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L’Epaulette N°173 - avril 2011
Revue de l’association des officiers de recrutement interne et sous-contrat
Le travail pour loi, l’honneur comme guide
Dossier
La tribune de l’assemblée générale
> Tables rondes du Sénat : la place du soldat dans la société Page 20
Actualités militaires : > EMIA : le cinquantenaire
sur de bonnes traces Page 27 > Les associations d’officiers, > La gendarmerie de l’air Page 30 partenaires d’un « dialogue social » ? > Hommage au général Louisot Page 8
Tribune libre : Page 38 Le Corps des officiers des Affaires militaires musulmanes. Page 42 Le soutien psychologique dans les armées et ses « laissés pour compte ».
Page 36 Éditorial du président le général (2s) Jean-François Delochre Page 2
Journée nationale, AG du samedi 5 février 2011 à l’Arc de Triomphe Encart central 12 pages Page 32
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SOMMAIRE 2 ÉDITORIAL -
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> P 8 - Les associations d’officiers, partenaires d’un « dialogue social » ? - Sont intervenus : Mme Dominique Lemaistre (Directrice du mécénat de la Fondation de France), le contrôleur général des armées Philippe de Maleissye (Secrétaire général du CSFM), M. Didier François (Journaliste à Europe 1), le général d’armée (2s) Pierre-Jean Jacquet, (Président d’honneur du Trèfle) et M. Gilles Goulm (Secrétaire fédéral-FO-Défense). > P 10 - Le dialogue interne des militaires, intervention du contrôleur général des armées Philippe de Maleissye (Secrétaire général du CSFM) > P 11 - Associations (d’officiers) et dialogue social ? L’expérience du Trèfle. Intervention du général d’armée (2s) Pierre-Jean Jacquet, Président d’honneur du Trèfle. > P 14 - « Les liens entre notre armée de Terre et les associations partageant nos valeurs et nos préoccupations…» Intervention du général Irastorza chef d’état-major de l’armée de Terre. > P 17 - « D’abord parce que L’Épaulette est le creuset et l’illustration de la communauté militaire » Intervention du général d’armée Joël Delpont représentant le directeur de la Gendarmerie nationale. > P 18 - Les vœux de l’AG de L’Épaulette au Mindef, par le général J-F Delochre. > P 19 - Le Prix de L’Épaulette 2011 est décerné au général (2s) Jean Delmas. > P 20 - Table rondes du Sénat : la place du soldat dans la société, d’après les notes du général François Torres.
ACTUALITÉS MILITAIRES
> P 24 - ENSOA : le sergent-chef Marc Flament parrain de trois promotions. > P 26 - La Légion d’honneur pour le drapeau de l’École Militaire Interarmes ? > P 27 - EMIA : le cinquantenaire sur de bonnes traces. > P 28 - Terre Fraternité, un engagement solidaire. - > La Résistance - conférences-débats du SHD au château de Vincennes. > P 29 - Le Collège Interarmées de Défense (CID) devient l’École de guerre. > La mutuelle UNÉO référencée par le ministère de la Défense. > P 29 - L’IGESA accueille son nouveau DG, M. Paul Pellegri. > P 30 - La gendarmerie de l’Air.
VIE D’OFFICIER
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TRIBUNE LIBRE - LIBRES PROPOS
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Droits réservés : Michel Guillon / L’Épaulette
LE DOSSIER - En couverture - La tribune de l’AG
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En couverture n°173 Dossier : La tribune de l’AG > Les associations d’officiers, partenaires d’un « dialogue social » ?
En couverture
Récidive ! par le GBR (2s) Jean-François Delochre. > P 3 - Ordre du jour de M. Alain Juppé, ministre d’état, ministre de la Défense et des anciens combattants. Ordre du jour de M. Gérard Longuet, ministre de la Défense et des anciens combattants. > P 4 - Hommage au général de corps d’armée Jean-Louis Roué. > p 5 - Propos liminaires de l’amiral Édouard Guillaud à la cour des comptes, le 8 février 2011. > P 7 - Assemblée générale de L’Épaulette, présentation du président, le GBR (2s) Jean-François Delochre.
Le travail pour loi, l’honneur comme guide.
> Ce numéro comprend un encart central de 12 pages « Procés-verbal de la journée nationale du samedi 5 février 2011 » inséré entre les pages 32-33.
N° 173 AVRIL 2011
> P 32 - HOMMAGES - Biographie du capitaine Benoît Dupin 2e REG. > Biographie du Caporal Chef de 1er classe Hervé Guinaud. > P 33 - Biographie du chasseur de 1er classe Clément Chamarier. > Biographie de l’adjudant-chef Bruno Fauquembergue. > P 34 - SOUTIEN DES ÉLUS - Lettre de Rémi Delatte, député de la Côte-d’Or, > Maire de Saint-Apollinaire au général Brette. > P 36 - Portrait du général de corps d’armée (2s) Robert Louisot. - > P 35 - La bataille de Monte Cassino.
> P 38 - Le corps des officiers des Affaires militaires musulmanes. > P 42 - Le soutien psychologique dans les armées et ses « laissés pour compte ». > p 47 - > La Journée Nationale du Souvenir, par le GCA Dominique Delort - > Restons unis sans renier la richesse > de nos différences, par le Général (2s) Raymond Kuntzmann.
HISTOIRE
> P 44 - Les batailles des plaines d’Abraham (suite et fin) par le colonel (er) Gérard Saint-Martin, docteur en histoire.
VIE PRATIQUE
par vos référents catégoriels *
> P 48 - > Le corps des ingénieurs militaires - présenté par le lieutenant-colonel Jean-Marie Mosèle*. > P 49 - Officiers sous contrat : la promotion « Lieutenant Jean-Yves Alquier », présenté par le capitaine Rudy Labourel* - > P 49 - Augmentation des pensions militaires et des retraites du combattant, présenté par le commissaire colonel Michel Botella*.
INFO JURIDIQUES
DROIT DU TRAVAIL
> P 50 - Code des pensions militaires d’invalidité. - Conséquences du classement d’un salarié en invalidité deuxième catégorie. Situation des militaires engagés. > P 51 - Recours administratif préalable des militaires. Liquidation de la succesion d’un militaire retraité.
VIE DE L’ÉPAULETTE
• GROUPEMENTS DÉPARTEMENTAUX : > P 52 - Groupement de la Corse : activités 2010. - Groupement 87 soirée de gala à Limoges. > P 53 - Groupement 66 : journée du 16 février 2011 > P 54 - Groupement de la Marne. - Bulletins des promotions reçus, - Groupement du Var et des Alpes-Maritimes : galette de L’Épaulette aux EMD.
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CARNET
> P 56 - Mariages - Naissances - Décès. - > P 57 - Mesures nominatives. Décorations. - > P 58 - Succès.
BIBLIOGRAPHIE
> PP 60, 61, 63 - Nos sélections livres…
Issue de la Versaillaise, reconnue d’utilité publique le 23 février 1924 - Président fondateur : Général de corps d’armée Paul Gandoët (†) (1965-1970) - Présidents d’honneur : Général de corps d’armée (2s) Alain Le Ray (†) (1970-1982) - Général d’armée (2s) Bernard Lamattre (†) (1982-1988) - Général de corps d’armée (2s) Norbert Molinier, (1988-1993) - Général de corps d’armée (2s) Jean-Louis Roué (†) (1993-1997), - Général (2s) Claude Sabouret (†) (1997-2000) - Général (2s) Jean-Pierre Drouard (2000 à 2005) - Général de division (2s) Daniel Brûlé (2005 à 2009) - Président national : Général (2s) Jean-François Delochre - La revue L’Épaulette est publiée par la mutuelle du même nom. - Crédits photos : DR L’Épaulette - Conception et réalisation : Michel Guillon - Impression : R2N Impression, 40, rue des vignobles 78400 Chatou - Tél.: 01 39 57 00 23 - Dépôt légal : n°35254 - Directeur de la publication : Général (2s) Jean-François Delochre - Rédacteur en chef - Directeur administratif et financier : Général (2s) Alain Bourdenet - Siège social : Fort Neuf de Vincennes - Cours des Maréchaux - Adresse postale : Case n°115 - Fort Neuf de Vincennes - Cours des Maréchaux - 75614 PARIS Cedex 12 Tél. : 01 41 93 35 35 - Fax : 01 41 93 34 86 - E-mail : lepaulette@wanadoo.fr - Site Internet : http://www.epaulette.org - Blog du Président : http:/alphacom.unblog.fr - Intitulé du CCP : L’Épaulette n° 295-97 B Paris.
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ÉDITORIAL Récidive !
es officiers arrivant au seuil de leur seconde partie de carrière sont entrés il y a une dizaine d’années au moins dans une institution encore structurée par les options du Livre Blanc de 1994. Ils se retrouvent aujourd’hui confrontés à des règles de gestion, liées aux orientations du nouveau Livre Blanc et aux exigences de la RGPP, beaucoup plus contraignantes et qui remettent parfois en cause dans leur application un discours qui reste inchangé: cohésion, égalité des chances, promotion interne, et se veut mobilisateur. Ce durcissement touche en priorité les officiers de recrutement interne précoce (EMIA, EAM), originellement appelés à occuper les mêmes postes que leurs camarades « directs », sous réserve de manifester les mêmes qualités et de satisfaire aux mêmes exigences de formation. Ce qui vaut pour ce recrutement vaut aussi, bien qu’à un moindre niveau, pour les recrutements internes tardifs (OAEA/S-Rang) dont les officiers, par effet domino, s’interrogent sur leurs chances d’accéder aux fonctions qui leur étaient habituellement ouvertes. Enfin, dans une armée de Terre où ils représentent aujourd’hui 25% des officiers, nos OSC sont statutairement les plus fortement exposés aux incertitudes professionnelles. Visant des objectifs rendus flous par un cadre mouvant, voire imprévisible par les gestionnaires, le système de sélection et de promotion actuel affiche ses contradictions de manière récurrente. Alors que la sélection repose sur la prise en compte de niveaux d’enseignement atteints initialement ou en cours de carrière par concours puis par scolarités et que s’affiche une volonté de préserver la promotion interne, la « manœuvre RH » semble parfois consister à tout mettre en œuvre pour contrecarrer ses propres règles, seule solution apparemment disponible pour « faire entrer l’édredon dans la valise ». On constate ainsi que le maintien de l’attractivité des recrutements directs en période de déflation d’effectif paraît ne pouvoir s’appuyer que sur une forme de prédestination par l’origine télescopant les principes « républicains » soutenus par ailleurs. Deux éléments complémentaires viennent perturber les conditions de cette marche forcée vers les objectifs de la modernisation et l’horizon 2015. Nos modèles de fonctionnement se sont développés sur un principe simple : la plénitude du commandement qui donne au chef militaire pouvoir et responsabilité. Cette compétence
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Général (2s) Jean-François Delochre Président national de L’Épaulette
« La « manœuvre RH » semble parfois consister à tout mettre en œuvre pour contrecarrer ses propres règles
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s’exerçait initialement aussi bien lors des opérations que dans la vie courante. Au chef à qui l’on confie sa vie au combat, on confiait la préservation des conditions de la vie quotidienne. L’expression « père du régiment » traduisait cette globalité des compétences. Aujourd’hui, les nouvelles attributions des chefs d’état-major, la centralisation des soutiens dans les BDD éloignent et dispersent les lieux de décision. Elles affaiblissent la position du chef direct devenu plus un porte-parole qu’un décideur. Notre défense conserve un modèle de « GRH à l’ancienne » dans lequel, quelle que soit l’origine de recrutement, l’accès aux grades et fonctions d’officier supérieur se fait obligatoirement à l’issue d’un cheminement dans les strates intermédiaires. Or c’est plus particulièrement au cours de ce tronc commun que sont indifféremment exposés nos officiers aux rigueurs et risques des engagements opérationnels « cœur du métier » et lieu d’expression des vraies valeurs de chef militaire. Le passage par ce creuset unique rend encore moins compréhensibles les différences de traitement ultérieures, fondées sur de simples règles de gestion d’effectif ou de lointains « préacquis » universitaires. La situation est-elle nouvelle ? Je vous laisse juges. « Dans ce rapport, le général Blanc écrit (26 juin 1958) : à l’instar de ce qui est de pratique courante dans d’autres administrations de l’Etat on peut concevoir que cette différenciation soit fixée dès l’origine en distinguant selon la provenance des jeunes officiers deux cadres soumis par statut à des règles d’avancement propres on trouverait ainsi : • un cadre de commandement issu d’une sorte « d’université militaire » et destiné à fournir les plus hauts postes de la pyramide; • et un cadre d’auxiliaires du commandement, sortes d’ « officiers de fortune », cantonnés dans des grades subalternes et limités dans leur carrière. Le général chef d’état-major de l’armée ne saurait retenir une telle solution trop contraire aux intérêts de l’armée dont elle romprait l’unité et aux saines traditions qui veulent que chacun y débute avec des chances égales »1. GBR (2S) Jean-François Delochre, Président national de L’Épaulette promotion Souvenir EMIA 1971-1972 1. CGA Eugène-Jean Duval « L’armée de Terre et son corps d’officier 1944-1994 » - Addim 1996.
