numéro 2 2010

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Recherche Agronomique Suisse 2 0 1 0

|

N u m é r o

Agroscope | OFAG | HESA | AGRIDEA | ETH Zürich

F é v r i e r

Production végétale Préférences des consommateurs de pommes en Suisse Economie agricole

Page 44

Comparaison internationale de la production de pommes

Page 52

Production animale Influence d’un déficit énergétique sur la composition du lait

Page 66

2


Sommaire Une chercheuse d’Agroscope Changins-Wädenswil ACW mesure la qualité interne d'une pomme par spectroscopie proche de l’infrarouge. Dans ce numéro, deux articles présentent des résultats issus du projet Isafruit : l’un porte sur l’appréciation des variétés de pommes par les consommateurs et l’autre compare la pro­ duction de pommes en Suisse avec celle de certains pays de l’UE. (Photo : Carole Parodi, ACW) Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

Février 2010 | Numéro 2 43 Editorial Production végétale Préférences des consommateurs 44

de pommes en Suisse Simon Egger, Christine Brugger, Daniel Baumgartner et Alois Bühler, Station de recherche Agroscope ChanginsWädenswil ACW, 8820 Wädenswil Economie agricole 52 Comparaison internationale

de la production de pommes Esther Bravin et Adeline Kilchenmann, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil

Editeur Agroscope Partenaires bA groscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux ALP et Haras national suisse HNS; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART) b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne b Haute école suisse d’agronomie HESA, Zollikofen b Centrales de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Department of agricultural and foodscience

60

Production animale 66 Influence d’un déficit énergétique

sur la composition du lait Isabelle Morel1, Marius Collomb1, Anette van Dorland2 et Rupert Bruckmaier2 1 Station de recherche Agroscope LiebefeldPosieux ALP, 1725 Posieux 2 Physiologie vétérinaire, Faculté Vetsuisse de l’Université de Berne, 1725 Posieux

Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Secrétariat Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Eliane Rohrer (ACW), Gerhard Mangold (ALP et HNS), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HESA), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich)

Listes variétales 74 Listes recommandées des variétés de

pois protéagineux, soja et tournesol pour la récolte 2010 Station de recherche Agroscope ChanginsWädenswil ACW, 1260 Nyon 1 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich

Abonnement Revue: CHF 61.–* TVA et frais de port compris, (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou info@rechercheagronomiquesuisse.ch Imprimerie Glasson Imprimeurs Editeurs SA, 1630 Bulle

F acteurs décisionnels pour la culture de plantes transgéniques Jennifer Schweiger, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen

Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope LiebefeldPosieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch

Production végétale

Fiche technique 80 Variété de pomme de terre Mustang

ISSN infos ISSN 1663-7917 (imprimé) ISSN 1663-7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse

82 Portrait

© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

83

Actualités

87

Manifestations

Haute école spécialisée bernoise Berner Fachhochschule Haute école suisse d’agronomie HESA Schweizerische Hochschule für Landwirtschaft SHL

D é p ar tement fédéral d e l’é conomie D FE Agroscope

D é p ar tement fé d é ral d e l’é conomie D FE Office fédéral de l’agriculture OFAG


Editorial

Une recherche en réseau ciblée Chère lectrice, cher lecteur

Lukas Bertschinger Agroscope Changins-Wädenswil ACW

Travailler en réseau est à la mode. Dans la recherche aussi. Pas une semaine ne passe sans que de nombreuses invitations à la création de réseaux atterrissent dans ma messagerie: partenariats, workshops à Bruxelles, colloques EU-Research, etc. Pour les chercheurs, le travail en réseau est désormais incontournable. Fini le temps où on pouvait faire une découverte seul dans son coin. Aujourd’hui, la complémentarité est de mise pour trouver des solutions consistantes et durables à des problèmes concrets. Le renforcement du caractère inter-, multiet transdisciplinaire de la recherche est réclamé, avec raison, par tous. La formation de réseaux doit toutefois répondre à un besoin. Je suis convaincu que les séminaires susmentionnés ne sont bénéfiques que si mon choix est parfaitement ciblé et qu’il s’insère dans d’autres mises en réseau. Un exemple: intégrer les besoins des consommateurs Le projet ISAFRUIT est un exemple probant de l’approche ciblée. Ses objectifs sont pour le moins ambitieux (augmenter la consommation de fruits en Europe…). Pour y parvenir, la recherche agro-alimentaire doit répondre aux besoins des consommateurs. Ce sujet est brûlant d’actualité pour les sciences concernées. ISAFRUIT, qui compte plus de 60 partenaires, est le plus grand projet du secteur FAB (Food, Agriculture and Biotechnology) du 6e programme-cadre européen et Agroscope y participe activement. La collaboration entre sciences sociales et sciences naturelles permet de faire des découvertes essentielles, qui devraient permettre d’améliorer la chaîne d’approvisionnement et de production (supply chain). Les articles de Bravin et Kilchenmann et de Egger et al. en p. 52 et 44 montrent des exemples concrets de ces efforts. Mais il ne suffit pas de réunir des chercheurs sous un même toit pour qu’une recherche multidisciplinaire se concrétise et porte ses fruits. Innover pour jeter des ponts L’expérience d’ISAFRUIT le montre bien: au sein d’un même projet, l’approche ciblée doit s’efforcer de faire appel à des méthodes novatrices pour que les spécialistes des sciences sociales et naturelles collaborent de manière productive, malgré la diversité des langues, des expériences et des modes de penser. A cet égard, ISAFRUIT s’engage dans un processus passionnant baptisé «Processus Vasco-de-Gama», en l’honneur du navigateur portugais qui établit le premier pont maritime et commercial entre l’Inde et l’Europe. Une première publication a paru en décembre 2009 dans le Journal of Horticultural Science and Biotechnology, décrivant les bases de cette méthode, nouvelle pour les sciences agro-alimentaires, qui contribuera à mieux axer les recherches sur les besoins des consommateurs. Elle servira aussi à identifier des lacunes qui doivent être comblées par les sciences agro-alimentaires, afin que des techniques de culture, de conservation et de transformation durables puissent répondre aux besoins de consommation de la société.

Recherche Agronomique Suisse 1 (2): 43, 2010

43


P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Préférences des consommateurs de pommes en Suisse Simon Egger, Christine Brugger, Daniel Baumgartner et Alois Bühler, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil Renseignements : Simon Egger, e-mail : simon.egger@acw.admin.ch, tél. +41 44 783 61 11

Onze variétés de pommes ont été dégustées par 550 consommateurs de tous âges en Suisse.

Introduction Les fruits ont toujours plus leur place dans une alimentation saine et équilibrée. Chaque année, les sélectionneurs du monde entier créent des dizaines de nouvelles variétés de fruits, censées présenter un meilleur rendement et permettre des méthodes de production économiquement et écologiquement plus durables que les variétés établies. Celles-ci doivent aussi et surtout avoir un bel aspect et offrir de meilleures qualités alimentaires, car ce sont les consommateurs, avec leur comportement d’achat quotidien, qui décident du succès ou de l’échec des nouveautés. Les tests de consommateurs s’appuient souvent sur des moyennes pour comparer l’acceptation de diffé-

44

Recherche Agronomique Suisse 1 (2): 44–51, 2010

rentes variétés. Cette méthode de classement fournit certains renseignements sur le potentiel d’une nouveauté lors de sa mise sur le marché. Les avis divergent toutefois sur les critères distinguant une «bonne pomme» et l’évaluation moyenne ne livre aucune indication sur la répartition de l’acceptation par les différents consommateurs. Une variété qui ne réalise qu’une moyenne médiocre peut très bien enthousiasmer une partie des consommateurs tandis que d’autres personnes la rejettent catégoriquement. Ce type d’information est pourtant intéressant pour positionner une nouvelle variété sur le marché. D’une part pour prédire le volume possible du marché, et d’autre part pour orienter le marketing sur certains groupes cibles, ou encore pour publier des informations


OVA Allemagne

WUR-PPO Hollande

RIPF Pologne ACW Suisse

NOVADI France

UNIBO, LAIMB, CIV Italie IRTA Espagne

Figure 1 | Partenaires du test de consommateurs de pommes dans six pays de l’UE et en Suisse.

complémentaires sur la saveur ou d’autres propriétés d’une variété au point de vente.

Méthode Etude réalisée avec 550 consommateurs suisses Avec 4300 sondés dans 22 villes de sept pays, le projet ISAFRUIT est certainement l’une des plus vastes études représentatives menées jusqu’ici en Europe et en Suisse sur l’acceptation de nouvelles variétés de fruits par les consommateurs. La Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW a travaillé pour cela avec huit partenaires des milieux de la recherche et de l’industrie (fig. 1). Les tests de consommateurs ont été menés dans tous les pays partenaires sur la même période avec des produits identiques. En Suisse, 550 consommateurs ont été sondés. Les dégustations ont eu lieu entre le 26 janvier et le 9 février 2007 dans des supermarchés de l’agglomération zurichoise, à Lausanne et à Sion. Afin d’assurer une comparabilité et une validité maximales des résultats, la standardisation des produits et des processus par l’utilisation de fruits homogènes de vergers homogènes a eu lieu selon des protocoles bien précis. Pour chacune des onze variétés, des fruits d’un site ont été distribués à tous les autres partenaires. Aux emplacements sensibles de la chaîne de distribution, du stockage et de la préparation des échantillons pour les tests, des mesures de contrôle des paramètres de qualité ont été intégrées afin de pouvoir exclure des défauts des produits et de mieux interpréter les résultats. L’étude de consommation ISAFRUIT a permis aux partenaires impliqués de recueillir de précieuses informations méthodo-

Résumé

Préférences des consommateurs de pommes en Suisse | Production végétale

Dans le monde entier, les sélectionneurs essaient de créer une pomme toujours plus parfaite. Le succès d’une variété sur le marché dépend largement de son acceptation par les consommateurs. Dans le cadre du projet ISAFRUIT de l’UE, le jugement des consommateurs a été examiné sur différentes variétés de pommes. Onze cultivars différents ont ainsi été dégustés par 550 consommateurs suisses. Les nouvelles variétés ont été en moyenne significativement mieux notées que les variétés témoins Golden Delicious et Jonagold. Sur ce point, les résultats ne différent guère de ceux obtenus dans les pays de l’UE. Outre l’acceptation des différentes variétés, il s’agissait de savoir si la préférence est liée à certaines propriétés et quels groupes de consommateurs ont des préférences analogues. L’analyse des données obtenues a permis d’identifier trois groupes approximativement de même taille. Un groupe tend à préférer les fruits croquants, à chair ferme, plutôt doux-acides et aromatiques, et tolère une texture un peu moins fine de la chair. Un nombre comparable de consommateurs préfère les pommes sucrées, fruitées et aromatiques avec parfois une rétronasale florale, à texture fine mais potentiellement un peu moins fermes sous la dent. Les préférences du troisième groupe se situent entre les deux autres. Tous les consommateurs sondés s’accordent à refuser les pommes trop molles, farineuses et peu aromatiques, à saveur nettement végétale.

logiques qui pourront être exploitées lors d’études similaires ultérieures. Seuls les résultats du test de consommateurs mené en Suisse sont traités ici. Choix des variétés Le choix des variétés a été l’un des défis méthodologiques. D’une part, il s’agissait de comparer de nouvelles variétés de pommes en phase de lancement avec des variétés traditionnelles. D’autre part, les variétés utili-

Recherche Agronomique Suisse 1 (2): 44–51, 2010

45


Production végétale | Préférences des consommateurs de pommes en Suisse

Tableau 1 | Extrait sec soluble (teneur en sucre), acidité totale titrable (acidité), rapport sucre / acidité et fermeté

(valeur pénétromètre). Valeurs moyennes des analyses menées durant la période des trois sondages, calculées à l’aide du robot Pimprenelle.

46

Nom de la variété

Nom de la marque

Sucre (0Brix)

Acidité (g/l)

Nicoter Ariane

Rapport sucre / acide

Fermeté (kg/cm2)

Kanzi®

12,7

Les Naturianes® (marque commune en F)

16,4

6,8

18,7

6,4

8,5

19,3

Milwa

Junami® (UE), Diwa® (CH)

14,3

8,5

6,0

23,8

6,9

Ligol

12,6

Jonagold

11,7

5,1

24,7

6,5

4,5

26,0

Cripps Pink

Pink Lady®

14,4

5,2

27,7

5,6 6,9

Civni

Rubens®

14,6

5,2

28,1

6,3

CPRO 47

Wellant®

13,6

4,7

28,9

5,6

Pink Gold

Goldchief

16,4

5,1

32,2

6,2

Golden Delicious

14,8

4,3

34,4

5,3

Fuji

14,1

2,8

50,4

6,1

®

sées devaient couvrir au mieux le «spectre sensoriel» afin que leurs propriétés puissent être reliées aux évaluations des consommateurs dans une carte des préférences. Aujourd’hui, les nouvelles variétés sont souvent mises sur le marché sous une appellation de marque qui doit souligner leurs atouts spécifiques et les ancrer plus rapidement dans l’esprit de la clientèle. Le tableau 1 résume les teneurs en sucre, l’acidité et la fermeté des variétés et marques correspondantes. Notons que si la plupart des nouvelles variétés de pommes actuellement en phase de lancement ou en discussion en Suisse ont été testées, il manque quatre variétés cultivées sur plus de

10 ha de surface (OFAG, Statistique des surfaces 2009), se trouvant également en phase de lancement: Scifresh (Jazz®), La Flamboyante (Mairac®), Nicogreen (Greenstar®) et Delblush (Tentation®). Pour des raisons techniques, le nombre de variétés testées a dû être limité.

Figure 2 | Les onze variétés testées avec les échantillons de pommes codés.

Figure 3 | Le goût a été évalué indépendamment de l’aspect.

Recherche Agronomique Suisse 1 (2): 44–51, 2010

Une méthode allant dans le moindre détail Les consommateurs sondés ont dû apprécier le goût et l’aspect des différentes variétés de pommes. Ces attributs ont été recensés au moyen d’échantillons codés, c’est-à-dire dans des tests en aveugle, indépendamment les uns des autres, si bien qu’une influence réciproque


Préférences des consommateurs de pommes en Suisse | Production végétale

préférences des consommateurs et leurs appréciations des différentes variétés. Dans le cadre de la recherche de groupes homogènes de consommateurs, les données ont d’abord été transformées via la méthode CLIP de Cailler et Schlich (1997) en une matrice de similarité, puis regroupées par analyse d’échelle multidimensionnelle (MDS) suivie d’un clustering par la méthode des k-means. Cette procédure sert à former des groupes homogènes à partir d’un certain nombre d’objets. La similarité des variables doit être maximale au sein d’un même groupe et leur disparité maximale entre les groupes (Wiedenbeck et Züll, 2001).

