Recherche Agronomique Suisse –
D é c e m b r e
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N u m é r o
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Agroscope | OFAG | HESA | AGRIDEA | ETH Zürich
N o v e m b r e
Production végétale Production de microtubercules de pomme de terre in vitro Economie agricole
Coefficients de produit standard pour l’agriculture suisse
Production animale Cicatrisation de la tranche carrée en viande bovine
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Sommaire Novembre – Décembre 2010 | Numéro 11–12
Le laboratoire de biotechnol ogie d’Agroscope ChanginsWädenswil ACW conserve, r égénère et multiplie in vitro un grand nombre de plantes cultivées. (Photo: CRAFFT Kommunikation AG)
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Editorial
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Production végétale Production de microtubercules de pomme de terre in vitro: effet de la durée de culture Công-Linh Lê et Daniel Thomas
Production végétale 410 Détermination des normes de fumure
azotée pour les grandes cultures Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
Walter Richner, René Flisch, Sokrat Sinaj et Raphaël Charles Production végétale 416 Pratiques phytosanitaires dans un réseau
d’exploitations de grandes cultures de 1992 à 2004 Jacques Dugon, Guillaume Favre, André Zimmermann et Raphaël Charles
Editeur Agroscope Partenaires b A groscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux ALP et Haras national suisse HNS; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART) b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne b Haute école suisse d’agronomie HESA, Zollikofen b Centrales de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Department of agricultural and foodscience Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope LiebefeldPosieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Eliane Rohrer (ACW), Gerhard Mangold (ALP et HNS), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HESA), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich)
Economie agricole 424 Coefficients de produit standard pour
l’agriculture suisse Daniela Schürch et Dierk Schmid Production animale 430 Cicatrisation de la tranche carrée en
viande bovine: découverte d’une cause de ce défaut de qualité Pierre-Alain Dufey et Vincent Gremaud Eclairage 438 Détection automatique des chaleurs
chez les bovins Samuel Kohler, Claude Brielmann, Kurt Hug et Olivier Biberstein
Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou info@rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch
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Eclairage Guerre chimique entre champignons:
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Portrait
Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch
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Actualités
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Manifestations
ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse
Listes variétales Encart Liste suisse des variétés de pommes
un arsenal de molécules bioactives Stéphanie Schürch, Katia Gindro, Olivier Schumpp, Michel Monod, Julie Verrier, Nadine Bohni et Jean-Luc Wolfender
de terre 2011 Ruedi Schwärzel, Jean-Marie Torche, Thomas Hebeisen, Theodor Ballmer et Tomke Musa
© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Berner Fachhochschule Haute école spécialisée bernoise Schweizerische Hochschule für Landwirtschaft SHL Haute école suisse d’agronomie HESA
Editorial
La Suisse a-t-elle besoin d’une vache à 10 000 litres? Chère lectrice, cher lecteur,
Fredy Schori, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP
Actuellement, la production moyenne des vaches laitières inscrites aux herdbooks atteint selon la race 6900 à 8300 l par lactation. Si le progrès zootechnique annuel en production laitière se maintient, dans 20 à 30 ans une vache moyenne produira 10 000 l de lait par lactation. Or, une hausse de la production va de pair avec une augmentation des problèmes de santé et des troubles de la fertilité. Aujourd’hui déjà, la fertilité des vaches à haute performance a chuté à un niveau préoccupant. Pour nourrir ces vaches, même des fourrages de très haute qualité – par ailleurs pratiquement impossibles à produire en montagne – ne suffiront plus. Il faudra environ deux tonnes d’aliment concentré pour couvrir les besoins d’une telle vache. L’économie laitière suisse a-t-elle encore un avenir prospère dans ces conditions? Une stratégie reposant sur l’alimentation en étable de vaches à haute performance tout au long de l’année a peu de chances de réussir en Suisse. Le handicap des coûts de production suisses ne pourra pas être compensé face à l’étranger. Et si notre production s’aligne sur celle de nos voisins, que deviendra alors le «swissness» de nos produits? En Suisse, seule une orientation résolue vers la qualité de la production et de la transformation laitières a ses chances. Par qualité, nous n’entendons pas seulement des critères tels que le nombre de cellules, le point de congélation ou encore les teneurs en protéines et en matière grasse. La qualité commence aussi par l’alimentation. Dotée d’un système digestif spécialisé, la vache est en fait prédestinée à valoriser les fourrages. Les vaches du futur, quelle que soit leur race, ne devraient plus être sélectionnées principalement sur leur performance laitière, mais plutôt en fonction des critères de fitness, de fertilité et de valorisation efficace du fourrage. Sans négliger pour autant les facteurs indispensables à la fabrication de produits laitiers de haute qualité, comme les propriétés de coagulation du lait, la teneur en caséine, les fractions des caséines, etc. La qualité comprend aussi l’importance accordée à une détention conforme aux besoins de l’espèce et au bienêtre des animaux. Dans ce concept entrent aussi la quantité d’additifs (énergie, engrais chimiques, pesticides, médicaments, etc.) intégrée dans le système de production et la durabilité du mode de production. Cette liste de critères de qualité n’est certes pas exhaustive, mais devrait inciter à la réflexion. Il peut s’avérer utile d’envisager le mode de production et de transformation en se plaçant du point de vue des consommateurs. Ces réflexions n’ont pas pour but de disqualifier les modes de production existants mais d’inciter à prendre dès aujourd’hui les bonnes mesures qui permettront à la Suisse, dans 20 à 30 ans, de disposer encore d’une économie laitière forte.
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P r o d u c t i o n
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Production de microtubercules de pomme de terre in vitro: effet de la durée de culture
Photo: ACW
Công-Linh Lê et Daniel Thomas, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon Renseignements: Công-Linh Lê, e-mail: cong-linh.le@acw.admin.ch, tél. +41 22 363 44 22
Microtubercules de pomme de terre produits in vitro (cv. Bintje).
Introduction Les microtubercules de pomme de terre (S. tuberosum L.) produits in vitro sont actuellement utilisés dans de nombreux secteurs de l’agriculture comme matériel pour la recherche (Coleman et al. 2001), la conservation des ressources génétiques et la distribution internationale de génotypes cultivés (Estrada et al. 1986), ainsi que pour
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Recherche Agronomique Suisse 1 (11–12): 404–409, 2010
les systèmes de certification (Slimmon et al. 1989). En pratique, les gros microtubercules sont préférés parce qu’ils sont faciles à manipuler et qu’ils produisent des plantes vigoureuses (Wiersema et al. 1987). Ils sont en outre moins sujets au dessèchement en conservation, ont une période de dormance courte et un taux de survie élevé lors d’un transfert direct dans le sol (Leclerc et al. 1994).
Un article précédent (Lê et Thomas 2009) avait montré qu’après une période de croissance et d’induction in vitro, les microboutures de pomme de terre cultivées étaient capables de développer des tubercules au bout de 16 semaines. Cet essai a pour but d’examiner l’effet de la durée de l’exposition des explants de pomme de terre au milieu de culture dans l’amélioration de leur qualité en termes de poids et de taille, pour optimiser leur utilisation en conditions de culture de plein champ (Ranalli et al. 1994).
Résumé
Production de microtubercules de pomme de terre in vitro: effet de la durée de culture | Production végétale
La production de microtubercules in vitro s’effectue en plusieurs étapes : croissance de la microplante, initiation des stolons et formation des tubercules (ou tubérisation). Durant la phase de tubérisation, il est possible de développer des microtubercules de qualité en termes de poids et de taille. L’essai décrit ici montre que la qualité du matériel produit est encore meilleure lorsque la durée de tubérisation se prolonge au-delà de 16 semaines de culture in vitro.
Matériel et méthodes
••Croissance in vitro : des segments uninodaux (microboutures à un noeud), prélevés sur la plante-mère, sont cultivés sur le milieu de base de Charles et al. (1992) auquel sont ajoutés les micro-éléments de Lê et Collet (1985) et 3 % de saccharose. Après ajustement du pH à 5,7 avec du NaOH (0,1N), le milieu nutritif est ensuite autoclavé à 121 °C (1,1 kg/cm² de pression) pendant 15 minutes. Les cultures sont placées dans un environnement climatique où elles reçoivent une photopériode de 16 heures par cycle de 24 heures. L'éclairement est de 80 μmoles/m2/sec au niveau des cultures. La température est maintenue à 22 ± 1°C de jour/18 ± 1°C de nuit. •• Induction in vitro : le développement des microtubercules s’effectue en soumettant les cultures à une photo-thermopériode courte et alternée (8 h /jour/ 20 °C et 16 h /nuit/12 °C) avec un apport supplémentaire de 8 % de saccharose dans le milieu de culture comme source d’énergie (Lo et al. 1972) jusqu’à l’apparition de structures tubérisées sur les stolons. ••Grossissement des tubercules : l’installation sur un nouveau milieu nutritif de base contenant 100 mM d’azote sous forme de NH4NO3 permet le grossissement des tubercules (Lê et Thomas 2009).
Chaque phase de culture se déroule sur une même quantité de milieu nutritif de 12,5 ml par explant initial. A la fin des essais, les tubercules développés in vitro sont récoltés et triés selon les calibres utilisables (> 0,5 cm et plus). L’évaluation des différentes parts de microtubercules utilisables, du nombre moyen de tubercules produits par explant, ainsi que de la taille et du poids frais des microtubercules, est réalisée sur la base des observations de 16 explants par conteneur de culture et par traitement. L’expérience a été répétée trois fois.
Résultats et discussion Développement de tubercules in vitro La durée de culture des explants uninodaux de pomme de terre pendant la phase de tubérisation a une influence importante sur la qualité des tubercules développés. Les résultats présentés dans la figure 1 montrent que le prolongement de la phase de tubérisation in vitro a permis
35 Poids des tubercules utilisables/conteneur [g]
Des microplantes de pomme de terre (cvs. Bintje, Charlotte, Désirée, Ditta et Urgenta), mutipliées in vitro selon les techniques décrites auparavant (Lê 1991), sont utilisées dans ces essais. La production de microtubercules in vitro consiste à cultiver les microplantes de pomme de terre en trois phases différentes:
a
a
26.5
26.7
20 sem.
22 sem.
30 25 20
b
b
15
16.9
18
10 Poids tubercules utilisables/conteneur 5 0
16 sem.
18 sem.
Durée de culture
Les cultures sont ensuite transférées dans l’obscurité, à une température de 20 °C, jusqu’à la récolte des microtubercules, après une durée de tubérisation de 16 à 22 semaines.
Figure 1 | Effet de la durée de culture sur la production in vitro de tubercules utilisables (cv. Bintje). Les valeurs suivies d’une même lettre ne sont pas significativement différentes selon le test de Duncan (p = 0,05).
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Production végétale | Production de microtubercules de pomme de terre in vitro: effet de la durée de culture
4 Nbre de tubercules/explant
d’augmenter la masse de microtubercules utilisables dès la vingtième semaine de culture et que cette amélioration tend à se stabiliser après cette période. Toutefois, le nombre de tubercules produits par explant initial demeure inchangé avec les différentes durées de tubérisation (fig. 2). Dans le cas présent, il semble que le nombre de structures tubérisées qui se développent durant la phase d’induction demeure identique pour toutes les périodes de culture. En d’autres termes, aucun nouveau tubercule ne peut être formé après cette phase, le changement intégral des conditions physico-chimiques de l’environnement de culture s’avérant défavorable à cette induction. Ce fait a aussi été remarqué par Leclerc et al. (1994). Ces auteurs constatent que la durée de tubérisation n’influe pas sur le nombre de microtubercules produits par explant, malgré un prolongement important de la durée de culture des variétés Kennebec, Superior et Russet Burbank. Dans nos essais, un taux moyen d’environ trois microtubercules utilisables par explant initial a été relevé pour la variété Bintje pour toutes les périodes de tubérisation expérimentées (fig. 2). Notre procédé de développement de microtubercules in vitro est comparable au système de culture de Kämäräinen-Karppinen et al. (2010) qui, en prolongeant l’exposition des plantules au milieu de culture, obtiennent effectivement davantage de microtubercules utilisables sur un cycle de culture de 16 semaines. Toutefois, ils constatent que le rendement par explant initial reste encore faible : le taux moyen varie, selon le cultivar, entre 0,7 et 1,4 microtubercules par explant initial et par cycle de culture. Comparativement, notre procédé fournit, pour une même période de tubérisation, deux fois plus de tubercules utilisables. La faible production de microtubercules obtenue par Kämäräinen-Karppinen et al. (2010) semble être due à la quantité réduite en éléments nutritifs mise à la disposition des explants initiaux. Ces auteurs ont effectivement apporté un volume de quatre millilitres d’éléments nutritifs par explant en moyenne, contre trois fois plus (12,5 ml/explant) dans cet essai, pour la même durée de culture. En outre, le renouvellement d’éléments nutritifs adaptés à chacune des trois étapes de notre procédé permet également d’augmenter le nombre de tubercules utilisables (Lê et Thomas 2009).
3
406
Recherche Agronomique Suisse 1 (11–12): 404–409, 2010
a
a
a
2,9
2,88
2,93
2,95
2 1 Nbre 0 de tubercules/explant 16 sem. 18 sem. 20 sem. Durée de culture
22 sem.
Figure 2 | Effet de la durée de culture sur le développement de tubercules utilisables par explant initial (cv. Bintje). Les valeurs suivies d’une même lettre ne sont pas significativement différentes selon le test de Duncan (p = 0,05).
culture. En revanche, dès la vingtième semaine, elle augmente de manière significative. Seuls 2 % des microtubercules avaient un poids supérieur à 1 g lors d’un cycle de16 semaines, contre 14,2 % à la fin de 22 semaines de culture. Ce fait corrobore les résultats de Leclerc et al. (1994) montrant l’effet bénéfique de la période d’incubation dans le processus de tubérisation in vitro des cultivars Kennebec, Superior et Russet Burbank, et mentionnant un poids frais significativement plus important à 56 jours qu’à 28 jours de culture. En outre, nos essais montrent une amélioration indéniable du volume des tubercules bénéficiant d’une plus longue durée de culture (fig. 4). La part des microtubercules supérieurs à 1 cm s’élève à près de 30 % après 22 semaines de tubérisation (fig. 5). Dans cette étude, l’effet bénéfique de la durée de culture semble également renforcé par le
2%
>1g
Qualité des microtubercules L’examen des résultats présentés dans la figure 3 montre que la part des tubercules utilisables pesant moins d’un gramme se réduit à mesure que la durée de culture se prolonge au-delà de seize semaines. A 18 semaines de tubérisation, la part de microtubercules pesant plus d’un gramme n’est pas différente de celle de 16 semaines de
a
2,3 %
98 %
97,7 %
16 sem.
18 sem.
<1g
13,7 %
14,2 %
86,3 %
85,8 %
20 sem.
22 sem.
Figure 3 | Répartition des tubercules utilisables (cv. Bintje) selon deux catégories de poids (< 1 g et > 1 g).
Photo: ACW
Production de microtubercules de pomme de terre in vitro: effet de la durée de culture | Production végétale
Figure 4 | Microtubercules utilisables développés selon les durées de tubérisation. De gauche à droite : 16 et 18 semaines (en haut), 20 et 22 semaines (en bas). La barre représente une longueur de 1 cm.
mode de nutrition pratiqué pendant la période de grossissement des tubercules, en particulier l’apport d’azote supplémentaire sous forme de NH4NO3 dans un rapport de 1:4 (Lê et Thomas 2009). Ces résultats confirment les observations de Garner et Blake (1989) qui montrent le rôle important de la nutrition azotée au cours de la tubérisation. Ils soulignent qu’un apport inadéquat en matière d’azote durant cette phase peut entraîner une réduction du poids et de la taille des tubercules. A cet égard, Struik (2007) relève que la grosseur des tubercules produits dépend non seulement des conditions de culture, mais aussi de l’environnement où évolue chaque stolon. Dans nos essais, le micro-environnement des stolons réunissait les conditions optimales pour développer des tubercules de qualité : en particulier, la facilité de s’approvisionner en éléments nutritifs dispensée par un milieu de culture liquide (Debergh 1983) a vraisemblablement favorisé le grossissement des jeunes tubercules en formation, conjointement au prolongement de la durée de tubérisation. Effet du génotype L‘augmentation du nombre de tubercules de qualité en termes de poids et de taille, obtenue en prolongeant la culture du cultivar Bintje au-delà de 16 semaines, nous a
amenés à réaliser l’expérience avec d’autres génotypes (fig. 6). L’effet de la durée de culture se révèle manifestement bénéfique pour l’ensemble des variétés de pomme de terre expérimentées. Cependant, ces variétés se comportent très différemment vis-à-vis du prolongement de leur séjour en milieu de tubérisation. L’augmentation des microtubercules dépassant un gramme était indéniable chez les variétés Ditta et Désirée, mais beaucoup moins marquée chez Charlotte et Urgenta. Cette différence significative de masse des microtubercules
14,3 %
18,6 %
85,6 %
81,3 %
16 sem.
18 sem.
28 %
29,8 %
72 %
70,2 %
20 sem.
22 sem.
> 1 cm < 1 cm
Figure 5 | Répartition des tubercules utilisables (cv. Bintje) selon deux calibres (< 1 cm et > 1 cm).
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Conclusions
18,3 %
20 %
Production végétale | Production de microtubercules de pomme de terre in vitro: effet de la durée de culture
20 %
1,5 %
3,7 %
1,5 %
13,2 % 5,5 %
7,69 %
6,6 %
6,6 % 5,7 %
12,7 %
6,6 %
5,5 %
1,3 %
3,7 %
10%
6,6 % 5,7 %
10 %
12%% 11,4
7,69 %
12,2 %
••Le prolongement de la durée de culture au-delà de 16 semaines n’affecte pas le nombre de tubercules 13,2 % produits par explant initial, mais favorise en revanche l’augmentation de leur biomasse.
12,7 %
11,4 % 12 %
12,2 %
18,3 %
1,3 %
16 sem. 22 sem. 16 sem. 22 sem. 16 sem. 22 sem. 16 sem. 22 sem. Désirée Poids > 1 g
Charlotte Diamètre > 1 cm
Ditta
Urgenta
Figure 6 | Influence du génotype de pomme de terre sur la production de microtubercules de qualité.
entre cultivars a été également signalée par Leclerc et al. (1994) qui comparaient la variété Russet Burbank aux cultivars Kennebec et Superior lors d’un prolongement de la période de tubérisation de 28 à 56 jours de culture. De même, la taille des tubercules produits durant la phase de grossissement est fortement influencée par le cultivar pour l’ensemble des périodes de tubérisation. Dans cette étude, la part de tubercules d’un diamètre supérieur à un centimètre augmente notablement chez Désirée (20%), suivie de Ditta (18,3%), tandis que, dans les mêmes conditions, les variétés Urgenta et Charlotte développent respectivement 12% à 13,2% de tubercules d’un même calibre. Des caractéristiques particulières liées au génotype pourraient être à l’origine de cette variabilité de tubérisation en milieu de culture contrôlé, comme l’ont souligné Ranalli et al. (1994) et Hossain (2005) qui rapportent que le potentiel de microtubérisation des pommes de terre est un caractère dépendant du génotype, lui-même fortement influencé par les facteurs environnementaux.
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••Grâce à une alimentation différenciée durant les phases de tubérisation, le potentiel de production de tubercules utilisables selon notre procédé est élevé par rapport à un système de culture similaire pour une même durée de tubérisation. ••L’amélioration de la qualité du matériel produit in vitro se manifeste, dans le cas présent, par une augmentation importante du nombre de microtubercules utilisables en termes de poids (> 1 g) et de taille (> 1 cm). ••La variabilité génotypique des pommes de terre peut entraîner des différences importantes dans l’amélioration de la qualité des microtubercules utilisables. n
Produzione di microtuberi di patate in vitro. Effetto della durata di coltura La produzione di microtuberi in vitro si effettua in diverse tappe : crescita della micropianta, iniziazione degli stoloni e formazione dei tuberi (detta anche tuberizzazione). Durante la fase di tuberizzazione è possibile sviluppare microtuberi qualitativamente buoni in termini di peso e di taglia. Questo studio dimostra che la qualità del materiale prodotto è migliore quando la durata della tuberizzazione si estende delle oltre le 16 settimane di coltura in vitro.
Summary
Riassunto
Production de microtubercules de pomme de terre in vitro: effet de la durée de culture | Production végétale
In vitro production of potato microtubers: effect of culture duration The in vitro production of potato microtubers was carried out through several stages: at first microplant growth, then initiation of stolon followed by tuber formation (or tuberization). During the last stage, it is possible to develop high quality microtubers in terms of weight and size. However, after examination, the quality of plant material produced in vitro is so far better when the duration of tuberization is extended over 16 weeks culture. Key words: Solanum tuberosum L., single-node cutting, microtubers, in vitro tuberization, culture duration.
