Edition 1 janvier 2011

Page 1

Recherche Agronomique Suisse 2 0 1 1

|

N u m é r o

Agroscope | OFAG | HESA | AGRIDEA | ETH Zürich

J a n v i e r

Environnement Test en laboratoire de la méthode CO2 pour le conseil de fumure

Page 4

Production végétale Dynamique temporelle et spatiale du sitone dans les cultures de pois Production animale Alimentation de porcelets avec addition de valine

Page 38

Page 26

1


Sommaire Janvier 2011 | Numéro 1

Seule une fraction du phosphore (P) du sol est directement disponible pour la plante. Les calculs pour une fertilisation raisonnée écologique se basent sur cette fraction. Le laboratoire d’analyse des sols d’Agroscope Reckenholz-Tänikon ART étudie la teneur en phosphore disponible dans des échantillons de sol. (Photo: Gabriela Brändle ART)

Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

3

Editorial

4

Environnement

Test en laboratoire de la méthode CO2 pour le conseil de fumure

Hans Stünzi

Environnement 12 L’agroforesterie: une solution écono-

mique pour une production animale neutre en CO2? Simon Briner, Michael Hartmann et Bernard Lehmann Economie agricole 20 Promotion de la production animale

basée sur les herbages dans la Politique agricole 2014 – 2017

Editeur Agroscope Partenaires b A groscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux ALP et Haras national suisse HNS; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART) b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne b Haute école suisse d’agronomie HESA, Zollikofen b Centrales de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Department of agricultural and foodscience Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope LiebefeldPosieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Gerhard Mangold (ALP et HNS), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HESA), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich) Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou info@rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch

Lukas Barth, Simon Lanz et Christian Hofer Production végétale 26 Dynamique temporelle et spatiale du

sitone dans les cultures de pois Lukas Schaub et Stève Breitenmoser Production animale 32 Effets des mycotoxines déoxynivalénol et

­zéaralénone sur la fertilité de la truie Andreas Gutzwiller Production animale 38 Alimentation de porcelets avec

addition de valine Lukas Dissler, Martin Häberli, Stefan Probst et Peter Spring Eclairage 44 Production de viande bovine sur les

­surfaces d'assolement Nathalie Roth, Ruedi Schmied et Peter Kunz Eclairage 48 Science et horticulture pour tous?

­ ompte-rendu du Congrès international C d’horticulture de Lisbonne

Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse

Esther Bravin et Lukas Bertschinger 50

Portrait

51

Actualités

55

Manifestations

© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Indexé: Web of sience, CAB Abstracts, AGRIS Berner Fachhochschule Haute école spécialisée bernoise Schweizerische Hochschule für Landwirtschaft SHL Haute école suisse d’agronomie HESA


Editorial

Recherche Agronomique Suisse Le point après une année… Chère lectrice, cher lecteur,

Jean-Philippe Mayor Président du team de rédaction ­Recherche Agronomique Suisse, Directeur Agroscope ACW

Quand on ne sait où l’on va, il est important de savoir d’où l’on vient ! (proverbe africain)

L’avènement de la société du savoir nous oblige à améliorer sans cesse la performance de notre système de recherche, de transfert de connaissances et de communication avec deux objectifs complémentaires: 1) l’excellence – être les premiers à découvrir et à transférer ; 2) l’innovation – être les premiers à appliquer. Pour être les premiers à appliquer, nous devons offrir un transfert adapté aux nouvelles exigences de la société du savoir, valoriser notre potentiel scientifique de façon active et systématique, et promouvoir une véritable culture de l’innovation et de l’esprit d’entreprise. Enfin, il faut affirmer l’excellence de la capacité d’innovation helvétique sur le plan international afin que la recherche et le transfert des connaissances demeurent la carte de visite de notre pays. Un changement profitable Courant 2009, j’écrivais «le plus souvent, on change parce que l'on est obligé de le faire de crainte de devoir, sans cela, supporter de graves préjudices…». En effet, l’érosion de la presse écrite n’avait épargné ni Agrarforschung (-60 % d’abonnés en 16 ans), ni la Revue suisse d’agriculture (-40 % en 10 ans). Ce constat était suffisant pour que l’AMTRA1 , alors propriétaire de la Revue suisse d’agriculture, et la direction d’Agroscope donnent leur aval pour que les nouvelles revues Agrarforschung Schweiz et son pendant francophone Recherche Agronomique Suisse deviennent les organes officiels de publication des travaux de recherche d’Agroscope et de partenaires tiers (voir impressum). Le risque n’était toutefois pas nul de voir l’érosion se poursuivre. Dieu merci, ce ne fut pas le cas et un an plus tard, nos efforts de visibilité et de lisibilité sont récompensés par une stabilisation du nombre d’abonnés. Progresser pour mieux servir Nous avons donc « relooké » nos revues. Vous pouvez apprécier des articles plus aérés, exempts de publicité, offrant une meilleure visibilité aux partenaires. Les objectifs de publication restent le transfert des connaissances découlant des résultats de la recherche ainsi que des informations pratiques dans les domaines agronomiques, des denrées alimentaires, de l’alimentation et de l’environnement. Son public cible réunit les scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, politiciens et autres personnes intéressées. Les deux éditions comprennent une version online dont l’utilité est attestée par les 40 000 visites et 115 000 pages consultées en dix mois. Cette publication de la Confédération est donc bilingue et paraît dix fois l’an en version papier et électronique. Agroscope en est l’éditeur et travaille en étroite collaboration avec l’Office fédéral des constructions et de la logistique. Je profite ici de saluer l’excellente collaboration entre les différents acteurs et partenaires ainsi que de les remercier pour la qualité de leur action. Ainsi, contrairement à ce que l'on pensait, changement et continuité ne sont pas des contraires qui s'excluent. Ils se complètent. Sans changement, les difficultés. Sans continuité, le désordre et la mauvaise humeur. Il s'agissait de jouer sur les deux registres pour veiller à la pérennité de ces revues, outil essentiel à la valorisation de notre savoir. 1

Association pour la mise en valeur des travaux de la recherche agronomique

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 3, 2011

3


E n v i r o n n e m e n t

Test en laboratoire de la méthode CO2 pour le conseil de fumure Hans Stünzi, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich Renseignements: Hans Stünzi, e-mail: hans.stuenzi@art.admin.ch, tél. +41 44 377 73 31

Blé d'automne dans l'essai «Altwy». De gauche à droite, fumure à 0/3, 3/3, 5/3 de la norme. (Photo ART)

Introduction Dans le sol, seule une petite part du phosphore (P) est disponible pour la croissance des plantes. Cette fraction constitue la base d’une fumure adéquate, mais elle n’est pas facile à déterminer. C’est pourquoi il existe différentes méthodes pour l’évaluation du phosphore disponible, malheureusement souvent avec des résultats contradictoires. Toutefois, plusieurs de ces méthodes sont employées de manière empirique depuis des années et semblent donner satisfaction. Mais il manque souvent la preuve scientifique établissant en quoi une méthode peut être potentiellement «la bonne». Le but de ce travail est de vérifier, du point de vue chimique et analytique, la validité de la méthode suisse d’extraction du sol à l’eau saturée en CO2. Certains aspects sont comparés aux extraits AAE10 (acétate

4

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 4–11, 2011

d’ammonium + EDTA). L’extraction à l’eau pure (H2O10) n’est pas prise en considération ici, car les résultats dépendent trop de la qualité du papier-filtre utilisé (Stünzi 2006a, 2007, 2007a). Une méthode conventionnelle Les méthodes d’analyse de sol sont des méthodes conventionnelles dont les procédures ont été définies il y a des années. Ainsi, pour quantifier le phosphore, on recourt à une réaction colorimétrique qui tient compte des orthophosphates et des polyphosphates hydrolysables; avec la méthode CO2, la part des orthophosphates varie de 18 à 98 % et le phosphore organique soluble non saisi peut varier jusqu’à 500 % (Stünzi 2006a). Par ailleurs, le résultat peut être influencé par différents processus durant la filtration, celle-ci durant plus longtemps que l’extraction (Stünzi 2007).


Test en laboratoire de la méthode CO2 pour le conseil de fumure | Environnement

Résumé

Malgré ces restrictions, ces méthodes de référence ont été utilisées dans ce travail afin de mieux comprendre leurs propriétés.

Matériel et méthodes Les méthodes d’analyses sont décrites dans le recueil des Méthodes de référence (Agroscope 2010) et caractérisées par Stünzi (2007). Les échantillons de terre proviennent des analyses circulaires 2008 pour les laboratoires des sols accrédités pour les PER (n = 15), d’échantillons standard internes d’ART (5) et de deux essais de fumure d’ART (27). Les résultats ont été complétés en partie par ceux de travaux antérieurs. De plus, des résultats d’analyses granulométriques, de teneurs en humus ainsi que d’analyses AAE10 et H2O10 étaient disponibles, mais ils se sont révélés sans corrélation avec les phénomènes observés. Pour simplifier les libellés, P-CO2, par exemple, signifie «P extrait avec la méthode CO2». La méthode CO2 en bref Un échantillon de terre séchée est mélangé à une quantité 2,5 fois plus élevée d’eau saturée en CO2 et agité pendant une heure (extraction 1:2,5). Le CO2 provoque une acidification qui augmente la solubilité de plusieurs composés. L’extrait complet est passé à travers un filtre de papier, ce qui peut prendre jusqu’à trois heures selon les échantillons. Dans le filtrat, on mesure le phosphore par photométrie (méthode au bleu de molybdène) et le potassium par spectrométrie d’émission. Les résultats sont exprimés en indices (un point d’indice = 0,062 mg P ou 3,321 mg K par litre d’extrait). On a également mesuré les teneurs en Mg et Ca dans l’extrait CO2 par spectrométrie d’absorption atomique. Dans l’extrait CO2, la concentration molaire de Ca est 7 à 2467 fois plus élevée que celle du phosphore (médiane 201, n = 88). A cause de cet excédent, la filtration exerce une influence importante dans la méthode CO2: pendant la filtration, du CO2 s’échappe, ce qui peut entraîner une augmentation du pH jusqu’à une unité. Ce phénomène réduit à son tour la solubilité des phosphates de calcium, qui précipitent. Dans une solution saturée en Ca2+ et en phosphate, en présence d’apatite (Ca5(PO4)3OH), la concentration de PO4 libre se réduirait d’un facteur 142 par l’élévation du pH pendant la filtration!

Pour le conseil de fumure en phosphore (P) et en potassium (K), l'extraction à l'eau saturée en CO2 est une des méthodes de référence adoptées en Suisse. Des tests en laboratoire montrent que les interactions entre CO2, calcium, phosphate, phosphates de calcium peu solubles et la chaux, jouent un rôle important. Au champ, les teneurs en CO2 dans l'air du sol sont élevées et influencent ces équilibres dans la solution du sol et, par conséquent, la disponibilité du P pour les plantes. Si un échantillon de sol est soumis plusieurs fois à l'extraction à l'eau saturée en CO2, l'extrait présente toujours des concentrations comparables en P. Ceci reflète ce qui se passe au champ: un sol peut pourvoir les plantes en P pendant une longue période, même s'il subit des séquences de manque ou d'excès d'eau. De même, la méthode CO2 montre l'homéostasie des sols qui explique pourquoi il faut des années avant que les plantes réagissent à une sur- ou sous-fertilisation en P. Les concentrations en K dans les extraits séquentiels ne baissent que graduellement. Ainsi, la méthode CO2 fournit une bonne approximation des quantités de P et de K facilement disponibles pour les plantes. Les résultats des extractions séquentielles avec l'acétate d'ammonium + EDTA («AAE10») sont certes reproductibles mais tellement différents d'un sol à l'autre que, du point de vue analytique, aucune inférence directe ne peut en être tirée sur la disponibilité pour les plantes.

Résultats Influence de la vitesse de réaction Dans les conditions de l’extraction au CO2, une quantité de chaux correspondant à 0,2 % dans le sol (60 mg) peut

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 4–11, 2011

5


Environnement | Test en laboratoire de la méthode CO2 pour le conseil de fumure

40 %

100 % y = 1,20 x-0,13 R2 = 0,38 P-CO2: 2 jours par rapport à 1 heure

Augmentation du Ca-CO2 après 2 jours

y = 0,16 e-0,04x R2 = 0,17 30 %

20 %

10 %

60 %

40 %

20 %

0 % 10

20

30

Teneur en chaux (%)

6

80 %

2000

4000

6000

Rapport molaire Ca/P après 2 jours

Figure 1 | Augmentation du Ca-CO2 en fonction de la teneur en chaux en prolongeant le temps d'extraction à deux jours.

Figure 2 | P-CO2 après 2 jours comparé à une heure d'extraction en fonction du rapport des concentrations molaires Ca/P (100 % = aucune relation avec la durée d'extraction).

être solubilisée. Un tel ajout de chaux avant l’extraction réduit le P-CO2 d’un sol sans chaux à moins de la moitié. La solubilité des phosphates de calcium est diminuée parce que la dissolution de la chaux non seulement libère du Ca2+ mais fait augmenter le pH d’environ 0,5 unité. Des ajouts de chaux plus importants n’accroissent guère cet effet (Stünzi 2006a). La vitesse de solubilisation dépend de l’excédent de chaux: si l’on remplace l’échantillon de terre par 300 mg de pure chaux moulue, la saturation est atteinte après une heure. Si l’on ne met que 60 mg de chaux, seuls 60 % se solubilisent pendant la durée normale de l’extraction et 90 % après deux jours. Si de vrais échantillons de terre subissent une extraction prolongée (2 jours), une plus grande quantité de Ca est libérée (16 ± 8 %, n = 32). Cet effet est plus modeste dans les sols contenant beaucoup de chaux (fig. 1) car la saturation est quasiment atteinte pendant le temps normal d’extraction. D’autres réactions de solubilisation lentes provoquent aussi une augmentation du Ca-CO2 après une extraction prolongée. Après une extraction réduite à une demi-heure, le P-CO2 est au même niveau qu’après une heure, mais après 2 jours d’extraction, il est à un niveau bien inférieur (54 ±14 %, n = 36). Ceci démontre qu’une partie du P se dissout rapidement puis, sous l’effet de l’augmentation lente de la concentration en Ca, il précipite sous forme de phosphate de calcium. La précipitation de quantités supplémentaires de phosphate de calcium à cause d’une élévation du pH pendant la filtration diminue la valeur du P-CO2, surtout en présence d’un fort excédent de Ca2+ par rapport au

phosphate (fig. 2). Le cas particulier illustré dans la figure 2 présente une teneur inhabituellement élevée en Ca soluble (Ca-H2O10 = 1150 mg/kg), caractérisant la présence d’agents complexants naturels de Ca qui empêchent la précipitation de phosphates de calcium. Un reste de CO2 peut s’échapper du filtrat. La lente progression de la précipitation de phosphates de calcium fait que la teneur en P dans l’extrait n’est pas stable. Comme il n’y a pas de composés potassiques qui se dissolvent lentement, la prolongation de l’extraction CO2 ne fait augmenter les teneurs que de 3 ± 4 % (n = 32).

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 4–11, 2011

Formes de Ca et rapport d’extraction Le calcium peut se trouver dans le sol sous forme soluble, adsorbé par des particules d’argile (échangeable) ou peu soluble sous forme de chaux ou de phosphate de calcium. Les différentes fractions peuvent être mises en évidence en comparant les extraits avec un rapport de 1:20 aux extraits avec le rapport usuel de 1:2,5. Si le Ca n’est présent que sous une forme facilement soluble, la concentration en Ca dans l’extrait 1:20 doit tomber à 12,5 %. Si le Ca est en excès uniquement sous forme de chaux et si l’équilibre de solubilisation s’installe pendant le temps d’extraction, la concentration en Ca est indépendante du rapport d’extraction. Dans la réalité (fig. 3), la concentration en Ca dans l’extrait 1:20 d’un sol sans chaux tombe à 29 ± 4 % (n = 20), parce que le pH est plus bas à cause du plus fort excédent de CO2, ce qui peut libérer du Ca2+. En sols riches en chaux, le cas limite «100 %», c’est-àdire la même concentration en Ca dans l’extrait 1:2,5 que


Test en laboratoire de la méthode CO2 pour le conseil de fumure | Environnement

100 %

180 % y = 1,52 e-0,98x R2 = 0,31

80 %

140 % P-CO2 1: 20/1:2,5

Ca-CO2 1: 20/1:2,5 (mg/L)

160 %

60 %

120 % 100 % 80 %

40 % y = -0,001x2 + 0,040x + 0,277 R2 = 0,914

60 %

20 %

40 % 5

10

15

20

25

30

0 %

Teneur en chaux (%)

20 %

40 %

60 %

80 %

100 %

Ca-CO2 1:20/1:2,5 (mg/L)

Figure 3 | Concentration en Ca-CO2 dans les extraits 1:20 comparée à celle des extraits 1:2,5 en fonction de la teneur en chaux (100 % = même concentration en Ca dans les deux extraits).

Figure 4 | Interdépendance des concentrations relatives en P et Ca dans les extraits 1:20 au lieu de 1:2,5.

dans l’extrait 1:20, ne peut être qu’approché (fig. 3). Les cas particuliers peuvent être intéressants ici aussi: dans l’échantillon de droite, le Ca-CO2 dans l’extrait 1:20 est plus bas que prévu parce que la forte proportion de Ca facilement soluble (Ca-H2O10 = 740 mg/kg) est diluée. Pour cet échantillon qui se positionne au-dessus de la droite de régression, la forte teneur en P-CO2 (indice 160) domine; comme la concentration en P diminue de moitié dans l’extrait 1:20, il peut rester plus de Ca en solution. Dans les extraits 1:20 au lieu de 1:2,5, la concentration en K-CO2 tombe à 41 ± 9 % (n = 71; voir aussi Stünzi 2007). Dans les sols riches en K-CO2, la concentration en K baisse plus fortement parce qu’une plus grande part du potassium est facilement soluble, donc déjà dissous dans l’extrait 1:2,5, et l’extraction 1:20 ne fait que la diluer. La concentration en P dans l’extrait CO2 est de 7 ± 28 % supérieure (n = 47), en moyenne, si la prise d’échantillon est 8 fois moindre (converties en mg/kg de sol, les valeurs seraient 8,5 fois plus élevées dans l’extrait 1:20 que dans l’extrait 1:2,5!). Plus la concentration en Ca baisse par le fait d’un rapport d’extraction large, plus il peut rester de phosphate dans la solution (fig. 4).

processus de dissolution «normal». Taux de récupération du phosphate Lorsque l’on ajoute du phosphate à des échantillons de terre immédiatement avant l’extraction CO2, le taux de récupération du P ajouté dans les extraits est d’autant plus faible que l’indice P-CO2 du sol est bas (fig. 6, voir aussi Stünzi 2006a). Ces ajouts de P correspondent à une fumure allant jusqu’à 100 kg de P2O5/ha. Cette forte quantité – supérieure à la norme pour beaucoup de cultures – est en grande partie fixée pendant le court laps de temps que dure l’extraction, en particulier lorsqu’il s’agit de sols considérés comme pauvres ou médiocres. En fait, ces sols 

Part du P-CO2 par rapport au P-total

Solubilité du P total Dans les conditions de l’extraction CO2, seule une part infime du P total (médiane 0,1 %) présent dans le sol est solubilisé. Il n’y a que dans les sols présentant un très faible excédent de Ca qu’une plus grande part du P total peut être solubilisé (fig. 5). Dans ces sols, la concentration en P baisse nettement lorsque le rapport d’extraction passe à 1:20, comme on peut s’y attendre avec un

0,1 % 0,1 % 0,1 % 0,1 % 0,1 % 0,0 % 0,0 % 0,0 % 0

500

100

1500

Rapport molaire Ca/P Figure 5 | Solubilité relative du P total en fonction du Ca excédentaire, exprimée en termes de rapport molaire Ca/P.

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 4–11, 2011

7


Environnement | Test en laboratoire de la méthode CO2 pour le conseil de fumure

40 %

P-CO2: Récupération des ajouts de P

35 %

ne sont pas pauvres en phosphore, mais ils le fixent bien! Une explication réside de nouveau dans l’excédent de Ca par rapport au P. Pour les échantillons présentant un fort excédent de Ca (en rouge dans la figure 6), une grande partie du P ajouté précipite sous forme de phosphate de Ca insoluble, ce qui fait que les indices P sont bas.

y = 0,000,x2 + 0,0058x R2 = 0,843

30 % 25 % 20 % 15 % 10 % 5 % 0 % 10

20

30

P-CO2: Valeur des indices Figure 6 | Récupération du phosphate, en %, en fonction des indices P. Points rouges: échantillons avec un rapport molaire Ca/P >300.

Taux de récupération d’hyperphosphate L’eau saturée en CO2 dissout l’hyperphosphate lentement: des quantités correspondant à un indice d’environ 100 ne sont solubilisées qu’à 20 % après une heure (durée normale) et 40 % après 4 jours. Si l’on ajoute la même quantité à un échantillon de terre, le taux de récupération est nul, même avec des échantillons sans chaux, car les extraits CO2 contiennent toujours du calcium qui fait baisser la solubilité du phosphate. La mauvaise solubilité de l’apatite montre que les effets du Ca2+ mentionnés plus haut ne reposent pas sur des différences de solubilisation des phosphates de calcium mais sur leur précipitation. Lors de l’extraction AAE10 de terres sans chaux, une partie de l’hyperphosphate se dissout lentement et cette fraction disparaît lorsque la teneur en chaux augmente.

Tableau 1 | Comparaison des résultats des extractions séquentielles exprimés en pourcent de l'extraction précédente

P-CO2

K-CO2

Ca-CO2

Mg-CO2

P-AAE10

Moyenne

Ecarttype

Maximum

Minimum

Nombre

2/1

76 %

±18 %

120 %

32%

50

3/2

93 %

±7 %

106 %

78 %

50

4/3

96 %

±5 %

108 %

86 %

29

2/1

69 %

±7 %

82 %

39 %

47

3/2

84 %

±8 %

95 %

58 %

47

4/3

88 %

±8 %

99 %

67 %

29

2/1

65 %

±17 %

101 %

45 %

33

3/2

86 %

±11 %

101 %

69 %

29

4/3

86 %

±9 %

104 %

70 %

28

2/1

61 %

±11 %

82 %

41 %

33

3/2

79 %

±7 %

90 %

64 %

29

4/3

86 %

±7 %

108 %

76 %

28

2/1

99 %

±52 %

306 %

31 %

38

3/2

72 %

±21 %

116 %

25 %

38 38

K-AAE10

2/1

3 %

±1 %

6 %

1 %

Ca-AAE10

2/1

14 %

±7 %

35 %

5 %

36

3/2

37 %

±15 %

84 %

12 %

36

2/1

68 %

±64 %

214 %

7 %

36

3/2

57 %

±36 %

175 %

20 %

36

Mg-AAE10

8

Extraction

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 4–11, 2011


Test en laboratoire de la méthode CO2 pour le conseil de fumure | Environnement

120 % y = 0,86e-0,0003x R2 = 0,64 100 % P-CO2 – 2 / P-CO2 – 1

Extractions CO2 séquentielles L’homéostasie du phosphore a été étudiée en détail en pratiquant des extractions répétées sur des échantillons de terre. Après la filtration, on a laissé sécher les filtres pendant la nuit puis retiré l’échantillon pour le soumettre à une nouvelle extraction. Cette procédure a été répétée jusqu’à trois fois. Les résultats des extractions subséquentes ont été tout aussi reproductibles que ceux de la première extraction. Les modifications relatives (en %) des valeurs P-CO2 des extractions séquentielles ont été stables dans le temps, bien que les valeurs des indices P-CO2 normaux du lot d’échantillons testés aient augmenté de 26 ±12 % en moyenne après une année. Le tableau 1 montre que beaucoup de P est encore extrait lors de la seconde extraction. Lors des extractions suivantes, pratiquées sur les mêmes échantillons, les valeurs P-CO2 n’ont pas changé de manière significative, de même pour les échantillons dont le P-CO2 de la seconde extraction était nettement plus bas que lors de la première. Dans ces cas, le Ca facilement soluble est retiré du système par la première extraction et ne peut plus influencer la solubilité du phosphate lors des extractions subséquentes. Aucun des échantillons n’a présenté de symptômes d’épuisement des réserves de phosphore. La baisse du P-CO2 à la seconde extraction n’est que faiblement corrélée avec celle qui est liée à une réduction du poids de l’échantillon ou à une prolongation de l’extraction (R2 = 0,2 dans les 2 cas). A la base, les réactions sont les mêmes mais, lors des extractions séquentielles, des formes solubles de P et de Ca2+ sortent du système. La meilleure corrélation (fig. 7) est constatée à propos de l’excédent Ca/P lorsque l’on prend en considération les valeurs de la 2e extraction (lors de la 1re extraction, des complexants de Ca sont ponctuellement la cause de valeurs relativement élevées). Avec un fort excédent de Ca, des phosphates de calcium précipitent et ils ne peuvent pratiquement plus être dissous par l’extraction subséquente. Le K-CO2 baisse graduellement à chaque extraction séquentielle, ce qui correspond à un lessivage progressif du sol (tabl. 1). Ce phénomène est semblable dans tous les sols, quoique la tendance à la baisse, en valeurs relatives, soit d’autant plus forte que les valeurs de K-CO2 sont plus élevées (R2 = 0,44 pour la 2e extraction). La corrélation de cette baisse avec celle du large rapport d’extraction (R2 = 0,39) confirme que les sols présentant des valeurs de K-CO2 élevées renferment une forte proportion de K facilement soluble qui est extrait du système par les extractions séquentielles.