Résultats et discussion Le tableau 1 montre les moyennes des données analytiques des différentes variétés au début de la période de test, à fin janvier après entreposage en atmosphère contrôlée. La teneur en sucre et l’acidité de la plupart des variétés étaient relativement proches. Ariane et Kanzi® se démarquent par une acidité supérieure, ce qu’a confirmé l’enquête sensorielle. L’acidité de Fuji était faible par rapport aux autres variétés, surtout à Ariane. Concernant la fermeté, les variétés dépassaient en moyenne le seuil d’acceptation critique de 5 kg/cm2. Les variétés en général ont pu être testées dans un état acceptable à optimal, typique de la variété. Jonagold a présenté une teneur en sucre légèrement inférieure à celle des autres variétés testées. La figure 5 illustre les moyennes d’acceptation gustative des onze variétés de pommes par 550 consommateurs de Suisse alémanique et romande. En moyenne, toutes les variétés ont été jugées de «ni bonne ni mauvaise» à «bonne». Les variétés Rubens® et Goldchief ® a

8 7 6 5 4 3 2 Rubens_f

Goldchief_f

Kanzi_e

Pink Lady_e

Junami_de

Fuji_cd

Ariane_cd

Ligol_c

Wellant_c

Golden Delicious_b

1 Jonagold_a

de ceux-ci pouvait être exclue (fig. 3). D’autres caractéristiques des testeurs telles que le sexe, l’âge et la fréquence de la consommation de pommes ont en outre été relevées (voir fig. 4). Parallèlement à la saisie des données de consommateurs, chacune des variétés a été analysée au moyen d’appareils et son profil sensoriel décrit par un panel entraîné d‘Agroscope ACW. Ces mesures ont servi de base à l’analyse en composantes principales des données expérimentales et à l’élaboration de la carte de préférences. Après intégration de ces différentes données, il devient possible d’interpréter les

9 Acceptation gustative (échelle 1–9)

Figure 4 | En plus des propriétés gustatives et visuelles des différentes variétés de pommes, le questionnaire était conçu pour obtenir des informations d’ordre démographique.

Figure 5 | Moyenne des valeurs d’acceptation gustative par les consommateurs suisses. Les différences significatives (p = 0,05) sont indiquées par des lettres différentes.

Recherche Agronomique Suisse 1 (2): 44–51, 2010

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Production végétale | Préférences des consommateurs de pommes en Suisse

Acceptation visuelle (échelle 1–9)

8 7 6 5 4 3 2 Junami_d

Kanzi_d

Wellant_cd

Ligol_cd

Rubens_cd

Goldchief_bc

Fuji_ab

Golden Delicious_ab

Pink Lady_ab

Jonagold_a

Ariane_a

1

Figure 6 | Moyenne des valeurs d’acceptation visuelle par les consommateurs suisses. Les différences significatives (p = 0,05) sont indiquées par des lettres différentes.

par contre été significativement mieux appréciées, sur une échelle d’évaluation hédonique à neuf niveaux allant de «extrêmement mauvaise = 1» à «extrêmement bonne = 9». Les différences significatives entre les différentes variétés sont indiquées par la lettre suivant l’appellation de la marque. Kanzi®, Pink Lady® et Junami®, par exemple, ne diffèrent pas entre elles de manière significative puisqu’elles ont en commun la lettre «e». Quant à Jonagold et Golden Delicious, leur acceptation gustative est significativement moins bonne que celle des autres variétés. La figure 6 montre l’acceptation visuelle des différentes variétés de pommes par des consommateurs suisses. En comparant les moyennes d’acceptation visuelle et gustative, on constate qu’Ariane, Rubens®, Pink Lady® et Goldchief ® ont des valeurs d’acceptation gustative plus élevées que d’acceptation visuelle. Les variétés les plus appréciées quant à leur aspect sont Junami® et Kanzi®, toutefois sans se différencier significativement par rapport à Wellant®, Ligol et Rubens®. Globalement, les nouvelles variétés de pommes sont bien acceptées et bien notées par les consommateurs sur le plan gustatif et visuel. L’aspect est en général particulièrement important pour le premier achat, tandis que le goût influence plutôt la répétition de l’achat. La description sensorielle objective de l’odeur, de la consistance et du goût a été effectuée par un panel entraîné (n = 12) d‘ACW. La description gustative intégrait non seulement la perception sucrée et acide, mais aussi les composantes olfactives qui remontent à la muqueuse nasale après la mastication (rétronasale).

48

Recherche Agronomique Suisse 1 (2): 44–51, 2010

Caractérisation des variétés de la dégustation Les résultats de la description ont été soumis à une analyse en composantes principales (ACP) dans ce qu’on appelle un biplot. Dans l’ACP, les axes sont choisis de manière à représenter en ordre décroissant la variabilité résiduelle la plus élevée possible. Les figures 7 et 8 montrent les trois grands axes des composantes principales pour les données sensorielles analytiques et les mesures objectives obtenues avec les onze variétés de pommes examinées. Ces axes expliquent ensemble le 58,6 % de la variance totale. La dimension F1 représente surtout les variables «odeur», «goût» et «rétronasale» avec les deux orientations principales «végétal» et «floral et fruité» de la douceur perçue. Les attributs «fermeté», «masticabilité» et «acidité» sont mieux représentés dans la dimension F2. La dimension F3 est importante pour la représentation du «croquant» et de la «jutosité» des pommes. La proximité d’une variété par rapport à un attribut est illustrée par la distance visible sur le graphique. Les variétés favorites, Goldchief ®, Pink Lady® et Rubens®, donnent des résultats très nets pour les attributs «fruité» (odeur et rétronasale), «floral» et «sucré», ainsi que pour l’intensité globale de l’arôme et l’intensité de l’arôme de pomme. Les variétés Ariane et Junami® se démarquent des autres dans l’évaluation sensorielle par leur fermeté, leur croquant et leur acidité. Kanzi® est également située comme une variété croquante, juteuse mais olfactivement plutôt végétale. Fuji 7

Ariane

6 5 4

A:Acidité A:Fermeté T:Ferme sous la dent G:Acide T:Finesse T:Masticable G:Global T:Croquant A: Brix Junami G:Pomme Ligol T:Peau coriace R:Végétal G:Fruité

3 2 F2 (30.1 %)

9

1

Kanzi

0

G:Végétal

-2 Jonagold

-3

Golden Delicious

-4

Goldchief Pink Lady

G:Sucré G:Floral R:Floral R:Fruité T:Farineux R:Global

Rubens

T:Juteux

Wellant

-1

Fuji

-5 -6 -7

-7

-6

-5

-4

-3

-2

-1

0

1

2

3

4

5

6

F1 (28.5 %) Figure 7 | Analyse en composantes principales des variables analytiques et sensorielles après rotation varimax. Représentation de la 1e et de la 2e dimension (F1/F2) avec au total 58,6 % de variance expliquée. A = données analytiques, T = texture, R = odeur, G = goût et rétronasale.

7


Préférences des consommateurs de pommes en Suisse | Production végétale

est perçue comme une variété peu acide. Golden Delicious est décrite par contre dans l’étude comme sucrée, farineuse et avec peu de croquant, Jonagold comme une variété peu ferme, peu sucrée, à l’arôme tirant plutôt vers le végétal. A noter qu’une valeur élevée de l’attribut «masticabilité» signifie que la chair de la variété en question demande une mastication prolongée, tandis que des valeurs élevées de «finesse» indiquent une chair à texture plutôt grossière. Identification de groupes de consommateurs Une analyse cluster par la méthode des k-means a été effectuée pour l’identification de groupes homogènes de consommateurs (voir le chap. Méthode). Les groupes ainsi formés avec des préférences similaires sont appelés clusters, amas ou segments. Les consommateurs suisses ont pu être répartis en trois groupes en fonction des similarités de leurs appréciations. Le groupe 1 compte 157 consommateurs, le groupe 2 184 consommateurs et le groupe 3 209 consommateurs. Les moyennes des valeurs de préférence des consommateurs ont été modélisées en tant que fonction des composantes principales au moyen de PREFMAP (XLStat) pour chacun des 3 groupes. La figure 9 est une représentation en deux dimensions de la carte de préférence. Croquante, fruitée et aromatique, la variété Rubens® est très appréciée par les trois groupes de consommateurs. Comparé aux deux autres groupes, le premier pré-

fère les variétés plutôt sucrées-acides, croquantes et relativement fermes telles que Kanzi® et Junami®. Ces deux variétés se démarquent un peu par leurs attributs texturaux, notamment par une chair un peu plus grossière, par le fait qu’elles ne se désagrègent pas si rapidement à la mastication et par leur acidité. Les deux autres groupes de consommateurs préfèrent les variétés plutôt douces et fruitées telles que Goldchief ® et Pink Lady®. Le troisième groupe de consommateurs apprécie moins la variété Ariane que les autres groupes, préférant apparemment les variétés plus douces. Ariane se démarque en effet par une acidité prononcée ainsi que par une très grande fermeté. Comparé au groupe 3, le groupe 2 présente un mélange encore plus homogène de préférences pour les pommes présentant un rapport sucre/acide relativement équilibré, et il apprécie Ariane davantage. Fait intéressant, les trois groupes ont montré unanimement une acceptation médiocre de Golden Delicious et de Jonagold. Ce résultat pourrait être dû au fait que, dans le test de consommateurs, la qualité des fruits n’était pas optimale. L’analyse du contexte démographique n’a pas révélé de liens particuliers. La seule observation intéressante est une préférence variable selon le sexe pour la variété Goldchief ® dans le groupe 1. La représentation pratiquement égale des hommes et des femmes dans ce groupe montre que c’est la variété préférée chez les hommes, tandis que les femmes l’ont moins appréciée (classement dans le tiers inférieur). La

5

7 5 T:Juteux

F3 (18.2 %)

2

R:Végétal

1

G:Végétal

0

Jonagold

T:Ferme sous la dent T:Peau coriace T:Masticable

G:Acide

A:Acidité

1

Pink Lady

G:Global A:Fermeté G:Sucré T:Finesse R:Floral

Ariane

-1

2

G:Floral

R:Global

Rubens

G:Pomme

R:Fruité

-5

-4

-3

-2

-1

0

1

T:Juteux

Wellant

Groupe 3

Goldchief Pink Lady

G:Sucré G:Floral R:Floral R:Fruité R:Global

Jonagold

-3

Golden Delicious

-4

Fuji

-5

Golden Delicious

-4

G:Végétal

-2

T:Farineux

-3

Rubens

0 -1

Goldchief

G:Fruité

A:Brix

-2

Groupe 2 Groupe 1

A:Acidité A:Fermeté G:Acide T:Ferme sous la dent T:Finesse T:Masticable G:Global T:Croquant Junami A:BrixG:Pomme Ligol T:Peau coriace G:Fruité R:Végétal Kanzi

3

Fuji

Junami

Wellant

Ligol

4

T:Croquant

Kanzi

F2

3

-5

Ariane

6

4

-6

2

3

4

F1 (28.5 %) Figure 8 | Analyse en composantes principales des variables analytiques et sensorielles après rotation varimax. Représentation de la 1e et de la 3e dimension (F1/F3) avec au total 46,7 % de variance expliquée. A = données analytiques, T = texture, R = odeur, G = goût et rétronasale.

5

-7

-7

-6

-5

-4

-3

-2

-1

0

1

2

3

4

5

6

7

F1 Figure 9 | Carte de préférence: représentation des variétés de pommes et des 3 groupes de consommateurs en Suisse.

Recherche Agronomique Suisse 1 (2): 44–51, 2010

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Production végétale | Préférences des consommateurs de pommes en Suisse

variété Kanzi® révèle une polarisation géographique en fonction des deux régions considérées. Dans les groupes 2 et 3, elle est nettement moins appréciée en Suisse romande qu’en Suisse alémanique. Même si les renseignements fournis par ces études sur l’acceptation de nouvelles variétés et la répartition des groupes de consommateurs ayant des préférences similaires sont intéressants, il est évident que ces données ne permettent pas de prédire directement des comportements d’achat. Il existe d’autres facteurs qui influencent ces comportements, par exemple le prix, la concurrence des autres variétés et des autres fruits, le lieu et la présentation de l’offre, la pertinence de la publicité, la saison et encore d’autres paramètres.

Tableau 2 | Classification des préférences pour les variétés

dans chaque groupe selon l’acceptation gustative (par ordre décroissant de préférence de haut en bas). Groupe 1 (N = 187)

Groupe 2 (N = 183)

Groupe 3 (N = 180)

Rubens®

Rubens®

Goldchief®

Kanzi

Goldchief

®

Rubens®

Junami

PinkLady

Goldchief®

Kanzi®

Kanzi®

PinkLady®

Junami®

Junami®

Fuji

Ariane

Fuji

Ariane

Ligol

Ligol

Ligol

Wellant®

Wellant®

Wellant®

Fuji

Ariane

Golden Delicious

Golden Delicious

Golden Delicious

Jonagold

Jonagold

Jonagold

®

50

®

®

PinkLady®

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Conclusions • Certaines des nouvelles variétés actuellement en phase de lancement ont du succès auprès des consommateurs. Du point de vue visuel, il s’agit de Junami® et de Kanzi®, et dans la même mesure Wellant®, Ligol et Rubens®, qui n’affichent pas de différences significatives. Sur le plan gustatif, Rubens® et Goldchief ® ont obtenu les meilleures notes. • Les variétés classiques Jonagold et Golden Delicious sont par contre moins appréciées. • Trois groupes de consommateurs ayant des préférences différentes ont été identifiés, qui se distinguent par leurs préférences gustatives et texturales. • Les préférences des 3 groupes indiquent que les nouvelles variétés ont un potentiel sur le marché, qu’elles soient acidulées ou sucrées et aromatiques. • Pour les consommateurs du deuxième et du troisième groupe, la douceur perçue dans les tests sensoriels est un facteur plus important que la texture. • Les résultats confirment que le consommateur refuse les fruits farineux et peu aromatiques. Décharge Cet article ne reflète pas la position officielle de la Commission européenne, mais seulement celle des auteurs. n


Le preferenze dei consumatori di mele svizzeri I selezionatori di tutto il mondo cercano di creare una mela sempre più perfetta. Il successo commerciale di una varietà dipende ampiamente dalla sua accettazione da parte dei consumatori. Nell’ambito del progetto europeo ISAFRUIT è stato esaminato il giudizio espresso di consumatori su diverse varietà di mele. 11 varietà sono state così degustate da 550 consumatori elvetici. Le nuove varietà hanno ottenuto in media valutazioni significativamente migliori rispetto alle varietà classiche, rappresentate da Golden Delicious e Jonagold. I risultati si sono rivelati in linea con quelli ottenuti nei paesi dell’UE. Oltre al gradimento delle diverse varietà, si trattava di sapere se tale preferenza fosse legata a determinate proprietà e quali gruppi di consumatori avessero preferenze analoghe. L’analisi dei dati ottenuti ha permesso di distinguere tre differenti gruppi di consumatori, tutti tre di proporzioni approssimativamente uguali. Un gruppo preferisce tendenzialmente frutti croccanti, sodi, piuttosto dolci-aciduli e aromatici, tollerando una tessitura un po’ meno fine della polpa. Un numero equivalente di consumatori preferisce mele più zuccherate, fruttate e aromatiche, con un eventuale retrogusto di fiorale a tessitura fine, ma tendenzialmente un po’ meno soda al morso. Le preferenze del terzo gruppo si situano tra quelle dei primi due. Tutti i consumatori interpellati rifiutano mele troppo molli, farinose e poco aromatiche con sapore vegetale.

Bibliographie b C ailler P. & Schlich P., 1997. La cartographie des préférences incomplètes – Validation par simulation. Sci. Alim. 17, 155 – 172. b G unzinger S., 2009. Cultures fruitières de la Suisse – Statistique des surfaces 2009. Office fédéral de l’agriculture, www.blw.admin.ch [18.12.2009]. b M eilgaard M. M., Civille G. V. & Carr T., 2007. Sensory Evaluation Techniques. 4 th Ed. CRC Press, New York. b W iedenbeck M. & Züll C., 2001. Klassifikation mit Clusteranalyse: Grundlegende Techniken hierarchischer und K-means-Verfahren. ZUMA, How-to-Reihe, Nr. 10.

