Recherche Agronomique Suisse 2 0 1 1
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N u m é r o
Agroscope | OFAG | HESA | AGRIDEA | ETH Zürich
F é v r i e r
Production animale Mesure automatique des mouvements de rumination
Page 60
Environnement Evolution des populations d'oiseaux nicheurs dans les zones agricoles
Page 66
Production végétale Lutte alternative contre la moisissure des neiges dans le blé biologique
Page 88
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Sommaire Février 2011 | Numéro 2 L’activité de rumination est considérée comme un paramètre important pour l’identification précoce des problèmes de métabolisme chez les vaches laitières. Le groupe de recherche bâtiments, animaux et travail de la Station de recherche Agroscope Reckenholz- Tänikon ART a développé un nouveau capteur de mastication en collaboration avec l’entreprise MSR Electronics. (Photo: Olivier Bloch, ALP) Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
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Editorial
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Production animale
Franz Nydegger, Lorenz Gygax et Wendelin Egli Environnement 66 Evolution des populations d'oiseaux
nicheurs dans les zones agricoles de 1990 à 2009 Simon Birrer, Markus Jenny et Niklaus Zbinden Production végétale 72 ENDURE – un réseau pour la protection
durable des cultures en Europe
Editeur Agroscope Partenaires b A groscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux ALP et Haras national suisse HNS; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART) b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne b Haute école suisse d’agronomie HESA, Zollikofen b Centrales de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Department of agricultural and foodscience
Franz Bigler, Ursula Aubert, Pierre-Henri Dubuis, Frank Hayer, José Hernandez-Rivera, Gabriele Mack, M ichael Meissle, Patrik Mouron, Andreas Naef et Jörn Strassemeyer Production végétale 80 Tests consommateurs avec nouvelles
variétés de pommes en Suisse alémanique et en Suisse romande
Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope LiebefeldPosieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch
Felix Decurtins, Claudia Good, Christine Brugger, Lucie Franck et Markus Kellerhals Production végétale 88 Lutte alternative contre la moisissure des
neiges (Microdochium nivale) dans le blé biologique
Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Gerhard Mangold (ALP et HNS), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HESA), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich) Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou info@rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch
esure automatique des mouvements M de rumination par capteur de pression
Heinz Krebs, Irene Bänziger, Robert J. Legro et Susanne Vogelgsang Eclairage 96 Amélioration foncière intégrale:
multifonctionnelle et durable Karin Bovigny-Ackermann 98
Actualités
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Manifestations
Listes variétales Encarts Listes recommandées des variétés de soja
et pois protéagineux pour la récolte 2011
ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse
Christian Streit et Jürg Hiltbrunner L iste recommandée des variétés
de tournesol pour la récolte 2011 Didier Pellet
© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Indexé: Web of sience, CAB Abstracts, AGRIS Berner Fachhochschule Haute école spécialisée bernoise Schweizerische Hochschule für Landwirtschaft SHL Haute école suisse d’agronomie HESA
Editorial
Repenser le monde – innovation systémique Chère lectrice, cher lecteur,
Urs Gantner, Office fédéral de l’agriculture OFAG
«Toujours plus de la même chose» – le psychologue et philosophe Paul Watzlawick entend par là le fait de s’accrocher à des solutions qui, à un moment donné, ont été satisfaisantes, ont mené au succès, ou tout simplement qui étaient les seules envisageables, mais qui précisément ne le sont plus. Pour illustrer son propos, il raconte l’histoire d’un homme qui perd sa clé la nuit sur le chemin qui le conduit à la maison et qui, en dépit de ses tentatives infructueuses, limite sa recherche au cercle éclairé par le lampadaire. Lorsqu’on lui pose la question s’il a perdu sa clé à cet endroit, il répond: «Non, là-bas derrière, mais il y fait beaucoup trop sombre.» «Toujours plus de la même chose» peut être appliqué à notre monde technique. Des ordinateurs et des machines toujours plus rapides, des voitures toujours plus puissantes, des portables toujours plus multifonctionnels. Comme la recherche d’innovations se fait toujours sous le même projecteur, nous n’avançons pas vraiment. «Toujours plus de la même chose» n’est pas non plus vraiment innovant. Mais on utilise le plus souvent ce terme «innovation» pour un développement linéaire de ce qui est déjà connu. Or, c’est une autre question qui est décisive lorsque nous parlons d’innovation: estelle utile aux clients? Replacer les besoins des clients au centre L’innovation dite systémique ne se réfère pas aux structures ou solutions techniques prédéfinies, mais adopte le point de vue du client, du marché. Que veut le client? Comment pouvons-nous lui être utiles? Ce n’est plus la technique qui est prioritaire, mais l’interconnexion des besoins des clients. Trois dimensions passent donc au premier plan: les êtres humains, les infra structures et les technologies. L’innovation systémique se focalise sur les besoins individuels de l’être humain, comme la réalisation de soi, le bien-être, les contacts sociaux ou l’accès à la formation et au savoir, de même que la possibilité de financer ces besoins. Les infrastructures doivent être adaptées à ces besoins individuels de l’être humain. Les technologies servent à développer les infrastructures. Le chip, le matériau, la microélectronique, etc., sont toujours nécessaires à cette fin. Ces produits de base doivent être constamment améliorés, mais ils perdront en importance sur le marché, car ils seront produits comme modules quelque part dans le monde. C’est la combinaison de ces modules qui sera importante. A cet égard, la réussite sur le marché ne résultera pas surtout de la technologie, mais de son application orientée vers la clientèle. Innovation systémique au bénéfice de l'être humain L’innovation systémique ne peut être réalisée que lorsque le savoir et l’action sont reliés aux nouveaux systèmes globaux ou à leurs applications. Par exemple: un morceau de viande que vous mettez au four et qui «saurait» d’emblée combien de temps il doit y rester grâce à un code barre. Il s’agit de structurer les innombrables informations pour produire du savoir utilisable. En effet, l’innovation systémique vise à mettre le savoir au service du client ou de l’utilisatrice.
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P r o d u c t i o n
a n i m a l e
Mesure automatique des mouvements de rumination par capteur de pression Franz Nydegger1, Lorenz Gygax 2 et Wendelin Egli3 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen 2 Centre spécialisé dans la détention convenable des ruminants et des porcs, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen 3 MSR Electronics GmbH, 8444 Henggart Renseignements: Franz Nydegger, e-mail: franz.nydegger@art.admin.ch, tél. +41 52 368 33 16
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troubles du métabolisme comme l’acidose de la panse aiguë ou subaiguë en cas de réduction des temps de mastication et de rumination. L’activité de mastication, de rumination et d’alimentation est un paramètre important de la digestion et du métabolisme dont la valeur est hautement significative. C’est pourquoi l’enregistrement automatique de l’activité de mastication et de rumination peut indiquer très tôt des erreurs d’alimentation chez les ruminants et faciliter l’adaptation de la ration. Les appareils disponibles sur le marché ne conviennent pas pour l’utilisation dans des stabulations libres avec cornadis autobloquants ou ne permettent pas de saisir les mouvements individuels de mastication. C’est la raison pour laquelle ART a développé un nouveau capteur de mastication en collaboration avec l’entreprise MSR Electronics, la Haute école zurichoise de sciences appliquées (ZHAW) et la station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP.
Matériel et méthodes
Mesurer l'activité de rumination permet un dépistage précoce des problèmes de métabolisme.
Introduction L’augmentation du rendement dans les troupeaux de vaches laitières se traduit par un recours accru à des aliments concentrés. Dans la conservation du fourrage de base, l’ensilage est broyé très finement dans le but d’obtenir une meilleure densification. Ce procédé peut entraîner une baisse des composants structurels de la ration et par conséquent, une réduction de l’activité de mastication et de rumination. Une part élevée d’hydrates de carbone fermentescibles peut conduire à des
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Description et fonctionnement Le nouveau capteur de mastication permet de mesurer l’activité de mastication sur l’animal sans gêner le comportement naturel de ce dernier (fig. 1). L’unité de mesure est intégrée dans un licol. Elle se compose d’une sonde placée dans une bride nasale (SBN) et d’un enregistreur MSR 145. La SBN comporte un tuyau en silicone rempli d’huile végétale et un capteur de pression intégré. Elle est placée dans une enveloppe protectrice au-dessus du nez de la vache. La cambrure de la bride nasale varie en fonction des mouvements de la mâchoire de la vache, ce qui entraîne une modification de la pression dans le tuyau en silicone. Le capteur de pression est relié à l’enregistreur MSR par un câble. L’enregistreur se trouve dans la poche protectrice sur le côté gauche du licol. Il enregistre la pression dans la SBN à une fréquence de 10 Hertz. L’enregistreur utilisé peut sauvegarder environ 2 millions de mesures, ce qui suffit pour une durée d’enregistrement
Résumé
Mesure automatique des mouvements de r umination par capteur de pression | Production animale
Figure 1 | Le set de mesure se compose d’un capteur de pression et d’un enregistreur de données (MSR145) placés dans une doublure et une poche sur la bride nasale du licol. (Photos: ART)
d’environ 40 heures. Le début et la fin de l’enregistrement peuvent être programmés avec le logiciel de liaison dans l’enregistreur. La transmission des données au PC se fait par liaison USB avec le logiciel MSR Reader. Mise en valeur des données Pour les besoins de l’évaluation, un logiciel d’analyse des enregistrements a été développé par Andreas Scheidegger (ZHAW). Le comportement de la vache est divisé en quatre groupes sur la base des données de pression mesurées: «Rumination», «Alimentation dans l’étable», «Pâture» et «Autres activités».
L’activité de rumination est considérée comme un paramètre important, non invasif, pour l’identification précoce des problèmes de métabolisme chez les ruminants. Les capteurs de rumination traditionnels présentent des inconvénients notamment en cas d’utilisation à l’intérieur de l’étable. Le nouveau capteur de rumination développé par ART comprend une sonde placée dans une bride nasale composée d’un tuyau rempli de liquide et d’un capteur de pression, un enregistreur de données et le logiciel nécessaire à la mise en valeur. Les données sont transmises au PC par une interface USB. A partir de fichiers de référence, le logiciel d’analyse des résultats attribue les mouvements de mastication aux différentes activités «Rumination», «Alimentation» et «Autres activités». La validation a montré que les appareils fonctionnaient de manière fiable et que le niveau de concordance entre l’évaluation optique et l’évaluation automatique était très élevé. Le capteur de rumination ART convient pour la recherche et la vulgarisation. Des développements supplémentaires sont en cours de réalisation afin de pouvoir l’utiliser plus largement dans la pratique.
Création de fichiers de référence Le logiciel MSR-Viewer permet un premier repérage des courbes de pression. Optiquement, les courbes de pression des différentes activités se distinguent bien à l’écran. La personne qui procède à l’évaluation crée des fichiers de lecture des quatre activités (d’une durée d’environ dix minutes) pour chaque dossier. Elle les enregistre et inscrit les noms des dossiers dans un tableau de commande, auquel le logiciel aura accès pour l’évaluation. t. min
Classement des données de pression Comme les données de pression forment une série temporelle, il faut d’abord réunir les «objets» appropriés pour le classement et les décrire à l’aide de variables. Les objets sont d’abord classés qualitativement selon les différents mouvements de mastication. Puis la classification peut être étendue aux séquences correspondant aux mouvements de mastication identifiés. L’évaluation identifie d’abord le mouvement de mastication concerné. Dans la présente étude, un mouvement de mastication se comprend comme un mouvement net de la mâchoire, qui apparaît sous la forme d’un pic dans la courbe de pression. L’identification se fait
c
a
d Médiane glissante + ampl. min. Médiane glissante
e
b ampl. min
Figure 2 | Détermination des mouvements de mastication. Selon le premier critère de l’amplitude minimale (ampl.min), le pic b ne peut pas être considéré comme un mouvement de mastication. Comme l’intervalle temporel entre les pics c et d est inférieur à l’intervalle minimal (t.min), seul le pic le plus important est reconnu comme mouvement de mastication. Pour le pic e , c’est la distance par rapport au pic c qui est déterminente.
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Production animale | Mesure automatique des mouvements de r umination par capteur de pression
Alimentation dans l'étable
Autres activités
Pression (mbar)
Pression (mbar)
Pression (mbar)
Pression (mbar)
Rumination
Figure 3 | Enregistrement et analyse de l’activité de rumination et d’alimentation d’une vache pendant 22 heures.
comme l’a décrit Rutter (1997) pour le logiciel Graze 0,8. Pour qu’un pic soit reconnu comme mouvement de mastication dans la courbe de pression, deux conditions doivent être remplies (fig. 2) : 1. L’amplitude du pic doit être suffisamment grande. Une médiane glissante est posée à travers les données de pression. Pour ce faire, on prend pour chaque point la médiane des 101 points voisins comme valeur de lissage (sur les bords, la largeur est de plus en plus réduite, afin qu’une valeur puisse être calculée là aussi). Tous les pics isolés doivent se situer au moins 25 millibars au-dessus de la médiane glissante, pour pouvoir être reconnus comme mouvement de mastication. 2. L’intervalle entre deux pics ne doit pas être inférieur à 0,6 secondes. Lorsque deux pics remplissent la condition 1, mais sont trop proches l’un de l’autre, seul le plus grand des deux est reconnu comme mouvement de mastication. Les mouvements de mastication consécutifs forment un bloc. On part du principe qu’une vache ne peut pas exercer différentes activités pendant un bloc. Lors de la rumination, les mouvements de mastication d’un bolus forment chacun un bloc qui se délimite selon les règles suivantes (fig. 2): 1. Tous les mouvements de mastication qui se suivent à moins de 0,3 secondes d’intervalles font partie du même bloc.
2. Un bloc doit comprendre au moins 10 mouvements de mastication. Lorsqu’un bloc présente moins de mouvements de mastication, ces derniers ne sont attribués à aucun bloc. Pour pouvoir classer les mouvements de mastication, leur environnement est décrit à l’aide de treize variables. Il s’agit par exemple de l’amplitude de variation des vingt mouvements de mastication précédents et des vingt suivants, de la variabilité de la courbe de pression dix secondes avant et dix secondes après le mouvement de mastication, de la régularité de fréquence de mastication, etc. Validation du logiciel d’évaluation Afin de contrôler l’évaluation des activités à l’aide du logiciel, des mesures ont été effectuées avec quatre rations et deux groupes d’animaux de 12 à 15 vaches laitières. Fichiers de référence Dans un premier temps, nous avons vérifié si un fichier de référence pouvait être utilisé à plusieurs reprises. Pour ce faire, nous avons comparé une courbe de pression quotidienne, classée par différents fichiers de référence pour les cas suivants: ••Deux fichiers de référence différents d’un même animal pour un même jour.
Tableau 1 | Exemple de résultats de l’activité de mastication Groupe
Vache
Date
Fourrage
Nr. G2
62
2
23.03.09
Maïs
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Rumination
Alimentation
Durée (min)
Boli (nbre)
Mouvements de mastication (nbre)
447,1
476
28 127
Durée (min)
Mouvements de mastication (nbre)
307,6
18 812
Mesure automatique des mouvements de r umination par capteur de pression | Production animale
Mouvements de mastication, alimentation
A DMM %
25
10
-5
Figure 4 | Pourcentage d’écart des mouvements de mastication évalués automatiquement (A DMM %) par rapport à la valeur saisie optiquement pour l’alimentation dans l’étable.
••Deux fichiers de référence différents d’un même animal pour deux jours différents. ••Deux fichiers de référence différents de deux animaux différents avec la même ration de fourrage. ••Deux fichiers de référence différents de deux animaux différents avec une ration de fourrage différente. ••Utilisation d’un fichier de référence standard pour les autres activités. Comparaison entre l’évaluation optique et automatique Sur 145 fichiers de mesure, 60 échantillons de cinq minutes chacun ont été prélevés au hasard. Les échantillons ont ensuite été soumis à une évaluation optique à l’aide du MSR-Viewer et à une évaluation automatique. Les paramètres évalués sont les suivants: concordance de l’attribution des activités, mouvements de mastication dans l’échantillon pour l’activité «Affourragement à l’étable» et nombre de mouvements de mastication par bolus lors de la rumination.
Résultats Mesure de l’activité de mastication Les résultats d’une phase de mesure sont restitués dans un fichier texte et sous forme graphique. Les résultats reflètent les mouvements de mastication et leur attribution aux activités «Rumination», «Alimentation» et «Autres activités». La durée de rumination, le nombre de boli, la durée d’alimentation et le nombre de mouvements de mastication pendant l’alimentation sont également calcu-
lés. Ces données permettent d’obtenir le nombre moyen de mouvements de mastication par bolus (tabl. 1). Les résultats sont aussi présentés sous forme graphique (fig. 3). Validation de l’évaluation Afin de contrôler l’évaluation des activités à l’aide du logiciel, des mesures ont été effectuées avec quatre rations sur deux groupes d’animaux de 12 à 15 vaches laitières. Dans un premier temps, la possibilité d’utiliser un fichier de référence à plusieurs reprises a été vérifiée. Pour ce faire, une courbe de pression quotidienne, classée par différents fichiers de référence a été comparée. Les résultats ont montré que tous les individus peuvent être classée avec un seul fichier de référence pour les «autres activités». Il n’est toutefois pas possible d’évaluer tous les individus différents à l’aide d’un seul jeu des données de référence. A chaque mesure, il faut donc créer des fichiers de référence pour identifier l’alimentation et la rumination de chaque individu. Dans un deuxième temps, une comparaison a été faite entre évaluation optique et évaluation automatique. Le premier critère était la correspondance entre le classement des comportements par évaluation automatique et le classement par évaluation optique. L’attribution des activités à l’aide de l’évaluation automatique était correcte dans tous les cas (tabl. 2). Le deuxième critère était la différence entre les mouvements de mastication (MM) comptés optiquement et ceux comptés automatiquement. La différence est indiquée en pourcentage de la valeur saisie de manière optique. Différence en pourcentage (A DMM %) = MM opt. – MM aut. / MM opt. * 100 Pour l’alimentation dans l’étable, la moyenne des écarts est de 12,0 % sur une plage de +31,4 à - 1,91 % avec un écart-type de 9,0 % (fig. 4), la surestimation étant indépendante de la valeur absolue (fig. 5). La moyenne des écarts entre le décompte optique et le décompte automatique du nombre de mouvements de mastication par bolus est de - 0,24 %, dans une plage de +1,09 à - 2,36 % (fig. 6) avec une bonne concordance des deux méthodes (fig. 7). Tableau 2 | Comparaison du classement des activités par évaluation optique et automatique dans l’échantillon (environ 5 minutes). Saisie automatique Alimentation
Rumination
Autre activité
Alimentation
18
0
0
Rumination
0
16
0
Autre activité
0
0
26
100
100
100
Activité Saisie optique
Correct %
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63
Production animale | Mesure automatique des mouvements de r umination par capteur de pression
La concordance des mouvements de mastication lors de l’alimentation peut être considérée comme suffisante, d’autant qu’il est encore possible d’affiner les paramètres de réglage dans le logiciel d’évaluation.
Mouvements de mastication par bolus, rumination
0,5
Des appareils de mesure de la rumination de type IGER (Institute of Grassland and Environmental Research) ont été utilisés pour les besoins de la recherche dans différents essais en Suisse comme à l’étranger (Rutter, 1997). Ces appareils étaient souvent endommagés lorsque les vaches séjournaient dans l’étable, gênaient les vaches à l’entrée et à la sortie du cornadis et la durée d’enregistrement était limitée à 24 heures. D’autres systèmes existent tels que le Vocal-Tag pour saisir la durée et le rythme de rumination (Ungar, 2005; Schirmann, 2009) et le système WAS décrit par Scheibe (2006) qui peut saisir différents comportements d’animaux en liberté (que l’animal soit debout, en marche, ou en train de paître ou de ruminer) et transmettre les données sans fil jusqu’à 200 mètres. Toutefois, ces deux systèmes ne peuvent pas fournir d’informations sur le nombre de mouvements de mastication par bolus ou pendant l’alimentation. Ils ne conviennent donc pas pour l’analyse détaillée du comportement de mastication.