80 %

60 %

40 %

20 % 0

1000

2000

3000

4000

Rapport molaire Ca/P Figure 7 | Modification du P-CO2 de la 1re à la 2e extraction exprimée en fonction du rapport molaire Ca/P dans le 2e extrait CO2 .

Dans les sols sans chaux, le Ca est soluble, raison pour laquelle les valeurs de la 2e extraction sont nettement plus basses (53 ± 4 %). Quelques sols contenant de la chaux contiennent aussi du Ca2+ facilement soluble qui est dissous par la première extraction. Dans tous les sols contenant >2,5 % de chaux, la teneur en Ca-CO2 reste à peu près constante (567 ± 67 mg Ca/l, 10 échantillons de la 2e à la 4e extraction) car il n’y a plus que de la chaux qui puisse être dissoute quasiment jusqu’à saturation (800 mg Ca/kg). Pour le Mg-CO2, les modifications relatives au cours des extractions séquentielles sont semblables à celles du Ca-CO2 (96 ± 9 %). Les extractions séquentielles avec AAE10 fournissent bien des résultats reproductibles pour P mais, à la 2e extraction, on constate des modifications très variables selon les sols, allant de 31 à 306 %. Le Mg-AAE10 se comporte de manière irrégulière au cours des extractions séquentielles. Une grande partie du K extractible est dissous lors de la 1re extraction; la 2e extraction n’en retire presque plus. De manière analogue, AAE10 dissout une grande partie de la chaux (jusqu’à 25 %), si bien qu’il ne reste plus guère de Ca-AAE10 à la 2e extraction. Extractions séquentielles sur des essais de fumure Une partie des échantillons examinés provient de deux essais de fumure P de longue durée dans la région de Zurich: «Altwy» sur un sol léger (20 % d’argile, 0,1 à 12 % de chaux) et «Reckenholz» sur un sol lourd (40 % d’argile, ≤0,3 % de chaux). Dans les deux essais, les indices P-CO2, les teneurs dans les plantes et les prélèvements de P correspondent à la fumure au superphos phate (Flisch 2010).

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 4–11, 2011

9


Environnement | Test en laboratoire de la méthode CO2 pour le conseil de fumure

14 Reckenholz

Altwy

12

5/3 A

5/3 R

Norme A

Norme R

0A

0R

10

Indices P

8

6

4

2

1

2

3

4

Extractions séquentielles Figure 8 | P-CO2 dans les extraits séquentiels sur des échantillons provenant de deux essais de fumure P, Altwy (A) et Reckenholz (R). 0 = sans engrais, norme = fumure P selon la norme, «5/3» = fumure P à 5/3 de la norme. P sous forme de superphosphate. 4 répétitions dans chaque essai.

Dans les extractions séquentielles, les valeurs P-CO2 de l’essai «Altwy» baissent nettement plus que celles de «Reckenholz». Au laboratoire, ce constat reflète l’expérience agronomique selon laquelle, à indice de fertilité égal, les sols légers ont besoin de plus d’engrais que les sols lourds pour satisfaire les besoins des plantes durant toute la période de végétation (cf. tabl. 11 dans Agroscope 2009). Les résultats des extractions séquentielles sont aussi conformes à l’interaction Ca/P qui a été décrite: dans l’essai «Reckenholz», le peu de chaux présent est dissous lors de la 1re extraction, raison pour laquelle le Ca-CO2 de la 2e extraction tombe à 56 %, avec pour conséquence une plus faible diminution du P-CO2 qu’à «Altwy». Comme le Ca continue à baisser dans les extractions suivantes (à 36 %), le P reste constant. En revanche, les valeurs Ca-CO2 de l’essai «Altwy» baissent peu à la 2e extraction (75 %) et restent ensuite constantes (fig. 8).

Conclusions Les investigations faites sur la méthode d’extraction CO2 mettent en évidence le rôle important de l’équilibre PO4 / Ca. En fait, les extraits sont saturés en PO4 et ils

10

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 4–11, 2011

contiennent du phosphate de Ca en présence d’un excédent de Ca2+. Ces équilibres dans les solutions se retrouvent aussi au champ où ils influencent la disponibilité du P pour les plantes. Comme l’air dans le sol contient jusqu’à 5 % de CO2, l’extraction à l’eau saturée en CO2 simule parfaitement l’effet de l’eau du sol et les processus chimiques qui s’y déroulent. Lorsqu’un échantillon de terre est soumis à des extractions successives à l’eau saturée en CO2, l’extrait contient toujours des concentrations en P semblables. C’est le reflet de ce qui se passe au champ: un sol peut approvisionner les plantes en P pendant longtemps, même s’il y a des périodes de manque ou d’excès d’eau. L’homéostasie du sol qui a été mise en évidence pour la méthode CO2 permet une bonne approche du P disponible pour les plantes puisque, dans des parcelles considérées comme normalement pourvues, il faut des années de sur- ou de sous-fertilisation pour voir un effet sur l’approvisionnement des plantes en P. Dans l’eau du sol, l’excédent de Ca dans la terre limite la solubilité du phosphate, ce qui explique sa faible mobilité. Mais lorsque de la terre parvient dans des cours d’eau par ruissellement, la limite du rapport de solubilité n’est pas atteinte à cause de la forte dilution, ce qui libère du P. Le K-CO2 se comporte de manière très homogène par rapport à des modifications des conditions d’extraction; au cours d’extractions CO2 séquentielles, les teneurs baissent graduellement. Du point de vue chimique, K-CO2 et P-CO2 fournissent une bonne évaluation du P et du K disponibles pour les plantes, ce qui constitue une bonne base pour l’adaptation de la fumure. Cependant, les extractions séquentielles confirment que la méthode CO2 ne peut rien révéler sur les réserves du sol en P et en K. A cause de l’excédent de Ca, la quantité de phosphate fixée dans le sol est beaucoup plus grande que la quantité extraite. Les extractions séquentielles avec la méthode AAE10 confirment les résultats acquis jusqu’ici (Stünzi 2006b, 2007): du point de vue chimique, on ne peut en inférer aucune relation avec les disponibilités pour les plantes. Selon la teneur en chaux dans le sol, une réserve de P sous forme de phosphate brut n’est que partiellement révélée, voire pas du tout. De ce fait, la méthode AAE10 ne fournit pas d’informations fiables non plus sur les teneurs en P et K du sol (mg/kg ou kg/ha). n


Determinazione dei tenori dei concimi mediante il metodo CO2 in test di laboratorio La cessione con acqua satura di CO2 è uno dei metodi di riferimento svizzeri per la determinazione dei tenori in fosforo e potassio dei concimi. Esperimenti di laboratorio hanno evidenziato che l'interazione tra CO2, calcio, fosfato, fosfati di calcio difficilmente solubili e calce svolge un ruolo sostanziale. Considerato che pure l'aria tellurica presenta tenori elevati di CO2, l'equilibrio fra gli elementi influenza anche sul campo la disponibilità immediata di P per le piante. Se un campione di suolo è sottoposto a più riprese a un test di cessione con acqua satura di CO2, l'estratto contiene sempre concentrazioni di P simili. Ciò rispecchia le condizioni sul terreno: un suolo è in grado di approvvigionare le piante con P per un periodo di tempo prolungato anche se a cadenza periodica secca completamente o è intriso d'acqua. L'omeostasi del suolo considerata per il metodo CO2 spiega come mai una concimazione eccessiva o insufficiente ha ripercussioni sull'approvvigionamento in P delle piante soltanto dopo anni. Nelle estrazioni sequenziali anche il CO2-K diminuisce soltanto gradualmente. Il metodo CO2 fornisce pertanto una buona approssimazione per quanto concerne il P e il K immediatamente disponibili per le piante. I risultati delle estrazioni sequenziali con acetato d'ammonio EDTA («AAE10») sono riproducibili, ma tuttavia così diversi da un campione all'altro che dal profilo chimico non è possibile individuare una correlazione diretta con la disponibilità per le piante.

Bibliographie ▪▪ Agroscope ACW & ART, 2009. DBF 2009, Données de base pour la fumure des grandes cultures et des herbages. Revue suisse d'Agriculture 41 (1), 27. ▪▪ Agroscope ART & ACW, 2010. Schweizerische Referenzmethoden der landw. Forschungsanstalten, Band 1. ▪▪ Flisch R., 2010. Communication personnelle. ▪▪ Stünzi H., 2006a. Die P-Bodenextraktionsmethoden mit Wasser und CO2Wasser. Agrarforschung 13 (7), 284–289 ▪▪ Stünzi H., 2006b. Zur P-Bodenextraktion mit Ammoniumacetat-EDTA (AAE10). Agrarforschung 13 (11–12), 488–493. ▪▪ Stünzi H., 2006c. Testresultate von alternativen Filtern zur Bodenunter-

Summary

Riassunto

Test en laboratoire de la méthode CO2 pour le conseil de fumure | Environnement

Analytical Studies of the CO2 Soil Test for P and K Fertilization Extraction of soils with CO2-saturated water is one of the Swiss reference methods for phosphorus and potassium fertilizer recommendations. Laboratory experiments show that a significant role is played by interactions between CO2, calcium, phosphate, the only slightly soluble calcium phosphates and lime. Since soil air exhibits increased CO2 content, these solution equilibria also influence the immediate plant-availability of P in the field. If a soil sample is extracted repeatedly with CO2 water, the extract will always contain similar P concentrations. This reflects the conditions in the field: a soil can supply plants with P over a fairly long period, even if it periodically dries out or becomes waterlogged. The homeostasis of soils as shown in the CO2 method explains why it takes years of over- or underfertilization for the P supply of the plants to be affected. CO2-K also decreases only gradually during sequential extractions. Consequently, the CO2 method yields a good approximation of the readily plant-available P and K. Although reproducible, the results of the sequential extractions with ammonium­ acetate and EDTA («AAE10») are so different from soil to soil that no direct connection with plant availability can be deduced from a chemical perspective. Key words: soil analysis, fertilizer recommendation, extraction, CO2 saturated water, phosphate calcium equilibria.

suchung, Newsletter 1/2006 der Arbeitsgruppe Boden-, Dünger- und Schadstoffanalytik (AG2) der Koordinationsgruppe Boden und Düngung (KBD), Agroscope ART-Reckenholz, 2–11. ▪▪ Stünzi H., 2007. Bodenuntersuchungsmethoden für K, Mg und Ca im ­Vergleich. Agrarforschung 14 (8), 358–363. ▪▪ Stünzi H., 2007a. H 2O10 Methodenänderung: Testresultate 2007. NewsLetter 1/2007 der Arbeitsgruppe BDS, Boden-, Dünger- und Schadstoffanalytik (AG2) der Koordinationsgruppe Boden und Düngung (KBD), 2–11. Accès: http://www.agroscope.admin.ch/analytische-chemie/00668/.

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 4–11, 2011

11


E n v i r o n n e m e n t

L’agroforesterie: une solution économique pour une production animale neutre en CO2? Simon Briner, Michael Hartmann et Bernard Lehmann, Institute for Environmental Decisions IED, ETH Zürich Renseignements: Simon Briner, e-mail: briners@ethz.ch, tél: + 41 44 632 53 93

Les systèmes agroforestiers constituent une possibilité de réduire les émissions de gaz à effet de serre. (Photo: Ch. Dupraz, INRA)

Introduction En Suisse, l’agriculture est responsable d’environ 11 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre (GES) (tabl. 1). Concernant le méthane et le protoxyde d’azote, la part de l’agriculture atteint même 80 et 78 % respectivement. Différentes stratégies de réduction des GES dans l’agriculture sont décrites dans la littérature (p. ex. UNFCCC 2008). Parmi elles figure, outre l’amélioration de la gestion des pâturages et diverses mesures techniques (p. ex. la couverture des fosses à purin), l’agrofo-

12

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 12–19, 2011

resterie qui permet d’influencer positivement la sé­questration du carbone (UNFCCC 2008; World Agro­ forestry Centre 2010). Cet article vise à établir si les émissions générées par une exploitation agricole suisse peuvent être compensées totalement par un système agroforestier, soit s’il est possible de produire du lait ou de la viande de façon climatiquement neutre. Caractéristiques de l’agroforesterie Un système agroforestier peut être caractérisé comme «une combinaison volontaire et une gestion commune de cultures pérennes boisées et de cultures annuelles sur


une même parcelle. L’élément agricole se compose de grandes cultures [silvoarable] ou de surface fourragère [silvopastorale].» (Agroforst 2009a). Les systèmes agroforestiers sont installés traditionnellement sous forme d’arbres fruitiers dispersés (Herzog 1998) ou selon des systèmes modernes pour produire du bois de valeur (bois de placage, jusqu’à 45 ans) et du bois de chauffage (3 à 10 ans) (Agroforst 2009b). Ces systèmes agroforestiers génèrent des interactions positives et négatives entre la culture pérenne et la culture annuelle ou fourragère (tabl. 2). Les systèmes agroforestiers peuvent donc contribuer à la diversification de la production agricole, à l’augmentation de la fertilité des sols, à la réduction des pertes d’azote, à l’amélioration de la qualité des paysages et à l’augmentation de la biodiversité (Jose 2009; Malézieux et al. 2009; SAFE 2005). Les systèmes agroforestiers modernes sont bien adaptés aux techniques actuelles de production agricole. Ainsi, l’intervalle entre les lignes d’arbres est adapté à la largeur des machines agricoles présentes sur l’exploitation et les contingences naturelles peuvent être mises à profit dans les cultures fourragères (Agroforst 2009b; Malézieux et al. 2009). D’un point de vue économique, les systèmes agroforestiers génèrent, en plus des recettes annuelles agricoles, les recettes issues de la vente du bois et, éventuellement, de la commercialisation de prestations environnementales. Toutefois, ces recettes sont décalées dans le temps car, dans les systèmes agroforestiers comme en production viticole et fruitière, les premières années ne génèrent pas de rendement et donc aucun revenu. (Krummenacher et al. 2008; Agroforst 2009b). Comparativement aux grandes cultures exploitées en monoculture, la quantité de carbone séquestrée dans les systèmes agroforestiers peut être augmentée grâce aux arbres ou aux buissons (Jose 2009). Le carbone séquestré représente la différence entre le carbone fixé par la photosynthèse et celui libéré par la respiration. Le 

Résumé

L’agroforesterie: une solution économique pour une production animale neutre en CO2? | Environnement

En Suisse, l’agriculture est responsable d’environ 11 % des émissions de CO2. L’agroforesterie constitue une solution pour améliorer le bilan climatique de l’agriculture. Les systèmes agroforestiers sont une combinaison d’une culture pérenne boisée avec une grande culture ou une culture fourragère sur la même parcelle. Un avantage des systèmes agroforestiers est leur capacité à séquestrer le CO2 qui est ainsi fixé puis stocké dans le bois de la culture pérenne et dans l’accumulation d’humus. Après la récolte, le bois peut être utilisé comme bois de construction ou de menuiserie ou alors comme substitut aux énergies fossiles. Dans les deux cas, les émissions de gaz à effet de serre sont réduites. Grâce aux systèmes agroforestiers, une exploitation suisse active dans la production laitière ou l’élevage de vaches mères peut ainsi atteindre un bilan neutre en CO2, sans pour autant limiter drastiquement sa production. Dans notre analyse, les coûts supplémentaires générés par ce système s’élèvent à au moins 9 centimes par kilogramme de lait et à au moins 80 centimes par kilogramme de viande. Si les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites sans aucune réduction de la production, les coûts supplémentaires s’élèvent alors à 10 centimes par kilogramme de lait et à 90 centimes par kilogramme de viande.

Tableau 1 | Volume des émissions de gaz à effet de serre en Suisse (2007) Mio. t CO2-eq Emissions total

51,27

dont l’agriculture Méthane (CH4) total

Protoxyde d’azote (N2O) total

100 5,35

3,51

dont l’agriculture

10 100

2,83 3,24

dont l’agriculture

%

80 100

2,52

78

Source: Swiss Greenhouse Gas Inventories (2009)

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 12–19, 2011

13


Environnement | L’agroforesterie: une solution économique pour une production animale neutre en CO2?

Tableau 2 | Interactions positives et négatives dans les systèmes agroforestiers Facteur

Avantage éventuel

Ombrage

• •

Protection contre le soleil pour les animaux Moins de dessèchement en surface

Protection contre le vent

• • •

oins d’érosion M Evaporation réduite dans les endroits secs Moins de dégâts mécaniques

Inconvénient éventuel •

• Evaporation réduite dans les endroits humides

•C onstitution de stocks de nutriments en profondeur, disponibles

Eléments nutritifs

pour la culture annuelle à travers les radicelles et les feuille mortes

• Enrichissement du sol grâce aux essences d’arbres qui fixent l’azote

Erosion due à l’eau

oncurrence lors de besoins simultanés des deux cultures et C concurrence entre leurs racines

Réduite dans les pentes grâce aux arbres

E nrichissement en humus et en nutriments si les feuilles se décomposent bien • Protection contre l’érosion grâce au mulch •

Feuilles mortes

roissance réduite/ralentie des plantes due à la concurrence pour C la lumière

• Ralentissement des cultures automnales à cause du tapis de feuilles • Réduction de la qualité fourragère

Source: selon Agroforst 2009b

potentiel de séquestration du carbone dépend, comme dans les autres systèmes d’exploitation, de divers facteurs. Parmi ceux-ci, on peut citer la teneur en carbone de la biomasse existante, dans le sol et dans le bois produit, la durée du cycle d’abattage, la composition des espèces, la situation géographique, les facteurs environnementaux et, finalement, les pratiques de gestion (Jose 2009). Même au sein d’une région limitée, la séquestration de carbone peut varier fortement. Selon les pratiques (bois de chauffage, fertilisation, travail du sol, etc.), un système agroforestier peut aussi devenir une source de gaz à effet de serre. Si le bois produit est utilisé comme bois de chauffage, par exemple, une grande partie du carbone fixé est alors relâchée en dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Cependant, une telle utilisation permet de remplacer les sources d’énergie fossiles et, au bout du compte, de réduire ainsi les émissions de CO2 (Köhl et al. 2008). Avec une utilisation du bois à long terme (comme bois de construction p. ex.), le carbone séquestré est fixé pour une durée plus longue au cours de laquelle il ne porte pas atteinte à l’environnement.

Méthode Dans leur publication, Krummenacher et al. (2008) parlent du faible nombre d’analyses effectuées en Suisse sur l’agroforesterie. Comme les exploitations concernées se distinguent fortement les unes des autres, les systèmes agroforestiers doivent être adaptés à chaque exploitation, ce qui nécessite une analyse individualisée. Au moyen d’un modèle mathématique d’optimisation linéaire, il a été analysé, pour une exploitation type de production laitière et une de vaches mères, si les systèmes agroforestiers représentaient une solution pour compenser les émissions de GES agricoles en Suisse. Les caractéristiques importantes des exploitations modéli-

14

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 12–19, 2011

sées sont décrites dans le tableau 3. Les exploitations se situent en zone collinéenne à environ 700 mètres d’altitude et sont un peu plus grandes que les exploitations de référence du dépouillement centralisé des données d’ART (Roesch et Hausheer Schnider 2009). Les calculs du modèle se basent sur les données du catalogue des marges brutes d’AGRIDEA (2008) pour le prix des produits, les coûts d’exploitation ainsi que pour les rendements des grandes cultures et des cultures fourragères. Comme paramètre pour l’intensité du travail agricole, les coûts d’opportunité du travail ont été fixés à 5 francs par heure. L’élément déterminant pour le revenu de l’exploitant est la hauteur de la fonction cible, avec laquelle le revenu est maximisé. Les émissions de gaz à effet de serre ont été calculées selon les lignes directrices de l’IPCC, adaptées à l’échelle suisse (Hediger 2004). Comme 80 % des exploitations agricoles suisses couvrent leur fosse à purin, (Peter et al. 2009), cette hypothèse a été admise pour les exploitations modèles. Avec une couverture, les émissions issues du stockage des engrais de ferme peuvent être réduites de 66 % à faible coût. D’autres mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre n’ont pas été prises en compte dans les calculs, car elles se révèlent trop coû-

Tableau 3 | Structure des exploitations modèles

Production végétale

Production animale

Lait

Vaches-mères

Surface agricole utile (ha)

22

22

Surface labourée maximale (ha)

5

5

Vaches (places)

20

25

6500

0

0,7

0

Rendement en lait (kg) Génisses (places par vache)

Source: Roesch et Hausheer Schnider 2009; hypothèses personnelles


L’agroforesterie: une solution économique pour une production animale neutre en CO2? | Environnement

Tableau 4 | Caractéristiques des systèmes modélisés Plantation à cycle de production court

Caractéristique

Peupliers

Nombre d’arbres par ha

50

113

10 000

Cultures automnales et cultures fourragères

30

40

100

Cultures de printemps

45

60

100

Réduction du rendement (moyenne sur toute la période, %)

Cycle de production (années)

20

4

Récolte de bois (t/cycle)

100

140

Séquestration CO2 (t CO2/ha année)

5,6

8,3

48 14

Prix du bois (CHF/t)

120

120

Coûts plantation et soin (CHF/arbre)

20

0,32

Source: Burgess et al. 2005; Waldwirtschaft Schweiz 2009; Schlegel & Co. Gartenprodukte GmbH 2010; Köhl et al. 2008; hypothèses personnelles

25

Plantation à cycle court Surface agroforestière

20

Terres ouvertes (grandes cultures)

Assolement (ha) Nombre de vaches

teuses (Peter et al. 2009). Dans le modèle, deux systèmes de séquestration de CO2 différents ont été implémentés. Le premier est un système agroforestier composé de peupliers et le second d’arbres d’essences variées à croissance rapide, à cycle de production plus court. Le bois est utilisé comme bois de chauffage dans les deux systèmes. Les caractéristiques des systèmes modélisés sont résumées dans le tableau 4. Après la récolte, le bois de chauffage est utilisé pour remplacer le mazout de chauffage ou d’autres énergies fossiles. Lors de la substitution, l’efficience n’atteint toutefois que 73 % en raison de la faible densité énergétique du bois (Köhl et al. 2008). Pour les calculs du modèle, l’hypothèse a été formulée que l’exploitation se trouve en équilibre, soit dans une situation où on plante autant d’arbres qu’on en abat. Chaque fois, deux scénarios ont été calculés dans la production de lait et de viande. Dans le scénario Optimum, la quantité de production faisait partie de l’optimisation. Dans ce scénario, les exploitations avaient la possibilité de limiter leur production pour réduire les émissions. A l’échelle suisse, une éventuelle limitation de la production serait, en réalité, compensée par l’augmentation de la production d’autres exploitations ou par une augmentation des importations. Dès lors, dans le meilleur des cas, la quantité nette d’émissions de gaz à effet de serre ne diminuerait pas. En conséquence, dans un deuxième scénario dénommé Fixe, la quantité de production a été fixée à hauteur égale avec la situation d’origine. Dans les calculs, seules les émissions générées par l’exploitation modèle ont été prises en compte. Des estimations à l’aide d’un écobilan ainsi que les émissions indirectes dans le pays ou à l’étranger pour la création des moyens de production (émissions grises) se situent hors du cadre de ce modèle.

15 (Hektaren) Flächennutzung 10

Surfaces herbagères extensives Surfaces herbagères intensives

5

Nombre de vaches

0 Référence (sans réduction)

Optimum

Fixe

Figure 1 | Développement du nombre de vaches et utilisation des surfaces dans le scénario de référence et dans les deux scénarios avec réduction des émissions nettes à zéro.

Résultats et discussion Production laitière Dans le scénario de référence sans réduction, l’exploitation laitière émet 140 tonnes de CO2-eq par année dont 40 % proviennent directement de la digestion des animaux. Le reste est libéré par le stockage des engrais de ferme et par l’épandage d’engrais. Comme on peut le constater sur la figure 1, dans ce scénario, la plus grande partie de la surface est utilisée comme surface herbagère intensive (prairies temporaires incluses). Un peu plus de 7 % est utilisé comme surface herbagère extensive. Dans le scénario Optimum, le nombre de vaches laitières se trouve réduit d’un tiers à 13 vaches. Comme la plus grande partie des émissions de gaz à effet de serre provient directement des animaux, les émissions brutes de GES diminuent également d’un tiers. Les émissions résultantes sont compensées par la séquestration de carbone. Dans ce scénario, près de la moitié des surfaces est destinée à l’agroforesterie. En raison de la réduction du nombre de vaches, une part importante de la surface herbagère intensive peut être remplacée par une combinaison de peupliers et de surfaces herbagères extensives. L’exploitant bénéficie de paiements directs supplémentaires pour les prairies extensives, ce qui compense en partie la perte due aux rendements fourragers inférieurs. Dans le scénario Fixe en revanche, où la quantité de production ne peut pas être réduite, les surfaces doivent être exploitées plus intensivement, pour pouvoir à la fois fourrager les animaux et séquestrer la quantité de carbone équivalente aux émissions. Dans ce scénario, 

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 12–19, 2011

15


Environnement | L’agroforesterie: une solution économique pour une production animale neutre en CO2?

Coûts marginaux d'évitement (CHF/t CO2-eq.)