Summary

Riassunto

Préférences des consommateurs de pommes en Suisse | Production végétale

Preferences of Swiss Apple Consumers Apple breeders around the world are trying to please the consumer with the perfect apple. The success of varieties in the demanding market environment mostly depends on the consumer’s taste. To investigate these preferences, the acceptance of 11 varieties was tested with 550 Swiss consumers within the European project ISAFRUIT, in Framework «6». New varieties have shown significantly higher acceptance ratings than traditional Golden Delicious and Jonagold. Mean ratings of Swiss consumers liking are quite similar to the results obtained with European consumers. Another focus was the identification of preferences based on certain sensory apple characteristics and which consumer clusters could be made on these preferences. Evaluation of the data shows 3 clusters of about the same size. Consumers differ in their variety preferences: one cluster prefers sweet to rather acidic, aromatic and crisp apples with a firm fruit flesh, tolerating a slightly lower fineness of the fruit flesh. A second group of consumers prefers sweeter, fruity and aromatic apples, partially with a floral aroma and a higher fineness of the texture, whereas they are less demanding on firmness. The preferences of the third group are intermediate. All consumers share the rejection of soft and mealy apples with low aroma intensity and a tendency to a grassy aroma. Key words: consumer preferences, apple varieties.

Remerciements La Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW remercie la Commission européenne pour le soutien apporté au projet. ISAFRUIT est un projet financé par la Commission européenne dans le cadre du 6 e programme-cadre de recherche consacré à la priorité thématique 5 (qualité des aliments et sécurité alimentaire) (contrat n° FP6-FOOD-CT-2006-016279).

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51


E c o n o m i e

a g r i c o l e

Comparaison internationale de la production de pommes Esther Bravin et Adeline Kilchenmann, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil Renseignements: Esther Bravin, e-mail : esther.bravin@acw.admin.ch, tél. +41 44 783 62 44

En Suisse, la récolte des pommes est assurée par la famille et une main-d'oeuvre externe.

Introduction Cette analyse a pour but, en prenant les pommes comme exemple, d’identifier les plus grandes différences de technique de production et d’économie d’entreprise entre la Suisse et les principaux pays producteurs de fruits de l’Union européenne (UE).

Méthode Les comparaisons portent sur les facteurs-clés en production de pommes (prix à la production de la meilleure qualité, pourcentage de classe I et rendement; selon

52

Recherche Agronomique Suisse 1 (2): 52–59, 2010

Mouron et Carint 2001), sur les coûts du travail et sur le nombre total d’heures de travail par exploitation. Quelques comparaisons ont été agrégées à partir de différentes sources et interprétées.

Résultats Prix à la production D’après Mouron et Carint (2001), le prix de la classe I est un facteur-clé, dans la mesure où le prix à la production a une influence prépondérante sur le revenu du travail. Les prix moyens à la production sont calculés à partir des pourcentages de chaque classe et des prix par classe. Lorsque les


résultats de la récolte (pourcentage de classe I) sont meilleurs, les prix moyens à la production ont tendance à augmenter. Le prix moyen à la production des principaux pays producteurs de pommes de l’UE est nettement plus faible qu’en Suisse. En comparant les prix à la production de la classe I pour la variété Elstar (Bravin et al. 2007), on voit que les prix suisses sont supérieurs de 80 % à ceux des Pays-Bas et d’Allemagne. En conclusion : les prix à la production (moyenne de toutes les classes) sont nettement plus élevés en Suisse que dans l’UE. Si le prix de la classe I devait descendre au niveau européen, le revenu du travail des producteurs s’en trouverait affecté de façon drastique. Qualité En Suisse, les résultats du triage varient fortement en fonction de la variété. Une enquête suisse a révélé qu’ils diffèrent notamment clairement entre les variétés à la mode (Gala et Braeburn) et les variétés classiques (Golden Delicious, Maigold, groupe Jonagold, Idared, Gravensteiner, Boskoop, Elstar et Topaz, Cox Orange) (Bravin et al. 2009). Jusqu’ici, il était admis que le pourcentage de pommes de classe I devait représenter au minimum 70 % de la récolte totale. Mais cela ne se vérifie que pour les variétés à la mode et pour Topaz. Ce pourcentage n’est pas atteint par les variétés standard (sauf Topaz), qui couvrent en Suisse 46 % des surfaces de pommiers (OFAG 20091).

Résumé

Comparaison internationale de la production de pommes | Economie agricole

Dans le cadre du projet ISAFRUIT, d’importants facteurs de technique de production (p. ex. rendements à la surface, résultats de triage) et d’économie d’entreprise (p. ex. nombre d’heures de travail et prix à la production) ont été comparés entre la Suisse et d’importants pays producteurs de pommes de l’Union européenne. Les prix à la production et les coûts du travail sont nettement plus élevés en Suisse que dans l’UE. En Suisse, les surfaces de pommiers par exploitation sont plus petites. Par ailleurs, il existe entre la Suisse et les pays producteurs de pommes voisins des différences de rendement à la surface et de résultats de triage en fonction des variétés.

Les pourcentages par classe suisses ont été comparés à ceux des Pays-Bas et d’Allemagne. Dans cette enquête, il n’a toutefois pas été possible de vérifier si les catégories des différents pays coïncidaient totalement. Aux Pays-Bas, les pourcentages de classe I d’Elstar atteignaient 75 % et 80 % en Allemagne (cf. l’enquête ISAFRUIT 2009 auprès des experts). En Suisse, Elstar ne fait pas partie des variétés principales; l’enquête ISAFRUIT a révélé que son pourcentage de classe I était de 64 % pour 2005 et 2006. Si l’on compare les résultats du triage des principales variétés aux Pays-Bas, en Allemagne, en France et en Suisse, les pourcentages fluctuent de 50

Prix aux producteurs (eur/tonne)

600 500 400 300 200 100 0

2004 France

2005 Italie

Pologne

2006 Allemagne

Espagne

2007 Pays-Bas

Suisse

Source : FAO 2009

Figure 1 | Prix moyens à la production des pommes dans certains pays de l’UE.

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Economie agricole | Comparaison internationale de la production de pommes

(Granny Smith en France) à 80 % (Elstar et Jonagold en Allemagne; Jonagold aux Pays-Bas). En conclusion: les variétés à la mode obtiennent d’aussi bons résultats en Suisse qu’en Allemagne et aux Pays-Bas. En revanche, les variétés classiques y affichent des taux de classe I inférieurs. Rendement Le rendement à la surface est un facteur-clé (Mouron et Carint 2001). Les Pays-Bas, la France et l’Italie enregistrent les rendements les plus élevés. En Suisse et en

Classe II

Classe I

Allemagne, les rendements ont fortement augmenté depuis 1998. Aujourd’hui, en Suisse, les rendements moyens des pommes de table se situent entre 30 et 35 t/ ha. L’enquête auprès des experts a livré des informations importantes pour cette étude, en provenance des PaysBas, d’Allemagne du Nord (région Altes Land), de France (région Provence-Alpes-Côte d’Azur) et de Suisse. Par exemple, les rendements des principales variétés produites par des exploitations professionnelles ont été confrontés. Aux Pays-Bas et en Allemagne, Elstar est la

Transformation

100%

Triage des récoltes (%)

90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Estimations

Topaz

Braeburn

Gala

Maigold

Boskoop

Jonagold, groupe

Idared

Golden Delicious

Source : Bravin et al. 2009

Figure 2 | Résultats du triage en Suisse de diverses variétés en pourcent. Valeur moyenne 2005 – 2006.

45 40 Rendement (t/ha)

35 30 25 20 15 10 5 0 1998 France

1999

2000 Italie

2001 Allemagne

2002

2003 Espagne

2004

2005

Pays-Bas

2006 Autriche

2007

2008

Suisse

Source : Eurostat 2009 (pays UE) et OFAG 20092 (Suisse).

Figure 3 | Rendement à la surface des pommes de table en Suisse et dans certains pays de l’UE.

54

Recherche Agronomique Suisse 1 (2): 52–59, 2010


Comparaison internationale de la production de pommes | Economie agricole

45

Platzhalter TAbelle

40 35 Rendement (t/ha)

30 25 20 15 10 5 0 Elstar Pays-Bas

Elstar Allemagne

Golden Delicious France

Golden Delicious Suisse

Source : Enquête ISAFRUIT 2009 auprès des experts (pays UE) et Bravin et al. 2009 (Suisse).

Figure 4 | Rendements moyens des variétés Elstar et Golden Delicious selon le pays.

variété principale, couvrant respectivement 45 % (Prakijkonderzeok Plant & Obveving B.V. 2009/10) et 30 % (Görgens 2009) des surfaces. En France, Golden Delicious domine avec 50 % des surfaces (DRAAF PACA 2007). En Suisse, Golden Delicious couvre 19 % des surfaces, soit autant que Gala. Ce sont les deux principales variétés (OFAG 20091). Les résultats de l’enquête auprès des experts montrent que les rendements moyens des principales variétés dans les trois pays de l’UE considérés et en Suisse sont différents. Les différences de rendement entre les producteurs suisses de fruits sont de plus très importantes (Bravin et al. 2009). En conclusion: les rendements suisses sont légèrement inférieurs à ceux des pays de l’UE étudiés (surtout les Pays-Bas et la France). En Suisse, la dispersion des rendements est très importante. Le pourcentage de surface occupé par les principales variétés est plus faible en Suisse que dans les pays de l’UE examinés dans cette étude. Travail D’après les modélisations (Arbokost 2009), les coûts du travail s’élèvent à 60 % des coûts totaux en Suisse et aux Pays-Bas, alors qu’ils n’atteignent que 40 à 50 % en Allemagne (estimation d’experts ISAFRUIT 2009). En puisant à différentes sources et grâce à diverses méthodes de recensement, les experts du projet ISAFRUIT ont pu établir une comparaison du nombre d’heures de travail par hectare. En Suisse, le résultat est de 540 h/ha

(Sichert et al. 2006). La comparaison montre qu’en Allemagne et aux Pays-Bas, on consacre moins de temps aux travaux de formation des arbres (60 h en Suisse, 0 h en Allemagne et 20 h aux Pays-Bas) et d’éclaircissage manuel (moins de la moitié du temps consacré en Suisse). Le salaire horaire de la main-d’œuvre arboricole extérieure est de 13 € en Suisse (Bergmann et Fueglistaller 2007), 7 € en Allemagne et 10 € aux Pays-Bas (enquête ISAFRUIT 2007 auprès des experts). En conclusion: les coûts du travail sont plus élevés en Suisse que dans les pays de l’Union européenne étudiés. Le chef d’exploitation et la main-d’œuvre familiale s’impliquent davantage en Suisse dans les travaux de production (comme l’éclaircissage à la main et la cueillette) et on consacre plus de temps aux travaux de formation des arbres et d’éclaircissage manuel. Surface des vergers La surface moyenne des vergers de pommiers par exploitation (au minimum 1 ha) atteint 9,5 ha aux Pays-Bas, 12 ha dans le Sud de la France et 2 ha en Suisse (enquête ISAFRUIT 2009 auprès des experts et OFAG 20093). Dans le nord de l’Allemagne, la surface moyenne des exploitations fruitières (100 % fruits) est de 12,5 ha (Görgens 2009). La distribution des exploitations en fonction de la surface de pommiers montre qu’il y a davantage d’exploitations de moins de 10 ha en Suisse. Toutefois, il existe des différences régionales: le Valais et le canton de Vaud affichent une plus grande surface de pommiers

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Economie agricole | Comparaison internationale de la production de pommes

par exploitation. L’étude ISAFRUIT (Mencarelli Hofmann 2009) montre qu’en Suisse, ce sont les exploitations possédant les plus grandes surfaces de pommiers qui réalisent les meilleurs rendements. Les exploitations avec des surfaces moindres ont moins de chances de succès. Comme les rendements ont une influence majeure sur le revenu, la spécialisation exerce une influence positive sur le revenu du travail en culture de pommiers. En conclusion: les exploitations suisses ont des ver-

1–10 ha de pommiers

10–20 ha de pommiers

gers de pommiers de surface inférieure à celles des régions comparables de l’UE. En Suisse, il existe de grandes différences régionales. Les exploitations helvétiques cultivant les plus grandes surfaces de pommiers et qui sont spécialisées réalisent de meilleurs rendements à la surface et peuvent ainsi tirer de cette production un revenu du travail plus élevé. Spécialisation plutôt que mixité En 2007, la Suisse comptait 3096 exploitations avec des

20–50 ha de pommiers

50–100 ha de pommiers

+100 ha de pommiers

Suisse

Sud de la France

Pays-Bas

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Source : Suisse : OFAG (20093), France : DRAAF PACA (2007), Pays-Bas : PPO (2009/10).

Nombre d’exploitations (en %) et surface des cultures de pommiers

Surface totale des cultures de pommiers par canton

Figure 5 | Distribution des exploitations en fonction de la surface des vergers de pommiers en Suisse, au Sud de la France et aux Pays-Bas.

1–5 ha

5–10 ha

10–20 ha

+20 ha

SG (195 ha) TG (1308 ha) VD (643 ha) VS (1170 ha) ZH (183 ha) 0%

20%

40%

60%

80%

100%

Nombre d’exploitations (en %) et surface (ha) des cultures de pommiers Source : OFAG 20093

Figure 6 | Distribution des exploitations en fonction de la surface de pommiers dans les principales régions de production de Suisse.

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Comparaison internationale de la production de pommes | Economie agricole

pommes. Pour le producteur de fruits, toute surface supplémentaire est un nouveau défi. Pour exploiter avec succès de nouveaux vergers de pommiers, il faut des ressources en matière de production et d’organisation. L’extension des surfaces en production fruitière génère aussi de nouveaux problèmes. La main-d’œuvre familiale atteint ses limites, nécessitant de rechercher et d’engager de nouveaux employés. L’organisation du travail prend donc une importance accrue. L’extension des surfaces requiert des producteurs de fruits de posséder de solides compétences en matière de gestion pour pouvoir réduire les pertes de revenu (Mouron et Scholz 2007).

vergers de pommiers (OFS 2009), dont 60 % pratiquaient aussi la production animale (production laitière ou élevage), 10 % d’autres cultures et 30 % d’autres cultures spéciales pérennes. En 2009, seules 220 exploitations suisses ont cultivé une surface de pommiers supérieure à 5 ha (OFAG 20093). La situation est différente en France, en Allemagne et aux Pays-Bas. En conclusion: la Suisse ne compte que peu d’exploitations spécialisées dans la production fruitière. La plupart des exploitations productrices de pommes sont des exploitations mixtes, qui produisent aussi du lait ou de la viande.

Branche de production principale: la pomme Les exploitations fruitières spécialisées pourraient, en rationalisant le travail, réduire leurs coûts de production. Les producteurs qui investissent davantage de temps dans les travaux de pré-récolte réalisent des rendements supérieurs et obtiennent une meilleure qualité (Mouron et Scholz 2007). D’après Mouron (2005), les arboriculteurs qui réussissent le mieux sont ceux qui réalisent des rendements élevés et stables. Les exploitations spécialisées sont celles qui peuvent le mieux améliorer leur productivité, car elles peuvent se concentrer sur les exigences de la production fruitière.

Conclusions Comparaison des données Suisse-UE La comparaison avec les principales régions fruitières de l’Union européenne a permis de constater que les principales différences entre les productions de pommes suisse et de l’Union européenne résident dans les facteurs suivants: • Prix à la production • Coûts du travail • Surface de pommiers par exploitation L’étude permet d’identifier d’importantes stratégies pour la production fruitière suisse et d’en débattre.

