Recherche Agronomique Suisse 2 0 1 1
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N u m é r o
7 – 8
Agroscope | OFAG | HESA | AGRIDEA | ETH Zürich
J u i l l e t – A o û t
Production végétale Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suisses Société Potentiel de développement du Care Farming
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Economie agricole Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Évaluation économique
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Sommaire Juillet – Août 2011 | Numéro 7 – 8 303
La plupart des plantes cultivées et sauvages sont associées à un grand nombre de champignons mycorhiziens arbusculaires. Ces espèces de champignons réagissent beaucoup à l’intensité, au mode d’exploitation et/ou aux propriétés du sol. Ils conviennent donc bien comme bioindicateurs, comme le montre une étude d‘ART. (Photo: Gabriela Brändle, ART)
Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées. Editeur Agroscope Partenaires b A groscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux ALP et Haras national suisse HNS; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART) b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne b Haute école suisse d’agronomie HESA, Zollikofen b Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Department of agricultural and foodscience Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope LiebefeldPosieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP et HNS), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HESA), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich) Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou info@rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse © Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Editorial
Production végétale 304 Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suisses Fritz Oehl, Jan Jansa, Kurt Ineichen, Paul Mäder et Marcel van der Heijden Production végétale 312 La certification des semences en Suisse (2005–2010) Silvia Zanetti et Thomas Hebeisen Production végétale 320 Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés Daniel Suter, Rainer Frick et Hans-Ulrich Hirschi Production végétale 328 Recherche-action: les arboriculteurs à la recherche de solutions Esther Bravin, Mirjam Blunschi, Markus Leumann, Ueli Straub, Timo Hirrle, Johannes Hanhart, Richard Hollenstein et Bea Steinemann 334
Production végétale Production de pommes: évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires Andreas Naef, Patrik Mouron et Heinrich Höhn
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Société Potentiel de développement du Care Farming Sara Widmer et Hans Wydler
Economie agricole 348 Economie forestière suisse: les facteurs desuccès des coopérations Barbara Stöckli et Bernhard Pauli Economie agricole 354 Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Évaluation économique Christian Gazzarin et Valérie Piccand Production animale 360 Conservation du foin humide avec des agents conservateurs Ueli Wyss 366
Portrait
367
Actualités
371
Manifestations
Listes variétales Encart Liste recommandée des variétés de céréales pour la récolte 2012 Lilia Levy Häner, Jean-François Collaud, Ruedi
Schwärzel, Mario Bertossa, Jürg Hiltbrunner, Martin Anders, Peter Stoll, Thomas Weisflog, Pascal Toffel, André Chassot et Jonas Zürcher
Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS Berner Fachhochschule Haute école spécialisée bernoise Schweizerische Hochschule für Landwirtschaft SHL Haute école suisse d’agronomie HESA
Editorial
Mettre la recherche en réseau Chère lectrice, cher lecteur, Les acteurs du système scientifique agricole s’engagent, avec leurs connaissances actuelles et leurs infrastructures, à fournir un maximum d’éléments pour favoriser le développement de l’agriculture et de l’espace rural.
Willy Kessler, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
Rapport à la pratique, excellence, réseaux internationaux La recherche agricole s’efforce d’être toujours plus utile à l’agriculture et à l’industrie agroalimentaire en dépit de la restriction de ses moyens. Pour y parvenir, il est nécessaire de mettre la recherche en réseau sous forme de communautés d’intérêts issues de réflexions scientifiques et stratégiques. Les chercheurs modernes travaillent en équipe et orientent leurs recherches vers les besoins actuels et futurs. Ils s’efforcent d’obtenir des résultats applicables et des effets mesurables. La clientèle attend de la recherche à la fois une forte orientation vers la pratique et une reconnaissance élevée de la communauté scientifique internationale. La recherche agricole suisse est en train de faire de cette dualité sa force. Mais aucune chercheuse, aucun chercheur ne peut y arriver seul. Par conséquent, il est indispensable d’établir des réseaux pardelà les frontières, de manière ciblée et habile. Les plateformes peuvent y contribuer. Mise en réseau de la production fourragère En Suisse, l’Association pour le développement de la culture fourragère ADCF existe depuis 1934. Son objectif est de favoriser une collaboration plus étroite de toutes les associations, les institutions, les chefs d‘exploitation et les chercheurs intéressés par une utilisation durable des herbages. L’ADCF entretient un rapport permanent avec la pratique grâce à des organes spécialement prévus à cet effet, comme les commissions techniques et les comités spécialisés. Les résultats scientifiques mis à disposition sur la plateforme ADCF proviennent essentiellement des stations de recherche d‘Agroscope, de l‘EPF Zurich et de la Haute école suisse d‘agriculture HESA, qui, de son côté, s’engage aussi au niveau international par exemple dans la Fédération européenne des herbages (European Grassland Federation EGF). Ces efforts favorisent le développement et la naissance de réseaux de collaboration internationale au service de la recherche. Si l’ADCF et l‘EGF n’existaient pas aujourd’hui, il faudrait les inventer! Plateforme pour les grandes cultures Depuis 2008, la Suisse dispose de la plateforme «Ackerbau – Grandes cultures» (PAG-CH). Comme l’ADCF, la PAG-CH est une plaque tournante d’informations moderne et précieuse pour l’échange de connaissances et de questions dans le domaine des grandes cultures, entre les organismes de recherche et la pratique. C’est aussi un groupe de spécialistes pour l’élaboration et l’acquisition de connaissances. Ce numéro de Recherche Agronomique Suisse propose différents articles qui transmettent des informations relatives aux grandes cultures. Il est, chère lectrice, cher lecteur, à votre disposition.
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 303, 2011
303
P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Champignons mycorhiziens arbusculaires, bioindicateurs dans les sols agricoles suisses Fritz Oehl1, Jan Jansa2 , Kurt Ineichen3, Paul Mäder4 et Marcel van der Heijden1 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich 2 Ecole polytechnique fédérale EPF Zurich, Institut d’agronomie, 8315 Lindau 3 Zurich-Bâle Plant Science Center PSC, Institut botanique de l’Université de Bâle, 4056 Bâle 4 Institut de recherche de l’agriculture biologique FiBL, 5070 Frick Renseignements: Fritz Oehl, e-mail: fritz.oehl@art.admin.ch, tél. +41 44 377 73 21 1
Figure 1 | La symbiose des mycorhizes arbusculaires entraîne souvent une meilleure absorption des éléments nutritifs, une meilleure croissance et une floraison plus précoce des plantes. A gauche: trèfle violet sans champignons MA dans les racines et leurs environs. A droite: sol inoculé avec des champignons MA en même temps que le semis. (Photo: ART)
Introduction Les effets positifs des champignons mycorhiziens arbusculaires (champignons MA) pour la croissance des végétaux ont été découverts dès le XIXe siècle. Aujourd’hui, on considère qu’ils constituent la symbiose efficace la plus répandue: plus de 80 % des plantes terrestres peuvent vivre en symbiose avec ces champignons. A ce jour, environ 230 espèces de champignons MA ont été recensées dans le monde. La plupart des plantes de prairies et de terres cultivées sont associées à un grand nombre de champignons MA. Ces derniers font partie des gloméromycètes (Glo
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Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 304–311, 2011
meromycota, champignons glomérulaires ou arbusculaires), d’après le nom de genre Glomus, le plus fréquent dans cette division et le premier découvert. Un autre groupe connu de champignons mycorhiziens sont les ectomycorhizes (cèpes, basidiomycètes, etc.), qui vivent par exemple en symbiose très spécifique avec les arbres des forêts d’Europe centrale. Les champignons MA occupent de nombreuses fonctions dans les écosystèmes. D’une part, ils jouent un rôle central en absorbant les éléments nutritifs et en les retransmettant ensuite aux plantes, notamment le phosphore (P); (Jansa et al. 2005; Tchabi et al. 2010), mais aussi d’autres éléments nutritifs (N, K, Zn, etc.). En cas de
carence en azote, Mäder et al. (2000) ont estimé la quantité d’azote absorbée par les hyphes de champignons MA à près de 40 %. Lors d’une carence en phosphore, les plantes peuvent absorber près de 90 % du phosphore dont elles ont besoin grâce aux champignons MA. Les espèces de trèfles notamment, qui ont des besoins importants en phosphore, profitent beaucoup des champignons MA (fig. 1). Par ailleurs, ces champignons contribuent à réduire l’infestation des plantes par les agents pathogènes et les ravageurs, surtout au niveau des racines. Les plantes à mycorhizes sont souvent mieux approvisionnées en eau (surtout pendant et après les brèves périodes de sécheresse; Neumann et George 2004). Grâce à un réseau vivant, elles stimulent la structuration du sol, ce qui induit généralement une meilleure protection contre l’érosion, une infiltration et un stockage de l’eau meilleurs, et enfin une meilleure levée des plantes (Rillig et Mummey 2006; Schmid et al. 2008). Le réseau serré de filaments mycéliens dans le sol permet également d’empêcher le lessivage des éléments nutritifs (van der Heijden 2010). La diversité de ces champignons peut apporter une contribution capitale à la biodiversité et à la productivité des associations végétales des prairies (van der Heijden et al. 1998). Les principales fonctions écologiques et agronomiques de nombreux champignons MA dans les sols ont été peu étudiées jusqu’ici. On suppose que leurs performances diffèrent beaucoup en fonction de leur partenaire de symbiose, de l’écosystème et du site concernés. Cet article résume les études effectuées au cours des douze dernières années sur la biodiversité des champignons MA et vérifie si ces champignons pourraient éventuellement servir de bioindicateurs dans les écosystèmes agricoles. Les bioindicateurs, également appelés espèces indicatrices, sont des organismes vivants qui réagissent aux influences de l’homme en modifiant leurs fonctions vitales ou leur présence/absence (p. ex. plantes indicatrices, ou certaines espèces de lichen, utilisées comme indicateurs de la contamination de l’air). Les champignons MA semblent particulièrement bien convenir comme indicateurs biologiques des sols et de l’exploitation des terres, car ce groupe de champignons, relativement restreint, comprend à la fois des espèces rares et répandues, et occupe des fonctions essentielles dans tous les écosystèmes colonisés par les végétaux.
Matériel et méthodes De 1999 à 2011, une série d’études a été effectuée en Suisse pour évaluer la biodiversité des champignons MA dans les sols agricoles des Alpes, du Plateau et du Jura.
Résumé
Champignons mycorhiziens arbusculaires, b ioindicateurs dans les sols agricoles suisses | Production végétale
La plupart des plantes cultivées et sauvages vivent en symbiose avec un groupe bien spécifique de champignons, les champignons mycorhiziens arbusculaires (champignons MA). Ces derniers occupent des fonctions importantes dans tous les écosystèmes colonisés par les végétaux. Ils forment un réseau très développé de filaments mycéliens dans le sol et transmettent aux plantes les éléments nutritifs essentiels. Ils protègent ainsi les végétaux du stress et de la sécheresse et réduisent les pertes d’éléments nutritifs du sol. Ils peuvent limiter l’érosion grâce à leur structure vivante et ainsi augmenter la stabilité des écosystèmes. Les champignons MA semblent particulièrement bien convenir comme bioindicateurs, car ce groupe de champignons, avec 230 espèces connues, reste relativement petit et comprend à la fois des espèces courantes et des espèces rares. En Suisse, plus de 100 champignons MA ont été recensés à ce jour, dont plusieurs espèces particulières qui réagissent fortement à l’intensité et au mode d’exploitation des terres et/ou aux caractéristiques du sol (par exemple Glomus sinuosum et Acaulospora paulinae). Ces espèces conviennent dès lors très bien comme bioindicateurs. D’autres espèces existent dans presque tous les types de sol et peuvent être qualifiées de généralistes (par exemple Gl. fasciculatum et Archaeospora trappei).
La première étude a analysé les répercussions de l’intensité du travail du sol dans les terres assolées sur les communautés de champignons dans un sol parabrun sur moraine, sur le site de la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART en Thurgovie (Jansa et al. 2002, 2003). Une deuxième étude a été consacrée aux répercussions des cultures biologiques et conventionnelles sur les communautés de champignons MA dans un sol parabrun sur loess, dans l’essai DOC à Therwil, Bâle-Campagne (Oehl et al. 2004). Parallèlement, des prairies extensives et des parcelles de maïs intensives sans assolement situées dans les environs de l’essai DOC ont été intégrées à l’étude, afin de couvrir l’échelle la plus vaste possible dans l’intensité d’exploitation d’un même type de sol (Oehl et al. 2003, 2009). La répartition verticale des champignons MA dans ce type de terrain (Oehl et al. 2005b) a également fait l’objet d’une étude, qui a été étendue à plusieurs types de sol et plusieurs niveaux de
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Production végétale | Champignons mycorhiziens arbusculaires, b ioindicateurs dans les sols agricoles suisses
Figure 2 | Spores de certains champignons MA sélectionnés: Ac. alpina est très répandu dans les prés de l’étage subalpin et alpin avec un pH < 7,0. Pa. robigina est un représentant typique des éboulis calcaires de l’étage nival, tandis que Pa. franciscana avec un pH > 6,5 peut éventuellement être trouvé à des altitudes plus basses jusque dans les zones subalpines. Gl. sinuosum se trouve dans les sols avec un pH > 6,5 des zones de plaine jusque dans l’étage montagnard, tandis Gl. rubiforme est présent jusque dans les régions de haute montagne. Ces deux espèces sont également connues dans les climats chauds. En Europe, la diffusion de Gl. badium est similaire à celle de Gl. sinuosum . Celui-ci est également très fréquent dans les champs où le travail du sol est minimal et semble se limiter aux zones climatiques plus fraîches. Gl. aureum est un des champignons les plus répandus dans les prairies permanentes européennes en dessous de la limite de la forêt. Ce champignon ne disparaît des parcelles que lorsque le mode d’exploitation est unilatéral et le travail du sol fréquent. Par contre, Gl. mosseae est un représentant typique des terres cultivées avec un pH > 6,0, mais il fait partie des généralistes, puisqu’on le trouve également dans les prairies et qu’il est présent dans le monde entier. Toutefois, il semble être totalement absent de la zone alpine. Gi. margarita est un représentant des climats chauds. Mais cette espèce existe aussi chez nous, de préférence dans les sols acides, dans les prairies à fromental et systèmes de grandes cultures durables avec couverture presque permanente du sol. Ra. castanea réagit de manière sensible à un travail du sol intensif. (Photos ART)
profondeur (Oehl et al. 2010a), afin de mieux estimer l’influence du sol sur les communautés de champignons MA. Les résultats des différentes études seront présentés et discutés plus loin. Les études s’appuient généralement sur les définitions morphologiques des populations de spores (Oehl et al. 2003 et 2010a), mais aussi sur des analyses de biologie moléculaire pratiquées directement sur l’ADN des champignons MA extrait des racines de plantes (Jansa et al. 2003). Des champignons encore inconnus ont été caractérisés le plus précisément possible à l’aide d’analyses combinées (Jansa et al. 2002; Oehl et al. 2005a, 2006, 2010 et 2011).
Résultats et discussion Diffusion des champignons MA en Suisse Au total, plus de 100 des quelque 230 champignons MA répertoriés dans le monde ont été identifiés dans les sols agricoles suisses. Plusieurs de ces espèces sont encore considérées comme inconnues, tandis que plus de dix nouvelles espèces ont été décrites ces dix dernières années (Oehl et Sieverding 2004; Gamper et al. 2009; Oehl et al. 2005a, 2006, 2010b et 2011). Les données relatives à la diffusion géographique de plusieurs
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des espèces ont été collectées en Suisse. Les spores de certaines espèces de champignons MA sélectionnées sont présentées à la figure 2. L’exploitation intensive diminue la diversité des CMA Plusieurs études ont montré que l’intensité d’exploitation et le système cultural influencent beaucoup la diversité et les communautés des champignons MA (fig. 3; Oehl et al. 2003). Une grande biodiversité a été observée dans les prairies et les pâturages, tandis que les terres assolées intensives contiennent souvent nettement moins d’espèces. Sur le site de Tänikon, les systèmes avec travail minimal du sol et surtout les systèmes sans labour présentent une autre population de champignons MA que les systèmes avec labour annuel (Jansa et al. 2002 et 2003). Les espèces Gigaspora, Scutello spora, Racocetra et Cetraspora notamment semblent souffrir d’un travail du sol fréquent, car elles ne parviennent que difficilement à raccorder les filaments mycéliens rompus (de la Providenzia et al. 2005). Sur une rendzine calcaire dans le canton de Bâle-Campagne soumise à un travail du sol réduit, on a en revanche trouvé un nombre d’espèces et un potentiel de mycorhization aussi élevés que dans les prairies à fromental et à brome voisines (Oehl et al. 2010a).
Champignons mycorhiziens arbusculaires, b ioindicateurs dans les sols agricoles suisses | Production végétale
Nombre d'espèces de champignons MA
25 a 20
a b
15
b c
10
de
d e
5 00
G V Prairies permanentes extensives
W
O L Rotation BIO PI
F S R Monocultures de maïs
Figure 3 | Richesse des espèces de champignons MA sur neuf sites de la région de Bâle. Le nombre des espèces de champignons MA décroit dans l’ordre suivant: prairies permanentes extensives (W, V, G), Bio-Suisse (Bioland; procédé organique biologique de l’essai DOC Therwil, BL; rotation sur 7 ans; O), IP-Suisse (rotation sur 7 ans; L) et monocultures de maïs (sites F, S, R; Oehl et al . 2003). Les moyennes et les écarts-types de quatre répétitions par site a insi que les différences statistiques entre les procédés sont indiqués par différentes lettres au-dessus des colonnes selon l’analyse de variance et le test Fisher’s-LSD (P < 0,05).
L’agriculture biologique stimule la diversité des CMA Avec une rotation de sept ans dans les deux cas, l’essai DOC de longue durée dans les conditions de l’agriculture biologique à Therwil a permis de recenser une diversité d’espèces légèrement plus importante que dans la culture conventionnelle selon les directives PI (Oehl et al. 2004). Les différences dans les communautés de champignons MA s’expliquent par la fumure plus réduite avec le procédé biologique, mais peuvent également être liées à la proportion et à la diversité plus importantes des adventices dans les parcelles bio (tabl. 1). A ce niveau, les espèces non Glomus ont réagi de manière plus sensible au mode d’exploitation que les espèces Glomus (tabl. 1; fig. 4). Il est intéressant de constater que le taux de diversité des champignons MA n’était que légèrement inférieur dans tous les procédés biologiques et PI par rapport à celui des prairies permanentes voisines (Oehl et al. 2003 et 2004). Dans l’étude suisse comme dans une étude hollandaise (Verbruggen et al. 2010), les communautés de champignons MA des prairies et des cultures biologiques étaient nettement plus semblables que celles des prairies et des cultures conventionnelles (Oehl et al. 2003, Verbruggen et al. 2010, fig. 5). Nous considérons qu’une
Tableau 1 | Régressions linéaires entre des paramètres de sol sélectionnés et les densités de spores des espèces de champignons MA trouvées dans l’essai DOC (Therwil, BL ; Oehl et al . 2004). *Indique les relations significatives entre un paramètre de sol et la densité de spores de tel champignon; les données sont basées sur les résultats de cinq procédés culturaux, avec quatre répétitions par procédé. Espèces de champignons MA
pH (H2O)
Teneur en humus
Teneur en P disponible
Teneur en K disponible
Nombre d'espèces d'adventices
Glomus diaphanum
–0,26
–0,48*
0,51*
0,42
0,26
G. caledonium
–0,36
–0,21
0,56*
0,63*
–0,36
G. etunicatum
0,19
0,09
–0,33
–0,36
0,34
G. fasciculatum
0,06
0,09
–0,16
–0,14
0,19
G. mosseae
0,28
0,08
–0,05
–0,1
0,06
Glomus sp. isolate BR9
0,1
0,26
–0,14
–0,09
0,2
Espèces Glomus
G. geosporum
0
0,08
–0,09
0,16
–0,4
G. albidum & P. occultum
0,29
–0,19
–0,27
0,46
–0,25
G. constrictum
0,37
0,31
0,08
0,03
–0,03
G. invermaium
0,19
–0,03
–0,2
–0,3
–0,37
0,62*
0,21
–0,51*
–0,2
0,61*
0,1
0,24
–0,48*
–0,55*
0,32
Cetraspora pellucida
–0,27
–0,28
–0,48*
–0,58*
0,48*
Acaulospora paulinae
0,09
–0,14
–0,62*
–0,67*
0,4
A. thomii
0,13
–0,24
–0,49*
–0,55*
0,43
A. laevis
0,04
–0,15
–0,53*
–0,57*
0,38
A. longula
0,23
0,26
–0,70*
–0,58*
0,56*
A. scrobiculata
0,21
–0,42
–0,66*
–0,57*
0,39
Espèces non Glomus
Pacispora dominikii Scutellospora calospora
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Production végétale | Champignons mycorhiziens arbusculaires, b ioindicateurs dans les sols agricoles suisses
grande diversité de champignons MA, avec beaucoup de champignons MA actifs au printemps, à l’automne et toute l’année (Oehl et al. 2009), accroît la fonction de tampon biologique et la fertilité biologique des sols de ces systèmes culturaux. Cela correspond donc tout à fait aux objectifs premiers de l’agriculture écologique, à savoir améliorer la durabilité en stimulant la structure vivante des sols. Propriétés du sol et diversité des espèces de CMA Les études effectuées dans la région de Bâle ont montré que différents sols d’un même paysage peuvent certes présenter une diversité élevée de champignons MA, mais que les communautés de champignons MA des différents sols se distinguent considérablement les unes des autres (Oehl et al. 2010a). Les sols sous les prairies affichent généralement une diversité de genres nettement plus importante que les sols calcaires (Oehl et al. 2003, 2005b et 2010a; Sýkorová et al. 2007a). Il était frappant de constater l’absence – ou la présence extrêmement limitée – des espèces Acaulospora, Scutellospora, Gigaspora et Cetra spora dans les sols calcaires, qui comptaient de nombreuses espèces Glomus, ainsi qu’une présence nette-
Prairies permanentes extensives W pH 8,0 G pH 6,9 V pH 7,7
Bio-ORG O pH 6,4 IP-Suisse L pH 6,9 Monocultures de maïs F pH 5,6 S pH 6,8 R pH 8,3
W4 W2 W3 W1 G4 G3 G2 G1 V2 V3 V4 V1 O3 O2 O4 O1 L4 L3 L2 L1 S4 F4 F2 F3 F1 S1 R4 R3 R2 R1 S3 S2
Figure 5 | L’analyse hiérarchique par partitionnement des données sur les points communs des communautés de champignons MA dans les sols agricoles sur loess dans la région de Bâle montre un net r egroupement en fonction de l’intensité d’exploitation. Les neufs sites sont expliqués à la figure 3. Des échantillons ont été prélevés et étudiés sur quatre parcelles (1−4) de chacun des sites (Oehl et al. 2003).
Figure 4 | Exemples d’espèces de champignons MA (présentées ici avec leurs spores permanents), qui ont réagi de manière particulièrement sensibles à des labours fréquents (Scutello spora calospora, Cetraspora pellucida et Acaulospora paulinae; Jansa et al . 2002) ou à des a pports d’engrais élevés par rapport aux procédés organique biologique et biologique dynamique de l’essai DOC (toutes les espèces représentées; Oehl et al . 2004). (Photos ART)
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Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 304–311, 2011
0,2
Champignons mycorhiziens arbusculaires, b ioindicateurs dans les sols agricoles suisses | Production végétale
ment plus élevée de Pacispora dominikii. Sur les 61 champignons MA trouvés dans la région, seul environ un quart (14 espèces) ont été classés dans la catégorie «généralistes». Ils ont été recensés dans tous les sols avec des densités de spores plus ou moins similaires. La majorité des espèces (32) était plutôt des «spécialistes», qui peuvent être qualifiés d’espèces caractéristiques pour certaines intensités d’exploitation et/ou formes de sol (Oehl et al. 2010a). Neuf espèces ont été déterminées comme spécifiques au sol, et neuf comme spécifiques au mode d’exploitation. Pour 14 autres espèces une interaction a été constatée entre le sol et le mode d’exploitation. Des exemples de «spécialistes» sont présentés dans la figure 6. Tandis que Gl. caledonium se trouve presque exclusivement dans les parcelles acides et semble même réagir de façon plutôt positive à des apports élevés en phosphore (tabl. 1), Gl. sinuosum n’a été trouvé que dans des prairies avec des sols à pH élevé (fig. 6). En revanche, Cetras pora armeniaca est caractéristique des prairies acides. Enfin, Acaulospora paulinae (fig. 7) n’apparaît lui aussi que dans les sols acides. Il est partiellement stimulé par des rotations longues et une fumure réduite, mais est totalement absent des sols comparables où sont pratiquées des monocultures intensives de maïs sans couverture du sol pendant toute l’année.
Glomus caledonium
50
Densité des pores (100 g-¹)
45 40 35 30 25 20 15 10 5 0
Glomus sinuosum
Densité des pores (100 g-¹)
400 350 300 250 200 150 100 50 0 35
Cetraspora armeniaca
Densité des pores (100 g-¹)
30 25 20
Influence de l’altitude sur les communautés de CMA Une étude réalisée dans cinq régions des Alpes suisses a montré que les communautés de champignons MA varient également avec l’altitude. Tandis que les espèces Pa cispora se trouvent surtout sur les éboulis calcaires de l’étage nival et alpin (Oehl et Sieverding 2004), les espèces Ambispora ont essentiellement été recensées dans les pelouses de haute montagne (Spain et al. 2006). La présence des espèces Acaulospora et Diversispora augmente elle aussi avec l’altitude (Oehl et al. 2006, Sýkorová et al. 2007b). Au contraire, des espèces de Scutellospora, Cetras pora, Racocetra et Gigaspora n’ont que rarement, voire jamais, été recensées au-delà de la limite de la forêt.
15 10 5 0
Acaulospora paulinae
Densité des pores (100 g-¹)
350 300 250 200 150 100 50 0
GG F
G F
GG M G F
Sols bruns Grès
GM Fluvisol
Granit/Gneiss
GF GF Rendzine Calcaire
Figure 6 | Spécialistes: Glomus caledonium , Gl. sinuosum , Cetraspora armeniaca et Acaulospora paulinae peuvent servir d’indicateurs biologiques pour les sols et/ou le mode d’exploitation. Suivant le système d’exploitation (herbage permanent G, parcelles avec rotations longues F, et monoculture de maïs M) et le sol, ils ont été recensés en grand nombre, rarement ou pas du tout (Oehl et al . 2010a). Les densités des spores sont représentées sous forme de moyennes de quatre répétitions par site avec erreur type.
Les CMA: de bons indicateurs biologiques et pédologiques Nos études nous ont permis de conclure que les sols agricoles pouvaient être caractérisés par leurs communautés de champignons MA. La présence ou l’absence d’espèces caractéristiques de champignons MA peuvent servir d’indicateurs biologiques et pédologiques (Oehl et al. 2010a). Ceci est valable surtout pour les écosystèmes des zones à climat modéré et froid (Palenzuela et al. 2010), mais aussi pour les zones à climat chaud (Tchabi et al. 2008 et 2009; Goto et al. 2011). Les champs à exploitation intensive et unilatérale, et surtout les surfaces de cultures
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Production végétale | Champignons mycorhiziens arbusculaires, b ioindicateurs dans les sols agricoles suisses
maraîchères avec plusieurs cultures par an s’avèreront sans doute déficitaires avec le temps en ce qui concerne la diversité des champignons MA et la formation de mycorhizes. Sur de tels sites, des groupes écologiques de champignons MA peuvent disparaître, comme cela a été observé dans les monocultures de maïs et les pépinières viticoles (Oehl et al. 2003, 2005b et 2009). Pour réintroduire les espèces typiques de ces sites, des mesures doivent être prises, telles que la réduction de l’intensité de travail du sol ainsi que la conversion à l’agriculture écologique et à des systèmes culturaux avec fertilisation limitée et rotation diversifiée.
Conclusions
relativement petit de champignons du sol. Plusieurs de ces champignons sont répartis partout dans le monde, d’autres sont spécifiques aux sols et aux écosystèmes ou réagissent de manière sensible au mode et à l’intensité d’exploitation. Les champignons spécifiques peuvent devenir de très bons indicateurs des propriétés du sol ou de l’intensité d’exploitation. Des mesures ciblées pourraient permettre de stimuler les champignons typiques d’un site ou particulièrement efficaces. Une agriculture biologique et intégrée avec des rotations longues et un travail du sol réduit favorise la diversité des champignons MA. Il manque encore des connaissances détaillées pour pouvoir mieux exploiter le potentiel écologique de ces champignons, par exemple pour la nutrition des plantes n et la structuration du sol.
Avec environ 230 espèces recensées dans le monde et plus de 100 en Suisse, les champignons MA sont un groupe
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Funghi micorrizici arbuscolari quali indicatori biologici nei terreni agricoli svizzeri La maggior parte delle piante coltivate e selvatiche cresce in simbiosi con un gruppo speciale di funghi, i funghi micorrizici arbuscolari (funghi MA). I funghi MA svolgono funzioni importanti in tutti gli ecosistemi popolati da vegetali. Per mezzo delle ife miceliali si estendono nel terreno e trasferiscono alle piante i nutrienti vitali ivi presenti, proteggendole da stress e siccità. Riducono le perdite di sostanze nutritive dal terreno e possono limitare l'erosione attraverso l'inverdimento, accrescendo la stabilità degli ecosistemi. I funghi MA sembrano particolarmente adatti anche come bioindicatori dato che questo gruppo di funghi, che conta attualmente 230 specie, è relativamente piccolo e contiene specie sia comuni che rare. In Svizzera ne sono state finora rilevate oltre 100 specie. Molti di questi funghi reagiscono in maniera considerevole all'intensità della lavorazione del terreno, alla forma di coltivazione e/o alle proprietà del suolo (p.es. Glomus sinuosum e Acaulospora paulinae). Queste specie di funghi MA specializzate sono quindi molto adatte per essere impiegate come indicatori biologici. Altre specie sono presenti in quasi tutti i terreni e possono essere indicate come specie generiche (p.es. Gl. fasciculatum e Archaeospora trappei). Dai nostri studi è emerso che una moltitudine di funghi MA si addicono a essere utilizzate quali indicatori biologici nei terreni usufruiti a scopo agricolo.