Coûts d'évitement moyens par kilogramme de lait (CHF/kg)

presque deux tiers de la surface sont utilisés en système 0,12 Fixe agroforestier. Dans ce cas, les peupliers sont combinés Optimum 0,10 sur 10 % de la surface à des prairies extensives et sur 0,08 50 % à des prairies intensives. Dans ce système, les 0,06 grandes cultures doivent être complètement abandonnées. 0,04 Dans les deux scénarios, les plantations à court cycle Durchschnittliche 0,02 de production ne font pas partie de la solution optimale. Vermeidungskosten pro Kilogramm Milch (CHF/kg) 0 Il est vrai qu‘elles peuvent séquestrer plus de CO2 par 0 14 29 43 57 71 86 100 unité de surface, mais la production fourragère s’en Réductions des émissions de gaz à effet de serre (%) trouve encore plus limitée. La réduction des émissions de gaz à effet de serre Figure 3 | Coûts d'évitement moyens par kilogramme de lait. implique des coûts supplémentaires pour l’exploitant agricole sous forme de coûts d’opportunité. Pour pouvoir séquestrer suffisamment de gaz à effet de serre, l’exploitant est limité dans le choix de l’utilisation de sa surface agricole utile ainsi que dans le choix du nombre ment, ce qui permet de réduire encore les émissions, d’animaux. Par exemple, soit il lui est impossible de avec des CME de l’ordre de 58 francs par tonne de CO2mettre en place des grandes cultures, ce qui fait baisser ces recettes, soit il doit diminuer le nombre d’animaux, eq. A ce prix, les émissions peuvent être réduites à néant dans ce scénario. avec le même effet. Dans le scénario Fixe, la même quantité de fourrage La figure 2 montre comment les coûts augmentent que dans le scénario de base doit être produite. Ici, les avec une réduction toujours plus forte des émissions nettes de gaz à effet de serre. On voit que les coûts mar- grandes cultures sont remplacées par des surfaces agroginaux d’évitement (CME) augmentent plus intensé- forestières avec des prairies extensives comme élément ment dans le scénario Fixe que dans le scénario Opti- agronomique. Cela coûte près de 80 francs par tonne de CO2-eq. Une fois que toutes les surfaces de grandes mum. Dans les deux scénarios, les arbres sont plantés cultures ont été converties, les arbres sont plantés sur les dans un premier temps sur les surfaces herbagères surfaces herbagères intensives utilisées pour la pâture. extensives, ce qui permet la compensation d’environ un Pour compenser la perte de production de fourrage, le quart des émissions de gaz à effet de serre. Cela implique système agroforestier sur prairies extensives doit être des CME relativement faibles à hauteur de 32 francs par -eq. Ensuite, dans le scénario Optimum, les intensifié. Cette mesure entraîne des CME avoisinant tonne CO2 surfaces herbagères intensives sont converties en sur- 140 francs par tonne de CO2-eq. Les coûts d’évitement moyens reportés sur un kilofaces agroforestières extensives. La production de fourrage baissant, le nombre d’animaux est réduit parallèle- gramme de lait pour les scénarios Optimum et Fixe sont représentés sur la figure 3. Dans les deux scénarios, avec une réduction croissante des émissions, les coûts augmentent pour atteindre près de 10 centimes par kilogramme de lait lors d’une réduction totale des émissions 160 Fixe nettes de gaz à effet de serre. Il est vrai que dans le scé140 Optimum nario Fixe les coûts d’évitement totaux sont plus impor120 tants que dans le scénario Optimum mais, dans ce der100 nier, la réduction des émissions est couplée à la réduction 80 de la quantité produite de lait, qui elle-même entraîne 60 l’augmentation des coûts moyens. 40 La hauteur des coûts engendrés par la réduction des (CHF/Tonne CO2-eq.) 20 Grenzvermeidungskosten émissions dépend très fortement de la croissance des 0 peupliers dans le système agroforestier, et donc de la 0 14 29 43 57 71 86 100 Réduction des émissions de gaz à effet de serre (%) capacité de séquestration du carbone. Si, par exemple, on réduit la vitesse de croissance présumée des peupliers Figure 2 | Coûts marginaux d’évitement pour une réduction gradude 10 %, la réduction des émissions se renchérit de 17 % elle des émissions de gaz à effet de serre dans les scénarios Fixe et Optimum . dans le scénario Optimum. Dans le scénario Fixe, avec

16

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 12–19, 2011


L’agroforesterie: une solution économique pour une production animale neutre en CO2? | Environnement

Surfaces agroforestières Terres ouvertes (grandes cultures) Surface herbagères extensives Surface herbagères intensives Nombres de vaches

25 20 15 10 5 0 Référence Optimum (sans réduction)

Fixe

Figure 4 | Assolement et nombre de bêtes sur l’exploitation ­m odèle de vaches mères, dans le scénario de référence sans réduction des émissions et dans les deux scénarios avec émissions nettes de gaz à effet de serre réduites à zéro.

cette hypothèse, une réduction des émissions nettes de gaz à effet de serre jusqu’à un niveau zéro n’est plus possible car il est impossible de produire suffisamment de fourrage et de séquestrer simultanément assez de carbone.

Coûts marginaux d'évitement (CHF/tonne CO2-eq)

Vaches mères L’exploitation de vaches mères libère, dans le scénario de référence, environ 80 tonnes de CO2-eq. Dans ce scénario, 80 % de la surface est herbagère et le reste est dédié aux grandes cultures (fig. 4). Avec la réduction à un niveau zéro des émissions nettes de gaz à effet de serre, l’ensemble des prairies extensives est transformé en surfaces agroforestières, dans les deux scénarios Optimum et Fixe. De plus, dans le scénario Fixe, une partie des terres ouvertes doit être convertie en surface agroforestière. Pour éviter cela dans le scénario Optimum, le nombre d’animaux est réduit et les émissions brutes de gaz à effet de serre diminuent de plus de 10 %. Sur une exploitation de vaches mères, la réduction des émissions de gaz à effet de serre engendre aussi des coûts. Les coûts marginaux d’évitement sont représen-

90 80 70 60 50 40 30 20 10 0

Fixe Optimum

tés sur la figure 5. Dans les deux scénarios, les arbres sont plantés, dans une première phase, sur les surfaces herbagères extensives. Avec cela, 70 % des émissions brutes peuvent être séquestrées pour un CME d’environ 30 francs par tonne de CO2-eq. Ensuite, dans le scénario Fixe, des terres ouvertes doivent être converties en surface agroforestière pour qu’il y ait suffisamment de fourrage à disposition, les CME dépassant alors 80 francs par tonne de CO2-eq. Dans le scénario Optimum, dès que toutes les surfaces herbagères extensives ont été converties en surfaces agroforestière, le nombre d’animaux est réduit, avec des CME d’environ 55 francs par tonne de CO2-eq. Les coûts moyens d’évitement reportés sur un kilogramme de viande sont illustrés sur la figure 6. Les coûts dans le scénario Fixe se situent à 90 centimes par kilogramme de poids mort, soit, comme dans la production laitière, légèrement plus élevés que dans le scénario Optimum avec 80 centimes par kilogramme de poids mort. Ici aussi, une partie des coûts totaux plus élevés peut être compensée par une plus forte production, ce qui diminue la différence entre les deux scénarios. Les coûts moyens par kilogramme de viande augmentent relativement rapidement avec une capacité de séquestration réduite des peupliers. Avec une baisse de 10 % de la quantité de CO2 séquestrée annuellement, les coûts moyens augmentent et atteignent 1.30 francs par kilogramme de poids mort dans les deux scénarios. En raison de l’extensification de l’exploitation liée à la réduction des émissions, la charge de travail diminue de 10 %. Comme une part du revenu provient des paiements directs qui, dans le cas d’une extensification, vont plutôt augmenter, le salaire horaire reste, sans aucune compensation financière et dans tous les scénarios, à la même hauteur. Si on part du principe que l’agriculteur base ses décisions sur un salaire horaire constant et non sur un revenu agricole constant, il n’y aurait pas besoin 

Coûts moyens d'évitement (CHF/kg viande)

Assolement (ha) Nombre de vaches

30

1

Fixe Optimum

0,8 0,6 0,4 0,2 0

0

10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Réduction des gaz à effet de serre (%)

Figure 5 | Développement des coûts marginaux d’évitement en fonction de la réduction progressive des émissions de gaz à effet de serre.

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Réduction des émissions de gaz à effet de serre (%) Figure 6 | Coûts moyens d'évitement par kilogramme de viande.

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 12–19, 2011

17


Environnement | L’agroforesterie: une solution économique pour une production animale neutre en CO2?

de lui verser un supplément pour qu’il produise de la viande avec un bilan climatique neutre selon le scénario Optimum. Dans le scénario Fixe, la charge de travail augmente légèrement car le nombre d’animaux reste constant et les systèmes agroforestiers engendrent plus de travail que des cultures sans arbre. Ici, un paiement de compensation devrait même être plus élevé si l’agriculteur optimise son salaire horaire plutôt que son revenu.

Conclusions ••Les systèmes agroforestiers peuvent contribuer à rendre la production d’aliments plus respectueuse du climat. ••Pour estimer les possibilités offertes par un système agroforestier, une considération globale du système agronomique respectivement de l’exploitation est nécessaire. Lors de l’analyse, d’autres techniques pour réduire les émissions de CO2 ainsi que les avantages et inconvénients des systèmes agroforestiers doivent être pris en compte.

Bibliographie ▪▪ Agridea, 2008. Deckungsbeiträge 2008. Agridea, Lindau. ▪▪ Agroforst, 2009a. Neue Optionen für eine nachhaltige Landnutzung. Schlussbericht des Projektes agroforst (Projektlaufzeit April 2005 bis September 2008). Accès: http://www.agroforst.uni-freiburg.de/ergebnisse.php [28.4.2010]. ▪▪ Agroforst, 2009b. Moderne Agroforstsystememit Werthölzern. Leitfaden für die Pra-xis. Im Rahmen des Projektes «agroforst – neue Optionen für eine nachhaltige Landnutzung». Accès: http://www.agroforst.uni-freiburg.de/ergebnisse.php [28.4.2010]. ▪▪ Burgess P., Graves A., Palma J., Herzog F., Keesman K. & van der Werf W., 2005. Parameterisation of the Yield-SAFE model andits use to determine yields at the landscape test sites.Cranfield University, Institute of Water and Environment, Silsoe. ▪▪ European Climate Exchange (ECX), 2010. Market data snapshot. Accès: http://www.ecx.eu/Market-data-snapshot [25.5.2010]. ▪▪ Hediger W., 2004. Bestimmungsgründe und Entwicklung der landwirtschaftlichen Treibhausgas-Emissionen und Kohlenstoff-Senken in der Schweiz. ETH Zürich, Zürich. ▪▪ Herzog F., 1998. Streuobst: a traditional agroforestry system as a model for agroforestry development in temperateEurope. Agroforestry Systems 42, 61–80. ▪▪ Jose S., 2009. Agroforestry for ecosystem services and environmental benefits: an overview. Agroforestry Systems 76, 1–10. ▪▪ Krummenacher J., Maier B., Huber F. & Weibel F., 2008. Ökonomisches und ökologisches Potenzial der Agroforstwirtschaft. Agrarforschung 15 (3), 132–137. ▪▪ Köhl M., Frühwald A., Kenter B. & Olschofsky K., 2008. Potenzial und Dynamik der C-Sequestrierung in Wald und Holz. Accès: www.fnr-server.de/ cms35/fileadmin/allgemein/pdf/.../11.../6-Koehl.pdf [25.5.2010].

18

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 12–19, 2011

••Dans une production respectueuse du climat, les coûts de production du lait augmenteraient d’au moins 9 centimes par kilogramme pour l’exploitation modèle utilisée comme exemple. Les coûts de production de la viande issue de l’élevage de vaches mères augmenteraient d’au moins 80 centimes par kilogramme de poids mort. ••Dans le système agroforestier, les coûts sont très dépendants de la vitesse de croissance des arbres qui détermine directement la capacité de séquestration du CO2. ••Vu les prix actuel des certificats d’émissions transmissibles (environ 22 francs par tonne de CO2-eq (ECX 2010)), le commerce de certificat pour le carbone fixé dans les systèmes agroforestiers serait, selon les résultats de notre modèle, trop coûteux. n­

▪▪ Malézieux E., Crozat Y., Dupraz C., Laurans M., Makowski D., Ozier-Lafontaine H., Rapidel B., de Tourdonnet S. & Valantin-Morison M., 2009. Mixing plant species in cropping systems: concepts, tools and models. A review. ­A gronomy for Sustainable Development 29, 43 – 62. ▪▪ Peter S., Hartmann M., Weber M., Lehmann B. & Hediger W., 2009. «THG 2020» – Möglichkeiten und Grenzen zur Vermeidung landwirtschaftlicher Treibhausgase in der Schweiz. Schriftenreihe 2009/1 der Gruppe Agrar-, ­L ebensmittel und Umweltökonomie, ETH Zürich. ▪▪ Roesch A. & Hausheer Schnider J., 2009. Grundlagenbericht 2008. Agroscope Reckenholz-Tänikon (ART), Ettenhausen. ▪▪ SAFE, 2005. Silvoarable Agroforestry for Europe (SAFE). Synthesis of the SAFE project (August 2001-January 2005) (SAFE final report). Accès: http:// www1.montpellier.inra.fr/safe/index.php [28.4.2010]. ▪▪ Schlegel & Co. Gartenprodukte GmbH, 2010. Pappel (Populus ssp. Hybr.). ­A ccès: http://www.die-forstpflanze.de/Laubbaeume/Pappel:::5_50001_50048.html [25.5.2010]. ▪▪ Swiss Greenhouse Gas Inventories, 2009. Annual submissions under the UNFCCC on GHG emissions and removals in Switzerland. Inventory 2007, 2009 submission. Accès: http://www.bafu.admin.ch/climatereporting/00545/ index.html?lang=en [26.4.2010]. ▪▪ UNFCCC, 2008. Challenges and opportunities for mitigation in the agricultural sector. Technical paper (FCCC/TP/2008/8). United Nations Framework Convention on Climate Change (UNFCCC). ▪▪ Waldwirtschaft Schweiz, 2009. Zur Holzmarktkampagne 2009/2010. Accès: http://www.wvs.ch/m/mandanten/159/download/09_1114_WH11_HM_AK2. pdf [25.5.2010]. ▪▪ World Agroforestry Centre, 2010. Advancing carbon sequestration through agroforestry to enhance livelihoods while mitigating climate change. Accès: http://www.worldagroforestry.org/research/grp5_climate_change/mitigation [28.4.2010].


Sono i sistemi agroforestali una soluzione economica per una produzione animale CO2 neutrale? L’agricoltura è responsabile dell’11 % ca. delle emissioni di CO2 in Svizzera. I sistemi agroforestali costituiscono una soluzione per migliorare il bilancio climatico in agricoltura. I sistemi agroforestali sono una combinazione sulla stessa parcella tra colture di legname con colture di pieno campo, oppure foraggiere. Un vantaggio dei sistemi agroforestali è la loro capacità di sequestrare la CO2, per quindi fissarla e poi stoccarla nel legno della coltura perenne e nell’accumulo dell’Humus. Dopo essere stato raccolto il legno può essere utilizzato come legname da costruzione o carpenteria, oppure come sostituente alle energie fossili. In entrambi i casi l’emissione dei gas ad effetto serra è ridotta. Grazie ai sistemi agroforestali un’azienda agricola svizzera, con produzione lattiera oppure allevamento di mucche nutrici, può raggiungere un bilancio neutro in CO2, senza dover limitare drasticamente la propria produzione. La nostra analisi indica che i costi supplementari generati da questo sistema si attestano ad almeno 9 centesimi per chilogrammo di latte e ad almeno 80 centesimi per chilogrammo di carne prodotto. Se, invece, le emissioni dei gas a effetto serra devono essere ridotti senza alcuna limitazione nella produzione, i costi supplementari ammonterebbero a 10 centesimi per chilogrammo di latte e a 90 centesimi per chilogrammo di carne.

Summary

Riassunto

L’agroforesterie: une solution économique pour une production animale neutre en CO2? | Environnement

Is agroforestry an economic opportunity for carbon-neutral animal production? In Switzerland, agriculture is responsible for about 11 % of the emitted greenhouse gases. Agroforestry systems may improve the climate balance of Swiss agriculture by sequestering carbon. Agroforestry systems are a combination of a lignifying permanent crop with a crop or with grassland on the same area. One advantage is their ability to sequester carbon, that is stored in the permanent crop’s wood or as an enrichment of humus in the soils. After harvesting, the wood can be used as timber/furniture wood or as a substitute for fossil energy sources. In both cases, greenhouse gas emissions will be reduced. Applying this system to a Swiss farm specialized in milk production or suckler cows can reduce net greenhouse gas emissions to zero without reducing the animal production. In our analysis, this reduction generates additional costs of at least 9 centimes per kilogram milk or 80 centimes per kilogram meat. If the emissions shall be reduced without reducing production of milk or meat, additional costs of at least 10 centimes per kilogram milk or 90 centimes per kilogram meat are generated. Key words: climate change, carbonsequestration, agroforestry, animal production, carbon-neutral agriculture.

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 12–19, 2011

19


E c o n o m i e

a g r i c o l e

Promotion de la production animale basée sur les herbages dans la Politique agricole 2014–2017 Lukas Barth, Simon Lanz et Christian Hofer, Office fédéral de l'agriculture OFAG, 3003 Berne Renseignements: Lukas Barth, e-mail: lukas.barth@blw.admin.ch, tél. +41 31 322 57 33

et, dans une motion consécutive, a chargé le Conseil fédéral de le concrétiser, compte tenu des multiples tâches fixées à l’art. 104 de la Constitution fédérale et des objectifs définis dans le rapport. Le message à ce sujet doit être soumis au Parlement d’ici à fin 2011.

Méthode Au cours des débats relatifs à la concrétisation, de discussions ont notamment eu lieu sur les méthodes de promotion de la production de lait et de viande sur la base des fourrages grossiers et d’amélioration de la mobilité des surfaces. Le présent article traite d’abord la question de la production de lait et de viande basée sur des fourrages grossiers pour montrer ensuite comment augmenter la mobilité des surfaces au moyen des contributions à l’adaptation et améliorer progressivement la réalisation des objectifs.

Résultats et discussion

Les contributions à la sécurité de l'approvisionnement ont pour objectif de promouvoir une production d'animaux de rente basée sur les fourrages grossiers et d’optimiser autant que possible le potentiel naturel de production.

Introduction Un élément clé de la prochaine étape de la réforme de la politique agricole «Politique agricole 2014 – 2017» est le développement du système des paiements directs (DPD). En réponse à une motion de la Commission de l’économie et des redevances du Conseil des Etats, le Conseil fédéral a adopté en mai 2009 un rapport à ce sujet (Conseil fédéral 2009). Il y définit des objectifs concrets pour les prestations d’intérêt public et indique comment il faut développer le système des paiements directs. Le Parlement a jugé le concept cohérent et porteur d’avenir

20

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 20–25, 2011

Maintien de la capacité de production sur les herbages Selon la Politique agricole 2002, les contributions actuelles pour les animaux consommant des fourrages grossiers (contributions UGBFG) ont pour objectif de promouvoir et de maintenir la compétitivité de la production de lait et de viande à base de fourrages grossiers. Quant aux contributions pour la garde d’animaux dans des conditions de production difficiles (contributions GACD), elles permettent de tenir compte des coûts plus élevés imposés aux éleveurs des régions de montagne et de celles des collines. Les deux types de contributions sont versées par UGBFG. La figure 1 présente les relations entre les instruments «contributions» dans les différentes zones. La part des contributions UGBFG et GACD dans l’ensemble des paiements directs est de 20 % pour la plaine, elle s’élève à 32 % dans la zone des collines et varie entre 40 et 50 % en montagne. Dans le système actuel, les contributions UGBFG et GACD ont les effets suivants: jusqu’à la limite d’octroi, soit un plafond fixé de façon dégressive selon la zone et


Promotion de la production animale basée sur les herbages dans la Politique agricole 2014–2017 | Economie agricole

3500

Résumé

3000 Fr. / ha SAU

2500 Fr. / ha LN 2000 1500 1000 500 0

Zone de montagne IV

Compensation écologique

Contribution UGBFG

Contribution générale à la surface

Zone de montagne III

Extenso et Bio

Contribution GACD

Zone de montagne II

Zone de montagne I

SST et SRPA

Hügelzone Bergzone III Bergzone III Bergzone IV Bergzone

Zone des collines

Zone de plaine

Talzone

Contribution suppl. TO

Contribution à la pente

Figure 1 | Niveau de soutien selon la zone en 2009 (source: OFAG).

concernant la densité d’unités de gros bétail (UGB) par ha d’herbages (le maïs et la betterave fourragère sont imputés à raison de la moitié de la charge en bétail), les contributions sont une incitation à la production, ou à l’intensification. Cette incitation à la production est souhaitée jusqu’à un certain degré, mais elle a également des incidences négatives. ••Les paiements directs liés à la production animale incitent à augmenter le nombre d’animaux; résultat: les exploitations qui ne parviennent pas à couvrir leurs coûts par les seules recettes produisent davantage à perte. La figure 2 présente schématiquement cette situation. Les recettes de marché ne suffisent pas à couvrir les coûts totaux (somme des coûts fixes et des coûts variables). Dans ce cas, la production n’existerait pas sans les paiements directs. Comme la quantité produite de lait et de viande et le nombre d’animaux sont liés, les paiements directs versés pour les animaux augmentent avec la quantité. Ils rendent la production rentable et une quantité xt est produite. Un part considérable des paiements directs est nécessaire pour payer les coûts non couverts par les recettes (Vt) et un bénéfice est réalisé (Gt). Si la même somme de paiements directs est versée pour les surfaces, la courbe des recettes se déplace parallèlement aux recettes de marché, pour autant que la surface reste constante. L’optimum de la production se déplace donc de xt à xf. Par rapport aux paiements directs liés à la production animale, la part des paiements directs que les agriculteurs conservent comme bénéfice (Gf) augmente en fonction de l’angle α entre les deux courbes de recettes. Comparé aux paiements directs liés à la surface, ceux liés aux animaux doivent donc

Le système développé des paiements directs prévoit un nouvel instrument: des contributions à la sécurité de l'approvisionnement. Visant à une utilisation optimale du potentiel naturel de production, elles doivent contribuer au maintien de la capacité de production de l’agriculture suisse. Leur octroi en fonction des herbages est subordonné à une densité minimale d’unités de gros bétail consommant des fourrages grossiers par hectare (UGB). Ce nouvel instrument de paiements directs permet de réduire, voire d’éliminer, les effets négatifs des contributions actuelles pour animaux, d'augmenter la mobilité des surfaces par rapport à la situation actuelle et de garantir la sécurité de planification financière aux exploitations concernées.

être jugés plutôt négativement quant à leur effet sur le revenu ou l’efficience économique du transfert. On ne doit pas non plus s’attendre à une réduction considérable de la production. Avec le progrès technique, la courbe des coûts se déplace constamment à droite dans le temps, de sorte que la production augmente si les prix sont stables. Le remplacement des contributions liées aux animaux par des paiements à la surface permet de réduire cette incitation latente à l’intensification. ••Un autre résultat négatif de l'intensification causée par les contributions liées aux animaux concerne la rétroaction avec les marchés. Les simulations montrent que le prix du lait et de la viande bovine pourrait être 

Recettes avec les paiments directs liés aux animaux

Recettes coûts

Coûts variables

Gf Vf

Gt Vt

Recettes avec les paiments directs liés à la surface

Recettes provenent du marché Coûts fixes

xf xt Densité minimale de bétail

Quantité (x)

Figure 2 | Représentation microéconomique de l’effet respectif des contributions liées aux animaux et à la surface sur l’optimum de la production.

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 20–25, 2011

21


Economie agricole | Promotion de la production animale basée sur les herbages dans la Politique agricole 2014–2017

Densité 0 à <0,5 0,5 à >1 1,0 à >1,5 > 1,5 Région d'estivage

Légende: Valeurs par coordonnés d'exploitation

Données cartographiques © Swisstopo – Source: Office fédéral de l'agriculture – 2010

Figure 3 | Répartition géographique de la densité (facteur se rapportant à la limite d’octroi de la zone donnée), en 2009.

22

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 20–25, 2011

qu’elles n’aient pas l’effet de distorsion du marché. Ce principe est notamment important parce que c’est le marché qui doit en principe déterminer les quantités produites de biens privés. La modification proposée d’ordre conceptuel permet de réduire, ces effets indésirables. Un soutien à la surface herbagère, subordonné à une densité minimale de bétail, doit remplacer les incitations liées aux animaux, qui existent actuellement jusqu’à la limite d’octroi. Il est prévu de fixer la densité actuelle échelonnée par zones et équivalant à la moitié de la limite d’octroi actuelle, qui à son tour repose sur la valeur indicative selon les dispositions d’exécution relatives à la loi sur la protection des eaux. La figure 4 présente le mode d’action des contributions.

Paiments directs par ha

d’environ 2 à 5 % plus élevé sans contributions UGBFG et GACD que dans un scénario de référence avec les contributions liées aux animaux. Autrement dit, sur le total de 850 millions de francs, un montant de l’ordre de 100 à 200 millions de francs est drainé vers les secteurs situés en aval en raison des prix plus bas. ••Les paiements directs liés aux animaux, notamment les contributions GACD, incitent fortement à l’intensification, en particulier en montagne, en raison de la progression des montants versés selon les zones. Cela conduit à des atteintes à l‘environnement: par exemple, les émissions d’ammoniac qui en résultent entraînent l’eutrophisation d'écosystèmes sensibles (prairies et pâturages secs, hauts-marais) dans les zones concernées. La figure 3 présente la densité du bétail par exploitation, exprimée comme facteur se rapportant à la limite d’octroi dans la zone donée; les exploitations sans herbages ne sont pas prises en considération. ••Le couplage direct des contributions avec le nombre d’animaux gardés est incompatible avec les critères de la Boîte verte de l’OMC. Dans l’annexe 2, paragraphes 6 et 13 de l’Accord agricole de l’OMC, il est explicitement affirmé que les paiements ne peuvent pas être attribués à la Boîte verte s'ils sont établis sur la base du volume de production ou des têtes de bétail (OMC 2003). ••La raison de cette réglementation de l'OMC est que les mesures de soutien doivent être découplées pour

Contributions à la sécurité de l‘approvisionnement liées aux herbages Promotion à partir d‘ici (I/0)

D AC G/G

BF UG

Promotion à partir d‘ici (progression)

0,5

1,0

1,5

Densité minimale

UGBFG par ha 2,0

2,5

3,0

Limite d‘octroi Valeur indicative LEaux

Agrarpolitik 2014-2017 | Info-Tagung Viehwirtschaft, 13. / 20. Oktober 2010 Figure 4 für|Landwirtschaft Promotion de la production animale à base de fourrages 1 Bundesamt grossiers: situation actuelle et nouveau système, exemple de la plaine.


