PAYSAGES PROTOTYPES Ciques et croupes - Alliances d’un paysage altimétrique Gaspard Basnier, Jordan Drouin, Alex Roux - Ensa-V, 2020-2021
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J M L
C
+650
K
+500 G B
A
F
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Les contreforts du plateau du Larzac depuis l’avant Causse.
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Le cirque de Tournemire photographiĂŠ depuis une croupe.
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Système Cirque Alliances d'un
paysage altimétrique
CARTOGRAPHIES
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50x50
Texte - Collage I
Cirques
Définitions
22
Taxonomies II
Croix - Antennes -
Dolmaines - Sources Reservoirs - Bassins
Hydrologie Accès
Implantations
ARCHITECTURE(S)
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Définitions
Taxonomies III
RELATION(S) Définitions Schémas
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SOMMAIRE
Croupes
PAYSAGE(S)
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COLLAGE -Allianges d’un paysage altimétrique
De toutes les villages et de tout les sentiers, les dispositifs visuels religieux semblent nous surveiller. En vérité, ils signalent. Ces architectures vernaculaires, acceuillant toutes une croix, manipulent habillement les procédés de constructions et jouent de leurs significations : elles s’ancrent, abritent, offrent et élevent (16, 17, 18). Elles représentent par leur nombre un réseau territorial de dispositifs sémantiques et visuels qui tirent parti du potentiel du paysage. En effet, elles sont nées d’un compromis entre la visibilité permises par des positions dominantes sur la vallée et d’un usage rituel pour les usagers des chemins de crête du plateau (19). Ainsi, ces dispositifs deviennent l’incarnation même de la ligne de front du Larzac (+800m Ngf). Ils symbolisent l’enceinte du plateau, un territoire contenu et séparé de sa vallée périphérique (+500m Ngf) par un dénivelé de 300m composé de falaises imprenables. En treizes points (A, B, C, D, E, F; G, H, I, J, K, L, M), les cirques et les croupes, excroissances terrestres aux versants adoucis (3), donnent l’opportunité aux routes et sentiers utiles aux activités humaines, d’acceder au plateau (2, 6, 15). Tels sont des brèches ponctuelles, ouvrant les interactions entre deux territoires antithétiques. Dans leur ascencion, ces voies d’accès opportunistes croisent, au sein des cirques, à des altitudes variables, une récurrence géologique : la course effrénée des cours d’eau (1, 5). Ils dévalent la pente au fond des reculées karstiques, aggravant leur sillon, depuis leur exsurgences (13). Les populations se sont implantées à la sortie des cirques et y ont developpé la pratique de l’agriculture en profitant de l’approvisonnement régulier en eau. Une géométrie parcellaire, en partie dessiné par la végétation (4), illustre ce développement agraire.Ces exploitants s’implantent en aval des sources qui exsurgent du plateau du Larzac (13). C’est un veritable réseau hydrologique territorial, un reservoir naturel receuillant et redistribuants les eaux pluviales aux vallées et vallons périphériques (1). L’étude du système cirque fait emerger une interaction constante entre l’hydrographie, la topographie, l’implantation végétale et le développent des activités humaines via l’édification d’infrastructures (2, 9, 14), d’edifices isolées (7) de constructions vernaculaires (8, 16), ou le partitionnement des sols (9, 10, 11, 12). Ils s’incarnent dans des milieux differents et à des echelles radicalement opposées Le coeur du cirque , autant symboliquement que factuellement, représente un milieu acceuillant une activité riche. Cette dernière nait d’une multitude d’interceptions. De rencontres fortuites, au croisement des chemins, des parcours, des sillons et des implantations humaines. Au delà de l’existance de tout ces dispositifs, constructions et pratiques humaines, c’est leur mise en oeuvre qui est le sujet clef de notre étude. Elle s’incarne dans les rapports de domination, de soumission, de substition et d’imposition entre l’objet et son site d’implantation. L’alliance du pasyage et de l’architecture entrainent des rapports conflictuels, nés de la rencontre entre la géologie et les pratiques humaines. Une rencontre entre le paysage naturel et le paysage bâti. Qu’est ce que conquérir un paysage que nous considérons comme un point d’entrée ?
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COLLAGE -Allianges d’un paysage altimétrique
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CARTOGRAPHIES
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CARTOGRAPHIE 50x50cm - Ech. 1:100 000
PORTES DU LARZAC
Aveyron, France
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CARTOGRAPHIE 50x50cm - Ech. 1:10 000
MÉGA-CIRQUE Saint-Geniez de Bertrand (H,N)
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CARTOGRAPHIE 50x50cm - Ech. 1:1 000
IMPLANTATION Cirque de Tournemire (L)
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CARTOGRAPHIE 50x50cm - Ech. 1:100
INTERCEPTIONS Cirque de Cornus (F)
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CARTOGRAPHIE 50x50cm - Ech. 1:10
RESSOURCE CONTROLÉE
Cirque de St-Paul-des-fonts (K)
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CARTOGRAPHIE 50x50cm - Ech. 1:1
PLACE(S) SACRÉE(S) Cirque de Cornus (F)
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I. PAYSAGE(S)
Définiton : Cirque - Croupe
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Carte géologique du plateau du Larzac, source image : Géoportail
La formation du plateau calcaire du Larzac date de l’ère Jurassique où l’érosion et la séparation aux autres plateaux et chaînes de montagnes par des rivières de développant au fond des gorges et des vallées ont façonné le territoire. Les cirques, que l’on nomme plutôt des reculées karstiques pour le site des Causses du Larzac, sont nés du drainage karstique. Ces reculées sont le résultat d’une érosion du plateau rocheux créant ainsi des saignées profondes dans le causse. Ces amphithéâtres rocheux sont donc les points bas du paysage. Ils créent des alcôves à grande échelle de forme plus ou moins circulaire. Ils sont tous placés sur cette frontière entre le plateau et la plaine en contrebas. En revanche, les croupes sont des repères altimétrique et topographique. Elles correspondent aux points hauts du paysage. Ces dernières peuvent être considérées comme des crêtes à ligne de faîte arrondie. Elles sont des points de vue et quelque fois des points de vie pour les marcheurs. Ces éléments paysagers sont donc la cible de procédés architecturaux ou bien d’activité humaine. En effet, l’exsurgence au fond de nombreux cirques et la présence des cours d’eau qui ont créent ces reculées, sont liés à l’implantation des villages ou hameaux qui possédaient à l’époque une réserve d’eau naturelle. Les croupes quant à elles sont le lieu d’installation de châteaux, de villages, de croix ou bien d’antenne relais pour notre époque contemporaine. Placés sur ces éperons rocheux, il était plus aisé de défendre sa propriété ou de capter la 5G dorénavant en ayant un point de vue dominant sur la vallée ou la plaine. Ce qui devient évident c’est que le paysage et son procédé de formation est le premier acteur de l’architecture du territoire et de son fonctionnement.