Conclusions Le capteur de rumination développé par ART présente de nets avantages par rapport aux appareils IGER sur le plan du confort pour l’animal et de la manipulation pour l’opérateur. Les appareils ART ont fonctionné de manière fiable et sans panne pendant toute la durée de l’essai à raison d’environ 25 mesures pendant 24 heures par
R DMM %
Discussion
-1
-2,5 Figure 6 | Pourcentage d’écart entre les mouvements de mastication par bolus évalués automatiquement par rapport à la valeur saisie optiquement (R DMM %).
appareil. La capacité de sauvegarde des enregistreurs MSR 145 suffit pour environ 40 heures et convient donc parfaitement pour les mesures sur toute une journée d’affourragement. Les enregistreurs plus récents du même fabricant (MSR) avec carte-mémoire ont une capacité nettement plus importante et permettent des enregistrements sur plusieurs jours. La validation a montré que la concordance entre l’évaluation automatique de l’activité de mastication notamment lors de la rumination (mouvements de mastication par bolus) répondait à des exigences élevées. La concordance est un peu moins bonne pour l’évaluation des mouvements de mastication lors de l’alimentation, mais elle peut être considérée comme suffisante, d’autant qu’il est encore possible d’affiner les paramètres de
80 Mouvements de mastication, contrôle automatique [n]
Mouvements de mastication, contrôle automatique [n]
1200 1000 800
[n]600
200
Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 60–65, 2011
65 60
40 1200
Figure 5 | Relation entre le décompte optique (axe des x) et le décompte automatique (axe des y) pour le nombre de mouvements de mastication par échantillon lors de l’alimentation (points, ligne en pointillés) par rapport à la droite y = x (en points grisés).
64
70
55 automatisch [n] 50 Kauschläge pro Bolus 45
400
Kauschläge in der Stichprobe automatisch 0 0 200 400 600 800 1000 Mouvements de mastication, contrôle optique [n]
75
40
45
50 55 60 65 70 Mouvements de mastication, contrôle optique [n]
75
Figure 7 | Relation entre le décompte optique (axe des x) et le décompte automatique (axe des y) pour le nombre de mouvements de mastication par bolus (points, ligne en pointillés) par rapport à la droite y = x (en points grisés).
Mesure automatique des mouvements de r umination par capteur de pression | Production animale
Misurazione automatica della masticazione nei ruminanti con l'ausilio di un sensore di pressione La ruminazione è considerata un parametro importante, misurabile in modo non invasivo, per la diagnosi precoce di problemi del metabolismo nei ruminanti. I sensori tradizionali presentano degli svantaggi soprattutto se utilizzati nella stalla. Il nuovo sensore sviluppato da ART per misurare la masticazione consta di un sensore da applicare sul naso composto da un tubo riempito di liquido e da un sensore di pressione, un datalogger e il software per l'analisi dei dati. I dati vengono trasferiti al PC mediante un'interfaccia USB. Sulla scorta di dati predefiniti, il software basato su R associa i movimenti della bocca alle attività «ruminare», «mangiare» e «altre attività». Dalla validazione è emerso che gli apparecchi sono affidabili e che la valutazione automatica corrisponde quasi sempre a quella visiva. Il sensore di ART si presta ad essere impiegato nei settori della ricerca e della consulenza. Per l'utilizzo nella pratica sono necessari ulteriori aggiustamenti, peraltro già in fase di sviluppo.
Bibliographie ▪▪ Rutter S.M., Champion R.A. et Penning P.D., 1997. An automatic system to record foraging behaviour in free-ranging ruminants. Applied animal behaviour science, Vol. 54 , 185–195. ▪▪ Ungar E.D., Rutter S.M., 2005. Classifying cattle jaw movements: Comparing IGER Behaviour Recorder and acoustic techniques. Applied animal behaviour science, Vol. 98 , 11–27.
développements supplémentaires sont nécessaires, notamment pour améliorer la maniabilité du dispositif et le transfert des données au programme de management du troupeau. n
Summary
Riassunto
réglage dans le logiciel d’évaluation. Les résultats laissent apparaître un décalage systématique, qui devrait pouvoir être corrigé en adaptant les paramètres d’évaluation. Cette modification sera apportée dans une étape ultérieure. Les appareils conviennent d’ores et déjà pour la recherche et la vulgarisation. Avant de passer à une utilisation plus large dans la pratique, des
Automatic measurement of jaw movements in ruminants by means of a pressure sensor Ruminant activity is considered an important non-invasive measurable parameter for the early identification of metabolic problems in ruminants. Traditional rumination sensors have drawbacks, particularly when used in the cowshed area. The newly developed ART rumination sensor incorporates a noseband sensor comprising a fluid-filled tube and pressure sensor, a data logger, and the evaluation software. The data are transmitted to the PC via a USB interface. The R-based software allocates individual jaw movements to «rumination», «eating» and «other activities» on the basis of learned data. Validation has shown that the equipment works reliably, and that visual and automatic evaluation are extremely consistent with one another. The ART rumination sensor is suitable for research and advisory purposes. It will need to go through further stages of development – already in progress – before becoming widely used in practice. Key words: jaw movement, ruminating, feeding, grazing, pressure sensor.
▪▪ Scheibe K.S., Gromann C., 2006. Application testing of a new three-dimensional acceleration measuring system with wireless data transfer (WAS) for behavior analysis. Behavior Research Methods, Vol. 38 , 427–433. ▪▪ Scheidegger A., 2008. Klassifikation des Fressverhaltens von Kühen. Diplomarbeit, Zürcher Hochschule für angewandte Wissenschaft, Winterthur.
Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 60–65, 2011
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E n v i r o n n e m e n t
Evolution des populations d'oiseaux nicheurs dans les zones agricoles de 1990 à 2009 Simon Birrer, Markus Jenny et Niklaus Zbinden, Station ornithologique suisse, 6210 Sempach Renseignements: Niklaus Zbinden, e-mail: niklaus.zbinden@vogelwarte.ch, tél. +41 41 462 97 25
Figure 1 | Le vanneau huppé niche avant tout dans les surfaces agricoles humides. Comme d'autres d’espèces cible OEA, ses effectifs sont en diminution. Dans les années 90, il y avait encore 400 à 500 couples nicheurs en Suisse, contre une centaine aujourd’hui. (Photo: M. Jenny)
Introduction Depuis les années 1990, la conservation et la promotion de la biodiversité figurent parmi les objectifs de la politique agricole. Les prestations écologiques requises obligent les agriculteurs à consacrer 7 % de leur surface agricole utile (SAU) aux surfaces de compensation écologique. Ceci dans le but de préserver la diversité des espèces et les milieux de qualité dans les zones cultivées, ou de les favoriser dans les zones déficitaires. Aujourd’hui, les agriculteurs affectent en moyenne 11 % de leur SAU aux surfaces de compensation écologique (SCE), mais seules 30 % de celles-ci s’avèrent de haute qualité (qualité selon OQE ou jachères florales, OFAG 2009a). La Confédération indemnise les surfaces de compensation écologique à hauteur d’environ 166 millions de francs par an (situation 2008, OFAG 2009a).
66
Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 66–71, 2011
On ne sait guère si les espèces animales et végétales devenues rares dans les zones rurales sont réellement favorisées par la compensation écologique, et si oui, dans quelle mesure. Plusieurs exemples se sont révélés positifs, mais les indices simples concernant l’évolution des populations d’espèces animales et végétales dans les terres cultivées, à l’échelle du pays, font défaut. En 2008, l’OFEV et l’OFAG ont publié les «Objectifs environnementaux pour l’agriculture» (OFEV et OFAG 2008). Ce rapport définit les espèces cibles et les espèces caractéristiques pour les terres cultivées, et fixe des objectifs globaux en matière d’effectifs. Les populations des espèces cibles doivent être «conservées et favorisées» dans leur aire de répartition naturelle, et celles des espèces caractéristiques doivent être «favorisées par la mise à disposition de surfaces suffisantes d’habitats adéquats ayant la qualité requise, bien répartis sur le terri-
Evolution des populations d'oiseaux nicheurs dans les zones agricoles de 1990 à 2009 | Environnement
Résumé
toire» (OFEV et OFAG 2008). Le rapport comporte désormais une liste d’espèces indicatrices élaborée à partir des réglementations en vigueur: 27 espèces d’oiseaux nicheurs y figurent à titre d’espèces cibles (fig. 1) et 20 autres à titre d’espèces caractéristiques. Un nouvel indice a permis d’étudier l’évolution des populations de ces espèces de 1990 à 2009.
Matériel et méthodes Depuis 1990, les divers programmes de surveillance de la Station ornithologique fournissent suffisamment de données pour établir chaque année un indice des populations de presque chaque espèce d’oiseaux nichant régulièrement en Suisse. La moyenne géométrique de l’ensemble des indices de toutes les espèces définit le Swiss Bird Index SBI® (Zbinden et al. 2005). Cet indice global est actualisé et publié chaque année depuis 2005 par la Station ornithologique (Keller et al. 2010). Outre l’indice global, des indices partiels sont également établis pour les différents habitats. Chaque espèce est ainsi affectée à un habitat principal (Keller et Bollmann 2001). L’indice partiel «Zones agricoles» comporte 38 espèces d’oiseaux (Zbinden et al. 2005), dont six espèces ne figurant pas sur la liste OEA; notamment des espèces largement répandues telles que la corneille noire, le corbeau freux, l’étourneau sansonnet et le moineau friquet. A l’inverse, la liste des espèces du rapport OEA comporte 15 espèces, dont seule une partie de la population vit dans les zones agricoles et qui sont de ce fait classées sous d’autres habitats dans le SBI®. L’évolution des espèces OEA entre 1990 et 2009 a donc été calculée avec les méthodes du SBI®. L’espèce caractéristique gobemouche à collier, qui ne niche que dans le Tessin, le Misox et le Bregaglia (Grisons), n’a pas été intégrée dans le calcul en raison du caractère incertain des données.
La publication des «Objectifs environnementaux pour l'agriculture» (OEA) a permis de fixer pour la première fois des objectifs contraignants en matière de diversité des espèces dans les zones cultivées. Un nouvel indice a été mis au point permettant de refléter l'évolution des populations d'oiseaux nicheurs conformément aux OEA et, par là même, une partie des OEA. La situation des populations d'oiseaux nicheurs dans les terres cultivées reste critique. Certes, l'indice ne suggère aucune tendance à long terme pour les espèces définies comme caractéristiques dans les OEA, mais l'évolution des populations des espèces cibles OEA révèle un net recul entre 1990 et 2009. En revanche, aucune tendance ne se dessine pour la période 1999 – 2009. Parmi les quelques espèces aux effectifs en croissance figurent avant tout les espèces largement répandues et opportunistes, ainsi que celles qui ont profité de mesures de protection ou du climat de ces dernières décennies. Ces résultats montrent que pour atteindre les objectifs environnementaux en agriculture, il s’agit, notamment, d’améliorer et de compléter les instruments et les mesures nécessaires à cet effet, dans le cadre du développement des paiements directs.
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Le Swiss Bird Index SBI®, qui englobe toutes les espèces d’oiseaux nichant régulièrement en Suisse, varie sensiblement d’une année à l’autre, mais ne révèle aucune tendance nette sur la période de 1990 à 2009 (fig. 2). L’indice partiel «Zones agricoles» indique des variations annuelles semblables, mais aucune tendance à long terme non plus. Sur les 38 espèces, 13 présentent une évolution positive sur la période 1990 – 2009, et 12 une évolution négative, dont l’alouette des champs, le tarier des prés et la grive litorne. A l’inverse de l’indice partiel «Zones agricoles», l’évolution à long terme de toutes les espèces OEA apparaît clairement négative (coefficient de régression = -0,011 ± 0,003;
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Année Figure 2 | SBI ® de toutes les espèces nichant régulièrement en Suisse (ligne bleue ; n = 169) et de l'indice partiel «Espèces des zones agricoles» (ligne rouge ; n = 38) de 1990 à 2009.
Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 66–71, 2011 alle Brutvogelarten Kulturlandvogelarten
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Environnement | Evolution des populations d'oiseaux nicheurs dans les zones agricoles de 1990 à 2009
p = 0,003; fig. 3). La courbe des effectifs des espèces caractéristiques se distingue par ses faibles variations annuelles. Elle ne révèle pas non plus de tendance sur la période étudiée. L’indice des espèces caractéristiques OEA évolue à un niveau supérieur par rapport à l’indice partiel «Zones agricoles», mais il augmente moins que celui-ci dans les années postérieures à 1999 et coïncide pratiquement avec lui à partir de 2006. La courbe des espèces cibles OEA présente des fluctuations annuelles très marquées et une tendance à long terme clairement négative (coefficient de régression = - 0,017 ± 0,004; p = 0,001; fig. 3). Si l’on se limite à la période de 1999 à 2009, autrement dit depuis l’introduction de la nouvelle loi sur l’agriculture, l’indice global de toutes les espèces nichant en Suisse affiche une tendance positive (coefficient de régression = 0,015 ± 0,005; p = 0,026; fig. 2). Les autres courbes ne laissent apparaître aucune tendance. Une certaine prudence s’impose pour interpréter les
indices globaux, qui ne remplacent pas l’évaluation de l’évolution des différentes espèces. Les tendances des différentes espèces sont publiées sur www.vogelwarte. ch > Conservation/Recherche > Evolution > Swiss Bird Index®. Un indice global permet toutefois d’évaluer approximativement la situation des oiseaux nicheurs dans l’habitat correspondant. De nombreuses populations d’oiseaux présentent d’importantes variations d’effectifs d’une année à l’autre ou sur une période de quelques années. Cela est souvent dû aux conditions météorologiques. Ainsi, une phase de froid et d’humidité durant la période de nidification peut provoquer un recul de la population l’année suivante, tandis que durant les hivers doux, davantage d’individus sédentaires survivent, ce qui entraîne une augmentation de la population nicheuse. De même, les conditions atmosphériques dans les zones de passage et d’hivernage des oiseaux migrateurs peuvent influencer les populations
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Année Figure 3 | Indice partiel des oiseaux des zones agricoles (ligne rouge ; n = 38) et évolution des e ffectifs de toutes les espèces nicheuses OEA (espèces cibles et caractéristiques; ligne bleue; n = 47), des espèces caractéristiques OEA (ligne grise ; n = 20) et des espèces cibles OEA (ligne jaune ; n = 27) de 1990 à 2009.
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Evolution des populations d'oiseaux nicheurs dans les zones agricoles de 1990 à 2009 | Environnement
Figure 4 | Le tarier pâtre est une des espèces caractéristiques OEA dont les populations ont évolué positivement. (Photo: M. Jenny)
nicheuses. Ces variations à court terme des différentes espèces se greffent sur les tendances à long terme qui résultent, par exemple, de la modification des conditions d’habitat dans l’aire de nidification. En Suisse, la situation des espèces d’oiseaux rurales reste critique. Les effectifs de nombreuses espèces ont beaucoup diminué depuis les années 1950 (Knaus et al. en prép.) et se situent aujourd’hui à un niveau extrêmement bas. Cette tendance s’est aussi poursuivie chez de nombreuses espèces depuis 1990. Chez les espèces caractéristiques OEA, la tendance est équilibrée, mais elle affiche une évolution nettement négative chez les espèces cibles OEA. Si l’on se cantonne à la période 1999 – 2009, les deux courbes ne révèlent aucune ten-
dance. Reste à savoir s’il faut en déduire une amélioration de la situation. Il est difficile de définir une tendance sur une brève série temporelle en raison des fluctuations annuelles. En outre, deux valeurs annuelles extrêmement basses sont observées durant cette période (2003 et 2009). La conclusion selon laquelle la nouvelle politique agricole aurait permis de mettre un terme au déclin persistant des populations d’oiseaux nicheurs dans les zones rurales (BLW 2009b; Lanz et al. 2010) s’avère donc trop générale et ne reflète pas la situation réelle. En tant que groupes, les espèces cibles OEA, notamment, présentent une évolution toujours négative. La relative stabilité de l’indice partiel «Zones agricoles» s’explique entre autres par l’augmentation des populations, de 1990 à 2009, de plusieurs des six espèces figurant dans l’indice partiel «Zones agricoles» mais non dans la liste des espèces OEA. C’est notamment le cas de la corneille noire, du corbeau freux, de la pie bavarde et du moineau friquet, espèces largement répandues qui ont tiré profit de l’agriculture intensive du fait de leur mode de vie opportuniste. Ces espèces se déploient aussi souvent en troupes, se nourrissent en partie de plantes cultivées et sont de ce fait souvent qualifiées de «nuisibles». Les espèces OEA comportent également des espèces dont l’évolution est positive. Il s’agit avant tout d’espèces comme le tarier pâtre (fig. 4) et la huppe fasciée, qui ont tiré profit des étés chauds et des hivers doux de ces dernières années, ainsi que de programmes de conservation spécifiques L’interprétation doit en outre tenir compte du fait que les indices issus des calculs se rapportent à la population globale. Même chez les espèces d’oiseaux liées à un habitat, une partie de la population utilise des surfaces qui ne font pas partie de la surface agricole utile. Par exemple, le faucon crécerelle est rangé parmi les espèces rurales, car la majorité de la population utilise la surface agricole utile comme habitat alimentaire. Mais une petite partie des couples colonise et utilise avant tout les zones urbaines, et une part considérable niche dans les régions alpines. Si les effectifs des faucons crécerelles varient dans les Alpes ou les zones urbaines, cela influence l’indice du faucon crécerelle et par conséquent l’indice partiel Zones agricoles. La disparition des terres agricoles liée à la construction se répercute donc aussi sur les oiseaux des zones cultivées. Néanmoins, les populations d’oiseaux nicheurs ont beaucoup plus reculé que la disparition des terres agricoles ne pouvait le laisser présager. L’évolution des effectifs des espèces OEA permet d’évaluer les résultats de la promotion de la biodiversité dans les zones agricoles. Les oiseaux nicheurs (fig. 5) ne représentent certes qu’une petite partie de toutes les
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Environnement | Evolution des populations d'oiseaux nicheurs dans les zones agricoles de 1990 à 2009
Figure 5 | Les effectifs de l’alouette des champs, espèce caractéristiques OEA, sont en diminution dans les zones agricoles. (Photo: M. Jenny)
espèces OEA, mais, contrairement à de nombreuses espèces d’autres groupes, ils ne se limitent pas à un site restreint (ex: une seule surface de compensation écologique), mais utilisent des portions entières de paysage. Malheureusement, il n’existe aucun ensemble de données comparables pour les autres groupes d’espèces.
Conclusions La tendance invariablement négative depuis 1990 des espèces cibles OEA laisse supposer que, malgré l’engagement de nombreux agriculteurs, les mesures de la politique agricole actuelle ne suffisent pas à maintenir, et encore moins à favoriser, les populations d’espèces nicheuses ayant des exigences particulières en matière d’habitat. Surfaces, qualité et répartition adaptée des SCE (objectifs OEA) font défaut. Des exemples de paysages bénéficiant d’une revalorisation supérieure à la moyenne tant sur le plan qualitatif que quantitatif prouvent qu’il est tout à fait possible de favoriser efficacement des espèces cibles parmi les oiseaux nicheurs (Klettgau, Champagne genevoise; Birrer et al. 2007). D’autres exemples montrent que l’augmentation de la diversité des espèces sur les surfaces de compensation écologiques récemment créées est réduite à néant par le
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recul de cette même diversité sur les surfaces de production avoisinantes (Rudin et al. 2010). Pour pouvoir atteindre les objectifs environnementaux liés à l’agriculture en matière de conservation et de promotion des espèces, il convient d’améliorer sensiblement les instruments et les mesures nécessaires à cet effet dans le cadre, entre autres, du développement des paiements directs (Conseil fédéral 2009). Ainsi, les efforts fournis jusqu’ici par les agriculteurs en faveur de la diversité des espèces seraient aussi estimés à leur plus juste valeur. n
Evoluzione degli effettivi degli uccelli nidificanti indigeni nelle zone agricole 1990–2009 Con la pubblicazione degli Obiettivi ambientali per l’agricoltura OAA (UZL), abbiamo per la prima volta a disposizione valori target vincolanti per la diversità delle specie nelle zone agricole. Questa pubblicazione presenta un indice appena sviluppato che descrive lo sviluppo degli effettivi degli uccelli nidificanti secondo OAA e quindi una parte del raggiungimento degli obiettivi secondo questo documento. La situazione delle popolazioni di uccelli nidificanti nelle zone agricole è sempre ancora critica. Anche se l’indice per le specie di uccelli nidificanti che figurano quali specie indicatrici OAA non presenta alcuna tendenza a lungo termine, lo sviluppo degli effettivi delle specie target OAA mostra una chiara diminuzione tra il 1990 e il 2009. Per il periodo 1999 – 2009 non è invece visibile nessuna tendenza. Tra le singole specie con aumento degli effettivi troviamo soprattutto specie molto diffuse e opportuniste, come pure specie che approfittano dello sviluppo climatico degli ultimi decenni o di misure di conservazione delle specie. Ne risulta che, per il raggiungimento degli Obiettivi ambientali per l’agricoltura, devono essere migliorati e completati, tra l’altro, strumenti e misure nell’ambito dell’ulteriore sviluppo del sistema di pagamenti diretti.
