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Botrytis de la fraise
Botrytis de la fraise Bien le connaitre pour mieux le combattre Fruits rouges
La moisissure grise est une maladie importante chez de nombreuses cultures. Chez la fraise, elle est fréquente et sévère. Les infections par Botrytis cinerea sont initiées lors de la floraison, mais demeurent latentes jusqu’à la mise à fruits. C’est lors de la maturation des fruits que la maladie s’exprime, car le contenu élevé en sucres des fruits favorise le développement de Botrytis. La maladie se manifeste parfois au champ, mais elle est surtout visible sur les fruits mûrs et récoltés. Les pertes en post-récolte peuvent être très élevées lors de saisons pluvieuses ou humides. Toutes les variétés de fraises sont sensibles à Botrytis, mais certaines le sont plus que d’autres. Les symptômes apparaissent généralement en foyer et la maladie se propage rapidement.
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Cycle vital Le champignon hiverne dans le sol et les débris végétaux sous la forme de mycélium, de conidies ou de sclérotes. Sous la forme de sclérotes, Botrytis peut persister plusieurs années dans le sol, mais sous cette forme, Botrytis a peu d’impact dans les fraisières. C’est le stade conidie qui est la principale source d’inoculum dans les fraisières et elle provient des vieilles feuilles mortes. Le champignon est dispersé par le vent, les courants d’air, l’eau (pluie, irrigation par aspersion, condensation), les outils, les insectes et les travailleurs. Les infections ont lieu lorsque les conditions sont humides (> 90 %), fraîches à tempérées (15 à 25 °C) et lorsqu’un contact est assuré avec de l’eau libre pendant 6 à 24 heures. Les précipitations jouent donc un rôle très important pendant la floraison et la formation du fruit. Le champignon pénètre dans les tissus par des blessures diverses, les tissus sénescents et rarement par les tissus sains. Les fleurs et les fruits sont plus sensibles aux infections que les feuilles saines.
Symptômes - Sur fleur : toutes les parties de la fleur peuvent être affectées et brunir. Une sporulation brunâtre apparait sur ces tissus. Une ou plusieurs fleurs d’une même grappe peuvent être touchées. Les fleurs sont très réceptives aux conidies du champignon 2 à 3 jours après l’ouverture de celles-ci. Botrytis croit rapidement dans le filet des
Des fleurs de fraisier à différents stades de développement montrent un brunissement ou une brûlure débutant à l’apex des sépales (voir flèches) et progressant jusqu’aux pétales. Ce symptôme est causé par le champignon Botrytis cinerea, responsable de la moisissure grise. Il s’agit du tout premier stade de la maladie sur la fleur.
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Sur des feuilles de fraisier, des pétales se sont déposés et accolés aux feuilles, créant des taches ou des brûlures brunes et un jaunissement du limbe (voir flèches). Ces symptômes sont causés par le champignon Botrytis cinerea, responsable de la moisissure grise. En s’accolant aux feuilles, les pétales ont créé un film d’humidité entre la feuille et les pétales et cette humidité a offert les conditions propices au développement de la moisissure grise. Dans ce cas, les pétales étaient porteurs d’une infection latente de la maladie.
Sur une fraise rouge (cv ‘Redcoat’), la portion du fruit située près des sépales présente une tache brune couverte d’un duvet grisâtre, d’aspect poudreux.
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étamines et le réceptacle et plus lentement dans le pistil. C’est pour- quoi la pourriture débute souvent dans la zone du calice (sépales). Les fleurs fermées ne sont pas affectées. - sur feuille : les symptômes ap- paraissent généralement lorsque des parties de fleur tombent sur les feuilles. Les taches sont circulaires, avec ou sans jaunissement du limbe, débutant près de la marge. Elles se couvrent d’une sporulation grisâtre. - sur fruit : se manifeste n’importe où sur le fruit, mais débute géné- ralement près du calice ou du pé- dicelle, dans la zone du calice. Les fruits infectés brunissent, sèchent et se momifient. Ils portent sou- vent une sporulation grisâtre, d’où le nom de pourriture grise. Sur fruits les symptômes ne sont pas toujours visibles au moment de la récolte. Ils s’expriment et se propagent à mesure que le fruit murit. Des infections secondaires peuvent également se produire par des blessures microscopiques sur les fruits après la récolte. Les symptômes de la pourriture grise peuvent apparaître aussi bien avant la récolte que sur les fraises déjà récoltées. La répartition des attaques de botrytis se fait au hasard puis en foyer et se généralise rapidement si les conditions de développe- ment sont favorables. Le rhizome du fraisier peut également être atteint. Dans ce cas, une nécrose brun foncé à sa partie supérieure peut être observée par coupe lon- gitudinale. Lorsque le rhizome est atteint, le botrytis peut provoquer soit la mort totale de la plante, soit le départ de bourgeons axillaires localisés sur la partie inférieure du rhizome.
