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from Le Journal du Syndicat National des Antiquaires N° 2

FOIRES

Ces spécialités rares qui risquent de disparaître

Questions de goût ? De contraintes réglementaires ? Ou tout simplement de mode ? Certaines spécialités risquent de disparaître de la liste des adhérents du SNA, une expertise qui ne trouve pas toujours sa relève.

PAR ALISON MOSS

Pourquoi certaines spécialités sontelles mises de côté ? Le phénomène s’explique le plus souvent par les tendances du marché : c’est le cas du mobilier XVIIIe, aujourd’hui délaissé par les collectionneurs au profit du design des années 1940, 1950 et 1970, très convoité pour les intérieurs contemporains. À présent, les cinq spécialités les moins représentées au SNA sont l’art russe et d’Europe de l’Est (Maroun Salloum), les instruments de musique anciens (Jean-Jacques Rampal), les monnaies et médailles (Jean Vinchon), les papiers peints anciens (Luca Burzio) et les photographies anciennes (Jean-Claude Vrain et Rodolphe Chamonal). Bien d’autres sont en perte de vitesse, comme les armes anciennes ou les enluminures : le signe d’un changement de goût – et d’habitudes – des collectionneurs. Anthony JP Meyer, marchand d’art océanien et eskimo, pointe en outre du doigt l’hyperspécialisation croissante des métiers : « Les experts de certains domaines se regroupent au sein d’autres organismes spécialisés et quittent les syndicats généralistes », signale-t-il. La réglementation plus stricte du marché pour certaines spécialités, comme l’art précolombien, peut également nuire à leur popularité. L’an dernier, une trentaine d’objets archéologiques provenant du Mexique mis en vente chez Christie’s France étaient par exemple réclamés par l’Institut national d’anthropologie et d’histoire du Mexique, en vertu d’une loi nationale de 1972 et d’un mandat de la Convention de l’UNESCO de 1970. De quoi dissuader plus d’un acquéreur potentiel… Finalement, le gonflement général des prix des antiquités représente une entrave à la transmission du savoir-faire des marchands, qui doivent impérativement accéder aux objets afin d’affiner leur œil. « Ce n’est qu’en se constituant lui-même un stock qu’un antiquaire peut réellement connaître son métier », rappelle Anisabelle Berès, présidente du SNA.