reto Elmer2, Olivier Huguenin-Elie1 et Andreas Lüscher1 1 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich 2 Centre de formation et de vulgarisation agricole Plantahof, 7302 Landquart Renseignements: Olivier Huguenin-Elie, e-mail: olivier.huguenin@art.admin.ch, tél. + 41 377 72 42

Introduction Les pelouses à nard raide forment des communautés végétales typiques de la zone alpine et subalpine. Ce sont les pelouses maigres d’altitude les plus répandues des Alpes (Dietl 1998). On les trouve sur des sols acides, moyennement secs à frais-humides. Le nard raide (Nardus stricta L.), qui domine les peuplements, est pauvre en éléments nutritifs et en minéraux. Comme ses feuilles sétacées sont dures, seules les jeunes pousses sont consommées par les animaux. Depuis plusieurs générations, les agriculteurs tentent de remplacer cette graminée par des plantes fourragères plus savoureuses et nutritives (Stebler et Schröter 1888). Certains types de pelouses à nard raide (Nardion strictae) constituent néanmoins des communautés relativement riches en espèces. Ces gazons abritent souvent des plantes alpines typiques comme l’arnica (Arnica montana L.), la campanule barbue (Campanula barbata L.), la gentiane de Koch (Gentiana acaulis L.) et le pseudo­rchis blanchâtre (Pseudorchis albida (L.) A. & D. Löve; Delarze et Gonseth 2008), ainsi que des espèces précieuses pour la production fourragère, adaptées aux sols maigres comme le trèfle des Alpes (Trifolium alpinum L.) et le plantain des Alpes (Plantago alpina L.). Une fumure modérée permet-elle de réduire judicieusement la part de nard raide sans pour autant faire disparaître cette diversité agronomiquement et écologiquement si ­importante?

Méthode

Figure 1 | Flore et paysage sur l’alpage dil Plaun, en arrière-plan le Piz Beverin. (Photo R. Elmer)

176

Recherche Agronomique Suisse 1 (5): 176–183, 2010

Essai longue durée testant neuf procédés de fumure Un essai longue durée a permis d’étudier l’effet des ­engrais de ferme et minéraux sur une pelouse à nard raide. Neuf procédés de fumure (tabl. 1) ont été appliqués depuis 1994 sur des parcelles de 20 m2 selon un dispositif en bloc, avec trois répétitions. La surface d’essais se situe à 1950 m d’altitude sur l’alpage dil Plaun dans la commune de Scheid (Grisons; fig. 1). Elle est exposée au sud et présente une déclivité de 5 %. La moyenne des


Effets de la fumure sur une pelouse à nard raide | Production végétale

Résumé

précipitations annuelles est d’environ 1400 mm et la ­moyenne des températures en juillet d’environ 12 °C. Le sol est un podzol brun fortement acide (pH 4,9-5,3 à une profondeur de 0 – 10 cm au début de l’essai). Au départ, la surface était recouverte d’un pâturage à nard raide constitué à 75 % de graminées et de laiches, dont plus de 60 % de nard, 2 % de trèfles et 23 % d’autres plantes. Les parcelles ont été fauchées une fois par an pendant la deuxième quinzaine de juillet. Début juillet 2007, un relevé botanique comprenant un inventaire des espèces de plantes vasculaires et une estimation de leur part dans le rendement selon Dietl (1995, modifié à 12 catégories de rendement) a été réalisé sur chaque parcelle. Le pH (H2O) ainsi que la quantité de phosphore et de potassium extraite à l’eau saturée en CO2 (P-CO2 et K-CO2) ou à l’acétate d’ammonium + EDTA (P-AAE10 et K-AAE10) ont été déterminés à partir d’échantillons de sol prélevés à 0 – 10 cm de profondeur.

Résultats Grandes différences de rendement Le rendement moyen des années 1997 à 2007 est indiqué dans le tableau 2. Tous les procédés se sont démarqués significativement du témoin non fertilisé. Les procédés Lisier et PK ont entraîné une augmentation moyenne des rendements de 26 % seulement par rapport au témoin, tandis que les procédés Fumier et CaPK ont fait doubler les rendements. L’effet relativement limité de la fumure à base de lisier est peut-être dû à la qualité du lisier utilisé, qui présentait une teneur en matière sèche de plus en plus basse au fil des ans (de 4 % au départ à environ 1 %). Le rendement le plus élevé a

Les bovins n’apprécient guère le nard raide. Un essai longue durée mis en place à 1950 m d’altitude a étudié les effets de neuf procédés de fumure sur le rendement et la composition botanique d’une pelouse à nard raide. Trois procédés ont permis d’obtenir une nette hausse de rendement et une amélioration agronomique de la composition botanique: une fumure modérée à base de fumier composté avec ou sans épandages de purin et une fumure minérale phosphopotassique associée à un chaulage. Dans le procédé avec fumier composté et purin, la part de nard raide dans le peuplement a quasiment été divisée par deux par rapport au procédé témoin. Cela montre que les engrais de ferme peuvent améliorer la qualité agronomique des pelouses à nard raide. L’apport de lisier très dilué ou une fumure phospho-potassique sans chaulage n’ont pratiquement pas permis d’améliorer ni le rendement, ni la composition botanique. La fumure étant modérée, le nombre ­d’espèces végétales n’a diminué de manière significative que dans deux procédés. Toutefois, plusieurs espèces typiques des sols maigres et présentes dans les parcelles non fertilisées n’ont pas été trouvées dans les procédés avec fumure. Tant du point de vue agronomique qu’écologique, il est donc judicieux de réserver les engrais de ferme, disponibles en quantité limitée sur les alpages, aux surfaces à meilleur potentiel agricole.

Tableau 1 | Description des neuf procédés de fumure appliqués dans l’essai longue durée sur une pelouse à nard raide sur l’alpage dil Plaun

Désignation

Type et quantité d’engrais

Témoin

Aucune fumure

Lisier

20 m3 ha-1 de lisier (dilué à 1:2, 4 % de matière sèche) tous les deux ans, après la récolte

Fumier

10 t ha-1 de fumier composté tous les 3 ans au printemps

Fumier liqu.

10 t ha-1 de fumier composté et liquéfié tous les 3 ans au printemps

Fumier-purin

10 t ha-1 de fumier composté tous les 3 ans au printemps et 15 m3 ha-1 de purin tous les ans (dilué à 1:3) après la récolte

Ca

1000 kg CaCO3 ha-1 (= 561 kg CaO), sous forme de chaux d’Aarberg tous les 3 ans au printemps

PK CaPK CaPK + N

21,8 kg P ha -1 (= 50 kg P 2O 5 ), sous forme de superphosphate et 83,0 kg K ha -1 (= 100 kg K 2O), sous forme de sulfate de potassium tous les 5 ans au printemps P et K comme dans le procédé PK, avec en plus 2000 kg CaCO3 ha -1 (= 1122 kg CaO), sous forme de chaux d’Aarberg, tous les 5 ans au printemps P, K et Ca comme dans le procédé PK, avec en plus 25 kg N ha -1 tous les ans sous forme de nitrate d’ammonium après la récolte

Recherche Agronomique Suisse 1 (5): 176–183, 2010

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Production végétale | Effets de la fumure sur une pelouse à nard raide

Témoin Lisier Fumier Fumier liqu. Fumier-purin Ca PK CaPK CaPK + N

300 Rendement cumulé (dt MS ha-¹)

-

250 200 150 100

Kumulierter Ertrag (dt TS ha

50

0

1996

1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

Année Figure 2 | Rendements cumulés de 1997 à 2007 des neuf procédés de fumure sur une pelouse à nard raide située à 1950 mètres d’altitude. Barre d’erreur = écart-type moyen du rendement ­t otal de 1997 à 2007.

été obtenu par les procédés Fumier-purin et CaPK + N. L’apport d’azote (procédé CaPK + N) n’a apporté en moyenne qu’un rendement supplémentaire de 11 kg de MS par kg d’azote par rapport au procédé CaPK. L’augmentation linéaire des rendements annuels ­cumulés (fig. 2) montre qu’entre 1997 et 2007, le rendement de la variante témoin non fertilisée, tout comme l’effet de la fumure, n’ont pas nettement augmenté ni ­diminué. Peu de différences manifestes dans le sol Le chaulage a provoqué une hausse du pH d’environ 0,3 unités par rapport au témoin (tabl. 2). Les autres procédés n’ont pas eu d’impact significatif sur le pH du sol.

La quantité de P-CO2 n’a pas varié significativement ­entre les procédés (tabl. 2). Elle n’était pas plus élevée dans les procédés avec apport de chaux et de phosphore (CaPK et CaPK+N) que dans la variante témoin. Les quantités de K-CO2 ont révélé des différences liées aux procédés. Les procédés avec chaulage affichaient les valeurs les plus basses, tandis que le procédé Fumierpurin affichait les plus élevées. L’extrait à l’acétate d’ammonium+EDTA a donné un résultat analogue à ­celui de l’extrait à l’eau saturée en CO2, que ce soit pour le phosphore ou pour le potassium (les données ne sont pas indiquées). La teneur en humus de la couche supérieure du sol (0 – 10 cm) était de l’ordre de 10 %, sans différence significative entre les procédés. Forte modification de la part de nard raide En quatorze ans, les différents procédés de fumure ont induit de grandes différences de composition botanique (fig. 3 et 4). Comme pour le rendement, les différences de composition botanique entre le témoin et les procédés Lisier et PK étaient minimes. Les écarts entre le témoin et les autres procédés sont dûs en grande partie au pourcentage différent de nard raide: alors que le nard raide représentait environ 65 % du rendement de la variante témoin, sa proportion n’était plus que de 35 % dans le procédé qui en comptait le moins (Fumierpurin) en 2007. Le groupe des autres plantes représentait environ 20 % des rendements, sans différence importante entre les procédés. Par contre, de nets écarts dans la proportion de certaines espèces ont été constatés. La part de

Tableau 2 | Rendements en fourrage de 1997 à 2007, pH et état de fertilité du sol à l’automne 2006 pour les neuf procédés de fumure sur une pelouse à nard raide à 1950 m d’altitude

Procédé

pHa

Rendementa dt de MS ha-1 an-1

K-CO2a

P-CO2

(H2O)

mg P kg-1

Classe de fertilité

mg K kg-1

Classe de fertilité

Témoin

11,4

e

4,8

bc

1,2

B–C

21,0

bcd

B–C

Lisier

14,4

d

4,7

c

1,2

B–C

25,7

abcd

C

Fumier

22,2

b

4,9

bc

1,4

C

34,3

ab

C–D

Fumier liqu.

18,8

c

4,9

bc

1,4

C

31,5

ab

C–D

Fumier-purin

27,5

a

5,0

ab

1,2

B–C

41,2

a

C–D

Ca

16,1

cd

5,2

a

0,9

B

14,7

cd

B

PK

14,4

d

4,8

bc

1,4

C

29,1

abc

C

CaPK

24,2

b

5,1

a

0,9

B–C

14,1

cd

B–C

CaPK + N

27,0

a

5,1

a

1,0

B–C

13,3

d

A–B

Les procédés avec la même lettre ne se distinguent pas significativement les uns des autres (P < 0,05, test de Duncan; pas de différence significative pour P-CO2). Pour le rendement, l’analyse de variance a été effectuée en combinant les onze ans. b Classe de fertilité: A = pauvre, B = médiocre, C = satisfaisant, D = riche. a

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Recherche Agronomique Suisse 1 (5): 176–183, 2010


Effets de la fumure sur une pelouse à nard raide | Production végétale

ligustique mutelline (Ligusticum mutellina (L.) Crantz) variait de moins de 1 % dans les procédés Lisier, Ca et le témoin, à près de 7 % dans les procédés CaPK et CaPK + N (fig. 3).

100 Autres plantes

Part du rendement (%)

80

Ligustique mutelline 60

Autres légumineuses Trèfle blanc

40

Ertragsanteil (%)

Autres graminées

20

Le fumier composté stimule la croissance du trèfle Dans les différents procédés, la part de trèfle atteignait entre 1 et 23 % (fig. 3). Tous les procédés avec fumure ont entraîné une augmentation du pourcentage de trèfles par rapport au témoin (1 % de trèfle). Cette augmentation était cependant plus ou moins marquée selon les procédés. Les surfaces fertilisées avec du lisier et les procédés PK, Ca et CaPK + N présentaient moins de 10 % de trèfles. Les parcelles les plus riches en trèfles (13 à 23 % du rendement total) étaient celles fertilisées avec du fumier composté. Le développement de la part de trèfles est dû à une augmentation du pourcentage de trèfle blanc (Trifolium repens L.). En effet, ce dernier atteignait environ 20 % dans les procédés Fumier-purin et Fumier liquéfié.

Nard raide

CaPK + N

Mist verfl. Mist + HG

PK

CaPK

Ca

PK

Ca

Mist

Vollgülle Kontrolle

Fumier-purin

Fumier

Fumier liqu.

Lisier

Témoin

0 CaPK

CaPK + N

Figure 3 | Composition botanique (choix d’espèces et de groupes d’espèces) des peuplements en 2007 après 14 ans de procédés de fumure différents sur une pelouse à nard raide située à 1950 m ­d ’altitude.

Le rendement et la part de nard raide sont étroitement liés La relation négative entre le rendement et la part de nard raide est frappante (fig. 4). Dans des peuplements de ce type, l’effet indirect de la fumure sur le rendement par la modification de la composition botanique semble donc au moins aussi important que l’effet direct suite à l’apport d’éléments fertilisants. Les relevés botaniques

Figure 4 | Les plantes appétissantes du procédé Fumier-purin (à droite) se distinguent considérablement du peuplement largement dominé par le nard raide qui caractérise le procédé PK (à gauche). (Photos R. Elmer)

Recherche Agronomique Suisse 1 (5): 176–183, 2010

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Production végétale | Effets de la fumure sur une pelouse à nard raide

Tableau 3 | Nombre d’espèces de plantes vasculaires présentes dans les neuf procédés de fumure après 14 ans de fumure différente sur une pelouse à nard raide, et différences par rapport au témoin

Nombre d’espèces végétales

Procédé

Sur l’ensemble de la surface (60 m2)

Ø par parcelle (20 m2) c

Espèces supplémentaires par rapport au témoin b Valeur de subsNombre tances nutritives d’espèces moyenne

Témoin

51

34

ab

Lisier

45

31

b

12

2,42

6

2,50

Fumier

47

33

ab

11

2,36

8

2,75

Fumier liqu.