Moyens de prévention Les plantations suffisamment aé- rées, gérées avec un contrôle de la fertilisation et de l’irrigation, pré- viennent le développement accru de la pourriture grise. Le contrôle prophylactique du botrytis sur frai- sier passe par des mesures préven- tives indispensables qui ont toutes pour objectif d’éviter le maintien de l’eau sur la plante et d’aérer la culture : densités de plantation adaptées pour faciliter la circula-
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Sur la grappe de fruits, on peut observer une gradation des symptômes sur la fraise. Un fruit blanc présente de sépales noircis (voir flèche noire), trois fruits rouges montrent une tache brune, avec ou sans duvet brun, près des sépales (voir flèches blanches) et finalement, des fruits plus mûrs qui sont presque complètement pourris et couverts d’un duvet brun. Cette grappe de fruits regroupe tous les symptômes potentiels de la moisissure grise sur une fraise.
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tion d’air dans les rangs et volumes d’abris suffisants. Il est recommandé de choi- sir un site où l’air circule fa- cilement, avec une bonne exposition au soleil, sur un sol qui se draine bien. Il est préférable d’orienter les rangs dans le sens des vents dominants, pour assurer un séchage rapide du feuillage et des fleurs afin de limiter le développement du champi- gnon. L’utilisation du paillage plas- tique est préférable pour ne pas donner au botrytis les conditions idéales de son développement sur les parties aériennes du fraisier. De même, l’apport raisonné d’azote empêche ces condi- tions favorables à la mala- die. Il faut également savoir que toutes les variétés de fraises sont vulnérables au botrytis, même si certaines le sont moins que d’autres. En effet, les variétés dont les fleurs et les fruits se trouvent en-des- sus des feuilles, celles qui forment des fruits fermes avec un long pédoncule et des sépales ne se plaquant pas contre le fruit sont considérées comme moins sensibles. Cette sensibilité diminue encore si le cône central ne mûrit qu’après la chair qui l’entoure. Par ailleurs, pour assurer un meilleur contrôle du botry- tis, l’observation en culture est très importante, no- tamment lorsque les fleurs sont blessées par le gel et donc plus sensibles aux infections. La vérification de la présence de brunis- sement sur les fleurs et les calices des fruits en déve- loppement, l’observation des signes de pourriture à mesure que le fruit mûrit et l’examen des centres de rangs, là où l’humidité rela- tive est la plus élevée, sont des mesures de bon sens qui peuvent empêcher une épidémie conséquente de pourriture grise. En fin, l’enfouissement des résidus de culture dans le sol après la rénovation des fraisières coupe le cycle du champignon.
www.agri-mag.com Choix et utilisation des fongicides Pour le producteur, la réus- site de la maitrise du botrytis permet d’obtenir des fraises plus saines et d’aborder plus sereinement la phase de commercialisation face aux exigences de plus en plus strictes des marchés : abisence de résidus, moins de
pertes au stockage, au transport, sur les étals et chez le consomma- teur, etc. Les programmes de traitements fongicides doivent être définis en fonction du contexte de l’exploi- tation afin d’adapter au mieux le positionnement des produits de lutte. Selon le ou les stades de développement du Botrytis sur la parcelle, il conviendra de choi- sir le ou les fongicides présentant les modes adéquats d’action et de pénétration dans la plante (pré- ventif et/ou anti-sporulant et/ou rétro activité, contact et/ou trans- laminaire, et/ou diffusant, systé- mique) en prenant en compte également leur polyvalence pour lutter contre d’autres maladies. Cette efficacité au champ per- met en particulier d’obtenir plus de fraises saines à la récolte et d’aborder plus sereinement la phase de commercialisation face aux exigences de qualité (moins de pertes au stockage, au trans- port et sur les étalages). Il est re- commandé de préférer les traite- ments en préventif, de respecter les doses recommandées et d’uti- liser un programme englobant des fongicides issus de familles chimiques différentes. A noter que vu les exigences de plus en plus strictes des consom- mateurs, la lutte intégrée paraît de plus en plus la solution la plus adéquate pour faire face aux en- nemis de la culture du fraisier. Il existe en effet des produits bio- logiques à base de souches du champignon Trichoderma ou de Pythium oligandrum comme so- lution au problème de pourriture grise. Ces produits sont utilisables avec les bourdons qui trans- portent les spores du Trichoderma vers les fleurs, l’organe le plus sujet aux attaques de Botrytis sur fraisier. De même il existe des produits visant la stimulation de l’activité microbienne utile du sol, rendant ainsi la nutrition hydro-minérale de la plante plus efficiente en plus de la protection et la stimulation du système racinaire et l’amélio- ration de l’autodéfense et la résis- tance au stress chez la plante.
Ne pas confondre Sur les fruits, cette maladie peut être confondue avec la pourriture amère (Phytophthora cactorum), l’anthracnose (Colletotrichum acutatum) et la moisissure cheve- lue (Rhizopus stolonifer). Dans les deux premiers cas, il y a absence de sporulation grisâtre.
