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Carotte

Amélioration variétale continue

La carotte est un légume qui a fait l’objet d’un considérable travail de sélection. Depuis la création du premier hybride de type nantais dans les années 70. Elle s’est beaucoup améliorée par rapport aux anciennes variétés. Ce qui a permis la mécanisation, l’envolée des rendements et l’extension de la culture.

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Une diversification en matière de couleur et de saveur, une adaptation à la culture biologique, une meilleure résistance aux ravageurs tels que la mouche de la carotte et les nématodes, et aux agents pathogènes (Alternaria dauci, Erwinia carotovora…), la résistance à la montaison ainsi qu’aux températures élevées et à la sécheresse, etc. sont autant de critères de sélection vers lesquels s’orientent les travaux de recherche et la création variétale actuelles. Ce qui rend le travail de sélection si passionnant (et fastidieux à la fois), c’est que les exigences du marché changent continuellement. Les semenciers font ainsi l’inventaire des souhaits du consommateur, pour ensuite les rassembler dans de nouvelles variétés. C’est un défi que les sélectionneurs se plaisent à relever, sachant que la création d’une nouvelle variété peut prendre une dizaine d’années. Si le type orange domine sur le marché, il existe chez la carotte une grande diversité de variétés. Afin de pouvoir utiliser les caractéristiques intéressantes de ces variétés dans des programmes de diversification, les chercheurs de par le monde ont établi des collections de ressources génétiques. Par ailleurs, ils disposent aujourd’hui de méthodes de biologie moléculaire leur permettant d’identifier et/ou localiser les gènes d’intérêt sur les chromosomes de la carotte. Le sélectionneur pourra ainsi identifier les parents intéressants pour les croisements et faire le tri dans la descendance pour ne garder que les plants qui ont hérité de l’ensemble des caractéristiques désirées. A titre d’exemple, les travaux d’une équipe d’enseignants-chercheurs du centre d’Angers d’Agrocampus Ouest portent sur la qualité et la résistance aux bioagresseurs chez la carotte. Ils s’attachent avant tout à connaître, gérer et utiliser la diversité génétique des carottes sauvages et cultivées et à établir les bases génétiques, moléculaires et écophysiologiques de caractères d’intérêt comme la résistance à la maladie foliaire Alternaria dauci et l’accumulation de caroténoïdes. L’un des premiers résultats a été la découverte d’un gène qui conditionne l’accumulation de pigments de caroténoïde dans les racines de carottes. Le carotène est un pigment orange présent dans les carottes et d’autres végétaux colorés (courge, abricot…), qui est converti par le foie en vitamine A, une vitamine essentielle au bon fonctionnement de notre organisme. Les progrès des technologies de séquençage du génome vont ainsi permettre aux scientifiques de développer de nouvelles variétés dont la valeur nutritive sera améliorée. A noter que le séquençage récent du génome de la carotte a consti-

tué la base de nombreuses études portant notamment sur des aspects agricoles et nutritionnels. En effet, après avoir identifié un gène et la fonction qui lui est associée, les chercheurs peuvent accélérer la sélection classique en choisissant les «bons descendants». La sélection assistée par marqueurs permet de repérer, dès le stade plantule, les séquences de gènes porteuses des caractéristiques les plus intéressantes. L’expansion rapide des connaissances sur le génome des plantes et la disponibilité d’équipements analytiques automatisés aideront à développer de nouvelles variétés qui peuvent prospérer dans des conditions environnementales stressantes, avoir un plus grand contenu nutritionnel et une meilleure saveur, et produire efficacement avec seulement un minimum d’intrants.

Plus de résistances

Autre préoccupation croissante pour les chercheurs, la carotte de demain doit être résistante aux maladies et ravageurs. Face à l’évolution de la réglementation, ce critère devient primordial dans les choix des producteurs aussi bien en bio qu’en conventionnel. Cependant, pour certaines maladies du feuillage et pathogènes du sol (nématodes), il faudra attendre quelques années pour disposer de variétés résistantes. Une autre préoccupation des chercheurs serait de segmenter l’offre carotte avec des variétés plus gustatives et à plus forte valeur ajoutée.

Des variétés adaptées aux conditions locales

d’un pays à l’autre, précise un semencier. Il faut donc s’adapter par des essais variétaux, à la demande de chaque marché. Il s’agit d’un processus assez long car cette adaptation nécessite plusieurs années pour trouver les variétés adéquates. D’ailleurs, les

semenciers leaders sur le marché marocain des carottes, entreprennent chaque année de nouveaux essais pour trouver celles qui répondent le mieux à la demande des clients. Globalement, les principales caractéristiques qui permettent à une variété de répondre aux exigences de l’ensemble de la filière (producteurs, commerçants et consommateurs ) sont : • Une forme longue, cylindrique et homogène, bien boutée, • Une coloration orange intense et uniforme qui se maintient même après la récolte. Cette caractéristique est déterminante pour le prix de vente, • Un aspect lisse très apprécié des ménagères, avec une bonne tenue au champ après maturité et une forte résistance à la casse et à la fente longitudinale, • Une adaptation à la récolte en botte et en vrac. A rappeler que dans certaines régions les consommateurs et les commer-

çants ont une nette préférence pour la commercialisation en botte, comme garantie de fraîcheur, alors que dans d’autres (Berrechid) la production est plus ‘’industrialisée’’ et la commercialisation se fait en vrac, le feuillage présentant un poids supplémentaire rendant le transport et la manipulation plus coûteux, • Une meilleure résistance ou tolérance aux maladies les plus rencontrées sur cette culture, notamment les maladies fongiques des feuilles (Alternaria dauci, Cercospora et Oïdium notamment) et des racines (Cavity spot), • Un maintien des caractéristiques de forme, taille, etc. même en cas de semis à forte densité. • Un taux de germination élevé, un bon état sanitaire et une longue conservation des graines (en cas de reste après semis). • Un rendement commercial élevé avec peu d’écarts de triage, que ce soit lors de la récolte ou en post-récolte. • Une Adaptation au climat de la région et au type de sol, • Une Précocité ou tardiveté pour

adap- ter les calendriers de production et de commercialisation, • En plus de leur rusticité et leur tolérance aux grandes variations de températures,

Parmi les principaux axes de recherche pour l’avenir, figure la combinaison de la recherche de la qualité à la résistance aux maladies car, même si le Maroc a la chance de ne pas connaître les problèmes majeurs qui touchent la carotte, il faut être prêt à y faire face, notamment avec les bouleversements climatiques. A noter que grâce à une bonne identification des zones de production, les semenciers peuvent aujourd’hui proposer une gamme de variétés hybrides adaptées aux différentes conditions pédoclimatiques, suivant les saisons et le marché visé. Les producteurs peuvent ainsi semer toute l’année, afin d’offrir en permanence au consommateur des carottes fraîches et de qualité. En effet, les différentes régions marocaines de production de carottes (Agadir, Berrechid, Beni Mellal, Tnin Chtouka, etc.) sont complémentaires sur le plan du calendrier de production et permettent un étalement et une diversification de l’offre sur pratiquement toute l’année.

Conduite culturale

En plus des performances génétiques de la variété, la culture de la carotte a besoin d’une conduite technique adéquate pour lui permettre d’exprimer pleinement son potentiel. Cela inclut essentiellement la préparation du sol, semis mécanisé, irrigation goutte à goutte, nutrition équilibrée et adaptée à chaque stade, protection raisonnée…

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