La bonne variété En choisissant les bonnes variétés, les producteurs de fruits peuvent réaliser de meilleurs rendements et obtenir une meilleure qualité. Avec des variétés club, des variétés gérées, voire une variété suisse exclusive (bonus swissness), les producteurs suisses peuvent se distinguer sur le marché de la pomme, se profiler et réaliser de meilleurs prix. On constate souvent une atomisation du choix variétal dans les exploitations suisses. En Allemagne, les pro-

Extension des surfaces La principale différence entre les exploitations suisses et celles d’Allemagne ou des Pays-Bas est la superficie des vergers de pommiers. Cependant, il n’est pas facile d’augmenter les surfaces en arboriculture fruitière. Il faut d’abord que le chef d’exploitation puisse acheter ou louer à proximité une surface convenant à la culture des

Tableau 1 | Branches de production des exploitations fruitières aux Pays-Bas, en Allemagne, France et en Suisse Pays-Bas

Allemagne

France

Suisse

Fruits uniquement

74%

100%

16%

30%*

Fruits et production végétale

19%

0%

84%

10%

Fruits et lait Fruits et viande

6%

0%

0%

60%

Sources : Pays-Bas : Centraal Bureau voor de Statistiek (2008) ; Allemagne : Statistisches Bundesamt Deutschland (2007) ; France : DRAAF PACA (2007) ; Suisse : OFS 2009. * 30 % : exploitations avec culture de pommes spécialisées dans les cultures pérennes (fruits, baies, vigne).

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Economie agricole | Comparaison internationale de la production de pommes

ducteurs de pommes cultivent en moyenne huit variétés, alors qu’en France et aux Pays-Bas, le choix est réduit à quatre variétés. Une concentration sur un nombre moindre de variétés – donc amélioration des rendements et de la qualité et réduction du travail – permettrait de réduire les coûts de production (rationalisation du travail) et d’améliorer le revenu du travail. Perspectives À l’avenir, la recherche suisse sera encore davantage sollicitée pour soutenir les producteurs de fruits en leur fournissant des connaissances en matière de production et d’économie d’entreprise. Dans le cadre du projet Interreg de gestion d’entreprise en arboriculture fruitière2, un projet du programme Interreg IV de vulgarisation et de recherche étudie des stratégies permettant de renforcer les compétences de gestion des arboriculteurs fruitiers. À l’avenir, les producteurs de fruits possédant de bonnes compétences managériales occuperont le devant de la scène. n

Encadré 1 | Le projet ISAFRUIT1

L’objectif du projet ISAFRUIT est d’augmenter durablement la consommation de fruits en Europe en proposant des fruits de haute qualité produits dans le respect de l’environnement. Au sein du projet ISAFRUIT, la recherche est développée tout au long de la filière dans les domaines suivants: consommation, santé, fruits transformés, techniques post-récolte, production (pré-récolte) et génétique. Des scientifiques de plus de 60 institutions de 16 pays différents travaillent à ce programme. Le slogan du projet est «from fork to farm» (de la fourchette à la ferme). ISAFRUIT est soutenu par le 6e Programme-cadre pour la recherche et le développement technologique de l’Union européenne. La Suisse participe au projet par l’intermédiaire de la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil (ACW), avec le concours de l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL) et de la Fruit-Union suisse.

ISAFRUIT est un projet financé par la Commission européenne sous la priorité thématique 5 (qualité et sécurité des denrées alimentaires) du 6 e Programme cadre de recherche (Contrat nº FP6-FOOD–CT-2006-016279). Cet article ne reflète pas la position officielle de la Commission européenne, mais uniquement celle des auteurs.

1

Partenaires du projet : Zentrum für Obstbau Bodensee, Steuerberatungsbüro Dr. Schneckenburger, Steuerberatungsbüro Waggershauser, AGRIDEA, AgroTreuhand Thurgau, Agroscope Changins-Wädenswil (ACW), Kanton Thurgau Fachstelle Obst- und Rebbau, Kanton St. Gallen, Fachstelle für Obstbau.

2

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Recherche Agronomique Suisse 1 (2): 52–59, 2010


Confronto internazionale della produzione di mele Nell’ambito del progetto ISAFRUIT, importanti fattori, relativi alla tecnica di produzione (p. es. resa per super­ ficie, resultati di selezione) ed all’economia aziendale (numero ore di lavoro, prezzo alla produzione), sono stati messi a confronto tra Svizzera e importanti paesi produttori di mele dell’Unione europea. I prezzi alla produzione e i costi di lavoro sono nettamente più elevati in Svizzera rispetto all’UE. In Svizzera le superfici aziendali coltivate a melo sono inferiori. D’altro canto esiste tra Svizzera e i paesi produttori di mele vicini differenze di resa per superficie e di risultati di selezione in funzione delle varietà.

Bibliographie b A greste, 2007. Enquête Vergers 2007 (DRAAF PACA), Ministère de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche, France. b A rbokost 2009. Betriebswirtschaftliches Simulationsprogramm, Agroscope Changins-Wädenswil ACW. URL : www.arbokost.info-acw.ch b B ergmann H. & Fueglistaller U., 2007. Auswirkungen eines Agrarfrei­ handelsabkommens CH-EU auf die Produktion und den Grosshandel von Tafeläpfeln, Lagerkarotten und Rispentomaten in der Schweiz. Forschungsbericht Schweizerisches Institut für Klein- und Mittelunternehmen (KMU-HSG), Universität St. Gallen. b B ravin E., Schreuder R., Peppelmann G., Görgens M. & Fricke K., 2007. PROFITFRUIT First results – Poster, ISAFRUIT General meeting 2007, Bologna. b B ravin E., Kilchenmann A., Gilg R. & Leumann M., 2009. Sortierergebnisse unter der Lupe. Früchte und Gemüse 76 (7), 14 – 16, Zug. b Centraal Bureau voor de Statistiek, 2009. Landen tuinbouwcijfers 2008. LEI-rapport 2008-048, LEI Wageningen UR, Pays-Bas. b F ood and agriculture organisation FAO, 2009. FAOSTAT – Agriculture. URL : www.fao.org. b G örgens M., 2009. Niederelbe Baumobsterhebung 2007. Monatsschrift 97 (2), 88 – 90, Bonn, Allemagne b E urostat, 2009. Pflanzliche Erzeugnisse – Obst und Gemüse. Eurostat Datenbank. URL: http://epp.eurostat.ec.europa.eu/portal/page/ portal/statistics/search_database b M encarelli Hofmann D., 2009. Für eine nachhaltige Wirtschaftlichkeit im Apfelanbau. Agrarforschung 16 (03), 58 – 63. b M ouron P. & Carint D., 2001. Rendite-Risiko-Profil von Tafelobstanlagen. Schweiz. Z. Obst-Weinbau 137, 78 – 81. b M ouron P., 2005. Ecological-Economic Life Cycle Management of Perennial Tree Crop Systems : The Swiss Fruit Farms. Thèse ETH n° 15899, Zurich. b M ouron P. & Scholz R. W., 2007. Management Influence on Income

Summary

Riassunto

Comparaison internationale de la production de pommes | Economie agricole

International comparison in apple production Within the ISAFRUIT project, important production-related (for example yield and grading results) and economic (working hours and producer prices) dimensions were compared between Switzerland and main apple growing EU countries. Producer prices and labor costs are higher in Switzerland than in European Union. Apple surfaces per farm are clearly smaller in Switzerland. Dependent on the cultivar, yield and grading results may differ between Switzerland and the EU countries considered. Key words: apple production, international comparison, key factors.

b b b

b

b b

b b

Risk in an Apple Production System on Swiss Fruit Farms. International Journal of Fruit Science 7 (4), 47 – 70. O ffice fédéral de l’agriculture, 2009 1. Cultures fruitières en Suisse – Statistique des surfaces 2009, URL : www.blw.admin.ch. O ffice fédéral de l’agriculture, 2009 2. Estimations de récolte 1998 – 2007. URL: www.blw.admin.ch O ffice fédéral de l’agriculture, 20093. Statistique des classes de grandeur des exploitations par canton 2009, banque de données Obst.ch. URL : https://obst.admin.ch O ffice fédéral de la statistique, 2009. Recensement fédéral des entreprises 2007. Banque de données interactive du secteur primaire. URL : www.ofs.admin.ch P rakijkonderzoek Plant & Omgeving B.V. – Sector fruit, 2009/10. Kwantitatieve Informatie Fruittelt 2003/2004. Wageningen UR, Pays-Bas. Sichert I., Heitkämper K., Schick M. & Marbé-Sans D., 2006. Arbeitswirtschaftliche Kennzahlen zur Tafelapfelproduktion, ART-Bericht n° 663/2006. Statistisches Bundesamt Deutschland, 2007. Baumobsterhebung 2007, Allemagne. Zentrale Markt- und Preisberichtstelle ZMP, 2008. ZMP-Marktbilanz Obst 2008, 160 – 170, Bonn, Allemagne.

Enquête ISAFRUIT 2009 auprès des experts : Pays-Bas: Peter Roelofs, Applied Plant Research Wageningen (WUR-PPO) Allemagne: Karin Fricke, Obstbauversuchsring Altes Land France: Guillaume Nieuwjaer, Service régional de l’information statistique et économique, DRAAF-PACA. Enquête ISAFRUIT 2007 auprès des experts : Pays-Bas: Remco Schreuder, Applied Plant Research Wageningen (WUR-PPO) Allemagne: Matthias Görgens, Obstbauversuchsring Altes Land.

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P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Facteurs décisionnels pour la culture de plantes transgéniques Jennifer Schweiger, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen Renseignements : Jennifer Schweiger, e-mail : jennifer.schweiger@art.admin.ch, tél. +41 (0)52 368 31 31

Paysage agricole du plateau suisse. (Photo : M.Schick, ART)

Introduction Si la culture de plantes génétiquement modifiées (PGM) vient à être autorisée après l’expiration du moratoire sur le génie génétique, il sera essentiel de savoir quelle importance aura cette nouvelle technologie pour les agriculteurs suisses et quels facteurs influeront sur la décision de recourir à la culture transgénique. Par exemple, les caractéristiques des cultures transgéniques, comme la modification spécifique induite par génie génétique, ou les caractéristiques propres à l’exploitation ou encore la surface des différentes cultures joueront-elles un rôle, ou bien le profil du chef d’exploitation, tel que son niveau de formation, aura-t-il une influence sur sa volonté de recourir aux cultures transgéniques? Des études de ce type ont été effectuées dans des pays qui pratiquent déjà les cultures transgéniques (analyses ex-post). La décision des agriculteurs de recourir aux cultures transgéniques et les facteurs d’influence pris en compte ont jusqu’à présent essentiellement été étudiés dans l’espace américain. Les différences relevées portent sur

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Recherche Agronomique Suisse 1 (2): 60–65, 2010

les déterminants identifiés par rapport au consentement à cultiver des PGM. Chimmiri (2006) justifie ce résultat par les différences géographiques et par les diverses méthodes de recherche. Useche et al. (2005) l’expliquent en soulignant les propriétés spécifiques des cultures génétiquement modifiées. Suivant l’objectif de la modification génétique, d’autres facteurs d’influence pourraient interférer dans le processus de décision. Les agriculteurs s’attendent à une simplification de la gestion de leur exploitation grâce à des cultures tolérantes aux herbicides (cultures TH) et à une maîtrise plus efficace des adventices. L’application d’un herbicide total non sélectif réduit la complexité du mélange, sachant que les économies potentielles dépendent de la taille de l’exploitation. Pour les agriculteurs, l’avantage des cultures à effet insecticide comme le maïs de type Bt est qu’elles ne nécessitent pas d’adapter l’application de l’insecticide au cycle du vie de la pyrale du maïs et qu’elles réduisent les pertes de rendements dues à ce ravageur (Marquard 2005; Merrill 2005). Différents résultats relatifs aux facteurs jugés importants se trouvent


également dans les études de Fernandez-Cornejo et McBride (2002). Tous deux ont constaté que la taille de l’exploitation ainsi qu’un niveau de formation supérieur influaient de manière positive sur l’adoption de maïs de type TH et Bt, tandis qu’aucune relation statistique semblable n’a pu être établie pour le soja TH. Toutefois, pour le soja TH, on a relevé une influence comparable de l’expérience professionnelle. L’importance majeure du niveau de formation associée aux avantages apportés par une gestion plus simple des adventices grâce à l’utilisation de cultures tolérantes aux herbicides permettent de conclure que les conditions d’application de la technologie sont plus faciles à saisir pour les utilisateurs potentiels qui bénéficient d’un niveau de formation supérieur. Un article similaire d’Alexander et al. (2003) a indiqué des différences pour les facteurs nombre de différentes cultures mises en place (effet positif pour le maïs de type Bt) et niveau de formation, ce dernier point n’ayant un impact négatif significatif que sur le soja TH. Les travaux de Darr et Chern se présentaient de la même manière du point de vue de la méthode et de l’approche locale (2002). Leur modèle a lui aussi mis en évidence des différences en ce qui concerne la signification des variables pour chaque type de culture. Les économies de pesticides attendues de même que la réduction des pertes escomptée exerçaient une influence positive sur la décision de cultiver du maïs Bt, tandis que les doutes qui pesaient sur les possibilités de commercialisation avaient un effet négatif. Ces paramètres n’avaient néanmoins aucune répercussion statistique sur la volonté de cultiver du soja TH. Dans le cas du maïs sucré, qui est produit essentiellement pour l’alimentation humaine, il est compréhensible que les agriculteurs craignent un accès restreint au marché, tandis que, dans le cas du soja, ce facteur ne joue pas un grand rôle car la majeure partie de la production est destinée à l’alimentation animale. Par contre le facteur réduction potentielle des coûts de production grâce à l’utilisation de plantes transgéniques a joué un rôle significatif dans la volonté de cultiver du soja TH. Les travaux mentionnés ci-dessus sont tous des études ex-post effectuées pour l’espace américain et basées sur la même méthode. Les résultats n’en sont pas moins difficilement comparables, car les variables utilisées ne sont pas identiques. Sur la base de ces résultats, on admet que les déterminants du consentement des agriculteurs à cultiver des PGM peuvent varier dans une même région d’étude en Suisse, suivant le type de modification génétique des cultures.

Méthode Les données de la présente étude ont été collectées dans le cadre d’interviews avec des agriculteurs de sexe mas-

Résumé

Facteurs décisionnels pour la culture de plantes transgéniques | Production végétale

Après l’expiration du moratoire sur le génie génétique, la culture de plantes génétiquement modifiées (PGM) pourrait devenir une option en Suisse aussi. Quelle serait l’importance de cette nouvelle technologie pour les agriculteurs et quels sont les facteurs qui pourraient influer sur la décision de recourir à la culture transgénique? Des interviews ont été réalisées avec des agriculteurs d’une région donnée et analysées à l’aide d’une méthode statistique spécifique permettant d’identifier les déterminants du consentement à cultiver des PGM et les principaux facteurs d’influence. Les résultats montrent que les caractéristiques propres aux cultures, telles que la modification spécifique induite par génie génétique, jouent un rôle important dans le cadre du processus de décision. Indépendamment des cultures concernées, l’environnement social est également décisif, d’autant que le processus de décision ne peut s’appuyer sur des valeurs empiriques.

culin, effectuées en 2008 dans une région du canton de Zurich, caractérisée par un fort pourcentage d’exploitations de grandes cultures d’une taille correspondant à la moyenne des exploitations en Suisse. Les cultures intéressantes pour l’étude (maïs, colza et blé) y sont très largement représentées. 74 pourcent des agriculteurs exploitant des surfaces dans cette région ont participé à une interview personnelle (n = 61). Les participants ont été priés à l’aide d’un questionnaire standard de donner leur avis sur des affirmations relatives aux propriétés des cultures transgéniques et d’évaluer leur consentement personnel à cultiver des plantes transgéniques au cas où elles viendraient à être autorisées. Les agriculteurs seront-ils prêts à cultiver des PGM? Ils disposaient de cinq possibilités pour répondre à cette question: «oui, certainement», «oui, probablement», «non, probablement pas», «non, certainement pas» et «sans avis». Les agriculteurs avaient le choix entre les cultures suivantes: maïs tolérant à la pyrale (maïs Bt), maïs ou colza tolérants aux herbicides (maïs TH / colza TH) et blé tolérant aux fusarioses (blé Ft). Le questionnaire a également permis de collecter des informations socio-économiques sur l’exploitation et la personne. La méthode choisie pour identifier les déterminants possibles d’un consentement potentiel à la culture des plantes transgéniques mentionnées est celle de la régression logistique binaire (variable dépendante avec deux résultats: 0 / 1). Eu égard au petit nombre d’observations et au petit nombre de variables indépendantes Recherche Agronomique Suisse 1 (2): 60–65, 2010

 61


Production végétale | Facteurs décisionnels pour la culture de plantes transgéniques

autorisées dans le modèle, les réponses obtenues dans l’enquête ont été transformées en deux groupes pour la variable dépendante «Consentement à la mise en place des cultures». «Oui» correspond aux réponses «oui, certainement» et «oui, probablement» (le même procédé a été appliqué au «non»). Les agriculteurs «sans avis» ont été exclus de l’analyse.