Promotion de la production animale basée sur les herbages dans la Politique agricole 2014–2017 | Economie agricole

5000 4000 3000 2000 1000

0

Zone de montagne IV

Zone de montagne III

Extenso et Bio

Bergzone III Bergzone IV Bergzone

Zone de montagne II

Zone de montagne I

SST et SRPA

Hügelzone Bergzone III

Zone des collines

Talzone

Zone de la plaine

••Les contributions au paysage cultivé visent au maintien d'un paysage ouvert par l’exploitation de l’ensemble des surfaces utilisées à des fins agricoles ou alpestres. Dans les régions d’estivage, il est prévu de verser les paiements directs par pâquier normal, comme jusqu’à présent. Vu que l’incitation pour les exploitations à l'année disparaît avec la réallocation des fonds des contributions UGBFG et GACD aux contributions à la sécurité de l’approvisionnement, en raison de la suppression du supplément d’estivage, il est prévu d’augmenter les fonds affectés aux contributions d’estivage. L’exploitation d’estivage peut ainsi réduire l’indemnité d’estivage, c’est-à-dire le prix qu’une exploitation de plaine doit payer pour mettre ses

Fr. / ha SAU

animaux à l’alpage, ce qui maintient dans l’ensemble Dans le cadre du développement des paiements directs, l’effet d’incitation pour les exploitations à l'année. les contributions liées aux animaux sont transformées en ••Les nouvelles contributions au système de production contributions à la sécurité de l’approvisionnement. Une ont pour objectif d’encourager des formes de produccontribution de base versée par hectare indépendamtion particulièrement en accord avec la nature et ment de la zone a pour objectif d’assurer le maintien de respectueuses de l’environnement et des animaux. Il la capacité de production (capital et savoir-faire) dans la est également prévu de continuer à promouvoir les zone de plaine. La composante liée aux conditions diffiherbages dans le cadre de la production biologique, ciles vise, quant à elle, à compenser les désavantages cliainsi que de maintenir les programmes éthologiques matiques et topographiques de la production basée sur SST et SRPA. Il est en outre prévu d’introduire, à titre les herbages, permettant ainsi d’utiliser de manière si de nouvel élément, un programme pour une producpossible optimale le potentiel naturel de production. tion de lait et de viande sur la base des herbages, afin Les contributions à la sécurité de l’approvisionnede freiner ou d’inverser la tendance à l’augmentation ment n’ont pas pour objectif d’orienter le schéma de de la part d’aliments concentrés dans la production production dans la direction d’une composition optid’animaux de rente herbivores. Cet avantage compamale du point de vue de la physiologie alimentaire. Le ratif de la production suisse représente un appui des schéma de production doit en principe s’adapter en efforts déployés dans le cadre de la stratégie qualité temps normal aux besoins du marché, de sorte que les et peut contribuer à augmenter à la valeur ajoutée exploitations puissent générer une valeur ajoutée aussi (Wyss 2008). élevée que possible. Les contributions à la sécurité de l’approvisionnement ne doivent représenter une intervention de pilotage que dans la mesure où elles permet- Facteurs influant sur une forte mobilité des surfaces tent de maintenir la capacité de production et donc, Vu le lien renforcé des paiements directs à la surface, certains milieux mettent en garde contre une diminution d’adapter la production aux besoins alimentaires en cas de la mobilité des surfaces suite au DPD. Selon Mann de difficultés d’approvisionnement, c’est-à-dire de l’augmenter. A l’appui de ce principe, l’obstacle à l’oc- (2008), la mobilité des surfaces dépend du montant total du soutien, qui est pour l’essentiel déterminé par trois troi des contributions est placé plus haut (I/0, à la place facteurs: la protection douanière, le soutien du marché de la progression à partir de 0 UGB, cf. fig. 4). Autre effet et les paiements directs. La question est de savoir dans secondaire positif: les exploitations professionnelles quelle mesure un agriculteur a intérêt à exploiter une sont mieux prises en compte que les exploitations de certaine surface. La figure 5 présente le montant total loisirs. La densité minimale des animaux requise permet d’assurer que les moyens financiers pour les exploita- du soutien selon la zone. Les données concernant le soutien lié à la production (protection douanière et supplétions engagées dans la garde d’animaux soient dans ments dans le domaine laitier) sont fournies par l’OCDE.  l’ensemble maintenus. Le concept concrétisé de développement du système 8000 des paiements directs prévoit d’autres contributions 7000 visant à promouvoir une production de lait et de viande 6000 à base de fourrages grossiers: Fr. / ha LN

Compensation écologique

Contribution à la pente

Contribution GACD

Contribution suppl. TO

Contribution générale à la surface

Contribution UGBFG

Soutien lié à la production Figure 5 | Montant total du soutien selon la zone en 2009 (sources: OCDE, ART, OFAG).

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 20–25, 2011

23


Economie agricole | Promotion de la production animale basée sur les herbages dans la Politique agricole 2014–2017

Ce soutien s’est élevé en 2009 à 3,6 milliards de francs. Les prestations fournies sur le marché par l’agriculture aux prix du marché mondial ne sont pas incluses dans ce montant. Le soutien lié à la production a été réparti entre les différentes zones en fonction de la prestation brute provenant de la production agricole. Du point de vue économique, les critères d’octroi auxquels est subordonné le soutien public jouent un rôle secondaire pour l’amélioration de la mobilité des surfaces; cette question ne revêt éventuellement qu’une importance psychologique. Une amélioration notable n’est possible que si l’on découple entièrement une partie des paiements directs des critères liés à la prestation, tels que la surface ou le nombre d’animaux. Dans le concept DPD, il est proposé à cette fin de séparer clairement les paiements directs ciblés, visant à promouvoir les prestations d’intérêt public fournies par l’agriculture, des paiements directs destinés à assurer un développement acceptable sur le plan social, dits «contributions à l’adaptation». Celles-ci sont calculées sur la base de la différence entre les paiements directs octroyés avant et après la réforme de l’agriculture; en vue d’une augmentation perceptible de la mobilité des surfaces, il est envisagé de réallouer une part considérable du soutien actuel aux contributions à l’adaptation. Effets des contributions à l’adaptation et critères pour la répartition des fonds Les contributions à l’adaptation permettent d’atténuer l’impact du changement de système du point de vue des exploitations. Versées à titre personnel, et donc entièrement découplées, ces contributions permettent d’améliorer notablement l’efficience économique du transfert. Du point de vue sectoriel, une contribution à l’adaptation est nécessaire pour garantir la faisabilité instrumentale du changement de système. Le soutien total à l’agriculture suisse (ESP selon OCDE) a diminué d’environ 2 milliards de francs depuis le début des années nonante (Lanz et al. 2010). Le recul du revenu sectoriel qui en a résulté s’est ralenti ces dernières années; depuis 2000, il est nettement inférieur à 2,5 % par an, taux considéré comme socialement supportable. La diminution du nombre des exploitations a ralenti au même rythme. De 2007 à 2009, elle a été de 1,4 % par an. Selon le document de discussion sur la Politique agricole 2014 – 2017 (DFE 2010), le Conseil fédéral part du principe que les enveloppes financières agricoles augmenteront de 0,1 % par an durant la période 2014 à 2017, sous réserve de l’évaluation de la situation budgétaire qui aura lieu au printemps 2011 en vue du plan financier de la législature. Si aucune ouverture ne se produit de 2014 à 2017 sur le plan de la politique éco-

24

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 20–25, 2011

nomique extérieure, dans le cadre du Cycle de Doha de l’OMC ou d’un accord avec l’UE concernant l’agriculture, la sécurité des denrées alimentaires, la sécurité des produits et la santé publique (ALEA/ASP), la pression sur l’évolution structurelle continuera de faiblir. Le Conseil fédéral estime donc, puisque le développement du système des paiements directs permet à l’agriculture de fournir de manière efficace ses prestations d’intérêt public, qu’il convient d’améliorer substantiellement ces prestations (output) avec des moyens financiers constants (input). Afin d’atteindre cet objectif, les fonds affectés aux contributions à l’adaptation seront réalloués progressivement aux instruments liées à la prestation.

Conclusions Le développement du système des paiements directs dans le cadre de la Politique agricole 2014 – 2017 vise à promouvoir la production animale basée sur les herbages par des instruments adéquats. La transformation des contributions actuelles, liées aux animaux et subordonnées à une limite d’octroi, en contributions à la sécurité de l’approvisionnement, subordonnées à une densité minimale d’animaux, et le découplage intégral d’une partie essentielle des paiements directs des critères d’octroi liés à des prestations entraînent de nettes améliorations dans toutes les dimensions de la durabilité: ••La rétroaction négative avec les marchés, due à l’intensification résultant des contributions liées aux animaux, peut être réduite. Le drainage des paiements directs dans les secteurs situés en aval diminue encore et l’argent demeure entre les mains des agriculteurs. ••Une intensité d’exploitation adaptée au site, permettant d’utiliser de manière optimale le potentiel de production naturel disponible sur place, peut réduire l’eutrophisation des écosystèmes sensibles dans les Préalpes. ••La décision entrepreneuriale des agriculteurs portant sur les animaux à garder sur les herbages et sur l’intensité d’exploitation gagne en importance. L’orientation vers la demande du marché n’est plus compromise par les contributions différenciées liées aux animaux. ••Au niveau de l’exploitation, un meilleur rapport coût-rendement des paiements directs liés aux surfaces permet d’augmenter le bénéfice tiré de la production animale avec un nombre réduit d'animaux. ••D’autres instruments des paiements directs visent à promouvoir de manière ciblée notamment le maintien d’un paysage ouvert dans la région d’estivage, le


Promotion de la production animale basée sur les herbages dans la Politique agricole 2014–2017 | Economie agricole

Incentivazione della produzione animale basata sugli erbai attraverso la Politica agricola 2014 – 2017 Il sistema dei pagamenti diretti elaborato prevede un nuovo strumento: dei contributi per la sicurezza dell'approvvigionamento, finalizzati a ottimizzare l'utilizzo del potenziale naturale di produzione. Questi contributi devono aiutare a mantenere la capacità produttiva dell'agricoltura svizzera. Quale presupposto per lo stanziamento dei contributi per la sicurezza dell'approvvigionamento per gli erbai viene fissata una densità minima di animali (UBGFG) per ettaro. Gli effetti negativi degli attuali contributi per animali possono essere ridotti o addirittura eliminati grazie al nuovo strumento dei pagamenti diretti. Sulla base di questo concetto si può accrescere la mobilità delle superfici e garantire la sicurezza della pianificazione finanziaria per le aziende interessate.

Suite de la procédure Le Conseil fédéral a chargé le Département fédéral de l’économie DFE de mettre en œuvre les interventions parlementaires et les enveloppes financières agricoles dans les délais prévus à cet effet et de soumettre au Parlement un message concernant la Politique agricole 2014 – 2017 avant la fin de 2011. La consultation sur ce sujet est prévue durant le deuxième trimestre 2011. n

Summary

Riassunto

bien-être des animaux et d’autres modes de production animale particulièrement respectueux de l'environnement. ••L’introduction de contributions à l’adaptation entièrement découplées assure un développement socialement supportable, augmente l’efficience économique du transfert et contribue à une meilleure mobilité des surfaces.

Promotion of Grassland-Based Cattle Farming through the 2014 – 2017 Swiss Agricultural Policy The development of the direct payment system will include new contributions for ensuring the food supply. These contributions aim at achieving optimal use of natural production potential and shall thereby help to maintain the full production capacity of agriculture in Switzerland. Precondition for the payment of subsidies for ensuring the food supply on grassland will depend on a minimum stock density of roughage-consuming animals per hectare. Negative effects of the current contributions for roughage-consuming animals will be reduced or totally eliminated throughout the new system of direct payments. The new concept will also ensure increased land mobility and make it easier for the farmers concerned to predict their future income. Key words: direct payments, roughageconsuming animals.

Bibliographie ▪▪ Conseil fédéral, 1996. Message concernant la réforme de la politique agricole: Deuxième étape (Politique agricole 2002). Feuille fédérale1996 Volume IV, 1–481. ▪▪ Conseil fédéral, 2009. Développement du système des paiements directs, Berne. ▪▪ Département fédéral de l’économie DFE, 2010. Grandes lignes de la Politique agricole 2014 2017, documentation de presse, Berne.

▪▪ Lanz S., Barth L., Hofer Ch. & Vogel S., 2010. Développement du système des paiements directs. Recherche Agronomique Suisse 1 (1), 10–17. ▪▪ Mann S., 2008. Was hat es auf sich mit der Flächenmobilität? A ­ grarforschung 15 (9), 464–469. ▪▪ OMC, 2003. Série 3 des accords de l'OMC: Agriculture. Publications de l’OMC, Genève ▪▪ Wyss U., 2008. Der besondere Wert graslandbasierter Milch. A ­ grarforschung 15 (1), 50–51.

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 20–25, 2011

25


P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Dynamique temporelle et spatiale du sitone dans les cultures de pois Lukas Schaub et Stève Breitenmoser, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon Renseignements: Lukas Schaub, e-mail: lukas.schaub@acw.admin.ch, tél. +41 22 363 43 13

L'aspiration permet l'échantillonage des sitones directement au sol. (Photo: ACW)

Introduction Le charançon Sitona lineatus L. (Coleoptera, Curculionidae) est un ravageur régulièrement combattu en culture de pois protéagineux (Pisum sativum L.). Les adultes dévorent les bords des feuilles (stipules) en laissant des encoches typiques de forme semi-circulaire, sans conséquence économique (fig. 1). Les œufs de sitone sont déposés sur et près des légumineuses. Les larves se nourrissent des nodosités racinaires propres à cette famille de plantes (Balachowsky 1936; Cantot 1989). En cas de forte infestation au début de la croissance, cette attaque du système entraine une diminution de la récolte (Cantot 1989; Nielsen 1990; Doré et Meynard 1995). La densité des encoches sert de base pour évaluer la nécessité d’un traitement insecticide à base de pyréthrinoïdes contre les adultes (Anonyme 2010). Selon l’Ordonnance sur les paiements directs (RS 910.13), pour respecter les prestations écologiques requises (PER), ce traitement est soumis à une autorisation spéciale établie par le service phytosanitaire cantonal. Les sitones adultes hivernent sur des légumineuses pérennes (Hans 1959) en bordure de forêt et de chemin,

26

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 26–31, 2011

dans des prairies mixtes et des cultures de pois d’hiver. Dès que le printemps est assez chaud, ils se nourrissent de feuilles de légumineuses. Ils volent ensuite vers les cultures de pois de printemps, qu’ils colonisent dès la levée (Hans 1959). L’apparition des sitones dans un champ de pois dépend alors de la proximité des lieux d’hibernation et de la température. L’insecte reste très mobile au sol dans un champ de pois, mais on ne l’observe pratiquement jamais en vol (Halmon et al. 1987) (fig. 2). Cette mobilité peut constituer un problème si le traitement intervient quand la colonisation n’est pas encore terminée et peut également perturber l’interprétation des résultats d’un témoin non traité (PER). Afin de mieux comprendre l’influence de la mobilité du sitone sur l’effet d’un traitement, nous avons suivi la dynamique temporelle sur plusieurs années et étudié la répartition du sitone dans plusieurs parcelles non traitées et une parcelle traitée. Pour décrire la dynamique temporelle, nous avons utilisé le concept de la somme de températures (degrés-jours).

Matériel et méthodes Les observations de la dynamique temporelle, de la répartition spatiale et de l’effet d’un traitement insecticide ont été effectuées dans sept parcelles sur trois lieux, durant cinq ans (tabl. 1). Parcelles et lieux Sept parcelles de 0,8 ha à 2,1 ha appartenant à Agroscope ACW ont servi pour les observations: quatre situées à Changins (alt. 425 m), une à Prangins (380 m) près de Nyon et deux à Goumoëns (610 m) dans le Gros-de-Vaud. A cause de l’altitude, les cultures du Gros-de-Vaud ont généralement une à deux semaines de retard par rapport à celles de La Côte. Les six parcelles ont été semées entre fin février et fin mars, dès que le terrain le permettait, avec du pois de printemps. Echantillonnage L’échantillonnage a été réalisé par aspiration à l’aide d’un aspirateur à dos et par piégeage au sol (Southwood 1978).


Résumé

Dynamique temporelle et spatiale du sitone dans les cultures de pois | Production végétale

Figure 1 | Encoches sur des stipules de pois occasionnées par des morsures de sitones adultes.

L’aspirateur permet de collecter les sitones situés à proximité de la bouche du tuyau d’aspiration et ainsi d’estimer la densité de sitones à un moment et sur une surface donnée. Ce type d’échantillonnage présume que les sitones sont à la surface du sol et non cachés dans des aspérités ou protégés par les plantes. A cet effet, le fabricant ecoTec® a adapté une souffleuse à feuilles à dos en inversant le sens d’utilisation. Le modèle ecoVac possède une bouche de 15 cm de diamètre (176 cm²) et une puissance d’aspiration de 637 m3/h. Un échantillon est formé après aspiration de 2 × 5 m de longueur, correspondant idéalement à une surface de 1,5 m². Après le comptage, les insectes aspirés sont relâchés sur la surface échantillonnée. L’aspiration est fortement conditionnée par l’accès à la surface du sol: elle devient impraticable dès que les rangs de pois se ferment, c’est-à-dire, dans nos essais, au début de la floraison. Les pièges capturent les sitones à la surface du sol. Ils tombent dans un entonnoir en franchissant le rebord. Un bocal placé sous le goulet de l’entonnoir est rempli d’alcool à 50 %. Un toit protège l’entonnoir de la pluie. Seuls les sitones actifs tombent dans ce piège. Pour cette raison, le résultat de cet échantillonnage est souvent appelé activité-densité. L’échantillon représente une 

Le sitone du pois Sitona lineatus L. colonise sporadiquement au printemps les champs de pois protéagineux et endommage le système racinaire. Afin de mieux cibler un éventuel traitement insecticide contre ce charançon, sa dynamique temporelle, sa répartition spatiale et l’effet d’un traitement insecticide ont été étudiés, en recourant au piégeage et à l’aspiration. Le sitone est apparu au moment de la levée du pois, soit 47 degrésjours après le semis. La température de 8 °C a servi de seuil de développement et les valeurs journalières minimales et maximales ont été utilisées pour l’accumulation des températures. La distribution du sitone dans le champ a été agrégée, mais à aucun moment un gradient n’a été observé. Le traitement n’a eu que peu d’effet et la partie traitée a été rapidement réinfestée. Vu la grande mobilité du sitone, le témoin non traité exigé par les prestations écologiques requises doit être évalué la semaine qui suit le traitement.

Figure 2 | Un sitone adulte.

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 26–31, 2011

27


Production végétale | Dynamique temporelle et spatiale du sitone dans les cultures de pois

Tableau 1 | Nombre d’échantillons pris lors de dix essais dans sept parcelles pendant cinq années Lieu

Changins

Prangins

Goumoëns

Parcelle

P7

P11

P2

P12

P54

P6

P9

Année

2006

2008

2009

2010

2007

2006

2007

Dynamique temporelle

192

165

156

168

156

120

Répartition spatiale

492

285

Effet d’un traitement

365 264

période entre deux dates de contrôles. Les animaux étant morts dans le bocal, ils sont enlevés de la parcelle. Le piégeage au sol devient impraticable quand les précipitations remplissent les bocaux.

modélisée ont finalement été présentées dans un graphique dans leur forme non transformée (x degrésjours et y proportions). Puisque l’observation de l‘arrivée d’un ravageur dépend beaucoup des aléas de l’échantillonnage, nous avons opté pour une estimation indirecte de cette arrivée. Celle-ci a été définie comme la somme de température à laquelle la fonction modélisée atteint 0,01 (ST01). Cette fonction permet également de calculer la somme de température à laquelle la valeur de la fonction est à 0,5 (ST50). Puisque la fonction modélisée du cumul de la densité est sigmoïdale, cette somme de température correspond au moment auquel la densité estimée est maximale. Répartition spatiale La répartition de la population du sitone dans une parcelle de pois non traitée à une date donnée a été estimée à l’aide de 80 – 100 points d’aspiration répartis de manière régulière à des distances de 15 – 30 m sur une grille. Ces estimations ont été effectuées chaque semaine depuis la levée du pois. Les points géo-référencés (dimension x et y) et le nombre de sitones capturés dans l’échantillon (dimension z) de ce point ont servi à une interpolation nommée «kriging». Les valeurs z ont, avant l’interpolation, été standardisées par le maximum de toutes les valeurs z d’une parcelle et transformées par la fonction racine. La standardisation permet de mieux comparer les parcelles et la transformation met davantage en évidence les valeurs basses. Le degré d’agrégation des sitones dans une parcelle a été décrit à l’aide de l’équation

Températures Les données utilisées pour le calcul des sommes de températures sont celles de la station météorologique de Meteosuisse de Changins, pour les parcelles de Changins et de Prangins, et de la station du réseau agrométéo (www.agrometeo.ch) sur le domaine de Goumoëns. Les sommes de températures ont été calculées avec la méthode ajustant la fonction sinus entre le minimum et le maximum journaliers et en choisissant le seuil de développement de 8 °C. Ce seuil de développement a été basé sur une régression linéaire issue des observations de Lerin et al. (1997) sur la vitesse de développement larvaire à 11, 15, 20 et 25 °C. Nous avons utilisé le même seuil de 8 °C pour la description du développement du pois, même si celui-ci IA= s2(n – 1) est généralement fixé à 5 °C (Bourgeois et al. 2000). x Puisque le sitone n’apparaît pas dans un champ de à l’index d’agrégation, s2 à la variance, pois avant le semis, le cumul de la température IA=a s2(nIA–correspond 1) x à la moyenne du nombre de sitones échantillonnés débuté à la date de semis. à chaque point et n au nombre de points. L’hypothèse Dynamique temporelle d’une distribution aléatoire a été testée en comparant IA avec la distribution X2 (Southwood 1978). La dynamique de la population du sitone a été suivie dans le temps depuis la levée du pois par des contrôles Effet d’un traitement insecticide hebdomadaires des pièges au sol. Alignés et distants de Une parcelle de pois à Goumoëns a subi le 14 avril 2007, 1 m, trois pièges ont été placés dans chaque coin dès que le seuil de tolérance a été dépassé, un traite(12 pièges au total) d’une parcelle non traitée. ment insecticide du groupe des pyréthrinoïdes (matière Le modèle de la dynamique temporelle sur toute la saison a été basé sur le cumul des densités observées. active: bifentrine 80 g/l, nom commercial: Talstar SC 0,1 l/ ha). Une bande de la largeur d’une barre de traitement Les différentes années et lieux ont été standardisés en (16 m) a été laissée comme témoin non traité. divisant chaque densité observée par la somme totale La densité a été évaluée à l’aide de l’aspiration et du de la série d’observations. Afin d’estimer une fonction piégeage à plusieurs distances de la ligne de séparation linéaire, les valeurs sur l’abscisse ont été transformées en logarithme et celles de l’ordonnée ont subi la trans- entre les parties traitées (2,5; 5; 10; 15 m) et non traitées (2,5; 5; 10 m). Ces évaluations ont été répétées trois fois formation en logit. Les observations et la fonction

28

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 26–31, 2011


Dynamique temporelle et spatiale du sitone dans les cultures de pois | Production végétale

à une distance de 10 m. L’estimation a été effectuée la première fois trois jours après le traitement et répétée cinq fois tous les trois à six jours. L’effet du traitement a été comparé à l’aide d’une analyse de variance (traité, non traité) du nombre de sitones échantillonnés par aspiration et du nombre de sitones capturés par jour par piégeage. Cette analyse a été effectuée avec les données de dates choisies: au premier échantillonnage après le traitement, au maximum de la densité des sitones et au dernier contrôle. L’efficacité du traitement a été calculée selon Abbott (1925). Un éventuel gradient dans les parties traitées et non traitées a été recherché par une régression linéaire des mêmes données en fonction de la distance depuis la ligne entre les deux parties.

Résultats et discussion

modèle phénologique utilisant les sommes de températures n’est pas nécessaire pour répondre à ses questions pratiques. En décrivant mieux une année moyenne, il contribue à la compréhension de la biologie du sitone. Répartition spatiale Les interpolations spatiales des densités observées (fig. 4) et les index d’agrégation1 montrent une distri­ bution groupée des sitones dans les parcelles. Le gradient attendu depuis le bord de la parcelle, reflétant la colonisation à partir de l’extérieur, n’est pas confirmé. On n’observe aucune infestation particulière d’une partie de la parcelle, ou de ses bords. La densité élevée en 2006 le long de la bordure nord-est de la parcelle P7 de Changins était probablement due à une humidité du sol plus élevée qui a permis au pois de croître davantage dans cette partie de la parcelle.