52

32

ab

8

2,13

9

2,67

Fumier-purin

46

32

ab

14

2,21

9

2,78

Ca

53

40

a

7

2,43

9

2,44

PK

52

36

ab

6

2,50

7

2,29

CaPK

41

33

ab

18

2,22

8

2,75

CaPK + N

41

31

b

16

2,19

6

2,67

a b c

Espèces végétales qui ont été observées sur toute la surface de la variante témoin non fertilisée, mais pas dans les procédés avec fumure. Espèces végétales qui ont été trouvées sur toute la surface des procédés avec fumure, mais pas dans la variante témoin non fertilisée. Les procédés avec la même lettre ne se distinguent pas significativement les uns des autres (P < 0,05, test de Duncan).

de 2001 (Elmer et al. 2002) montrent qu’à l’époque, la fumure avait déjà eu un impact majeur sur le pourcentage de nard raide. Une modification de la part de nard raide durant les premières années d’essai pourrait expliquer pourquoi l’effet de la fumure sur le rendement n’a pas augmenté entre 1997 et 2007 malgré la relation entre rendement et pourcentage de nard raide. La fumure phospho-potassique seule n’a que peu influencé les rendements et la part de nard raide. Le phosphore et le potassium n’étaient donc probablement pas les facteurs les plus limitants pour la croissance végétale. En effet, dans la variante témoin, la fertilité du sol pouvait encore être qualifiée de «médiocre» à «suffisante» pour le phosphore et le potassium après quatorze ans sans fumure. Par contre, la combinaison d’un apport phospho-potassique et d’un chaulage s’est avérée très désavantageuse pour le nard raide mieux adapté à des conditions acides et pauvres en éléments fertilisants. Le procédé Fumier-purin a eu un effet aussi positif sur le rendement et la part de nard raide qu’un apport minéral NPK accompagné d’un chaulage (procédé CaPK + N). Ces observations montrent qu’il est possible d’obtenir de très bons résultats avec des engrais de ferme sur ce type de pelouses. Toutefois, à l’alpage, les animaux passent la majeure partie du temps au pâturage, si bien que la production d’engrais de ferme est relativement rédui­te. Dès lors, les engrais produits sur un estivage ne permettraient de fertiliser qu’une partie de la surface avec des quantités similaires à celles utilisées dans cet essai. L’apport d’engrais ne provenant pas de l’alpage

180

Espèces manquantes par rapport au témoin a Valeur de subsNombre tances nutritives d’espèces moyenne

Recherche Agronomique Suisse 1 (5): 176–183, 2010

nécessite l’autorisation des services cantonaux compétents (OCest 2009). L’effet positif des procédés à base de fumier sur le pourcentage de trèfles dans le peuplement a sans doute engendré une augmentation de l’apport en azote par fixation symbiotique. Jacot et al. (2000) ont relevé que la part d’azote issue de la fixation symbiotique représentait 73 % de l’azote total contenu dans des légumineuses prélevées à 1900 m d’altitude. Compte tenu du pourcentage de trèfle dans les procédés de fumure étudiés, on peut estimer que l’apport supplémentaire annuel en azote était de 5 à 15 kg par hectare pour les procédés les plus riches en trèfles (Fumier liquéfié ou Fumier-purin). Cependant, le rendement du procédé CaPK, qui n’a bénéficié d’aucune fumure azotée et qui présentait un pourcentage modeste en trèfles, indique clairement que le sol a lui aussi dû fournir des quantités considérables d’azote. Répercussions sur la diversité floristique Au total, 71 espèces de plantes vasculaires ont été relevées sur les 27 parcelles. Les procédés Lisier et CaPK + N présentaient le moins d’espèces avec en moyenne 31 espèces pour 20 m2 (tabl. 3). Ce chiffre était significativement inférieur à celui des parcelles du procédé Ca, où le plus grand nombre d’espèces (40 en moyenne) ont été relevées. Le procédé Fumier liquéfié ne présentait en moyenne que 32 espèces par parcelle, mais 52 espèces différentes ont toutefois été comptées sur les trois parcelles de ce procédé (sur 60 m2), soit presque autant que pour le procédé


Effets de la fumure sur une pelouse à nard raide | Production végétale

Ca. Dans leur essai de fumure sur un peuplement initialement dominé par le nard raide et la fausse bruyère, Hejcman et al. (2007) ont également relevé un nombre élevé d’espèces dans les parcelles chaulées. Entre 6 et 18 espèces relevées sur les parcelles témoins non fertilisées n’ont pas été retrouvées dans les procédés avec fumure. Un nombre particulièrement élevé d’espèces avait disparu dans les procédés Lisier (12), Fumier (12), Fumier-purin (14), CaPK + N (16) et CaPK (18). Dans les procédés avec fumure, nous avons constaté l’absence de quelques espèces typiques des sols maigres qui étaient présentes dans la variante témoin, comme la nigritelle noirâtre (Nigritella rhellicani Teppner et Klein) dans les procédés Fumier, Fumier liquéfié, Fumier-purin, Ca, CaPK, CaPK + N, l’arnica (Arnica montana L.) dans les procédés Lisier, Fumier, CaPK, CaPK + N et la botryche lunaire (Botrychium lunaria L.; fig. 6) dans les procédés Fumier, Fumier liquéfié, Fumier-purin, CaPK, CaPK + N. Par ailleurs, dans chaque procédé, 6 à 9 espèces ont été trouvées qui n’étaient pas présentes dans la variante témoin. Ainsi le plaintain noirâtre (Plantago atrata Hoppe) a été observé dans tous les procédés avec fumure et la véronique petit-chêne (Veronica chamaedrys L.) dans tous les procédés hormis PK. La valeur de substances nutritives moyenne (selon Landolt 1977) des espèces présentes dans les procédés avec fumure mais pas dans les parcelles témoins était

supérieure de 0,4 à 0,6 unités à celle des espèces présentes dans les parcelles témoins mais pas dans les parcelles fertilisées (sauf pour les procédés PK, Lisier et Ca; tabl. 3). En considérant la proportion de plantes indicatrices de conditions pauvres ou acides (selon les valeurs écologiques de Landolt 1977), on constate que plus le rendement d’un procédé était élevé, moins la proportion de l’espèce indicatrice d’acidité et de sols maigres la plus fréquente dans ces peuplements –  c’est-à-dire le nard raide  – était importante (fig. 4). Toutefois, aucune tendance nette n’a pu être identifiée quant à la proportion de l’ensemble des autres espèces indicatrices d’acidité et ou de sols maigres. Sur les alpages, les peuplements à diversité floristique élevée sont très importants d’un point de vue agro­ nomique (Leiber et al. 2005), pour l’image des produits et pour le maintien de la biodiversité (Hohl 2006). Une fumure appropriée se doit donc de permettre le maintien de cette diversité. Les espèces adaptées aux sols maigres et acides peuvent rapidement être évincées par des espèces plus compétitives après apport d’éléments fertilisants (Rajaniemi 2002). Cela s’est vérifié dans le présent essai: plusieurs espèces typiques des sols maigres étaient absentes des trois procédés à haut rendement, bien que le nombre d’espèces soit resté élevé. Dans le procédé Fumierpurin, le trèfle brun (Trifolium badium Schreb.) à haute valeur fourragère était également absent. L’effet sur la

30 70

Part du rendement (%)

20

50

40

15

30 10

Ertragsanteil (%) 20

Rendement (dt MS/ha)

25

60

Ertrag (dt TS/ha) Nard raide

5

10

Autres indicateurs de sols maigres Autres indicateurs d'acidité

CaPK + N

CaPK

Fumier

Mist

CaPK

Rendement

Fumier-purin

Vollgülle Kontrolle

Ca

Fumier liqu.

PK

Ca

PK

Lisier

0 Témoin

0

Mistet verfl. Mist Figure 5 | Pourcentage de rendement du nard raide des autres indicateursCaPK de sols maigres d’acidité (colonnes) ainsi que rendement + N +etHG (points) des neuf procédés de fumure après 14 ans de fumure différente sur une pelouse à nard raide située à 1950 mètres d’altitude. Les indicateurs d’acidité et de sols maigres représentés sont les espèces avec une valeur de réaction ou une valeur de substances nutritives de 1 ou de 2 (barres d’erreur = écart-type, n = 3).

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Production végétale | Effets de la fumure sur une pelouse à nard raide

Figure 6 | La botryche lunaire était absente de la plupart des ­p rocédés avec fumure. (Photo O. Huguenin-Elie)

Bien qu’une fumure à base de dix tonnes de fumier ­composté tous les trois ans n’ait pas entraîné une baisse significative du nombre d’espèces végétales par parcelle, plusieurs espèces typiques des sols maigres qui étaient présentes dans les parcelles non fertilisées n’ont pas été trouvées sous ce régime de fumure, comme dans les autres parcelles fertilisées. Pour ne pas réduire la précieuse diversité floristique sur tout l’alpage, il est donc recommandé de laisser une partie de la surface non fertilisée. C’est particulièrement important du fait que les effets de la fumure sur la biodiversité perdurent pendant des décennies dans de tels habitats, même après abandon de toute fumure (Spiegelberger et al. 2006). Les objectifs écologiques et agricoles ne doivent pas pour autant s’exclure mutuellement: une fumure correcte sur des surfaces sélectionnées et l’absence de fumure sur d’autres (gestion différenciée) conduisent à une différenciation des communautés végétales qui peut être intéressante aussi bien sur le plan écologique que sur le plan agricole. A grande échelle, une mosaïque de surfaces avec des intensités d’exploitation et des peuplements végétaux différents se traduit par une grande diversité d’espèces et permet d’optimiser l’emploi des engrais de ferme, dont la quantité à disposition des alpages est limitée, sur les surfaces à meilleur potentiel agricole.

Conclusions

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diversité floristique était néanmoins nettement plus limité à Scheid que dans l’essai de fumure sur l’Eggenalp (1340 m d’altitude, prairie à avoine jaunâtre) où la fumure à base de NPK a entraîné la disparition de la moitié des espèces (Baumberger et al. 1996). Sur l’Eggenalp, il faut cependant savoir que 82,5 kg d’azote, 39,2 kg de phosphore et 149,4 kg de potassium ont été épandus par an, soit des apports nettement plus élevés que ceux de l’essai de Scheid, même si l’on tient compte des différences de rendements liées à l’altitude.

Une fumure modérée peut conduire à une augmentation du rendement et à une amélioration agronomique des pelouses à nard raide, mais le type de fumure est décisif. De très bons résultats ont été obtenus avec les engrais de ferme (fumier composté, fumier composté et purin), ainsi qu’avec une fumure minérale phospho-potassique combinée à un chaulage (CaPK). L’intérêt pratique des procédés à base d’engrais minéraux est cependant limité, puisque l’apport d’engrais ne provenant pas de l’alpage n nécessite désormais une autorisation (OCest 2009).

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b


Effetti della concimazione su un prato di erba cervina L'erba cervina non è particolarmente apprezzata dai bovini. Nel quadro di un esperimento di lunga durata condotto a un'altitudine di 1950 m s.l.m. sono stati studiati gli effetti di nove tecniche di concimazione sulla resa e la composizione botanica di un prato di erba ­cervina. In seguito a una concimazione mode­ rata con letame decomposto, letame decomposto e liquame o concime ­minerale PK combinato con la calcitazione sono stati rilevati un notevole ­incremento di resa e un miglioramento dal profilo agronomico. Nel metodo che contemplava l'uso di letame decomposto e liquame, la quota di erba cervina è stata quasi dimezzata rispetto a quella presente sulla superficie di controllo. Ciò evidenza quale sia il potenziale dei concimi aziendali per migliorare la ­qualità agronomica dei prati di erba cervina. La concimazione con liquame completo fortemente diluito o soltanto con concime PK non ha comportato ­alcun miglioramento della resa e della composizione botanica. Il numero di specie vegetali ha potuto venir ridotto in maniera significativa mediante una concimazione moderata soltanto in due casi. Tuttavia, diverse specie generalmente riscontrabili sui prati magri e presenti sulle superfici di controllo non concimate non sono state rilevate sui prati sottoposti a concimazione. Dal profilo agronomico ed ecologico è quindi opportuno che i concimi aziendali disponibili in quantità limitate sull'alpe vengano preferibilmente distribuiti sulle superfici che presentano le caratteristiche tecniche migliori al fine della produzione.

Summary

Riassunto

Effets de la fumure sur une pelouse à nard raide | Production végétale

Effects of fertilisation on a mat-grass grassland Mat-grass (Nardus stricta L.) produces poorly palatable forage. We assessed the effects of nine forms of fertilisation on yield and botanical compo­ sition of a mat-grass sward of the ­central Alps at 1950 m of altitude. Moderate fertilisation with stored ­solid manure, stored solid manure plus slurry, or mineral PK fertilizer combined with liming achieved a ­significant yield increase and agri­ cultural improvement of the sward. The effects of slurry alone or mineral PK fertilizer without liming were much smaller. After 14 years, the mat-grass proportion was only 35 % in the plots fertilized with solid manure plus slurry, compared to 65 % in the un­fertilised plots. Mat-grass swards can thus be agriculturally improved by appli­cations of farm manure. The number of plant species was ­significantly decreased by the ­moderate fertilisation only in two treatments. Nevertheless, some ­species typical of nutrient poor sites and present in the unfertilized plots could not be found in the fertilized ones. It therefore seems best for ­summer farms with mat-grass grasslands, for both production and species conservation, to preferentially keep the produced manure for the area with the best production potential. Key words: manure, Alps, Nardus stricta, yield, botanical composition.

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P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

L'appauvrissement botanique réduit la ­production fourragère Andreas Stampfli1,2 et Michaela Zeiter1,2 Haute école suisse d'agriculture HESA, 3052 Zollikofen 2 Institut für Pflanzenwissenschaften Universität Bern, 3013 Bern Renseignements: Andreas Stampfli, e-mail: andreas.stampfli@bfh.ch, tél. +41 31 910 21 98

1

Vue depuis le hameau de Cragno sur les prairies sèches de l'exploitation de Pree au Monte Generoso en juillet 1990. Dans les prairies ­a bandonnées à droite de l'image, entre les bouleaux, on entrevoit la parcelle d'étude de Poma.

Introduction Depuis qu’on a pris conscience dans les années nonante que la disparition globale d’espèces constituait un problème majeur d’intérêt public, les écologistes étudient de quelle manière la disparition d’espèces peut compromettre le fonctionnement et les prestations des éco­ systèmes (Lepš 2005). Pour déterminer des relations causales entre la diversité en espèces et la production végétale, des essais ont été conduits sur plusieurs continents, en établissant des communautés végétales artifi-

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cielles avec des nombres d’espèces différents. Le débat scientifique intense soulevé par ces essais a montré que leurs résultats et conclusions ne pouvaient pas être directement extrapolés à des écosystèmes herbacés naturels (Grace et al. 2007). Pour combler cette lacune et étudier l’effet de la disparition d’espèces sur la production d’une communauté végétale naturelle, nous avons suivi pendant 20 ans l’évolution de la végétation et du rendement d’un pré après une période de friche. Un pré voisin régulièrement entretenu a servi de référence.