> Participez à la marche de votre association en intervenant sur le blog du Président. http://alphacom.unblog.fr
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Ordre du jour de Monsieur Alain Juppé, «
u moment de quitter mes fonctions, je voudrais vous exprimer à tous, civils et militaires, ma profonde reconnaissance pour ces quelques mois passés à vos côtés, au service de votre ministère. Au fil de mes visites, dans les unités et sur les théâtres d’opération, au gré de mes rencontres, avec les anciens combattants et avec le personnel civil et militaire, j’ai en effet découvert une communauté exceptionnelle : • une communauté unie autour de valeurs essentielles : l’amour de la France, la solidarité, l’esprit de mission, le sens du devoir et du sacrifice ; • une communauté dynamique et positive – je garde en mémoire l’enthousiasme, la détermination et l’optimisme des militaires blessés en opération rencontrés lors de mon arrivée a l’hôpital Percy, magnifique leçon de vie dans notre société où chacun a trop souvent tendance à se plaindre ; • une communauté responsable, capable de mener à bien une réforme sans précédent pour moderniser notre outil de Défense ; • une communauté professionnelle et engagée – j’en veux pour preuve la réactivité, le courage et le dévouement de nos forces sur tous les théâtres d’opération, en Afghanistan, au Liban, au Kosovo, dans le golfe d’Aden, au large de la Somalie ou encore sur les théâtres africains. Je tiens à rendre hommage aux quatre militaires
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fficiers, sous-officiers, officiers mariniers, gendarmes, soldats, marins et aviateurs, ingénieurs, ouvriers et personnels civils de la Défense. Nommé ministre de la Défense et des anciens combattants par le président de la république, je mesure l’honneur qui m’est fait et je tiens à vous dire la grande fierté que j’éprouve à diriger une communauté d’hommes et de femmes toujours prêts à servir leur patrie au péril de leur vie et dont je connais l’engagement au service de la paix, de la France et de ses valeurs. Vous qui exercez un métier exigeant qui nécessite rigueur et disponibilité, vous qui assurez la permanence des missions de dissuasion et de sureté, vous qui exécutez avec ardeur et courage en France et sur les théâtres d’opérations extérieures les missions qui vous sont confiées, je tiens à vous exprimer ma totale confiance. Mobilisés pour la sécurité de notre territoire avec un professionnalisme exemplaire associé à un esprit de service sans faille, vous suivez la trace glorieuse de vos ainés que j’ai tenu à honorer en ravi-
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Français tombés au service de la France au cours des derniers mois, ainsi qu’à leurs familles qui font preuve d’un courage et d’une dignité remarquables dans cette épreuve. Cette communauté, je l’ai servie avec fierté et avec un engagement total et si je quitte aujourd’hui l’Hôtel de Brienne avec le regret d’une aventure interrompue trop prématurément, j’éprouve cependant une grande confiance dans votre capacité à relever les défis auxquels vous êtes confrontés. En ce qui me concerne, je retire de cette expérience une force renouvelée dans mon engagement au service de la France, une énergie et une détermination sans faille pour remplir la nouvelle mission que m’a confiée le Président de la république ». Alain Juppé Le 1er mars 2011
Ordre du jour de Monsieur Gérard Longuet,
Ministre de la Défense et des anciens combattants à l’ensemble du ministère.
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Alain Juppé, à été nommé le 28 février dernier par le Président de la République, Ministre Français des Affaires étrangères. Le 2 mars, il a retrouvé ses fonctions au Quai d’Orsay, un grand ministère régalien qu’il avait dirigé de 1993 à 1995, en reconnaissant que sa mission serait « très difficile ».
vant la Flamme sous l’Arc de triomphe. Vous contribuez chaque jour à protéger les lignes fondatrices qui forment le véritable socle des valeurs de notre république. Face à un monde en perpétuelle mutation, je serai toujours pleinement mobilisé à vos côtés pour vous donner les moyens modernes et performants qui vous permettront d’exercer vos missions dans les meilleures conditions. Conscient des efforts que la rénovation de notre outil de défense vous demande, je m’engage à poursuivre avec toute ma détermination et mon énergie les réformes indispensables à la modernisation de nos armées. Je resterai vigilant pour que chacun trouve sa place et puisse s’épanouir dans le métier exaltant qu’il a choisi. Ensemble nous relèverons les nombreux défis qui nous attendent afin de garantir à la France une défense digne du rôle qu’elle entend jouer sur la scène internationale ».
ACTU DÉFENSE
Ministre d’Etat, Ministre de la Défense et des anciens combattants.
DR PRÉSIDENCE FRANÇAISE
Actualité défense
Cette communauté, je l’ai servie avec fierté et avec un engagement total et si je quitte aujourd’hui l’Hôtel de Brienne avec le regret d’une aventure interrompue trop prématurément, j’éprouve cependant une grande confiance dans votre capacité à relever les défis auxquels vous êtes confrontés.
Vous qui exercez un métier exigeant qui nécessite rigueur et disponibilité, vous qui assurez la permanence des missions de dissuasion et de sureté, vous qui exécutez avec ardeur et courage en France et sur les théâtres d’opérations extérieures les missions qui vous sont confiées, je tiens à vous exprimer ma totale confiance.
Gérard Longuet Ministre de la Défense et des anciens combattants le 2 mars 2011 L’Épaulette n° 173 • avril 2011 •
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HOMMAGE > Hommage au général de corps d’armée Jean-Louis Roué
Légionnaire dans l’âme, doté d’une force de caractère peu commune, d’une grande rigueur de vie et d’un sens profond de l’intérêt général.
e Général de corps d’armée Jean-Louis Roué est né le 8 janvier 1933 à Tréflez dans le Finistère. En 1953, à l’âge de 20 ans, il s’engage dans l’armée de terre et, quatre ans plus tard, il est admis à l’Ecole spéciale militaire interarmes, par la voie du concours des corps de troupe. En 1958, il rejoint l’École d’application de l’Infanterie à Saint-Maixent, avec le grade de souslieutenant. A l’issue de sa formation, il est affecté au 1er Régiment étranger, en Algérie, en qualité de Chef de section. En 1960, il est promu au grade de lieutenant et muté au 2ème Régiment étranger de parachutistes. En 1962, il est affecté au 5ème Régiment de Tirailleurs Marocains à Dijon Auxerres mais, l’année suivante, il retrouve le 2ème Régiment étranger de parachutistes en Algérie pour effectuer son temps de commandement d’unité élémentaire. En 1964 il est nommé capitaine. En 1965, il effectue le stage de l’Ecole d’état-major à Paris, à la fin duquel il rejoint le 42ème Régiment d’Infanterie à Radolfzell, en Allemagne, au sein des Forces Françaises en Allemagne. En 1967, il est affecté à l’état-major de la 3ème Région militaire à Rennes, comme Officier rédacteur puis, l’année suivante, à l’état-major de la 4ème Division militaire territorial à Toulouse. En 1970, il rejoint la Direction technique des armes et de l’instruction à Paris, en qualité de Chef de section études techniques et, en 1971, il est
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Du jeune lieutenant commandant par intérim la 3e la Cie e du 2 Régiment étranger de parachutistes en Algérie, au général de corps d’armée, « Mes respects mon général ! ».
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promu au grade de commandant. En 1972, il est stagiaire à l’Ecole supérieure de guerre. A l’issue de son cursus de l’enseignement militaire supérieur du second degré, il est affecté au 2ème Régiment étranger de parachutistes à Calvi, comme directeur de l’instruction. Lieutenant-colonel en 1976, il est muté à l’Inspection de l’Infanterie à Paris sur un poste d’officier d’état-major. En 1978, il prend le commandement du 2ème Régiment étranger de parachutistes, à Calvi. Nommé colonel en 1979 il est désigné, à la fin de son temps de chef de corps l’année suivante, pour occuper la fonction de chef du bureau Infanterie de la Direction du personnel militaire de l’armée de Terre. En 1983, il est nommé sous-chef d’état-major logistique de la FINUL à Beyrouth, poste dans lequel il accède au généralat en 1984. A la fin de son séjour au Liban, il rejoint l’étatmajor de l’armée de Terre en qualité de chef de cabinet du général chef d’état-major de l’armée de Terre. En 1985, il commande la Légion étrangère à Aubagne. Il est promu général de division en 1987. En 1988, il est affecté à l’état-major de la 1ère région militaire à Paris comme adjoint au général Gouverneur militaire de Paris, Commandant militaire de l’Ile-de-France. Élevé à la distinction de général de corps d’armée en 1989, il devient Directeur du personnel militaire de l’armée de Terre la même année et occupe cette haute fonction jusqu’en 1993, date à laquelle il est admis en 2ème section des officiers généraux. Dans cette position statutaire, il accède à la présidence de L’Épaulette qu’il assure de 1993 à 1997 et continue à entretenir, durant cette période, des relations suivies avec l’Institution militaire. Légionnaire dans l’âme, doté d’une force de caractère peu commune, d’une grande rigueur de vie et d’un sens profond de l’intérêt général, le général de corps d’armée Jean-Louis Roué a vécu une carrière militaire en tout point exemplaire, au cours de laquelle il a toujours placé l’homme au cœur de ses préoccupations et de son action. Il est marié, père de 2 enfants. Commandeur de la Légion d’honneur et de l’Ordre national du mérite, il détient trois titres de guerre avec deux
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onsieur le Président, Mesdames, messieurs, Je vous remercie de l’intérêt que vous portez, à travers cette audition, à la transformation des armées et aux bases de défense en particulier. Je tenais aussi à souligner la qualité du rapport que vous nous avez transmis et qui nous a permis de disposer d’une photographie instantanée mais datée, exhaustive et objective d’un chantier majeur de notre transformation : les bases de défense (BDD). En effet, cette photographie n’est plus complètement d’actualité compte tenu du nombre important d’évolutions et travaux réalisés depuis la date des observations. Avant d’évoquer les points saillants de votre rapport, je souhaite resituer la base de défense dans la perspective de notre transformation. La réforme des BDD est emblématique, certes : elle concentre toutes les attentions, elle suscite des inquiétudes, parce qu’elle est le point d’application et de convergence le plus visible d’un ensemble de réformes fonctionnelles, structurelles, financières d’une ampleur sans précédent depuis la réforme Messmer d’après la guerre d’Algérie. Mais la BDD n’est que la partie émergée de l’iceberg : elle n’est qu’un des 80 chantiers des 37 groupes RGPP qui bouleversent le ministère et les armées dans leurs structures et dans leur culture. Personne n’en fait autant, en si peu de temps, qui plus est sans vagues ! Pour les armées, c’est une déflation de 48 800 postes. 48 800 sur les 54 000 demandés au ministère de la défense à réaliser entre 2008 et 2014 ! Ce sont 17% de nos effectifs. C’est considérable. Il ne s’agit pas seulement d’une réduction homothétique associée à une restructuration territoriale ; il s’agit d’une transformation en profondeur avec une restructuration et une réorganisation complète de l’administration générale et du soutien au sein du ministère et des armées. C’est une véritable révolution, notamment culturelle, je vous le disais : si le schéma classique « une mission, un chef, des moyens » demeure, il est profondément transformé. Une partie des moyens est dorénavant apportée par d’autres. Nous passons d’un système marqué par une logique verticale et hiérarchique à un système marqué par une logique de prestataire de service vers un bénéficiaire dans une relation soutenant-soutenu… Pour l’armée de Terre, c’est la remise en cause d’une structure régimentaire vieille de cinq siècles et qui avait fait ses preuves, tout au long de l’Histoire. Ce n’est pas anodin ! Pour la Marine, c’est l’extension de la notion de base navale. Même si elle ne touche pas à l’esprit, elle bouleverse les processus établis. Pour l’armée de l’Air, c’est l’entrée brutale et en force de l’interarmisation géographique. C’est son modèle de base aérienne avec plateforme aéronautique qui est secoué. Mais notre transformation, ce n’est pas que cela :
Hommage de la Légion étrangère au Général de Corps d’Armée Jean-Louis Roué qui nous a quittés le 20 Janvier 2011, agé de 78 ans. Ses obsèques se sont déroulées le lundi 24 janvier 2011, à Trégomeur (22590). « C’est durant son commandement de la Légion Étrangère du 1er juillet 1985 au 30 juin 1988 et sous son impulsion que fut créée notre Amicale, le 23 janvier 1985. (A.A.L.E. du pays d’Aix et de la Sainte-Baume). C’est aussi le Général Roué qui nous a remis notre Fanion, il a tenu à ce que notre siège soit intégré à l’Institution des Invalides de la Légion Étrangère pour nous permettre d’assurer pleinement notre principale mission « contribuer à l’amélioration du bien être des pensionnaires de l’Institution. Mon Général, vous qui avez tant donné à la Légion Étrangère et à ses anciens, nous vous souhaitons de reposer en paix au paradis des Légionnaires. Nos condoléances à votre épouse Madeleine et à vos enfants. »
citations, l’une à l’ordre de la Division, l’autre à l’ordre du régiment obtenues en Algérie et une citation à l’ordre du Corps d’armée au Liban. Le Général de corps d’armée Jean-Louis Roué est décédé le 20 janvier 2011, à l’âge de 78 ans des suites d’un accident vasculaire cérébral. A u nom de tous les adhérents de l’Épaulette dont il a été le président durant cinq ans, la direction de l’association présente ses condoléances attristées à sa veuve et à ses enfants. La Rédaction
Le 25 février 2010, l’amiral Edouard Guillaud a été nommé chef d’étatmajor des armées.