▪▪ Sýkorová Z., Wiemken A. & Redecker D., 2007b. Co-occurring Gentiana verna and Gentiana acaulis and their neighboring plants in two Swiss u pper montane meadows harbor distinct arbuscular mycorrhizal fungal communities. Applied and Environmental Microbiology 73, 5426–5434. ▪▪ Schmid T., Meyer J. & Oehl F., 2008. Integration of mycorrhizal inoculum in high alpine revegetation. In: Mycorrhiza Works. (Eds Feldmann F, Kapulnik Y, Baar J). Proceedings of the International Symposium «Mycorrhiza for Plant Vitality» and the Joint Meeting of Working Groups 1 – 4 of COST Action 870. Deutsche Phytomedizinische Gesellschaft, Braunschweig, Germany. 278–288. ▪▪ Tchabi A., Coyne D., Hountondji F., Lawouin L., Wiemken A. & Oehl F., 2008. Arbuscular mycorrhizal fungal communities in sub-Saharan savannas of Benin, West Africa, as affected by agricultural land use intensity and ecological zone. Mycorrhiza 18, 181–195. ▪▪ Tchabi A., Hountondji F., Lawouin L., Coyne D. & Oehl F., 2009. Racocetra beninensis from sub-Saharan savannas: a new species in the Glomeromycetes with ornamented spores. Mycotaxon 110, 199–209.
Summary
Riassunto
Champignons mycorhiziens arbusculaires, b ioindicateurs dans les sols agricoles suisses | Production végétale
Arbuscular mycorrhizal fungi as bio-indicators in Swiss agricultural soils The majority of agricultural crops as well as wild plants form a symbiotic relationship with a special group of soil fungi, the arbuscular mycorrhizal fungi (AM fungi). AM fungi perform important functions in all ecological systems colonised by plants. They form a dense network of fungal hyphal mycelia in the soil and transmit vital nutrients from the soil to the plants and protect them against stress and drought. AM fungi have the ability to reduce nutrient loss from the soil and they can, through biological stabilisation of the soil structure, reduce erosion and thus contribute to ecosystem stability. AM fungi would appear to be particular suitable as bioindicators because this group of fungi is small enough to be manageable and includes both common and rare species. To date more than 100 AM fungi have been identified in Switzerland. Many of these fungi respond specifically to land use intensity, cultivation practices and/or soil type (e.g. Glomus sinuosum and Acaulospora paulinae). These specialised AM fungi are therefore highly suitable as bioindicators. Other species occur in almost every kind of soil and may be described as generalists (e.g. Gl. fasciculatum and Archaeospora trappei). Our studies show that a large number of AM fungi are suitable as bioindicators in agricultural soils. Key words: arbuscular mycorrhizal fungi, biodiversity, bioindicators, sustainable agriculture, organic farming, conservation tillage.
▪▪ Tchabi A., Coyne D., Hountondji F., Lawouin L., Wiemken A., & Oehl F., 2010. Efficacy of indigenous arbuscular mycorrhizal fungi for promoting white yam ( Dioscorea rotundata) growth in West Africa. Applied Soil Ecology 45, 92–100. ▪▪ van der Heijden M. G. A., 2010. Mycorrhizal fungi reduce nutrient loss. Ecology 91, 1163–1171. ▪▪ van der Heijden M. G. A., Klironomos J. N., Ursic M., Moutoglis P., Streitwolf-Engel R., Boller T., Wiemken A., Sanders I. R., 1998. Mycorrhizal fungal diversity determines plant biodiversity, ecosystem variability and productivity. Nature 396, 69–72. ▪▪ Verbruggen E., Röling W. F. M., Gamper H. A., Kowalchuk G. A., Verhoef H. A., van der Heijden M. G. A., 2010. Positive effects of organic farming on below-ground mutualists: large-scale comparison of mycorrhizal fungal communities in agricultural soils. New Phytologist 186, 968–979.
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P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
La certification des semences en Suisse (2005–2010) Silvia Zanetti et Thomas Hebeisen, station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich Renseignements: Thomas Hebeisen, e-mail: thomas.hebeisen@art.admin.ch, tél. +41 44 377 71 11
Comptage de germes de ray-grass normalement développés. (Photo: ART)
Introduction Selon les indications de l’Office fédéral de la statistique OFS, en 2009, les agricultrices et les agriculteurs ont dépensé 238 millions de francs pour couvrir leurs besoins en semences. Ces dépenses sont légèrement en dessous de celles destinées aux engrais, et presque le double de celles consacrées à la protection des plantes. Grâce à la production indigène élevée de semences pour céréales et de plants de pommes de terre, la filière suisse des semences génère une part essentielle de ce chiffre d’affaires.
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L’agriculture suisse doit pouvoir disposer de variétés de plantes cultivées adaptées aux conditions climatiques et culturales du pays, ainsi qu’à la transformation ultérieure. Une quantité suffisante de semences de qualité irréprochable doit être garantie pour les variétés recommandées, sélectionnées par les représentants de la filière à la suite des résultats obtenus lors des tests. La Fédération suisse de production de semences et de plants swisssem se charge, avec onze établissements multiplicateurs (EM), de planifier et d’organiser la multiplication sous contrat avec les producteurs et les produc-
La certification des semences en Suisse ( 2005–2010) | Production végétale
Entre 2005 et 2010, la Suisse a produit en moyenne plus de 50 000 tonnes de semences et de plants par an. La certification des semences et le laboratoire d’essais de semences de la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART contribuent à garantir la qualité irréprochable des semences produites en Suisse et à préserver les propriétés spécifiques des variétés tout au long des phases de multiplication jusqu’à leur utilisation finale. En moyenne, pour les campagnes 2005 à 2010, 7620 hectares ont été admis pour la production de semences suite aux visites de cultures (sans les plants de pommes de terre). Le professionnalisme et la fiabilité des producteurs se reflètent dans le taux élevé d’admission lors des visites de cultures (95 % pour les céréales). Les analyses du laboratoire d’essais de semences montrent que la qualité des récoltes est elle aussi élevée – notamment pour les céréales – avec un taux d’admission de 95,6 %. La collaboration de tous les acteurs, basée sur des compétences techniques et l’auto-responsabilisation, ainsi que sur des processus efficaces et transparents sont indispensable pour conserver un taux élevé de renouvellement des semences. De cette façon, la production suisse de semences restera de première qualité à l’avenir également.
Résumé
trices. Les conditions cadres de la production de semences sont définies dans l’Ordonnance sur les semences et plants (RS 916.151.1) du Département fédéral de l’économie DFE. Pour les plantes cultivées mentionnées dans l’ordonnance, seules des semences certifiées des espèces officiellement autorisées peuvent être commercialisées. Les exigences minimales relatives aux cultures et à la récolte sont définies dans l’ordonnance pour chaque espèce. L’Office fédéral de l’agriculture OFAG a mandaté la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART pour l’exécution de ces tâches dans le domaine des semences. ART occupe dès lors une position centrale dans le contrôle de la production indigène de semences. Les plants sont traités par la station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW et ne sont pas pris en compte dans cet article. Cet article présente l’évolution et la qualité de la production de semences indigènes au cours des cinq dernières campagnes (2005–2010).
Matériel et méthode Evaluation des cultures destinées à la production de semences Conformément à l’Ordonnance sur les semences et plants, les acteurs impliqués dans la production de semences (tabl. 1) doivent être agréés et disposer de connaissances administratives, professionnelles et techniques. C’est pourquoi des cours sont régulièrement proposés pour former les producteurs, les experts chargés des visites de culture et les «préleveurs» d’échantillons. L’EM conclut un contrat de multiplication avec ses producteurs. Les multiplications sont saisies dans une base de données centrale avec les indications exigées (p. ex. variété, lots-pères, précédents culturaux). Les cultures destinées à la production de semences sont évaluées par des experts et doivent remplir les exigences minimales de l’ordonnance. Les multiplications de semences de base et de pré-base reçoivent la visite des collaborateurs des stations de recherche. Par contre, les cultures destinées à la production de semences certifiées de multiplication (SM) reçoivent la visite d’experts agréés. On distingue les semences certifiées de 1ère et 2e génération. Seules les semences de 1ère génération peu-
vent être multipliées une nouvelle fois, tandis que la semence certifiée de 2e génération est considérée comme semence commerciale. Lors de la visite des cultures, l’expert vérifie, sur la base de critères morphologiques propres aux différentes variétés, s’il s’agit de la variété annoncée. Pour le blé, les critères évalués sont par exemple.la largeur de la toncature ou la longueur du bec de la glume. Ces critères ont été décrits lors du test officiel de la distinction, de l’homogénéité et de la stabilité, sur la base des directives de l’UPOV (Union internationale pour la protection des obtentions végétales, propriété intellectuelle). Ce test s’effectue exclusivement à l’étranger. La visite des parcelles est également l’occasion de contrôler le développement des cultures.
Tableau 1 | Nombre d’établissements de multiplication (EM), de services de purification (SP), de producteurs de semences (PS), de visiteurs de cultures (VC) et de personnes chargées du prélèvement des échantillons (PE) en Suisse (selon CertiPRO, état avril 2011)
Nombre
EM
SP
PS
VC
PE
11
25
1064
91
40
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Production végétale | La certification des semences en Suisse ( 2005–2010)
Tableau 2 | Méthode d‘analyse ISTA comparée à la méthode appliquée dans le cadre de la certification des semences (Cert) pour les variétés de céréales nues (N); (blé, seigle, triticale) et à grains vêtus (B); (orge, avoine, épeautre) Poids de l’échantillon étudié pour
ISTA Cert
Méthode de faculté germinative
pureté technique
teneur en semences étrangères
nombre de semences testées
préréfrigération
durée de test (20 °C)
désinfection en laboratoire
120 g
1000 g
400 (4*100)
recommandée
8d
non
200 (2×100)
10 °C, 5d
3d
N: oui B: non
Les analyses sont effectuées sur un échantillon de 500 g
Pour obtenir la meilleure note, la culture doit être équilibrée et exempte d’adventices, elle ne doit pas être sujette à la verse et l’infestation par les ravageurs et les maladies doit être limitée. Enfin, l’expert évalue la présence de plantes ne correspondant pas à la variété et la présence d’autres espèces végétales et de maladies par unité de surface. Par ailleurs, la parcelle doit être suffisamment isolée pour éviter la fécondation croisée et la diffusion d’impuretés depuis les parcelles voisines. Ces paramètres sont consignés dans un rapport de visite et l’expert décide si la parcelle remplit les exigences minimales de l’ordonnance et peut donc être admise pour la production de semences. L’admission lors des visites de culture est indispensable pour bénéficier des contributions à la surface pour la multiplication de plantes fourragères et de maïs. Les autres cultures n’ont droit à aucune contribution fédérale pour la production de semences. Evaluation de la qualité des semences Un échantillon de la récolte est prélevé pour les cultures admises lors des visites et sa qualité est ensuite testée par le laboratoire d’essais de semences d’ART. Ces analyses sont effectuées selon les directives de l’Association internationale d’essais de semences (ISTA). Des déviations par rapport à la méthode de contrôle sont autorisées pour les céréales, en accord avec l’organe directeur (OFAG) et les clients, et se limitent aux points répertoriés dans le tableau 2. Dans le cas des Poaceae (graminées), l’unité de multiplication est un caryopse nu ou enveloppé par la glume. Pour simplifier, le terme de «semences» sera également utilisé pour désigner les caryopses dans cet article. Le poids maximal des lots, le poids minimal des échantillons soumis et les tests sont définis dans l’ordonnance. Après enregistrement de l’échantillon par le ser-
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vice de certification d’ART, son contenu est homogénéisé dans le laboratoire d’essais de semences à l’aide d’un diviseur à rifles qui permet de constituer les souséchantillons destinés à l’examen. L’évaluation du taux de semences pures pour déterminer la pureté technique et le dénombrement des graines d’espèces étrangères s’effectue selon les critères définis dans les directives de l’ISTA (ISTA 2011) et dans son manuel «Définition des semences pures» (ISTA 2010). Pour le blé, le triticale et le seigle, les semences entières (c’est-à-dire les caryopses) ainsi que les fragments de semences d’une taille supérieure à la moitié de la taille originale sont considérées comme des semences pures (ISTA 2011). Lorsqu’une semence d’une autre espèce végétale est trouvée dans l’échantillon, cette semence n’est enregistrée dans la catégorie espèces étrangères que si elle répond à la définition d’une semence pure de sa catégorie. Si tel n’est pas le cas, elle sera ajoutée à la fraction de matières inertes. Le test de faculté germinative consiste à tester des semences pures dans des conditions (eau, température, lumière) optimales et contrôlées. Les échantillons de variétés céréalières sans glumes et de production non biologique sont soumis à un traitement chimique pour tester la faculté germinative. Les semences d’origine biologique sont testées en cas de faculté germinative insuffisante ou à la demande du client, après un traitement avec Cerall (produit contenant la bactérie Pseudo monas chlorophoris). Après une réfrigération préliminaire de cinq jours à 10 °C et une période de trois jours à 20 °C, les germes et les semences non germées sont évalués selon les critères des directives de l’ISTA (ISTA 2011) et de son manuel pour l’évaluation des germes (ISTA 2009). Les germes sont classés en deux catégories: normaux et anormaux, et les semences non germées en trois catégories: mortes, dures ou fraîches. Contrairement aux germes anormalement développés, les germes
La certification des semences en Suisse ( 2005–2010) | Production végétale
normalement développés peuvent donner naissance à une plante de croissance vigoureuse. Sur les germes normaux, les organes sont parfaitement développés et bien proportionnés les uns par rapport aux autres ou ne présentent que des défauts minimes. En cas de croissance ralentie, la durée de l’essai peut se prolonger de la moitié de la durée initialement prévue pour les tests. En principe, les germes qui sont en retard mais ne présentent aucun défaut sont considérés comme normaux (ISTA 2011). Les semences fraîches sont des semences qui ont gonflé mais qui ne présentent aucun signe de croissance germinative. Les semences se situent dans la période de dormance. Lorsque la part de semences fraîches est supérieure à 5 %, leur viabilité est contrôlée à l’aide d’un test au tétrazolium. Si elles sont viables, elles sont classées comme fraîches. Sinon, elles sont classées comme mortes. Les semences dures sont celles qui n’ont pas absorbé d’eau dans les conditions appliquées. Cette catégorie est observée notamment chez les légumineuses. Un pourcentage maximal de semences dures est défini dans l’ordonnance et peut être additionné aux germes normaux (par exemple 20 % pour le trèfle violet).
besoins du laboratoire d’essais de semences (SPL) et l’a développé en conséquence. CertiPRO est un module complémentaire, intégré à LISA et profitant d’une navigation web. Il a été conçu sous l’égide de swisssem, en collaboration avec Agroscope et T&P. CertiPRO a été mis en service pour la campagne 2010 et remplace l’ancienne base de données Info-EM. Depuis 2010, toutes les espèces certifiables en Suisse sont ainsi représentées dans le système CertiPro, sauf le maïs. La production est gérée par CertiPRO de l’inscription jusqu’à l’admission. Les travaux administratifs se répartissent entre l’EM et le service de certification d’ART, car les données inhérentes à la production sont enregistrées par l’EM et mises à disposition d’ART. Cet article repose sur l’analyse des cinq dernières campagnes de production de semences. Une campagne de semences débute le 1er juillet et s’achève le 30 juin de l’année suivante. Les différentes campagnes sont désignées par 05/06, 06/07, 07/08, 08/09 et 09/10. Le premier chiffre se réfère à l’année du début de la campagne et le deuxième à l’année de fin de la campagne. En règle générale, les lots de semences sont soumis au contrôle de qualité au cours de leur année de production.
Base de données Les surfaces de production de semences sont répertoriées dans la base de données Info-EM et CertiPRO, logiciel de gestion de la certification des semences. Les résultats de qualité des échantillons proviennent du système de gestion de laboratoire (LIMS). LIMS est basé sur le logiciel standard LISA (Triestram et Partner T&P), qui est utilisé pour la partie administrative de l’enregistrement des échantillons jusqu’à l’établissement des attestations de certification. ART a adapté le logiciel aux
Résultats et discussion
7500
Surface admise (ha)
7000 céréales maïs trèfle violet graminées plantes protéagineuses
6500 300 200 100
06 05/
07 06/
08 07/
09 08/
10 09/
Figure 1 | Surfaces de production de semences reconnues pour la campagne 05/06 à 09/10 de céréales, maïs, trèfle violet, variétés de graminées et plantes protéiques.
Surfaces de production de semences en Suisse La surface des parcelles admises par les experts chargés de la visite des cultures est en moyenne de 7620 ha (fig. 1); pour les semences de céréales par exemple, cela représente 95 % de la surface inscrite. Le taux élevé d’admission lors de la visite des cultures montre que les producteurs accordent un soin particulier à la préparation des lits de semences dans ces parcelles et qu’ils consacrent le temps nécessaire à l’épuration des cultures. Un taux élevé d’admission à la visite des cultures est important pour pouvoir planifier la production en fonction des besoins. Lors de la campagne 09/10, la surface de production de semences était en recul de 4,5 % par rapport à 05/06. Ceci est dû au recul de 6,3 % de la surface de céréales, qui représente en moyenne la plus grande part de la surface totale de production de semences avec un pourcentage de plus de 92 %. Par rapport à la surface admise en 99/00 (données non publiées), la surface de céréales a reculé de 19 % en 09/10. L’essentiel des besoins en semences de céréales a néanmoins pu être couvert par la production indigène de semences, car les surfaces de cultures céréalières et en particulier de céréales fourragères étaient également en recul. Au cours des cinq dernières années, la surface de cultures céréalières a baissé de 9,5 % et celle de céréales fourragères de 24,7 %, pour
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Production végétale | La certification des semences en Suisse ( 2005–2010)
Tableau 3 | Nombre d'échantillons certifiés de lots de semences triées en cinq campagnes Campagne
05/06
06/07
07/08
08/09
09/10
Moyenne Pourcentage
[n]
[n]
[n]
[n]
[n]
[n]
[%]
Espèces de céréales Nombre d'échantillons triés
2494
2608
2400
2531
2248
2456
Nombre total d'échantillons non admis
99
159
147
91
49
109
4,4
à cause d'une faculté germinative insuffisante
56
103
97
45
23
65
2,6
à cause d'une proportion trop élevée d'autres espèces céréalières
37
53
45
41
23
40
1,6
à cause d'une proportion trop élevée d'espèces autres que des céréales
6
3
5
5
3
4
0,2
Nombre d'échantillons triés
59
47
32
51
42
46
Nombre d'échantillons non admis
5
3
8
3
2
4
9,1
à cause d'une faculté germinative insuffisante
3
3
8
2
2
4
7,8
à cause d'une proportion trop élevée d'autres espèces
2
0
0
1
0
1
1,3
97
99
107
93
87
97
Soja & pois protéagineux
Espèces de graminées Nombre d'échantillons triés Nombre d'échantillons non admis
15
20
11
7
3
11
11,6
à cause d'une faculté germinative insuffisante
11
20
8
4
2
9
9,3 2,1 0,2
à cause d'un pourcentage trop élevé de semences étrangères
4
0
3
2
1
2
à cause d'une pureté technique trop faible
0
0
0
1
0
0
Nombre d'échantillons triés
75
85
94
85
113
90
Nombre d'échantillons non admis
16
18
28
28
19
22
24,1
à cause d'une faculté germinative insuffisante
10
6
12
5
14
9
10,4
à cause d'un pourcentage trop élevé de semences dures
0
6
4
8
2
4
4,4
à cause d'un pourcentage trop élevé de semences étrangères
3
1
5
4
1
3
3,1
à cause d'une pureté technique trop faible
3
5
7
11
2
6
6,2
0
0
0
3
5
2
Espèces de trèfles
Autres espèces Nombre d'échantillons triés
atteindre 46 650 ha. Par conséquent, la demande de semences de céréales a baissé et a entraîné la réduction de la surface consacrée à la production de semences de céréales. Le nouveau système de paiements directs de la Confédération a pour but de contrer cette tendance en renforçant les grandes cultures de manière ciblée. Dans les conditions actuelles, cela aurait indirectement des répercussions positives sur la production de semences. Heureusement, les surfaces de production de semences d’espèces de plantes fourragères ont pu être étendues à 385 ha de 05/06 à 09/10 (+ 29 %). Cette évolution positive est due notamment au changement des conditions cadres. Depuis la récolte 2009, la production de semences de plantes fourragères est soutenue par la Confédération à raison de mille francs par hectare, ce qui rend la branche de production plus compétitive. En dépit d’importantes fluctuations de rendement (notamment pour le trèfle violet), qui demande une prise de
316
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 312–319, 2011
risque plus élevée de la part des producteurs, cette production reste une activité de niche intéressante qui couvre pour l’instant 8 % des besoins nationaux (presque 100 % pour le trèfle violet). De plus, la gamme des espèces pour lesquelles on produit des semences en Suisse a pu être étendue à 27 (campagne 09/10). Depuis peu, des semences de phacélie, de colza bio, de dactyle aggloméré et de lotier corniculé sont également produites, en quantités très limitées. Evolution du nombre d’échantillons certifiés Le nombre d’échantillons certifiés de lots de semences triées et non triées sur les cinq dernières campagnes représentait en moyenne 47 % du total des échantillons (6250) analysés par le laboratoire d’essais de semences ART (SPL). En moyenne, près de 2700 lots triés par campagne ont été soumis à la certification (tabl. 3). Parallèlement à l’évolution des surfaces, le nombre d’échan-
La certification des semences en Suisse ( 2005–2010) | Production végétale
Qualité des échantillons de certification La qualité des semences est très élevée. En moyenne des cinq dernières campagnes, 94,6 % des échantillons
300 250 Nombre d'échantillons
tillons des plantes fourragères a augmenté et celui des espèces céréalières a diminué. Le plus faible nombre d’échantillons de certification a été enregistré pendant la campagne 09/10. La dernière révision de l’ordonnance (juillet 2010) a abrogé l’obligation de soumettre les semences stockées à recertification et a étendu le poids des lots de 25 à 30 tonnes pour les céréales, ce qui a entraîné une nouvelle baisse du nombre d’échantillons. Cela s’est déjà manifesté lors de la campagne 10/11. Un quart des échantillons de céréales provenait de lots dont le poids était supérieur à 25 t. Les EM semblent profiter activement de cette plus grande marge de manœuvre pour optimiser leur production. Il n’est pas encore possible d’estimer les conséquences de la suppression de la recertification, car la qualité des semences stockées doit continuer à être contrôlée. Le groupe de coordination de swisssem s’y engage (communication d’Andreas Rüegger, directeur de swisssem). Swisssem mettra en place avec ART un système d’assurance qualité pour les céréales stockées, avantageux pour toutes les parties impliquées, et le proposera à sa clientèle. Par rapport à la campagne 05/06, on a constaté en 09/10 une baisse de 60 % des échantillons en provenance de lots non purifiés (données non publiées). Les échantillons certifiés non triés permettaient aux centrales de triage d’estimer la qualité de leurs semences avant le conditionnement. Après le triage, un nouvel échantillon doit être prélevé sur le lot et envoyé afin d’obtenir l’admission définitive. Pour des questions économiques, les EM considèrent qu’il est bon de restreindre ce double échantillonnage uniquement aux lots à risques. Dans la période considérée, le nombre d’échantillons certifiés de trèfles et de graminées a augmenté de 16 %, atteignant le niveau record de 200 unités pour la campagne 09/10. Etant donné les petites unités de production et les fluctuations de rendement de ces variétés, les lots d’une espèce sont mélangés pour former des lots composés et tirer parti des poids maximaux autorisés. C’est pourquoi le nombre d’échantillons n’a pas augmenté dans les mêmes proportions que les surfaces de production de semences. Le recul des lots de céréales est loin de pouvoir être compensé. Les contrôles de qualité des échantillons de semences de trèfle et de graminées exigent des connaissances spécialisées approfondies et demandent beaucoup plus de temps pour la préparation. Un échantillon de trèfle violet demande trois fois plus de temps qu’un échantillon de céréales.
200
sans rumex présence de rumex en dessous de la norme VESKOF présence de rumex dépassant la norme VESKOF
150 100 50 0
graminées
trèfles
Figure 2 | Présence de semences de variétés de rumex à feuilles larges dans les semences usuelles de variétés de trèfles et de graminées produites en Suisse.
envoyés pour la certification ont satisfait les exigences de l’ordonnance. Le taux d’admission variait suivant le groupe d’espèces de 96,6 % pour les céréales à 75,9 % pour les espèces de trèfles (tabl. 3). Les travaux d’entretien dans les cultures ainsi que les dispositifs et processus de triage contribuent directement à satisfaire les exigences de «pureté technique» et de «pourcentage d’espèces étrangères». En moyenne, 40 lots de céréales n’ont pas été admis à cause d’une proportion trop élevée d’autres espèces de céréales. Ce phénomène est sans doute dû au précédent cultural. Lorsqu’une multiplication de blé est suivie d’une production d’orge ou de triticale, on observe souvent des épis de blé dans les cultures ultérieures, car le déchaumage n’est pas toujours suffisamment efficace. Le potentiel de germination de ces céréales étrangères est considérable (75 %) comme l’a montré un essai du laboratoire d’essais de semences SPL (données non publiées). Durant la dernière campagne, les semences de céréales étrangères (n = 57) trouvées dans les échantillons envoyés a été également testée sur sa faculté germinative. Seul un quart des semences n’a pas germé. Les semences de blé, trouvées dans les échantillons d’orge ou de triticale, germaient bien. Comme le nombre de semences testées (n = 57) était très faible, cette question sera traitée de manière plus approfondie dans la nouvelle campagne. Pour la production indigène de semences d’espèces de trèfles et de graminées, swisssem a convenu avec ART d’appliquer des exigences de qualité plus strictes que celles prévues par l’ordonnance en ce qui concerne les semences de rumex, de cuscute et de folle avoine. Les normes de Swiss-Seed (normes VESKOF) et les poids d’analyse prescrits servent de référence. Par conséquent, le groupe de travail «Semences fourragères» de swisssem a également adapté les normes pour les visites de
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 312–319, 2011
317
Production végétale | La certification des semences en Suisse ( 2005–2010)
culture. Ce renforcement des directives a permis d’éviter la présence de semence de cuscute et de folle avoine dans les semences de trèfles et de graminées destinées à la commercialisation. Grâce aux normes plus strictes pour les visites de cultures, des semences de rumex n’ont été observées que dans quelques échantillons. Ainsi, 98,9 % des échantillons de graminées et 83,3 % des échantillons de trèfles étaient exempts de semences de rumex (fig. 2). Aucun échantillon certifié de graminées et seuls 4,4 % d’échantillons de trèfles ont dépassé la norme VESKOF pour la proportion de rumex. Pour juguler le développement des rumex, il vaut la peine d’éliminer les inflorescences avant la récolte. Pour toutes les espèces culturales, le refus des lots a été motivé principalement par une faculté germinative insuffisante. Ce paramètre présente des fluctuations annuelles marquées; en fonction des conditions météorologiques ou de la récolte, la part de germes normalement développés peut chuter à cause d’une infestation par les champignons, d’une germination sur pied ou d’une détérioration mécanique des grains. Pour les céréales, une faculté germinative insuffisante était responsable du refus des lots dans 59 % des cas en moyenne, sachant que les fluctuations annuelles étaient marquées, avec une valeur maximale de 66 % (07/08) et une valeur minimale de 47 % (09/10). Durant la campagne 09/10, le trèfle violet avait des problèmes massifs de faculté germinative. Dans les lots de semences affichant une faculté germinative trop basse, un très fort pourcentage de germes anormaux a été constaté. L’anomalie portait essentiellement sur la rupture des hypocotyles et en partie sur l’absence de racines principales. Ces problèmes pourraient être dûs à des dommages d’origine mécanique. De tels dommages ne peuvent que rarement être identifiés à l’œil nu sur les semences (Hill et al. 1998) et il est difficile de trouver l’origine du problème. En collaboration avec swisssem et les EM concernés, ART analyse la qualité des semences à divers stades: prélèvement manuel au champ, après battage, après triage. Ces analyses détaillées devraient contribuer à comprendre quand s’est produit l’impact mécanique. Semences de céréales de production biologique En moyenne, la surface de production de semences bio représente 5 % de la surface totale. Depuis 1995, le laboratoire SPL en collaboration avec le groupe de recherche ART «Protection écologique des plantes» étudie également l’état sanitaire des échantillons bio. Sur la base de l’infestation par les principales maladies transmises par les semences, ART indique au client si ses semences sont admises et si un semis non traité peut être recommandé. Depuis 2008, ART offre à ses clients la possibilité de faire
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Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 312–319, 2011
tester la faculté germinative des échantillons bio de semences traitées avec Cerall (matière active: bactérie Pseudomonas chlororaphis). Ce produit de traitement des semences, autorisé pour l’agriculture biologique, est efficace contre la carie ordinaire et partiellement efficace contre la moisissure des neiges.
Conclusions La certification des semences et le laboratoire d’essais de semences contribuent à garantir la qualité irréprochable des semences produites en Suisse et à préserver la plus-value spécifique des variétés tout au long des phases de multiplication, jusqu’à l’utilisation finale des semences. Le fait que le service de certification et le laboratoire d’essais de semences forment une unité organisationnelle au sein de la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART favorise les synergies et apporte des avantages certains pour la clientèle. Un laboratoire indépendant traitant un gros volume d’échantillons et une large gamme d’espèces est nécessaire. C’est la seule façon d’acquérir les connaissances spécifiques qui sont ensuite mises à disposition de la production indigène de semences, du commerce des semences ainsi que des programmes de sélection et du contrôle des variétés d’Agroscope. Le laboratoire d’essai des semences peut également contribuer à déterminer si et dans quelles proportions des plantes indésirables (p. ex. ambroisie, abutilon d’Avicenne) risquent d’être dissémnées par le biais des semences commercialisées dans le pays. Les contrôles de qualité montrent que le système de certification actuel est efficace et d’une qualité irréprochable. Ces avantages sont transmis à la base grâce notamment au marketing attrayant pratiqué par swisssem (semences Z). Ces aspects et la collaboration pragmatique de tous les acteurs impliqués font que le taux de renouvellement des semences en Suisse est très élevé (plus de 90 %). n
La certificazione delle sementi in Svizzera (2005 – 2010) Dal 2005 al 2010, in Svizzera sono state prodotte, in media, più di 50 000 tonnellate di sementi e tuberi-seme all'anno. La certificazione delle sementi e il laboratorio d'analisi per le sementi della Stazione di ricerca Agroscope Reckenholz-Tänikon ART fanno in modo che la produzione indigena sia di qualità ineccepibile e che le peculiarità specifiche delle diverse varietà restino intatte dalla fase di moltiplicazione fino al loro impiego. Durante le campagne dal 2005 al 2010 sono stati riconosciuti, in media, 7620 ettari di terreno per la produzione di sementi (tuberi-seme esclusi). Per i cereali, la professionalità e l'affidabilità dei produttori è dimostrata dall'elevata quota di riconoscimento dei terreni campi annunciati, che è del 95 per cento. Dalle verifiche del laboratorio di analisi delle sementi emerge che anche la qualità del raccolto è elevata, in particolare per i cereali, la cui percentuale di riconoscimento è del 95,6 per cento. Una collaborazione basata su competenze specialistiche e senso di responsabilità di tutti i partecipanti, nonché processi trasparenti ed efficienti costituiscono un presupposto per tenere alta la quota d’aggiornamento delle sementi. In questo modo la produzione di sementi indigena manterrà la propria qualità anche in futuro.
