Recherche Agronomique Suisse 2 0 1 1
|
N u m é r o
6
Agroscope | OFAG | HESA | AGRIDEA | ETH Zürich
J u i n
Production animale Teneur en matière azotée des aliments pour porcs: état des lieux en 2008 Production végétale Tests de nouvelles et d’anciennes variétés de fétuque des prés Eclairage Stratégie climat pour l’agriculture
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Les émissions d'ammoniac font partie du cycle des éléments nutritifs de la production animale. En diminuant les teneurs en matières azotées dans les aliments pour porcs et en appliquant une alimentation par phase, l'agriculture peut déjà mettre en place des mesures de réduction des émissions à la source. La HESA et Agroscope Liebefeld- Posieux ALP ont dressé un état des lieux des pratiques en matière d’alimentation des porcs en Suisse. (Photo: Jürg Waldmeier, Zurich) Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
Sommaire Juin 2011 | Numéro 6 243
Editorial
244
Production animale
Annelies Bracher et Peter Spring 252
Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope LiebefeldPosieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Gerhard Mangold (ALP et HNS), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HESA), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich) Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou info@rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse © Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Production animale rojet «Quelle vache pour la pâture?»: P
Production, reproduction et santé Valérie Piccand, Erwan Cutullic, Fredy Schori, Sara Weilenmann et Peter Thomet
Editeur Agroscope Partenaires b A groscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux ALP et Haras national suisse HNS; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART) b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne b Haute école suisse d’agronomie HESA, Zollikofen b Centrales de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Department of agricultural and foodscience
eneur en matière azotée des aliments T pour porcs: état des lieux en 2008
Production végétale 258 Tests de nouvelles et d’anciennes
variétés de fétuque des prés Daniel Suter, Rainer Frick et Hans-Ulrich Hirschi Production végétale 264 Maladies et rendement du blé
d'automne: influence du système de culture Raphaël Charles, Edouard Cholley, Peter Frei et Fabio Mascher 272
Production végétale
xtension Arboriculture fruitière en E dialogue avec la pratique Simon Egger et Heinrich Höhn
280
Eclairage
Stratégie climat pour l’agriculture Martina Wiedemar et Daniel Felder
Eclairage 284 Recherche et conseil pour les femmes
dans l’agriculture Ruth Rossier et Rita Helfenberger Eclairage 288 Recherche systémique axée sur la
résolution des problèmes – Aperçu du travail d’Agroscope Paul Steffen 293
Interview
295
Actualités
299
Manifestations
Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS Berner Fachhochschule Haute école spécialisée bernoise Schweizerische Hochschule für Landwirtschaft SHL Haute école suisse d’agronomie HESA
Editorial
Modeler plutôt qu’administrer Chère lectrice, cher lecteur,
Dr. Alfred Buess, président du Conseil de la recherche agronomique
Manfred Bötsch quittera son poste à la fin juin 2011. Il était directeur de l’Office fédéral de l’agriculture OFAG depuis le 1er juillet 2000 et également président de la direction d’Agroscope depuis le 1er janvier 2006. Manfred Bötsch a accompagné, promu et significativement marqué la recherche agronomique et la vulgarisation agricole durant plus de dix ans. Il a en outre donné des impulsions importantes pour le développement du système de connaissances en matière d’agriculture en Suisse. A ce titre, il nous tient à cœur d’évoquer quelques-unes de ses contributions. C’est à l’initiative de Manfred Bötsch que l’OFAG a décidé de regrouper les stations de recherche agricole en 2005, en vue de la création des trois unités Agroscope que sont Changins-Wädenswil ACW, Liebefeld-Posieux ALP et Reckenholz-Tänikon ART. Par ailleurs, ALP et le Haras national d’Avenches ont fusionné en 2010 pour former l’unité ALP-Haras. Les trois «maisons» sont placées sous une conduite commune présidée par Manfred Bötsch. Les stations fédérales de recherche et d’essais sont ainsi devenues Agroscope Suisse. Or, les changements intervenus lors de cette décennie vont bien au-delà des structures: Agroscope bénéficie de la gestion par mandat de prestations et enveloppe budgétaire (GMEB), ce qui a permis d’élargir la marge de manœuvre entrepreneuriale et d’augmenter la responsabilité individuelle. Les relations avec les partenaires et les clients ont été sensiblement renforcées, l’échange des connaissances entre les différents acteurs du système agricole a été amélioré de ce fait. Les objectifs et les tâches du Conseil de la recherche agronomique CRA ainsi que des groupes d’experts associés et des forums d’Agroscope ont été adaptés à cette nouvelle réalité. Les contenus de la recherche ont également considérablement évolué durant la décennie et sous la direction de Manfred Bötsch. Par exemple, le plan directeur de recherche 2008 – 2011 d’Agroscope met davantage l’accent sur des thèmes tels que le paysage cultivé, la gestion de l’environnement, les nouvelles technologies, la santé et le bien-être, la chaîne de la valeur ajoutée, la filière alimentaire et l’espace rural. Bien que la Confédération ne dispose pas de pouvoir réglementaire dans le domaine de la recherche agronomique au niveau EPF et HES, et malgré le fait que la vulgarisation agricole soit du ressort des cantons, Manfred Bötsch a activement œuvré pour optimiser le système de connaissances agronomiques dans son ensemble; des efforts dont beaucoup de fruits ne seront visibles que dans les années à venir. Personnalité dirigeante forte et communicateur remarquable, Manfred Bötsch nous a aussi marqués par ses idées vives et non-conformistes. Il a initié et fait avancer avec dynamisme des développements essentiels. Défenseur des intérêts de l’agriculture suisse, il a également modelé la recherche et le système de connaissances agronomiques de manière prévoyante et prudente. Pour toutes ces raisons, il mérite notre estime et un grand remerciement!
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 243, 2011
243
P r o d u c t i o n
a n i m a l e
Teneur en matière azotée des aliments pour porcs: état des lieux en 2008 Annelies Bracher1,2 et Peter Spring1 1 Haute école suisse d’agronomie HESA, 3052 Zollikofen 2 Station de recherche Agroscope Liebefeld- Posieux ALP, 1725 Posieux Renseignements: Peter Spring, e-mail: peter.spring@bfh.ch, tél. + 41 31 910 21 61 des porcs, un inventaire des pratiques actuelles d’alimentation des porcs en Suisse a été dressé. Des données provenant de l’industrie de l’alimentation animale et du bilan import/export du canton de Lucerne, qui enregistre les flux des éléments nutritifs dans les exploitations agricoles, ont été relevées, évaluées et sont présentées ci-après.
Matériel et méthodes
En optimisant la teneur en N dans les aliments, la problématique des émissions d 'ammoniac sera contrôlée à la source et pourra être étayée par des mesures d'aménagements.
Introduction Les déjections animales font partie du cycle des éléments nutritifs des exploitations agricoles. En cas de densité animale élevée, les déjections portent atteinte à l’environnement. Avec la signature du protocole de Göteborg (UNECE 2010), la Suisse s’est engagée à réduire les émissions d’ammoniac dans l’agriculture et donc à mettre en place des mesures de réduction des émissions. Or, la formation d’ammoniac est étroitement liée à la conversion de l’azote (N). Prendre des mesures dans l’alimentation animale en modifiant les quantités de N ingérées et par conséquent leur conversion chez le porc, c’est agir durablement à la source du problème. Abaisser la teneur en matière azotée (MA) des aliments tout en maintenant l’apport en acides aminés permet d’influencer sensiblement l’efficacité de la conversion de N. Pour analyser le potentiel de réduction des intrants et des rejets d’azote (déjections) ainsi que des émissions d’ammoniac provenant de l’alimentation
244
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 244–251, 2011
La production suisse des aliments composés n’est pas enregistrée statistiquement de façon centralisée. Pour cette raison, sept entreprises, produisant à elles seules 70 à 80 % des aliments pour porcs vendus sur le marché suisse, ont été sélectionnées dans cette enquête. Au moyen d’un formulaire, complété par une visite de l’entreprise, des informations sur l’assortiment des produits, les teneurs en éléments nutritifs des aliments et les quantités de production ont été relevées pour 2008. Les listes d’assortiments ont été complétées par des données du bilan import/export (IMPEX) des exploitations agricoles et des informations provenant des sites Internet de ces moulins. Au total, plus de 1500 aliments composés différents ont été évalués. Les teneurs en éléments nutritifs sont les valeurs déclarées, qui peuvent varier à l’intérieur d’une marge de tolérance. Les aliments ont été classés dans diverses catégories qui ont ensuite été décrites par une statistique descriptive. Pour contrôler les écarts systématiques possibles entre les teneurs déclarées et effectives, 106 aliments composés ont été examinés de plus près, ceux-ci étant analysés entre janvier et novembre 2008 dans le cadre du contrôle officiel des aliments pour animaux. Les sources des données étant confidentielles, les résultats sont présentés sous forme anonyme.
Résultats et discussion Aliments d’engraissement Dans les aliments de croissance-finition à teneur réduite en N et en P (NPr), la teneur en MA par MJ EDP (énergie digestible porc) s’abaisse de 12,76 g à 11,52 g (tabl. 1) par rapport à l’alimentation standard. Par rapport à la valeur
de référence 13,5 MJ EDP, cela correspond à une teneur de 155,5 g MA/kg contre 172,3 g MA/kg dans les aliments standard. Autrement dit, il est nécessaire de procéder à une pondération au niveau de l’énergie, étant donné que les aliments NPr présentent en général une teneur en énergie un peu plus élevée. Aucune enquête semblable et de cette ampleur portant sur les teneurs en éléments nutritifs des aliments pour porcs n’a encore été entreprise en Suisse. La seule possibilité de comparaison est l’enquête menée par Kessler et al. (1994) auprès des éleveurs de porcs. Kessler a analysé les rations de 187 exploitations entre 1992 et 1993. En comparant les aliments complets de 1992 – 93 et ceux de 2008, on observe une tendance à la baisse des teneurs en MA. Dans son enquête, Kessler a relevé une teneur moyenne de 184 g MA/kg d’aliment. En outre, comparé à 1992 – 93, des aliments NPr avec une teneur en MA réduite se sont établis. Malgré une hausse des besoins en MA et en acides aminés, due à une proportion de viande maigre plus élevée, ces baisses ont pu être réalisées par l’emploi ciblé d’acides aminés essentiels. La teneur en lysine des différents types d’aliments de croissance-finition est stable. Compte tenu de leur teneur en protéines, les aliments à teneur réduite seulement en P (Pr) se rangent parmi les aliments standard. Quant aux aliments bio, ils doivent être formulés avec des teneurs en protéines plus élevées en raison de l’interdiction d’y ajouter des acides aminés purs. C’est un aliment d’engraissement qui a enregistré la valeur la plus élevée (195 g MA/kg à 13,8 MJ EDP). Si l’on tient compte de la consommation de l’ensemble des aliments, l’importance des aliments bio est marginale.
Résumé
Teneur en matière azotée des aliments pour porcs: état des lieux en 2008 | Production animale
Avec la signature du protocole de Göteborg, la Suisse s’est engagée à réduire les émissions d'ammoniac dans l’agriculture. Une mesure efficace pour réduire durablement les rejets d’azote (N) dans l’environnement consiste à mieux gérer ceux-ci à la source, c’est-à-dire dans l’alimentation animale, en optimisant la teneur en matière azotée (MA) des aliments. La présente étude avait pour objectif de faire l'inventaire des pratiques actuelles en matière d’alimentation des porcs en Suisse. Les données proviennent des moulins d’aliments pour animaux, qui représentent 70 à 80 % du volume sur le marché suisse. Les teneurs en MA déclarées correspondent aux valeurs obtenues après analyse des aliments. La proportion d’aliments à teneur réduite en P et en N (aliments NPr) s’élève à 70 – 75 % des aliments produits en grandes quantités. Pour 13,5 MJ EDP (énergie digestible porc), un aliment d’engraissement NPr enregistre en moyenne 155,5 g de MA par kg, et un aliment standard 172,3 g. La réduction de la teneur en MA des aliments de finition est faible comparé aux aliments de croissance-finition. Les différences de teneurs en MA entre les aliments standard et les aliments NPr sont plus faibles dans l’alimentation du porcelet, de la truie tarie et de la truie allaitante que dans l’alimentation d’engraissement. Les 25 à 30 % d'aliments standard vendus sur le marché, ainsi que les teneurs en MA des aliments de finition et des aliments pour truies taries, qui se situent parfois en-dessus des besoins, offrent un potentiel de réduction des émissions d’ammoniac.
0,85 domaine croissance jusqu’à 60 kg
0,80
Lys Bio
Lysine g/MJ EDP
Lys NPr 0,75
Lys Pr Lys standard
0,70 0,65 0,60 0,55 10,0
domaine finition à partir de 60 kg
10,5
11,0
11,5
12,0 MA g/MJ EDP
12,5
13,0
13,5
14,0
Figure 1 | Répartition des teneurs en lysine et en MA par MJ EDP dans les aliments de croissance-finition (relevés auprès des fabricants d’aliments pour animaux 2008).
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 244–251, 2011
245
Production animale | Teneur en matière azotée des aliments pour porcs: état des lieux en 2008
Tableau 1 | Teneurs de la valeur nutritive des aliments de croissance-finition, de croissance et de finition (relevés de 2008)
EDP (MJ/kg)
MA (g/kg)
Lys (g/kg)
P (g/kg)
g MA/ MJ EDP
g Lys/MJ EDP
g P/MJ EDP
13,57
172,95
9,97
5,15
12,76
0,73
0,38
0,36
4,83
0,44
0,51
0,39
0,02
0,04
min
13,0
160,0
8,80
4,5
11,67
0,67
0,30
max
15,0
180,0
11,00
6,5
12,99
0,77
0,49
Croissance-finition Standard (y compris label) (n = 56)
NPr (n = 139)
Pr (n = 7) Bio (n = 13) Bio NPr (n = 6)
x sd
=
x
13,72
158,04
10,12
4,01
11,52
0,74
0,29
sd
0,30
6,17
0,39
0,11
0,42
0,03
0,01
min
12,95
140,0
8,90
3,7
10,29
0,67
0,26
max
15,0
175,0
11,00
4,4
12,50
0,80
0,33
x
13,53
175,00
10,23
4,04
12,94
0,75
0,30
sd
0,20
5,77
0,26
0,22
0,47
0,02
0,02
x
13,27
178,08
9,70
5,31
13,42
0,73
0,40
sd
0,31
6,93
0,30
0,24
0,33
0,02
0,02
x
13,50
165,00
10,00
4,80
12,22
0,74
0,36
sd
0,11
5,48
x
13,68
173,24
11,23
5,19
12,64
0,82
0,37
sd
0,21
9,18
0,19
0,69
0,53
0,01
0,05
0,31
Croissance Standard (y compris label) (n = 17)
NPr (n = 57)
min
13,1
150,0
11,0
3,9
11,45
0,82
0,29
max
14,0
185,0
11,5
6,0
13,21
0,82
0,43
x
13,70
163,96
10,95
4,19
12,02
0,79
0,30
sd
0,25
6,32
0,37
0,30
0,50
0,03
0,02
min
13,0
154,0
9,9
3,6
11,31
0,85
0,26
max
14,5
180,0
11,5
5,2
13,24
0,85
0,40
x
13,36
161,10
9,17
4,64
12,06
0,69
0,35
sd
0,38
5,26
0,39
0,42
0,31
0,03
0,03
Finition Standard (y compris label) (n = 10)
NPr (n = 42)
min
12,7
150,0
8,8
4,0
11,81
0,65
0,30
max
13,9
170,0
10,0
5,0
12,69
0,75
0,39
x
13,71
155,76
9,34
3,92
11,38
0,69
0,29
sd
0,32
6,49
0,49
0,18
0,47
0,05
0,01
min
13,0
140,0
8,5
3,5
10,0
0,61
0,26
max
14,5
165,0
10,0
4,5
12,2
0,75
0,31
NPr: aliment avec une teneur réduite en azote et en phosphore. Pr: aliment avec une teneur réduite en phosphore. EDP: énergie digestible porc.
La répartition des teneurs en lysine par MJ EDP (fig. 1) montre que les aliments de croissance-finition correspondent tous aux besoins de la phase de croissance. La valeur moyenne de 0,74 g Lys/MJ EDP correspond aux besoins d’un goret de 40 kg de poids vif (PV; Agroscope Liebefeld-Posieux 2010). Les valeurs moyennes des aliments NPr ne se différencient pas de celles des aliments standard. Dans la phase de finition
246
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 244–251, 2011
en particulier, les porcs à l’engrais sont suralimentés en protéines et/ou en lysine. Par contre, au début de la phase de croissance du goret, l’apport en protéines par un aliment de croissance-finition est sous-optimal. On peut remédier à cette situation en recourant à une alimentation par phase. Les aliments de croissance proposés sur le marché sont en général optimisés en fonction des besoins d’un porc de 30 kg de PV. Dans les aliments
Teneur en matière azotée des aliments pour porcs: état des lieux en 2008 | Production animale
de finition, une marge de sécurité élevée semble être respectée pour la lysine. La teneur en lysine la plus basse relevée correspond aux besoins d’un porc à l’engrais de 70 kg de PV. Globalement, les limites entre aliments de finition et aliments de croissance-finition ne sont pas claires. La teneur moyenne en lysine est réduite avec peu de différence dans la MA. Dans les aliments de finition, les limites entre aliments standard et aliments NPr se confondent aussi. La diffusion des aliments complémentaires, des aliments à teneur réduite en N et en P et des aliments de phase a été évaluée sur la base du volume de production. La répartition a été plus difficile que prévu, car quelques aliments composés ont été déclarés et distribués aussi bien comme aliments complets que comme aliments complémentaires au petit-lait. En outre, les aliments pour porcelets distribués après le changement d’étable sont aussi employés pour les porcs à l’engrais. Dans le cas des aliments pour les porcs à l’engrais, la valeur moyenne pondérée se situe pour la part NPr à presque 70 % (fig. 2). Il existe de grandes différences entre les moulins d’aliments pour animaux dues en particulier à l’emplacement du moulin et au segment de clients. En effet, dans les régions à faible densité animale, peu d’aliments NPr sont vendus. Les aliments complémentaires se distinguent par une grande variété et sont souvent faits surmesure. Les aliments complémentaires au petit-lait représentent la plus grande part. La proportion d’aliments complémentaires par rapport à la production d’aliments composés s’élève en moyenne à 18 %. Les aliments de croissance et de finition destinés à l’alimentation par phase sont faiblement diffusés (10 %). En cours d’évaluation, il est apparu que la notion d’alimentation par phase était à considérer de façon différenciée. On constate dans la pratique des formes intermédiaires d’alimentation par phase. Un nombre assez important d’exploitations appliquent une forme raccourcie; lors de la mise en étable, des aliments pour porcelets ou de
croissance sont distribués pendant quelques semaines, suivis par des aliments de croissance-finition. La faible diffusion de l’alimentation par phase ne peut s’expliquer que par la petite taille des troupeaux en Suisse. Les installations techniques jouent aussi un rôle dans les exploitations d’engraissement, car les producteurs doivent acheter des silos pour y stocker les aliments supplémentaires, ce qui engendre des coûts. Ainsi, l’alimentation par phase est peu appliquée, même si les structures de l’exploitation le permettent. Par ailleurs, les aliments de finition se distinguent certes clairement des aliments de croissance-finition au niveau des teneurs en acides aminés, mais la baisse des teneurs en MA est toutefois marginale. Cette enquête montre que l’alimentation par phase est peu appliquée, et qu’en fin d’engraissement l’apport en protéines peut encore être optimisé, même dans le cas des aliments de type NPr. Il y a donc encore un potentiel de réduction des rejets d’azote et des émissions de NH3. Par ailleurs, l’apport en N peut être réduit en diffusant plus largement les aliments NPr. Aliments pour truies Seules les catégories principales figurent sur la liste de teneurs en éléments nutritifs des aliments pour truies (tabl. 2). Les aliments spéciaux, distribués sur une courte durée, tels que les aliments favorisant les chaleurs, les aliments de mise-bas ou de conditionnement, ont une importance secondaire si l’on considère les quantités vendues. Les teneurs en éléments nutritifs dans les aliments composés destinés aux truies taries dépassent en général les normes d’alimentation relatives à la MA (10 g/MJ EDP) et à la lysine (0,48 g/MJ EDP; ALP 2004). Il faut toutefois tenir compte du fait que, dans la pratique, la norme de 10 g MA/MJ EDP est souvent dépassée pour garantir la couverture des besoins en acides aminés essentiels (en particulier l’isoleucine) à un prix abordable. Si à la place d’un aliment pour truies taries on distribue
100 90
engraissement CH
80
moulin 3
70
moulin 1
%
60
moulin 6
50
moulin 5
40 30
moulin 2
20
moulin 4
10
moulin 7
0 proportion d’aliments complémentaires
proportion NPr
proportion d’aliments de phase
Figure 2 | Proportion des aliments complémentaires, NPr et de phase dans l’alimentation des porcs à l’engrais.
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 244–251, 2011
247
Production animale | Teneur en matière azotée des aliments pour porcs: état des lieux en 2008
Tableau 2 | Teneurs de la valeur nutritive des aliments pour truies taries, des aliments combi et des aliments pour truies allaitantes (relevés 2008)
EDP (MJ/kg)
MA (g/kg)
Lys (g/kg)
P (g/kg)
g MA/ MJ EDP
g Lys/MJ EDP
g P/MJ EDP
Truies taries Standard (y compris label) (n = 33)
NPr (n = 74)
x
12,05
144,97
6,54
6,05
12,06
0,54
0,50
sd
0,56
8,11
0,82
0,48
0,92
0,06
0,05
min
9,5
130,0
5,7
5,0
10,66
0,48
0,41
max
12,6
168,0
9,0
7,0
15,79
0,72
0,65
x
12,26
139,12
6,67
4,41
11,36
0,54
0,36
sd
0,56
9,91
0,90
0,28
0,77
0,06
0,03
min
11,0
125,0
5,7
3,9
9,85
0,48
0,30
max
13,6
160,0
9,4
5,0
13,86
0,72
0,45
x
12,87
171,28
9,32
5,89
13,32
0,73
0,46
sd
0,37
8,10
0,49
0,52
0,66
0,03
0,05
min
12,2
150,0
8,5
4,8
12,20
0,68
0,36
Aliments combi Standard (y compris label) (n = 43)
NPr (n = 78)
max
13,9
185,0
10,5
6,7
14,80
0,78
0,54
x
12,89
157,68
9,26
4,60
12,23
0,72
0,36
sd
0,36
7,95
0,37
0,28
0,61
0,03
0,02
min
12,0
135,0
8,3
4,0
10,80
0,64
0,29
max
13,0
180,0
10,0
5,5
14,40
0,79
0,42
Pr (n = 6)
x
12,87
176,67
9,07
4,33
13,73
0,70
0,34
Bio (n = 7)
x x
12,86
175,71
9,28
5,80
13,65
0,72
0,45
12,5
160,00
8,50
5,25
12,80
0,68
0,42
BioNPr (n = 6)
Aliments pour truies allaitantes Standard (y compris label) (n = 49)
NPr (n = 73)
x
13,68
178,85
10,08
5,92
13,11
0,74
0,43
sd
0,38
7,06
0,53
0,43
0,64
0,03
0,35
min
13,0
170,0
9,0
5,0
12,14
0,68
0,36
max
14,2
190,0
11,0
6,5
14,29
0,79
0,50
x
13,73
164,81
10,04
4,68
12,01
0,73
0,34
sd
0,38
8,45
0,44
0,32
0,55
0,02
0,02
min
12,5
150,0
9,3
4,0
10,93
0,70
0,29
max
14,5
185,0
10,6
5,4
13,21
0,77
0,39
Pr (n = 11)
x
13,70
179,45
10,34
4,62
13,11
0,75
0,34
Bio (n = 5)
x
12,74
181,40
9,20
5,83
14,24
0,73
0,46
NPr: aliment avec une teneur réduite en azote et en phosphore. Pr: aliment avec une teneur réduite en phosphore. EDP: énergie digestible porc.
un aliment combi (aliment universel), l’apport excédentaire en protéines sera alors important. Cela concerne aussi les aliments combi NPr. Les aliments combi sont – ce qui va de soi – ajustés aux besoins des truies allaitantes. Il y a donc, dans l’alimentation des truies portantes, un potentiel considérable de réduction de l’apport en protéines et des rejets d’azote qui y sont liés dans tous les cas où aucun fourrage appauvri en protéines n’est ajouté pour «diluer la ration». Les aliments destinés aux truies
248
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 244–251, 2011
allaitantes satisfont largement aux recommandations alimentaires (ALP 2004). Contrairement aux aliments pour truies taries, la marge pour abaisser davantage la teneur en MA des aliments pour truies allaitantes est faible, voir inexistante. En général, les aliments à teneur réduite seulement en P sont plus largement diffusés dans l’alimentation des truies que dans celle des porcs à l’engrais. A l’instar des porcs à l’engrais, il existe chez les truies d’importantes différences régionales dans l’emploi des
Teneur en matière azotée des aliments pour porcs: état des lieux en 2008 | Production animale
Tableau 3 | Teneurs de la valeur nutritive des aliments de croissance pour porcelets (relevés 2008) EDP (MJ/kg)
MA (g/kg)
Lys (g/kg)
P (g/kg)
g MA/ MJ EDP
g Lys/MJ EDP
g P/MJ EDP
Aliments de croissance pour porcelets Standard (y compris label) (n = 69)
NPr (n = 150)
x
13,74
177,30
12,21
5,67
12,90
0,89
0,41
sd
0,36
8,68
0,58
0,44
0,53
0,04
0,04 0,35
min
13,0
150,0
11,0
4,9
11,54
0,81
max
14,5
200,0
13,0
6,6
14,85
0,97
0,51
x
13,84
169,07
12,27
5,10
12,21
0,88
0,37
sd
0,26
9,03
0,41
0,35
0,56
0,03
0,03 0,29
min
13,1
152,0
11,5
4,0
11,09
0,83
max
14,5
186,0
13,0
5,8
13,24
0,93
0,42
Pr (n = 8)
x
13,85
181,38
12,80
4,89
13,09
0,93
0,35
Bio (n = 8)
x
13,18
181,38
10,16
6,20
13,70
0,77
0,47
161,15
10,91
5,13
12,17
0,83
0,39
Aliments de démarrage pour gorets (n = 52)
x
13,24
sd
0,29
7,91
1,06
0,43
0,52
0,08
0,03
min
12,7
140,0
8,1
3,8
10,61
0,61
0,29
max
14,0
181,0
12,0
7,1
13,82
0,92
0,54
NPr: aliment avec une teneur réduite en azote et en phosphore. Pr: aliment avec une teneur réduite en phosphore. EDP: énergie digestible porc.