La constante du modèle est représentée par β 0, les coefficients de régression βi’s. ui représentent le facteur de perturbation. Si βi est positif (c’est-à-dire que e β > 1), , la probabilile rapport de probabilité augmente de té d’occurrence P augmente elle aussi (Y = 1). Si βi est négatif (c’est-à-dire que e β < 1), le rapport de probabilité baisse (tabl. 1).

Modèle d’estimation Le logit (Z) de la régression logistique représente l’effet des variables indépendantes (Xi) sur la probabilité d’occurrence (formules selon Backhaus 2003). Le logit correspond au logarithme de Odds, c’est-à-dire la probabilité d’obtenir un événement (y = 1) plutôt que son contraire. Tandis que le numérateur P (Z = 1) indique la probabilité de culture de plantes transgéniques, la probabilité de la production exempte de PGM est représentée dans le dénominateur:

Résultats et discussion

Les probabilités d’occurrence pour y =  1 se calculent comme suit: Le facteur d’influence apparaît concrètement à travers le ratio de Odds:

Un total de 82 % des exploitations de l’échantillon (n = 61) sont exploitées à plein temps. Les exploitations disposent en moyenne de 13 hectares de terres ouvertes. D’après les résultats des interviews, cette surface est occupée en moyenne à 22 % par du maïs, à 32 % par du blé et à 8 % par du colza. Dans ces cultures, presque toutes les personnes interrogées doivent faire face aux infestations de la pyrale du mais, aux fusarioses et lutter contre la pression des adventices. Dans la plupart des cas, l’infestation est jugée de faible importance. Seules 34 % des personnes interrogées ont recours aux auxiliaires Ichneumonidés pour lutter contre la pyrale du maïs (aucune alternative n’est autorisée en Suisse), 44 % appliquent des fongicides dans les cultures de blé (ce faible pourcentage est dû aux prescriptions extenso suivies par un grand nombre). Environ 97 % des agriculteurs interrogés utilisent des herbicides dans le colza et le maïs. Près de la moitié d’entre eux ont suivi une formation complémentaire à la formation agricole de base, comme

Tableau 1 | Définition des variables Variables

Description

Code

Appréciation d‘une utilisation personnelle de maïs Bt, de colza / maïs TH, de blé résistant aux fusarioses

1 = oui 0 = non

Risque de croisement_maïs Risque de croisement_colza Risque de croisement_blé

Estimation des risques de croisement

1 = convaincu qu’il existe un risque de croisement, autre réponse = 0

Part_maïs Part_colza Part_blé

Pourcentage de chaque culture dans les terres ouvertes par exploitation

Continu [%]

Charge de travail au champ

Modification attendue de la charge de travail au champ

1 = estime que la charge de travail au champ diminuera grâce à l’utilisation des PGM, autre réponse = 0

Niveau de formation

Niveau de formation agricole

1 = niveau de formation supérieur (au-delà de la formation de base), autre réponse = 0

Estimation de la position du voisin

Estimation de l’utilisation future de cultures transgéniques par le voisin

1 = s’attend à ce que le voisin utilise des PGM, autre réponse = 0

Infestation par la pyrale du maïs Pression des adventices Infestation par les fusarioses

Infestation plutôt élevée par la pyrale du maïs (sans utilisation d’Ichneumonidés) / pression des adventices (avec emploi d’herbicides) / maladies fongiques (avec et sans fongicides)

1 = oui, autre réponse = 0

Exploitation à plein temps

Exploitation comme activité à plein temps

1 = exploitation à plein temps, autre réponse = 0

Revenu

Niveau du revenu total imposable

1 = plus de 80 000 CHF 0 = moins de 80 000 CHF

Variable dépendante Culture Prédicteurs

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Facteurs décisionnels pour la culture de plantes transgéniques | Production végétale

l’école de maîtrise. La majorité des personnes interrogées indiquent un revenu compris entre 40 000 et 60 000 francs suisses.

Part en pourcentages

Consentement potentiel à la culture des PGM Les agriculteurs ont été priés d’indiquer leur consentement potentiel à cultiver des PGM. Si l’on compare les cultures, on constate que le blé Ft (blé résistant aux fusarioses) est davantage plébiscité que le maïs / colza TH (maïs ou colza résistants aux herbicides). Le consentement à la culture de maïs Bt (maïs à effet insecticide) reflète le consentement potentiel en général (fig. 1). Les résultats des analyses de régression montrent que les coefficients de régression contribuent à expliciter les variables dépendantes. Les tests de validité du modèle, comme le test Hosmer-Lemeshow, indiquent qu’il faut s’attendre à des écarts aléatoires entre les valeurs calculées et les valeurs observées empiriquement. Ceci permet donc de bien prévoir l’influence des prédicteurs sur la variable dépendante. Le modèle de régression qui a servi à étudier les facteurs déterminants le consentement potentiel à cultiver du maïs Bt, montre que deux facteurs exercent une influence significative sur l’éventualité d’un consentement à la culture de maïs Bt. Un élément est très significatif dans ce modèle: il s’agit de l’effet d’un consentement supposé à la culture de PGM de la part d’une ou plusieurs exploitations voisines. Lorsque l’agriculteur suppose que son voisin est disposé à mettre en place des cultures transgéniques, les chances qu’il mette lui-même en place du maïs Bt sont multipliées par douze. La charge de travail au champ, que l’on estime moindre avec les PGM, est un avantage qui joue un grand rôle quant au consentement potentiel à la culture des PGM. Les chances de mise en place de telles cultures sont multipliées par trois si l’agriculteur espère un tel avantage. Le facteur infestation par la pyrale du maïs n’a aucun effet statistique. Ce phénomène peut s’expliquer par le

fait qu’il est difficile d’estimer les infestations qui varient chaque année (tabl. 2). Dans le modèle de régression qui analyse les facteurs du consentement à la culture de maïs TH / colza TH (tabl. 3), quatre facteurs ont pu être identifiés comme statistiquement significatifs. Contrairement au maïs Bt, les possibilités de consentement à la culture de maïs TH ou de colza TH ne sont pas uniquement influencées par la mise en place supposée de PGM par le voisin et par la charge de travail au champ estimée plus réduite. La part de maïs dans les terres ouvertes et le revenu jouent également un rôle. Si l’agriculteur estime que la mise en place de cultures transgéniques lui permettra de réduire la charge de travail au champ, la chance qu’il cultive du colza TH et du maïs TH est multipliée par huit. Par contre, un pourcentage en hausse de la surface de maïs dans les terres ouvertes de l’exploitation et un revenu élevé réduisent les éventualités de consentement potentiel. Le ratio de Odds élevé des prédicteurs risque de croisement_colza et pression des adventices indique une influence marquée sur la disposition à mettre en place des cultures TH. L’exploitation potentielle de blé Ft par le voisin constitue également un facteur significatif et explicatif dans le modèle de régression du blé Ft. Il en va de même pour le revenu, qui, lui, réduit les chances de mise en place des PGM. Contrairement aux autres régressions, la charge de travail au champ, estimée plus réduite avec les PGM, n’a pas d’influence statistique significative. C’est pareil pour le niveau de formation. Dans ce cas, étant donné le ratio de Odds élevé de 3,025, on ne peut exclure un effet dans la réalité (tabl. 4).

Tableau 2 | Régression logistique du consentement

potentiel à la culture de maïs Bt Prédicteur

Coefficient

Ratio de Odds

(erreur standard)

Charge de travail au champ

–1,191 (0,710)*

3,289

Part_maïs

–0,022 (0,022)

0,979

40

Risque de croisement_maïs

–0,578 (0,753)

0,561

35

Infestation par la pyrale du maïs –0,950 (1,368)

0,387

Position du voisin

–2,513 (0,883)***

12,345

Niveau de formation

–0,706 (0,794)

2,027

Revenu

–0,150 (1,218)

0,861

20

Constante

–2,814 (1,040)

0,060

15

Evaluation du modèle Hosmer et Lemeshow

P = 0,659

Test des quotients Likelihood

P = 0,013

5

R carré de Nagelkerke

0,373

0

Correct Oui (%)

75,0

Correct Non (%)

72,2

Correct Total (%)

74,1

30 25

10

Blé Ft

Maïs Bt

Maïs TH/ Colza TH

Figure 1 | Consentement potentiel à la culture des PGM (somme des réponses : «oui, certainement» et «oui, probablement»).

*** Niveau de signification 1%. * Niveau de signification 10 %.

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Production végétale | Facteurs décisionnels pour la culture de plantes transgéniques

Tableau 3 | Régression logistique du consentement

potentiel à la culture de maïs TH/colza TH Prédicteur

Coefficient

Odds Ratio

(erreur standard)

Charge de travail au champ

–2,135 (0,905)**

8,460

Part_colza

–0,027 (0,050)

1,027

Part_maïs

–0,053 (0,030)*

0,949

Risque de croisement_maïs

–1,433 (0,964)

0,239

Risque de croisement_colza

–1,138 (0,949)

3,120

Pression des adventices

–1,474 (1,232)

4,369

Position du voisin

–3,508 (1,125)***

33,380

Niveau de formation

–1,011 (1,000)

2,747

Revenu

–2,940 (1,541)*

0,053

Constante

–4,256 (1,402)***

0,014

Evaluation du modèle Hosmer et Lemeshow

P = 0,463

Test des quotients Likelihood

P = 0,003

R au carré de Nagelkerke

0,495

Correct Oui (%)

90,7

Correct Non (%)

58,8

Correct Total (%)

81,7

*** Niveau de signification 1%. ** Niveau de signification 5 %. * Niveau de signification 10 %.

Conclusions • Les analyses de régression montrent des différences en ce qui concerne les facteurs identifiés comme statistiquement significatifs dans les modèles.1 A l’exception du modèle de régression du blé Ft, le prédicteur charge de travail au champ a pu être identifié comme un facteur déterminant dans les décisions des agriculteurs. • Comme cela a déjà été mentionné, les avantages supposés de la culture des PGM jouent, selon la littérature, un rôle majeur dans le processus de décision des agriculteurs. • Le fait que le prédicteur charge de travail au champ ne soit pas significatif dans le modèle de régression du blé, renforce cette supposition car, dans ce cas, la modification génétique n’a guère d’influence sur la charge de travail, mais plutôt sur les pertes de rendement et la charge en mycotoxines du produit final. • A l’exception du modèle de régression du maïs Bt, un revenu élevé a un impact négatif sur la disposition à cultiver des PGM. Il se peut que les exploitations à faible revenu aient des attentes plus élevées par rapport aux avantages financiers que pourraient leur apporter les cultures transgéniques. • La difficulté à estimer les dégâts causés par la pyrale du maïs est étroitement liée à l’impossibilité de chiffrer les pertes de revenus et pourrait expliquer l’ab-

sence de signification statistique du facteur revenu par rapport à la disposition potentielle à cultiver du maïs Bt. • Indépendamment de la culture et de la modification génétique, le facteur position du voisin a été identifié comme statistiquement significatif dans tous les modèles de régression. Si l’agriculteur suppose que son voisin a un avis positif sur les cultures transgéniques, les chances qu’il mette en place des PGM sont multipliées dans tous les modèles. L’environnement social semble donc être un critère essentiel dans la prise de décision. Cette conclusion se recoupe avec le résultat d’une analyse ex-ante sur la disposition à la culture de colza génétiquement modifié en Allemagne (Breustedt 2008). L’environnement social n’a pas été pris en compte dans les études ex-post présentées. La question est de savoir si l’opinion des voisins, agriculteurs et agricultrices, dans les études exante (avant la libéralisation de la mise en place des cultures transgéniques) a plus d’importance que dans les études ex-post, car dans le premier cas, on ne dispose encore d’aucune valeur d’expérience de la part des agriculteurs. On peut néanmoins le supposer car avant d’adopter une nouvelle technologie, les agriculteurs attendent de savoir ce que font leurs collègues pour ne pas être exposés seuls aux pressions de l’environnement social (Voss 2009). Par conséquent, l’environnement social semble avoir une influence décisive sur le consentement potentiel à la mise en place de cultures transgéniques. Quel sera son rôle en Suisse, notamment à cause des petites structures Tableau 4 | Régression logistique du consentement poten­

tiel à la culture de blé résistant aux fusarioses Prédicteur

Coefficient

Charge de travail au champ

–0,987 (0,686)

2,684

Part_blé

–0,023 (0,024)

0,977

Risque de croisement_blé

–1,090 (0,789)

0,336

Position du voisin

–1,974 (0,723)***

7,201

Niveau de formation

–1,107 (0,728)

3,025

Revenu

–2,342 (1,324)*

0,960

Constante

–1,607 (1,111)

0,200

Evaluation du modèle Hosmer et Lemeshow

P = 0,234

Test des quotients Likelihood

P = 0,003

R au carré de Nagelkerke

0,399

Correct Oui (%)

80,6

Correct Non (%)

72,7

Correct Total (%)

77,6

*** Niveau de signification 1%. ** Niveau de signification 5 %. * Niveau de signification 10 %.

Les résultats de l’enquête doivent être interprétés avec prudence. En effet, on ne peut exclure des divergences dans les réponses car les agriculteurs ne disposent d’aucune valeur d’expérience.

1

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Ratio de Odds

(erreur standard)


Facteurs décisionnels pour la culture de plantes transgéniques | Production végétale

Fattori per la coltivazione di piante geneticamente modificate Alla scadenza della moratoria sull’ingegneria genetica, la coltivazione di colture geneticamente modificate potrebbe diventare un’alternativa anche in Svizzera. Quanto sarà importante questa nuova tecnologia per gli agricoltori e quali fattori incideranno sulla decisione di ricorrere a colture geneticamente modificate? In una regione determinata sono state condotte e in seguito esaminate delle interviste, utilizzando un metodo statistico per identificare specifici fattori determinanti relativi alla disponibilità a coltivare OGM e i principali fattori d’influenza. I risultati mostrano che le caratteristiche proprie delle colture, quali la modifica specifica indotta per ingegneria genetica, ricoprano un ruolo importante nell’ambito del processo decisionale. Indipendentemente dalle colture in questione l’ambiente sociale è ugualmente decisivo, tanto più che il processo di decisione non può appoggiarsi su valori empirici.