Summary
Riassunto
La certification des semences en Suisse ( 2005–2010) | Production végétale
Seed certification in Switzerland (2005 – 2010) An annual average of over 50,000 tons of seed and propagation material was produced in Switzerland between 2005 and 2010. Seed certification and the seed testing laboratory at Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Research Station help ensure that the quality of the seed produced in Switzerland is flawless and that variety-specific characteristics are retained throughout the propagation stages until seed usage. During the crop seasons of 2005 to 2010, an average of 7620 hectares were successfully tested for seed production (excluding seed potatoes). The high success rate of 95 % for cereals reflects the professionalism and reliability of producers. Seed testing laboratory analysis shows that crop quality is also excellent – particularly for cereals, with an acceptance rate of 95,6 %. A continuing high seed replacement rate is contingent upon all players collaborating on the basis of technical expertise and individual responsibility, and upon transparent and efficient processes. Thus the future domestic seed production will also remain of high quality. Key words: seed certification, field inspection, seed testing, quality insurance.
Bibliographie: ▪▪ Ordonnance sur les semences et plants (RS 916.151.1) du Département fédéral de l’économie (DFE). Accès: http://www.admin.ch/ch/d/ sr/9/916.151.1.de.pdf. [1er juillet 2010]. ▪▪ ISTA‚ 2011. International Rules for Seed Testing, édition 2011. Publié par The International Seed Testing Association (ISTA), 8303 Bassersdorf ▪▪ ISTA‚ 2010. ISTA Handbook on Pure Seed Definitions, 3e édition. Publié par The International Seed Testing Association (ISTA), 8303 Bassersdorf ▪▪ ISTA‚ 2009. ISTA Handbook on Seedling Evaluation, 3 e édition. Publié par The International Seed Testing Association (ISTA), 8303 Bassersdorf ▪▪ Hill M.J., Hampton J. G. & Hill K. A., 1998. Seed Quality of Grasses and Legumes. In: Forage Seed Production (Ed. D.T. Fairey & J. G. Hampton). CAB INTERNATIONAL, Oxon, UK, 219–242.
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P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés Daniel Suter1, Rainer Frick 2 et Hans-Ulrich Hirschi1 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich 2 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1 Renseignements: Daniel Suter, e-mail: daniel.suter@art.admin.ch, tél. +41 44 377 72 79
1
Figure 1 | Fétuque rouge (à gauche) et crételle des prés (à droite). Dessins tirés du manuel «Wiesengräser» de Walter Dietl et al., Landw. Lehrmittelzentrale, Zollikofen, 1998. (Dessins: Manuel Jorquera, Zurich. Tous droits réservés. Copyright: ADCF, Zurich. Avec l’aimable autorisation de l’ADCF.)
Introduction Fétuque rouge Dans les pâturages et prairies où on ne trouve plus de raygrass anglais à cause des conditions environnementales (régions trop sèches ou climat rude), la fétuque rouge (fig. 1) est une espèce gazonnante importante. La population de
320
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 320–327, 2011
la fétuque rouge (Festuca rubra aggr.), aux formes variées, comprend un grand nombre de sous-espèces. Dans la production fourragère, deux groupes morphologiques sont importants: – la fétuque rouge alpestre ou fétuque rouge gazonnante (F. nigrescens Lam.), qui forme des touffes épaisses et qui, comme son nom l’indique, se trouve plutôt en altitude;
Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés | Production végétale
Crételle des prés La crételle des prés (Cynosurus cristatus L.; fig. 1) se trouve dans les prairies et, surtout, dans les pâturages humides et frais. Plus l’altitude augmente, plus elle reprend la fonction qui est celle du ray-grass anglais
Résumé
– la véritable fétuque rouge (F. rubra L. s.str.), avec ses rhizomes souvent souterrains, également connue sous le nom de fétuque rouge traçante. La fétuque rouge traçante est la plus intéressante pour la production fourragère, car sa capacité d’engazonnement permet de combler les lacunes du peuplement végétal. Dans les mélanges, elle remplit la fonction de «garantie»: elle sert à combler le peuplement en cas de défaillance d’un des partenaires du mélange (fig. 2) et assure ainsi un rendement minimal (Mosimann et al. 2008). C’est pourquoi il est souhaitable que les variétés de fétuque sélectionnées aient un bon potentiel d’engazonnement et une force de concurrence élevée. En général, la fétuque rouge se développe mieux dans les prairies et pâturages moyennement maigres à moyennement riches en éléments nutritifs, dans des conditions d’exploitation peu à mi-intensives. Elle est favorisée par une hauteur de coupe pas trop basse et peut également supporter un régime d’exploitation intensif. La fétuque rouge est peu exigeante en température et en humidité.
Entre 2008 et 2010, les stations de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et Agroscope Changins-Wädenswil ACW ont examiné des nouvelles obtentions et des variétés recommandées de fétuque rouge et de crételle des prés. Les caractéristiques suivantes ont été évaluées sur la base de relevés systématiques: rendement, aspect général, vitesse d’installation, force de concurrence, persistance, tolérance aux conditions hivernales, résistance aux maladies foliaires et adaptation aux altitudes élevées. Pour la crételle des prés, la matière organique digestible a aussi été évaluée. Pour les deux espèces, aucune nouvelle obtention n’a atteint des résultats suffisants pour une recommandation. Malgré tout, la nouvelle obtention de fétuque rouge FR 0315 possède des caractéristiques particulières qui pourraient être utilisées avantageusement dans certains cas et ainsi justifier une recommandation. Malheureusement, la FR 0315 ne remplit pas encore toutes les exigences légales pour une mise en circulation et ne peut donc pas être recommandée pour l’instant. Toutes les variétés déjà recommandées ont été maintenues dans la Liste des variétés recommandées de plantes fourragères.
Figure 2 | Fétuque rouge dans le cadre d’essais à Oensingen: la fétuque rouge forme des peuplements très denses. A premier plan, les variétés Pran-Solas (à gauche) et Bargaret (à droite). (Photo: ART)
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 320–327, 2011
321
Production végétale | Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés
Tableau 1 | Caractéristiques des essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés 2008 – 2010 Fétuque rouge Nombre de répétitions Lieu (canton)
Altitude (m)
Date de semis
Culture pure1
Mélange2
2009
2010
Nombre de répétitions Culture pure3
Nombre de coupes pesées
Mélange 4
2009
2010
Changins, VD
430
07/05/2008
3
–
5
4
3
–
1
3
Reckenholz, ZH
440
08/05/2008
4
3
4
4
–
–
–
–
Reckenholz, ZH
440
15/04/2009 (resemé)
–
–
–
–
4
3
–
4
Oensingen, SO
460
09/05/2008
4
3
4
4
4
3
4
3
Ellighausen, TG
520
14/05/2008
4
3
4
4
4
3
4
4
Goumoëns, VD
630
14/05/2008
3
3
5
4
–
–
–
–
La Frêtaz, VD
1200
01/07/2008
4
–
–
–
4
2
–
–
Maran, GR
1850
06/06/2009
2
–
–
1
2
–
–
1
Culture pure: 240 g/are fétuque rouge (variété témoin pour la densité de semis: «Echo»). 2 Mélange : 180 g/are fétuque rouge (variété témoin pour la densité de semis: «Echo») + 10 g/are trèfle violet «Mont Calme» + 25 g/are trèfle blanc à grosses feuilles «Seminole» + 15 g/are trèfle blanc à petites feuilles «Sonja»
Culture pure: 200 g/are crételle des prés (variété témoin pour la densité de semis: «Cresta»). 4 Mélange: 150 g/are crételle des prés (variété témoin pour la densité de semis: «Cresta») + 10 g/are trèfle violet «Mont Calme» + 25 g/are trèfle blanc à grosses feuilles «Seminole» + 15 g/are trèfle blanc à petites feuilles «Sonja»
(Lolium perenne L.) sur le Plateau. Toutefois, la crételle des prés n’atteint pas le rendement du ray-grass anglais. Comme elle ne pousse pas très haut, son utilisation est limitée aux pâturages. Elle est par exemple employée dans les mélanges pour pâture comme espèce complémentaire afin de mieux préserver le peuplement des influences environnementales (Mosimann et al. 2008). Cette fonction stabilisante est particulièrement importante en altitude. Après le semis, la crételle des prés se développe plus lentement que le ray-grass anglais. Elle forme de petites touffes et souvent de courts rhizomes souterrains. Ces rhizomes ne suffisent généralement pas au maintien de l’espèce dans la composition botanique. C’est pourquoi il est important que les plantes puissent produire des graines, bien que les tiges rugueuses chargées d’épis soient refusées par le bétail. Les feuilles en revanche ont une bonne valeur fourragère et sont appréciées des animaux. Pour l’observateur il est souvent difficile de distinguer la crételle des prés du ray-grass anglais, car les feuilles de ces deux espèces se ressemblent beaucoup au premier abord. La crételle des prés n’est pas une plante exigeante, mais elle résiste mal à la sécheresse. Elle supporte bien les conditions hivernales, à l’exception des périodes de gel sévère.
Matériel et méthode
1
322
Crételle des prés
Nombre de coupes pesées
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3
Tests sur trois ans Entre 2008 et 2010, les stations de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et Changins-Wädenswil ACW ont testé huit variétés de fétuque et cinq variétés de crételle des prés, dont deux nouvelles sélections pour chaque espèce. Les sites expérimentaux (sept pour la fétuque rouge et six pour la crételle des prés) étaient répartis entre 430 m et 1850 m d’altitude, la majorité sur le Plateau. Les variétés ont été semées en cultures pures afin d’évaluer leurs principales propriétés agronomiques. De plus, chaque variété a été semée dans des mélanges contenant du trèfle rouge et du trèfle blanc pour estimer la force de concurrence. La part de rendement de la variété testée dans ces mélanges permettait en effet de déduire sa force de concurrence. Les données relatives à la situation géographique des essais et au semis sont répertoriées dans le tableau 1. A chaque pousse, les cultures pures ont reçu un apport de 40 à 50 kg d’azote par hectare, sous la forme de nitrate d’ammoniaque. Des quantités réduites (25 à 30 kg d’azote/ha) ont été appliquées sur les mélanges, car le trèfle fournit déjà une certaine quantité d’azote.
Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés | Production végétale
Pour intégrer plus facilement les caractéristiques examinées dans l’indice global, toutes les observations ont été notées sur une échelle de 1 à 9, 1 étant la meilleure note et 9 la plus mauvaise. Les différents critères (densité et vigueur des plantes – inclus dans l’aspect général –, vitesse d’installation, résistance aux maladies foliaires et tolérance aux conditions hivernales) ont été observés à plusieurs reprises et évalués selon l’échelle ci-dessus. La persistance correspond aux notes d’aspect général de la dernière coupe durant la deuxième année d’exploitation principale. Les notes de l’aspect général des variétés testées à plus de 1000 m permettent d’évaluer l’adaptation aux conditions d’altitude (fig. 3). Les rendements en matière sèche mesurés au champ ont été convertis en notes à l’aide de méthodes statistiques, pour les intégrer dans le calcul d’un indice global: le rendement moyen annuel d’une variété est comparé avec la moyenne de l’essai. S’il s’écarte d’un tiers de la plus petite différence significative (ppds) à 5 % par rapport à la moyenne de l’essai, il obtient une note de 4 en
cas de différence positive et de 6 en cas de différence négative. Si l’écart représente deux tiers de la ppds (5 %), la note est de 3 en cas de différence positive et de 7 en cas de différence négative. Pour un écart équivalent à la totalité de la ppds (5 %), la note est de 2 (différence positive) et de 8 (négative). Une note de 1, respectivement 9, est attribuée lorsqu’il y a une différence d’au moins une ppds entière au niveau de 1 %. Lors des trois premières coupes de la première année d’exploitation principale, des échantillons ont été prélevés dans les cultures pures de crételle des prés sur le site d’Oensingen afin de déterminer la teneur en matière organique digestible (MOD). Les analyses de laboratoire ont été effectuées par spectrophotométrie à infrarouge (Norris et al. 1976.). La digestibilité a été exprimée en g de matière organique digestible par kg de matière sèche. Les valeurs obtenues ont été calibrées en utilisant du jus de panse, d’après la méthode de Tilley et Terry (1963). Les valeurs mesurées ont ensuite été converties en notes à l’aide de la même méthode qu'avec le rendement.
Figure 3 | Crételle des prés à 1850 m d’altitude en première pousse. Au premier plan, la variété Rožnovská. (Photo: ART)
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323
Production végétale | Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés
Tableau 2 | Essais variétaux de fétuque rouge: provenance, indice de précocité et classement des variétés testées N° Variété
Requérant, pays
Indice de précocité1
Classement2
1
Echo
DLF-Trifolium, DK
51b
1
2
Roland 21
SZ Steinach, D
51b
1
3
Reverent
SZ Steinach, D
51b
1
4
Bargaret
Barenbrug, NL
52a
1
5
Tagera
Tagro, CZ
51a
1
6
Pran-Solas
Schweizer, CH
52a
1
7
FR 0315
DSP/ART, CH
51b
3
8
FRR 04206
EURO GRASS, D
51b
3
Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées. 1 Indice de précocité : période à laquelle débute l'épiaison à Changins. Le premier chiffre indique le mois, le second la décade et la lettre la partie de la décade (a = début; b = fin). Exemple : 52a = 11 – 15 mai.
Classement (sur la base des résultats des essais): Classe 1: variété recommandée en Suisse. Classe 3: variété moyenne, sans caractéristiques particulièrement intéressantes.
2
La note de la force de concurrence se calcule à partir de la part de la variété à tester dans le rendement total du mélange, selon la formule: Note = 9 – 0,08 × pourcentage de rendement L’évaluation globale d’une variété permet d’obtenir un indice global pondéré à partir de tous les critères relevés. Pour la fétuque rouge, le rendement, l’aspect général, la force de concurrence, la persistance, la digestibilité et l’adaptation aux conditions d’altitude comptaient double dans ce calcul. Pour la crételle des prés, la résis-
tance aux conditions hivernales et la digestibilité comptaient elles aussi double. Une variété peut être admise dans la «Liste des variétés recommandées de plantes fourragères» (Frick et al. 2010) lorsque son indice se situe au moins 0,20 points en dessous (valeur inférieure = meilleure) de la moyenne des variétés recommandées jusqu’ici (variétés témoins). Une variété peut également être recommandée si elle présente des propriétés particulièrement précieuses, même si elle n’atteint pas tout à fait l’indice nécessaire à la recommandation. En revanche, une ancienne variété recommandée est radiée de la liste lorsque son indice dépasse de plus de
Tableau 3 | Résultats des essais variétaux de fétuque rouge 2008 – 2010
N°
Variété
1
Echo
Rende- Aspect Vitesse Force de Persistance* ment1* général* d'intallation concurrence*
3,8
3,4
3,6
Résistance/tolérance aux conditions hivernales
Maladies foliaires
Indice
3,83
4,3
3,6
4,7
2,4
4,5
2
Roland 21
5,0
3,5
4,1
3,9
4,2
4,4
2,4
3,5
3,94
3
Reverent
4,6
3,8
4,6
3,5
3,1
5,6
2,4
4,7
4,00
4
Bargaret
4,3
3,9
4,6
4,2
4,1
5,1
2,9
4,5
4,19
5
Tagera
5,4
3,9
4,3
3,5
4,5
5,5
2,2
4,3
4,27
6
Pran-Solas
5,7
4,0
3,6
3,8
4,5
5,4
2,4
4,1
4,28
Moyenne des témoins
4,8
3,8
4,1
3,9
4,0
5,1
2,5
4,2
4,08
7
FR 0315
5,0
3,7
3,2
3,2
4,0
5,3
3,0
4,0
3,94
8
FRR 04206
6,0
3,8
2,9
3,6
4,3
5,4
2,0
3,5
4,05
Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées (témoins). Notes: 1 = très élevé, très bon; 5 = moyen; 9 = très faible, très mauvais. 1 Notes de rendement de 5 lieux avec 4 à 5 coupes pesées en 2009 et de 6 lieux avec 1 à 4 coupes pesées en 2010. *Caractéristiques comptant double dans le calcul de l'indice.
324
Adaptation à l'altitude*
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 320–327, 2011
Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés | Production végétale
Tableau 4 | Essais variétaux de crételle des prés: provenance, indice de précocité et classement des variétés testées N0
Variété
Requérant, pays
Indice de précocité1
1
Classement2
Rožnovská
Tagro, CZ
53a
1
2
Lena
HBLFA, AT
53b
1
3
Cresta
DSP/ART, CH
53a
1
4
CC 0405
DSP/ART, CH
53b
4
5
CC 0105
DSP/ART, CH
53b
4
Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées. 1 Indice de précocité: p ériode à laquelle débute l'épiaison à Changins. Le premier chiffre indique le mois, le second la décade et la lettre la partie de la décade (a = début; b = fin). Exemple : 53b = 26 – 31 mai. 2 Classement (sur la base des résultats des essais): Classe 1: variété recommandée en Suisse. Classe 4: variété ne convenant pas à la culture en Suisse.
Dépassant toutes les autres, la variété Echo a une fois encore obtenu de très bons résultats, notamment grâce à de bonnes notes pour le rendement, l’aspect général et la persistance. Tagera et Pran-Solas, qui présentaient des faiblesses pour ces mêmes propriétés importantes, ont maintenu de justesse leur inscription sur la liste recommandée, en dépit de très bons résultats pour la force de concurrence. Tagera a par exemple obtenu une note de rendement de seulement 5,4, et Pran-Solas de 5,7 (tabl. 3). La différence est considérable par rapport à la note de 3,8 obtenue par Echo. Pour l’aspect général et la persistance, les différences étaient moins marquées.
0,20 point l’indice standard (valeur supérieure = résultat plus mauvais). En outre, une variété ne peut pas être recommandée si elle dépasse de 1,50 points ou plus la moyenne du standard sur un des critères importants.
Résultats et discussion Fétuque rouge: situation difficile Toutes les variétés déjà recommandées ont atteint un indice permettant de maintenir leur recommandation (tabl. 2), même si le classement a quelque peu varié par rapport aux derniers tests (Suter et al. 2004).
Tableau 5 | Résultats des essais variétaux de crételle des prés 2008 – 2010
No
Variété
Rendement1*
Aspect Vitesse Force de généd'intallation concurrence* ral*
Persistance*
Résistance/tolérance aux Conditions hivernales
Maladies foliaires
MOD2*
Adaptation à l'altitude*
Indice
1
Rožnovská
1,8
3,5
5,4
5,1
4,3
4,5
3,3
5,0
4,0
4,06
2
Lena
4,5
3,6
4,7
5,5
4,1
4,2
3,8
5,7
3,0
4,34
3
Cresta
6,3
4,4
5,4
5,6
5,3
4,9
4,3
4,3
3,7
4,92
Moyenne des témoins
4,2
3,8
5,2
5,4
4,6
4,6
3,8
5,0
3,6
4,44
4
CC 0405
6,8
4,4
4,5
6,2
5,4
4,4
4,3
5,0
3,4
4,97
5
CC 0105
7,3
5,5
6,4
6,5
6,2
5,8
3,9
5,3
4,3
5,73
Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées (témoins). Notes : 1 = très élevé, très bon; 5 = moyen; 9 = très faible, très mauvais 1 Notes de rendement de 3 lieux en 2009 et de 5 lieux en 2010 avec 1 à 4 coupes pesées. 2 MOD = matière organique digestible: moyenne de 3 prélèvements en 2009 à Oensingen. *Caractéristiques comptant double dans le calcul de l'indice.
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 320–327, 2011
325
Production végétale | Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés
Echo a obtenu une note de 3,4 pour l’aspect général et s’est classée à la deuxième place pour la persistance avec une note de 3,6. Parmi les nouvelles sélections, FR 0315 n’a pas totalement atteint l’indice standard, avec une note de 5,0 pour le rendement, mais était tout à fait au niveau de l’indice standard pour l’aspect général et la persistance. Pour la force de concurrence, la FR 0315 a obtenu la meilleure note de la série d’essai et est arrivée en deuxième position pour l’adaptation à la haute altitude. Par conséquent, FR 0315 a obtenu le deuxième meilleur indice global de la série d’essai, ce qui n’a néanmoins pas suffi pour obtenir une recommandation. Dans ce cas précis, il serait bon de se demander si cette variété ne pourrait pas remplir une fonction importante en dépit de certaines faiblesses: la FR 0315 est issue de matériaux réunis en Suisse, ce qui est particulièrement positif pour la fétuque rouge. Cette variété pourrait être employée notamment dans les prairies mises en place à partir de mélanges de graminées et de trèfle blanc longue durée, afin d’être transférée ultérieurement dans des peuplements pérennes. Pour une question de protection des ressources génétiques de la fétuque rouge, il est préférable d’utiliser du matériel indigène à cette fin plutôt que des variétés de fétuque rouge d’origine inconnue. Au moment d'imprimer cet article, les conditions n’étaient pas encore réunies pour inscrire la variété FR 0315 dans le catalogue officiel des variétés. C’est la raison pour laquelle cette variété ne peut pas encore être recommandée en dépit de ses propriétés de grande valeur. Crételle des prés: la base reste maigre Avec seulement trois variétés de crételle des prés recommandées, l’approvisionnement en semences de variétés sélectionnées est tout juste assuré pour cette espèce (tabl. 4). Parmi les trois variétés recommandées, Rožnovská et Lena se démarquent nettement de Cresta. Pour le rendement, l’aspect général et la persistance, Rožnovská et Lena occupent les deux premières places des cinq variétés testées (tabl. 5).
326
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 320–327, 2011
Hélas, les deux nouvelles sélections CC 0105 et CC 0405 n’ont pas été convaincantes. Elles ont obtenu des notes moins bonnes que l’indice standard pour presque tous les paramètres – surtout pour la force de concurrence et le rendement – et ne seront donc pas recommandées. Elles ne peuvent donc pas remplacer la variété Cresta, qui n’a pas atteint l’indice global nécessaire au maintien de la recommandation et qui, avec une note de rendement de 6,3 a obtenu un résultat plus mauvais que l’indice standard (+ 1,5 points). Cette variété a été initialement admise dans la liste des variétés recommandées pour garantir la disponibilité de variétés sélectionnées. Pour cette même raison et en dépit de ses faiblesses, la variété Cresta est maintenue dans la Liste des variétés recommandées de plantes fourragères.
Conclusions Les rares nouvelles sélections inscrites aux tests pour les deux espèces considérées semblent confirmer la tendance à abandonner, ou tout au moins à restreindre, en raison de leurs coûts élevés, les programmes de sélection des «petites espèces», c’est-à-dire des espèces où la demande internationale de semences est faible. Sans compter le petit nombre de nouvelles sélections disponibles, la qualité moyenne des variétés de ces espèces augmentera sans doute moins rapidement que celui des espèces plus importantes pour l’agriculture. n
Risultati dei test varietali su festuca rossa e coda di cane Dal 2008 al 2010, le stazioni di ricerca Agroscope Reckenholz-Tänikon ART e Agroscope Changins-Wädenswil ACW hanno esaminato l'idoneità alla coltivazione di novità varietali e varietà raccomandate di festuca rossa e coda di cane. Per valutare le varietà sono state prese sistematicamente in considerazione le seguenti caratteristiche: resa, aspetto generale, precocità, forza di concorrenza, persistenza, idoneità allo svernamento, resistenza a malattie fogliari e idoneità alla coltivazione ad alta quota. Nel caso della coda di cane è stata determinata anche la digeribilità della sostanza organica. In entrambi i casi nessuna delle novità varietali ha ottenuto i risultati necessari per una raccomandazione. Ciononostante, la novità varietale di festuca rossa FR 0315 possiede particolari proprietà che, in determinati casi, potrebbero essere utilizzate in modo più vantaggioso, giustificando così una raccomandazione. Purtroppo FR 0315 non adempie ancora tutte le condizioni legali per l'immissione in commercio in Svizzera. Ciò impedisce una raccomandazione al momento. Le varietà già raccomandate saranno mantenute nella Lista delle varietà raccomandate di piante foraggiere.
Summary
Riassunto
Essais variétaux de fétuque rouge et de crételle des prés | Production végétale
Results of red fescue and crested dogstail variety trials From 2008 to 2010, the Agroscope Reckenholz-Tänikon ART and Agroscope Changins-Wädenswil ACW research stations tested new breeds and recommended varieties of red fescue and crested dogstail. The evaluation of the varieties was based on systematic observations of yield, vigour, juvenile development, competitive ability, winter hardiness, resistance to leaf diseases and the ability for cultivation at higher altitudes. In addition, the digestible organic matter of crested dogstail was evaluated. No new breed attained results allowing for recommendation. Nevertheless, the particular characteristics of the new breed of red fescue FR 0315 may provide a benefit in certain cases and thus justify recommendation. Unfortunately, FR 0315 does not meet all legal requirements for trade yet and thus cannot be recommended at this time. All the varieties recommended so far are still recommended. Key words: Festuca rubra, Cynosurus cristatus, red fescue, crested dogstail, variety testing, yield, digestibility, persistence.
Bibliographie ▪▪ Frick R. , Bertossa M., Suter D. & Hirschi H. U., 2010. Liste 2011– 2012 des variétés recommandées de plantes fourragères. Recherche Agronomique Suisse 1 (10), 1–16. ▪▪ Mosimann E., Frick R., Suter D. & Rosenberg E., 2008. Mélanges standard pour la production fourragère: Révision 2009–2012. Revue suisse Agric. 40 (5), 1–12. ▪▪ Norris K. H., Barnes R. F., Moore J. E. & Shenk J. S., 1976. Predicting forage quality by infrared reflectance spectroscopy. Journal of Animal Science 43, 889–897. ▪▪ Suter D., Briner H. U., Mosimann E. & Stévenin L., 2004. Sortenversuche mit Wiesenschwingel und Rotschwingel. Agrarforschung 11 (7), 274–279. ▪▪ Tilley J. & Terry R., 1963. A two stage technique for the in vitro digestion of forage crops. Journal of the British Grassland Society 18, 104–111.
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327
P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Recherche-action: les arboriculteurs à la recherche de solutions Esther Bravin1, Mirjam Blunschi1, Markus Leumann2, Ueli Straub3, Timo Hirrle 4, Johannes Hanhart3, Richard Hollenstein5 et Bea Steinemann3 1 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil 2 Service de l’agriculture du canton de Schaffhouse, Charlottenfels, 8212 Neuhausen am Rheinfall 3 Agridea, Eschikon 28, 8315 Lindau 4 Centre de compétences d’Obstbau-Bodensee, Schuhmacherhof, D-88213 Ravensburg 5 Canton de St-Gall, Landwirtschaftliches Zentrum SG, 9230 Flawil Renseignements: Esther Bravin, e-mail: esther.bravin@acw.admin.ch, tél. + 41 44 783 62 44
Visite d’un verger de pommiers, Allemagne du Sud. (Photo: Johannes Hanhart, AGRIDEA)
Introduction Le projet «Gestion d’exploitation dans l’arboriculture» a été lancé en 2009 dans le cadre du programme Interreg IV. Son but: développer les capacités de gestion d’exploitation dans l’arboriculture fruitière professionnelle dans la région du Lac de Constance. Il est mené conjointement par huit partenaires des cantons de Thurgovie, de St-Gall et de Zurich ainsi que de la région du Bade-Wurtemberg en Allemagne du Sud. La recherche (Agroscope Changins Wädenswil ACW et le Centre de compétences
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Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 328–333, 2011
d’Obstbau-Bodensee KOB) y est impliquée au même titre que la vulgarisation (Centrale de vulgarisation agricole AGRIDEA et les services de vulgarisation des cantons de Thurgovie et de St-Gall) et des institutions privées de conseil fiscal (Agrotreuhand Thurgau, Steuerbüro Waggershauser et Steuerberatungsgesellschaft Schneken burger). Cette hétérogénéité comporte des avantages. Les conseillers fiscaux et les conseillers en arboriculture cantonaux sont en contact direct avec la pratique. Ils peuvent motiver les arboriculteurs à prendre une part active au projet. Ils savent où ceux-ci connaissent des dif-
Recherche-action: les arboriculteurs à la r echerche de solutions | Production végétale
Centre professionnel et de formation BBZ
Résumé
ficultés et comment un projet dans le domaine de la gestion d’exploitation peut leur apporter un soutien utile. La vulgarisation peut quant à elle transmettre à la pratique les résultats du projet en vue de leur mise en œuvre. La recherche assume enfin un rôle important de mise à disposition des informations, de développement de sujets et de publication des résultats. Le projet «Gestion d’exploitation dans l’arboriculture» est né de la collaboration au sein du projet Interreg-III Bogo – Bodensee Gemüse und Obst (projet concernant les cultures maraîchères et fruitières dans la région du Lac de Constance) et de la collaboration existant depuis 2004 entre recherche, vulgarisation et pratique dans le cadre du projet «Support Obst Arbo» (SOA). Lors d’une première rencontre du projet sur territoire suisse et allemand de part et d’autre du Lac de Constance, les partenaires ont commencé par formuler des buts communs pour le projet global «Gestion d’exploitation dans l’arboriculture». Ces buts devront être atteints via quatre projets partiels dans lesquels les partenaires s’engagent avec leurs compétences propres, mais avec un budget temps variable. Étant donné que près de 50 % des fonds nécessaires sont fournis par les partenaires et 50 % par Interreg, les buts du projet devraient coïncider avec les domaines dans lesquels les partenaires travaillent. Le projet a été formulé autant que possible dans une perspective à long terme, ce qui signifie qu’à l’avenir, quelques projets partiels seront reconduits sans le financement d’Interreg. De plus, dès la phase de planification, un fort accent a été mis sur le transfert de connaissances à la pratique.
Dans le cadre du programme Interreg «Gestion d’exploitation dans l’arboriculture» visant à promouvoir les compétences en la matière des arboriculteurs fruitiers de la région du Lac de Constance, 90 arboriculteurs d’Allemagne et de Suisse ont eu l’occasion d’identifier les enjeux du futur. Ces enjeux ont été abordés à l’aide de la méthode «recherche-action», par la formation de cercles de travail permettant des échanges entre les acteurs de part et d’autre de la frontière. Les informations obtenues permettront d’élaborer un guide pratique à l’usage des arboriculteurs fruitiers de la région du Lac de Constance, à des fins de vulgarisation et de formation.