Etude au Monte Generoso Dans la seconde moitié du 20 e siècle, le développement économique en Suisse a conduit à un changement rapide du mode d’exploitation des prairies et à une construction immobilière galopante sur les prairies sèches bien exposées. La plupart des prairies maigres riches en espèces ont été exploitées plus intensivement ou carrément abandonnées, causant ainsi la disparition de nombreuses espèces végétales et animales. A la suite de ce développement, la Confédération a fait établir les premiers inventaires dans les années 1980. Ceux-ci ont servi de base à des paiements directs aux exploitants pour la conservation des milieux riches en espèces restants (Hedinger et Eggenberg 2008). Au Tessin, où les pertes dues à l’abandon étaient particulièrement importantes, un projet du Fonds national à l’Université de Berne a étudié l’évolution des prairies maigres après le changement de mode d’exploitation. Le projet a inclus des essais où l’entretien a été modifié délibérément sur des surfaces expérimentales (Antognoli et al. 1995). Nous décrivons ici deux lieux d’étude voisins, Pree et Poma, situés au Monte Generoso à 980 et 990 m d’altitude. A Pree, 3,3 ha de prairies sèches d’importance nationale ont été entretenues par la fauche et la pâture de manière continue jusqu’à présent. En revanche, l’exploitation des prairies de Poma a été interrompue pendant 20 ans (1968 – 1987). Sur les pentes plus raides, le bouleau et les noisetiers se sont rapidement implantés, tandis que le brachypode penné (Brachypodium pinnatum) a colonisé les surfaces restantes, excluant beaucoup d’espèces avec sa couche de litière dense (fig. 1). Les espèces les plus abondantes (Brachypodium pinnatum, Potentilla erecta, Asphodelus albus) possèdent des organes souterrains bien développés. Des surfaces expérimentales dans la prairie sèche de Pree ont révélé une augmentation des ces espèces après l’interruption du fauchage (Stampfli et Zeiter 2001), montrant d’une part que ces espèces sont relativement tolérantes à la fauche et d’autre part l’importance des réserves souterraines pour la persistance d’espèces dans les prairies en friche à litière dense. Dans une parcelle exempte de ligneux à Poma, en pente légère vers le sud-ouest, située à 50 – 100 m de la prairie sèche de Pree, nous avons repris le fauchage régulier en 1988 et l’avons poursuivi jusqu’à présent. Pendant les 10 premières années, la reprise de la fauche a eu un effet très faible sur la composition de la surface expérimentale clôturée. La dominance du brachypode a persisté et la colonisation à partir de populations d’autres espèces distantes de plus de 25 m semblait insignifiante (Stampfli et Zeiter 1999). Des essais d’ensemencement conduits dans les années 1995, 1998 et 1999

Résumé

L'appauvrissement botanique réduit la ­p roduction fourragère | Production végétale

Cette étude porte sur les relations entre la disparition d’espèces végétales, le fonctionnement d’un écosystème de prairie et la production fourragère. Le site d’étude comprend deux prairies sèches non fertilisées voisines aux lieux-dits Pree et Poma, sur le Monte Generoso au Tessin. Vers 1950, les deux prairies servaient encore à la production fourragère de deux exploitations laitières familiales. Tandis que la prairie de Pree a été fauchée régulièrement jusqu’à présent, celle de Poma n’a pas été exploitée entre 1968 et 1987. Dès lors, elle a évolué vers une mosaïque de forêts de bouleaux, de buissons de noisetiers et une friche herbacée à brachypode penné (Brachypodium pinnatum). De nombreuses espèces végétales et les meilleures plantes fourragères ont disparu. Depuis 1988, nous avons régulièrement fauché une surface de friche herbacée d’environ 200 m2 et suivi la composition des espèces et le rendement. La dominance du brachypode a progressivement diminué au cours des 20 ans, mais les espèces de prairie disparues n’ont pratiquement pas recolonisé la surface entretenue. En conséquence, la production végétale a diminué de 45 %. Le rendement actuel est nettement inférieur à celui de la prairie sèche riche en espèces de Pree. La diversité en espèces est donc nécessaire pour assurer la production fourragère en mode d’exploitation extensif des prairies.

Figure 1 | Prairie en friche avec le brachypode penné ( Brachypodium pinnatum, vert clair) et l'asphodèle blanc ( Asphodelus albus ), Poma mai 1985.

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Production végétale | L'appauvrissement botanique réduit la ­p roduction fourragère

avec des espèces récoltées à Pree et partiellement aussi dans d’autres prairies sèches au sud des Alpes ont confirmé l’hypothèse que les espèces de prairie peuvent s’établir si leur semences atteignent la parcelle (Stampfli et Zeiter 1999; Zeiter et al. 2006; Zeiter et Stampfli 2008). Nous décrivons ici l’évolution de la végétation après les 10 années suivantes. Le brachypode, considéré comme peu résistant au fauchage par Briemle et Ellenberg (1994), continue-t-il à dominer la végétation? Des espèces de prairie plus tolérantes à la fauche peuventelles atteindre la parcelle, s’y établir et se propager? Si le brachypode recule sans être remplacé par d’autres espèces, la production végétale devrait diminuer. Cette hypothèse est examinée en comparant le rendement avec des valeurs de référence obtenues dans la prairie fauchée voisine.

Méthode L’essai d’entretien à Pree a duré de 1988 à 2003, celui de Poma de 1988 jusqu’à présent. Des surfaces non fertilisées, fauchées annuellement en juillet et non utilisées pour les essais d’ensemencement (Stampfli 1993; Stampfli et Zeiter 1999; Zeiter et al. 2006) sont considérées dans cette étude. La composition des espèces a été déterminée avec la méthode des points (Stampfli 1991): une fois à Pree (début juillet 1996), annuellement à Poma de 1988 à 1991, puis tous les deux ans jusqu’en 2007 (début octobre). La présence des espèces a été relevée à des points distants de 20 cm avec une aiguille d’acier épaisse de 3 mm (fig. 2). A Pree, 900 points représentaient une surface de 36 m2 (quatre placettes de 3 m × 3 m), à Poma 456 points représentaient une surface de 18,2 m2 (1,2 m × 15,2 m; Stampfli et Zeiter 1999, 2001). Le recouvrement, ou plus précisément la fréquence de chaque espèce, est mesuré par le nombre de points (parmi les 900 ou 456 points relevés) où l’espèce touche l’aiguille. Nous avons ensuite calculé la fréquence totale de toutes les espèces ainsi que les fréquences relatives du brachypode et des groupes d’espèces «autres graminées», «cypéracées» et «herbes». Les compositions botaniques de Pree et de Poma ont été comparées sur la base du nombre d’espèces avec une fréquence relative supérieure à 0,5 %. Le rendement a été déterminé annuellement juste avant la fauche, en pesant l’herbe coupée dans des bandes d’essai de 1 m × 9 cm et séchée à 80 °C pen­­dant 24 h. Dans chacune des quatre placettes de Pree (4 × 20 m2), les récoltes de cinq bandes d’essai ont été mélangées. Dans la placette de Poma (environ 100 m2), dix bandes ont été fauchées et leur rendement déterminé soit séparément, soit (en 1994, 2000, 2002, 2004,

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2006) après avoir combiné les dix échantillons. L’évolution de la productivité a été analysée à l’aide d’une régression linéaire basée sur le logarithme du rendement.

Résultats Après la reprise du fauchage à Poma, le brachypode a réagi après un délai de 4 ans, reculant graduellement pendant les 12 années suivantes. Simultanément, la fréquence totale de toutes les espèces a doublé (fig. 3). Les herbes ont augmenté plus fortement que les cypéracées (Carex spp. et Luzula campestris) et graminées (principalement Danthonia decumbens). Le nombre d’espèces de tous les groupes a augmenté: de 5 à 15 pour les herbes, de 1 à 4 pour les cypéracées et de 0 à 2 pour les autres graminées. Cependant, même après 20 ans, les graminées à haute valeur nutritive étaient encore quasiment absentes. En comparaison avec la prairie sèche continuellement entretenue de Pree, les graminées suivantes manquaient: Anthoxanthum odoratum, Agrostis capillaris, Avenula pubescens, Bromus erectus, Briza media, Festuca ovina, Festuca tenuifolia, Trisetum flavescens. Le rendement a baissé significativement après la reprise du fauchage, avec un recul de 45 % au cours des 20 ans entre 1988 et 2007 (fig. 4). Pendant la période directement comparable de 1988 à 2003, le rendement a baissé de 39 % à Poma (P < 0,01) alors qu’il n’y a pas eu de changement significatif à Pree.

Discussion La variabilité interannuelle du rendement (fig. 4) reflète en premier lieu la variabilité des conditions météorologiques. Le rendement augmente dans les années humides (1988, 1999, 2000, 2001) et diminue dans les années sèches (1991, 1997, 1998, 2003). Le point minimal

Figure 2 | Relevé de végétation avec la méthode des points à Poma en octobre 2007.


L'appauvrissement botanique réduit la ­p roduction fourragère | Production végétale

Somme des fréquences

Espaces libres

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Points

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Fréquences relatives (%)

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Année (Poma) Brachypode penné Cypéracées

Pree

Autres graminées Herbes

Figure 3 | Somme des fréquences absolues de toutes les espèces et des espaces libres de végétation (en haut), ainsi que fréquences relatives du brachypode penné, des autres graminées, cypéracées et herbes sur la surface expérimentale de Poma (456 points) et dans le témoin non fertilisé de la prairie sèche de Pree (900 points). Les nombres d'espèces sont indiqués à droite.

ductivité n’est pas inévitable tant que des espèces adaptées aux conditions des prairies sèches sont présentes. La diminution du rendement et de la valeur nutritive de la prairie de Poma est une conséquence de la diminution du brachypode mais également de l’exclusion précédente des espèces tolérantes à la fauche, ainsi que du manque d’occasions pour ces espèces de se rétablir. Les chances de recolonisation par les semences étaient certes réduites dans cet essai par la clôture et donc l’exclusion des chèvres et des vaches. Mais, même ainsi, le faible succès de recolonisation spontanée est surprenant, vu qu’une source de semences était présente à 50 – 100 m seulement. Après trois décades d’abandon, une étude du stock semencier dans une surface voisine à Poma a révélé peu d’espèces typiques des prés et une densité de semences relativement faible (Holzer 2000; Stampfli et Zeiter, données non publiées). Des espèces de prairies sèches ont été semées régulièrement en automne 1998 et 1999 dans une autre surface expérimentale de Poma (48000 semences sur 10,8 m2). Après trois ans, la productivité n’a que peu augmenté, mais neuf des 22 espèces semées ont atteint la floraison (Zeiter et al. 2006). Des semences de brome dressé (Bromus erectus), une espèce fréquente dans les prairies sèches, ont été prélevées sur trois sites pour cet essai. Les plantes d’origine locale à Poma se sont mieux établies que les plantes des deux 400

PREE

300

200

100 Phytomasse (g/m2)

de l’évolution des fréquences totales ainsi que le point maximal de l’évolution des espaces découverts reflètent la réduction de la densité de la végétation survenue après la sécheresse estivale de 1991. Cet événement coïncide avec le début des changements de composition botanique de la végétation de Poma. Des études de longue durée dans la vallée de Blenio ont révélé que des périodes de sécheresse estivale peuvent induire des changements de végétation persistants dans les prairies sèches, qui s’expliquent par la modification du succès de germination et d’établissement des espèces (Stampfli et Zeiter 2004, 2008). L’été sec de 1991 n’a cependant pas eu d’effet négatif durable sur la productivité de Pree. Cette prairie a répondu aux années plus humides par une augmentation de rendement plus prononcée que la végétation de Poma. Nous interprétons la baisse du rendement comme une conséquence du prélèvement des nutriments par le fauchage annuel pour les espèces sensibles. Pendant la période de friche, les assimilats étaient stockés dans les organes souterrains des espèces dominantes et leur servaient de réserves. La comparaison avec la prairie sèche non fertilisée voisine de Pree montre que, dans des conditions climatiques données, une diminution de pro-

0 400

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300

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Année

Figure 4 | Variabilité interannuelle de la biomasse à Pree (1988-2003, tendance non significative) et à Poma (1988-2007, ­t endance linéaire, P < 0,001).

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Production végétale | L'appauvrissement botanique réduit la ­p roduction fourragère

prairies sèches plus éloignées (Zeiter et Stampfli 2008). L’importance de la diversité en espèces pour le fonctionnement d’un écosystème est devenue plus évidente après 20 ans dans cette étude. Comme le nombre d’espèces et la taille des populations bien adaptées aux prairies étaient insuffisants, le rendement et la valeur nutritive sont tombés au-dessous du niveau d’une prairie sèche fauchée.

Conclusions ••La disparition d’espèces d’une prairie sèche causée par l’abandon de l’exploitation pendant 20 ans n’a pas pu être compensée en 20 ans par une reprise de l’entretien et a conduit à une forte baisse du ­rendement. ••Malgré la proximité de populations convenables, la recolonisation spontanée des espèces de prairies s’effectue beaucoup plus lentement que leur élimination après l’abandon de l’exploitation. ••Pour assurer une production végétale durable, un des nombreux services rendus par les prairies exploitées extensivement en zone de montagne, un entretien soigneux des prairies devrait absolument être assuré, même pendant des périodes difficiles du point de vue économique. ••En évitant que les populations locales soient complètement éliminées, on maintient la possibilité de rétablir des prairies extensives productives par un ensemencement d’origine locale.

Bibliographie C., Lörtscher M., Guggisberg F., Häfelfinger S. & Stampfli A., b Antognoli 1995. Tessiner Magerwiesen im Wandel. Schriftenreihe Umwelt 246, 134 p. b B riemle G. & Ellenberg H., 1994. Zur Mahdverträglichkeit von Grünlandpflanzen. Möglichkeiten der praktischen Anwendung von Zeigerwerten. Natur und Landschaft 69, 139–147. b Grace J. B., Anderson T. M., Smith M. D., et al. 2007. Does species diversity limit productivity in natural grassland communities? Ecology Letters 10, 680–689. b Hedinger C. & Eggenberg S., 2008. Inventaire des prairies et pâturages secs. Première étape de la sauvegarde d'un patrimoine national. Prairies et pâturages secs, Hotspot 18, 4-5. Forum Biodiversité Suisse, Berne. b H olzer B., 2000. Untersuchungen zur Langlebigkeit von Diasporen im ­B oden: Ein Aspekt bei der Beurteilung der Restaurierungschancen artenreicher Wiesen aus Graslandbrachen. Diplomarbeit Universität Bern. b L epš J., 2005. Diversity and ecosystem function. In: Vegetation Ecology (Ed. E. van der Maarel), Blackwell Publishing, Malden, 199–237. b Stampfli A., 1991. Accurate determination of vegetational change in meadows by successive point quadrat analysis. Vegetatio 96, 185–194. b Stampfli A., 1993. Veränderungen in Tessiner Magerwiesen: Experimentelle Untersuchungen auf Dauerflächen. Dissertation Universität Bern.