Bibliographie ▪▪ Birrer S., Spiess M., Herzog F., Kohli L. & Lugrin B., 2007. Swiss agri-environment scheme promotes farmland birds – but only moderately. J. Ornithol. 148. Suppl. 2, 295–303. ▪▪ Conseil fédéral, 2009. Développement du système des paiements directs. Rapport en réponse à la motion du 10 novembre 2006 de la Commission de l'économie et des redevances du Conseil des Etats. ▪▪ Keller V., Kéry M., Schmid H. & Zbinden N., 2010. Swiss Bird Index SBI ®: Mise à jour 2009. Fiche info, Station ornithologique Suisse, Sempach, 4 p. ▪▪ Keller V. & Bollmann K., 2001. Für welche Vogelarten trägt die Schweiz eine besondere Verantwortung? Ornithol. Beob. 98, 323–340. ▪▪ Lanz S., Barth L., Hofer C. & Vogel S., 2010. Développement du système des paiements directs. Recherche Agronomique Suisse 1, 10–17. ▪▪ OFAG, 2009a. Rapport agricole 2009 de l'Office fédéral de l'agriculture. Office fédéral de l'agriculture (OFAG), Berne.
Summary
Riassunto
Evolution des populations d'oiseaux nicheurs dans les zones agricoles de 1990 à 2009 | Environnement
Population trends of Swiss breeding birds in farmland 1990–2009 With the publication of the «environmental objectives in the agricultural sector» (EOAS), mandatory target values for biodiversity on agricultural land have been set for the first time. This study presents a new index which indicates population trends of the designated EOAS breeding birds and hence represents one part of the EOAS target attainments. The situation for farmland birds is still critical. The index for birds listed as «EOAS character species» shows no long-term trend, but the one for the «EOAS target species» has clearly declined from 1990 to 2009, whereas no trend is apparent for 1999 – 2009. Among the species with positive population trends are generally widely distributed and opportunistic species, as well as species which benefit from recent climate changes or from recovery programmes. This study shows that tools and measures within the development of the Swiss direct payment system have to be better targeted and improved to achieve the EOAS targets. Key words: breeding birds, indicator species, population trend, Switzerland, farmland.
▪▪ OFAG, 2009b. L'agriculture suisse en mouvement. La nouvelle loi sur l'agriculture. Un bilan 10 ans après. Office fédéral de l'agriculture (OFAG), Berne, 36 p. ▪▪ OFEV & OFAG, 2008. Objectifs environnementaux pour l'agriculture. Etabli à partir de bases légales existantes. Office fédéral de l'environnement (OFEV) et Office fédéral de l'agriculture (OFAG), Berne, 121 p. ▪▪ Rudin M., Horch P., Hugentobler I., Weber U. & Birrer S., 2010. Bestandsentwicklung von Brutvögeln im ökologisch aufgewerteten St. Galler Rheintal. Ornithol. Beob. 107, 81–100. ▪▪ Zbinden N., Schmid H., Kéry M. & Keller V., 2005. Swiss Bird Index SBI ® – Kombinierte Indices für die Bestandsentwicklung von Artengruppen r egelmässig brütender Vogelarten der Schweiz 1990–2004. Ornithol. Beob. 102, 283–291.
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P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
ENDURE – un réseau pour la protection durable des cultures en Europe Franz Bigler1, Ursula Aubert1, Pierre-Henri Dubuis2, Frank Hayer1, José Hernandez-Rivera1, Gabriele Mack1, Michael Meissle¹, Patrik Mouron1, Andreas Naef2 et Jörn Strassemeyer3 1 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich 2 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 3 Julius-Kühn Institut; JKI, 14532 Kleinmachnow (Allemagne) Renseignements: Franz Bigler, e-mail: franz.bigler@art.admin.ch, tél. +41 44 377 72 35
L’un des objectifs du projet ENDURE était de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires en agriculture. (Photo : Mario Waldburger, ART)
Introduction Que signifie ENDURE? Le projet ENDURE (European Network for the Durable Exploitation of Crop Protection Strategies) s’est achevé avec succès à la fin de 2010. Ses objectifs étaient les suivants: réunir les connaissances sur la protection des plantes en Europe et les rendre accessibles aux chercheurs et aux conseillers, développer de nouvelles stratégies pour améliorer la protection des plantes, élaborer des propositions visant à réduire l’usage des pesticides et mettre sur pied un réseau durable à l’intention des scientifiques, conseillers et praticiens. ENDURE a aussi permis aux jeunes scientifiques de participer à des programmes
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d’échanges internationaux où ils ont élargi leurs connaissances et lié des contacts. Au terme de ce projet de quatre ans, la recherche sur la protection des cultures en Europe devrait être mieux coordonnée, plus efficace et en voie de détenir la structure d’un centre de compétences européen. Dix pays européens, comptant plus de 300 chercheurs et conseillers de diverses disciplines ont participé à ce projet. Agroscope était responsable du projet partiel «Développement de méthodes et de procédés d’évaluation de la durabilité des stratégies de protection des plantes» (Musa et al. 2008). Douze collaborateurs d’ART et d’ACW, ainsi que des chercheurs de l’Institut Julius-Kühn JKI en Allemagne et de l’Institut National de Recherche Agronomique INRA en France, ont participé à cette étude. Par ailleurs, 15 autres collaborateurs d’Agroscope ont contribué aux études de cas sur la protection des cultures de maïs, de pommiers, de la vigne et des cultures maraîchères, ainsi qu’à des projets sur l’écologie du paysage, la modélisation des prévisions sur le développement des organismes nuisibles et l’alimentation de bases de données européennes. Cet article offre un aperçu de quelques thèmes de recherche étudiés par Agroscope dans le cadre du projet ENDURE.
Durabilité des stratégies de protection des cultures La recherche sur la durabilité des stratégies de protection des cultures a été assumée par cinq groupes dirigés par Franz Bigler, d’Agroscope Reckenholz-Tänikon ART; elle couvre l’économie, l’écologie et la sociologie. Seuls les aspects économiques et écologiques sont abordés dans l’exposé suivant. Quatre systèmes culturaux, adaptés aux conditions locales et pertinents pour l'évaluation de la durabilité, ont été définis pour la production de pommes dans cinq régions d’Europe. Le groupe de recherche «Etude de cas sur les vergers de pommiers» a fourni les bases du relevé
des données dans les cultures de pommes des régions suivantes: lac de Constance (en Suisse et en Allemagne), vallée de l’Ebre (Espagne), vallée du Rhône (France) et Hollande (tout le pays). Des experts des cinq régions ont caractérisé quatre systèmes de protection des vergers de pommiers, allant de la lutte chimique de synthèse à un système innovant excluant en grande partie les produits chimiques (tabl. 1). Evaluation économique L’évaluation économique repose sur des critères d’efficience (coûts de production, gain, coûts de capital, rétribution du capital investi). Par ailleurs, le risque d’une perte de revenus consécutive à une renonciation aux pesticides chimiques est considéré (variabilité du revenu, probabilité d’une perte de rendement). Les valeurs représentent une moyenne pluriannuelle. Les coefficients ont été calculés à l’aide du système Arbocost déve loppé par Agroscope Changins-Wädenswil ACW.
Tableau 1 | Examen de la durabilité de quatre systèmes de protection des cultures dans la production de pommes
Système de base (SB)
Des variétés sensibles à la tavelure sont produites. Des pesticides chimiques de synthèse sont utilisés dans le cadre de la «bonne pratique agricole». Les recommandations pour la gestion de la résistance et les mesures de protection des organismes utiles sont appliquées.
Système avancé 1 (SA1)
Des variétés résistant à la tavelure sont produites. La lutte non chimique est favorisée. Les méthodes alternatives utilisées sont développées (état en 2009) et pourraient être appliquées dans les 5 prochaines années. Seuls les pesticides de faible écotoxicité sont utilisés. Des filets anti-grêle sont installés sur plus de la moitié de la surface. Des mesures de réduction des dérives sont engagées sur 45 % des surfaces.
Système avancé 2 (SA2)
Des variétés résistant à la tavelure sont produites. La lutte non chimique est favorisée. Les méthodes utilisées seront disponibles sur le marché d’ici peu (état en 2009) et appliquées par des arboriculteurs pionniers. Seuls les pesticides de faible écotoxicité sont utilisés. Les filets anti-grêle sont installés sur toute la surface. Des mesures de réduction des dérives sont engagées sur 80 % des surfaces.
Système innovant (SI)
Des variétés résistant à la tavelure et à d’autres maladies sont produites. L’écotoxicité est réduite à un minimum. Les techniques de protection des cultures ne sont pas encore sur le marché (état en 2009) mais en cours de recherche. Les filets antigrêle sont installés sur la totalité des surfaces. De nouveaux pesticides sans effets secondaires sur des organismes non ciblés sont appliqués. Des mesures de réduction des dérives sont engagées sur 100 % des surfaces.
Résumé
ENDURE – un réseau pour la protection durable des cultures en Europe | Production végétale
Le projet de l’Union Européenne ENDURE (European Network for the Durable Exploitation of Crop Protection Strategies) s’est achevé à la fin de 2010. Au cours de ces quatre ans d’étude, un centre de compétences a été créé, dans l’objectif d’en faire à long terme une plateforme et un service d’information pour les questions touchant à la protection durable des cultures en Europe. Agroscope était responsable du projet partiel d’évaluation de la durabilité des systèmes de protection des plantes. A côté de cette tâche essentielle, des collaborateurs d’Agroscope ont aussi participé à des études de cas sur la protection des cultures de maïs, de pommiers, des cultures viticoles et maraîchères. Ils se sont également investis dans des projets sur l’écologie du paysage, la modélisation des prévisions sur le développement des organismes nuisibles et l’alimentation de bases de données européennes. Outre le développement de nouvelles méthodes, la durabilité de quatre systèmes de protection des cultures dans des vergers de pommiers a été examinée dans cinq régions d’Europe. Pour chaque région, un système de base reflétant les pratiques courantes actuelles a été défini. Puis, deux systèmes avancés et un système innovant ont été établis pour chaque région dans lesquelles les produits chimiques de synthèse ont été remplacés par des méthodes alternatives. Les résultats montrent comment les méthodes non chimiques peuvent contribuer à ménager l’environnement et quelle est leur acceptabilité économique. Les études de cas sur le maïs et la viticulture examinent la lutte non chimique contre les ravageurs et présentent l’importance des méthodes perfectionnées de prévisions en prenant l’exemple du mildiou de la vigne.
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Production végétale | ENDURE – un réseau pour la protection durable des cultures en Europe
Coûts complets par kg de pommes (1re catégorie) Système de base = 100%
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Système de base Système avancé 1 Système avancé 2 Système innovant (SB) (SI) (SA2) (SA1) CH DE FR NL ES
Figure 1 | Coûts complets par kilo de pommes pour quatre systèmes de protection des cultures dans cinq régions européennes.
Les calculs montrent que les mesures de protection non chimiques entraînent notamment une augmentation des coûts de production et des besoins en capitaux, si ces mesures s’accompagnent d’une installation de filets anti-grêle. Si ces augmentations ne peuvent être compensées par une hausse des rendements ou des prix, la compétitivité s’amoindrit. Il en serait ainsi pour les SA1 et SA2 en Allemagne, en Suisse et en France (fig. 1). Les experts espagnols et néerlandais estiment par contre qu’il est possible d’améliorer la compétitivité de ces deux systèmes en diminuant les coûts d’irrigation ou en cultivant une plus grande proportion de pommes de première qualité. Pour le SI, la majorité des experts présuppose que des rendements élevés et stables pourront être obtenus à l’avenir, même sans utiliser de produits chimiques. Si le rapport prix/coûts actuel ne change pas, la compétitivité pourrait alors nettement s’améliorer dans la plupart des pays. Les résultats indiquent aussi clairement, pour toutes les régions, une tendance à l’augmentation du risque de fluctuation des revenus imputable aux variations du rendement si l’on renonce aux pesticides chimiques. Seule la mise en œuvre de systèmes innovants permettrait d’abaisser, voire de réduire considérablement le risque de variations du rendement et de l’amener au niveau que l’on peut atteindre en utilisant des produits chimiques. Risques environnementaux dus aux pesticides Pour examiner l’impact environnemental de nouvelles stratégies de protection des cultures et estimer la disposition du monde agricole à accepter de nouvelles méthodes, les risques environnementaux doivent être évalués en considérant le contexte paysager de chaque région. A cet effet, le modèle d’évaluation du risque SYNOPS a été utilisé, basé sur le SIG (modèle d’évalua-
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Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 72–79, 2011
tion synoptique du potentiel de risques dus aux pesticides chimiques http://www.oecd.org/dataoecd/32/16/ GGTSPU-styx2.bba.de-20164 – 2259190-DAT/44806454. pdf). Trois des cinq régions européennes susmentionnées ont été examinées: la région du lac de Constance en Allemagne et en Suisse et la vallée du Rhône en France. Par ailleurs, l’Emilie-Romagne en Italie a été incluse dans l’étude, car elle dispose de données appropriées. La première étape consistait à intégrer les données des régions sur l’utilisation du sol, les caractéristiques du sol, la déclivité et le climat. Ces informations ont été enregistrées dans une base de données et mises en réseau avec les données spécifiques sur les stratégies phytosanitaires des régions et sur l’écotoxicologie des pesticides utilisés. Le calcul des risques environnementaux a d’abord été établi en admettant qu’aucune mesure de réduction des dérives n’avait été engagée. Il a ensuite été répété en admettant que des filets antigrêle, des haies et d’autres mesures de réduction des dérives pouvaient aussi entrer en ligne de compte. Les résultats montrent qu’en Suisse, en Allemagne et en France, la réduction des dérives permet d’abaisser jusqu’à 83 % les risques environnementaux pour les écosystèmes aquatiques. On peut ainsi réduire jusqu’à 23 % la part de surfaces à haut potentiel de risques. Ce constat montre combien il est important de maintenir et d’imposer une réduction des dérives dans les cultures fruitières. Une application générale de cette mesure diminuerait considérablement l’impact des pesticides sur les écosystèmes aquatiques Dans les vergers de pommiers, l’application de systèmes avancés et innovants permettant de réduire l’usage de pesticides et de rendre ces produits plus écologiques peut abaisser considérablement les risques environnementaux. Analyse de cycle de vie Les bilans écologiques permettent de calculer et d’examiner les systèmes phytosanitaires selon leurs impacts globaux sur l'environnement. Les analyses ont été réalisées à l’aide de la méthode SALCA (Swiss Agricultural Life Cycle Assessment; http://www.agroscope.admin.ch/oekobilanzen/index.html?lang=de) dévloppée par Agroscope ART. Les émissions directes en plein champ (gaz hilarant, nitrates, etc.) ont été déterminées avec les modèles développés par ART. L’évaluation des impacts est fondée sur les méthodes courantes d’établissement des analyses de cycle de vie, soit: l’utilisation d’énergies non renouvelables (Hischier et al. 2009), l’effet de serre sur 100 ans (IPCC 2006), l’eutrophisation (Hauschild et Wenzel 1998), l’écotoxicité (Huijbregts 1999) et la toxicité humaine (Huijbregts 1999).
ENDURE – un réseau pour la protection durable des cultures en Europe | Production végétale
Herbicides
Fongicides
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Impacts environnementaux par rapport au SB
Impacts environnementaux par rapport au SB
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Filets anti-grêle Utilisation de machines: Fumure Utilisation de machines: Protection des plantes Utilisation de machines: Soins Utilisation de machines: Transport Production: Autres fertilisants Production: Fertilisants N Production: produits phytosanitaires
Figure 2 | Ecotoxicologie aquatique calculée selon la méthode «Uses-LCA». L’impact environnemental est présenté par rapport au système de base pour chaque région. SB, SA1, SA2, SI: voir tableau 1. CH: Suisse, DE: Allemagne, NL: Hollande, FR: France, ES: Espagne.
Figure 3 | Consommation d’énergies non renouvelables calculée s elon la méthode «Uses-LCA». L’impact environnemental est présenté par rapport au système de base. SB, SA1, SA2, SI: voir tableau 1. CH: Suisse, DE: Allemagne, NL: Hollande, FR: France, ES: Espagne
Les résultats de l’étude sur l’évaluation de la durabilité de la production de pommes sont présentés à titre d’exemple dans les figures 2 et 3. L’écotoxicité, notamment la toxicité aquatique (fig. 2), est très largement déterminée par chaque groupe de substances actives (p. ex. les herbicides en Suisse, en Allemagne et en France, les fongicides en Hollande et principalement les insecticides en Espagne). Les systèmes SA1, SA2 et SI présentent une toxicité beaucoup plus faible que le SB. Comme la renonciation aux herbicides implique l’adoption d’une lutte mécanique contre les adventices, on pouvait s’attendre à ce que les SA et le SI requièrent une plus grande utilisation d’énergie. Or, les résultats montrent que le système SB exerce le plus fort impact environnemental dans toutes les régions (fig. 3), à une exception près (lac de Constance en Suisse). L’investissement supplémentaire requis pour une lutte mécanique contre les adventices et pour augmenter la part de filets anti-grêle dans les SA et le SI est largement compensé par l’allègement des travaux de protection phytosanitaire (moins de passages sur le terrain et moins de substances actives), et ceci partout sans exception. Les impacts environnementaux du système innovant sont plutôt sous-estimés à cause du manque d’inventaires environnementaux adéquats (par exemple à propos de la lutte par confusion sexuelle ou du piégeage de masse). Néanmoins, l’emballage complet des vergers contre les insectes – alternative de loin la plus consommatrice d’énergie – a été prise en considération dans cette étude. Les analyses de cycle de vie montrent qu’un potentiel d’amélioration existe dans toutes les régions. Les systèmes innovants peuvent contribuer non seulement à réduire l’écotoxicité et la toxicité humaine, mais aussi à progresser dans d’autres catégories de problèmes environnementaux.
«SustainOS», nouvelle méthode pour évaluer la durabilité Les résultats de l’analyse économique, de l’analyse des risques environnementaux et des analyses de cycle de vie décrits ci-dessus ont été réunis pour procéder à une évaluation de la durabilité. Pour cela, il a fallu d’abord développer un cadre méthodologique qui associe l’évaluation de la durabilité avec les méthodes d’analyse. Il a été nécessaire aussi d’établir une description homogène des systèmes phytosanitaires à étudier afin qu’ils reflètent les conditions générales des différentes régions. Cette nouvelle méthode s’appelle «SustainOS» – «sustain» pour «durabilité» et «OS» pour Orchard System (cultures pérennes, comme celle des pommes). Pour décrire le système, trois types de paramètres ont été distingués: i) le contexte, qui décrit le site, l’état d’un verger et l’infrastructure utilisée, comme le type de pulvérisateur, la protection contre la grêle ou les systèmes d’irrigation; ii) l’objectif, qui décrit les quantités récoltées, la qualité et les prix sur dix ans et définit le degré de ménagement des organismes utiles et la gestion de la résistance; iii) la protection phytosanitaire, qui fixe la quantité et la dose de toute matière active et décrit les alternatives utilisées, comme les phéromones ou l’emballage complet d’un verger. Les experts des cinq pays étudiés ont ainsi défini le système de base (SB), les deux systèmes avancés (SA1, SA2) et le système innovant (SI) de leur propre région. Pour évaluer la durabilité, «SustainOS» offre un arbre hiérarchique de critères. La partie supérieure de cet arbre, qui comprend 33 critères, est présentée à la figure 4. Les systèmes de protection y sont évalués sur une échelle à cinq degrés pour chaque critère du système de base (SB) du pays concerné. Le point de départ de l’évaluation se trouve toujours au bas de chaque rami fication.
Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 72–79, 2011
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Production végétale | ENDURE – un réseau pour la protection durable des cultures en Europe
Durabilité écologique et économique Durabilité écologique Utilis. des ressources
Qualité environnem.
Durabilité économique Toxicité humaine
Rentabilité
Risque à la production
Autonomie économique
Ecotoxicité
Figure 4 | Echelons supérieurs de l’arbre hiérarchique de critères pour l’évaluation globale de la durabilité des systèmes de protection des cultures dans les vergers.
La méthode «SustainOS» est innovante, car elle permet d’évaluer chacune des mesures constituant un système de protection des cultures. L’information qui en résulte vaut bien plus qu’une addition de toutes les valeurs de toxicité. L’impact des modifications ponctuelles sur les divers critères de durabilité y est mis en lumière dans sa globalité sur un horizon de plusieurs années. Le système est ainsi plus facile à comprendre, ce qui est à la base d’une évolution constante de la production intégrée. L’application de «SustainOS» dans les cinq pays étudiés montre que les deux systèmes avancés (SA1, SA2) peuvent partout améliorer considérablement la durabilité écologique. Soulignons que des mesures différenciées selon les spécificités régionales apportent des améliorations. Les différences régionales se remarquent aussi dans la durabilité économique. Alors que dans trois pays, l’avantage écologique évoqué amoindrit la durabilité économique, ces deux critères s’en sortent gagnants dans deux pays. Le système innovant (SI) promet une nette amélioration de la durabilité environnementale et économique dans tous les pays, à condition que l’espoir d’obtenir des variétés multirésistantes se réalise. La méthode «SustainOS» et les résultats de l’étude sur les vergers de pommiers seront présentés en détail dans un prochain article de cette revue.
Etude de cas sur le maïs Le maïs étant l’une des principales cultures en Europe, une étude de cas a identifié les adventices, ravageurs et maladies fongiques ayant un fort impact économique sur cette culture, et déterminé l’usage des pesticides. En outre, des alternatives aux pesticides chimiques et les principaux problèmes que pose leur application ont été discutés. Les résultats détaillés sont présentés dans Meissle et al. (2010). L’étude englobait 11 régions européennes pour lesquelles les bases de données, les publications et les indications ont été évaluées par des experts locaux (fig. 5).
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Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 72–79, 2011
Cette étude montre que les adventices, les ravageurs et les maladies fongiques entraînent des pertes considérables dans les cultures de maïs de la plupart des régions. Plus de 50 espèces d’adventices ont été classées parmi les mauvaises herbes entraînant des conséquences économiques. Les principaux ravageurs sont notamment la pyrale du maïs (Ostrinia nubilalis) et la chrysomèle des racines du maïs (Diabrotica virgifera virgifera). Parmi les champignons, ce sont surtout les espèces de Fusarium qui posent des problèmes. Dans toutes les régions étudiées, la lutte contre les adventices est menée à l’aide d’herbicides sur plus de 95 % des champs de maïs, les traitements étant souvent répétés avant et après la levée du maïs. Les traitements de semences ou les insecticides pour sol sont utilisés dans de nombreuses régions, notamment contre le ver fil de fer et les larves de la chrysomèle des racines du maïs. Les traitements contre la pyrale du maïs et/ou la chrysomèle adulte des racines du maïs sont pratiqués principalement en Hongrie, en Espagne, en Pologne, et au sud-ouest de l’Allemagne. Dans toutes les régions, les semences sont traitées à l’aide de fongicides contre les fusarioses et d’autres maladies fongiques. Des détails sur la présence d’organismes nuisibles et la lutte à leur encontre figurent dans Meissle et al. (2010) pour les 11 régions. Un grand nombre d’adventices et de ravageurs causent des problèmes à répétition ces dernières années. Il sera dès lors difficile de réduire les pesticides en Europe. Pour y parvenir, on pourrait choisir des variétés adéquates, cultiver dans certains cas des variétés génétiquement modifiées, adopter des pratiques culturales comme les rotations pluriannuelles, opter pour la lutte biologique contre les ravageurs à l’aide de trichogrammes par exemple et optimiser les techniques de traitement. Les rotations se pratiquent à des degrés différents d’une région à l’autre. Ainsi, la culture du maïs est en partie bien planifiée, avec des rotations sur plus de 80 % des cultures dans la région de Békés (Hongrie),
ENDURE – un réseau pour la protection durable des cultures en Europe | Production végétale
Pays-Bas
France Normandie 0.25 Mha
15°C 470mm 220kg N/ha
0.24 Mha
14°C 455mm 185kg N/ha
IPM rotation sans labour
IPM rotation sans labour
Danemark
0.15 Mha
12°C 426mm 150kg N/ha
IPM rotation sans labour
Allemagne Sud-Ouest 0.15 Mha IPM rotation sans labour
Pologne Sud-Ouest
France Grand-Ouest 1.00 Mha
16°C 467mm 210kg N/ha
0.12 Mha
Hongrie Békés
France Sud-Ouest 16.5°C 419mm 232kg N/ha
0.10 Mha
IPM rotation sans labour
0%
19°C 275mm 150kg N/ha
IPM rotation sans labour
maïs d’ensilage autre maïs 100%
0.10 Mha IPM rotation sans labour
18°C 200mm 350kg N/ha
Hongrie Tolna
Italie Plaine du Pô
Espagne Vallée de l’Ebre
maïs-grain Surface cultivée Mha
14°C 300mm 120kg N/ha
IPM rotation sans labour
IPM rotation sans labour
0.58 Mha
15°C 458mm 100kg N/ha
Figure 5 | Cultures de maïs dans 11 régions européennes: Diagramme circulaire: Type de production de maïs. Chiffres dans les diagrammes: Surface totale de la culture de maïs dans la région (en millions d’hectares). Chiffres à côté des diagrammes: Température et pluviométrie moyennes entre avril et octobre, ainsi que fumure (engrais synthétiques et engrais de ferme) par an. Diagrammes en barres: Pourcentage de surface de maïs soumise aux directives régionales de la protection intégrée des cultures (IPM), qui peuvent être très différentes d’un pays à l’autre, rotation (pas de maïs succédant au maïs) et travail du sol sans labour (aucun ou réduit). Adapté par Meissle et al. (2010), J. Appl. Entomol . 134, 357-375 (Blackwell Verlag GmbH).
1.20 Mha
17°C 380mm 200kg N/ha
IPM rotation sans labour
au sud-ouest de la Pologne et dans la plaine de l’Ebre (Espagne), tandis qu’au sud-ouest de la France et dans la plaine du Pô (Italie), la culture pérenne du maïs sur plusieurs années est économiquement la meilleure (fig. 5). Le manque d’alternatives pour protéger les cultures, la structure et l’organisation des exploitations ainsi que la formation des agriculteurs sont les principales raisons pour lesquelles la lutte chimique ne peut pas encore être remplacée à grande échelle par des méthodes de protection écologiques sans entraîner de pertes financières. D’autres résultats de cette étude figurent dans trois brochures sur la protection phytosanitaire du maïs, accessibles sous (http://www.endure-network.eu/ endure_publications/endure_publications2).
Etude de cas sur la viticulture L’utilisation des pesticides en viticulture a été étudiée dans cinq pays européens. Les pratiques courantes et la disponibilité des données sur l’utilisation actuelle des produits phytosanitaires ont été répertoriées. Ces indications ont servi de base à l’évaluation du potentiel de stratégies innovantes permettant de réduire l’utilisation de pesticides. Cette étude de cas a analysé les problèmes posés par l’introduction de méthodes alternatives de protection des cultures et cherché des solutions visant à
0.05 Mha
18°C 325mm 130kg N/ha
IPM rotation sans labour
encourager les praticiens à adopter des stratégies innovantes. Cinq thèmes prioritaires ont été sélectionnés et étudiés dans les pays participants. Ces thèmes sont l’enherbement du sol, la technique de la confusion, les méthodes biologiques utilisant des organismes, les modèles de prévision pour améliorer la lutte contre les maladies fongiques ainsi que la culture de variétés résistantes. Les résultats montrent qu’il existe déjà, dans tous les domaines, des méthodes et des instruments innovants qui sont utilisés ponctuellement dans quelques pays. La difficulté à introduire ces innovations est principalement due à la circonspection des viticulteurs face à de nouveaux procédés, au manque d’initiation à la pratique de nouvelles méthodes, au refus général de toute innovation technique, aux difficultés d’adapter ces méthodes aux pratiques culturales locales, aux obstacles juridiques et structuraux ainsi qu’aux coûts souvent élevés des nouvelles méthodes. Il est cependant réjouissant de constater, par exemple, que la modélisation des maladies est de plus en plus répandue et optimisée dans tous les pays où elle sert d’aide à la décision pour établir des stratégies d’utilisation de fongicides. Le modèle VitiMeteo Plasmopara, développé en commun par l’Institut de viticulture de Fribourg-en-Brisgau et par Agroscope Changins-Wädenswil ACW, est actuellement utilisé en Suisse et en Allemagne pour optimiser l’utilisation de
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Production végétale | ENDURE – un réseau pour la protection durable des cultures en Europe
fongicides contre le mildiou. Les viticulteurs peuvent obtenir gratuitement les résultats disponibles sur Internet (www.agrometo.ch). Pour qu’un tel modèle soit utilisé avec succès, il doit être non seulement précis, mais aussi adapté en permanence, présenté sous une forme simple, gratuitement accessible et accompagné d’une initiation à son fonctionnement. Dans tous les autres domaines étudiés, il existe des méthodes innovantes qui permettent, aujourd’hui déjà ou dans un proche avenir, de réduire considérablement les pesticides. L’échange d’expériences et la coopération entre les pays européens permettront d’accélérer la mise en œuvre de ces innovations.
Considérations finales Durant ces quatre dernières années, plus de 300 scientifiques et conseillers d’Europe ont collaboré en tentant d’assembler les connaissances et méthodes de protection des cultures pour développer des stratégies porteuses d’avenir en s’inspirant de nouvelles idées. Une entreprise aussi ambitieuse ne peut évidemment pas atteindre tous les objectifs fixés. Mais il est certain que d’importants objectifs partiels ont été réalisés et que ce projet a sérieusement relancé l’idée d’une protection intégrée des cultures en Europe. Il est évident que les innovations ne seront adoptées par la vulgarisation et la pratique qu’en passant par la protection intégrée. L’un des principaux objectifs d’ENDURE – émettre des propositions pour réduire la dépendance aux pesticides dans les cultures – n’a été atteint que sous forme d’approches. Quelques projets partiels ont certes tenté d’intégrer des méthodes de lutte alternatives dans des stratégies innovantes, mais la réussite de leur mise en œuvre est très incertaine. Les responsables tentent actuellement de concrétiser l’idée de l’UE et de faire d’ENDURE un centre d’excellence pour la protection des cultures en Europe. L’organisation succédant à ENDURE, le ENDURE-ERG (European
Research Group), vient d’être créée. Ce groupe a pour but de maintenir le réseau et de constituer à long terme un service d’information sur la protection des cultures à l’intention de l’UE et d’autres milieux intéressés. Un grand nombre d’institutions actives dans la recherche et la vulgarisation sur la protection des plantes en Europe ont déjà promis leur adhésion. Pour la Suisse, Agroscope Changins-Wädenswil ACW s’est engagée en tant que partenaire responsable de la coopération. L’avenir nous dira avec quelle rapidité et sous quelle forme l’organisation succédant à ENDURE se développera ces prochaines années. Espérons qu’elle puisse former un centre de compétence durable et récolter ainsi, ultérieurement encore, les fruits semés par ENDURE dans la protection intégrée des cultures! L’apport d’ENDURE a été important pour la Suisse et spécialement pour Agroscope. Outre le financement de projets de recherche réalisés en étroite coopération avec des institutions étrangères, le réseau permis de faire connaître en Europe des solutions innovantes, élaborées en Suisse, et de tracer la voie de leur mise en œuvre. En contrepartie, les chercheurs suisses ont pu approfondir leur vision de la protection des cultures à l’étranger et s’enrichir de nouvelles idées. Cet échange a été favorisé par des programmes spéciaux et a permis aux jeunes scientifiques notamment d’élargir leur horizon de connaissances et d’expérience. Les fonds de recherche ont aussi permis de développer ou d’améliorer des méthodes et des stratégies également utiles à la protection des cultures en Suisse. Enfin, les 25 scientifiques suisses, principalement d’Agroscope, ont pu élargir ou approfondir leurs relations avec des partenaires étrangers afin de renforcer l’intégration de la Suisse dans un réseau européen. Informations supplémentaires sur ENDURE: http://www.endure-network.eu
n
ENDURE a été réalisé dans le cadre du 6e Programme de recherche européen et favorisé par des moyens financiers correspondants.
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ENDURE – una rete per l'impiego sostenibile delle strategie fitosanitarie in Europa A fine 2010 si è concluso il progetto europeo ENDURE (European Network for the Durable Exploitation of Crop Protection Strategies). Nell'ambito di questo progetto quadriennale è stato creato un centro di competenza con l'obiettivo di renderlo a lungo termine un punto di riferimento e una piattaforma per le questioni inerenti all'impiego sostenibile delle strategie fitosanitarie nell'UE. Agroscope era responsabile del sottoprogetto sulla valutazione della sostenibilità dei sistemi fitosanitari. I collaboratori di Agroscope hanno preso parte anche ad altri sottoprogetti, ad esempio a studi di casi incentrati sulla protezione delle colture di mais, di mele, di vite, di ortaggi in pieno campo nonché a progetti in ambito di ecologia del paesaggio, modellizzazione per la diagnosi di organismi nocivi e a contributi alle banche dati europee. Oltre allo sviluppo di nuovi metodi, sono stati presi da esempio quattro sistemi fitosanitari per le colture di mele in cinque regioni d'Europa, analizzandone la sostenibilità. Per ogni regione è stato definito un sistema di base che rispecchia la prassi attuale. Per tracciarne l'evoluzione, sono stati poi definiti due sistemi avanzati e uno innovativo, nei quali i prodotti fitosanitari chimici di sintesi sono stati sostituiti in parte da metodi alternativi. I risultati mostrano come e in quale misura i metodi non chimici possono contribuire a rispettare l'ambiente e se sono anche economicamente sostenibili. Negli studi di casi sul mais e sulla vite sono stati esaminati i processi non chimici per la lotta agli organismi nocivi, illustrando la valenza di una migliore procedura diagnostica nel caso, ad esempio, della peronospora.
Bibliographie ▪▪ Hauschild M. Z. & Wenzel H., 1998. Environmental assessment of products. Vol. 2 | Scientific background. Chapman & Hall, London, 565 p. ▪▪ Hischier R., Weidema B., Althaus H.-J., Bauer C., Doka G., Dones R., Frischknecht R. Hellweg S., Humbert S., Jungbluth N., Köllner T., Loerinick Y., Margni M. M. & Nemecek T., 2009. Implementation of Life Cycle Impact Assessment Methods, Ecoinvent Data v2.1, Swiss Centre for Life Cycle Inventories, Dübendorf, Ecoinvent Report. 153 p. ▪▪ Huijbregts M. A. J., Thissen U., Guinée J. B., Jager T., Kalf D., van de Meent D., Ragas A. M. J., Wegener Sleeswijk A., Reijnders L., 2000. Priority assessment of toxic substances in life cycle assessment. Part I: Calculation of toxicity potentials for 181 substances with nested multi-media fate. Exposure and effects model USES-LCA. Chemosphere 41, 541–573.
Summary
Riassunto
ENDURE – un réseau pour la protection durable des cultures en Europe | Production végétale
ENDURE – a European Network for the Durable Exploitation of Crop Protection Strategies The EU ENDURE Project (European Network for the Durable Exploitation of Crop Protection Strategies) was concluded at the end of 2010. The four-year project saw the development of a centre of excellence with the long-term objective to serve as a point of reference and platform for sustainable plant protection in the EU. Agroscope was responsible for the subproject to assess the sustainability of plant protection systems. In addition to this main focus, Agroscope staff participated in other sub-projects such as the case studies for maize, apple orchard, vineyard and field vegetables as well as in projects on landscape ecology, modelling of pests and diseases, and contributions to European databases. Besides the development of new control methods, the sustainability of four plant protection systems in five European apple growing regions was investigated as a case study. A basic system reflecting today’s current practice was defined for each region. Further, two advanced and one innovative system were defined for each region, replacing pesticides to some degree with alternative methods. The results show how and to what extent non-chemical methods can contribute to the protection of the environment and whether they are economically feasible. Non-chemical methods of pest, disease and weed control are discussed in the maize and vineyard case studies, and the significance of improved forecasting methods using the example of downy mildew is presented. Key words: European Union Project, network of excellence, durability, orchard systems, apple pests, maize pests.
▪▪ IPCC, 2006. IPCC guidelines for national greenhouse gas inventories. Volume 4: Agriculture, forestry and other land use. Kanagawa, Simon Eggleston, H.S., Buenida L., Miwa K., Ngara T. and Tanabe K. (eds). P ublished by IGES, Japan. 556 S. ▪▪ Meissle M., Mouron P., Musa T., Bigler F., Pons X., Vasileiadis V. P., Otto S., Antichi D., Kiss J., Pàlinkas Z., Dorner Z., van der Weide R., Groten J., Czembor E., Adamczyk J., Thibord J.-B., Melander B., Cordsen Nielsen G., Poulsen R. T., Zimmermann O., Verschwele A. & Oldenburg E., 2010. Pests, pesticide use and alternative options in European maize production: current status and future prospects. J. Appl. Entomol. 134, 357–375. ▪▪ Musa T., Gaillard G., Hayer F., Kägi T. Klaus I., Mack G. Hernandez-Rivera J., Patocchi A., Koller T., Samietz J. & Bigler F., 2008. ENDURE – ein Europäisches Netzwerk für den Pflanzenschutz. Agrarforschung 15 (6), 294–296.
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P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Tests consommateurs avec nouvelles variétés de pommes en Suisse alémanique et en Suisse romande Felix Decurtins, Claudia Good, Christine Brugger, Lucie Franck et Markus Kellerhals, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil Renseignements: Markus Kellerhals, e-mail : markus.kellerhals@acw.admin.ch, tél.+41 44 783 62 42
Tests consommateurs à la Migros de Wädenswil. (Photo: ACW)
Introduction Depuis plus de 100 ans, la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW se consacre à la création de nouvelles variétés de pommes (Kellerhals et al. 2006), afin de développer des pommes de qualité, résistantes, tolérantes aux maladies et nécessitant le moins possible de traitements phytosanitaires. Les pommiers devraient être simples à cultiver, produire beaucoup et régulièrement. Le succès d’une variété de pomme sur le marché
80
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dépend enfin et surtout des qualités organoleptiques et de l’aspect extérieur des fruits. La texture de la chair et la jutosité de la pomme sont deux autres critères qualitatifs déterminants. Deux nouvelles obtentions, ACW 6375 et ACW 11907 pourraient être bientôt lancées sur le marché. Deux tests consommateurs ont donc été réalisés – l’un en Suisse romande et l’autre en Suisse alémanique – afin de déterminer comment ces variétés sont accueillies sur le plan sensoriel et optique. Les résultats des deux groupes de dégustation ont été comparés.