ST 50

Densité standardisée cumulée

ST 01

Dynamique temporelle Effet du traitement insecticide La somme de température modélisée des premières arri- Le traitement insecticide n’a eu que peu d’impact sur la vées de sitones (ST01) est de 50 °C-d après la date de semis dynamique des sitones. On observe dans les pièges au (fig. 3). La somme de température à laquelle la densité sol, malgré le traitement, entre le premier et deuxième  01 50 modélisée est maximale (ST50) est de 194 °C-d. Lors d’une ST ST année moyenne (1980 – 2009) et en présumant la date de 1 semis le 60e jour de l’année (début mars), les premiers 0,9 sitones arriveraient selon le modèle, 48 jours plus tard (mi-avril). La densité maximale serait atteinte mi-mai, 0,8 80 jours après cette date de semis. La déviation au cours d’une année entre les observations et le modèle est 0,7 considérable. La variabilité de la dynamique temporelle 2006 Changins 0,6 entre les années est également relativement grande. Ces 2006 Goumoëns fluctuations pourraient résulter du choix du seuil de 0,5 2007 Prangins température. Le seuil de 8 °C est notre meilleure estima0,4 tion, mais ne correspond peut-être pas à la réalité. Il est 2008 Changins basé sur le développement larvaire, malgré son utilisa0,3 2009 Changins tion pour l’activité des adultes. Deux autres informations 2010 Changins 0,2 vont cependant plutôt dans le sens de notre choix: le modèle seuil d’activité post-diapausante des adultes de l’antho0,1 nome du pommier (Antonomus pomorum L.), un cha- Kumulierte standardisierte Dichte 0 rançon dont la biologie est similaire à celle du sitone, est 0 200 400 600 800 1000 de 6 °C (Jörg Samietz comm. pers.) et le seuil d’activité Somme des températures (°C-d) du sitone déduit de Hans (1959) est de 9 °C. Les sitones sont apparus dans les parcelles à la levée du pois et les ont quittées à la fin de maturation verte (fig. 3). Leur densité a commencé à baisser en début de Trois Floraison Maturité verte vrilles floraison. Pendant la maturation, les premiers adultes Figure 3 | Dynamique temporelle. Densité standardisée et cumulée de la nouvelle génération ont été aperçus. des sitones dans six parcelles de pois au cours des saisons 2006–10 Les décisions liées aux traitements insecticides sont observée à l’aide de piégeage: densité observée et modélisée déprises en début de croissance du pois. A ce moment, la pendant de la somme des températures. Somme des températures dynamique temporelle du sitone coïncide étroitement modélisant la densité à 0,01 et 0,5 (ST 01, ST 50). Intervalle de avec la phénologie du pois. Le producteur peut alors confiance à 95 % du modèle (IC95). Stades phénologiques du pois dépendants de la somme des températures. baser ses décisions sur l’observation de la culture. Le

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 26–31, 2011

29


Production végétale | Dynamique temporelle et spatiale du sitone dans les cultures de pois

Changins P7 2006 12 avril 3 vrilles (3)

24 avril 7 vrilles (42)

12 mai 11 vrilles (54)

29 mai 6 vrilles (9)

12 juin 10 vrilles (13)

Goumoëns P6 2006 15 mai 3 vrilles (8))

Changins P2 2009 5 mai 8 vrilles (15)

22 avril 3 vrilles (9)

■ maximum ■ zéro 50 m

Figure 4 | Répartition spatiale. Interpolation du nombre de sitones aspirés à chaque point (+) à des dates choisies dans trois parcelles au cours de 2006 et 2009 (maximum pour une date entre parenthèse).

contrôle, une augmentation de la densité due à la colonisation de la parcelle (fig. 5). Les différences des densités sont les plus significatives lors du premier contrôle et ne le sont plus lors du dernier contrôle2. L’effet du traitement est le plus élevé dans le premier contrôle neuf jours après le traitement, avec une efficacité de 74,7 %. Elle est réduite après 16 jours à 31,1 % et après 23 jours à 7,8 %. Les différences de densités observées à l’aide de l’aspiration entre la partie traitée et non traitée ne sont 40

40

Reihe1 09 jours Reihe2 16 jours Reihe3 23 jours

30

Sitones/jour Sitones/jour

30

20

20

10

10

00

Non-traité Non-traité

Conclusions ••La colonisation du champ de pois depuis la levée jusqu’à la floraison peut expliquer des échecs de lutte pratique. ••Les observations sur la répartition spatiale et sur l’effet d’un traitement insecticide suggèrent une grande mobilité du sitone. Cette mobilité nécessite que l’évaluation du témoin non traité, exigé par les prestations écologiques requises, soit effectuée la semaine suivant le traitement. ••L’observation de la phénologie du pois suffit au producteur pour prendre les décisions liées à la lutte insecticide. ••Un simple modèle basé sur les sommes des tempéra­ tures décrit la dynamique temporelle. Afin d’améliorer le modèle, l’étude de la biologie du sitone (lieu d’hibernation, seuil de température) et de la méthode d’échantillonnage est à privilégier. n

Traité

Traité

Figure 5 | Effet d’un traitement insecticide. Nombre de sitones piégés au sol par jour à 9, 16 et 23 jours après le traitement du 14.04.2007 à Goumoëns.

30

jamais significatives3. A aucun moment, ni par aspiration, ni par piégeage, un gradient significatif n’est constaté dans les deux parties de la parcelle4.

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 26–31, 2011

Pour chaque parcelle et date: p(1 A , n, x 2 ) < 0,05 ANOVA (piégeage): p 9j = 0,017; p16j = 0,051; p23j = 0,773 3 ANOVA (aspiration): p3j = 0,047; p13j = 0,503; p20j = 0,600 4 Régressions (piégeage, aspiration): p > 0,05 1 2


Dinamica temporale e spaziale della sitona nelle colture di pisello In primavera la sitona dei piselli Sitona lineatus L. colonizza sporadicamente i campi di pisello proteico, danneggiando il sistema radicale. Per applicare in modo più mirato eventuali trattamenti insetticida contro questo punteruolo, sono state studiate la sua dinamica temporale, la ripartizione spaziale e l’effetto di un trattamento insetticida, mediante trappole e aspirazione. La sitona è apparsa in coincidenza con la levata, vale a dire 47 gradi-giorni dopo la semina. La temperatura di 8 C° è servita da soglia di sviluppo e i valori giornalieri minimi e massimi sono stati utilizzati per l’accumulo delle temperature. La distribuzione della sitona nel campo è stata aggregata, ma non ha mai mostrato un gradiente. Il trattamento ha avuto uno scarso effetto e la parte trattata è stata rapidamente ricolonizzata. Vista la grande mobilità della sitona, il testimone non trattato, richiesto dalle prestazioni ecologiche richieste, deve essere valutato una settimana dopo il trattamento.

Bibliographie ▪▪ Abbot W. S., 1925. A method of computing the effectiveness of an insecticide. J. econ. Entomol. 18, 265 – 267. ▪▪ Anonyme, 2010. Classeur fiches techniques - Grandes cultures. Ordner Datenblätter – Ackerbau. AGRIDEA, 580. ▪▪ Balachowsky A. S., 1936. Les sitones. In: Entomologie appliquée à l’agriculture - Coléoptères. Masson et Cie Editeurs, Paris, 929–940. ▪▪ Bourgeois G., Jenni S., Laurence H. & Tremblay N., 2000. Improving the prediction of processing pea maturity based on the growing-degree day approach. HortScience 35, 611–614. ▪▪ Cantot P., 1989. Action larvaire de Sitona lineatus L. sur quelques facteurs de production du pois protéagineux ( Pisum sativum L.). ­A gronomie 9, 765–770. ▪▪ Doré T. & Meynard J. M., 1995. On-farm analysis of attacks by the pea weevil (Sitona lineatus L.; Col. Corculionidae) and the resulting damage to pea ( Pisum sativum L.) crops . J. appl. Ent. 119, 49–54.

Summary

Riassunto

Dynamique temporelle et spatiale du sitone dans les cultures de pois | Production végétale

Temporal and spatial dynamics of pea weevils in pea crops The pea weevil Sitona lineatus L. colonises pea fields sporadically in spring and damages the pea root system. To increase efficiency of insecticide treatments against this weevil, its temporal dynamics, spatial distribution and the effect of treatments were studied using traps and an aspirator. Pea weevils appeared at pea emergence, i.e. 47 degree-days after sowing. The temperature of 8 °C served as development threshold and minimum and maximum daily values were used for temperature accumulation. Weevil distributions in fields were aggregated, but at no time any gradient was observed. Treatment had only small effects and the treated plot was quickly re-infested. Due to the high mobility of pea weevils, nontreated control plots required by Swiss regulations need to be monitored during the week following treatments. Key words: Sitona lineatus, Pisum sativum, degree-days, interpolation, treatment, sampling.

▪▪ Halmon N., Bardner R., Allen-Williams L. & Lee J. B., 1987. Flight periodicity and infestation size of Sitona lineatus . Ann. appl. Biol. 111, 271–284. ▪▪ Hans H., 1959. Beiträge zur Biologie von Sitona lineatus L. Z. ang. ­Ent. 44, 343–386. ▪▪ Lerin J., Haack L. & Cantot P., 1997. Influence de la température sur le ­d éveloppement larvaire de Sitona lineatus sur pois. In: Conférence internationale sur les ravageurs en agriculture, Montpellier, 6–8 janvier 1997. Association Nationale pour la Protection des Plantes (ANPP), Paris, 1069–1076. ▪▪ Nielsen B., 1990. Yield responses of Vicia faba in relation to infestation levels of Sitona lineatus L. (Col., Curculionidae). J. appl. Ent. 110, 398–407. ▪▪ Southwood T. R. E., 1978. Ecological methods. Chapman and Hall, ­L ondon, 524 p.

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 26–31, 2011

31


P r o d u c t i o n

a n i m a l e

Effets des mycotoxines déoxynivalénol et ­zéaralénone sur la fertilité de la truie Andreas Gutzwiller, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 1725 Posieux. Renseignements: Andreas Gutzwiller, e-mail: andreas.gutzwiller@alp.admin.ch, tél. +41 26 407 72 23

Le nombre de porcelets élevés par truie est déterminant pour la rentabilité de l’élevage porcin. (Photo: Andrea Koller)

Introduction Le maïs et les céréales à épis en plein champ sont souvent infectés par des moisissures du genre Fusarium. Si les conditions sont propices à leur propagation (précipitations abondantes, céréales sensibles), ces champignons peuvent réduire le rendement et engendrer une contamination des céréales par des mycotoxines. Les porcs sont plus sensibles aux mycotoxines déoxynivalénol (DON) et zéaralénone que les bovins et les poules.

32

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 32–37, 2011

Des essais ont montré que l’ingestion de grandes quantités de zéaralénone a un effet négatif sur la fertilité de la truie. De plus, un aliment contaminé par du DON engendre une diminution de consommation et, lorsque la concentration est élevée, le DON inhibe la synthèse des protéines en endommageant les cellules et tissus à division cellulaire rapide, comme par exemple les embryons. Raison pour laquelle il faut supposer que cette mycotoxine peut également avoir des effets négatifs sur la fertilité. Selon les recommandations de la Com-


mission européenne (2006), la concentration de DON dans la ration complète pour porcs (88 % de MS) ne devrait pas dépasser 0,9 mg/kg. Pour les truies avant et après puberté, la ration ne devrait pas contenir plus de 0,1 mg, respectivement 0,25 mg/kg de zéaralénone. Deux essais réalisés à ALP ont permis d’étudier l’impact sur la fertilité des truies d’une contamination des aliments par ces mycotoxines à des concentrations deux à trois fois plus élevées que les valeurs recommandées. Les résultats sont résumés dans cette publication. Plus de détails sont disponibles dans les publications de Gutzwiller et al. (2009a) et Gutzwiller (2010). Le premier essai a été effectué sur des jeunes truies. Etant donné que les truies sont particulièrement sensibles à la zéaralénone avant la puberté, l’essai a débuté juste avant leur maturité sexuelle, lorsque les animaux pesaient 80 kg. Le deuxième essai, conduit sur des truies multipares, a permis d’examiner les effets d’une contamination de l’aliment d’allaitement par le DON sur les performances pendant la lactation et sur la fertilité après le sevrage. Vu le niveau de consommation élevé pendant la lactation, les truies allaient donc ingérer de grandes quantités de DON. Comme les truies allaitantes ont de la peine à manger les quantités suffisantes pour couvrir leurs besoins en nutriments, une réduction de la consommation provoquée par une aversion au DON risquait en plus d’augmenter la mobilisation de leurs réserves corporelles et de diminuer la production de lait, avec des conséquences négatives pour les porcelets allaités. Après le sevrage, il fallait s’attendre à des problèmes de fertilité provoqués par l’effet toxique du DON d’une part et par la perte élevée de masse corporelle d’autre part.

Résumé

Effets des mycotoxines déoxynivalénol et ­zéaralénone sur la fertilité de la truie | Production animale

Neuf truies d’un poids vif de 80 kg ont reçu un aliment contaminé par 2 mg/kg de déoxynivalénol (DON) et 0,4 mg/kg de zéaralénone. Leur accroissement journalier entre 80 et 100 kg était inférieur à celui des neuf truies témoins recevant un aliment non contaminé. Les mycotoxines n’ont eu d’effets négatifs ni sur l’apparition de la première chaleur ni sur la fertilité des jeunes truies. Dans un deuxième essai, des truies multipares ont reçu un aliment contaminé par 3 mg/kg de DON pendant une période de lactation. Si l’aliment contaminé a été davantage refusé, l’ingestion de DON pendant la lactation n’a eu d’effets ni sur la perte de poids des truies et l’accroissement des porcelets allaités ni sur la fertilité des truies au cycle de reproduction suivant.

Méthode Les deux essais ont été réalisés avec des truies de la race Grand Porc Blanc. Pour chaque essai, le groupe M (mycotoxines; aliments composés à raison de 50 % de blé contaminé) a été comparé à un groupe témoin T (aliment composé de blé non contaminé). Le blé contaminé utilisé lors de l’essai avec les jeunes truies était contaminé par 4 mg/kg de DON et 0,8 mg/kg de zéaralénone alors que celui pour les truies multipares contenait 6 mg/kg de DON. Aucune autre mycotoxine produite par Fusarium n’a été détectée. Les aliments expérimentaux ont été distribués de manière rationnée. Les jumelles utilisées dans l’essai sur les jeunes truies ont été placées séparément dans le groupe M et dans le groupe T. Quelques semaines après la dernière saillie, les jeunes truies ont été abattues afin d'examiner leurs uté rus et leurs ovaires.

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 32–37, 2011

33


Production animale | Effets des mycotoxines déoxynivalénol et ­zéaralénone sur la fertilité de la truie

Tableau 1 | Essai sur jeunes truies: performances zootechniques durant la période 80 – 100 kg de poids vif

Jeunes truies, n

M1

T2

9

9

P

PV au début de l’essai, kg

80 ± 2,3

80 ± 2,8

0,73

Accroissement journalier, g

763 ± 89

912 ± 115

0,02

Consommation d’aliment, kg/jour

2,4 ± 0,2

2,6 ± 0,2

0,12

Indice de consommation, kg/kg d’accroissement

3,2 ± 0,3

2,9 ± 0,3

0,05

Les données du tableau indiquent la moyenne et l’écart-type. L’évaluation statistique a été effectuée avec le test t. PV: poids vif; P: probabilité d’erreur; 1 aliment contaminé par 2 mg/kg DON et 0,4 mg/kg zéaralénone; 2 aliment non contaminé.

Pour l’essai sur les truies allaitantes, les 63 truies ont été réparties dans les deux variantes, mycotoxines (M) respectivement témoin (T), à la fin de la première semaine de lactation, de manière équitable selon les critères nombre de portées, nombre de porcelets allaités et indice de fécondité. Après le sevrage des porcelets âgés de 38 jours en moyenne, six truies M et dix truies T ont été réformées pour des raisons indépendantes de l’essai. Les 26 truies M et les 21 truies T, qui avaient à nouveau été saillies après le sevrage, ne différaient pas par rapport aux critères de répartition pour les deux groupes de l’essai.

Résultats DON et zéaralénone dans l’aliment pour jeunes truies Durant la période allant de 80 à 100 kg, caractérisée par une importante consommation d’aliments et une croissance rapide, l’ingestion de l’aliment contaminé par 2 mg/kg de DON et 0,4 mg/kg de zéaralénone a diminué

Tableau 2 | Essai sur de jeunes truies: fertilité

la croissance de 14% (P = 0,02) et augmenté l’indice de consommation de 10% (P = 0,05; tabl. 1). Par la suite, les mycotoxines n’ont plus eu d’impact sur ces indicateurs de performance et n’ont pas retardé l’apparition des premières chaleurs (tabl. 2). Après la première saillie, cinq des neuf truies du groupe M étaient portantes, deux présentaient des chaleurs trois semaines après et ont été saillies avec succès tandis que deux truies étaient non portantes bien qu’elles n’aient pas démontré de chaleur après la première saillie (tabl. 2). Une truie sur les neuf du groupe témoin n’a jamais présenté de chaleur. Dans ce groupe, sur les huit jeunes truies en chaleur, sept étaient portantes après la première saillie et une après saillie intervenue lors de chaleurs apparues trois semaines après la première saillie. Aucune modification pathologique sur les organes génitaux des 18 truies abattues n’a été constatée (fig. 1). La contamination par des mycotoxines n’a pas eu d’effet négatif sur le nombre et le poids des fœtus.

M1

T2

P

Jeunes truies, n

9

9

Truies ne présentant pas de chaleur

0

1

Age lors des premières chaleurs, jours

195 ± 24

191 ± 11

0,69

Age lors de la première saillie, jours

223 ± 12

221 ± 18

0,78

PV lors de la première saillie, kg

124 ± 11

124 ± 13

0,92

Portantes après la première saillie, n

5

7

10 10

Portantes après un retour en chaleur, n

2

1

55

Jeunes truies portantes, n

7

8

1,0

Fœtus par truie portante, n

11,7 ± 2,1

12,1 ± 4.3

0,82

30 30

Les données du tableau indiquent la moyenne et l’écart-type. L’évaluation statistique a été effectuée avec le test t. PV: poids vif; P: probabilité d’erreur; 1 aliment contaminé par 2 mg/kg DON et 0,4 mg/kg zéaralénone; 2 aliment non contaminé.

34

Figure 1 | Après l’abattage des jeunes truies, les utérus et les ovaires ont été prélevés et examinés quant à des altérations pathologiques ainsi que le nombre et le poids des fœtus. (Photo: ALP)

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 32–37, 2011

25 25 Truies, n

20 n 20 Sauen, M T

15 15

00

00

5-10 1-5 0-1 10-20 0-1 1-5 5-10 10-20 Quantité cumulée de restes d’aliments, kg

Figure 2 | Nombre de truies allaitantes multipares ayant laissé des restes d’aliments et quantité cumulée de restes entre la deuxième semaine de lactation et le sevrage.


Effets des mycotoxines déoxynivalénol et ­zéaralénone sur la fertilité de la truie | Production animale

Tableau 3 | Essai sur des truies multipares: période de lactation M1

T2

32

31

PV après la mise bas, kg

261 ± 33

266 ± 29

0,57

Nombre de portées

3,6 ± 1,9

2,0 ± 0,4

0,45

Distribution d’aliments expérimentaux, kg/jour

6,1 ± 0,5

6,1 ± 0,5

0,82

Restes d’aliments au total (90 % de MS), kg par truie

2,6 (0–19)

0,4 (0–10)

0,05

Pertes de poids au cours de la lactation, kg

27, 9 ± 12,3

29,7 ± 10,2

0,54

Porcelets sevrés, n

9,8 ± 1,4

9,7 ± 1,6

0,78

2,90 ± 0,69

2,96 ± 0,74

0,30

266 ± 70

272 ± 64

0,30

Truies, n

Poids des porcelets au début de l’essai, kg

3

Accroissement journalier 7 – 28 jours, g

P

Les données du tableau indiquent la moyenne et l’écart-type. L’évaluation statistique a été effectuée avec le test t, à l’exception du paramètre «Restes d’aliments» (pas de distribution normale des données) pour lequel les valeurs minimale et maximale sont indiquées, et les données sont comparées avec le test U. PV: poids vif; 1 aliment contaminé par 3 mg/kg de DON; 2 aliment non contaminé; 3 l’essai a commencé une semaine après la mise bas.

DON dans l’aliment de truies multipares pendant la lactation Davantage de restes d’aliments ont été relevés dans le groupe M (P = 0,05), étant donné que certaines truies refusaient jusqu’à 10% de l’aliment contaminé par 3 mg / kg de DON (fig. 2). Cependant, les restes de nourriture du groupe M s’élevaient en moyenne à moins de 2% de l’aliment distribué. C’est la raison pour laquelle l’aliment contaminé M n’a pas eu d’impact sur la perte de poids des truies allaitantes (tabl. 3). La croissance des porcelets était comparable dans les deux variantes expérimentales, ce qui indique que l’ingestion quotidienne d’environ 18 mg de DON n’a pas eu d’impact négatif sur la quantité de lait produite.

L’intervalle de 120 jours entre le sevrage et la mise bas suivante était identique pour les deux variantes (tabl. 4 ). Cela indique que la plupart des truies ont présenté des chaleurs peu après le sevrage et étaient portantes après la première saillie. Dans chaque variante, une truie a été réformée car elle n’était pas portante après deux saillies. La consommation de l’aliment contaminé par le DON pendant la période d’allaitement n’a pas eu d’impact négatif sur la taille et le poids de la portée suivante (tabl. 4).

Discussion Aversion contre les aliments contaminés par le DON Les porcs n’apprécient pas les aliments contaminés par le DON. Nous avons observé ce phénomène aussi bien lors de l’essai avec les jeunes truies que lors de l’essai avec les truies multipares. Cette aversion contre la nourriture contaminée, qui peut être considérée comme un mécanisme de protection du porc, est causée par un effet du DON sur le centre de l’appétit situé dans le cerveau ainsi que par une irritation de la muqueuse du tube digestif. Elle constitue le premier symptôme d’une contamination des aliments par le DON et peut déjà survenir à des doses qui ne sont pas encore nuisibles pour l’organisme (Eriksen et Pettersson 2004). Les mycotoxines n’ont pas eu d’impact sur la fertilité La teneur en mycotoxines des aliments expérimentaux M contaminés était nettement plus élevée que les limites recommandées par la Commission européenne en 2006 (DON : 0,9 mg/kg de la ration; zéaralénone: 0,1 et 0,25 mg/kg de la ration pour truies avant et après la puberté). Etant donné que les mycotoxines n’ont pas eu d’impact

Tableau 5 | Effets du DON sur les truies (selon la littérature) Tableau 4 | Essai sur des truies multipares : fertilité

M1

T2

Truies gardées après le sevrage, n

26

21

Truies non portantes après 1 – 2 saillies, n

1

1

Truies mettant bas, n

25

193

Sevrage-prochaine naissance, jours

120 ± 0,9

120 ± 1,3

0,78

Sevrage-première saillie, jours

4,3 ± 0,5

4,5 ± 0,7

0,25

Porcelets nés, n

14,5 ± 2,7

14,9 ± 3,0

0,66

Poids de la portée, kg

20,3 ± 3,7

21,1 ± 4,1

0,48

Age, poids au début de l‘essai

Dosage dans les aliments Durée

Résultats

178 jours

1,7; 3,5 mg/kg 50 – 54 jours

Ingestion d‘aliments diminuée; 3,5 mg/kg : gain de poids de la truie et poids des fœtus diminués.

Première saillie

1,3; 2,4; 3,3 mg/kg Gestation + lactation

Pas d’impact sur la taille de la portée, sur le poids des porcelets lors de la naissance et au sevrage; 3,3 mg/kg : gain de poids pendant la gestation diminué ; 1,3 et 2,4 mg/kg: perte de poids augmentée pendant la lactation.

110 kg

3,8; 6,2 mg/kg Gestation + lactation

Pas de diminution du poids de la truie, de la taille de la portée, du poids à la naissance et au sevrage.

23 kg

3,7; 4,2 mg/kg 7 semaines

Histologies des ovaires: pas d’influence du DON.

P

A l’exception du nombre de truies, les données du tableau indiquent la moyenne et l’écart-type. L’évaluation statistique a été effectuée avec le test t. 1 aliment contaminé par 3 mg/kg de DON; 2 aliment non contaminé; 3 une truie du groupe T est morte deux semaines après la saillie.

Indications des publications citées par Eriksen et Pettersson (2004)

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 32–37, 2011

35


Production animale | Effets des mycotoxines déoxynivalénol et ­zéaralénone sur la fertilité de la truie

Tableau 6 | Effets de la zéaralénone sur les truies (selon la littérature) Age, ­ poids

Dosage dans les aliments Durée

Résultats

145 jours

10 mg/kg 48 jours

Puberté retardée, pas d’impact sur la durée des cycles oestraux.

178 jours

10 mg/kg 14 jours

Pas de puberté tardive; pas d’impact négatif sur la performance reproductive subséquente.

70 jours

1,5 – 2 mg/kg 45 et 90 jours

Pas d’influence sur le taux d’ovulation/taux de conception.

247 jours

3,6 et 4,3 mg/kg De la puberté jusqu’à l‘insémination

Pseudogestation chez 45 % des ­truies.

247 jours

3,6 et 4,3 mg/kg Pendant la gestation

Diminution du poids de l’utérus, du ­placenta et des fœtus.

210 jours

2,1; 3,7; 4,8 mg/kg Pendant deux gestations et deux périodes de lactation

Pas d’impact négatif sur les chaleurs et la durée de la gestation; 4,8 mg/kg: tendance à absences de chaleurs, nombre de porcelets diminué, augmentation du nombre d’animaux mort-nés, et de la mortalité après la naissance.

199 jours 124 kg

3,1; 6,0; 8,1 mg/kg

3,1 mg/kg: pseudogestation chez 4 des 16 truies. 6,0 et 8,1 mg/kg: pseudogestation chez 28 des 32 truies.