DR ETAT-MAJOR
PHOTOS DR / COLLECTION LÉGION ÉTRANGÈRE
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DISCOURS DU CEMA
PROPOS LIMINAIRES DE L’AMIRAL ÉDOUARD GUILLAUD A LA COUR DES COMPTES, LE 08 FEVRIER 2011
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DISCOURS DU CEMA PROPOS LIMINAIRES DE L’AMIRAL ÉDOUARD GUILLAUD A LA COUR DES COMPTES, LE 08 FEVRIER 2011 •••
« Aujourd’hui, nous avons arrêté un modèle générique d’organisation de Base de Défense. Les modes de fonctionnement interne de chacune de ces BDD seront affermis.
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C’est la rationalisation des structures de commandement opérationnel et de soutien, c’est l’établissement d’un nouveau schéma directeur de l’outre mer. C’est aussi la révision de nos accords de défense, ce sont les coopérations bilatérales avec nos alliés britanniques à la suite du traité de Lancaster house du 2 novembre dernier, c’est notre participation pleine et entière à l’OTAN... je n’irai pas plus avant dans cette liste à la Prévert ! Les chantiers sont nombreux, les problématiques sont transverses, les travaux sont complexes et le temps est compté. Ces réformes sont menées dans un contexte budgétaire qui s’est particulièrement contraint depuis leur lancement. Je le rappelle : les difficultés financières n’avaient pas été imaginées au moment où nous pensions ces réformes. La crise économique de l’automne 2008 a surpris : elle a fragilisé notre édifice rendu nécessairement instable parce qu’en transition. Elle explique aussi une part des difficultés que nous rencontrons aujourd’hui. Enfin, ne l’oublions pas, en même temps que nous conduisons cette réforme ambitieuse, nous assumons l’ensemble de nos engagements en opérations. Ces engagements opérationnels sont d’ailleurs notre priorité parce qu’ils sont notre raison d’être. Nous ne concevons et conduisons cette réforme qu’à l’aune de son efficacité opérationnelle. C’est essentiel. Nos forces engagées en opérations, nos soldats qui risquent leur vie sur les pistes afghanes et qui payent le prix du sang doivent disposer des meilleurs équipements, de la meilleure préparation opérationnelle, du meilleur soutien et de la meilleure gestion pour remplir les missions que le chef des armées leur confie. Nous ne pouvons nous permettre une baisse de l’efficacité dans le soutien dont nos forces ont besoin. Et ce soutien commence dès la fourniture des impédimentas les plus basiques ! C’est ma préoccupation quotidienne ; c’est très exigeant dans le contexte que nous connaissons aujourd’hui. La conduite de cette réforme est donc une prouesse que je tiens à souligner devant vous. Nous la devons à la qualité exceptionnelle des hommes et des femmes qui servent au sein de l’institution, avec un dévouement dont je mesure au quotidien toutes les exigences. Il faut que cela se sache. Avant de répondre à vos questions, je ferai deux observations sur votre rapport. La première concerne la conduite de la réforme BDD : Le 1er janvier 2011 n’est pas un aboutissement ; le 1er janvier 2011 est la première application d’un modèle « dynamique », c’est à dire d’un modèle modulable au sein d’un environnement évolutif qui n’est pas consolidé. C’est la raison pour laquelle la démarche adoptée est une démarche pragmatique, progressive et concertée pour répondre aux mieux à nos missions opérationnelles. Nous avons adapté le tempo et nous continuons de l’adapter à nos contraintes. Par exemple, la mise en place des BDD en 2011 -
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et non en 2014 comme initialement prévue - répondait à un double impératif : d’une part la nécessaire appropriation de la réforme et d’autre part la volonté d’éviter une cohabitation prolongée de deux systèmes (l’ancien et le nouveau). Cette cohabitation aurait été coûteuse et trop complexe pour assurer un soutien efficace des forces. Aujourd’hui, nous avons arrêté un modèle générique d’organisation de BDD. Les modes de fonctionnement interne de chacune de ces BDD seront affermis. Ils seront adaptés aux réalités locales, à l’identité des unités et organismes qui la composent, aux spécificités propres à chaque BDD. C’est la mission que j’ai confiée aux commandants de base de défense, les « COM BDD » et que le ministre a rappelée le 1er février dernier. Le COMBDD est un des acteurs clé du dispositif : il est un véritable intégrateur du soutien au niveau local via son rôle de coordination et d’arbitrage. Il s’agit clairement de consolider son rôle et lui donner les leviers nécessaires à l’exercice de ses attributions. Pour les appuyer, nous avons aussi créé les états-majors de soutien défense, les EMSD. Contrairement à ce qui a pu être dit, cet échelon intermédiaire n’est ni un facteur de complexité ni une structure redondante. C’est une nécessité ! C’est une nécessité qui tient compte des impératifs géographiques ; on ne peut tout regrouper sans les prendre en considération. C’est une nécessité qui tient compte de la diversité des unités soutenues. C’est une nécessité enfin qui tient compte du besoin de subsidiarité. Il s’oppose au centralisme jacobin à tendance bureaucratique ! Un mal bien français ! C’est d’ailleurs la même logique qui prévaut pour les centres ministériels de gestion, ou les établissements des services d’infrastructure de la Défense ! Les EMSD constituent donc cet échelon de cohérence et de coordination zonale indispensable entre l’échelon central et l’échelon local, notamment dans cette phase de profonde transformation. Ils constituent également un réservoir de compétences rares qu’il convient de mutualiser. Je pourrai y revenir si vous le souhaitez. La chaîne de soutien par les bases de défense est placée sous l’autorité du sous chef soutien de l’état-major des armées, qui dispose, pour l’assister, du centre de pilotage et de conduite du soutien (dont le chef est présent aujourd’hui à mes côtés). Ce centre joue pleinement son rôle depuis septembre 2010 où sa capacité opérationnelle est devenue effective. Il est en quelque sorte la tour de contrôle de la chaîne de soutien par les bases de défense. Je souligne que cette structure atteindra 90 personnes en régime établi, 90 pour piloter 30 000 personnes et en soutenir 300 000 ! C’est peu ! La cible de 400 postes visée pour les EMSD constitue l’effectif juste suffisant pour un soutien efficient. La deuxième observation concerne les gains attendus avec la mise en place de cette réforme. Un des principaux objectifs de la réforme est bien de dégager des économies, qui
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Le travail pour loi, l’honneur comme guide.
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devraient bénéficier à notre outil de défense, en optimisant le dispositif de soutien. Les premiers retours d’expérience ont montré que pour optimiser les mutualisations et améliorer l’efficacité du soutien, les BDD d’au moins 3000 personnes donnent de meilleurs résultats. Bien sûr, ce n’est pas le cas de toutes nos BDD. La cartographie actuelle des BDD est le résultat d’un compromis lié à l’implantation initiale des unités, aux contraintes de stationnement, aux coûts, aux relations avec les élus et à la nécessité de maintenir une dimension humaine en conservant là où c’est utile un soutien de proximité. Mais comme je vous l’ai dit, notre système est dynamique ; il va progresser étape après étape, au fur et à mesure des retours d’expérience et de l’amélioration des processus. Fin 2012, le ministre disposera d’une évaluation du système en place qui permettra de corriger le tir ou d’améliorer ce qui peut l’être. Aujourd’hui, la mise en place des bases de défense contribue à la déflation des effectifs du ministère qui se traduit par la suppression de 8200 postes par an. La chaîne de soutien par les bases de défense représentera environ 25000 postes à l’horizon 2015 à comparer au périmètre initial de 35000. La période que nous vivons est une période délicate, comme toutes les périodes de transition et non dénuées de risques, notamment sur l’adhésion du personnel, compte tenu de l’ampleur du chantier, du bouleversement qu’il représente et du contexte budgétaire difficile dans lequel il est conduit. L’année 2011 fait partie des trois années cruciales : Elle permettra à chaque COM BDD de s’approprier sa mission, de mesurer les ajustements à conduire et de mettre en place l’organisation de sa BDD en adaptant le modèle générique aux réalités locales. Elle nécessitera de donner une dimension humaine à une structure qui repose sur une adéquation permanente entre les besoins du soutenu et les ressources du soutenant. Elle verra enfin la rationalisation des différents systèmes d’information, essentielle dans l’optimisation des processus. Il nous faudra six à douze mois pour que les BDD parviennent à un régime stabilisé, tout en assurant la continuité du soutien. Il nous faudra deux à trois années avant d’atteindre un régime nominal qui nous permettra alors de tirer les dividendes attendus de cette transformation. Par exemple la convergence effective des cinq systèmes d’information des ressources humaines du ministère, projet de grande ampleur consacré à l’administration et à la gestion du personnel, est visée pour la période 2014-2015 ! Vous le comprenez : une transformation d’une telle ampleur est un processus long et un exercice particulièrement difficile notamment en période de « vaches maigres ». Ne nous y trompons pas, cet exercice a un impact sur le moral de nos armées qui depuis 20 ans se réforment en serrant les dents. Aujourd’hui, nous devons accompagner la mise en place des BDD et laisser les COM BDD trouver leurs marques sans ajouter d’entropie à une réforme déjà compliquée. Nous devons aussi sortir des logiques et des visions du court terme pour privilégier l’efficience du long terme. Les armées sont constituées d’hommes et de femmes qui ont fait le choix rare de défendre leur pays. Le sens de mon action, de notre action, doit leur être perceptible, eux qui sont au cœur des opérations ! Je vous remercie.