Les quatre projets partiels ou volets du projet global figurent ci-après. ••1er volet ⇒ Comptabilité & gestion de parcelles ••2e volet ⇒ Outil de controlling ••3e volet ⇒ Conseil & instruction ••4e volet ⇒ Service de documentation & organisation administrative Le présent rapport est consacré au 3e volet «Conseil et instruction».
Fiduciaire Waggershauser, Überlingen
Forschungsanstalt Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW
Fiduciaire Sàrl Dr. Schekenburger, Ravensburg
Allemagne
Suisse
Autriche
Centre agricole LZSG St.-Gall
Figure 1 | Régions concernées par le projet et partenaires du projet.
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 328–333, 2011
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Production végétale | Recherche-action: les arboriculteurs à la r echerche de solutions
Compétences des arboriculteurs Demain comme aujourd’hui, pour réussir en arboriculture fruitière, les producteurs devraient disposer de compétences dans les domaines suivants: ••Technique de production: la culture de nouvelles variétés, par exemple, exige de bonnes techniques culturales; les produits phytosanitaires sont à utiliser après une évaluation compétente de la situation climatique, de la pression des maladies et du risque de développement de résistances; pour la régulation de la charge, il faut tenir compte de l’influence du climat et des spécificités de chaque variété. ••Organisation: 60 % de l’ensemble des travaux à effectuer dans les vergers fruitiers (Arbokost 2010) se font entre août et octobre. L’importante charge de travail est assumée principalement par du personnel externe, ce qui engendre des frais salariaux. L’organisation est très importante si l’on veut éviter le travail à vide et les temps morts, réaliser de bonnes récoltes et atteindre un bon rendement du travail. ••Stratégie: la production fruitière se planifie sur 15 à 20 ans. Les décisions doivent être prises selon une vision à long terme, elles doivent être cohérentes et conserver leur validité dans le futur. ••Finances/gestion d’exploitation: les investissements dans l’arboriculture fruitière se situent entre 60 000 CHF/ha (pommes) et 130 000 CHF/ha (cerises) (total des fonds investis à fin de la 3e année de plantation, Arbokost 2010). Ces investissements conséquents supposent donc de bonnes compétences en matière de finances et de gestion d’entreprise. Les arboriculteurs sont par ailleurs confrontés à un défi supplémentaire: ils ne reçoivent l’argent de leur production que lorsque les fruits sortent de l’entrepôt. Autrement dit, 10 mois peuvent s’écouler entre la récolte et le moment où ils seront rétribués. Ils doivent surmonter cette période et engager leurs fonds de manière judicieuse pour disposer entre-temps des liquidités nécessaires à couvrir au moins leurs dépenses à court terme, mais essentielles (p. ex. main-d’œuvre). Les arboriculteurs sont par ailleurs sans cesse confrontés à de nouveaux défis, par exemple, en Suisse, à l’éventualité d’un libre échange agro-alimentaire avec l’UE, ou à des maladies encore relativement nouvelles (feu bactérien, sharka, etc.). La libre circulation des travailleurs à partir du mois de mai 2011 entre 8 pays de l’UE pourrait causer des problèmes à l’agriculture allemande (Huber 2011). Or, sans l’implication des producteurs, la recherche et la vulgarisation ne peuvent ni l’une ni l’autre définir
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Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 328–333, 2011
avec précision les besoins les plus urgents des arboriculteurs et le soutien dont ils ont besoin pour pouvoir continuer à produire des fruits de manière rentable. Dans le but d’identifier les principaux de ces défis et de développer des solutions qui soient également applicables par les producteurs, on a opté dans le projet Interreg-IV «Gestion d’exploitation dans l’arboriculture» pour l’approche de la recherche-action, une méthode déjà appliquée dans le projet «Lait de montagne» (Durgiai et al. 2008). La «recherche-action» selon Moser (1997) a été décrite par Stähli et Egli-Schaft (2008) comme étant basée sur un modèle cyclique qui comporte les quatre éléments suivants: ••Collecte d’informations: inventaire des informations venant du groupe et du savoir théorique portant sur le sujet considéré. ••Discussion: le groupe analyse et remet en question les informations en se référant à ses propres expériences. Le groupe est accompagné par des chercheurs/experts qui peuvent fournir des recommandations et proposer des alternatives quand il s’agit de prendre des décisions. ••Orientation de l’action: pour l’action sur le terrain, on détermine un consensus minimal avec certaines règles. ••Action: concrétisation des résolutions prises. ••La concrétisation devrait donner de nouvelles impulsions pour les cycles futurs. Workshop days Pour identifier les principaux défis auxquels l’arboriculture fruitière de la région du Lac de Constance sera confrontée ces cinq prochaines années, les producteurs ont été invités dans un premier temps à participer à des journées de travail (ateliers ou workshop days): celles-ci se sont déroulées fin 2009 et ont permis de recueillir de premières informations auprès des producteurs. 90 producteurs de fruits, dont 67 du côté suisse et 23 du côté allemand du lac de Constance, ont participé à cinq ateliers (voir figure ci-dessous). Les 90 producteurs en question représentent presque le 20 % de tous les producteurs de fruits sur le territoire helvétique du projet (les cantons de Zurich, de Thurgovie et de St-Gall totalisent 472 exploitations arboricoles de plus de 1 ha de cultures fruitières; OFAG 2011). Du côté allemand du Lac de Constance, on compte 1759 producteurs de fruits, ce qui fait que le taux de représentativité de la région allemande était d’environ 1 % (MLR 2011). Au cours des ateliers, les producteurs ont pu répondre aux questions suivantes: ••Selon vous, à quels défis serez-vous confronté ces cinq prochaines années?
Recherche-action: les arboriculteurs à la r echerche de solutions | Production végétale
12% 6%
Zurich (CH) n = 14 4%
Thurgovie (CH) n = 37 6% 17% 11%
St-Gall (CH) n = 16
30%
21% 25%
6% 14%
3% 5%
15%
18%
6%
14% 32%
37%
14%
4% Aménagement du territoire et croissance des exploitations Gestion du personnel
Bade-Wurtemberg - Bodman (D) n=8
Bade-Wurtemberg - Bavendorf (D) n = 15
8% 8%
24%
16% 4%
50%
17%
Commercialisation et écoulement Pression / chute des prix
4%
17%
Productivité et productivité du travail Organisation et collaboration Équilibre personnel
20% 28%
4%
Reprise Variétés Autres
Figure 2 | Résultats des ateliers (workshop days).
••Comment entendez-vous y réagir ? ••De quel type de conseils avez-vous besoin à cet effet ? Les producteurs pouvaient identifier d’abord en groupe des défis importants. À la fin de l’atelier, chaque participant pouvait déclarer deux thèmes prioritaires. Les thèmes priorisés sont représentés à la figure 2. Les résultats révèlent ici quelques différences entre les exploitations suisses et allemandes: Les résultats obtenus aux ateliers de St-Gall, de Thurgovie et de Zurich montrent que les producteurs sondés considèrent l’aménagement du territoire et la croissance des exploitations ainsi que la gestion du personnel et la productivité du travail comme leurs principaux défis des années à venir. Les résultats des ateliers allemands montrent que l’équilibre personnel travail / vie privée ainsi que la productivité, la pression sur les prix et la conduite du personnel sont considérés comme les plus grands défis de ces prochaines années. La question variétale semble être particulièrement importante pour les producteurs de fruits du canton de Thurgovie et de la région de Bodman (D). La commercialisation et l’écoulement sont des thèmes importants pour les producteurs du canton de Zurich.
Mettre l’accent sur les groupes de travail Les défis identifiés par les producteurs ont été regroupés par thèmes, ce qui a permis de définir les domaines de travail suivants: ••Planification de l’exploitation, gestion du temps et collaboration. ••Rationalisation, mécanisation, efficience dans le travail. ••Conduite du personnel, coût de la main d’œuvre, recrutement du personnel. ••Choix des variétés et des porte-greffes, systèmes de culture. ••Prévisions d’avenir, reprise, qualité de vie. Au début de l’année 2010, les producteurs de fruits de Suisse et d’Allemagne ont pu s’inscrire pour participer aux groupes de travail. De 2010 à 2011, les cinq groupes ont travaillé en parallèle, selon des méthodes analogues. Pour chaque groupe, 4 à 5 rencontres étaient prévues. Lors de la première rencontre, les participants ont pu encore une fois cibler et pondérer certains domaines thématiques. Des thèmes concrets ont été définis à partir des domaines thématiques généraux des ateliers. Des règles de collaboration ont été fixées dans chaque groupe de travail:
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Production végétale | Recherche-action: les arboriculteurs à la r echerche de solutions
confidentialité des entretiens, établissement d’un «pv-photo» et obligation de participer. Jusqu’au printemps 2011, 18 rencontres ont eu lieu dans le cadre des groupes de travail. Le nombre des participants variait entre 5 et 15 personnes, selon le cercle et les ateliers. Déroulement des discussions dans les groupes de travail Les groupes de travail étaient conduits par des collaborateurs des partenaires du projet. Autrement dit par AGRIDEA, le KOB, les services de vulgarisation des cantons de St-Gall et de Thurgovie, par AT-Thurgau ou par ACW. Une équipe mixte de deux à trois personnes était responsable de chaque groupe. Les groupes de travail ont été conçus de manière à ce que les arboriculteurs déterminent à chaque rencontre le thème de la prochaine rencontre. Ils pouvaient en outre se donner eux-mêmes des «devoirs» concernant leur propre situation dans le verger sur le thème abordé. La récolte est un exemple de thème traité dans le groupe de travail «Rationalisation, mécanisation, efficience dans le travail». Les producteurs ont fait des photos de leur propre récolte, et lors de la prochaine rencontre, les avantages et inconvénients des différentes stratégies de récolte ont été discutés sur la base des clichés. Les rencontres des groupes de travail avaient lieu sur les exploitations des participants, en Allemagne ou en Suisse. Toutes les rencontres des groupes de travail se déroulaient à peu près comme suit: 1. Accueil 2. Prise de température (p. ex. «ce qui me préoccupe actuellement, c’est…») 3. Partie informative: contributions sous forme d’exposés présentés par des experts et/ou présentation d’expériences/de connaissances par les arboriculteurs 4. Discussion et échange sur les contenus de la partie informative 5. Consolidation de l’acquis qui émerge de la discussion (p. ex. «contributions à retenir») 6. Tour du verger 7. Réactions destinées à l’hôte (chef de l’exploitation), avec focalisation sur le thème du jour 8. Discussion finale 9. Choix des thèmes de la prochaine rencontre 10. Tour de table: chaque producteur résume la rencontre en une phrase (p. ex. les idées à retenir, ce qu’il/elle va utiliser pour son exploitation…) Les participants reçoivent le de l’atelier. Celui-ci leur sert d’aide-mémoire contenant les informations générales discutées et le savoir consolidé. Les groupes de travail se sont en outre penchés sur les questions de la mise en œuvre et des liens avec la pratique. L’arboriculteur
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devrait être ainsi en mesure de transposer dans son travail les expériences et le savoir acquis dans le cadre du groupe de travail. De plus, les producteurs de fruits se sont imposé eux-mêmes des «devoirs» collectifs dans le cadre des groupes de travail, afin de se motiver à agir sur leur propre exploitation. Guide pratique Les informations définies par les arboriculteurs et saisies dans les procès-verbaux permettront d’élaborer un guide pratique à l’usage des praticiens en arboriculture fruitière dans la région du Lac de Constance, en Allemagne et en Suisse. Ce guide doit servir d’aperçu des thèmes d’actualité importants pour la pratique. Comme il contient des ébauches de solution pour les défis de la branche fruitière, il devrait accompagner tout arboriculteur actif. Celui-ci devrait pouvoir y trouver des informations importantes sur des thèmes spécifiques comme l’aménagement du territoire, la récolte, les variétés, la collaboration, etc. Le guide structuré par thèmes résumés en quelques mots selon le plan suivant: ➢ Pourquoi ce thème est-il important? ➢ Défi pour le chef d’exploitation ➢ Situation: Allemagne et Suisse ➢ Quels sont les arguments pour? ➢ Quels sont les arguments contre? ➢ Check-list de décision ➢ Remarques sur les informations disponibles
Conclusions Les producteurs qui ont participé aux rencontres des groupes de travail ont fort apprécié l’échange transfrontalier avec des collègues de la profession. Ils ont pu constater des similitudes et des différences, et ils en ont tiré des enseignements. De nombreux arboriculteurs ont apprécié le fait que les rencontres des groupes de travail aient lieu sur des exploitations d’autres producteurs. La présentation et la gestion des vergers et des exploitations de leurs collègues leur ont permis d’élargir leur savoir de manière appréciable. Une partie des arboriculteurs ayant participé aux cercles de travail souhaitent pouvoir continuer de travailler ensemble sur des thèmes spécifiques dans le cadre d’ateliers. Les thèmes proposés par les producteurs étaient souvent très spécifiques. La mise à disposition des informations probantes et utiles présentées dans les exposés a été un véritable défi. Vu la diversité des thèmes, l’élaboration d’un guide pratique s’avère difficile. On peut dire que dans le projet Interreg-IV «Gestion d’exploitation dans l’arboriculture», la n méthode de la recherche-action a fait ses preuves.
Ricerca mirata: frutticoltori alla ricerca di soluzioni Nell’ambito del progetto Interreg «gestione frutticoltura» a sostegno del miglioramento delle competenze di gestione nella frutticoltura professionale nella regione del lago di Costanza, 90 frutticoltori tedeschi e svizzeri hanno potuto focalizzare le loro future sfide. Con il sostegno di attività legate ad una ricerca mirata, è stato possibile elaborare a livello transfrontaliero queste sfide mediante la formazione di gruppi di lavoro. Le informazioni elaborate hanno permesso di definire delle linee guida per i frutticoltori della regione del lago di Costanza, linee guida le quali saranno utili anche per la consulenza e la formazione.
Summary
Riassunto
Recherche-action: les arboriculteurs à la r echerche de solutions | Production végétale
Action research: Fruit growers search for solutions The objective of the Interreg project «Fruit management» is to improve the management competences of fruit growers in the lake Constance region. 90 Swiss and German fruit growers identified their future challenges. By using the action research, fruit growers identified theses challenges and searched for solutions in working groups. These informations will be collected and published in a handbook which will be used for extension and instruction purposes. Key words: action research, fruit growers.
Bibliographie ▪▪ Arbokost 2010. Betriebswirtschaftliches Simulationsprogramm, A groscope Changins Wädenswil. Accès: www.arbokost.info-acw.ch / [14.4.2011] ▪▪ Durgiai B., Blätter T., Etter L. & Hug-Sutter M., 2008. Strategie-Instrumente für Bauern und Käsereibetriebe. Agrarforschung 15 (1), 7–12 ▪▪ Huber F., 2011. Saisonarbeitskräfte 2011 – nur begrenzte Erleichterung. Das Landwirtschaftliche Wochenblatt (LW) Hessen – Rheinland-Pfalz. A ccès: http://www.lw-heute.de/saisonarbeitskraefte-2011-begrenzte- erleichterung? [14.4.2011] ▪▪ Ministerium für Ländlichen Raum (MLR), Ernährung und Verbraucherschutz Baden- Württemberg, 2011. Generelle Statistik Obstbaubetriebe 2011, Stuttgart. ▪▪ Moser H., 1997. Praxis der Aktionsforschung. Kösel, München. 119 p. ▪▪ Office fédéral de l'Agriculture OFAG, 2011. Statistik der Obstkulturen – Betriebsgrössenstruktur global. Accès: www.blw.admin.ch [14.4.2011] ▪▪ Stähli R. & Egli-Schaft W., 2008. Aktionsforschung, eine Forschungsmethode auch für die Landwirtschaft. Agrarforschung 15 (1), 4–6.
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P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Production de pommes: évaluation de la durabilité de stratégies phytosanitaires Andreas Naef1, Patrik Mouron2 et Heinrich Höhn1 1 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil 2 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich Renseignements: Andreas Naef, e-mail: andreas.naef@acw.admin.ch, tél. +41 44 783 62 57
Le recours à des variétés de pommes résistantes à la tavelure et à une stratégie judicieuse de protection des plantes permet de réduire l’application de produits phytosanitaires et leurs effets sur l’environnement. (Photo: ACW)
Introduction Avec sa nouvelle directive 2009/128/CE, l’UE veut assurer une utilisation raisonnée des produits phytosanitaires et diminuer la dépendance de ces produits (CE 2009). Des programmes nationaux sont censés encourager la protection phytosanitaire intégrée ainsi que les méthodes et techniques alternatives. Les stratégies phytosanitaires devront respecter l’environnement tout en étant efficaces et rentables. Il n’existait pas jusqu’à présent de
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méthode transparente d’évaluation des aspects économiques et écologiques de la durabilité. Les méthodes établies ne traitent que d’aspects partiels tels les effets sur la santé humaine ou sur l’environnement. Dans le cadre du projet ENDURE de l’Union européenne et en collaboration avec d’autres instituts européens (Bigler et al. 2011), les stations de recherche ACW et ART ont mis au point une méthode permettant de comparer la durabilité de diverses stratégies phytosanitaires. Cette méthode est appelée «SustainOS» («Sustain» pour dura-
bilité et «OS» pour Orchard Systems). La méthode SustainOS comprend une description du système, une analyse quantitative des aspects partiels de la durabilité et une agrégation en vue d’établir la durabilité globale. Dans le cadre d’une étude de cas, SustainOS a été utilisé pour comparer quatre stratégies phytosanitaires dans cinq régions d’Europe productrices de pommes. Le but principal de cette étude de cas était d’élaborer des stratégies phytosanitaires novatrices à écotoxicité réduite. L’étude a aussi pris en compte d’autres critères de durabilité et l’application des directives nationales de la protection phytosanitaire intégrée. Nous présentons ici les résultats de cette étude pour la production de pommes en Suisse à l’exemple de la région du lac de Constance.
Résumé
Production de pommes: évaluation de la d urabilité de stratégies phytosanitaires | Production végétale
Méthode SustainOS La nouvelle méthode comprend plusieurs étapes et les travaux correspondants sont effectués par un groupe d’experts. La fig. 1 présente schématiquement le déroulement des opérations. L’évaluation est basée sur une description des divers systèmes de production (fig. 1a). Ces descriptions comprennent les données qui seront utilisées pour le calcul des critères de durabilité à l’aide de méthodes quantitatives telles qu’écobilan, calcul du risque environnemental et comptabilité analytique (fig. 1b). Les critères de durabilité sont ensuite évalués selon un système de référence spécifique à la région considérée (fig. 1c). Pour ce faire, nous avons utilisé une échelle
Les stratégies phytosanitaires du futur devront être efficaces et économiques tout en ménageant l’environnement. La méthode SustainOS permet d’évaluer la durabilité des stratégies phytosanitaires dans la production de pommes. Elle comprend une description du système de culture considéré, le calcul des critères partiels de durabilité ainsi que leur agrégation pour obtenir une valeur de la durabilité globale. Dans une étude de cas, la méthode a été utilisée pour l’analyse comparative de quatre stratégies phytosanitaires dans la région du Lac de Constance. Ces stratégies allaient d’un système dépendant fortement de l’application de produits phytosanitaires à un système novateur, dans lequel les produits phytosanitaires sont en grande partie remplacés par des mesures alternatives de protection des plantes. Il ressort de l’étude que les mesures phytosanitaires alternatives disponibles permettent de réduire l’écotoxicité et d’autres effets de la protection phytosanitaire sur l’environnement. Ce progrès écologique s’accomplit toutefois au prix de désavantages économiques. Le résultat économique pourrait être à l’avenir amélioré par des stratégies phytosanitaires novatrices ainsi qu’avec de nouvelles variétés résistantes censées assurer des rendements plus élevés et plus stables.
Durabilité globale
d
Agrégation des critères de base Dendrogramme hiérarchisé des critères (fig. 2)
c
Critères de base de la durabilité
b Méthodes d’analyse quantitatives Écobilan, risques environnementaux des produits phytosanitaires, comptabilité analytique
a
Estimation des experts pour l‘influence sur auxiliaires
Résultats d’analyse évalués selon un système de référence régional
Description de plusieurs systèmes de culture de pommes
Définition par des experts des conditions cadres régionales, des objectifs et des mesures phytosanitaires Figure 1 | Les étapes de la méthode SustainOS récemment développée pour évaluer et optimiser la durabilité de divers systèmes de culture.
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Production végétale | Production de pommes: évaluation de la d urabilité de stratégies phytosanitaires
Tableau 1 | Stratégies phytosanitaires de quatre systèmes de culture de pommes Système de culture
Baseline GAP 2009 «Chimique»
Description des • Variétés sensibles à la tavelure mesures phytosa- • Mesures phytosanitaires recomnitaires mandées par ACW en 2009 • Gestion des résistances • Sans mesures phytosanitaires alternatives • Mesures d’hygiène
Advanced 1 GAP 2009 Mesures alternatives
Advanced 2 Mesures alternatives & réduction des résidus
Innovative Axes de recherche actuels
• Variétés résistantes à la tavelure • Produits phytosanitaires à faible écotoxicité • Filets anti-grêle • Antagonistes du feu bactérien • Technique de confusion • Favorisation des auxiliaires • Engazonnement des rangées d’arbres dès l’été • Mesures d’hygiène
• Variétés résistantes à la tavelure • Fongicides biologiques après floraison • Traitement à l’eau chaude après la récolte • Isolement total par filets • Antagonistes du feu bactérien • Technique de confusion • Favorisation des auxiliaires • Lutte mécanique contre les adventices • Mesures d’hygiène
• Variétés à résistances multigéniques • Isolement total par filets • Protection contre la pluie • Nématodes entomopathogènes • Captures en masses • Push & pull • Attract & kill • Lutte mécanique contre les adventices • Pesticides sans effets secondaires • Mesures d’hygiène
Nombre d’applications de substances diverses et nombre de passages (entre parenthèses) Lutte contre les ravageurs
7 (2)
4 (1)
3 (1)
5 (4)
Lutte contre les maladies
25 (13)
16 (9)
21 (10)
3 (3)
Lutte contre les adventices
7 (3)
4 (2)
0
0
d’évaluation allant de 1 (nettement inférieur) à 5 (nettement meilleur). Les critères évalués de la sorte ont ensuite été reportés à la base d’un dendrogramme hiérarchique des critères (fig. 2). À partir des moyennes pondérées de deux axes, l’un écologique et l’autre économique, nous avons obtenu des critères agrégés qui nous ont permis finalement de calculer une valeur de durabilité globale (fig. 1d). Une description détaillée de la méthode de travail est disponible sur Internet; elle comprend également les données bibliographiques correspondantes et peut être téléchargée sous: http://www.agroscope.admin.ch/obstbau/00878/index. html?lang=fr, rubrique «Infos complémentaires».
Ré sult at s de l ’étu de de c a s «Production de pommes en Suisse» Système «Baseline» Comme il s’agissait de mettre en évidence le potentiel d’amélioration de chaque région, toutes les évaluations
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ont été faites par rapport à un système de référence pour la région en question. Du fait des importantes disparités entre les diverses exploitations, il s’est révélé difficile de définir un système de culture représentatif. Par ailleurs, il n’est pas judicieux de recourir à un système basé sur les moyennes des applications saisonnières de produits phytosanitaires, car les risques pour l’homme et l’environnement ne peuvent être évalués que sur la base des quantités réelles de substance active. Par conséquent, pour la partie de la région du Lac de Constance située en Suisse, des experts en culture fruitière ont défini comme système de référence une stratégie phytosanitaire concrète satisfaisant aux prescriptions de la protection phytosanitaire intégrée (SAIO 2009) et aux recommandations phytosanitaires d’Agroscope ACW (Linder et al. 2009) de 2009 (tabl. 1). Pour une variété commerciale sensible à la tavelure, on a tablé sur une cible de rendement de 35 t/ha et une part de 75 % de fruits de classe 1, ce qui correspond aux valeurs généralement observées en protection phytosanitaire intégrée dans des vergers conduits dans les conditions d’hygiène usuelles dans la
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Durabilité écologique/économique
Durabilité économique
Durabilité écologique
Qualité de l’environnement
Consommation de ressources
Énergie
Terre
Ressource minières
Eau
Écotoxicité
Revenu Frais de Gain net familial production (par ha) (par h) (par kg)
Influence Pot. Potentiel sur effet d’eutroauxide serre phisation liaires
Écotoxitié aquatique
Risque terrestre
Risque aigu
Rentabilité
Risque à la production
Probabilité Fluctuade gr. tions du pertes de revenu récoltes
Autonomie
Capital Recettes investi du capital (par ha) (par ha)
Qualité des écosystèmes aquatiques
Qualité des écosystèmes terrestres
Écotoxicité terrestre
Toxicité humaine
Risque chronique
Risque aquatique
Risque aigu
Risque chronique
Figure 2 | Dendrogramme hiérarchisé des critères: la durabilité globale se compose de plusieurs critères partiels de la durabilité écologique et économique. Comme l’optimisation de l’écotoxicité (jaune) constituait l’objectif primaire de la présente étude, ce critère partiel a été subdivisé en autres sous-critères. Bleu: critères de base reposant sur des méthodes d’analyse quantitatives.
pratique. En vue d’une utilisation appropriée des produits phytosanitaires, il a été recouru aux services d’alerte et fait usage des seuils de tolérance existants. La maladie prédominante de la région étant la tavelure, on a tablé sur 12 traitements fongicides par saison pour l’éviter. Dans la mesure du possible, ces traitements ont été combinés avec les traitements fongicides contre d’autres maladies telles l’oïdium et les maladies d’entreposage, ainsi que des traitements insecticides contre le carpocapse des pommes et les pucerons. On s’est basé en outre sur six pulvérisations distinctes d’herbicides, d’insecticides et de bactéricides (feu bactérien). Dans le cadre de cette stratégie, il y a donc eu 18 passages par saison, avec application de 39 substances différentes. Le choix des substances s’est fait en veillant à assurer une bonne efficacité, à ménager les auxiliaires et à gérer les résistances de manière durable. Les groupes de fongicides à haut risque de développement de résistances (anilinopyrimidines, strobilurines et inhibiteurs de la synthèse des stérols) n’ont été utilisés que deux fois par saison et ont été combinés avec du captane, faible induc-
teur de résistances. Les divers insecticides et acaricides n’ont été utilisés qu’une fois par an et on a changé de groupe de substances actives d’année en année, avec une rotation sur quatre ans. Pour l’évaluation de la dérive, on a tablé sur la présence de filets anti-grêle sur 40 % et de haies sur 10 % des surfaces. Système «Advanced 1» Outre le système de référence, les experts en culture fruitière ont décrit pour la région du lac de Constance un système de protection phytosanitaire moderne, à écotoxicité optimisée. Le système nommé Advanced 1 a utilisé plusieurs mesures phytosanitaires alternatives disponibles (tabl. 1). L’utilisation de variétés résistantes à la tavelure a permis de réduire le nombre de traitements fongicides de 12 à 7. Les traitements restants étaient indispensables pour maintenir la résistance à la tavelure et le contrôle sur d’autres pathogènes. Deux traitements contre le feu bactérien ont été conduits à l’aide de bactéries antagonistes, de manière à remplacer la streptomycine du système Baseline. Le recours à la lutte par
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Production végétale | Production de pommes: évaluation de la d urabilité de stratégies phytosanitaires
Évaluation écologique
Évaluation économique
(a) Exemple écotoxicité aquatique
(b) Exemple frais de production par kg
120%
120%
100%
100%
80%
80%
60%
60%
40%
40%
20%
20% 0%
0% Baseline
Advanced 1
Advanced 2
Innovative
Baseline
Advanced 1
Advanced 2
Innovative
Advanced 1
Advanced 2
Innovative
Critères agrégés (d) Durabilité économique
5
5
4
4
Classes d’évaluation
Classes d’évaluation
(c) Durabilité écologique
3
2
3
2
1
1 Baseline
Advanced 1
Advanced 2
Innovative
Baseline
Figure 3 | Comparaison des systèmes de culture des pommes décrits dans le tableau 1 relativement aux critères d’écotoxicité aquatique et de frais de production ; critères agrégés de la durabilité écologique et de la durabilité économique. Sur l’échelle des graphiques (c) et (d), les chiffres 1 à 5 représentent les classes d’évaluation suivantes : 1 = très inférieur à Baseline , 2 = inférieur à Baseline , 3 = semblable à B aseline , 4 = supérieur à Baseline , 5 = nettement supérieur à Baseline.
confusion et la favorisation des auxiliaires ont permis d’éviter des traitements aux insecticides novaluron et chlorpyrifos-éthyle ainsi qu’à l’acaricide tébufenpyrade, trois produits à profil écotoxique relativement mauvais. Par ailleurs, l’engazonnement des rangées d’arbres fruitiers dès le mois de juin a permis d'économiser trois applications d’herbicides (un traitement au glyphosate au lieu de deux, pas de recours au linuron et au diuron). Au total, cette stratégie a permis de réduire les applications de matières actives de 39 (Baseline) à 24. Ces substances ont été appliquées en 12 passages par saison. La dérive des produits phytosanitaires a par ailleurs été encore réduite par l’installation de filets anti-grêle sur
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80 % des surfaces et par l’utilisation sur 50 % des surfaces de diffuseurs réduisant la dérive. Pour atteindre les valeurs de risque de production du système Baseline, les producteurs doivent investir plus de temps, car ils doivent effectuer des contrôles visuels supplémentaires dans les vergers et suivre des cours de perfectionnement dans le domaine de la protection phytosanitaire. Les calculs se basant sur des écobilans et l’évaluation des risques environnementaux ont montré que les mesures phytosanitaires alternatives choisies (tabl. 1) permettent d’abaisser considérablement l’écotoxicité ainsi que les risques pour les systèmes aquatiques et terrestres (fig. 3a). En outre, par rapport au système usuel
Production de pommes: évaluation de la d urabilité de stratégies phytosanitaires | Production végétale
Figure 4 | La lutte par confusion sexuelle contre le carpocapse, au moyen de diffuseurs de phéromones, a fait ses preuves dans la pratique et remplace 2 à 3 traitements d’insecticides.