Bibliographie b A lexander C., Fernandez-Cornejo J. & Goodhue R. E., 2003. Effects of the GM controversy on IOWA corn-soybean farmers’ acreage allocation decisions. Journal of Agricultural and Resource Economics 28 (3), 580 – 595. b B ackhaus K., Erichson B., Plinke W. & Weiber R., 2003. Multivariate Analysemethoden. Eine anwendungsorientierte Einführung, 10. Auflage. Springer-Verlag Berlin p. 425 – 489. b B reustedt G., Müller-Scheeßel J. & Meyer-Schatz H. M., 2008. Unter welchen Umständen würden deutsche Landwirte gentechnisch veränderten Raps anbauen? Ein Discrete Choice Experiment. Schriften der Gesellschaft für Wirtschafts- und Sozialwissenschaften des Landbaues e.V. vol. 43, 123 – 131. b Chimmiri N., Tudor K. W. & Spaulding A. D., 2006. An analysis of McLean County, Illinois farmers’ perceptions of genetically modified crops. AgBio-Forum 9 (3), 152 – 165. b D arr D. A. & Chern W. S., 2002. Analysis of genetically modified organism adoption by Ohio grain farmers. In: ICABR Conference on agricultural Biotechnology: New Avenues for Production, Consumption and Technology Transfer. Ravello, Italy.

question fera l’objet de futures recherches, également à l’aide d’un système d’information géographique.

Summary

Riassunto

qui caractérisent l’espace rural, dans l’optique de la cohabitation entre cultures génétiquement modifiées et cultures sans manipulation génétique? Cette

n

Factors influencing the potential cultivation of transgenic crops If the cultivation of transgenic crops is permitted after the Swiss moratorium on the commercial cultivation of GMPs expiration, it will be of interest to investigate the importance of this new technology and the factors influencing the decision to cultivate GM crops. Using a specific statistical method, interviews conducted with farmers of a research region are analysed with regard to the determinants of the potential willingness to cultivate those crops. Crop-specific characteristics are shown to be important in the decisionmaking process. Irrespective of the crops, the social environment plays a decisive role in decision-making, and seems to exert a stronger effect in the absence of experience in cultivating transgenic crops. Key words: transgenic crops, Switzerland, determinants.

b F ernandez-Cornejo J. & McBride W. D., 2002. Adoption of bioengineered crops. Economic Research Service, United States Departement of Agriculture, Washington, D.C. b M arquard E. & Durka W., 2005. Auswirkungen des Anbaus gentechnisch veränderter Pflanzen auf Umwelt und Gesundheit: Potentielle Schäden und Monitoring. UFZ-Umweltforschungszentrum Leipzig-Halle GmbH, Halle. b M errill J., Goldberger J. & Foltz J., 2005. The adoption of genetically engineered crop varieties in Wisconsin (Program on Agricultural Technology Studies (PATS)). Cooperative Extension, University of Wisconsin, Madison. b Useche P., Barham B. & Foltz J., 2005. A trait specific model of GM crop adoption among U.S. corn farmers in the upper midwest. In: AAEA, in Rhode Island. b Voss J., Spiller A. & Enneking U., 2009. Zur Akzeptanz von gentechnisch verändertem Saatgut in der deutschen Landwirtschaft. Agrarwirtschaft 58 (3), 155 – 165.

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P r o d u c t i o n

a n i m a l e

Influence d’un déficit énergétique sur la composition du lait Isabelle Morel1, Marius Collomb1, Anette van Dorland2 et Rupert Bruckmaier2 1 Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 1725 Posieux 2 Physiologie vétérinaire, Faculté Vetsuisse de l’Université de Berne, 1725 Posieux Renseignements : Isabelle Morel, e-mail : isabelle.morel@alp.admin.ch, tél. +41 26 407 72 46

Introduction En phase de début de lactation, un bilan énergétique négatif est quasi inévitable pour la vache à haute production, mais cette situation semble moins problématique à partir du troisième mois de lactation. Elle peut néanmoins survenir à l’alpage ou lors de périodes de pâture dans des conditions difficiles. Selon Leiber (2005), ce déficit énergétique pourrait expliquer certaines modifications de la composition de la matière grasse du lait produit en altitude. Cet essai fait directement suite à une première expérimentation, au cours de laquelle 28 vaches ont été suivies en deux groupes pendant tout le tarissement puis alimentées de la même manière pendant les 12 à 18 premières semaines de lactation (Morel et al. 2008). La composition de la graisse corporelle et de la matière grasse du lait de ces vaches étant connues, les conditions sont réunies pour tenter d’expliquer les effets d’un déficit énergétique sur la composition de la matière grasse du lait.

Bilan NEL-C

Bilan NEL-D

10 5

–25 –30

Post-expérimentale 2

Post-expérimentale 1

–20

Essai 2

–15

Essai 1

–10

Adaptation déficit

–5 Adaptation

Le déficit énergétique a été provoqué principalement par une réduction des apports d’aliments concentrés, le foin étant donné ad libitum.

Bilan NEL, MJ/Jour

0

Figure 1 | Bilan NEL estimé durant les différentes phases de l’essai.

66

Recherche Agronomique Suisse 1 (2): 66–73, 2010


Influence d’un déficit énergétique à partir du troisième mois de lactation sur la composition du lait | Production animale

Résumé

Méthode Réalisation du projet Les conditions expérimentales et la composition des aliments expérimentaux sont données dans les tableaux 1 à 3. En raison d’une répartition des vêlages sur une période d’environ deux mois, l’essai a été réalisé en deux séries selon le même modèle. Une première série a débuté avec les 12 vaches les plus avancées dans la lactation alors que la deuxième série a débuté dès que la dernière vache avait terminé sa 12e semaine de lactation. Ainsi les vaches se trouvaient en moyenne en 14 e semaine de lactation au début de la période d’adaptation (minimum 12e ; maximum 18e semaine). Pour la mise en valeur, les résultats des deux séries (24 vaches) ont été réunis, à l’exception de ceux relatifs à l’ingestion et au bilan énergétique (voir ci-après).

Résultats Evolution de l’ingestion et bilan énergétique Le passage de la stabulation libre, durant la semaine d’adaptation, à la stabulation entravée, lors de la semaine d’adaptation au déficit et des deux semaines de déficit, a engendré une baisse de l’ingestion, aussi bien pour le groupe de contrôle C (–1,4 kg MS/j) que pour le groupe déficit D (environ –3 kg MS/j). De plus, les refus pesés manuellement ne sont plus qu’un mélange d’ensilages, de foin (humidifié par l’ensilage) et de restes éventuels d’aliment concentré, dont il est difficile d’estimer les proportions exactes de chaque composant. C’est pourquoi le bilan énergétique donné à la figure 1, qui se base uniquement sur les résultats des vaches de la série 1, doit être considéré à titre indicatif, les valeurs n’étant pas à prendre de façon absolue. Cependant, le déficit énergétique planifié de 15 MJ par jour durant deux semaines semble avoir été atteint. Suite à la baisse de l’in-

Un essai a été mis en place dans le but d’étudier l’effet d’un déficit énergétique de l’ordre de 15 MJ par jour pendant deux semaines sur la composition de la matière grasse du lait. Vingt-quatre vaches en début de phase de pleine lactation ont été réparties en deux variantes après avoir été nourries selon le même régime (foin, mélange d’ensilages d’herbe et de maïs, pommes de terre, concentrés énergétique et protéique, aliment minéral) et gardées dans les mêmes conditions depuis le vêlage. Dans la variante C (Contrôle), les vaches ont été nourries selon les recommandations, alors que dans le groupe D (Déficit), les vaches ont été mises progressivement en situation de déficit énergétique pour atteindre un bilan énergétique de –15 MJ/jour sur une durée de deux semaines. Cette phase a été suivie par deux semaines de retour à un approvisionnement selon les recommandations. Durant la phase de déficit, le poids vif, le BCS (body condition score ou note d’état corporel), la production laitière et le taux protéique ont diminué alors que le taux de matière grasse et d’urée dans le lait ont augmenté. Tendanciellement, par rapport aux valeurs mesurées durant la phase d’adaptation, la composition de la matière grasse du lait a été modifiée sous forme d’une augmentation des acides gras (AG) longs (C18 et plus), parmi lesquels principalement l’acide oléique (C18 : 1c9 ) ainsi que la somme des AG oméga 3. Proportionnellement, on observe une baisse des AG saturés au profit d’AG mono- et polyinsaturés. La plupart des effets constatés durant le déficit sont partiellement ou entièrement réversibles après deux semaines de retour à une alimentation conforme aux recommandations.

Tableau 1 | Dispositif expérimental et rationnement RATION Variante C Contrôle

Variante D Déficit

Foin qualité bonne (série 1) à moyenne (série 2) ad lib. Mélange ensilages herbe et maïs (50:50) ad lib. Aliment concentré riche en énergie Aliment concentré protéique Aliment minéral Apports conformes aux recommandations

DURÉE (semaines d’essai)

DÉSIGNATION RATIONS

1 semaine (= sem 1)

Adaptation

1 semaine (= sem 2)

Adaptation déficit

Apports conformes aux recommandations

Déficit énergétique progressif de 0 à 15 MJ par jour

2 semaines (= sem 3 – 4)

Essai (1 et 2)

Apports conformes aux recommandations

Déficit énergétique de 15 MJ par jour

2 semaines (= sem 5 – 6)

Post-expérimentale (1 et 2)

Apports conformes aux recommandations

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Production animale | Influence d’un déficit énergétique à partir du troisième mois de lactation sur la composition du lait

Tableau 2 | Conditions expérimentales Variantes

Contrôle C

Déficit D

Nombre d’animaux

12 vaches (6 par série)

Attribution aux variantes C et D

En fonction de la note d’état corporel BCS (body condition score), du numéro de lactation, de la production laitière et de la composition du lait.

Garde

Périodes d’adaptation (1 semaine) et post-expérimentale (2 semaines): stabulation libre Périodes d’adaptation au déficit (1 semaine) et expérimentale (2 semaines): stabulation entravée

Paramètres expérimentaux (fréquence d’enregistrement)

Poids vif (2 x par jour) Production laitière (2 x par jour) Ingestion (quotidienne) BCS (3 x: début sem. 1, fin sem. 4, fin sem. 6) Teneurs du lait: – mat. grasse, protéines, lactose, urée, caséine, cellules (2 x par semaine) – acides gras (3 x: fin sem. 1, fin sem. 4, fin sem. 6) Paramètres sanguins: AGNE (acides gras non estérifiés) et BHB (bétahydroxybutyrate) (3 x: fin sem. 1, fin sem. 4, fin sem. 6)

12 vaches (6 par série)

Tableau 3 | Composition chimique et valeur nutritive des fourrages et aliments (en g/kg MS) Constituant (Échantillons : n)

Foin série 1 (1)

Foin série 2 (2)

Ensilage d’herbe (3)

Ensilage de maïs (3)

Aliment énergétique (4)

Aliment protéique1 (4)

886

903

362

334

865

865

937

93

84

102

32

51

53

521

Matière azotée

157

138

183

74

117

578

52

Matière sèche Cendres

Aliment minéral (4)

Cellulose brute

244

274

241

201

28

24

47

Matière grasse

20

18

35

23

32

29

60

Lignocellulose

269

307

276

225

43

65

62

Parois cellulaires

475

530

416

407

125

88

130

NEL (MJ

5,8

5,0

6,5

6,4

8,1

8,2

4,5

PAIE

96

85

87

66

109

344

35

PAIN

100

87

115

46

80

443

24

Ca

3,3

5,4

5,4

1,7

10,0

2,5

101,1

P

4,2

3,8

4,8

1,8

3,7

6,1

59,9

Mg

1,3

2,1

1,6

1,0

1,2

2,3

30,2

C 14:0

0

0

0

0

0

0

1,2

C 16:0

2,2

1,9

3,1

3,5

3,6

3,6

11,8

C 16:1

0

0,9

1,5

0,2

0

0

1,2

C 18:0

0,2

0,2

0,3

0,5

0.5

0,9

7,2

C 18:1

0,4

0,4

0,5

5,6

5,3

6,1

17,9

C 18:2

2,3

1,7

3,6

11,8

13,8

11,9

8,0

C 18:3

7,0

5,1

12,7

1,4

0,7

0,9

0,8

Σ saturés

2,3

2,1

3,6

4,3

4,0

4,7

21,0

Σ monoinsaturés

0,4

1,3

1,3

5,7

5,3

6,1

20,0

Σ polyinsaturés

9,3

6,8

16,3

13.6

14,5

12,8

8,7

De façon à ne pas influencer la composition du lait, l’aliment protéique ne contenait pas de matières premières riches en matière grasse. Il était composé de 60 % de tourteau d’extraction de soja (9,5 g MG / kg MS), 25 % de gluten de maïs 60, 10 % de protéines de pommes de terre et 5 % de mélasse.

1

68

Recherche Agronomique Suisse 1 (2): 66–73, 2010


Influence d’un déficit énergétique à partir du troisième mois de lactation sur la composition du lait | Production animale

gestion mentionnée ci-dessus, le bilan énergétique du groupe C est lui aussi légèrement négatif durant les trois semaines de détention à l’attache, ce qui a été pris en compte lors de l’interprétation des résultats.

5.50 5.30 5.10 4.90 4.70 4.50 4.30 4.10 3.90 3.70 3.50

3.65

Protéines, %

3.60 3.55 3.50 3.45 3.40

Contrôle

Adaptdéf

Essai 1

Essai 2

Post-exp. 1

Post-exp. 2

Adaptdéf

Essai 1

Essai 2

Post-exp. 1

Post-exp. 2

30.0 28.0 26.0 24.0 22.0 20.0 18.0 16.0 14.0 12.0 10.0 Adapt

Post-exp. 2

Post-exp. 1

Essai 2

Essai 1

Adaptdéf

Urée, mg/dl

5.20 5.10 5.00 4.90 4.80 4.70 4.60 4.50 4.40 4.30 4.20

Adapt

3.30

Post-exp. 2

Post-exp. 1

Essai 2

Essai 1

Adaptdéf

3.35

Adapt

Lactose, %

3.70

Adapt

MG, %

Evolution du poids et du BCS Le poids et le BCS (body condition score, ou note d’état corporel) du groupe D ont réagi au déficit énergétique par une baisse de poids d’environ 20 kg et une diminution de 0,06 point de BCS durant la phase de déficit par rapport aux valeurs initiales. Le groupe de contrôle a également subi une légère baisse d’environ 9 kg et 0,04 point BCS à la suite du changement de système de garde et de distribution des fourrages.

Production laitière et teneurs du lait durant les différentes phases de l’essai Dans le groupe C comme dans le groupe D, la production laitière a chuté d’environ 2 à 2,5 kg entre la période d’adaptation et la deuxième semaine d’essai. Malgré le déficit énergétique auquel elles ont été soumises, les vaches du groupe D n’ont pas réagi de façon plus marquée que celles du groupe de contrôle pendant les deux semaines d’essai. Elles ont donc probablement davantage puisé dans leurs réserves corporelles. Au retour en stabulation libre, la production laitière des deux groupes a de nouveau augmenté. La diminution de la production laitière semble par conséquent davantage liée au changement du système de garde qu’au déficit énergétique. Les teneurs du lait des vaches du groupe D ont évolué

Déficit

Figure 2 | Evolution des teneurs en matière grasse, protéines, lactose et urée durant les différentes phases de l’essai.