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MICHEL GUILLON-L’ÉPAULETTE
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Le général Jean-François Delochre déclare ouverte l’assemblée générale.
ar leur place privilégiée d’observateur et leur structure mixte active-retraite, les organismes comme L’Épaulette constituent des capteurs et indicateurs pertinents de la vie de notre armée de Terre. Certes leur vision est parcellaire et n’inclut pas le volet opérationnel, source majeure de satisfaction chez nos jeunes officiers. Elles s’interdisent d’ailleurs toute appréciation sur ce domaine particulièrement bien porté et défendu par le CEMAT. En revanche elles ont certainement un rôle à jouer dans le dialogue social du Ministère, dans le respect des règles qu’il fixe. Leur vision échappe en effet aux seuls aspects techniques qui prennent souvent le pas sur « l’humanité » des ressources en période de tension. La mise en place d’une concertation plus réelle, annoncée par le précédent Ministre, celle d’une commission sur le dialogue social dans les armées, activée au sein de la commission de la défense de l’Assemblée Nationale, le contenu et le ton de certaines interventions des associations de « retraités militaires », auditionnées par cette même commission, montrent bien que dans le même temps où elle atteint les limites de son modèle de force notre défense atteint peut-être les limites de son modèlede dialogue social. L’Épaulette, et à n’en pas douter les autres associations représentatives d’officiers avec lesquelles elle est en liens étroits, pensent utile de pouvoir partager les points de vue de leurs adhérents avec les interlocuteurs adéquats du Ministère ou de la représentation nationale, au sein d’instances existantes ou sous des formes nouvelles à définir. •••
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>>> ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L’ÉPAULETTE Lire notre encart central 12 pages inséré entre les pages 32-33. PROCÈS VERBAL DÉTAILLÉ DE LA JOURNÉE NATIONALE DU SAMEDI 5 FÉVRIER 2011 >>>
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La tribune de l’AG
Les associations d’officiers, partenaires d’un « dialogue social » ?
Présidée par Mme Dominique Lemaistre, Directrice du mécénat de la Fondation de France et animée par M. Didier François, journaliste à Europe1, cette tribune fait intervenir successivement le général d’armée (2S) de la Gendarmerie Pierre-Jean Jacquet, président d’honneur de l’association Le Trèfle, M. Gilles Goulm, secrétaire fédéral du Syndicat Force ouvrière Défense et le contrôleur général des armées Philippe de Maleissye, Secrétaire général du Conseil supérieur de la fonction militaire. Général (2s) Jean-François Delochre promotion Souvenir EMIA 1971-1972 - Président national de L’Épaulette
La Fondation de France, organisme privé reconnu d’utilité publique, a été créé en 1969 pour encourager le mécénat au service des projets qui répondent aux besoins sans cesse en évolution de la société. Elle collecte des fonds privés et reçoit des legs, grâce auxquels elle soutient des projets associatifs concrets et innovants dans trois domaines : l’aide aux personnes vulnérables, le développement de la connaissance et l’environnement. Chaque année, la Fondation de France attribue plus de 7 500 subventions, bourses et prix, pour un montant global d’environ 85 millions d’euros. Mme Dominique Lemaistre est venue nous présenter cette honorable institution et nous faire part de sa grande expérience du monde associatif.
> En raison de l’utilisation d’un logiciel non compatible, le texte de l’allocution de monsieur Gilles Goulm, secrétaire fédéral du syndicat Force ouvrière Défense, n’a pu être exploité à temps pour être publié dans cette revue. Il paraîtra dans le n° 174 du mois de juillet 2011.
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Intervention de Mme Dominique Lemaistre Directrice du mécénat de la Fondation de France
MICHEL GUILLON/L’ÉPAULETTE
C’est le but de la tribune de l’assemblée générale 2011 dont le thème s’inscrit dans une réflexion globale sur le rôle et la place des associations à l’avenir, conduite, à l’initiative de L’Épaulette, par un groupe d’étude émanant du comité d’entente intitulé le « Vincennes des associations ». Ces travaux doivent aboutir avant l’année 2015, terme prévu de la modernisation de la Défense.
DR FONDATIO DE FRANCE
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Mme Dominique Lemaistre Directrice du mécénat de la Fondation de France.
ourquoi demander à la Fondation de France de parler du monde associatif ? Sans doute parce que depuis plus de 40 ans, cette organisation créée par le Général De Gaulle pour développer la philanthropie et le mécénat, est le partenaire naturel des associations dont elle finance les actions d’intérêt général dans tous les secteurs : social, médical, culturel, environnemental… Les Français aiment les associations. Grâce au formidable régime de liberté accordé à cette structure par la loi de 1901, ils se regroupent facilement pour organiser toutes sortes d’activités. Ils en créent plusieurs milliers par an et l’on estime aujourd’hui à plus de 1 000 000 le nombre d’associations actives, qui se répartissent en trois types : 15% gèrent des services ou des équipements, 30% militent pour une cause, 55% sont des regroupements de membres. Sur 100 associations nouvelles, 12 se destinent à un objet social ou médico-social ; 4, 5 à un projet humanitaire ou caritatif ; 15 au sport ; 14 aux loisirs ; 23 à la culture et 4 à l’environnement. Le monde associatif regroupe 12 millions de bénévoles, dont 3,5 millions qui y travaillent régulièrement. Leur contribution équivaut environ à 1 million d’équivalent temps plein. Et ce n’est pas uniquement le fait des personnes inactives ou retraitées : 37 % des actifs français participent au moins à une associa-
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Mme Dominique Lemaistre (Directrice du mécénat de la Fondation de France) lors de son intervention à la tribune de l’amphi Foch, entourée du contrôleur général des armées Philippe de Maleissye (Secrétaire général du Conseil supérieur de la fonction militaire), de M. Didier François (Journaliste à Europe 1), du général (2s) Pierre-Jean Jacquet, (Président d’honneur du Trèfle), et de M. Gilles Goulm (Secrétaire fédéral-FO-Défense).
La Fondation de France Depuis 1969, la Fondation de France soutient des projets concrets et innovants dans trois domaines : l’aide aux personnes vulnérables, le développement de la connaissance et l’environnement. Elle favorise également le développement de la philanthropie. Elle aide les donateurs à choisir les meilleurs projets, conseille les fondateurs sur leur champ d’intervention et sur le cadre juridique et fiscal le plus approprié. Indépendante et privée, la Fondation de France ne reçoit aucune subvention et ne peut agir que grâce à la générosité des donateurs.
Sa mission
Etre le trait d’union entre les donateurs, les mécènes et les acteurs de terrain afin de permettre la réalisation de projets philanthropiques.
Son mode d’intervention
Collecter et gérer des fonds, apporter une expertise dans la redistribution des dons aux causes prioritaires. Créer et accompagner le fonctionnement des fonds et fondations sous égide. Favoriser la générosité au-delà des frontières en recevant et redistribuant des dons transnationaux.
Ses actions
Choisir les meilleurs projets dans toute la France et dans les pays où elle travaille. Attribuer des subventions, prix et bourses. Apporter conseils et appui aux mécènes.
Ses valeurs
Mettre la personne au centre de ses actions en favorisant sa dignité, son autonomie, sa responsabilité et en lui donnant les moyens d’être acteur de sa vie. Privilégier le lien social en préservant et construisant des relations autour de la personne dans la famille, le quartier, avec les professionnels ou les associations. Respecter strictement les volontés de ceux qui lui font confiance. Garantir la rigueur et la transparence dans ses pratiques
Les chiffres clés 2009
521 000 donateurs ; 674 fonds et fondations individualisés sous son égide dont 58 créés par des entreprises ; 85 millions d’euros pour distribuer - 7 500 subventions, prix et bourses ; 7 délégations régionales ; 140 salariés et 488 bénévoles.
tion. Parmi les causes les plus mobilisatrices l’on recense : les pratiques culturelles, sportives, de loisirs, les projets qui concernent les personnes âgées, les regroupements de parents d’élèves, les motifs religieux… Sur le plan économique, la contribution du secteur privé à but non lucratif n’est pas non plus négligeable : elle représente 4% du PIB face à 44% pour le secteur privé lucratif et 52% pour le public. Outre le million d’équivalent temps plein bénévoles, les associations emploient un autre million d’équivalent temps plein salariés, soit 5% des actifs français face à 21% d’indépendants, 50% de salariés dans le secteur privés et 24% dans le public. Ces chiffres sont éloquents. Face à l’affaiblissement de certaines grandes institutions –syndicales, religieuses, politiques- le monde associatif catalyse l’énergie des citoyens. En France, bien davantage que dans tout autre pays, l’association est à la fois le lieu de l’expression démocratique, un ciment de la vie collective, un outil de solidarité, un laboratoire des transformations sociales. Une récente étude initiée par la Fondation de France sur les solitudes montre que le réseau associatif figure parmi les 5 réseaux de socialisation majeurs, au côté de la famille, du voisinage, du cercle amical, et du monde du travail. Par ailleurs si l’on peut aisément comprendre que l’association, outil de regroupement des personnes, joue un rôle essentiel en ••• L’Épaulette n° 173 • avril 2011 •
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La tribune de l’AG : les associations d’officiers, partenaires d’un « dialogue social » ?
••• matière de lien social, il est plus surprenant de constater à quel point elle assume une vocation innovatrice. C’est à travers les associations que la société civile imagine des solutions d’intérêt général nouvelles en réponse à des besoins mal couverts. La Fondation de France, dont les programmes accompagnent depuis 40 ans les mutations des modes de vies, est particulièrement bien placée pour observer le dynamisme du monde associatif. Les institutions, qui n’ont pas toujours l’agilité nécessaire pour s’adapter et se moderniser au rythme de plus en plus rapide des bouleversements, sont souvent aiguillonnées à leur périphérie par des associations que leurs usagers les plus dynamiques ont constituées pour faire avancer les choses en échappant aux pesanteurs du système. Qu’il s’agisse de faire face à l’exclusion et la pauvreté qui s’installent, de reconnaître un nouveau statut aux petits enfants, aux adolescents, aux personnes malades et handicapées, d’envisager les conséquences d’un allongement sans précédent de la durée de vie, d’accompagner le bond de la recherche, de faire naître la conscience que les ressources naturelles ne sont pas illimitées, les associations ont été et sont toujours à la source de nouvelles propositions pour améliorer le sort de nos concitoyens. Le monde militaire n’échappe pas à ce phénomène. C’est ce que j’ai découvert, sans grande surprise mais avec beaucoup d’intérêt, grâce à votre invitation. I
> Dominique Lemaistre intègre la Fondation de France en 1988. Elle y commence son parcours comme responsable de la communication, puis se consacre aux métiers du mécénat, d’abord en charge de l’administration des fonds individualisés, puis de responsable des programmes propres de la Fondation de France. Aujourd’hui, directrice du mécénat, elle supervise l’activité des 20 programmes et des 680 fonds individualisés gérés par la Fondation. Au cours de cette vingtaine d’années au service de la philanthropie, elle a eu l’opportunité de s’intéresser à l’ensemble des enjeux des fondations et du mécénat dans le contexte français et européen : relations avec les mécènes particuliers et les entreprises, gouvernance, expertise sociale dans les champs les plus divers, évolution de la réglementation juridique et fiscale.
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Le contrôleur général des armées Philippe de Maleissye, lors de son intervention à la tribune de l’amphi Foch.