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Cirque d’érosion au Congo (d’après G. Sautter, 1970)
que l’on nomme cirque. C’est ici l’érosion qui joue le rôle principal à défaut de l’activité glacière. Les rencontres oubliées entre l’eau, chargée en CO2 et les massifs calcaires ou dolomitiques sont la conséquence de la formation des systèmes souterrains karstiques qui se sont ensuite érodés. Cette création naturelle a fait naître son propre paysage d’expression. Bien avant les amphithéâtres grecs ou romains, et suite à l’érosion du plateau rocheux, il est apparu cette vallée en cul-de-sac formant une échancrure en « U » prononcée délimitée par des parois abruptes presque verticales. Le « Bout du monde » ou reculée est encore le lieu d’exsurgence au fond de ce cirque, sans doute une des salles sans chapiteau la plus ancienne au monde.
Ceci n’est pas une croupe, Le petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry
A défaut de pouvoir donner une définition géologique du sujet lui-même, il s’agit peut-être de décrire ce que qu’il n’est pas. La croupe ne correspond pas ici à cette partie postérieure du corps des équidés, ni aux courbes lâches du chapeau (ou bien l’éléphant) d’Antoine de Saint-Exupéry. A la différence de la crête qui représente le paroxysme altimétrique d’une ligne de sommets déclivés où un des flancs est abrupt, la croupe s’exprime de manière plus discrète. Un relief, un modelé convexe de la douceur d’un mont qui aurait été très fortement allongé, orienté vers le ciel, formé de deux versants et d’une ligne de faîte. Chacun des versants s’incline dans une direction. Les montres de Salvador Dali jalousent ces flancs paresseux.
Définiton : Cirque - Croupe
Les jeux de la géomorphologie ont fait naître une performance rocheuse spectaculaire
26 Cirque de Cornus
43.90678, 3.1774 Echelle : 1/20 000e
Cirque du “Frayssinet”
43.90041, 3.15568
Taxinomie - Cirque
Echelle : 1/20 000e
Cirque du “Cros”
43.8984, 3.13725 Echelle : 1/20 000e
Cirque de Saint-Baulize
43.90821, 3.1166 Echelle : 1/40 000e
27 Cirque de St-Paul-des-Fonts
43.92813, 3.07794 Echelle : 1/30 000e
Cirque de Tournemire
43.97581, 3.03277 Echelle : 1/40 000e
44.02819, 3.02147
St-Georges-de-Luzenรงon
Echelle : 1/60 000e
Cirque de
44.04259, 3.0362
Lavencou
Echelle : 1/30 000e
Taxinomie - Croupe
Cirque de
28 Cirque de St Martin
44.06513, 3.05086 Echelle : 1/40 000e
Cirque de St Veran
44.11138, 3.24948
Taxinomie - Croupe
Echelle : 1/30 000e
Taxonomie : Croupe Croupe de Massebiau Antenne Relais
Croupe de la Plaine
29 44.10388, 3.1361 Echelle : 1/10 000e
44.06436, 3.0005 Echelle : 1/20 000e
44.05436, 2.99856 Echelle : 1/20 000e
Croupe de Billac
44.03488, 3.01069 Echelle : 1/40 000e
Taxinomie - Croupe
Croupe de Val-St-Georges
Taxinomie - Croupe
30 Croupe de
43.99353, 3.12919
St Eulalie de Cernon
Echelle : 1/20 000e
Croupe de la
43.96579, 3.02939
Croix de Crepounac
Echelle : 1/10 000e
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II. ARCHITECTURE(S)
Définition - Croix
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Croix de Grepounac, Photographie de “lydie j-roux”, juillet 2019
“Sur des pistes empruntées par les bergers, sur les traces des templiers, arpentez le causse du Larzac jusqu’à cette croix blanche d’où se déploie un panorama superbe sur le cirque de Tournemire.”
Le territoire aveyronnais et celui des causses du Larzac ont connus une histoire religieuse très forte du milieu du XIIe au milieu du XVe siècle (Ordre des Templiers puis des Hospitaliers). Entre édifice religieux bâtis, constructions succinctes ou monuments éparses, le paysage est marqué d’une trace théologique encore visible. La croix marque l’installation de l’homme dans le paysage. Un dialogue historique existe entre les croix et les objets bâtis que l’on voit se développer sur les causses du Larzac ou dans la plaine en contrebas des parois rocheuses. Les croix du Larzac sont des croix Latines, c’est-à-dire des croix qui pour les chrétiens représente la Crucifixion de Jésus-Christ. Elle possède deux bras perpendiculaires dont le transversal est plus court par rapport au longitudinal. Les croix du Larzac, surplombants les cirques et placées sur les croupes (environ +800m NGF) au dessus des villages (+500/+600m NGF), sont des croix de chemin ayant un rôle de guide et de protection. Elles peuvent être de plusieurs types : croix de carrefour, de mémoire ou de limite. Le relief est un atout visuel permettant d’apercevoir la croix depuis le fond et l’entrée de la reculée karstique.