Tests consommateurs avec nouvelles variétés de pommes en Suisse alémanique et en Suisse romande | Production végétale
Outre les nouvelles obtentions ACW 6375 et ACW 11907, deux variétés déjà établies en Suisse, La Flamboyante (Mairac®) et Braeburn-Hillwell, ont été utilisées comme références. Ces quatre variétés de pommes sont décrites dans le tableau 1. Le premier test a eu lieu les 13 et 14 mars 2009 à la succursale Migros de Wädenswil, dans le canton de Zurich (n = 205), et le deuxième les 19 et 20 mars 2010 à la succursale Migros de Lausanne-Crissier, dans le canton de Vaud (n = 212). Les deux tests totalisaient 417 participants et comprenaient un test d’acceptation où les dégustateurs pouvaient noter leur appréciation dans un questionnaire dirigé. L’âge, le sexe, la fréquence de la consommation ainsi que les préférences gustatives des dégustateurs ont également été pris en compte dans l’analyse. À des fins de comparabilité, les participants ont été sélectionnés de manière à ce que les âges et les sexes soient représentés en proportions identiques dans les deux échantillons. Un autre facteur important qui a influencé la comparabilité des deux tests était la qualité interne des fruits dégustés. Pour cela, la coopérative Migros de Suisse orientale a utilisé en 2009 et 2010 le robot de mesure «Pimprenelle», de la société française GIRAUD (Cavaillon), afin de déterminer, entre autres, la teneur en sucre (° Brix) et la valeur de fermeté (kg/cm²) de 15 fruits représentatifs de chaque variété. Le degré d’acidité (g/l) a été en revanche mesuré sur la base de
Résumé
Matériel et méthodes
La création de nouvelles variétés de pommes fait partie depuis de nombreuses années des activités de la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW. Elle vise à obtenir des variétés robustes, tolérantes aux maladies et nécessitant le moins possible de traitements. Deux nouvelles obtentions, ACW 6375 et ACW 11907, pourraient être bientôt lancées sur le marché. Dans cette perspective, deux tests consommateurs, l’un en Suisse alémanique, l’autre en Suisse romande, ont été menés afin de déterminer comment ces deux sélections sont jugées sur le plan sensoriel et optique par les consommateurs. Des données sociodémographiques sur la fréquence de consommation et les préférences gustatives des participants ont aussi été recueillies. L’enquête montre que ces nouvelles variétés sont de niveau tout à fait comparable aux variétés établies. De plus, les préférences gustatives sont très similaires en Suisse alémanique et en Suisse romande. Le goût des fruits est l’attribut qui a le plus influencé l’appréciation globale des consommateurs. Ces tests confirment à nouveau l’importance de l’état de maturité d’une pomme pour son acceptation par le client. Les consommateurs refusent les pommes peu aromatiques et farineuses.
Tableau 1 | Descriptions des quatre variétés de pommes testées ACW 6375 ACW 6375 est issue d'un croisement entre la Maigold et l'Arlet. La chair des fruits est très ferme et juteuse, et elle possède un goût sucré aromatique. La couleur de la peau est brun-rouge. ACW 6375 a un rendement très abondant et assez régulier. Les fruits supportent très bien l'entreposage, même en chambre froide sous atmosphère normale. La durée de vie à l'étalage est également audessus de la moyenne.
ACW 11907 ACW 11907 est issue d'un croisement entre La Flamboyante (Mairac®) et la H 23 – 10. Les fruits ont une chair très ferme et juteuse au goût acidulé à aromatique. Couleur de fond jaune-vert avec coloration de couverture rouge sur les trois quarts de la surface. Peau partiellement atteinte de roussissure. Cette obtention est résistante à la tavelure, mais sensible au feu bactérien. Les arbres affichent un très bon rendement et les fruits se conservent très bien à l'entreposage.
Braeburn-Hillwell Semis de hasard provenant de Nouvelle-Zélande. Les fruits ont une chair ferme à texture dense, juteuse, avec un bon équilibre sucre-acidité. Coloration de fond jaune-vert striée de rouge les trois quarts de la surface. Cette variété est moyennement sensible à la tavelure et très sensible au feu bactérien.
La Flamboyante (Mairac®) La Flamboyante est issue d'un croisement entre la Gala et la Maigold. Le fruit a une chair ferme, juteuse et aromatique à note sucrée-acidulée. Couleur de fond jaune-vert avec coloration de couverture rouge sur les trois quarts de la surface. Cette variété est moyennement sensible à la tavelure et à l'oïdium.
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Production végétale | Tests consommateurs avec nouvelles variétés de pommes en Suisse alémanique et en Suisse romande
14
13,3 * 12,8
ACW 6375
12
9,5
10 8 6
4,6
*
7,8
5,6
2009 2010
4 2 0
16 14 12 10 8 6 4 2 0
Sucre (° Brix)
Acidité (g/l)
Fermeté (kg/cm²)
16 14 12 10 8 6 4 2 0
Braeburn 12,1
* 12,9 8,2
Sucre (° Brix)
6,6
Acidité (g/l)
7,7 *
6,7
2009 2010
Fermeté (kg/cm²)
16 14 12 10 8 6 4 2 0
14,5
14,5
ACW 11907
8,2
8,1
8,9
9,5
2009 2010
Sucre (° Brix)
* 15,3 13,8
Acidité (g/l) La Flamboyante
8,4 5,4
Sucre (° Brix)
Fermeté (kg/cm²)
Acidité (g/l)
6,8
7,4
2009 2010
Fermeté (kg/cm²)
Figure 1 | Résultats des analyses qualitatives menées au moyen du robot Pimprenelle pour chaque variété. Les écarts significatifs sont s ignalés par un astérisque (α=5%).
l’échantillon global. Même s’ils ne donnent pas une description exhaustive de la saveur et de la qualité d’une variété, les paramètres précités et leurs relations entre eux fournissent de précieuses indications sur la qualité en bouche et l’attrait d’une variété de pomme (Höhn et al. 2003). Afin de vérifier la comparabilité des résultats des deux années, l’analyse Pimprenelle a recherché des différences significatives entre 2009 et 2010 au niveau des teneurs en sucre et des valeurs de fermeté, au moyen du test Wilcoxon-Mann-Whitney (α = 5 %). Cette analyse n’a pas pu être effectuée pour les valeurs d’acidité parce que Pimprenelle ne mesure l’acidité que pour l’ensemble de l’échantillon. Les résultats de Pimprenelle sont résumés à la figure 1, qui montre aussi s’il existe des différences significatives ou non entre les deux années. Structure du questionnaire Le questionnaire commençait par un test d’acceptation hédonique permettant d’évaluer l’appréciation globale des variétés de pommes. Les consommateurs devaient répondre à la question «Aimez-vous cette pomme?» au moyen d’une échelle hédonique (9 = beaucoup; 1 = pas du tout). Les pommes étaient dégustées sous forme de quartiers portant chacun un code à trois positions et proposés dans un ordre randomisé. Dans la deuxième partie du questionnaire, les variétés de pommes ont été évaluées au moyen d’une échelle dite de JAR ( just about right) quant aux attributs prédé-
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finis «croquant», «goût» et «jutosité». L’intensité des attributs choisis pouvait être exprimée par le consommateur sur une échelle à trois niveaux : «trop», «idéal», «pas assez». L’analyse JAR permet de constater si certaines spécificités du produit ont un effet pénalisant dans l’appréciation globale du consommateur (Derndorfer 2006). Cette analyse a l’intérêt de renseigner sur les attributs pouvant influencer l’appréciation globale. Pour répondre aux questions de l’échelle JAR, les participants devaient déguster un autre quartier de pomme de chaque variété, afin de pouvoir donner un jugement indépendant de leur appréciation globale. La troisième partie du questionnaire concernait l’aspect du fruit: comme dans l’appréciation globale, celuici a été jugé au moyen d’un test d’acceptation hédonique. La question était «Cette pomme vous plaît-elle par son aspect?». Les réponses possibles reposaient aussi sur une échelle hédonique de 9 (1 = pas du tout; 9 = beaucoup). Les pommes à déguster étaient présentées entières dans des corbeilles, à l’écart de l’espace de dégustation, pour éviter que les consommateurs ne donnent leur préférence, pour le critère de l’aspect, aux fruits qu’ils avaient préférés dans la dégustation. Les pommes étaient également codées et l’ordre de leur dégustation était randomisé dans les questionnaires. La quatrième et dernière partie du questionnaire portait sur les données sociodémographiques des participants : sexe, âge, fréquence de la consommation de pommes et préférences gustatives.
Tests consommateurs avec nouvelles variétés de pommes en Suisse alémanique et en Suisse romande | Production végétale
B
3,0 2,5
A
AB
B
B Moyenne de classement
Moyenne de classement
A
2,0 1,5 1,0 0,5 0,0
ACW 11907
La Flamboyante
Braeburn-Hilwell
ACW 6375
3,0 2,5
A
AB
AB
B
2,0 1,5 1,0 0,5 0,0
ACW 11907
ACW 6375
La Flamboyante
Braeburn
Figure 2 | Appréciation globale des différentes variétés à Wädenswil en 2009 (A) et à Crissier en 2010 (B).
Dépouillement des données récoltées Tous les dépouillements statistiques ont été effectués par le programme XLSTAT. Comme les données relevées ne correspondaient pas à un profil de distribution normale, des tests non paramétriques ont été appliqués. Pour l’attrait global et l’aspect, l’analyse des données a été soumise au test de Friedman. Si le test révélait des différences systématiques entre les variétés, une comparaison multiple selon la méthode de Nemenyi était ensuite effectuée pour déterminer entre quelles variétés les différences étaient significatives. La même méthode a permis d’examiner si et dans quelle mesure le sexe, l’âge, la fréquence de consommation et la préférence gustative influencent l’appréciation globale. Le dépouillement des données du test JAR a été fait par une analyse de pénalité. Cette méthode identifie, parmi les attributs du produit, ceux qui réduisent de manière significative l’appréciation globale lorsqu’ils divergent de l’appréciation «idéal». Le niveau de signifiance pour cette analyse a été fixé à α = 5 % et la taille seuil de la population à 20 %.
Résultats et discussion Qualité interne des fruits dégustés Obtention ACW 6375 : la teneur en sucre et la valeur de fermeté des fruits dégustés à Crissier en 2010 étaient significativement moindres que celles des fruits dégustés à Wädenswil en 2009. Par contre, le degré d’acidité était supérieur en 2010. On peut en conclure que les fruits de Crissier étaient à un stade de maturité moins avancé que ceux de Wädenswil. Obtention ACW 11907 : les résultats de l’analyse Pimprenelle étaient très proches en 2009 et en 2010 et n’ont pas montré de différences significatives entre les taux de sucre et d’acidité, l’acidité des fruits dégustés à Crissier étant légèrement inférieure à celle des fruits dégustés à Wädenswil. Les pommes dégustées étaient à peu
près au même stade de maturité en 2009 et en 2010. La variété Braeburn-Hillwell affichait en 2010 un taux de sucre significativement supérieur, mais une valeur de fermeté significativement inférieure par rapport à l’année précédente. À Crissier, le taux d’acidité des pommes Braeburn était légèrement inférieur. Les fruits dégustés en 2010 étaient donc plus mûrs qu’en 2009. La maturité de la variété Braeburn-Hillwell en 2009 était idéale, tandis que dans les tests menés en 2010 à Crissier, les fruits étaient presque un peu trop mûrs. La Flamboyante affichait en 2010 un taux de sucre significativement supérieur à 2009. La fermeté était très légèrement plus élevée à Crissier par rapport à Wädenswil, mais sans différence significative. L’acidité était nettement supérieure à Crissier qu’à Wädenswil. Ces données montrent que la maturité des échantillons de fruits de la variété La Flamboyante était plus avancée à Wädenswil qu’à Crissier. La légère surmaturité des pommes de Wädenswil a été confirmée par l’appréciation optique des fruits. La charge des arbres de cette variété était inférieure à sa valeur optimale en 2008, ce qui a accéléré la maturation. Les différences concernant la qualité interne sont en grande partie imputables aux conditions climatiques pendant la maturation des fruits ainsi qu’à la charge en fruits variable des arbres. La qualité des fruits est aussi influencée par le moment de la cueillette. Appréciation globale et aspect Les résultats concernant l’appréciation globale sont présentés dans la figure 2. L’obtention ACW 6375 a été la mieux classée à Wädenswil. Il n’y avait toutefois pas de différence significative avec les variétés de référence Braeburn-Hillwell et La Flamboyante. Seule l’obtention ACW 11907 a obtenu une appréciation significativement inférieure à ACW 6375 et à Braeburn-Hillwell. Dans l’enquête romande de 2010, Braeburn-Hillwell a été nettement meilleure pour l'appréciation globale – qu’ACW 11907. ACW 6375 et La Flamboyante n’ont pas révélé de
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Production végétale | Tests consommateurs avec nouvelles variétés de pommes en Suisse alémanique et en Suisse romande
B
3,5 B
Moyenne de classement
3,0 2,5
B A
A
2,0 1,5 1,0
C B
2,5 2,0
B
A
1,5 1,0 0,5
0,5 0,0
3,5 3,0
Moyenne de classement
A
ACW 6375
ACW 11907
La Flamboyante
Braeburn
0,0
ACW 6375
ACW 11907
La Flamboyante
Braeburn
Figure 3 | Appréciation de l’aspect des différentes variétés à Wädenswil en 2009 (A) et à Crissier en 2010 (B).
différences significatives, entre elles ou par rapport aux deux autres variétés. Le degré de maturité plus avancé en 2009 pourrait expliquer qu‘ACW 6375 ait été préférée à Wädenswil. Les résultats de l’appréciation de l’aspect sont présentés dans la figure 3. Braeburn-Hillwell et La Flamboyante ont obtenu à Wädenswil des valeurs significativement supérieures à celles des deux obtentions d’ACW. À Crissier, ACW 11907 et La Flamboyante ont été autant appréciées l’une que l’autre, réalisant un résultat significativement meilleur qu’ACW 6375. La variété BraeburnHillwell a été la plus appréciée, se démarquant de manière significative des trois autres variétés. À Crissier, ACW 11907 et La Flamboyante n’ont pas affiché de différence significative, contrairement aux échantillons testés à Wädenswil. Sur les deux sites, les qualités optiques d’ACW 6375 laissent un peu à désirer. Quant à ACW 11907, elle a reçu à peu près la même appréciation qu’ACW 6375 sur le site de Wädenswil, mais a été un peu plus appréciée que cette dernière à Crissier. Il faut toutefois considérer que les deux variétés de référence sont déjà disponibles sur le marché, et que leur aspect devrait donc déjà être familier. Acceptation en fonction du groupe sociodémographique et des préférences gustatives Il n’y a pas de différences notables entre les deux sites pour la répartition par sexe et par âge. Cette symétrie était voulue pour rendre les deux années comparables. À Wädenswil, les consommateurs de plus de 60 ans ont significativement préféré ACW 6375 à ACW 11907 pour ce qui est de l’appréciation globale. Les personnes de 25 à 60 ans ont donné une évaluation significativement plus favorable d’ACW 6375 que de La Flamboyante, tandis que les consommateurs de moins de 25 ans ne
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constatent pas de différence entre les variétés. Dans le test effectué en Suisse romande, par contre, une différence significative n’a été constatée que par les consommateurs âgés de 41 à 60 ans, qui ont significativement préféré Braeburn-Hillwell à ACW 11907. Chez les dégustateurs masculins, l’appréciation gustative n’a pas varié significativement d’une variété à l’autre, ni à Wädenswil, ni à Crissier, tandis que l’enquête a révélé chez les dégustatrices des différences significatives à cet égard: à Wädenswil, les femmes ont nettement préféré ACW 6375 à ACW 11907 et à La Flamboyante, tandis qu’à Crissier, elles ont préféré de manière significative Braeburn-Hillwell à ACW 11907. La répartition des préférences gustatives est assez semblable sur les deux sites. À Wädenswil, les personnes ayant une préférence pour le sucré ont apprécié les diverses variétés de pommes différemment de celles ayant une préférence pour l’acidité. Chez les consommateurs préférant le sucré, ACW 6375 et La Flamboyante ont été significativement mieux notées qu’ACW 11907, une variété plutôt acidulée. Les personnes préférant l’acidité ont préféré de manière significative ACW 6375 et la référence Braeburn-Hillwell à La Flamboyante, légèrement surmaturée. À Crissier, il n’y avait pas de différences d’appréciation significatives d’une variété à l’autre chez les personnes préférant l’acidité. En revanche, les personnes préférant le sucré ont donné une appréciation significativement meilleure de Braeburn-Hillwell par rapport à ACW 11907 pour ce qui est de l’appréciation globale. En Suisse alémanique, l’appréciation globale pour les consommateurs occasionnels de pommes (de 1 – 3 par mois à 1 – 2 par semaine) ne varie pas de manière significative d’une variété à l’autre. Par contre, les consommateurs réguliers de pommes (de 3 – 5 par semaine à plus de 5 par semaine) ont affiché une préférence globale signi-
Tests consommateurs avec nouvelles variétés de pommes en Suisse alémanique et en Suisse romande | Production végétale
Intensité attributs en pourcentages
A
90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
Croquant 2009
Croquant 2010
Intensité attributs en pourcentages
Goût 2009
Goût 2010
Jutosité 2009
Jutosité 2010
ACW 11907
100
B
90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
Croquant 2009
Croquant 2010
Goût 2009
Goût 2010
Jutosité 2009
Jutosité 2010
Braeburn-Hillwell
100
C
90
Intensité attributs en pourcentages
Comparaison des résultats de l’évaluation selon l’échelle JAR Les résultats de l’analyse JAR pour ACW 6375 sont résumés à la figure 4A. À Wädenswil, les appréciations «trop croquante» et «pas assez de goût» ont significativement dévalorisé les fruits sur le plan de l’appréciation globale, tandis qu’à Crissier, c’étaient les appréciations «pas assez de goût» et «pas assez juteuse». Les deux années, cette variété a été tendanciellement perçue par une partie des dégustateurs comme n’ayant pas assez de goût. Comme les fruits d’ACW 6375 de Wädenswil, en 2009, étaient significativement plus fermes que ceux de Crissier en 2010, on comprend pourquoi à Wädenswil, contrairement à Crissier, l’appréciation «trop croquante» a été significativement dévalorisante pour l’appréciation globale. Le fait qu’en 2010, l’appréciation «pas assez juteuse» ait été significativement responsable de la diminution de l’attrait global pourrait être lié, notamment, à la maturité moindre des pommes de cette variété en 2010 par rapport à 2009. Les résultats de l’analyse JAR pour ACW 11907 sont résumés dans la figure 4B. Le fait que la description «trop croquante» ait été significativement pénalisante à Crissier, en 2010, et non dans les tests de Wädenswil en 2009, ne peut s’expliquer entièrement par les résultats de l’analyse Pimprenelle. ACW 11907 était légèrement plus ferme en 2010 à Crissier qu’en 2009 à Wädenswil, mais la différence entre les deux années n’était pas significative. L’appréciation «pas assez de goût» a été donnée avec à peu près la même fréquence sur les deux sites et elle a significativement pénalisé l’appréciation globale. Sur les deux sites, un groupe de consommateurs a estimé que ACW 11907 pourrait avoir plus de goût. Le fait que le critère de jutosité ait significativement causé la diminution de l’appréciation globale à Crissier ne peut s’expliquer entièrement par les résultats de l’analyse Pimprenelle. Les résultats de l’analyse JAR pour Braeburn-Hillwell sont résumés dans la figure 4C. Contrairement à Wädenswil, l’appréciation «pas assez croquante» a été à Crissier significativement responsable de la diminution de l’appréciation globale, ce qui s’explique par la valeur de fermeté significativement inférieure des fruits sur ce site. L’appréciation «pas assez de goût» a été significativement pénalisante, à Crissier comme à Wädenswil. Sur les deux sites, un groupe de personnes trouvaient que Brae-
ACW 6375
100
80 70 60 50 40 30 20 10 0
Croquant 2009
Croquant 2010
Goût 2009
Goût 2010
Jutosité 2009
Jutosité 2010
La Flamboyante
100
Intensité attributs en pourcentages
ficative pour ACW 6375 par rapport à ACW 11907. En Suisse romande, l’enquête n’a pas révélé de différences significatives entre les variétés au niveau de l’appréciation globale, chez les petits comme chez les gros consommateurs de pommes.