Tableau selon Bauer et Meyer (2006)

sur la fertilité dans les deux essais, il faut conclure que ces valeurs d’orientation présentent une grande marge de sécurité par rapport aux effets sur la fertilité. La valeur d’orientation pour le DON est assez basse parce qu’une contamination de l’aliment dépassant 1 mg/kg peut freiner la prise de nourriture et donc la croissance de jeunes porcs nourris à volonté, ce qui engendre des conséquences financières pour le détenteur. La limite recommandée de la zéaralénone pour les truies adultes semble également présenter une grande marge de sécurité car, selon une étude du Scientific Committe on Food (SCF 2000), l’ingestion quotidienne de 40 µg de zéaralénone par kg de poids vif (soit 4 mg par 100 kg de PV) n’a pas d’impact négatif sur des truies adultes. Concordance avec les résultats d’essais publiés Les effets du DON sur les truies cités dans la publication de Eriksen et Pettersson (2004) sont présentés dans le tableau 5. Presque toutes les doses de contamination étaient nettement supérieures aux limites recommandées par la Commission européenne sans que des effets graves comme par exemple des avortements ou la stérilité aient été observés. La consommation réduite observée chez les jeunes truies expérimentales suffit à expliquer les effets négatifs. Les résultats des essais d’ALP

36

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 32–37, 2011

concordent avec ceux présentés dans le tableau 5. Le tableau 6 montre les résultats des effets de la zéaralénone sur les truies, mentionnés dans la publication de Bauer et Meyer (2006). La teneur en zéaralénone de l’ensemble des rations expérimentales était considérablement plus élevée que les valeurs d’orientation. Les trois premiers essais montrent que la fertilité des jeunes truies n’est pas perturbée en permanence par une contamination de zéaralénone de courte durée avant la puberté. Si la contamination de l’aliment est dix fois plus élevée que la valeur d’orientation de 0,25 mg / kg, des cas de pseudogestation (la truie n’est pas portante après la saillie, mais ne présente pas de chaleur) apparaissent parce que la zéaralénone freine la régression du corps jaune, ce qui interrompt le cycle œstral. En outre , un essai de longue durée avec 2,1 et 3,7 mg de zéaralénone par kg d’aliment n’a montré aucun effet négatif pendant deux périodes de gestation et de lactation. Comparée à la teneur en zéaralénone des aliments expérimentaux figurant dans le tableau 6, la concentration de 0,4 mg/kg utilisée dans notre essai sur les jeunes truies était relativement faible. Il est donc tout à fait plausible que l’on observe aucun problème de fertilité lors de cette contamination. De plus, les présents résultats concordent avec les observations faites dans une grande exploitation porcine dans laquelle, malgré une contamination de la ration avec 1 – 3 mg/kg de zéaralénone, il n’y a pas eu de problèmes à part des enflures de la vulve auprès de quelques jeunes truies prépubères (Gutzwiller et Gafner 2009b).

Conclusions Les deux essais menés à ALP ainsi qu’un grand nombre d’expériences faites dans d‘autres instituts montrent que les valeurs d’orientation pour le déoxynivalénol (DON) et la zéaralénone présentent une grande marge de sécurité concernant les effets de ces deux mycotoxines sur la fertilité de la truie. n


Effetto delle micotossine deossinivalenolo e zearalenone sulla fertilità delle scrofe. Nove giovani scrofe con un peso corporeo iniziale di 80 chili sono state foraggiate con un alimento completo contenente 2 mg/kg di deossinivalenolo (DON) e 0,4 mg/kg di zearalenone. Il loro aumento di peso giornaliero fino a 100 chili era ridotto rispetto alle scrofe di controllo che non avevano assunto micotossine. Il carico di micotossine, tuttavia, non influiva né sull’età del primo calore né sulla fertilità delle giovani scrofe. In un secondo esperimento, a scrofe multipare è stato somministrato un alimento completo contenente 3 mg/kg di DON durante un periodo di lattazione. Rispetto alla dieta priva di micotossine del gruppo di controllo, gli animali avanzavano maggiori quantità di alimento contaminato. Tuttavia, la concentrazione di DON non influiva né sul peso delle scrofe né sulla crescita dei lattonzoli e nemmeno sulla fertilità delle scrofe nel successivo ciclo riproduttivo.

Summary

Riassunto

Effets des mycotoxines déoxynivalénol et ­zéaralénone sur la fertilité de la truie | Production animale

Effects of the Fusarium toxins deoxynivalenol and zearalenone on the fertility of sows. Nine gilts with an initial body weight (BW) of 80 kg were fed a diet contaminated with 2 mg/kg deoxynivalenol (DON) and 0,4 mg/kg zearalenone. Their daily weight gain until 100 kg BW was reduced in comparison to the nine control animals fed the uncontaminated diet. The mycotoxins neither influenced the age at the first observed oestrus nor the fertility of the gilts. Multiparous sows received a diet contaminated with 3 mg/kg DON during one lactation period. In comparison to the uncontaminated diet fed to the control animals, more contaminated feed was refused, but the daily intake of 18 mg DON affected neither the weight loss of the sows nor the growth rate of the suckled piglets. Neither the weaning to oestrus interval nor the fertility in the following reproductive cycle was affected by DON. Key words: deoxynivalenol, DON, zearalenone, pig, fertility.

Bibliographie ▪▪ Bauer J. & Meyer K., 2006. Stoffwechselprodukte von Pilzen in Silagen: Einflüsse auf die Gesundheit von Nutztieren. Übers. Tierernährg 34, 27–55. ▪▪ EU Kommission, 2006. Commission recommendation of 17 August 2006 on the presence of deoxynivalenol, ZON, ochratoxin, T-2 and HT-2 and fumonisin in products intended for animal feeding. Adresse: http://eur-lex. europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2006:229:0007:0009:EN:PDF ▪▪ Erikson G.S. & Pettersson H., 2004. Toxicological evaluation of trichothecenes in animal feed. Anim. Feed Sci. Techn. 114, 205–239. ▪▪ Gutzwiller A., 2010. Effects of deoxynivalenol (DON) in the lactation diet on the feed intake and fertility of sows. Mycotox. Res. 26, 211–215. ▪▪ Gutzwiller A., Gafner J.-L. & Stoll P., 2009a. Effects of diets containing Fusarium toxins on the fertility of gilts and on bulbourethral gland weight in barrows. Arch. Anim. Nutr. 63, 16–25. ▪▪ Gutzwiller A. & Gafner J.-L., 2009b. Fertility of sows exposed to zearalenone and deoxynivalenol- a case report. Mycotox. Res. 25, 21–24.

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 32–37, 2011

37


P r o d u c t i o n

a n i m a l e

Alimentation de porcelets avec addition de valine Lukas Dissler1, Martin Häberli1, Stefan Probst 2 et Peter Spring1 1 Haute Ecole Suisse d'Agriculture HESA, 3052 Zollikofen 2 Egli-Mühlen AG, 6244 Nebikon Renseignements: Peter Spring, e-mail: peter.spring@bfh.ch, tél. +41 31 910 21 61

L'alimentation, un facteur-clé dans l'élevage de porcelets fraîchement sevrés. (Photo: SHL)

Introduction Un apport optimal en protéines est un facteur déterminant le succès de l’élevage de porcelets. D’une part, les animaux doivent recevoir un apport suffisant de tous les acides aminés (AA) pour pouvoir pleinement réaliser leur potentiel de croissance. D’autre part, la teneur en protéine brute (matière azotée totale, MA) ne doit pas être trop élevée, car des teneurs élevées en matière azotée augmentent le risque de maladies intestinales (Heo et al., 2009). Une teneur faible en MA dans un aliment qui satisfait néanmoins les besoins en AA essentiels est

38

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 38–43, 2011

­ galement désirable pour réduire les émissions d’ammoé niac (Bracher et Spring 2010). Pour assurer un apport suffisant en AA malgré une teneur réduite en MA, les aliments pour porcelets ont été additionnés des AA essentiels lysine, méthionine, thréonine et tryptophane. Selon Figueroa et al. (2003), un autre AA pouvant limiter la croissance de jeunes porcs est la valine. L’isoleucine, qui peut aussi être limitant lors d’une réduction de la teneur en MA, n’est pas encore disponible en forme pure. Un nombre croissant d’acides aminés essentiels est disponible en forme pure, facilitant la formulation de rations alimentaires couvrant les besoins en AA malgré une teneur faible en MA. L’admission de la valine comme additif alimentaire ouvre de nouvelles possibilités dans la formulation de la ration. Les essais présentés ici examinent l’influence d’aliments à teneur réduite en MA présentant différentes concentrations en MA, AA et adjonctions de valine sur la performance et la santé des porcelets. Le tableau 1 donne un aperçu des rapports valine:lysine recommandés dans différents pays pour les porcs en croissance. Les recommandations varient de 62 % à 71 % (lysine = 100 %; la teneur en valine représente 62 – 71 % de la teneur en lysine). Les normes suisses comme beaucoup d’autres recommandations proposent un rapport de 70 %. Quelques essais publiés récemment ont obtenus une performance maximale avec des rapports valine:lysine supérieurs à 70 % (Ajinomoto 2009). Dispositif expérimental Les deux essais de quatre semaines ont été réalisés dans l'étable expérimentale de la Haute Ecole Suisse d'Agriculture (HESA) en suivant le protocole expérimental 46/10 du canton de Berne. Les deux essais étaient conçus comme essais en blocs avec 90 porcelets (3 variantes réalisées dans 6 boxes avec 5 porcelets par box). Le poids des animaux (7,7 kg au premier essai et 8,1 kg au second) et leurs caractéristiques (portées) ont été pris en compte lors de la formation des blocs. Les animaux étaient détenus dans des boxes de 2,4 m² à caillebotis partiels. Ils avaient librement accès à la ration.


La consommation journalière, le gain de poids journalier et l’indice de consommation (IC) de la ration ont été enregistrés. Un score de diarrhée (échelle à trois points) a été évalué quotidiennement. Les teneurs des rations en énergie digestible porc (EDP), matière azotée totale (MA, protéine brute), cellulose brute (CB), matière grasse (MG), cendres (C) et acides aminés (AA) ont été analysées en laboratoire d’une part, et calculées sur la base de la composition d’autre part. Les données ont été traitées au moyen d’une analyse de variance avec blocs et leurs moyennes comparées à l’aide du Tukey-Kramer Multiple-Comparison Test. Lorsque les conditions pour l’ANOVA n’étaient pas remplies, le test de Friedman a été employé. Composition des rations Les rations, basées sur l’orge, le maïs, le riz, les flocons d’avoine, les produits de blé, le lactose, la protéine de pommes de terre et le soja, étaient servies sous forme de poudre. Les aliments correspondaient à la protéine idéale pour les teneurs en AA essentiels lysine, méthionine+cystine, thréonine et tryptophane (Agroscope Liebefeld-Posieux, 2004). La formulation de la ration a été effectuée en se basant sur les digestibilités idéales standardisées des AA. Le premier essai a servi à comparer deux rations avec des teneurs différentes en MA et AA (180 contre 165 g MA et 12,5 contre 11,5 g de lysine avec 14,0 MJ EDP). Comme l’aliment avec les teneurs réduites en MA et AA était légèrement déficitaire en valine (68,5 %), il a été supplémenté en valine comme troisième variante (tabl. 2). Sur la base des résultats du premier essai, les teneurs en AA de la ration avec 165 g de MA ont été augmentées dans le second essai. L’augmentation des teneurs des quatre AA limitants principaux conduisait à un rapport valine:lysine de 64 %. Comme troisième variante de l’essai 2, une addition de valine a haussé ce rapport à 69 %. Déroulement de l’essai Les teneurs calculées et analysées des rations correspondent généralement bien. Seules les teneurs en EDP analysées étaient systématiquement plus élevées que les valeurs calculées, avec des déviations de 0,2 – 0,4 MJ/ kg d’aliment. Les deux essais se sont déroulés comme prévu. Les animaux étaient en bonne santé. Meilleure performance avec une teneur supérieure en MA et AA Le tableau 4 montre les performances obtenues dans l’essai 1. Une teneur supérieure en MA et AA dans la ration conduit à un gain de poids journalier légèrement supérieur et à un indice de consommation

Résumé

Alimentation de porcelets avec addition de valine | Production animale

Deux essais en blocs réunissant 90 porcelets (3 traitements, 6 répétitions) sevrés pendant quatre semaines ont servi à tester l'effet de différents apports en acides aminés et du rapport valine:lysine sur la performance et la santé des porcelets. Toutes les rations présentaient 14,0 MJ EDP. Elles contenaient, dans l'essai 1: (i) 180 g MA, 12,5 g lysine, 8,6 g valine; (ii) 165 g MA, 11,5 g lysine, 7,9 g valine; (iii) 165 g MA, 11,5 g lysine, 8,5 g valine. Dans l'essai 2: (i) 180 g MA, 12,4 g lysine, 8,6 g valine; (ii) 165 g MA, 12,4 g lysine, 7,9 g valine; (iii) 165 g MA, 12,4 g lysine, 8,6 g valine. Dans le premier essai, des teneurs supérieures en matière azotée totale (MA) et en acides aminés ont amélioré significativement l’indice de consommation (1,43a contre 1,53b et 1,51b kg/kg; P<0.05). Dans le second essai, une augmentation de la teneur en acides aminés parallèlement à une réduction de la teneur en matière azotée a permis de maintenir la performance au niveau de la ration standard malgré la teneur réduite en matière azotée. L'addition de l'acide aminé essentiel valine n'a pas influencé les paramètres de performance.

Tableau 1 | Recommandations officielles de différents pays pour le rapport valine:lysine Pays, institut

Date

Val:Lys

France, Institut National de la Recherche Agronomique (INRA)

1994

70%

USA, National Research Council (NRC)

1998

68%

Espagne, Fundation Espanola de la Nutrition Animal (FEDNA)

2006

71%

Brésil, Universidade Federal de Viçosa (Horacio Rostagno)

2005

69%

Grande Bretagne, British Society of Animal Science (BSAB)

2003

70%

Danemark, Danish Institute of Agricultural Sciences (DIAS)

2008

70%

Suisse, Agroscope Liebefeld-Posieux (ALP)

2004

70%

Allemagne, Gesellschaft für Ernährungsphysiologie (GfE)

2006

62%

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 38–43, 2011

39


Production animale | Alimentation de porcelets avec addition de valine

Tableau 2 | Composantes de la ration calculées et analysées pour l'essai 1 Essai 1

Std-1 cal

labo

MAr-AAr labo AA:L

cal

labo AA:L

cal

labo

MS

g/kg

Cendres

g/kg

53

46,4

52

45,8

52

45,7

MA

g/kg

180

182

165

166

165

166

CB

g/kg

30

27

30

26

30

26

MG

878,2

labo

MAr-AAr+Val

883,5

g/kg

40

38

40

42

40

43

MJ/kg

14

14,2

14

14,4

14

14,4

Lysine/EDP

g/MJ

0,89

0,85

0,82

0,77

0,82

0,77

Lysine digestible

g/kg

11

Lysine

g/kg

12,5

10,2 100 %

11,5

labo AA:L

AA:L

881

MJ EDP

12

CH*

179

0,88

10,2 11,1

100 %

11,5

10,2 11,1

100 %

100 %

Met+Cys

g/kg

8

7,7

64 %

7,3

7,1

64 %

7,3

7

63 %

64 %

Tryptophane

g/kg

2,6

2,6

22 %

2,4

2,6

23 %

2,4

2,4

22 %

20 %

Thréonine

g/kg

8,2

7,8

65 %

7,6

7,3

66 %

7,6

7,2

65 %

68 %

Valine

g/kg

8,6

8,6

72 %

7,9

7,9

71 %

8,5

8,4

76 %

70 %

Isoleucine

g/kg

7,2

7,3

61 %

6,5

6,5

59 %

6,5

6,5

59 %

62 %

Leucine

g/kg

13,8

13,7

114  %

12,7

12,5

113 %

12,7

12,4

112 %

100 %

Arginine

g/kg

11,1

10,9

91 %

10

9,7

87 %

10

9,6

86 %

32 %

Histidine

g/kg

4,3

4,1

34 %

3,9

3,7

33 %

3,9

3,6

32 %

40 %

Phe+Tyr

g/kg

15,1

15,2

127 %

13,8

13,9

125 %

13,8

13,7

123 %

96 %

* Recommandations Agroscope Liebefeld-Posieux, 2004. Std-1 = ration standard essai 1 ; MAr-AAr = teneurs réduites en MA et AA; MAr-AAr+Val = teneurs réduites en MA et AA avec addition de valine; cal= calculé; labo = résultats d'analyses au laboratoire ; AA :L = rapport AA : lysine.

­significativement meilleur par rapport aux variantes réduites en MA et AA. L’addition de valine, qui haussait le rapport valine:lysine dans la ration MAr-AAr de 69 % à 74 % (calculé), ou de 71 % à 76 % (analysé), n’a pas influencé les paramètres mesurés. Pas d’amélioration de performance avec l’addition de valine En pratique, il arrive souvent qu’une réduction de la teneur en MA conduise à des apports en valine et isoleucine inférieurs aux recommandations. Sur la base des résultats du premier essai, les teneurs en AA de la ration réduite en MA ont été augmentées au second essai pour correspondre à la ration standard. L’augmentation des teneurs des AA a empêché la baisse de performance observée dans l’essai 1 avec moins de protéines (tabl. 5). Cependant, l’augmentation de la teneur en lysine réduisait le rapport valine:lysine à 64 % (calculé) ou 65 % (analysé), ce qui est nettement inférieur aux recommandations suisses. L’addition de valine a haussé ce rapport à 69 % (calculé) ou 72 % (analysé). L’augmentation du rapport n’a cependant pas amélioré les performances. Pendant les deux premières semaines de l’essai, la ration

40

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 38–43, 2011

supplémentée en valine était significativement moins consommée. Cette ingestion inférieure était associée à des gains journaliers moindres de 18 g en moyenne. Cette différence n’était cependant pas significative, (p>0,05) et sur l’ensemble de l’essai, il n’y a pas eu de différence due à l’addition de valine.

Discussion Comme observé par Bracher et Spring (2010), les teneurs en EDP analysées étaient supérieures de 0,2 - 0,4 MJ/ kg aux valeurs calculées. Lorsque la valeur nutritive d’une ration est déterminée, les teneurs en protéines et acides aminés ainsi que celles en éléments majeurs sont évaluées par rapport à l’énergie. Les déviations des valeurs énergétiques devraient donc être examinées plus précisément. Une appréciation erronée de l’énergie empêche une adaptation précise des teneurs nutritives des rations aux besoins des animaux. La teneur en MA et les teneurs des AA lysine, met+cys, thréonine et tryptophane des rations standard correspondaient aux normes suisses (Agroscope LiebefeldPosieux, 2004). Les teneurs en acides aminés digestibles


Alimentation de porcelets avec addition de valine | Production animale

Tableau 3 | Composantes de la ration calculées et analysées pour l'essai 2 Essai 2

Std-2 cal

labo

MAr labo AA:L

cal

887,3

labo

MAr+Val labo AA:L

cal

labo

MS

g/kg

Cendres

g/kg

53

49,2

52

885,7 47,1

52

47,2

MA

g/kg

180

179

165

167

165

168

CB

g/kg

30

27

30

27

30

28

MG

g/kg

40

41

40

39

40

33

MJ/kg

14

14,4

14

14,3

14

14,2

Lysine/ EDP

g/MJ

0,89

0,86

0,89

0,88

0,89

0,88

Lysine digestible

g/kg

11

g/kg

12,4

Met+Cys

g/kg

Tryptophane

g/kg

Thréonine

g/kg

Valine

g/kg

11 12,4

100%

12,4

8

7,7

62%

2,6

2,6

21%

8,2

8,1

65%

8,2

8,6

8,8

71%

7,9

labo AA:L

AA:L

886

MJ EDP

Lysine

CH*

179

0,89

11 12,6

100%

8

7,8

62%

2,6

2,6

21%

8,2

65%

8,2

65%

12,4

10,2 12,5

100%

100%

8

7,7

62%

64%

2,6

2,6

21%

20%

8,2

8

64%

68%

8,6

9

72%

70%

Isoleucine

g/kg

7,2

7,4

60%

6,5

6,8

54%

6,5

6,9

55%

62%

Leucine

g/kg

13,9

14

113%

12,7

13,1

104%

12,7

13,1

105%

100%

Arginine

g/kg

11,1

11

89%

9,9

10,1

80%

9,9

10,1

81%

32%

Histidine

g/kg

4,3

4,1

33%

3,9

3,8

30%

3,9

3,8

30%

40%

Phe+Tyr

g/kg

15,1

15,4

124%

13,7

14,3

113%

13,7

14,4

115%

96%

* Recommandations Agroscope Liebefeld-Posieux, 2004. Std-2 = ration standard essai 2 ; MAr = teneur réduite en MA; MAr+Val = teneur réduite en MA avec addition de valine; cal= calculé; labo = résultats d'analyses au laboratoire.

étaient même supérieures aux normes pour des porcelets de 15 kg. Une réduction de ces teneurs, telle que pratiquée généralement pour des rations à MA réduite, a diminué les gains journaliers et le rendement d’utilisation de la ration. Les différences étaient dues à des différences de performance dans la deuxième phase de l’essai. Du point de vue physiologique, le besoin en protéines et en AA aurait dû être plus élevé pendant la première phase de l’essai. On se serait donc attendu à ce que la ration standard diffère de la ration MAr-AAr surtout pendant cette première phase. Il est possible qu’une teneur élevée en MA ait eu des effets négatifs sur la flore, l’anatomie et la physiologie de l’intestin pendant la phase de stress suivant le sevrage, et que ceci ait dissimulé un avantage possible dû à une valeur nutritive supérieure (Heo et al. 2009). Dans cet essai, aucune différence entre les variantes relative au score de diarrhée et à la santé animale n’a été observée, mais il est possible que de petites modifications dues à une teneur protéique élevée aient perturbé la fonction et donc ­l’efficacité de l’appareil digestif. L’apport accru des quatre AA limitants principaux dans l’essai 2 a supprimé les différences de performance

Tableau 4 | Influence des teneurs en MA et AA sur la performance de porcelets fraîchement sevrés dans l'essai 1 Paramètre

Std-1

MArAAr

MArAAr+Val

SE

p

Poids initial, kg

7,64

7,65

7,65

0,01

0,73

Ingestion (d1 – 14), g

368

382

379

11,49

0,69

Ingestion (d14 – 28), g

795

743

739

22,9

0,21

Ingestion (d1 – 28), g

582

559

563

14,8

0,53

Gain journalier (d1 – 14), g

285

287

280

10,14

0,89

Gain journalier (d14 – 28), g

529A

462B

460B

19,6

0,05

Gain journalier (d1 – 28), g

407

374

370

12,05

0,10

IC (d1 – 14), kg/kg

1,3

1,33

1,36

0,02

0,27

IC (d14 – 28), kg/kg

1,50a

1,61b

1,61b

0,03

0,04

IC (d1 – 28), kg/kg

1,43a

1,53b

1,51b

0,02

0,01

4,83

2,16

4,33

1,2

0,51

Score de diarrhée, %

1

Srd-1 = ration standard essai 1 ; MAr-AAr = teneurs réduites en MA et AA; ­MAr-AAr+Val = teneurs réduites en MA et AA avec addition de valine; SE = erreur standard. ab p<0.05, AB p< 0.08. 1 Nombre moyen de jours avec diarrhée en pourcentage par animal.

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 38–43, 2011

41


Production animale | Alimentation de porcelets avec addition de valine

entre la ration MAr et la ration standard. L’apport en MA de la ration MAr, avec des valeurs de 11,8 (calculé) ou 11,6 g/MJ EDP (analysé), était nettement inférieur à la valeur recommandée de 12,8 g/MJ EDP. Une teneur en MA est recommandée afin d’assurer un apport suffisant en AA qui ne sont pas considérés séparément dans la formulation, ainsi qu’en AA non-essentiels. Effectivement, la réduction en MA a conduit à des teneurs en valine et isoleucine inférieures aux normes établies pour la protéine idéale (Agroscope Liebefeld-Posieux, 2004). Néanmoins, l’addition de valine n’a pas amélioré les performances dans cet essai non plus, ce qui signifie que la valine n’était pas le facteur principal limitant la performance. Ceci contredit les résultats de Anjinomoto (2009) qui constatait une performance optimale lorsque le rapport valine:lysine était de 68 – 78 %. Il est possible qu’un effet positif éventuel de la valine ait été dissimulé par un manque d’autres AA, en particulier la tryptophane dont les teneurs recommandées sont variables. Cependant, l’apport en tryptophane dans nos essais (tryptophane:lysine 21 %) était légèrement supérieur aux recommandations et donc probablement pas limitant. Un autre facteur limitant possible serait l’isoleucine. Dans l’essai 2, les rapports de 52 % (calculé) ou 54 % (analysé) étaient inférieurs à la recommandation suisse de 62 % (Agroscope Liebefeld-Posieux, 2004). Cette différence suggère une carence considérable, qui doit cependant être relativisée en considérant la recommandation très élevée pour l’isoleucine en Suisse par rapport aux autres pays. Néanmoins, il reste à examiner si dans des rations à MA réduite, l’addition simultanée de ces deux AA pourrait avoir une influence positive sur la performance. Tableau 5 | Influence des teneurs en MA et AA sur la performance de porcelets fraîchement sevrés dans l'essai 2 Paramètre

Std-2

MAr

MAr+Val

SE

p

Poids initial, kg

8,12

8,11

8,12

0

0,68

Ingestion (d1 – 14), g

a

367

b

392

364

14,4

0,01

a

Ingestion (d14 – 28), g

646

658

629

28,75

0,73

Ingestion (d1 – 28), g

506

525

497

18,24

0,31

Gain journalier (d1 – 14), g

299

320

302

13,57

0,16

Gain journalier (d14 – 28), g

412

425

408

21,16

0,79

Gain journalier (d1 – 28), g

356

372

355

14,42

0,45

IC (d1 – 14), kg/kg

1,22

1,23

1,2

0,03

0,65

IC (d14 – 28), kg/kg

1,57

1,54

1,54

0,03

0,5

IC (d1 – 28), kg/kg

1,42

1,41

1,39

0,02

0,55

Score de diarrhée, % 1

1,66

1,83

1,16

0,92

0,82

Srd-2 = ration standard essai 2 ; MAr = teneur réduite en MA; MAr+Val = teneur ­r éduite en MA avec addition de valine; SE = erreur standard. ab p<0,05. 1 Nombre moyen de jours avec ­d iarrhée en pourcentage par animal.