33
Tour du Viala, Phototgraphie prise sur le site de l’Union Sauvegarde du Rouergue
Elles sont ce qu’on appelle des croix monumentales, une croix chrétienne isolée (ou faisant partie d’un calvaire) en bois, pierre ou métal dont le pied peut être encastré dans une ouvrage maçonné, dans une brèche calcaire manuellement agrandie ou encore maintenue verticale par un tas de roches calcaires. Elles ne deviennent monumentales que vers le XIe siècle avec l’émergence de l’art roman qui favorise ce monument auprès duquel, à défaut d’église, se célèbrent les cérémonies religieuses. Certains ouvrages maçonné au pied de la Ainsi, la position d’une croix exerce une très forte influence sur la manière dont elle sera édifiée. Les pratiques, la fréquentation, l’accessibilité ou encore les moyens à disposition localement entrent tous en compte dans son processus de conception. Gravure à l’eau forte du XVIIe siècle représentant les montjoies de Paris à Saint-Denis.
Définition - Croix
croix abritent des cavités pour déposer des objets de culte ou prennent la forme d’un autel.
34 Croix de la Blaquière
43.92834, 3.28494 Echelle : 1/4 000
Croix de Cornus
43.90196, 3.17598
Taxinomie - Croix
Echelle : 1/2 000e
Croix de Crepounac
43.96584, 3.02934 Echelle : 1/4 000e
Croix St-Paul-des-Fonts
43.9313, 3.08038 Echelle: 1/4 000e
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Coupe - Croix
Echelle : 1/33e
Définition - Antenne
36
Cartographie des émetteurs TNT du département de l’Aveyron, Source image : http://www.tvnt.net/.
Les antennes sont des équipements permettant la réception et la diffusion d’ondes électromagnétiques. Elles convertissent des signaux électriques en ondes électromagnétiques (et réciproquement). Elles existent donc depuis l’origine de ces émetteurs d’ondes ; elles sont classées en fonction de leur fréquence. Le terme « antennerelais » se rapporte aussi bien aux antennes de téléphonie mobile qu’aux réémetteurs de télévision terrestre, équipements de radiocommunications de la gendarmerie nationale française, des pompiers, des hôpitaux, de certaines sociétés privées (transports, chantiers routiers ou autoroutiers...) qui utilisent également des antennes-relais. Il existe en France un débat sur l’innocuité des antenne-relais de téléphonie mobile, débat porté au niveau gouvernemental et parlementaire. Les premières antennes relais qui sont installées en France datent de 1956. Le territoire s’est vite recouvert de ses monuments métalliques reposant la plupart du temps sur des sites en hauteur (collines, plateau, éperon rocheux...). Ici elles s’implantent, tout comme les croix sur le sommet des croupes et le haut des cirques (environ +800m NGF). Elles tissent alors un lien presque immatériel entre le haut et le bas, la croupe et l’entrée du cirque où s’installe les villages (+ 500m NGF) Une nouvelle cartographie virtuelle se dresse et dessine alors un paysage infrastructurel qui diffère suivant si l’on se trouve dans une zone blanche (sans ondes) ou une zone desservies par le réseau mobile ou TNT.
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Différents diagrammes d’émission d’antennes en deux dimensions, Source image : https://fr.wikipedia.org/
Les antennes se placent sur les croupes ou les bords de plateau pour deux raisons : le fonctionnement de l’infrastructure (diagrammes de rayonnement) qui nécessite un site dégagé et donc logiquement en hauteur et puis l’emplacement des villages qui se situent au niveau des entrées des causses du Larzac ; l’implantation est choisie afin de minimiser la distance entre “récepteur” et “émetteur”. Ce sont de véritables monuments de métal, des infrastructures de signaux visuels et transparentes, sensibles et résistantes. Elle s’impose dans le paysage. Remplaçant les croix médiévales, ce sont les nouveaux repères contemporains, lubrifiant la gestion urbaine et l’aménagement urbain. Antenne de 54m, première liaison transmanche en 1899, Source image : https://www.epsic.ch/
Définition - Antenne
virtuels. Ces totems verticaux contemporains font appel à des structures métalliques
38 Antenne Roquefort
43.97575, 2.98389 Echelle : 1/4 000e
Antenne
Taxinomie - Antenne
St Eulalie de Cernon
Antenne 2 Millau
43.99347, 3.12915 Echelle : 1/2 000e
44.08133, 3.08173 Echelle : 1/2 000e
Antenne Couvertoirade
43.90546, 3.18277 Echelle : 1/2 000e
39
Coupe - Antenne Echelle : 1/100e
Définition - Dolmen
40
Carte de répartition des monuments funéraires mégalithiques en France d’après Soulier dir., 1998 (DAO : Inrap)
Les dolmens sont des constructions en pierres pour abriter les morts (construction funéraire). Ils apparaissent au néolithique. Le terme «dolmen» est composé de deux mots de la langue bretonne : dol et men qui signifie respectivement «table» et «pierre». Ces groupements très denses confirment la « loi des calcaires » selon laquelle les terrains calcaires sont des territoires privilégiés des constructions mégalithiques. 92 % des dolmens du centre de l’Aveyron ont été édifiés en terrain calcaire avec des dalles calcaires. Les extractions de dalles ont été faites sur place d’autant plus souvent que certains bancs calcaires (Hettangien, Sinémurien, Bathonien) se prêtent mieux à une production de ce type de monolithe. Le dolmen est constitué d’une dalle en pierre reposant sur des piliers également en pierre, le tout ayant la forme d’une table. Comme dans le Lot, la très grande majorité des dolmens aveyronnais sont des dolmens simples composés de deux orthostates surmontés d’une table et fermés à l’extrémité ouest par une petite dalle de chevet. Les dolmens doubles ou à vestibule sont rares. Souvent le dolmen est recouvert d’un amoncellement de pierre et de terre, il forme alors un tumulus. Les dolmens comportaient un mobilier funéraire (dans une grande partie d’entre eux, ce mobilier a disparu). C’est le patrimoine le plus ancien et le plus énigmatique laissé par l’homme sur le territoire du Larzac qui révèle la présence millénaire de l’homme en ces lieux. On les retrouve le long des chemins de crête le plus souvent (+800m NGF).