D
90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
Croquant 2009
Croquant 2010
Goût 2009
Pas assez
Goût 2010
Idéal
Jutosité 2009
Jutosité 2010
Trop
Figure 4 | Résultats de l’analyse JAR. Les attributs significativement dévalorisants pour l’appréciation globale du produit sont e ncadrés de rouge.
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Production végétale | Tests consommateurs avec nouvelles variétés de pommes en Suisse alémanique et en Suisse romande
burn-Hillwell manque de goût. L’appréciation «pas assez juteuse» a été à Crissier un critère significativement pénalisant, ce qui peut s’expliquer par le stade de maturité avancé des fruits en 2010. Les résultats de l’analyse JAR pour La Flamboyante sont résumés à la figure 4D. L’effet dévalorisant significatif de l’appréciation «pas assez croquante» à Wädenswil s’explique par la maturité avancée des fruits. À Crissier aussi, cette appréciation avait un effet significativement dévalorisant, mais le nombre de mentions était nettement moindre qu’à Wädenswil. Sur les deux sites, les appréciations «pas assez de goût» et «pas assez juteuse» étaient également significativement dévalorisantes pour l’appréciation globale. Ces appréciations étaient un peu moins souvent données à Crissier, probablement aussi en raison du meilleur état de maturité des fruits proposés sur le site en question. On a cependant l’impression que, pour certains consommateurs, La Flamboyante tend à manquer de goût, de croquant et de jutosité. Les résultats de l’analyse JAR montrent que sur les deux sites, l’appréciation «pas assez de goût» est significativement préjudiciable à l’appréciation globale de toutes les variétés. Le goût est l’attribut qui influence le plus l’appréciation globale. Cette constatation a déjà été faite lors de tests consommateurs antérieurs (Eigenmann et al. 2005). Il est rare que les consommateurs sondés trouvent les pommes trop juteuses ou trop savoureuses. Les pommes peu aromatiques et farineuses sont dédaignées par la clientèle, ce que Egger et al. avaient déjà constaté en 2010. La comparaison des données JAR des deux tests consommateurs révèle de nombreuses similitudes, mais aussi quelques différences. Le différent degré d’acceptation pour les attributs de croquant et de goût en 2009 et en 2010 s’explique en grande partie et dans la plupart des cas par des valeurs de mesure différentes de la teneur en sucre et de l’acidité ainsi que de la fermeté. Ce genre de test montre toujours que les paramètres de pré-récolte influencent grandement la qualité des fruits, et par là la perception sensorielle. Il serait intéressant de procéder à un tel test sur plusieurs sites, avec des fruits le plus homogènes possibles de la même année.
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Conclusions ••Les préférences gustatives étaient à peu près les mêmes sur les deux sites; environ la moitié des personnes préfère les pommes acides, un bon tiers les sucrées et le reste n’a pas de préférence gustative. ••Sur les deux sites, l’appréciation des participantes féminines des diverses variétés était plus différenciée que chez les dégustateurs masculins. ••Les participants âgés de moins de 25 ans n’ont pas constaté de différences entre les variétés. ••Pour toutes les variétés, l’appréciation «pas assez de goût» diminuait de manière significative l’appréciation globale. ••L’appréciation «pas assez» est nettement plus souvent utilisée que l’appréciation «trop» pour les attributs «goût» et «jutosité». ••Le degré de maturité des fruits revêt une énorme importance pour l’acceptation d’une variété par la clientèle. n
Il gradimento di nuove coltura di mele presso le consumatrici ed i consumatori della Svizzera tedesca e francese Da molti anni presso la Stazione di ricerca Agroscope Changins-Wädenswil ACW si selezionano nuove varietà di mele. Ci si sforza di ottenere varietà robuste e tolleranti alle malattie che necessitano di poca protezione fitosanitaria. Per le due nuove colture ACW 6375 e ACW 11907 si è in attesa delle decisioni che ne determineranno l’introduzione nel mercato. Per questo motivo sono stati svolti due test presso i consumatori nella Svizzera tedesca e nella Svizzera francese per determinare la valutazione sensoriale e visiva delle due varietà dai consumatori. Dei partecipanti si è inoltre rilevato dati socio demografici, come anche frequenza di consumo e preferenze di gusto. Si è constatato che le nuove varietà potrebbero competere con le varietà tradizionali. Si è ugualmente evidenziato che le preferenze nelle due regioni sono simili. Il sapore dei frutti è la caratteristica che ha maggiormente influito sul giudizio globale dei consumatori. E’ stato inoltre riconfermato quanto sia importante lo stato di maturazione di una mela per incontrare il consenso dei consumatori, i quali non gradiscono mele povere in aromi e farinose.
Summary
Riassunto
Tests consommateurs avec nouvelles variétés de pommes en Suisse alémanique et en Suisse romande | Production végétale
Consumer acceptance of new apple varieties in the German-speaking and in the French-speaking part of Switzerland For a long time, the research station Agroscope Changins-Wädenswil ACW has been breeding new apple varieties. High quality varieties are developed which are resistant and tolerant to diseases and which need a minimum of plant protection. Two new selections, ACW 6375 and ACW 11907, are candidates for being introduced on the market. Therefore, two consumer tests were performed, one in the Germanspeaking part of Switzerland and one in the French-speaking part, in order to investigate how these varieties are evaluated visually and sensorially by the consumers. In addition, sociodemographic data, frequency of fruit consumption and flavor-preferences were examined. Results show that the new selections are comparable to established cultivars. Similar flavor preferences in both regions are illustrated. The flavor of the fruit is the attribute that mostly affects the overall sensory judgement. Once again, the importance of the ripeness of an apple is highlighted. Flavorless and floury apples are rejected by customers. Keywords: consumer test, apple breeding, fruit quality.
Bibliographie ▪▪ Derndorfer E., 2006. Lebensmittelsensorik. Facultas Universitätsverlag, p. 77. ▪▪ Egger S., Brugger C., Baumgartner D. & Bühler A., 2010. Préférences des consommateurs de pommes en Suisse. Recherche Agronomique Suisse 1 (2), 44–51. ▪▪ Eigenmann C., Höhn E. & Kellerhals M., 2005. Apfelsorten: Was wollen die Konsumenten? Schweiz. Z. Obst-Weinbau 19, 6 – 9. ▪▪ Höhn E. & Gasser F., 2003. Guggenbühl B. & Künsch U. Efficacy of instrumental measurements for determination of minimum requirements of firmness, soluble solids and acidity of several apple varieties in comparison to consumer expectations. Postharvest Biol. Technol. 27, 27–37. ▪▪ Kellerhals M. & Christen D., 2006. Innovative Obstzüchtung von ACW. Schweiz. Z. Obst- und Weinbau 15, 8 – 11.
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P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Lutte alternative contre la moisissure des neiges (Microdochium nivale) dans le blé biologique Heinz Krebs1, Irene Bänziger1, Robert J. Legro2 et Susanne Vogelgsang1 1 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich 2 Incotec Holding BV, 1601BL Enkhuizen, Pays-Bas Renseignements: Susanne Vogelgsang, e-mail: susanne.vogelgsang@art.admin.ch, tél. +41 44 377 72 29
Sain
Infecté
Figure 1 | Infestation des grains par Microdochium nivale. Cet agent pathogène affecte la faculté germinative et par conséquent la qualité en cas d’utilisation comme semences. Gauche: grain sain; tous les autres: infectés. (Photo: ART)
Introduction L’agent pathogène de la moisissure des neiges Mono graphella nivalis (anamorphe Microdochium nivale, M. majus) est très répandu dans les régions de cultures céréalières (Hoffmann et Schmutterer 1999) et fait partie des principaux pathogènes des semences rencontrés lors de la certification de ces dernières. Les semences contaminées ont une faculté germinative réduite. Après la levée, cela se traduit par des zones lacunaires dans les cultures, soit parce que les semences n’ont pas germé, soit parce que les plantules ont été trop faibles pour atteindre la surface du sol. De plus, les plantules malades sont raccourcies et rabougries (fig. 1); elles présentent
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des colorations brunes à la base de la coléoptile. Dans les zones de cultures marquées par de fortes précipitations en été – notamment dans les parcelles de blé attaquées par l'oïdium ou la criocère des céréales – des nécroses de M. nivale sont observées sur la gaine foliaire et le limbe (fig. 2), ce qui peut affecter considérablement la surface d’assimilation et donc le rendement. Des peuplements de céréales raccourcis et à la végétation abondante favorisent le développement de l’agent pathogène. Les feuilles et les épis sont infestés par des ascospores véhiculées par le vent, qui se forment en périthèces sur la face inférieure des gaines foliaires, ou par des conidiospores disséminés par la pluie (Obst 1993). Des études sur la certification des semences ont montré que sur plu-
Résumé
Lutte alternative contre la moisissure des neiges (Microdochium nivale) dans le blé biologique | Production végétale
Figure 2 | Importantes lésions des feuilles de blé dues à Micro dochium nivale dans du blé d’automne Siala en 2007. (Photo: ART)
sieurs années, la raison la plus fréquente des refus a été l’infestation par M. nivale. Pour la production des semences biologiques, il est interdit d’utiliser des fongicides synthétiques. Le traitement à l’eau chaude (45 °C, 2 h) qui a donné de bons résultats contre M. nivale, contre le charbon et la carie du blé (Winter et al. 1998) ne s’est pas imposé dans la pratique en raison des coûts trop élevés du séchage après le traitement. Le produit de désinfection biologique Cerall® (bactérie du sol Pseudomonas chlorora phis) n’a qu’un effet partiel contre l’infestation des semences par M. nivale (Johnsson et al. 1996). ART a étudié l’efficacité de substances végétales contre M. nivale dans le blé, afin de contrôler plus efficacement cet agent pathogène dans les semences biologiques.
Lors des contrôles liés à la certification des semences, le blé biologique n’atteint souvent pas la faculté germinative nécessaire, généralement à cause d’une contamination trop importante par l’agent pathogène de la moisissure des neiges, Microdochium nivale. Un traitement à l’eau chaude pourrait permettre de lutter efficacement contre l’infestation des semences. Toutefois, ce procédé n’a pas pu s’imposer dans la pratique, car il entraîne des coûts élevés pour le séchage ultérieur. Le produit à base de bactéries Cerall® n’a qu’un effet partiel contre l’infestation des semences par M. nivale. Dans le cadre d’analyses de screening en laboratoire avec différents produits à base de végétaux, le produit «B» a eu un bon effet inhibiteur sur la croissance de mycélium de M. nivale. Plusieurs essais in vivo dans des chambres climatiques et en plein champ ont également confirmé l’effet significatif du traitement des semences avec la poudre du produit «B». Ce dernier a non seulement amélioré la levée des plantes, mais aussi réduit les pertes de rendement. L’enjeu consiste à développer la formule de manière à ce que le produit «B» puisse être employé dans les grandes installations d’enrobage.
Matériel et méthodes Dans le cadre d’essais in vitro, les chercheurs ont étudié l’efficacité de quatre substances d’origine végétale contre M. nivale: Matricaria chamomilla, Thymus vulga ris, Filipendula ulmaria et un produit «B» qui n’est pas désigné plus explicitement. Dans une première phase d’essai, des extraits aqueux ont été préparés à partir des substances végétales et leur effet a été testé sur la germination des spores de M. nivale. La souche monospore utilisée (0327a, enregistrée au Centraal bureau voor Schimmelcultures, CBS Fungal Biodiversity Centre sous CBS 121295) a été incubée sur milieu PDA avec de la streptomycine, pendant 6 à 7 jours entre 18 à 20° C et 12 h de lumière NUV. Afin de tester la fonction inhibitrice sur la germination des spores, une suspension de 33 000 spores/ml a été produite.
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Production végétale | Lutte alternative contre la moisissure des neiges (Microdochium nivale) dans le blé biologique
Pas de germination
Avec des filaments de germination
Figure 3 | Test de germination des spores: 15 µ l de substance à tester sont déposés sur chaque rondelle. Après une courte phase de séchage, on ajoute 15 µ l de suspension à base de spores de Microdochium nivale. Le taux de germination des spores est déterminé après 24 h (agrandissement 400 fois). (Photos: ART)
Les extraits ont été préparés en mélangeant 10 g de poudre végétale dans 100 ml d’eau déionisée pendant 3 heures à température ambiante. Les suspensions aqueuses ont ensuite été passées dans des filtres plissés (520 A ½, d = 15 cm, Schleicher & Schuell GmbH) et leur fonction inhibitrice sur la germination des spores a été testée aux concentrations de 1 %, 0,5 % et 0,1 %. Le procédé comparatif par traitement chimique avec Pronto Plus® a été appliqué au dosage de 0,035 %. Des gouttes des extraits à tester (15 µl) ont été déposées sur trois rondelles d’agar (d = 1 cm) placées sur des lamelles porte-objet – dans le procédé témoin, 15 µl d’eau stérile ont été utilisés. Les lamelles porte-objet ont ensuite été placées dans des boîtes de Petri sur du papier filtre humidifié avec 2 ml d’eau stérile (n° 591, d = 85 mm de Schleicher &
Témoin
Procédé A, 1 %
Procédé A, 5 %
ESI a
ESI b
Figure 4 | Test d’incorporation dans l’agar effectué lors des essais préliminaires: inhibition du mycélium de Microdochium nivale en fonction de la concentration de la substance à tester mélangée au milieu de culture. ESI a et ESI b: Souches de spores spécifiques a et b. (Photo: ART)
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Schuell GmbH; fig. 3). Puis, 15 µl de suspension à base de spores ont été déposés à l’aide d’une pipette sur les rondelles sèches. Après une période d’incubation de 24 h à 10 °C, 70 % d’humidité relative et dans l’obscurité, le taux de germination de dix spores a été déterminé avec un agrandissement de 400 fois à trois endroits des rondelles. Contrairement au test de germination des spores, dans le test de croissance du mycélium, c’est la poudre végétale qui a été examinée, et non ses extraits. Pour le milieu d’agar, 3,9 g de PDA ont été dissous dans 100 ml d’eau déionisée, dans des flacons Schott de 200 ml autoclavés à 121 °C pendant 20 minutes. Au sortir de l’autoclave, les flacons ont été plongés dans un bain d’eau chaude à 60 °C. Ensuite, 100 µl de streptomycine et la quantité voulue de poudre à tester ont été ajoutés dans des conditions stériles. La suspension a finalement été versée dans cinq boîtes de Petri. Après refroidissement ou solidification du milieu de culture (dans une banque stérile), une rondelle de 0,5 cm colonisée par M. nivale a été déposée au milieu des plaques. Après une période d’incubation de 7 jours à 20 °C et dans l’obscurité, la croissance du mycélium a été déterminée sur deux diamètres (fig. 4). L’effet inhibiteur a été calculé par comparaison avec la croissance sur les plaques témoins. Le produit «B» – le plus efficace des essais in vitro – a ensuite été appliqué in vivo sur des semences infestées par M. nivale dans un mélangeur Turbula® – (Willy A. Bachofen AG, Muttenz) et semé dans des bacs de semences. Les essais préliminaires ont montré qu’une application de poudre (2 g/100 g de semences) pouvait avoir un effet plus important qu’un traitement des semences avec l’extrait. L’adhésif employé – Organic Binder (A6.6041; OB) de l’entreprise Incotec – a été appliqué seul et en combinaison avec le produit «B». L’adhésif a été utilisé soit avant et après l’application de la poudre
Lutte alternative contre la moisissure des neiges (Microdochium nivale) dans le blé biologique | Production végétale
Eau chaude
Produit «B» + OB
Témoin
Produit «B» + OB
Témoin
Figure 5 | Essais en chambre climatique: essai de semis avec des semences de blé infectées par Microdochium nivale. Produit «B» + OB: 2 g/100 g de semences + adhésif Organic binder (Incotec). (Photo: ART)
(enrobage) à une concentration de 50 %, soit en suspension – mélange de OB (40 %) et de poudre à tester. Les essais in vivo ont également permis de tester les traitements de semences de l’entreprise Incotec : le procédé avec l’adhésif (IncOB) à une concentration de 50 % et le procédé avec cet adhésif (50 %) combiné au produit «B». Deux autres procédés ont également été testés: un traitement à l’eau chaude et un traitement à base de Cerall®. Les bacs de semences ont d’abord été incubés pendant trois semaines dans des chambres climatiques à 5 °C, dans l’obscurité et avec une humidité de l’air élevée. Ils ont ensuite été exposés à la lumière blanche pendant deux autres semaines à 10 °C. A ce stade, les chercheurs ont déterminé le nombre de plantules dont le développement était normal ou anomal (fig. 5). Chaque procédé d’essai a été testé dans trois bacs de semences contenant 100 graines chacun.
Figure 6 | Essai en plein champ sur de petites parcelles avec des semences de blé infectées par Microdochium nivale et différents traitements des semences: eau chaude = 45 °C 2 h, produit «B» + OB: 2 g /100 g de semences + adhésif: Organic Binder (Incotec). (Photo: ART)
Les mêmes traitements de semences ont été testés dans les conditions de terrain sur des petites parcelles de 10 m² avec quatre répétitions (fig. 6). Les essais en plein champ se sont concentrés sur la levée et le rendement en grains. Pour les essais en chambre climatique et en plein champ, les chercheurs ont utilisé un lot de blé d’automne Siala infesté à 35 % par M. nivale.
Résultats et discussion Le test de germination des spores a permis d’identifier un effet dépendant de la dose, surtout avec le procédé employant le produit «B» (fig. 7). Les essais d’incorporation dans l’agar ont également montré des différences significatives entre les procédés. Pour la croissance du mycélium, l’efficacité des quatre substances testées dépendait du dosage (fig. 8). Comme
Nombre de spores germés
30
20
10
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Figure 7 | Test de germination des spores: influence des extraits végétaux sur la germination de Microdochium nivale. Moyennes avec écarts-types.
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Production végétale | Lutte alternative contre la moisissure des neiges (Microdochium nivale) dans le blé biologique
Diamètre des colonies de mycélium (cm)
8,0
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Figure 8 | Test de la croissance de mycélium (incorporation dans un milieu d’agar): influence de la poudre végétale sur la croissance de m ycélium de Microdochium nivale. Moyennes avec écarts-types.
pour le test de germination des spores, c’est le produit «B» qui a exercé l’effet inhibiteur le plus important, et ce avec des dosages inférieurs à ceux des autres substances. Dans l’essai de semis en chambre climatique, le nombre de plantes a presque doublé avec le procédé à eau chaude par rapport au témoin non traité et il a augmenté de 22 à 29 % avec le traitement au Cerall®. Dans les variantes avec le produit «B», la levée des plantes a été améliorée de 30 à 58 % (fig. 9). Dans l’essai 2009 en plein champ, l’infestation des semences par M. nivale a eu des répercussions très mar-
quées. Des différences massives ont par exemple été observées entre les procédés (fig. 10) au niveau de la levée au champ. Le tallage a légèrement atténué les densités de peuplements dans les différentes variantes. Malgré tout, les différences de traitement étaient significatives pour le rendement en grains (fig. 11), sachant qu’ici aussi, la variante eau chaude a eu l’effet le plus important, avec 63 kg/a par rapport à la variante témoin (31 kg/a). La désinfection à base de Cerall® a permis d’obtenir un rendement de 36 kg/a et les variantes de traitement avec le produit «B» ont permis d’atteindre des rendements entre 41 et 44 kg/a.
Nombre de plantes levées
100
75
Légende: OB adhésif Organic Binder
50
IncOB Organic Binder appliqué par Incotec
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Eau chaude = 45 °C, 2 h 0
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Figure 9 | Effet du produit «B» sur les semences de blé infestées par Microdochium nivale dans un essai de semis en chambre climatique: moyennes des plantes levées et écart-type de deux essais avec trois r épétitions comprenant chacune 100 graines.