Intervention du contrôleur général des armées Philippe de Maleissye Secrétaire général du CSFM
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Le dialogue interne des militaires
voquer « le dialogue interne des militaires », c’est d’abord dresser le constat d’une spécificité. De fait, les conditions dans lesquelles des membres de la communauté peuvent exprimer, aux plus hautes autorités civiles ou militaires du ministère de la défense, leurs préoccupations et leurs propositions sur les différents aspects de la condition militaire, sont mises en oeuvre dans un cadre particulier, différent de celui en vigueur dans les administrations civiles voire dans la sphère privée. Il y a une raison essentielle à cela, qu’il est nécessaire d’avoir présente à l’esprit, faute de quoi on s’explique mal les particularités de ce dispositif : le militaire n’est pas un citoyen comme les autres. Il est, en effet, de tous les agents de l’Etat, le seul dont celui-ci peut exiger le sacrifice de la vie. Sans doute, d’autres agents, les policiers ou les pompiers notamment peuvent payer de leur existence l’exercice de leur métier. Mais cela ne leur est pas demandé et, toujours, résulte d’un accident dans l’accomplissement de la mission. Du militaire, en revanche et de lui seul, il peut être exigé de mourir pour le succès de la mission. Cette particularité entraîne plusieurs conséquences : Dès lors que le sacrifice suprême peut être exigé d’une troupe, il va de soi que le chef militaire qui la commande doit disposer, pour l’obtenir, d’une autorité sans faille. Elle seule, en effet, peut garantir la stricte discipline nécessaire au combat. Le dispositif de dialogue des militaires doit donc être conçu de façon à permettre un véritable échange avec les autorités et l’expression des préoccupations ou des attentes de la communauté militaire sans remettre en cause, par ail-
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PHOTOS MICHEL GUILLON/L’ÉPAULETTE
La Fondation de France suite de l’intervention de Mme Dominique Lemaistre
leurs, l’autorité du chef. Equilibre délicat que le dispositif en vigueur dans les armées s’efforce d’atteindre. D’autre part, le CSFM a été créé en 1969. Ce n’est pas un hasard. Les évènements de mai 1968, en effet, ont conduit les autorités à constater que « la grande muette » devait, comme le reste de la nation, pouvoir, dans un cadre organisé, exprimer ses préoccupations sur les différents aspects de sa condition. Ce que résume le propos de M. Pierre Mesmer, ministre des armées, le 30 novembre 1968 : « L’état militaire se caractérise par une stricte dépendance à l’égard de la hiérarchie. Il impose aux militaires des contraintes et des sujétions qui se traduisent notamment par l’interdiction d’exercer certains droits reconnus aux agents de l’Etat pour la défense de leurs intérêts matériels et moraux. Il est néanmoins conforme à l’évolution générale des rapports sociaux que les militaires de carrière puissent désormais exprimer directement aux plus hautes autorités de l’Etat leurs sentiments sur les différents aspects de leur condition [… ] A cette nécessité répond l’institution d’un Conseil supérieur de la fonction militaire ». Au CSFM s’ajouteront par la suite les Conseils de fonction militaire d’armées et formations rattachées (CFMAFR). Le dispositif sera étoffé, au plan local par la création d’instances représentatives (présidents de catégories élus par leurs pairs) et participatives (commissions participatives régionales, de formations administratives et d’unités élémentaires). La concertation, la représentation et la participation constituent les 3 modalités selon lesquelles est mis en œuvre, aujourd’hui, le « dialogue des militaires ». La concertation est conduite au sein
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Alternance du question/réponse, de la salle à la table ronde de la tribune.
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du CSFM et des 7 CFM1. Elle permet aux militaires tirés au sort parmi les volontaires2 ou élus3, pour y siéger, d’exprimer les préoccupations de la communauté militaire et conserve, en toute des propositions dans le chose, la faculté de domaine de la condition décider de donner suite La représentation militaire. Au sein des ou non aux propositions quant à elle instances, le dialogue a qu’elles expriment. désigne les lieu avec les chefs Ainsi, son autorité et sa d’Etats-majors ou direcfonctions dévolues responsabilité sontteurs (pour les CFM) et elles préservées. aux présidents avec le ministre (au Ce dispositif, tel 4 de catégories CSFM). S’agissant du qu’il fonctionne CSFM, son efficacité et aujourd’hui, fait réguqui, auprès des son utilité sont attestés lièrement la preuve de commandants de par ses résultats : près son utilité et de son effiformations des 2/3 de ses proposicacité tout en assurant tions sont acceptées par administratives, un équilibre satisfaisant le ministre de la défense entre le besoin que peureprésentent leurs et mises en oeuvre au vent avoir les militaires camarades. sein des armées. d’exprimer directement La représentation leurs préoccupations et quant à elle désigne les la nécessité de ne pas fonctions dévolues aux présidents de mettre en difficulté l’exercice de l’autocatégories4 qui, auprès des commanrité des hauts responsables civils ou dants de formations administratives, militaires de la défense. représentent leurs camarades. Néanmoins, si tous connaissent bien Interlocuteurs permanents des l’existence et le rôle des commissions et chefs, ils expriment les préoccupations des présidents, les instances nationales des militaires qu’ils représentent et que sont le CSFM et les CFM gagnequ’ils ont élus. Ils fournissent ainsi aux raient à être mieux connues de la comresponsables une information précieuse munauté militaire et son utilité reconnue et peuvent servir de relais lorsque ceuxpar elle. I ci souhaitent s’adresser à une catégorie en particulier 1 Terre, Mer, Air, Gendarmerie, Service de santé La participation, enfin, est assurée des armées (SSA), Service des essences des par les commissions participatives des armées (SEA) et Direction générale de l’armecorps, des unités élémentaires et des ment (DGA). régions5. Elles concourent à l’améliora2 Au sein des CFM. tion de la vie courante en permettant à 3 Pour le CSFM, par et parmi les membres des ses membres d’exprimer, dans ce CFM. domaine, leurs propositions. 4 Président du personnel militaire pour la gendarCes différentes institutions ont une merie. caractéristique commune : elles sont 5 Les commissions régionales sont appelées à être transférées aux bases de défense. exclusivement consultatives. Le chef
Intervention du général (2s) Pierre-Jean Jacquet, président d’honneur du Trèfle
Associations (d’officiers) et dialogue social ? L’expérience du Trèfle
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> Le contrôleur général des armées Philippe de Maleissye est né le 25 août 1961 à Lausanne (Suisse). Entré à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr en septembre 1981, il choisit l’Infanterie à la sortie et sert successivement au 76ème régiment d’infanterie à Vincennes, au 2ème régiment étranger de parachutistes à Calvi, puis au 4ème régiment étranger où il effectue son temps de commandement de capitaine, avant de rejoindre le centre de sélection n°5 de Auch. Admis, au titre de l’enseignement militaire supérieur, à suivre la scolarité de l’institut d’études politiques de Paris en 1996, il rejoint le contrôle général des armées le 1er mai 1999, où il remplit diverses missions de contrôle des forces et des programmes d’armement. Il est nommé secrétaire général du Conseil supérieur de la fonction militaire le 15 juillet 2010. Le contrôleur général des armées Philippe de Maleissye est Chevalier de la Légion d’honneur et de l’Ordre national du Mérite.
Je remercie votre président, le général Delochre, de m’offrir l’opportunité d’évoquer l’expérience du Trèfle à l’occasion de cette table ronde. e thème retenu, le rôle des associations d’officiers partenaires d’un « dialogue social », me semble éminemment d’actualité : le dialogue social, défini comme « tout ce qui favorise la compréhension entre les différentes composantes de la société », est à la mode, dira-t-on, mais bien au-delà d’une mode par définition éphémère, c’est devenu une réalité incontournable, une nécessité à laquelle n’échappe plus aucune institution. • S’agissant plus particulièrement des armées, la suspension du service militaire renforce le besoin de sauvegarder par tout moyen le lien armée-nation et les associations de militaires, en activité comme en retraite, ont un rôle, me semble-t-il, de premier plan à jouer dans ce domaine. Militaires en activité comme en retraite : je n’ai pas distingué à dessein les officiers et les sous-officiers. Faut-il se limiter aux officiers ? La question doit être posée et le vécu du Trèfle ne manque pas d’intérêt, me semble-t-il, à cet égard, vous en jugerez par vous-mêmes. J’ai présidé cette association de 2000 à 2003, deux ans après avoir été admis en deuxième section, et j’en suis resté très proche par la suite, ce qui m’a sans doute valu d’en être nommé président d’honneur.
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LE TRÈFLE Un aperçu de l’association :
Le Trèfle est la Société d’entraide des élèves et anciens élèves de l’Ecole des officiers de la Gendarmerie nationale. Elle compte plus de 5000 membres, dont près de 3000 sont en activité : c’est dire (première observation) la prudence et la retenue qu’il ••• L’Épaulette n° 173 • avril 2011 •
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La tribune de l’AG : les associations d’officiers, partenaires d’un « dialogue social » ?
Associations (d’officiers) et dialogue social ? - L’expérience du Trèfle
••• faut observer dans les prises de position, pour ne pas risquer de mettre en difficulté les officiers soumis à leurs obligations statutaires, prudence et retenue qui doivent être de règle dans toutes les associations comprenant des militaires en fonction, mais tout le monde, ici, en est, je le suppose, bien conscient… Le Trèfle est une mutuelle dont les statuts ont été repris en 2002, pour être conformes au nouveau Code de la mutualité. Il s’agit, cependant, non pas d’une mutuelle traditionnelle (elle avait été créée, en 1906, pour assurer l’entraide des élèves-officiers qui allaient être nommés sous-lieutenants et perdraient ipso facto le bénéfice des prestations de la Caisse du gendarme, laquelle ne prenait en compte que les hommes de troupe), mais d’une société mutualiste agissant selon les mêmes règles, au-delà du ressort des diverses couvertures sociales.
La lettre de la mission :
Ce sont les termes mêmes du statut : • organiser, maintenir et développer entre les adhérents des liens de solidarité et de fraternité dans le respect des traditions propres à l’état d’officier de gendarmerie ; • fournir aux adhérents et aux familles dans le besoin un soutien moral et matériel.
L’esprit de la mission :
Il découle du règlement intérieur, dit « Code du Trèfle ». Au-delà de la simple action mutualiste, si je puis dire, le Trèfle entend défendre et promouvoir la condition des personnels ainsi que l’image de la gendarmerie. Cette nécessité s’est intensifiée au fil des ans, pour aboutir, en 1989, à la création du CEAG1, regroupement de quatre associations (Trèfle, UNPRG2, FNRG3 et SNAAG4) destiné à coordonner la réflexion et à finaliser des actions communes en direction de la hiérarchie, des élus et des médias. Le CEAG est, aujourd’hui, animé par le président du Trèfle, assisté d’un vice-président tournant désigné par chacune des trois autres associations à tour de rôle. Les associations fondatrices représentent au total environ 70000 membres : ce n’est pas rien mais il faut aller au-delà, car des structures reconnues n’y ont pas encore leur place et c’est regrettable. Je pense, notamment, à l’ANORGEND5 ou encore à la Confédération d’associations de la gendarmerie. Le CEAG ne dispose, naturellement, d’aucune structure permanente.
Comment est-ce vécu ?