aliments à teneur réduite en N et en P. La proportion d’aliments NPr s’élève en moyenne à 76 %. L’alimentation par phase est plus largement diffusée dans l’élevage des truies que dans l’élevage des porcs à l’engrais. En plus d’une augmentation de la proportion des aliments NPr, il est aussi possible de réduire encore l’apport en MA dans l’alimentation des truies, en particulier en appliquant de manière importante l’alimentation par phase et en baissant légèrement la teneur en MA dans les aliments NPr pour truies taries. Aliments pour porcelets Les aliments pour porcelets peuvent être classés dans les catégories suivantes: aliments complémentaires pour porcelets allaités, prestarters, aliments spéciaux de sevrage et aliments de croissance pour porcelets. Les aliments de démarrage pour gorets, distribués en début d’engraissement pour une durée limitée et contenant parfois des aliments médicamenteux ou des vermifuges, sont des cas particuliers. Les transitions entre phases d’alimentation ne sont toutefois pas clairement définies et ne sont pas strictes. Les porcelets sevrés sont alimentés dans 95 à 98 % des cas avec des aliments complets, la plupart étant des aliments de croissance pour porcelets. La liste des teneurs en éléments nutritifs se limite donc aux aliments de croissance pour porcelets et aux aliments de démarrage pour gorets (tabl. 3). Les différences entre aliments standard et aliments NPr sont en général plus faibles que dans les autres caté-
gories d’aliments pour porcs et les délimitations moins évidentes. La teneur en MA dans les aliments pour porcelets est aussi limitée vers le haut dans les aliments standard, étant donné que des teneurs élevées en MA augmentent le risque de maladies intestinales (Le Bellego et Noblet 2002; Heo et al. 2009). On peut en conclure que les aliments pour porcelets sont distribués dans 75 % des cas dans une qualité NPr avec à nouveau de grandes différences régionales. A l’exception des aliments bio pour porcelets, la teneur en lysine correspond en général aux recommandations pour des porcelets d’un poids de 10 kg. Les aliments de démarrage pour gorets se différencient par leur teneur en énergie comparativement basse. Si les aliments pour porcelets ne sont distribués vraiment qu’aux porcelets, aucun potentiel de réduction des protéines n’est possible, sauf en augmentant la proportion des aliments NPr. Comparaison des teneurs (énergie et MA) déclarées et analysées Selon l’annexe 7, art. 6 et 30 de l’Ordonnance sur le Livre des aliments pour animaux (DFE 2010), le seuil de tolérance dans le cadre du contrôle officiel des aliments pour animaux pour la MA s’élève à 10 % de la valeur déclarée en cas d’écarts vers le bas (dans le cas d’aliments en dessous de 200 g de matière azotée). Dans le cas d’écarts vers le haut, la double tolérance est valable. Donc, un aliment déclaré avec 165 g de MA peut varier de 148,5 g à 198 g de MA sans être contesté. Si la limite supérieure de tolérance
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 244–251, 2011
249
Production animale | Teneur en matière azotée des aliments pour porcs: état des lieux en 2008
était atteinte, il en résulterait, dans le cas d’un aliment de croissance-finition distribué dans l’engraissement final, un apport excédentaire massif en protéines qui pourrait entraîner une hausse de 30 % des pertes d’ammoniac. Des valeurs de tolérance plus faibles sont appliquées pour les aliments NPr; elles sont fixées dans les «Instructions concernant la prise en compte des aliments appauvris en éléments nutritifs dans le cadre de Suisse-Bilanz (OFAG 2010). L’écart toléré de 7 % par rapport à la valeur déclarée de MA et de P entraîne des contestations seulement en cas de dépassement de la valeur vers le haut. Les aliments NPr sont vérifiés par les services cantonaux de contrôle. Entre janvier et novembre 2008, 106 contrôles officiels d’aliments composés ont été évalués, dont 52 ont été définis comme aliments NPr. Les teneurs en MA analysées dans les aliments s’écartent de la valeur déclarée un peu plus souvent de façon négative que positive, de sorte que l’ensemble des valeurs moyennes s’élève à -0,46 g et -0,25 %. Toutefois, l’ensemble des écarts se situent à l’intérieur des seuils de tolérance du contrôle officiel et seul un aliment NPr dépassait la limite de tolérance fixée à 7 % (fig. 3). En général, la différence des teneurs en énergie s’élève à +0,40 MJ EDP, soit +3,05 %. Le contrôle officiel calcule la teneur EDP au moyen de la régression des aliments composés en analysant les éléments nutritifs bruts. Selon Stoll (2004), comparativement à la formulation, les valeurs estimées se situent dans 80 – 90 % des cas à ± 0,5 MJ EDP/ kg de MS. L’erreur d’estimation seule ne peut pas expliquer les écarts constatés, car elle devrait avoir une influence tant négative que positive. Par ailleurs, la fréquence des écarts de plus de +0,4 MJ EDP laisse supposer que d’autres facteurs provoquent ces différences – quasi systématiquement positives – entre valeurs analysées et valeurs déclarées. Pour trouver une réponse à ces différences systématiques, des recherches seraient nécessaires. L’appréciation
de la conformité aux besoins en éléments nutritifs étant toujours effectuée en fonction de l’énergie, il s’ensuit une certaine incertitude due à l’évaluation EDP. Les teneurs en MA analysées correspondent aux valeurs déclarées, c’est pourquoi il n’y a là aucun potentiel de réduction. La concordance des valeurs analysées avec les valeurs déclarées permet aussi d’évaluer le potentiel de réduction en se basant sur les valeurs déclarées.
Conclusions ••Au cours des 20 dernières années, la teneur en MA des aliments composés pour porcs s’est abaissée en raison de la forte diffusion des aliments NPr. La proportion d’aliments NPr s’élève à 70 – 75 % pour les catégories d’aliments principales. Les 25 – 30 % d’aliments standard vendus sur le marché offrent donc un potentiel considérable de réduction de l’ammoniac. ••Dans les aliments pour porcs à l’engrais, il y a un potentiel de réduction de l’azote en fin d’engraissement. Les aliments de croissance-finition largement diffusés sont optimisés en fonction des besoins en acides aminés pendant la croissance. En fin d’engraissement, on doit s’attendre à un excédent en protéines même avec des aliments NPr. Cet excédent peut être réduit par l’application conséquente d’une alimentation par phase avec des aliments de finition à teneur réduite en matière azotée. ••Les aliments combi ne conviennent pas aux truies taries. Ils entraînent un excédent de protéines, en particulier lorsqu’ils ne sont pas dilués avec du fourrage grossier pauvre en protéine. De même, les aliments pour truies portantes ont une teneur en MA un peu trop élevée. n
diff. analyse-déclaration %
20 15
MA_diff_Standard %
10
EDP_diff_NPr % EDP_diff_Standard %
5
tolérance NPr
0
MA_diff_NPr %
-5
-10 -15 0
20
40
60
Figure 3 | Ecarts relatifs des teneurs en MA et en EDP par rapport à la valeur déclarée dans les aliments composés pour porcs (contrôle officiel des aliments 2008).
250
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 244–251, 2011
Contenuto in proteine grezze nel mangime per suini: punto della situazione 2008 Con la firma del Protocollo di Göteborg e il conseguente obbligo di ridurre le emissioni di ammoniaca, l’agricoltura in Svizzera è tenuta ad attuare misure per ridurne le emissioni. Gli adeguamenti – ottimizzazione del contenuto in proteina grezza – nel regime alimentare costituiscono una misura iniziale (begin-of-pipe) in grado di influenzare in modo diretto e durevole emissioni azotate a tutti i livelli. Il presente studio ha l’obiettivo di tracciare un quadro generale delle forme di foraggiamento attualmente praticate in Svizzera per i suini. È stata condotta un’indagine sulla base di dati dei produttori di alimenti per suini che ha incluso il 70–80 per cento del mercato svizzero. I valori dichiarati relativi alla proteina grezza corrispondono a quelli analizzati. L’indagine ha rivelato che la parte di foraggi a basso contenuto in azoto proteico e fosforo (NPr foraggio) costituisce, a dipendenza della categoria, il 70–75 per cento del volume dei foraggi venduti sulla base della concentrazione di energia di 13,5 MJ ED, i foraggi NPr mostrano in media un tenore di 155,5 g PG/kg, rispetto ai 172,3 g PG/kg di un foraggio standard. La dieta dei suini da finissaggio, rispetto a quella dei suini da ingrasso, presenta una concentrazione di PG lievemente minore. La differenza delle concentrazioni di PG negli alimenti standard o a basso tenore di N e P è ancora più bassa nella dieta di suinetti e scrofe rispetto alla dieta degli animali da ingrasso. Il 25 – 30 per cento degli alimenti per suini non è commercializzato come alimenti a basso tenore di N e P. Inoltre, una parte delle diete per i suini da finissaggio e le scrofe gestanti presenta concentrazioni eccessive di PG. Apportando adeguamenti in questi ambiti si avrebbe un potenziale di riduzione delle emissioni di ammoniaca.
Bibliographie ▪▪ Agroscope Liebefeld-Posieux 2010. Fütterungsempfehlungen und Nährwerttabellen für Schweine. Accès: http://www.db-alp.admin.ch/member/ fmdb/4FtterungsempfehlungenEnergieProteinAminosurenMengeneleme nte_42.pdf [1.2.2010]. ▪▪ OFAG, 2010. Weisungen zur Berücksichtigung von nährstoffreduziertem Futter in der Suisse-Bilanz. Accès: http://www.qualinova.ch/upload/qualinova/files/Weisungen_NPr-Futter_Suisse-Bilanz.pdf [1.2.2010]. ▪▪ DFE, 2010. Ordonnance du DFE sur la production et la mise en circulation des aliments pour animaux, des additifs destinés à l’alimentation animale, des agents d’ensilage et des aliments diététiques pour animaux (Ordonnance sur le Livre des aliments pour animaux, OLAlA). Accès: http://www.admin.ch/ch/f/rs/916_307_1/index.html. 1.2.2010.
Summary
Riassunto
Teneur en matière azotée des aliments pour porcs: état des lieux en 2008 | Production animale
Protein content in compound feed for pigs: survey of 2008 As most European countries, Switzerland has signed the Gothenburg Protocol to abate acidification, eutrophication and ground-level ozone. The protocol puts pressure on Swiss livestock producers to implement measures to reduce their ammonia emissions. Dietary modifications (optimization of crude protein concentration) will affect, as a begin-of-pipe measure, all emission stages from barn to field. The aim of the present study was to gain an overview of the current pig-feeding practices in Switzerland. A survey was conducted based on data from manufactures, comprising 70–80 % of the Swiss pig-feed market. The declared crude protein values comply with analyzed values. The survey showed that, depending on the feed category, 70–75 % of the feed is sold with reduced nitrogen (crude protein) and phosphorus concentrations (NPr feed). Based on an energy concentration of 13,5 MJ DE, the average CP concentrations for fattening pigs are 172,3 g CP/kg for standard and 155,5 g CP/kg for NPr diets. Finisher diets only have a marginal CP reduction compared to fattening diets. The difference in CP concentrations between standard and NPr feed is much smaller for piglet and sow diets compared to fattening diets. 25 – 30 % of pig feed is not sold as NPr diets. In addition, part of the diets for finishing pigs and gestating sows are overformulated regarding CP. Adaptations in these areas offer potential for reducing ammonia emissions. Key words: compound feed, pigs, protein content, survey.
▪▪ Heo J., Kim J. C., Hansen C. F., Mullan B. P., Hampson D. J. & Pluske J. R., 2009. Feeding a diet with decreased protein content reduces indices of protein fermentation and the incidence of postweaning diarrhea in weaned pigs challenged with an enterotoxigenic strain of Escherichia coli. J. Anim. Sci. 87, 2833–2843. ▪▪ Kessler J., Zogg M. & Bächler E., 1994. Ein kritischer Blick in den Schweinetrog. Agrarforschung 1 (7), 313 – 316. ▪▪ Le Bellego L. & Noblet J., 2002. Performance and utilization of dietary energy and amino acids in piglets fed low protein diets. LiEDPt. Prod. Sci. 76, 45–58. ▪▪ Stoll P., 2004. Futterbewertung mit der Mischfutterregression. Weiterbildungstagung SVIAL: Fütterungsempfehlungen und Nährwerttabellen für Schweine. Zollikofen, 27.8.04 ▪▪ UNECE, 2010. Protocol to Abate Acidification, Eutrophication an Groundlevel Ozone. Accès: http://www.unece.org/env/lrtap/multi_h1.htm
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 244–251, 2011
251
P r o d u c t i o n
a n i m a l e
Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Production, reproduction et santé Valérie Piccand1, Erwan Cutullic1, Fredy Schori2, Sara Weilenmann3 et Peter Thomet1 Haute école suisse d’agronomie HESA, 3052 Zollikofen 2 Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 1725 Posieux 3 Institut de nutrition animale, Faculté Vetsuisse, Université de Zurich, 8057 Zurich Renseignements: Valérie Piccand, e-mail: valerie.piccand@bfh.ch, tél. +41 31 910 22 18
1
Les Holstein-Friesian néo-zélandaises ont obtenu de meilleurs r ésultats de reproduction que les Holstein suisses, mais de moins bons résultats que les Fleckvieh.
Introduction La Suisse est un pays densément peuplé, l’utilisation efficace des surfaces se prêtant à l’agriculture y est essentielle. Tant au niveau suisse qu’international, les systèmes de production laitière en pâture intégrale et vêlages saisonniers ont démontré qu’ils permettaient de valoriser efficacement les herbages et d’atteindre une excellente productivité à l’hectare sur la base des fourrages (Thomet et al. 2004). Outre la gestion optimisée du pâturage, l’amélioration de la productivité passe par l’utilisation de vaches adaptées au système. Celles-ci doivent transformer efficacement en lait l’herbe pâturée et les fourrages grossiers, et ainsi permettre une réduction des coûts de production (fourrages et concentrés repré-
252
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 252–257, 2011
sentent plus de 60% des coûts directs des exploitations laitières ; M. Höltschi, communication personnelle). Dans le même temps, elles doivent préserver leur santé, leur bien-être et leurs performances de reproduction, afin de maintenir avec peu de réformes des vêlages groupés permettant de valoriser au mieux l’offre en herbe. Si les contraintes d’efficacité de production sont communes à de nombreux systèmes, les contraintes d’efficacité de reproduction sont particulièrement exacerbées dans les systèmes en vêlages groupés. En effet, pour des vêlages groupés annuellement sur 12 semaines, la saison des inséminations ne dure que 12 semaines et débute 12 semaines après les premiers vêlages, et juste après les derniers vêlages. Toutes les étapes de la reproduction doivent donc être maîtrisées: les vaches doivent reprendre une cyclicité régulière dans les 50 jours après le vêlage, exprimer des comportements de chaleurs nets à chaque ovulation, puis présenter une bonne fertilité à l’insémination. Une seule étape défaillante retarde voire compromet l’établissement de la gestation, ce qui pénalise le système par modification de la répartition annuelle des vêlages ou par augmentation du nombre de réformes pour infécondité. Aussi, les performances de reproduction s’évaluent par le pourcentage de vaches gestantes en 3, 6 ou 12 semaines de saison de reproduction. Un vêlage tard dans la saison a des répercussions sur la production laitière, la reproduction, l’élevage des génisses ou encore l’organisation du travail sur l’exploitation. Objectifs de l’essai Cet essai «Quelle vache pour la pâture?» visait donc à tester l’adéquation des vaches laitières suisses contemporaines à un système saisonnier en pâture intégrale. Les performances de production, de reproduction et de santé des vaches de races suisses répondent-elles aux exigences d’un système à bas intrants et vêlages groupés? Pour ce faire, des vaches de races Holstein suisse (CH HF), Fleckvieh (CH FV) et Brown Swiss suisse (CH BS) ont été comparées à des vaches de race Holstein-Friesian néo-zélandaise (NZ HF), race sélectionnée de longue date pour ce type
Projet «Quelle vache pour la pâture?»: P roduction, reproduction et santé | Production animale
L’objectif de cette étude était de comparer, en systèmes pâturants avec vêlages groupés de fin d’hiver, les performances de production, de reproduction et de santé de vaches laitières suisses de races Holstein (CH HF), Fleckvieh (CH FV) et Brown Swiss (CH BS) à des HolsteinFriesian d’origine néo-zélandaise (NZ HF) prises comme référence pour ce type de système. De 2007 à 2009, des vaches NZ HF ont été appariées avec des vaches suisses sur 15 fermes commerciales, incluant au final 259 lactations de 134 vaches. Les vaches CH HF et NZ HF ont eu des meilleures performances laitières que les CH FV et CH BS (50,2 et 52,1 kg ECM / kg PV0,75 contre 44,3 et 43,6 kg; P < 0,05). La proportion de vaches CH FV gestantes en 6 semaines de reproduction était tendanciellement plus élevée que pour les vaches CH HF (81 % contre 46 %, P < 0,10), NZ HF et CH BS étant intermédiaires (66 et 64 %). Les vaches CH HF présentent aujourd’hui des performances de reproduction insuffisantes pour les systèmes en vêlages groupés. Inversement, les vaches mixtes CH FV sont moins efficaces en termes de production laitière mais apparaissent adaptées à ces systèmes de par leurs bonnes performances de reproduction.
Résumé
de système et connue pour son efficacité laitière ainsi que ses bonnes performances de reproduction. Cet article est le deuxième de la série sur les résultats du projet «Quelle vache pour la pâture?». Le prochain article traitera des résultats économiques et paraîtra dans le numéro de juillet/août de cette revue.
Animaux, matériel et méthodes Les vaches et exploitations impliquées, le schéma expérimental, les paramètres relevés ainsi que les méthodes d’analyse statistique ont été décrits en détail dans le premier article de la série (Piccand et al. 2011). En bref, de 2007 à 2009, des vaches NZ HF ont été appariées avec des vaches suisses sur 15 fermes commerciales, incluant au final 259 lactations de 134 vaches (NZ HF, n = 131 lactations / 58 vaches; CH HF 40/24; CH FV 43/27; CH BS 45/25). Les performances de production laitière, de reproduction, l’état corporel (BCS) et l’état de santé des animaux ont été analysés.
Résultats Production laitière et état corporel Des différences significatives entre races ont été observées pour tous les paramètres de production (tabl. 1). Les CH HF se sont caractérisées par un volume de lait important et un pic de lactation prononcé (fig. 1), les NZ HF par
Tableau 1 | Production laitière sur 270 jours de lactation, poids vif et état corporel de vaches de races Holstein-Friesian néo-zélandaise (NZ HF), Holstein suisse (CH HF), Fleckvieh (CH FV) et Brown Swiss (CH BS) du projet «Quelle vache pour la pâture?» n
NZ HF
CH HF
CH FV
CH BS
P race
Lait (kg)
259
5321 b
5921 c
5291 ab
4927 a
< 0,001
ECM (kg)
259
5531
5840
5363
4814
< 0,001
Taux de matière grasse (%)
259
4,25 c
4,01 ab
4,15 bc
3,86 a
< 0,001
Taux de matière protéique (%)
259
3,46
3,20
3,31
3,27
a
< 0,001
Taux de lactose (%)
259
4,79 ab
4,72 a
4,80 ab
4,85 b
< 0,05
2
Persistance en ECM
259
0,79
0,74
0,76
0,72
a
< 0,001
Efficacité3 (ECM / PV0,75)
221
52,1 b
50,2 b
44,5 a
43,8 a
< 0,001
Poids vif sur la lactation (kg)
221
514
592
605
523
< 0,001
Au vêlage
251
3,25 b
3,05 a
3,52 c
3,38 bc
< 0,001
Au minimum d’état
246
2,69
2,39
2,86
2,74
< 0,001
Production laitière sur 270 j
1
b
b
b
a
b
a
a
b
b
a
ab
b
a
a
Note d’état corporel (de 1 à 5)
b
a
c
bc
Perte d’état corporel Du vêlage à 30 j
249
-0,28
-0,37
-0,24
-0,24
0,129
Du vêlage au minimum
242
-0,55
-0,65
-0,64
-0,61
0,230
Lait corrigé de l’énergie (4,0 % de matière grasse, 3,2 % de matière protéique et 4,8 % de lactose). Ratio de la production d’ECM des jours 101 à 200 sur la production d’ECM des jours 1 à 100. 3 Kg d’ECM par kg de poids vif métabolique moyen sur la lactation. Trente-huit vaches avec des pesées manquantes ont été exclues de l’analyse. a, b, c Les valeurs sans lettre commune sont significativement différentes (P < 0,05). 1 2
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 252–257, 2011
253
Production animale | Projet «Quelle vache pour la pâture?»: P roduction, reproduction et santé
4,0
Note d‘état corporel (échelle 1 – 5)
Production laitière (kg ECM/j)
30
25
20
15
3,5
3,0
2,5
2,0
10 0
30
60
90
120
150
180
210
240
0
270
30
60
90
120
150
180
210
240
270
Jours de lactation
Jours de lactation
Figure 1 | Courbes de lactation ajustées selon l’équation de Wood et courbes d’état corporel de vaches de races Holstein-Friesian néozélandaise (NZ HF, n = 131, bleu), Holstein suisse (CH HF, n = 40, noir), Fleckvieh (CH FV, n = 43, orange) et Brown Swiss (CH BS, n = 45, gris) du projet «Quelle vache pour la pâture?».
Performances de reproduction Les CH FV ont présenté les taux de vaches gestantes au cours de la saison de reproduction les plus élevés et les CH HF les plus bas, les NZ HF et CH BS étant intermédiaires (fig. 2). Ceci s’explique par une proportion de vaches inséminées en 3 semaines et une fertilité à l’insémination élevée pour les CH FV (tabl. 2). Un suivi de cyclicité réalisé sur la seule année 2008 a également attesté d’une reprise de cyclicité après le vêlage plus précoce pour les CH FV que pour les NZ HF (29 contre 51 jours, P < 0,01), les CH HF et les CH BS étant intermédiaires (43 et 43 jours).
suggéré une démarche plus régulière des NZ HF et des CH BS que des CH FV et des CH HF (67 et 60 % d’allure normale contre 44 et 38 %, P < 0,05 ; K. Keckeis, communication personnelle).
Discussion Différentes manières de produire du lait Les différences de performances laitières observées entre NZ HF et CH HF sont comparables à celles reportées dans des études de comparaison de lignées HF pour des systèmes de production laitière en pâture intégrale et vêlages saisonniers (Horan et al. 2005b; Macdonald et al. 2008). Il n’existe pas de référence concernant les Fleckvieh ou les Brunes pour ce type de système. Concernant la pro1 Proportion de vaches gestantes
des taux de matières grasses et surtout protéiques élevés et par une bonne persistance de lactation. Sur la base du critère «kg de lait corrigé de l’énergie (ECM) par kg de poids vif métabolique», les deux lignées Holstein-Friesian (HF) ont produit du lait plus efficacement que les CH FV et CH BS. Durant toute la lactation, les CH FV ont présenté une note d’état corporel significativement plus élevée que les NZ HF et les CH HF une note significativement plus basse, les CH BS étant intermédiaires entre NZ HF et CH FV (tabl. 1; fig. 1). En revanche, la perte d’état corporel après le vêlage n’a pas significativement différé entre les races.
b ab
0,75
ab
b
a
0,5 ab a
0,25
a 0
Santé Globalement, l’incidence des problèmes de santé a été plus élevée chez les NZ HF que chez les CH BS, sans qu’aucun problème spécifique n’apparaisse significativement plus fréquent (tabl. 3). Les CH HF et CH FV ont présenté des résultats intermédiaires. Concernant la locomotion, un suivi vétérinaire réalisé spécifiquement en 2008 a
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0
NZ HF CH HF CH FV CH BS
3 6 9 Semaine de la campagne de reproduction
Figure 2 | Proportion de vaches gestantes au cours de la campagne de reproduction pour des vaches de races Holstein-Friesian néo-zélandaise (NZ HF), Holstein suisse (CH HF), Fleckvieh (CH FV) et Brown Swiss (CH BS) du projet «Quelle vache pour la pâture?». Les valeurs sans lettre commune sont significativement différentes (P < 0,05).
12
Projet «Quelle vache pour la pâture?»: P roduction, reproduction et santé | Production animale
Tableau 2 | Performances de reproduction de vaches de races Holstein-Friesian néo-zélandaise (NZ HF), Holstein suisse (CH HF), Fleckvieh (CH FV) et Brown Swiss (CH BS) du projet «Quelle vache pour la pâture?» n
NZ HF
CH HF
CH FV
CH BS
P race
Vêlage – début saison reproduction (jour)
259
56
56
57
52
Début saison repro. – insémination fécondante (jour)
220
27 b
29 ab
15 a
22 ab
< 0,05
Taux de vaches inséminées en 3 semaine (%)
259
53 a
58 ab
86 b
70 ab
< 0,01
258
62
46
67
59
Taux de réussite à la 1ère ou 2ème insémination (%)
258
76 ab
59 a
89 b
72 ab
< 0,05
Taux de vaches gestantes en 3 semaine (%)
256
32 a
26 a
65 b
38 ab
< 0,05
Taux de vaches gestantes en 6 semaine (%)
256
66
48
81
64
0,14
Taux de vaches gestantes en 12 semaine (%)
256
91
81
94
93
0,32
Taux de réussite à la 1
ère
a, b, c
insémination (%)
0,69
0,36
Les valeurs sans lettre commune sont significativement différentes (P < 0,05).
duction d’ECM par kg de poids vif métabolique, les deux lignées HF ont été les plus efficaces (environ + 14 % en comparaison avec les CH FV et les CH BS). Une efficacité de production plus faible était attendue pour les CH FV, des vaches de type mixte lait-viande, mais ce résultat n’était pas attendu pour les CH BS de type race laitière spécialisée. L’efficacité élevée de production laitière n’a pas été atteinte de la même manière par les deux lignées HF. Les CH HF ont produit plus de volume de lait, ont eu un pic de production plus important et une persistance plus faible que les NZ HF. Ces différences entre les courbes de production ont également été observées par Horan et al. (2005a). Une partie de l’efficacité de production des CH HF pourrait être attribuée à une plus grande mobilisation des réserves corporelles et à une partition différente de l’énergie ingérée, plus en faveur du lait que des réserves corporelles. Même si la perte d’état corporel n’était pas significativement différente entre les deux lignées HF (environ -0,10 point d’état pour les CH HF comparées aux NZ HF dès les 30 premiers jours de lactation), des pesées quotidiennes sur l’exploitation de l’Abbaye de Sorens ont révélé une perte de poids statistiquement plus importante durant les 30 premiers jours de lactation pour les CH HF que les NZ HF (32 kg pour les CH HF et 9 kg pour les NZ HF, P < 0,01; F. Schori, communication personnelle).
D’autre part, des mesures métaboliques spécifiquement réalisées en 2008 ont révélé des niveaux d’acides gras non estérifiés et de β-hydroxybutyrate significativement plus élevés pour les CH HF que les NZ HF, indiquant une mobilisation des réserves corporelles plus importante (M. Wanner, communication personnelle). L’indicateur kg ECM/kg poids vif métabolique n’est qu’un premier pas vers la définition de la vraie efficacité, qui devrait intégrer à l’avenir la variation de poids vif et d’état corporel, et idéalement l’ingestion effective lorsque l’information est disponible (Coleman et al. 2010). La perte d’état corporel en deux temps des CH FV n’a été observée pour aucune autre race, pas même pour les NZ HF appariées aux CH FV. De juin à août, à plus de 100 jours post-partum, les CH FV semblent remobiliser de l’état corporel. Ces résultats suggèrent que le vêlage ne déclenche pas une mobilisation maximale des réserves corporelles, mais que ces réserves maintenues à un niveau élevé restent mobilisables en cas de modification/restriction des apports alimentaires en été, contrairement aux autres races qui présentent déjà un état corporel plus limitant. Cette mobilisation tardive et limitée serait de fait sans conséquence sur la reproduction. Nous n’avons à ce jour pas de référence permettant d’étayer cette hypothèse.