Baseline, elles ont aussi permis d’abaisser la toxicité pour l’être humain, en raison de la diminution des traitements fongicides et herbicides ainsi que des mesures de réduction de la dérive des produits de traitement. L’optimisation du système de culture au niveau de l’écotoxicité et de la toxicité pour l’être humain n’a toutefois entraîné que de légères améliorations de la durabilité globale (fig. 3c), car les mesures phytosanitaires retenues n’apportent pas d’amélioration au niveau d’autres critères écologiques tels que consommation d’énergie, de terres et d’eau ou encore de potentiel d’effet de serre. Le rendement économique du système Advanced 1 est inférieur à celui du système Baseline et l’autonomie financière moindre; en effet, pour un volume de production égal et une même proportion de fruits de classe 1, il faut un investissement plus important (davantage de filets anti-grêle) et plus d’heures de travail (monitoring). Le recours à des mesures phytosanitaires alternatives péjore par conséquent le résultat au niveau de la durabilité économique. Système «Advanced 2» Ce système est également basé sur des variétés résistantes à la tavelure, mais il comprend davantage de mesures phytosanitaires alternatives qu’Advanced 1 (tabl. 1). Les traitements aux herbicides ont ainsi été
entièrement abandonnés au profit d’un désherbage mécanique. Les auxiliaires tels que les parasitoïdes et les acariens prédateurs ont été encore mieux protégés et favorisés, voire répandus activement, ce qui a permis de réduire encore davantage le besoin de traitements insecticides ou acaricides. L’isolement total par des filets a réduit l’arrivée de ravageurs volants et l’exclusion d’abeilles contaminées a aidé à lutter contre le feu bactérien. Par rapport au système Advanced 1, il n’a pas été possible de réduire encore le nombre d’applications de substances phytosanitaires par saison, la baisse du nombre de traitements insecticides ayant été compensée par un recours accru aux fongicides. Ceci pour la simple raison que les fongicides de synthèse n’ont été utilisés que jusqu’à la fin de la floraison. Pendant le reste de la saison, la lutte contre l’oïdium, les taches de pluie et les maladies d’entreposage a été menée à l’aide de bicarbonates et de soufre. Ces fongicides biologiques ont une durée d’action assez brève et résistent mal à la pluie, si bien qu’il faut raccourcir les intervalles entre deux traitements. La maladie de conservation due à Gloeosporium a été en outre combattue par un traitement à l’eau chaude des fruits récoltés. Cette stratégie devrait permettre de répondre aux souhaits des consommateurs d’éviter sur les fruits toute trace de résidus de produits phytosanitaires. La
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Production végétale | Production de pommes: évaluation de la d urabilité de stratégies phytosanitaires
dérive de produits phytosanitaires a été réduite davantage encore par le recours à des buses et à des outils réduisant la dérive. La renonciation aux fongicides de synthèse après la floraison a augmenté la probabilité de maladies secondaires, ce qui a entraîné une variabilité supérieure de la récolte et un plus grand risque de pertes. Ce système de culture, qui vise en premier lieu à réduire la présence de résidus de pesticides, s’il a l’avantage de mieux protéger les auxiliaires que le système Advanced 1, n’a apporté d’améliorations ni en matière d’écotoxicité, ni de toxicité humaine, ni au niveau de la consommation de ressources. Le bon résultat concernant la réduction de la dérive a permis un léger gain au niveau des risques environnementaux. Mais au total, le recours à des mesures phytosanitaires alternatives supplémentaires et à des fongicides biologiques une fois la floraison terminée n’a pas amélioré la durabilité écologique (fig. 3c). De plus, les investissements plus importants (isolement total par des filets, infrastructures pour le traitement des fruits à l’eau chaude, etc.) ainsi qu’une rentabilité réduite (du fait des heures de travail supplémentaires pour la lutte mécanique contre les adventices, ainsi que de l’irrégularité accrue des volumes récoltés et de la qualité) ont péjoré les résultats au niveau de la durabilité économique (fig. 3d). Système «Innovative» Le système Innovative était basé sur l’hypothèse que dans les dix ans qui viennent, de nouvelles mesures phytosanitaires alternatives seraient disponibles, qui rendraient possible des volumes de récolte élevés et stables en ne nécessitant qu’un minimum de produits phytosanitaires. Les variétés cultivées étaient résistantes ou tolérantes aux pathogènes principaux tavelure, oïdium, feu bactérien et pucerons. L’hypothèse d’une renonciation à la protection des résistances génétiques avec pesticides ne fait sens que si ces résistances reposent sur plusieurs gènes. Les programmes de sélection actuels ne comprennent encore une résistance multigénique que pour la tavelure. Il s’écoulera probablement plutôt 30 ans que 10 jusqu’à ce que soient commercialisées des variétés à résistance multigénique contre plusieurs pathogènes. En complément aux résistances génétiques, nous avons admis l’application d’autres mesures phytosanitaires telle que les systèmes «attract and kill» ou des nématodes entomopathogènes. Pour les traitements restants, on a admis l’existence de nouveaux produits phytosanitaires, sans effets secondaires sur les organismes non visés. Nous avons par ailleurs utilisé des filets anti-grêle et des mesures de réduction de la dérive sur toutes les surfaces étudiées.
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Toutes ces hypothèses concernant ce système futuriste posées, il a été possible d’améliorer la durabilité tant écologique qu’économique (fig. 3), parce que seul un petit nombre de mesures phytosanitaires directes sont nécessaires et que l’on peut en attendre des récoltes plus abondantes et stables relativement à la quantité et à la proportion de fruits de classe 1.
Discussion L’étude de cas en matière de production de pommes a montré qu’il existe un fort potentiel d’amélioration au niveau de l’écotoxicité de la protection phytosanitaire. L’écotoxicité n’est toutefois qu’un des aspects de la durabilité de la production de pommes. Comparativement au système Baseline, les systèmes Advanced 1 et 2 paient les progrès sur le plan de l’écotoxicité et de la toxicité humaine par des désavantages concernant la durabilité économique. Comme on a tablé sur les mêmes prix pour tous les fruits, quel que soit le système appliqué, il serait possible d’améliorer la durabilité globale d’Advanced 1 et 2 si les avantages écologiques pouvaient être monnayés sous forme d’un meilleur prix des fruits. Les résultats montrent aussi que si l’on renonce aux produits phytosanitaires de synthèse, le risque de fluctuation des revenus tend à augmenter en raison des fluctuations quantitatives des récoltes. La baisse du risque de fluctuation des récoltes au niveau atteignable avec les produits phytosanitaires actuels présuppose des mesures alternatives à long terme comme il a été admis en relation avec le système dit Innovative. Les résultats montrent aussi l’importance des diverses substances à fort potentiel de dangerosité pour l’environnement ainsi que l’effet des mesures réduisant la dérive des produits de traitement utilisés dans les vergers. Il serait possible de réduire considérablement l’impact des produits phytosanitaires sur les écosystèmes par l’utilisation de produits de substitution au lieu de produits dangereux pour l’environnement et par la mise en place de mesures réduisant la dérive des produits. n Remerciements
Nous tenons à remercier ici nos collègues de ENDURE Orchard System Casestudy: E. Bravin, A. Patocchi, Jörg Samietz (Agroscope ACW), U. Aubert, F. Bigler, G. Gaillard, F. Hayer, J. Hernandez, G. Mack (Agroscope ART), B. Heijne (Applied Plant Research, Wageningen NL), J. Strassemeyer (Julius Kühn-Institut, Kleinmachnow D), A. Alaphilippe, C. Lavigne, B. Sauphanor (INRA, Saint-Marcel-lès-Valence F), J. Avilla, J. Solé (IRTA, Universidad de Lleida, Lleida ES), M. Bohanec (Jožef Stefan Institute, Ljubljana SL).
Valutazione della sostenibilità delle strategie di protezione fitosanitaria nella produzione di mele Le future strategie fitosanitarie devono essere efficaci, economiche ed ecologiche. La metodologia SustainOS permette di esaminare la sostenibilità delle strategie fitosanitarie nella coltivazione di mele. Tale metodologia comprende una descrizione del sistema di coltura considerato, il calcolo dei criteri parziali di sostenibilità come pure la loro aggregazione per ottenere un valore di sostenibilità globale. La sua applicazione è stata eseguita su quattro diverse strategie fitosanitarie utilizzate nella regione svizzera del lago di Costanza. Le strategie spaziavano dal sistema fortemente dipendente di prodotti fitosanitari ad uno innovativo, in cui i pesticidi erano stati, in gran parte, sostituiti da misure fitosanitarie alternative. Si è così potuto constatare come l’ecotossicità ed altri effetti ambientali causati da prodotti fitosanitari siano migliorati attraverso le misure fitosanitarie alternative disponibili. Questo progresso ambientale è tuttavia associato a degli svantaggi economici. In futuro i risultati economici potrebbero essere migliorati attraverso strategie fitosanitarie innovative e da nuove varietà resistenti che dovrebbero assicurare rese più elevate e stabili.
Summary
Riassunto
Production de pommes: évaluation de la d urabilité de stratégies phytosanitaires | Production végétale
Sustainability rating of crop protection strategies in apple production Future plant protection strategies should be efficacious, economic and environmentally acceptable. The SustainOS methodology has been developed to assess the sustainability of crop protection strategies in apple orchards. The methodology consists of a system description structure, an assessment step for subcriteria of sustainability and an aggregation of these subcriteria to an overall sustainability. The method has been applied in a case study on four plant protection strategies in apple orchard systems in the Swiss Lake of Constance region. The strategies reached from a system strongly depending on pesticides to an innovative system in which pesticides were replaced to a large extend by alternative plant protection measures. It could be shown that ecotoxicity and other environmental impacts of plant protection measures could be improved by implementation of alternative plant protection measures available today. However, economic disadvantages were the drawback of the ecological progress. An improved economic situation could be achieved with future innovative crop protection strategies and new resistant varieties assuming higher and more stable yield. Key words: sustainable agriculture, horticulture, integrated pest management (IPM), life cycle assessment, apple orchards.
Bibliographie ▪▪ Bigler F., Aubert U., Dubuis P.-H., Hayer F., Hernandez-Rivera J., Mack G., Meissle M., Mouron P., Naef A. & Strassemeyer J., 2011. ENDURE – un r éseau pour la protection durable des cultures en Europe. Recherche Ag ronomique Suisse 2 (2), 72–79. ▪▪ Linder C., Viret O., Kehrli P., Delabays N., Höhn H., Naef A., Holliger E., Widmer A. & Neuweiler R., 2008. Guide phytosanitiare pour l’arboriculture fruitière 2008/2009. Revue suisse de Viticulture Arboriculture Horticulture 40 (1), 13–57.
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Potentiel de développement du Care Farming Sara Widmer1, Hans Wydler1 et Yvonne Christ 2 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen 2 Institut pour la gestion de l’environnement et des ressources naturelles IUNR, Haute école zurichoise des sciences appliquées ZHAW, 8820 Wädenswil Renseignements: Hans Wydler, e-mail: hans.wydler@zhaw.ch, tél. +41 58 934 55 39 1
Figure 1 | Participants au workshop lors du développement de concepts. (Photo: ART)
Introduction et objectifs La station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, en collaboration avec l’Institut pour la gestion de l’environnement et des ressources naturelles (IUNR) de la Haute école zurichoise des sciences appliquées (ZHAW), a mis en place un projet de recherche pour mieux comprendre le système du Care Farming en Suisse et analyser ses potentiels. Trois workshops, organisés en 2010 avec des représentants des sphères professionnelles les plus diverses, ont permis d’analyser la situation actuelle, de discuter des potentiels d‘amélioration et de développer des possibilités d‘action. Le concept de Care Farming désigne la réalisation de prestations sociales dans l’agriculture. Concrètement, cela représente les prestations d’encadrement, de prise en charge, d’éducation et de formation fournies dans les exploitations familiales agricoles contre paiement (Wydler et Picard 2009). En offrant la possibilité de collaborer au travail de l’exploitation et de s’intégrer dans la vie familiale, les familles paysannes contribuent à la
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santé, au bien-être et à l’intégration des personnes atteintes de maladies psychiques et physiques, ou issues de milieux sociaux difficiles. Peu d’études scientifiques ont été effectuées à ce jour sur le Care Farming en Suisse, bien que ce type de prestations existe depuis longtemps et soit ancré dans la culture rurale de notre pays. Il n’existe par exemple aucune donnée comptable concrète sur l’importance économique de ces prestations pour les exploitations agricoles. Une enquête (Wydler 2009) réalisée par écrit auprès d’exploitations familiales agricoles qui fournissent des prestations sociales a montré que les offres, les indemnités financières (pour les familles d’accueil comme pour les personnes prises en charges), la qualité, ainsi que les directives étaient très diverses. Cette enquête a également montré que les personnes chargées de l’encadrement étaient modérément satisfaites de leur travail dans le domaine du Care Farming. En revanche, la relation avec la personne prise en charge était la plupart du temps perçue comme positive. Les workshops ont chacun réuni 15 à 20 personnes, avec pour but: ••de faire l’état des lieux des prestations sociales dans l’agriculture et d’en débattre, ••d’établir des visions communes de la situation dans 25 ans et d’en débattre, ••d’esquisser des stratégies d’action à court terme pour promouvoir et exploiter les potentiels existants, ••et enfin, de citer des acteurs possibles en vue d’une mise en pratique concrète. Les trois workshops ont permis de réunir des informations dans les différentes perspectives des participants, de promouvoir la transparence par l’échange et la collaboration, ce qui a abouti à une meilleure mise en réseau de personnes appartenant aux sphères les plus diverses. Organisation des workshops Les workshops ont été organisés selon le concept Transi tion Management (TM) de Loorbach (2007), qui offre un modèle de cadre théorique de développement durable et d’innovations dans la société. Différents acteurs issus
de divers milieux (agriculture, social, développement rural, santé) ont pris part aux ateliers. Selon le TM, le développement ne peut être durable qu’en se fixant des objectifs à long terme (au moins au-delà d’une génération, environ 25 ans) et en intégrant des acteurs divers et hétérogènes, dans un processus et une vision à long terme. Cette vision est mise en pratique à travers différentes stratégies d’action à court terme, régulièrement adaptées aux nouvelles conditions; les acteurs participant peuvent évoluer avec le temps et être remplacés. La méthode World Café a été choisie pour la discussion de la situation actuelle. Un maximum de cinq personnes se retrouvent autour d’une table pendant 20 minutes, échangent leurs opinions sur un sujet et écrivent leurs idées sur la nappe. Au bout de 20 minutes, le petit groupe va s’asseoir à une autre table et discute d’un autre sujet en repartant des notes du groupe précédent. Ce procédé est répété trois fois. Après trois cycles de discussions, le débat est repris avec la totalité du groupe (The World Café Community 2002). Les participants apportent des idées clés à de nouvelles tables, échangent des perspectives et aboutissent à des résultats nouveaux et étonnants. La réaction immédiate des participants aux idées des autres permet d’approfondir l’axe prioritaire du sujet traité dans une perspective interdisciplinaire. Des questions générales ont été posées aux tables du World Café afin de lancer la discussion. Les résultats consignés sur les nappes ont permis de développer de nouvelles idées pour des visions à long terme et ont fourni une base aux stratégies d’action, élaborées en groupes ultérieurement. Les trois workshops ont duré une journée chacun. Au préalable, les thèmes possibles des workshops ont été sélectionnés à partir d’analyses contextuelles et de discussions avec des experts, puis adaptés régulièrement à l’état actuel du projet. Les participants ont été choisis en fonction des résultats de précédents workshops, ou à l’aide d’experts en fonction de leur représentativité par rapport au thème du workshop: représentants de la santé, des services sociaux et de l’agriculture – du côté offre comme du côté demande. Les «profils» de participants suivants ont assisté au moins à une séance: une personne anciennement prise en charge, des «Care Farmer» qui encadrent différents groupes-cibles, des organisations en réseaux, des représentants de la formation professionnelle et continue dans les secteurs agricole et social, des acteurs du monde médical, des organisations professionnelles, des représentants des offices fédéraux et des cantons, d’autres acteurs nationaux et ONG, et les organisateurs d’Agroscope ART et de la ZHAW. Toutes les déclarations des participants ont été enregistrées à l’aide de photographies, d’esquisses, de schémas,
Résumé
Potentiel de développement du Care Farming | Société
Pour mieux comprendre le Care Farming (prestations sociales fournies par les familles agricoles) et mieux analyser son potentiel de développement, la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et la Haute école zurichoise des sciences appliquées (ZHAW) ont organisé en 2010 trois workshops avec des spécialistes venus des sphères professionnelles les plus diverses. Les participants aux workshops estiment à l’unanimité que le Care Farming recèle un important potentiel. Les mesures ciblées suivantes pourraient permettre de mieux exploiter ce système de prestations sociales: • meilleure transparence entre les participants: présentation des exigences, des indemnisations, des règlements et des compétences; • meilleure communication et mise en réseau entre les personnes impliquées dans les prestations sociales; • mise en place d’un organe de coordination central pour exploiter les potentiels; • mise en place d’un système d’assurance qualité, instrument essentiel; • nouvelles formes de modèles de financement, plus simples. Tous les participants estiment que la qualité élevée souhaitée pour les prestations a une importance capitale et qu’il faut donner la priorité aux besoins des personnes prises en charge. Le domaine du Care Farming s’avère très complexe, très diversifié et très peu homogène dans son extension géographique.
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Figure 2 | Symbolique: les personnes les plus diverses participent au Care Farming. Différents besoins sont en jeu et peuvent déboucher sur une situation chaotique. (Dessin: Katie Rickenbach, Zurich)
••positionnement du produit sur le marché ••compétences dans la politique ••absence de système qualité ••absence de règlements ••flux financiers dans le système ••intégration dans le développement rural ••autoévaluation et force de l’image du Care Farming ••manque de transparence des offres, des exigences, de la demande, etc. ••diversité des acteurs et de leurs besoins individuels ••soutien / insatisfaction des participants ••mise en réseau et coordination des différents participants ••formation professionnelle et continue ••case management / étude de cas ••Care Farming et encadrement dans un environnement proche de la nature (Green Care) / encadrement en général ••thèmes de recherche souhaités. Par la suite, certains sujets seront abordés plus en détails. Il s’agit de déclarations tirées de différents workshops, présentées sous une forme structurée.
des résultats figurant sur les flipcharts ainsi que des transcriptions de discussions enregistrées sur bandes magnétiques. Chaque déclaration a été codée à l’aide du logiciel Atlas.ti et d’un manuel de codage afin d’en extraire les principaux thèmes-clés.
Résultats Les résultats comprennent une liste de sujets-clés, un bref résumé du débat sur la situation actuelle, puis les principaux points formulés par rapport à l’avenir souhaité. Enfin, des champs et des stratégies d’action concrets ont été établis. Sujets-clés Le codage des propos tenus durant les workshops a permis de dégager 19 thèmes-clés importants par rapport au Care Farming en Suisse: ••image du Care Farming et évaluation ••communication entre les participants ••renforcement des relations publiques ••concurrence dans le domaine des organisations en réseaux, ainsi que par rapport aux institutions sociales générales
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Diversité des acteurs et des groupes-cibles La question de la définition du Care Farming a été posée dans chacun des workshops. Il existe encore peu de concepts utilisés en commun par les différents participants du secteur social, de la santé et de l’agriculture. Les différents acteurs ne réalisent pas combien de groupes-cibles différents sont associés à ce champ thématique, ni combien d’acteurs et d’intérêts sont liés à ce travail. Suivant la perspective, un thème donné concerne d’autres acteurs. Le domaine des prestations sociales dans l’agriculture s’avère très complexe, diversifié et très peu homogène dans son extension géographique. Il regroupe des personnes issues de l’agriculture, du secteur social et de la santé, qui ne sont pas organisées ou qui sont organisées différemment selon les régions. Par conséquent, le concept de Care Farming est difficile à saisir, ce qui explique en partie le manque de compétences dans la perspective d’éventuels changements. Image dans l’opinion publique L’opinion publique identifie le Care Farming souvent à partir d’exemples de cas et les évalue généralement de manière positive. Toutefois, l’opinion publique ne sait pas tout ce que recouvre le Care Farming, ni son utilité pour les personnes impliquées. Il reste beaucoup à faire pour donner une image positive du Care Farming dans le public, ce qui est difficile en l’absence de terminologie homogène et usuelle pour toutes les prestations d’encadrement.
Potentiel de développement du Care Farming | Société
Les aspects positifs cités pour le Care Farming sont: ••l’offre de journées structurées, variées et porteuses de sens, le rapport à la nature et aux animaux; ••la création de ponts entre ville et campagne ou entre montagne et plaine; ••la création de valeurs culturelles et sociales – et non uniquement productives; ••la transmission de traditions, de rituels, de chaleur humaine; ••des prestations sociales pouvant être comprises par tout le monde, car chacun peut être concerné d’une manière ou d’une autre par des personnes nécessitant une prise en charge. Il n’empêche que les familles paysannes se heurtent à des enjeux et à des préjugés: elles s’ouvrent à des personnes qui vivent souvent en marge de la société, ce qui nécessite aussi une ouverture d’esprit de la part de l’entourage. On leur reproche souvent d’exploiter cette population (maind’œuvre bon marché, histoire des enfants placés). On leur reproche aussi le dilettantisme du travail fourni. La qualité des prestations n’atteindrait pas le niveau de celles fournies par les institutions. Au lieu de se faire concurrence, il faudrait élargir l’offre pour les personnes prises en charge.
correctement. Dans les workshops, il est apparu que les acteurs de l’agriculture s’identifiaient rarement comme des prestataires de services et que leurs offres étaient très éclatées. Pour les participants, au début, «la carte des prestations sociales en Suisse» était encore peu transparente et les visions d’avenir claires n’en étaient qu’à leurs balbutiements. Néanmoins, la majorité des participants est persuadée qu’il existe des possibilités pour promouvoir les prestations sociales et qu’il vaut la peine de poursuivre la mise en réseau et de faire avancer les visions. Au fil des workshops, une perception commune s’est progressivement cristallisée dans de nombreux domaines. Evolution rurale Dans les régions de montagne rurales et périphériques, outre l‘exploitation agricole, l’environnement proche de la nature peut être attrayant pour les citadins. Dans ces régions, davantage d’occupations et d’emplois pourraient être créés et la mise en réseau des activités pourrait être améliorée (par exemple grâce à une plateforme de contact). La collaboration avec l’agrotourisme, avec les parcs naturels et le développement d’emplois protégés pourraient aboutir à une meilleure valorisation et exploitation de l’environnement. Des plateformes de contact permettraient aux agriculteurs des régions faiblement structurées de mieux faire connaître leurs diverses prestations sociales. Une autre possibilité consiste à offrir des emplois protégés dans les exploitations agricoles, sans que les personnes encadrées habitent sur l’exploitation. Elles profiteraient cependant de journées structurées et pleines de sens, du rapport aux animaux et/ou à la nature dans un cadre protégé. Les possibilités d’occupation pour les personnes les plus diverses (par exemple souffrant de troubles psychiatriques, d’épuisement professionnel ou chômeurs longue durée) sont déjà rares et la demande ne fera qu’augmenter. L’amélioration des possibilités de financement déboucherait sur une situation positive pour tous les acteurs: personnes encadrées, agriculteurs et travailleurs sociaux.
Relations publiques La communication externe et publique est jugée insuffisante (absence de prise de conscience et valorisation insuffisante de Care Farming dans le public). Un message clair des familles paysannes et des organisations en réseaux fait défaut, ce qui rend difficile les efforts individuels pour faire apprécier la valeur du travail accompli. Il n’est possible d’obtenir une image positive que si tous les participants s’accordent sur des déclarations de base essentielles. L’effet positif du contact avec la nature sur la santé et le bien-être est certes généralement connu, mais insuffisamment communiqué. A ce jour, il n’existe pas de stratégie de communication globale pour le Care Farming, ni d’association, de label commun ou de plateforme institutionnalisée. De plus, l’agriculture, le système social et le secteur de la santé agissent de manière largement indépendante les uns des autres. Dans les workshops, les représentants du secteur agricole ont rappelé la nécessité de définir concrètement l’image du Care Farming, car le développement futur de la prestation est menacé par l’actuelle politique du laisser-faire.
Formation professionnelle et continue En général, la formation agricole de base comprend peu d’informations sur le Care Farming. Dans les autres formations, ce sujet n’est même pas mentionné. La formation professionnelle de base, les études universitaires et les grandes écoles, ainsi que les autres offres de formation continue sont à peine coordonnées.
Autoévaluation des participants L’engagement social des exploitations familiales est indispensable pour pouvoir offrir des prestations sociales. De plus, la prestation doit bien entendu être indemnisée
Souhaits pour l’avenir La participation au quotidien, les travaux effectués et le déroulement des journées revêtent une grande valeur pour les participants. Ce type de prestations n’est pas
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Société | Potentiel de développement du Care Farming
dédommagé de manière appropriée. Les participants considèrent qu’à long terme, les effets positifs du contact avec la nature devraient être mieux perçus, et que le Care Farming ou les autres formes de prise en charge dans la nature (Green Care) devraient être pris au sérieux par la collectivité. Des valeurs déjà reconnues dans le petit cercle des amis de la nature deviendraient alors des valeurs normales pour tous. L’idéal serait que la communauté agricole transfère son savoir en ville et inversement. Pour y parvenir, il faut offrir des prestations de qualité élevée permettant de construire une image positive à long terme. Tous les participants doivent pouvoir profiter au mieux de ces offres (indemnisation juste et conditions correctes pour les familles paysannes, autodétermination maximale pour les personnes prises en charge, possibilités d’encadrement diversifiées, systèmes de financement simplifiés, collaboration impliquant tous les acteurs).
Discussion et conclusions Si l’agriculture saisit l’opportunité de répondre à la demande de places de prise en charge par une offre de qualité élevée, elle pourra faire figure d’exemple dans la société. Pour y parvenir, il faut: ••plus de transparence à tous les niveaux (indemnisation du personnel d’encadrement et des «Care Farmers», compétences, etc.); ••davantage de communication et de mise en réseau entre les acteurs (suivi de la prise en charge, différentes organisations en réseaux, etc.); ••plus de communication vers l’extérieur, basée sur un message commun des différents acteurs; ••un organe de coordination central qui rassemble toutes les requêtes des participants; ••une meilleure coordination entre les différentes autorités et une harmonisation des règlements globaux ou nationaux, la création de standards définis; ••un management de la qualité à tous les niveaux, qui tienne compte des besoins individuels, par exemple grâce à des indications pertinentes et une gestion de cas homogène. Une forme d’assurance qualité adaptée au quotidien permet aux prestataires de se constituer une identité, de fournir une prestation de premier choix et d’exiger un prix plus élevé en conséquence; ••de nouvelles formes et une simplification des modèles de financement pour le système des prestations sociales (par exemple en homogénéisant les assurances sociales, la gestion de cas, la contribution d’assistance, modèles de financements inter-systèmes, etc.);
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••d’autres améliorations spécifiques pour les groupescibles (coordination des offres de formation continue ou échange de savoir-faire professionnel, etc.); ••la mise en réseau locale des régions urbaines et du Care Farming dans les régions «peu structurées». Ces workshops ont été une des premières possibilités offertes aux acteurs de différents secteurs (agriculture/ social/santé/développement régional) de se retrouver à différents niveaux. Ils ont permis à des acteurs de différentes disciplines d’échanger leurs points de vue, d’étendre leur réseau personnel de connaissances et d’échanger par-delà les frontières de leurs disciplines respectives. Tant les participants que l’équipe de chercheurs sont désormais conscients que le Care Farming est un sujet extrêmement complexe. Tous les participants souhaitent plus de coordination sur les mesures d’amélioration souhaitées et proposées. Plusieurs personnes aimeraient que la mise en réseau se poursuive. Il est clairement apparu qu’il reste beaucoup à faire pour exploiter les potentiels du Care Farming, si l’on souhaite professionnaliser l’ensemble de la chaîne de services, des clients aux prestataires de formation continue et aux autorités cantonales responsables, en passant par les familles d’accueil. Trop de temps et de savoir se perdent encore dans un méli-mélo d’offres de qualité, mais trop peu connues. Trop peu de paysans mettent à profit la structure quotidienne et l’environnement rural qu’ils contribuent à préserver et entretenir, qui est leur patrimoine culturel et qui devrait être apprécié en tant que tel. Les prestations sociales dans l’agriculture sont trop confuses pour les paysans eux-mêmes, pour les services de placement et pour le grand public. L’échange d’informations encourage la transparence: toujours plus d’acteurs prennent connaissance des besoins d’autres univers sociaux, ce qui renforce la confiance et la communauté, et donne plus de force à cette dernière pour se profiler et agir. D’autres informations sont disponibles sur le nouveau site www.greencare.ch. n
Potenziale di sviluppo nel settore del Care Farming Allo scopo di meglio comprendere e sfruttare appieno il potenziale del Care Farming (la prestazione di servizi sociali nell'agricoltura), la Stazione di ricerca Agroscope ReckenholzTänikon ART e l'Istituto universitario di scienze applicate di Zurigo (ZHAW), nel 2010, hanno tenuto tre workshop con la partecipazione di esperti di svariati campi professionali. I partecipanti ai workshop sono stati concordi sul fatto che il potenziale del care farming è considerevole (attività accessoria supplementare, sviluppo del sistema socio-sanitario). Esso potrebbe essere sfruttato meglio attraverso misure mirate, quali: • migliorare la trasparenza tra tutte le parti coinvolte: esplicitazione di esigenze, indennizzi, regole e competenze; • potenziare la comunicazione e l’interazione tra tutte le persone coinvolte nella prestazione di servizi sociali; • la creazione di una centrale di coordinamento potrebbe rivelarsi uno strumento utile per sfruttare appieno il potenziale; • sviluppare un sistema di assicurazione della qualità che costituisce uno strumento fondamentale; • ricercare nuove formule e semplificare i modelli di finanziamento per il sistema delle prestazioni sociali. Tutti i partecipanti hanno sottolineato la grande importanza dell'elevata qualità auspicata per le prestazioni nonché l'esigenza di dare la priorità alle necessità delle persone cui viene fornita assistenza. Il Care Farming si presenta come un settore complesso, con molte sfaccettature e differenze a livello geografico.
Bibliographie ▪▪ Christ Y., Widmer S., Wydler H., 2010. Workshop Zwischenberichte 1–3. Potenziale Sozialer Dienstleistungen in der Schweizer Landwirtschaft. Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART und Zürcher Hochschule für Angewandte Wissenschaften ZHAW, IUNR Institut für Umwelt und Natürliche Ressourcen. Ettenhausen und Wädenswil. Accès: http://www.greencare.ch/index.php?option=com_content&view =article&id=248%3Achrist-y-widmer-s-wydler-hans-care-farming-potenziale-sozialer-dienstleistungen-in-der-schweizer-landwirtschaft&cati d=63%3Apublikationen&Itemid=68&lang=de/[ 24.1.2011]. ▪▪ Loorbach D., 2007. Transition management. New mode of governance for sustainable development. Utrecht: International Books. 328 p.