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Dolmen à la Cavalerie, Photographie de L. Froment, Source Image : www.delcampe.net
Si la présence d’une combe, d’une doline ou celle d’un cours d’eau à proximité ne conditionne pas systématiquement l’implantation d’un dolmen, la prédilection des bâtisseurs pour les zones de contact entre terrains calcaires et terrains argileux doit cependant être soulignée. Elles répondent probablement à deux nécessités : disposer des matériaux nécessaires à l’édification des ensembles mégalithiques, pouvoir cultiver la terre et y développer l’habitat. matière et une structure similaire aux dolmens préhistoriques. Murs en béton armé, lisse d’un côté, rugueux de l’autre, coulé dans le sable à l’horizontal.
Batara, photo de Bas Princen, exposition à Leth & Gori, Copenhague (DK), 2012
Définition - Dolmen
Les méthodes de fabrication du pavillon du studio Anne Holtrop donnent à voir une
42 Dolmen de Coste Plane
43.97919, 3.03744 Echelle : 1/2 000e
Dolmens du Puech del Pous
44.04548, 3.04509
Taxinomie - Dolmen
Echelle : 1/2 000e
Dolmen de Rafènes
43.98307, 3.11216 Echelle : 1/2 000e
Dolmen de la Gruelle
43.91067, 3.22569 Echelle : 1/2 000e
43 Dolmen des Prévenquières
43.91666, 3.19739 Echelle : 1/2 000e
Dolmens de Brunas
44.07413, 3.07298 Echelle : 1/2 000e
44.06668, 3.0578 Echelle : 1/2 000e
Dolmen de Peyraube
43.9608, 3.14611 Echelle : 1/2 000e
Taxinomie - Dolmen
Dolmen du Boundoulaou
Definition - Source de Captage / Réservoir
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Source naturelle de l’Homède, exsurgence karstique au fond de la reculée
Le causse du Larzac, le plus étendu des grands causses, est un vaste plateau calcaire et dolomitique très karstique entaillé par des vallées et des cirques qui témoignent de sa prédisposition à l’érosion. Les eaux pluviales s’y infiltrent due à la nature géologique de la roche qui le compose, entraînent une réaction d’érosion mécanique et chimique du massif karstique qui donne naissance à un réseau de cavités, de grottes, de retenues d’eau et de rivières souterraines. Malgré une pluviosité moyenne, le plateau Larzac apparaît ainsi comme une réserve d’eau naturelle, un véritable château d’eau, alimentant les villages situés en aval et à sa périphérie. Les eaux ressortent au niveau d’exsurgences qui se situent au cœur des reculées karstique à une altitude de +550m à +650m NGF. Elles sont pour la plupart captées pour l’alimentation en eau potable des habitants des vallées (+500/+550m NGF). Les sources qui font surface au cœur des cirques du Larzac exsurgent avec un flux qui varie selon les cavités et les retenues qui les alimentent en amont. Leurs aménagements divergent eux aussi en fonction du débit de la source. Pour une source peu généreuse et diffuse, une source de captage permet de clarifier et de concentrer les eaux en un point d’exsurgence. Pour une source dont le débit est suffisant, un abreuvoir ou un bac maçonné retient une partie des eaux avant de la laisser s’écouler dans son lit naturel au travers d’un trop-plein. Aménagé ou non, l’exsurgence des cours d’eau sous-terrains est toujours exploitée due à la pureté de la ressource que notre imaginaire collectif cultive mais dont nous ne pouvons plus être certains.
45
La source de Fontubière (Sainte-Eulalie-de-Cernon, Larzac), Source image : www.millavois.com
Son nom vient de Fònt « source » et de tubièra, dérivé de tube (du latin, tubus) « conduit, tuyau » pour désigner par le suffixe collectif – ièra un aménagement permettant de diriger Originellement, la source qui se trouve à la base du bathonien remplit deux petites vasques dont l’eau s’écoule par une entaille creusée dans la roche et se faufile en pente vers une mare. Cette mare supérieure, par son trop-plein alimente un second bassin. Si la mare supérieure est restée dans son état initial, la mare inférieure a été surmontée d’abreuvoirs, on en compte six au total. Cercles et lignes miroirs, indispensables au bétail, tissent une géométrie hydrographique qui structurent le territoire. Ces petites installations sont les catalyseurs du paysage urbain. Photographie d’objet domestique, région de Garcíaz, Source image : www.instagram.com/jorgevidal.studio/
Definition - Source de Captage / Réservoir
l’eau vers une lavogne.
46 Source du Dourzon
43.99126, 3.26151 Echelle : 1/4 000e
Source de l’Homède
44.07716, 3.06054
Taxinomie - Source
Echelle : 1/2 000e
Source du Frayssinet
43.90122, 3.15623 Echelle : 1/4 000e
Source de la Foussette
43.90835, 3.11652 Echelle : 1/4 000e
47 Source du Lavencou
44.03975, 3.03334 Echelle : 1/4 000e
Source du Boundoulaou
44.06548, 3.05198 Echelle : 1/4 000e
43.90712, 3.17801 Echelle : 1/4 000e
Captage de l’Arnou
43.9281, 3.0771 Echelle : 1/8 000e
Taxinomie - Source
Captage de la Drève
Coupe - Source de captage 48
Echelle : 1/33e
Coupe 2 / Source reservoir/ abrevoir
49
Coupe - Source / Réservoir
Echelle : 1/33e
Définition - Retenue d'eau
50
Cartographie Hydrographique (en surface) des Causses du Larzac, 2020 , Source image : ENSA-V, 2020-2021
A la périphérie des Causses, aux flancs des vallons qui les enveloppent, là où la remontée des couches fait affleurer les marnes liasiques imperméables, les eaux disparues à la surface du plateau reviennent au jour au fond de couloirs ou de cirques encadrés de hautes falaises et découpés à l’emporte-pièce dans la couronne des plateaux. Ce sont les sources des Bouts-du-Monde. On utilise les eaux de ces rivières en les détournant par un béal pour arroser les prairies et les luzernes. Au point d’émergence des sources puissantes propres aux besognes industrielles se sont fixées les petites villes, centres jadis de fabrication de draperies grossières, cadis, escots et serges. Mais ces sources du fond des gorges et de la périphérie des Causses ne profitent qu’aux gens des vallons et des gorges, les Riverains. L’habitant du Causse ne peut en bénéficier, et une question se pose naturellement à l’esprit du voyageur* qui parcourt les solitudes des Causses : comment y abreuver bêtes et gens ? Marres Paul. Le problème de l’eau dans les Grands Causses. In: Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, tome 15, fascicule 3-4, 1944. pp. 182-188
Le captage de sources peut être aussi plus élaboré et associé à la construction d’un mini-réseau d’adduction d’eau desservant par gravité un ou plusieurs villages éloignés du lieu du captage. Une fois atteinte la vallée, l’eau devient un outil énergétique, économique catalysé par une collection de dispositifs architecturaux : micro-barrages, réservoirs, abreuvoirs, puits, citernes, moulins, bassins de pisciculture, lavoirs... Les dispositifs de retenue d’eau présentent un schéma de fonctionnement relativement similaire dès lors que leur apport en eau se limite au débit du cours d’eau. L’édifice est installé sur un site où les strates calcaires peu fissurées (quasi imperméables) sont facilement atteignables. Un mur maçonné permet de créer l’enceinte de la retenue d’eau. Il est finalement recouvert d’une couche d’argile importé ou d’un mélange de chaux, de terre cuite pilée et de sable dolomitique.