188

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Encadré 1 | Histoire de l’exploitation des domaines de Pree et Poma Au début du 20e siècle, les sites de Pree et Poma étaient subdivisés en plusieurs parcelles et servaient à la production de foin des familles du hameau de Cragno. Les parcelles riches en espèces de Pree ont été acquises dans les années 1930 par la famille Gianolli, qui a continué à y produire du foin. Les prairies de Poma étaient également très riches en espèces à cette époque. D’après des informations de Giacomo et Dina Gianolli, la famille Cereghetti a entretenu les prairies très soigneusement jusqu’à la fin des années 1950 pour l’affouragement des vaches dans les étables de Poma pendant l’hiver. Lorsque les Cereghetti ont quitté leur exploit­ ation en 1957, les Gianolli ont utilisé les prés de Poma jusqu’en 1968 comme pâturage pour leurs vaches. Après le décès du père de Giacomo Gianolli, le site de Poma a été complètement abandonné. Angelo Gropetti a acquis l’Alpe Pree en 1989 et a poursuivi l’entretien des prairies sèches exposées au sud (fauche en juillet, pâture en automne). Pour accroître la surface de son exploitation, il a acquis Poma en 1996, déboisé la surface et l’utilise maintenant comme prairie et pâturage.

b Stampfli A. & Zeiter M., 1999. Plant species decline due to abandonment of meadows cannot easily be reversed by mowing. A case study from the southern Alps. Journal of Vegetation Science 10, 151–164. b Stampfli A. & Zeiter M., 2001. Species responses to climatic variation and land-use change in grasslands of southern Switzerland. In : Biomonitoring: General and applied aspects on regional and global scales (Ed. C.A. Burga & A. Kratochwil). Kluwer Academic Publishers, Dordrecht, 107–124. b Stampfli A. & Zeiter M., 2004. Plant regeneration directs changes in grassland composition after extreme drought: a 13-year study in southern Switzerland. Journal of Ecology 92, 568–576. b Stampfli A. & Zeiter M., 2008. Mechanisms of structural change derived from patterns of seedling emergence and mortality in a semi-natural grassland. Journal of Vegetation Science 18, 563–574. b Zeiter M., Stampfli A. & Newbery D.M., 2006. Recruitment limitation ­c onstrains local species richness and productivity in dry grassland. ­Ecology 87, 942–951. b Zeiter M. & Stampfli A., 2008. Long-term assessment of seed-provenance effect on the establishment of the perennial grass Bromus erectus . Journal of Vegetation Science 18, 821–830.


La scomparsa delle specie riduce la ­produzione di foraggio Questo studio analizza le relazioni ­tra la scomparsa di specie, il funzio­­na­ mento di un ecosistema prativo, e la produzione di foraggio. Il sito di ricerca si trova sul Monte Generoso nel ­cantone Ticino. Si tratta di due prati secchi non fertilizzati , situati ai ­luoghi chiamati Pree e Poma. Entrambi i prati, ancora attorno al 1950, costi­ tuivano la base per la produzione ­foraggiera di due aziende agricole ­lattiere familiari. Mentre il prato di Pree è tuttora falciato regolarmente, quello di Poma si è trasformato, a seguito dell›interruzione della gestione agricola tra il 1968 e il 1987, in un mosaico formato da bosco di betulle, cespugli di nocciolo e una cotica erbosa dominata da paléo comune (Brachypodium ­pinnatum). A causa dell abbandono sono scomparse numerose specie ­vegetali tipiche dei prati falciati e pure le specie con maggior rendimento ­agricolo. Dal 1988 abbiamo ripreso a falciare regolarmente una superficie di circa 200 m2 e osservato la composizione delle specie e la resa. Sull’arco di 20 anni la predominanza del paléo è progressivamente diminuita, ma le ­specie scomparse dalla cotica non hanno ricolonizzato la superficie ­lavorata. Di conseguenza, la produzione vegetale è diminuita del 45 %. La resa attuale è nettamente inferiore a quella del prato secco di Pree ricco di specie. La diversità delle specie assicura quindi la produzione di foraggio dei prati gestiti in modo estensivo.

Summary

Riassunto

L'appauvrissement botanique réduit la ­p roduction fourragère | Production végétale

Species loss has negative conse­quen­ ces in fodder production In this study, the link between species loss, the functioning of a grassland ecosystem and the production of ­fodder is investigated. The study area is located on the slope of Monte Generoso in Ticino and consists of two adjacent meadows at Pree and Poma. In 1950 two smallholder dairy farms were still based on these meadows, one farm on each meadow. Whereas mowing has been carried out regularly in Pree until today, the meadows of Poma changed after a period of interrupted mowing (1968-1987) into a mosaic of birch woodland, hazel shrubs and ­fallow grassland dominated by tor grass (Brachypodium ­pinnatum). Many specialist species of meadows, including the most valuable fodder plants, were lost. Since 1988 an area without woody plants of c. 200 m2 has been regularly mowed and species compo­sition and phytomass monitored. The initially un­broken dominance of tor grass decreased over 20 years while the ­displaced species hardly reestablished themselves. The standing crop was reduced by 45 % during the same period and is now below the level of the standing crop in the species-rich, unfertilized dry meadow at Pree. Thus, species richness ensures the production of fodder that can be gained from unimproved grassland. Key words: abandonment, community stability, dispersal limitation, dry meadows, grassland restoration.

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P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Désinfection de la semence de basilic : un vrai défi Werner E. Heller et Cornelia Zoller, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil Renseignements : Werner E. Heller, e-mail: werner.heller@acw.admin.ch, tél. +41 44 786 63 68

Levée homogène des semences de basilic désinfectées à la vapeur.

Introduction Le mildiou (Peronospora lamii ) et la pourriture des racines et des tiges (Fusarium oxysporum f. sp. basilici; fig. 1) sont les principales pathologies du basilic transmises par les semences. Ces deux champignons peuvent détruire une culture dans sa totalité, en particulier les cultures en pots. Il en résulte de graves pertes financières pour les producteurs. Pour lutter contre la pourriture des racines et des tiges, les graines de basilic pourraient théoriquement être trempées dans un bain de fongicides de synthèse.

190

Recherche Agronomique Suisse 1 (5): 190–193, 2010

Mais cette méthode est difficilement applicable techniquement et donc rarement utilisée. En effet, en cas d’apparition de pourriture sur les racines et les tiges, la lutte chimique directe contre la maladie est peu praticable à cause des risques de résidus de fongicides. En outre, les cultures en pots touchées ne seraient de toute façon pas commercialisables. Dans ce type de culture, la tendance est aujourd’hui essentiellement à la production biologique, qui refuse tout trempage de la semence dans un bain chimique. En revanche, les maraîchers seraient favorables à une désinfection physique des semences de basilic, pour ­autant qu’elle soit réalisable à peu de frais.


Résumé

Désinfection de la semence de basilic : un vrai défi | Production végétale

Figure 1 | Mycélium de Fusarium oxysporum f.sp. basilici sur les racines d’un germe de basilic. (Photos: W. E. Heller et C. Zoller, ACW)

Méthode

Fusarium oxysporum f. sp. basilici et Peronospora lamii sont les principaux agents pathogènes transmis par la semence chez le basilic. Grâce à la désinfection à la vapeur aérée, les graines de plusieurs variétés de basilic ont été préservées durablement de la contamination par des champignons pathogènes tels que F. oxysporum f. sp. basilici. Les semences ont été traitées sur un filet en nylon avant d’être séchées et séparées les unes des ­autres. Pour les cultures en pots, les semences ont été désinfectées sur du papier filtre, lequel a été directement déposé sur les pots puis recouvert d’une mince couche de sub­ strat. La culture s’est ensuite poursuivie jusqu’au stade de croissance approprié pour la vente.

Vapeur et filet de nylon En raison des caractéristiques des graines de basilic, le traitement classique des semences à l’eau chaude n’est guère utilisable. La semence de basilic a en effet pour particularité d’absorber rapidement l’eau en grande quantité dans une couche de surface mucilagineuse (fig. 2). Les graines se collent donc les unes aux autres, ce qui empêche le séchage après un traitement à l’eau chaude. La désinfection de la semence à la vapeur aérée offre une solution de rechange. Ce procédé, décrit depuis longtemps (Locascio 1963), est tombé dans l’oubli, faute d’intérêt. ACW a repris cette idée il y a quelque

temps et l’a développée sur le plan technique pour la rendre exploitable (Heller et Razavi 2007). Afin d’éviter le problème du collage, les graines de basilic ont été déposées en une seule couche sur un filet de nylon, qui permet à l’eau de condensation de s’égoutter. Les graines ont séché sur le filet et ont pu ensuite être séparées les unes des autres. Cette méthode a été testée sur ­diverses variétés de basilic de plusieurs provenances. Pour la production de basilic en pots, les graines ont été semées directement sur du papier filtre humide puis traitées à la vapeur aérée (fig. 3). En déposant directement les graines traitées avec leur support de papier filtre sur les pots et en les recouvrant d’une mince couche de substrat, l’étape du séchage a pu être sautée.

Figure 2 | En quelques minutes, les graines de basilic gonflent fortement en surface.

Figure 3 | Désinfection à la vapeur aérée de graines de basilic sur papier filtre, sur le tapis roulant de la machine d’ACW.

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191


Production végétale | Désinfection de la semence de basilic : un vrai défi

Résultats Durée du traitement décisive La germination des graines et le succès de la désinfection ont été testés dans des conditions in vitro. Ainsi, les figures 4 et 5 présentent les résultats de deux essais avec diverses variétés, traités à intervalles de 30, 60 et 90 secondes à une température de 65 °C. Les résultats montrent que l’augmentation du temps d’exposition à la ­vapeur aérée permet de réduire fortement la contamina­tion des graines par les champignons chez le basilic nain, et même de la supprimer chez le basilic ­génois, sans altérer leur pouvoir germinatif. Lorsque les paramètres de traitement étaient respectés, la désin­ fection à la vapeur aérée n’a eu aucune influence négative sur le pouvoir germinatif et le potentiel de croissance des semences mises en pots ou en barquettes. Un troisième essai de désinfection durant 90 secondes à la vapeur à 67,5 – 68 °C a permis de débarrasser complètement les graines de basilic nain de l’agent ­pathogène de la pourriture des racines et des tiges (fig. 6). Un tapis roulant pour l’automatisation Comme nous l’avons montré, la désinfection de la ­semence de basilic est possible avec un traitement à la vapeur aérée à 65 – 68 °C durant 90 secondes. Cette ­méthode permet d’éliminer avec sûreté les pathogènes propagés par la semence. À condition de respecter strictement les paramètres, le procédé n’altère ni le pouvoir germinatif des graines, ni le potentiel de croissance, ni le développement des plantes. L’utilisation d’un tapis roulant permet d’automatiser le procédé et de réduire très fortement les coûts. Cependant, étant donné le coût de la semence de basilic, les frais de désinfection ne devraient pas être un facteur limitant, puisque ce processus augmente indéniablement la sécurité de la production.

100%

Désinfection du basilic nain à la vapeur+air

75%

50% Taux de contamination %

25%

0% K

Pouvoir geminatif %

D(

D( D( 3D 60“(60'';65C)D 90“ (90'';65C) 0“;(30'';65C)D ;65 ;65 65C C) C) )

Procédé Figure 4 | Influence de la désinfection à la vapeur aérée à 65 °C durant 30, 60 et 90 secondes sur le pouvoir germinatif et la contamination fongique de graines de basilic génois.

100%

75%

50% Taux de contamination %

25%

Pouvoir geminatif %

0% K

D(

30

“;6 D (30'';65C) 5 C)

D

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(90 6 “D;6(90'';65C) D0“(60'';65C) ;65 5C C )

)

Procédé

Figure 5 | Influence de la désinfection à la vapeur aérée à 65 °C durant 30, 60 et 90 secondes sur le pouvoir germinatif et la contamination fongique de graines de basilic nain.

Figure 6 | Influence de la désinfection à la vapeur aérée (67,5 – 68 °C) durant 90 secondes sur le basilic nain. A gauche : semence désinfectée, pas de symptômes; à droite : semence non traitée, plantes dépérissantes.

192

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La sfida della disinfezione della semente di basilico Fusarium oxysporum f. sp. basilici e Peronospora lamii sono i principali agenti patogeni del basilico trasmessi dal seme. Grazie alla disinfezione a vapore aerata, semi di diverse varietà di basilico sono stati stabilmente preservati dalla contaminazione da malattie fungine, quali Fusarium oxysporum f. sp. Basilici. Il trattamento è applicato distribuendo i semi su una rete di nylon prima di essere asciugati e infine separati. Per le colture in vaso la semente è stata disinfettata ­direttamente su carta assorbente, la quale è stata in seguito disposta sui vasi e ricoperta da un sottile strato di substrato. La coltura è allora ­proseguita fino a raggiungere lo stadio di crescita appropriato per la vendita.

Summary

Riassunto

Désinfection de la semence de basilic : un vrai défi | Production végétale

Disinfection of basil seeds is a challenge Seeds of sweet basil are often infected by Fusarium oxysporum f. sp. basilici or Peronospora lamii. The seeds of ­different varieties of sweet Basil could be disinfected from seed borne pathogenic fungi by aerated steam treatment. The seeds were treated and dried on a nylon net and successfully separated from each other after the process. For pot cultures the seeds were sown on filter paper and disinfected with aerated steam on the paper. After treatment the filter paper was transferred to the pots, covered with a layer of substrate and cultivated under suitable conditions to market stage. Key words: sweet basil, seed disinfection, seed borne pathogens, Fusarium oxysporum f. sp. basilici.

Bibliographie ▪▪ Locascio S. J., 1963. Hot water and aerated steam treatment of vegetable seed. Florida Agricultural Experiment Stations Journal Series 1735, 183 – 189. ▪▪ Heller W. E. & Razavi E., 2007. Des semences de légumes saines grâce à la vapeur ? Le Maraîcher – Der Gemüsebau, 2007 (5), 10 – 11.

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P r o d u c t i o n

a n i m a l e

Production de viande sur prairies temporaires : intérêt de la fétuque élevée Eric Mosimann1, Ruedi Schmied2, Claude-Pascal Thuillard3 et Peter Thomet 2 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 2 Haute Ecole Suisse d’Agronomie HESA, 3052 Zollikofen 3 Agrilogie Grange-Verney, 1510 Moudon Renseignements : Eric Mosimann, e-mail : eric.mosimann@acw.admin.ch, tél. +41 22 363 47 36

1

La production de viande sur des prairies semées pâturées offre des perspectives intéressantes. (Photo : Giorgio Skory, ACW)

Introduction Un processus de concentration de la production laitière est en cours dans les régions de plaine. A terme, il est probable que les troupeaux de taille inférieure à 60 vaches aient de la peine à garantir un revenu. D’autres formes d’élevage d’herbivores pourraient être développées en plaine, qui permettraient d’amortir les infrastructures existantes, de bénéficier de l’effet positif des prairies temporaires dans la rotation des cultures, de

194

Recherche Agronomique Suisse 1 (5): 194–201, 2010

maintenir la garde d’animaux et de garantir une source de revenu supplémentaire. Dans des bonnes conditions, en plaine, la production de viande bovine au pâturage sur des prairies semées atteint 1,2 t/ha/année, correspondant à un gain de poids quotidien de 1000 g/jour/animal (Thomet et al. 2000). Mayne et al. (2000) relèvent que le potentiel de production de viande peut dépasser 2 t/ha/an dans les meilleurs pâturages intensifs. Pour y parvenir, contrôle et ajustement du chargement instantané sont indispen­


sables en cours de saison. En 1976, année sèche, des ­ ccroissements moyens de 774 g/jour/animal ont été a réalisés avec des cultures de fétuque élevée (Festuca arundinacea Schreber) pâturée à Changins (Troxler et Mitzal 1983). Bien que plus tolérante à la sécheresse, la fétuque élevée est moins appétente que d'autres graminées, en raison de caractéristiques organoleptiques particulières (Scehovic et Jadas-Hécart 1989). La variété suisse Belfine, homologuée depuis 2003 (Suter et al. 2003), se distingue des autres par la souplesse de son feuillage et sa bonne valeur nutritive, ce qui la prédestine au semis des pâturages. Le progrès génétique donne de nouvelles perspectives pour la production de fourrage en zones plutôt sèches. Pour les évaluer, il s’agit de répondre aux questions suivantes : 1) La fétuque élevée peutelle être intégrée dans un mélanges graminées-trèfle blanc pour la création de pâturages ? 2) Sa résistance à la sécheresse et sa régularité de production sont-elles des avantages réels dans la pratique?