Différemment, selon le type d’association considéré, ce qui est assez normal : -les associations de sous-officiers en retraite, à sensibilité davantage revendicative (principalement l’UNPRG), sont très
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attentives aux questions touchant à la condition militaire, sans être pour autant, bien entendu, indifférentes au devenir de l’institution, surtout en ce moment, on s’en doute. A ce propos, j’ouvre une parenthèse que je referme aussitôt, les sous-officiers qui ont tristement manifesté sur la voie publique, en 2001, dénonçaient non pas tant leur condition personnelle, que l’insuffisance des moyens qui leur étaient alloués pour remplir leurs missions. On ne l’a pas toujours suffisamment mis en lumière, mais c’est un autre débat ; • le Trèfle et la SNAAG sont peut-être davantage préoccupés par les questions touchant à l’évolution de l’institution et donc, actuellement, par le changement de ministère de la gendarmerie et son rapprochement avec la Police nationale. Chaque association mène ainsi légitimement sa propre vie, ce qui n’empêche pas de se retrouver pour agir de concert, lorsque les circonstances le rendent souhaitable. Cela étant, on peut regretter la pluralité des associations de sous-officiers, ce d’autant qu’elles demeurent tout de même très proches, raison précisément pour laquelle on ne doit écarter aucune d’entre elles ; cette pluralité nuit à leur efficacité : elles entretiennent parfois un climat néfaste de concurrence et gaspillent souvent beaucoup d’énergie à régler des contentieux qui n’en sont pas vraiment, mais c’est français! En Italie, par exemple, je crois savoir qu’il existe une seule association regroupant les officiers et les sous-officiers de l’arme des carabiniers : il n’est pas défendu de rêver qu’il puisse, un jour, en être de même chez nous…
A l’actif du CEAG :
Le CEAG participe, conformément à sa raison d’être, au dialogue social en direction de la hiérarchie, des élus et des médias. S’agissant de la hiérarchie, le CEAG est reçu par le ministre de tutelle de la gendarmerie (en ce qui me concerne, je l’ai été ainsi par Michèle Alliot-Marie et Nicolas Sarkozy, qui avait quelque peu devancé le calendrier). Il l’est aussi, plus régulièrement bien sûr, par le directeur général, pour des échanges d’information à double sens, les associations jouant le rôle de courroie de transmission vers le haut comme vers le bas. S’agissant des élus, je ne peux donner meilleur exemple que ce qui s’est passé lors de l’élaboration de la loi sur la gendarmerie du 3 août 2009. Il a été auditionné à la fois par le Sénat en 2008 (Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées) et par l’Assemblée nationale en 2009 (Commission de la défense nationale et des forces armées). On peut même dire que nos élus, toutes sensibilités confondues, ont mieux perçu, à cette occasion, ce que cette structure pouvait leur apporter, d’où l’enseignement à tirer (deuxième observation) qu’il ne faut pas hésiter à se mettre en avant, ce qu’on répugne souvent à
Le général (2s) Pierre-Jean Jacquet, (président d’honneur du Foch, entouré de Mme Dominique Lemaistre (Directrice du m (Journaliste à Europe 1) et de M. Gilles Goulm (Secrétaire féd
faire par excès de retenue, réflexe, j’allais dire handicap, bien militaire. On peut encore s’adresser aux élus par le canal des présidents délégués du Trèfle, officiers en retraite qui forment, avec un officier d’active en poste localement, des binômes départementaux. Il faut les mettre à contribution, c’est une façon de les associer à la réflexion et de les valoriser (nous venons de le faire à l’occasion de la « révolte » des CRS de Lyon et Marseille, j’y reviens tout de suite). S’agissant des médias, les interventions sous forme de communiqués de presse sont exceptionnelles, car rarement couronnées du succès attendu, hélas. Lorsque les communiqués sont repris, ils ressemblent en général assez peu à ce que l’on souhaitait voir paraître, les journalistes invoquant leur professionnalisme en matière de diffusion de l’information et nous, l’aspect technique, si je puis dire, des communiqués insuffisamment mis en valeur, chacun recherchant, au final, ses propres effets…Un exemple tout récent du recours aux médias est l’envoi à l’AFP, mardi, d’un communiqué du CEAG s’indignant de la manière dont le ministre de l’intérieur a reculé devant les syndicats de police et renoncé à supprimer 2 CRS quand, dans le même temps, 15 EGM auront disparu au cours des deux années 2010 et 2011! C’est ce communiqué qui a également été envoyé aux présidents délégués départementaux, pour action auprès des élus. En ce qui concerne le Trèfle, lorsque ses représentants interviennent publiquement, ils le font donc, habituellement, au titre du CEAG, dans le cadre d’opérations conjointes aux côtés des représentants des sous-officiers. Il arrive néanmoins que le président du Trèfle, comme tout autre président d’association, demande audience à tel élu ou à telle personnalité, pour l’entretenir d’un problème particulier (ce fut le cas par exemple, là encore, lors de la préparation de la loi sur la gendarmerie). Naturellement les démarches ne sont pas toujours couronnées de succès : avant les événements de 2001, j’avais été reçu par le rapporteur du budget
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Trèfle), lors de son intervention à la tribune de l’amphi mécénat de la Fondation de France), de M. Didier François déral-FO-Défense).
de la gendarmerie, à qui je m’étais efforcé de faire prendre conscience du caractère explosif de la situation, mais le député en question, qui connaissait manifestement cette situation beaucoup mieux que moi, s’était employé à me tranquilliser, m’affirmant que tout était sur le point de s’arranger…La suite a été celle que l’on sait ! Il arrive aussi que le président du Trèfle soit approché par un journaliste, mais c’est rarissime. A titre anecdotique, l’un de mes successeurs avait imaginé de recevoir au Trèfle, autour d’un buffet, les journalistes en vue à Paris : les résultats peu convaincants ont conduit à ne pas renouveler l’expérience, le rapport coût/efficacité n’étant pas au rendez-vous…
La question de la représentativité :
Les prises de position en externe posent la question (troisième observation) de la représentativité de celui qui s’exprime et je sais de quoi je parle ! J’ai représenté le Trèfle devant la Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale. Il se trouve que, par la suite, quelques officiers généraux en deuxième section m’ont reproché de n’avoir pas critiqué assez sévèrement le projet de loi du Gouvernement, estimant pour finir qu’en la circonstance, je n’avais fait que me représenter moi-même ! C’est assez désagréable à vivre. Aussi faut-il bien poser les règles du jeu, à titre de garantie, car il est clair qu’on ne peut représenter à la fois toutes les sensibilités, souvent multiples, sinon opposées. Ces règles sont simples, mais il est bon de les rappeler en A.G. Les responsables élus d’une association disposent d’un mandat représentatif qu’ils exercent en principe à partir d’orientations à définir en A.G. et à préciser, le cas échéant, en Conseil d’administration. Si l’on n’est pas satisfait d’eux, on les remplace… En ce qui concerne le Trèfle, les réactions de la base peuvent être appréhendées, en cours d’année, par le canal des délégués
Là, j’ai bien conscience d’aborder un domaine ultra sensible, mais il ne doit pas y avoir de tabou. L’ADEFDROMIL s’emploie par tous les moyens à justifier le bien-fondé d’associations professionnelles de militaires. Finira-t-elle par avoir raison un jour ? Ne L’intérêt des faut-il pas, précisément pour repousser associations : l’échéance, mieux reconnaître les mouvements associatifs comme les nôtres, ainsi D’aucuns estimeront sans doute que je que le suggère le G2S dans une récente lettre dresse un tableau idyllique de la situation du d’information ? Trèfle. En réalité, là comme ailleurs, il faut L’idée avancée par L’Épaulette, de réuse battre tous les jours : nir des associations d’officiers dans une • il est difficile d’entretenir un maillage démarche partenariale de « dialogue territorial de délégués qui ne comporte pas social », est donc séduisante mais, j’insiste, de trous dans le dispositif ; le bénévolat se faut-il écarter d’emblée les sous-officiers ? A vend de plus en plus mal… considérer l’expérience du Trèfle, je n’en • l’entente n’est pas toujours parfaite suis pas sûr. Ne risque-t-on pas de paraître entre les associations, certaines d’entre elles abusivement élitiste ? En tout état de cause, s’efforçant, parfois, de préserver un pré il convient d’éviter deux écueils : carré justifiant leur raison d’être auprès de • ne pas « ratisser » trop large, par souci leurs adhérents et « tirant la couverture à de bien faire : plus on sera nombreux autour elles », je l’ai dit tout à l’heure ; il faut donc de la table, plus le message porté aura d’ims’efforcer de calmer le jeu… pact, certes, mais moins il sera facile de parvenir à un consensus sur le contenu de ce • la hiérarchie, les élus, les médias nous message, les associations étant, par construcécoutent, mais ne nous entendent pas nécessaition, diverses, ainsi que je l’ai dit plus tôt, et rement ; l’itération est souvent nécessaire… poursuivant, chacune, ses objectifs, non S’agissant de faire connaître ses nécessairement identifiés besoins, ses aspirations, comme prioritaires par tous ; et avant de s’appuyer cela étant, j’ai conscience du éventuellement sur les L’idée avancée associations, il me semble paradoxe : ne pas ratisser par L’Épaulette, que la gendarmerie soit trop large et, en même de réunir des plutôt en pointe avec son temps, peut-être ne pas écarassociations d’officiers ter les sous-officiers. Il faut Conseil de la fonction militaire et c’est heureux, y réfléchir. dans une démarche • ne pas conduire à créer, même si l’on peut mieux partenariale de tendance assez naturelle, faire car, en face, il y a les « dialogue social », est une nouvelle structure, ristout puissants syndicats quant de déboucher sur une de police (on vient de le donc séduisante mais, « usine à gaz ». Les associavivre avec l’épisode des j’insiste, faut-il écarter tions n’en auront, sans doute, CRS et les policiers de d’emblée les sous-offi- ni le goût, ni les moyens. Je certains commissariats crois que le général Delochre appelés à disparaître pour ciers ? A considérer en est bien conscient. Ce laisser la place à la genl’expérience du Trèfle, risque avait déjà été identidarmerie prennent le je n’en suis pas sûr. fié, il y a quelques années, relais). Aussi importe-t-il lors de l’examen d’un projet que notre institution voisin proposé par le général puisse faire valoir sa Drouard, président de L’Épaulette, alors que position aussi bien que la Police nationale, j’étais, moi-même, en charge du Trèfle. c’est un élément essentiel de la parité. Le Sous ces réserves, le Trèfle, qui proministre en est d’ailleurs bien conscient, qui clame haut et fort l’appartenance de la gena tenu à recevoir des représentants du darmerie au monde militaire et sa nécessité CFMG, succinctement il est vrai en raison en tant que force militaire exerçant des misd’imprévus incontournables, mais un geste sions de police, soutient l’initiative propoa été fait et il est à souhaiter que l’on n’en sée, et s’associera à sa concrétisation, même reste pas là. Le secrétaire général du CSFM si l’association peut apparaître, aujourd’hui, est évidemment mieux à même que moi un peu décalée, compte tenu de son engagepour évoquer l’évolution des CFM, mais ment premier en faveur de la pérennité de c’est peut-être un autre débat. l’institution qu’il défend et qui vit des heures Nous avons eu à gérer, au Trèfle, le cas dificiles. I du chef d’escadron Jean-Hughes Matelly qui a fini par nous quitter, nous trouvant 1. CEAG : Comité d’entente des associations de gendarmerie. beaucoup trop frileux ! Il est clair que cela 2. UNPRG : Union nationale du personnel en retraite de la gendarmerie. ne pouvait que finir ainsi, tant les objectifs 3. FNRG : Fédération nationale des retraités de la gendarmerie. que poursuit réellement l’intéressé sont 4. SNAAG : Société nationale des anciens et amis de la gendarmerie. inopportuns. 5. ANORGEND : Association nationale des officiers en retraites de la Inopportuns aujourd’hui, et demain ? gendarmerie. •••
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départementaux du Trèfle, dont j’ai parlé tout à l’heure, et aussi grâce aux projets d’articles transmis par les adhérents en vue d’une insertion dans le bulletin trimestriel de liaison. C’est un bon clignotant!
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La tribune de l’AG : les associations d’officiers, partenaires d’un « dialogue social » ? Intervention du général Irastorza chef d’état-major de l’armée de Terre à l’assemblée générale de L’Épaulette, le 5 février 2011 Je remercie le général Delochre de son invitation, à laquelle je suis toujours heureux de me rendre. Vous connaissez l’importance que j’attache aux liens entre notre armée de Terre et les associations partageant nos valeurs et nos préoccupations. Nous en avons besoin dans les moments difficiles que nous avons à traverser, et une fois encore, je tiens à remercier L’Épaulette pour son soutien indéfectible dans ces circonstances. Nous en avons aussi besoin au quotidien, pour faire savoir à nos concitoyens qui nous sommes, ce que nous vivons et comment nous le vivons.
e suis donc très heureux d’avoir cette opportunité de vous faire cette présentation annuelle des évolutions de l’armée de Terre. Je le ferai en évoquant 10 points, regroupés en 5 rubriques, ce qui me donnera l’occasion de mettre en perspective les échanges de ce matin.
J
Mais auparavant, je reviens quelques instants sur le thème de la tribune de ce matin.
Quand on choisit ce métier, on choisit un paquet complet : • C’est d’abord accepter de servir pour remplir la mission fixée. Or, parce qu’elle est confiée par le Président de la République au nom du peuple Français, la mission est toujours sacrée. Elle doit donc être exécutée coûte que coûte, ce qui ne veut bien évidemment pas dire à n’importe quel prix. • Le soldat professionnel a choisi son métier en toute connaissance de cause, et ce choix implique par définition qu’il ne choisisse pas ensuite ses missions. Ou alors, il faut avoir l’honnêteté de changer de métier sans plus attendre. • En s’engageant, le soldat accepte la règle, fixée par la loi de 2005 portant statut général des militaires. Ensuite, le dialogue interne existe dans l’armée de Terre, je le rencontre et le pratique depuis 40 ans chaque jour : • C’est d’abord une affaire de commandement puisqu’il appartient au chef de veiller à l’intérêt de ses subordonnés, y compris du personnel civil. • C’est un dialogue collectif, qui
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Le général d’armée Elrick Irastorza lors de son intervention.