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Lutte alternative contre la moisissure des neiges (Microdochium nivale) dans le blé biologique | Production végétale
40
Levée au champ: plantes/m
2009 30
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Levée au champ: plantes/m
2010
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Figure 10 | Effet du produit «B» sur les semences de blé contaminées par Microdochium nivale dans les essais en plein champ des années 2009 (semis 10.11.2008) et 2010 (semis: 21.10.2009). Levée au champ: plantes par mètre courant. Moyennes et écart-types de quatre répétitions. Description du p rocédé (cf. fig. 9).
Dans l’essai en plein champ 2010, la levée des plantes et le rendement étaient en général nettement meilleurs et les différences moins marquées entre les procédés. Les meilleures variantes de traitements avec le produit «B» ont été presque aussi efficaces que le traitement à l’eau chaude (fig. 10 et 11) et à nouveau plus efficaces que la désinfection à base de Cerall®. Ces bons résultats sont en partie dus aux conditions de levée plus favorables, car cet essai a été semé trois semaines plus tôt que l’année précédente. D’autres études ont montré que les effets négatifs de l’infestation des semences par M. nivale sont moindres lorsque la levée a lieu par températures élevées que par basses températures (Haigh et al. 2008).
Dans les variantes de traitement avec le produit «B», aucune différence n’a été relevée entre les différentes applications de l’adhésif. Une application séparée de l’adhésif et du produit «B» en poudre (enrobage) ne s’est pas avérée plus avantageuse que l’application de la suspension composée du mélange de l’adhésif et du produit «B». Dans l’essai 2010 en plein champ, une levée significativement meilleure et un rendement plus élevé ont été observés par rapport à l’essai de 2009, même avec les variantes à base de l’adhésif sans produit «B». Ces résultats pourraient être attribués au «priming» dû à l’absorption d’humidité par les semences. C’est la raison pour laquelle l’essai en plein champ sera réalisé une autre fois.
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Production végétale | Lutte alternative contre la moisissure des neiges (Microdochium nivale) dans le blé biologique
2009
Rendement en grains kg/a
60
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Rendement en grains kg/a
75 60 45 30 15 0
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Figure 11 | Effet du produit «B» sur le rendement en grains de semences de blé contaminées par M icrodochium nivale dans les essais en plein champ des années 2009 et 2010 – Moyennes de quatre r épétitions et écart-types. Pour une meilleure visibilité, les échelles dans les illustrations sont différentes. Description du procédé (cf. fig. 9).
Conclusions ••Les semences de blé biologique sont souvent tellement contaminées par l’agent pathogène de la moisissure des neiges M. nivale qu’elles n’atteignent plus la faculté germinative nécessaire à la certification. ••Un traitement à l’eau chaude permet de combattre efficacement l’infestation par M. nivale. Mais du fait des coûts de séchage élevés, ce procédé n’a pas pu s’imposer dans la pratique. ••Le produit bactérien Cerall® n’a qu’une efficacité partielle sur l’infestation des semences par M. nivale. ••Testée in vitro, la substance végétale appelée produit «B» inhibait à la fois la germination des spores et la croissance du mycélium de M. nivale.
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Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 88–95, 2011
••Des essais avec des applications du produit «B» en poudre (enrobage ou suspension) sur les semences en chambre climatique et en plein champ ont démontré un effet significatif contre M. nivale. Au champ, la levée des plantes et le rendement étaient substantiellement plus importants que dans la variante témoin non traitée. ••Avec une formule améliorée, ce produit pourrait offrir une alternative de lutte réaliste pour le traitement des semences de blé biologique dans la pratique. n
Lotta alternativa a Microdochium nivale nel frumento bio All'atto della certificazione delle sementi di frumento bio, spesso, non viene raggiunta la germinabilità richiesta. Non è raro che ciò sia dovuto a una forte infestazione di Microdochium nivale. Un trattamento a base di acqua calda permetterebbe di combattere efficacemente l'infestazione. Tuttavia, nella pratica questa procedura non è applicabile a causa dell'elevato dispendio energetico correlato all'essiccatura. Il prodotto biologico Cerall® per la concia delle sementi ha soltanto un'azione parziale contro M. nivale. Nello screening di laboratorio con diversi prodotti su base vegetale, un preparato («B») ha dato un risultato positivo in termini di azione inibitoria rispetto alla crescita miceliare di M. nivale. Anche in diversi esperimenti in vivo nella camera climatizzata e in altri sul campo è stato possibile dimostrare l'azione significativa di un trattamento delle sementi a base di preparato «B» in polvere, che ha determinato una migliore levata delle piante nonché una minore perdita di resa. La sfida sta nello sviluppare la formulazione cosicché il preparato «B» possa essere impiegato nei grandi impianti per la concia delle sementi.
Summary
Riassunto
Lutte alternative contre la moisissure des neiges (Microdochium nivale) dans le blé biologique | Production végétale
Alternative control of snow mold (Microdochium nivale) in organic wheat For certification of organic wheat seed, the required germination capacity is often not achieved. This is frequently due to excessively high infestation with the snow mould pathogen Microdochium nivale. A warm-water treatment effectively controls infestation of seed. However, due to the high costs for redrying, this method has not caught on in practice. Dressing with the bacterial product Cerall® is only partially successful in controlling seed infestation with M. nivale. In a laboratory screening with various plant-based products, the preparation «B» showed a good inhibitory effect on the mycelial growth of M. nivale. Moreover, in several in vivo experiments in the climate chamber and in the field, the treatment of seed with powder from the preparation «B» demonstrated significant effects. The compound not only improved seedling emergence, but reduced also yield losses. The challenge is to develop the formulation to a point where the preparation «B» can be used as a product in large-scale dressing. Key words: organic disease control, seed borne diseases, seedling blight, snow mould.
Bibliographie ▪▪ Haigh I. M., Jenkinson P. & Hare M. C., 2008. The effect of a mixture of seed-borne Microdochium nivale var. majus and Microdochium nivale var. nivale infection on Fusarium seedling blight severity and subsequent stem colonisation and growth of winter wheat in pot experiments, European Journal of Plant Pathology 124 (1), 65–73. ▪▪ Hoffmann G. M. & Schmutterer H., 1999. Parasitäre Krankheiten und Schädlinge an Nutzpflanzen, 2. Auflage, Verlag Eugen Ulmer, Stuttgart, 675 p. ▪▪ Johnsson L., Hökeberg M. & Gerhardson B., 1996. Performance of the Pseudomonas chlororaphis biocontrol agent MA 342 against cereal seedborne diseases in field experiments, European Journal of Plant Pathology 104 (7), 701–711. ▪▪ Obst A., 1993. Krankheiten und Schädlinge des Getreides, Verlag Th. Mann, Gelsenkirchen-Buer, 184 p. ▪▪ Winter W., Bänziger I., Rüegger A. & Krebs H., 1998. Weizensaatgut: P raxiserfahrung mit Warmwasserbehandlung. Agrarforschung 5 (3), 125 – 128.
Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 88–95, 2011
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E c l a i r a g e
Amélioration foncière intégrale: multifonctionnelle et durable Karin Bovigny-Ackermann, Office fédéral de l’agriculture, 3003 Berne Renseignements: Karin Bovigny-Ackermann, e-mail: karin.bovigny@blw.admin.ch, tél. +41 31 324 13 39
Haies et vergers marquent le paysage de Boswil (AG). (Photo: OFAG)
Boswil est une petite commune du district argovien de Freiamt. Une amélioration intégrale y a été réalisée en prenant en considération les différents intérêts liés à l’aménagement du territoire, à l’écologie et à l’agriculture. En automne, le Forum Lignes directrices (encadré ci-contre) a effectué son voyage d’experts dans le canton d’Argovie. Représentants des milieux de l’agriculture, de l’aménagement du territoire et de la protection de la nature et du paysage se sont ainsi rencontrés à Boswil pour discuter sur le terrain du rôle des améliorations foncières et des possibilités qu’elles offrent. Développement durable de l’espace rural Le village de Boswil se trouve dans le district argovien de Freiamt, entre les communes de Wohlen, de Muri, le ruisseau de Bünz (25 km de long) et le Lindenberg, à près de 460 m d’altitude. Le village compte 2400 habitants et s’étend sur 1178 hectares. Le paysage se caractérise par des hameaux, des haies et des vergers fruitiers. L’agriculture y joue toujours un rôle important.
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Afin de concilier les différents intérêts d’utilisation des terres liés à l’agriculture, à l’aménagement du territoire, à la protection de la nature et du paysage, l’amélioration intégrale – instrument multifonctionnel d’organisation spatiale – s’est imposée. Elle comprenait
Forum Lignes directrices Le Forum Lignes directrices existe depuis 1994. Cette plateforme de discussion a vu le jour lorsqu’un comité interdisciplinaire s’est réuni pour élaborer le concept général «Les améliorations foncières d’aujourd’hui, une aubaine». L’objectif du Forum est de concilier les intérêts de l’agriculture, de l’aménagement du territoire et de la protection de la nature et du paysage. Il s’agit avant tout de promouvoir le dialogue entre les milieux intéressés. Une conférence est organisée chaque année.
Amélioration foncière intégrale: multifonctionnelle et durable | Eclairage
Figure 1 | Le ruisseau de Bünz avant l’amélioration : canalisé…
deux concepts de développement, un pour le paysage et un pour l’agriculture, et a été réalisée rapidement (encadré «Réalisation de l'amélioration»). La surface utilisée par l’agriculture, subdivisée en de nombreuses petites parcelles, rendait difficile une exploitation judicieuse. C’est ainsi que 730 parcelles ont été regroupées en 190 (tableau «Chiffres clés techniques»). Le remaniement parcellaire et la construction de nouveaux chemins de desserte ont permis de préserver non seulement une activité agricole judicieuse et les zones correspondantes, mais aussi l’aspect du paysage caractéristique de Boswil. En résumé, il s’agissait d’assurer un développement durable de l’habitat. On a examiné non seulement l’utilisation du sol, mais aussi les différentes exploitations agricoles, en faisant le point de la situation et en cherchant les possibilités de développement en collaboration avec les agriculteurs. Ce processus a été intégré sous la dénomination «LEILA» (nouveauté en aménagement du territoire) dans le plan révisé de zones agricoles. LEILA désigne tout site envisageable de développement agricole (par exemple un élevage de poules en plein air ou l’agrandissement d’une porcherie). Le plan de zones agricoles définit l’utilisation des terrains en dehors de la zone à bâtir et est aussi
Amélioration foncière intégrale à Boswil: chiffres clés téchniques Surface en hectares (dont 23 ha de forêt)
736
Nombre de propriétaires fonciers
214
Nombre d’agriculteurs
34
Nombre de parcelles (avant)
730
Nombre de parcelles (après)
190
Part de terres affermées
50 %
Coût total
12 millions de francs
Dont le coût de la renaturation du ruisseau de Bünz
2 millions de francs
Figure 2 | …et après: renaturé. (Photos: OFAG)
Réalisation de l'amélioration – 2001: début des travaux effectués par un bureau d’ingénieurs du génie rural – Automne 2003: mise à l'enquête publique du projet de nouvelle répartition et du plan de zones agricoles - Juillet 2005: approbation du plan de zones agricoles par le gouvernement argovien - Fin 2010: clôture des travaux de construction - 2011/2012: clôture des travaux administratifs
contraignant que le plan de zones à bâtir. Il définit les zones d’utilisation (agriculture, gravières, etc.) et les zones de protection (prairies maigres, zones de source, etc.) ainsi que les objets à protéger (haies, vergers, etc.). Revalorisation écologique L’amélioration intégrale a touché également de nombreux aspects écologiques: 15 zones de source ont été attribuées aux autorités publiques et bénéficient d’une protection spéciale (interdiction de fumure). Divers fossés et ruisseaux ont été revitalisés sur une longueur de 5 km. De nouveaux ruisseaux ont été aménagés pour prévenir le danger d’écoulement en surface sur les champs. Les terres nécessaires à la renaturation du ruisseau de Bünz ont été mises à disposition. Le ruisseau, qui s’écoule désormais librement (fig. 1 et 2), invite à la flânerie et au ressourcement dans un environnement proche (notamment par un Jardin Kneipp). De nouveaux arbres fruitiers haute-tige et des haies ont été plantés. Les surfaces de compensation écologique représentent 15 % du périmètre de l’amélioration. Un corridor a en outre été aménagé pour la faune sauvage. n
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A c t u a l i t é s
Actualités Nouveau titulaire de la chaire d’agronomie et d’amélioration des plantes de l’ETH Zurich
Au début février 2011, le professeur émérite Peter Stamp a remis la direction de la chaire d’agronomie et d’amélioration des plantes de l’ETH Zurich au docteur en biologie Achim Walter, du centre de recherche de Jülich en Allemagne. En prenant sa retraite, Peter Stamp met un terme à plus de vingt ans d’activités de recherches variées et couronnées de succès. Son mérite et sa collaboration sont inestimables dans le domaine de la compréhension de la résistance au froid du maïs – plante thermophile – ainsi que dans la recherche sur les racines. Pour Peter Stamp, l’amélioration des plantes n’était pas une fin en soi, mais sa recherche était orientée sur les besoins de la pratique et ainsi sur la sécurité alimentaire mondiale. Ses expériences sur la dissémination du pollen dans le cadre du PNR 59 ont permis de renforcer la position de la Suisse et sa coprésence dans le domaine de la recherche sur le maïs OGM en terres ouvertes. Avec ce savoir, il a également représenté l’EPF au sein de la Commission fédérale d’experts pour la sécurité biologique. Peter Stamp s’est engagé, entre autres, dans la commission d’experts «Agroscope Changins Wädenswil», et a présidé le projet à long terme COST 814 pour l’intérêt de la recherche en Suisse. A l’école polytechnique, il a participé d’une manière déterminante au développement de la filière des sciences agronomiques et alimentaires et travaillé, en tant que membre de la commission consultative de la HESA de Zollikofen, à la mise en place d’un cycle de formation sur l’agriculture internationale. Son successeur, Achim Walter, oriente ses recherches sur le développement de méthodes optiques pour analyser de manière non invasives les plantes cultivées. Ces méthodes s‘étendent de l’analyse en temps réel de la croissance d‘une feuille ou d‘une racine isolée, en passant par l’analyse tomographique de la croissance du système racinaire dans un sol non perturbé, jusqu’à la télédétection dans l’air d’une population sélectionnée.
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Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 98–103, 2011
Ses recherches mettent l’accent sur l’analyse de la croissance et de l’architecture des plantes cultivées, tant dans le domaine aérien que souterrain, sur l’analyse optique des substances composant les plantes et sur la réaction des plantes face à un stress provoqué par leur environnement. L’objectif de ces recherches est de rendre applicables de nouvelle méthodes, au bénéfice de la génétique et de la sélection, afin d’améliorer la compréhension de la croissance, de l’architecture et des composants des plantes. Ainsi, les méthodes seront établies en étroite collaboration avec des biologistes moléculaires, des généticiens et des sélectionneurs issus de la pratique. Après la domination de la biologie moléculaire et de l’analyse génomique durant ces dernières décennies, l’analyse quantitative des caractéristiques phénotypiques des plantes promet de grands progrès en transmettant des connaissances de base issues de la biologie moléculaire à la pratique agricole. Une sélection plus efficace devrait être atteinte à l’avenir, permettant un mode de culture qui préserve les ressources et tienne compte des nouveaux besoins de la société, soit une meilleure qualité des denrées alimentaires.
A c t u a l i t é s
Nouvelles publications
Recherche diversifiée sur la biodiversité ART-Schriftenreihe 14 |
November 2010
|
ART-Schriftenreihe 13 | Oktober 2010
Agriculture biologique : conversions et abandons
Ein- und Ausstieg im Biolandbau Ali Ferjani, Linda Reissig und Stefan Mann
Cahiers d'ART 13 Il y a encore une dizaine d’années, on était certain que de plus en plus d’exploitations se convertiraient à l’agriculture biologique. Or, depuis quelques années, le nombre d’exploitations biologiques est en recul en Suisse; la surface occupée par les cultures biologiques stagne. Le présent ouvrage est basé sur une vaste enquête auprès des agriculteurs qui se sont convertis à l’agriculture biologique, auprès de ceux qui l’abandonnent et d’autres exploitations agricoles. Le projet cherche à trouver les causes de cette évolution. L’accent est mis sur les exploitations de grandes cultures qui n’optent que très rarement pour le mode de production biologique. L’étude est complétée par les résultats d’une enquête réalisée auprès des élèves des écoles d’agriculture afin de connaître leur position par rapport à l’agriculture biologique. Ali Ferjani, Linda Reissig et Stefan Mann, ART
Vielfältige BiodiversitätsForschung Redaktion: Atlant Bieri
Cahiers d'ART 14 La biodiversité se définit comme la diversité de la vie sur terre avec toutes ses fonctions et interactions. C’est un trésor varié et vivant qui remplit de nombreuses fonctions essentielles pour nous. Hélas, ce trésor est menacé. La diversité des espèces végétales et animales souffre par exemple considérablement des conséquences de l’exploitation intensive. C’est pourquoi depuis les années 90, la Confédération s’efforce de lutter contre ce dépérissement. Cependant la restauration de cette diversité n’est pas une tâche aisée et demande beaucoup de moyens, comme le montre la recherche d’ART. La flore adventice est particulièrement menacée dans les grandes cultures. L’emploi d’herbicides et d’engrais ainsi que la disparition des ourlets et des structures périphériques en sont les principales raisons. C’est la raison pour laquelle ART étudie comment les promouvoir et les protéger aujourd’hui et comment concilier protection de la nature avec production de denrées alimentaires. Enfin, ART s’engage dans l’agriculture biologique. Avec l’aide de la station de recherche, l’exploitation zurichoise d’Huebhof s’est convertie en une exploitation «biodiversifiée» au début des années 90. Par une recherche diversifiée, ART essaie de mieux rendre justice à la complexité de la biodiversité. ART apporte une contribution significative à la protection, à la promotion et à l’exploitation de la biodiversité dans l’espace agricole. Atlant Bieri, ART
Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 98–103, 2011
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Actualités
Rapport ART 730
Technique des salles de traite dans les exploitations de production laitière suisses Evaluation du point de vue de la pratique
Juin 2010
Technique des salles de traite dans les exploitations de production laitière suisses
Impressum Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction Regula Wolz, ART Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch
Charge de travail physique dans les exploitations de production laitière suisses Evaluation du point de vue de l‘agriculteur
Juillet 2010
Charge de travail physique dans les exploitations de production laitière suisses
Auteurs
Auteurs Pascal Savary, Frauke Korth, Maren Kauke, ART pascal.savary@art.admin.ch
Rapport ART 731
Les salles de traite tandem et autotandem sont très appréciées en Suisse, également à l’avenir. (Foto: ART) Une enquête réalisée auprès des éleveurs de vaches laitières suisses a permis d’analyser plusieurs points: la répartition des différents types de salles de traite, leur équipement technique ainsi que les raisons qui ont motivé l’achat et enfin, le degré de satisfaction par rapport à la technique de traite. En Suisse, les salles de traite tandem et autotandem restent les salles de traite les plus répandues, suivies des salles de traite en épi. L’enquête montre néanmoins que les exploitations qui prévoient d’investir dans de nouvelles techniques de traite s’intéressent de plus en plus aux systèmes de traite automatiques et aux carrousels de traite.
Dans l’équipement technique de la salle de traite, l’enregistrement de la production laitière et le décrochage automatique des unités trayeuses jouent notamment un rôle important. Tandis que l’aire d’attente est très répandue, elle n’est pratiquement jamais équipée d’un dispositif «pousse vaches». Il sera toutefois davantage employé à l’avenir. En général, les agricultrices et les agriculteurs interrogés étaient satisfaits de leur technique de traite et notamment du service après-vente. Ce dernier joue un rôle essentiel dans la décision d’achat.