Résumé

Production de viande sur prairies temporaires : intérêt de la fétuque élevée | Production animale

Pour les régions de plaine, la production de viande bovine au pâturage sur des prairies temporaires est une alternative possible à la production laitière et aux grandes cultures. De nouvelles variétés de fétuque élevée sont présentées comme tolérantes à la ­pâture en conditions sèches. De 2007 à 2009, des essais ont été mis en place dans quatre exploitations dans le but de comparer deux mélanges graminées-trèfle blanc pâturés par des jeunes bovins : Mst 460 à base de ­ray-grass anglais et Mst 462 avec la variété de fétuque élevée Belfine. Au cours des deux premières années, plutôt humides, les deux mélanges ne se sont pas distingués de ­manière significative du point de vue de la production de matière sèche et de la digestibilité de la matière organique. En revanche, les conditions sèches de 2009 ont favorisé le mélange Mst 462. Outre sa bonne croissance en été, la fétuque élevée s’est révélée bien adaptée au pâturage des bovins.

Figure 1 | Deux mélanges trèfle-graminées ont été comparés selon des critères d'aptitude au pâturage.

Recherche Agronomique Suisse 1 (5): 194–201, 2010

195


Production animale | Production de viande sur prairies temporaires : intérêt de la fétuque élevée

Matériel et méthodes Les essais ont été réalisés dans quatre exploitations du Plateau suisse, à Sugiez (FR, 430 m), Chevroux (VD, 480 m), Moudon (VD, 560 m) et St-Urban (LU, 520 m). Les trois premières sont situées dans des régions relativement sèches. Durant les trois années d’essais, les pré100% Espèces spontanées cipitations annuelles étaient inférieures à 1000 mm. L’expérimentation a été réalisée en 2007Trèfle dansblanc les quatre 80% lieux, en 2008 dans les trois premiers lieux et en 2009 à Fétuque élevée Moudon uniquement. 60% Pâturin des prés Deux mélanges standard, Mst 460 (à base de rayRay-grass anglais grass 40% anglais Lolium perenne L.) et Mst 462 (à base de fétuque élevée, variété suisse à feuilles fines Belfine),

ont été semés côte-à-côte en été 2006 sur des parcs d’une surface de 1,2 à 1,5 ha chacun (tabl. 1). Une fumure à base de purin et/ou d’engrais du commerce a été appliquée selon les normes pour pâturage intensif. Les bonnes conditions qui ont suivi les semis ont favorisé la levée et permis de renoncer à la coupe de nettoyage au profit d’une pâture en automne 2006. Au printemps, lors de la mise à l’herbe, vingt jeunes ­bovins de diverses races ont été répartis équitablement selon leur poids sur les deux mélanges. Par la suite, le chargement a été adapté de manière identique de part et d’autre en retirant les animaux les plus lourds. La ­pâture continue sur gazon court a été gérée avec le fauchage d’une portion de la surface au printemps et la

20% 0% mars 07

sept. 07

mars 08

sept. 08

100%

Espèces spontanées Trèfle blanc

80%

100%

Espèces spontanées Trèfle blanc

80%

Fléole des prés 60%

Pâturin des prés Ray-grass anglais

40% 20%

Pâturin des prés Ray-grass anglais

40% 20%

a

0% mars 07

Fétuque élevée 60%

sept. 07

mars 08

b

0%

sept. 08

mars 07

sept. 07

mars 08

sept. 08

Figure 2 | Evolution de la composition botanique des deux mélanges (a : Mst 460 ; b : Mst 462) en moyenne de trois lieux au cours des deux années principales d’exploitation 2008). 100% Espèces spontanées

Trèfle blanc

80%

Fléole des prés 60%

Pâturin des prés Ray-grass anglais

40% Tableau 1 | Composition (g semences/are) des deux mélanges expérimentés (Mosimann et al. 2008) Espèce

Variété

20%

Trèfle blanc à grosses feuilles

Seminole

0%

Trèfle blanc à petites feuilles

Milo

Mst 462

20

25

mars 07

sept. 07 10

mars 08

sept. 08

15

Ray-grass anglais tardif

Alligator

80

Ray-grass anglais précoce

Arvella

80

30

Pâturin des prés

Compact

100

100

Fléole des prés

Tiller

40

Fétuque élevée

Belfine

Total (g/are)

196

Mst 460

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150 330

320


Production de viande sur prairies temporaires : intérêt de la fétuque élevée | Production animale

réduction du nombre d'animaux en cours d’été. La végétation des deux mélanges a été caractérisée par les mesures suivantes :

a été pesé et échantillonné pour déterminer sa teneur en ­matière sèche et la digestibilité de la matière organique. ••La croissance de l’herbe a été calculée à partir des quantités de matière sèche (MS) récoltées (Corrall et Fenlon 1977). ••La densité de l’herbe a été déterminée en divisant la quantité de MS récoltée par la différence de hauteur avant et après la coupe, mesurée à l’herbomètre. ••La digestibilité de la matière organique (dMO) a été estimée sur la base de l’indice d’activité fermentaire potentiel, selon la méthode de Scehovic (1991).

Sur l’ensemble de la surface pâturée ••La composition botanique a été analysée en mars et en septembre 2007 et 2008, selon la méthode de Daget et Poissonet (1969) sur trois lignes fixes de 10 m et 50 points. ••La hauteur de l’herbe a été mesurée (60 mesures/ha) à une fréquence variant de 1 à 4 fois par mois en ­suivant un parcours fixe avec un herbomètre à plateau (modèle néo-zélandais, Jenquip® «plate pasture meter», unité = clic = ½ cm).

Résultats et discussion Composition botanique Les analyses linéaires des deux mélanges ont été ­réalisées en 2007 et en 2008 à Sugiez, Chevroux et ­Moudon (fig. 2). La figure 2 ne prend pas en compte les relevés botaniques effectués à Sugiez en mars 2007. En effet,

Sur une surface exclue du pâturage Dans chaque parc, un dispositif composé de deux bandes de 6,5 m2 a été mis en défens (fig. 1). Les deux mini-parcelles ont été fauchées en alternance toutes les deux semaines, de fin mars à début novembre. Le fourrage récolté

450 400

20

2007

350

2008

300

dt TS/ha

Hauteur de l‘herbe (unitées herbomètre)

25

2009

2009 2008 2007

250

200 dt TS/ha 150

15 Grashöhe (Einheiten

100

10

50

0 mars

0

5

Hauteur recommandée pour la pâture continue sur gazon court avr

mai

juin

juil

août

sept

Mst 460

Oct

Mst 462

Sugiez

Figure 3 | Hauteur de l’herbe (unités herbomètre) mesurée dans les parcs à Moudon durant les trois années d’essai.

Mst 460

Mst 462

Chevroux

Mst 460

Mst 462

Moudon

Mst 460

Mst 462

St. Urban

Figure 4 | Rendement en matière sèche (dt MS/ha) des deux ­m élanges standard (Mst) dans les quatre lieux.

Tableau 2 | Hauteur de l’herbe (unités herbomètre) moyenne des deux mélanges dans trois lieux

Période de pâture

Chevroux

Sugiez

Moudon

2007

2008

2007

2008

2007

2008

2009

Mise à l'herbe

14,2

13,6

12,7

11,8

16,1

10,5

9,0

Printemps

13,2

13,9

16,0

16,1

18,5

17,2

9,2

Eté

10,7

8,9

10,0

8,8

16,3

10,5

9,2

Automne

6,5

5,9

7,9

7,0

11,9

7,8

5,8

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197


Production animale | Production de viande sur prairies temporaires : intérêt de la fétuque élevée

140 Mst 462

120

Mst 460

kg MS / ha / j

100 80 60

kg TS/ha/Tag 40 20

2007

2008

2009

0 févr

juin

oct

févr

juin

oct

févr

juin

oct

Figure 5 | Croissance journalière (kg MS/ha/jour) des deux ­m élanges standard (Mst) à Moudon de 2007 à 2009.

100%

Mst 462 tendance Mst 462

Mst460 tendance Mst 460

90%

80%

70% mars

mai

juin

août

oct

nov

Figure 6 | Evolution de la digestibilité de la matière organique (%) en cours de saison. Valeurs 2007–2008 des quatre lieux.

l’installation des graminées du Mst 462 a échoué en 2006 et un sursemis de fétuque élevée Belfine (20 kg/ha) a été pratiqué avec succès en mars 2007. Hormis cette exception en début d’essai, la composition botanique des mélanges était équilibrée. Le rapport entre le trèfle blanc et les graminées était conforme aux recommandations pour les bovins au pâturage (Pflimlin 1993). La contribution de la fétuque élevée dans le Mst 462 a augmenté au cours du temps, contrairement à celles du raygrass anglais et des espèces spontanées, non semées. Cette tendance correspond à la description de Gillet (1980), qui relève que la fétuque élevée devient très compétitive une fois bien implantée. Enfin, le pâturin des prés (Poa pratensis L.) a occupé une place modeste au sein des deux mélanges, avec une contribution moyenne de 3,3 %. Hauteur de l’herbe La mesure de la hauteur de l’herbe dans les parcs a permis d’apprécier la disponibilité en fourrage durant la saison. Les différences entre les deux mélanges n’ont pas suivi de tendance particulière. Dans le tableau 2, les hauteurs moyennes des deux mélanges ont été calculées pour les quatre principales périodes du pâturage. Pour la pâture continue sur gazon court, les recommandations sont de maintenir la couverture à une hauteur de 7 à 10 unités d’herbomètre (Thomet et al. 2004). En ­début de saison, cet objectif n’a généralement pas été atteint, sauf en 2009 à Moudon (fig. 3). Dans ce cas, une conduite très restrictive du chargement au printemps et la sécheresse ont conduit à un manque de fourrage et au déplacement des animaux sur d’autres surfaces durant deux semaines au mois de juin.

Tableau 3 | Croissance moyenne de l'herbe (kg MS/ha/jour) au printemps et en été dans les quatre lieux

Période

Sugiez

Moudon

St. Urban

Mst 462

Mst 460

Mst 462

Mst 460

Mst 462

Mst 460

Mst 462

Printemps 2007

97

82

81

69

82

72

87

91

Eté 2007

65

66

73

79

68

72

66

67

Printemps 2008

97

110

97

104

90

98

Eté 2008

35

51

73

64

59

68

Printemps 2009

67

85

Eté 2009

37

44

Moyenne

74

77

81

79

67

73

77

79

– = pas de mesures

198

Chevroux

Mst 460

Recherche Agronomique Suisse 1 (5): 194–201, 2010


Production de viande sur prairies temporaires : intérêt de la fétuque élevée | Production animale

Caractéristiques de l’herbe Avec des pluies fréquentes en 2007 et 2008, la production annuelle de matière sèche (MS) a été très satis­ faisante, avec 135 dt MS/ha/an en moyenne pour les quatre lieux. Les rendements (fig. 4) ont été mesurés sur les bandes fauchées, en ne considérant ni les pertes de récolte ni les refus. L’analyse de variance des valeurs des diverses coupes n’a révélé aucune différence entre les deux mélanges. Une tendance se dégage toutefois : la production du Mst 462, d’abord inférieure, dépasse

celle du Mst 460 au cours du temps. En 2009, à Moudon, l’écart de rendement entre les deux mélanges était de 15 dt MS/ha, équivalant à la ration saisonnière d’un jeune bovin au pâturage. Les courbes de croissance de l’herbe à Moudon (fig. 5) confirment ces résultats. Le Mst 462 a eu un taux de croissance en été constamment plus élevé que le Mst 460. En revanche, sa production n’était pas mieux répartie sur l’ensemble de la saison. Au printemps notamment, le pic de croissance du Mst 462 a augmenté

Figure 7 | La variété suisse de fétuque élevée «Belfine» est bien consommée par les jeunes bovins.

Tableau 4 | Densité moyenne de l'herbe (kg MS/unité herbomètre/ha) au printemps et en été dans les quatre lieux

Période

Sugiez

Chevroux

Moudon

St. Urban

Mst 460

Mst 462

Mst 460

Mst 462

Mst 460

Mst 462

Mst 460

Mst 462

Printemps 2007

124

113

93

104

136

112

118

121

Eté 2007

115

113

122

138

127

114

99

113

Printemps 2008

101

111

96

92

103

97

Eté 2008

112

113

116

111

119

106

Printemps 2009

113

125

Eté 2009

148

151

Moyenne

113

112

107 

111

124

117

109

117

– = pas de mesures

Recherche Agronomique Suisse 1 (5): 194–201, 2010

199


Production animale | Production de viande sur prairies temporaires : intérêt de la fétuque élevée

­d’année en année, ce qui n’était pas le cas du Mst 460. En considérant les données des quatre lieux d’essais (tabl. 3), la croissance estivale des deux mélanges était très satisfaisante en 2007 et 2008. Avec plus de 60 kg MS/ ha/jour en moyenne, elle rejoignait celle des meilleures conditions du Plateau suisse (Mosimann, 2005). A Sugiez, les parcs situés sur des terres noires ont fréquemment été inondés en cours d’essai, conduisant à une dégradation de la végétation. En conséquence, les taux de croissance ont été plus faibles en été 2008. La densité de l’herbe des deux mélanges est décrite dans le tableau 4. Les moyennes correspondent à celles d’autres essais conduits sur des prairies temporaires (Mosimann 2005). Elles sont toutefois inférieures à la ­référence de 140 kg MS/ha/unité appliquée en NouvelleZélande avec le même modèle d’herbomètre (Eastes et van Bysterveldt 2009). Les valeurs élevées enregistrées en été 2009 à Moudon s’expliquent par une augmentation de la couverture du gazon au cours du temps et par l’effet de la sécheresse sur la structure de l’herbe. La digestibilité de la matière organique analysée à intervalles réguliers n’a pas laissé apparaître de différences de valeur nutritive entre les deux mélanges (fig. 6). Son évolution en cours de saison a suivi la tendance caractéristique en forme de parabole. Elle confirme que l’herbe pâturée au printemps et en automne est de très bonne qualité.

200

Recherche Agronomique Suisse 1 (5): 194–201, 2010

Dans un deuxième article à paraître, les données sur le bétail permettront d’apprécier le lien entre la croissance et la consommation d’herbe. Des réponses pourront aussi être données aux questions suivantes : 1.) ­Comment la conduite des jeunes bovins au pâturage peut-elle être optimisée? 2.) Compte tenu de l’irrégularité de la croissance de l’herbe, comment garantir un affouragement satisfaisant des animaux?