42

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 38–43, 2011

Conclusions ••Dans les rations pour porcelets avec un rapport valine:lysine de 64% (calculé) ou 65% (analysé), l'addition de valine n'améliore pas la performance. ••Dans une ration à MA réduite, une augmentation de la teneur en lysine de 11,5 g (0,82 g/ MJ EDP; 0,73 vLys/ MJ EDP) à 12,5 g (0,89 g/ MJ EDP; 0,79 vLys/MJ EDP) améliore la performance malgré un apport limité en MA. n


Suinetti alimentati con l’aminoacido essenziale valina Due studi che coinvolgevano 90 suinetti, svezzati da appena quattro settimane, sono stati utilizzati per provare l’effetto di differenti apporti di aminoacidi e del rapporto valina-lisina sulle prestazioni e la salute dei suinetti. Le due prove erano organizzate in blocchi con tre trattamenti e sei ripetizioni, per un totale di 18 box a cinque suinetti. Le razioni confrontate erano nella prova 1: (i) 14,0 MJ DE, 180 g CP, 12,5 g lisina, 8,6 g valina; (ii) 14,0 MJ DE, 165 g CP, 11,5 g lisina, 7,9 g valina; (iii) 14,0 MJ DE, 165 g CP, 11,5 g lisina, 8,5 g valina. Prova 2: (i) 14,0 MJ DE, 180 CP, 12,4 g lisina, 8,6 g valina; (ii) 14,0 MJ DE, 165 g CP, 12,4 g lisina, 7,9 g valina; (iii) 14,0 MJ DE, 165 g CP, 12,4 g lisina, 8,6 g valina. Nella prima prova i valori più elevati di azoto totale (AD) e aminoacidi hanno notevolmente migliorato l’indice di alimentazione (1,43a, contro 1,53b e 1,51b kg/kg; P<0,05). Nella seconda prova un aumento del tenore in aminoacidi, parallelamente a una riduzione del tenore in materia azotata ha permesso di mantenere la prestazione a livello della razione standard, nonostante il ridotto tenore in materia azotata. L’aggiunta dell’aminoacido essenziale valina non influenza i parametri di prestazione e di salute misurate in entrambe le prove.

Bibliographie ▪▪ Agroscope Liebefeld-Posieux, 2004. Fütterungsempfehlungen und Nährwerttabellen für Schweine, LmZ, Zollikofen. ▪▪ Ajinomoto, 2009. L-Valin: Release the potential of your feed. Ajinomoto Eurolysin S.A.S, Information Nr 33, 30 S. ▪▪ Bracher A. & Spring P., 2010. Survey of current Swiss pig feeding practices and potential for ammonia emission reduction. In: Book of abstracts (EAAP). Heraklin, Greece, August 23 – 27. p 326. ▪▪ Figueroa J.L., Lewis A.J., Miller P.S., Fischer R.L. & Diedrichsen R.M., 2003. Growth, carcass traits and plasma amino acid concentration of gilts fed low-protein diets supplemented with amino acids including histidin, isoleucine and valine. J. Anim. Sci. 81, 1529 – 1537.

Summary

Riassunto

Alimentation de porcelets avec addition de valine | Production animale

Piglet nutrition with valine supplementation The goals of these trials were to investigate the effects of different dietary amino acid concentrations and valine:lysine ratios on piglet performance and health. Two 4-week trials with 90 weaned piglets (3 treatments and 6 replicates) each were conducted. All diets contained 14 MJ DE: Trial 1: (i) 180 g CP, 12,5 g lysine, 8,6 g valine; (ii) 165 g CP, 11,5 g lysine, 7,9 g valine; (iii) 165 g CP, 11,5 g lysine, 8,5 g valine. Trial 2: (i) 180 CP, 12,4 g lysine, 8,6 g valine; (ii) 165 g CP, 12,4 g lysine, 7,9 g valine; (iii) 165 g CP, 12,4 g lysine, 8,6 g valine. In trial 1, the higher crude protein and amino acid concentrations led to a significant improvement in FCR (1,43a vs 1,53b and 1,51b kg/kg; P<0.05). Increasing the amino acid concentrations in the treatment with reduced CP concentration allowed performance to be maintained at the level of the standard diet in trial 2. The supplementation of the essential amino acid valine did not affect animal performance. Key words: weaning piglet, valine, amino acid.

▪▪ Heo J., Kim J.C., Hansen C.F., Mullan B.P., Hampson D.J. & Pluske J.R., 2009. Feeding a diet with decreased protein content reduces indices of protein fermentation and the incidence of postweaning diarrhea in weaned pigs challenged with an enterotoxigenic strain of Escherichia coli. ­ J. Anim. Sci. 87, 2833 – 2843.

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 38–43, 2011

43


E c l a i r a g e

Production de viande bovine sur les surfaces d'assolement Nathalie Roth, Ruedi Schmied et Peter Kunz, Haute école suisse d'agronomie (HESA), 3052 Zollikofen Renseignements: Peter Kunz, e-mail: peterkunz@bfh.ch, tél. +41 31 910 21 62

Production de viande sur des surfaces d'assolement: malgré l'abandon de la production laitière, la prairie temporaire est maintenue dans l'assolement et l'infrastructure existante continue à être utilisée. (Photo: SHL)

L'évolution structurelle de l'agriculture suisse et la baisse du prix du lait poussent beaucoup d'exploitations mixtes (production laitière et grandes cultures) à abandonner la production laitière. Ces exploitations pourraient se passer des prairies temporaires dans l'assolement, ce qui serait une perte du point de vue de la fixation biologique de l'azote (trèfle blanc), de la structure du sol et du risque d'érosion. La production de viande sur des prairies temporaires pendant la période de végétation peut représenter une nouvelle branche de production et une alternative économique à l'engraissement conventionnel des bovins. De plus, elle permet de maintenir la prairie temporaire dans l'assolement et de continuer à utiliser des infrastructures existantes.

44

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 44–47, 2011

L’engraissement sur prairies temporaires peut être profitable en matière de qualité des produits et de rentabilité économique (Gazeau et al. 2009). En conditions optimales pour la pâture, permettant une croissance régulière de l’herbe et une bonne qualité de fourrage pendant toute la période de végétation, le gain de poids quotidien moyen peut atteindre 1000 g par jour (Thomet et al. 2000). Cependant, il est difficile d’obtenir un tel résultat dans les régions de Suisse où des périodes de sécheresse estivale peuvent intervenir chaque année. Dans un essai de la Haute école suisse d’agronomie HESA et d‘Agroscope Changins-Wädenswil ACW, la ­production de viande bovine a été testée sur des prairies ensemencées avec deux mélanges fourragers graminéestrèfle blanc. L’aptitude à la pâture de ces mélanges, avec


Production de viande bovine sur les surfaces d'assolement | Eclairage

ray-grass anglais (Mst 460) et avec fétuque élevée Belfine, plus résistante à la sécheresse (Mst 462), a été vérifiée par Mosimann et al. (2010).

Animaux, matériel et méthodes Essai d’engraissement au pâturage sur quatre sites L’essai d’engraissement au pâturage a été conduit sur quatre exploitations (sites 1, 2, 3 et 4) du plateau suisse, dont trois en zone de grandes cultures en Suisse occidentale et une dans le canton de Lucerne, en zone herbagère (Mosimann et al. 2010). Les mélanges fourragers standard Mst 460 (basé sur le ray-grass anglais) et Mst 462 (basé sur la fétuque élevée Belfine, une variété aux feuilles souples) ont été semés en été 2006 sur des parcelles adjacentes de 1,2 à 1,5 ha. Ils ont été pâturés séparément dès le printemps 2007. Dix animaux ont été placés sur chaque parcelle, soit 20 animaux par exploitation. En 2007, l’essai comprenait les quatre exploitations, en 2008 trois exploitations (sites 1, 2 et 3) et en 2009 deux exploitations (sites 2 et 3). Pour comparer la rentabilité économique de ce système de production à celle des grandes cultures dans un assolement, la marge brute a été calculée en tenant compte des paiements directs. Animaux testés Les troupeaux d’essais comprenaient plusieurs races bovines à viande (Angus, Charolais, Limousin, Simmental) ainsi que des croisements (race laitière x race à viande). Les races précoce (Angus) et mi-précoce (Sim-

mental, Limousin) étaient les plus utilisées. Les bovins ont été acquis par les exploitants comme remontes d’engraissement. Dans chacun des sites, les animaux ont été répartis sur les deux parcelles en tenant compte du sexe, du poids vif, du gain moyen quotidien, de l’âge et de la race (dans l’ordre de priorité décroissante), dans le but d’obtenir des groupes comparables. Le poids vif des animaux a été enregistré deux à trois fois pendant la période hivernale et cinq à six fois au cours de la saison de pâture. La qualité des carcasses (charnure et degré d’engraissement) a été évaluée lors de chaque pesage selon le système CH-TAX (Proviande 2000). Les animaux ayant atteint le degré d’engraissement optimal de 3 (TG3) étaient sortis du troupeau en vue de leur abattage. Les animaux ont été vendus à travers plusieurs canaux (conventionnel, IP-Suisse, SwissPrimBeef) avec différents poids à l’abattage et des prix de vente variables. Composition de la ration pendant et après la pâture Dans les quatre sites, la pâture a commencé chaque année entre fin mars et début avril. Selon les conditions météorologiques, la situation de l’exploitation et l’état de santé des animaux, du fourrage grossier supplémentaire a été distribué en cas de besoin (ensilage de maïs et d’herbe, maïs vert, foin). Les rendements des deux mélanges fourragers étaient semblables en 2007 et 2008. En 2009, une période de sécheresse estivale a permis à la fétuque élevée Belfine de démontrer son adaptation à la pâture en périodes sèches. Dans le site 3, le mélange à base de 

Gain moyen quotidien GMQ [g/animal/jour]

Tageszuwachs 1200 TZW [g/Tier/Tag] 1000 800 600 400 200 0 Site 1

Site 2

Site 3 2007

Site 4

Site 1

Site 2 2008

Site 3

Site 2

Site 3 2009

Figure 1 | Gain de poids quotidien moyen pendant les trois années d'essai 2007 – 2008 – 2009 (moyennes et écarts-type de 20 animaux par site et par an).

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 44–47, 2011

45


Eclairage | Production de viande bovine sur les surfaces d'assolement

fétuque élevée a livré un rendement significativement supérieur à celui du mélange à base de ray-grass anglais (Mosimann et al. 2010). Sur l’ensemble des trois années, la production de viande n’a pas été significativement différente entre les deux mélanges. Le facteur «mélange fourrager» n’a donc pas été pris en compte dans le calcul de la performance animale et l’analyse a été effectuée avec 20 animaux par site.

Résultats Performances d’engraissement Le gain de poids quotidien et la prise de poids totale ont fluctué fortement au sein de chaque exploitation en raison des variations de croissance de l’herbe, de la dépression estivale et de la baisse de qualité du fourrage dès juillet-août. Entre le début de la pâture et le mois de juin, certains animaux ont réalisé un gain quotidien de plus de 1000 g par jour. Par la suite, la prise de poids a diminué en raison des facteurs mentionnés ci-dessus. Une infection due aux coccidies dans le site 1 en 2007 a réduit l’accroissement des animaux (600 g/animal/jour). Les gains quotidiens moyens les plus élevés sur l’ensemble de la saison de pâture ont été obtenus dans les sites 4 en 2007 (842 g/animal/jour) et 2 en 2008 (855 g/animal/jour; fig. 1). Dans les sites 2 et 3, en moyenne des trois années, un gain quotidien moyen de 760 g par animal a été obtenu. Les bovins atteignaient le poids vif final optimal de 500 à 550 kg pendant la saison de pâture s’ils pesaient plus de 350 kg en début de saison.

trois ans, les marges brutes moyennes des cultures de betteraves sucrières (4932.– CHF/ha) et de blé d’automne (3090.– CHF/ha) montrent que la production de viande bovine au pâturage est compétitive. Sa performance économique est comparable à celle des betteraves et rapporte plus que le blé. Cette comparaison ne considère pas les fluctuations annuelles des paiements directs. En 2009, les contributions à l’engraissement au pâturage ont baissé davantage que celles des grandes cultures (AGRIDEA 2007 – 09). De plus, en 2009, les prix d’achat des animaux étaient élevés et les prix de vente relativement bas.

Discussion La comparaison des races incluses dans l’essai a montré que les races précoces étaient prêtes à l’abattage avec un poids final assez bas. En revanche, les races ­mi-­précoces atteignaient bien le poids final désirable mais, sans affouragement supplémentaire, n’atteignaient que partiellement le degré d’engraissement optimal (l’information détaillée figure dans le rapport final «Weidebeef», à commander chez peterkunz@bfh.ch). Une autre étude (Steinwidder et al. 2007) a également montré que les animaux de plus grand format peuvent être employés lorsque les conditions de pâture sont bonnes, mais qu’ils exigent généralement une finition plus intensive. Le poids des animaux au début de la pâture est un critère essentiel et devrait être au minimum de 350 kg. Des animaux plus légers lors de la mise à l’herbe n’atteignent pas leur poids final au pâturage et doivent être finis à l’étable. Tout comme dans l’essai de Thomet et al. (2000), certains animaux ont réalisé des gains quotidiens

Classe de charnure [%]

Charnure et degré d’engraissement Le degré d’engraissement n’était pas toujours optimal au moment où le poids final était atteint, surtout pour les races mi-précoces. Pour ces animaux, une finition à l’étable a été nécessaire. En revanche, les animaux plus précoces atteignaient déjà le degré d’engraissement optimal avec un poids final plus bas et pouvaient être abattus plus tôt. Au cours des trois années d’essai, plus de 50 % des 35 animaux ont été taxés avec les classes de charnure C (très Fleischigkeit [in %] 30 bien en viande) ou H (bien en viande). Les 50 % restants étaient en classe T (charnure moyenne; T+/T/T-; fig. 2). 25 De plus, sur l’ensemble des trois années, 71 % des ani20 maux ont atteint le degré d’engraissement optimal de 3 15 (couverture régulière) et 25 % le degré d’engraissement 4 (forte couverture), alors que 4 % étaient en classe 1 10 (absence de couverture) ou 2 (couverture partielle). 5

Aspects économiques La figure 3 représente la distribution des marges brutes des quatre sites en 2007, 2008 et 2009. Leur moyenne était de 4667.– CHF/ha. Au cours de la même période de

46

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 44–47, 2011

0 C

H

T+

T

T-

A

X

Figure 2 | Classification des carcasses selon CH-TAX, en % du nombre total d'animaux au cours des trois années et dans les quatre sites.


Production de viande bovine sur les surfaces d'assolement | Eclairage

Conclusions

7000

6000

Marge brute (CHF/ha)

5000 moyenne

Moyenne de référence betterave sucrière PER

4000

3000

Moyenne de référence blé d'hiver PER

2000

1000

0 Figure 3 | Marge brute moyenne obtenue par l'engraissement au pâturage en 2007 – 2008 – 2009 (paiements directs inclus) en CHF par hectare et par an (n=8 moyennes)

de 1000 g par jour, mais seulement lorsque les conditions étaient optimales pour la croissance de l’herbe, en particulier pendant la période de croissance maximale en mai et juin. La marge brute moyenne des quatre lieux sur les trois années, subsides inclus, (4667.– CHF/ha; fig. 3) est comparable à celle des betteraves sucrières (4932.– CHF/ha) et supérieure à celle du blé d’automne (3090.– CHF/ha; moyennes de 2007 – 2009). Le succès dépend des frais de production, des prix du moment sur le marché pour l’achat et la vente des animaux, ainsi que des subsides pour la détention d’animaux.

••La production de bovins prêts à l'abattage sur des prairies temporaires n'est pas facile en raison de la croissance irrégulière de l'herbe, qui engendre un apport variable d'énergie pour les animaux. L’essai a montré que le problème peut être maîtrisé par une bonne organisation du pâturage (adaptation du chargement et de la taille des parcelles) et un affouragement complémentaire lorsque l'herbe manque. ••Outre la simplification de la gestion du pâturage et la réduction des coûts d’infrastructure, la composition du troupeau (race et sexe) et le poids des animaux lors de la mise à l’herbe sont aussi des facteurs de réussite. ••Le calcul des marges brutes montre que l'engraissement au pâturage sur des prairies temporaires peut représenter une alternative rentable aux grandes cultures. ••Cette branche de production s’avère particulièrement intéressante pour les éleveurs qui ont produit du lait pendant de nombreuses années et qui souhaitent n continuer à travailler avec des animaux.

Bibliographie ▪▪ AGRIDEA, 2007 – 09. Aktuelle Deckungsbeiträge 07–09 in den Bereichen Ackerbau und Tierhaltung. Brochure Agridea. ▪▪ Gazeau M. & Lusson J. M., 2009. L’engraissement des bovins au pâturage. Civam du Haut-Bocage. Accès: http://www.reussir-bovins.com/public/impressionPDF.php?codeArticle=NBF6UG3K [30.06.2010] ▪▪ Mosimann E., Schmied R., Thomet P., 2010. Production de viande au ­p âturage sur des prairies temporaires: comparaison de deux mélanges. Recherche Agronomique Suisse 1 (5), 194 – 201. ▪▪ Steinwidder A., Wöllinger R., Kicker O. & Gebetsroither H., 2007. Bio-Kalbinnen- und Ochsenmast. Der fortschrittliche Landwirt. Cahier spécial, 12 p. ▪▪ Thomet P., Hadorn M., Troxler J. & Koch B., 2000. Entwicklung von Raigras/Weissklee-Mischungen bei Kurzrasenweide. Agrarforschung 7 (5), 218 – 223. ▪▪ Proviande, 2000. Der Klassifizierungsdienst von Proviande – eine wichtige Dienstleistung für die Schweizer Fleischbranche. Accès: ­ http://www.schweizerfleisch.ch/medium.php?id=266284 [27.06.2010]

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 44–47, 2011

47


E c l a i r a g e

Science et horticulture pour tous? Compte-rendu du Congrès international d’horticulture de Lisbonne Esther Bravin et Lukas Bertschinger, Agroscope Changins-Wädenswil ACW Renseignements: Esther Bravin, e-mail: esther.bravin@acw.admin.ch, tél. +41 44 783 62 44

Stand de fruits et légumes à la conférence IHC.

À l’occasion du 28e Congrès international d’horticulture (www.ihc2010.org), 3500 chercheuses et chercheurs ainsi que représentant(e)s du commerce venus d’Europe, d’Amérique, d’Afrique, d’Asie et d’Océanie se sont réunis fin août à Lisbonne. Ce congrès est organisé tous les quatre ans par la Society of Horticultural Science (ISHS; www.ishs.org). Cette édition 2010 a été l’occasion pour les scientifiques d’élargir leur savoir et d’échanger leurs expériences dans les domaines de la recherche en arboriculture, cultures maraîchères, viticulture, culture de plantes médicinales, aromatiques et ornementales, de même que pour l’entreposage, la transformation des produits et la gestion des chaînes alimentaires afférentes. Plus de 350 cycles de conférences, ateliers et présentations de posters se sont tenus durant une semaine.

48

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 48–49, 2011

Durabilité Les scientifiques ont présenté les développements possibles pour améliorer la durabilité des chaînes agroalimentaires concernées, dans les systèmes de cultures conventionnels, intégrés ou biologiques. Les sujets traités vont de l’économie d’énergie au recyclage des ressources (p. ex. dans les cultures de plantes en pot), en passant par les nouvelles techniques d’application réduisant fortement la consommation de produits phytosanitaires. La sélection est abordée ici pour aider à combiner, parmi les caractères qualitatifs ou quantitatifs des plantes et de leurs produits, ceux qui satisfont au principe de la durabilité. Consommation Par ses choix, le consommateur participe à la décision de ce qui est produit et des méthodes de production. Indi-


Science et horticulture pour tous? Compte-rendu du Congrès international d’horticulture de Lisbonne | Eclairage

rectement, il contribue à orienter la recherche. Le congrès a été l’occasion d’échanger des savoirs dans le domaine de la consommation sous l’angle par exemple des exigences du consommateur et des rapports producteur-consommateur. La Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW a participé de manière déterminante à ces travaux en présentant ses contributions au projet ISAFRUIT (www.ISAFRUIT.org). Les scientifiques suisses ont également brillé avec de nombreuses autres contributions et posters remarquables, à l’exemple de ceux sur les modes de culture durables (IP et Bio), les mesures de la qualité et la gestion d’entreprise. Approche plurithématique? Garder une vision cohérente d’un congrès aussi éclectique et diversifié est certes difficile, mais à la fois stimulant puisque de nombreux spécialistes de renom sont réunis en même temps au même endroit. Les scientifiques se concentrent sur des thèmes spécifiques au sujet desquels ils souhaitent obtenir des informations et des renseignements sur les projets à venir, mais c’est à eux d’entretenir le débat plurithématique en s’intéressant aux disciplines connexes. Le congrès a favorisé cette approche en organisant pour la première fois un «brokerage event» de plusieurs jours. Des contacts sélectifs entre scientifiques et représentants du monde de l’industrie ont permis de mener des discussions sur les transferts de technologie. Dans le cadre de manifestations plénières, les protagonistes ont tenté de dégager une synthèse des principaux résultats obtenus sur différents thèmes d’actualité tels que l’automatisation dans les cultures et les procédés de transformation, les biotechnologies, les nanotechnologies ou encore les effets du changement climatique. Cette nouvelle approche ouvre une voie vers l’interdisciplinarité. Dans les «ateliers» toutefois, l’échange d’idées a souvent manqué de dynamisme, se limitant au cadre des conférences axées sur une seule thématique. Il y a donc encore beaucoup à faire sur le plan méthodologique pour mieux exploiter les occasions de cultiver un véritable échange plurithématique, mais aussi pour favoriser les interactions entre la recherche et la pratique. Un fossé entre recherche et pratique Le mot d’ordre du congrès était Science et horticulture pour tous. Il est en effet important que la recherche se préoccupe de son utilité pour la société. Or, dans de nombreux pays, le fossé entre la recherche et la pratique est encore béant. Dans le domaine de l’irrigation, par exemple, il a été principalement question de «deficit irrigation» ménageant les ressources, mais la mise en pra-

tique de ces techniques ne va pas encore de soi. C’est également le cas de la recherche sur les techniques d’application des produits phytosanitaires et sur l’utilisation de variétés résistantes ou tolérantes aux maladies. Pour voir aboutir les objectifs de la recherche agricole en termes de méthodes culturales durables et de produits sains, il est très important d’impliquer tous les acteurs des filières agroalimentaires, pour que l’échange des connaissances soit efficace et que les idées et les expériences de terrain soient prises en compte. À l’avenir, le programme du congrès devra encore davantage s’inspirer de telles réflexions. L’ISHS tient le cap Le «Council», formé de délégués des 61 pays représentés à l’ISHS, s’est réuni avant le congrès pour prendre connaissance et adopter le rapport du comité. L’ISHS est en parfaite santé. Forte de ses 7500 membres, largement représentée en Europe, en Amérique du Nord et en Océanie, elle continue de croître et commence à prendre pied en Asie, en Amérique latine et, depuis peu, en Afrique. Le président sortant, le Canadien Norman ­Looney, a présenté avec satisfaction des finances saines. L’ISHS est extrêmement active dans le domaine du transfert de savoir, édite diverses séries de publications reconnues, et est également très impliquée dans l’édition numérique (www.pubhort.org). Le comité a été presque entièrement renouvelé, la plupart des membres arrivant au terme de la durée maximale de leur mandat. C’est dorénavant le Portugais Antonio Monteiro qui est à la tête de l’ISHS, conjointement avec des représentants d’Allemagne, du Canada, des États-Unis et de NouvelleZélande. Enfin, le lieu du prochain congrès, qui se tiendra dans huit ans, a été désigné. L’édition 2018 se déroulera à Istanbul, déjà candidate en 2002 et 2006. La candidature conjointe de l’Allemagne et de la Suisse était une première (lieu du congrès: Stuttgart) et a été vivement saluée. Elle est arrivée en 2e place, avant le Brésil, la Thaïlande et le tandem Canada/USA. La présentation de cette candidature Allemagne/Suisse a permis d’attirer l’attention des délégués électeurs issus de 50 pays et de mieux positionner la recherche menée en Allemagne et en Suisse. Cette sensibilisation a déjà commencé à porter ses fruits en contribuant à resserrer les liens entre instituts de différents pays. Espérons que cela profitera aux produits de l’agriculture suisse. n

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 48–49, 2011

49


P o r t r a i t

Christine Flury: bovins, partage du travail et ­beaucoup (trop) d’idées Christine Flury est professeure de génétique animale à la Haute école suisse d’agronomie HESA. Des études d’agronomie à l’EPF de Zurich, un doctorat à l’université de Göttingen ainsi qu’un projet postdoctoral au Kenya l’ont menée à la Haute école de Zollikofen. La jeune chercheuse, spécialiste en sciences animales, y enseigne depuis 2008 et partage son poste avec Sabine ReistMarti. La génétique moléculaire, l’élevage bovin et l’élevage de petits ruminants constituent leurs spécialités. Pour beaucoup d’étudiantes et étudiants, il s’agit là de matières obligatoires… mais heureusement, chaque volée voit naître quelques passions et «C’est cool!» s’exclame Christine Flury. Elle apprécie les échanges individuels avec les étudiant(e)s ainsi que l’encadrement des travaux semestriels et des travaux de Bachelor. Nouvelle ère dans l’analyse du génome Christine Flury s’enthousiasme particulièrement quand elle parle de recherche: «Il faut savoir qu’une nouvelle ère a débuté dans notre domaine». Depuis 2007, le patrimoine génétique du bétail bovin peut être analysé très finement – 50 000 marqueurs SNP à la fois – à un coût relativement bas. La sélection génomique qui en découle va révolutionner l’élevage et il sera possible de répondre à une multitude de questions – c’est comme si un nouveau continent était à découvrir. Christine Flury est spécialisée dans l’analyse de la diversité génétique des races bovines. Elle a étudié deux populations africaines et deux suisses, la race Brune Originale et la race d’Hérens. Elle insiste sur l’importance de la collaboration au sein du groupe spécialisé de la HESA Génétique animale et sciences équines, sous la direction de Stefan Rieder. «L’équipe constitue un terrain fertile pour échanger et développer de nouvelles idées». La race d’Hérens : un exemple concret Cependant, avoir beaucoup d’idées n’est pas toujours facile. En effet, Christine Flury vit non seulement une ère fascinante en tant que chercheuse, elle est également devenue mère d’une petite Selina il y a un an et demi. «Les deux ne se marient pas toujours bien, malgré un emploi du temps parfaitement organisé. Tout à coup, une nouvelle idée émerge et j’ai simplement besoin de temps pour l’approfondir ou alors, je dois la mettre de côté». Christine Flury est consciente d’être très spécialisée dans son domaine mais elle ne veut certainement pas s’y limiter. Elle est bien trop sociable pour cela, et en cinéphile avertie, elle aime se plonger dans des univers

50

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 50, 2011

complètement différents. De retour à ses activités, elle s’est rendue l’été dernier en Valais afin d’effectuer des prélèvements de sang sur des vaches d’Hérens. La vie à l’alpage et l’échange avec les familles étaient les points forts de son séjour. C’est avant tout la relation entre les êtres humains et les animaux qui la stimule dans son travail. Les Valaisans portent un regard complètement différent sur la race d’Hérens, détaché de notions scientifiques. Par exemple, ils savent exactement quelles vaches sont capables de faire des combats de reines… ce qui donne alors de nouvelles idées de recherche à ­Christine Flury. La spécialiste en génétique animale vit vraiment une époque passionnante!