ISSN 1661-7576
Rapport ART 730 Une enquête réalisée auprès des éleveurs de vaches laitières suisses a permis d’analyser plusieurs points: la répartition des différents types de salles de traite, leur équipement technique ainsi que les raisons qui ont motivé l’achat et enfin, le degré de satisfaction par rapport à la technique de traite. En Suisse, les salles de traite tandem et autotandem restent les salles de traite les plus répandues, suivies des salles de traite en épi. L’enquête montre néanmoins que les exploitations qui prévoient d’investir dans de nouvelles techniques de traite s’intéressent de plus en plus aux systèmes de traite automatiques et aux carrousels de traite. Dans l’équipement technique de la salle de traite, l’enregistrement de la production laitière et le décrochage automatique des unités trayeuses jouent notamment un rôle important. Tandis que l’aire d’attente est très répandue, elle n’est pratiquement jamais équipée d’un dispositif «pousse vaches». Il sera toutefois davantage employé à l’avenir. En général, les agricultrices et les agriculteurs interrogés étaient satisfaits de leur technique de traite et notamment du service après-vente. Ce dernier joue un rôle essentiel dans la décision d’achat. Pascal Savary, Frauke Korth, Maren Kauke, ART
Maren Kauke, Frauke Korth, Pascal Savary, ART pascal.savary@art.admin.ch Impressum Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction Regula Wolz, ART Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch ISSN 1661-7576
Même dans les salles de traite modernes, la traite peut être éprouvante physiquement. En dépit des progrès technologiques et de l’automatisation croissante, les maladies de l’appareil locomoteur sont très répan dues chez les éleveurs de vaches laitières. On sait encore peu de choses sur les cau ses de ces maladies. Un questionnaire a permis de faire le point sur la situation dans les exploitations de production lai tière suisses. Il a été envoyé à 2000 exploi tations avec stabulation libre sélection nées au hasard. Le taux de retour était de 53 %. Les questions centrales portaient sur l’état de santé, ainsi que sur les activi tés considérées comme éprouvantes dans l’élevage de vaches laitières en général et durant la traite en particulier. 68,7 % des éleveurs de vaches laitières qui ont participé à l’enquête, ont indiqué
souffrir régulièrement de troubles de l’appareil locomoteur. Les activités consi dérées comme particulièrement éprouvan tes dans l’élevage de vaches laitières en général sont l’affourragement (32 %), l’entretien des logettes (20 %) et le soin des onglons (9 %). La traite est souvent considérée comme peu éprouvante. Enfin, 32 % des personnes interrogées n’ont pas indiqué quelle activité ils jugeaient la plus éprouvante. La traite séparée dans un pot trayeur, plus précisément le transport manuel de ce dernier, ont été cités comme éprouvants par 18 % des agriculteurs inter rogés. 14 % ont mentionné la pose des uni tés trayeuses. Plus de 80 % des agricultri ces et agriculteurs aiment travailler dans la salle de traite.
Rapport ART 731 En dépit des progrès technologiques et de l’automatisation croissante, les maladies de l’appareil locomoteur sont très répandues chez les éleveurs de vaches laitières. On sait encore peu de choses sur les causes de ces maladies. Un questionnaire a permis de faire le point sur la situation dans les exploitations de production laitière suisses. Il a été envoyé à 2000 exploitations avec stabulation libre sélectionnées au hasard. Le taux de retour était de 53 %. Les questions centrales portaient sur l’état de santé, ainsi que sur les activités considérées comme éprouvantes dans l’élevage de vaches laitières en général et durant la traite en particulier. 68,7 % des éleveurs de vaches laitières qui ont participé à l’enquête, ont indiqué souffrir régulièrement de troubles de l’appareil locomoteur. Les activités considérées comme particulièrement éprouvantes dans l’élevage de vaches laitières en général sont l’affourragement (32 %), l’entretien des logettes (20 %) et le soin des onglons (9 %). La traite est souvent considérée comme peu éprouvante. Enfin, 32 % des personnes interrogées n’ont pas indiqué quelle activité ils jugeaient la plus éprouvante. La traite séparée dans un pot trayeur, plus précisément le transport manuel de ce dernier, ont été cités comme éprouvants par 18 % des agriculteurs interrogés. 14 % ont mentionné la pose des unités trayeuses. Plus de 80 % des agricultrices et agriculteurs aiment travailler dans la salle de traite. Maren Kauke, Frauke Korth, Pascal Savary, ART
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Actualités
La fin des contingents laitiers
Rapport ART 732
La fin des contingents laitiers Evolutions sur le marché du lait suisse
Juillet 2010
Coûts-machines 2010 Avec les coûts des parties du bâtiment et des installations mécaniques
Octobre 2010
Auteurs Miriam Gairing, Stefan Mann et Matthieu Stigler, ART miriam.gairing@art.admin.ch
Coûts-machines 2010
Rapport ART 733
Auteurs Fig. 1: Le marché du fromage évolue aussi suite à la suppression des contingents laitiers.
Christian Gazzarin et Gregor Albisser, ART christian.gazzarin@art.admin.ch (Photos: Lorenz Dürr, Christian Gazzarin, ART).
Impressum Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction Regula Wolz, ART Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch
La suppression des contingents laitiers à partir du 1er mai 2009 a placé les productrices et les producteurs de lait, ainsi que les entreprises de transformation face à de nouveaux défis. Parmi eux, la conclusion obligatoire de contrats pour la vente de lait au premier acheteur. Le degré de détails de ces contrats varie. De nombreuses laiteries achètent une quantité de lait définie. Toutefois, les fromageries notamment, fixent non seulement une quantité
A, mais aussi une quantité B supplémentaire à un prix plus bas. Les délais de résiliation sont compris entre trois et douze mois. Outre le délai de résiliation, environ la moitié des contrats définissent également la durée de validité du prix fixé. Cette durée est en général comprise elle aussi entre trois et douze mois. Pour les prix du lait, la situation régionale et la prime de non-ensilage sont les principales causes de différences systématiques.
ISSN 1661-7576
Impressum Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction Regula Wolz, ART Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch
La présente compilation de données contient des bases et des valeurs indicatives pour l’indemnisation des machines agricoles utilisées en commun. Les tarifs d’indemnisation ont un caractère purement indicatif. Ce sont des valeurs calculées qui permettent d‘utiliser la machine en couvrant les coûts dans le cadre des hypothèses admises. Les rendements se réfèrent uniquement au temps de travail effectif au champ; par conséquent, les temps de panne, de préparation et de trajet ne sont pas pris en compte (sauf pour les véhicules de transport).
Les tarifs d’indemnisation s’appliquent par séquence de travail. Pour le calcul des coûts dans les cas particuliers, les hypothèses doivent être adaptées à la situation concrète de l’exploitation. Dans la pratique, les tarifs d’indemnisation effectivement en vigueur sont en outre soumis à la loi de l’offre et de la demande, de sorte qu’ils divergent plus ou moins des tarifs ART.
ISSN 1661-7576
Rapport ART 732 La suppression des contingents laitiers à partir du 1er mai 2009 a placé les productrices et les producteurs de lait, ainsi que les entreprises de transformation, face à de nouveaux défis. Parmi eux, la conclusion obligatoire de contrats pour la vente de lait au premier acheteur. Le degré de détails de ces contrats varie. De nombreuses laiteries achètent une quantité de lait définie. Toutefois, les fromageries notamment, fixent non seulement une quantité A, mais aussi une quantité B supplémentaire à un prix plus bas. Les délais de résiliation sont compris entre trois et douze mois. Outre le délai de résiliation, environ la moitié des contrats définissent également la durée de validité du prix fixé. Cette durée est en général comprise elle aussi entre trois et douze mois. Pour les prix du lait, la situation régionale et la prime de nonensilage sont les principales causes de différences systématiques.
Rapport ART 733 La présente compilation de données contient des bases et des valeurs indicatives pour l’indemnisation des machines agricoles utilisées en commun. Les tarifs d’indemnisation ont un caractère purement indicatif. Ce sont des valeurs calculées qui permettent d‘utiliser la machine en couvrant les coûts dans le cadre des hypothèses admises. Les rendements se réfèrent uniquement au temps de travail effectif au champ; par conséquent, les temps de panne, de préparation et de trajet ne sont pas pris en compte (sauf pour les véhicules de transport). Les tarifs d’indemnisation s’appliquent par séquence de travail. Pour le calcul des coûts dans les cas particuliers, les hypothèses doivent être adaptées à la situation concrète de l’exploitation. Dans la pratique, les tarifs d’indemnisation effectivement en vigueur sont en outre soumis à la loi de l’offre et de la demande, de sorte qu’ils divergent plus ou moins des tarifs ART.
Miriam Gairing, Stefan Mann et Matthieu Stigler, ART
Christian Gazzarin et Gregor Albisser, ART
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Actualités
M e d i e n m i t t e i l u n gDiviser e n la consom Rapport ART 735
Diviser la consommation d’énergie du chauffage et de la ventilation par deux et plus
bâtiments. Celle-ci entraîne d’ailleurs peu de coûts supplé-
mation d’énergie du mentaires lorsque la technique de construction est adapchauffage et de la tée. La mesure d’économie d’énergie la plus simple consiste www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen ventilation par deux à ne pas aérer plus que nécessaire. Les essais montrent et plus qu’une bonne régulation du CO2 permet d’adapter le débit 22.09.2010 / ART de ventilation aux besoins du moment. D’autres économies Im Netz der Pilze significatives d’énergie sont possibles en utilisant la géoEconomiser de l’énergie dans l’étable est aussi important sur le plan écologique qu’intéressant sur le plan économique Octobre 2010
Auteurs
Ludo Van Caenegem, Gallus Jöhl, Markus Sax, Alina Soltermann, ART Impressum
Zürich ist zur Pilzhauptstadt der Schweiz avanciert. Heute wurde am Stadtrand die erste nationale Sammlung unterirdischer Knäuelpilze eröffnet. Pilzfäden halten das Leben auf der Erde zusammen. Denn sie liefern Bäumen, Gräsern und Nutzpflanzen überlebenswichtige Nährstoffe. Wegen ihrer enormen Bedeutung für das Ökosystem eröffnete heute die landwirtschaftliche ForschungsRapport Agroscope ART 735 anstalt Reckenholz-Tänikon ART die erste La consommation annuelle dans les porcheries nationale Sammlung der so d’énergie genannten Knäuelpilze, eine est estimée 90 millions de kilowatt-heures pour le chaufGruppe der àMykorrhizapilze. fage et à 40 millions de kilowatt-heures pour la ventilation. 19.09.2010 / SNG Des simulations et des essais pratiques à la station de Equus helveticus – Ein weiterer Grosserfolg für das recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART montrent Schweizer Pferd que différentes mesures permettent de réduire considéraDie zweite Ausführung des neuen Pferdefestivals blement la consommation d’énergie. L’étude a porté Equus sur le helveticus zog während vier Tagen (16. – 19. thermique, September potentiel d’économie d’énergie de l’isolation 2010) 20 000 Personen an und war ein Grosserfolg. Familien, de la régulation du débit de ventilation, de l‘utilisation de Reiter und Züchter der ganzen Schweiz und dem la géothermie et deaus la récupération de la chaleur de Ausl’air land bewunderten überet1000 sämtlichen existiesortant des porcheries desPferde halles in d’engraissement de renden PferdesportPferdezuchtdisziplinen. Pfervolaille. Sachant que und la ventilation est la principaleDas respondefestival Equus dehelveticus bescherte Avenches ein sable des pertes chaleur, son potentiel d’économie einmaliges Wochenende. d’énergie est plus important que celui de l’isolation thermique. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il faut renon16.09.2010 / ART cer à une excellente isolation thermique dans les nouveaux Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction Regula Wolz, ART
Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch ISSN 1661-7576
Fig. 1: L’isolation thermique, la ventilation commandée par la concentration en CO2, l’utilisation de la géothermie et la récupération de chaleur permettent de réduire considérablement la consommation d’énergie pour le chauffage.
La consommation annuelle d’énergie dans les porcheries est estimée à 90 millions de kilowatt heures pour le chauffage et à 40 millions de kilowatt heures pour la ventilation. Des simulations et des essais pratiques à la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART montrent que
différentes mesures permettent de ré duire considérablement la consommation d’énergie. L’étude a porté sur le potentiel d’économie d’énergie de l’isolation thermique, de la régulation du débit de ventilation, de l‘utilisation de la géothermie et de la récupération de la chaleur de l’air
Ammoniak aus Ställen auf der Spur Laufställe sind bedeutende Quellen von Ammoniak. Jetzt zeigen Messungen, dass Ammoniakemissionen im Sommer besonders hoch sind. Kühe produzieren eine Menge Kot C om m udie n ioft q umehrere é s d Stunden e p r e auf s s eden Laufflächen und Harn, liegen. Dabei entweicht Ammoniak. Das Problem: Der Landwirtschaft geht viel wertvoller Stickstoffdünger verloren, weil er sich buchstäblich in die Luft verflüchtigt. www.agroscope.admin.ch/communiques Ammoniak in der Atmosphäre kommt schliesslich mit dem 27.01.2011/ ACWErdoberfläche und belastet dort als Regen auf die Galiwa, la nouvelle pomme écologique suisse Stickstoff¬dünger empfindliche Ökosysteme.
sucrée 13.09.2010 / ACW Parmi les pommes, il manquait jusqu'à présent une variAgroscope ACW bewertet die été sucrée capable de résister120 auxAprikosensorten, attaques du champigzwischen Juni und Une September geerntet non de la tavelure. telle variété seraitwurden particulièreDas vom 6 bis 8. August 2010 in Saxon hat mentAprikosenfest bienvenue en arboriculture bio. Les sélectionneurs viele tausend Menschen angelockt. In diesem Rahmen hat de pommiers de la Station de recherche Agroscope das kantonale Amt für Obstbau im Wallis d'obtenir in ZusammenarChangins-Wädenswil ACW viennent une beit mitrépondant der Forschungsanstalt Agroscope «Galiwa», Changinspomme à ces critères. Dénommée Wädenswil ACW einen elle est rouge, sucrée et –gemeinsamen précisément –Informationstag résistante à la organisiert. Anlässlich dieser Veranstaltungen konnten tavelure.
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thermie et en récupérant la chaleur contenueThemen dans l’airauch sorneben vielen angesprochenen aktuellen tant. C’est la récupération devorgestellt chaleur qui permetAgroscope le plus de zahlreiche Aprikosensorten werden. réduirebewertet les besoins chauffage. quantité d’énergie ACW an de ihrem StandortLa in Conthey derzeit économisée dépend toutefois rendement de 120 Aprikosensorten, die in derdu Zeit von Mittethermique Juni bis Ende l’échangeurgeerntet de chaleur danskönnen. les conditions pratiques. De September werden plus, la consommation de courant des ventilateurs aug09.09.2010 / ART mente car la résistance de l’air est plus importante. C’est Identitäts-Chip Ohr pourquoi avec lesam échangeurs thermiques, il est recomDas Leben eines uniquement Schweins könnte in Zukunftdevon der mandé d’utiliser des commandes ventilaGeburt bis zur Schlachtung elektronischen teur économes. Les mesuresmittels d’économie d’énergie Ohrmarne sont ken rückverfolgt Die Technologie dazu muss noch rentables que si werden. les investissements nécessaires peuvent entwickelt werden. être amortis pendant la durée d’exploitation prévue. Cela suppose aussi que le potentiel théorique d’économie 31.08.2010 / ART d’énergie puisse être exploité grâce à un dimensionneLandwirtschaftliche sinken 2009 ment, une réalisation etEinkommen une manipulation corrects. Die wirtschaftliche Situation der landwirtschaftlichen Ludo Van Caenegem, Jöhl,gut Markus et Alina Soltermann, ART Betriebe ist 2009 Gallus weniger als Sax 2008. Sowohl das landwirtschaftliche Einkommen je Betrieb als auch der Arbeitsverdienst je Familienarbeitskraft gehen zurück. Dies zeigen die definitiven Ergebnisse der Zentralen Auswertung von Buchhaltungsdaten der Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART. 2009 beträgt das landwirtschaftliche Einkommen je Betrieb 60 300 Franken gegenüber 64 100 Franken im Vorjahr (-6,0 %). Der durchschnittliche Arbeitsverdienst je Familienarbeitskraft sinkt im Vergleich zu 2008 um 1,3 % (von 41 700 Franken auf 41 200 Franken).
23.12.2010 /ART Le pouvoir des sous-locataires Les acariens se multiplient vite et peuvent causer d’importants dommages dans l‘agriculture. C’est pourquoi les chercheurs étudient leurs entrailles. C’est là en effet que pourraient se cacher leurs pires ennemis.
Actualités
Manifestations
Liens Internet
Année internationale de la forêt 2011 www.foret2011.ch L’ONU a déclaré 2011 «Année internationale de la forêt». www.foret2011.ch est le site officiel de la Suisse pour cette occasion. La forêt recouvre environ un tiers du territoire suisse. Plus d’un tiers de cette surface est constituée de forêts de protection contre les dangers naturels. De plus, la forêt est le lieu le plus apprécié par la population pour se ressourcer durant les loisirs. La loi veille à ce que la forêt suisse soit exploitée de façon naturelle et durable afin que les générations futures puissent aussi bénéficier de ses prestations.
Dans le prochain numéro Mars 2011 / Numéro 3 Les néophytes envahissantes – en provenance d’autres continents – peuvent s’adapter à un nouveau milieu et bouleverser sensiblement l’équilibre de la biodiversité. La renouée du J apon se propage le long des cours d’eau et peut provoquer l’érosion des abords. (Photo : Carole Parodi, ACW)
•• Le point sur les plantes envahissantes, C. Bohren ACW ••Fertilité du sol et la productivité des cultures: effets à moyen terme des apports organiques et des techniques culturales simplifiées, A. Maltas et al. ACW ••Concentration et émission d’odeurs provenant des étables de vaches laitières avec aire d’exercice extérieure, M. Keck et al. ART et EMPA Dübendorf ••Diversité génétique de la race d'Hérens, C. Flury et P. Rieder HESA
Février 2011 24. – 27.02.2011 Agroscope à Tier & Technik Forschungsanstalten Agroscope ACW, ALP et ART St. Gallen 25.02.2011 9. Schweizer Obstkulturtag 2011 ACW, Agridea, NWW, Obstverbände SG und TG, SKOF, SOV, Swisscofel St. Gallen Mars 2011 03.03.2011 Unsere Saatgutproduktion – fit auch in der Zukunft Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Zürich-Reckenholz 23. - 24.03.2011 3. Tänikoner Melktechniktagung Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon Avril 2011 02.04.2011 Journée d'élevage 2011 Haras national suisse HNS Avenches 05.04.2011 6. Bioforschungstagung Agroscope und FiBL Wädenswil 07.04.2011 AGFF-Frühlingstagung ART, Inforama, Profi-Lait Zollikofen Mai 2011 11.05.2011 2nd Swiss FoodTech Day Swiss Food Research Sisseln
••Agrosylviculture en Suisse, A. Kaeser et al. ART ••Liste recommandée des variétés de maïs pour la récolte 2011
Informationen: Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen www.agroscope.admin.ch/manifestations
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Mittwoch/Donnerstag, 23./24. März 2011
3. Tänikoner Melktechniktagung
Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, CH-8356 Ettenhausen TG
Thema: Optimierte Milchgewinnung • Monitoring, Diagnostik und Effizienz • Sensorik, Zitzengummi • Vakuum, AMS, Melkstandtechnik
Ort: Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART CH-8356 Ettenhausen TG
Siehe Programm unter: www.agroscope.ch/veranstaltungen
Anmeldung: Online unter www.agroscope.ch/veranstaltungen oder an: diana.niederer@art.admin.ch
www.agroscope.ch
Anmeldeschluss: 4. März 2011
AgRAR foRSchung Schweiz RecheRche AgRonomique SuiSSe
Informations actuelles de la recherche pour le conseil et la pratique : Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois par année et informe sur les avancées en production végétale, production animale, économie agraire, techniques agricoles, denrées alimentaires, environnement et société. Recherche Agronomique Suisse est également disponible on-line sous www.rechercheagronomiquesuisse.ch
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