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3.25

88.5

3.20

88.0 AG totaux (g/ 100 g MG)

C10:0 (g/100 g MG)

Production animale | Influence d’un déficit énergétique à partir du troisième mois de lactation sur la composition du lait

3.15 3.10 3.05 3.00 2.95 2.90 Adaption

Essai

AG monoinsaturés / AG totaux (%)

AG saturés / AG totaux (%)

76.0 75.5 75.0 74.5 74.0 73.5

3.80 3.75 3.70 3.65 3.60 3.55 Adaption

Essai

85.5 85.0 Adaption

Essai

Postexpérimentale

Adaption

Essai

Postexpérimentale

Adaption

Essai

Postexpérimentale

Adaption

Essai

Postexpérimentale

22.0 21.5 21.0 20.5 20.0 19.5

29.00 28.50 28.00 27.50 27.00 26.50 26.00 25.50 25.00 24.50 24.00

Postexpérimentale

13.50

1.05

13.00

Oméga 3 (g/ 100 g MG)

C18:1c9 (g/100 g MG)

86.0

Postexpérimentale

Somme des AG longs (g / 100 g MG)

AG polyinsaturés/ AG totaux (%)

Essai

3.85

12.50 12.00 11.50

1.00 0.95 0.90 0.85 0.80 0.75

11.00 Adaption Contrôle

86.5

19.0 Adaption

3.50

87.0

84.5

Postexpérimentale

76.5

87.5

Essai

Postexpérimentale

Déficit

Figure 3 | Concentration des principaux acides gras et groupes d’acides gras dans le lait durant les trois périodes de l’essai (adaptation, essai et post-expérimentale).

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Recherche Agronomique Suisse 1 (2): 66–73, 2010


Influence d’un déficit énergétique à partir du troisième mois de lactation sur la composition du lait | Production animale

conformément à ce qu’on pouvait supposer (fig. 2), soit par une augmentation passagère de la teneur en matière grasse durant la phase de déficit, en raison de la mobilisation de réserves corporelles, ainsi que par une diminution des teneurs en protéines et caséines, du fait que les PAIE étaient présentes en moins grande quantité, avec en parallèle une augmentation de la concentration en urée. Pour les vaches du groupe de contrôle, les teneurs en urée sont restées stables, de même que les teneurs en protéines et en lactose, alors que la matière grasse évolue en parallèle en dessous de celle du groupe D. Acides gras dans la matière grasse du lait Parmi les principaux acides gras (AG) analysés, aucune différence significative n’apparaît entre les laits des vaches nourries selon les recommandations et celles qui sont en déficit énergétique, et ceci aussi bien durant la phase d’essai que durant la période post-expérimentale. A la fin de la période d’adaptation, les valeurs ne se différenciaient pas statistiquement, excepté pour l’acide stéarique (C18 : 0), plus élevé au départ de l’essai dans le lait des vaches du groupe C. Le déficit énergétique a malgré tout engendré quelques modifications, visibles sur la figure 3, dans l’évolution suivie par certains AG ou groupes d’AG ainsi que dans les relations entre différents groupes d’acides gras. A l’image de l’acide caprique (C10 : 0), on voit que les AG courts (C6, C8, C10) jusqu’au C12 diminuent durant le déficit. Selon Palmquist et al. (1993), lorsque les vaches sont en bilan énergétique négatif, la synthèse de novo mammaire des AG courts et moyens diminue alors que la mobilisation des AG du tissu adipeux augmente. L’acide butyrique C4 est en revanche stable, ce qui semble être caractéristique pour cet AG (Chilliard et al. 2001). Conformément à ce qui a été observé avec la teneur en matière grasse, la somme totale des AG a augmenté durant la période de déficit à la suite de la mobilisation des tissus adipeux avant de rebaisser ultérieurement. Quantitativement, ce sont donc avant tout les AG longs (C18 et plus) qui sont concernés par cette mobilisation avec une augmentation de plus de 8 % entre la période d’adaptation et la période de déficit énergétique. Proportionnellement, la part des acides gras saturés chute d’environ un point pourcent chez les vaches du

groupe D entre l’adaptation et le déficit avant de se stabiliser en phase post-expérimentale et, parallèlement, la part des AG monoinsaturés augmente de 0,8 point pourcent et se stabilise également par la suite. Les AG polyinsaturés réagissent de même positivement au moment du déficit (+0,2 point pourcent) avant de retomber ensuite au taux initial. Le groupe de contrôle subit aussi certains changements dans ces relations entre groupes d’AG mais de façon beaucoup plus linéaire comme une évolution dans le temps.

Figure 4 | Durant la phase de déficit énergétique, la teneur en matière grasse et en oméga-3 dans le lait était plus élevée que lorsque les vaches étaient nourries conformément aux recommandations. (Photo: Alexandra Schmid, ALP)

Recherche Agronomique Suisse 1 (2): 66–73, 2010

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Production animale | Influence d’un déficit énergétique à partir du troisième mois de lactation sur la composition du lait

Parmi les AG longs concernés par une augmentation pendant le déficit, on trouve, d’une part, l’acide oléique (C18 : 1c9), connu comme indicateur d’un état de sousapprovisionnement en énergie (Kaufmann, 1980). Il s’agit en effet du principal constituant des réserves corporelles avec une proportion de près de 45 % selon Rukkwamsuk et al. (2000). Dans des analyses de tissus adipeux prélevés sur ces mêmes vaches trois semaines après le vêlage, la proportion de C18 : 1 s’était élevée à 43 %. D’autre part, la somme des oméga 3, dont le principal représentant est l’acide α-linolénique, a également sensiblement augmenté entre la période d’adaptation et la période d’essai (+15 %). Dans sa thèse, Leiber (2005) avait montré que la concentration en acide α-linolénique dans le lait des vaches pâturées à l’alpage était supérieure d’un facteur de 0,63 par rapport au lait produit en plaine par les mêmes vaches trois semaines plus tôt (P < 0,001), ceci malgré le fait que l’ingestion de 18 : 3n3 ait été notablement diminuée à l’alpage. Parmi les trois hypothèses avancées pour expliquer ce phénomène, deux étaient en rapport avec le déficit énergétique des vaches. D’une part, en raison d’une mobilisation préférentielle des 18 : 3n3 du tissu adipeux ou, d’autre part, en raison d’une activité réduite de la biohydrogénation dans le rumen engendrée par un déficit énergétique ou par des constituants secondaires spécifiques des plantes (troisième hypothèse). Agenäs et al. (2002) ont également observé une augmentation de la concentration en acide α-linolénique dans le lait lors d’un bilan énergétique négatif. Les CLA (conjugated linoleic acid = acides linoléiques conjugués) tendent à augmenter également mais parallèlement à l’évolution suivie dans le groupe de contrôle et tout en restant à un niveau très faible (0,48 g/100 g MG

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Recherche Agronomique Suisse 1 (2): 66–73, 2010

pour les deux groupes C et D à la fin de la période d’essai). Selon Agenäs et al. (2002), lorsque la synthèse de novo dans la glande mammaire est faible, comme c’est le cas ici durant le déficit, l’activité de la Δ 9-desaturase est favorisée, ce qui expliquerait aussi l’augmentation de l’acide oléique (C18 : 1c9). Ce mécanisme servirait en fait à régulariser le point de fusion de la matière grasse du lait.

Conclusions Les différences entre les deux variantes expérimentales ne sont pas significatives, notamment les résultats de composition en acides gras de la matière grasse du lait. Mais comme les animaux du groupe de contrôle ont eu une réaction suite au changement de système de garde, les conclusions ci-après sont basées sur les résultats du groupe D uniquement. Le déficit énergétique de 15 MJ/j sur une période de 2 semaines a entraîné les tendances suivantes: • baisse du poids vif et du BCS • baisse de la production laitière, du taux protéique et de la production de protéines avec en parallèle augmentation de la teneur en matière grasse du lait et de la concentration en urée dans le lait • dans la matière grasse du lait, augmentation des AG longs (C18 et plus) parmi lesquels le C18 : 1c9 (acide oléique) et la somme des AG oméga 3 • proportionnellement, baisse des AG saturés au profit des d’AG mono- et polyinsaturés Après deux semaines de retour à une alimentation conforme aux recommandations, la plupart de ces paramètres retournent aux valeurs de départ. n


Effetto di un deficit energetico sulla composizione del latte Una prova è stata effettuata per valutare l’effetto di un deficit energetico dell’ordine di 15 MJ/giorno durante due settimane sulla composizione della materia grassa (MG) del latte. Ventiquattro vacche all’inizio della fase di piena lattazione sono state suddivise in due varianti dopo essere state afforaggiate con la medesima dieta (fieno, miscela d’insilati d’erba e di mais, patate, alimenti concentrati energetici e proteici, alimenti minerali) e tenute nelle stesse condizioni post-parto. Nella variante C (controllo), le vacche sono state afforaggiate seguendo le raccomandazioni, mentre nel gruppo D (deficit) sono state messe progressivamente in situazione di deficit energetico fino a raggiungere un bilancio energetico di –15 MJ/ giorno per un periodo di due settimane. Dopo questa fase si è ritornati per ulteriori due settimane ad un approvvigionamento una dieta normale. Durante la fase deficitaria il peso vivo, il BCS, la produzione lattiera e il tasso proteico sono diminuiti mentre il tasso di MG e quello d'urea nel latte sono aumentati. Tendenzialmente, rispetto ai valori misurati durante la fase d’adeguamento, la composizione della MG del latte è stata modificata con un aumento degli acidi grassi (AG) lunghi (C18 e oltre), in particolare il C18 : 1c9 (acido oleico) e la somma degli AG omega 3. Proporzionalmente si osserva un calo degli AG saturi a vantaggio degli AG mono e polinsaturi. La maggior parte degli effetti constatati durante il deficit sono parzialmente o interamente reversibili dopo due settimane di ritorno a un’alimentazione conforme alle raccomandazioni.

Bibliographie b A genäs S., Holtenius K., Griinari M & Burstedt E., 2002. Effects of turnout to pasture and dietary fat supplementation on milk fat composition and conjugated linoleic acid in dairy cows. Acta Agriculturae Scandinavica, Section A-Animal Sciences 52 (1), 25 – 33. b B achmann H.-P. & Jans F., 1995. Interner Bericht FAM 7/95. Einfluss von Milch von Kühen im Energiedefizit auf die Qualität von Modell-Emmentaler und Gruyère, 23 p. b C hilliard Y., Ferlay A. & Doreau M., 2001. Contrôle de la qualité nutritionnelle des matières grasses du lait par l’alimentation des vaches laitières : acides gras trans, polyinsaturés, acide linoléique conjugué. INRA Prod. Anim. 14 (5), 323 – 335. b K aufmann W., 1980. Protein degradation and synthesis within the reticulo-rumen in relation to milk protein synthesis. Bulletin of the IDF 125 (14), 152 – 158.

Summary

Riassunto

Influence d’un déficit énergétique à partir du troisième mois de lactation sur la composition du lait | Production animale

Influence of an energy deficient diet on milk composition An experiment was set up to study the effect of an energy deficit of approximately 15 MJ per day for two weeks on the composition of milk fat. Twenty-four cows at the beginning of full lactation, which were fed the same diet (hay, mixtures of silage of grass and corn, potatoes, concentrates of energy, protein and minerals) and kept under the same conditions after calving, were allotted to two groups. In group C (control), the cows were fed according to the recommendations, whereas in group D (deficit), the cows were slowly introduced to a diet resulting in an energy deficit of 15 MJ/day for two weeks. This phase was followed by a two weeks return to a normal diet. During the deficit phase, the live weight, BCS, milk production and protein levels decreased whereas the urea and fat content of milk increased. Compared to the values measured during the adaptation phase, the composition of the fat content of milk tended to have increased long (C18 and more) chain fatty-acids (FA), mainly C18: 1c9 (oleic acid) as well as the sum of omega-3 FA. There was a proportional decrease in saturated FA compared to mono- and poly-unsaturated FA. The majority of the effects noted during the deficit period were partially or entirely reversed after two weeks back to a recommended diet. Key words: dairy cows, milk fat, fatty acids, body reserves.

b L eiber F.,2005. Causes and extent of variation in yield, nutritional quality and cheese-making properties of milk by high altitude grazing of dairy cows. Thèse ETHZ n° 15735, 132 p. b M orel I., Collomb M., Richter S., Reist M. & Bruckmaier R.M., 2008. Influence de l’alimentation durant la période de tarissement sur la composition du lait en début de lactation. Revue suisse Agric. 40 (5), 2003 – 2005. b Palmquist D. L., Beaulieu A. D. & Barbano D. M., 1993. Feed and animal factors influencing milk fat composition. J. Dairy Sci. 76, 1753 – 1771. b R ukkwamsuk T., Geelen M. J. H., Kruip T. A. M. & Wensing T., 2000. Interrelation of fatty acid composition in adipose tissue, serum, and liver of dairy cows during the development of fatty liver postpartum. J. Dairy. Sci. 83, 52 – 59.

Recherche Agronomique Suisse 1 (2): 66–73, 2010

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F i c h e

t e c h n i q u e

Mustang

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Recherche Agronomique Suisse 1 (2): 80–81, 2010


Mustang | Fiche technique

Recherche Agronomique Suisse 1 (2): 80–81, 2010

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P o r t r a i t

Le professeur Shana J. Sturla traque l’interaction entre nutrition et cancer L’étage D des sciences alimentaire à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich est en chantier. Les surfaces de travail des laboratoires sont protégées par des bâches en plastique et une odeur de peinture fraîche flotte dans l’air. Dans les couloirs résonnent perceuses et ponceuses. Mêlé au bruit de construction, on distingue le doux et imperturbable ronronnement de deux pompes à vide. Nullement perturbée, dans un petit local, la première série d’analyse de fragments d’ADN suit son cours. Le dispositif composé d’un chromatographe en phase liquide couplé à un spectromètre de masse est la pièce maîtresse du laboratoire. Toxicologie alimentaire et prévention du cancer Début novembre 2009, Shana J. Sturla, professeur en toxicologie alimentaire et nutritionnelle, emménage dans le premier bureau terminé de son nouveau laboratoire à l’Institut des sciences de l’alimentation, la nutrition et la santé (IFNH) (voir article ci-contre p. 83). La nouvelle élue mène une recherche fondamentale sur l’interaction entre la nourriture et les médicaments. L’EPF de Zurich consolide ainsi le développement d’un domaine d’étude stratégique: «Vie et santé». Shana J. Sturla est chargée de mener des recherches concrètes à l'échelle moléculaire. Pas à pas, elle va tenter d’élucider les interactions entre les composants alimentaires et les compléments contenant des agents chimiothérapeutiques. Elle poursuit également des recherches sur les sub­ stances cancérigènes dans l’alimentation, sujet déjà étudié par ses prédécesseurs, le professeur Amadò et le professeur Escher. Mme Sturla s’intéresse particulièrement à la classe des nitrosamines. Il existerait une corrélation entre l’utilisation intensive d'engrais agricoles et la présence importante de nitrosamines dans la chaîne alimentaire. L’EPF de Zurich ouvre de nouvelles perspectives Le département d’agronomie et des sciences alimentaires embarque une jeune et talentueuse chercheuse à son bord. La chimiste du New Jersey a obtenu son doctorat au renommé Massachusetts Institute of Technology (MIT). Sa thèse fut récompensée par le Prix Roche de chimie organique. En tant que professeur adjointe à l’Université du Minnesota, Shana Sturla s’est entièrement consacrée à la recherche sur le cancer, plus précisément sur la manière dont il se déclare et sur sa prévention.