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Saint Eulalie-de-Cernon, usine hydraulyque XXe siècle, Source image : www.delcampe.net
Le travail infrastructurel et architectural sur les cours d’eau au sein des reculées karstiques peut se diviser en deux typologies : l’aménagement de la source (exsurgence naturelle avec ou sans réservoir, source de captage ou encore des grottes abritant des zones d’eau stagnante) et des infrastructures qui interceptent le cours d’eau créant ainsi une retenue d’eau artificielle. Cette dernière étant pleine, elle alimente un autre réservoir du même la plaine. Se pose la question de l’infrastructure et son devenir. Exploitant les ressources, avec le temps elle peut prendre l’apparence d’un monument, d’un symbole, d’une trace d’une activité passée qui a construit un nouveau paysage. Monument Continu, Superstudio, 1969, Source image : http://cargocollective.com/
Définition - Retenue d'eau
type ou bien elle retrouve son lit et son débit au sein du crique, de la vallée ou encore de
52 Pissiculture Mas de Pommiers
43.99125, 3.26525 Echelle : 1/8 000e
Pisciculture fĂŠdĂŠrale
Taxinomie - Retenue d'eau
de la Mouline
Retenue du Frayssinet
43.99449, 3.08692 Echelle : 1/4 000e
43.89739, 3.15939 Echelle : 1/2 000e
Barrage du Frayssinet
43.89132, 3.15332 Echelle : 1/2 000e
Plan / Coupe Retenues d’eau
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Coupe - Retenue d'eau / Bassin
Echelle : 1/50
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III. RELATION(S)
Réseau Hydrographique + Altitude de référence
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Source du Dourzon, Crique du Liquier, environ de Nant, Source image : www.tourisme-larzac.com
L’interception des eaux s’écoulant depuis le cœur du plateau du Larzac s’incarne de deux manière similaire mais dont la localisation et l’échelle des dispositifs permettent de les différencier. : - Les dispositifs de collection et de retenue d’eau mineurs sont accolés aux exsurgences (entre + 550m et + 650m NGF), plus communément appelées sources, et plus ou moins bâties. Elles captent les eaux pures dès leurs sortie. Ces dispositif se trouvent souvent au coeur du cirque dans les trois directions de l’espace (Latitude, Longitude, Altitude). Suivant les caractéristiques de la sources, la méthode de captage varie (drainage, réservoir maçonné, sillon naturel...) Pour avoir accès à une eaux la plus saine, les habitants des villages en aval ont toujours empreinté des sentiers pour accéder directement aux sources. - Les dispositifs de retenue d’eau majeurs (pisciculture, citerne, bassin) permettent d’accumuler une quantité d’eau supérieure a celle des constructions mineures tout en conservant un positionnement en amont des habitations (+ 550m à + 500m NGF). Ce besoin s’explique dans la nécessité d’ écoulement de l’eau Enfin, les sentiers ancestraux qui utilisaient les cirques pour accéder au plateau du Larzac devaient croiser au moins une ou deux fois les cours d’eau s’en écoulant. Ainsi les individus et le bétail devait passer près des sources ou d’autres dispositifs pour s’abreuver. On assiste alors à la création de pont, de passage plus précaire pour pouvoir traverser.
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Géographie - Réseau Hydrographique + Altitude de référence
+800m NGF
+650m NGF
+550m NGF
+500m NGF
Échelle : 1/10000
Couronne des cirques + Altitude de référence
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Cirque de Tournemire, vue depuis la croix de Greponac (en haut), vue depuis le chemin de randonnée (en bas)
Que ce soit les antennes relais téléphoniques ou les croix qui se déploient sur le territoire, il en résulte la mise en place d’un maillage territorial immatériel. Ce réseau n’est pas sans impacte sur le paysage mais il est clair qu’en fonction de l’objet architectural, il varie. Leur portée visuelle est différente, leur adaptation au paysage l’est tout autant. Là où la croix développe un dispositif de fondation qui s’adapte au paysage, l’antenne relais, objet plus jeunes, s’impose à travers l’implantation d’une dalle en béton armé sur laquelle les poteaux métalliques sont fixés. On nivelle le sol, le dialogue entre paysage naturel et bâti s’appauvrie. Par ailleurs, ces objets conservent en commun la volonté de s’implanter à un endroit précis capable de dépasser toute raison. Fondations dans des roches en bord de falaise, fondations massive, forage des roches. Un moyen pour mettre en œuvre le réseau de la manière la plus efficiente possible. De plus, ces éléments visuels sont une manière d’entretenir un dialogue entre le haut et le bas du paysage, le regard fait le lien, le fil électrique tisse une liason entre le cirque, portée d’entrée du plateau et la croupe, paysage signal. Si de tout les dispositifs architecturaux inventoriés ceux qui sont les plus visibles sont situés sur les hauteurs des cirques et au bout des croupes, quelles nouvelles ligne de front est dessinée ? Quel emblème se dresse en haut de l’enceinte du plateau du Larzac ? Pourrait-il exister un monument à l’ effigie du paysage ?