Conclusions La comparaison de deux mélanges graminées-trèfle blanc dans des régions de plaine à pluviométrie annuelle inférieure à 1000 mm a donné les résultats suivants : ••La composition botanique et la productivité des deux mélanges standard testés (Mst 460 et Mst 462) ont parfaitement rempli les exigences de pâturages ­intensifs. ••La fétuque élevée a démontré de bonnes aptitudes à être pâturée. La variété Belfine (fig. 7) convient bien à la ­création de pâturages en zone sèche. En 2009 à ­Moudon, sa tolérance au sec et sa persistance ont conféré un avantage significatif au Mst 462 par ­rapport au Mst 460. n


Produzione di carne su pascoli ­temporanei: l’interesse della festuca arundinacea Per le zone di pianura, la produzione di carni bovine su pascoli temporanei è un’alternativa alla produzione lattera e alla campicoltura. Nuove varietà di ­festuca arundinacea sono risultate presentate come tolleranti alla pascolazione in condizioni di siccità. Dal 2007 al 2009 sono state svolte delle prove in quattro aziende agricole, con l’obiettivo di confrontare due miscele di trifoglio bianco e graminacee pascolate da giovani bovini: Mst 460 a base di loglio inglese e Mst 462 con la varietà di festuca Belfine. Durante i primi anni piuttosto umidi, le due miscele, per quanto riguarda la produzione di materia secca e la digeribilità della materia organica, non si sono distinte in modo significativo. Al contrario, le condizioni siccitose del 2009 hanno favorito la miscela Mst 462. Oltre alla sua buona crescita nel periodo estivo, la festuca arundinacea si è dimostrata adatta al pascolo dei bovini.

Bibliographie b Corrall A.J. & Fenlon J.S., 1977. A comparative methode for describing the seasonal distribution of production from grasses. Journal of Agricultural Sciences 91, 61–67. b D aget P. & Poissonet J., 1969. Analyse phytologique des prairies. CNRS Montpellier 48, 67. b E astes D. & van Bysterveldt, 2009. Optimiser la qualité de l’herbe pour plus de performance en pâture tournante. Revue suisse Agric. 41 (2): 105–112. b Gillet M., 1980. Les graminées fourragères. Description, fonctionnement, applications à la culture de l’herbe. Edition Bordas, Paris, 306. b M ayne C.S., Wright I.A. & Fisher G.E.J., 2000. Grassland management under grazing and animal response. In : Grass : its production and utilisation. Third edition (Ed. A. Hopkins). Published by Blackwell Science Ltd, Oxford, 247–291. b M osimann E., 2005. Caractéristiques des pâturages pour vaches laitières dans l’Ouest de la Suisse. Revue suisse Agric. 37 (3), 99–106. b M osimann E., Frick R., Suter D. & Rosenberg E., 2008. Mélanges standard pour la production fourragère. Révision 2009–2012. Revue suisse Agric. 40 (5), au centre.

Summary

Riassunto

Production de viande sur prairies temporaires : intérêt de la fétuque élevée | Production animale

Beef fattening on grazed grass-clover mixtures: interest of the tall fescue Beef production from pasture leys is foreseen as a possible alternative to cropping and dairying in the Swiss lowlands. New varieties of tall fescue are described as adequate for grazing in dry conditions. Experiments were conducted in four sites from 2007 to 2009 comparing two grass-clover mixtures (dominant grass: SM 460 = perennial ryegrass; SM 462 = tall fescue variety Belfine) grazed by young cattle. Regarding grass growth and organic matter digestibility, no differences could be measured between both mixtures during the first two years characterised by regular rainfall. Under dry conditions in 2009, SM 462 showed the best yielding capacity. In addition to its good summer growth, tall fescue appeared well adapted to grazing with beef cattle. Key words: tall fescue, grass-clover mixtures, grazing, grass growth, organic matter digestibility.

b P flimlin A., 1993. Conduite et utilisation des associations graminéetrèfle blanc. Fourrages 135, 389–397. b S cehovic J. & Jadas-Hecart J., 1989. La qualité des hybrides festulolium comparée à celle de la fétuque élevée. Revue suisse Agric. 21 (6), 345–349. b S cehovic J., 1991. Considérations sur la composition chimique dans l’évaluation de la qualité des fourrages des prairies naturelles. Revue ­suisse Agric . 23 (5), 305–310. b Suter D., Briner H.U., Bosshard H., Mosimann E. & Stévenin L., 2003. Rohrschwingel und Wiesenfuchsschwanz : neue Sorten. Agrarforschung 10 (7), 270–275. b T homet P., Hadorn M. & Troxler J., 2000. Leistungsvergleich zwischen Kurzrasen- und Umtriebsweide mit Ochsen. Agrarforschung 7 (10), ­472–477. b T homet P., Blättler T., Aeby P. & Mosimann E., 2004. Pâture des vaches laitières : conduite de la pâture – objectifs et contrôle. Information ADCF, 2 p. b Troxler J. & Mitzal A., 1983. La fétuque élevée, ses possibilités pour la pâture. Revue suisse Agric. 15 (3), 127–132.

Recherche Agronomique Suisse 1 (5): 194–201, 2010

201


E c o n o m i e

a g r i c o l e

Augmenter la compétitivité agricole suisse Markus Lips, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen Renseignements: Markus Lips, e-mail: markus.lips@art.admin.ch, tél. +41 52 368 31 31

Près de 10 % des chefs d’exploitation font partie d’une communauté ou d’une communauté partielle d’exploitation. (Photo: I. Pulfer, ART)

Introduction La compétitivité est un indicateur qui permet d’évaluer si une entreprise peut vendre durablement ses produits ou ses prestations sur le marché. Cela suppose à la fois que le client soit intéressé par le produit et que les coûts de revient de l’entreprise soient couverts. La compéti­ tivité de la production d’une entreprise ou d’un territoire se mesure par la différence de prix de revient par

202

Recherche Agronomique Suisse 1 (5): 202–207, 2010

rapport à la concurrence extérieure (territoires ou entreprises; Wikipedia le 12 février 2010). En matière de compétitivité, différents aspects jouent un rôle. Le prix est important, mais la qualité doit également être prise en compte. De plus, la distance entre le producteur et le client peut également être un facteur. Dans le cas de l’agriculture suisse dans son ensemble, il s’avère judicieux de s’en tenir aux critères du prix et des coûts. Une étude plus approfondie serait


­ écessaire pour les produits de niche ou ceux du segn ment premium. Une étude de ce type devrait également englober les secteurs situés en amont et en aval. Les coûts de revient comprennent tous les coûts engendrés depuis la production jusqu’à la vente, y compris ceux de gestion d’exploitation ou de formation continue. Ils sont le résultat de la comptabilité analytique, qui répartit les coûts communs ou les coûts de structure de l’exploitation sur les différentes branches ou les différents produits. Un des grands avantages de la comptabilité analytique est de permettre des comparaisons entre les exploitations, mais aussi entre les régions et les pays.

Résumé

Augmenter la compétitivité agricole suisse | Economie agricole

Comparaison des coûts de revient Deux comparaisons avec des régions voisines permettront d'évaluer la compétitivité actuelle de l’agriculture suisse. Le réseau International Farm Comparison Network (IFCN, www.ifcndairy.org) a pour but de comparer les systèmes de production laitière dans le monde à partir d’exploitations laitières représentatives. La station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART participe en fournissant les données de plusieurs exploitations suis­ses types. La méthode IFCN évalue le travail en fonction des coûts d’opportunité qui, en Suisse, s’élevaient à CHF 27.– de l’heure en 2008. Comme le calcul englobe l’ensemble de l’exploitation, les coûts des produits dérivés de la production laitière (veaux de réforme, remontes, production fourragère et autres branches de production éventuellement présentes) sont également pris en compte. Une correction est apportée par la suite en déduisant les rendements des produits dérivés. Cette correction part de l’hypothèse que les coûts des pro­ duits non laitiers sont neutres, soit qu’ils correspondent exactement aux rendements. Enfin, les paiements directs sont également déduits des coûts. On obtient alors les coûts de revient de la production laitière proprement dite, aussi appelés seuil de rentabilité (break even) par l’IFCN. Cette valeur peut être comparée au prix du lait. L’IFCN caractérise les systèmes de production laitière par le nom du pays (de la région) et le nombre de vaches laitières présentes. Le tableau 1 consigne les résultats obtenus en 2008 en Suisse et dans trois régions, sélec­ tionnées pour les besoins de la comparaison en deux tailles d’effectifs (Hemme 2009). Les résultats sont indiqués par kilogramme de lait corrigé par rapport à la teneur en énergie (ECM) pour éviter les distorsions liées aux teneurs du lait (graisses et protéines). La comparaison IFCN montre que la Suisse affiche des coûts nettement supérieurs à ceux des trois autres

Nettement plus élevés que dans les pays ­ oisins, les coûts de production respectivev ment les coûts de revient doivent être ­abaissés afin d’augmenter la compétitivité de l’agriculture suisse. Trois possibilités sont ­envisageables. Premièrement, l’extension des exploitations permet d’obtenir des ­économies d’échelle et donc de réduire les coûts par unité, mais les terres indispen­ sables à la croissance des exploitations sont pratiquement inexistantes. Deuxièmement, la ­coopération constitue une alternative à la croissance individuelle des exploitations. Des enquêtes ont toutefois montré que les formes plus intensives de coopération ­comme les communautés ou communautés partielles d’exploitation n’ont pas vraiment la préférence des agriculteurs. Troisièmement, de grandes disparités existent en ­matière de revenu du travail, et pas seulement dans le secteur agricole dans son ­ensemble, mais aussi entre les exploitations de structure similaire. Ceci montre que, même sans extension de l’exploitation ou sans coopération, il existe des possibilités pour augmenter l’efficience et diminuer les coûts.

régions. Parallèlement, il faut signaler que les contraintes, en matière de protection des animaux notamment, varient d’un pays à l’autre. Les données d’exploitation de systèmes de production similaire en grandes cultures ont été comparées entre la Suisse et le Bade-Wurtemberg (Lips et al. 2007; tabl. 2). Suivant la culture, les coûts sont basés sur les informations de deux à six exploitations suisses et de deux à huit exploitations du Bade-Wurtemberg.

Tableau 1 | Comparaison des coûts de revient par kg d’ECM pour la production laitière

Nombre de vaches 20 à 39

40 à 60

Pays/Région

CHF/ kg ECM

Suisse-20

1,11

Autriche-22

0,90

Bavière-31

0,80

France-38

0,86

Suisse-57

0,81

Autriche-40

0,63

Bavière-55

0,67

France-60

0,55

Source: Hemme (2009), cours de change appliqué: 1.08 CHF/$

Recherche Agronomique Suisse 1 (5): 202–207, 2010

203


Economie agricole | Augmenter la compétitivité agricole suisse

Culture

Suisse

Bade-Wurtemberg

Blé

4151.–

2502.–

Céréales fourragères

4795.–

2367.–

4133.–

2331.–

Colza Pommes de terre (tardives) Betteraves sucrières

13 960.–

8051.–

6410.–

3995.–

Les coûts plus élevés en Suisse s’expliquent essentiellement par le niveau de prix plus haut en général et la taille inférieure des exploitations. L’analyse des postes de charges montre que les principales différences concernent les machines, dont le degré d’utilisation est plus important dans le Bade-Wurtemberg. Les deux comparaisons montrent que les coûts de revient sont nettement plus élevés en Suisse que dans les pays voisins. Pour être compétitif, il est impératif de baisser les coûts de revient. Il existe trois possibilités d’y parvenir, que nous développons ici. Economie d’échelle L’économie d’échelle (economies of scale) signifie que l’augmentation du volume de production fait baisser les coûts à l’unité. Cela s’explique par la rationalisation croissante et la répartition des coûts fixes sur une plus grande quantité. Des calculs de coûts correspondants sont disponibles pour la production laitière. Les coûts de revient par kg d’ECM ont en effet été calculés pour un système de production laitière donné pour des effectifs de 20 à 100 vaches (Gazzarin et al. 2005). Les principales caractéristiques du système de production laitière sont les suivantes: production laitière de 6700 kg par lactation, une stabulation libre et un affourragement à base d’ensilage. En été, les animaux ont un complément de pâture. La courbe (fig. 1) illustre très bien la dégression des coûts. Dans la tranche comprise entre 20 et 30 vaches, la ­dégression est particulièrement forte. Pour la situation actuelle de la production laitière suisse, dont l’effectif moyen est de 19,8 vaches laitières (Roesch et Hausheer Schnider 2009), cette tranche est d’un intérêt capital. Les économies d’échelle jouent également un rôle clé au niveau du degré d’utilisation des machines, à l’exemple de la faucheuse à deux essieux (tracteur avec faucheuse frontale) d’une puissance de 30 kW (41 CV) : la machine est prévue pour une durée d’utilisation (unités de travail) de 8000 heures, mais n’est employée en moyenne que 195 heures par an (Albisser et al. 2009). Le calcul des coûts de machines se base sur 200 heures par

204

Recherche Agronomique Suisse 1 (5): 202–207, 2010

an et une durée d’utilisation de 15 ans, ce qui se traduit par un tarif d’indemnisation de CHF 48.– de l’heure (Gazzarin et Albisser 2009). Si le degré d’utilisation est multiplié par deux et atteint 400 heures par an, la tarif d’indemnisation passe à CHF 33.–, ce qui représente une économie de 30 %. Bien que la relation entre coûts et degré d’utilisation ou entre coûts et taille d’exploitation en général soit connue, les modifications structurelles observées ces dernières années ne sont pas très importantes pour autant. Dans le cadre d’une enquête représentative auprès des producteurs laitiers de Suisse orientale, toutes les exploitations qui avaient l’intention de continuer à produire du lait dans les vingt prochaines années ont été interrogées sur le principal obstacle à leur croissance: 39 % ont indiqué le manque de terres disponibles (Gazzarin et al. 2008). Pour les exploitations des zones de colline, ce pourcentage atteignait même 54 %. Par conséquent, l’extension des exploitations individuelles semble difficile. Coopération La coopération permet elle aussi de bénéficier d’économies d’échelle et représente une alternative à la croissance individuelle des exploitations. 53 % des chefs d’exploitation suisses alémaniques interrogés dans le cadre d’une enquête déclarent recourir aux entreprises de travaux agricoles (Lips et al. 2009), ce qui constitue la forme la plus simple de coopération. Un bon tiers participe à une communauté de machines. Lorsque les formes de coopération deviennent plus intensives, leur popularité s’affaiblit. Seuls 5,4 % des chefs d’exploitation font partie d’une communauté partielle d’exploitation, tandis que 4,2 % appartiennent à une communauté d’exploitation. La part des communautés d’exploitation est variable selon les régions. Elles sont particulièrement pré-

Coûts de revient en CHF/kg d’ECM

Tableau 2 | Comparaison des coûts de revient en CHF/ha pour cinq grandes cultures

1.4

1

Selbstkosten in CHF/ kg ECM 0.6

20

30

40

50

60

70

80

90

Nombre de vaches Figure 1 | Coûts de revient en CHF par kg d’ECM en fonction du nombre de vaches.