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Détermination des normes de fumure azotée pour les grandes cultures Walter Richner1, René Flisch1, Sokrat Sinaj2 et Raphaël Charles2 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich 2 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon Renseignements: Walter Richner, e-mail: walter.richner@art.admin.ch, tél. +41 44 377 71 65
Photo: ART
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Petites parcelles d’essais de fumure
Introduction
données normées. La question se pose alors de savoir quelle approche retenir. Par le passé, la fumure N était principalement basée sur le rendement maximal, tandis qu’aujourd’hui, elle est généralement orientée vers l’obtention d’un optimum économique. La fumure N est économiquement équilibrée tant que les coûts de la dose d’azote supplémentaire sont couverts par l’obtention d’un rendement plus élevé (rendement plus élevé x prix de production). Elle est économiquement optimale (Nopt) lorsque les coûts supplémentaires du renforcement de la fumure N (coûts marginaux) correspondent au rendement plus élevé que l’on obtient (rendement marginal). Le rendement lié à Nopt est toujours quelque peu inférieur au rendement maximal réalisé théoriquement (fig. 1). Différents travaux ont montré que si l’on renforce la fumure N jusqu’à l’obtention de Nopt, la dose d’azote minéral (Nmin) dans le sol lors de la récolte n’augmente que faiblement, tout comme le risque de perte d’azote après la récolte (Bélanger et al. 2003; Hong et al. 2007). Lorsque les apports d’azote sont nettement supérieurs à Nopt, les teneurs en Nmin augmentent sensiblement après
La fumure azotée (N) a pour effet d’augmenter sensiblement le rendement et la qualité de la récolte des grandes cultures (Feil 1998). Dès lors, un bon approvisionnement Rmax en azote durant la croissance est une des principales Ropt mesures culturale. Par ailleurs, un apport d’azote trop élevé ou mal ciblé peut réduire la qualité des produits et/ ou entraîner d’importantes pertes d’azote dans l’environnement, principalement sous forme de nitrate (NO3) dans la nappe phréatique ou de protoxyde d’azote (N2O) dansErtrag l’atmosphère. Il importe d’éviter au mieux de telles pertes, car les teneurs trop élevées en nitrates compromettent la qualité de la nappe phréatique et le protoxyde d’azote contribue au réchauffement climatique. La détermination de la dose optimale de fumure N Nopt Nmax est une tâche importante, en raison du conflit d’intérêts entre l’augmentation du rendement par la fumure N et Dose de fumure azotée la garantie de la qualité du produit d’une part et d’autre Figure 1 | Représentation schématique d’une fonction de producpart la minimisation des pertes d’azote dans l’environ- tion N et illustration des doses de fumure N (N , N ) pour obtenir max opt nement. Les DBF-GCH 2009 (Sinaj et al. 2009) expliquent un rendement maximal (R max) et un rendement issu d’une fumure N économiquement optimale (R opt). comment déterminer la fumure N optimale à partir de
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la récolte. Nopt représente donc un bon compromis entre les objectifs économiques (haut rendement et produit de bonne qualité) et les objectifs écologiques (faibles pertes de N) visés dans les grandes cultures. Cette publication démontre comment les normes de fumure N basées sur Nopt ont été élaborées dans d’importantes grandes cultures pour la révision 2009 des DBF-GCH.
Matériel et méthodes Les normes de fumure N pour le blé d’automne, le triticale d’automne, le seigle d’automne, l’orge d’automne, le colza d’automne, le maïs grain et le maïs d’ensilage, ont été déterminées en trois étapes : 1. Essais au champ de doses échelonnées de N Les essais au champ avec des doses croissantes d’azote sont à la base de la détermination des normes de fumure N (Schilling 2000). Pour les grandes cultures, ces doses sont généralement échelonnées avec des quantités uniformes de 20 à 40 kg N ha-1. Les niveaux de fumure appliqués lors des essais pour les DBF-GCH 2009 s’appuient sur les normes des DBF-GCH 2001 (Ryser et al. 2001) (en kg N ha-1): 0, fumure selon la norme – 40, fumure selon la norme, fumure selon la norme + 40, fumure selon la norme + 80 et fumure selon la norme + 120. Le niveau de fumure le plus haut n’a été étudié que pour le triticale d’automne, le seigle d’automne et le colza d’automne. Les doses de N utilisées lors de ces essais vont donc d’une absence de fumure à des apports qui dépassent nettement les normes de 2001. Ce procédé est nécessaire si l’on veut adapter correctement les fonctions mathématiques de production afin de déterminer la fumure optimale (voir ci-dessous). Les essais de doses de N ont été réalisés sur de petites parcelles afin d’optimiser l’utilisation des ressources matérielle et humaine . Ils ont été répétés trois ou quatre fois, afin de réduire les influences d’une éventuelle hétérogénéité spatiale à l’intérieur des parcelles. Le Nopt d’une culture peut varier significativement d’un site (champ) à l’autre et d’une année à l’autre (Lory et Scharf 2003, Brentrup et Link 2004). En outre, les variétés présentent parfois des valeurs optimales de fumure N différentes (Colwell 1994). C’est pourquoi les essais de doses de fumure N sont généralement réalisés à plusieurs endroits, pendant plusieurs années et sur plusieurs variétés d’une même culture, ce qui permet d’en déduire les meilleures valeurs optimales possibles. Pour les normes de fumure N à examiner dans le cadre de la révision des DBF-GCH 2009, nous avons choisi, selon la culture, entre 7 et 19 milieux d’essais contenant deux à six variétés par culture, toutes situées sur le Plateau suisse (tabl. 1).
Résumé
Détermination des normes de fumure azotée pour les grandes cultures | Production végétale
Cet article présente le principe d’une fumure azotée économiquement optimale (Nopt). Ce principe permet de procéder à la détermination quantitative des normes de fumure azotée. Le niveau optimal de fumure azotée ainsi obtenu représente un bon compromis entre les objectifs économiques et écologiques des grandes cultures. Dans le cadre des travaux destinés à acquérir les données de base pour la fumure des grandes cultures et des herbages (DBF-GCH 2009), le Nopt a été déterminé pour les principales grandes cultures sur la base de nombreux essais de fumure azotée. Les résultats de ces recherches ont conduit à un renforcement de la fumure optimale de 10 à 40 kg de N ha-1 pour toutes les cultures, sauf le maïs. Néanmoins, afin de favoriser une fumure adaptée à la productivité spécifique de chaque site, les normes de fumure azotée de ces cultures n’ont pas été augmentées de façon générale. Des facteurs de correction dépendant du rendement ont été introduits pour déter miner la dose d’azote à appliquer.
2. Détermination des fonctions de production Au cours des essais, le rendement en graines et, dans le cas du maïs d’ensilage, celui de la biomasse, ont été déterminés pour les différents niveaux de fumure N. Ainsi, les fonctions mathématiques, appelées fonctions de production, ont pu être adaptées aux rendements constatés pour diverses intensités de fumure N. Différents types de fonction ont été testés. La fonction la mieux adaptée a été choisie sur la base d’évaluations visuelles et statistiques (p. ex. à l’aide du coefficient de détermination des régressions). Dans la plupart des cas, les meilleurs ajustements de courbes ont été obtenus à l’aide du modèle de racine quadratique (Bélanger et al. 2000) du type Y = a + bN½ + cN (Y signifie rendement, N indique la dose d’azote fertilisant, tandis que a, b et c sont les coefficients de l’équation de régression). Ce modèle a été utilisé pour toutes les cultures, à l’exception des cultures de colza pour lesquelles le modèle linéaire avec plateau (Gandorfer 2006) convenait nettement mieux. Dans chaque culture, une fonction de production individuelle a été adaptée pour chaque milieu d’essai. 3. Détermination de la dose de fumure N économiquement optimale Le Nopt a été calculé pour chaque essai à l’aide des fonctions de production adaptées aux résultats de rende-
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Production végétale | Détermination des normes de fumure azotée pour les grandes cultures
Tableau 1 | Données des essais de fumure N réalisés dans différentes grandes cultures pour les DBF-GCH 2009.
Culture
Blé d’automne
Triticale d’automne
Seigle d’automne
Orge d’automne
Maïs
Colza d’automne
Nbre de milieux d’essais1)
Années d’essai
Site d’essai
19
Nombre de variétés
Changins (VD) Goumoëns (VD) Zollikofen (BE) Gränichen (AG) Ossingen (ZH) Tänikon (TG) Arenenberg/ Fruthwilen (TG)
6 (4 variétés de blé panifiable et 2 de blé fourrager)
12
2
2005 – 2007
Zollikofen (BE) Gränichen (AG) Tänikon (TG) Arenenberg/ Fruthwilen (TG)
7
2006 – 2007
Zollikofen (BE) Gränichen (AG) Tänikon (TG) Arenenberg/ Tägerwilen (TG)
2 (1 variété population et 1 hybride)
11
4
2006 – 2007
Changins (VD) Goumoëns (VD) Zollikofen (BE) Gränichen (AG) Tänikon (TG) Tägerwilen/ Fruthwilen (TG)
15
2005 – 2007
Changins (VD) Zollikofen (BE) Gränichen (AG) Tänikon (TG) Kreuzlingen/ Bonau/ Wigoltingen (TG)
3 variétés à double usage (maïs d’ensilage et maïs grain)
Changins (VD) Oensingen (SO) Reckenholz (ZH) Gennersbrunn SH)
7
2006 – 2007
(années x lieux)
Nombre de variétés
3
1) Etant donné que certains essais n’ont pas pu être réalisés pour différentes raisons, le nombre des milieux d’essais ne correspond pas toujours au produit des a nnées et des sites d’essai.
ment. Nopt est défini comme étant la dose d’azote pour laquelle le rendement marginal correspond aux coûts marginaux de la fumure N. Pour les fonctions de production basées sur le modèle de racine quadratique, Nopt a été calculé selon l’équation Nopt = (0,5b/CP – c)2 (Bélanger et al. 2000), b et c étant les coefficients de ce modèle et CP indiquant le rapport entre les coûts de la fumure et le prix du produit. Pour la fonction de production linéaire avec plateau, Nopt est défini par le point d’intersection des deux segments linéaires de la fonction, indépendamment des coûts de fumure et des prix du produit (Gandorfer 2006). Pour calculer le Nopt, nous avons utilisé les prix de l’engrais minéral N (CHF 2.–/kg N) valables au moment
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de la mise en valeur (printemps 2008) et ceux des produits de la récolte (prix selon les indications de Swiss granum et Agridea). Dans un cas comme dans l’autre, les valeurs Nopt obtenues étaient supérieures à la dose maximale de fumure N utilisée. Nopt a alors été classé au plus haut niveau N, car la détermination de cette valeur n’est fiable que dans la marge des doses de fumure N examinées. Pour procéder à la détermination des normes de fumure N des DBF-GCH 2009, la valeur médiane des valeurs Nopt de tous les milieux d’essai a été calculée pour chaque culture. Ces normes correspondent aux valeurs médianes arrondies aux 10 kg N. Les normes de fumure N ainsi obtenues ont été vérifiées à l’aide des critères suivants: ••Caractéristiques qualitatives de la récolte (p. ex. qualité boulangère du blé panifiable); ••Valeurs résiduelles de Nmin au moment de la récolte, à titre de valeur sommaire indiquant les pertes potentielles d’azote après la récolte. Lorsque les doses de fumure N situées dans la marge de Nopt n’ont pas eu pour effet d’amoindrir la qualité de la récolte ni d’augmenter les teneurs en Nmin du sol après la récolte, Nopt a été arrondi aux 10 kg N ha-1 et repris comme norme de fumure N.
Résultats et discussion Optima économiques de la fumure azotée Les valeurs Nopt des différentes cultures et essais sont résumées dans le tableau 2. L’étendue, c’est-à-dire la différence entre le maximum et le minimum des optima économiques des cultures, est large. A l’exception de l’orge d’automne et du colza d’automne, elle est toujours supérieure à 100 kg N ha-1 et se monte à environ 150 respectivement 190 kg N ha-1 pour les deux types de maïs (ensilage et grain). Cette large dispersion de Nopt confirme les résultats d’autres études (Lory et Scharf 2003, Brentrup et Link 2004) dans lesquelles il a été constaté que la fumure N optimale dépendait largement du milieu. Outre les variations des rendements dues au climat, la variabilité entre années et entre sites de l’azote libéré à partir de la minéralisation de la matière organique du sol est probablement la principale cause de la large dispersion de Nopt observée entre les essais. La grande variation de l’azote du sol est démontrée à l’aide des valeurs Nmin qui ont été mesurées pendant la croissance juvénile du maïs dans 15 essais du Plateau suisse : La différence entre la valeur Nmin la plus basse et la plus élevée dépasse 100 kg N ha-1 (résultats détaillés non présentés). En raison de sa croissance constante en automne, le maïs
Détermination des normes de fumure azotée pour les grandes cultures | Production végétale
Tableau 2 | Valeurs minimales, médianes et maximales de l’optimum économique de la fumure N des grandes cultures étudiées pour les DBF-GCH 2009.
Culture
Nbre de milieux d’essai
Optimum économique de la fumure N (kg N ha-1) Valeur minimale
Valeur médiane
Valeur maximale
Blé d’automne (blé panifiable)
19
97
165
234
Blé d’automne (blé fourrager)
19
85
157
224
Seigle d’automne
7
56
114
184
Seigle d’automne (hybrides)
7
60
133
207
Triticale d’automne
12
89
118
203
Orge d’automne
190
11
109
134
Colza d’automne
7
105
168
193
Maïs d’ensilage
15
39
97
190
Maïs grain
15
29
113
220
est particulièrement apte à absorber l’azote minéral du sol pendant la période de végétation (Hugger 1992) et il réagit plus fortement que les autres cultures aux variations de la minéralisation de l’azote du sol entre années et entre sites. Cela pourrait expliquer la raison pour laquelle les valeurs Nopt les plus basses constatées pour le maïs étaient d’environ 30 (maïs grain) resp. 40 kg N ha-1 (maïs d’ensilage) et pourquoi la dispersion de Nopt était la plus large (tabl. 2). Pour le blé, il est étonnant de constater que les valeurs médianes de Nopt du blé panifiable et du blé fourrager étaient presque identiques. La valeur médiane du blé panifiable était même supérieure à celle du blé fourrager, et cela malgré son faible niveau de rendement. Pour un même apport d’azote, les variétés de blé fourrager étudiées sont capables de constituer un rendement nettement meilleur que les variétés de blé panifiable. Contrairement aux types de variétés de blé, les deux formes de variétés de seigle d’automne se distinguent nettement en ce qui concerne le Nopt; le niveau économiquement optimal de fumure N du seigle d’automne hybride à haut rendement dépassait d’environ 20 kg N ha-1 celui du seigle d’automne. Les valeurs Nopt du maïs d’ensilage ou du maïs grain des variétés de maïs à double usage présentaient des différences d’environ 15 kg N ha-1; il a fallu manifestement plus d’azote pour obtenir une bonne formation des grains (maïs grain) que lorsqu’il s’agissait uniquement d’acquérir une riche biomasse (maïs d’ensilage).
Les valeurs médianes de Nopt présentées dans le tableau 2 sont à la base des recommandations de fumure N émises dans les DBF-GCH 2009. Corrections de la fumure N selon le rendement pour les DBF-GCH 2009 Par rapport aux normes de fumure N des DBF-GCH 2001 (Ryser et al. 2001), la valeur Nopt est de 10 (triticale d’automne) à 40 kg N ha-1 (seigle d’automne, variété hybride) supérieure dans toutes les cultures étudiées, sauf pour le maïs (tabl. 3). La différence par rapport aux anciennes recommandations en la matière est de 20 kg N ha-1 dans la plupart des cultures. Pour le maïs grain, la valeur Nopt est proche de celle des anciennes normes; elle est même de 10 kg N ha-1 inférieure pour le maïs d’ensilage. La faible différence de Nopt entre ces deux formes d’utilisation du maïs ne justifie pas une recommandation de fumure différentiée. Il a donc été décidé d’émettre une recommandation identique pour le maïs et de maintenir la norme de fumure N à 110 kg N ha-1. Les essais de fumure N décrits dans ce travail ont justifié un renforcement modéré, mais systématique, de la fumure N optimale de toutes les cultures étudiées, sauf celles du maïs. Les essais fondés sur les normes de fumure N des DBF-GCH 2001 ont été réalisés il y a dix ans ou plus. Depuis, les conditions d’essais, la méthode d’appréciation des résultats ainsi que d’autres facteurs d’importance pour la détermination du niveau de fumure N ont été modifiés. Ces facteurs portent sur les progrès accomplis en général, sur l’évolution des connaissances spécifiques et des techniques de production et sur l’introduction de nouveaux types de variétés à haut rendement (p. ex. blé fourrager, seigle hybride). En conséquence, dans des conditions du milieu favorables et à l’aide de techniques culturales adéquates, il est possible aujourd’hui de renforcer quelque peu la fumure N dans l’objectif d’obtenir un rendement économiquement favorable. Bien que les essais décrits dans ce travail justifieraient une augmentation modérée de la fumure N des cultures étudiées, les normes en question figurant dans les DBF-GCH 2001 n’ont pas été augmentées lors de l’élaboration des DBF-GCH 2009. En effet, les essais de fumure ont été réalisés sur des sites typiques de grandes cultures du Plateau suisse avec des sols bien pourvus en azote. Dans la pratique en revanche, les principales grandes cultures sont présentes également dans des zones marginales (zones élevées, sols défavorables, etc.). Dès lors, on doit tenir compte du fait que le niveau de fumure N optimal issu des essais ne peut pas être appliqué tel quel pour toutes les conditions de production en Suisse. Il a donc été décidé de ne pas procéder à un renforcement général des normes, mais d’intégrer dans les
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Production végétale | Détermination des normes de fumure azotée pour les grandes cultures
Tableau 3 | Bases de calcul pour la correction des normes de fumure N des DBF-GCH 2009 en fonction du rendement supérieur ou inférieur par rapport au rendement de référence. A l’exception du N opt , les données proviennent de l’édition 2009 des DBF-GCH (Sinaj et al. 2009). Rendement de référence 1) (q grains resp. biomasse ha-1)
Rendement maximal pour la correction de N (q grains ha-1)
Norme de fumure azotée (kg N ha-1)
Optimum économique de la fumure azotée (Nopt) (kg N ha-1)
Correction de la fumure azotée en fonction du rendement (kg N q-1 grains)
Blé d’automne (blé panifiable)
60
80
140
160
1,0
Blé d’automne (blé fourrager)
75
95
140
160
1,0
Seigle d’automne
55
80
90
110
0,8
Seigle d’automne (hybrides)
65
90
90
130
1,2
Triticale d’automne
60
95
110
120
0,3
Orge d’automne
60
90
110
130
0,7
Colza d’automne
35
40
140
160
4,0
Maïs d’ensilage
175
–
2)
110
100
– 2)
Maïs grain
95
– 2)
110
110
– 2)
Culture
Le rendement de référence correspond au niveau de rendement moyen annuel obtenu par la plupart des exploitations (Sinaj et al. 2009). Il est fondé en premier lieu sur les relevés statistiques de l’Union suisse des paysans (USP). Ces valeurs ne sont pas indiquées pour le maïs d’ensilage ni le maïs grain, car comme cette céréale ne présente qu’une faible différence entre la norme de fumure N adoptée jusqu’à présent et le N opt, aucune correction de cette norme n’a été déterminée en fonction du rendement. 1)
2)
414
DBF-GCH 2009 de nouveaux facteurs spécifiques à la culture qui corrigent les normes de fumure N adoptées jusqu’à présent en fonction du rendement. Ces facteurs de correction sont présentés dans le tableau 3. La détermination des facteurs de correction a été réalisée de la façon suivante: la différence entre l’optimum économique de la fumure N et la norme de fumure N des DBF-GCH 2001 a été divisée par la différence entre le rendement maximal considéré comme étant réaliste sur la base des essais et le rendement de référence des DBF-GCH 2001. Pour le blé panifiable, une différence de fumure N de 20 kg N (= 160 – 140 kg N) a ainsi été divisée par la différence de rendement de 20 q (= 80 – 60 q); il en résulte une correction de la fumure de 1,0 (kg N q-1 grains) en fonction du rendement. Afin d’éviter une fertilisation excessive due à des estimations trop optimistes du rendement attendu, il est proposé de plafonner cette correction à un rendement maximal considéré comme réaliste. Il s’agit là d’une nouveauté par rapport aux DBF-GCH 2001 selon lesquelles une telle correction n’était pas réalisable.
largement des prix fluctuants des engrais azotés et de la production. Nos propres analyses de sensibilité pour le blé (résultats détaillés non présentés) ont montré que lorsque le prix du blé varie de 10 francs ou celui de l’engrais azoté de 10 %, le changement de Nopt est minime (environ 5 resp. 3 kg N ha-1). Etant donné que les fonctions de production à la base des calculs du Nopt ne sont pas linéaires, les modifications de cet optimum ne peuvent être extrapolées de façon linéaire en cas de fortes variations du prix du blé ou du fertilisant. En outre, les effets produits sur Nopt par une modification des prix des engrais azotés et du produit peuvent s’annuler réciproquement. C’est le cas, par exemple, lorsqu’une baisse des recettes du produit a pour effet d’amoindrir le Nopt, alors qu’une diminution simultanée du prix de la fumure le fait augmenter. Ainsi n’est-il pas nécessaire de contrôler et d’adapter constamment le Nopt en raison des modifications courantes du prix des produits et de la fumure.
L’optimum économique de la fumure azotée dépend peu des changements de prix Bien que les recommandations de fumure N déterminées selon le principe de l’optimum économique soient internationalement répandues, certains prétendent au contraire que la dose de fumure recommandée dépend
Le principe de la fumure N économiquement optimale permet de procéder à la détermination quantitative des normes de fumure N à l’aide d’essais au champ. Le niveau optimal de fumure N ainsi obtenu représente un bon compromis entre les objectifs économiques et écologiques de la production des grandes cultures. n
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Conclusions
Détermination des normes de fumure azotée pour les grandes cultures | Production végétale
Derivazione delle norme di concimazione azotata per la campicoltura Nel presente lavoro viene spiegato il principio della concimazione azotata economicamente ottimale (Nott), secondo cui è consentita una derivazione quantitativa delle norme di concimazione azotata sulla base di prove incentrate su tale aspetto. Il livello ottimale di concimazione così calcolato costituisce un valido compromesso tra gli obiettivi economici e quelli ecologici della campicoltura. Nell'ambito dei lavori attinenti ai «Dati di base per la concimazione in campicoltura e foraggicoltura (DBC)» 2009, è stato determinato, in base a numerose prove di concimazione azotata il livello di Nott per diverse importanti colture di pieno campo. I risultati di queste prove hanno determinato per quasi tutte le colture, eccezion fatta per il mais, un aumento della norma di concimazione azotata compreso tra 10 e 40 kg N ha-1. Affinché la concimazione azotata risulti comunque adeguata alla produttività del luogo, le norme di concimazione di queste colture non sono state aumentate in modo generalizzato, bensì si è effettuata l’introduzione di una correzione del quantitativo di azoto da apportare in funzione della resa.