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Ligne de Front + Altitude de référence
+800m NGF +650m NGF
+550m NGF +500m NGF Échelle : 1/10000
Système Cirque - Altitudes de références
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Carte topographique du massif des Causses du Larzac, Source image : ENSA-V, 2020-2021
La taxinomie paysagère et architecturale associée à l’étude altimétrique nous permet de faire émerger des altitudes de références. Des altitudes récurrentes qui, dans un paysage dont la périphérie connait des variations de relief remarquables, dépeignent une cartographie du «système cirque» :
Altitude +800m/+Alt Plateau NGF : Systèmes visuels. Localisation : couronne supérieure des cirques et au sommet des croupes pour des raisons de visibilité ou de diffusion des ondes. Altitude +800/+650m NGF Routes départementales et communales modernes. Localisation : Partie la plus abrupte des cirques et des croupes rendues praticable par le décaissement de la terre Altitude +650/+550m NGF Exsurgences des cours d’eau souterrains en sources plus ou moins aménagées, croisées par des sentiers historiques. Localisation : partie moyenne et basse du cirque ou la pente douce peut encore accueillir des activités agropastoralistes ou d’agriculture. Les dispositifs d’interception par retenue d’eau (réservoir, citerne, barrage) s’y implantent pour conserver un positionnement en amont des habitats. Altitude +550/+500m NGF Habitats et dispositif d’interception de l’eau sans retenue. Localisation : entrée du Cirque, pied de la croupe, vallée.
SYSTÈME CIRQUE/CROUPE
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+800m NGF
+650m NGF
+500m NGF
Iconographie Sans échelle
+800m NGF +650m NGF
+550m NGF +500m NGF Échelle : 1/10000
Iconographie Système Cirque - Altitudes de références
+550m NGF
Portes du Larzac
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Nord-Ouest du plateau du Larzac, ville de Millau et son viaduc (A75), accès routier principal des Causses
Portes des Causses du Larzac Carte 50x50cm - Échelle 1:100 000
La ligne de front qui encadre le plateau du Larzac, sur sa quasi-totalité est composé de falaises abruptes. Elles s’imposent comme un rempart infranchissable s’élevant à +800/+850m NGF. Néanmoins, les cirques formés à la suite d’une dépression karstique donnent naissance à une pente douce, plus praticable qui s’ouvrent à la vallée (+500m NGF). Ces points plus accessibles sont marqués pour la plupart de croupe, qu’on appelle aussi des «Puech». De ce fait, si les falaises symbolisent les murs d’une enceinte périphérique encerclant le plateau, les cirques en deviennent les portes d’accès. Les cirques sont des brèches ponctuelles, ouvrant les interactions entre deux territoires antithétiques. Un territoire périphérique (à partir de + 550 NGF) incarné par une vallée fertile, accueillante, irriguée, et un territoire contenu (environ + 750m NGF, maximum à +856m NGF), incarné par un plateau hostile, au climat rude et aride, peu aménagée, en lutte. Chaque porte possède sa propre échelle, son propre rayonnement paysager et bâti. En effet, il existe trois typologies d’échelles répertoriées sur le schéma ci-contre.
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D
I
E
N
H
J
L
M
C
K
G B
F
Portes du Larzac
Portes des Causses du Larzac - 1:100 000
A
MEGA-CIRQUE
Méga-cirque
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Cirques de Saint-Geniez-de-Bertrand (12), Source image : https://www.geoportail.gouv.fr/
Méga-cirque de St-Geniez-de-Bertrand (H,N) Carte 50x50cm - Échelle 1:10 000
De la brèche qu’incarne le cirque il exsurge des sources d’eau accumulée à la surface du plateau. C’est une porte, qui en plus de permettre l’accès, rend d’autant plus dépendante les populations avoisinantes par la ressource hydrographique qu’elle leur apporte. Les cirques sont des arènes fertiles aux rencontres de toutes natures. Ainsi les cours d’eaux, croisés par les accès qui se séparent, convergent à la sortie du cirque pour alimenter la vallée. Les activités agropastoralistes et agriculturales occupent la vallée. Le plateau profite moins de cette ressource en eau et l’activité agricole est bien plus pauvre qu’en contrebas. La végétation et les parcelles sont moins abondantes et définies. Les activités artisanales comme la production de la laine consomment elles aussi les réserves en eau. Le cirque devient donc le support d’un paysage infrastructurel (station d’épuration, ponts, moulins, fermes...). Ainsi se crée un tableau systémique : «le système cirque». De plus, tous les échanges et les trajets, dans toutes les directions et sous toutes leurs formes, les cirques en sont la plateformes de distribution, où tout est intercepté, se croise, est retenue et se chevauche... Le cirque est une porte, une plateforme logistique paysagère, un point d’arrivée et un point de fuite. Fig. 1 - Nœud de voies (départementales, rue, piste et sentier), Fig. 2 - Confluence des cours d’eaux dans le cirque, Fig. 3 - Végétation qui dessine des aires exploitées, Fig. 4 - Terminaison de routes, constructions isolées, Fig. 5 - Exsurgence du réseau hydrographique au bout du cirque, Fig. 6 - Végétation seule qui dessine un partitionnement, une géométrie du paysage.
PLATEFORME LOGISTIQUE PAYSAGERE
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3.2
2.1 1 2.2
2.3
4.2
3.1
4.1
Méga-cirque
Méga-cirque de St-Geniez-de-Bertrand (H, N) - 1:10 000
Fig. 1
Fig. 2
Fig. 3
Fig. 4
Fig. 5
Fig. 6
VIde potentiel
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Partie Nord-Ouest du plateau du Larzac, illustation des vides potentiels
Illustration - Carte 50x50cm - Échelle 1:10 000 Le vide au sein du cirque n’est certainement pas à remplir d’un matériau minéral comme les illustrations ci-contre pourraient le suggérer. Des anti-projets qui s’insèrent dans les cirques, tutoient les croupes et surplombent la vallée. Ne seraient-elles pas Anti seulement dans la forme que ces exécutions prennent ? Ces anti-projets, dans leur rapport d’occuper le vide par le plein, soulignent le potentiel exploitable de ce dernier. Ils incarnent des portes habitées, exploitées, bâties et monolithiques. Ils incarnent en plein ce que nous voyons dans le vide. Ce sont aussi de véritables monuments, de grands monolithes qui rendent compte d’une échelle. Travailler sur le système cirque et croupe c’est faire l’expérience d’un paysage qui imbrique les échelles. Les deux premières illustrations montrent le cirque comme un système isolé ou alors comme le montre l’ultime dessin, un réseau de cirque, un «monument continu» qui se déploie le long des contreforts rocheux du Larzac. Une enceinte de vide donc qui se caractérise par ses nœuds de voiries, son réseau hydrographie, son parcellaire agricole, ses objets signaux...