100


Augmenter la compétitivité agricole suisse | Economie agricole

sentes dans les cantons de Neuchâtel, du Jura et de Fribourg (Möhring 2007). Le fait que seuls 10 % des chefs d’exploitations ad­ hèrent à un mode de coopération étroit indique que les obstacles ne sont pas négligeables lorsqu’il s’agit de réaliser des économies par le biais d’une forme de coopération. Dans le cadre de l’enquête auprès des producteurs laitiers de Suisse orientale, tous les producteurs laitiers, qui, premièrement, souhaitaient rester dans la production laitière, deuxièmement, n’étaient pas organisés en communautés ou communautés partielles d’exploitation et, troisièmement, n’avaient pas l’intention de le faire à l’avenir, ont été interrogés sur le principal obstacle qui les en empêchait. Un quart des 254 chefs d’exploitation ayant répondu ont déclaré ne pas trouver le partenaire adéquat (Gazzarin et al. 2008). Un autre quart ne s’est pas penché sur la question, tandis que 22 % préféraient rester indépendants. 18 % pensaient qu’une collaboration étroite pourrait «mal se passer». Enfin, 10 % ont évoqué des circonstances externes. Une enquête auprès des chefs d’exploitation suisses alémaniques sur les points faibles des communautés d’exploitation a donné des résultats similaires. Pratiquement toutes les personnes interrogées ont évoqué les conflits humains (Pulfer 2007). Les autres raisons majeures étaient la grande dépendance et l’incertitude par rapport à la réussite. Les deux enquêtes montrent clairement qu’une collaboration plus étroite n’entraîne pas l’adhésion de la plupart des chefs d’exploitation. Mais comme il existe une relation positive entre ce que l’on sait des commu­ nautés d’exploitation et l’opinion qu’on en a (Pulfer et al. 2009), il est possible d’améliorer la perception de ces formes de coopération en diffusant davantage d’informations détaillées. Mettre ces modes de collaboration en avant dans les médias agricoles, les cours de formation continue et la formation agricole pourrait promouvoir les formes de coopération étroites. Les aspects essentiels sont certainement les formes possibles de coopérations (les formes juridiques également) et les mesures qui peuvent aider à éviter ou à résoudre les conflits humains. Par ailleurs, les formes de coopération qui permettent de se désengager relativement facilement pourraient permettre de tester la possibilité d’une collabora­ tion à long terme. Une communauté d’assolement, où deux exploitations au moins mettent en commun leurs terres ouvertes et les exploitent ensemble, constitue une solution de ce type. La communauté partielle d’exploitation pour vaches laitières est une autre possibilité. Dans ce cas, deux exploitations de vaches laitières de taille différente mettent en commun leur cheptel et

organisent la traite dans une seule étable. Cette solu­ tion est tout à fait réaliste, car environ 20 % des capacités des étables ne sont pas utilisés (Gazzarin et al. 2008; Jan et al. 2005). Efficience L’estimation annuelle de la situation des revenus dans l’agriculture met en évidence l’ampleur des disparités. En 2008, la médiane du revenu du travail, c’est-à-dire le revenu annuel d’une unité de main-d’œuvre familiale à 100 %, s’élevait à CHF 37’200.– (Schmid et Hausheer Schnider 2009), ce qui représente CHF 3100.– par mois (fig. 2). Le premier quartile de revenu mensuel s’élevait à CHF 1625.–, le troisième à CHF 5008.–. Par conséquent, 25 % des exploitations avaient un revenu par unité de main-d’œuvre familiale inférieur à CHF 1625.– et 25 % des exploitations un revenu supérieur à CHF 5008.–. Tandis que le premier décile (10 % des exploitations affichant le revenu le plus bas) atteignait CHF 275.– par mois, le neuvième décile était de CHF 7333.– Une étude de Jan et Lips (2009) fournit un autre exemple de l’hétérogénéité entre les exploitations. Cette analyse a calculé les variations annuelles de la productivité physique totale des facteurs (rapport entre l’output et tous les inputs) pour 71 exploitations de production laitière en zone de montagne 2 pendant une période de huit ans. En moyenne, les exploitations ont pu augmenter la productivité physique des facteurs de +1,4 % par an. La plage de variation était considérable car, tandis que le premier quartile s’élevait à –0,6 % par an, le quatrième quartile atteignait +3,8 % par an.

Revenu du travail par mois en CHF 8000

4000

0 Figure 2 | Boxplot pour le revenu du travail d’une unité de maind’œuvre familiale à 100 % par mois en CHF.

Recherche Agronomique Suisse 1 (5): 202–207, 2010

205


Economie agricole | Augmenter la compétitivité agricole suisse

Les différences observées s’expliquent principalement par l’orientation de la production (type d’exploitation) et l’altitude (région). Mais elles sont loin d’expliquer la totalité de l’amplitude de variation, comme le montre l’exemple d’exploitations de référence du Dépouillement Centralisé d’ART qui présentent une structure très similaire (exercice comptable 2008). Il s’agit de cinq exploitations de production laitière de l’étage collinéen. Toutes exploitent entre 19,0 et 20,9 ha de surface agricole utile et produisent 130 à 140 tonnes de lait. Afin de mettre en évidence l’amplitude de variation, nous avons indiqué les moyennes et le rapport en­ tre la valeur maximale et minimale pour six variables des cinq exploitations (tabl. 3). Des différences très nettes apparaissent notamment dans la prestation brute de la para-agriculture et le revenu mensuel du travail. L’exploitation dont le revenu du travail est le plus élevé arrive en quatrième position pour la para-agriculture. La gestion d’exploitation contribue probablement pour une grande part à la disparité des résultats. Des études détaillées sont prévues à ce sujet. Cette hétérogénéité manifeste est synonyme pour beaucoup d’exploitations de possibilité d’augmenter leur efficience et donc de réduire leurs coûts. L’échange d’expériences entre les chefs d’exploitation permet d’accroître la sensibilité des participants à la question et constitue un instrument prometteur, permettant de s’inspirer des meilleurs. La formation continue et la formation professionnelle peuvent fournir des contributions importantes.

Conclusions ••Les coûts de revient jouent un rôle capital dans la compétitivité de l’agriculture suisse. ••Les coûts de revient sont nettement plus élevés en Suisse que dans les pays voisins, il est indispensable de faire des efforts pour les réduire. ••Trois possibilités sont envisageables: étendre les exploitations pour faire des économies d’échelle, adhérer à des formes de coopération et augmenter l’efficience. ••La réduction des coûts et l’augmentation de la compétitivité qui en découle représentent un enjeu important pour les chefs d’exploitation, les vulgarisateurs et les chercheurs. n

Tableau 3 | Cinq exploitations de production laitière

Variable

Rapport entre la valeur Moyenne ­m aximale et la valeur ­m inimale

Production laitière annuelle par vache (kg)

6212

1,1

Coûts des machines (CHF/ha)

1551

1,8

Coûts des aliments pour animaux (CHF/ha)

1028

2,8

Prestation brute de la para-agriculture (CHF)

23 499

15,8

Journées de travail normales

449

1,6

Revenu du travail (CHF/mois)

3050

5,1

Source: Dépouillement Centralisé des données comptables d’ART

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Figure 3 | La taille de l’exploitation est essentielle pour les économies d’échelle et donc pour les coûts de revient.


Aumentare la competitività agricola svizzera L'agricoltura svizzera presenta costi di produzione e costi diretti decisamente più elevati rispetto ai paesi confinanti; occorre pertanto ridurli per aumentare la competitività. A tal fine esistono tre possibilità di intervento. Primo: l'ampliamento delle aziende rende possibili effetti di scala e quindi una riduzione dei costi per unità. Tuttavia, manca in pratica il presupposto fondamentale, ossia la disponibilità di superfici supplementari. Secondo: la cooperazione ­rappresenta un'alternativa alla crescita delle singole aziende. Da indagini emerge, però, che le forme più intensive di cooperazione, quali comunità aziendali o comunità aziendali settoriali, non trovano i necessari consensi degli agricoltori. Terzo: esiste una notevole differenza in termini di reddito del lavoro, non soltanto nel settore agricolo, ma anche in aziende strutturalmente analoghe. Ciò indica il fatto che esiste un considerevole potenziale di aumento dell'efficienza e quindi di riduzione dei costi, anche a prescindere dalla crescita delle singole aziende o dalla cooperazione.

Bibliographie ▪▪ Albisser G., Gazzarin Ch. & Gärtner D., 2009. Coûts des machines dans la pratique. Rapport ART n° 711, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen. ▪▪ Gazzarin Ch. & Albisser G., 2009. Coûts-machines 2009/10. Rapport ART n° 717, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen. ▪▪ Gazzarin Ch., Ammann H., Schick M., Van Caenegem L. & Lips M., 2005. Systèmes de production laitière dans les régions de plaine et des collines. Quelle est la solution optimale pour l’avenir? Rapport ART n° 645, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen. ▪▪ Gazzarin Ch., Bloch L., Schneitter O. & Lips, M., 2008. Comment les exploitations de lait commercialisé réagissent-elles aux enjeux actuels? Une enquête représentative en Suisse orientale avant la suppression des contingents laitiers. Rapport ART n° 698, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen. ▪▪ Hemme T. (éditeur), 2009. IFCN Dairy Report 2009, Kiel. ▪▪ Jan P., Lips M. & Gazzarin Ch., 2005. Quel est le niveau de dynamisme des exploitations laitières en région de montagne? Rapport ART n° 630, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen. ▪▪ Jan P. & Lips M., 2009. Total factor productivity change of Swiss dairy farms located in the mountainous area. Tagungsband der 19. Jahres­ tagung der Österreichischen Gesellschaft für Agrarökonomie, Innsbruck 24./25. Sept.

Summary

Riassunto

Augmenter la compétitivité agricole suisse | Economie agricole

Improving competitiveness in Swiss farming As Swiss agriculture full product costs are considerably higher than those of neighbouring countries, the improvement of its competitiveness by cutting costs is very important. Three possible strategies are conceivable. Firstly, increasing the size of farms allows to achieve economies of scale, thus to reduce the cost per unit. Additional land is an important prerequisite for growth, but is very scarce in Switzerland. Secondly, co-operations are an alternative to growth on a single farm basis. Surveys show, however, that more intensive forms of co-operation such as farming collectives or collectives on a production branch basis are hardly a farm manager’s first choice. Thirdly, a considerable variation can be observed in earned income, not only in the agricultural sector as a whole but also between structurally similar farms. This indicates that even without individual farm growth or joint ventures there is a considerable potential for boosting efficiency and hence for cost cutting. Key words: competitiveness, production costs, farm management.

▪▪ Lips M., Ammann H., Signer A. & Steingruber E., 2007. Grandes cultures: comparaison des coûts entre la Suisse et le Bade-Wurtemberg. Rapport ART n° 687, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, ­Ettenhausen. ▪▪ Lips M., Pulfer I. & Jucker F., 2009. Formes de coopération permettant aux agriculteurs de se désengager facilement. Rapport ART n° 706, ­Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen. ▪▪ Möhring A., 2007. Communautés d’exploitation. Des structures d’exploitations plus grandes et donc plus compétitives. Rapport ART n° 671, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Etten­ hausen. ▪▪ Pulfer I., 2007. L’image des communautés d’exploitation. Rapport ART n° 692, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Etten­ hausen. ▪▪ Pulfer I., Möhring A. & Lips M., 2009. Wissen und Image bei Landwirten und Experten bezüglich Betriebsgemeinschaft, ein Vergleich der beiden Gruppen. Berichte über Landwirtschaft 87 (1),106–117. ▪▪ Roesch A. & Hausheer Schnider J., 2009. Rapport de base 2008. Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen. ▪▪ Schmid D. & Hausheer Schnider J., 2009. Evolution économique de l’agriculture suisse en 2008. Rapport ART n° 714, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen.

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P o r t r a i t

Roy Gegen Latsch die Blacke veut lascheint peau de kein Rumex Kraut obtusifolius gewachsen Er ist Il aihr essayé schon demit lui faire heissen un sort Nägeln, aveceiner des clous Walzenpresse, chauffés à heissem blanc, unWasser rouleauund compresseur, sogar einem de l’eau Mikrowellenofen chaude et même zu Leibe un four gerückt, à micro-ondes, erfolglossans – oder succès zuou energieaufwändig. trop dispendieux Dennoch en énergie. gibt Pourtant, Roy Latsch Roydie Latsch Ideen’abandonne nicht auf, dass pas der l’idée Blade cke,trucider auch le Stumpfblättrige rumex à feuillesAmpfer obtuses. genannt, «Cela me ferait doch vraiment irgendwieplaisir der Gar si lesauszumachen recherches d’ART sein permettaient müsse. «Freuen de würde recommander ich michune schon, méthode wenn die de lutte Forschung efficace an àART l’agriculdazu führt, ture biologique.» dass dem Le Biolandbau but du projet einesur gute les rumex, Bekämpfungs­ d’après methode son responsable, empfohlen est de werden trouver könnte.» un procédé Ziel des applicable Blackenprojekts dans la pratique ist, so pour der Projektleiter, lutter contre cette ein adventice praxistaugliches qui est Verfahren peu aimée zur dansBekämpfung l’agriculture,dieses car elle indéprécie der Landwirtschaft le fourrage. En ungeliebten effet, jusqu’à weil présent, fütterungstechnisch la méthode minderwertigen la plus efficace Unkrauts consiste à zu arracher erforschen, les plants denn de die rumex bislang à la main, wirksamste ce qui Methode, est très contraignant das herkömmliche et prend beaucoup Blackenstechen, de temps. sei sehr anstrengend Le biologiste undazeitraubend. grandi dans une exploitation agricole Der de Pfalz Biologe, en Rhénanie der in der (D)Pfalz et s’est aufspécialisé einem Landwirtschaftsdans l’écologie betrieb paysagère aufgewachsen et la protection ist, de spezialisierte la nature àsich l’Université an der Unide Greifswald. versität Greifswald Plus tard,auf il aLandschaftsökologie passé son doctorat à l’Université und NaturHumboldt schutz und de Berlin promovierte dans le domaine später an de lader technique Humboldt-­ agriUniversität cole sur le thème zu Berlin «Entretien im Bereich du paysage Agrartechnik dans les tourzum Thema bières».«Landschaftspflege Dans ce contexte, ilauf a travaillé Niedermooren». sur les procédés In dietechniques sem Zusammenhang dans le domaine arbeitetede er in l’exploitation der Verfahrenstechdes hernik bages. im Bereich Ces travaux Grünlandbewirtschaftung. lui ont fourni le bagage Auch nécessaire für seine weiteren pour ses autres Projekte projets wie comme der Verbesserung l’amélioration der de Silagequala qualité lität deüber l’ensilage eine optimierte grâce à un meilleur Silageverdichtung compactage sowie ou des an Untersuchungen études sur le procédé zu Mulchverfahren de mulching. Comme brachtelaerSuisse so beste ne Voraussetzungen possède pas de cursus mit. dans Als bei le domaine ART für das de laBlackenprotechnique agricole, jekt eine lorsqu’il Nachfolge a fallu gesucht trouver wurde, un successeur verschlug pour es den le Biologen projet rumex, in dieART Schweiz. s’est tournée Da die Schweiz vers les keinen universités Studienallegang mandes imetBereich le biologiste Agrartechnik s’est retrouvé anbietet, en Suisse. wandte L’affectaman tion sich an de Universitäten Roy Latsch à lainproblématique Deutschland. Dass du rumex schliesslich est donc er zur dueBlacke en grande gefunden partiehabe, au hasard da sei «même schon etwas si cette Zufall plante im Spiel pratiquement gewesen,impossible «auch wenn à combattre mich dieses me kaum fascinebekämpfpresque aujourd’hui.» bare Kraut langsam La racine schonest fasttotalement fasziniert.»résistante Gegen Schnitt à la fauche. ist die Wurzel Plus onvöllig la blesse, resistent. plus laJe rosette mehrse man développe. sie verletzt, Les desto graines mehr profitent treibt de dietoutes Rosette lesaus lacunes und die duSamen tapis végétal nutzen jede pour Verletzung germer, même der au Grasnarbe, bout de 40 umans. auch «Ilnach est également 40 Jahren intéressant noch zu keimen. de constater «Interessant que des ist auch, méthodes dass Methoden comme le fraisage, wie das Ausfräsen, qui fonctionnent die in Österreich dans la pratique in der en Praxis Autriche, funk­ tionieren, ne marchent in der pas Schweiz en Suisse.» versagen.» La recherche So geht de méthodes die Suche nach physiques mechanischen et mécaniques und physikalischen se poursuit, carMethoden une méthode weiter, chimique denn die ne serait chemische évidemment dient dem d’aucune Biolandbau utilitébekannten agrilich culture nicht: biologique. «Das bisher «Par resistenteste respect, j’ai Exemplar replantéhabe l’exemich vor plaire lauter le plus Respekt résistant gar que wieder j’ai rencontré eingepflanzt, jusqu’ici. nachdem Il a survécu sie 50 à 50 Sekunden secondes Mikrowellenbehandlung de traitement aux micro-ondes überlebt et trône hatte.désormais Sie steht nun chez bei moi mirsur aufledem bordFenstersims. de la fenêtre. Meine Ma Frau, ebenfalls Biologin, spöttelt schon mal, ‹Du willst diese Pflanzen gar nicht umbringen›.»