Tableau 3 | Problèmes de santé, traitements hormonaux et numérations cellulaires de vaches de races Holstein-Friesian néo-zélandaise (NZ HF), Holstein suisse (CH HF), Fleckvieh (CH FV) et Brown Swiss (CH BS) du projet «Quelle vache pour la pâture?» n
NZ HF
CH HF
CH FV
CH BS
P race
Problème de santé (%)
259
41
23
39
14
< 0,01
Problème uro-génital1 (%)
259
9
9
11
8
0,97
Problème mammaire (%)
259
19
7
6
3
< 0,05
Traitement hormonal1 (%)
259
4
2
4
0
< 0,01
Cellules somatiques (1000 cell./ml)
259
56
54
41
41
0,07
1
1
b
ab
ab
a
Occurrence d’au moins un problème au cours de la lactation. Les valeurs sans lettre commune sont significativement différentes (P < 0,05).
1
a, b, c
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Production animale | Projet «Quelle vache pour la pâture?»: P roduction, reproduction et santé
Performances de reproduction Seules les CH FV ont atteint, voir dépassé, les objectifs de performances de reproduction fixés en Nouvelle-Zélande, soit ≥ 90 % de vaches inséminées en 21 jours et ≥ 78 % gestantes 6 semaines après le début de la saison de reproduction (Burke et al. 2007). Cet excellent résultat s’explique probablement par une reprise précoce d’une cyclicité régulière (comme observé en 2008 par analyse de profils de progestérone), un très bon taux de vaches inséminées en 3 semaines, ce qui suppose une bonne expression des chaleurs, et une très bonne fertilité (taux de réussite à l’insémination très élevés). Chez les NZ HF, un probablement long délai de reprise de cyclicité, observé en 2008 avec les profils de progestérone et par différents auteurs (Macmillan 2002; Macdonald et al. 2008), pourrait expliquer le faible taux de vaches inséminées en 3 semaines. Cependant, grâce à leur bonne fertilité à l’insémination, ces vaches ont pu rattraper leur retard, en termes de vaches gestantes, plus tard dans la saison de reproduction. Un faible taux d’insémination combiné à une fertilité insuffisante à l’insémination expliquent les plus faibles taux de CH HF gestantes durant la saison de reproduction, taux clairement insuffisants par rapport aux objectifs pour les systèmes en vêlages groupés. Sur l’ensemble des vaches, peu de traitements hormonaux ont été utilisés pour induire des chaleurs (entre 0 et 4% des lactations avec traitements), ceci se situe donc très en dessous des recommandations néo-zélandaises avec un objectif à moins de 15 % de vaches traitées (Burke et al. 2007). Une généralisation des traitements hormonaux sur les vaches non-cyclées avant le début de la saison d’insémination aurait probablement permis d’améliorer le taux de vaches gestantes en 6 semaines, particulièrement chez les NZ HF et CH BS, mais ce type d’intervention nous semble en désaccord avec l’orientation de la production laitière suisse vers une production plus respectueuse de l’environnement et du bien-être animal. Santé de la mamelle Pour le même type de système de production, des taux d’incidence de mammites de 14 à 59 % par lactation ont été décrits (Lacy-Hulbert et al. 2002; Lacy-Hulbert et al. 2006; McCarthy et al. 2007). Même si les taux relevés en fermes commerciales sont souvent sous-évalués par rapport à ceux relevés en stations expérimentales, il faut souligner la faible incidence de mammites traitées durant la lactation dans cet essai. De même, les comptages de cellules somatiques étaient excellents avec moins de 100’000 cellules en moyenne pour toutes les races. Aucune tendance nette ne ressort des essais comparant des lignées HF nord-américaine et néo-zélandaises,
256
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 252–257, 2011
avec des numérations cellulaires parfois supérieures (McCarthy et al. 2007), inférieures (Lacy-Hulbert et al. 2002) ou équivalentes (Lacy-Hulbert et al. 2006) pour les HF néo-zélandaises. Au niveau de la Tachetée rouge, la section Swiss Fleckvieh présente des comptages de cellules somatiques plus faibles que les sections Red Holstein et Holstein, en cohérence avec leur valeur d’élevage (Bigler 2011). Au vu de nos résultats et des données de la littérature, il est donc actuellement difficile d’estimer si l’une des races étudiées présente un avantage. La très faible incidence de troubles de la santé ici observée pour les CH BS mériterait notamment d’être étudiée à plus grande échelle.
Conclusions ••Malgré leur efficacité laitière en systèmes bas-intrants, les vaches CH HF présentent aujourd’hui des performances de reproduction insuffisantes pour les systèmes en vêlages groupés. A même efficacité laitière, les NZ HF ont présenté de meilleures performances de reproduction. ••Inversement, les vaches mixtes CH FV sont moins efficaces en termes de production laitière mais apparaissent adaptées à ces systèmes de par leurs très bonnes performances de reproduction. ••Les vaches CH BS ne se sont démarquées ni sur le plan de la production ni sur le plan de la reproduction au vu des critères étudiés; sur le plan de la santé, la question reste posée. n
Progetto «La mucca da pascolo e la sua genetica» Produzione, riproduzione e salute L’obiettivo di questo studio era di confrontare, attraverso i sistemi di pascolo con parti raggruppati a fine inverno, le prestazioni di produzione, riproduzione e la salute delle mucche da latte delle razze Holstein (CH HF), pezzata (CH FV), bruna svizzera (CH BS) con delle Holstein-Friesian di origine neozelandese (NZ HF), presa come riferimento per questo tipo di sistema. Dal 2007 al 2009, in 15 aziende commerciali, le mucche NZ HF sono state confrontate con delle razze svizzere. Questa prova includeva 259 lattazioni di 134 mucche. Le mucche CH HF e HF NZ hanno mostrato le migliori prestazioni lattiere, rispetto alle CH FV e CH BS (50,2 e 52,1 kg ECM/kg PV0,75 contro 44,3 e 43,6 kg; P < 0,05). La proporzione di mucche CH FV gravide in 6 settimane di riproduzione è stata tendenzialmente maggiore delle le mucche CH HF (81 % contro 46 %, P < 0,10), mentre le NZ HF e CH BS si pongono a un livello intermedio (66 e 64 %). Le mucche CH HF presentano oggi capacità riproduttive insufficienti per i sistemi di parto raggruppato, al contrario, le mucche miste CH FV sono meno efficaci in termini di produzione di latte, ma attraverso le loro buone prestazioni riproduttive, si rivelano adeguate a questi sistemi.
Bibliographie ▪▪ Bigler A., 2011. Valeurs de référence 2011/2012. Swissherdbook, Zollikofen. ▪▪ Burke C., Blackwell M. & Little S., 2007. The InCalf Book for New Zealand dairy farmers. DairyNZ, 204 p. ▪▪ Coleman J., Berry D. P., Pierce K. M., Brennan A. & Horan B., 2010. Dry matter intake and feed efficiency profiles of 3 genotypes of HolsteinFriesian within pasture-based systems of milk production. Journal of D airy Science 93, 4318–4331. ▪▪ Horan B., Dillon P., Berry D. P., O’Connor P. & Rath M., 2005a. The effect of strain of Holstein-Friesian, feeding system and parity on lactation curves characteristics of spring-calving dairy cows. Livest. Prod. Sci. 95, 231–241. ▪▪ Horan B., Dillon P., Faverdin P., Delaby L., Buckley F. & Rath M., 2005b. The interaction of strain of Holstein-Friesian cows and pasture-based feed systems on milk yield, body weight, and body condition score. J. Dairy Sci. 88, 1231–1243. ▪▪ Lacy-Hulbert S. J., Kolver E. S., Williamson J. H. & Napper A. R., 2002. Incidence of mastitis among cows of different genogtypes in differing nutritional environments. Proc. N.Z. Soc. Anim. Prod. 62, 24–29. ▪▪ Lacy-Hulbert S. J., Summers E. L., Williamson J. H., Aspin P. W. & Kolver E. S., 2006. Prevalence of mastitis for cows of different genotypes milked for two consecutive seasons. Proc. N.Z. Soc. Anim. Prod. 66, 236–240.
Summary
Riassunto
Projet «Quelle vache pour la pâture?»: P roduction, reproduction et santé | Production animale
Which cow for pasture-based production systems?: Production, reproduction and health The objective of the study was to compare, within pasture-based seasonal-calving systems, the production and reproduction performances of Swiss Holstein-Friesian (CH HF), Fleckvieh (CH FV) and Brown Swiss (CH BS) dairy cows with New Zealand Holstein-Friesian (NZ HF) dairy cows, taken as reference for such systems. From 2007 to 2009, NZ HF cows were paired with Swiss cows on 15 Swiss commercial farms, including in total 259 lactations from 134 cows. CH HF and NZ HF cows had better milk performance than CH FV and CH BS (50,2 and 52,1 kg ECM/kg LW0,75 versus 44,3 and 43,6 kg; P < 0,05). The CH FV cows had the best reproduction performance, tending to have more pregnant cows 6 weeks after the planned start of mating than the CH HF cows (81 % versus 46 %, P < 0,10), NZ HF and CH BS cows were intermediate (66 and 64 %). The poor reproductive performance of the CH HF cows compromised their suitability for pasturebased seasonal-calving systems. Conversely the dual-purpose CH FV were less efficient in term of milk production but seem to be suitable for these systems owing their good reproductive performance. Key words: pasture, seasonal calving, dairy production, reproduction breeds.
▪▪ Macdonald K. A., Verkerk G. A., Thorrold B. S., Pryce J. E., Penno J. W., McNaughton L. R., Burton L. J., Lancaster J. A. S., Williamson J. H. & Holmes C. W., 2008. A comparison of three strains of Holstein-Friesian grazed on pasture and managed under different feed allowances. J. Dairy Sci. 91, 1693–1707. ▪▪ Macmillan K. L., 2002. Advances in bovine theriogenology in New Zealand. 1 | Pregnancy, parturition and the postpartum period. N.Z. Vet. J. 50, 67–73. ▪▪ McCarthy S., Berry D. P., Dillon P., Rath M. & Horan B., 2007. Effect of strain of Holstein-Friesian and feed system on udder health and milking characteristics. Livestock Science 107, 19–28. ▪▪ Piccand V., Schori F., Troxler J., Wanner M. & Thomet P., 2011 Projet «Quelle vache pour la pâture?» Problématique et description de l’essai. Recherche Agronomique Suisse 2 (5), 200 – 205. ▪▪ Thomet P., Leuenberger S. & Blättler T., 2004. Projekt Opti-Milch: Produktionspotenzial des Vollweidesystems. Agrarforschung 11, 336–341.
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P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Tests de nouvelles et d’anciennes variétés de fétuque des prés Daniel Suter1, Rainer Frick 2 et Hans-Ulrich Hirschi1 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich 2 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1 Renseignements: Daniel Suter, email: daniel.suter@art.admin.ch, tél.+41 44 377 72 79
1
Introduction
Figure 1 | Fétuque des prés. Dessins tirés du manuel «Wiesengräser» de Walter Dietl et al ., Landw. Lehrmittelzentrale, Zollikofen, 1998. (Dessins: Manuel Jorquera, Zurich. Tous droits réservés. C opyright: AGFF, Zurich. Avec l’aimable autorisation de l’ADCF.)
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Une plante fourragère précieuse Bien que la fétuque des prés (Festuca pratensis Hudson; fig. 1) se développe essentiellement dans les prairies permanentes peu à mi-intensives du plateau et de moyenne montagne, il ne faut pas sous-estimer son importance dans les prairies temporaires intensives. Dans les mélanges de semences pour prairie, cette graminée de bonne valeur fourragère est un excellent complément aux espèces principales comme le ray-grass anglais ou le dactyle aggloméré (Mosimann et al. 2008). Par rapport à d’autres graminées fourragères, la fétuque des prés supporte bien le gel et l’enneigement. En revanche, elle est exigente en matière de disponibilité en eau dans le sol. Des conditions fraîches à moyennement humides lui permettent d’atteindre un haut niveau de production. Elle supporte plutôt mal les longues périodes de sécheresse, mais se place mieux sur ce plan que les ray-grass, ce qui explique sa présence sur des sites moyennement secs. Bien que la fétuque des prés permette d’obtenir des rendements aussi élevés, voire supérieurs à ceux du raygrass anglais, sa productivité est soumise à d’importantes fluctuations saisonnières. Après une première coupe abondante, la fétuque des prés tarde souvent à repousser. Dans les mélanges destinés à une exploitation peu à mi-intensive, en particulier dans les situations défavorables aux ray-grass, elle peut atteindre des rendements importants. A l’inverse, dans les prairies intensives fréquemment utilisées et fertilisées, la fétuque des prés est souvent en position d’infériorité par rapport à d’autres partenaires du mélange. Outre le rendement, la force de concurrence et la persistance sont donc des critères essentiels pour évaluer les variétés sélectionnées. La qualité fourragère de la fétuque des prés est très bonne et atteint, en cas d’utilisation intensive, des valeurs énergétiques comparables à celles du ray-grass anglais.
Tests de nouvelles et d’anciennes variétés de f étuque des prés | Production végétale
Epreuve sur le terrain Dans le cadre d’essais de comparaison menés de 2008 à 2010, les stations de recherche Agroscope ReckenholzTänikon ART et Changins-Wädenswil ACW ont testé 18 variétés de fétuque des prés, dont 13 nouvelles sélections. La plupart des caractéristiques nécessaires à l’évaluation des variétés ont été notées sur des cultures pures. De plus, la force de concurrence a été évaluée dans des mélanges constitués de la variété concernée ainsi que de trèfle blanc et de trèfle violet. La part de matière sèche couverte par la fétuque des prés dans ces mélanges a permis d’évaluer la force de concurrence des variétés testées. Les caractéristiques des lieux d’essais et des semis sont présentées dans le tableau 1. A chaque pousse, les cultures pures ont reçu un apport de 40 à 50 kg d’azote par hectare, sous la forme de nitrate d’ammoniac. Des quantités réduites, de 25 à 30 kg N ha-1 par pousse, ont été appliquées sur les mélanges. Les caractéristiques examinées ont été notées sur une échelle à neuf points, 1 étant la meilleure note et 9 la plus mauvaise. L’aspect général, la vitesse d’installation, la résistance aux maladies foliaires et la tolérance aux conditions hivernales ont été évalués à plusieurs reprises. La persistance correspond aux notes d’aspect général de la dernière pousse en automne 2010, soit au terme des essais. Les notes de l’aspect général des variétés testées à plus de 1000 m permettent d’évaluer l’adaptation aux conditions d’altitude.
Résumé
Matériel et méthode
De 2008 à 2010, les stations de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et Agroscope Changins-Wädenswil ACW ont examiné 18 variétés de fétuque des prés, dont 13 nouvelles sélections, dans le cadre d’essais comparatifs établis sur sept sites. Les caractéristiques suivantes ont été évaluées: rendement, aspect général, vitesse d’installation, force de concurrence, persistance, tolérance aux conditions hivernales, résistance aux maladies foliaires, teneur en matière organique digestible et aptitude à la culture en altitude. Deux nouvelles sélections, FP 0415 et FP 0335, ont obtenu des résultats permettant leur inscription sur la «Liste des variétés recommandées de plantes fourragères». Elles figureront sur la liste dès qu’elles auront rempli les exigences légales de mise en circulation en Suisse. Toutes les anciennes variétés déjà recommandées sont maintenues.
Tableau 1 | Caractéristiques des essais variétaux de fétuque des prés 2008 – 2010 Nombre de répétitions
Nombre de coupes pesées
Lieu, canton
Altitude (m)
Date de semis
pur1
mélange2
Changins, VD
430
07/05/2008
3+1
–
5
3
Reckenholz, ZH
440
08/05/2008
4
3
4
4
Oensingen, SO
460
09/05/2008
4
3
4
4
*
2009
2010
Ellighausen, TG
520
14/05/2008
4
3
4
4
Goumoëns, VD
630
14/05/2008
3
3
5
4
La Frêtaz, VD
1200
01/07/2008
4
–
–
–
Maran, GR
1850
30/05/2008
3
–
2
1
*Détermination de l'indice de précocité. 1 Culture pure 250 g/100 m ² (variété témoin pour la densité de semis: «Pardus») 2 Mélange 200 g/100 m ² (variété témoin pour la densité de semis: «Pardus») + 10 g/100 m ² trèfle violet "Mont Calme" + 25 g/100 m ² trèfle blanc à grosses feuilles «Seminole» + 15 g/100 m ² trèfle blanc à petites feuilles «Sonja»
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 258–263, 2011
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Production végétale | Tests de nouvelles et d’anciennes variétés de f étuque des prés
Figure 2 | Fétuque des prés dans le cadre de l’essai sur le site d’Oensingen: même un œil non exercé peut déceler de nettes différences entre les variétés cultivées sur les parcelles. (Photo: ART)
Les rendements en matière sèche mesurés au champ ont été convertis en notes à l’aide de méthodes statistiques, afin de les intégrer dans le calcul d’un indice global. Lors des trois premières coupes en 2009, des échantillons ont été prélevés sur le site de Reckenholz afin de déterminer la teneur en matière organique digestible (MOD). Les analyses ont été effectuées au laboratoire par spectrophotométrie à infrarouge (Norris et al. 1976). L’appareil a été calibré sur la base d’échantillons analysés in vitro selon Tilley et Terry (1963), en utilisant du jus de panse. Les valeurs mesurées ont ensuite été converties en notes à l’aide de la même méthode que celle appliquée aux rendements en matière sèche. La note de la force de concurrence se calcule à partir de la proportion de la variété à tester dans le rendement total du mélange, selon la formule suivante: Note = 9 – 0,08 × pourcentage de rendement % L’évaluation globale d’une variété a été effectuée à l’aide d’un indice global pondéré à partir de tous les critères relevés. Le rendement, l’aspect général, la force de concurrence, la persistance, la digestibilité et l’adaptation aux conditions d’altitude comptaient double dans ce calcul.
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Une variété peut être admise dans la «Liste des variétés recommandées de plantes fourragères» (Frick et al. 2010) lorsque son indice est inférieur d’au moins 0,20 points (valeur inférieure = mieux) à la moyenne des variétés recommandées jusqu’ici (variétés témoins). En revanche, une ancienne variété recommandée est radiée de la liste lorsque son indice dépasse de plus de 0,20 point l’indice standard (valeur supérieure = résultat plus mauvais). En outre, une variété ne peut pas être recommandée si elle dépasse de 1,50 points ou plus la moyenne du standard sur un des critères importants.
Résultats FP 0415 et FP 0335 se démarquent particulièrement Deux nouvelles sélections ont atteint un indice global suffisant pour une recommandation (tabl. 2). La nouvelle sélection tétraploïde FP 0415 a surpris par son indice global inférieur de plus d’un demi-point à celui du standard (tabl. 3). Malgré sa dixième position pour le rendement, elle a obtenu des notes extrêmement favorables pour les autres critères. Bien que sa couverture n’ait pas été aussi dense que celle d’autres variétés, ce qui est typique des variétés tétraploïdes, FP 0415 présentait une végétation généreuse, sans adventices ni zones lacunaires. Cela explique
Tests de nouvelles et d’anciennes variétés de f étuque des prés | Production végétale
qu’elle ait obtenu la meilleure note d’aspect général de toute la série d’essais. En ce qui concerne l’adaptation à l’altitude et la vitesse d’installation, FP 0415 se situait également au premier rang et dépassait même Préval, variété standard bien connue. Pour la digestibilité, critère important, FP 0415 a obtenu une note de 3,7 soit 1,6 points de mieux que le standard, et 0,3 point de mieux que les variétés les plus digestibles. Les variétés tétraploïdes ont en général une teneur plus faible en parois cellulaires et par conséquent un pourcentage plus élevé de composants cellulaires que les variétés diploïdes. C’est pourquoi on pouvait s’attendre à ce que FP 0415 obtienne de bons résultats en termes de digestibilité. Ces attentes ont même été dépassées. La deuxième nouvelle sélection, FP 0335, qui a également atteint un indice global largement inférieur à celui des variétés témoins, se caractérisait par le rendement le plus élevé de cette série d’essais (tabl. 3). De même, elle
s’est montrée la plus concurrentielle dans les mélanges, avec une note de 0,9 points inférieure à celle du standard. Pour l’aspect général, elle a obtenu la deuxième place de toutes les variétés testées. Sa digestibilité était nettement inférieure à celle de FP 0415, mais toutefois supérieure de 0,3 points à celle des variétés témoins. Pour les autres critères, FP 0335 est parvenu, si ce n’est à dépasser, tout au moins à égaler les résultats du standard, sauf pour l’adaptation aux conditions d’altitude. Pas encore admise sur la liste des variétés recommandées Les deux nouvelles sélections de fétuque des prés élargiront la gamme de variétés de première qualité pour la culture fourragère suisse, à condition qu’elles puissent être commercialisées. A l’heure actuelle, elles ne remplissent pas les exigences légales nécessaires à leur mise en circulation et donc à leur admission sur la liste des varié-
Tableau 2 | Variétés de fétuque des prés testées, indice de précocité et classement Variété
Requérant, pays
Indice de précocité1
Classement2
1
Préval
DSP/ART, CH
53a
1
2
Paradisia
DSP/ART, CH
52b
1
3
Pardus
DSP/ART, CH
53a
1
4
Cosmolit
SZ Steinach, DE
52a
1
5
Pradel
DSP/ART, CH
52b
1
6
FP 0415
DSP/ART, CH
53a
1*
7
FP 0335
DSP/ART, CH
53a
1*
8
ST GS 549/550 (Cosmopolitan)
SZ Steinach, DE
53a
9
Petrarca (FP 0025)
DSP/ART, CH
52b
3
10
FP 9815
DSP/ART, CH
52a
3
3
11
Pasja
R2n F, FR
53a
3
12
Justa
IHAR Bartazek, PL
53a
3
13
Cosmonaut
Barenbrug, NL
52b
3
14
Pampero (ZFp 97 – 132)
EURO GRASS, DE
53a
4
15
Liherold (FP 9902)
EURO GRASS, DE
52b
4
16
ILVO 081967
Freudenberger, DE
53a
4
17
5 FP R 99
Barenbrug, NL
52b
4
18
Cosima (ST GS 552)
SZ Steinach, DE
52b
4
Variétés écrites en caractères gras = anciennes variétés recommandées. 1 Indice de précocité: période à laquelle débute l'épiaison. Le premier chiffre indique le mois, le second la décade et la lettre la partie de la décade (a = début, b = fin). Exemple: 52a = début épiaison du 11 au 15 mai. 2 Classement (sur la base des résultats des essais): 1: Variété recommandée en Suisse. 1*: Ne peut être recommandée qu'après avoir rempli les exigences légales pour une commercialisation en Suisse (voir Ordonnance du DFE sur les semences et plants RS 916.151.1). 3: Variété moyenne, sans caractéristiques particulièrement intéressantes. 4: Variété ne convenant pas à la culture en Suisse.
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 258–263, 2011
261
Production végétale | Tests de nouvelles et d’anciennes variétés de f étuque des prés
tés recommandées. Les variétés n'ont pas encore réussi le test DHS effectué à l'étranger (Distinction par rapport aux variétés existantes, Homogénéité et Stabilité des caractéristiques). Reste à espérer que ce soit bientôt le cas, pour que des semences de ces variétés puissent être produites. Parmi les variétés déjà recommandées en Suisse, Préval est sortie du lot. Pour sept critères sur neuf, elle a dépassé la moyenne des témoins, l’égalant sur un autre critère, ce qui lui a valu le troisième meilleur indice global de la série d’essais. Pour les principales caractéristiques, rendement, aspect général, force de concurrence, persistance et adaptation à l’altitude, cette variété a obtenu des notes meilleures que la moyenne. Les autres variétés déjà recommandées ont toutes obtenu un indice leur permettant de conserver leur place sur la «Liste des variétés recommandées de plantes fourragères». Aucune variété n’a donc été n radiée de la liste.
Tableau 3 | Fétuque des prés: résultats des mesures de rendement et des observations de 2008 à 2010
Variété
Rendement1*
Aspect général*
Vitesse d'installation
Force de concurrence*
Persistance*
Tolérance/résistance: Conditions hivernales
Maladies foliaires
MOD2*
Adaptation à l'altitude*
1
Préval
4,1
3,1
2,4
3,6
2,8
4,9
3,0
5,7
3,4
3,71
2
Paradisia
4,7
3,2
3,2
3,5
3,3
5,1
2,9
5,3
3,8
3,90
3
Pardus
4,8
3,4
3,2
3,9
2,9
5,2
3,1
5,0
4,4
4,03
4
Cosmolit
5,3
3,4
3,1
4,6
3,3
4,6
3,2
4,7
3,7
4,07
5
Pradel
4,4
3,5
3,7
4,1
3,5
4,8
3,3
5,7
4,2
4,18
Moyenne des témoins
4,6
3,3
3,1
4,0
3,2
4,9
3,1
5,3
3,9
3,98
6
4,9
2,8
2,3
3,7
3,0
4,7
2,1
3,7
3,2
3,44
FP 0415
7
FP 0335
3,9
2,9
2,7
3,1
3,2
4,6
2,7
5,0
4,2
3,64
8
ST GS 549/550 (Cosmopolitan)
4,4
3,2
3,3
4,3
3,2
5,5
1,9
4,0
4,2
3,81
9
Petrarca (FP 0025)
4,4
3,0
3,1
3,6
3,4
4,1
2,9
5,0
4,2
3,83
10
FP 9815
4,4
3,3
3,6
3,9
3,7
4,2
2,4
5,3
4,3
4,00
11
Pasja
5,7
3,6
3,3
4,1
3,3
3,9
3,1
5,3
4,4
4,20
12
Justa
7,2
3,5
3,3
4,3
3,4
4,3
2,8
4,0
4,0
4,22
13
Cosmonaut
5,3
3,7
3,3
4,7
3,5
5,2
2,9
5,0
4,1
4,27
14
Pampero (ZFp 97 – 132)
5,3
3,6
3,2
4,3
3,5
5,2
3,2
5,7
4,3
4,30
15
Liherold (FP 9902)
4,4
3,6
3,6
4,2
3,6
5,3
3,2
6,3
4,3
4,34
16
ILVO 081967
6,1
3,5
3,7
4,3
3,7
5,4
4,0
4,0
4,5
4,36
17
5 FP R 99
5,0
3,8
4,1
4,7
4,4
5,6
3,1
5,7
4,6
4,61
18
Cosima (ST GS 552)
5,2
3,9
4,5
5,2
3,5
5,0
2,9
6,0
5,2
4,70
Variétés écrites en caractères gras = anciennes variétés recommandées. Notes 1 = très élevé, très bon; 9 = très faible, très mauvais. *Caractéristiques comptant double dans le calcul de l'indice. 1 Notes de rendement des 6 lieux avec 2 à 5 coupes pesées en 2009 et avec 1 à 4 coupes pesées en 2010. 2 MOD = matière organique digestible: moyenne de 3 prélèvements en 2009 à Reckenholz.