Urs Wehrli, chargé de l’information, Haute école suisse d’agronomie HESA, 3052 Zollikofen, Traduction: Mark Schwass.


A c t u a l i t é s

Actualités Le séminaire de Besançon s’est intéressé au développement régional IALB1 est une plateforme internationale pour l’échange d’informations et d’expériences. Par le biais de séminaires et de congrès, elle offre la possibilité aux vulgarisatrices et vulgarisateurs de rencontrer d’autres collègues, de comparer travail et environnement de travail des uns et des autres, de partager idées et expériences. Cette année, le séminaire IALB s’est tenu du 12 au 15 septembre 2010 en France voisine. Besançon a proposé un programme approprié aux quelques 150 vulgarisatrices et vulgarisateurs venus des quatre coins de l’Europe. Les thématiques abordaient le développement rural dans les régions où les conditions de production agricoles sont difficiles. Vous trouverez de plus amples informations quant à ce 49e séminaire organisé par AGRIDEA (documents du séminaire) sur le site www.ialb.org. Internationale Akademie land- und hauswirtschaftlicher Beraterinnen und Berater

1

AgRAR foRSchung Schweiz RecheRche AgRonomique SuiSSe

Informations actuelles de la recherche pour le conseil et la pratique: Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois par année et informe sur les avancées en production végétale, production animale, économie agraire, techniques agricoles, denrées alimentaires, environnement et société. Recherche Agronomique Suisse est également disponible on-line sous www.rechercheagronomiquesuisse.ch

VEAU

NOU

Commandez un numéro gratuit! Nom / Société Recherche Agronomique Suisse/ Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Les partenaires sont l’office fédéral de l’agriculture ofAg, la haute école suisse d’agronomie de zollikofen heSA, AgRiDeA Lausanne & Lindau et l’ecole polytechnique fédérale de zurich eTh zürich, Department of agricultural and foodscience. Agroscope est l’éditeur. cette publication paraît en allemand et en français. elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

Prénom Rue/N° Code postal / Ville Profession E-Mail Date Signature Talon réponse à envoyer à : Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch www.rechercheagronomiquesuisse.ch

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 51–55, 2011

51


Actualités

Nouvelles publications

Rapport ART no. 734

Evolution économique de l’agriculture suisse en 2009 Rapport principal n° 33 du Dépouillement centralisé des données comptables (série temporelle 2000 –2009) Septembre 2010

Evolution économique de l’agriculture suisse en 2009

Prévenir la grippe chez les veaux à l’engrais

ALP actuel

Prévenir la grippe chez les veaux à l’engrais Fiche technique destinée à la pratique

nº 37 | 2010

Auteur Michel Rérat Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP Tioleyre 4, Case postale 64 CH-1725 Posieux michel.rerat@alp.admin.ch

Auteurs Dierk Schmid et Andreas Roesch, ART dierk.schmid@art.admin.ch, andreas.roesch@art.admin.ch

Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction Regula Wolz, ART Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch ISSN 1661-7576

Le prix du lait a un gros impact sur la situation économique de l’agriculture.

En 2009, la situation économique des exploitations agricoles est moins bonne qu’en 2008. Le revenu agricole se monte à 60 300 francs par exploitation contre 64 100 francs l’année précédente (–6,0 %). Globalement, les hausses et baisses conjuguées des différents postes de prestation brute se traduisent par une légère augmentation de la prestation brute par rapport à l’année précédente (+0,5 %). La chute des prix du lait et l’augmentation des paiements directs en sont les principales causes. Les coûts réels ont augmenté par rapport à l’année précédente (+2,7 %). Le revenu agricole rémunère, d’une part,

446 000 francs de fonds propres investis dans l’exploitation, et d’autre part, le travail des 1,22 unités de main-d’œuvre familiale. Le revenu du travail moyen par unité de main-d’œuvre familiale s’élève à 41 200 francs en 2009 et diminue de 1,3 % par rapport à l’année précédente.

Des résultats détaillés portant sur l’ensemble de l’exploitation se trouvent dans les tableaux des pages 10 à 19.

Editeur: Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP www.agroscope.ch Rédaction: Gerhard Mangold, ALP Mise en page: RMG Design, Fribourg Impression: Tanner Druck AG, Langnau im Emmental Copyright: Reproduction autorisée sous condition d’indication de la source et de l’envoi d’une épreuve à l’éditeur. ISSN 1660-7589

alp actuel 37_fr.indd 1

Rapport ART 734 En 2009, la situation économique des exploitations agricoles est moins bonne qu’en 2008. Le revenu agricole se monte à 60 300 francs par exploitation contre 64 100 francs l’année précédente (–6,0 %). Globalement, les hausses et baisses conjuguées des différents postes de prestation brute se traduisent par une légère augmentation de la prestation brute par rapport à l’année précédente (+0,5 %). La chute des prix du lait et l’augmentation des paiements directs en sont les principales causes. Les coûts réels ont augmenté par rapport à l’année précédente (+2,7 %). Le revenu agricole rémunère, d’une part, 446 000 francs de fonds propres investis dans l’exploitation, et d’autre part, le travail des 1,22 unités de maind’œuvre familiale. Le revenu du travail moyen par unité de main-d’œuvre familiale s’élève à 41 200 francs en 2009 et diminue de 1,3 % par rapport à l’année précédente.

Olivier Bloch ALP

Impressum

Impressum

Dans les lots de veaux, la grippe ou bronchopneumonie représente environ 80% des problèmes de santé rencontrés lors de l’engraissement. Les contraintes techniques liées au mode de production comme une pression infectieuse augmentée par le mélange d’animaux de différentes origines ou le stress durant le transport jouent un rôle majeur dans la propagation d’agents infectieux lors de la mise en lot. Cependant, il est possible de contrôler et de diminuer certains facteurs de risque, ce qui permet une utilisation parcimonieuse des antibiotiques. L’impact économique est principalement dû à la non-vente des animaux morts en cours

d’engraissement. Des efforts sont donc aussi à faire dans la détection précoce des troubles respiratoires afin d’améliorer l’efficacité des traitements entrepris. Une stratégie de prévention de la grippe dans les lots de veaux à l’engrais repose sur quatre points: • optimiser la santé du veau dès la naissance • éviter les erreurs au niveau de la détention • utiliser les antibiotiques de façon ciblée • prévenir à l’aide de la vaccination

30.08.10 10:33

ALP actuel 37 Dans les lots de veaux, la grippe ou bronchopneumonie représente environ 80 % des problèmes de santé rencontrés lors de l’engraissement. Les contraintes techniques liées au mode de production comme une pression infectieuse augmentée par le mélange d’animaux de différentes origines ou le stress durant le transport jouent un rôle majeur dans la propagation d’agents infectieux lors de la mise en lot. Cependant, il est possible de contrôler et de diminuer certains facteurs de risque, ce qui permet une utilisation parcimonieuse des antibiotiques. L’impact économique est principalement dû à la non vente des animaux morts en cours d’engraissement. Des efforts sont donc aussi à faire dans la détection précoce des troubles respiratoires afin d’améliorer l’efficacité des traitements entrepris. Une stratégie de prévention de la grippe dans les lots de veaux à l’engrais repose sur quatre points: ••optimiser la santé du veau dès la naissance ••éviter les erreurs au niveau de la détention ••utiliser les antibiotiques de façon ciblée ••prévenir à l’aide de la vaccination Michel Rérat, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP

52

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 51–55, 2011


pouillement centralisé des données comptaes uniformisées et transparentes. En cette nstituent ainsi une base fiable de classement e rapport de base est utilisé principalement agricole de base et la formation continue en tant que source d’informations ou de base

t principal sous forme d’un Rapport ART de pport de base. Les principaux thèmes y sont hiques et de tableaux.

et en français et peuvent faire l’objet d’un nique. Le rapport principal sous forme d’un r le site internet (www.agroscope.ch).

Dépouillement centralisé des données comptables | Rapport de base 2009

s des branches de production. Le rapport ournissent des «prestations écologiques reqogiques.

Rapport de base 2009

Animaux consommant des FG UGBFG présents UGBFG présents/SAU Surface fourragère principale (SFP) Surface fourragère principale/UGBFG prés. Part d. prairies temporaires ds la SFP Part d. prairies perman., pâturages ds la SFP

RGVE RGVE RGVE/ha ha a/RGVE % %

32.9 31.6 1.24 18 57 31 55

31.2 30.2 1.21 17 58 31 56

33.2 31.9 1.24 18 57 31 55

34.2 32.6 1.26 19 57 32 55

mémento agricole 2011

Mémento agricole 2011

30.1 28.7 1.20 17 58 32 52

Dépouillement centralisé des données comptables

Rapport de base 2009 Dunja Dux et Dierk Schmid

Agroscope Reckenholz-Tänikon ART

de référence détaillé sur la situation économent les résultats du dépouillement centralisé présente les résultats portant sur l’ensemble main-d’œuvre, l’utilisation des sols, les effecréels, la production, le bilan, la prestation

Actualités

Le rapport de base est un ouvrage de référence détaillé sur la situation économique de l’agriculture suisse. Le ­rapport contient les résultats du dépouillement centralisé des données comptables. La première partie présente les résultats portant sur l’ensemble de l’exploitation concernant la famille et la main-d’oeuvre, l’utilisation des sols, les effectifs d’animaux, l’intensité, le rendement de réels, la production, le bilan, la prestation brute, les coûts et les résultats principaux. La deuxième partie comprend les résultats des branches de production. Le rapport présente les résultats des exploitations qui fournissent des «prestations écologiques requises» ainsi que ceux des exploitations biologiques. Les chiffres indiqués chaque année par le dépouillement centralisé des données comptables sont obtenus sur la base de méthodes uniformisées et transparentes. En cette époque de mutation des structures, elles constituent ainsi une base fiable de classement quantitatif des modifications importantes. Le rapport de base est utilisé principalement pour la vulgarisation agricole, la formation agricole de base et la formation continue en agriculture ainsi que pour la recherche en tant que source d’informations ou de base pour des calculs ultérieurs. Pour la deuxième fois, ART publie le Rapport principal sous forme d’un Rapport ART de 16 pages. Ce rapport vient compléter le Rapport de base. Les principaux thèmes y sont représentés en détails sous la forme de graphiques et de tableaux. Les deux rapports paraissent en allemand et en français et peuvent faire l’objet d’un abonnement sous forme papier ou électronique. Le rapport principal sous forme d’un Rapport ART est disponible gratuitement sur le site internet (www.agroscope.ch).

En Suisse romande, le mémento agricole, pendant du Wirz Kalender, est très répandu. Ce document fournit une foule de renseignements utiles et pratiques pour l'agriculteur. Le Mémento agricole 2011 est divisé en 5 chapitres: la culture des plantes, la production animale, la gestion d'entreprise (contributions, finances et prix). En outre, il y a aussi un chapitre divers, un répertoire d’adresses et bien sûr l’agenda 2011. La rédaction se trouve à AGRIDEA Lausanne. Pour commander le mémento agricole et son agenda 2011 (Fr. 22.– + frais de port): AGRIDEA, Case postale 128, 1000 Lausanne 6, tél +41 21 619 44 70, www.agridea-lausanne.ch

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 51–55, 2011

53


Actualités

Moem C dm i e un nmi iqtut é e isl ud ne gperne s s e

www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen www.agroscope.admin.ch/communiques 13.12.2010 22.09.2010 / ART / ACW Le Im soja Netzdans der Pilze l’alimentation animale

24.11.2010 / ART Ecologique et rentable

Zürich Depuisist lazur crise Pilzhauptstadt de la vache der folleSchweiz en 1996, avanciert. des nouvelles Heute wurde sources végétales, am Stadtrand dont die les fourrages erste nationale dérivés du Sammlung soja, ont unterirdischer remplacé les farines Knäuelpilze et les eröffnet. graissesPilzfäden animaleshalten dans das les Leben rationsauf desder animaux Erde zusammen. d’élevage en Denn Europe. sie liefern Cependant, Bäumen, le Gräsern soja cru contient und Nutzpflanzen un inhibiteur überlebenswichtige thermolabile qui limite Nährla capacité stoffe. Wegen de l’animal ihrer enormen à utiliser Bedeutung les protéines für das de Ökosysla fève. tem Dernièrement, eröffnete heute les sélectionneurs die landwirtschaftliche de la Station Forschungsde reanstalt cherche Agroscope AgroscopeReckenholz-Tänikon Changins-Wädenswil ART ACW die erste ont obtenu nationale par Sammlung voie conventionnelle der so genannten des nouvelles Knäuelpilze, lignées eine Gruppe dans lesquelles der Mykorrhizapilze. la concentration de cet inhibiteur est réduite : cette approche variétale est moins coûteuse et 19.09.2010 / SNG plus écologique que les procédés industriels de destrucEquus – Ein weiterer Grosserfolg für das tion de helveticus cet inhibiteur.

Les analyses cycles de vie deaktuellen cent exploitations agrineben vielendeangesprochenen Themen auch coles suisses montrent qu’ilvorgestellt est possible de produire dans zahlreiche Aprikosensorten werden. Agroscope le respect de l’environnement tout en bons ACW bewertet an ihrem Standort in réalisant Conthey de derzeit revenus. 120 Aprikosensorten, die in der Zeit von Mitte Juni bis Ende September geerntet werden können.

Schweizer Pferd Die 07.12.2010 zweite Ausführung / ACW des neuen Pferdefestivals Equus La banquezog dewährend gènes nationale ACW helveticus vier Tagend’Agroscope (16. – 19. September Année 2010,Personen année internationale la biodiversité ! La 2010) 20 000 an und war einde Grosserfolg. Familien, biodiversité a de nombreux visages et concerne Reiter und Züchter aus der ganzen Schweiz und demaussi Ausbien bewunderten la flore et la faune que les mousses, lichens, existiechamland über 1000 Pferde in sämtlichen pignons, et autre. Un élément important de la biodiverrenden Pferdesportund Pferdezuchtdisziplinen. Das Pfersité est la conservation des anciennes variétés de plantes defestival Equus helveticus bescherte Avenches ein cultivées dans des banques de gènes. Sans la collecte einmaliges Wochenende. effectuée depuis des décennies et la mise en conserva16.09.2010 / ART tion dans ces banques de gènes, ces anciennes variétés Ammoniak Ställen auf der Spur auraient été aus perdues pour toujours. Laufställe sind bedeutende Quellen von Ammoniak. Jetzt 03.12.2010 / ART dass Ammoniakemissionen im Sommer zeigen Messungen, Des microbes en bouteille? besonders hochutiles sind. Kühe produzieren eine Menge Kot «Microorganismes efficaces» – tel est nom d’un pround Harn, die oft mehrere Stunden aufleden Laufflächen duit commercial contenant 80 microorganismes liegen. Dabei entweicht Ammoniak. Das Problem:difféDer rents censés améliorer fertilité du sol et la croissance Landwirtschaft geht viellawertvoller Stickstoffdünger verlodes plantes. d‘Agroscope toutefois ren, weil er Une sich étude buchstäblich in dieART Luftn’a verflüchtigt. révélé aucun Ammoniak in effet. der Atmosphäre kommt schliesslich mit dem Regen auf die Erdoberfläche und belastet dort als 02.12.2010 / ALPempfindliche Ökosysteme. Stickstoff¬dünger

De la lumière dans la jungle du lait 13.09.2010 / ACW Consommatrices et consommateurs sont parfois perdus Agroscope ACW bewertet 120 Aprikosensorten, die face à la multitude de termes concernant les technolozwischen Juni und September geerntet wurden gies utilisées pour conserver le lait inscrits sur les berlinDas vom de 6 bis 8. August in Saxon hat gots.Aprikosenfest Une publication la station de2010 recherche Agrosviele Menschen angelockt. diesem Rahmen hat cope tausend Liebefeld-Posieux ALP aideIndésormais à mieux das kantonaleces Amt für Obstbau im Wallis in Zusammenarcomprendre expressions. beit mit der Forschungsanstalt Agroscope ChanginsWädenswil ACW einen gemeinsamen Informationstag organisiert. Anlässlich dieser Veranstaltungen konnten

54

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 51–55, 2011

19.11.2010 / ACW Création 09.09.2010 / ART du Forum vitivinicole suisse Berne, Identitäts-Chip le 19 novembre am Ohr2010 – C’est ce matin que pluDas sieursLeben organisations eines Schweins vitivinicoles könnte suisses in Zukunft ont porté von sur der les fronts Geburtbaptismaux bis zur Schlachtung le forummittels vitivinicole elektronischen suisse (FVVS). OhrmarCe ken rückverfolgt dernier proposewerden. aux différents Die Technologie acteursdazu actifs muss dans noch la entwickelt recherche, werden. la formation continue ou encore la vulgarisation une plateforme d’échange non seulement entre eux 31.08.2010 / ART mais également avec les professionnels de la branche Landwirtschaftliche sinkende2009 vitivinicole. Le forumEinkommen réunit la Station recherche Die wirtschaftliche Situation der landwirtschaftlichen Agroscope Changins-Wädenswil (ACW), Agridea, l’Ecole Betriebe ist 2009 weniger gut als 2008.l’Union SowohlSuisse das landd’Ingénieurs de Changins, Bio-Suisse, des wirtschaftliche Einkommen je Betrieb alsLes auch der Arbeitsœnologues (USOE) ainsi que Vitiswiss. responsables verdienst je de Familienarbeitskraft gehen zurück. Dies zeigen cantonaux la viticulture y ont un statut d’invités perdie definitiven Ergebnisse der Zentralen Auswertung von manents. Buchhaltungsdaten der Forschungsanstalt Agroscope 11.11.2010 / HNS ART. 2009 beträgt das landwirtschaftReckenholz-Tänikon ® Nouvelle formation Equigarde Compact liche Einkommen je Betrieb 60 300 Franken gegenüber Le Haras national suisse HNS lanceDer undurchschnittliche nouveau cours 64 100 Franken im Vorjahr (-6,0 %). reconnu par l’Office vétérinaire fédéralsinkt OVF.im LeVergleich cycle de Arbeitsverdienst je Familienarbeitskraft formation élevage détention de 41 200 chevaux «Equizu 2008 um en 1,3 % (von 41et700 Franken auf Franken). garde® Compact» dure sept jours et débutera dès le printemps prochain au HNS à Avenches.


Actualités

Manifestations

Liens Internet

2011: Année de la chimie www.chimie2011.ch «Chimie – notre vie, notre avenir» est le thème sous lequel l’Année internationale de la chimie (IYC2011) entend ­évoquer les acquisitions et l'importance de la chimie. La chimie n'est pas seulement une clé pour comprendre la nature, mais elle a souvent aussi une utilité pratique. Derrière nombre de choses que nous apprécions et utilisons dans la vie de tous les jours se cachent des composés et réactions chimiques. L'année 2011, 100e anniversaire de l'attribution du prix Nobel de chimie à Marie Curie, sera également l'occasion de célébrer la contribution des femmes à la science.

Dans le prochain numéro Février 2011 / Numéro 2 L’activité de rumination est considérée comme un paramètre important pour l’identification précoce des problèmes de métabolisme chez les vaches laitières. Le centre spécialisé dans la détention convenable des ruminants et des porcs à la Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART a développé un nouveau capteur de mastication en collaboration avec l’entreprise MSR Electronics.

•• Mesure automatique des mouvements de rumination ­ à l’aide d’un capteur de pression, F. Nydegger ­ et al. ART ••Acceptation de nouvelles variétés de pommes par des consommateurs suisses-allemands et suisses-romands, F. Decurtins et al. ACW ••Evolution des populations d'oiseaux nicheurs dans les zones agricoles (1990–2009), S. Birrer et al. Station ornithologique suisse ••ENDURE – le réseau européen pour une stratégie efficace de protection des plantes, F. Bigler et al. ART ••Lutte alternative contre la moisissure rose des neiges (Microdochium nivale) dans le blé biologique, H. Krebs et al. ART ••Amélioration foncière intégrale: multifonctionnelle et durable, K. Bovigny-Ackermann BLW ••Listes recommandées des variétés de soja, tournesol et pois protéagineux pour la récolte 2011

Janvier 2011 13. – 16.01.2011 Agroscope à Swiss'Expo 2011 Stations de recherche Agroscope ACW, ALP et ART Lausanne 22.01.2011 Journée d’information Haute école suisse d’agronomie HESA Zollikofen Informations: www.shl.bfh.ch 27.01.2011 ART-Tagung 2011 Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Zürich-Reckenholz 27. – 29.01.2011 Frauen in der Landwirtschaft - Aktuelle Debatten aus Wissenschaft und Praxis ART, GIUB, SHL, Agridea Bern Février 2011 04.02.2011 Journée Agriculture Agroscope Changins-Wädenswil ACW Changins 24. – 27.02.2011 Agroscope à Tier & Technik Forschungsanstalten Agroscope ACW, ALP et ART St. Gallen 25.02.2011 9. Schweizer Obstkulturtag 2011 ACW, Agridea, NWW, Obstverbände SG und TG, SKOF, SOV, Swisscofel St. Gallen Mars 2011 03.03.2011 Unsere Saatgutproduktion – fit auch in der Zukunft Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Zürich-Reckenholz 23. – 24.03.2011 3. Tänikoner Melktechniktagung Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon

Informations: Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen www.agroscope.admin.ch/manifestations

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 51–55, 2011

55


Haute école spécialisée bernoise Haute école suisse d’agronomie HESA

Venez voir !

Journée d’information, 22 janvier 2011 www.shl.bfh.ch bachelor en technologie alimentaire formation diversifiée Food Science & Management

bachelor en foresterie seule filière de foresterie en Suisse

bachelor en agronomie par exemple avec spécialisation en sciences équines

master en Life Sciences sciences appliquées agronomiques et forestières

Donnerstag, 27. Januar, 9.30 Uhr

ART-Tagung 2011 Ergebnisse der Freilandversuche mit gentechnisch verändertem Weizen – im Rahmen des NFP 59

Themenblöcke • Ein steiniger Weg? • Verbesserte Mehltauresistenz: Was zeigen uns die Feldversuche? • Gibt es unerwünschte Auswirkungen auf Organismen? • Auskreuzung: Was konnte beobachtet werden? • Zukunft der Pflanzen-Biotechnologie in der Schweiz

Ort und Zeit Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Vortragssaal, Reckenholzstrasse 191, CH-8046 Zürich Donnerstag, 27. Januar 2011, 9:00 bis 17:00 Uhr

> siehe Flyer unter: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen

Anmeldeschluss: Sonntag, 16. Januar 2011

Nutzen Nutzenund undRisiken Risikender derFreisetzung Freisetzunggentechnisch gentechnischveränderter veränderterPflanzen Pflanzen Nationales NationalesForschungsprogramm ForschungsprogrammNFP NFP59 59

Anmeldung und Auskunft: Ursula Kläger, Agroscope ART, Postfach, CH-8046 Zürich, Telefon +41 44 377 72 26; ursula.klaeger@art.admin.ch


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.