Summary
Riassunto
Potentiel de développement du Care Farming | Société
Development potential in the Care Farming sector In order to gain a better understanding of Care Farming (the provision of social services in farming) and to make better use of existing potential, Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Research Station and the Zurich University of Applied Sciences (ZHAW) conducted three workshops with experts from a wide variety of professional fields in 2010. The workshop participants agreed that Care Farming has great potential (additional sideline, expansion of the welfare and health system among other things). Targeted measures, including the following, could help to utilize it better: • more transparency between all participants is required: disclosure of requirements, remuneration, arrangements and responsibilities; • better communication and networking is needed between all those involved in social services; • a central coordination office could be a helpful tool in tapping potential; • the development of a quality assurance system is a central tool; • New forms and simplification of financing models for the social services system would be desirable. The participants agreed on the central importance of the desired high quality of services and the requirement to put the care recipient’s needs first. Organisation of the Care Farming sector is proving to be extremely complex, multilayered and geographically very uneven. Key words: Care Farming, Green Care, farm diversification, transition management, social innovation.
▪▪ The World Café Community, 2002. Accès: www.theworldcafe.com /[ 24.1.2011]. ▪▪ Wydler H., 2009. «Soziale Dienstleistungen»: Erste Ergebnisse der schriftlichen Befragung zu Betreuungs- und Pflegeleistungen in landwirtschaftlichen haushalten und Betrieben. Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen, November 2009. Accès: www.greencare.ch/images/stories/pdf/resultate%20schriftliche%20befragung.pdf/[ 24.1.2011]. ▪▪ Wydler H. & Picard R., 2010. Prestations sociales dans l‘agriculture. Recherche Agronomique Suisse 1(1), 4–9.
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E c o n o m i e
a g r i c o l e
Economie forestière suisse: les facteurs de succès des coopérations Barbara Stöckli et Bernhard Pauli, Haute école suisse d'agronomie HESA, 3052 Zollikofen Renseignements: Barbara Stöckli, e-mail: barbara.stoeckli@bfh.ch, tél. +41 31 910 22 70
L'union fait la force: un nombre croissant d'entreprises forestières communales se réunissent en associations de droit public. (Photo: Zweckverband Falknis)
Introduction Améliorer la rentabilité des entreprises forestières Depuis des années, la situation économique des entreprises forestières publiques est caractérisée par des déficits d’ampleur variable. Cette constatation vaut pour la production de bois seule ainsi que pour le bilan total des entreprises (OFEV 2009). Les déficits s’expliquent généralement par les problèmes structurels de la branche (Office des forêts du canton de Berne OFOR 2002). Les petites entreprises ont
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des coûts fixes trop élevés et obtiennent des prix de vente inférieurs aux entreprises étrangères en raison d’une plus faible production de bois et de structures de vente moins professionnelles (Sekot 2007; Mai et al. 2007). Les entreprises déficitaires ont plusieurs possibilités pour améliorer leur situation. Elles peuvent tenter d’agrandir la surface exploitée par l’achat de surfaces forestières, diversifier les services proposés, ou encore s’engager dans une coopération avec les entreprises voisines. Les propriétaires de forêt privée sont peu disposés à vendre leur bien (Krebs 2002) et la vente de forêt publique exige généralement une décision populaire, ce qui la rend difficile à réaliser. La diversification des services est une stratégie possible mais elle n’a pas toujours l’effet escompté (Hofer 2007). La coopération paraît donc être une voie prometteuse dans l’économie forestière (Office des forêts du canton de Berne OFOR 2002). Sur le plan international, les coopérations ne sont pas rares dans l’économie forestière et du bois, mais leur forme varie entre les régions. En Scandinavie et en Amérique du Nord, la coopération verticale est répandue, tandis qu’en Europe centrale, les entreprises coopèrent surtout de manière horizontale. La mise en place de coopérations forestières est supportée par l’Office fédéral de l’environnement OFEV et bénéficie donc également de subventions dans la plupart des cantons. La situation économique difficile ainsi qu’une série d’incidents naturels (tempête Lothar, bostryche, sécheresse estivale etc.) ont favorisé la mise en place de coopérations au cours des dix dernières années. Une étude financée par le Programme d’encouragement «Bois21» et Économie Forestière Suisse a analysé les formes et degrés de coopération existant dans la forêt publique, ainsi que les formes juridiques choisies et les facteurs spécifiques ayant favorisé la coopération dans les cas particuliers.
Matériel et méthodes Questionnaires, interviews et comptes d’exploitations L’étude se base d’une part sur des questionnaires adressés aux associations forestières cantonales, à l’association Économie Forestière Suisse, aux services forestiers
cantonaux et à une sélection de gestionnaires d’entreprise; d’autre part, 20 coopérations existantes on été sélectionnées pour une analyse approfondie de leur structure. Le choix des formes de coopération repose sur les critères suivants: ••diversité des approches concernant le degré de coopération ••distribution géographique (exemples issus de chaque région de production principale: Jura, Plateau, Préalpes , Alpes, sud des Alpes) ••diversité des fonctions (forêt de protection, de détente etc.) Les 20 coopérations analysées comprennent quatre organisations de commercialisation du bois avec une coopération peu intense, et 16 coopérations d’exploitation. Deux organisations de commercialisation et trois coopérations d’exploitation sont localisées dans la région Préalpes / Alpes / sud des Alpes, six coopérations d’exploitation se situent dans le Jura, et les coopérations restantes sur le Plateau. Toutes les coopérations ont été mises en place après la tempête Lothar, entre 2001 et 2006, et se trouvaient encore en phase de constitution au moment de l’enquête. Pour l’analyse des coopérations d’exploitation, les comptes d’exploitation (11 des 16 coopérations ont accepté de les mettre à disposition), les contrats de coopération ou les statuts et règlements ont été consultés. De plus, des interviews structurées ont été conduites avec les gestionnaires ou chefs des entreprises.
hiérarchique
Forme de conduite
EP
Réseau de projet
Réseaux stratégiques
Réseau d‘associations
OC
!!!! EV
Réseau de production
CE hétérarchique
stable
EV = Entreprise virtuelle
Stabilité nécessaire des coopérations
dynamique
Source: Sydow (2006)
Figure 1 | Matrice à quatre quadrants classifiant les coopérations (Sydow 1998) avec la position des formes principales de coopération analysées par Pauli et al . (2008). CE = communauté d’entreprises, OC = organisation de commercialisation, EP = entreprise principale.
Résumé
Economie forestière suisse: les facteurs des uccès des coopérations | Economie agricole
Une étude de la Haute école suisse d'agronomie HESA a examiné les formes de coopération existant au sein de l'économie forestière suisse, et les facteurs qui ont favorisé leur mise en place. Une grande diversité de formes de coopération a été constatée concernant le degré de coopération, la forme juridique choisie et le nombre de partenaires impliqués. Il n'a pas été possible d'identifier un modèle «optimal»; une coopération réussie dépend plutôt du contexte et des personnes impliquées. Quelques formes de coopération ont été présentées dans une brochure destinée à la pratique.
Bases théoriques La coopération est une collaboration volontaire entre des partenaires juridiquement indépendants, qui renoncent partiellement à leur indépendance économique en vue d’une action coordonnée leur permettant de mieux atteindre leurs objectifs économiques que s’ils agissaient individuellement (Etter 2003). Cette collaboration peut prendre les formes les plus diverses. Sydow (2006) note qu’il y existe une infinité de types de réseaux. Il propose une classification basée sur le mode de conduite (hiérarchie ou égalité entre partenaires) et la stabilité temporelle du réseau (fig. 1). Cette classification a été suivie dans l’étude de Pauli et al. (2008). Theling et Loos (2004) mentionnent d’autres critères de classification, comme le nombre de partenaires et leur origine géographique et institutionnelle. Du point de vue théorique, trois approches par modèle expliquent la formation de coopérations. L’approche de l’économie industrielle, proposée par les économistes Bains (1968) et Porter (1981), part du principe que des groupes d’entreprises agissant sur un marché commun et offrant des produits similaires – qui sont donc en compétition – commencent à collaborer à partir d’une certaine concentration de prestataires pour améliorer leur position sur le marché. Toutes les entreprises qui agissent sur un marché commun avec une stratégie concurrentielle semblable forment un groupe stratégique, qui se délimite des autres groupes stratégiques par des barrières de mobilité ou de marché (Porter 1980).
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Economie agricole | Economie forestière suisse: les facteurs des uccès des coopérations
Figure 2 | La commercialisation coopérative du bois facilite l'accès aux marchés internationaux et les transactions avec des clients en gros, qui achètent le bois par charges de wagons de train. (Photo: Michael Meuter, Zurich/LIGNUM)
La coopération peut permettre à des entreprises de franchir ces barrières et de pénétrer dans un nouveau groupe stratégique. Une deuxième approche pour expliquer les coopérations est fournie pas la nouvelle économie institutionnelle avec sa théorie des coûts de transaction. Cette théorie remonte aux travaux scientifiques de Coase (1937 à 1960) et a été résumée par Pauli (2002). La nouvelle économie institutionnelle distingue deux formes de régulation: d’un côté le marché au sein duquel les entreprises sont flexibles et agissent de manière opportuniste, mais doivent fournir un effort de coordination considérable pour échanger leurs services et produits par voie de contrats; de l’autre côté, l’entreprise, organisée hiérarchiquement, qui exige une action anti-opportuniste basée sur la confiance mutuelle des partenaires. Cette forme requiert moins de coordination mais réduit la flexibilité. Selon Sydow (2006), la coopération est une forme mixte entre le marché et la hiérarchie, où l’on essaye de combiner les avantages d’une structure de marché (flexibilité) avec les avantages d’une structure d’entreprise hiérarchique (moins de coordination donc moins coûts de transactions). La troisième approche, plus récente, issue de la gestion de la chaîne logistique (Supply Chain Management), postule que des coopérations se forment lorsque les entreprises veulent rapidement accéder à de nouvelles compétences ou à de nouveaux marchés (Duschek et Sydow 2002). Une autre branche de la recherche sur les coopérations analyse le comportement des individus qui coopèrent et cherche à en déduire les conséquences au niveau du système entier.
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Dans les années 1980, Axelrod (1984) a démontré par des essais basés sur la théorie des jeux que sous certaines conditions, la coopération est même profitable à des partenaires qui agissent en principe de manière égoïste, car elle leur permet de s’imposer jusqu’à un certain point dans un groupe. Des travaux plus récents (Fehr et Fischbacher 2003) montrent que les coopérations sont plus fréquentes que les considérations théoriques ne le prédisent, car des facettes humaines telles que l’altruisme et le sens de la justice (fairness), négligées jusqu’alors, influencent la manière d’agir. Les modèles appliqués dans le domaine de la coopération partent donc du principe que la réussite de la mise en place d’une coopération dépend non seulement de la forme d’organisation et de la stratégie de marché suivie, mais aussi de facteurs humains (Kyburz et Pfister 2005).
Résultats Les coopérations forestières visent la stabilité Les formes de coopération analysées dans le cadre de l’étude de la HESA ont été classifiées selon leur durée et leur forme de régulation d’une part et selon l’intensité de la coopération d’autre part, ceci en appliquant le système de Sydow (1998; fig. 1). Trois grands groupes de formes de coopération ont été mis en évidence et sont brièvement décrits ci-après. Les Communautés d’entreprises forestières (CEF) sont des formes de coopération où plusieurs propriétaires forestiers se regroupent au sein d’une collectivité de droit public selon la législation cantonale (par exemple comme syndicat de communes). Les contrats formant la base de la coopération sont conclus à long terme, et les entreprises sont des partenaires égaux. Selon Hess (2000), les communautés d’entreprises forestières correspondent à un réseau commun (fig. 1). Par contre, les organisations de commercialisation (OC) sont des regroupements d’un nombre variable de propriétaires de tailles très diverses, dont le but est de commercialiser ensemble du bois. L’étendue de la coopération est donc plus modeste qu’avec la coopération d’exploitations. L’organisation de commercialisation est prévue pour une longue durée mais les fournisseurs individuels ne sont pas tenus de commercialiser leur bois par le biais de l’organisation et ne le font donc que si cela leur procure un avantage. Ceci introduit une composante très dynamique. L’organisation de commercialisation occupe une position intermédiaire entre le réseau commun et le réseau de production. Une troisième forme de coopération fréquente dans la foresterie suisse est celle d’une entreprise principale (EP).
Economie forestière suisse: les facteurs des uccès des coopérations | Economie agricole
Dans ce cas, le propriétaire forestier, qui possède également l’entreprise, joue clairement un rôle de directeur envers les partenaires de coopération. L’entreprise principale devient alors l’entreprise focale et la forme de coopération constitue un réseau stratégique. Toutes les formes de coopération sont orientées vers la durabilité et la stabilité. Le degré de coopération est plus faible dans les entreprises principales avec décomptes séparés et plus intense dans les communautés d’entreprises avec décompte commun. Tous les degrés d’intensité sont représentés dans la foresterie suisse. Grande diversité de formes juridiques La formes juridiques sont également très diverses. Les formes classiques sont le bail à ferme, la coopérative ou le mandat, mais il existe aussi des sociétés à responsabilité limitée, des sociétés anonymes ou des associations. Parmi les 20 formes de coopération étudiées, les propriétaires de forêts publiques optaient le plus souvent pour le syndicat de communes selon les législations cantonales et communales. Le forme juridique définit les conditions-cadres internes et externes auxquelles doit répondre la forme de coopération. Elle influence les questions de responsabilité et détermine les possibilités et limites de participation aux décisions des entreprises individuelles. Les personnes interrogées accordent donc une grande importance au choix de la forme juridique lors de la mise en place d’une coopération ou plus généralement lors de la fondation d’une entreprise. Après analyse des 20 formes de coopération en Suisse, Pauli et al. (2008) ont cependant conclu que la forme juridique n’est pas décisive pour la réussite de la coopération. Atouts et faiblesses des formes de coopération L’atout principal des coopérations est la professionnalisation des domaines impliqués. Les coopérations se caractérisent par des structures simples et une exécution efficace des tâches. Elles peuvent accueillir des nouveaux partenaires et ainsi améliorer leur position sur le marché. En revanche, des faiblesses apparaissent dans la formulation des stratégies et objectifs des formes de coopération, qui restent souvent très généraux et impliquent donc le risque de conflits d’intérêt imprévus. De plus, la mise en place de mécanismes de contrôle efficaces est impossible sans formulation d’objectifs bien définis. Les formes de coopération analysées n’exploitent pas encore l’entier de leur potentiel, ce qui s’explique en partie par le fait que toutes les coopérations sont encore en phase de constitution. Les synergies possibles, par exemple
Figure 3 | Une mesure pour établir la confiance au sein de nouvelles coopérations consiste à attribuer de nouvelles tâches aux collaborateurs, qui leur ouvrent de nouvelles perspectives sans les surcharger. (Photo: HESA FWI)
dans la facturation, ne sont pas encore mises à profit et les collaborateurs et parcs de machines ne sont pas encore adaptés aux nouvelles structures. Un risque particulier menace les formes de coopération qui dépendent fortement d’une seule personne (chef ou gestionnaire d’entreprise) sans que son remplacement n’ait été défini. La démission de cette personne-clé signifierait une perte d’informations, de contrôle et de connaissances qui menacerait la survie de l’ensemble de la coopération. Six exemples du catalogue des formes de coopération ont été sélectionnés, analysés et décrits avec leurs forces et faiblesses dans une brochure destinée à la pratique (HESA, EFS & OFEV 2010). Importance des leaders d’opinion engagés L’interview des chefs d’entreprise a permis d’identifier les points communs des histoires de coopérations. Il s’avère que dans chaque cas étudié, un incident externe grave pour l’entreprise a déclenché le changement de la forme d’organisation. La situation difficile sur le marché du bois après la tempête Lothar est l’un de ces facteurs. Plus fréquemment, les changements au niveau du personnel dans une ou plusieurs entreprises forestières voisines ont été suivis de négociations de coopération. Dans un premier temps, une ou plusieurs personnalités bien acceptées dans la foresterie ou la politique locale ont préparé le terrain de la coopération par des mesures destinées à établir la confiance. La participation de tous les acteurs concernés et une attitude ouverte face à leurs craintes sont décisives dans cette phase de mise en confiance. Un système de valeurs communes (culture d’entreprise semblable) est décisif dans cette phase d’entente des futurs partenaires de coopération. Ces valeurs s’ex-
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Economie agricole | Economie forestière suisse: les facteurs des uccès des coopérations
priment non seulement dans de la formulation d’objectifs communs ou d’une stratégie commune, mais également dans l’attitude envers les collaborateurs et envers la base de production naturelle «forêt».
Discussion L’analyse économique de coopérations et les modèles explicatifs théoriques associés ont surtout considéré celles-ci sur le plan technique et de l’organisation (Pauli 2002; Sydow 2006). Pour simplifier les modèles, on a négligé le fait que les organisations se composent de personnes, dont les préférences et les valeurs sont décisives pour le succès de l’organisation (Kyburz et Pfister 2005). Cette étude conduite entre 2006 et 2008, qui a principalement tenu compte des stratégies formulées, des structures et processus d’organisation ainsi que des indicateurs financiers, n’a pu expliquer qu’en petite partie la réussite des coopérations individuelles. Des analyses statistiques ou comparatives sont rendues impossibles par le mode de sélection choisi. La valeur de cette étude réside dans la mise en évidence de plusieurs voies alternatives pouvant conduire à une coopération réussie, qui ont déjà été suivies dans la foresterie suisse. L’étude documente un stade de développement qui peut servir de base à une analyse temporelle afin de décrire, analyser et mieux comprendre la transition de la phase de constitution à l’état à moyen et long terme.
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Conclusions Lors de la mise en place d’une coopération, il est essentiel d’identifier puis d’intégrer toutes les personnes-clé: leaders d’opinion locaux, responsables politiques, chefs et gestionnaires d’entreprise actuels, collaborateurs et services forestiers locaux. En intégrant tous ces acteurs le plus tôt possible, les chances de réussite du projet de coopération augmentent. Dès le départ, il doit y avoir une base de valeurs commune. Des entreprises ayant une conception fondamentalement différente des stratégies forestières, qui pratiquent une culture d’entreprise diamétralement opposée ou dont les portefeuilles de produits sont totalement différents auront des difficultés à collaborer avec succès. La proximité géographique ne suffit pas pour établir une coopération d’exploitation. Le choix de la forme juridique n’est pas décisif pour la réussite d’une coopération, du moins dans la phase de départ documentée ici. Néanmoins, les auteurs sont convaincus qu’une forme juridique fixant clairement les droits et les obligations des partenaires est préférable, car elle oblige les partenaires à définir précisément leurs rôles. Il n’est pas possible, ni nécessaire, d’exploiter pleinement le bénéfice potentiel d’une coopération dès le départ. Il est préférable de procéder progressivement avec des mesures servant à établir la confiance, comme une gestion coopérative par plusieurs des gestionnaires des entreprises, la préparation de décomptes séparés pour chaque partenaire ou la prise en charge de tous les collaborateurs disposés à participer à la nouvelle forme d’entreprise. La coopération pourra être intensifiée au fil du temps. Le but est d’améliorer à long terme la profitabilité et le maintien dans un marché futur qui sera peut-être encore plus globalisé. Ce but devrait être prion ritaire par rapport au rendement à court terme.
Economia forestale svizzera: Quale forma di collaborazione porta al successo Nell’ambito di uno studio della Scuola superiore di agricoltura svizzera è stato esaminato quali forme di cooperazione nel settore dell’economia forestale svizzera esistono e quali fattori hanno promosso la loro costituzione. In generale vi è stata constatata una grande diversità tra le forme di collaborazione istaurate. Questa diversità è dettata dall’intensità di collaborazione, dalla scelta della forma giuridica e dal numero di partner coinvolti. Non è stato, tuttavia, possibile identificare un unico modello «ideale». Risulta piuttosto che la cooperazione di successo dipende dall’ambiente esistente e dalle attività svolte da persone chiave coinvolte. Alcune forme di collaborazione sono state selezionate e presentate come aiuto pratico.
Bibliographie ▪▪ Office des forêts du canton de Berne, 2002. Bericht Galileo – Vision für die Berner Waldwirtschaft. ▪▪ Axelrod R., 1984. The evolution of cooperation. New York: Basic Books, Inc. Deutsche Fassung: Oldenbourg Wissenschaftsverlag GmbH, München 2000. ▪▪ OFEV, 2009. Annuaire la forêt et le bois 2008. Connaissance de l‘environnement 0904. Office fédéral de l’environnement, Berne. 202 p. ▪▪ Bain J. S., 1968. Industrial organization. New York: Wiley. e édition. 678 p. ▪▪ Coase R., 1937. The nature of the firm. Economica 4, 386–405. ▪▪ Coase R., 1938/1973. Business organization and the accountant. In: Buchanan J. M. & Thirlby G. F. (ed.). L.S. E. essays on cost. New York: Univ. Press., 95 – 132. ▪▪ Coase R., 1960. The problem of social cost. Journal of Law and Economics 3, 1–44. ▪▪ Duschek S. & Sydow J., 2002. Ressourcenorientierte Ansätze des strategischen Managements – Zwei Perspektiven auf Unternehmungskooperation. WiSt . 31, 426–431. ▪▪ Etter C., 2003. Nachgründungsdynamik neugegründeter Unternehmen in Berlin im interregionalen Vergleich, Dissertation, FU Berlin. ▪▪ Fehr E. & Fischbacher U., 2003. The nature of human altruism. Nature 425, 785–791. ▪▪ HESA, EFS, OFEV, 2010. Coopérations au sein de l’économie forestière suisse. 20 p. ▪▪ Hess T. 2000. Anwendungsmöglichkeiten des Konzerncontrolling in Unternehmensnetzwerken. In: Sydow J. & Windeler A. (éd.). Steuerung von Netzwerken. Konzepte und Praktiken. Westdeutscher Verlag GmbH Opladen, Wiesbaden. 391 p. ▪▪ Hofer P., 2007. Koreferat zum Thema Kooperationen in der Waldwirtschaft. Gehalten anlässlich des 4. Waldökonomischen Seminars in Münchenwiler September 2007. Non publié.
Summary
Riassunto
Economie forestière suisse: les facteurs des uccès des coopérations | Economie agricole
Swiss forest economy: how to cooperate successfully Within the framework of a study conducted by the Swiss College of Agriculture, the types of cooperation currently in existence in the Swiss forestry industry together with the factors favorably influencing their establishment were examined. It was ascertained that a wide variety of cooperation types exist in terms of the depth of cooperation, the choice of legal structure and the number of participating partners. No «best» model could be determined; it was rather clear that successful cooperation depends on the existing situation and its key players. Some cooperation types have been selected and are presented in the form of practical advice. Key words: Swiss forest industries, cooperation.
▪▪ Krebs B., 2002. Projekt Auriga. Verbesserung der Bewirtschaftungs bedingungen im Privatwald des Kantons Bern. Rapport de base non p ublié. Office des forêts du canton de Berne OFOR . ▪▪ Kyburz P. & Pfister Th., 2005. So kommt der Faktor Mensch besser zum Tragen. In: Kooperationen gründen und erfolgreich führen. KTBL-Schrift 433, 9–15. ▪▪ Mai W., Borchert R. & Schreiber R., 2007. Überschüsse der Forstbetriebe in Bayern deutlich gestiegen. AFZ-Der Wald 22, 1184–1185. ▪▪ Pauli B., 2002. Gestaltungsfelder einer dauerhaften Kooperation und Koordination in Supply Chain Management Systemen. Travail de diplôme (non publié), Université technique de Munich. ▪▪ Pauli B., Stöckli – Krebs B. & Bernhard St., 2008. Kooperationen in der Schweizer Waldwirtschaft. Rapport final (non publié). ▪▪ Porter M.E., 1981. The contributions of industrial organization to strategic management. Academy of Management Review 6, 609–620. ▪▪ Porter M.E., 1980. Competitive Strategy: Techniques for analyzing industries and competitors. New York, The Free Press ▪▪ Sekot W., 2007. Österreichs Forstwirtschaft 2006. Überdurchschnittlich erfolgreich. AFZ-Der Wald 22, 1198–1199. ▪▪ Syodw J., 2006. Management von Netzwerkorganisationen. Verlag Gabler, Wiesbaden. 4 | Auflage. 472 p. ▪▪ Sydow J., 1998. Postmoderne Konzerne? – Zum Verhältnis von Konzernen und Netzwerk, Schriftfassung eines Vortrages auf dem 22. Workshop der Kommission «Organisation» im Hochschullehrerverband für BWL an der FU Berlin. ▪▪ Theling Th. & Loos P., 2004. Determinanten und Formen von Unternehmenskooperationen. Working Papers of the Research Group Information Systems & Management, Paper 18.
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E c o n o m i e
a g r i c o l e
Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Évaluation économique Christian Gazzarin1 et Valérie Piccand2 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen 2 Haute école suisse d’agronomie HESA, 3052 Zollikofen Renseignements: Christian Gazzarin, e-mail: gazzarin.christian@art.admin.ch, tél. +41 52 368 31 31 1
Selon le type système de paiement du lait les Holstein néozélandaises ou les Holstein suisses ont obtenu le meilleur revenu par ha. (Photo: projet «Quelle vache pour la pature»?)
Introduction et problématique Le coût de l’alimentation des vaches est le poste le plus important de la production laitière. En Suisse, jusqu’à 30 % des coûts spécifiques sont imputables à la production des fourrages et à l’achat d’aliments, en particulier de concentrés (Gazzarin et al. 2005). L’augmentation de la part de pâture dans la ration permet non seulement de réduire les coûts de conservation des fourrages, mais aussi d’économiser le temps passé à l’alimentation des animaux, les vaches allant chercher elles-mêmes leur nourriture au pâturage. Toutefois, un bon regroupement des parcelles de l’exploitation est souvent une condition préalable au choix de ce système. Le choix de vêlages groupés au printemps peut réduire encore davantage le volume des fourrages conservés, car les vaches sont taries au moment de la période d’alimentation hivernale. La diminution des quantités de fourrages conservés entraîne une réduction des coûts de machines, de bâtiments (stockage) et de main-d’œuvre. Ces coûts de structure ont un poids particulièrement important en
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Suisse, caractérisée par un environnement de coûts élevés (Gazzarin et Schick 2004; Gazzarin et al. 2005). Les exigences concernant des vaches conduites en système de pâture intégrale avec vêlages groupés sont différentes de celles concernant des vaches conduites avec une alimentation essentiellement en bâtiment avec des vêlages répartis sur l’année. Ces dernières années, une part importante de génétique nord-américaine, issue de vaches sélectionnées dans des conditions d’alimentation en bâtiment, a été introduite dans les races de vaches suisses. Dans ces conditions, on peut se demander dans quelle mesure les types de vaches les plus répandus actuellement sont adaptés au système de pâture intégrale avec vêlages groupés. Ainsi, des résultats de recherche récents démontrent que des vaches, sélectionnées dans des conditions d’alimentation en bâtiment avec des rations complètes, ne sont pas adaptées au système de pâture intégrale pour les critères de production, de reproduction (Kolver et al. 2000; Horan et al. 2005; Fulkerson et al. 2008) et de rentabilité (McCarthy et al. 2007). Dans ces conditions, et en prenant en compte les surfaces limitées à disposition des producteurs de lait en Suisse, quel type de vache permet les revenus les plus élevés en système de pâture intégrale avec vêlages groupés? Comment le travail est-il valorisé (salaire horaire)?
Animaux, matériel et méthodes Les données utilisées pour les calculs de rentabilité proviennent d’un essai sur trois ans «Quelle vache pour la pâture?» réalisé par la Haute école suisse d’agronomie HESA et d’autres partenaires. Les vaches et exploitations impliquées, le schéma expérimental, les paramètres relevés ainsi que les méthodes d’analyse statistique ont été décrits en détail dans le premier article de la série (Piccand et al. 2011). En bref, de 2007 à 2009, des vaches Holstein néo-zélandaises (NZ HF) ont été appariées avec des vaches suisses sur 15 fermes commerciales, incluant au final 259 lactations de 134 vaches (NZ HF, n = 131 lactations/58 vaches Holstein Suisse (CH HF) 40/24; Fleckvieh (CH FV) 43/27; Brown Swiss suisse (CH BS) 45/25). Les
données principales concernent les niveaux de production laitière des trois premières lactations, les teneurs du lait, les poids moyens annuels des vaches et le nombre de vaches non gestantes 12 semaines après le début de la saison de reproduction. Sur la base des données mentionnées précédemment, le principe a été de simuler un troupeau complet pour chaque type de vaches en extrapolant les données pour avoir des structures de troupeau définies (part de vaches pour chaque rang de lactation; tabl. 1). La production laitière en 3e lactation a été prise comme base de calcul pour les productions des lactations de rangs 4 et plus. Les calculs ont été effectués avec différents modèles. Les productions laitières annuelles moyennes et le poids moyen des vaches ont été calculés dans un modèle de troupeau sur la base d’une structure de troupeau définie. La consommation de fourrages grossiers en hiver et en été a été calculée grâce à un autre modèle se basant sur la qualité du fourrage de base et qui dépend de la production laitière de l’année, du poids de la vache et de la date de vêlage. La consommation de concentrés a été fixée à 280 kg par vache et par an, ce qui correspond à la moyenne des 15 exploitations du projet «Quelle vache pour la pâture?». D’autres calculs ont été effectués avec d’autres modèles, comme le temps de traite (en fonction de la quantité de lait journalière) et les coûts de bâtiments. Pour ces derniers, on a pris en compte les coûts de stockage de la matière sèche des fourrages ingérés. Par ailleurs, pour les CH HF, avec certaines vaches à plus de 150 cm au garrot, on a augmenté de 5 % les surfaces des logettes, des allées et des places d’alimentation. Les données calculées ont été intégrées dans un modèle global afin d’estimer les divers produits et coûts pour un système fermé en production laitière (Gazzarin et Schick 2004). Le tableau 2 présente la mécanisation et le type de bâtiment choisis dans le modèle; aucune différence n’a été faite selon les types de vaches. Pour l’interprétation des résultats, il est nécessaire de garder à l’esprit qu’il s’agit ici de systèmes optimisés: les capacités des bâtiments, en particulier le nombre de places, sont totalement utilisées et il n’y a pas de dettes préexistantes pour d’anciens bâtiments. De plus, aucun coût d’agrandissement tels les amortissements ou les locations de contingent n’a été pris en compte.