262
Indice
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Festuca dei prati: esame comparativo di varietà vecchie e nuove Dal 2008 al 2010, nell'ambito di prove comparative in sette siti diversi, le stazioni di ricerca Agroscope Reckenholz-Tänikon ART e Agroscope Changins-Wädenswil ACW hanno esaminato 18 varietà di festuca dei prati, 13 delle quali costituivano nuove varietà. Sono state valutate le seguenti caratteristiche: resa, aspetto generale, velocità d’insediamento, forza di concorrenza, persistenza, idoneità allo svernamento, resistenza a malattie fogliari, tenore della sostanza organica digeribile ed attitudine alla coltivazione ad alta quota. Due nuove selezioni, FP 0415 e FP 0335, hanno raggiunto risultati tali da permettere la loro iscrizione nella «Lista delle varietà raccomandate di piante foraggiere». Esse saranno integrate a pieno titolo nella lista non appena adempiranno a tutte le condizioni previste dalla legge per l'immissione sul mercato svizzero. Tutte le varietà raccomandate prima dello studio sono confermate.
Summary
Riassunto
Tests de nouvelles et d’anciennes variétés de f étuque des prés | Production végétale
Meadow fescue variety trials: testing the performance of old and new From 2008 to 2010, Agroscope Reckenholz-Tänikon ART and Agroscope Changins-Wädenswil ACW Research Stations tested altogether 18 varieties of meadow fescue, including 13 new cultivars, in comparative variety trials at seven locations. The varieties were assessed on the basis of systematically recorded yield, plant stock quality, early growth, competitiveness, persistence, winter hardiness, resistance to leaf disease, digestible organic matter and suitability for higher altitudes. Two new cultivars, FP 0415 and FP 0335, achieved results which allow their inclusion in the «List of recommended forage plant varieties». They will be incorporated in the recommendation list as soon as they have met all the legal criteria for marketing in Switzerland. This is not yet the case. All the varieties recommended so far are still recommended. Key words: Festuca pratensis Hudson, meadow fescue, variety testing, yield, digestibility, persistence.
Bibliographie ▪▪ Frick R., Bertossa M., Suter D. & Hirschi H.-U., 2010. Liste 2011–2012 des variétés recommandées de plantes fourragères. Recherche Agronomique Suisse 1 (10), 1–16. ▪▪ Mosimann E., Frick R., Suter D. & Rosenberg E., 2008. Mélanges standard pour la production fourragère: Révision 2009–2012. Revue suisse agric. 40 (5), 1–12. ▪▪ Norris K. H., Barnes R. F., Moore J. E. & Shenk J. S., 1976. Predicting f orage quality by infrared reflectance spectroscopy. Journal of Animal Science 43, 889–897. ▪▪ Tilley J. & Terry R., 1963. A two stage technique for the in vitro digestion of forage crops. Journal of the British Grassland Society 18, 104–111.
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 258–263, 2011
263
P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Maladies et rendement du blé d'automne: influence du système de culture Raphaël Charles, Edouard Cholley, Peter Frei et Fabio Mascher, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon Renseignements: Raphaël Charles, e-mail: raphael.charles@acw.admin.ch, tél. +41 22 363 46 59 une implication significative des maladies. Les nombreux cas d’interactions entre ces facteurs laissent également présager que l’état phytosanitaire des cultures dépend aussi de l’assolement et du travail du sol. Gindrat et al. (2003) et Schürch et al. (2009) ont observé de nombreuses relations entre les systèmes de culture céréaliers et les attaques fongiques dans des conditions pédoclimatiques similaires. Cet article analyse l’effet du système de culture sur le développement des maladies et discute de leurs incidences sur le rendement en grains du blé d’automne. En mettant en relation chaque maladie avec les pratiques agricoles, il sera finalement possible de proposer des mesures culturales préventives selon les systèmes de culture adoptés.
Matériel et méthodes Une monoculture de blé d’automne est observée depuis 1967 dans un essai du site d’Agroscope Changins-Wädenswil ACW. Les rendements y sont nettement inférieurs par rapport à des conditions de rotation. Cela repose sur la présence de plusieurs maladies.
Introduction Le système de culture influence de diverses manières les performances du blé d’automne. Un récent article (Charles et al. 2011) présentait l’influence des facteurs assolement, travail du sol, variété et protection fongicide sur la production de blé d’automne. Cette étude était conduite de 2006 à 2010 dans le cadre d’un essai de longue durée comparant du blé d’automne en monoculture et en rotation depuis 1967. Les résultats ont montré que la charge en céréales était le principal facteur de variation du rendement, une charge excessive réduisant le rendement de 10 à 20 q/ha. L’écart entre variétés a atteint 10 à 15 q/ha en conditions favorables. Le travail du sol a conduit à une différence de rendement allant jusqu’à 10 q/ha. La protection fongicide a permis un gain de rendement de quelque 5 q/ha. Les effets de la variété et de la protection fongicide sur le rendement, ainsi que la variabilité des réactions selon les années, ont signalé
264
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 264–271, 2011
Cette étude a été intégrée dans un essai de longue durée consacré à la rotation céréalière et installé en 1967 à Nyon (Changins, 430 m) sur un sol du type sol brun lessivé, avec 25 % d’argile, 48 % de silt et 27 % de sable, pour une profondeur utile de 70 à 100 cm. En 2004, la teneur en matière organique se situait entre 2,0 et 2,3 % et les indices de fertilité étaient satisfaisants (Vullioud 2007). Pendant les années d’étude, les températures ont été généralement plus élevées que la moyenne des 30 ans. Les mois de janvier et février ont été plutôt secs durant les 3 ans observés. Les mois de mars à mai 2006 étaient humides (>100 mm/mois). Mars et avril 2008 étaient pluvieux. En novembre et décembre 2009, les précipitations ont été particulièrement élevées (140 mm/ mois). Le printemps 2010 était sec, hormis un mois de mai moyennement arrosé (80 mm). Quatre procédés du schéma expérimental de longue durée (Vullioud 2007) ont été retenus. Ils correspondent à la combinaison des facteurs assolement (monoculture ou rotation blé d’automne – colza d’automne – blé d’automne – maïs) et travail du sol (labour ou techniques culturales simplifiées, TCS). Ces quatre procédés ont été complétés par deux sous-variantes supplémentaires (choix variétal et protection fongicide). Deux variétés aux caractéristiques agronomiques et technologiques contrastées ont été comparées: Arina de la classe I, pré-
Maladies et rendement du blé d'automne: i nfluence du système de culture | Production végétale
Résumé
sente dans le dispositif depuis 1992, ainsi que Tapidor de type fourrager (Levy et al. 2010). Deux niveaux de protection fongicide ont été introduits: aucune protection ou 3 traitements ciblés sur les maladies du pied (prochloraze, BBCH 31 – 32), du feuillage (azoxystrobine et cyproconazole, dès BBCH 45) et de l’épi (prothioconazole, dès BBCH 61). L’étude s’est concentrée sur trois années avec du blé sur l’ensemble du dispositif. Pour les procédés en rotation, cela concernait des cultures semées après maïs (11.10.2005 et 07.10.2009) ou après colza (16.10.2007) à des densités de 450 grains/m² pour les deux variétés. Les résidus de récolte ont été laissés sur le champ. Aucun régulateur de croissance n’a été appliqué. Les autres soins aux cultures ont été réalisés selon les bonnes pratiques agricoles. Les autres conditions de cette expérimentation ont été décrites précédemment (Charles et al. 2011; Vullioud et al. 2007). Les maladies les plus fréquentes et abondantes ont été suivies et seuls les résultats les plus significatifs sont présentés ici: piétin-verse (Oculimacula yallundae, O. acuformuis ), septorioses sur feuilles (Septoria nodorum et S. tritici confondus), oïdium (Erysiphe graminis), rouille brune (Puccinia recondita) et fusariose de l’épi (Fusarium spp.). La notation du piétin verse a été réalisée en fin de maturation du blé en se basant sur la part des plantes atteintes et la sévérité d’attaque sur la tige, à l’aide d’un indice allant de 1 (¼ du pourtour atteint) à 4 (totalité du pourtour atteint; Gindrat et al. 2003). Les trois dernières feuilles ont servi pour noter les maladies du feuillage, en termes de présence sur les plantes et de couverture de la surface foliaire par la maladie juste avant le traitement et 15 jours après l’intervention. La présence de mycotoxines (désoxynivalénol DON) dues à la fusariose a été analysée sur grain après récolte sur la base de test Elisa (Häller-Gärtner et al. 2005). Le rendement (15 % d’humidité) et la qualité de la récolte ont été relevés sur chaque parcelle. Des mesures de l’intensité de la chlorophylle ont été réalisées au moment de la floraison sur la dernière feuille (N-Tester, Yara). Le schéma expérimental initial est constitué de blocs randomisés répétés quatre fois. L’introduction des deux facteurs supplémentaires pour la présente étude conduit à un schéma expérimental interprété statistiquement en split-split-split plot (Gomez et Gomez 1984).
Dans le cadre d’un essai de longue durée consacré à la rotation céréalière, les facteurs variété et protection fongicide ont été ajoutés durant trois années (2006, 2008 et 2010) aux facteurs assolement et travail du sol déjà étudiés depuis 1967. Par ce complément, il s’agissait d’évaluer les influences du système de culture sur la présence des maladies du blé d’automne et de discuter des incidences sur le rendement. L’effet favorable de mesures préventives telles que la rotation des cultures et le labour a été relevé pour le piétin-verse, la septoriose sur feuilles et la fusariose sur épi. Ces mesures phytosanitaires préventives ont pu être contournées par des conditions environnementales favorables au développement ultérieur de la maladie. L’oïdium et la rouille brune n’ont guère été influencés par le système de culture et leur développement dépendait principalement des conditions environnementales. La concentration en mycotoxines produites par la fusariose reposait sur la présence d’un antécédent maïs plutôt que d’un blé d’automne en monoculture. L’importance du labour ou d’une variété tolérante comme Arina a pu être soulignée. La tolérance variétale constituait un facteur essentiel et stable pour le contrôle des maladies. L’efficacité de la protection fongicide dépend de ces mesures culturales préalables ainsi que des conditions environnementales du moment.
Résultats Piétin-verse L’efficacité de la protection fongicide a pu être vérifiée chaque année. En 2006 et 2008, l’intervention a réduit de près de moitié le pourcentage de plantes atteintes au début de la maturation des grains (tabl. 1), le fait de
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265
Production végétale | Maladies et rendement du blé d'automne: i nfluence du système de culture
Tableau 1 | Notation du piétin-verse, de l’oïdium, de la rouille et teneur en DON sur blé d’automne en fonction des facteurs et des interactions. Présence de piétin-verse exprimée en % des tiges atteintes pour 2006 et 2008 et en indice (note de 1 à 4, 4 = totalité du pourtour de la tige atteinte) pour 2010. Oïdium et rouille exprimés en % de plantes atteintes. DON exprimés en ppm. Piétin-verse Stadium BBCH
Oïdium
Rouille
DON
2006
2008
2010
2006
2008
2010
2006
2008
2010
2010
75
75
75
65
65
75
65
71
79
récolte
36,6
49,5
3,2
2,3
5,2
8,1
0,1
17,2
9,7
0,2
30,5
59,3
2,3
1,2
6,6
3,8
1,3
22,7
28,4
1,2
p = 0,40
p = 0,07
*
p = 0,16
p = 0,25
p = 0,07
p = 0,22
p = 0,10
*
**
Assolement - A monoculture rotation Travail du sol - T tcs
28,2
60,3
2,9
0,4
1,6
4,1
1,0
14,7
15,6
0,9
labour
38,9
48,5
2,5
3,0
10,2
7,8
0,4
25,2
22,5
0,5
**
*
p = 0,07
*
**
p = 0,39
p = 0,58
*
p = 0,18
*
Arina
36,0
63,8
2,6
1,7
11,1
9,7
1,4
34,7
29,1
0,2
Tapidor
31,1
45,1
2,8
1,8
0,6
2,2
0,0
5,2
9,1
1,2
p = 0,19
**
p = 0,26
p = 0,91
**
**
p = 0,18
**
**
**
1,7
8,8
10,9
1,3
38,7
38,1
0,9
Variété - V
Protection fongicide - P non traité
44,0
73,5
2,9
traité
23,1
35,3
2,5
1,8
3,0
0,9
0,1
1,3
0,0
0,5
**
**
**
p = 0,95
*
**
p = 0,25
**
**
**
Interactions; valeur de p A*T
*
0,56
0,05
0,33
0,68
0,56
0,74
0,69
1,00
*
A*V
0,15
0,07
0,78
0,91
0,73
1,00
0,26
0,16
0,32
**
A*P
0,60
0,81
**
0,32
0,10
0,16
0,17
0,34
**
**
T*V
0,93
0,06
0,33
0,91
**
0,79
0,53
0,52
0,39
*
T*P
0,63
0,55
0,33
0,95
*
0,24
0,70
*
0,11
0,17
V*P
0,38
*
0,71
0,55
**
*
0,25
**
**
**
A*T*V
0,10
0,47
0,93
0,91
0,73
*
0,70
0,55
0,13
*
A*T*P
0,23
0,90
0,36
0,95
0,42
0,48
0,52
0,50
1,00
0,99
A*V*P
0,87
*
0,82
0,32
0,05
0,81
0,17
0,40
0,30
**
T*V*P
0,77
0,26
0,81
0,64
*
1,00
0,70
0,85
0,37
0,15
A*T*V*P
0,54
*
0,53
0,27
0,42
0,07
0,52
0,53
0,11
0,96
*Significatif (p < 0,05), **hautement significatif (p < 0,01).
traiter ou non expliquant plus de la moitié de la variance du pourcentage de plantes atteintes (tabl. 2). De même en 2010, la sévérité de l’attaque de la maladie (indice) a été réduite par la protection fongicide, qui est toutefois restée sans effet sur le pourcentage de plantes atteintes (données non présentées). Durant deux années, la présence du piétin-verse dépendait des effets conjugués de l’assolement et du travail du sol. En 2006, les TCS pratiquées avant un blé en rotation ont conduit au plus faible taux de présence de la maladie (interaction significative). Les autres combi-
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Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 264–271, 2011
naisons de facteurs ont fait presque doubler le nombre de plantes atteintes (40 %). En 2010, la combinaison monoculture et TCS a entraîné un indice piétin significativement plus élevé. Les deux facteurs évalués individuellement montraient déjà un effet intéressant. L’assolement exerçait un rôle majeur sur la maladie, expliquant plus de la moitié de la variance de la maladie (tabl. 2). En 2008, une interaction significative entre les 4 facteurs illustre la complexité du développement de la maladie et son origine multifactorielle. Les TCS, Arina et l’absence de fongicide ont été favorables à la maladie,
Maladies et rendement du blé d'automne: i nfluence du système de culture | Production végétale
quel que soit l’assolement. Tapidor est resté généralement sain, profitant mieux qu’Arina des conditions défavorables à la maladie que sont le labour et la protection fongicide. Oïdium La présence d’oïdium est restée faible en 2006, rendant toute interprétation délicate (tabl. 1). En 2008, le labour a favorisé l’oïdium et a interagi avec la variété et la protection fongicide. L’absence de protection fongicide en situation de labour a été particulièrement favorable à la maladie pour Arina (31 % des plantes atteintes, assolements confondus). Pour la même combinaison en conditions de TCS, la maladie ne s’est pas développée (4 %). D’autre part, Arina cultivée en rotation et sans protection fongicide a montré une présence particulièrement élevée de la maladie (23 % des plantes atteintes, travaux du sol confondus). Le procédé directement comparable en monoculture a réduit de moitié la présence de la maladie. Toutes les autres situations ont conduit à des présences modestes d’oïdium (< 7 %). En 2010, les effets les plus marqués ont été observés sur Arina, à nouveau plus sensible que Tapidor. Les interactions expliquent une part importante de la variance de la présence de l’oïdium, entre 36 et 49 % lors des trois ans d’essais (tabl. 2), l’interaction variété*protection fongicide étant la plus marquée. Rouille brune La rouille brune s’est peu manifestée en 2006. Les années suivantes, la variété et la protection fongicide ont montré, individuellement et en interaction, des effets significatifs (tabl. 1) ainsi qu’une contribution importante à la variance (tabl. 2). La maladie a été favorisée par le labour
3 DON (ppm)
Variance
2006
2008
2010
piétin verse (%) Assolement
5
4
53
Travail du sol
14
6
8
Variété
3
15
1
Fongicide
55
62
11
Interactions
24
14
26
Oïdium Assolement
9
0
6
Travail du sol
55
17
4
Variété
0
25
16
Fongicide
0
8
29
Interactions
36
49
45
10
1
11
Rouille Assolement Travail du sol
3
3
1
Variété
15
26
12
Fongicide
10
42
45
Interactions
63
27
30
DON Assolement
22
Travail du sol
3
Variété
32
Fongicide
6
Interactions
37
en 2008 (faible tendance en 2010) et par la rotation en 2010 (tendance en 2008). Dans ces deux situations, le traitement a été particulièrement efficace, empêchant le développement de la maladie (interactions significatives).
4
2 1 0
Tableau 2 | Composantes de la variance pour le piétin, l’oïdium et la rouille brune et teneur en DON sur blé d’automne, exprimées en pourcentage des carrés moyens pour les quatre facteurs étudiés et l’ensemble des interactions.
Arina Tapidor Arina Tapidor tcs labour
Arina Tapidor Arina Tapidor tcs labour
monoculture
rotation non traité
traité
Figure 1 | Teneur en DON des grains de blé d’automne en 2010 en fonction des facteurs assolement, travail du sol, variété et protection fongicide. Interprétation statistique selon tableau 1.
Septoriose La septoriose est la maladie foliaire qui a montré le plus de contraste entre procédés et entre années. Trois stades ont été considérés en 2008, en raison de la variation particulière des résultats et du développement de la maladie (tabl. 3 et 4). De façon systématique, les 3 années montrent une meilleure tolérance d’Arina à la maladie et l’efficacité de la protection fongicide (tendance en 2006). En 2006, les TCS en conditions de monoculture ont entraîné la contamination la plus élevée, tandis que dans la rotation, ces mêmes techniques ont permis d’ob-
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 264–271, 2011
267
Production végétale | Maladies et rendement du blé d'automne: i nfluence du système de culture
Tableau 3 | Septoriose sur blé d’automne. Présence de septoriose exprimée en % des plantes atteintes pour 2006 et 2008 et en % des feuilles atteintes pour 2010. Septoriose
2006
Stade BBCH
65
2008 55
65
2010 71
79
Assolement - A monoculture
95,6
51,6
51,9
80,5
74,6
rotation
86,4
40,9
58,6
86,6
53,8
*
**
*
p = 0,11
*
90,1
53,0
65,0
87,0
67,7
Travail du sol - T tcs labour
91,9
39,5
45,4
80,0
60,7
p = 0,61
**
**
*
*
Arina
82,9
39,5
50,8
78,6
49,2
Tapidor
99,1
53,0
59,7
88,4
79,2
**
**
**
**
**
Variété - V
Protection fongicide - P non traité
93,0
47,3
73,1
98,1
80,3
traité
89,0
45,2
37,3
68,9
48,2
p = 0,09
p = 0,40
**
**
**
*
0,61
0,17
0,53
Interactions; valeur de p A*T
*
A*V
*
0,62
0,56
0,40
**
A*P
0,74
0,90
0,68
*
**
T*V
0,64
0,13
0,10
*
0,46
T*P
0,23
0,99
0,24
*
0,10
V*P
0,32
0,81
0,53
**
0,13
A*T*V
0,09
0,56
0,15
0,12
0,66
A*T*P
0,51
0,81
0,07
0,28
0,49
A*V*P
1,00
0,99
0,77
0,23
*
T*V*P
0,27
0,12
0,13
0,12
0,92
A*T*V*P
0,58
0,90
0,77
0,57
0,77
*Significatif (p < 0,05), **hautement significatif (p < 0,01).
tenir la plus faible présence de septoriose (interaction p < 0,05). De même, la monoculture a provoqué une forte infection d’Arina, pourtant moins sensible, qui a atteint un niveau d’attaque proche de Tapidor dans ces conditions seulement. En 2008, le développement de la septoriose a varié en cours de végétation en fonction de l’assolement. En début d’infection (BBCH 45), alors que les fongicides n’avaient pas encore eu d’effet, la monoculture et les TCS ont favorisé le développement de la septoriose et interagi significativement. Au contraire, le blé en rota-
268
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 264–271, 2011
tion installé après labour a montré la plus faible présence de septoriose. Par la suite, la rotation a offert des conditions plus favorables à la maladie, alors que l’efficacité de la protection fongicide apparaissait et que les différences restaient marquées au niveau du travail du sol. En fin de cycle (BBCH 71), la présence de la maladie était peu influencée par l’assolement (p = 0,11), la plus faible infection de septoriose étant obtenue en situation de monoculture avec un traitement fongicide (interaction significative). Dans l’ensemble, les plus faibles taux d’infection ont été observés avec les combinai sons labour*Arina, labour*traitement fongicide et Arina*traitement fongicide (interactions significatives). En 2010, l’interaction significative entre assolement, variété et protection fongicide, illustre l’effet combiné de ces trois facteurs. Tapidor a montré une faible présence de septoriose uniquement en rotation et avec un traitement fongicide, toutes les autres combinaisons de ces facteurs conduisant à des niveaux d’infection élevés. A l’inverse, la tolérance de Arina face à la septoriose a conduit à de faibles écarts entre les deux types d’assolement pour un même niveau de protection fongicide. De même, l’effet du traitement fongicide était similaire en monoculture ou en rotation pour cette variété. Teneur en mycotoxines Les infections de fusariose et les concentrations de mycotoxines ont fortement varié selon les années. En 2006, l’infection en fusariose est restée faible. En 2008, malgré des attaques de fusariose plus marquées, de nombreux résultats d’analyses de mycotoxines sont restés à des niveaux inférieurs au seuil fiable de détection pour pouvoir être interprétés. En 2010, les concentrations en mycotoxines étaient par contre suffisamment élevées pour l’ensemble des analyses (tabl. 1 et 2). La variété Arina a montré des concentrations systématiquement inférieures à quelques dixièmes de ppm (fig. 1). La présence d’un maïs avant le blé était plus favorable à la production de mycotoxines que les conditions d’une monoculture de blé. Les TCS étaient plus favorables aux mycotoxines que le labour. La protection fongicide a toujours permis de réduire leur concentration. La variété et le travail du sol étaient les principales composantes de la variance des teneurs en mycotoxines, les principales interactions concernant également ces deux facteurs. Les concentrations sont restées systématiquement faibles pour Arina ou en monoculture, quel que soit le travail du sol ou la protection fongicide. A l’inverse, Tapidor en rotation a montré de hautes concentrations avec les TCS, mais aussi en cas de labour. Dans ce dernier cas seulement, la protection fongicide a permis de bien limiter la présence de mycotoxines.
80
100
60
75
40
50
20
25
0
tcs
labour
tcs
monoculture 2010
labour
tcs
rotation
labour
tcs
monoculture
Arina
Septoriose (%) - Piétin-verse (%)
Rendement (q/ha)
Maladies et rendement du blé d'automne: i nfluence du système de culture | Production végétale
0
labour rotation
Tapidor
Rendement
Septoriose
Piétin-verse
Figure 2 | Rendement, septoriose et piétin-verse du blé d’automne en fonction de la variété, de l’assolement et du travail du sol en l’absence de traitement fongicide pour l’année 2010.
Discussion Les observations de maladies peuvent être mises en relation avec les performances des cultures décrites dans un article précédent (Charles et al. 2011). Dans cette perspective, le tableau 5 présente un bref résumé des résultats de rendement. L’année 2010 montre une certaine correspondance entre le rendement final et les présences de septoriose et de piétin-verse (fig. 2). Toutefois, les nombreuses interactions entre facteurs observées pour le rendement et pour les maladies rendent délicate toute interprétation d’une relation directe de cause à effet. En outre, plusieurs maladies sont apparues chaque année et ont exercé une pression phytosanitaire variable et difficilement quantifiable en termes de rendement. Il convient donc de concentrer la discussion sur quelques cas de figure. L’écart entre variétés se situait entre 8 et 15 q/ha selon les années. Cet écart s’explique par la typologie des deux variétés et par leur sensibilité aux maladies (Levy et al. 2010). Comparée à Tapidor, Arina était plus tolérante à la septoriose et à la fusariose sur épi, mais
Tableau 4 | Composantes de la variance pour la septoriose sur blé d’automne, exprimées en pourcentage des carrés moyens pour les quatre facteurs étudiés et l’ensemble des interactions. Variance
2006
2008
2010
Septoriose (%) Stade BBCH
65
Assolement
14
Travail du sol
0
Variété
43
30
Fongicide
3
1
Interactions
41
20
6
55
65
71
79
19
2
3
16
30
20
4
2
4
8
33
67
68
37
18
13
plus sensible aux autres maladies. Ces différences expliquent de nombreuses interactions avec la protection fongicide, l’efficacité variable des traitements et finalement des écarts de rendement. En 2008 et 2010 notamment, l’efficacité des fongicides était supérieure pour Tapidor. Ces deux années ont montré une forte présence de septoriose, en particulier sur cette variété. La protection fongicide a conduit à un gain de rendement moyen annuel de 4 à 7 q/ha. La monoculture a pénalisé le rendement de 8 q/ha en 2006 et de 22 q/ha en 2010. En 2006 et 2010, le labour a produit des rendements supérieurs de 8 q/ha. La fertilité des plantes (épis, grains produits) a été réduite notamment en monoculture, mais aussi en TCS. Aucune des maladies observées, essentiellement dès l’apparition de la dernière feuille, ne permet d’expliquer de si grands écarts. Par contre, l’assolement et le travail du sol, seuls ou en interaction, ont eu un effet déterminant sur la présence de piétin-verse, de septoriose et sur la concentration de DON. Les attaques de piétin-verse sont plus fréquentes après un précédent blé d’automne (Gindrat et Frei 1999). L’effet du système de culture (assolement, travail du sol) et l’importance de la tolérance variétale (Vogelgsang et al. 2009) sont reconnus pour la fusariose. La septoriose peut être combattue par une bonne gestion des résidus de cultures précédentes et une grande diversité d’espèces dans la rotation afin de casser le cycle des maladies (Schürch et Frei 2009). Certaines maladies ont aussi été limitées par les TCS ou n’ont pas été transmises par la monoculture, soulignant l’origine multifactorielle de la présence et du développement des maladies. Les développements de la septoriose en 2008 permettent de distinguer d’une part les conditions favorables à la présence initiale d’une maladie, et d’autre part son développement ultérieur en fonction des conditions environnementales (climat, microclimat, sol). Les reliquats azotés, issus de précédents comme le colza (dans cet essai en 2008), peuvent aussi influencer favorablement le développement du piétin-verse (Gindrat et Frei 1999). En 2008, le développement de l’oïdium a réagi favorablement aux conditions de croissance générées par le labour et la rotation. Cette maladie réagit favorablement à l’azote et à un microclimat humide (labour, densité de végétation). Dans cette expérimentation, des mesures d’indice chlorophyllien ont montré chaque année des écarts entre variétés, mais aucun effet significatif de la part des autres facteurs. Ces résultats confirment a posteriori que les procédés les plus pénalisés en termes de rendement ont présenté une teneur en chlorophylle et par extrapolation une nutrition azotée non limitantes. Ceci confirme aussi le rôle majeur exercé par les maladies.