Bibliographie ▪▪ Bélanger G., Walsh J. R., Richards J. E., Milburn P. H. & Ziadi N., 2000. Comparison of three statistical models describing potato yield response to nitrogen fertilizer. Agronomy Journal 92, 902–908. ▪▪ Bélanger G., Ziadi N., Walsh J.R., Richards J. E. & Milburn P. H., 2003. Residual soil nitrate after potato harvest. Journal of Environmental Quality 32: 607–612. ▪▪ Brentrup F. & Link A., 2004. Stickstoffdüngung zur richtigen Zeit. Getreidemagazin 9, 230–232. ▪▪ Colwell J. D., 1994. Estimating fertilizer requirements: A quantitative a pproach. CAB Int., Wallingford, Oxfordshire, UK. ▪▪ Feil B., 1998. Physiologische und pflanzenbauliche Aspekte der inversen Beziehung zwischen Ertrag und Proteinkonzentration bei Getreidesorten: Eine Übersicht. Pflanzenbauwissenschaften 2(1): 37–46. ▪▪ Gandorfer M., 2006. Bewertung von Precision Farming dargestellt am Beispiel der teilflächenspezifischen Stickstoffdüngung. Dissertation Technische Universität München, Weihenstephan.
N: Nmin: Nopt:
Summary
Riassunto
Abréviations DBF-GCH: Données de base pour la fumure des grandes cultures et des herbages
Azote Azote minéral Fumure azotée économiquement optimale
Determination of nitrogen fertilization standards for arable crops This paper explains the principle of economically optimal N fertilization (Nopt). This principle allows the quantitative derivation of N fertilization standards based on N fertili zation trials. The optimum level of N fertili zation thus found represents a good compromise between the economic and ecological aims of arable farming. Within the framework of the studies concerning the «Principles of Fertilization in Arable and Forage-Crop Production» (GRUDAF) 2009, the Nopt for several important arable crops was determined based on extensive N fertilization trials. For all crops but maize, the results of these studies have led to an increase in optimum N fertili zation by 10 to 40 kg N ha-1. In order to promote N fertilization adapted to site productivity, however, the N fertilization standards of these crops were not as a rule raised, but rather yield-dependent correction factors were introduced for the N quantities to be applied. Key words: Arable crops, economically optimal nitrogen rate, nitrogen fertilization recommendations, nitrogen losses, product quality, yield.
▪▪ Hong N., Scharf P. C., Davis J. G., Kitchen N. R. & Sudduth K. A., 2007. Economically optimal nitrogen rate reduces soil residual nitrate. Journal of Environmental Quality 36, 354–362. ▪▪ Hugger H., 1992. Stickstoffdüngung zu Mais unter Berücksichtigung der Bodennachlieferung. Mais 2/1992, 14–16. ▪▪ Lory J. A. & Scharf P. C., 2003. Yield goal versus delta yield for predicting fertilizer nitrogen need in corn. Agronomy Journal 95, 994–999. ▪▪ Ryser J. P., Walther U. & Flisch R., 2001. DBF 2001 – Données de base pour la fumure des grandes cultures et des herbages. Revue suisse d’agriculture 33, (3), 1–80. ▪▪ Sinaj S., Richner W., Flisch R. & Charles R., 2009. DBF-GCH 2009 – Données de base pour la fumure des grandes cultures et des herbages. Revue suisse d’agriculture 41 (1), 1–98. ▪▪ Schilling G., 2000. Pflanzenernährung und Düngung. Ulmer, Stuttgart, 464 S.
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P r o d u c t i o n
v é g é t a l e
Pratiques phytosanitaires dans un réseau d’ex ploitations de grandes cultures de 1992 à 2004 Jacques Dugon1, Guillaume Favre1, André Zimmermann2 et Raphaël Charles3 AGRIDEA, 1000 Lausanne 6 2 Station cantonale de Protection des Plantes, 1510 Moudon 3 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon Renseignements : Jacques Dugon, e-mail : jacques.dugon@agridea.ch, tél. +41 21 619 44 34
Photo: AGRIDEA
1
Les pratiques phytosanitaires en grandes cultures ont évolué depuis la mise en œuvre de la production intégrée dans l’agriculture suisse.
Introduction Les pratiques phytosanitaires en grandes cultures ont évolué depuis la mise en œuvre de la production intégrée dans l’agriculture suisse. Depuis l’introduction des paiements directs écologiques en 1993, plusieurs mesures ont été mises en place dans le cadre de prestations écologiques requises (PER): sélection et utilisation ciblée des produits de traitement des plantes, restriction pour les herbicides en prélevée, les granulés et les insecticides, observation des seuils de tolérance et des recommandations des services de prévision et d’avertissement, mise en place de témoin non traité en cas d’utilisation de régulateurs de croissance dans les céréales ou de fongicides sur le colza, et lorsque des autorisations spéciales sont accordées (OFAG 2010). A ces mesures s’ajoute l‘évolution des pratiques phytosanitaires et, face à celleci, la connaissance de la réalité du terrain est un élément
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Recherche Agronomique Suisse 1 (11–12): 416–423, 2010
important. Une évaluation de l’effet des PER a mis en évidence une réduction de 30 % de la quantité de produits utilisés depuis les années de référence 1990 – 1992 jusqu’en 2003 (Poiger 2005). Toutefois, cette étude souligne la nécessité de donner à l’évolution de ces pratiques une interprétation pertinente et de prendre en compte les éléments suivants: l’évolution et l’introduction de nouvelles substances actives, la réduction des doses appliquées pour un même effet, l’évolution de la procédure d’homologation, la modification des pratiques agricoles sous la contrainte de facteurs économiques ou agronomiques, la modification de l’épidémiologie de certains organismes nuisibles, l’apparition de résistances ou de nouveaux ennemis des cultures. Parmi tous les travaux concernant l’introduction et le suivi des prestations écologiques, aucune étude publiée ne décrit dans le détail les pratiques phytosanitaires. La mise à disposition de données techniques détaillées doit
aider à décrire l’état de la pratique phytosanitaire, mais aussi à identifier les succès, les échecs et les nouveaux défis. Cet article relate l’évolution de l’utilisation des produits phytosanitaires entre 1992 et 2004 sous l’influence des réformes agricoles. Il extrait et interprète les principaux résultats d’un rapport consacré aux pratiques phytosanitaires en grandes cultures de 1992 à 2004 dans un réseau d’exploitations pilote (Favre et al. 2010).
Matériel et méthodes Les pratiques phytosanitaires ont été relevées dans le cadre d’un réseau d’exploitations pilotes PER géré par AGRIDEA en Suisse romande et au Tessin de 1992 à 2004 (Magnollay et al. 2003; Zimmermann et al. 2005.) Les exploitants de ce réseau ont été choisis pour leur prédisposition à participer au développement des PER dès 1992 et sont généralement bien formés. Le nombre d’exploitations varie entre 23 et 37, pour un minimum de 700 ha et 500 parcelles par an. L’information synthétique sur les pratiques phytosanitaires par culture est issue des carnets des champs des agriculteurs, puis validée par les responsables du réseau d’exploitations. Six cultures principales sont retenues. Pour le blé et l’orge d’automne, on distingue le mode «PER» et le mode « extenso », dans lequel il est possible d’appliquer des herbicides, mais aucun fongicide, régulateur de croissance, ni insecticide. Pour le colza, seul le mode PER a été retenu en raison de la faible proportion d’ «extenso» dans le panel du réseau, même si ce dernier mode est pratiqué. Le blé traité représente 31 à 37 % de l’ensemble des surfaces des cultures considérées, le blé extenso 7 à 22 %, l’orge traitée 6 à 11 % et l’orge extenso 5 à 9 %. La part de maïs oscille entre 5 et 14 %, le colza atteint en moyenne 9 %, les pommes de terre de consommation 8 % et les betteraves 7 %. Dans cette étude sont considérées les variations au niveau des substances actives, toutes formulations confondues. Elles sont classées en fongicide (F), défanant (D), herbicide (H), insecticide (I), régulateur (R). Le groupe des autres substances (A) comprend les molluscicides, les nématicides, les rodenticides et les répulsifs. Les critères annuels retenus pour l'appréciation des pratiques phytosanitaires sont : ••le nombre d’interventions par culture avec un ou plusieurs produits à une date donnée ••le nombre d’applications d’une substance active par culture ••la quantité de matière active par unité de surface et culture. ••L’évolution des pratiques est suivie en comparant trois périodes : 1992 à 1994, 1997 à 1999 et 2002 à 2004.
Résumé
Pratiques phytosanitaires dans un réseau d’exp loitations de grandes cultures de 1992 à 2004 | Production végétale
Cette étude, réalisée dans un réseau d’exploitations pilotes animé par AGRIDEA en Suisse romande et au Tessin, a pour objectif de fournir une information synthétique sur l’évolution des pratiques phytosanitaires en grandes cultures. L’appréciation des pratiques porte sur le nombre d’interventions par culture, le nombre d’applications et la quantité de substance active par hectare. Trois périodes sont comparées entre elles: 1992 à 1994, 1997 à 1999 et 2002 à 2004. Le nombre d’interventions varie principalement entre les cultures. Ainsi, une parcelle de pommes de terre est traitée en moyenne 8 fois. Les betteraves sucrières nécessitent en moyenne 4 à 5 passages. Les céréales en mode «PER» et le colza sont traités entre 2 et 3,5 fois. Le nombre d’interventions est inférieur à 1,6 pour les cultures de maïs grain et les céréales d’automne « extenso ». La moitié des substances actives sont des herbicides et plus du quart, des fongicides. Concernant l’évolution de l'utilisation des substances actives, leur nombre diminue de 13 %. 57 % des substances sont présentes pendant toute la durée de l’étude et, durant la 3e période, 35 % sont des nouvelles molécules qui n’existaient pas entre 1992 et 1994.
Résultats Nombre d’interventions par culture Le nombre d’interventions dépend fortement de la culture (fig. 1 et tabl. 1). La betterave sucrière nécessite en moyenne 4 à 5 passages pour appliquer 3 à 4 herbicides et souvent 1 fongicide. Une culture de pommes de terre est traitée en moyenne 8 fois, avec 1 herbicide, 5 à 6 fongicides et 0,4 insecticides. Les céréales en mode « PER » et le colza sont traités en moyenne entre 2 et 3,5 fois, dont en général 1 à 1,4 interventions herbicides. Pour les céréales, il faut compter 0,1 insecticide, 0,8 régulateur de croissance et 1 fongicide. Pour le colza, on applique 1 insecticide, 0,5 intervention contre les limaces et 0,3 fongicide en moyenne. Le nombre annuel d’interventions, essentiellement herbicides, est de 1,6 sur les cultures de maïs grain et dans les céréales d’automne extenso.
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417
Production végétale | Pratiques phytosanitaires dans un réseau d’exp loitations de grandes cultures de 1992 à 2004
Tableau 1 | Evolution par parcelle du nombre moyen d'interventions et d'applications par an pour chaque type de produits phytosanitaires pour les différentes cultures observées 1992 – 1994 Culture
Blé d'automne traité
Blé d'automne extenso
Orge d'automne traité
Orge d'automne extenso
Maïs
Colza
Pommes de terre de consommation
Betterave sucrière
Type
Variation entre 1992 – 1994 et 2002 – 2004, en %
2002 – 2004
Nbre d'applications
Nbre d'interventions
Nbre d'applications
Nbre d'interventions
Nbre d'applications
Interventions
Applications -9
Herbicide
1,23
3,24
1,38
3,50
1,33
2,95
8
Fongicide
1,19
2,05
1,29
2,03
1,20
2,16
1
5
Insecticide
0,10
0,10
0,05
0,05
0,05
0,05
-50
-50
Régulateur
0,76
1,30
0,77
1,11
0,80
0,87
5
-33
Autre
0,01
0,01
0,07
0,09
0,00
0,00
-100
-100
Total
3,29
6,70
3,56
6,78
3,38
6,03
3
-10 12
Herbicide
1,40
3,21
1,41
3,48
1,41
3,58
1
Autre
0,00
0,00
0,01
0,01
0,00
0,00
0
0
Total
1,40
3,21
1,42
3,49
1,41
3,58
1
12
Herbicide
1,17
3,20
1,16
2,85
1,26
3,20
8
0
Fongicide
0,86
1,77
0,95
1,70
0,78
1,47
-9
-17
Insecticide
0,08
0,08
0,02
0,02
0,00
0,00
-100
-100
Régulateur
0,80
0,91
0,96
1,12
0,65
0,72
-19
-21
Autre
0,01
0,01
0,02
0,04
0,00
0,00
-100
-100
Total
2,92
5,97
3,11
5,73
2,69
5,39
-8
-10
Herbicide
1,40
3,05
1,39
3,29
1,55
3,34
11
10
Autre
0,03
0,03
0,05
0,05
0,03
0,03
0
0
Total
1,43
3,08
1,44
3,34
1,58
3,37
10
9
Herbicide
1,24
2,13
1,16
2,79
1,14
2,84
-8
33
Insecticide
0,02
0,02
0,03
0,03
0,00
0,00
-100
-100
Autre
0,02
0,02
0,02
0,02
0,00
0,00
-100
-100
Total
1,28
2,17
1,21
2,84
1,14
2,84
-11
31
Herbicide
0,92
1,52
1,19
2,15
1,11
2,17
21
43
Fongicide
0,35
0,41
0,48
0,68
0,20
0,37
-43
-10
Insecticide
0,89
0,89
1,15
1,15
0,33
0,36
-63
-60
Autre
0,29
0,29
0,57
0,59
0,48
0,48
66
66
Total
2,45
3,11
3,39
4,57
2,12
3,38
-13
9
Herbicide
1,02
1,42
0,98
1,41
1,20
2,03
18
43
Fongicide
5,24
7,90
6,46
10,83
5,52
9,19
5
16
Insecticide
0,29
0,29
0,43
0,43
0,38
0,38
31
31
Défanant
0,71
0,71
0,43
0,43
0,43
0,43
-39
-39
Total
7,26
10,32
8,30
13,10
7,53
12,03
4
17
Herbicide
3,19
8,09
3,80
9,45
3,53
8,87
11
10
Fongicide
0,65
0,92
0,68
1,21
0,90
1,55
38
68
Insecticide
0,32
0,32
0,00
0,00
0,00
0,00
-100
-100
Autre
0,20
0,20
0,33
0,40
0,34
0,53
70
165
Total
4,36
9,53
4,81
11,06
4,77
10,95
9
15
24,39
44,09
27,24
50,91
24,62
47,57
1
8
Total
418
Nbre d'interventions
1997 – 1999
Recherche Agronomique Suisse 1 (11–12): 416–423, 2010
Pratiques phytosanitaires dans un réseau d’exp loitations de grandes cultures de 1992 à 2004 | Production végétale
La variabilité (fig. 1) mesurée par les quartiles atteint 1 intervention pour le colza et les pommes de terre. Ceci peut être mis en relation avec la variabilité de la pression exercée par les ravageurs du colza (charançons et méligèthes) et de celle des maladies de la pomme de terre (mildiou et alternariose). Cela démontre aussi que les agriculteurs adaptent effectivement le nombre de traitements fongicides et insecticides aux conditions de l’année. Finalement, le nombre d’interventions est généralement égal ou inférieur au nombre de traitements basés sur les bonnes pratiques agricoles pour les différentes cultures, (OFAG 1994 cité par Flury et al. 2005), sauf les herbicides sur betteraves et les insecticides sur pommes de terre pour lesquels les interventions sont deux fois plus nombreuses. Nombre d’applications de substances actives Par intervention, il y a entre 1 et 3 applications de matière active (tabl. 1). Le nombre d’applications de substances actives dans une culture de pommes de terre ou de betterave se situe entre 10 et 13. Quantités appliquées La quantité de substance active utilisée pour une même indication varie fortement d’une molécule à une autre. Par conséquent, les résultats concernant les quantités appliquées doivent être considérés spécifiquement pour chaque substance. La quantité par type de produit n’est donc pas révélatrice de l’intensité d’utilisation. Par exemple, les herbicides de la famille des sulfonylurées, de plus en plus utilisés, nécessitent l’application d’une plus faible quantité de substance active par unité de surface que d’autres herbicides, pour une efficacité compa-
rable. Dans certains cas, la réduction peut dépasser un facteur 10. L’interprétation des quantités utilisées de plusieurs produits pour un type et une culture (tabl. 2), doit tenir compte de ces éléments, en particulier des caractéristiques des substances actives (concentration, formulation, efficacité). Les quantités appliquées diminuent en moyenne d’une vingtaine de pourcent pour l’ensemble des substances et cultures. Ce résultat doit être mis en perspective avec le nombre d’interventions. Or ce dernier n’a pas varié entre la première et la troisième période tous types de substances et cultures confondues, sans tenir compte du changement lié à l’extenso (tabl. 1). Par culture, des réductions pouvant aller jusqu’à 49 % sont observées sur les quantités d’herbicides dans le blé, l’orge, le maïs et le colza. Les quantités de fongicides diminuent de 31 à 82 % dans les céréales traitées, les pommes de terre et le colza. Dans les pommes de terre, on constate en revanche une augmentation des quantités d’herbicides de 49 %. Evolution de l’assortiment des substances actives La figure 2 montre une évolution de l’assortiment : le nombre de substances actives diminue de 13 % entre la 1re et la 3e période. Par rapport à la 1re période, 77 % des substances actives sont restées les mêmes dans la 2e et 57 % dans la 3e période respectivement. Au cours de la 2e période, 20 % des molécules recensées sont nouvelles contre 35 % durant la 3e période. La diminution du nombre de matières actives n’est pas compensée par l’arrivée de nouvelles substances. Dans le nombre de substances actives à disposition, la part des insecticides a diminué entre les périodes, tan-
120 110 23
Nombre de substances actives
100
Betterave sucrière P-d-t de consommation Colza Maïs grain Orge d'automne extenso Orge d'automne traité
90
36
80 70 60
118
50
91
40
67
30 20
Blé d'automne extenso
10
Blé d'automne traité
0
Nbre d'interventions par parcelle Figure 1 | Nombre d’interventions annuelles par culture entre 1992 et 2004 (médiane, quartiles, déciles).
1992-1994 Nouvelles substances par rapport à la 1re periode
1997-1999
2002-2004
Substances actives présentes durant les trois périodes
Figure 2 | Evolution du nombre de substances actives.