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VIde potentiel
Iconographie Sans ĂŠchelle
Implantation(s) dans le cirque - Rapport au(x) sol(s)
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Topographie du cirque de Tournemire, Soure image : Vidéo Youtube de Robert Breche, Le cirque de Tournemire de la Croix de Crepounac Aveyron
Installation en pente, entre cirque et croupe à Tournemire (L) Carte 50x50cm - Échelle 1:1000
L’altimétrie continue sa douce descente vers la vallée, entrainant le cours d’eau avec elle. Ce dernier suit le chemin le plus court à travers les roches et les parois abruptes. Dans son lit, sans retenue, le cours d’eau creuse son sillon. Il indique l’altimétrie minimum. Entouré de végétation épaisse , il se confronte avec les cheminements, les pistes pour 4x4 ou randonneurs, qui suivent comme ils peuvent la topographie existante, nivelant ou creusant le lapiaz. Le GR71 (Variante C) pacours le cirque de tout son long. Longeant la ligne de crête ou bien le cours d’eau en contrebas. Les accès et le réseau hydrographique ne se rencontre qu’en un seul point, le “Pont du Diable”, une traversée faite de mortier et de pierres calcaires. Au bord de la piste carossableen granulats naturels, un vestige de pierre sèche s’apparente à un puits. L’élément architectural court-circuite la traversée de l’environnement paysager. Un mur de soutènement rudimentaire en pierre et un important remblai de terre composent ce tableu archétypal d’une méthode d’installation en pente. Ce site est représentatif des interventions qu’elles soient naturelles ou artificielles. Ces trois exemples (vestige, piste, cours d’eau) témoignent d’un équilibre entre l’effort et l’economie de moyen déployée pour atteindre l’objectif voulu. Fig. 1 - Le lit du cours d’eau, empruntant un tracé naturel dessiné par l’érosion au cours du temps, Fig. 2 - Pistes routières tracées par décaissement de la roche en s’implantant dans la pente , Fig. 3 - Implantation sur un talus de terre et mur de soutènement en pierre sèche
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6
5
Implantation(s) dans le cirque - Rapport au(x) sol(s)
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Installation en pente, entre cirque et croupe Ă Tournemire (L) - 1:1 000
Fig. 1
Fig. 2
Fig. 3
Interceptions - Rencontres des eaux, des sols et des individus
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Village de Cornus (12540) dans son cirque, Source image : Christophe Ben
Noeud d’infrastuctures et de matières à Cornus (F) Carte 50x50cm - Échelle 1:100
L’exsurgence plus ou moins puissante d’une source au cœur d’un cirque est à elle seul un spectacle. L’implantions humaine supplémentaire au sein du Cirque de Cornus devient le théâtre de rencontres, de conflits et d’alliances des paysages architecturaux et naturels. Le fil hydrographique est à l’origine des nœuds infrastructurels. Une domestication du réseau hydrographique et l’urbanisation des berges s’est alors mis en place. Le rapport de domination exercé sur l’eau s’incarne autant dans le contrôle et la direction de son flux par le lavoir, par l’irrigation des potagers exploités ou abandonnés que par les édifices maçonnés qui en conditionne l’usage ou la traversée. Il s’agit d’un site où les rencontres du paysage n’ont pas lieu dans un paysage naturel, neutre mais dans un paysage bâti, vorace et intéressé. L’interaction entre l’architecture et le paysage n’est pas aussi fine que ce que nous avons pu voir précédemment. Une collection, un atlas d’objets prennent place sans pour autant se soucier des lignes directrices dictées par le paysage. En ce sens, le paysage artificiel s’impose au lieu de proposer un dialogue. On observe dès lors un site composite dont le traitement du sol relève de la définition des besoins, dans lequel on a laissé réapparaître la nature. Le béton est utilisé comme socle de voies routières, la pierre pour les parapets, les murs de soutènement, le pavage et le dallage, les allées agricoles carrossables, et pour le lavoir. L’herbe refait surface quand elle le peut. En réalité, nous faisons face à un paysage reconstruit avec les matériaux endémiques. Fig. 1 - Bosquet, Fig. 2 - Pavage carrossable et joints en sable, Fig. 3 - Cours d’eau et berges minérales, Fig. 4 - Construction architecturale en pierre sèche (lavoir), Fig. 5 - Végétalisation d’ornements et hêtre, Fig. 6 Végétalisation pour exploitation agricole et culture de tomates et pissenlits.
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Interceptions - Rencontres des eaux, des sols et des individus
Fig. 1
Fig. 2
Fig. 3
Fig. 4
Fig. 5
Fig. 6
Ressource controlée
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CONTROLE DES EAUX
Reservoir et canaux , Source de captage de la sorgues (12)
Exsurgence du réseau hydrographique à St-Paul-dès-Fonts (K) Carte 50x50cm - Échelle 1:10
La rareté de l’eau, ressource indispensable au développement humain est tout autant la cause de la formation des cirques, que celle de l’implantation des activités humaines à la sortie des cirques. Les sources exsurgent au coeur des reculées karstiques à une altitude moyenne de +650m NGF. Cette altimétrie matérialise les points tangibles d’un réseau hydrologique territorial invisible. Le plateau du Larzac agit en effet comme un réservoir, un château d’eau qui collecte par infiltration les eaux de pluies qui tombent à sa surface. Les cavités souterraines les redistribuent ensuite aux vallées périphériques. La source est le point de sortie de cette collecte hydrologique souterraine. Le développement des activités humaines a conduit au développement des besoins en eau. De ce fait, les dispositif visant à intercepté les cours d’eau dans leur parcours se sont multipliés. Les aménagements hydrauliques fonctionnent majoritairement sur le principe de bassin versants. Ils sont déviés, ou non, du cour d’eau principal, remplissent des réservoirs avant de rejoindre le lit majeur. Comme nous l’avons vu dans les taxinomies précédentes, il existe une diversité de réservoirs, de méthodes de canalisation des eaux, d’usages liés à l’eau au niveau des cirques. Ces aménagements artificiels reproduisent le schéma que propose le plateau du Larzac à des échelles plus réduite.