Résultats Le tableau 3 présente les résultats d’une exploitation de 15 ha de prairies intensives en plaine affourageant exclusivement du foin, selon un système de paiement du lait aux volumes livrés (Volume) ou incluant en plus un paiement selon les teneurs (V + Teneurs).
Résumé
Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Évaluation économique | Economie agricole
La rentabilité de différents types de vaches, conduites en système de pâture intégrale avec vêlages groupés en fin d’hiver, a été étudiée. Pour cela, un modèle de simulation de troupeau a été réalisé à partir des données du projet de recherche «Quelle vache pour la pâture?». Les résultats indiquent une différence de revenus variant de zéro à 15 %, soit de zéro à 5 centimes par kg de lait. Il n’existe pas d’avantage net pour un type de vache. Toutefois, d’après notre modèle, une haute productivité laitière à l’hectare ou, dans le cas d’un paiement du lait en fonction des teneurs, une production élevée de matières grasse et protéique à l’hectare, sont des facteurs déterminants de rentabilité. Une haute productivité à l’hectare peut être atteinte par des animaux à haut niveau de production laitière individuel ou par des animaux plus petits et moins productifs mais en plus grand nombre. D’autres différences relatives aux différents types de vaches ont été mises en évidence, notamment le produit viande et les performances de reproduction. Ces dernières sont essentielles pour un système de pâture intégrale avec vêlages groupés, mais toutes leurs conséquences, notamment sur le temps de travail, n’ont pu être étudiées. Pour évaluer l’impact de facteurs supplémentaires, l’acquisition de références plus solides sur les différents types de vaches conduites dans différents systèmes de production doit être poursuivie. Les impacts de ces facteurs devront être évalués en termes de rentabilité, mais aussi d’écologie et de charge de travail, autres composantes de la durabilité.
Sur 15 ha, environ 29 à 33 vaches peuvent être nourries selon les groupes. La consommation de fourrages grossiers par vache est le facteur déterminant du nombre possible de vaches sur une surface donnée. La consommation dépend du poids vif des vaches et du niveau de production laitière (lait corrigé selon l’énergie, ECM). Les revenus de la production laitière varient, suivant le système de paiement du lait, d’environ 3200 francs (CH FV, paiement au volume) à 3700 francs par hectare (NZ HF, paiement aux taux). Parmi les groupes de l’étude, ce sont les CH HF qui ont produit le plus de lait par hectare. Pourtant, ce paramètre n’est corrélé aux revenus que lorsque les teneurs sont ignorées dans le paiement du lait. Le paiement selon les teneurs entraîne un meilleur résultat pour les animaux de type NZ HF notamment, malgré leur pro duction laitière plus faible (fig. 1).
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Economie agricole | Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Évaluation économique
Tableau 1 | Données des troupeaux issues des résultats du projet «Quelle vache pour la pâture?», 2007–2009 Unité
CH HF
CH FV
CH BS
NZ HF
kg de lait
6431
5811
5500
5799
jours
274
286
278
276
Taux de matière grasse
%
4,0
4,2
3,9
4,2
Taux protéique
%
3,2
3,3
3,3
3,5
kg ECM
6344
5920
5381
6002
Poids de carcasse moyen des vaches
kg
586
607
516
509
Poids vif moyen des vaches
kg
598
643
537
540
kg / vache
5719
5654
5002
5331
Consommation de fourrages grossiers par an, moyenne (avec ensilage) kg / vache
5662
5586
4949
5272
Production laitière annuelle moyenne par vache Durée de lactation calculée1
Production laitière ECM annuelle moyenne par vache
Consommation de fourrages grossiers par an, moyenne (sans ensilage)
Taux de renouvellement
2
Durée d’utilisation des vaches Structure du troupeau (proportion de vaches ≥ 4 lactations) Facteur d’élevage (veaux élevés) Part de veaux croisés Facteur de correction pour la 4 lactation e
3
Consommation de concentrés par an Facteur de plus-value pour la viande des vaches et des veaux Coûts forfaitaires d’élevage du jeune bétail
%
31
24
années
3,25
4,24
%
37
54
facteur
0,95
0,95
%
32
46
facteur
1,053
1,053
kg / vache
280
280
facteur
1
1,1
1
1
CHF / mois
90
90
80
80
L es jours de lactation dépendent des performances de reproduction. Les vaches qui sont gestantes tardivement ont des lactations plus courtes car toutes les vaches sont taries au même moment. Taux de renouvellement = part des vaches non portantes après 12 semaines + 10 % (arrondi). 3 Production laitière lors de la 3 e lactation multipliée par le facteur de correction = production laitière lors de la 4 e lactation. 1
2
23
CHF / h
22 21 20 19 18 3100
3200
3300
3400 3500 CHF/ha
3600
3700
3800
Figure 1 | Effet de deux systèmes de paiement du lait (paiement au volume – symbole vide; supplément pour teneurs avec système avec correction additive du prix de base (0,63 CHF/kg lait) de 0,05 CHF x [graisse% + (2 x protéine%) - 10,5] - symbole plein) sur le revenu par ha et par heure de travail pour différents types de vache (CH HF ■; CH FV ■; CH BS ▲; NZ HF ●) sur 15 ha, avec affouragement de foin.
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La rémunération du travail (salaire horaire) est un autre facteur déterminant de la rentabilité. Elle se calcule en soustrayant les coûts totaux (sans le travail) des produits, puis en divisant ce revenu par le nombre d’heures effectuées. Les troupeaux de CH HF et de CH FV nécessitent le moins d’heures de travail (tabl. 3), principalement à cause du nombre réduit de vaches, qui a une influence durant la période hivernale (temps nécessaire à l’alimentation du troupeau et à l’évacuation du fumier). La rémunération du travail varie de 19 à 22 francs par heure, la valeur la plus haute est atteinte par les CH HF dans les deux systèmes de paiement du lait. Cela s’explique aussi par le nombre moins important de vaches, entraînant un niveau plus faible d’investissement par hectare pour le bâtiment, malgré l’augmentation de 5 % des espaces fonctionnels nécessaires aux CH HF. Si la variation des résultats selon les races est analogue pour une exploitation de 30 ha dont la surface fourragère peut nourrir 57 à 65 vaches, ils sont toutefois supérieurs de 40 à 50 % à ceux des exploitations de 15 ha. Ces calculs comparatifs ont également été effectués pour des exploitations utilisant de l’ensilage. Leurs revenus, avec un prix du lait inférieur de 3 centimes, sont infé-
Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Évaluation économique | Economie agricole
rieurs de 7 à 9 % à ceux des systèmes foin. Les différences entre les différents troupeaux, un peu plus importantes, restent globalement semblables à la variante «foin».
Tableau 2 | Hypothèses choisises pour la mécanisation et les bâtiments
Tracteurs
15 ha SFP1
30 ha SFP
41 kW, 60 kW (occas.)
41 kW, 60 kW
Discussion
Récolte des fourrages Mécanisation moyenne (fauche / travail)
Performances de reproduction et produit viande: effets plus faibles? Dans les systèmes de production laitière en vêlages groupés, les performances de reproduction sont connues pour influencer les résultats économiques autant que les performances de lactation (McCarthy et al. 2007). En Irlande, Evans et al. (2006) estiment que la dégradation des performances de reproduction a grevé de moitié l’amélioration attendue du revenu des exploitations de 1990 à 2003. Dans nos simulations, les meilleurs résultats économiques s’observent pour les deux types Holstein – incontestablement les types les plus laitiers – malgré des performances de reproduction inférieures pour les Holstein suisses. Dans une étude irlandaise comparant des vaches Holstein néo-zélandaises à des vaches Holstein nord-américaines, avec des résultats de production et de reproduction comparables à ceux de notre étude (NZ HF et CH HF), le type néo-zélandais a permis de meilleurs résultats économiques, quel que soit le scénario étudié (McCarthy et al. 2007). La production laitière inférieure est largement compensée par de meilleures performances de reproduction. Dans nos modèles, les performances de reproduction n’influencent que la durée de lactation et le taux de remonte. Les effets indirects ne
Production d’ensilage
Mécanisation importante
Stockage du fourrage
Balles rondes / silo tranchée Balles rondes / silo tranchée
Récolte du fourrage
autochargeuse
autochargeuse
presser/tasser par entrepreneur
presser/tasser par entrepreneur
Reprise du fourrage
Chargeur frontal, découpeur Chargeur frontal, mélangeuse de blocs
Production de fourrage sec Stockage du fourrage Séchage en grange
Séchage en grange
Récolte du fourrage
Autochargeuse
Autochargeuse
Reprise du fourrage
Griffe à foin
Griffe à foin
Stabulation
Stabulation libre avec logettes
Stabulation libre avec logettes
Salle de traite
Epi 2×3 / 6 postes
Epi 2×4 / 8 postes
1
Surface fourragère principale.
sont pas pris en compte. Or, selon Montgomerie (2002), la moitié du bénéfice économique de meilleures performances de reproduction provient de la capacité à réformer les plus faibles productrices. La combinaison produit viande, bonnes performances de reproduction et performance laitière moyenne n’a pas permis au type CH FV d’atteindre les performances économiques des types les
Tableau 3 | Influence du type de vache et du système de paiment du lait sur les principaux facteurs de succès d'une exploitation de 15 ha en pâture intégrale, vêlages groupés et alimentation foin (prix de base du lait: 0,63 CHF / kg) Type de vache1
Unité
Système de paiement du lait
CH HF
CH FV
CH BS
NZ HF
Volume
V+Teneurs
Volume
V+Teneurs
Volume
V+Teneurs
Volume
V+Teneurs
29
–
29
–
33
–
31
–
Nombre de vaches
Nb
Production laitière
kg lait
183 927
–
167 357
–
179 300
–
178 029
–
Produit du lait
Fr. / 100 kg lait
59,7
59,2
59,3
61,0
59,4
58,9
59,5
62,7
Produit de la viande
Fr. / 100 kg lait
13,1
–
14,8
–
13,1
–
12,3
–
Paiments directs
Fr. / 100 kg lait
21,2
–
23,3
–
22,3
–
22,2
–
93,5
97,5
99,1
94,8
94,3
94,0
97,2
Produits totaux
Fr. / 100 kg lait
94,0
Coûts (sans travail)
Fr. / 100 kg lait
72,1
–
77,3
–
74,5
–
74,0
–
Coûts du travail
Fr. / 100 kg lait
37,5
–
41,4
–
41,2
–
40,8
–
Coûts totaux
Fr. / 100 kg lait
109,5
–
118,7
–
115,7
–
114,8
–
Revenu par ha3
Fr. / ha
3 626
3 568
3 184
3 368
3 364
3 307
3 314
3 696
22
22
19
20
19
19
19
21
2 463
–
2 473
–
2 639
–
2 592
–
Rémunération du travail Fr. / h Heures de travail
MOh / an
CH HF=Holstein suisse, CH FV= Fleckvieh, CH BS= Brown Swiss, NZ HF= Holstein-Friesian néo-zélandaise. Volume = paiement par kg de lait, V+Teneurs = supplément pour teneurs avec système avec correction additive du prix de base (0,63 CHF/kg lait) de 0,05 CHF × (graisse% + (2 x protéine%) – 10,5). 3 50 % de capital propre et de terres en propriété. 1
2
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 354–359, 2011
357
Economie agricole | Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Évaluation économique
plus laitiers, contrairement aux résultats de Evans et al. (2004) avec la race Montbéliarde ou de Delaby et al. (2008) avec la race Normande. Fort impact du système de paiement du lait En Nouvelle-Zélande, seules la matière grasse et la matière protéique sont rémunérées, contrairement au système nord-américain ou suisse qui rémunère le volume généralement indépendamment des teneurs. Les vaches néo-zélandaises ont été sélectionnées sur des teneurs élevées, expliquant la grande amplitude de revenu pour le type NZ HF selon le système de paiement du lait considéré, volume ou volume + teneurs (fig. 1). Un paiement au kilo de matière utile, comme c’est déjà le cas chez certains acheteurs suisses, accentuerait encore ces écarts. En Suisse, où la transformation fromagère est plus importante, il y a fort à parier que ce type de paiement se développe dans un contexte d’utilisation efficace des ressources. Pousser la réflexion sur le type de vaches Du fait du nombre limité de données à disposition, un modèle de calcul ne permet qu’une approche de la réalité. Divers autres facteurs influant la rentabilité des différents types de vaches sont encore peu connus ou n’ont pas pu être analysés pleinement dans notre étude: l’aptitude à la traite (coût du travail), la persistance (produit lait et coût alimentaire), la robustesse des vaches, du jeune bétail et des veaux (coûts du travail et frais vétérinaires), la réaction au changement d’environnement ou aux variations de qualité de la ration de base (concernant la production laitière), l’état corporel (produit lait, produit viande, frais vétérinaires), la maniabilité des vaches (coût du travail), les dégâts causés à l’herbe par le piétinement (rendement fourrager). L’acquisition de données plus solides sur les différents types de vaches conduites dans différents systèmes de production doit donc être poursuivie afin de pouvoir évaluer d’autres facteurs. Ces différents facteurs ne doivent pas seulement être évalués en fonction de la rentabilité, mais aussi en fonction d’autres aspects de la durabilité, comme l’écologie ou la charge en travail.
Conclusions Le type de vaches influence significativement le revenu. Entre types de vaches, les différences de revenu varient de zéro à 15 %, les différences de coûts de production varient de zéro à 0,05 CHF par litre de lait. Pour les exploitations utilisant exclusivement du foin, ces différences sont un peu plus faibles.
358
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 354–359, 2011
A même apport de concentrés et même surface de prairies, la production laitière est à rapporter à l’ingestion de fourrages grossiers ou au poids vif des vaches, un hectare de prairie pouvant supporter plus de vaches si elles sont plus légères. En combinaison avec une haute productivité individuelle des vaches, la production laitière à l’hectare, et donc aussi le revenu, augmentent. Toutefois, le travail nécessaire à l’alimentation hivernale augmente avec le nombre de vaches, ce qui pénalise la rémunération du travail. Le produit viande plus élevé des vaches plus lourdes, comme les CH FV, a permis de compenser en partie la plus faible productivité laitière à l’hectare. Les avantages éventuels en conditions d’alpage n’ont pas pu être étudiés. Les moins bonnes performances de reproduction des CH HF, et donc les coûts de renouvellement plus élevés qui y sont associés, ont également pu être compensés par les plus hautes performances individuelles et par les ventes de vaches de réforme. Cependant, en système avec vêlages groupés, de bonnes performances de reproduction sont primordiales pour plusieurs raisons. Elles permettent une production laitière plus élevée sur la lactation, mais aussi des coûts de renouvellement plus faibles, a fortiori dans une situation de prix bas pour les vaches de réforme. Certains aspects liés aux performances de reproduction n’ont cependant pas pu être pris en compte dans le modèle en raison du manque de données: les performances de reproduction pourraient influencer plus significativement le résultat en abaissant les frais vétérinaires, les frais d’insémination, mais aussi et surtout le temps de travail (inséminations, observation des vaches, soins aux veaux). Globalement, les résultats de la comparaison ne sont pas seulement influencés par le poids des vaches et la production laitière sur la lactation, mais aussi et fortement par le système de paiement du lait. n
Progetto «La mucca da pascolo e la sua genetica»:
Which cow for pasture-based production systems?:
Valutazione economica
Economic evaluation
E’ stata studiata la redditività di diversi tipi di mucche, condotte con sistema di pascolo integrale e con parto a fine inverno. E stato realizzato un modello di simulazione di mandria, partendo dai dati del
Summary
Riassunto
Projet «Quelle vache pour la pâture?»: Évaluation économique | Economie agricole
The objective of the study was to compare, within pasture-based seasonal-calving systems, the economic performance of different types of cows. A herd simulation based on the results of the project «Which cow
progetto di ricerca «La mucca da pascolo e la sua
for pasture-based production systems?» was under-
genetica». I risultati indicano una differenza di resa
taken. There were no clear advantages of one cow
che varia da 0 a 15 %. Non è stata evidenziata nessuna
type over the others. The model calculation could,
differenza marcante tra le diverse tipologie di mucca.
however, show that high milk production per hectare
Tuttavia, nel nostro modello, un’elevata produttività
or – with a component-based payment scheme – pro-
lattiera per ettaro – oppure in caso di un pagamento
duction of fat and protein per hectare represented an
del latte in funzione dei contenuti in materia grassa e
important success factor. High production per hectare
proteica per ettaro – sono determinanti per la
could be achieved with high individual production or
redditività. Un’elevata produttività per ettaro può
with low bodyweight of the cow and an associated
essere ottenuta da animali con un elevato livello di
increase in cow numbers. Other cow-type-related
produzione lattiero individuale o attraverso un
differences were found in the meat and reproduction
numero maggiore di animali più piccoli e meno
performances. Reproduction is essential for seasonal-
produttivi. Sono state evidenziate altre differenze
calving pasture-based milk production systems, but its
relative alle diverse tipologie di mucche, tra cui il
impact on working hours could not be taken into
prodotto carne e la capacità riproduttiva – elementi
account in our results. The acquisition of solid basic
essenziali per un sistema di pascolo integrale con
data about different cow types in different produc-
parto raggruppato. Ma tutte le loro conseguenze non
tion systems should therefore be continued in order
hanno potuto essere studiate. Per valutare l’impatto
to evaluate further influencing factors – not only in
di fattori supplementari, è necessario acquisire e
terms of cost-effectiveness, but also regarding further
perseguire riferimenti più solidi sulle diverse tipologie
aspects of sustainability like ecology or workload.
di mucche condotte con diversi sistemi di produzione. L’impatto di questi fattori dovranno essere valutati
Key words: pasture, seasonal calving, dairy produc-
anche in termini di ecologia e di carico di lavoro che
tion, economic efficiency, breeds
sono ulteriori componenti della sostenibilità. Bibliographie ▪▪ Burren A., Reist S., Piccand V., Stürm C., Rieder S. & Flury C., 2009. Züchterische Aspekte der Tiere im Projekt Weidekuh-Genetik. Agrarforschung 16 (8), 302–307. ▪▪ Delaby L., Pavie J., 2008. Impacts de la stratégie d’alimentation et du système fourrager sur les performances économiques de l’élevage laitier dans un contexte de prix instables. Rencontres Recherches Ruminants 15, 135–138. ▪▪ Evans R. D., Dillon P., Shalloo L., Wallace M. & Garrick D. J., 2004. An economic comparison of dual-purpose and Holstein-Friesian cow breeds in a seasonal grass-based system under different milk production scenarios. Irish Journal of Agricultural and Food Research 43, 1–16. ▪▪ Evans R. D., Wallace M., Shalloo L., Garrick D. J. & Dillon P., 2006. Financial implications of recent declines in reproduction and survival of Holstein-Friesian cows in spring-calving Irish dairy herds. Agricultural Systems 89 (1), 165–183. ▪▪ Fulkerson W. J., Davison T. M., Garcia S. C., Hough G., Goddard M. E., Dobos R. & Blockey M., 2008. Holstein-Friesian Dairy Cows under a Predominantly Grazing System: Interaction Between Genotype and Environment. Journal of Dairy Science 91 (2), 826–839. ▪▪ Gazzarin Ch. & Schick M., 2004. Milchproduktionssysteme für die Tal region – Vergleich von Wirtschaftlichkeit und Arbeitsbelastung. FATBerichte 608, Ettenhausen. ▪▪ Gazzarin Ch., Ammann H., Schick M., Van Caenegem L. & Lips M., 2005. Milchproduktionssysteme in der Tal- und Hügelregion, Was ist optimal für die Zukunft? FAT-Berichte 645, Ettenhausen.
▪▪ Gruber L., Susenbeth A., Schwarz F. J., Fischer B., Spiekers H., Steingass H., Meyer U., Chassot A., Jilg T. & Obermaier A., 2008. Untersuchungen zum Energiebedarf und zur Energieverwertung bei Milchkühen in Fütterungsversuchen. Institut für Nutztierforschung, LFZ Raumberg-Gumpenstein, Reichersberg 1. ▪▪ Horan B., Dillon P., Faverdin P., Delaby L., Buckley F. & Rath M., 2005. The Interaction of Strain of Holstein-Friesian Cows and Pasture-Based Feed Systems on Milk Yield, Body Weight, and Body Condition Score. Journal of Dairy Science 88 (3),1231–1243. ▪▪ Kolver E. S., Napper A. R., Copeman P. J. & Muller L. D., 2000. A comparison of New Zealand and overseas Holstein Friesian heifers. Proceedings of the New Zealand Society of Animal Production 60, 265–269. ▪▪ McCarthy S., Horan B., Dillon P., O'Connor P., Rath M. & Shalloo L., 2007. Economic Comparison of Divergent Strains of Holstein-Friesian Cows in Various Pasture-Based Production Systems. Journal of Dairy Science 90 (3), 1493–1505. ▪▪ Montgomerie W. A., 2002. Cow fertility and breeding objectives. Proceedings of the Society of Dairy Cattle Veterinarians of the NZVA Annual Conference 19, 147–154. ▪▪ Piccand V., Schori F., Troxler J., Wanner M. & Thomet P., 2011 Projet «Quelle vache pour la pâture?» Problématique et description de l’essai. Recherche Agronomique Suisse 2 (5), 200–205.
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 354–359, 2011
359
P r o d u c t i o n
a n i m a l e
Conservation du foin humide avec des agents conservateurs Ueli Wyss, station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 1725 Posieux Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: ueli.wyss@alp.admin.ch, tél. +41 26 407 72 14
Afin de pouvoir conserver du fourrage sec sans altération, il faut qu’il soit suffisamment sec. L’utilisation d’agents conservateurs efficaces lors du pressage des balles peut empêcher l’altération. (Photo: ALP)
Introduction Afin de pouvoir conserver du fourrage sec durablement, une teneur en matière sèche (MS) d’au moins 85 % est nécessaire. En Suisse, depuis quelque temps, des agents conservateurs sont utilisés pour les balles de fourrage sec qui n’ont pas atteint ces teneurs en MS. Il s’agit de pro-
360
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 360–365, 2011
duits chimiques à base d’acide propionique, l’un des produits les plus efficaces pour empêcher le développement de levures, moisissures et bactéries. Lors de deux essais en laboratoire, les deux agents conservateurs Schaumasil supra NK et KRONI 909.01 Stabisil ont été testés dans du foin humide comparativement à un contrôle négatif sans ajout.
Conservation du foin humide avec des agents conservateurs | Production animale
Le produit Schaumasil supra NK contient surtout du propionate d‘ammonium, tandis que le produit KRONI 909.01 Stabisil est composé d’acide propionique et de propionate d’ammonium. Pour les deux essais, du regain (2e coupe – herbage riche en graminées, spécialement en ray-grass) a été humidifié pour obtenir différentes teneurs en MS. Dans le premier essai, l’agent conservateur Schaumasil supra NK a été ajouté, et dans le deuxième essai le produit KRONI 909.01 Stabisil, conformément aux recommandations des fabricants. Les doses des produits utilisés figurent dans le tableau 1. Des variantes sans ajout ont servi de contrôle négatif. Chaque variante a été répétée trois fois. Les essais ont été réalisés sur l’installation d’essai développée par Meisser (2001) à l’échelle de laboratoire. Le fourrage a été introduit dans des cylindres en PVC (500 g par récipient) et compressé à 200 kg de MS/m3. Chaque cylindre a été muni d’une sonde de température et, pendant la durée de stockage de 30 jours, les températures ont été relevées et enregistrées toutes les 30 minutes (fig. 1). Les teneurs en MS ainsi que divers paramètres chimiques ont été déterminés avant et après les 30 jours de stockage.
Résumé
Matériel et méthodes
Pour pouvoir conserver du fourrage sec sans altération, il faut qu’il soit suffisamment sec. L’utilisation d’agents conservateurs lors du pressage des balles de foin humide constitue une alternative. L’efficacité de deux agents conservateurs (Schaumasil supra NK et KRONI 909.01 Stabisil) a été testée, lors de deux essais, sur des fourrages à différentes teneurs en matière sèche. Des variantes non traitées ont servi de contrôles négatifs. La température a été relevée pendant la période d’essai de 30 jours. Les teneurs en matière sèche ainsi que différents paramètres chimiques ont été analysés avant et après les 30 jours de stockage. Par rapport aux contrôles négatifs, l’ajout du Schaumasil supra NK et du KRONI 909.01 Stabisil a permis d’empêcher l’échauffement et l’altération du fourrage pour les teneurs en MS testées. Sur la base de ces résultats, les deux produits Schaumasil supra NK et KRONI 909.01 Stabisil pour la stabilisation du foin humide ont été définitivement autorisés.
Résultats Températures au cours du stockage Dans les deux essais, le fourrage sec avec les teneurs en MS les moins élevées (A + C) des variantes sans ajout (fig. 2 et 3) s’est échauffé. Aussi bien l’ajout du Schaumasil supra NK (fig. 2) que du Kroni 909.01 Stabisil (fig. 3) a empêché l’échauffement et l’activité des microorganismes indésirables lors des trois répétitions. Dans le foin humide avec les teneurs en MS les plus élevées (B et D), un échauffement partiel a été observé dans les variantes sans ajout (fig. 4 et 5). L’échauffement a été un peu plus tardif dans la plupart des cas et moins marqué qu’avec le foin plus humide. Cela coïncide avec les précédentes analyses de Meisser (2001). A nouveau, les deux produits Schaumasil supra NK (fig. 4) et Kroni 909.01 Stabisil (fig. 5) ont été efficaces et le fourrage ne s’est pas échauffé. Tableau 1 | Dosage des agents conservateurs Fourrage
Agent conservateur
Dosage par t
1
A
Schaumasil supra NK
16,2 kg
1
B
Schaumasil supra NK
10,8 kg
2
C
KRONI 909.01 Stabisil
9,6 kg
2
D
KRONI 909.01 Stabisil
5,3 kg
Essai
Figure 1 | Le foin humide a été compressé dans les cylindres et la température a été relevée en continu à l’aide de sondes. (Photo: ALP)
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 360–365, 2011
361
Production animale | Conservation du foin humide avec des agents conservateurs
Différence de température par rapport au local (°C)
Teneurs en MS et en nutriments Les teneurs en MS et en nutriments du fourrage avant le stockage des deux essais figurent dans le tableau 2. Lors du premier essai, des teneurs en MS de 74 % (A) et 78 % (B) étaient attendues; les teneurs en MS effectives se sont élevées à 75 et 78 %. Lors du deuxième essai, les différences attendues entre les teneurs en MS étaient de 71 % (C) et 76 % (D), et les valeurs effectivement atteintes de 74 et 81 %. Les teneurs en nutriments de tous les fourrages étaient plus ou moins identiques (tabl. 2). Tous les fourrages provenaient de la même parcelle, ont été séchés sur l’installation de séchage du foin et stockés dans un endroit sec jusqu’à leur utilisation. Seules les teneurs en sucre des fourrages C et D étaient légèrement inférieures à celles des fourrages A et B. Cela pourrait être dû à la différente durée de stockage du fourrage jusqu’à son utilisation. Au cours du stockage de 30 jours du foin humide, l’altération du foin a entraîné la formation d’eau. Ainsi, les teneurs en MS de ces variantes étaient moins élevées après le stockage qu’avant. Pour les autres variantes, les teneurs en MS étaient légèrement plus élevées que celles du foin humidifié au départ. Ceci est dû à un séchage subséquent. Les deux produits ont montré une bonne efficacité pour le fourrage plus humide. Dans les variantes non traitées, le sucre a été fortement dégradé en raison de l’altération du fourrage. L’utilisation du Schaumasil supra NK (tabl. 3) et du KRONI 909.01 Stabisil (tabl. 4) a permis d’empêcher la dégradation des sucres. En ce qui concerne la part d’azote insoluble par rapport à l’azote total aussi, des différences significatives ont aussi été observées entre les variantes traitées et non traitées. Dans les variantes non traitées, les valeurs dépassaient 5 %, ce qui signale un pro-
Tableau 2 | Teneur en matière sèche (MS) et en nutriments du fourrage avant les tests Essai 1
Fourrage A Fourrage B Fourrage C Fourrage D Teneur en MS Cendres
%
74,9
77,8
73,8
81
g/kg MS
102
101
111
93
Matière azotée g/kg MS
211
204
209
202
Cellulose brute g/kg MS
227
225
225
239
Sucre
g/kg MS
186
190
170
176
ADF
g/kg MS
247
246
241
254
NDF
g/kg MS
448
444
470
494
%
2,7
2,6
2,8
2,2
NADF/N total
ADF: lignocellulose; NDF: parois. NADF/N total: azote insoluble par rapport à l'azote total.
cessus de dénaturation. Selon Weiss et al. (1992), plus la part d’azote insoluble croît par rapport à l’azote total, plus la digestibilité de la matière azotée diminue. Pour le foin plus sec, lors du premier essai, des différences significatives ont été enregistrées uniquement pour la teneur en matière azotée (tabl. 3). Lors du second essai, aucune différence significative n’a été relevée entre les variantes non traitées et traitées (tabl. 4). Cependant, à nouveau, les teneurs en sucres étaient inférieures dans les variantes non traitées. Dans toutes les variantes, la part d’azote insoluble par rapport à l’azote total était nettement au-dessous de 5 %. Pertes en MS La teneur en humidité du fourrage et l’ajout des agents conservateurs a eu un impact important sur les pertes en MS. Pour le foin avec des teneurs en MS de 75 %, les
20,0 19,0 18,0 17,0 16,0 15,0 14,0 13,0 12,0 11,0 10,0 9,0 8,0 7,0 6,0 5,0 4,0 3,0 2,0 1,0 0,0 -1,0
Sans conservateur - 1er échantillon Sans conservateur - 2e échantillon Sans conservateur - 3e échantillon Schaumasil supra NK - 1er échantillon Schaumasil supra NK - 2e échantillon Schaumasil supra NK - 3e échantillon
0
48
96
144
192
240
288
336
384
432
480
528
576
624
672
Durée de conservation (heures)
Figure 2 | Evolution des températures pendant la conservation du foin humide avec et sans conservateur (fourrage A avec 75 % MS).
362
Essai 2
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 360–365, 2011
Conservation du foin humide avec des agents conservateurs | Production animale
Tableau 3 | Paramètres chimiques après la conservation du foin humide pour les variantes du 1er essai Fourrage A
Fourrage B
Sans conservateur
Schaumasil supra NK
SE
Significativité
Sans conservateur
Schaumasil supra NK
SE
Significativité
%
69,5
75,3
1,5
n.s.
79,1
80,3
1,0
n.s.
Cendres
g/kg MS
125
94
5,0
*
108
98
3,1
n.s.
Matière zotée
g/kg MS
244
205
5,3
**
217
207
1,6
*
Cellulose brute
g/kg MS
257
231
3,0
**
230
228
5,7
n.s.