Recherche Agronomique Suisse 1 (11–12): 416–423, 2010
419
Production végétale | Pratiques phytosanitaires dans un réseau d’exp loitations de grandes cultures de 1992 à 2004
Tableau 2 | Evolution par parcelle de la quantité moyenne de substances actives utilisées par an pour chaque type de produits phytosanitaires pour les différentes cultures observées
Quantité moyenne (kg/ha) Culture
Blé d'automne traité
Blé d'automne extenso
Orge d'automne traité
Orge d'automne extenso
Maïs
Colza
Pommes de terre de consommation
Betterave sucrière
Total
420
Type 1992–1994
1997–1999
2002–2004
Variation entre 1992– 1994 et 2002–2004, en %
Herbicide
0,77
0,83
0,58
-25
Fongicide
0,43
0,21
0,25
-42
Insecticide
<0,01
<0,01
<0,01
0
Régulateur
0,18
0,08
0,06
-67
Autre
<0,01
0,01
0,0
0
Total
1,38
1,13
0,89
-36
Herbicide
1,15
0,79
0,59
-49
Autre
0,0
<0,01
0,0
0
Total
1,15
0,79
0,59
-49
Herbicide
1,12
0,98
1,12
0
Fongicide
0,36
0,19
0,17
-53
Insecticide
<0,01
0,0
0,0
0 0
Régulateur
0,19
0,22
0,19
Autre
<0,01
<0,01
0,00
0
Total
1,67
1,39
1,48
-11
Herbicide
1,07
1,08
0,85
-21
Autre
0,01
0,01
0,01
0
Total
1,08
1,09
0,86
-20
Herbicide
1,28
0,78
1,10
-14
Insecticide
0,03
0,0
0,0
-100
Autre
0,01
<0,01
0,0
-100
Total
1,32
0,78
1,10
-17
Herbicide
1,03
1,07
0,59
-43
Fongicide
0,11
0,07
0,02
-82
Insecticide
0,02
0,03
<0,01
-100
Autre
0,09
0,12
0,10
11
Total
1,25
1,29
0,71
-43
Herbicide
0,99
1,47
1,48
49
Fongicide
5,72
7,48
3,97
-31
Insecticide
0,01
0,01
0,01
0
Défanant
0,99
1,23
0,93
-6
Total
7,71
10,19
6,39
-17
Herbicide
2,10
2,53
2,38
13
Fongicide
0,13
0,14
0,14
8
Insecticide
0,19
0,0
0,0
-100
Autre
0,06
0,09
0,12
100
Total
2,48
2,76
2,64
6
18,04
19,42
14,66
-19
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Pratiques phytosanitaires dans un réseau d’exp loitations de grandes cultures de 1992 à 2004 | Production végétale
iso pr
H
*
*/
ole
Ft
eb
uc
on
az
or
**
/*
e*
ph
*/
/*
l*
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zo
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**
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**
**
**
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F fl
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Fa
zo
**
yp
az
Fc
*/
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*/
ole
l*
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*
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*
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**
e*
*/
nil
bin
alo
tro
ys
ox
rifl
Ft
xim
il *
an
ox
ym
th
ro
hlo
Fc
Fk
*
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l-M
xy
ala
et
Fc
**
*/
le
zo
Fm
*/
le
Fe
po
xy
co
na
**
/*
e*
zin
zo
na
Nbre d'applications moyen /parcelle
Fc
yp
ro
co
on
Fm
F fl
ua
co
ze
am
b
**
*
**
Nbre d'applications moyen /parcelle
H
difl
ot ur o uf n * H en Ph ica en n m * ed ip H ham flu e ro xy * py H gly r * H ph am os ido at e su H lfu m ro et n am * itr on H m e* et * su lfu H r o th ne ife H * ns M ulf CP ur P on -m * et hy l* H io H iod xini l* os H ulf et ur ho on fu * m es a te H br ** om o H at xyni ra H zin l * de e* sm * ed iph ** am e* * H 2, 4 D *
Nbre d'applications moyen /parcelle
Herbicides dis que celle des autres types de substances n’a pas évo0.4 1992-1994 lué. 54 % des matières actives étaient des herbicides et 0.35 1997-1999 0.3 28 % des fongicides. A titre de comparaison, dans l’étude 2002-2004 0.25 sur l’évaluation des mesures écologiques de Poiger et al. 0.2 (2005), la part des herbicides utilisés dans les bassins ver0.15 sants de trois lacs suisses oscillaient de 59 à 83 % et celle 0.1 des fongicides de 7 à 33 %. Dans notre étude (fig. 3), les 0.05 insecticides passent de 9 à 6 % et sont utilisés principale- Mittlere 0Anzahl Applikationen pro Parzelle ment sur colza dans la période la plus récente. Les réguH 2,4 D * H Ioxinil * H MCPP * H Glyphosat * ***** lateurs, défanants et autres substances oscillent chacun H Isoproturon * H Diflufenican * H Fluroxypyr * H Atrazin H Metsulfuron * H Iodosulfuron *H Bromoxynil H Metamitron ** H Ethofumesat ** H Amidosulfuron * H Desmedipham ** H Phenmedipham ** entre 3 et 4 %. H Thifensulfuron-methyl * Les principaux changements dans l’assortiment de Fongicides substances actives durant la période s’échelonnant 0.4 1992-1994 0.35 entre 1992 et 2004 sont représentés dans la figure 3. 1997-1999 0.3 Dans les herbicides, l’isoproturon est la matière active la 2002-2004 0.25 plus utilisée dans le blé d’automne. L’utilisation de met0.2 sulfuron-méthyl, d’amidosulfuron et de thifensulfuron0.15 méthyl augmente et de nouveaux herbicides de la 0.1 famille des sulfonylurées (iodosulfuron) sont homolo0.05 Applikationen pro Parzelle gués, surtout dans les céréales. Ceci se fait au détriment Mittlere Anzahl 0 d’herbicides de la famille des hormones et d’autres herbicides de contact (MCPP, 2,4-D et ioxynil). L’atrazine est F Cyprodinil* F Fluazinam *** F Mancozeb *** F Cymoxanil *** F Metalaxyl-M *** F Propiconazol*/** F Epoxyconazol */** F Trifloxystrobin*/** F Tebuconazol*/**** F Fluzilazol*/**/**** régulièrement appliquée dans le maïs (exploitations en F Chlorothalonil */*** F Kresoxim-methyl*/** F Fenpropiomorph */** F Cyproconazol */**/**** F Azoxystrobin */***/**** zone non karstique). Dans le colza, on note la disparition du tebutam. Régulateurs 0.4 Parmi les fongicides, on relève l’apparition de la 0.35 famille des strobilurines (trifloxystrobine, kresoxim1992-1994 0.3 méthyl et azoxystrobine) pendant la période de 19971997-1999 2002-2004 0.25 1999, et sa montée en puissance par la suite. Cette évolu0.2 tion se fait au détriment de certains inhibiteurs de la synthèse des stérols (ISS), surtout dans les céréales (flusi0.15 lazole, fenpropimorphe et tébuconazole). Une diminu0.1 tion de l’utilisation du chlorothalonil est constatée dans Mittlere Anzahl Applikationen pro Parzelle 0.05 les céréales et les pommes de terre dès la deuxième 0 période. R trinexapac-ethyl * R ethephon * R chlormequat * R cholinchlorid * Dans les céréales, des régulateurs de croissance Figure 3 | Evolution des substances actives les plus utilisées, (chlormequat et cholinchlorid CCC) sont retirés au cours c lassées par type d’applications. de la période 1997 - 1999 et remplacés par le trinexapac* Utilisé dans les céréales (mode PER pour les fongicides et éthyl et l’éthéphon. régulateurs) Depuis la période 1997 - 1999, il n’y a plus d’insecti** Utilisé dans les betteraves cide en culture de betteraves, car la majorité des rava- *** Utilisé dans les pommes de terre geurs sont contrôlés avec le traitement des semences à **** Utilisé dans le colza l’imidaclopride. Les pyréthrinoïdes sont les plus utilisées ***** Utilisé dans le maïs dans le colza. Dans les pommes de terre, les agriculteurs traitent principalement avec du téflubenzuron. Le DNOC disparaît à la fin de la période 1997 – 1999 pour le défanage des pommes de terre.
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Production végétale | Pratiques phytosanitaires dans un réseau d’exp loitations de grandes cultures de 1992 à 2004
Cas d’évolution des pratiques dans différentes cultures Glyphosate : les quantités moyennes de glyphosate utilisées dans l’interculture ont quadruplé durant la période considérée, passant de 0,034 kg/ha à 0,141 kg/ha. Ceci est lié à la réduction du prix de cet herbicide, conduisant à la diminution du déchaumage mécanique parfois en lien avec la pratique de techniques culturales simplifiées. Céréales extenso: les pratiques phytosanitaires peuvent être directement influencées par les instruments de politique agricole. Ceci est particulièrement vrai pour la conduite de céréales en mode extenso, soutenu par les paiements directs. L’évolution de la part des surfaces cultivées sans fongicide, régulateur de croissance et insecticide s’est renforcée pendant la 2e période observée (fig. 4). Fongicides dans le blé d’automne: dans les années nonante, les strobilurines arrivent sur le marché. Souvent utilisées seules au début, elles sont ensuite associées aux ISS, qu’elles ont partiellement remplacés entre la 1re et la 3e période. En revanche, les fongicides d’autres familles ont diminué. Au final, les quantités totales de fongicides ont presque diminué de moitié pour un même nombre d’interventions. Insecticides dans le colza: la famille des pyréthrinoïdes est régulièrement utilisée dans cette culture. Les variations enregistrées sont notamment liées à la pression des ravageurs qui conditionne les traitements en application des prestations écologiques requises. Au cours des trois périodes, les quantités de pyréthrinoïdes ont été de respectivement 0,007, 0,019 puis à nouveau 0,007 kg/ha. Les autres insecticides ont passé de 0,027 au cours de la 1re période à plus du tout en 3e période.
100 90 80 70
61
60
49
50 Anteil 40 (%)
36 29
30 20
42
15
10 0
1992-1994 1997-1999 2002 - 2004 Orge d‘automne extenso Blé d‘automne extenso
Figure 4 | Evolution de la part du mode de culture «extenso» en % des surfaces des cultures de blé et d’orge d’automne.
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Conclusions ••Une réduction des quantités de produits de traitement de 30 % a été atteinte selon l’évaluation des objectifs agroenvironnementaux 2005 de la Confédération (Flury 2005). ••L'étude des pratiques des exploitations pilotes entre 1992 et 2004 révèle une diminution du même ordre. ••Parmi les facteurs d’influence, il est possible de citer: le retrait de l’homologation de certaines substances, l’abandon de traitements non indispensables et l’arrivée sur le marché de matières actives plus performantes nécessitant moins de substance active pour une efficacité comparable. De nouvelles variétés de céréales, moins sensibles à la verse et aux maladies, ont aussi permis au mode extenso de se développer. Enfin, les aléas climatiques jouent également un rôle. ••Malgré cette tendance générale à la réduction des quantités appliquées, le nombre des interventions, non conditionnées par des interventions politiques (extenso), n’a guère évolué. ••Au final, l’analyse de l’évolution des pratiques phytosanitaires reste complexe, étant donné la spécificité de chaque indication visée par un traitement. ••Seule une évaluation basée sur le nombre d’interventions, les quantités appliquées, les caractéristiques toxicologiques et éco-toxicologiques des substances pourra donner un reflet fiable des pratiques phytosan nitaires en production intégrée.
Pratiche fitosanitarie in una rete di aziende dedite alla campicoltura osservate tra il 1992 ed il 2004 Questo studio, basato su rilevamenti realizzati presso una rete di aziende agricole pilota condotta da AGRIDEA in Svizzera romanda ed in Ticino, ha per obiettivo di fornire un’informazione sintetica dell’evoluzione delle pratiche fitosanitarie in campicoltura. La valutazione delle pratiche verte sul numero di interventi per coltura, il numero di applicazioni e la quantità di principio attivo per ettaro. Tre periodi sono stati confrontati: 1992 – 1994, 1997 – 1999 e 2002 – 2004. Il numero di interventi varia principalmente tra le colture. Una parcella di patate viene trattata in media 8 volte, le barbabietole da zucchero richiedono in media 4 o 5 interventi, i cereali coltivati secondo le esigenze poste dalla «PER» e la colza sono trattati tra 2 e 3,5 volte. Il numero d’interventi é inferiore a 1,6 per le colture di mais da granella e di cereali autunnali « Extenso ». Metà dei principi attivi sono erbicidi e più di un quarto fungicidi. Riguardo all’evoluzione dell’utilizzo di principi attivi, si nota una diminuzione del 13%. Il 57% dei principi attivi sono presenti durante tutta la durata dello studio, nel terzo periodo ci sono 35% di nuove molecole, assenti tra il 1992 ed il 1994.
Summary
Riassunto
Pratiques phytosanitaires dans un réseau d’exp loitations de grandes cultures de 1992 à 2004 | Production végétale
Phytosanitary practices in a arable farms network from 1992 to 2004 This study, realized on a network of pilot farms animated by AGRIDEA in the French part of Switzerland and in Ticino aims to provide global information about the evolution of phytosanitary practices in arable crops. The assessment of practices focusses on the number of interventions in each crop, the number of applications and the quantity of active substance per hectare. Three periods are compared: 1992 to 1994, 1997 to 1999 and 2002 to 2004. The number of interventions varies mainly according to the crop. A potatoes plot is on average treated 8 times and sugar beets need on average 4 to 5 runs. Cereals cultivated in «PER» mode and rape are treated between 2 and 3.5 times. The inter vention number is less than 1.6 for corn grain crop and autumn cereals «extenso». Half of active substances are herbicides and over a quarter, fungicides. The evolution of active substances shows that their number decreases by 13 %; 57 % of the substances are present during all the considered period and, in 2002 – 2004, 35 % are new molecules which didn’t exist in 1992 – 1994. Key words: plant protection practice, field crops, active ingredient.
Bibliographie ▪▪ Favre G., Dugon J. & Charles R., 2010. Pratiques phytosanitaires en grandes cultures de 1992 à 2004, AGRIDEA, Lausanne, 80 p. ▪▪ Flury Ch., 2005. Rapport Agroécologie et bien-être animal 1994 – 2005. Office fédéral de l’agriculture, Berne, 190 p. ▪▪ Magnollay F., 2003. Réseau d'entreprises 1996 – 2002 : synthèse de l’évolution financière des exploitations (dossier de référence). SRVA, L ausanne, 43 p. ▪▪ Office fédéral de l’agriculture, 2010. Prestations écologiques requises. Accès: http://www.blw.admin.ch/themen/00006/00049/index. html?lang=fr [29.6.2010]. ▪▪ Poiger T., Buser H. R. & Müller M. D., 2005. Evaluation der Ökomassnahmen und Tierhaltungsprogramme, Synthesebericht Bereich Pflanzenschutzmittel. Agroscope FAW Wädenswil, 69 p. ▪▪ Zimmermann A., 2001 – 2005. Réseau d'exploitations pilotes du SRVA : r ésultats. SRVA, Lausanne.
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E c o n o m i e
a g r i c o l e
Coefficients de produit standard pour l’agriculture suisse
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Daniela Schürch et Dierk Schmid, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen Renseignements: Dierk Schmid, e-mail: dierk.schmid@art.admin.ch, tél. +41 52 368 31 31
Pour établir une comparaison horizontale des exploitations, il est indispensable de former des groupes de comparaison aussi homogènes que possible.
Introduction Le Réseau d’information comptable agricole (RICA) est un système dans l’Union européenne (UE) qui collecte et analyse les données technico-économiques des exploitations agricoles de chacun de ses Etats membres. Par le passé, les résultats du Dépouillement centralisé des données comptables suisses ont été adaptés et com-
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parés à la méthode de l’UE (Schmid 2005). Ainsi, toute modification de la méthode de l’UE devra être prise en considération dans la conversion des résultats suisses. Par ailleurs, la méthode RICA de délimitation de la population (terme statistique utilisé pour définir le groupe d’unités d’enquête) doit être appliquée dans le nouveau système du Dépouillement centralisé des données comptables.
Photo: ART
Classification des exploitations agricoles La comparaison horizontale des exploitations est une méthode classique utilisée dans les recherches en économie agricole, notamment pour analyser les résultats comptables (ART 2009). Dans l’agriculture, caractérisée par sa très large diversité structurelle, il est indispensable de former des groupes de comparaison les plus homogènes possibles. Pour y parvenir, nous avons besoin d’un instrument de classification qui remplisse deux fonctions: d’une part, il doit permettre de définir une dimension minimale de l’exploitation, afin de limiter vers le bas la population recensée. D’autre part, il sert à distinguer les divers types d’exploitations (p. ex. production laitière ou grandes cultures) (Commission européenne 2010). Cette classification s’établit à l’aide de différentes méthodes et données. Aux côtés des données physiques et structurelles, comme la surface, le nombre d’animaux, la région ou la main-d’œuvre, on peut aussi utiliser des données économiques et financières, comme la marge brute standard ou le produit standard. Tandis que dans l’actuel système suisse du Dépouillement centralisé des données comptables (DC), cette classification se fait à l’aide de données physiques et structurelles (Roesch et Hausheer Schnider 2009), le RICA de l’UE utilise principalement des données économiques et financières.
Pour les coefficients de PS des vaches laitières, la production laitière représente le produit principal et les veaux de réforme font partie des sous-produits.
Résumé
Coefficients de produit standard pour l’agriculture suisse | Economie agricole
Dans le cadre du réseau d’information comptable agricole (RICA) de l’Union européenne, le produit standard est utilisé depuis 2010 pour classifier les exploitations agricoles. Le produit standard exprime la valeur monétaire moyenne de la production agricole par rapport aux prix des producteurs. Afin de pouvoir continuer à comparer les résultats comptables de l’agriculture suisse avec ceux des pays de l’UE, le concept du produit standard doit être appliqué aux exploitations suisses. Les coefficients de produit standard servent de base à cette conversion.
Le produit standard remplace la marge brute standard Depuis 1985, le système de classification des exploitations agricoles était fondé sur la marge brute standard (MBS) dans toute l’UE. Cette valeur monétaire correspondait à la production brute par hectare de culture ou par tête de bétail (moyenne du cheptel) de l’exploitation. On y ajoutait les subventions liées aux produits, ou les paiements directs, dont on déduisait les coûts directs. Jusqu’en 2009, les exploitations ont été classées sur la base de leur MBS selon leur orientation technico- économique et leur dimension économique. A partir de 2010, le produit standard (PS) sert de variable de classification. Ce changement a été opéré en raison des modifications intervenues dans la politique agricole de l’UE. La restructuration des paiements directs selon laquelle les paiements liés au produit
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Economie agricole | Coefficients de produit standard pour l’agriculture suisse
deviennent des paiements découplés (paiement unique à l’exploitation et régime de paiement unique à la surface) peut entraîner une MBS négative. Désormais, la MBS ne sera donc plus que partiellement applicable comme variable de classification. Ce changement sera repris dans le système suisse. D’une part, il sera intégré dans le concept de la nouvelle orientation du DC lors de la délimitation de la population (Roesch et al. 2010). Les valeurs physiques et fixes utilisées dans le système actuel, comme les seuils d’entrées fondés sur la superficie et le cheptel (Meier 2000), seront remplacées par le PS en raison des désavantages que présente la méthode. D’autre part, le changement de la méthode de classification dans le RICA de l’Union européenne doit être adapté pour la conversion (aux normes UE) des résultats comptables des exploitations agricoles suisses, afin de permettre des comparaisons directes. Pour ces deux éléments, les coefficients PS doivent être disponibles car ils serviront de base de calcul du PS.
Méthodes Autres nouveautés dans le RICA de l’UE Outre le PS utilisé comme nouvelle variable de classification, quelques autres modifications apparaissent dans le RICA de l’UE. Les limites des classes de dimension ont été adaptées et la dimension économique des exploitations sera exprimée directement en euros et non en unités de dimension européenne (UDE), comme jusqu’à présent. Par ailleurs, en plus de leur orientation technico-économique, les exploitations seront classifiées en fonction de leur part d’activités para-agricoles. Par contre, la plupart des limites fixées pour la répartition des exploitations selon leur orientation technico- économique sont maintenues.
Méthodologie de calcul du PS Le coefficient PS est l’élément essentiel du calcul d’un PS. Il est défini pour chaque activité de production et correspond au chiffre d’affaires moyen obtenu (sans les paiements directs). Pour calculer le PS d’une branche de production, le nombre d’unités de production est multiplié par le coefficient PS correspondant. Le produit standard de l’ensemble de l’exploitation – il est déterminant aussi bien pour classifier la dimension de l’exploitation que pour délimiter la population – correspond à la somme des produits standards de tous les produits agricoles, ou de toutes les branches de production de l’exploitation (Commission européenne, 2008). Détermination des coefficients PS Les PS des activités de production sont calculés par unité de production, c’est-à-dire par hectare pour la production végétale et par tête de bétail pour la production animale. Pour déterminer les coefficients PS, on prend en considération aussi bien les produits principaux que les sous-produits. Par exemple, si la paille est considérée comme un rendement accessoire au rendement proprement dit des céréales, elle constitue un produit principal. Chez les vaches laitières, le lait est un produit principal tandis que les veaux et les vaches de réforme font partie des sous-produits. Chez les vaches-mères, par contre, le veau est défini comme un produit principal. Les branches de production sont soumises à des fluctuations de prix et de rendement qui peuvent être considérables. C’est le cas par exemple pour les pommes de terre, les légumes, les porcs et, comme l’expérience l’a montré ces dernières années, pour le lait. Afin que ces fluctuations annuelles n’influencent pas trop fortement le PS, les coefficients PS seront calculés sur la base des moyennes quinquennales. En outre, les coefficients PS seront déterminés par région, pour tenir compte des
Tableau 1 | Vue d’ensemble des données nécessaires pour calculer le produit standard du blé et des vaches laitières PS blé
PS vache laitière
données de base Unité déterminante Produit principal
Sous-produit
426
valeurs
par ha
données de base
valeurs
par vache laitière
blé
rendement naturel [q/ha]; prix [fr./q]
lait
rendement naturel [kg/animal]; prix [fr./kg]
paille
rendement naturel [q/ha]; prix [fr./q]
veau < 1 an, vache de réforme
+ valeur monétaire par veau, + valeur animal-mère de réforme, - valeur de remplacement d'une vache
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Coefficients de produit standard pour l’agriculture suisse | Economie agricole
Résultats Coefficients PS en production végétale Les coefficients sont généralement plus faciles à calculer pour la production végétale car, dans la plupart des cas, des valeurs et des prix de production explicites peuvent être attribués aux produits principaux et sous-produits et parce qu’il s’agit le plus souvent de cultures annuelles, tout au moins sous nos latitudes. Ainsi, le coefficient PS du blé se calcule en multipliant le rendement moyen par hectare [q/ha] par le prix moyen aux producteurs [fr./q] et en additionnant la valeur monétaire du produit de la paille [fr./ha] calculée en même temps. Mais il existe aussi des coefficients PS qui englobent des produits très différents, comme les fruits ou les baies. Dans ce cas, les valeurs PS disponibles doivent être définies pour chaque espèce (p. ex. pommes, poires, pruneaux) puis elles seront pondérées et agrégées selon la part de surface occupée par ces espèces. Coefficients PS en production animale Plusieurs facteurs supplémentaires doivent être pris en considération pour déterminer les coefficients PS de la production animale. Les animaux de rente sont soumis à des cycles de production pluriannuels et les sous- produits – jeunes animaux et animaux-mères de réforme – présentent souvent une valeur qui n’est pas clairement déterminable. En outre, les animaux sont répartis dans diverses catégories d’âge. Dans la production laitière, une distinction est établie entre les veaux jusqu’à 12 mois, les animaux d’élevage jusqu’à la première gestation et les animaux en lactation. Un coefficient PS doit être calculé séparément pour chaque catégorie, car il
existe des animaux destinés à différents genres d’utilisation dans chaque classe d’âge. A titre d’exemple, le coefficient PS des vaches laitières est déterminé ci-dessous. Le produit principal est la production laitière. La détermination de ce coefficient s’inspire du calcul des coefficients PS des produits végétaux, le rendement moyen en lait par animal et par an étant ici multiplié par le prix moyen payé aux producteurs. Puis on soustrait la valeur de remplacement d’une jeune vache laitière ou d’une femelle bovine en gestation. Cette démarche est nécessitée par la délimitation des catégories d’âge dans la production animale, comme nous l’avons expliqué ci-dessus. On évite ainsi que la valeur d’un animal soit doublement prise en considération. Les sous-produits de la production laitière sont les veaux jusqu’à l’âge de 12 mois ainsi que la valeur monétaire des vaches laitières de réforme. La valeur d’un jeune animal d’un an est pondérée par le genre d’utilisation possible. Une distinction est établie entre les femelles et les mâles ainsi qu’entre les animaux d’engraissement et d’élevage. Ensuite, le taux moyen de mortalité est pris en considération dans le calcul. La valeur des animaux-mères de réforme doit être répartie de façon homogène sur le nombre moyen d’années productives. Le calcul du produit standard de la production animale se base sur un plus grand nombre de facteurs que celui de la production végétale. En conséquence, l’acquisition des données est aussi plus compliquée, notamment parce que certaines données font défaut car
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caractéristiques spatiales de la production agricole. Les unités régionales seront choisies en fonction de la disponibilité des données afin qu’elles soient utilisables pour les données comptables. En raison de la disponibilité des données et de la standardisation, nous avons renoncé à établir une répartition régionale dans le calcul des coefficients PS suisses. Les coefficients PS suisses ont été déterminés en grande partie sur la base des données du Dépouillement centralisé des données comptables. Les autres données ont été fournies par diverses associations interprofessionnelles et fédérations d’élevage, ainsi que par la Banque de données sur le trafic des animaux (BDTA), l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) et l’Office fédéral de la statistique (OFS). Les données et les indications nécessaires pour déterminer le produit standard sont présentées au tableau 1 à l’aide d’un exemple pour le blé et les vaches laitières.