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 264–271, 2011
269
Production végétale | Maladies et rendement du blé d'automne: i nfluence du système de culture
Tableau 5 | Rendement du blé d’automne et variance du rendement en fonction des facteurs assolement, travail du sol, variété et protection fongicide pour les années 2006, 2008 et 2010. Rendement (q/ha) 2006
2008
2010
Assolement - A monoculture
61,5
52,0
47,5
rotation
69,2
65,6
69,9
**
**
**
tcs
61,2
58,4
54,6
labour
69,5
59,2
62,8
**
p=0,47
**
Arina
61,5
51,4
53,7
Tapidor
69,2
66,2
63,7
**
**
**
non traité
62,1
55,5
56,7
traité
68,6
62,1
60,7
**
**
Travail du sol - T
Variété - V
Protection fongicide - P
**
Variance (%) 2006
2008
2010
Assolement
24
39
66
Travail du sol
28
0
9 13
Variété
24
45
Fongicide
17
9
2
Interactions
7
6
10
*Significatif (p < 0,05), **hautement significatif (p < 0,01).
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Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 264–271, 2011
Conclusions ••Dans le cadre d’un essai de longue durée, les maladies observées ne se distinguaient pas spécifiquement entre un blé d’automne en rotation et en monoculture. Les principales maladies relevées étaient le piétin-verse et la septoriose. L’oïdium, la rouille brune, ainsi que la fusariose sur épi, mesurée au niveau des DON, étaient présents de façon moins systématique. ••L’effet de mesures préventives, telles que la rotation des cultures et le labour, a été relevé pour le piétinverse, la septoriose et la fusariose. Toutefois, l’effet de ces mesures préventives a pu être renversé par des conditions environnementales favorables au développement ultérieur de la maladie. Au contraire, l’oïdium et la rouille brune n’ont guère été influencés par le système de culture et leur développement dépendait principalement des conditions environnementales. ••En conditions climatiques favorables à la fusariose, la concentration en DON était plus élevée en présence d’un antécédent maïs qu’après un blé d’automne en monoculture. L’importance du labour ou d’une variété tolérante comme Arina a pu être soulignée. ••La tolérance variétale constituait un des facteurs essentiels et stables contrôlant les maladies, offrant de nombreuses interactions avec les autres mesures culturales. De nombreuses combinaisons de techniques culturales sont envisageables selon le système de culture adopté et les objectifs de production. La pertinence de la protection fongicide dépend de ces mesures préalables ainsi que des conditions environnementales du moment. n
Influenza del sistema di coltura sull’apparizione di malattie del frumento autunnale e la loro incidenza sulla resa Nell’ambito di una prova a lunga durata dedicata alla rotazione cerealicola, i fattori varietà e protezione fungina sono stati aggiunti durante tre anni (2006, 2008 e 2010) ai fattori rotazione delle colture e lavorazione del suolo già studiati dal 1967. Attraverso questo complemento si trattava di valutare l’influenza del sistema colturale sulla presenza delle malattie del frumento autunnale e di discutere delle incidenze sulla resa. L’effetto favorevole di misure preventive, come la rotazione colturale e la lavorazione del terreno, è stato osservato per il mal del piede dei cereali, la septoriosi sulle foglie e la fusariosi sulla spiga. Dette misure fitosanitarie preventive hanno potuto essere eluse dalle condizioni ambientali favorevoli allo sviluppo ulteriore della malattia. L’oidio e la ruggine bruna erano poco influenzati dal sistema colturale e il loro sviluppo dipende principalmente dalle condizioni ambientali, mentre la concentrazione di micotossine prodotte dalla fusariosi si basano piuttosto sulla presenza di un mais antecedente che su una monocoltura di frumento autunnale. E’ stata evidenziata l’importanza della lavorazione del suolo o di varietà tolleranti come Arina. La tolleranza varietale ha costituito un fattore essenziale e stabile per il controllo delle malattie. L’efficacia della protezione fungicida dipende da queste preliminari misure colturali e dalle condizioni ambientali del momento.
Bibliographie ▪▪ Charles R., Cholley E. & Frei P., 2011. Assolement, travail du sol, variété et protection fungicide en production céréalière. Recherche Agronomique Suisse 2 (5), 212–219. ▪▪ Gindrat D. & Frei P., 1999. Quelques particularités du piétin-verse du blé d’automne. Revue suisse d’Agriculture 31 (5), 213–216. ▪▪ Gindrat D. & Frei P., 1999. La météo, un élément clef pour la prévision du risque de piétin-verse pour le blé d’automne. Revue suisse d’Agriculture 31 (5), 217–220. ▪▪ Gindrat D., Frei P. & Pellet D., 2003. Prévision du risque de piétin-verse sur le blé d’automne en Suisse. Revue suisse Agric. 35 (3), 113–116. ▪▪ Häller-Gärtner B., Kleijer G. & Mascher F., 2005. Répartition du DON dans les fractions de mouture du blé. Mitt. Lebensm. Hyg. 96, 462 – 465. ▪▪ Gomez K. A. & Gomez A. A., 1984. Statistical Procedures for Agricultural Research. Wiley-Interscience, second edition, 680 p.
Summary
Riassunto
Maladies et rendement du blé d'automne: i nfluence du système de culture | Production végétale
Crop rotation, soil tillage, variety and fungicide protection in cereal production Within the framework of long-term experiment devoted to cereal production, the factors variety and fungicide protection were added during three years (2006, 2008 and 2010) to the factors crop rotation and soil tillage already studied since 1967. This complement aimed at evaluating the influence of the cropping system on the development of diseases on winter wheat and discussing the impacts on yield. The favorable effect of sanitation measures such as crop rotation and ploughing was raised for eyespot, septoria leaf blotch and fusarium head blight. These preventive measures could be reversed by environmental conditions favorable to the later disease development. Powdery mildew and brown rust were further influenced by the environmental conditions favorable to their development. The concentration in fusarium mycotoxins depended more on the presence of previous maize than on winter wheat in monoculture. The importance of the ploughing or a tolerant variety such as Arina could be underlined. The variety resistance constituted a crucial and stable factor for the diseases control. The efficiency of fungicide protection depends on these initial cropping measures as well as on current environmental conditions. Key words: winter wheat, crop rotation, monoculture, soil tillage, fungicide, diseases.
▪▪ Levy L., Collaud J., Schwaerzel R., Bertossa M., Hiltbrunner J., Anders M., Stoll P. & Peter D., 2010. Liste recommandée des variétés de céréales pour la récolte 2011. Recherche Agronomique Suisse 1 (7 – 8), 1–8. ▪▪ Schürch S., Frei P., Frey R., Wullschleger J. & Sierotzki H., 2009. Septoriose du blé : sensibilité aux fongicides de la population suisse de Mycosphaerella graminicola . Revue suisse Agric. 35 (3), 113–116. ▪▪ Sinaj S., Richner W., Flisch R. & Charles R., 2009. Données de base pour la fumure des grandes cultures et herbages. Revue suisse Agric. 41 (1), 98 p. ▪▪ Vogelgsang S,. Jenny E., Hecker A., Bänziger I. & Forrer H.-R, 2009. Fusarien und Mykotoxine bei Weizen aus Praxis-Ernteproben. Agrarforschung 16 (7), 238–243. ▪▪ Vullioud P., 2007. Rotations de cultures chargées en blé : est-il possible d’en diminuer les inconvénients. Revue suisse Agric. 39 (1), 15–23.
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 264–271, 2011
271
P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
xtension Arboriculture fruitière en dialogue E avec la pratique Simon Egger et Heinrich Höhn, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil Renseignements: Simon Egger, e-mail: simon.egger@acw.admin.ch, tél. +41 44 783 63 94
Figure 1 | L’entretien d’un dialogue intense avec la vulgarisation et la pratique est l’une des principales caractéristiques de l’extension. (Photo: ACW)
Introduction Depuis 2004, la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW entretient une étroite collaboration avec la vulgarisation et la pratique en arboriculture fruitière dans le cadre de l’Extension Arboriculture (fig. 1). Un processus structuré de planification de projet et d’évaluation ainsi qu’un forum clientèle de la branche ont été mis en place à cet effet. Le forum pour les fruits à pépins et à noyau ne se contente pas de participer chaque année à la définition des points forts des activi-
272
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 272–279, 2011
tés. Il évalue aussi la qualité et le degré de réalisation des travaux en cours et peut au besoin intervenir pour les réorienter. Ce genre de collaboration existe aussi pour les cultures maraîchères, pour la culture de baies, et depuis 2010 dans toute la Suisse pour la viticulture. En dehors des cultures spéciales, on est encore peu réceptif à cette formule à succès, bien qu’il existe aussi depuis 2009 un forum suisse pour les grandes cultures et que, dans le domaine des cultures fourragères, la commission technique de l’Association pour le développement de la culture fourragère (ADCF) exerce cette fonction depuis
Extension Arboriculture fruitière en d ialogue avec la pratique | Production végétale
Résumé
un certain temps déjà. C’est pourquoi il paraît indiqué d’exposer les méthodes de travail, de rapporter les expériences faites dans des projets concrets et de faire le point de la situation.
Matériel et méthodes
Gestion de l’extension L’extension d’ACW est pilotée par ce qu’on appelle des «forums», qui représentent les bénéficiaires des prestations de l’extension (clientèle). Les forums font chaque année le point des besoins présentés à l’extension et attribuent à ceux-ci des classes de priorité en fonction de
Planification Août
Évaluation des projets en cours
Prise de décision sur le portefeuille de projets
Appel et discussion propositions de projets
Forum Fruits à pépins et à noyau
leur importance. En Suisse, il existe de tels forums pour les domaines des cultures fruitières et maraîchères, des cultures de baies, mais aussi pour les cultures viticoles. Le forum «Fruits à pépins et à noyau» compte 20 membres, avec droit de vote, provenant des domaines suivants: production/Fruit Union Suisse FUS (9), vulgarisation cantonale (8), Agridea (1), commerce/Swisscofel (2). La présidence est assurée par Ernst Lüthi, arboriculteur fruitier de Ramlinsburg, et la gestion du secrétariat par Ralph Gilg, de la FUS.
ACW
Orientation vers la pratique et culture du dialogue La notion d’«extension» utilisée en agronomie vient d’Amérique du Nord et pourrait être définie comme le «prolongement de la recherche fondamentale vers la pratique». Autrement dit, il s’agit d’expérimentation et de vulgarisation s’appuyant sur des bases scientifiques, et non de recherche fondamentale au sens strict. Les exigences qui prévalent dans les deux champs d’activité sont différentes. En gros, on peut dire que la recherche fondamentale ne doit pas nécessairement savoir exactement dès le début comment ses résultats pourront être mis en pratique, tandis qu’en extension, des solutions qui fonctionnent sur la durée suffisent, même si le contexte n’est pas encore tout à fait clair. Si le traitement des projets d’extension est moins poussé, ceux-ci embrassent en revanche toute la latitude thématique, allant des variétés et des systèmes culturaux à l’économie d’entreprise, en passant par les techniques de production, la protection des végétaux et la physiologie du rendement. Dans tous ces domaines, l’extension doit pouvoir proposer rapidement des solutions pouvant être mises directement en pratique par les vulgarisateurs et par les producteurs (Baur et al. 2005). Outre sa proximité des besoins de la pratique, l’extension telle que mise en place par ACW a pour particularité le dialogue structuré et institutionnalisé avec les bénéficiaires des prestations. Les négociations et les échanges intenses menés chaque année font que les solutions élaborées sont mieux assimilées et plus rapidement mises en œuvre par les intéressés, parce qu’ils sont plus motivés. Deuxièmement, l’extension peut servir de système d’avertissement précoce pour la recherche. Enfin, une culture plus développée du dialogue et la priorité donnée à la clientèle dans la définition des axes de travail ont pour effet de rendre la recherche agronomique globalement plus visible dans la pratique, et font qu’elle est mieux acceptée et bénéficie d’un plus grand crédit de fiabilité et de soutien.
Nous avons montré ici, à l’exemple de l’extension, comment la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW applique avec succès depuis 2004 un processus annuel structuré d’évaluation et de priorisation des projets. La clientèle de ce domaine de l’expérimentation proche de la pratique est impliquée dans ce processus. L’extension doit couvrir toute la latitude des thèmes, allant des variétés et des systèmes culturaux à l’économie d’entreprise, en passant par les techniques de production, la protection des végétaux et la physiologie du rendement. Afin de pouvoir traiter des problèmes plus complexes de la pratique et réussir à acquérir des fonds de tiers, elle doit pouvoir compter sur la collaboration d’un bon réseau d’unités compétentes de recherche approfondie. En cas de diminution des ressources, tous les partenaires de la branche et du système de savoir agronomique au sens large du terme seront appelés à regrouper leurs forces, à collaborer encore davantage et à renforcer leur coopération dans la détermination des points forts de leurs activités.
Réalisation des projets Février
Novembre
Processus annuel du forum «Extension» ACW
Figure 2 | Processus annuel du forum de l’extension arboriculture d’ACW.
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Production végétale | Extension Arboriculture fruitière en d ialogue avec la pratique
Priorisation du forum 2010-11 10
poursuivre, A
14
réduire, A
4
finaliser, S nouveau, A
3
nouveau, I
3
nouveau, B 5
nouveau, C
8
nouveau, S
6
Figure 3 | Résultats de la procédure de priorisation pour un total de 53 idées de projets durant l’année 2010. Sur les 25 projets en cours, 8 ont été finalisés. A, B, C = priorité. I = intégration dans un autre projet. S = suppression de nouvelle proposition ou de projet finalisé. Classes de priorité fixées par le forum
Des informations supplémentaires sont disponibles sur le site www.agroscope.admin.ch > Station de recherche ACW > coopérations externes > forums professionnels. Processus annuel de négociation Chaque année à la fin août, les milieux de l’arboriculture fruitière sont appelés via les médias spécialisés, les organes de la branche et Internet à communiquer leurs préoccupations urgentes et essentielles pour l’année à venir (fig. 2). Le secrétariat du forum procède ensuite à un premier examen des requêtes déposées et soumet celles-ci à l’extension arboriculture d’ACW pour une première prise de position. Parallèlement, les adjoints scientifiques alimentent souvent eux-mêmes le processus avec de nouveaux projets et idées novatrices pour la pratique. Une première ébauche de la liste de projets sert de base à une discussion détaillée qui se tient à l’occasion de la réunion plénière annuelle du forum, en novembre.
Outre la priorisation des nouveaux projets présentés, la réunion annuelle du forum est une occasion de faire le point et de discuter des travaux réalisés dans le cadre des projets en cours. Les résultats obtenus jusqu’ici sont-ils suffisants? De nouveaux aspects nécessitant une adaptation de la procédure sont-ils apparus? Le problème a-t-il été résolu d’une autre manière? Les projets de l’extension durent généralement 1 à 3 ans. Or, le domaine des cultures pérennes (comme les cultures fruitières) comporte aussi des «tâches permanentes». Mais ici aussi, le forum a son mot à dire quant à la pondération des projets, et il peut par exemple demander, en raison d’un changement des exigences de la pratique, l’interruption d’une activité considérée auparavant comme une tâche de longue durée – moyennant éventuellement un délai de transition. Les projets sont classés d’après trois niveaux de priorité (fig. 3): A = à traiter en toute première priorité, B = à traiter si les ressources le permettent, C = reporté (réservoir de thèmes). Toutes les autres propositions sont au besoin intégrées dans d’autres projets ou retirées de la liste, puis l’extension élabore des esquisses plus développées des projets classés en priorités A et B. L’objectif précis, l’orientation des démarches et la durée prévues ainsi que les besoins de ressources sont formulés et estimés pour chaque projet. En février, on décide définitivement, avec une délégation du forum, de la réalisation des projets, compte tenu des ressources disponibles.
Résultats Vaste gamme de projets L’analyse des projets déposés et des décisions en matière de priorisation au cours de l’année 2010 montre l’éventail et la répartition des activités de l’extension arboriculture
Pourcentage de journées de travail en 2011 7%
4% 28% Protection phytosanitaire
18%
Conduite et technique culturales Variétés et porte-greffes Conservation, post-récolte Économie 20%
23%
Vulgarisation et actualités
Figure 4 | Répartition des journées de travail du portefeuille des projets 2011 en fonction des différents champs d’activité de l’Extension Arboriculture. Pourcentage de journées de travail prévues pour 2011.
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Extension Arboriculture fruitière en d ialogue avec la pratique | Production végétale
sur les différents domaines d’ACW. Dans tous les projets d’extension, même s’ils portent sur des thématiques très différentes, l’accent est mis sur la proximité de la pratique et l’applicabilité, ainsi que sur la durabilité et la rentabilité. Quatre exemples de cas représentatifs de l’ensemble du portefeuille 2011 englobant 27 projets partiels seront sommairement présentés ci-après. Ils diffèrent par le thème, la méthode, la durée, la proximité de la recherche ou de la vulgarisation, et l’apport potentiel de fonds de tiers. La gestion efficace de cette diversité et l’exploitation des opportunités qui s’offrent aux interfaces constituent un défi permanent. 1. Projet classique d’extension Thème: Optimisation de la stratégie de lutte contre les acariens rouges (Panonychus ulmi). Origine: en 2006, à l’instigation de la vulgarisation du canton de TG constatant l’augmentation alarmante de la densité des acariens rouges dans les vergers de pommiers de la pratique. Durée: 3 ans. Caractère: proche de la vulgarisation. Méthodologie: on farm, groupes d’expérience ensemble avec vulgarisation. Fonds de tiers: aucun. 50 Oel
Spi.
Teb.
2
Cyh.
30
1,5
20
1
10
0,5
Nombre d’acariens rouges par feuille
0
0
50 40
2,5 2
Oel
30
1,5
20
1
10
0,5
0
0
50
2,5
40 30
Nombre d’acariens prédateurs par feuille
40
2,5
2 Teb.
Il y a 30 – 40 ans, les araignées rouges faisaient partie du quotidien des exploitants de pommeraies modernes. Le problème n’a pu être résolu qu’il y a une vingtaine d’années avec l’abandon des pesticides d’action indifférenciée au profit de produits sélectifs, ainsi qu’avec la réintroduction et la préservation des acariens prédateurs. Chaque année, pas moins de 300 échantillons de branches de pommiers d’une centaine d’exploitations sont examinés par ACW entre décembre et février. L’hiver 2003/04 déjà, les acariens rouges étaient en nette augmentation, et cette progression s’est poursuivie par la suite (Höhn et al. 2008). Les milieux de la pratique et de la vulgarisation se sont également rendu compte de cette évolution, si bien qu’en automne 2006, le projet d’extension «Acariens: optimisation de la stratégie de lutte» a été classé prioritaire. Cinquante blocs variétaux ont été étudiés de 2007 à 2009 sur dix exploitations arboricoles. Au cours de cette étude, les populations d’acariens rouges et d’acariens prédateurs ont été recensées plusieurs fois par an sur des échantillons de lavage de feuilles et de branches, et les soins pratiqués par les exploitations sur les blocs variétaux respectifs ont naturellement aussi été relevés avec précision. Ces travaux ont révélé que l’acarien prédateur est toujours le facteur essentiel dans le contrôle de l’acarien rouge (Höhn et al. 2010) et que deux espèces d’acariens prédateurs dominent dans les cultures fruitières (Franck et al. 2008). Les acariens rouges qui posaient problème dans certains vergers ont pu être plus durablement maîtrisés par l’introduction et la préservation des acariens prédateurs que par l’utilisation d’acaricides (fig. 5). Les résultats et acquis ont été présentés à l’occasion de diverses manifestations professionnelles nationales et cantonales et ils ont été publiés dans des revues spécialisées. Une nouvelle régression réjouissante des populations a été constatée cet hiver dans les échantillons de branches (Höhn et al. 2011). Reste à savoir si ce recul sera durable et si un équilibre favorisant la régulation naturelle va s’établir entre l’acarien rouge et l’acarien prédateur au cours des prochaines années.
1,5
20
1
10
0,5
0
0 Mai
Juin
Juillet
Août
Figure 5 | Évolution des populations d’acariens rouges et d’acariens prédateurs pour divers schémas d’application d’acaricides. Les interventions contre les acariens sont indiquées par une flèche: Oel = huile minérale, Spi = spirotétramate (Envidor), Teb = tébufène-p yrade (Zenar), Cyh = cyhexatine.
2. Tâche d’extension à long terme Thème: Essais de porte-greffes pour les fruits à noyau. Origine: sujet considéré comme hautement prioritaire par la pratique et la vulgarisation depuis le début de l’extension. Durée: long terme. Caractère: proche de la vulgarisation, enjeux potentiels communs avec d’autres problématiques (p. ex. sharka, problèmes de replantation). Méthodologie: parcelles d’essai sur des domaines expérimentaux propres. Fonds de tiers: aucun.
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Production végétale | Extension Arboriculture fruitière en d ialogue avec la pratique
Fellenberg 2010 Rapport entre rendement et vigueur 141
Rendement en %
Croissance en %
Rendement et vigueur en %
126 109 100 90
89
108
95 82
79 71 59 47
45 35
Wavit
St. Julien A
Waxwa
St.Julien GF 655/2
Ishtara
Jaspi
VSV-1
VVA-1
Figure 6 | Rendement et croissance de la variété de pruneau Fellenberg en 5 e feuille sur le nouveau portegreffe Wavit en % comparé avec des porte-greffes standards.
Dans les essais de porte-greffes pour les fruits à noyau, il s’agit de vérifier l’aptitude de nouveaux porte-greffes à la culture et de les comparer à des porte-greffes couramment utilisés. Les critères qui intéressent ici sont l’entrée en production, le rendement, la vigueur, le mode de conduite, le drageonnement des racines et la qualité des fruits. Les essais se focalisent actuellement sur des pruniers greffés sur le cultivar porte-greffe Wavit, vu sa tolérance aux maladies (fig. 6). Il s’agit d’une sélection de type Wangenheim qui s’est distinguée dans les essais réalisés jusqu’ici par son homogénéité, par des rendements précoces et satisfaisants ainsi que par l’absence de drageons. Mais elle est surtout intéressante pour sa robustesse face au dépérissement du prunier causé par Pseudomonas syringae, une maladie très répandue. Des porte-greffes hypersensibles à la sharka sont par ailleurs à l’étude depuis 2010. Comme ils réagissent très fortement et meurent après une greffe avec du matériel infecté, ils permettront d’obtenir à l’avenir du matériel végétal exempt du virus de la sharka. Les essais à réaliser ces prochaines années montreront si leur valeur agronomique égale celle des porte-greffes courants de pruniers. 3. Projet d’extension proche de la recherche Thème: Prévision de la chute des fruits en juin pour les pommes. Origine: 2008 à l’instigation de l’extension arboriculture sur la base d’informations de l’European Fruit Research Institutes Network (EUFRIN). Durée prévue: 4 ans. Caractère: proche des besoins de la vulgarisation avec des composantes de recherche. Méthodologie: essais exacts, certains faisant appel à de nouvelles techniques de mesure non destructives. Lien avec d’autres
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Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 272–279, 2011
travaux dans le domaine de la physiologie du rendement, et notamment de la régulation de la charge. Fonds de tiers: aucun. Le projet doit permettre à la vulgarisation d’estimer à un stade précoce de la fructification l’ampleur de la chute naturelle des fruits durant l’année considérée, afin que les arboriculteurs puissent procéder à un éclaircissage encore plus circonstancié. Pour le producteur de pommes, le contrôle de la mise à fruit est l’une des mesures les plus importantes pour influencer positivement la qualité des fruits et assurer la régularité des récoltes les années suivantes. Les deux premières années du projet, on a examiné la valeur prédictive de modèles existants basés sur le développement des jeunes fruits immédiatement après la floraison pour diverses variétés et sur divers sites. Des différences mesurables de développement peuvent être constatées selon la température après 2 à 5 jours. Un modèle développé par Greene et al. (2007) part du principe que les fruits qui tombent le plus tôt sont ceux dont le développement est inférieur à la moitié de celui des fruits qui affichent la plus forte croissance. Cela s’est amplement confirmé dans les essais de notre station (fig. 7). On a examiné par ailleurs en 2010 si des mesures réalisées sur de jeunes fruits au moyen d’un appareil mobile de spectrométrie proche infrarouge (fig. 8) permettent une prévision fiable de la chute des fruits. La collecte d’expériences sur plusieurs années avec d’autres variétés est indispensable jusqu’à ce que la vulgarisation puisse disposer d’un outil fiable de prévision de la chute des fruits pour les principales variétés dans différentes régions.
Extension Arboriculture fruitière en d ialogue avec la pratique | Production végétale
Chute de fruits, variété Nicoter, témoin non traité 16 fruits tombés (n = 57)
14
fruits restés sur l‘arbre (n = 91)
Fréquence
12 10 8 6 4 2 0
0
1
2
3 4 5 Croissance en mm (largeur des classes: 0,2 mm)
6
7
8
Figure 7 | Pour la variété Nicoter, une première validation a montré une différenciation relativement bonne des jeunes fruits tombant à un stade précoce (rouge) en fonction de la croissance au cours des 8 jours à partir de la fin de la floraison par rapport aux fruits restés sur l’arbre (bleu).
4. Projet de recherche motivé par la pratique Thème: Problèmes de replantation dans l’arboriculture fruitière. Origine: en 2007 à l’instigation de divers services cantonaux de vulgarisation. Durée: d’abord 4 ans, poursuite prévue. Caractère: projet avec partie orientée sur la recherche et l’application pratique. Méthodologie: enquête globale pour cibler le problème, recherche en laboratoire pour l’identification des causes, évaluation de contre-mesures dans des essais au champ. Fonds de tiers: en cours d’acquisition (COST 864). Les problèmes de replantation (fatigue du sol, Apple Replant Disease) dans les cultures fruitières sont connus depuis longtemps. Ils se manifestent entre autres par une croissance déprimée lors de cultures réitérées sur le
Figure 8 | Un appareil de spectrométrie proche infrarouge utilisable sur le terrain est testé ici au champ pour son aptitude à la d étection anticipée des fruits qui tomberont à un stade précoce.
même site. L’intensification des cultures, une disponibilité réduite de surfaces arboricoles et les nouvelles plantations dans la même ligne que la culture précédente (p. ex. en raison d’une installation fixe de protection contre les intempéries) font que ces dernières années, ce phénomène est en progression également en Suisse (Naef et al. 2009). Il n’est dès lors pas étonnant que le forum fruits à pépins et à noyau suggère un nombre croissant de projets sur ce thème. Le traitement d’une thématique aussi complexe dépasse toutefois les capacités en ressources humaines et en savoir-faire scientifique-technique de l’extension arboriculture. Il est pratiquement impossible de formuler des solutions durables sur la base de quelques observations obtenues de la pratique sans approfondir le complexe causal. En réponse à une requête urgente, le thème a été intégré dans le programme d’activité 2008 – 11 de la station de recherche ACW en tant que projet de recherche 01.16.03. Dans ce domaine thématique, une grande importance est accordée à l’échange intensif entre la recherche et l’extension ainsi qu’à la collaboration avec d’autres instituts nationaux et inter nationaux. Ce cas de figure montre clairement que l’extension doit pouvoir s’appuyer sur une recherche approfondie et sur des réseaux de recherche, non seulement pour l’acquisition de fonds de tiers, mais aussi pour la réalisation du projet. L’enquête globale et les essais dans les conditions de la pratique sont menés dans le cadre de l’extension, alors que l’étude approfondie du complexe causal par le biais de tests biologiques et moléculaires est conduite dans le cadre du projet de recherche, pour l’essentiel avec des fonds de tiers.