Sucre
g/kg MS
63
185
2,7
***
140
184
18,8
n.s.
ADF
g/kg MS
310
252
3,4
***
257
243
9,1
n.s.
NDF
g/kg MS
564
469
10,2
**
463
451
9,2
n.s.
NADF/N total
%
5,6
2,3
0,7
*
2,9
2,1
0,2
n.s.
Pertes en MS
%
18,7
1,8
2,9
*
3,1
-1,3
1,9
n.s.
Variante Teneur en MS
Différence de température par rapport au local (°C)
SE: erreur standard; Significativité: n.s.: non significatif; * p < 0,05, ** p < 0,01, *** p < 0,001. ADF: lignocellulose; NDF: parois. NADF/N total: azote insoluble par rapport à l'azote total.
20,0 19,0 18,0 17,0 16,0 15,0 14,0 13,0 12,0 11,0 10,0 9,0 8,0 7,0 6,0 5,0 4,0 3,0 2,0 1,0 0,0 -1,0 0
Sans conservateur - 1er échantillon Sans conservateur - 2e échantillon Sans conservateur - 3e échantillon Kroni 909.01 Stabisil - 1er échantillon Kroni 909.01 Stabisil - 2e échantillon Kroni 909.01 Stabisil - 3e échantillon
48
96
144 192
240 288 336 384 432 480 528 576 624 672 Durée de conservation (heures)
Figure 3 | Evolution des températures pendant la conservation du foin humide avec et sans conservateur (fourrage C avec 74 % MS).
Différence de température par rapport au local (°C)
10,0 9,0
Sans conservateur - 1er échantillon
8,0
Sans conservateur - 2e échantillon
7,0
Sans conservateur - 3e échantillon
6,0
Schaumasil supra NK - 1er échantillon
5,0
Schaumasil supra NK - 2e échantillon
4,0
Schaumasil supra NK - 3e échantillon
3,0 2,0 1,0 0,0 -1,0 0
48
96
144 192 240 288 336 384 432 480 528 576 624 672 Durée de conservation (heures)
Figure 4 | Evolution des températures pendant la conservation du foin humide avec et sans conservateur (fourrage B avec 78 % MS).
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 360–365, 2011
363
Production animale | Conservation du foin humide avec des agents conservateurs
Tableau 4 | Paramètres chimiques après la conservation du foin humide pour les variantes du 2e essai Fourrage C Sans KRONI 909.01 conservateur Stabisil
Variante Teneur en MS
Fourrage D SE
Significativité
Sans KRONI 909.01 conservateur Stabisil
SE
Significativité
%
71,6
77,2
1,6
n.s.
81,8
82,9
1,1
n.s.
Cendres
g/kg MS
148
98
8,2
*
106
100
3,7
n.s.
Matière azotée
g/kg MS
246
213
1,6
***
217
210
2,9
n.s.
Cellulose brute
g/kg MS
251
232
7,4
n.s.
238
225
6,1
n.s.
Sucre
g/kg MS
64
178
2,5
***
138
179
15,3
n.s.
ADF
g/kg MS
309
256
2,2
***
264
249
8,0
n.s.
NDF
g/kg MS
545
483
18,0
n.s.
499
472
15,1
n.s.
NADF/N total
%
5,4
1,4
0,6
*
2,7
1,9
0,3
n.s.
Pertes en MS
%
17,4
2,0
3,2
*
4,5
2,6
2,1
n.s.
SE: erreur standard; Significativité: n.s.: non significatif ; * p < 0,05; ** p < 0,01; *** p < 0,001. ADF: lignocellulose; NDF: parois. NADF/N total: azote insoluble par rapport à l'azote total.
pertes étaient nettement plus élevées dans les variantes non traitées: 18,7 % et 17,4 % de pertes dans les variantes non traitées du premier et deuxième essai, contre seulement 1,8 et 2,0 % de perte dans les variantes traitées du premier et deuxième essai. Pour le fourrage plus sec, les différences de pertes en MS étaient nettement moins élevées et pas significatives entre les variantes non traitées et traitées (tabl. 3 et 4).
comme altéré et inapte à la consommation des animaux. Les deux produits Schaumasil supra NK et Kroni 909.01 Stabisil se sont montrés efficaces et ont empêché le fourrage de moisir. Les fourrages plus secs (B et D) et non traités étaient moisis à certains endroits. L’utilisation des deux agents conservateurs a également permis d’empêcher la formation de moisissures.
Différence de température par rapport au local (°C)
Evaluation sensorielle Les variantes non traitées des fourrages humides A et C étaient entièrement moisies et dégageaient une forte odeur d’ammoniac (fig. 6). Le fourrage était considéré
10,0 9,0
Sans conservateur - 1er échantillon
8,0 7,0
Sans conservateur - 2e échantillon Sans conservateur - 3e échantillon
6,0
Kroni 909.01 Stabisil - 1er échantillon
5,0
Kroni 909.01 Stabisil - 2e échantillon
4,0
Kroni 909.01 Stabisil - 3e échantillon
3,0 2,0 1,0 0,0 -1,0 0
48
96
144 192 240 288 336 384 432 480 528 576 624 672 Durée de conservation (heures)
Figure 5 | Evolution des températures pendant la conservation du foin humide avec et sans conservateur (fourrage D avec 81% MS).
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Conservation du foin humide avec des agents conservateurs | Production animale
Conclusions ••Le fourrage sec qui contient moins de 85 % de MS se conserve mal. Il s’échauffe et moisit. Plus la teneur en MS est faible, plus l’échauffement et la dégradation des sucres sont élevés. En outre, la part d’azote insoluble par rapport à l’azote total ainsi que les pertes en MS augmentent. ••L’utilisation des deux agents conservateurs Schaumasil supra NK et KRONI 909.01 Stabisil ont empêché l’échauffement et l’altération du foin humide. n
Conservazione del fieno umido mediante prodotti di conservazione Affinché il foraggio secco si conservi senza deteriorarsi, è necessario che esso sia sufficientemente asciutto. In alternativa, possono essere utilizzati agenti conservanti per fieno umido in fase di pressatura delle balle. Sono state condotte due prove per testare l'efficacia di due prodotti, Schaumasil supra NK e KRONI 909.01 Stabisil, per la stabilizzazione di fieno umido con differenti tenori in SS. Quale controllo negativo sono state utilizzate varianti non trattate. Durante 30 giorni si è continuamente misurato la temperatura. I tenori in SS e diversi altri parametri sono stati rilevati e analizzati prima e dopo tale periodo. A differenza del controllo negativo, per i tenori in SS valutati con Schaumasil supra NK e KRONI 909.01 Stabisil, si sono potuti evitare il riscaldamento e il deterioramento del fieno. Considerati detti risultati, entrambi i prodotti per la stabilizzazione del fieno sono stati omologati.
Summary
Riassunto
Figure 6 | Après 30 jours, le fourrage avec 75 % MS des variantes non traitées était moisi et dégageait une forte odeur d’ammoniac. (Photo: ALP)
Preservation of moist hay with preservatives In order to be able to stock hay without spoilage, it must be dry enough. The use of preservatives / additives at baling of moist hay is an alternative. In two trials, the efficacy of two products, Schaumasil supra NK and KRONI 909.01 Stabisil, was investigated with hay with different dry matter contents. As negative control, variants without additives were tested. During a period of 30 days, hay temperature was continuously controlled. Before and after this period, the dry matter contents and different parameters were analysed. In contrast to the control variants without additives, the two additives Schaumasil supra NK and KRONI 909.01 Stabisil prevented the heating up and the spoilage of the hay with the different dry matter contents. Due to these investigations, the two products Schaumasil supra NK and KRONI 909.01 Stabisil were authorized for the stabilization of moist hay. Key words: hay, preservation, additives.
Bibliographie ▪▪ Meisser M., 2001. Conservation du foin humide. Revue suisse d’Agriculture 33 (2), 61–65. ▪▪ Weiss W. P., Conrad H. R. & St. Pierre N. R., 1992. A theoretically-based model for predicting total digestible nutrient values of forages and concentrates. Anim. Feed Sci. Technol. 39, 95–110.
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P o r t r a i t
Un expert de la pomme de terre aux quatre coins du monde Collaborateur scientifique d’ACW à Changins depuis 1987 (groupe céréales panifiables, oléagineux et pommes de terre), Ruedi Schwärzel aime les défis, le changement et rechercher des solutions pratiques aux problèmes qui se posent. Ces traits de caractère, alliés à une grande débrouillardise, beaucoup d’énergie et une expérience professionnelle diversifiée, l’ont conduit durant toutes ces années aux quatre coins du monde, dans le cadre de courtes missions d’expert avec le CICR, le DDC ou encore Caritas. De la Bolivie à la Russie, en passant par l’Azerbaïdjan, l’Abkhazie, le Nagorny Karabakh, la BosnieHerzégovine, la Corée du Nord ou encore le Tadjikistan, Ruedi Schwärzel a collaboré à de nombreux projets liés à la production de pommes de terre de qualité, dans des régions vulnérabilisées par la pauvreté et la guerre. Autant d’aventures humaines, techniques, scientifiques et parfois tragico-rocambolesques: il a ainsi connu la prison en Bolivie, la fuite à travers le Brésil avec les moyens du bord, le froid et la faim en Bosnie-Herzégovine en période de Ramadan et de pénurie. Son engagement en Corée du Nord est certainement l’un de ceux qui l’ont le plus marqué. Il y est allé à 11 reprises, entre 1998 et 2004. «Ces visites nous ont permis de mettre en place une production de plants de bonne qualité, sur une ferme modèle de 10 000 ha, et d’augmenter considérablement la productivité. Depuis, de nombreux agriculteurs et responsables coréens s’en sont inspirés dans différentes régions», se réjouit le scientifique. Son intérêt pour le monde agricole, l’expérimentation et la transmission du savoir, Ruedi Schwärzel le tient sans doute de son grand-père maternel, qu’il a beaucoup côtoyé dans la ferme familiale de son enfance, en Suisse orientale. Ce grand-père aux ancêtres suisses, né en Russie – tout comme ses grands-parents – a fui les Bolchéviques à l’adolescence pour se réfugier en Suisse et a toujours mené des expériences sur les abeilles, poules, canards, chèvres, vaches – ou encore des expériences de greffage. Ruedi Schwärzel a été engagé à Changins après plusieurs formations et expériences professionnelles dans le domaine agricole, viticole, maraîcher et des pépinières. Il a depuis pris part à de nombreux projets, essais variétaux, certifications, études sur les maladies, etc, en collaboration avec différents chercheurs. Il a par exemple participé au lancement du soja en Suisse et aux essais pois, féverole et lupin. Il s’est ensuite concentré
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Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 366, 2011
Ruedi Schwärzel, A groscope Changins-Wädenswil ACW.
sur toutes les tâches accompagnant la certification des plants de pommes de terre et a collaboré au développement du test ELISA. Il a également contribué au développement de différentes machines comme la compteuse à tubercules, la pompe à traiter à air comprimé pour les essais de défanage, la planteuses à microtubercules, un robot pour les tests Elisa sur tubercules, etc. Aujourd’hui, Ruedi Schwärzel partage son temps entre les essais variétaux des céréales panifiables et l’étude variétale des pommes de terre, en étroit contact avec l’inteprofession (Swissgranum et Swisspatat). «J’apprécie particulièrement la diversité de mon travail, d’être en contact avec toute la filière d’une culture, de pouvoir lancer des idées et d’en réaliser un partie», conclut le scientifique, par ailleurs père de deux adolescents et mari d’une femme qu’il qualifie d’extraordinaire: «Elle me soutient et sait canaliser mes ambitions!» Sibylle Willi, Recherche Agronomique Suisse, 1260 Nyon
A c t u a l i t é s
Nouvelles publications
Quand plaisir rime avec sécurité
Rapport annuel 2010
Schweizerische Eidgenossenschaft Confédération suisse Confederazione Svizzera Confederaziun svizra
Rapport annuel Agroscope 2010 C’est ce titre que Manfred Bötsch, alors encore président de la direction d’Agroscope, a retenu pour sa préface au rapport annuel 2010 paru début juin. Dans ce rapport, Agroscope montre en quoi il contribue à garantir la qualité et la sécurité des denrées alimentaires produites en Suisse. Relevons, par exemple, la lutte contre les mycotoxines ou la mise en évidence de substances toxiques telles que les alcaloïdes pyrrolizidine. Agroscope cherche aussi à savoir quel goût doit avoir un fruit ou un salami afin de satisfaire aux attentes des clients. Les programmes de recherche d’Agroscope montrent les prestations fournies par les différentes stations pour assurer la production de denrées alimentaires saines et savoureuses: élaboration d’alternatives intéressantes pour les exploitations de montagne ou amélioration de la bioaccessibilité des caroténoïdes, par exemple. Un panorama des activités dans les divers domaines de recherche, un aperçu de la recherche systémique orientée sur la solution des problèmes ainsi que les chiffres-clés et les données financières complètent le rapport.
Département fédéral de l'économie DFE Agroscope
Anton Stöckli, Office fédéral de l’agriculture Pour obtenir le rapport: gabriela.buehler@blw.admin.ch
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Actualités
Nouvelles publications
Détention, immobilisation, rabattage et chargement des vaches-mères en toute sécurité Rapport ART 741 Le contact avec les vaches-mères n’est pas sans danger et exige beaucoup d’expérience de la part de la personne chargée de la garde des animaux. La connaissance de certains de leurs comportements typiques, leur observation régulière, l’accoutumance des animaux à leur responsable, ainsi qu’une attitude calme et déterminée sont des atouts indéniables. Tous ces facteurs permettent de travailler plus en sécurité avec les animaux. Dans l’élevage de vaches-mères avec une faible intensité de soin les animaux peuvent devenir plus farouches à leur égard. Lorsqu’il est nécessaire d’approcher l’animal, le risque d’accident s’en trouve accru pour l’homme, comme pour l’animal. La présente étude avait pour but de faire l’état des lieux de l’élevage de vaches-mères en Suisse, d’identifier les situations problématiques et d’en dégager des recommandations appropriées. L’accent a été mis sur les points critiques et les dangers de la garde et de la gestion des vaches-mères en troupeaux. 271 exploitations pratiquant l’élevage de vaches-mères ont participé à une enquête écrite. Les situations difficiles avec risques de blessures pour l’homme et l’animal se produisaient notamment lors de la séparation, du chargement et de l’immobilisation des animaux. Au pâturage, les éleveurs disposent rarement d’installations techniques pour ces opérations. Par conséquent, les animaux doivent souvent être ramenés à l’étable avant de pouvoir effectuer ces tâches. 80% des exploitations disposaient de dispositifs d’immobilisation dans l’aire d’affouragement, mais ces dispositifs ne permettaient pas toujours d’éviter les situations problématiques. Pour pouvoir déplacer, capturer et traiter les animaux en toute sécurité, il est indispensable de prévoir des couloirs de contention pour canaliser les animaux et des dispositifs de capture. Suivant l’exploitation, il peut être intéressant d’avoir des dispositifs fixes à un endroit ou mobiles, de manière à pouvoir les utiliser en plusieurs endroits. Les installations mobiles ont le gros avantage de pouvoir être utilisées à la fois dans l’étable et au pâturage. En outre, elles peuvent être utilisées en commun par plusieurs exploitations. De tels dispositifs doivent être prévus dans la planification et l’organisation de l’exploitation. Michael Zähner, Beat Steiner et Margret Keck, ART, Franziska Klarer, Winterthur
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Actualités
Rapport ART 742
Optimiser l’élevage de veaux La gestion des naissances, l’observation des animaux et l’affourragement sont des éléments importants
Optimiser l’élevage de veaux
Rapport ART 744
Les conséquences d’une réforme du système des paiements directs Simulations avec SILAS et SWISSland
Février 2011
Les conséquences d’une réforme du système des paiements directs
Auteurs Beatrice A. Roth und Edna Hillmann, Verhalten, Gesundheit & Tierwohl, ETH Zürich, CH-8092 Zürich Nina M. Keil, Bundesamt für Veterinärwesen, Zentrum für tiergerechte Haltung: Wiederkäuer und Schweine, ART E-Mail: nina.keil@art.admin.ch Impressum Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction: ART Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch
Auteurs Albert Zimmermann, Anke Möhring, Gabriele Mack, Stefan Mann, Ali Ferjani, Maria-Pia Gennaio, ART stefan.mann@art.admin.ch
Fig. 1: Pour que l’élevage réussisse, il est très important que l’alimentation soit adaptée aux besoins des veaux (Photos: ART).
L’élevage des veaux est une tâche complexe. Tout d’abord, les veaux sont relativement sensibles aux maladies. De plus, pour leur valorisation ultérieure et pour des raisons économiques, ils doivent passer le plus rapidement possible à une alimentation de ruminants. Les résultats d’une étude de cas et d’études expérimentales à la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART montrent qu’un suivi attentif et une alimentation adaptée peuvent déjà permettre de prévenir de nombreux problèmes. Il est d’abord essentiel que le veau soit par-
faitement alimenté en colostrum et que les conditions d’hygiène soient bonnes pour réduire la pression des germes. Une alimentation en lait et en concentrés adaptée à chaque animal améliore l’accroissement, abaisse l’âge de sevrage et évite que les animaux ne se tètent les uns les autres. Pour identifier le plus tôt possible les veaux malades, la consommation d’aliments solides peut devenir une source d’information précieuse. Pour ce faire, il est indispensable d’observer les animaux chaque jour avec attention.
ISSN 1661-7576
Rapport ART 742 L’élevage des veaux est une tâche complexe. Tout d’abord, les veaux sont relativement sensibles aux maladies. De plus, pour leur valorisation ultérieure et pour des raisons économiques, ils doivent passer le plus rapidement possible à une alimentation de ruminants. Les résultats d’une étude de cas et d’études expérimentales à la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART montrent qu’un suivi attentif et une alimentation adaptée peuvent déjà permettre de prévenir de nombreux problèmes. Il est d’abord essentiel que le veau soit parfaitement alimenté en colostrum et que les conditions d’hygiène soient bonnes pour réduire la pression des germes. Une alimentation en lait et en concentrés adaptée à chaque animal améliore l’accroissement, abaisse l’âge de sevrage et évite que les animaux ne se tètent les uns les autres. Pour identifier le plus tôt possible les veaux malades, la consommation d’aliments solides peut devenir une source d’information précieuse. Pour ce faire, il est indispensable d’observer les animaux chaque jour avec attention. Beatrice A. Roth et Edna Hillmann, Verhalten, Gesundheit & Tierwohl, ETH Zürich
Impressum Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction: ART Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch ISSN 1661-7576
La culture céréalière augmentera de 12 pourcent (Photos: ART). Le Conseil fédéral vient d’ouvrir la procédure de consultation sur la politique agricole 2014 à 2017 (PA 14–17). La réforme du système des paiements directs en constitue l’élément clé. Les prestations d’intérêt public fournies par l’agriculture doivent être encouragées de manière plus ciblée. Le présent rapport ART résume les résultats des modèles d’optimisation SILAS et SWISSland sur les conséquences que pourrait avoir une telle réforme de la PA 14–17. Les résultats des simulations montrent une hausse de la production d’environ 10 % pour les céréales avec la PA 14–17. Pour les autres produits des champs, il n’en résulte que des changements minimes. En ce qui concerne la garde d’animaux, il faut s’attendre avec la PA 14–17 à un recul d’environ 8 % (années de réfé-
rence: –4 %) des UGB. Alors que la production de lait augmente jusqu’à 3,6 millions de tonnes en 2013 et se maintient ensuite à ce niveau, un léger recul est prévu pour la viande de bœuf d’ici à 2017 (–5 %). Dans l’ensemble, la PA 14–17 donne lieu à un développement des surfaces de compensation écologique de 24 %. Par rapport à la valeur estimée pour 2013, le revenu sectoriel reste néanmoins constant avec la PA 14–17. Le nouveau système des paiements directs n’aura pratiquement pas d’influence sur l‘évolution structurelle. Selon les simulations, le revenu agricole commencera certes par diminuer à cause de la baisse des prix, mais en 2017, il se situera 13 % au-dessus de son niveau actuel. Avec la PA 14–17, la hausse des revenus est environ six points au-dessus de celle du scénario de référence.
Rapport ART 744 Le Conseil fédéral vient d’ouvrir la procédure de consultation sur la politique agricole 2014 à 2017 (PA 14–17). La réforme du système des paiements directs en constitue l’élément clé. Les prestations d’intérêt public fournies par l’agriculture doivent être encouragées de manière plus ciblée. Le présent rapport ART résume les résultats des modèles d’optimisation SILAS et SWISSland sur les conséquences que pourrait avoir une telle réforme de la PA 14–17. Les résultats des simulations montrent une hausse de la production d’environ 10 % pour les céréales avec la PA 14–17. Pour les autres produits des champs, il n’en résulte que des changements minimes. En ce qui concerne la garde d’animaux, il faut s’attendre avec la PA 14–17 à un recul d’environ 8 % (années de référence: –4 %) des UGB. Alors que la production de lait augmente jusqu’à 3,6 millions de tonnes en 2013 et se maintient ensuite à ce niveau, un léger recul est prévu pour la viande de boeuf d’ici à 2017 (–5 %). Dans l’ensemble, la PA 14–17 donne lieu à un développement des surfaces de compensation écologique de 24 %. Par rapport à la valeur estimée pour 2013, le revenu sectoriel reste néanmoins constant avec la PA 14–17. Le nouveau système des paiements directs n’aura pratiquement pas d’influence sur l‘évolution structurelle. Selon les simulations, le revenu agricole commencera certes par diminuer à cause de la baisse des prix, mais en 2017, il se situera 13 % au-dessus de son niveau actuel. Avec la PA 14–17, la hausse des revenus est environ six points audessus de celle du scénario de référence. Albert Zimmermann, Anke Möhring, Gabriele Mack, Stefan Mann, Ali Ferjani et Maria-Pia Gennaio, ART
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Actualités
M C oem d ime un nmi iqtut e é isl ud ne gperne s s e
www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen www.agroscope.admin.ch/communiques 19.06.2011 / ALP Nutri11 – 11’000 visiteurs à Posieux La première édition du gigantesque forum Nutri11 s’est terminée dimanche 19 juin à Posieux. L’événement a présenté de la meilleure des manières de vastes compétences dans le domaine agricole, en recherche et en enseignement. La station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras, l’Institut agricole de Grangeneuve, la Haute école suisse d’agronomie de Zollikofen HESA et la Faculté Vetsuisse de l’Université de Berne ont collaboré pour organiser cette manifestation et démontré à quel point les domaines qu’ils abordent sont complémentaires et concernent directement la nutrition de la population.
16.06.2011 / ART Lutter efficacement contre les séneçons toxiques Depuis dix ans, les séneçons prolifèrent de plus en plus dans les herbages suisses. Ils peuvent causer de graves intoxications chez les animaux de rente. C’est pourquoi il faut enrayer leur propagation. Une fois que ces plantes ont fait leur apparition dans une prairie, il est difficile de s’en débarrasser. En collaboration avec l’Association pour le développement de la culture fourragère ADCF, la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART a étudié les mesures de lutte les plus efficaces.
14.06.2011 / HNS Les Jeudis au Haras: l’activité de l’été au Haras national suisse HNS Pour la quatrième année, il est possible de participer aux Jeudis au Haras à Avenches. Visiteuses et visiteurs sont attendus le 21 juillet, ainsi que les 4 et 18 août au Haras national suisse HNS. Au programme: les présentations de la collection 2011 et des visites des ateliers.
10.06.2011 / ACW Participation record au premier concours national d’eaux-de-vie de Distisuisse Le premier concours national d’eaux-de-vie de Distisuisse a eu lieu les 9 et 10 juin à Berne. Les experts de la station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW ont formé les vingt dégustateurs qui ont noté l'ensemble des 410 échantillons d'eau-de-vie au cours d'un marathon de dégustation. Les gagnants des catégories convoitées «Spiritueux de l'année» et «Distillateur d'or
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de l'année» seront dévoilés cet automne. Ce concours est un outil de promotion de la qualité des eaux-de-vie suisses.
27.05.2011 / ACW Souchet comestible: agir avant qu’il ne soit trop tard! L’origine du souchet comestible est incertaine. Aujourd’hui, cette espèce est répandue dans le monde. Les plantes problématiques en Europe ont sans doute été introduites avec des bulbes de glaïeuls. En Suisse, cette plante envahissante est présente depuis assez longtemps au Tessin, au Chablais, dans la Plaine de l’Orbe et dans les cantons de Berne, Zurich et St-Gall. Le potentiel de multiplication et de colonisation de cette plante invasive est très élevé. Le souchet ne se multiplie pas par ses graines, mais par de nombreux tubercules de la taille d’un pois placés sur ses rhizomes et rapidement disséminés par les machines agricoles. Dans de nombreuses cultures, il est impossible à éliminer. Dans différentes régions de Suisse, la station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW a installé des essais en culture de maïs pour déterminer les possibilités et limites de la lutte directe. D'ores et déjà, il est clair qu'avec une rotation optimale des cultures et des mesures préventives, des succès partiels sont possibles.
26.05.2011 / ART et AGRIDEA Le retour des arbres dans les champs Les arbres disparaissent de plus en plus des prairies et des champs. Pourtant, en plus d'être écologique, la combinaison des grandes cultures et d’arbres peut aussi être rentable. Pour faire connaître les avantages et les atouts de cette pratique, la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et AGRIDEA ont créé la communauté d’intérêts «Agroforst».
Actualités
Manifestations
Liens Internet
Centre Oeschger de recherche sur le changement climatique www.oeschger.unibe.ch L’Oeschger Centre for Climate Change Research est le centre d’excellence de l’Université de Berne en matière de recherche sur le climat. Fondé à l’été 2007, il a été baptisé en l’honneur de l’ancien professeur de l’Université de Berne Hans Oeschger (1927-1998), pionnier de la recherche sur le changement climatique. Le Centre Oeschger étudie notamment les impacts du changement climatique sur les écosystèmes terrestres, mais s’intéresse également aux conséquences pour l’économie et la société.
Dans le prochain numéro Septembre 2011 / Numéro 9 Les lysimètres sont des récipients remplis de terre, au fond desquels il est possible de collecter l’eau qui s’infiltre dans le sol. Les lysimètres servent à étudier le cycle de l’eau et des matières dans les sols agricoles. Il s’agit en premier lieu de connaître le lessivage des éléments nutritifs dans l’eau d‘infiltration et les échanges d’eau dans les cultures agricoles.
•• Influence de la fumure organique et minérale sur le lessivage des éléments nutritifs, Ernst Spiess et al. ART •• Essais en plein champ avec du blé génétiquement modifié résistant au mildiou, Andrea Foetzki et al. ART •• Les viroses du colza en Suisse, Carole Balmelli ACW ••Lutte microbienne contre les méligèthes du colza: premières expériences suisses, Stefan Kuske et al. ART •• Lotier corniculé et esparcette: résultats des tests variétaux 2008 –2010, Rainer Frick et al. ACW •• Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain: détention d’animaux, P. Hofstetter et al. BBZ Schüpfheim •• Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain: qualité du lait et saisonnalité des livraisons de lait, Ueli Wyss et al. ALP •• Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain: Affouragement au pâturage ou à l‘étable – qu’est-ce qui est plus rentable? C. Gazzarin et al. ART
Août 2011 20.08.2011 Güttingertagung 2011 Agroscope Changins-Wädenswil ACW et BBZ Arenenberg Versuchsbetrieb Güttingen, Güttingen TG 30.08 – 02.09.2011 EAAE 2011 Congress XIIIth Congress of the European Association of Agricultural Economist Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et IED-ETH ETH Zürich Hauptgebäude Septembre 2011 02.09.2011 Fachtagung – Systemvergleich Milchproduktion BBZN Hohenrain, SHL, ART, ALP, SMP, ZMP, lawa Luzern, AGFF et Profi-Lait BBZN Hohenrain 07.09.2011 Feldtagung – Systemvergleich Milchproduktion BBZN Hohenrain, SHL, ART, ALP, SMP, ZMP, lawa Luzern, AGFF et Profi-Lait BBZN Hohenrain
15.09.2011 34. Informationstagung Agrarökonomie Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon, Ettenhausen TG 15.- 18.09.2011 Equus helveticus Haras national suisse HNS Avenches 27.09.2011 Journée d’information ALP 2011 Agroscope Liebefeld-Posieux ALP Posieux
Informationen: Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen www.agroscope.admin.ch/manifestations
Recherche Agronomique Suisse 2 (7–8): 367–371, 2011
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Samstag, 20. August, 9.30 Uhr, Güttingen
Güttinger-Tagung 2011 Versuchsbetrieb Obstbau Güttingen, BBZ Arenenberg Forschungsanstalt Agroscope Changins-Wädenswil ACW
Referate • Begrüssung zur Güttinger-Tagung Lukas Bertschinger, Vize-Direktor Forschungsanstalt Agroscope Changins-Wädenswil ACW • 100 Jahre SOV – zukünftige Herausforderungen Bruno Pezzatti, Direktor Schweizer Obstverband SOV
Infostände • Ausstellung von Applikationsgeräten für den Obstbau • Eindrucksvoller Schweizer Sortenreichtum (BEVOG II) • SOA-Betriebswirtschaft im Obstbau • Info- und Medienstand ACW
Betriebsrundgang • Feuerbrandforschung – wo stehen wir? • 10 Jahre erfolgreiche Schorfbekämpfungsstrategie • Applikationstechnik – Basis eines wirkungsvollen Pflanzenschutzes
Restauration ab 8.30 Uhr Informationen – Gespräche – Gemütlichkeit Güttinger-Tagung – Das Treffen der Obstbranche www.agroscope.ch
Schweizerische Eidgenossenschaft Confédération suisse Confederazione Svizzera Confederaziun svizra
Eidgenössisches Volkswirtschaftsdepartement EVD Forschungsanstalt Agroscope Changins-Wädenswil ACW
Donnerstag, 15. September 2011
34. Informationstagung Agrarökonomie Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, Ettenhausen TG
Schwerpunktthema Agrarmonitoring (Zentrale Auswertung von Buch haltungen und Agrarumweltmonitoring)
Tagungsort Forschungsanstalt Agroscope ReckenholzTänikon ART, Refental, Tänikon, CH8356 Ettenhausen TG
Weitere Themen • Mehraufwand für Qualitätsproduktion • Entwicklung Alpwirtschaft • Tiefe Milchpreise und ihre einzelbetrieblichen Folgen • Schliessen sich Ökologie und Ökonomie aus?
Detailprogramm und Anmeldung: www.agroscope.ch >Veranstaltungen >Informations tagung Agrarökonomie Anmeldeschluss ist der 9. September 2011