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Fertilisation raisonnée du melon
En plus des critères de qualité gustative et organoleptique, il faut se conformer aux critères de différents cahiers de charge. Il faut également assurer une bonne précocité et un rendement optimal au moindre frais. Pour assurer ces critères de qualité et avoir une part honorable dans le marché, notamment le marché européen où la consommation du melon est liée à la notion de plaisir et où les normes sont plus contraignantes, il faut bien raisonner la gestion de sa culture du melon. Cet article traite des notions de base de la fertilisation raisonnée du melon. Cependant, il ne faut pas oublier que la culture raisonnée concerne l’ensemble des aspects de la production (choix des variétés, protection phytosanitaire, irrigation, cueillette,…). La fertilisation raisonnée du melon consiste à établir un plan de fumure prévisionnel qui sera ajusté en cours de la campagne en fonction du comportement de la culture et du suivi de paramètres culturaux (climat, nutrition, pH, EC,…). Plan de fumure prévisionnel L’élaboration du plan de fumure prévisionnel consiste à déterminer d’avance la quantité, la répartition et le type d’engrais à apporter. Pour cela il faut : - Connaître les besoins de la plante et leur évolution au cours du cycle. - Evaluer la fourniture du sol et la biodisponibilité des éléments nutritifs. - Connaître les fertilisants et leur efficience. En plus, ces connaissances doivent être croisées avec l’exigence de la culture vis-à-vis des éléments nutritifs et sa sensibilité aux facteurs biotiques, ainsi qu’avec l’incidence des pratiques culturales sur l’efficience des fertilisants et la biodisponibilité des éléments. Le melon est un fruit très particulier sur lequel les questions de goût et de qualité sont à prendre en grande considération. Le consommateur est particulièrement exigeant en termes de qualité dont les critères sont nombreux et varient selon les goûts et les habitudes de consommation de chaque pays : calibre, couleur et texture de la peau (lisse, brodé), fermeté de la chair, taux de sucre, couleur de la chair, etc. Si quelques un de ces critères sont d’origine variétale, d’autres sont plutôt liés aux terroirs et au mode de conduite de la culture.
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1-Estimations des besoins Les besoins de la plante sont évalués comme suit : Besoin = rendement X exportations par unité de rendement
Photo Agrimatco
2-Evolution des besoins en cours du cycle Pour tous les éléments, les besoins augmentent fortement à partir de la floraison femelle et jusqu’au début de récolte. Dans le cas du calcium, 60% des besoins sont prélevés par la plante dans la quinzaine qui suit la floraison femelle.
3-Exigence du melon vis-à-vis des éléments minéraux L’exigence signifie que le melon va réagir très rapidement au manque par une baisse du rendement ou de la qualité, et réagir très favorablement à un apport. Le melon est considéré comme très exigeant vis-à-vis du magnésium et du phosphore et moyennement exigeant vis-à-vis du potassium. Concrètement, à l’encontre des
Tableau 1 : Exportations moyennes pour le melon en fonction du système de culture: Exportations en kg/tonne de fruit produit Système cultural N P 2 O 5 K 2 O MgO Plein champ 3.2 1.2 6.3 0.9
CaO
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considérations d’un grand nombre de producteurs et de techniciens, un rationnement en potassium sera moins préjudiciable qu’un rationnement en Mg ou en P.
Fourniture du sol Pour évaluer la fourniture du sol, Il faut réaliser les analyses du sol et les interpréter selon un référentiel adapté. Il faut aussi croiser les informations tirées de ces analyses avec les conditions climatiques prévisionnelles. Pour plus d’informations nous renvoyons le lecteur aux articles parus dans Agriculture du Maghreb (le raisonnement de la fertilisation phosphatée, potassique et magnésienne - Les analyses de sols : quelles analyses demander ? A quelle fréquence les réaliser ? - Les bases échangeables)
Contrôle et ajustement Le raisonnement de la fertilisation continue en cours de la culture par des contrôles et des ajustements des différents paramètres qui agissent sur la nutrition (conductivité, pH, humidité…) et des teneurs en éléments nutritifs dans le sol et dans l’appareille végétatif.
Azote L’azote, comme le magnésium et le phosphore, est un facteur limitant du rendement du melon. Mais c’est aussi un facteur de qualité et de sensibilité aux maladies. Le melon doit satisfaire correctement à ses besoins en azote de la plantation à la nouaison. Les apports d’engrais doivent être répartis sur cette période. Les apports tardif sont souvent inutiles ou source de problèmes lié à la nouaison, au grossissement, à la qualité et à la sensibilité aux maladies (oïdium, acariens, pucerons). Le pilotage de l’azote est donc une pratique essentielle pour le raisonnement de la fertilisation du melon. Pour plus d’informations sur le pilotage de l’azote nous renvoyons le lecteur à notre article « Les bases pour une gestion de la fertilisation azotée » paru dans Agriculture du Maghreb. Le schéma ci-dessus montre la grille de décision PILazoâ (une des méthodes normalisées pour le pilotage d’azote sur melon). Les tests azote sont fait sur le jus pétiolaire de la semaine 2 jusqu’à nouaison. Ils sont complétés par des analyses du stock minéral à la plantation pour assurer une disponibilité de 50 à 70 kg/ha. Après la nouaison, il faut suivre les teneurs en nitrate dans le sol. D’après notre expérience, les valeurs doivent être comprises entre 40 et 70 ppm.
Les autres éléments
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autres éléments (P, K et Ca). Cependant pour le magnésium, des apports systématiques sont conseillés dans les cas suivants : - Sensibilité variétale à la grille : apports foliaires complémentaires de Mg avant le début de récolte. - Charge importante de la plante : apports foliaires ou en fertigation au grossissement. - Temps chaud : apport du magnésium en foliaire. Pour la qualité des fruits (calibre, évolution du Brix), il faut faire des apports en cours de grossissement pour équilibrer le rapport Ca/K/Mg.
Dans tous les cas, la fertilisation doit être arrêtée au plus tard, quinze jours avant fin récolte.
Phosphore, Potassium, Calcium Pour le contrôle de la nutrition phosphatée, potassique et calcique, il faut faire des analyses foliaires en cours de culture. Les phases clés sont : la pré-nouaison, le grossissement et le début de récolte.
Magnésium Pour le contrôle de la nutrition magnésienne, la méthode est similaire aux Oligoéléments Tous les oligoéléments sont importants pour le melon. Il faut absolument étudier leur biodisponibilité par des analyses du sol. Cependant, le melon est particulièrement exigeant en molybdène et en Bore. Leur apport doit se faire de manière systématique - à la plantation pour le molybdène - au début de la nouaison pour le Bore.
Tableau 2 : Influence de la nutrition sur la production du fruit (d’après Huget et Cornillon, apparu dans le Melon, Ctifl 1991) % nouaison Nbre de fruit par plante Poids de la récolte Indice de production Poids moyen du fruit Témoin 21 6 2503 100 417 K faible 20 4 2074 82 518 Mg faible 7 2 938 37 469 N faible 15 2 1015 40 507 P faible 7 1 423 16 423
Nitrate en ppm dans le pétiole > 4000 ppm excés 2500 – 4000 ppm satisfaisant 3000 – 3500 ppm Apport de 20 à 25 kg d’azote par hectare dans la semaine 2500 à 3000 ppm Apport de 50 kg d’azote par hectare dans la semaine
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