Le coefficient PS d’activité de production correspond au chiffre d’affaires moyen obtenu (sans les paiements directs).
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Economie agricole | Coefficients de produit standard pour l’agriculture suisse
Tableau 2 | Coefficients PS de quelques activités en Suisse Valeur 2004/2008 [fr./ha]
PS production animale
Valeur 2004/2008 [fr./tête]
blé fourrager
3400
vaches laitières, veaux inclus
4900
orge
2800
bovins > 1 an
1200
PS production végétale
avoine
2500
veaux < 1 an
600
triticale
2600
vaches-mères
1800
blé
3400
brebis laitières
1000
seigle
3200
brebis-mères
200
épeautre
3100
chèvres laitières
600
maïs
4100
truies-mères
1700
betterave sucrière
8800
gorets
800
pommes de terre
13800
porcs à l'engrais, verrats
400
colza
2800
poules pondeuses (100 têtes)
5700
tournesol
2500
poulets d'élevage (100 têtes)
2200
pois protéagineux
1700
poulets à l'engrais (100 têtes)
3900
légumes
47300
dindes (100 têtes)
1900
baies
100700
vigne
24200
fruits
54200
cultures spéciales
27000
arbres de Noël
29300
aucune institution n’est chargée de les relever et d’émettre des hypothèses appropriées aux calculs. Par exemple, aucune donnée officielle n’est disponible à propos des produits ou de la valeur de production des camélidés du Nouveau-Monde (lamas et alpagas), car ceux-ci ne sont pas élevés à des fins économiques en premier lieu. Il n’empêche que les animaux d’élevage ou le trekking à dos de lama peuvent générer une valeur économique. Pour définir le produit standard de telles activités, il faut donc émettre des hypothèses sur les revenus moyens de la vente d’animaux d’élevage. Il en est de même lorsque des trekkings à dos de lama sont organisés: les estimations de la fréquence et des revenus par animal et par an permettent alors de déterminer le PS d’un lama engagé pour exécuter ce type de randonnée. Coefficients PS suisses Le tableau 2 présente les coefficients PS suisses pour certaines activités. On constate que dans la céréaliculture, ces coefficients varient dans une fourchette d’une largeur semblable. En grandes cultures, la betterave sucrière, les pommes de terre, et les légumes surtout, atteignent des valeurs élevées. Dans les cultures permanentes, les baies enregistrent les valeurs les plus élevées,
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tandis que ce record est remporté par les poules pondeuses (100 têtes) en production animale. Parmi les animaux consommant des fourrages grossiers, les vaches laitières obtiennent la valeur la plus élevée et les brebis, la valeur la plus basse. Si la comparaison est établie sur la base des UGB, ce sont alors les vaches laitières qui atteignent la valeur maximale.
Conclusions Les coefficients du produit standard nouvellement introduits constituent le fondement de la classification des exploitations dans le réseau d’information comptable agricole de l’Union Européenne. Les éléments pris en compte pour déterminer ces coefficients sont les produits principaux et les sous- produits de la production agricole. Soulignons que, en production animale, une attention toute particulière est accordée à la délimitation selon les catégories d’âge. La méthodologie adoptée est applicable aux exploitations du réseau de données comptables suisses, mais cela implique un calcul régulier des coefficients PS. Il sera ainsi possible de continuer à comparer l’agriculture suisse avec n celle de l’UE sur une base significative.
Coefficienti dei prodotti standard per l'agricoltura svizzera Dal 2010 il prodotto standard è utilizzato nell’ambito della rete d’informazione contabile agricola dell’Unione europea. Esso indica il valore monetario medio della produzione agricola rispetto ai prezzi alla produzione. Onde poter continuare a confrontare i risultati contabili dell'agricoltura svizzera con quelli dei paesi membri dell'UE, il concetto del prodotto standard deve essere applicato alle aziende elvetiche. A tal fine s'impone la rilevazione dei coefficienti dello standard a questa conversione.
Summary
Riassunto
Coefficients de produit standard pour l’agriculture suisse | Economie agricole
Standard output (SO) coefficients for Swiss Agriculture From 2010, standard output is used to classify farms within the framework of the Farm Accountancy Data Network of the European Union. As a monetary variable, standard output describes the average monetary value of agricultural production at producer prices. To make it still possible to compare the accountancy results of Swiss agriculture with those of the EU countries, the concept of standard output must be applied to Swiss farms. The calculation of the standard output coefficients forms the basis for this conversion. Key words: standard output, classification system, economic size of farms, type of farm, standard output coefficient.
Bibliographie ▪▪ Commission européenne, 2008. Manuel de typologie. Comité communautaire du réseau d’information comptable agricole, Direction générale de l’agriculture et du développement rural, Bruxelles. 79 p. Accès: http://ec.europa.eu/agriculture/rica/index_fr.cfm ▪▪ Commission européenne, 2010. Réseau d’information comptable agricole (RICA). Méthodologie. Accès: http://ec.europa.eu/agriculture/rica/ methodology2_fr.cfm [30.6.2010] ▪▪ Meier B., 2000. Nouvelles méthodes pour le Dépouillement centralisé des données comptables agricoles à la FAT – Bases méthodologiques du D épouillement centralisé des données comptables agricoles à la FAT. Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen. Accès: www.agroscope.admin.ch/zentrale-auswertung (publication en cours).
▪▪ Roesch A. & Hausheer Schnider J., 2009. Rapport de base 2008. Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen. ▪▪ Roesch A., Jan P., Schmid D. & Lips, M., 2010. Provisorischer Entwurf für den neuen Auswahlplan für die Zentrale Auswertung, Auswahlplan für Stichproben A und B. Document interne rédigé en allemand, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen. ▪▪ Schmid D., 2005. Comparaison des exploitations agricoles suisses et des exploitations de l’UE. Rapport FAT No 638. Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Ettenhausen.
Recherche Agronomique Suisse 1 (11–12): 424–429, 2010
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P r o d u c t i o n
a n i m a l e
Cicatrisation de la tranche carrée en viande bovine: découverte d’une cause de ce défaut de qualité
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Pierre-Alain Dufey et Vincent Gremaud, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 1725 Posieux Renseignements: Pierre-Alain Dufey, e-mail: pierre-alain.dufey@alp.admin.ch, tél. +41 26 407 72 76
Surface avec un revêtement asphalté qui répond à la réglementation du système SRPA (sorties régulières en plein air), programme encouragé par la Confédération.
Introduction La cicatrisation de la tranche carrée (CTC) est l’expression utilisée en Suisse par la filière de viande bovine pour désigner un défaut de qualité apparaissant sur un muscle de la cuisse, le Biceps femoris (BF) ou gluteobiceps, qui joue un rôle important lorsque l’animal se couche ou se lève. Selon la nature ou l’étendue de ce défaut qui apparaît dans la partie médiane du muscle, celui-ci est inutilisable pour la fabrication de la viande séchée, un produit à haute valeur ajoutée. Ce problème a été identifié depuis quelques décennies déjà et a fait l’objet d’une étude approfondie sans que les auteurs puissent en identifier les causes (Keller et al. 1987). Plus récemment,
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Tribot Laspiere et Coulon (2006) en France ont publié un document sur ce phénomène appelé «Nœuds nerveux» par la branche. Ce travail comportait une enquête sur la fréquence d’apparition et une description histologique complète de ce défaut. Les auteurs n’ont pas cherché à étudier directement les causes, mais formulent quelques hypothèses qui ont principalement trait aux conditions d’élevage. En Allemagne, un lien avec les sites d’injection intramusculaire n’a pas pu être établi (Wandel et Wandel 2007). Concernant la nature de ces lésions, il s’agit d’une myopathie fibrosante focale (ou fibrose musculaire focale), plus ou moins associée à des cellules adipeuses ou nerveuses correspondant à une cicatrisation (Keller et al. 1987; Tribot Laspiere et Coulon 2006) et d’origine vraisemblablement post-traumatique liée à une blessure ou une rupture musculaire. Devant l’augmentation de l’apparition du phénomène, l’interprofession suisse de la filière viande a procédé à un état des lieux (Proviande 2007), en faisant désosser plus de 1500 cuisses dans trois ateliers de découpe. Les résultats ont montré que toutes les catégories d’animaux, toutes les classes de charnure et tous les labels étaient concernés par le problème. Seules les fréquences à l’intérieur de ces différents groupes variaient. Globalement, 44 % des cuisses étaient touchées. Par rapport à Keller et al. (1987), les fréquences ont passé en 20 ans de 18 à 57,4 % et de 11,1 à 24,2 % respectivement pour les animaux de fabrication et les animaux d’étal. Devant ce constat, l’interprofession1 a décidé, d’une part, de diminuer le prix indicatif de CHF 0.10 par kilo de carcasse pour les animaux de fabrication et les classes de charnure les plus faibles (-T, A, X) dans lesquelles la fréquence d’apparition se situe entre 60 et 70 % et, d’autre part, de mandater ALP pour trouver la ou les causes de cette cicatrisation. La baisse du prix indiquée ci-dessus met les agriculteurs en situation de devoir assumer financièrement le problème de la CTC, dont le coût est estimé à environ 2 millions de francs suisses par an, sans
Proviande adresse ses remerciements à l’Office fédéral de l’agriculture pour son soutien financier.
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Résumé
avoir les moyens de remédier au problème. Le but de ce projet était donc de mettre en évidence la ou les causes possibles de ce défaut, afin de prendre les mesures préventives adéquates.
Démarche Selon les auteurs précités, les lésions surviendraient durant la période d’élevage des animaux. Or, le constat ne peut être effectué qu’après la mort de l’animal. A partir de là, deux questions se posent: à quelle période de vie de l’animal apparaissent ces lésions et quelle technique d’investigation peut permettre un diagnostic et un suivi du vivant de l’animal? Pour les animaux, les recherches se sont concentrées sur le bétail de l’exploitation d’ALP âgé de 5 à 15 mois. Pour la technique, en fonction de son potentiel et des possibilités d’acquisition, le choix s’est porté sur l’utilisation de l’échographie comme outil d’investigation et de diagnostic. La formation, le suivi et l’interprétation des images ultrasonographiques, ainsi que le conseil pour les choix techniques ont été assumés par un spécialiste en médecine vétérinaire, deux radiologues et un expert en formation aux ultrasons. La localisation de la zone externe correspondante sur l’animal vivant, et sur pied, a dû être précisée. La validation des observations échographiques a été réalisée en examinant 148 cuisses de vaches de réforme aux abattoirs Marmy S.A. à Estavayer-le-Lac peu avant leur abattage et en relevant la présence de tissus cicatrisés lors du désossage.
Matériel et méthodes L’appareil à ultrasons utilisé était le Logiq 200 Pro de la firme GE Healthcare équipé d’une sonde linéaire de 5 MHz modulable jusqu’à 6.5 MHz. Avant l’examen, une tonte et un rasage de la zone à examiner ont été pratiqués. Des prises de sang ont été effectuées, ainsi que les dosages des taux de créatine kinase (CK), d’aspartate amino-transférase ou glutamate oxaloacétique-trans aminase (ASAT), d’alanine amino-transférase ou glutamate pyruvate-transaminase (ALAT). Les mesures photométriques ont été réalisées à l’aide de l’appareil Autoanalyser Alizé 200 de BioMérieux.
La cicatrisation de la tranche carrée est l’expression utilisée en Suisse pour désigner un défaut de qualité apparaissant sur le principal muscle utilisé pour la fabrication de la viande séchée, le muscle Biceps femoris ou gluteobiceps. Ce problème, connu depuis des décennies, est en forte augmentation, mais sa ou ses causes sont inconnues à ce jour. Pour cette raison, l’interprofession de la viande a confié un mandat de recherche à ALP. L’échographie a été choisie comme outil d’investigation pour permettre un diagnostic et un suivi de l’animal vivant, en particulier dans la période d’élevage. Cette orientation s’est révélée judicieuse. La localisation précise de la zone d’intérêt sur l’animal vivant et debout a été réalisée. Des lésions ont pu être observées et suivies dans le temps. La découverte d’un cas jusqu’alors négatif, corroborée par des valeurs sanguines anormales, ont permis d’exclure la plupart des hypothèses émises jusqu’alors. Une nouvelle hypothèse a alors été formulée, celle d’un traumatisme ponctuel lié à une chute par glissade et rotation du train-arrière sur une surface en dur. Pour 91 % des animaux déclarés tombés, l’investigation échographique s’est révélée positive. L’euthanasie d’une partie d’entre eux a confirmé dans tous les cas la présence d’une cicatrice. L’augmentation du phénomène pourrait ainsi correspondre notamment à l’augmentation de stabulation libre ayant des aires en dur associée à une augmentation du risque de chute.
Résultats et discussion Deux types de cicatrices A quelques exceptions près, la localisation des cicatrices est extrêmement homogène. Les cicatrices sont de deux types: le premier, le plus fréquent, est de forme conique
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Figure 1 | Coupe d’une tranche carrée marquée par une cicatrisation importante de type net, de forme conique ou triangulaire, de nature compacte. Forme de lésion la plus fréquente.
ou triangulaire, de nature compacte, partant depuis la base de l’aponévrose du côté interne du muscle vers le côté externe (fig. 1). En coupe, cette cicatrice peut s’étendre sur les deux tiers de la hauteur du muscle, voire plus rarement sur l’entier du muscle. Le deuxième est de forme et de nature diffuse (fig. 2). Ces deux types de lésions peuvent parfois se présenter sur la même tranche carrée et il existe divers stades pour chacun d’eux. Les cicatrices apparaissent indifféremment du côté gauche ou droit de l’animal, et parfois des deux côtés. Localisation La localisation de Keller et al. (1987) s’est révélée imprécise, voire inexacte. Cette imprécision est probablement due au fait que l’examen anatomique est réalisé sur une carcasse puis transposé sur l’animal vivant en posture debout, au repos. Dans cette posture, nous avons pu établir que la zone d’intérêt se situe au milieu mais légèrement audessous de l’axe situé entre la rotule (Patella) et l’extrémité de l’ischium, ou tubérosité ischiatique, un os du bassin. Cette zone, illustrée à la figure 3, se trouve en réalité juste en dessous du fémur.
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Identification des lésions chez l’animal vivant Les examens ultrasonographiques et l’interprétation des images obtenues nécessitent une pratique et une expérience importantes. Dans le cas présent, la chose est facilitée par le fait que l’investigation est limitée à une zone extrêmement réduite puisque celle-ci a été très bien définie au préalable. Néanmoins, la pose d’un diagnostic sûr n’est pas toujours possible. En conséquence, les examens échographiques ont été classés de la manière suivante: muscle BF sans anomalie, muscle BF avec lésion ou muscle BF avec lésion probable. Les ultrasons du muscle BF sans anomalie montrent une structure horizontale homogène (fig. 4). Les images ultrasonographiques des muscles avec lésion présentent une zone foncée ou hypoéchogène (= de faible écho), voire noire ou anéchogène (= vide d’écho) de forme verticale, parfois inclinée en son sommet (fig. 5). Les muscles dont l’examen aux ultrasons révèle une anomalie à l’endroit de la blessure présumée, sans pour autant que cette anomalie soit nette, entrent dans la catégorie muscle BF avec lésion probable. Lorsqu’une lésion ou une anomalie du tissu musculaire était constatée par ultrasonographie, un examen visuel de l’animal était pratiqué. Aucun signe extérieur visible, c’est-à-dire aucun lien avec une tumescence, des lésions cutanées, une boiterie, une posture ou un comportement particulier dans la façon de se lever et de se coucher, n’a pu être établi. A ce stade de l’étude toutefois, le moment d’apparition de la lésion n’était pas connu. La réactivité des animaux lors de la tonte, du rasage, de l’examen aux ultrasons et d’une palpation appuyée a été notée. Aucune corrélation n’a été mise en évidence entre les réactions des individus et l’occurrence d’une blessure sur la tranche carrée. Chaque animal réagit de façon propre à la tonte (bruit, vibrations), au rasage, à
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Figure 2 | Coupe d’une tranche carrée marquée par une cicatrisation de type diffus.
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l’appui de la sonde lors de l’examen échographique et à une palpation à l’endroit des éventuelles blessures. Même lors d’une palpation appuyée sur leurs tranches carrées, les animaux atteints ne réagissaient pas significativement plus que les animaux sains.
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Tournant de l’étude Les animaux positifs ont été régulièrement investigués afin d’observer l’évolution des lésions constatées. Les investigations ultrasonographiques portaient systématiquement sur les deux côtés, avec et sans lésion, de l’animal. Sur un animal, alors qu’aucune différence notable n’était observée sur le côté droit déjà atteint, une légère anomalie est apparue sur le côté gauche jusqu’alors indemne (fig. 6). Ces résultats ont été corroborés par la prise de sang. L’avant-dernière prise de sang (n = 9) montre des valeurs anormalement élevées du taux de CK et le double des valeurs précédentes pour l’ASAT (fig. 7). Les valeurs sanguines normales vont d’après Radostits et al. (2007) de 11 à 40 U/l pour l’ALAT, de 78 à 132 U/l pour l’ASAT et de 35 à 280 U/l pour la CK. Avec un taux de CK de 2870 U/l, la valeur est 20 fois supérieure à la moyenne des autres valeurs du même animal et dix fois plus élevée que la limite supérieure normale. Les CK sont des
enzymes, présentes principalement dans les cellules musculaires, qui sont libérées dans le sang lorsque ces cellules sont détruites, notamment lors de déchirures. Un taux de CK sanguin élevé peut mettre en évidence une déchirure musculaire récente. Ces observations ont indiqué qu’un événement traumatique était intervenu peu avant l’investigation. Il est également connu qu’un hématome frais passe par une phase hyperéchogène (zone claire = écho important) transitoire avant de se lyser ou de se cailloter (Peetrons 2006). Cette phase dure quelques heures, puis la zone devient hypoéchogène, voire anéchogène. A ce stade, le contraste avec l’échostructure normale du muscle devient plus important. C’est pourquoi une échographie devrait être réalisée entre le 3e et le 5e jour posttraumatique et c’est probablement ce qui explique que l’anomalie constatée n’était que peu marquée et considérée comme légère. Par la suite, la lésion est apparue de manière caractéristique sur les échographies. Afin d’avoir une confirmation ultime des mesures échographiques, la génisse sur laquelle ces observations ont été réalisées a été euthanasiée. La découpe des deux cuisses a révélé la présence de cicatrices des deux côtés confirmant le diagnostic échographique.
A
B
Figure 3 | A. La zone concernée est au milieu de l’axe situé entre la rotule (Patella) et l’extrémité de l’ischium, ou tubérosité ischiatique, un os du bassin. Elle se situe juste en dessous de l’axe du fémur. B. Sonde linéaire à 6,5 MHz.
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Côté de l'animal
Biceps femoris
Côté crânial de l'animal
Côté caudal de l'animal
Figure 4 | Image ultrasonographique du muscle Biceps femoris sans lésion (échostructure homogène).
Ces éléments, valeur CK extrêmement élevée et échographie positive, ont constitué une nouvelle piste dans l’étude. Un événement ponctuel inconnu provoquant cette lésion est intervenu entre les deux examens échographiques. Les hypothèses émises dans les études citées
en introduction – une injection / de légers traumatismes de faible intensité, mais répétés, réguliers voire permanents, provoqués au cours de l’élevage / un défaut d’aplomb / un traumatisme ponctuel en relation avec la naissance (constrictions et étirements musculaires assez violents en cas de vêlage difficile) – pouvaient être écartées. A ce stade, il était possible de conclure qu’un événement traumatique unique pouvait être à l’origine de ce tissu cicatriciel. Nouvelle hypothèse sur la cause de la CTC Une hypothèse jamais évoquée dans la littérature était un traumatisme ponctuel lié à une chute par glissade sur une surface en dur. Cette hypothèse est renforcée par le fait que les chutes de bovins provoquées par une rotation complète de l’arrière-train sont possibles, assez violentes, et que la zone d’impact d’une telle chute cor respond à la zone anatomique étudiée. En plus, les conditions de détention de l’animal au moment de l’apparition de cette blessure étaient les suivantes: stabulation libre dans une étable à deux surfaces: une aire de repos, en couche profonde, et une aire d’affouragement, en béton profilé. La chute par glissade sur cette dernière surface était donc plausible et permettait d’étayer l’hypothèse émise.
Figure 5 | Image ultrasonographique du muscle Biceps femoris avec lésion conique partant de l’aponévrose interne (zone hypoéchogène entourée).