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Production végétale | Extension Arboriculture fruitière en d ialogue avec la pratique
Figure 9 | Essais de semis sur sol provenant d’un domaine sujet à des problèmes de replantation, et soumis à différents traitements.
Discussion Le dialogue structuré et institutionnalisé avec les bénéficiaires des prestations est une caractéristique essentielle de l’extension. La clientèle se sent prise au sérieux et apprécie la possibilité de participer aux décisions. Inversement, les collaborateurs de l’extension se réjouissent de savoir que leurs travaux de recherche et développement répondent à une demande et que les résultats en sont appliqués. Cependant, les rapports entre l’extension et la clientèle se nourrissent aussi d’une réflexion critique. Les souhaits de la pratique ou de la vulgarisation ne sont pas toujours pertinents. La recherche et l’extension sont parfois obligées de défendre certains principes, comme celui de la durabilité. L’extension, pour sa part, n’est pas toujours en mesure d’offrir en peu de temps des solutions satisfaisantes et faciles à mettre en œuvre pour résoudre des problèmes d’actualité. Lors de l’introduction de l’extension, des voix critiques ont mis en garde contre la manipulation. Cette crainte ne s’est pas confirmée. Certes, l’extension cherche à se tenir le plus possible aux priorités du forum, mais elle se réserve le droit de décider aussi contre la volonté du forum, dans les cas qui se justifient. L’expérience a montré que la procédure de négociation fonctionne bien et que l’on se fait mutuellement confiance. Les risques de manipulation de l’extérieur sont également démentis par le fait que les propositions de nouveaux projets viennent souvent de l’extension et de la recherche elles-mêmes, que ce soit parce qu’une technologie innovante ouvre de nouvelles perspectives ou que l’on ait décidé de reprendre une idée via des contacts avec des chercheurs d’autres pays.
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Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 272–279, 2011
Une autre critique souvent formulée est le coût du processus sur lequel se base le forum par rapport au nombre plutôt restreint de nouveaux projets qui peuvent être lancés chaque année. Or, on oublie facilement qu’indépendamment des décisions prises, le dialogue intensif a par lui-même déjà une grande valeur. Le processus maintenant bien rodé repose sur des structures extrêmement légères. La pertinence d’une priorisation avalisée par les bénéficiaires de prestations est d’autant plus précieuse que les ressources disponibles diminuent par rapport aux prestations souhaitées. On argumente aussi qu’une des forces de l’extension est qu’elle représente aussi pour la recherche une sorte de système d’avertissement précoce, par ses contacts intensifs avec la pratique. L’expérience montre toutefois que dans la pratique, les sonnettes d’alarme ne se déclenchent souvent que lorsqu’un problème est déjà grave. Souvent même, ce sont d’autres activités, par exemple des surveillances régulières ou des tâches d’exécution, comme les contrôles phytosanitaires à la frontière, qui attirent à temps l’attention sur un danger avant même qu’il ne soit perçu comme un problème dans la pratique.
Conclusions Le regroupement des domaines de tâches légales, de la recherche et de l’extension sous un même toit et leur interaction peuvent être considérés comme la force de la recherche agronomique suisse. En tant que pont mis en place par ACW entre la recherche, la vulgarisation et la pratique, l’extension est une formule qui marche. Il n’y a pas ici d’antagonisme entre la recherche et l’extension, puisqu’elles se complètent parfaitement. Alors que la recherche approfondit certains thèmes choisis, l’extension est censée couvrir toute la latitude thématique. En cas de restriction des ressources, cette exigence sera toujours plus difficile à satisfaire. Tous les partenaires de la branche et du système du savoir agronomique au sens large du terme seront appelés à regrouper leurs forces, à collaborer encore davantage et à renforcer leur coopération dans la détermination des points forts de leurs n activités.
Extension frutta – ricerca e sviluppo nel dialogo con la pratica fatte su misura L’esempio dell’Extension frutta dimostra come la Stazione di ricerca Agroscope Changins-Wädenswil ACW coinvolga i clienti attivi nelle prove sperimentali pratiche delle colture speciali, in un processo strutturato, il quale permette una priorizzazione e valutazione annuale dei progetti. L’Extension è chiamata a coprire l’intera gamma tematica di varietà e sistemi colturali, attraverso domande tecnico-produttive, protezione fitosanitaria e fisiologia della produzione fino all’economia aziendale. Al fine di poter affrontare i problemi complessi nella pratica e riuscire ad acquisire con successo fondi terzi, l’Extension dipende da collaborazioni ben istaurate e da competenze di ricerca approfondite. In un periodo di scarsa disponibilità di risorse, tutti i partner attivi in questo sistema gestionale sono chiamati a unire le loro forze per poter potenziare la capacità di focalizzazione delle problematiche e la collaborazione.
Summary
Riassunto
Extension Arboriculture fruitière en d ialogue avec la pratique | Production végétale
Tree fruit extension in close cooperation with stakeholders The description of extension activities for fruit-growing at ACW Research Station since 2004 shows how stakeholders needs have been systematically integrated in applied research by implementing a well structured annual process, both in priority-setting and evaluation of projects. Extension is expected to cover the whole range of topics arising in practice, be it varieties and rootstocks, training systems and other technical items or challenges in plant protection and plant physiology, but also economical questions. In order to successfully solve more complex problems and to benefit from third money funds, a close cooperation with more fundamental research activities and scientific networks is essential. In times of ever shrinking resources, all partners, in practice as well as in the entire knowledge-system, are called upon to bundle their forces and to strengthen priority-setting and cooperation. Key words: extension, horticulture, fruit research, customer relationship management.
Bibliographie ▪▪ Baur R., Ladner J. & Bertschinger L., 2005. Praxisnahe Extension für den Schweizer Obst- und Gemüsebau. Agrarforschung 12 (5), 196–201, 2005. ▪▪ Franck L, Höhn H. & Höpli H. U., 2008: Artenzusammensetzung der Raubmilben im Ostschweizer Apfelanbau. Schweiz. Z. Obst-Weinbau 144 (15), 7–10. ▪▪ Greene D. W., Krupa J., Vezina M., Lakso A. N. & Robinson T., 2007. A Method to Predict Chemical Thinner Response on Apples. Fruit Notes, Spring 2005 (70), 12–17. ▪▪ Höhn H., Höpli H.U., Koller T., Razavi E. & Samietz J., 2008. Astprobenuntersuchungen 2007/2008. Schweiz. Z. Obst-Weinbau 144 (5), 9–12.
▪▪ Höhn H., Annaheim K., Franck L., Koller T., Noser S., Stier K. & Stutz S., 2010. Ohne Raubmilben geht’s nicht. Schweiz. Z. Obst-Weinbau 146 (19), 8 – 11. ▪▪ Höhn H., Stutz S., Höpli H. U., Razavi E. & Samietz J., 2011. Astprobenuntersuchungen 2010/11: Abnahme bei Schild- und Blutläusen. Schweiz. Z. Obst-Weinbau 147 (6), 10–13. ▪▪ Naef A., Monney P. & Gasser S., 2009. Nachbauprobleme im Schweizer Apfelanbau. Agrarforschung 16 (9), 366–370.
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 272–279, 2011
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E c l a i r a g e
Stratégie climat pour l’agriculture Martina Wiedemar et Daniel Felder, Office fédéral de l'agriculture OFAG, 3003 Berne Renseignements: Daniel Felder, e-mail: daniel.felder@blw.admin.ch, tél. +41 313 25 50 99
L’agriculture est à la fois victime et acteur du changement climatique. (Photo: OFAG)
L’Office fédéral de l’agriculture OFAG a élaboré, avec un large soutien, une stratégie climatique pour l’agriculture. Cette stratégie a pour objectif d’établir une vue d’ensemble des relations entre climat et agriculture, de détecter à temps les défis et les chances liés au changement climatique et d'en déduire les mesures adéquates. D’une part, le changement climatique a des répercussions directes sur les possibilités de production agricole; d’autre part, l’agriculture contribue au réchauffement mondial par des émissions de gaz à effet de serre.
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Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 280–283, 2011
Adapter et réduire les émissions de gaz à effet de serre Tributaire des conditions météorologiques, l’agriculture est largement concernée par le changement climatique. Mis à part les aspects positifs escomptés dans le domaine de la production agricole en raison de l’augmentation des températures, l’Organe consultatif sur les changements climatiques (OcCC 2007) estime qu’il faut s’attendre à une augmentation des risques liés à des événements extrêmes (chaleur, sécheresse ou fortes précipitations) ainsi qu’à une pression accrue des organismes
Stratégie climat pour l’agriculture | Eclairage
nuisibles. En outre, le changement climatique entraînera le déplacement des régions propices à la production agricole, et les événements météorologiques extrêmes amplifieront les variations des prix sur les marchés agricoles. L’agriculture sera donc forcée de s’adapter au changement climatique. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de l’ONU estime que pour prévenir des dommages graves et irréversibles, la hausse de la température moyenne globale doit être limitée à un maximum de 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle et que, d’ici 2050, les émissions de gaz à effet de serre devront être réduits de plus de 85 % par rapport à 1990 (GIEC/IPCC 2007). Dans le cadre d’une réglementation consécutive au protocole de Kyoto, qui arrive à échéance fin 2012, la communauté internationale a adopté l’objectif des 2 °C. L’agriculture est elle aussi appelée à jouer un rôle dans la réalisation de cet objectif. Selon l’inventaire suisse des gaz à effet de serre, l’agriculture produit plus de 10 % des émissions totales (OFEV 2011). Alors que la part du CO2 fossile émis par l’agriculture est faible par rapport à la plupart des secteurs économiques, l’agriculture est considérée comme le principal responsable des émissions de méthane et de gaz hilarant. Selon Kaenzig et Jolliet (2006), l’alimentation (production, transformation, commerce et élimination des denrées alimentaires) représente environ 16 % des émissions de gaz à effet de serre en Suisse.
La stratégie climatique pour l’agriculture est étroitement liée aux autres activités menées sur le plan national en matière de politique climatique. Premièrement, la révision de la loi sur le CO2 est en cours et il est prévu d’étendre son champ d’application à toutes les émissions de gaz à effet de serre, y compris le méthane et le gaz hilarant, qui concernent l’agriculture. Cette révision de la loi fait également référence à la stratégie climatique pour l’agriculture et à la possibilité de mettre en œuvre des mesures dans le cadre du développement de la politique agricole. Deuxièmement, une stratégie nationale est élaborée à un niveau intersectoriel en vue de l’adaptation au changement climatique. Elle repose sur les stratégies partielles d’adaptation des secteurs concernés, dont l’agriculture. Projet avec une large participation Dans ce contexte, la direction de l’OFAG a établi en mai 2009 le mandat pour élaborer une stratégie climatique pour l’agriculture suisse. Il s’agissait de thématiser la contribution de l’agriculture au changement climatique, les possibilités et les limites en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre ainsi que l’influence du changement climatique insidieux sur l’agriculture et, enfin, l’adaptation de cette dernière à ce changement. La stratégie climatique met l’accent sur l’agriculture, à l’instar du document stratégique «Agriculture et filière alimentaire 2025» (OFAG 2010), mais les secteurs situés
Le changement climatique déplacera les régions propices à la production agricole. (Photo: BLW)
Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 280–283, 2011
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Eclairage | Stratégie climat pour l’agriculture
Emissions de gaz à effet de serre en aval
Agriculture, y compris les chaînes en amont
Production animale
Gestion des engrais
T r a v a il d u s o l
Utilisation de l énergie
Production d énergie
Réduction et adaption Adéquation du site
Fortes précipitations
Sécheresse
Stress thermique
Organismes nuisibles
Agriculture, y compris les chaînes en amont
Transformation Commerce Consommation Elimination
Volatilité des prix
e n a va l
Effets du changement climatique Figure 1 | Domaines jouant un rôle dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre (production animale, gestion d’engrais, travail du sol, utilisation et production de l’énergie) et dans l’adaptation (fortes précipitations, sécheresse, stress thermique, organismes nuisibles, volatilité des prix) de l’agriculture, compte tenu des secteurs situés en aval. Klimastrategie Landwirtschaft | Grafiken 1 fed
en amont et en aval sont également pris en considération – y compris la consommation de denrées alimentaires. La complexité de la thématique et le grand nombre d’acteurs concernés ont exigé une large participation à l’élaboration de la stratégie climatique. C’est pourquoi un comité de pilotage a été constitué, réunissant les représentants de la recherche (Bernard Lehmann de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich et Jürg Fuhrer d’Agroscope Reckenholz-Tänikon) et de l‘administration (Andrea Burkhardt, Office fédéral de l’environnement OFEV ainsi que Dominique Kohli, Samuel Vogel et Markus Wildisen, OFAG), une équipe de projet composée de collaborateurs scientifiques de l’Office vétérinaire fédéral (OVF), de l’OFEV et de l‘OFAG, de même qu’un large groupe d’accompagnement représentant l’administration (Confédération, cantons), la recherche, la vulgarisation et les associations. Lors d’une première étape, les données de base sur l’agriculture et le changement climatique ont été rassemblées, puis des champs d’action ont été définis et décrits: élevage, production végétale, aspects concernant l’ensemble de l’exploitation et aspects inter-
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entreprises, gestion des engrais, eau et énergie, y compris les options envisageables en vue d’une réduction des émissions agricoles de gaz à effet de serre et d’une adaptation au changement climatique. Ces champs d’action ont été évalués en fonction des critères «potentiel de réduction», «contribution à l’adaptation», «effets secondaires» et «dépenses», puis les résultats ont été discutés et, enfin, les principes et la vision à la base de la stratégie ont été consolidés. Les échanges lors de nombreuses séances et ateliers communs, ainsi que la possibilité offerte plusieurs fois aux intéressés de donner leur feed-back, ont permis de considérer une large palette d’aspects et de connaissances. Les contenus ainsi précisés ont été ensuite intégrés dans la stratégie. Avant la publication, tous les intervenants ont encore été invités à donner un dernier feed-back sur le projet de stratégie climatique. Stratégie et travaux de suivi La stratégie climat pour l’agriculture précise les interactions entre climat et agriculture et indique dans quels domaines les efforts de réduction et d’adaptation sont prioritaires (fig.1).
Stratégie climat pour l’agriculture | Eclairage
La stratégie fixe les principes généraux et précise la vision présentée dans le document stratégique «Agriculture et filière alimentaire 2025» quant au climat. Enfin, les lignes directrices à long terme en matière d’adaptation et de réduction des nuisances environnementales sont résumées dans l’objectif principal suivant: «L'agriculture suisse anticipe les changements climatiques en vue de s'y adapter et peut ainsi augme ter tant la production que ses prestations d'intérêt public. Elle utilise de manière optimale les possibilités techniques, organisationnelles et liées à l'exploitation pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Elle parvient ainsi d'ici à 2050 à une réduction d'au moins un tiers par rapport à 1990. L'objectif visé est une réduction totale de deux tiers des émissions issues de la production de denrées alimentaires grâce à un développement adéquat du modèle de production et de consommation.» L’objectif principal reflète la nécessité de réduire substantiellement les émissions de gaz à effet de serre et de couvrir en même temps une demande croissante en denrées alimentaires. Il accorde une plus grande importance à la filière alimentaire et permet de tenir compte des possibilités et des conditions propres à l’agriculture. En outre, il tient compte de l’interdépendance entre la production agricole et la consommation de denrées alimentaires. L’objectif principal est subdivisé en objectifs partiels adaptés à chaque domaine concerné. Dans une approche globale, le secteur en aval, qui joue un rôle important, est également pris en considération (transformation, commerce, consommation, élimination).
Les approches susceptibles de contribuer à la réalisation des objectifs sont décrites dans le cadre des champs d’action. Ces derniers visent chacun un objectif, mais ils sont également étroitement liés. Les effets sont tributaires des options choisies à l’intérieur de chaque champ. Du point de vue sociétal, de nombreux champs d’action et options présentent une forte concordance d’objectifs liés à l’utilisation durable des ressources (protection des sols, des eaux et de l’air) et à la résilience (prévention des crues, biodiversité, etc.). La stratégie indique les possibilités de synergie et de résolution des conflits. Enfin, le cadre pour la mise en œuvre de la stratégie est esquissé. Les travaux de suivi consisteront à améliorer les conditions-cadre, à développer les bases scientifiques et à lancer un processus de participation. Lors du réexamen des instruments de l’OFAG, il s’agira de considérer les connaissances les plus récentes en matière de stratégie climatique, de donner plus de poids à cette thématique dans le cadre de la recherche ou encore d’accompagner les projets de la pratique. Les mesures proposées dans la Politique agricole 2014 – 2017 (contributions au système de production pour la promotion des modes de production particulièrement en accord avec la nature et respectueux de l’environnement et des animaux, contributions à l’efficience des ressources, poursuite des programmes d’utilisation durable des ressources, etc.) créent de bonnes conditions pour réaliser les objectifs formulés dans la stratégie climat. La mise en pratique montrera ce qui doit être gardé ou adapté dans une prochaine étape. La stratégie climat pour l’agriculture peut être téléchargée à l’adresse Internet www.blw.admin.ch >Thèmes n >Durabilité >Ecologie >Climat.
Bibliographie ▪▪ OFEV, 2011. Switzerland's Greenhouse Gas Inventory 1990 – 2009. National Inventory Report 2009. Submission of 15 April 2011 under the United Nations Framework on Climate Change and under the Kyoto Protocol. ▪▪ OFAG, 2010. Agriculture et filière alimentaire 2025. Document de travail de l’Office fédéral de l’agriculture portant sur l’orientation stratégique de la politique agricole. Accès : http://www.blw.admin.ch/ themen/00005/01170/index.html?lang=fr [28.3.2011]. ▪▪ Kaenzig J. & Jolliet O., 2006. Umweltbewusster Konsum: Schlüsselentscheide, Akteure und Konsummodelle. Umwelt-Wissen 0616. Office fédéral de l’environnement (OFEV), Berne, 113 p. ▪▪ IPCC, 2007. Climate Change 2007: The Physical Science Basis. Contribution of Working Group I to the Fourth Assessment Report of the I ntergovernmental Panel on Climate Change. Cambridge University Press, Cambridge, United Kingdom and New York, NY, USA, 996 p. ▪▪ OcCC, 2007. Les changements climatiques et la Suisse en 2050. Impacts attendus sur l’environnement, la société et l’économie. Berne, 172 p.
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Recherche et conseil pour les femmes dans l’agriculture Ruth Rossier1 et Rita Helfenberger2 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen 2 Agridea, 8315 Lindau Renseignements: Ruth Rossier, e-mail: ruth.rossier@art.admin.ch, tél. +41 52 368 32 33
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Figure 1 | Les quatre organisatrices de la conférence «Femmes dans l‘agriculture»: De droite à gauche: Ruth Rossier (ART), Rita Helfenberger (AGRIDEA), Elisabeth Bäschlin (GIUB) et Sandra C ontzen (HESA). (Photo: Daniela Clemenz, Revue UFA)
Une conférence internationale sur le thème «Femmes dans l’agriculture – débats scientifiques et pratiques» a été organisée du 27 au 29 janvier 2011 à l’Institut géographique de l’Université de Berne. 150 femmes germanophones venues de Suisse, Allemagne, Autriche et Tyrol du Sud y ont pris part. Des exposés sur les questions économiques et de santé ainsi que sur les aspects liés à l’organisation du travail et au genre ont été suivis de discussions et ont permis d’évaluer les besoins de la pratique en matière de recherche et de conseil. La visite de deux fermes tenues par des cheffes d'exploitation du Seeland bernois ont montré que les femmes pouvaient gérer avec succès une entreprise agricole, lorsque leur partenaire et leurs parents les soutiennent dans les travaux du ménage et l’éducation des enfants.
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Les femmes dans l’agriculture forment aujourd’hui un groupe hétérogène; la majorité d’entre elles sont paysannes, que ce soit comme collaboratrice et partenaire sur l’exploitation, comme entrepreneuse ou en qualité d’épouse d’agriculteur. Une minorité de femmes sont cheffes d’exploitation et agricultrices. Généralement, les femmes entrent en contact avec l’agriculture parce qu’elles épousent un agriculteur qui reprend une ferme. Le mouvement de libération de la femme et le combat pour l’égalité des sexes dans le contexte social, politique et économique ont également influencé le rôle et la profession des femmes dans les exploitations familiales. Mais l’accès à la reprise de la ferme «paternelle» reste encore limité à la plupart des femmes (Ruth Rossier, Agroscope ART). Andrea Heistinger, conseillère en Basse-
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Autriche, constate en outre que la charge de travail des femmes dans l’agriculture augmente, car elles prennent plus de responsabilités tout en conservant leur secteur d’activités traditionnel. Etant donné le lien étroit avec la ferme, la situation des épouses d’agriculteurs est souvent plus difficile que celle des hommes. Les points problématiques, en particulier pour les femmes, sont le rôle qu’elles entendent jouer à la ferme, l’indépendance financière, ainsi que la prise en charge des membres de la famille. L'individualisation croissante des femmes dans le secteur agricole est observée aussi bien en Suisse et en Allemagne qu’en Autriche. Aujourd'hui, de nombreuses femmes ne se présentent plus comme paysannes, mais comme agricultrices, femmes rurales ou entrepreneuse. Les femmes qui ont épousé un agriculteur souhaitent souvent continuer à exercer le métier qu’elles ont appris. La pression sur les revenus persiste et, par conséquent, la diversification du rôle des paysannes se poursuit (Ruth Streit, présidente de la Fédération suisse des paysannes et femmes rurales USPF). La vie à la ferme est en mutation. Le travail physique dans l’agriculture est certes devenu moins lourd, mais la pression du travail, elle, a augmenté (Andrea Schwarzmann, paysanne suisse). La disponibilité permanente des femmes et des hommes à la ferme, telle que l’on connaissait autrefois, n’existe plus aujourd’hui. La maison et la ferme sont souvent désertes pendant la journée (Paula Weinberger-Miller, Institut bavarois de l’agriculture). Les situations de vie sont très variées, tout comme les stratégies employées par les femmes dans l’agriculture pour parvenir à conjuguer le travail avec l’organisation des loisirs et des vacances (Elisabeth Bäschlin, Institut géographique de l’Université de Berne). La question du statut et de l’identité En Autriche, la part des femmes cheffes d’exploitation a considérablement augmenté au cours des dix dernières années et représente aujourd’hui 39 % (en 2009, en Suisse, 2,5 % de femmes géraient une exploitation à temps plein et 8,5 % à temps partiel). Theresia Oedl-Wieser (Bundesanstalt für Bergbauernfragen, Vienne), s’est penchée sur l’identité des cheffes d’exploitation autrichiennes. Il s’agissait également de savoir dans quelle mesure la reprise de l’exploitation par les femmes était favorisée, dans les conditions sociales et économiques actuelles, avec les petites structures et l’exercice d’activités annexes qui caractérisent l’économie familiale autrichienne. Theresia Oedl-Wieser a cherché à déterminer s’il s’agissait d’une simple reprise de l’exploitation de jure, ou si la femme exerçait cette fonction de facto. Les recherches empiriques de Theresia Oedl-Wieser aboutis-
sent à la détermination de cinq catégories de cheffes d’exploitation, dont une seule correspond à la définition de «Cheffes d’exploitation, qui dirigent l’exploitation de manière indépendante, la développent, lui donnent de nouvelles orientations et innovent». Ces femmes dans l’agriculture peuvent tout à fait assumer leur identité de cheffes d’exploitation agricole. Les femmes des quatre autres catégories ne remplissent pas ces critères, ou partiellement. Dans les exploitations de la catégorie 1 «Cheffes d’exploitation, qui considèrent l’intendance comme leur tâche principale», la répartition du travail est traditionnelle : la femme est responsable de l’intendance, effectue des travaux à l’étable et aide de temps en temps aux travaux des champs. Ces personnes reprennent la direction de l’exploitation essentiellement pour une question de retraite et de droit social. Les cheffes d’exploitation de la catégorie 2 «Cheffes d’exploitation, qui travaillent régulièrement à l’étable et dans les champs, mais qui n’assument pas la direction proprement dite de l’exploitation» ne se consacrent pas uniquement à l’intendance, mais participent activement au travail productif de l’exploitation ou gèrent leur propre branche de production. Les personnes appartenant à cette catégorie n’affichent cependant pas une identité affirmée de cheffe d’exploitation agricole. La catégorie 3 «Cheffes d’exploitation, qui occupent certes le poste de direction, mais n’ont pas l’ambition de développer l’exploitation» regroupent les personnes qui assument la direction de l’exploitation depuis un certain temps déjà, mais ne voient que peu de perspectives pour la développer du fait de leur équipement limité. Elles ne s’identifient pas non plus spécifiquement comme cheffes d’exploitation, mais ont néanmoins pour objectif que leur ferme, même petite, continue à être exploitée. La catégorie 4 «Cheffes d’exploitation, qui développent l’exploitation en commun avec leur partenaire» regroupe les personnes interrogées qui gèrent l’exploitation agricole en coopération avec leur partenaire et la développent de façon suivie au moyen d’adaptations et d’investissements. Bien que la femme soit très impliquée dans la vie de l’exploitation, le travail et la prise de décision en commun avec le partenaire sont prioritaires. Là non plus, la femme n’a pas une identité affirmée de cheffe d’exploitation. Dans ces quatre catégories, on constate que les personnes interrogées ont souvent repris la direction de l’exploitation pour des raisons liées à la retraite ou aux assurances sociales. Pour Simone Helmle (Université Hohenheim, Stuttgart), les femmes qui s’identifient comme cheffes d’entreprise sont celles qui sont responsables d’une partie de l’exploitation. Elles n’ont pas de formation agricole et sont souvent venues à l’agriculture après la naissance du
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premier ou du deuxième enfant. En Allemagne, les femmes qui travaillent dans l’agriculture ne représentent plus qu’une très faible part des femmes dans le milieu rural. Font exception les régions agricoles où les cultures spéciales exigent une charge de travail intensive (vigne, cultures fruitières, asperges) et dans les régions où le tourisme rural et l’agriculture offrent des postes de travail saisonniers. D’un côté, les femmes remettent en question les structures sociales et la répartition des rôles entre les sexes, suivant leur propre voie de manière déterminée; de l’autre, elles contribuent à conserver la répartition des rôles traditionnels. Par exemple, lorsque les femmes réussissent dans l’agriculture, elles présentent modestement ce succès comme une prestation familiale ou une prestation partenariale. L’autoconcept des paysannes du Tyrol du Sud a été étudié par des chercheuses de l’Université d’Innsbruck et de l’Université d’agronomie de Vienne (Anja Matscher, Manuela Larcher, Stefan Vogel). A partir d’une analyse factorielle, ils ont rassemblé les avis exprimés en six facteurs qui caractérisent l’autoconcept des paysannes: ••Le métier de paysanne implique renoncement et indépendance et se caractérise par une charge de travail physique et psychique. ••Globalement, l’importance de la paysanne est grande, elle est fière d’exercer ce beau métier indépendant qui comporte de nombreuses facettes qu’elle apprécie. ••La place de la paysanne est dans le foyer et dans l’agriculture et non dans une activité extra-agricole. ••Les décisions se prennent en commun par le paysan et la paysanne. ••La paysanne se caractérise par sa modestie, ses capacités d’adaptation et des exigences personnelles limitées. ••La paysanne est moderne et consciente de son rôle, elle attend de la reconnaissance de la part de son partenaire et de la société. Le cursus et la carrière des paysannes suisses ont été analysés par la sociologue Yukiko Otomo (Université Jumonji) et Ruth Rossier (Agroscope ART) à l’aide des biographies et des événements marquants comme le diplôme de fin d’étude, la formation professionnelle, le mariage ou la naissance d’un enfant, afin d’évaluer les possibilités de carrière professionnelle des femmes dans les foyers agricoles. Les biographies des femmes comprennent souvent une carrière familiale et une carrière professionnelle. Les activités professionnelles des femmes avant et après la fondation d’une famille se répartissent en trois modèles: le modèle agricole/agricole se montre notamment pour les femmes nées dans
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Figure 2 | 150 femmes en provenance de l’espace germanophone et issues du milieu scientifique, de la vulgarisation et de la pratique ont discuté de la position des femmes dans l‘agriculture. (Photo: Elisabeth Bäschlin, GIUB)
les années 1950. Ce sont des filles de paysans qui ont toujours aidé à la ferme parentale, qui ont fait un apprentissage en économie domestique après l’école et ont toujours travaillé dans l’agriculture et dans le foyer, mais n’ont pas pu apprendre à gérer l’exploitation. Après le mariage, ces femmes se limitent à aider leur mari dans la direction de l’exploitation. Le modèle nonagricole/agricole est typique des femmes nées dans les années 1960. Elles ont suivi une formation professionnelle de paysanne avant ou après leur mariage, pour gérer l’économie domestique dans l’exploitation familiale rurale de manière plus professionnelle et approfondir des compétences dans certaines branches de production. Ces femmes mettent souvent à contribution des capacités acquises dans leur premier métier non agricole pour introduire de nouvelles activités à la ferme. Enfin, les femmes exerçant de plus en plus souvent une activité professionnelle et la situation des revenus étant tendue dans l’agriculture, le troisième modèle, non-agricole/ non-agricole, prend de plus en plus d’importance. La question des stratégies d’emploi Mathilde Schmitt (Académie autrichienne des sciences, Innsbruck) constate qu’étant donné l’incertitude croissante dans une économie globalisée, la pluriactivité est de plus en plus intéressante pour les familles agricoles. Sous l’influence de plus en plus forte des décisions en matière de politique (agricole), les agriculteurs se sont distancés de la production propre, s’orientant vers un «développement rural» avec une accentuation et une valorisation de la multifonctionnalité de l’agriculture. De ce fait, les femmes prennent plus d’importance dans les exploitations. Le fait que les femmes soient inexis-
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tantes autant dans la politique agricole que dans l’agronomie est déploré à différents niveaux. De même, il va désormais de soi que les filles aussi doivent bénéficier d’une bonne formation scolaire et professionnelle. Mais pour les femmes, il semble particulièrement difficile de réaliser des projets et des attentes s’écartant des rôles traditionnels. Dans certaines conditions, la ferme avec les possibilités qu’elle offre d’exercer des activités agricoles, mais aussi proches de l’agriculture prend de l’importance. Les exploitations familiales agricoles ne suivent pas forcément la règle «s’agrandir ou disparaître», mais développent de multiples formes d’exploitation grâce à une grande faculté d’adaptation. Dans la sphère privée, il s’agit de trouver les stratégies adéquates pour s’habituer au nouveau «désordre» qui régit la répartition des rôles entre les sexes et parvenir à des solutions viables pour tous les intéressés. Sur le marché du travail, il est difficile, notamment pour les femmes qui disposent d’une bonne formation, de trouver des activités à proximité de leur lieu de résidence en zone rurale. Enfin, politiquement, les femmes ont encore beaucoup à faire pour se faire entendre dans l’agriculture. Maria Siller (Université de Salzbourg) identifie les paysannes comme de bons managers dans les exploitations. Vue de l’extérieur, une exploitation agricole se présente comme une entreprise familiale classique, qui doit intégrer le travail à l’intérieur et à l’extérieur de l’exploitation, l’économie de subsistance et la coordination de la famille et du ménage. Toutefois, le rôle de la femme est défini de manière plus forte que dans les autres entreprises familiales, et selon un schéma clairement traditionnel. Les familles paysannes se caractérisent par une répartition très nette des rôles entre hommes et femmes. Les progrès de la technique ou la diversification ne contribuent pas vraiment à assouplir le modèle classique de répartition des rôles. Les principaux domaines de compétences des femmes sont le ménage, l’éducation des enfants et les travaux à l’étable, et ceux des hommes presque exclusivement des travaux non ménagers. Siller indique également que la combinaison et le lien entre l’espace d’habitation et l’espace de travail, comporte un risque plus important de stress psychique que si les deux espaces étaient géographiquement séparés. Les problèmes restent par exemple toujours présents d’un lieu de vie à un autre, et ne peuvent pas être «déposés» à un endroit. Cela n’incite pas pour autant les intéressées à se distancer. Au contraire, les femmes s’identifient de manière très forte avec leur métier de paysanne. Ce phénomène peut venir du fait que le métier de paysanne est lié à une «vocation» particulière ou que l’idéalisation de la profession n’est qu’une stratégie d’adaptation.