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Recherche Agronomique Suisse 1 (2): 82, 2010

Shana J. Sturla, professeur en toxicologie alimentaire et nutritionnelle à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich

L’EPFZ offre de nouvelles possibilités à la chercheuse. «La concentration de recherches avancées en chimie organique, inorganique ou en médecine humaine est tout simplement unique», dit Shana Sturla enthousiaste. Le départ du Minnesota n’a pas été chose facile. Elle y développait notamment un programme de recherche multidisciplinaire dans le domaine de la prévention et de la thérapie du cancer. Les nombreuses publications et les fonds privés ou nationaux octroyés témoignent du grand intérêt soulevé par ce domaine de recherche. Qu’est-ce qui marque la jeune scientifique en Suisse? Sans hésitation, elle rapporte que les normes de qualité sont élevées, notamment dans la branche alimentaire. Les Suisses ont la chance de disposer, dans les magasins de quartier, de produits de saison issus d’une production durable et de pouvoir ainsi préparer des repas savoureux et sans viande. Selon la chercheuse, c’est encore la méthode la plus simple pour prévenir le cancer. Jörg Beck, Département des sciences agronomiques et alimentaires, EPF Zurich


A c t u a l i t é s

Actualités Laboratoire pour le système alimentaire mondial Le Département d’agronomie et des sciences alimentaires (D-AGRL) de l’EPFZ a depuis le 1er janvier 2010 une nouvelle structure organisationnelle. Les domaines principaux sont appelés «Agro-écosystèmes» et «Alimentation, Nutrition et Santé». Les trois anciens Instituts de sciences alimentations, animales et végétales ont été dissous à la fin 2009. Les 19 chaires ont été redistribuées en fonction des domaines de recherches dans deux nouveaux organismes, baptisés Institut des sciences végétales, animales et agro-écosystèmes (Institut of Plant, Animal and Agro­ ecosystem Sciences, IPAS) et Institut des sciences alimentaires, nutrition et santé (Institut of Food Science, Nutrition and Health, IFNH). Les deux entités collaborent éga-

lement avec les deux Instituts interdépartementaux de biologie intégrative et de décisions environnementales. L’IPAS comprend par ailleurs quatre professeurs du Département de biologie. Le budget pour la recherche et l’enseignement sera partagé équitablement jusqu’en 2013 entre les deux instituts. Ainsi, le Département renforce l’accent, décidé 2 ans auparavant, sur le système alimentaire mondial et les aspects de la nutrition et de la santé. Cette adaptation organisationnelle transpose cette tendance à long terme dans l’enseignement. L’augmentation de six à neuf professeurs au sein de l’IFNH reflète la grande demande pour le programme en sciences alimentaires. Le D-AGRL poursuit sa stratégie de recherche et d’enseignement au plus haut niveau.

D-AGRL Institut des sciences végétales, animales et agroécosystèmes (IPAS)

Institut des sciences alimentaires, nutrition et santé (IFNH)

Biotechnologie des plantes D-BIOL

Ecosystème prairial

Alimentation animale

Alimentation et matière molle

Biotechnologie alimentaire

Nutrition humaine

Biologie du développement des plantes D-BIOL

Entomologie appliquée

Comportement, santé et protection des animaux

Génie des procédés alimentaires

Microbiologie alimentaire

Physiologie et comportement

Biochimie des plantes D-BIOL

Nutrition des plantes

Génétique animale

Comportement des consommateurs

Biochimie alimentaire

Toxicologie alimentaire et nutrionnelle

Génétique des plantes D-BIOL

Physiologie des écosystèmes terrestres

Pathologie des plantes

Production végétale

Economie agraire, alimentaire et environnementale

Biologie de la nutrition translationnelle

Janvier 2010

Figure 1 | Organigramme du Département d’agronomie et des sciences alimentaires de l’EPF de Zurich après la réorganisation de janvier 2010.

Recherche Agronomique Suisse 1 (2): 83–87, 2010

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Actualités

Nouvelles publications

Valoriser le petit-lait par les bovins

francs de fonds propres investis dans l’exploitation en 2008 tout en rémunérant le travail de 1,23 unités de main-d’œuvre familiale. Le revenu du travail par unité de main-d’œuvre familiale s’élève à 41 700 francs en 2008 et augmente ainsi de 5,7 % par rapport à l’année précédente. Dierk Schmid et Judith Hausheer Schnider, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART

Intégration des vaches primipares dans les troupeaux de vaches laitières : plus facile à deux que seule

Fiche technique destinée à la pratique ALP actuel. (35), 2009, 1 – 4 L’ALP actuel 35 est sorti de presse. Dans cette fiche technique destinée à la pratique, Fredy Schori montre que la valorisation du petit-lait par les bovins peut être judicieuse, mais n’est pas toujours dénuée de problèmes. Cette publication donne des recommandations pour une utilisation sûre. Fredy Schori, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP

Rapport ART 715

Evolution économique de l’agriculture suisse en 2008 Rapport principal no 32 du Dépouillement centralisé des données comptables (série temporelle 1999 – 2008)

Rapport ART 714 En 2008, comme on pouvait s’y attendre, les résultats économiques des exploitations agricoles sont meilleurs que l’année précédente et atteignent en valeur nominale le niveau de l’année 2000, considérée comme étant une très bonne année. Le revenu agricole se monte à 64 100 francs par exploitation, ce qui correspond à une hausse de 4,9 % par rapport à l’année précédente. Ce résultat positif est dû à la hausse des prestations brutes, supérieure à celle des coûts. Le revenu agricole couvre les intérêts des 433 000

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Une étude a été réalisée dans six exploitations de vaches laitières équipées de stabulations libres à logettes et dont les troupeaux comprenaient entre 20 et 50 bêtes. L’étude consistait, à l’aide d’un nouveau système de repérage automatique, à déterminer où les vaches séjournaient dans l’étable et pendant combien de temps. En outre, l’étude a permis de décrire les relations sociales des vaches en fonction de la fréquence avec laquelle elles se rendaient ensemble dans telle ou telle aire de l’étable et de la distance qu’elles maintenaient entre elles, et ce avec une précision qui n’était pas possible jusqu’ici dans les troupeaux de cette taille, sur la base des simples observations directes. Les chercheurs ont étudié dans le cadre d’expériences comment l’intégration des vaches primipares, en couples ou seules, se répercutait sur l’utilisation des aires de l’étable et sur les relations sociales dans le troupeau. Les résultats permettent de conclure que l’intégration dans le troupeau est moins stressante pour les vaches primipares lorsqu’elles sont deux. Lorenz Gygax, Gesa Neisen, Beat Wechsler, Centre spécialisé dans la détention convenable des ruminants et des porcs, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART


Actualités

Développement économique de l’agriculture en région de monta­ gne en Suisse Analyse des exploitations de référence du Dépouillement cen­ tralisé des données comptables (période 1998 – 2007)

que les investissements n’évoluent pas comme dans les zones de montagne II et III: tandis que les exploitations des zones de montagne II et III ont investi davantage dans les années 2006 / 07 que dans les années 1998 / 99, les exploitations de la zone de montagne IV, elles, ont réduit leurs investissements, notamment ceux qui touchent les bâtiments. Christian Flury, Andreas Roesch et Andrea Valoti, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART

Coûts-machines 2009 / 2010 – Avec les coûts des parties du bâtiment et des installations mécaniques

Rapport ART 716 En région de montagne, les revenus agricoles par exploitation ont augmenté de 12 % entre 1998  /  1999 et 2006 / 2007 pour atteindre 47 050 francs. Durant cette période, le revenu du travail par unité de main-d’œuvre familiale a augmenté de 16 % passant ainsi à 27 120 francs. Il existe toutefois d’importantes différences entre les zones de montagne II et IV. A l’intérieur de ces zones, il existe également une grande disparité entre les exploitations en termes de revenu agricole et de revenu du travail. Tandis que la zone de montagne II bénéficie d’une nette hausse des revenus agricoles et des revenus du travail, le revenu du travail par unité de main-d’œuvre familiale n’a augmenté que de 4,9 % au cours des dix dernières années en zone de montagne III et que de 1,7 % en zone de montagne IV. De plus, les écarts de revenus se creusent entre les meilleures et les moins bonnes exploitations. Les différences de développement suivant les zones sont dues en premier lieu au fait que les coûts réels augmentent relativement plus vite que les rendements ou les prestations brutes avec l’altitude. L’augmentation des rendements et des prestations brutes est liée à la croissance de l’exploitation, ainsi qu’à l’augmentation des recettes de la para-agriculture et des paiements directs. Si l’on fait abstraction de ces effets, le rendement brut de la production par unité de surface baisse dans les zones de montagne II et III, alors qu’il reste stable en zone IV. Par contre, en zone de montagne IV, les coûts réels par unité de surface augmentent nettement plus que dans les deux autres zones de montagne. En zone de montagne IV, on constate en outre

Rapport ART 717 La présente compilation de données contient des bases et des valeurs indicatives pour l’indemnisation des machines utilisées en commun. Après la révision complète de la méthode de calcul et des bases de données, peuvent intervenir des écarts considérables par rapport aux tarifs 2009. Les tarifs d’indemnisation sont uniquement des valeurs indicatives. Il s’agit de valeurs calculées qui, compte tenu des hypothèses prises, permettent d’utiliser les machines en couvrant les coûts. Pour le calcul individuel des coûts, les hypothèses doivent être adaptées à la situation concrète de l’exploitation. Dans la pratique, les tarifs d’indemnisation en vigueur sont déterminés par l’offre et la demande. Il peut donc y avoir des écarts plus ou moins grands par rapport aux tarifs ART. Christian Gazzarin et Gregor Albisser Vögeli, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART

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Actualités

Communiqués de presse

www.agroscope.ch 19.01.2010 / ART Honneur au sauveur de l’Europe Jadis, le trèfle a sauvé les sols européens de l’épuisement. Un nouveau manuel pour les sélectionneurs rend honneur à ses prestations extraordinaires au service de l’agriculture. Trois chercheurs de la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART ont participé à la rédaction du nouvel ouvrage de référence qui vient de paraître alors que cela faisait un demi-siècle qu'aucun ouvrage détaillé n'était plus paru sur la sélection des variétés de trèfles et de graminées.

11.01.2010 / ALP Comment agissent les acides gras trans sur notre santé? Les effets des acides gras trans sur la santé sont examinés de près par la recherche en Suisse. En collaboration avec l’hôpital universitaire de Berne, la station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP réalise une étude clinique visant à comparer les acides gras trans d’origine naturelle, contenus dans les produits laitiers, à ceux d’origine industrielle.

Boller, B., Posselt, U. K. et Veronesi, F. (Eds.). Fodder Crops and Amenity Grasses, Series: Handbook of Plant Breeding, Vol. 5, 523 p., Springer Science+Business Media, New York. ISBN: 978-1-4419-0759-2

AgRAR foRSchung Schweiz RecheRche AgRonomique SuiSSe

Informations actuelles de la recherche pour le conseil et la pratique: Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois par année et informe sur les avancées en production végétale, production animale, économie agraire, techniques agricoles, denrées alimentaires, environnement et société. Recherche Agronomique Suisse est également disponible on-line sous www.rechercheagronomiquesuisse.ch

VEAU

NOU

Commandez un numéro gratuit! Nom / Société Recherche Agronomique Suisse/ Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Les partenaires sont l’office fédéral de l’agriculture ofAg, la haute école suisse d’agronomie de zollikofen heSA, AgRiDeA Lausanne & Lindau et l’ecole polytechnique fédérale de zurich eTh zürich, Department of agricultural and foodscience. Agroscope est l’éditeur.

Prénom Rue/N° Code postal / Ville Profession E-Mail Date

cette publication paraît en allemand et en Signature français. elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, Talon réponse à envoyer à: enseignants, organisations de conseil et de Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-Posieux vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, praticiens, politiciens et autres personnes Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch 86 Recherche Agronomique Suisse 1www.rechercheagronomiquesuisse.ch (2): 83–87, 2010 intéressées.


Actualités

Liens Internet

Manifestations

Des fruits sains pour une Europe saine

Février 2010

www.isafruit.eu

25. – 28.2.2010 Tier & Technik: La biodiversité vaut de l’or! Stations de recherches Agroscope ACW, ALP, ART et Haras national suisse St. Gallen

L’objectif du projet ISAFRUIT est d’augmenter durablement la consommation de fruits en Europe en proposant des fruits de haute qualité produits dans le respect de l’environnement. Au sein du projet ISAFRUIT, la recherche est développée tout au long de la filière dans les domaines suivants: consommation, santé, fruits transformés, techniques post-récolte, production (pré-récolte) et génétique. Des scientifiques de plus de 60 institutions de 16 pays différents travaillent à ce programme. Le projet ISAFRUIT est soutenu par le 6e Programme-cadre pour la recherche et le développement technologique de l’Union européenne. La Suisse participe au projet par l’intermédiaire de la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil (ACW), avec le concours de l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL) et de la Fruit-Union suisse. Toutes les publications sur le projet Isafruit, les événements et une carte conceptuelle sont disponibles sur le site www.isafruit.eu

Dans le prochain numéro Mars 2010 / Numéro 3 Un chercheur d’Agroscope Liebefeld-Posieux ALP examine la santé des veaux. (Photo : Olivier Bloch, ALP)

25. – 28.2.2010 Sonderschau Biolandbau an der Tier & Technik Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Zürich St. Gallen Mars 2010 4.3.2010 Journée phytosanitaire pour les cultures maraîchères 2010 Agroscope Changins-Wädenswil ACW Wädenswil 19.3.2010 Journée d’information ART Agroscope Teckenholz-Tänikon ART Reckenholz, Zürich Avril 2010 22.4.2010 5e journée d’information sur la recherche bio: Quoi de nouveau sur le boeuf bio? Agroscope Liebefeld-Posieux ALP Posieux 22.4.2010 Zustand der Biodiversität in der Schweiz Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Reckenholz, Zürich 30.4.2010 5e réunion du réseau de recherche équine en Suisse Haras national suisse HNS Avenches Mai 2010

• Influence de l’âge de mise en lot sur l’état de santé des veaux à l’engrais, M. Rérat ALP

05. – 06.05.2010 10. Tagung – Landtechnik im Alpenraum Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Feldkrich, Österreich

• Simulation de l’évolution des structures agricoles, C. Flury, Flury&Giuliani GmbH • Appréciation des risques de transfert de pesticides par écoulement de surface, D. Noll, Ecole d’ingénieurs de Changins EIC • Bruits et vibrations dans la salle de traite – Effets sur l’animal, P. Savary ART

Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen

• Liste recommandée des variétés de maïs pour la récolte 2010

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Freitag, 19. März 2010

Berglandwirtschaft: Minimalnutzung als Teil der Multifunktionalität ART-Tagung Agroscope-Forschungsprogramm AgriMontana

Worum geht es? Die Nutzung der Flächen in der Berglandwirtschaft hat sich in den letzten Jahren stark verändert: Einerseits wurden in der Vergangenheit laufend Flächen aufgegeben, ande rerseits werden produktive Standorte intensiv genutzt oder noch intensiviert. Beide Prozesse gefährden das Ziel einer nachhaltigen Entwicklung und die multifunktionalen Leistungen der Landwirtschaft. Dazu stellen sich unter anderem folgende Fragen, die an der Tagung diskutiert werden: • Wie viel landwirtschaftliche Nutzfläche und vor allem welche Teile davon werden und sollen in Zukunft noch genutzt werden? • Was heisst «flächendeckende Bewirtschaftung» konkret? • Mit welchen Nutzungssystemen oder Kombinationen können die multifunktionalen Leistungen der Berglandwirtschaft gesichert werden? • Mit welchen Massnahmen können Nutzungsstrategien für die Landwirtschaft im Berggebiet gestaltet und gesteuert werden?

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Wer ist angesprochen? Akteure aus Verwaltung, der landwirtschaftlichen Beratung sowie Fachpersonen aus den Bereichen Berglandwirtschaft, Biodiversität und Landschaft. Ort und Zeit: Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Vortragssaal, Reckenholzstrasse 191, CH-8046 Zürich Freitag, 19. März 2010, 9.45 bis 16.40 Uhr Anmeldung/Detailprogramm und Auskunft: Anmeldung bis Dienstag, 9. März 2010 unter www.agroscope.ch > Veranstaltungen Matthias Müller, Forschungsanstalt Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Telefon +41 44 377 74 20 oder matthias.mueller@art.admin.ch www.agroscope.ch www.agroscope.admin.ch/agrimontana

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