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Observations de chutes spontanées Depuis, toutes les chutes observées par le personnel de l’exploitation d’ALP ont été signalées (jour, animal, côté) et des examens échographiques ont été pratiqués. En
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Figure 6 | Apparition d’une blessure. Diagnostic du 12.02.09: muscle Biceps femoris (BF) sans lésion. Diagnostic du 27.04.09: muscle BF avec lésion probable.
tout, onze animaux, dont neuf veaux ou jeunes broutards, ont été annoncés. Sur ces onze cas, dix des examens échographiques se sont révélés positifs. Comme déjà constaté auparavant, mais cette fois en connaissant la date de la chute et donc de la lésion, aucun symptôme extérieur n’a pu être mis en relation avec la blessure. La douleur ressentie par les animaux touchés paraît ainsi négligeable et non décelable visuellement. Sur les dix animaux diagnostiqués positifs, cinq ont été depuis euthanasiés, dans le cadre des essais respectifs auxquels ils étaient rattachés. L’examen de la tranche carrée correspondant au côté de la chute observée a
3000
160 140
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CK (U/I)
ALAT et ASAT (U/I)
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5 6 prise de sang
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Figure 7 | Evolution dans le sang des taux de créatine kinase (CK), d’aspartate amino-transférase (ASAT) et d’alanine amino-transférase (ALAT). Les 10 prises de sang ont été effectuées dans un intervalle de 2 mois et demi.
confirmé la présence d’une cicatrice à l’endroit attendu. Ce qui correspond à un taux de 100 %. Pour les autres côtés examinés (n = 5), deux étaient également positifs à l’échographie, sans qu’une chute ait pu être observée, et trois négatifs. Lors de la découpe, les deux positifs ont été confirmés. Parmi les trois négatifs, une seule tranche carrée était réellement indemne de cicatrice, l’échographie n’ayant pas permis de déceler chez les deux autres une cicatrice de type diffus (voir fig. 2), mais peu prononcée, et une cicatrice classique, mais de très petite taille (moins de 2 cm). La plupart des animaux investigués ont donc vraisemblablement chuté également de l’autre côté. L’étude de Proviande (2007) va dans le même sens puisqu’elle indique que les animaux ayant des cicatrices des deux côtés sont plus nombreux que ceux n’ayant qu’un côté touché. Cette démonstration comporte une faiblesse, puisque le statut échographique de l’animal juste avant la chute n’est pas connu. Pour cette raison, une autorisation avait été demandée aux autorités compétentes de pouvoir disposer d’un contrôle expérimental du statut échographique de l’animal avant et après une chute provoquée, ainsi que d’un examen du muscle après une euthanasie. Une telle expérimentation ayant été refusée, la démarche décrite auparavant demeure la seule possible. Néanmoins, un faisceau d’indices convergents vient combler cette lacune expérimentale: ••Les chutes par rotation du train-arrière exposent précisément le muscle investigué. Le point d’impact correspond à la localisation décrite. Ce mouvement étant par nature pratiquement toujours semblable, cela explique la régularité de l’emplacement de la
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cicatrice. Les glissades ayant lieu la plupart du temps sur des surfaces dures, la chute est violente et peut provoquer les traumatismes musculaires observés. ••La nature de la blessure, de l’intérieur vers l’extérieur du muscle, s’explique par le fait que le muscle, lors d’une chute, est compressé entre une surface plane (le sol) et une surface arrondie d’un diamètre relativement petit (l’os du fémur) par rapport à la masse de l’arrière-train. Il peut en résulter soit une rupture partielle du muscle (type de cicatrice classique) soit un écrasement avec hémorragie (type de cicatrice diffus). L’absence de signe visible sur le cuir de l’animal est également compréhensible. ••La fréquence du phénomène touche principalement les classes de charnure les plus faibles, la relation étant pratiquement linéaire, le muscle BF étant de faible épaisseur, l’amortissement lors de la chute est moindre et la blessure plus importante. ••Aux abattoirs, les blessures hémorragiques (non cicatrisées) n’apparaissent pratiquement que chez des jeunes animaux, indiquant que cette période de vie est la plus exposée aux chutes. Ceci s’explique par le comportement plus vif, plus fougueux et moins expérimenté des jeunes bovins. Néanmoins, en principe, tous les bovins peuvent être concernés. ••L’évolution négative de la situation ces dernières années semble aller de pair, d’une part, avec l’augmentation de la génétique laitière et, d’autre part, avec la détention plus fréquente en stabulation libre munies d’aires en dur (DPA, aire d’affouragement), ainsi qu’avec le vieillissement de leur revêtement. Modes de détention en question Les problèmes posés par des surfaces glissantes dans le mode de détention des bovins sont connus (Steiner et Van Caenegem 2003; Friedli et al. 2004). Tous les sols durs (béton, caillebotis ou asphalte) peuvent être à l’origine de glissades, même si les chutes surviennent plus fréquemment sur du béton; or c’est le matériau le plus couramment utilisé dans les exploitations actuelles. En outre, avec le temps, toutes les surfaces en dur deviennent moins adhérentes. Les aires d’exercice en béton devraient ainsi être assainies au minimum tous les quatre à cinq ans (Steiner 2008). La relation entre les cicatrices observées aux abattoirs et les blessures dues à des chutes sur des surfaces en dur pourrait être un élément supplémentaire dans l’étude des modes de détention et du bien-être des ani-
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maux. La fréquence de ces cicatrices pourrait devenir un indicateur pertinent de l’exposition aux chutes ou aux lésions liée aux modes de détention pratiqués. Cet outil de contrôle peu coûteux permettrait d’évaluer à moyen terme la situation et l’impact des mesures de correction, d’autant mieux que certains programmes sont encouragés et soutenus financièrement par la Confédération (SRPA et SST).
Conclusions ••L’échographie se révèle un outil de diagnostic très performant pour le suivi des bovins en période d’élevage. ••Un lien a pu être établi entre l’observation de chutes accidentelles sur des surfaces en dur par rotation du train-arrière et la présence de lésions musculaires dans le muscle Biceps femoris. ••La cicatrice de la tranche carrée est la conséquence d’un traumatisme musculaire hémorragique (déchirures, ruptures). ••L’amélioration de la situation, soit une diminution de la fréquence des muscles présentant cette anomalie, passe par une réduction importante des risques de chute. Elle va également clairement dans le sens d’une amélioration du bien-être des animaux. n
Cicatrizzazione della sottofesa della carne bovina: individuata una causa di questo difetto di qualità La cicatrizzazione della sottofesa è l'espressione utilizzata in Svizzera per indicare un difetto che si riscontra sul muscolo principale usato per la fabbricazione della carne secca, ossia il biceps femoris o gluteobiceps. Questo problema, sempre più frequente, è noto da decenni, ma fino ad oggi non se ne conoscono le cause. Per tale motivo, l'interprofessione della carne ha affidato un mandato di ricerca ad ALP che ha optato per l'ecografia onde poter fare una diagnosi e seguire l'animale vivo, in particolare durante la fase dell'allevamento. Questo approccio si è rivelato sensato. Si è proceduto alla localizzazione del punto preciso da osservare sull'animale vivo e in grado di reggersi sulle proprie zampe. Successivamente sono state rilevate e monitorate delle lesioni. La scoperta di un caso risultato fino a quel momento negativo, corroborata da valori anomali del sangue, ha permesso di escludere la maggior parte delle ipotesi fino ad allora formulate. A quel punto si è formulata una nuova ipotesi; quella di un trauma puntuale legato a una caduta in seguito a scivolamento e rotazione del treno posteriore su una super ficie dura. Nel 91 % degli animali che erano caduti, l'ecografia ha dato risultati positivi. La soppressione di una parte di questi animali ha confermato la presenza, in tutti i casi, di una cicatrice. La maggiore incidenza di questo fenomeno potrebbe essere attribuita in particolare al fatto che sempre più animali sono detenuti in sistemi di stabulazione libera con aree caratterizzate da una superficie dura e conseguente aumento del rischio di caduta.
Bibliographie ▪▪ Friedli K., Gygax L., Wechsler B., Schulze Westerath H., Mayer C., Thio T. & Ossent P., 2004. Caillebotis en béton recouverts d’un revêtement en caoutchouc pour étables d’engraissement de bovins. Station de recherches en économie et technologie agricoles (FAT), Cahier FAT n° 618, Ettenhausen, 8 p. ▪▪ Keller C., Schläpfer E. & Ossent P., 1987. Bedeutung und Ursachen beschädigter Unterspälten in der Bindenfleischproduktion. Institut für Nutztierwissenschaften, Gruppe Tierzucht, ETHZ Zürich, Zürich, 38 p. ▪▪ Peetrons P., 2006. Muscles. In: Atlas d’échographie du système locomoteur; membres inférieurs (2e éd.). Ed. Sauramps Médical, 189–205. ▪▪ Proviande, 2007. Erhebung über die verwachsenen Unterspälten. Bericht der Arbeitsgruppe der Kommission Märkte und Handelsusanzen, Bern, 8 p. ▪▪ Radostits O. M., Gay C.C., Hinchcliff K. W. & Constable P. D., 2007. Veterinary Medicine. A textbook of the diseases of cattle, horses, sheep, pigs and goats. 10th Edition Saunders Elsevier, 2156 p.
Summary
Riassunto
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Scarring of the outside flat in beef: determining one origin of this quality defect «Scarring of the Outside Flat» is the expression used in Switzerland to designate a quality defect appearing on the main muscle used to produce dried meat, the Biceps femoris or gluteobiceps. This problem, already known for decades and now clearly increasing, was still yet not explained. This led the inter-branch organisation for meat to award a research mandate to ALP. Ultrasound was chosen as an investigative tool to allow diagnosis and follow-up of the live animal, especially during the rearing period. This turned out to be a wise approach. The affected zone was pinpointed on the live, standing animal. Lesions were observed and monitored over time. The discovery of a case remained negative up till then, corroborated by abnormal blood values, allowed to exclude most of hypotheses made up to that point. A new hypothesis was that a point trauma due to a fall by slipping and to rotation of the hindquarters on a hard surface generated the lesion observed. The ultrasound scan was positive for 91 % of the animals declared to have fallen and by those that were euthanised the presence of a scar was confirmed. The rise in this phenomenon might therefore result of the increasing freestall housing with hard-surfaced areas, whith an associated increasing risk of falling. Key words: scarring of the outside flat, quality defect, beef, meat, ultrasound.
▪▪ Steiner B., 2008. Assainissement des aires d’exercice en béton. Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Rapport ART n° 690, Ettenhausen, 12 p. ▪▪ Steiner B. & Van Caenegem L., 2003. Comment mettre en place des voies de circulation plus respectueuses des animaux dans les étables? Station de recherches en économie et technologie agricoles (FAT), Cahier FAT n° 594, Ettenhausen, 16 p. ▪▪ Tribot Laspiere P. & Coulon G., 2006. Les «nœuds nerveux» en viande bovine – fibromatose sur le Gîte noix. Département Technique d’Elevage et Qualité, Service Qualité des Viande, compte rendu final n°17 06 32 014, Paris, 43 p. ▪▪ Wandel J. & Wandel H., 2007. Zu Bedeutung und Ursachen beschädigter Unterspälten in der Bindenfleischproduktion. Zur Rinderhaltung – Mögliche Ursachen aus der Bestands- und Einzeltierbetreuung – Empfehlung. Stuttgart, 8 p.
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E c l a i r a g e
Détection automatique des chaleurs chez les bovins Samuel Kohler1, Claude Brielmann2, Kurt Hug2 et Olivier Biberstein2 Haute école suisse d'agriculture HESA, 3052 Zollikofen 2 Haute école de technique et d'informatique, 2501 Bienne Renseignements: Samuel Kohler, e-mail: samuel.kohler@bfh.ch, tél. +41 31 910 21 60
Photo: HESA
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Vache avec le transmetteur du système de détection automatique des chaleurs Anemon.
La détection des chaleurs des vaches pose un problème croissant aux exploitations laitières. Avec l'augmentation de la production laitière, les chaleurs sont toujours moins évidentes et la durée des chaleurs principales se raccourcit. Les premières techniques de détection ont déjà été appliquées il y a 30 ans, mais aucun système n’a permis d’obtenir une détection automatique fiable jusqu'à présent. Les procédures sont souvent trop compliquées et ne facilitent pas le travail des exploitants. Le système Anemon suit une approche nouvelle d’une grande simplicité.
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La santé des animaux et leur performance de repro duction ont une forte influence sur le succès de la production laitière. Les troubles de fertilité font partie des problèmes les plus fréquents au niveau mondial (Stärk et al. 1997; Royal et al. 2000; Butler et Smith 1989; Opsomer et al. 1998; Lucy 2001). Une condition primordiale pour atteindre une bonne fertilité du troupeau est la détection précise des chaleurs afin de pouvoir inséminer au bon moment (van Eerdenburg et al. 2002). L’observation directe des animaux demande beaucoup de temps, ce qui n’est plus possible dans les exploitations modernes. Des études ont montré que même des personnes ayant beaucoup d’expérience pratique ne détectent que 40 – 60 % des chaleurs (Liu et Spahr 1993; Firk et al. 2002). Une difficulté supplémentaire vient du fait que l’augmentation de la production laitière de nos vaches est associée à des chaleurs de moins en moins évidentes et des chaleurs principales toujours plus courtes (Peter 2007). Pour réduire le temps nécessaire à l’observation visuelle des chaleurs ou pour complètement remplacer celle-ci, des systèmes techniques ont été développés depuis longtemps dans le but d’accroître le taux de détection des chaleurs chez les vaches. Comme la teneur en progestérone est liée aux chaleurs, le développement de tests de progestérone a semblé de prime abord une bonne solution (Döcke 1994). Cependant, leur coût relativement élevé et leur manque de simplicité d’utilisation ont empêché le succès de cette technique. Parmi d’autres approches, la mesure des mouvements des vaches a permis de progresser vers une détection automatique. Des instruments de mesure fixés au pied ou au collier enregistrent automatiquement et continuellement les mouvements de vaches (Wangler 2005) afin de relever les tentatives d’accouplement avec d’autres vaches (Firk et al. 2002). Quelques systèmes ont été développés jusqu’à la commercialisation et sont employés avec un succès variable. Une autre approche intéressante est la mesure de la température du corps et du lait, qui diminue légèrement
Détection automatique des chaleurs chez les bovins | Eclairage
Station de traitement des données
thermocapteur vaginal
Serveur
Internet Emetteur
Alarmes SMS
Réseau de télécommunication
Option
Eleveur
Figure 1 | Schéma du système de détection des chaleurs Anemon.
deux jours avant les chaleurs, puis augmente d’environ 0,5 °C au début des chaleurs principales (Geers et al. 1997). La mesure de la température du lait est déjà intégrée aux systèmes de traite, mais aucune procédure pour mesurer la température du corps n’a encore été réalisée, bien que cette méthode de détection soit très fiable (Brehme et Brunsch 2006). La détection automatique des chaleurs doit être simple, fiable et économique. Pour atteindre tous ces objectifs, des chercheurs de la Haute école de technique et d’informatique à Bienne et de la Haute école suisse d’agriculture à Zollikofen se sont mis au travail en 2005 pour développer un système d’enregistrement continu de la température du corps et de l’activité des animaux, qui analyse les données et donne aux exploitants des informations simples et fiables. Ces recherches ont conduit à quatre travaux de diplôme, trois travaux de semestre, un projet interdépartemental de la Haute école spécialisée bernoise BFH, un projet soutenu par l’agence pour la promotion de l’innovation CTI et enfin la fondation d’une société par actions (www.Anemon-inc.ch). Le système Anemon L’essentiel du travail a consisté à développer les composants individuels du système: senseur vaginal, unité de transmission et un serveur avec interface sur Internet (fig. 1). Un senseur sans câble, appliqué temporairement au vagin de la vache, est muni d’un thermistor, d’un
microcontrôleur et d’une unité d’émission RF pour la communication sans câble avec le transmetteur. La transmission se fait sur une fréquence libre de concession, de 433 ou 868 MHz. Le transmetteur est illustré à la figure 2. Il est fixé au collier de la vache et contient une unité d’émission/réception d’ondes RF, un microcontrôleur pour le traitement des données et un module GSM/GPRS pour le transfert des données sur le serveur ou les alarmes SMS. Le transmetteur est également muni d’un accéléromètre, qui mesure l’activité physique de la vache. Les intervalles entre deux mesures peuvent être ajustés. Le système a été réglé pour effectuer des mesures toutes les 15 minutes. Le transmetteur transfère les données au serveur toutes les deux heures par le module GSM/GPRS. Premiers résultats Les premiers prototypes ont déjà été employés en 2006. Le premier objectif était d’obtenir des données pour améliorer la fiabilité des systèmes. Puis le système a été perfectionné au point de fonctionner sans erreur. La transmission des données, du senseur au transmetteur comme du transmetteur au serveur, est actuellement si fiable que le développement des instruments peut être considéré comme terminé. La figure 3 montre par exemple une série de mesures effectuées sur une vache ayant vêlé le 1 mars 2010 qui a été munie du système le 22 mars 2010. Lors de l’introduction de la sonde vaginale, elle n’était pas encore cyclique. Le 24 mars, on constate
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Eclairage | Détection automatique des chaleurs chez les bovins
déjà une baisse de température suivie d’une augmentation de température. Une activité accrue de la vache n’est cependant pas perceptible pendant cette période. La vache ne montrait ainsi aucun symptôme de chaleur et le cycle sexuel n’avait pas encore démarré. Par contre, le 15 avril 2010, la vache était en chaleur et a été inséminée avec succès. Le graphique montre clairement une chute de température le 13 avril 2010 suivie d’une augmentation de 0,7 degré Celsius. Contrairement à l’événement du 24 mars, la chaleur du 15 avril est associée à une augmentation évidente de l’activité à partir du 13 avril 2010. Un tel profil de changements de température et d’activité physique a été observé à maintes reprises pendant les chaleurs. Les fluctuations de température et d’activité physique que nous avons enregistrées correspondent aux résultats d’études précédentes
Figure 2 | Transmetteur (11 × 7 × 3 cm).
Température du corps Body Temp [°C] (°C) 38.5
Raw data Mesures individuelles 3h average Moyenne sur 3h
38 37.5 37 36.5
22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Activité physique Activity 800 600 400 200 0
22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 Dates daysde of mesure month
Figure 3 | Fluctuations de température (graphique supérieur, mesures individuelles et moyennes sur 3 heures) et d'activité physique (graphique inférieur) d'une vache. L'axe horizontal représente les dates de mesure.
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Recherche Agronomique Suisse 1 (11–12): 438–441, 2010
Détection automatique des chaleurs chez les bovins | Eclairage
(Geers et al. 1997; Brehme et Brunsch 2006). En tenant compte simultanément de la température et de l’activité physique, le taux de détection de la chaleur atteint 90%. La détection des chaleurs est une chose, l’information des exploitants en est une autre. Elle doit être aussi simple que possible. Beaucoup des systèmes récents n’ont pas pu s’imposer parce que leur utilisation était trop compliquée. S’il faut faire démarrer un ordinateur ou interpréter des graphiques complexes, un système ne sera pas utilisé. C’est pourquoi notre développement va plus loin. Les données enregistrées continuellement sont analysées par un logiciel spécialisé. Lorsqu’une chaleur est identifiée sur la base des changements de température et d’activité, le programme génère automatiquement un SMS qui annonce la vache en chaleur à l’exploitant sur son téléphone mobile. Il lui reste alors assez de temps pour inséminer la vache au bon moment.
Conclusions Le taux de détection des chaleurs dans la production laitière est un problème qu’il faut aborder de manière ciblée. Un taux de détection élevé dépend beaucoup du temps que les exploitants ont à disposition pour observer et surveiller leurs animaux. Malheureusement, ce temps diminue de plus en plus. Le système Anemon, dont le développement est maintenant finalisé, peut soutenir les exploitants dans cette situation et les aider à améliorer ce taux de détection, même pour des animaux dont les chaleurs sont faibles ou peu évidentes. n
Bibliographie ▪▪ Brehme U. & Brunsch R., 2006. Measurement of animal data and their importance for heard management on dairy cow farms. Forth Workshop on Smart Sensors in Livestock Monitoring, 22 – 23 September 2006, Gargnano, Italy ▪▪ Butler W. R. & Smith R. D., 1989. Interrelationsships between energy balance and postpartum reproductive function in dairy cattle. Journal of Dairy Sci. 72, 767 – 783. ▪▪ Döcke F., 1994. Veterinärmedizinische Endokrinologie. Gustav Fischer, Jena. ▪▪ Firk R., Stamer E., Junge W. & Krieter J., 2002. Automation of oestrus detection in dairy cows: a review. Livestock Production Sci. 75, 219 – 232. ▪▪ Geers R., Puers B., Goedseels V. & Wouters P., 1997. Electronic Identifi cation, Monitoring and Tracking of Animals. CAB International, Wallingford, NY. ▪▪ Liu X. & Spahr S. L., 1993. Automated electronic activity measurement for detection of oestrus in dairy cattle. Journal of Dairy Sci. 76, 2906 – 2912. ▪▪ Lucy M. C., 2001. Reproductive Loss in High-Producing Dairy Cattle: Where Will it End? Journal of Dairy Sci. 84, 1277 – 1293.