Une étude suisse Sandra Contzen (Haute école suisse d’agronomie HESA), montre que les paysannes jouent un rôle central lorsqu’il s’agit de surmonter des crises existentielles. Deux cas de figure menacent l’existence des exploitations ou des ménages agricoles: l’augmentation des coûts de production et des coûts de la vie avec stagnation des revenus, ou un événement décisif ( accident, maladie grave ou décès dans la famille)». Trois solutions sont alors possibles pour les femmes: la femme prend des responsabilités pour le bien de l’exploitation et de l’agriculture; elle prend tout sur elle pour se sortir elle-même de l’impasse; ou elle essaye d’exercer une influence subtile sur la vie de l’exploitation. Les décisions sont alors prises en commun, ce qui ne change rien au fait que la femme continue à s’occuper du ménage et des enfants. Attentes spécifiques par rapport à la recherche ••Généralités: la recherche est nécessaire et souhaitée. Elle incite aux débats. ••Outre des états des lieux, la pratique souhaiterait des explications, des conclusions et des propositions de solution pour l'avenir. ••Thèmes concrets: image et conscience de soi des femmes dans l'agriculture; évolution des rôles et formes de vie alternatives dans l'agriculture; questions sociales dans l'agriculture; solidarité dans l'agriculture; développement dans l'agriculture – valeur des denrées n alimentaires.
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Recherche systémique axée sur la résolution des problèmes – Aperçu du travail d’Agroscope Paul Steffen, Directeur de la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich Renseignements: Paul Steffen, e-mail: paul.steffen@art.admin.ch, tél+41 44 377 72 70
Par conséquent, la recherche doit étendre sa collaboration aux différentes parties prenantes, au-delà des travaux purement scientifiques. Les problématiques complexes nécessitent des approches multidisciplinaires ou transdisciplinaires et très souvent une approche systémique. Dans une approche de recherche théorique systémique, la globalité – ou le système – est au premier plan, et la collaboration interdisciplinaire ainsi que la participation des clients sont encouragées.
Le maintien, l’entretien et l’exploitation des paysages alpins e xigent une approche de recherche systémique et axée sur la r ésolution des problèmes, souvent par-delà les frontières des d ifférentes disciplines scientifiques. Les programmes de recherche comme Agrimontana et AlpFutur coordonnent ce type de travaux de recherche. (Photo: ART)
«AgriMontana», «AlpFUTUR», «Fusaprog», «ProfiLait», «monitoring agro-environnemental»… Derrière ces noms abstraits se cachent des projets tout à fait concrets de recherche agronomique, menés par Agroscope. Chacun d’eux montre que la recherche systémique axée sur la résolution des problèmes, telle que pratiquée par Agroscope, est source de valeur ajoutée pour la recherche, la collectivité, la politique, l’administration et la pratique agricole. Les découvertes de la recherche s’imposent tout naturellement lorsqu’elles répondent aux besoins des clients. C’est pourquoi il est bon que la recherche d’Agroscope soit essentiellement axée sur les problèmes. Or, comme la recherche agronomique porte sur des systèmes biologiques, les problèmes et les questions se limitent rarement à une seule discipline de recherche. Les solutions ne peuvent donc être trouvées que dans une approche interdisciplinaire. Si l’on intègre également les intérêts des clients et des utilisateurs, une approche transdisciplinaire est nécessaire pour arriver à trouver des solutions.
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Le problème définit les limites du système Une recherche axée sur la résolution des problèmes et l’écoute de la pratique est forcément interdisciplinaire, car les problématiques du monde réel englobent toujours des aspects qui dépassent les dimensions ponctuelles couvertes par la science. La recherche agronomique axée sur la résolution des problèmes fixe les frontières du système de manière très variable, en s’adaptant à la question posée. C’est le seul moyen de garantir qu’autant la recherche que ses applications apportent un maximum de connaissances. Suivant les limites du système, il est possible d’exploiter les résultats d’un domaine scientifique dans un autre. En outre, la recherche systémique axée sur la résolution des problèmes dans un secteur donné peut faire progresser la recherche d’un autre secteur et créer ainsi un contexte qui favorise l’innovation. Comme les trois stations de recherche Agroscope réunissent toutes les compétences agricoles, Agroscope coordonne les activités de recherche pour toutes les questions centrales de recherche agricole, notamment en ce qui concerne les problématiques actuelles et importantes pour la collectivité. Ces programmes sont définis dans le mandat de prestations1 d’Agroscope.
Concept de recherche Agroscope 2008−2011, 2007. Editeur. Agroscope et OFAG, Zurich.
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Recherche systémique axée sur la résolution des problèmes – Aperçu du travail d’Agroscope | Eclairage
Recherche systémique axée sur la résolution des problèmes: le sceau d’Agroscope Trois programmes de recherche interdisciplinaires ont vu le jour: AgriMontana, NutriScope et ProfiCrops. Ils sont intégrés dans le programme de travail 2008 à 2011 d’Agroscope et gérés de manière interdisciplinaire sur les trois sites. Ils seront poursuivis dans le prochain programme de travail 2012 à 2013. Ces trois programmes se concentrent sur l’avenir de la production végétale suisse dans les conditions d’un marché largement libéralisé (ProfiCrops), sur la qualité et la fiabilité des produits sous l’angle de la santé et de la nutrition (NutriScope) et sur la contribution de l’agriculture au développement durable des régions de montagne (AgriMontana). Des partenaires externes participent également activement à ces programmes, ainsi que des instituts de recherche étrangers selon le projet et la problématique concernés. Ces programmes se caractérisent avant tout par leurs objectifs clairement définis, leur interdisciplinarité et la collaboration avec les groupes de partenaires qui utilisent directement les résultats de la recherche. Pas de Suisse sans régions de montagne AgriMontana part du principe que les régions de montagne peuvent bénéficier d’un développement durable tout en répondant aux exigences des populations locales et de l’ensemble de la société. Pour que cela reste le cas à l’avenir, et que les régions de montagne suisses continuent à offrir un paysage de qualité, des principes d’action et des mesures politiques doivent être élaborés. Pour ce faire, AgriMontana étudie les impacts économiques, sociaux et écologiques des différents systèmes de production en région de montagne. En outre, dans une perspective de conseil, le programme contribue à coordonner la politique régionale et sectorielle en intégrant un module de best-policies. Il s’agit de développer des instruments décisionnels pour les acteurs régionaux et pour une politique qui assure le développement durable des régions de montagne suisses. Agrimontana illustre parfaitement l’approche de la recherche systémique axée sur la résolution des problèmes, où trois éléments sont essentiels: une question ou une problématique de l’agriculture suisse, de la recherche fondamentale – souvent avec une portée internationale – et un échange intensif de connaissance et de savoir-faire. Cette approche de recherche, qui dépasse les frontières d’un domaine particulier, génère souvent des contacts utiles avec des réseaux nationaux et internationaux. Elle permet ainsi à Agroscope de tirer le meilleur parti possible des fonds alloués à la recherche, et procure davantage de ressources extérieures.
Vive l’agriculture! L’agriculture de plaine change elle aussi l’urbanisation, les paiements directs, l’entretien du paysage, l’écologie, la biodiversité et le revenu agricole sont autant de problématiques bien connues de la population suisse. Chaque concept cache un système complexe. Si l’on veut que les décisions politiques accompagnent le changement, comme cela a été le cas avec la transformation des subventions en paiements directs, il est important de prévoir aussi précisément que possible leurs répercussions. Souvent, ce sont des séries de données saisies pendant des années et des thèmes de recherche étudiés à long terme qui permettent à Agroscope et l’Office fédéral de l’agriculture OFAG, dont elle dépend, d’émettre au besoin des recommandations politiques. L’avenir d’un huitième de la Suisse Agroscope participe également à d’autres projets de recherche en collaboration avec plusieurs groupes de partenaires et instituts de recherche. Prenons l’exemple des régions alpines. Etant donné l’évolution des pays voisins, il est à prévoir que les contribuables suisses devront bientôt s’intéresser eux aussi à l’avenir des zones d’estivage. Ces régions sont essentiellement des pâturages alpins, occupés par les animaux durant l’été. Ces régions se caractérisent par une grande biodiversité et par des modes traditionnels d’exploitation des alpages. Elles offrent un espace de détente, sont appréciées des touristes, peuvent protéger des risques naturels et font partie intégrante de l’image de la Suisse. Mais qu’en sera-t-il à l'avenir de l’exploitation, de la nature et de l’urbanisation de ces régions, qui constituent un huitième de la surface de la Suisse? Qu’adviendra-t-il de ces régions alpines et des postes de travail qui y sont liés? Y a-t-il une utilité publique à poursuivre l’exploitation de ces surfaces ou doit-on les laisser à l’abandon, comme c’est déjà le cas dans une grande partie du Nord de l’Italie? Quelles seraient les répercussions sur l’industrie touristique de la Suisse, sur le reste de l’économie et sur l’infrastructure dans des régions comme le Haut-Valais, le Diemtigtal, la Basse-Engadine ou Obwald? Des perspectives d’avenir grâce une recherche coordonnée Ces questions concrètes sont au coeur du projet de recherche AlpFUTUR. Celui-ci, également mis en place en réseau avec de nombreuses institutions, montre l’importance des recommandations politiques dans le domaine de l’agriculture. L’objectif prioritaire d’AlpFUTUR est d’esquisser des perspectives pour l’exploitation future des régions d’estivage en Suisse, à un horizon de 10 à 40 ans. AlpFUTUR évalue l’action politique nécessaire et discute des options
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Eclairage | Recherche systémique axée sur la résolution des problèmes – Aperçu du travail d’Agroscope
d’intervention. Là encore, il est impossible de se passer de la recherche systémique, car ces questions concernent autant l’écologie que l’agronomie, l’économie et les sciences sociales. C’est pourquoi AlpFUTUR traite les différentes questions de manière interdisciplinaire, dans le cadre de quinze sous-projets interdépendants2. Les programmes ne fonctionnent pas tous seuls Dans les projets de recherche en réseau, les questions et les objectifs communs des différents partenaires doivent être définis précisément. De plus, il est indispensable de sélectionner des spécialistes et de créer des équipes. Le succès d’un programme de recherche dépend de la motivation des chercheurs à s’investir de manière constructive. La curiosité scientifique, la conviction de pouvoir fournir une contribution bénéfique et la perspective d’obtenir des fonds de recherche sont autant de facteurs qui motivent le travail des chercheurs. Par ailleurs, les membres du programme de recherche doivent également s’entendre. Un langage commun et une relation de confiance entre les intéressés sont essentiels pour l’échange de données et la rédaction de publications communes. La complexité de la recherche en réseau se manifeste également lorsqu’il s’agit de savoir qui est responsable de la communication interne et externe, de l’organisation du travail et du financement. La répartition des fonds de recherche est votée pour chaque projet. Les processus qui permettent d’arriver à un consensus et à l’intégration des résultats de recherche ne sont pas simples non plus. Dans le projet AlpFUTUR, ces questions sont coordonnées et centralisées par Agroscope et l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL. AlpFUTUR s’inscrit très nettement dans l’approche transdisciplinaire axée sur la résolution des problèmes. Le projet reprend des problèmes issus de la pratique, soulevés par exemple dans le cadre de discussions avec des représentants de l’agriculture et de l’économie alpestre, des cantons et des offices fédéraux. Des séances de coordination régulières et un groupe de suivi composé d’experts assurent en outre que le projet apporte les solutions les plus concrètes possibles aux différents groupes d’intérêt. Avec cette méthode, AlpFUTUR a suscité de grands espoirs. Il s’agit maintenant de fournir des résultats substantiels et de les communiquer de manière adaptée aux différents groupes cibles.
Wanted: fusaries La recherche systémique axée sur la résolution des problèmes se caractérise également par le fait qu’elle sait comment appliquer ,directement dans la pratique, une recherche fondamentale hautement spécialisée. C’est particulièrement évident dans le domaine de la recherche d’Agroscope sur les fusaries. Les moisissures de la famille du Fusarium font partie des champignons les plus toxiques pour les céréales et le maïs dans le monde entier. Les fusaries sont également un des plus graves problèmes de l’agriculture, jusqu’ici sans solution. Ces moisissures entraînent des baisses de rendement, des pertes de qualité et diminuent la faculté germinative des semences. Elles produisent des mycotoxines, toxiques pour la santé des hommes et des animaux. En Amérique du Nord, à la fin des années 1990, les pertes annuelles dans les cultures de céréales et d’orge causées par cette espèce de moisissure représentaient environ un milliard de dollars américains. Pour l’Europe, il n’existe pas encore de données, faute d’études correspondantes. En revanche, il existe étonnamment une grande variété de fusaries dans les céréales suisses, comme le montrent les recherches d’Agroscope. Rien que dans le maïs, seize espèces de fusaries différentes sont relevées en Suisse aujourd’hui. Cette diversité ne fait qu’accroître les difficultés de la lutte contre ce fléau. FusaProg – un nom de code très utile Des études de terrain effectuées pendant plusieurs années par Agroscope en collaboration avec le canton d’Argovie ont permis de déterminer que Fusarium graminearum est l’espèce de fusarie la plus fréquente dans le blé en Suisse. Elle produit notamment la mycotoxine déoxynivalénol, qui affaiblit le système immunitaire et provoque des nausées, ainsi que le zéaralénone, un œstrogène puissant qui provoque des troubles de la fécondité notamment dans l’élevage porcin. Mais les études en Argovie ont également montré que le précédent cultural, le travail du sol et la variété de céréales exerçaient une grande influence sur l’ampleur de l’infestation et sur la charge du blé en mycotoxines, ceci indépendamment des conditions météorologiques. Les fusarioses sont désormais tenues en échec grâce à FusaProg, un programme de surveillance développé par les chercheurs et mis à disposition de la pratique et de la vulgarisation agricoles3. Grâce à Fusaprog, chaque exploitation agricole peut connaître le niveau de contamination par les fusaries en Suisse et savoir les mesures d’exploitation appropriées pour limiter leur prolifération et réduire au maximum leur effet nocif sur l’homme et l’animal4. 3
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Pour plus d’informations, voir également www.alpfutur.ch
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Fusarioses dans les céréales (2008): Fiche technique Céréales 2.5.23, Agridea, Lindau www.fusaprog.ch
Recherche systémique axée sur la résolution des problèmes – Aperçu du travail d’Agroscope | Eclairage
Cet exemple montre que le chemin qui va de la problématique à l’amélioration des pratiques culturales est souvent très long. A partir d’un problème pratique, d’importance nationale, mais aussi de dimension globale, la recherche fondamentale a été mise à contribution tout en conservant une perspective systémique et en associant les dimensions de travail du sol, de rotation, de choix des variétés, d’impact environnemental, et de conditions météorologiques. Grâce à cette interet transdisciplinarité, il a été possible d’aller au bout du chemin qui conduit du problème à l’amélioration pratique, tout en fournissant une importante contribution à la recherche internationale dans le domaine des fusaries. L’exemple de l’économie laitière suisse La recherche transdisciplinaire prévoit la collaboration directe entre la recherche et la pratique, dès la mise en place du programme de recherche. C’est ainsi qu’a débuté le programme NutriScope en 2008 à Agroscope, rattaché au réseau Profi-Lait. La recherche d’Agroscope dans le domaine de l’économie laitière a ainsi été directement reliée à la pratique, car le réseau Profit-Lait assure la communication et la coopération dans la production laitière. Profi-Lait traite les différents thèmes de la production laitière, de la production fourragère à la technique de traite et la qualité du lait en passant par l’affourragement de la vache laitière, l’élevage, la détention des bovins et la construction d’étables, et ce, à tous les niveaux: recherche, vulgarisation et pratique.
Figure 1 | Le projet «Optimisation de la production laitière» fait partie des programmes de recherche NutriScope et ProfitLait. Il a ssocie des domaines de recherche de la technique aux domaines de la santé, du comportement et de la physiologie des animaux. La paroi de traite expérimentale d‘ART, qui simule le procédé de traite, permet d’étudier un mode de production laitière respectueux des animaux et l’amélioration simultanée de la santé de la mamelle. (Photo: ART)
Il est donc évident que, outre Agroscope, l’Ecole polytechnique fédérale, la Haute école suisse d’agronomie, la vulgarisation (Agridea et les conseillers cantonaux) et la pratique agricole participent à ce réseau. Afin d’englober l’ensemble de la filière «du pré à l’assiette» et suivant le projet, d’autres acteurs de l’économie et de la politique sont également intégrés. Tous les partenaires de Profit-Lait s’intègrent dans un processus défini: il s’agit de formuler des objectifs communs transdisciplinaires, de définir ensemble les problématiques prioritaires, de déterminer l’objet des recherches, de parler une langue commune et de se mettre d’accord sur les méthodes appliquées. Coordonnés par Profit-Lait, ces processus nécessaires à l’obtention d’un consensus ne vont pas de soi. Les acteurs de l’économie laitière suisse concentrent ainsi leurs forces pour établir des solutions compétitives, tournées vers l’avenir pour une production laitière professionnelle. La plateforme commune de Profi-Lait permet d’améliorer la coordination et la collaboration et par conséquent, l’efficience de la recherche et de la vulgarisation. Profi-Lait garantit des informations et des recommandations coordonnées, adaptées et actuelles pour l’optimisation de la production laitière dans la pratique, et la recherche ne reste pas isolée dans sa tour d’ivoire. Profit-Lait collabore étroitement avec tous les sites d’Agroscope, qui interviennent dans les problématiques de l’économie laitière. Grâce à une coordination ciblée, ce réseau est également marqué du sceau de la recherche systémique axée sur la résolution des problèmes. A quel point l’agriculture suisse est-elle écologique? Outre les questions de rentabilité, les aspects liés à l’écologie et à la durabilité sont particulièrement importants dans l’agriculture suisse, notamment parce qu’ils font partie de la politique de soutien actuelle. La question des prestations écologiques est aussi présente dans le domaine de la production laitière que dans les domaines de l’érosion du sol, de la protection des eaux ou de la lutte contre les fusaries. Néanmoins, la question des prestations écologiques de l’agriculture suisse montre aussi l’importance d’une recherche fondamentale de base à long terme. L’Office fédéral de l’agriculture OFAG veut évaluer l’influence de l’agriculture sur la qualité environnementale et l’évolution de l’environnement en relation avec les pratiques agricoles. Le monitoring agro-environnemental peut aider dans le choix d’un nouvel outil. Les résultats peuvent fournir une aide aux décideurs politiques et permettent d’établir une comparaison avec d’autres pays.
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Eclairage | Recherche systémique axée sur la résolution des problèmes – Aperçu du travail d’Agroscope
Figure 2 | Le monitoring agro-environnemental mis en place sur mandat de l‘OFAG étudie l’influence de l’agriculture sur la qualité de l’environnement et le développement de l’environnement en fonction des pratiques agricoles. Il doit également aider à choisir les nouveaux instruments de politique (agricole). La photo présente un engrais vert en hiver afin de réduire les apports d’azote dans les eaux de surface et également d’empêcher l’érosion du sol pendant les mois d’hiver. (Photo: ART)
Le monitoring agro-environnemental a pour base légale l’Ordonnance sur l’évaluation de la durabilité de l’agriculture5, adoptée en décembre 1998. Les art. 8 et 9 spécifient que celui-ci se base sur des indicateurs agro-environnementaux comparables aux normes internationales et permet d’évaluer les effets quantitatifs et qualitatifs de la politique agricole au niveau national, régional et par types d’exploitations6. Les indicateurs agro-environnementaux permettent l’évaluation écologique de l’utilisation des substances et de l’énergie, des émissions de substances nuisibles, du rendement du sol, de la diversité biologique et de l’élevage. Agroscope a été chargée par l’OFAG de développer les méthodes des types d’indicateurs «Forces motrices» et «Effets potentiels sur l’environnement». L‘Office fédéral de l’environnement OFEV est lui responsable des indicateurs «Etat de l’environnement». Au sein d’Agroscope, c’est le Dépouillement centralisé qui est le centre de compétences responsable du développement des méthodes et du dépouillement des indicateurs agro-environnementaux. Ainsi, depuis 2009, les données écologiques importantes d’un réseau d’exploitations sont récoltées et font l’objet d’un dépouillement centralisé. Dans ce domaine de recherche très spécifique, les longues années de recherche et d’expertise d’Agroscope sont à disposition du public.
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Intérêts de la recherche protégés La recherche systémique axée sur la résolution des problèmes permet également de tenir compte des intérêts de la recherche. D’une part, en exploitant au mieux les synergies des trois stations, Agroscope répond à l’ objectif fondamental de meilleure rentabilité; d’autre part, la recherche systémique permet d’avoir accès au savoirfaire d’autres instituts de recherche en Suisse et à l’étranger. Agroscope peut exploiter ces connaissances à moindres coûts, car il s’agit souvent de projets intégrés dans des programmes de recherche internationaux, financés par des ressources extérieures. Les chercheurs et doctorants étrangers participant à ces projets forment par la suite un réseau international de recherche en lien avec Agroscope, et contribuent grandement à intégrer les stations Agroscope dans le contexte de recherche international. Une recherche durable Au vu des exemples présentés, la recherche systémique axée sur la résolution des problèmes montre que la recherche agronomique d’Agroscope est plus grande que la somme de ses parties. Elle crée une valeur ajoutée pour tous les acteurs: recherche, collectivité, politique, administration et pratique agricole. Les approches, les méthodes et les techniques sélectionnées sont variées et adaptées à chaque problème. Les frontières des systèmes sont définies de manière spécifique et pertinente en fonction des problématiques. Agroscope peut s’enorgueillir d’être le moteur de la recherche dans l’agriculture et l’industrie alimentaire suisses et de fournir des contributions précieuses à des questions d’actualité et n d’avenir.
Ordonnance 919.118 du 7 décembre 1998 sur l’évaluation de la durabilité dans l‘agriculture.
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Pour plus d’informations, voir également www.blw.admin.ch > Thèmes > Durabilité > Monitoring agro-environnemental.