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« Les liens entre notre armée de Terre et nos valeurs et nos préoccupations… »
s’exerce : Au niveau local, par le biais des commissions participatives et des présidents de catégorie qui y prennent une part essentielle, sans oublier les commissions consultatives hygiène et prévention des accidents (CCHPA), les comités hygiène, sécurité et condition du travail (CHST)… Au niveau intermédiaire et central, par le biais du CFMT « Dire au CEMAT » – dire ce qui est n’est pas se plaindre, mais il faut dire les choses – et aussi via les conseillers sous-officiers et EVAT du CEMAT et du DRHAT ; Au niveau central, par les sessions plénières du CFMT et du CSFM. • C’est un dialogue individuel, qui s’exerce de multiples façons : rapport hiérarchique, indicateur de mesure du moral (I2M), saisine de l’IAT, saisine de la commission des recours formulés par les militaires (CRM). Enfin, pourquoi préférer la terminologie « dialogue des militaires » à celle de « dialogue social » ? • Parce que nous avons une exigence de discipline, au service de la sécurité de notre pays. • Parce que le mimétisme des termes conduira inévitablement à des dérives incompatibles avec notre statut. • Parce que, finalement, la spécificité militaire est un atout plus important qu’il n’y paraît. Sur l’armée de Terre, je commencerai par l’engagement opérationnel, car c’est lui qui dicte tout le reste. 1er point : l’armée de Terre est une armée très employée, qui combat quasi quotidiennement Elle représente 86% des effectifs déployés en OPEX, 66 % des effectifs en posture opérationnelle permanente (OPEX, MISSINT, MCD, MLD, alerte, coopération). En 2010, elle a tiré 98 % des muni-
tions tirées au combat par les armées, à raison d’une action de combat en moyenne par jour. Très clairement, je donne donc la priorité aux opérations actuellement en cours : qui comprendrait que nous subissions des revers aujourd’hui au motif que nous préparons la guerre de demain ? Mais pour autant cela ne veut pas dire sacrifier le futur sur l’autel des urgences du moment. Il s’agit, comme toujours, d’un équilibre à trouver entre réponse au défi d’aujourd’hui et préservation de l’avenir, ce qui est loin d’être aussi simple qu’il y paraît. Ce souci constant de gérer au mieux le présent tout en préservant l’avenir impacte inévitablement nos cycles d’activités. Je pense que progressivement nous tendrons vers un cycle à 5 temps plus rationnel que l’actuel : 6 mois de MCP intense, 6 mois de mission opérationnelle, 6 mois de récupération et d’aide à la préparation de ceux qui s’apprêtent à partir, et enfin deux fois 6 mois de reprise des fondamentaux en toute sérénité. Cela dit les événements continueront de commander. 2e point : l’armée de Terre, ce sont de bons soldats, courageux, généreux, aussi bien équipés que nous le pouvons, bien commandés. Du général au grenadier-voltigeur de pointe, nos soldats remplissent leurs missions à la satisfaction générale. Il ne s’agit pas là d’autosatisfaction, mais d’un sentiment général exprimé notamment par nos alliés. En 2010, 977 citations avec attribution de la croix de la Valeur militaire ont été décernées : 12 % à des officiers, 29 % à des sous-officiers et 59 % à des militaires du rang. Pour prix de leur engagement sans réserve, nos soldats n’aspirent qu’à un minimum de considération et de reconnaissance. • Côté institutionnel, je vous renvoie aux déclarations du Président de la République, du Premier Ministre, du Ministre de la Défense, à l’attention qu’ils témoignent aux familles de nos tués, à leurs visites à nos blessés, aux dispositifs étatiques de soutien aux familles des tués et aux blessés, mais également au maintien de dispositions dérogatoires pour les militaires, je pense par exemple à la retraite à jouissance immédiate. Je renouvelle cependant mon souhait de voir un dispositif indemnitaire compenser rapidement le report à 19 ans et demi du bénéfice de la retraite à minimum garanti. • Côté société civile, la reconnaissance de nos concitoyens ne va pas de soi et je le vois bien reste très inégale, ne serait-ce que d’une garnison à l’autre. Nos associations ont un rôle évidemment déterminant à jouer dans ce domaine, et je sais que l’Épaulette
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les associations partageant
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3e point : jamais banale, la mort du soldat au combat nous ramène à des notions essentielles, qu’il est important de bien percevoir en interne, et de faire comprendre à l’extérieur. Confronté à une charge émotionnelle qui l’emporte le plus souvent sur la raison dans notre société prompte à s’émouvoir, et au mouvement inéluctable de judiciarisation, le soldat de métier doit avoir deux préoccupations permanentes : • Remplir les missions conformément à la règle ; • Avoir en toutes circonstances une claire perception de la ligne à ne pas franchir entre le licite et l’illicite, l’acceptable et l’inacceptable, le défendable et l’indéfendable.
Sur la préparation opérationnelle
4e point : à ressources nécessairement comptées, l’armée de Terre fait effort sur la préparation des opérations en cours. La qualité de leur PREPAPOPS est Tant que le soldat effectue son métier reconnue par nos soldats « Notre meilleure protection au combat », ce conformément aux règles qui signifie que nos efforts de l’art, conformément aux inlassablement entretenus dispositions statutaires qui Avoir en toutes payent. Je ne reviens pas le protègent, il n’aura rien circonstances une sur le contenu de la prépaà redouter des investigaclaire perception ration opérationnelle, dont tions d’un juge. Il ne faut de la ligne à ne pas pas se tromper : ne pas franchir entre le licite vous connaissez l’articulacommettre l’indéfendable et l’illicite, l’acceptable tion en strates successives, formation initiale, entraînebien sûr, ni perdre son âme et l’inacceptable, ment aux missions comà défendre l’indéfendable, le défendable munes de l’armée de Terre car le jour où nous aurons et l’indéfendable. – les MICAT – entraînebesoin de défendre le ment dans la durée et à défendable, nous ne serons plus ni audibles, ni crédibles. Il ne s’agit juste niveau au cœur de métier, et enfin l’efdonc pas, comme il m’est arrivé de le consta- fort porté sur la mise en condition à la proter, de défendre systématiquement par esprit jection, nécessairement différenciée suivant de corps mal placé ceux qui ont franchi la le type de théâtre d’opérations. ligne en toute connaissance de cause, mais J’en viens aux ressources humaines, de bien faire la part des choses. la priorité absolue. Enfin, si la mort au combat n’est pas une mort ordinaire, nous devons porter une 5e point : je vous l’ai dit, nous avons attention équivalente aux familles de nos de bons soldats, il serait anormal de ne camarades décédés dans d’autres circons- pas leur donner des perspectives protances, à tous nos blessés et malades et à fessionnelles à la hauteur de leurs aspileurs proches. Je rappelle que nous avons eu rations et de leurs mérites. à déplorer 147 décès en 2010, toutes causes Il était notamment temps de tourner la confondues : 1/3 en service et 2/3 hors ser- page des schémas issus de la conscription, vice, 1/3 sur la route et 21 en opérations dont dont le recrutement massif de sous-officiers 14 tués au combat, soit 1 sur 10. directs à l’ENSOA était une survivance. Il Dans ces situations, la solidarité institu- fallait bien à l’époque trouver dans le civil tionnelle, lorsqu’elle a à s’exercer, est consé- les cadres nécessaires à l’encadrement des quente, mais nécessairement procédurale. appelés. Désormais, l’armée de Terre ambitionne Nous avons donc besoin d’une solidarité plus réactive et d’un suivi dans la durée. de réaliser le parallélisme des formes entre le C’est la mission de la CABAT avec le sou- recrutement interne des officiers et celui des tien de Terre Fraternité bien sûr, de toutes sous-officiers : • Actuellement 70% des officiers de carnos associations et bien évidemment de rière du COA sont issus du recrutement L’Épaulette.
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interne : 50% proviennent des sous-officiers et 20% de l’intégration d’officiers sous contrat. • Demain, 70% de nos sous-officiers devront être issus des EVAT. Ce taux est déjà de 100% dans la plupart des armées occidentales, à la Légion Etrangère et de 70% dans les régiments les plus anciennement professionnalisés. Il convient bien sûr de détecter les meilleurs dès 2 ans de service pour ne pas pénaliser leur avancement ultérieurement et surtout d’alimenter le recrutement officiers semi-direct.
s’y emploie avec la plus grande détermination. • Mais ce devoir de considération doit aussi s’exprimer au sein même de l’armée de Terre, non seulement par notre solidarité dans l’épreuve, mais aussi en termes de perspectives professionnelles – j’y reviendrai – et de style de commandement.
Enfin, nous devons désormais offrir aux EVAT qui en ont manifestement le potentiel la possibilité de devenir directement officiers. 5 d’entre eux ont été reçus aux OAEA en 2010, 2 à l’EMIA et 1 à l’EMCTA. A compter de cette année, un recrutement sur titre sera ouvert à l’EMIA en complément du concours traditionnel, pour les sous-officiers et EVAT titulaires d’un bac + 2, en symétrie avec le recrutement Bac + 5 sur titre à SaintCyr. Je vous renvoie à cette maxime de Confucius, qui me semble emblématique de nos devoirs vis-à-vis de nos soldats, tous grades confondus : « Si vous refusez d’instruire un homme qui a les dispositions requises, vous perdez un homme ». Cette maxime s’applique aussi à l’accès aux postes de haut encadrement. Ce qui est déterminant c’est la réussite au concours de l’Ecole de Guerre ! 15% de la future promotion du CSEM sera composée de semidirects, soit 12 EMIA et 2 d’origine 15-2. Ramené au concours SHRI (le concours science supposant la détention d’un diplôme d’ingénieur), ils représentent 24% des admis. Tout le monde ne peut pas finir CEMA mais la liste d’aptitude montre chaque année qu’il n’y a pas de prédestination pour les recrutements directs. 6e point : remettre la FGI au cœur de l’armée de Terre Désormais 10 centres de formation initiale militaire, (CFIM) sont ouverts (les deux derniers le seront à l’été 2011). Je veux souligner l’investissement remarquable et les synergies déployées par tous pour que ce projet fonctionne. Avec toute la prudence qui s’impose après quelques mois de fonctionnement, les retours sont très positifs, en particulier vis-à-vis de l'objectif majeur des CFIM, l’amélioration et la standardisation de la qualité de la formation reçue par les recrues. Ils sont également bénéfiques à l’encadrement tournant fournis par les régiments et placé sous la houlette de l’encadrement permanent des CFIM : réapprentissage et pratique des fondamentaux, et notamment des méthodes pédagogiques. Les CFIM sont aussi un révélateur qui confirme leur pertinence. On me dit « mon général, les programmes sont trop chargés ». ••• L’Épaulette n° 173 • avril 2011 •
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La tribune de l’AG : les associations d’officiers, partenaires d’un « dialogue social » ? suite de l’intervention du général Irastorza chef d’état-major de l’armée de Terre à l’assemblée générale de L’Épaulette, le 5 février 2011 •••
Quand la formation initiale était décentralisée dans les régiments, personne ne se plaignait des programmes. Comme ils n’ont pas changé, j’en déduis qu’on ne les appliquait pas partout ! De même, les CFIM demandent « trop d’encadrement, en quantité comme en qualité ». La norme par section à l’instruction n’ayant pas changé, j’en déduis qu’auparavant, l’on ne faisait pas partout l’effort nécessaire ! Enfin, les CFIM sont aussi un révélateur, fort heureusement à la marge, d’écarts de commandement tout à fait inacceptables. Je m’en suis exprimé sur mon blog, et je continuerai à être sans pitié envers leurs auteurs, quel que soit leur grade, leurs états de service et leur situation familiale. Après quelques mois de fonctionnement l’attrition initiale semble maîtrisée, ce qui reste indispensable car nous devons ralentir ce turn-over trop rapide qui épuise nos viviers de recrutement et nous épuise en termes d’efforts de recrutement et de formation. Vous le savez bien, mais c’est finalement très méconnu de nos concitoyens, l’armée de Terre de métier est en fait une armée de contractuels, 72% à rapprocher des 50% pour l’ensemble des armées. Jeunesse oblige, nous sommes donc condamnés à recruter sans cesse, mais nous devons absolument ralentir les débits de fuite et donc de remplissage de ce véritable tonneau des Danaïdes qu’est l’armée de Terre. J’en viens aux équipements, sur lesquels je ne m’attarderai pas. 7e point : sur le long terme, l’armée de Terre poursuit le 3e cycle de renouvellement de ses matériels majeurs Il n’y a lieu de céder ni au misérabilisme, ni à l’euphorie. Des équipements neufs arrivent (VBCI, TIGRE, CAESAR, PVP, SPRAT, FELIN…) et sont employés en OPEX au plus près de leur mise en service. Mais ce renouvellement d’ampleur est loin d’être achevé, je pense par exemple à nos vénérables VAB si sollicités. 8e point : en complément, l’adaptation réactive permet de faire face aux besoins les plus immédiats.