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Mildiou de la pomme de terre Facteur limitant au rendement
Le mildiou est causé par Phytophtora infestans, champignon oomycète qui se conserve dans les tubercules infectés. Son développement est rapide et affecte essentiellement les parties herbacées. Il est favorisé par des températures journalières moyennes supérieures à 10°c, une humidité relative élevée (80-90%), de même que le temps nuageux et la pluie. Au Maroc c’est la plus redoutable des maladies cryptogamiques pouvant causer, selon les conditions météorologiques et le taux d’infestation, des dégâts très importants allant jusqu’à la destruction totale de la récolte. Les symptômes de la maladie commencent par l’apparition, sur la face supérieure des feuilles, de tâches jaunâtres qui brunissent rapidement alors que, sur la face inférieure des feuilles, apparaît un duvet fin, blanc grisâtre. A partir de là sont disséminées (par le vent) des spores en nombre, le processus étant aggravé par une courte durée d’incubation. Les tiges attaquées noircissent et la plante peut être détruite en quelques jours. Les tubercules présentent des Au Maroc, le rendement moyen en pomme de terre reste faible par rapport aux potentialités qu’offrent les conditions de production dans notre pays. Parmi les nombreuses contraintes responsables de ce handicap, les maladies qui attaquent cette culture. Ces maladies peuvent toucher tous les organes de la plante et causer des dommages économiques importants handicapant la rentabilité de la culture : diminution du rendement, destruction totale ou partielle de la récolte, baisse de la qualité, … Ceci est particulièrement vrai pour le mildiou dont les attaques peuvent être violentes.
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tâches diffuses brunâtres sur l’épiderme, suivies durant le stockage, par un pourrissement complet (pourriture sèche) qui s’étend profondément à l’intérieur. La chair présente des zones à texture granuleuse de couleur brun-rouille. Des pourritures secondaires s’installent par la suite.
Méthodes de lutte Protéger ses cultures est chaque année un nouveau défi puisqu’il s’agit d’adapter son raisonnement aux conditions climatiques et environnementales, aux menaces réelles, aux variétés plantées et aux contraintes économiques afin de préserver son rendement. Vu sa courte durée d’incubation et sa sporulation très importante, ce champignon devra susciter le plus d’attention de la part des producteurs de pomme de terre. Le meilleur moyen de s’en protéger est d’adopter des mesures préventives pour empêcher l’installation et la germination des spores.
Prévention Avant de passer à la lutte chimique il est nécessaire de commencer par les méthodes culturales préventives pour empêcher l’installation et la germination des spores. Les principales d’entre elles commencent par : - une rotation culturale efficace en évitant que des solanées ne reviennent sur la même parcelle après plusieurs années (3 à 5).
- de même on peut recourir à des variétés résistantes ou tolérantes à cette maladie, si elles existent, - utiliser des semences, de préférence sélectionnées, saines - brûler les résidus des cultures précédentes afin de diminuer l’inoculum primaire, - le terrain destiné à la culture doit être sain et éventuellement désinfecté et traité contre les nématodes - en outre, il est préférable d’éviter la salinité du sol et de l’eau d’irrigation.
En plus il est nécessaire d’améliorer les conditions de production : - augmenter l’espacement entre les rangs de plantation, - éviter les excès d›azote, - éliminer les fanes et plants malades, - éliminer les adventices et plants spontanés de PDT qui constituent un foyer de contamination, - effectuer un bon buttage, - éviter l’irrigation par aspersion
La lutte chimique Le programme de lutte contre le mildiou doit être adapté en fonction de la situation géographique, les régions étant plus ou moins sensibles aux maladies, et de l’historique de la parcelle. En fonction des conditions climatiques (pluies, humidité élevée et températures favorables, temps nuageux, brouillard, rosée fréquente, etc.), en cours d’année, il peut être né
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cessaire d’ajuster son programme. Pour être efficace, le programme fongicide doit être réalisé en préventif. Le suivi et les observations réalisées sur le terrain permettent d’adapter les cadences de traitements. Une fois que la maladie s’installe, il faut traiter à l’aide des fongicides systémiques en veillant à recouvrir de bouillie toutes les parties de la plante. Il est recommandé d’alterner les familles chimiques de produits de traitement afin d’éviter le phénomène d’accoutumance. De nombreux produits, à utiliser en préventif, existent. Il convient de choisir des produits adaptés à la situation : en fonction de leur mode d’action, de la pression de la maladie, des conditions de lessivage et de l’évolution de la culture. De manière générale, privilégier des produits hauts de gamme est gage de qualité. Ces produits sont composés de matières actives haut de gamme. Ils disposent ainsi d’une bonne résistance au lessivage et offrent un mode d’action plus complet. En fin, Il est important de noter que l’efficacité de la protection fongicide dépend également de la qualité de l’application des fongicides (pression, volume, vitesse, et type de buse).
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