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LA RESTAURATION EN QUESTION

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ÉDITION

ÉDITION

En haut : Photographie de fluorescence d’ultraviolet.

© Art In Lab. Analyse d’une couche picturale par spectroscopie de Fluorescence des Rayons X. Spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier.

Pourquoi faire appel à un laboratoire d’analyses scientifiques ?

Dater une œuvre, authentifier un artiste, identifier un faux... Nombreuses sont les raisons pour qu’un marchand s’adresse à un laboratoire d’analyses. Ilenia Cassan et Estelle Itié d’Art in Lab répondent à nos questions.

PAR STÉPHANIE PIODA

Dans quels cas un antiquaire ou un galeriste peut-il faire analyser une œuvre ?

Les raisons de pousser la porte d’un laboratoire sont multiples. Les plus connues et les plus médiatisées restent la recherche d’attribution et la détection des faux. Mais le contexte de la demande peut aussi concerner l’assistance à la restauration, la sécurisation des transactions, et plus largement la mise en valeur des œuvres. Comprendre les techniques de création de l’objet, associer l’œuvre à son histoire ou même proposer une image scientifique qui mettra en valeur les secrets de création, comme mettre à jour un beau dessin sous-jacent. Certains collectionneurs passionnés y sont très sensibles.

Est-ce que vos analyses sont intrusives pour l’œuvre ?

Tout dépend de l’œuvre et des questions posées. Dans l’immense majorité des cas, les analyses ne sont aucunement invasives : c’est évidemment le cas de l’imagerie, mais c’est aussi vrai pour l’analyse physico-chimique.

Réflectographie infrarouge d’une œuvre anversoise des environs de 1625 révélant la présence d’un dessin sous-jacent.

© Art In Lab. Dans ce domaine, les progrès sont constants. Il arrive de temps en temps qu’un micro-prélèvement soit nécessaire. C’est toujours le cas pour les techniques de datation que sont le carbone 14, la dendrochronologie ou la thermoluminescence. C’est également souvent nécessaire pour répondre aux questions parfois très pointues des restaurateurs. Même si nous privilégions une approche progressive, il arrive que le prélèvement soit nécessaire pour identifier un artiste ou une époque : par exemple, pour accéder à la couche préparatoire qui est dissimulée sous la couche picturale – et qui est spécifique chez certains artistes (Velazquez ou Poussin) – ou pour identifier des pigments modernes utilisés par des faussaires.

Pourriez-vous nous présenter un cas d’analyse d’une œuvre pour comprendre de quelle façon vous intervenez et quel type de conclusion vous apportez ?

Avant la pandémie, nous avons eu la chance de participer à un projet d’étude pour le musée national de l’Arche, à Saint-Pierre-et-Miquelon, à l’instigation d’une restauratrice passionnée, Kyriaki Tsesmeloglou, et avec l’appui de toute la communauté de l’île. Nous avons analysé les œuvres d’un artiste local du XIXe siècle afin de comprendre ce que pouvait être le métier de peintre dans cet environnement peu connu pour sa production artistique. Nous sommes impliqués dans une étude concernant des objets de la liturgie juive datant du Moyen Âge – c’est un vrai challenge compte tenu du peu d’informations existantes – et avons fait des recherches sur la conservation et la restauration d’œuvres en plastique. C’est un sujet peu traité, mais qui prendra beaucoup d’importance dans un avenir proche.

Conférences au Syndicat National des Antiquaires, 4 avenue de Messine, 75008 Paris. Mardi 24 mai 2022 à 18h00. L’indispensable à savoir sur l’imagerie scientifique Lundi 30 mai 2022 à 18h00. L’indispensable à savoir sur l’analyse physico-chimique Réservations : contact@sna-france.com www.artinlab-paris.com

ACTUALITÉS DES MEMBRES DU SNA Le château du Plessis-Brion

Nouvel écrin de la galerie Bayart Depuis 2008, la galerie Bayart, spécialisée en sculpture contemporaine, n’en finit pas de se développer. Forte de trois espaces à Compiègne, au Touquet et à Paris – où elle ouvrira à l’horizon 2023 un espace complémentaire dans l’ancien Caveau des Légendes –, elle inaugure les 21 et 22 mai prochains une nouvelle galerie à 8 kilomètres de Compiègne, au château de PlessisBrion. « Nous avons appris par hasard que ce monument historique, unique château Renaissance de la région situé au cœur d’un parc de 12 hectares, était à vendre », racontent Caroline et Thomas Bayart. Du 28 mai au 16 octobre, y seront notamment présentées les toutes dernières sculptures de Christophe

Le château de Plessis-Brion, nouvel espace de la galerie Bayart.