▪▪ Opsomer G., Grohn Y.T., Hertl J., Coryn M., Deluyker H. & de Kruif A.,1998. Risk factors for post partum ovarian dysfunction in high producing dairy cows in Belgium: a field study. Theriogenology 53, 841 – 857. ▪▪ Peter Ch., 2007. Validierung von Brunstsymptomen beim Schweizer Milchvieh. Diplomarbeit Schweizerische Hochschule für Landwirtschaft SHL, Zollikofen. ▪▪ Royal M. D., Darwash A. O., Flint A. P., Webb R., Woolliams J. A. & Lamming G. E., 2000. Declining fertility in dairy cattle: changes in traditional and endocrine parameters of fertility. Animal Sci. 70, 487 – 501. ▪▪ Stärk K., Frei-Stäheli C., Frei P., Pfeiffer D., Danuser J., Audigé L., Nicolet J., Strasser M., Gottstein B. & Kihm U.,1997. Häufigkeit und Kosten von Gesundheitsproblemen bei Schweizer Milchkühen und deren Kälbern (1993 – 1994). Schweiz. Archiv für Tierheilkunde 139, 343 – 352. ▪▪ Van Eerdenburg F. J., Karthaus D., Taverne M. A., Merics I. & Szenci O., 2002. The Relationship between Estrous Behavioral Score and Time of Ovulation in Dairy Cattle. Journal of Dairy Sci. 85, 1150–1156. ▪▪ Wangler A., 2005. Wie effizient ist die Aktivitätsmessung als ein Hilfsmittel in der Brunsterkennung bei Milchrindern? Züchtungskunde 77 (2/3), 110 – 127.
Recherche Agronomique Suisse 1 (11–12): 438–441, 2010
441
E c l a i r a g e
Guerre chimique entre champignons: un arsenal de molécules bioactives
Photo: ACW
Stéphanie Schürch1, Katia Gindro1, Olivier Schumpp1, Michel Monod2, Julie Verrier2, Nadine Bohni3 et Jean-Luc Wolfender3 1 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 2 Service de dermatologie et vénéréologie, Centre hospitalier universitaire vaudois CHUV, 1011 Lausanne 3 Phytochimie et Produits Naturels Bioactifs, Ecole de Pharmacie Genève-Lausanne, Université de Genève, Université de Lausanne, 1211 Genève Renseignements: Katia Gindro, e-mail: katia.gindro@acw.admin.ch, tél. +41 22 363 43 74
Les champignons du genre Fusarium sont responsables de nombreuses maladies chez les plantes et de graves mycoses chez l’homme.
Des champignons du genre Fusarium sont de redoutables pathogènes pour les plantes et pour l’homme. Les infections qu’ils provoquent répondent mal aux traitements usuels. Dans une approche novatrice, la recherche envisage d’exploiter la guerre chimique que se livrent les champignons comme source de molécules
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Recherche Agronomique Suisse 1 (11–12): 442–445, 2010
antifongiques utilisables aussi bien en médecine qu’en agronomie. Soutenu par le Fond national suisse de la recherche scientifique (SNF), ce projet interdisciplinaire fédère trois institutions de l’Arc lémanique: la station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, le CHUV et l’Université de Genève.
Photo: ACW
Guerre chimique entre champignons: un arsenal de molécules bioactives | Eclairage
Figure 1 | Reproduction sur milieu artificiel des zones de confrontation formées naturellement entre champignons dans le bois. A: lignes noires sur bois. B et C: co-culture de deux espèces de champignons dégradant le bois ( Eutypa lata et Botryosphaeria obtusa) sur milieu a rtificiel, vu de dessus (B) et de dessous (C).
Les Fusarium: pathogènes des hommes et des plantes En Europe, 3 à 10 % de la population souffrent d’affections fongiques des ongles, ou onychomycoses. La plupart des champignons isolés des ongles infectés appartiennent à deux espèces de dermatophytes, Trichophyton rubrum et T. interdigitale. Cependant, d’autres espèces sont fréquemment isolées des onychomycoses. Ainsi, 4 % des infections analysées au CHUV entre 2002 et 2005 étaient dues à Fusarium spp., principalement F. oxysporum et F. solani (Monod et al. 2006 ; Ninet et al. 2005). Alors que les dermatophytes répondent bien aux traitements antifongiques actuels, les Fusarium y répondent mal ou pas du tout (Baudraz-Rosselet et al.; Garcia-Effron et al. 2004). Par ailleurs, F. oxysporum, F. solani et F. proliferatum causent aussi des infections invasives chez les patients immunodéficitaires. En conséquence, il est primordial d’examiner soigneusement les ongles des patients avant de les soumettre à un traitement immunodépresseur. Les infections invasives sont très difficiles à traiter et leur issue est souvent fatale. Il est donc absolument nécessaire de disposer d’un antifongique efficace. Parallèlement, en agriculture, de nombreuses maladies des végétaux sont dues aux Fusarium et causent des pertes économiques substantielles (Agrios 2005). Un exemple bien connu est F. graminearum, un des agents de la fusariose de l’épi du blé et du maïs. Ce pathogène réduit fortement le remplissage des grains, mais produit aussi des toxines qui contaminent la récolte et nuisent à la santé du consommateur ou du bétail affouragé. Les espèces isolées des tissus humains sont aussi connues comme pathogènes en agronomie : F. oxysporum est
associé à des maladies vasculaires chez plusieurs hôtes, comme la tomate, le pois ou la betterave. F. solani est l’agent étiologique de nombreuses maladies comme la fusariose de la pomme de terre ou une maladie des racines chez le pois. La lutte contre les fusarioses par des traitements fongicides est généralement difficile. Défendre son territoire La découverte de nouveaux traitements antifongiques est donc un objectif central, en médecine comme en agronomie. D’une manière générale, les champignons constituent une source importante de composés naturels, par exemple pour l’industrie pharmaceutique (antibiotiques et immunosuppresseurs) ou agro-alimentaire (arômes et ferments). Ils génèrent aussi des molécules extrêmement toxiques, telles que l’amanitine, les aflatoxines ou les trichothécènes, toutes produites par des moisissures des denrées alimentaires. De plus, lorsque plusieurs espèces de champignons se rencontrent dans un même substrat, elles peuvent interagir et se combattre mutuellement en synthétisant des toxines, les mycoalexines (Glauser et al. 2009). Ce phénomène est particulièrement visible dans un substrat tel que le bois, où le territoire de chaque champignon est délimité par une bande noire (fig. 1A). Ces zones d’interaction ont pu être recréées sur des milieux de culture artificiels en plaçant à une certaine distance deux souches de champignons dégradant le bois et en observant leur croissance (fig. 1B et C). De façon plus générale, les interactions entre deux colonies peuvent être classées en quatre types selon leur aspect morphologique et celui de leur zone de contact (Schumpp et al. 2010):
Recherche Agronomique Suisse 1 (11–12): 442–445, 2010
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Photo: ACW
Eclairage | Guerre chimique entre champignons: un arsenal de molécules bioactives
Figure 2 | Les quatre types d’interactions entre champignons : A: inhibition à distance. B: inhibition par contact. C: chevauchement. D: formation d’une zone de barrage.
•• Inhibition à distance : une zone exempte de mycélium subsiste entre les partenaires (fig. 2A). •• Inhibition par contact : la croissance est stoppée lorsque les hyphes se touchent (fig. 2B). ••Chevauchement : un mycélium croît par-dessus l’autre (fig. 2C). ••Formation de «zones de barrage» : au point de contact des colonies, une zone infranchissable brun foncé est formée (fig. 2D). Menace chimique : les mycoalexines Afin d’étudier la production de composés induits par ces interactions, les profils métaboliques des cultures pures et des zones de confrontation ont été analysés par chromatographie liquide à ultra-haute pression (UHPLC) couplée à la spectrométrie de masse à temps de vol (TOFMS). Des confrontations entre champignons dégradant le bois ont montré que de nombreux métabolites secondaires sont synthétisés de novo dans la zone d’interaction (Glauser et
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Recherche Agronomique Suisse 1 (11–12): 442–445, 2010
al. 2009). Le profilage métabolique par UHPLC-TOFMS permet de déterminer en ligne les formules moléculaires des mycoalexines. La structure chimique d’un des métabolites les plus fortement induits, la O-méthylmelléine, a été élucidée par résonnance magnétique nucléaire capillaire (CapNMR). L’activité biologique de ce composé a ensuite été évaluée, en particulier ses propriétés fongicides, antibiotiques, phytotoxiques ou encore cytotoxiques (= anticancéreuses ; fig. 3). On voit ainsi que des modifications métaboliques importantes peuvent avoir lieu dans les zones de confrontation et constituer un réservoir de molécules bioactives. Actuellement, des confrontations de Fusarium issus d’onychomycoses sont en cours. L’identification des molécules nouvellement synthétisées (Wolfender et al. 2009) et l’évaluation de l’activité biologique de ces mycoalexines permettent d’espérer découvrir des antifongiques d’intérêt pharmaceutique et agronomique, une des grandes forces de ce projet étant de réunir des spécialistes d’horizons très différents. n
Photo: ACW
Guerre chimique entre champignons: un arsenal de molécules bioactives | Eclairage
Figure 3 | Tests d’activité biologique réalisés sur les extraits bruts des zones de confrontation ainsi que sur O-méthylmelléine purifiée. A: activité fongicide illustrée par l’inhibition de la croissance de B otryosphaeria obtusa (zc: zone de croissance ; zi: zone d’inhibition). B: activité bactéricide mise en é vidence par l’inhibition de la croissance bactérienne en présence de O-méthylmelléine. C: activité p hytotoxique de la O-méthylmelléine qui, à forte concentration, inhibe la germination des graines de cresson et, à plus faible concentration, perturbe le développement des g ermes.
Bibliographie ▪▪ Agrios G. N., 2005. Plant pathology. Elsevier Academic Press, Burlington, MA, 922 p. ▪▪ Baudraz-Rosselet F., Ruffieux C., Lurati M., Bontems O. & Monod M., 2010. Onychomycosis Insensitive to Systemic Terbinafine and Azole Treatments Reveals Non-Dermatophyte Moulds as Infectious Agents. Dermatology 220 (2),164 – 168. ▪▪ Garcia-Effron G., Gomez-Lopez A., Mellado E., Monzon A., Rodriguez-Tudela J. L. & Cuenca-Estrella M., 2004. In vitro activity of terbinafine against medically important non-dermatophyte species of filamentous fungi. Journal of Antimicrobial Chemotherapy 53 (6),1086 – 1089. ▪▪ Glauser G., Gindro K., Fringeli J., De Joffrey J.-P., Rudaz S. & Wolfender J.-L., 2009. Differential analysis of mycoalexins in confrontation zones of grapevine fungal pathogens by ultrahigh pressure liquid chromatography/time-of-flight mass spectrometry and capillary nuclear magnetic r esonance. Journal of Agricultural and Food Chemistry 57, 1127 – 1134.
▪▪ Monod M., Bontems O., Zaugg C., Lechenne B., Fratti M. & Panizzon R., 2006. Fast and reliable PCR/sequencing/RFLP assay for identification of fungi in onychomycoses. Journal of Medical Microbiology 55,1211 – 1216. ▪▪ Ninet B., Jan I., Bontems O., Lechenne B., Jousson O., Lew D., Schrenzel J., Panizzon R. & Monod M., 2005. Molecular identification of Fusarium species in onychomycoses. Dermatology 210, 21 – 25. ▪▪ Schumpp O., Bohni N., Bujard A., Wolfender J. L., Monod M., Schürch S. & Gindro K., 2010. Competitive interactions between fungi induce the production of a large diversity of new metabolites. 9th International Mycological Congress, 1–6 August 2010, Edinburgh, UK. ▪▪ Wolfender J. L., Glauser G., Boccard J. & Rudaz S., 2009. MS-based Plant Metabolomic Approaches for Biomarker Discovery. Natural Product Communications 4 (10),1417 – 1430.
Recherche Agronomique Suisse 1 (11–12): 442–445, 2010
445
P o r t r a i t
Ulrich Ryser: un homme d’action à l’esprit ouvert Depuis juillet 2010, Ulrich Ryser est le nouveau directeur d’AGRIDEA. Mais quel homme se cache en réalité derrière ce nom? A l’occasion d’un stage de peinture dans l’atelier de l’artiste Sven Spiegelberg, il a dessiné les fleurs à côté du vase. Ulrich Ryser est un autochtone et un fonceur, convaincu «qu’une idée farfelue s’avère souvent être le point de départ d’un projet réalisable». Fils d’agriculteur avec un savoir technique et du flair pour le management Ulrich Ryser a grandi sur l’exploitation familiale à Ramsen (Schaffhouse). Après une formation d’agriculteur suivie d’un diplôme d’ingénieur agronome ETS, il décroche un emploi auprès de l’Union suisse des paysans. Sa fonction était de mettre sur pied, à l’échelle nationale, un bureau de conseil fiscal performant. Trois ans plus tard, il reprend la division Fiduciaire et Estimation de l’USP. Dès les années suivantes, bénéfice et chiffre d’affaires augmentent alors massivement et de manière durable. De nouvelles tâches, internes et externes, lui sont dès lors attribuées, permettant à Ulrich Ryser d’être accueilli en qualité de membre au sein de la direction élargie de l’USP. Parallèlement, il suit différentes formations continues, par exemple un Diplôme fédéral d’informaticien en économie ou un MBA en Business engineering à l’Université de St-Gall. Acquérir de nouvelles connaissances hors du domaine agricole le satisfait pleinement. Prêt pour de nouveaux défis Sa vie familiale a pris une nouvelle tournure maintenant que ses deux fils (18 et 20 ans) arrivent à l’âge adulte. Il a troqué ses talents de réparateur de jouets avec du matériel de récupération contre le plaisir de la promenade, la lecture d’un bon roman ou encore une excursion à l’étranger. L’opportunité s’est présentée, au début de l’année 2010, de prendre un nouveau virage également sur le plan professionnel. En janvier dernier, il a été engagé à la tête d’AGRIDEA. Depuis le 1er juillet, il est opérationnel dans l’entreprise et gérera, à partir du 1er janvier 2011, la direction des deux centrales de Lausanne et de Lindau. Il a axé sa priorité sur la fusion des deux sites sous une seule et même direction. Ses objectifs sont une organisation efficace et orientée vers la clientèle, ainsi qu’une position claire d’AGRIDEA au sein du système de connaissances agricoles entre la recherche et la vulgari-
446
Recherche Agronomique Suisse 1 (11–12): 446, 2010
sation. Il prend sa nouvelle fonction très à cœur et s’engage pour une organisation active sur le plan national. Il devra bien entendu également être présent en Suisse romande et s’est empressé de louer un appartement à Lausanne. Il s’y sent bien et se montre sensible au charme de la Romandie. La réorganisation ne représente qu’une des nombreuses tâches qui l’attendent et qu’il souhaite développer vers l’extérieur. Tout à l’opposé se profile l’important défi de faire face au Programme de consolidation de la Confédération qui prévoit de réduire d’un tiers le soutien financier aux centrales de vulgarisation. De gros enjeux et des défis exceptionnels pour le nouveau Directeur d’AGRIDEA comme pour l’ensemble de ses collaborateurs! Esther Weiss, Agridea
A c t u a l i t é s
Actualités Surfaces* de plants de pommes de terre visitées et admises en Suisse 2010 Theodor Ballmer, Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zürich Henri Gilliand et Brice Dupuis, Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon
Surface admise
Surface inscrite (ha)
Surface refusée ou ou retirée (%)
Lady Christl
37,3
0
37,3
2,6
Agata
62,9
0
62,9
4,3
Lady Felicia
34,8
1,7
34,2
2,4
Annabelle
36,6
0
36,6
2,5
Variété
Total pour toutes les classes de certification (ha)
Répartition des surfaces par variété (%)
Amandine
30,5
0
30,5
2,1
Charlotte
233,3
2,6
227,1
15,7
Derby
0,5
0
0,5
0
Gourmandine
7,3
0
7,3
0,5
Bintje
27,5
1,8
27,0
1,9
Victoria
110,7
14,9
94,2
6,5
Ditta
36,5
2,7
35,5
2,5
Nicola
16,7
0
16,7
1,2
Désirée
43,9
0
43,9
3,0
Laura
25,8
3,6
24,8
1,7
Agria
419,7
5,7
395,8
27,4
Jelly
51,4
14,7
43,8
3,0
Lady Jo
8,0
18,7
6,5
0,5
Lady Claire
43,5
0
43,5
3,0
Innovator
85,4
6,0
80,3
5,6
Lady Rosetta
44,1
0
44,1
3,0
Pirol
3,7
0
3,7
0,3
Fontane
71,0
1,4
70,0
4,8
Hermes
7,9
0
7,9
0,5
Markies
57,5
12,7
50,2
3,5
Panda
16,8
7,7
15,5
1,1
Stella
3,2
0
3,2
0,2
Blaue St. Galler
3,3
15,3
2,8
0,2
2010
1519,6
4,9
1445,6
100
2009
1534,3
2,5
1495,9
100
*Surfaces provisoires, sous réserve de changements dus à des refus aux analyses virologiques (ELISA).
Recherche Agronomique Suisse 1 (11–12): 447–451, 2010
447
Actualités
Nouvelles publications
Les porcs ont-ils besoin d’un dispositif d’identi fication électronique?
Rapport ART 726
Les porcs ont-ils besoin d’un dispositif d’identification électronique? Enquête sur l’utilité et les coûts
Août 2010
Rapport ART 726 Dans le cadre du projet «Marques auriculaires électroniques pour une identification automatique sans faille des porcs de la naissance à l'abattage», la station de recherche Agro scope Reckenholz-Tänikon ART a réalisé une enquête sur l'identification électronique des porcs à l'engrais. L'enquête avait pour but de réunir les expériences, d'identifier les attentes par rapport à un système d'identification électronique permettant d'assurer la traçabilité des porcs à l'engrais et de déterminer son utilité et ses coûts. Il s'agissait d'évaluer comment un tel système était perçu et d'obtenir des indications sur la façon d'introduire l'identification électronique dans la pratique. Au total, nous avons écrit à 1001 agricultrices et agriculteurs pratiquant la production porcine en Suisse alémanique, 98 détenteurs de porcs ainsi qu'à des personnes actives dans les domaines situés en amont et en aval de la production de viande porcine (par exemple fabricants de systèmes d'identification animale, vente et transport d'animaux, abattoirs, fédérations et autorités), ayant participé au moins à un essai sur la convivialité des marques auriculaires dans la pratique. Durant ces essais, des porcelets ont été identifiés avec des marques auriculaires (électroniques). Nous avons ensuite contrôlé la permanence et le fonctionnement de la marque auriculaire durant l'élevage et l'engraissement, mais aussi à l'abattoir. La majorité des agricultrices et des agriculteurs interrogés ont rejeté l'idée d'une traçabilité des porcs à l'engrais à l'échelle individuelle. Une grande majorité des éleveurs de porcs ne voyait aucune nécessité à changer le système actuel d'identification. Par contre, les personnes interrogées ont vu un intérêt à une traçabilité individuelle pour identifier l'origine de l'animal et pour l'assurance qualité de la viande. Du point de vue des personnes interrogées, le coût de la marque auriculaire électronique ne devrait, le cas échéant, pas être plus élevé que celui de la marque auriculaire en plastique utilisée aujourd'hui. Fig. 1: Porcelet avec marque auriculaire électronique. La marque auriculaire obligatoire pour la BDTA est posée à l’oreille droite.
Auteurs
Frank Burose et Michael Zähner, ART michael.zaehner@art.admin.ch Impressum
Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction Regula Wolz, ART
Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch ISSN 1661-7576
Dans le cadre du projet «Marques auriculaires électroniques pour une identification automatique sans faille des porcs de la naissance à l’abattage», la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART a réalisé une enquête sur l’identification électronique des porcs à l’engrais. L’enquête avait pour but de réunir les expériences, d’identifier les attentes par rapport à un système d’identification électronique permettant d’assurer la traçabilité des porcs à l’engrais et de déterminer son utilité et ses coûts. Il s’agissait d’évaluer comment un tel système était perçu et d’obtenir des indications sur la façon d’introduire l’identification électronique dans la pratique. Au total, nous avons écrit à 1001 agricultrices et agriculteurs pratiquant la production porcine en Suisse alémanique, 98 détenteurs de porcs ainsi qu’à des personnes actives dans les domaines situés en amont et en aval de la production de viande porcine (par exemple fabricants de systèmes d’identification animale, vente et transport d’animaux,
abattoirs, fédérations et autorités), ayant participé au moins à un essai sur la convivialité des marques auriculaires dans la pratique. Durant ces essais, des porcelets ont été identifiés avec des marques auriculaires (électroniques). Nous avons ensuite contrôlé la permanence et le fonctionnement de la marque auriculaire durant l’élevage et l’engraissement, mais aussi à l’abattoir. La majorité des agricultrices et des agriculteurs interrogés ont rejeté l’idée d’une traçabilité des porcs à l’engrais à l’échelle individuelle. Une grande majorité des éleveurs de porcs ne voyait aucune nécessité à changer le système actuel d’identification. Par contre, les personnes interrogées ont vu un intérêt à une traçabilité individuelle pour identifier l’origine de l’animal et pour l’assurance qualité de la viande. Du point de vue des personnes interrogées, le coût de la marque auriculaire électronique ne devrait, le cas échéant, pas être plus élevé que celui de la marque auriculaire en plastique utilisée aujourd’hui.