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Ressource controlée
Exsurgence du réseau hydrographique à St-Paul-dès-Fonts (K) - 1:10
Sol(s) sacré(s)
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Croix de Gréponac (12) à Tournemire, Source image : Google image, auteur inconnu
Implantation dans le sol de la croix de Greponac à Tournemire (L) Carte 50x50cm - Échelle 1:1
L’édifice de la croix de Gréponac est un exemple parmi d’autres. Elle s’inscrit dans le réseau territorial que l’accumulation de toutes les croix chrétiennes contenue dans le paysage aveyronnais forme. Cet objet de taille moyenne est composé de trois éléments aux formes et sémantiques diamétralement différentes : - Le socle. Le dallage de pierre calcaire taillée et agencée forme un socle gradué en trois niveaux qui hiérarchisent l’édifice. Le sol de la niche (16), l’ouverture qui accueille le pied de la croix et enfin l’autel qui semble accueillir une statue. - La niche. C’est une voûte en pierre maçonnée dons l’usage est proprement religieux. Il est habituel de trouver en son sein des figures relieuses, des cierges ou encore des fleurs pour rendre hommage. - La croix (18). C’est une croix monumentale latine (arc à l’intersection de «termes techniques)et béton armé peint en blanc. Elle s’élève au dessus du cirque, par delà les falaises abruptes et domine ainsi toute la vallée. Les fonctions potentielles de ces constructions s’accumulent mais les croix elles-mêmes s’additionnent tout au long de la ligne de front qui marque la périphérie du plateau du Larzac. Une enceinte symbolique se dessine, marquant davantage la ligne de crête.
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Sol(s) sacrĂŠ(s)
Implantation dans le sol de la croix de Greponac Ă Tournemire (L) - 1:1
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COLLAGE -Allianges d’un paysage altimétrique
De toutes les villages et de tout les sentiers, les dispositifs visuels religieux semblent nous surveiller. En vérité, ils signalent. Ces architectures vernaculaires, acceuillant toutes une croix, manipulent habillement les procédés de constructions et jouent de leurs significations : elles s’ancrent, abritent, offrent et élevent (16, 17, 18). Elles représentent par leur nombre un réseau territorial de dispositifs sémantiques et visuels qui tirent parti du potentiel du paysage. En effet, elles sont nées d’un compromis entre la visibilité permises par des positions dominantes sur la vallée et d’un usage rituel pour les usagers des chemins de crête du plateau (19). Ainsi, ces dispositifs deviennent l’incarnation même de la ligne de front du Larzac (+800m Ngf). Ils symbolisent l’enceinte du plateau, un territoire contenu et séparé de sa vallée périphérique (+500m Ngf) par un dénivelé de 300m composé de falaises imprenables. En treizes points (A, B, C, D, E, F; G, H, I, J, K, L, M), les cirques et les croupes, excroissances terrestres aux versants adoucis (3), donnent l’opportunité aux routes et sentiers utiles aux activités humaines, d’acceder au plateau (2, 6, 15). Tels sont des brèches ponctuelles, ouvrant les interactions entre deux territoires antithétiques. Dans leur ascencion, ces voies d’accès opportunistes croisent, au sein des cirques, à des altitudes variables, une récurrence géologique : la course effrénée des cours d’eau (1, 5). Ils dévalent la pente au fond des reculées karstiques, aggravant leur sillon, depuis leur exsurgences (13). Les populations se sont implantées à la sortie des cirques et y ont developpé la pratique de l’agriculture en profitant de l’approvisonnement régulier en eau. Une géométrie parcellaire, en partie dessiné par la végétation (4), illustre ce développement agraire.Ces exploitants s’implantent en aval des sources qui exsurgent du plateau du Larzac (13). C’est un veritable réseau hydrologique territorial, un reservoir naturel receuillant et redistribuants les eaux pluviales aux vallées et vallons périphériques (1). L’étude du système cirque fait emerger une interaction constante entre l’hydrographie, la topographie, l’implantation végétale et le développent des activités humaines via l’édification d’infrastructures (2, 9, 14), d’edifices isolées (7) de constructions vernaculaires (8, 16), ou le partitionnement des sols (9, 10, 11, 12). Ils s’incarnent dans des milieux differents et à des echelles radicalement opposées Le coeur du cirque , autant symboliquement que factuellement, représente un milieu acceuillant une activité riche. Cette dernière nait d’une multitude d’interceptions. De rencontres fortuites, au croisement des chemins, des parcours, des sillons et des implantations humaines. Au delà de l’existance de tout ces dispositifs, constructions et pratiques humaines, c’est leur mise en oeuvre qui est le sujet clef de notre étude. Elle s’incarne dans les rapports de domination, de soumission, de substition et d’imposition entre l’objet et son site d’implantation. L’alliance du pasyage et de l’architecture entrainent des rapports conflictuels, nés de la rencontre entre la géologie et les pratiques humaines. Une rencontre entre le paysage naturel et le paysage bâti. Qu’est ce que conquérir un paysage que nous considérons comme un point d’entrée ?
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COLLAGE -Allianges d’un paysage altimétrique
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Livret d'analyse édité dans le cadre du studio de projet Paysages prototypes. Studio mené par Ophélie Dozat et Nicolas Simon à l'école nationale supérieure d'Architecture de Versailles. Co-auteurs : Gaspard Basnier : @fmr_drawings Jordan Drouin : @jordanddrn Alex Roux : @whitindpt_
PAYSAGES PROTOTYPES Ciques et croupes - Alliances d’un paysage altimétrique Gaspard Basnier, Jordan Drouin, Alex Roux - Ensa-V, 2020-2021