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Roy Latsch fait des recherches sur le compactage de l'ensilage à la Station de recherche ART. (Photo: Etel Keller, ART)

femme, qui est également biologiste, se moque parfois de moi et me dit: en fait, ‹tu ne veux pas vraiment tuer cette plante›.» Les deux biologistes allemands vivent avec leurs trois enfants en bas-âge à Oberwinterthour depuis 2007. Die beiden Biologen aus vraiment Deutschland leben mit ihren «Nous n’avons pas encore découvert la Suisse», drei kleinen Kindern«Notre seit 2007 in Oberwinterthur. «Die regrette Roy Latsch. situation familiale actuelle ne Schweiz noch le nicht wirklich entdeckt», nous en haben laisse wir pas aber vraiment temps.» Toutefois, sa bedauert Royarrivent Latsch.à«Ich muss petit gestehen, mir die femme et lui rependre à petitdass les activités aktuelle Familienphase noch Raum gelasqu’ils aiment, ce qui n’est paswenig simple avec dafür trois petits sen hat.» Doch allmählich fänden seine Frau auch enfants loin du soutien du reste deer la und famille: «lorsque j’ai zu Freizeitaktivitäten was équilibre mit drei du geliebten temps, je cherche le calme et zurück, trouve mon kleinen Kindern keine dans mon atelier. fern Là, jefamiliärer travaille leUnterstützung bois avec passion sur Selbstverständlichkeit sei: «Wenn ichde Zeit finde, suche mon établi. Je réussis de plus en plus petites choses.» ich meine Ruhe und meinen Ausgleich der Werkstatt. déclare modestement l’autodidacte. Lein cheval à bascule Dann arbeite ich leidenschaftlich mit oeuvre, Holz an très der destiné à son filleul semble être sa gern dernière Werkbank.» Autodidakten gelängen immer mehr réussie si l’on Dem en juge par la description de la sculpture. La «Kleinigkeiten», meint bescheiden.à Das Schaukelconstruction en guise de er compensation la destruction pferd für den Göttibuben scheint daschanter. letzte sehr befriedu rumex? Le couple aime également La femme digende Unterfangen gewesen sein, wie die präzise de Roy Latsch a d’ailleurs repris lazu chorale récemment, ce Schilderung vermuten lässt. Konstruktion als Ausgleich qui devrait faire le bonheur des nombreux amateurs zur Destruktion der Blacke? Und dann singt das Paar d’opérette de Sirnach à Tänikon. auch sehr gerne, seine Frau neuerdings auch wieder im Chor. Das sollte in Tänikon die zahlreichen Liebhaber der Etel Keller, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Sirnacher Operette aufhorchen lassen. 8356 Ettenhausen Etel Keller-Doroszlai, Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen


A c t u a l i t é s

Nouvelles publications

Aktuell

Alimentation ­complémentaire à la pâture pour les vaches laitières

Fiche technique destinée à la pratique ALP actuel (36), 2010, 1 – 4

Dans une région herbagère comme la Suisse, une bonne gestion des pâturages est d’importance pour l’élevage bovin. Pour y contribuer, la station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP sort un nouvel ALP actuel. Dans cette fiche technique destinée à la pratique, Andreas Münger explique comment ­valoriser au mieux le fourrage vert dans le système ­d’affourragement que représente la pâture. Celle-ci ne couvrant pas toujours entièrement les besoins des vaches laitières dotées d’un potentiel élevé, il examine les conditions d’un affourragement complémentaire réussi. De plus, des données sur une nouvelle rubrique en ligne informent à propos de la croissance de l’herbe sur l'exploitation expérimentale d'ALP à Posieux et sur l'exploitation biologique de l'Abbaye à Sorens (FR). Andreas Münger, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP

AgRAR foRSchung Schweiz RecheRche AgRonomique SuiSSe

Informations actuelles de la recherche pour le conseil et la pratique: Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois par année et informe sur les avancées en production végétale, production animale, économie agraire, techniques agricoles, denrées alimentaires, environnement et société. Recherche Agronomique Suisse est également disponible on-line sous www.rechercheagronomiquesuisse.ch

AU

VE NOU

Commandez un numéro gratuit! Nom / Société Recherche Agronomique Suisse/ Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Les partenaires sont l’office fédéral de l’agriculture ofAg, la haute école suisse d’agronomie de zollikofen heSA, AgRiDeA Lausanne & Lindau et l’ecole polytechnique fédérale de zurich eTh zürich, Department of agricultural and foodscience. Agroscope est l’éditeur. cette publication paraît en allemand et en français. elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

Prénom Rue/N° Code postal / Ville Profession E-Mail Date Signature Talon réponse à envoyer à: Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Agrarforschung Schweiz 1 (5): 209–211, 2010 www.rechercheagronomiquesuisse.ch

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Actualités

Communiqués de presse

Titre

www.agroscope.ch 26.04.2010 / ACW Un air plus propre nécessite de fertiliser différemment les légumes Grâce à l’ordonnance sur la protection de l’air, les rejets de soufre dans l’atmosphère ont été réduits de plus de 80 % depuis les années 1980. En parallèle, la quantité de soufre déposée sur les surfaces agricoles par les précipitations a également diminué. Les spécialistes de la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW ont découvert que beaucoup de cultures maraîchères subissent une carence en soufre lorsque ce nutriment essentiel n’est pas apporté de manière ciblée par la fumure.

22.04.2010 / ART La biodiversité régresse Dans le cadre d’un vaste projet de recherche, plus de 80 scientifiques et spécialistes ont montré que la biodiversité continuait à être menacée en Suisse. L’objectif de stopper les pertes jusqu’en 2010 n’a manifestement pas été atteint.

15.04.2010 /ACW Arboriculture durable pour la Bulgarie Les entomologistes de la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW contribuent à convertir l’arboriculture en Bulgarie en méthode de production durable. Le carpocapse, devenu en grande partie résistant aux insecticides traditionnels en Bulgarie en raison de leur utilisation intensive, se trouvait au centre des débats. Grâce à des moyens de lutte novateurs et respectueux de l’environnement, les spécialistes d’ACW et les scientifiques bulgares ont réussi à obtenir de bons résultats. Les quantités d’insecticides utilisées ont ainsi pu être réduites de façon déterminante et l’apparition de nouvelles résistances évitée. Ce projet a été financé par le Fonds national suisse.

12.04.2010 / ART Des revenus agricoles en baisse en 2009 Les premières tendances de l’année 2009 indiquent que le revenu agricole baisse par rapport à l’année précédente. Selon les résultats provisoires, le revenu par exploitation est de 61 800 francs contre 64 100 en 2008. Des prix à la production plus bas, notamment pour le lait, ne sont qu’en partie ­compensés par les paiements directs plus élevés et les bonnes récoltes. Le revenu annuel du travail par unité de main-d’oeuvre familiale s’élève à 42 000 francs et reste au même niveau que l’année précédente.

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06.04.2010 / ACW Chaque maille du filet compte: standard de qualité des filets contre les insectes Les filets moustiquaires protègent les cultures agricoles des insectes voraces mais aussi les êtres humains des moustiques vecteurs dans les régions touchées par le paludisme. Ces moustiquaires peuvent être imprégnées d’insecticides pour renforcer leur efficacité, sans que des résidus ne conta­minent les produits alimentaires ou entrent en contact avec l’homme. En collaboration avec des organisations et entreprises internationales, les spécialistes en chimie phytosanitaire de la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW travaillent au développement de critères de qualité de ces filets moustiquaires, comme la résistance au lavage, la teneur en insecticide ou à la taille des mailles.

30.03.2010 / HNS Equigarde®: volée 2009 en fête Les participantes et les participants du cycle de cours Equigarde® 2009 se sont retrouvés début mars 2010 au Haras national suisse HNS pour la ­traditionnelle remise des diplômes. Legendes Au programme: bilan de l’année 2009 et information sur les formations obligatoires pour les détenteurs de chevaux selon l’Ordonnance sur la protection des animaux. A la suite de la présentation de l’Association suisse des détenteurs de chevaux (ASDC), les plaquettes, certificats et attestations ont été remis aux participants.


Actualités

Actualités

Liens Internet

Manifestations

Sous Croissance titre de l’herbe dans l'exploitation expérimentale d'ALP à Posieux et Texte ­­l’exploitation biologique «l’Abbaye» à Sorens

Mai 2010 Sous Titre

www.agroscope.ch > Pratique > Alimentation animale > Conmduite du pâturage > Croissance de l'herbe ALP étudie les systèmes de production basés sur la ­pâture et transmet ses connaissances aux milieux intéressés. Dès le début de la période de végétation, les données sur la croissance de l’herbe mesurées au domaine d’ALP à ­Posieux et dans l’exploitation bio de l’Abbaye à Sorens sont mises à disposition sur Internet et régulièrement ­actualisées.

20.05. – 20.05.2010 AGFF-Waldhoftagung AGFF, Inforama, SHL, ALP, ART Inforama Waldhof, Langenthal (BE)

Texte

Juin 2010 03.06. – 05.06.2010 IGN-Tagung 2010: Internationale Gesellschaft für Nutztierhaltung Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon, Ettenhausen 06.06.2010 Breitenhoftagung 2010, Treffpunkt der Steinobstbranche Agroscope Changins-Wädenswil ACW Wädenswil 16.06. – 17.06.2010 Tänikoner Agrartechniktage Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon, Ettenhausen

Dans le prochain numéro Juin 2010 / Numéro 6 Le mouton Nez noir du Valais est estivé pendant la belle saison. ACW a expérimenté un système de pâture tournante sur un alpage du Haut-Valais, avec un troupeau mêlant cette race rustique à des moutons Blanc des Alpes.

•• Pâture tournante en estivage ovin: effets sur la végétation, M. Meisser et C. Chatelain ACW •• La rouille jaune, quelle menace pour la culture du blé en Suisse?, F. Mascher et al. ACW

18.06. – 20.06.2010 Portes ouvertes 2010 Agroscope Changins-Wädenswil ACW Changins, Nyon Août 2010 12.08. – 12.08.2010 AGFF-Futterbautagung AGFF, Landwirtschaftliches Zentrum SG, ART Neu St. Johann (SG) 13.08.2010 Journée Info Plantes aromatiques et médicinales (PAM) Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Centre de recherche Conthey Chez Fam. Theiler, Hergiswil bei Willisau

••Sols reconstitués comparés à des sols formés naturellement, M. Stettler et al. HESA et Institut Géotechnique SA Berne •• Pourquoi si peu d’exploitations de grandes cultures se convertissent-elles à l’agriculture biologique?, A. Ferjani ART ••Agents conservateurs d’ensilages: résultats des tests de 2009, U. Wyss ALP

Informations : www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen

Recherche Agronomique Suisse 1 (5): 209–211, 2010

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Du jeudi 3 juin au samedi 5 juin 2010

24ème conférence IGN Détention de ruminants et de porcs répondant aux exigences d’un développement durable

De quoi s’agit-il ? De vastes connaissances sont disponibles sur les systèmes de détention respectueux du bien-être des ruminants et des porcs. Dans la pratique cependant, l’application de ces informations varie considérablement. La conférence vise à savoir dans quels domaines de la durabilité des solutions sont nécessaires pour garantir des formes de détention respectueuses des animaux de rente.

• Dilemme ? Souhaits des consommateurs – souhaits des animaux • Bien-être des animaux dans la pratique : influence du management • Méthodes d’évaluation de la durabilité des systèmes de détention d’animaux • Méthodes d’encouragement des systèmes de détention respectueux des animaux. Application des résultats de recherche dans la pratique

La Société internationale pour la garde des animaux de ferme (IGN) encourage la détention, l’élevage, l’alimentation et le traitement des animaux de rente dans le respect des besoins de leur espèce. En collaboration avec la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, elle organise une conférence sur la durabilité dans la détention des ruminants et des porcs. Cette conférence met l’accent sur les sujets et thèmes d’actualité suivants:

Quel est le public cible ? Milieux scientifiques, vulgarisation agricole et agriculture

• Dilemme ? Coûts – utilité des mesures de protection des animaux • Dilemme ? Protection de l’environnement – protection des animaux? • Dilemme ? Performance des animaux – bien-être des animaux

Lieu et heure : Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen. Du jeudi 3 juin au samedi 5 juin 2010 Inscription et renseignements : Inscriptions jusqu’au mardi 18 mai 2010 sous www.agroscope.ch > Actualités > Manifestations Pour plus d’informations, veuillez vous adresser à Diana Niederer, ART, téléphone +41 52 368 32 23 ou diana.niederer@art.admin.ch www.agroscope.ch

ins_ign-tagung_f_A4.indd 1

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