Frank Burose et Michael Zähner, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
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Recherche Agronomique Suisse 1 (11–12): 447–451, 2010
Rapport ART 727
Détention en stabulation libre pour petits effectifs de chèvres – solutions d’aménagement pratiques simples et bon marché Août 2010
Auteurs Nina M. Keil, Janine Aschwanden Leibundgut, Office vétérinaire fédéral, OVF, Centre spécialisé dans la détention convenable des ruminants et des porcs, ART nina.keil@art.admin.ch Yvonne Ambühl, Daniel Herzog, Christian Gazzarin, ART Impressum Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction Regula Wolz, ART Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch ISSN 1661-7576
Actuellement, de nombreuses chèvres sont encore détenues en stabulation entravée. Depuis le 1er septembre 2008, la nouvelle Ordonnance sur la protection des animaux ne permet plus d’installer de nouvelles places de stabulation entravée pour les chèvres. Le problème de la détention en stabulation libre est qu’elle peut entraîner des conflits entre les chèvres avec risques de blessures. En outre, la stabulation libre est supposée prendre nettement plus de place que la stabulation entravée. En structurant l’espace de manière appropriée et en proposant par exemple aux animaux des niveaux surélevés, il est toutefois possible de désamorcer les comportements agressifs et de faire régner le calme dans le troupeau. De plus, les niches de repos en hauteur ont l’avantage que 80 pourcent de
Détention en stabulation libre pour petits effectifs de chèvres – solutions d’aménagement pratiques, simples et bon marché
leur surface peut être comptabilisée comme aire de repos. Le présent rapport décrit quatre exploitations qui existent depuis plusieurs années. Ces exploitations ont transformé leurs bâtiments en stabulations libres respectueuses des besoins des chèvres et rationnelles en termes d’organisation du travail, ce à peu de frais et sans déployer beaucoup de moyens. Une comparaison d’un modèle de stabulation libre et d’un modèle de stabulation entravée montre quelles sont les avantages de la stabulation libre en termes d’organisation du travail. Lorsque l’étable est judicieusement aménagée avec des niveaux surélevés, la surface de base nécessaire pour la stabulation libre est à peine plus importante que pour la stabulation entravée.
Rapport ART 727 Actuellement, de nombreuses chèvres sont encore détenues en stabulation entravée. Depuis le 1er septembre 2008, la nouvelle Ordonnance sur la protection des animaux ne permet plus d’installer de nouvelles places de stabulation entravée pour les chèvres. Le problème de la détention en stabulation libre est qu’elle peut entraîner des conflits entre les chèvres avec risques de blessures. En outre, la stabulation libre est supposée prendre nettement plus de place que la stabulation entravée. En structurant l’espace de manière appropriée et en proposant par exemple aux animaux des niveaux surélevés, il est toutefois possible de désamorcer les comportements agressifs et de faire régner le calme dans le troupeau. De plus, les niches de repos en hauteur ont l’avantage que 80 % de leur surface peut être comptabilisée comme aire de repos. Le présent rapport décrit quatre exploitations qui existent depuis plusieurs années. Ces exploitations ont transformé leurs bâtiments en stabulations libres respectueuses des besoins des chèvres et rationnelles en termes d’organisation du travail, ce à peu de frais et sans déployer beaucoup de moyens. Une comparaison d’un modèle de stabulation libre et d’un modèle de stabulation entravée montre quels sont les avantages de la stabulation libre en termes d’organisation du travail. Lorsque l’étable est judicieusement aménagée avec des niveaux surélevés, la surface de base nécessaire pour la stabulation libre est à peine plus importante que pour la stabulation entravée. Nina M. Keil, Janine Aschwanden Leibundgut, Office vétérinaire fédéral, OVF, Centre spécialisé dans la détention convenable des ruminants et des porcs, ART Yvonne Ambühl, Daniel Herzog, Christian Gazzarin, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
Actualités
Rapport ART 728
Quand l’achat de machines est-il rentable? Comment réduire les coûts de machines
Quand l’achat de machines est-il rentable? Comment réduire les coûts de machines
Juillet 2010
Rapport ART 729
Récolte de fourrages sur terrains en pente Limites d’utilisation des machines et facteurs d’influence
Récolte de fourrages sur terrains en pente Limites d’utilisation des machines et facteurs d’influence
Juillet 2010
Fig. 1: Quelles sont les limites d’utilisation du tracteur et de la faucheuse à deux essieux dans les terrains en pente? (Photos: ART)
Rapport ART 729 Des relevés pratiques effectués dans des exploitations agricoles du Nord, de l’Est et du centre de la Suisse montrent que la moitié des tracteurs équipés pour travailler sur des terrains en pente atteignent leur limite avec une déclivité moyenne de 42 à 50 %, lorsqu’ils fauchent avec une faucheuse frontale. La médiane de l’évaluation se situait à 44 %. Les faucheuses à deux essieux peuvent faucher des terrains plus pentus. 50 % des machines sont utilisées dans des pentes de 44 à 52 %. La médiane des machines utilisées était de 48 % de déclivité. Etant donné le poids total plus important, le tracteur doit avoir un moteur plus puissant que la faucheuse à deux essieux. Pour que le tracteur puisse travailler sur des terrains en pente, il est nécessaire qu’il soit équipé de quatre roues motrices, de roues jumelées et qu’il soit pourvu d’un dispositif hydraulique frontal pour la fauche. Pour le fanage comme pour l’andainage, il a été possible d’utiliser le tracteur sur des pentes plus accentuées que pour la fauche. Les tracteurs avec autochargeuses ont pu en moyenne être utilisés sur des terrains aussi pentus que pour la fauche. A ce niveau, la manoeuvre en bout de parcelle et le glissement latéral de l’autochargeuse lorsque le tracteur est à flanc de coteau représentent des points critiques. Lorsque le terrain est très pentu et accidenté, le transporteur se prête mieux aux travaux en pente et est plus facile à manoeuvrer que le tracteur avec autochargeuse. La déclivité du terrain n’est pas le seul facteur qui influence les limites d’utilisation des machines. Les conditions d’accès, par exemple les possibilités de faire demi-tour et de s’échapper sont des facteurs importants eux aussi. Lorsque la majorité des terrains présentent une pente modérée et sont peu accidentés, il est en général possible de renoncer à des machines spécialement adaptées au travail en montagne. Dans les exploitations qui pratiquent non seulement la production fourragère, mais aussi les grandes cultures, le choix doit porter de préférence sur le tracteur à cause de ses multiples possibilités d’utilisation. Auteurs
Auteur
Joachim Sauter, Roy Latsch et Gregor Albisser, ART joachim.sauter@art.admin.ch
Christian Gazzarin, ART christian.gazzarin@art.admin.ch
Impressum
Impressum Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction Regula Wolz, ART Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch ISSN 1661-7576
Un nouveau tracteur fait la fierté de l’exploitation. Mais l’investissement est-il rentable? (Photo: Marco Landis, ART)
La mécanisation de l’agriculture augmente la productivité des exploitations. Le coût des machines en propriété représente cependant une part considérable des coûts de revient. Ces coûts peuvent en général être nettement comprimés grâce à la location des machines. Lorsque la location n’est ni possible ni justifiée, l’augmentation de l’utilisation annuelle de la machine constitue un moyen efficace de réduire les coûts.
Le présent rapport montre comment augmenter l’utilisation des machines, pour qu’un achat soit rentable. L’exécution de travaux agricoles pour le compte d’autres exploitations ou de communes est une des solutions ainsi que la constitution de communautés de machines. A partir de divers exemples, le rapport présente des calculs que chaque exploitation peut effectuer elle-même avant d’investir dans une machine.
Rapport ART 728 La mécanisation de l’agriculture augmente la productivité des exploitations. Le coût des machines en propriété représente cependant une part considérable des coûts de revient. Ces coûts peuvent en général être nettement comprimés grâce à la location des machines. Lorsque la location n’est ni possible ni justifiée, l’augmentation de l’utilisation annuelle de la machine constitue un moyen efficace de réduire les coûts. Le présent rapport montre comment augmenter l’utilisation des machines, pour qu’un achat soit rentable. L’exécution de travaux agricoles pour le compte d’autres exploitations ou de communes est une des solutions ainsi que la constitution de communautés de machines. A partir de divers exemples, le rapport présente des calculs que chaque exploitation peut effectuer elle-même avant d’investir dans une machine. Christian Gazzarin, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction Regula Wolz, ART
Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch ISSN 1661-7576
Des relevés pratiques effectués dans des exploitations agricoles du Nord, de l’Est et du centre de la Suisse montrent que la moitié des tracteurs équipés pour travailler sur des terrains en pente atteignent leur limite avec une déclivité moyenne de 42 à 50 %, lorsqu’ils fauchent avec une faucheuse frontale. La médiane de l’évaluation se situait à 44 %. Les faucheuses à deux essieux peuvent faucher des terrains plus pentus. 50 % des machines sont utilisées dans des pentes de 44 à 52 %. La médiane des machines utilisées était de 48 % de déclivité. Etant donné le poids total plus important, le tracteur doit avoir un moteur plus puissant que la faucheuse à deux essieux. Pour que le tracteur puisse travailler sur des terrains en pente, il est nécessaire qu’il soit équipé de quatre roues motrices, de roues jumelées et qu’il soit pourvu d’un dispositif hydraulique frontal pour la fauche. Pour le fanage comme pour l’andainage, il a été possible d’utiliser le tracteur sur des pentes plus accentuées que pour la fauche. Les tracteurs avec autochar-
geuses ont pu en moyenne être utilisés sur des terrains aussi pentus que pour la fauche. A ce niveau, la manœuvre en bout de parcelle ou le glissement latéral de l’autochargeuse lorsque le tracteur est à flanc de coteau représentent des points critiques. Lorsque le terrain est très pentu et accidenté, le transporteur se prête mieux aux travaux en pente et est plus facile à manœuvrer que le tracteur avec autochargeuse. La déclivité du terrain n’est pas le seul facteur qui influence les limites d’utilisation des machines. Les conditions d’accès, par exemple les possibilités de faire demi-tour et de s’échapper sont des facteurs importants eux aussi. Lorsque la majorité des terrains présentent une pente modérée et sont peu accidentés, il est en général possible de renoncer à des machines spécialement adaptées au travail en montagne. Dans les exploitations qui pratiquent non seulement la production fourragère, mais aussi les grandes cultures, le choix doit porter de préférence sur le tracteur à cause de ses multiples possibilités d’utilisation.
Joachim Sauter, Roy Latsch et Gregor Albisser, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Recherche Agronomique Suisse 1 (11–12): 447–451, 2010
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Actualités
Moem C dm i e un nmi iqtut é e isl ud ne gperne s s e
www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen www.agroscope.admin.ch/communiques 22.09.2010 / ART 04.11.2010 / ART Les Im Netz fleurs der etPilze les chevaux aident les hommes Zürich Green Care ist zur – c’est Pilzhauptstadt le nom de lader nouvelle Schweiz tendance avanciert. qui Heute prône wurde un renforcement am Stadtrand du liendie avecerste l’environnement nationale Sammlung naturel. Le nouveau unterirdischer site Internet Knäuelpilze www.greencare.ch eröffnet. Pilzfäden informe halten des das différentes Leben auf offres der Erde et présente zusammen. la position Dennde sielaliefern recherche. Bäumen, Gräsern und Nutzpflanzen überlebenswichtige Nähr01.11.2010 / ALP stoffe. Wegen ihrer enormen Bedeutung für das ÖkosysCréation d’unheute réseau dans les domaines de la tem eröffnete diefort landwirtschaftliche Forschungsformation et de laReckenholz-Tänikon recherche agronomiques anstalt Agroscope ART die erste La stationSammlung de recherche nationale der soAgroscope genanntenLiebefeld-Posieux Knäuelpilze, eine ALP-Haras, agricole de l’Etat de Fribourg IAG, la Gruppe derl’Institut Mykorrhizapilze. Haute école suisse d’agronomie HESA et la faculté Vet19.09.2010 / SNG suisse de l’Université de Berne ont signé une convention Equus helveticus – Ein weitererdes Grosserfolg für das le 26 octobre dernier. L’ensemble partenaires confirSchweizer Pferd ment ainsi leur volonté de développer fortement à l’aveDie Ausführungexistante. des neuenLes Pferdefestivals nir zweite la collaboration partenaires Equus vont helveticus während Tagen – 19. September mettre surzog pied en juinvier 2011 une (16. manifestation com2010) Personen und war qui ein Grosserfolg. Familien, mune20 000 consacrée à laan nutrition en constituera une Reiter undétape Züchter aus der ganzen Schweiz und dem Auspremière importante. land bewunderten über 1000 Pferde in sämtlichen existie29.10.2010 / ART renden Pferdesport- und Pferdezuchtdisziplinen. Das PferLe trèfle représente-t-il un danger pour Avenches les poissons? defestival Equus helveticus bescherte ein Les cellulesWochenende. du trèfle violet produisent des substances einmaliges chimiques qui agissent comme des hormones femelles. 16.09.2010 / ART Si ces substances arrivent dans les cours d’eau en trop Ammoniak aus Ställen auf der Spur grande quantité, elles pourraient nuire aux poissons. Laufställe bedeutende Quellen von Ammoniak. Jetzt Une étudesind donne la fin de l’alerte. zeigen Messungen, dass Ammoniakemissionen im Sommer 28.10.2010 / ART besonders hoch sind. Kühe produzieren eine Menge Kot Valeurs 2010Stunden pour auf les den comptabilités und Harn,indicatives die oft mehrere Laufflächen agricoles liegen. Dabei entweicht Ammoniak. Das Problem: Der Lors de sa réunion 20wertvoller octobre 2010, la Conférence de Landwirtschaft gehtdu viel Stickstoffdünger verlocoordination le Dépouillement des donren, weil er pour sich buchstäblich in diecentralisé Luft verflüchtigt. nées comptables a fixé les nouvelles valeurs indicatives Ammoniak in der Atmosphäre kommt schliesslich mit dem pour lesauf comptabilités agricoles.und Ces valeurs Regen die Erdoberfläche belastetindicatives dort als font foi pour l’évaluation de l’inventaire Stickstoff¬dünger empfindliche Ökosysteme.et des prestations en nature. En outre, elles servent également à cal13.09.2010 / ACW culer d’autres valeurs.
Agroscope ACW bewertet 120 Aprikosensorten, die 25.10.2010 / ACW zwischen Juni und September geerntet wurden D'anciennes Das Aprikosenfest variétés vom 6 bis pour 8. August de nouveaux 2010 in Saxon jus hat de pomme viele tausend Menschen angelockt. In diesem Rahmen hat L'objectif de l'association FRUCTUS, de inlaZusammenarStation de das kantonale Amt für Obstbau im Wallis recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW et beit mit der Forschungsanstalt Agroscope Changinsd'autres partenaires estgemeinsamen de trouver, Informationstag parmi les 800 Wädenswil ACW einen anciennes de pommes suisses, celles qui konnten convienorganisiert.variétés Anlässlich dieser Veranstaltungen
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Recherche Agronomique Suisse 1 (11–12): 447–451, 2010
nent à la production moderne de jus de fruits. Ces anciennes variétés doivent résister aux maladies, être aptes la culture, posséder deaktuellen bonnes propriétés de neben àvielen angesprochenen Themen auch transformation et enfin fournir, une fois pressées, un jus zahlreiche Aprikosensorten vorgestellt werden. Agroscope à l'arôme excellent. ACW bewertet an ihrem Standort in Conthey derzeit 120 Aprikosensorten, die in der Zeit von Mitte Juni bis Ende 19.10.2010 / ACW September geerntet werden können.
Les levures influencent les arômes du vin Les 09.09.2010 / ART levures jouent un rôle important en vinification : non Identitäts-Chip am laOhr seulement pendant fermentation, mais aussi pour la Das Leben eines Schweins könnte in Zukunft von der qualité du vin. Pourtant, jusqu'à présent, les professionGeburt bis zurpeu Schlachtung mittels Ohrmarnels étaient convaincus que elektronischen les levures pouvaient ken rückverfolgt werden. Die dazu muss noch conférer des arômes au vin ouTechnologie doutaient de la persistance entwickelt werden. de ces arômes. Les spécialistes de la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW ont pu démontrer 31.08.2010 / ART pour la première fois que les levures produisent effectiveLandwirtschaftliche Einkommen sinken 2009permet ment des arômes stables. Cette connaissance Die wirtschaftliche Situation lader landwirtschaftlichen d’optimiser encore davantage vinification. Betriebe ist 2009 weniger gut als 2008. Sowohl das land18.10.2010 / ALP wirtschaftliche Einkommen je Betrieb als auch der ArbeitsEntre yaourts plus ou moins sucrés, le Dies cœur des verdienst je Familienarbeitskraft gehen zurück. zeigen consommatrices et desder consommateurs balance die definitiven Ergebnisse Zentralen Auswertung von La station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP Buchhaltungsdaten der Forschungsanstalt Agroscope a réalisé une étudeART. auprès consommatrices et des Reckenholz-Tänikon 2009des beträgt das landwirtschaftconsommateurs. a fait60 300 déguster des yaourts avec liche EinkommenElle je leur Betrieb Franken gegenüber des teneurs en im sucre ajouté réduites. la majorité des 64 100 Franken Vorjahr (-6,0 %). DerSidurchschnittliche personnes testées a préféré le yaourt sinkt le plus les Arbeitsverdienst je Familienarbeitskraft im sucré, Vergleich variantes réduites en sucre ont toutefois appréciées. zu 2008 um 1,3 % (von 41 700 Franken aufété 41 200 Franken).
12.10.2010 / ACW La mouche des brous du noyer: un ravageur américain sur tout le territoire suisse pour cause de changement climatique Le changement climatique permet aux espèces animales et végétales originaires de régions plus tempérées de se propager en Suisse. Ces nouveaux venus sont susceptibles de donner bien du fil à retordre à nos agriculteurs. Afin d'entraver l'introduction ou l'immigration d'autres insectes allogènes, il faut en connaître les voies et les facteurs de propagation. C'est la raison pour laquelle les entomologistes de la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW se sont penchés sur la mouche des brous du noyer, une espèce qui s'est propagée en Suisse depuis peu. Leurs conclusions montrent que la barrière du froid au niveau de la crête des Alpes se rétrécit de plus en plus, ne constituant désormais plus un obstacle infranchissable.
Actualités
Manifestations
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E-Learning pour les vétérinaires et les maréchaux-ferrants www.ehoof.ch Cette méthode d’apprentissage interactive eHoof a été développée en collaboration avec l’Université de Zürich et l’Union Suisse du Métal. Elle s’adresse aux apprentis maréchaux-ferrants, aux étudiants de la médecine vétérinaire, ainsi qu’aux vétérinaires et maréchaux-ferrants. eHoof est un vaste ouvrage de référence destiné à la formation et à la formation continue dédié au thème du sabot. Cette méthode d’enseignement est on-line en allemand. Les versions françaises et anglaises sont prévues pour une édition ultérieure.
Novembre 2010 24.11.2010 Ökobilanzen in der Landwirtschaft, ein Wegweiser zur Nachhaltigkeit – Abschlusstagung Projekt ZA-ÖB Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Reckenholz 25.11. – 29.11.2010 Agroscope à l’AGRAMA «Analytique pour une agriculture saine» Stations de recherche Agroscope ACW, ALP et ART Berne 29.11. – 03.12.2010 Winterbesuchswoche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Reckenholz Décembre 2010
Dans le prochain numéro Janvier 2011 / Numéro 1 Seule une fraction du phosphore (P) du sol est directement disponible pour la plante. Les calculs pour une fertilisation raisonnée écologique se basent sur cette fraction. Le laboratoire d’analyse des sols d’Agroscope ReckenholzTänikon ART étudie la teneur en phosphore disponible dans des échantillons de sol.
•• Test en laboratoire de la méthode CO2 pour le conseil de fumure, H. Stünzi ART ••Développement du système des paiements directs, L. Barth OFAG ••Les systèmes agroforestiers sont-ils une solution économique pour atteindre une production animale neutre en CO2?, S. Briner ETH Zürich ••Effets des mycotoxines déoxynivalénol et zéaralénone sur la fertilité de la truie, A. Gutzwiller ALP ••Mesure automatique des mouvements de rumination à l’aide d’un capteur de pression, F. Nydegger et al. ART ••Alimentation de porcelets avec addition de l'acide aminé essentiel valine, L. Dissler et al. HESA ••Dynamique temporelle et répartition spatiale du sitone dans le pois, L. Schaub ACW ••Production de viande bovine sur les surfaces d'assolement, N. Roth et al. HESA
02.12.2010 Bioforschungs-Infotag Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Yverdon 09.12.2010 Bioforschungs-Infotag Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Arenenberg 09.12.2010 Aktuelles aus der Aromaforschung Agroscope Liebefeld-Posieux ALP Liebefeld Janvier 2011 13. – 16.01.2011 Agroscope à Swiss'Expo 2011 Stations de recherche Agroscope ACW, ALP et ART Lausanne 27. – 29.01.2011 Frauen in der Landwirtschaft – Aktuelle Debatten aus Wissenschaft und Praxis ART, GIUB, HESA, Agridea Bern
Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations
Recherche Agronomique Suisse 1 (11–12): 447–451, 2010
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Novembre 2010
Analytique pour une agriculture saine Stations de recherche Agroscope
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Agroscope présente le rôle de l’analytique dans la recherche agronomique. Partez à la découverte d’un monde inconnu en jetant un coup d’œil dans nos microscopes et rencontrez nos chercheuses et nos chercheurs.
Visitez notre stand à l’Agrama! Berne 25 – 29 novembre 2010 BEA Bern expo; Halle 110; Stand A 021 www.agroscope.ch Schweizerische Eidgenossenschaft Confédération suisse Confederazione Svizzera Confederaziun svizra
AgRAR foRSchung Schweiz RecheRche AgRonomique SuiSSe
Informations actuelles de la recherche pour le conseil et la pratique: Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois par année et informe sur les avancées en production végétale, production animale, économie agraire, techniques agricoles, denrées alimentaires, environnement et société. Recherche Agronomique Suisse est également disponible on-line sous www.rechercheagronomiquesuisse.ch
VEAU
NOU
Commandez un numéro gratuit! Nom / Société Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Les partenaires sont l’office fédéral de l’agriculture ofAg, la haute école suisse d’agronomie de zollikofen heSA, AgRiDeA Lausanne & Lindau et l’ecole polytechnique fédérale de zurich eTh zürich, Department of agricultural and foodscience. Agroscope est l’éditeur. cette publication paraît en allemand et en français. elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
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