© Galerie Bayart. Charbonnel, Patrick Villas, Mario Dilitz, Massimiliano Pelletti et Éric Liot. Certains artistes comme Romain Langlois ou Bernard Pras réaliseront des œuvres in situ.

MARIE-ÉMILIE FOURNEAUX galeriebayart.net

Galerie RX Paris New York Kraemer Gallery

Le mobilier XVIIIe dialogue avec l’art contemporain !

Ce serait presque un programme ! Car cette galerie de référence, qui a enrichi avec des pièces d’exception tous les grands musées du monde – du musée du Louvre au Getty Museum à Los Angeles en passant par Jacquemart-André ou Nissim de Camondo (« un grand nombre d’objets d’art décoratifs [de ce dernier musée]

Hans Hartung, T1964-H37, 1964, acrylique sur toile, 130 x 81 cm. Commode de forme demi-lune en placage d’acajou moucheté, ornée de bronzes ciselés, estampille de René Dubois (maître ébéniste en 1755), époque Louis XVI, dessus en marbre blanc veiné.

© Courtesy Kraemer Gallery/Adagp, Paris 2022. viennent de mes arrières grandsparents », sourit Laurent Kraemer) – instaure un riche dialogue entre le mobilier et les objets décoratifs du XVIIIe siècle et l’art moderne et contemporain. « La clientèle a évolué : elle est de plus en plus jeune et heureuse de voir ces meubles dans des décors et des ambiances contemporaines, celles que nos visiteurs retrouvent chez eux », pointe Laurent Kraemer. Et pour preuve, les heureuses confrontations avec Hartung, Soulages, Rashid Johnson, Fernand Léger... dans un hôtel particulier au décor raffiné, rue de Monceau.

STÉPHANIE PIODA www.kraemer.fr

Librairie Lardanchet

« Conversation de chasseurs »

La librairie Lardanchet présente un ensemble de livres, documents autographes et photos sur la chasse. Cette exposition a été conçue avec deux collectionneurs sous la forme d’une conversation donnant naissance à un petit catalogue qui sera distribué à cette occasion. Ils ont fait un choix, parmi les livres de leurs bibliothèques, qui sera montré lors cette exposition.

Du 5 mai au 5 juin, www.lardanchet.fr

Rouleau de chasses tartares, École Kanô, 1787, dessin au lavis à l’encre de Chine coloré à la gouache sur un luxueux papier jaune pâle rehaussé de semis de paillettes d’or, 28 x 810 cm.

© Stéphane Briolant.

« NATURE, Accrochage collectif »

Il s’agit de la première exposition réunissant neuf artistes dont les œuvres respectives conduisent à une thématique commune : la nature. Sculptures, peintures et photographies dialoguent autour de problématiques actuelles telles que l’écologie, la maltraitance et la considération animale, ou pour démontrer l’importance de communier avec la nature, dans un parcours contemplatif, parfois ésotérique, qui interroge ceux qui les regardent, à mieux saisir nos environnements vitaux.

Du 2 avril au 22 mai, Paris www. galerierx.com

Vue des œuvres de JeanFrançois Fourtou et d’Hermann Nitsch au sein de l’exposition « NATURE, Accrochage collectif » à la galerie RX.

« Alain Kirili »

Première exposition monographique de l’artiste qui est désormais représenté internationalement par la galerie RX. Né à Paris, Alain Kirili (1946-2021) est un sculpteur francoaméricain, marqué très tôt par David Smith et Barnet Newman. Il est décédé à l’âge de 74 ans, le 19 mai 2021 à New York.

Du 20 mai au 25 juin, New York, www.galerierx.com

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