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«La recherche est le moteur du progrès» – Interview de Manfred Bötsch Manfred Bötsch, vous avez travaillé 18 ans à l’OFAG, dont 11 ans en qualité de directeur et 5 ans et demi en tant que président de la direction d’Agroscope. Vous avez ainsi acquis une bonne connaissance de la recherche agronomique et vous l’avez marquée de votre empreinte. Comment voyez-vous l’évolution de la recherche agronomique en général et d'Agroscope en particulier durant cette période? La recherche agronomique est devenue beaucoup plus compétitive, tant au niveau national qu’international. L’éventail des thèmes s’est constamment élargi, devenant ainsi également plus complexe. Si les questions liées à la production venaient initialement au premier plan, il s’agit aujourd’hui de l’ensemble de la filière contribuant à la valeur ajoutée, y compris tous les aspects allant de l’environnement à la consommation, en passant par le bien-être des animaux, la dimension sociale ou l’économie. Agroscope a réagi à cette évolution en fixant les priorités et en réunissant les forces. Les différentes stations de recherche agronomique ont été transformées en une unité d’affaires efficace. Quels ont été les temps forts de la recherche agronomique durant cette période?
processus d’optimisation continuel et met le travail de recherche sous une pression constante de légitimation.
D’innombrables bons projets de recherche ont été réalisés. Il serait injuste d’en distinguer quelques-uns au hasard. En revanche, je trouve importants les résultats de trois évaluations internationales par des pairs: des experts internationaux indépendants ont qualifié la recherche d’Agroscope de bonne à très bonne. Le mérite en revient à ses collaborateurs. Et de nombreux experts nous envient notre structure efficace.
Quels sont les défis que la recherche agronomique devra selon vous relever à l’avenir?
Quelles sont les difficultés qu’il a fallu maîtriser durant cette période ou qui n’ont pas pu être surmontées? Les ressources financières limitées ou les mesures d’économies ont toujours été un défi. Elles nous ont amenés à augmenter l’efficience et à réduire les coûts de gestion et, parfois, à prendre des décisions difficiles. Actuellement, des questions se posent de nouveau en relation avec des économies dans le domaine de la recherche publique. Il ne faut pas se faire d’illusions: La pression à la performance et l’amélioration de la compétitivité reviennent régulièrement à la une de l'actualité, ce qui requiert un
Au niveau tant national qu'international, il s’agit de réaliser un optimum avec des ressources limitées. Il faut augmenter la compétitivité et la participation de bailleurs de fonds externes, de sorte que la recherche agronomique suisse fasse partie des meilleures. A mon avis, les domaines suivants seront prioritaires: culture fourragère, valorisation d’aliments pour animaux par les ruminants, biodiversité, prestations écologiques, bilans économiques, systèmes de pronostic pour la lutte contre les organismes nuisibles et les maladies, amélioration de la compétitivité. Que souhaitez-vous pour la recherche agronomique en Suisse? D’une manière, je souhaite que la recherche agronomique conserve sa distance critique, qu’elle évite toute stagnation et qu’elle ait le courage de fixer des priorités.
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A Agroscope, je souhaite qu’elle maintienne auprès de ses clients sa position d’unité de recherche performante et qu’elle soit encore mieux perçue par les consommateurs. Agroscope existera-t-elle encore dans dix ans ou la recherche agronomique sera-t-elle intégrée dans d’autres domaines de recherche? Agroscope est une institution efficiente qui ne devrait pas subir de changements fondamentaux dans un proche avenir. Plusieurs acteurs sont d’ores et déjà impliqués dans la recherche agronomique: l’EPF et les hautes écoles font avant tout de la recherche fondamentale, tandis qu’Agridea et les hautes écoles spécialisées mettent l’accent sur le développement et la transmission des connaissances issues de la recherche. Agroscope, qui fait avant tout de la recherche appliquée, est un pont entre ces deux pôles. Tous ces acteurs doivent collaborer pour que la recherche agronomique soit à même d’accomplir son mandat. La forme institutionnelle ne joue qu’un rôle secondaire. En tout état de cause, je pense que la recherche agronomique est porteuse d'avenir. Elle répond à un besoin réel. La pénurie des ressources naturelles reste un sujet d’actualité. Une alimentation saine et variée est toujours plus importante pour la société. Les acteurs qui gardent leurs yeux et leurs oreilles ouverts ont toutes les chances de réussir. La stagnation n’a pas sa place dans la recherche, qui est elle-même le moteur du progrès. Comment voyez-vous votre avenir? L’agriculture et la filière alimentaire sont passionnantes. Elles jouent un rôle fondamental pour l’humanité. J’espère donc pouvoir continuer à œuvrer dans ce domaine. Interview: Karin Bovigny-Ackermann, OFAG Photos: Samuel Heger, OFAG
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A c t u a l i t é s
Aktuelles Actualités nutri 11 – La nutrition rassemble Einladung Nutri 11, grande manifestation sur le und thème la nutri- quatre Agroscope Changins-Wädenswil ACW diede «International Societyinstitutions for Horticultural et surtout Science de satisfaire (ISHS)» freuen leur curiosité sich, Sie tion, «1st auraInternational lieu du 17 auSymposium 19 juin 2011onà Medicinal, l’Institut agricole zum Aromatic par andrapport Nutraceutical aux domaines Plants from touchant Mountainous de près ouAreas» de loineinla de l’Etat de Fribourg Grangeneuve. zuladen. Dieses Symposium findet vom 5. bis 9. Juli 2011 in der nutrition. SchweizLa in Saas manifestation, Fee statt und organisée ist an Personen partiellement gerichtet, en die in der Forschung, Produktion und Bildung tätig sind. plein air, sera organisée de manière entièrement bilinLorsDas de Ziel cette manifestation haute en cou-ausgue. des Symposiums importante ist es, neusteetInformationen der Wissenschaft Au programme: über conférences, den Anbauvisites und die guidées, Nutzung stands von leurs, les aus différentes facetteszu depräsentieren l’alimentation Pflanzen dem Berggebiet undseront zu diskutieren d’informations, - Pflanzen,marché die in Medikamenten de produits régionaux, sowie als Aromaexposiprésentées et toutes les in questions propres à Verwendung la nutrition finden. stoffe und Zusatzstoffe Nahrungsmitteln tions d’animaux, Die in höheren attractions Lagen pour gedeihenden les enfants, Wildpflanzen cafés scienseront Nutri 11 est parInhaltsstoffen quatre institu-undtifiques sind imabordées. allgemeinen reich an organisé sekundären wurdenetseit exercices Jahrhunderten de dégustation. zu Heilzwecken gesammelt. tions: la Haute suisse dieser d’agronomie AgrosDoch der Bedarfécole an einigen PflanzenHESA, ist in den letzten Jahren gestiegen, daher kann die Nachfrage nur über cope Liebefeld PosieuxAnbau ALP, l’Institut agricole de l’Etat d’informations www.nutri11.ch deren professionellen gewährleistet werden. ZudemPlus erlaubt ein solcher sur Anbau eine nachhaltige Produktion de Fribourg Grangeneuve et VETsuisse.und Cette collabora- Genotypen mit gewünschtem phytochemischem Profil, das mittels optimalen Anbaubedingungen angepassten Coopération : des institutions plus étroitement liées tion et renforce des synergies déjà können durchsouligne Domestikation und Züchtung erzieltexistant wurde. Damit natürlicherweise vorkommende PflanzenpopulatiEn octobre 2010, une convention a été signée unissant entre ces institutions onen geschützt werden. (lire encadré). L’événement station de von recherche Agroscope Liebefelds’adresse d’une part aux und professionnels chargés quoti- la HESA, Mehr als 100 Vorträge Poster werden von Forschenden aus derlaganzen Welt Korea bis Argentinien in vier Posieux ALP-Haras, l’Institut agricole de l’Etat de diennement de la production et de la transformation Sessionen präsentiert: 1) Genetische Ressourcen unddeBotanik, 2) Domestikation, Züchtung und markergestützte Fribourg IAG et wie la faculté Vetsuisse de l’Université de denrées alimentaires, et d’autre part consommaSelektion, 3) Anbau, Pflanzenschutz undaux Ernte und 4) Nachernte-Verfahren Trocknung, Extraktion und ProduktCes quatre partenaires y ont affirmé leur volonté teurs intéressés à tout ce qui touche à l’alimentation herstellung. Das Symposium wird in Englisch gehalten, ohneBerne. Übersetzung. de renforcer leur action commune dans le domaine de la avant d’arriver dans l’assiette Un sujet qui pourrait bien formation et de la recherche agronomiques. Un premier intéresser les écoles de la région, spécialement invitées Weitere Infos unter: http://www.agroscope.admin.ch/mapmountain/index.html?lang=en pour l’occasion. Les trois journées permettront aux visi- jalon de cette collaboration sera posé en juin 2011 avec l’événement Nutri 11. teurs – attendus par milliers – de mieux connaître les
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Actualités
Nouvelles publications
Rapport ART 738
Broyage de la paille de maïs et l‘attaque du blé par les fusaries Comparaison entre fléaux à marteaux et fléaux en Y
Décembre 2010
Broyage de la paille de maïs et l‘attaque du blé par les fusaries
Auteurs
Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction: ART Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch
Comparaison entre rampe d’épandage à tuyaux souples et distributeur de lisier traditionnel Bénéficier des avantages de la rampe d’épandage à tuyaux souples engendre des coûts plus élevés
Mars 2011
Comparaison entre rampe d’épandage à tuyaux souples et distributeur de lisier traditionnel
Auteurs
Roy Latsch, Susanne Vogelgsang, Joachim Sauter, Estelle Delestra, ART roy.latsch@art.admin.ch Impressum
Rapport ART 739
Joachim Sauter, Christoph Moriz, Sören Honegger, Thomas Anken, Gregor Albisser, ART joachim.sauter@art.admin.ch Broyeurs de paille de maïs avec différents fléaux – Essai avec le broyeur Kuhn BPR 280 (photo: Joachim Sauter, ART).
Les broyeurs à fléaux connaissent de multiples usages en Suisse. On les emploie notamment pour l’entretien des pâturages et du paysage ou pour le broyage de la paille de maïs. Le plus souvent, les fléaux à marteaux sont considérés comme outils universels. Les broyeurs à fléaux en Y représentent une alternative économiquement intéressante aux fléaux à marteaux. Les broyeurs équipés de fléaux en Y sont plus faciles à tracter et la puissance d’entraînement
nécessaire est deux à trois fois moindre que celle des broyeurs équipés de fléaux à marteaux. En termes de qualité du travail, les fléaux à marteaux présentent de légers avantages. De même, ils exercent un effet de soulèvement plus important pour reprendre la paille étalée au sol. L’attaque du blé d’automne par les fusaries après une culture de maïs grains ne se distinguait toutefois pas de manière significative en fonction du type de fléaux.
ISSN 1661-7576
Raport ART 738 Les broyeurs à fléaux connaissent de multiples usages en Suisse. On les emploie notamment pour l’entretien des pâturages et du paysage ou pour le broyage de la paille de maïs. Le plus souvent, les fléaux à marteaux sont considérés comme des outils universels. Les broyeurs à fléaux en Y représentent une alternative économiquement intéressante aux fléaux à marteaux. Les broyeurs équipés de fléaux en Y sont plus faciles à tracter et la puissance d’entraînement nécessaire est deux à trois fois moindre que celle des broyeurs équipés de fléaux à marteaux. En termes de qualité du travail, les fléaux à marteaux présentent de légers avantages. De même, ils exercent un effet de soulèvement plus important pour reprendre la paille étalée au sol. L’attaque du blé d’automne par les fusaries après une culture de maïs grains ne se distinguait toutefois pas de manière significative en fonction du type de fléaux. Roy Latsch, Susanne Vogelgsang, Joachim Sauter et Estelle Delestra, ART
Impressum Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction: ART Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch
Au moment de passer du distributeur à la rampe d’épandage à tuyaux souples, il vaut la peine d’étudier les questions de management (photo: Joachim Sauter, ART).
Par rapport aux distributeurs de lisier traditionnels, les rampes d’épandage à tuyaux souples permettent une distribution plus précise et réduisent efficacement les émissions d’ammoniac grâce au dépôt du lisier en bandes. Cette technique précise et écologique présente néanmoins certains inconvénients. La construction plus complexe de la rampe d’épandage à tuyaux souples par rapport à celle du distributeur se traduit par un poids plus élevé, des coûts plus importants et par une charge de travail supérieure en cas de bourrages. Une enquête montre que les agriculteurs sont satisfaits de cette technique. Le principal problème tient aux bourrages, qui
sont cependant moins fréquents sur les modèles les plus récents. En outre, les agriculteurs doivent veiller à ce qu’aucun corps étranger comme du film d’enrubannage, des morceaux de bois, des marques auriculaires, etc. ne tombent dans la fosse à lisier car ce sont souvent ces éléments qui causent les bourrages. Les séparateurs de corps étrangers sont des solutions bienvenues. Les calculs économiques montrent que lorsque le taux d’utilisation de la machine est bon, les coûts supplémentaires peuvent être amortis. Pour le temps de travail, les différents systèmes se distinguent peu, car la part de temps de transport dépasse celle du temps d’épandage.
ISSN 1661-7576
Raport ART 739 Par rapport aux distributeurs de lisier traditionnels, les rampes d’épandage à tuyaux souples permettent une distribution plus précise et réduisent efficacement les émissions d’ammoniac grâce au dépôt du lisier en bandes. Cette technique précise et écologique présente néanmoins certains inconvénients. La construction plus complexe de la rampe d’épandage à tuyaux souples par rapport à celle du distributeur se traduit par un poids plus élevé, des coûts plus importants et par une charge de travail supérieure en cas de bourrages. Une enquête montre que les agriculteurs sont satisfaits de cette technique. Le principal problème tient aux bourrages, qui sont cependant moins fréquents sur les modèles les plus récents. En outre, les agriculteurs doivent veiller à ce qu’aucun corps étranger comme du film d’enrubannage, des morceaux de bois, des marques auriculaires, etc. ne tombent dans la fosse à lisier car ce sont souvent ces éléments qui causent les bourrages. Les séparateurs de corps étrangers sont des solutions bienvenues. Les calculs économiques montrent que lorsque le taux d’utilisation de la machine est bon, les coûts supplémentaires peuvent être amortis. Pour le temps de travail, les différents systèmes se distinguent peu, car la part de temps de transport dépasse celle du temps d’épandage. Joachim Sauter, Christoph Moriz, Sören Honegger, Thomas Anken et Gregor Albisser, ART
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Recherche Agronomique Suisse 2 (6): 295–299, 2011
Actualités
Internetlinks
Veranstaltungen
Graswachstum auf den ALP Versuchs betrieben in Posieux und dem Biobetrieb Les coûts de l’entretien des herbages «l’Abbaye» in Sorens
Maicoûts 2010 de l’entretien des herbages Les
Rapport ART 740
www.agroscope.ch > Praxis > Tierernährung > Janvier 2011 Weidemanagement > Graswachstum ALP untersucht weidebetonte Produktionssysteme und gibt das erworbene Wissen den interessierten Kreisen weiter. Ab Vegetationsbeginn werden Angaben über das Graswachstum für den ALP-Versuchsbetrieb in Posieux und den Biobetrieb «l’Abbaye» in Sorens auf dem Internet zur Verfügung gestellt und regelmässig aktualisiert. Auteurs
Christian Gazzarin, Elisabeth Rötheli, ART, christian.gazzarin@art.admin.ch Impressum Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction: ART
Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch
Aujourd’hui, sans paiements directs, même une exploitation minimale des herbages ne permet pas de couvrir les coûts. (Photos: ART) Selon la Constitution fédérale, l’entretien du paysage rural fait partie des tâches prioritaires de l’agriculture suisse. Etant donné la baisse du prix des produits, l’entretien du paysage ne peut plus être garanti comme il le devrait sans fonds publics. C’est pourquoi il est important de connaître les coûts effectifs de l’entretien des herbages. Le présent travail étudie les coûts des procédés de fauche extensifs (balles d‘ensilage, balles de foin séché au sol et petites balles de foin ventilé) et ceux d’un procédé de pâture extensive (garde de bovins rustiques) en région de plaine, de collines et de montagne. L’étude inclut également les coûts de procédés de référence comme
le mulching et la production laitière à titre de comparaison. Les calculs comprennent les coûts de revient (calcul des coûts complets) d’une exploitation modèle avec 25 hectares d‘herbage. Sans tenir compte des paiements directs, l’excédent de coûts de la production extensive de balles d’ensilage dans les conditions de parcelles remembrées en région de plaine et de collines est compris entre 320 et 520 francs par hectare et est plus bas qu’avec tous les autres procédés. En région de montagne, c’est toutefois le mulching qui s’avère être le procédé le meilleur marché. Contrairement à la simple coupe des herbages, la garde de bovins rustiques com-
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Vor schau Januar 2011 / Heft 1 Das Walliser Schwarznasenschaf wird in der warmen Jahreszeit g esömmert. ACW hat auf einer Alp im Oberwallis Versuche mit Umtriebsweide bei der Schafs ömmerung durchgeführt. Die Schafe der Versuchsherde gehörten den Rassen «Weisses A lpenschaf» und «Walliser Schwarznasenschaf» an.
•• Umtriebsweide bei der Schafsömmerung: Auswirkungen auf die Vegetation, M. Meisser und C. Chatelain ACW ••Bedroht der Gelbrost die Weizenproduktion in der Schweiz?, F. Mascher et al. ACW ••Rekultivierungen im Vergleich mit natürlich gewachsenen Böden, M. Stettler et al. SHL und Geotechnisches Institut AG Bern ••Biolandbau: Warum nur wenige Ackerbaubetriebe umstellen, A. Ferjani ART ••Siliermittel: Testergebnisse 2009, U. Wyss ALP
20.05. – 20.05.2010 Rapport ART 740 AGFF-Waldhoftagung AGFF, Inforama, SHL, ALP, ART l’entretien du paysage Selon la Constitution fédérale, Inforama Waldhof, Langenthal (BE) rural fait partie des tâches prioritaires de l’agriculture suisse. Etant donné la baisse du prix des produits, l’entreJunidu 2010 tien paysage ne peut plus être garanti comme il le devrait sans fonds publics. C’est pourquoi il est impor03.06. – 05.06.2010 tant de connaître les coûts effectifs de l’entretien des IGN-Tagung 2010: Internationale Gesellschaft für herbages. Le présent travail étudie les coûts des procéNutztierhaltung dés de fauche extensifs (balles d‘ensilage, balles de foin Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon, Ettenhausen séché au sol et petites balles de foin ventilé) et ceux d’un procédé de pâture extensive (garde de bovins rustiques) 06.06.2010 en région de plaine, de collines et de montagne. L’étude Breitenhoftagung 2010, Treffpunkt der Steinobstinclut également les coûts de procédés de référence branche comme le mulching et la production Agroscope Changins-Wädenswil ACWlaitière à titre de Wädenswil Les calculs comprennent les coûts de comparaison. revient (calcul des coûts complets) d’une exploitation 16.06. – 17.06.2010 modèle avec 25 hectares d‘herbage. Sans tenir compte Tänikoner Agrartechniktage des paiements directs, l’excédent de coûts de la producAgroscope Reckenholz-Tänikon ART tion extensive de balles d’ensilage dans les conditions de Tänikon, Ettenhausen parcelles remembrées en région de plaine et de collines 18.06. – 20.06.2010 est compris entre 320 et 520 francs par hectare et est Tage der offenen Türles 2010 plus bas qu’avec tous autres procédés. En région de Agroscope Changins-Wädenswil ACW montagne, c’est toutefois le mulching qui s’avère être le Changins, Nyon procédé le meilleur marché. Contrairement à la simple coupe des herbages, la garde de bovins rustiques comAugust 2010 prend également les coûts du procédé de transformation et par conséquent, reflète davantage les coûts com12.08. – 12.08.2010 plets d’une exploitation extensive des herbages. Les AGFF-Futterbautagung excédents de coûts, d’environ 1900 SG, à 3300 AGFF, Landwirtschaftliches Zentrum ART francs par hectare site), sont naturellement plus élevés. Neu St.(suivant Johann le (SG) Dans tous les procédés extensifs, le revenu du travail est 13.08.2010 négatif sans les paiements directs. Par conséquent, les Info-Tag Medizinal- und Gewürzkräuter coûts réels ne peuvent pas être couverts par la seule Agroscope Changins-Wädenswil ACW, vente des produits. LeConthey salaire horaire supposé à 28 francs Forschungszentrum pour le calcul des Hergiswil coûts de bei la main-d’oeuvre doit être Bei Fam. Theiler, Willisau considéré avec précaution et adapté en fonction des capacités disponibles et des possibilités de l’exploitation. Christian Gazzarin et Elisabeth Rötheli, ART
Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen
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Actualités
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www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen www.agroscope.admin.ch/communiques 20.05.2011 / ART Mieux gérer l‘azote
09.05.2011 / ART L’agriculture manque d‘eau
L’azote est indispensable comme engrais dans l’agriculture. Mais les excès d’azote nuisent à l’environnement. La station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART travaille à de nouvelles approches pour résoudre le problème.
Les années de sécheresse pourraient se généraliser. Les besoins de l‘agriculture en irrigation augmentent, mais l’eau est disponible en quantité limitée. C’est pourquoi la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART cherche des solutions pour réduire la consommation d’eau dans l’agriculture tout en garantissant la production.
17.05.2011 / ACW Le risque oïdium modélisé pour la vigne Pour la première fois, un modèle de prévision du risque d’infection pour l’oïdium de la vigne est disponible pour les viticulteurs suisses en 2011 sur la plate-forme www.agrometeo.ch. Forte du succès du modèle mildiou consultable depuis 2005, la station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW en collaboration avec le Weinbauinstitut de Fribourg en Brisgau (Allemagne) a développé VitiMeteo-Oidium. Le vigneron dispose maintenant d’informations sur les deux principales maladies de la vigne qui provoquent régulièrement des pertes économiques et nécessitent une protection régulière tout au long de la saison. La prochaine étape sera de développer des stratégies intégrées qui optimisent la lutte en fonction des informations fournies par les deux modèles mildiou et oïdium.
16.05.2011 / ART Les avantages économiques des cultures OGM sont variables En mettant en place des cultures génétiquement modifiées, il faut éviter tout mélange avec les cultures conventionnelles. Or, les mesures de protection correspondantes entraînent des coûts. Comment ceux-ci se répercutent-ils sur la rentabilité? C’est ce que la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART a calculé à partir de l’exemple de cinq grandes cultures génétiquement modifiées. Les avantages économiques par rapport aux cultures conventionnelles sont variables.
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03.05.2011 / ACW Sécheresse et production de fourrages Avec la sécheresse et les records de température de ce printemps, les raisons de gérer les herbages de manière efficace ne manquent pas. Les stocks de fourrage doivent être reconstitués et les pâturages rester verts. La Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW étudie les conséquences de la sécheresse sur la production de fourrages et les stratégies à mettre en œuvre.
Aktuell
Manifestations
Liens Internet
L'ETH Zurich tient un blog sur le changement climatique
Juin 2011
http://blogs.ethz.ch/klimablog/
15. – 16.06.2011 Agrartechniktage Tänikon Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon, Ettenhausen TG
Le blog de l’ETH Zurich sur le changement climatique est un projet d'ETH Sustainability. Il accueille le débat actuel sur ce thème et offre une plate-forme pour le grand public aussi bien que pour des spécialistes. Une quinzaine de professeurs – ainsi que des personnalités de la politique, de l'économie et de la société, et des étudiants – alimentent ce blog en écrivant sur les différentes problématiques liées au changement climatique.
17. – 19.06.2011 Nutri11 Manifestation commune de l'Institut agricole de Grangeneuve (IAG), d'Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, de Vetsuisse Berne et de la Haute Ecole Suisse d'Agriculture (HESA) Posieux Juillet 2011
Dans le prochain numéro Juillet – Août 2011 / Numéro 7–8 La plupart des plantes cultivées et sauvages sont associées à un grand nombre de champignons mycorhiziens arbusculaires. Ces espèces de champignons réagissent beaucoup à l’intensité, au mode d’exploitation et/ ou aux propriétés du sol. Ils conviennent donc bien comme bioindicateurs, comme le montre une étude d‘ART. (Photo: Gabriela Brändle, ART)
••Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suisses, Fritz Oehl et al. ART ••Plantes à fonction de «garantie»: résultats des essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés, Daniel Suter et al. ART et ACW •• Projet «Quelle vache pour la pâture?»: évaluation économique, Christian Gazzarin et Valérie Piccand, ART et SHL ••Potentiel de développement du Care Farming, Sara Widmer et Hans Wydler ART ••Aperçu de la production de semences en Suisse, Silvia Zanetti ART •• Recherche-action: les arboriculteurs à la recherche de solutions, Esther Bravin et al. ACW •• Évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires dans la production de pommes, Andreas Naef et al. ACW et ART •• Economie forestière suisse: Les facteurs de succès des coopérations, Barbara Stöckli et Bernhard Pauli HESA ••Conservation du foin humide avec des agents conservateurs, Ueli Wyss ALP ••Liste recommandée des variétés de céréales pour la récolte 2012
06.– 09. 07.2011 International Symposium on Medicinal, Aromatic and Nutraceutical Plants from Mountainous Areas International Society for Horticultural Science (ISHS) et Agroscope Changins-Wädenswil ACW Saas-Fee VS Août 2011 20.08.2011 Güttingertagung 2011 Agroscope Changins-Wädenswil ACW et BBZ Arenenberg Versuchsbetrieb Güttingen, Güttingen TG 30.08 – 02.09.2011 EAAE 2011 Congress XIIIth Congress of the European Association of Agricultural Economist Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et IED-ETH ETH Zürich Hauptgebäude Septembre 2011 15.09.2011 34. Informationstagung Agrarökonomie Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon, Ettenhausen TG
Informationen: Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen www.agroscope.admin.ch/manifestations
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August 30 to September 2, 2011 Program Highlights • 8 High ranking Keynotes • Over 200 oral contributions • Around 20 organised Sessions • Postersessions with around 250 contributed posters • Swiss Session • Excursions
Change and Uncertainty
EAAE 2011 Congress Challenges for Agriculture, Food and Natural Resources
Important Registration now open: www.eaae2011.ch • Early Registration: Until June 30th, 2011 • Online registration will close August 15th 2011
ETH Zurich, Zurich, Switzerland XIII th Congress of the European Association of Agricultural Economists
Keynotes Opening Session Pascal Lamy (Director General WTO) Monika Hartmann (President EAAE) Plenary Sessions Jean-Paul Chavas, Univ. of Wisconsin-Madison Christian Gollier, Toulouse School of Economics Ana Iglesias, Univ. Politécnica de Madrid Jutta Roosen, TU Munic Glenn Harrison, Georgia State University Jo Swinnen, KU Leuven
www.eaae2011.ch Mail: office@eaae2011.ch
Erleben Sie das Thema Ernährung in all seinen Facetten!
Posieux FR
Demonstrationen Erlebnisparcours Vorträge Rahmenprogramm für Kinder Festwirtschaft Ouverture: 9h00 - 17h00 Découvrez toutes les facettes de la nutrition! Démonstrations Parcours découverte Conférences Programme cadre pour les enfants Restauration
Bienvenue à toutes et à tous Herzlich willkommen
La nutrition rassemble Ernährung verbindet
Öffnungszeiten: 9 - 17 Uhr
17 | 18 | 19 2011
juin Juni
www.nutri11.ch