Depuis plus de 3 ans, ce sont 116 opérations qui ont été lancées, avec un montant moyen de 100 M€ tant pour acheter des équipements que nous n’avions pas, comme les BUFFALO, que pour adapter ceux déjà en service et améliorer le paquetage et l’équipement individuel. Il suffit de voir les VAB engagés en Afghanistan qui n’ont plus rien à voir avec ceux de la fin des années 70 tant ils ont reçus d’améliorations et de fonctionnalités particulières. Cet excellent engin préfigure ce que devra être le futur VBMR : une plateforme basique adaptable dans le temps.
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9e point : en symétrie avec la logique prévalant pour la préparation opérationnelle, l’armée de Terre donne la priorité aux opérations dans le domaine de l’emploi des équipements et du MCO. Nos ressources ne sont pas négligeables mais restent comptées. En 2011, le MCO reste le 2e poste de dépense de l’armée de Terre après la solde (583 M€), mais nous n’avons pas d’autre choix que de donner la priorité aux OPEX si nous voulons y garantir une DTO de 90%. Nos parcs sont couteux, soit parce qu’ils sont vieux ou à contrario souffrent des défauts de jeunesse, et nous avons peu de parcs en milieu de vie. Avec l’équivalent des équipements de 11 régiments déployés en OPEX, c’est donc inévitablement plus dur en métropole. Avant de conclure, je terminerai par les restructurations. 10e point : tout en assurant ses missions, l’armée de Terre conduit une restructuration particulièrement lourde. 2011 sera certes l’année qui verra la poursuite des restructurations et celle de la mise en place de nouveaux modes de fonctionnement courant, avec la généralisation des bases de défense. Mais 2011 ne sera pas pour autant l’année des BDD. Comme les années précédentes, 2011 sera pour l’armée de Terre une année d’engagement opérationnel et de préparation à cet engagement. Là est la vraie priorité. Ce n’est pas le fonctionnement de la machine armée de Terre qui a le plus d’importance, mais ce qu’elle produit, de la capacité opérationnelle. Cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas s’intéresser au fonctionnement (il faut bien que cela tourne), mais il ne faut pas se tromper sur la finalité. Même si le rythme des restructurations est soutenu, notamment pour les familles, « pendant les travaux, la vente doit continuer normalement ». Cette création des BDD n’est pas non plus « le grand schisme », même si à terme en 2014, 25% Terriens (dont la BSPP) serviront « Hors BOP » contre 16% en 2008 et 18% en 2010. Si je regarde le GUEPARD, 20% des effectifs sont à trouver « hors CFT » (pourcentage qui atteint 50% dans la logistique). Nous avons donc toujours besoin d’administration et de soutien courant en opérations, il nous faudra donc toujours des militaires pour armer ces postes, aguerris, opérationnels et disposant d’une solide culture de l’engagement au sol. La DRHAT gèrera l’ensemble des militaires ressortissant de l’armée de Terre et organisera l’alternance d’affectation dans et hors de l’armée de Terre (50 % des officiers supérieurs et plus de la moitié des colonels et des OGX servent hors de l’armée de Terre). Je rappelle enfin que les EVAT servant en GSBdD
devront être en 2e partie de carrière, après un premier passage en régiment et que le recrutement ab initio dans les GSBdD devra être l’exception. Je voudrais conclure par quelques considérations sur les droits et devoirs du soldat, de l’officier.
Je ne reviendrai pas sur les propos échangés lors de la tribune. Je veux simplement partager avec vous une ferme conviction. Nous ne sommes bien sûr pas les seuls à évoluer dans la sphère de l’incertitude et du danger, mais nous le faisons, en toute connaissance de cause, en remplissant une mission bien particulière : assurer par la force des armes la défense de notre pays et les intérêts supérieurs de la Nation, ce qui signifie comme l’a rappelé le Président de la République lors de ses vœux aux armées « assurer la sécurité des Français contre toutes les menaces et cela où qu’ils soient dans le monde, que ces menaces soient directes ou indirectes ». Tout en résulte : nos statuts, nos devoirs particuliers et les compensations spécifiques qui y sont attachées. La discipline militaire n’a de sens qu’en regard de la discipline au combat. Le jour où notre pays estimera n’avoir plus à combattre pour sa sécurité et sa prospérité, la discipline militaire n’aura alors plus aucun sens, ni tout le reste, les compensations. Mais tant qu’il y aura à combattre, nous serons soumis à des règles plus restrictives qui ne s’appliquent qu’à nous, qu’il s’agisse de liberté d’expression – elle n’est pas totalement libre puisque notre statut mentionne « l’expression des militaires est libre, sous réserve de… » ce qui veut dire, pour prendre une image, que le feu n’est pas au vert, mais à l’orange clignotant – ou qu’il s’agisse de concertation, thème de la tribune de ce matin. Nous avons des choses à dire, témoigner de ce que nous vivons. Nous avons le devoir de nous employer inlassablement à améliorer les conditions de vie professionnelles et sociales de nos soldats et des anciens soldats. Je l’ai dit en introduction, dire ce qui est n’est pas se plaindre. Dire les choses, pour le militaire en activité, c’est s’exprimer dans le strict respect de notre statut, ce qui veut dire avec réserve et discernement : ce que je vais dire sera-t-il efficace – c’est-àdire utile, et non pas contre-productif – serat-il loyal, sera-t-il solidaire avec mes camarades et leurs familles ?
Enfin, c’est aussi s’assurer que l’on a soit même assumé sa part de responsabilité. S’il est un devoir d’un officier, c’est bien celui de prendre toute sa part de la charge du commandement et de se préoccuper, à son niveau de responsabilité, des conditions de vie, des aspirations et des carrières de ses subordonnés. I
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Intervention du général d’armée Joël Delpont représentant le Directeur général de la Gendarmerie nationale
abord parce que L’Épaulette est le rassemblent. La gendarmerie s’est lancée creuset et l’illustration de dans cette voie. Nos valeurs n’ont pas la communauté militaire, changé : seul a changé notre positionnement puisqu’elle regroupe tous les offiinstitutionnel qui confirme une logique de ciers quel que soit leur ministère métier – métier de la sécurité qui nous rapd’appartenance. Ensuite, parce que c’est une proche des responsables et agents de la association, c’est à dire la réunion de volonpolice et de la sécurité civile, sans préjudice tés pour poursuivre un objet commun. de la logique de valeurs – valeurs militaires Permettez-moi de citer à ce sujet Pierre qui nous rapprochent de nos camarades des Waldeck-Rousseau, le père des associations autres armées et services. au travers de la loi de 1901, qui disait : Ce sont ces mêmes valeurs qui nous per« L’homme ne peut rien faire en bien ou en mettent de continuer à rendre sur le terrimal qu’en s’associant. Il n’y a pas d’armure toire le service public de qualité qui nous plus solide contre l’agression ni d’outils vaut l’appréciation des Français et des élus. plus merveilleux pour les grandes œuvres. » La gendarmerie trouve dans la culture C’est pour cela que L’Épaulette, comme militaire de ses hommes les fondements de les autres associations d’entraide et de sa pratique professionnelle : rayonnement, sont appelées à jouer un rôle • une pratique particumajeur. Nous avons besoin lière qui nourrit chacune de vous pour que demeudes dimensions de son rent et se renforcent les action, du maintien de « D’abord liens durables qui unissent l’ordre à la police judinotre famille militaire parce que ciaire, sur le territoire famille d’un seul ministère national et en OPEX ; L’Épaulette hier, famille interministé• une pratique particurielle aujourd’hui - et pour est le creuset lière qui lui permet de soutenir notre action dans et l’illustration répondre au spectre des les grands chantiers qui et justifie pleines’ouvrent à nous. Ces liens de la communauté menaces ment le dualisme des s’expriment à l’occasion militaire… » forces de sécurité intédes évènements heureux rieure de notre pays. ou malheureux de la vie, La gendarmerie contimais aussi et de plus en nue à agir avec les armées ou aux côtés des plus au travers des tribunes que vous offrez. armées comme un acteur à part entière sur Depuis le 1er janvier 2010, la gendarmeles théâtres d’opérations extérieures. Dans rie a rejoint le ministère de l’intérieur. De ce un contexte international où la menace tend fait, plus du tiers des militaires et plus du à prendre naissance dans les failles de sécuquart des militaires de carrière ont quitté le rité intérieure des États pour évoluer vers ministère de la défense. Nous n’avons pas des conflits nationaux ou régionaux, la genpour autant quitté la communauté militaire darmerie, force militaire de sécurité, contriqui ne saurait se fonder sur la seule appartebue à l’action française à l’étranger. En nance à un ministère, mais bien plus sur un Afghanistan par exemple, elle démontre statut commun et encore plus sur une chaque jour sa complémentarité avec les logique de valeurs partagées. armées et les forces de police dans les misCe sont ces valeurs qui guident et qui sions complexes de réforme des systèmes de caractérisent notre action. La communauté sécurité. militaire n’est pas réduite au seul monde du La gendarmerie est donc plus que soldat, et le métier des armes au seul métier jamais déterminée à demeurer fidèle à ces de la guerre. L’opportunité est ouverte pour valeurs quelles que soient les circonstances : notre communauté militaire de saisir et c’est à cette condition qu’elle pourra de développer ces valeurs qui nous
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C’est toujours un honneur pour moi de représenter la Gendarmerie nationale et ça l’est d’autant plus aujourd’hui de la représenter devant l’association de L’Épaulette. Cela pour deux raisons.
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Mon général, Monsieur le Président, Mesdames et messieurs les représentants d’associations, Mes chers anciens, chers amis,
envisager de faire vivre son statut militaire et revendiquer son appartenance à la communauté militaire tout en relevant du ministère de l’intérieur ; c’est à cette condition qu’elle pourra envisager sa modernisation en conservant la plénitude de son efficacité militaire ; c’est sous cette condition enfin qu’elle a pu renforcer son dialogue interne en conservant l’armature de son organisation militaire. Revendiquer et défendre ces valeurs et son appartenance à la communauté militaire, ne doit pas empêcher chaque armée et service de posséder sa propre identité et ses différences. Une société unie n’est pas une société sans différence, mais une société sans frontière intérieure. Cela ne doit pas non plus être un frein à la modernisation et à l’adaptation de nos propres modes de fonctionnement aux avancées sociales. Je profite du thème de la table ronde, dont je salue la qualité des interventions, pour revenir sur le dialogue interne au sein de nos armées et de la communauté militaire. Ce dialogue, adapté aux identités de chaque armée ou service, en devient le creuset de l’identité. Force armée intégrée au ministère de l’intérieur, nous avons renouvelé nos structures de participation et de représentation pour rendre encore plus efficient le dialogue interne. Ces évolutions ont tout naturellement pris place au sein du statut général des militaires, dont les possibilités ont été exploitées sans être dépassées. Le dialogue interne de la gendarmerie relève désormais du ministre de la défense pour la concertation, mais aussi du ministre de l’intérieur pour les structures de participation et de représentation. La rénovation de la participation en gendarmerie s’est inscrite autour de trois axes principaux : • l’acquisition d’une culture du dialogue interne dès les écoles de formation initiale pour tous les corps, officiers comme sousofficiers ; • une contraction du nombre des acteurs (réduction de 2000 à 800) qui, tout en augmentant la cohésion, permet de donner du temps et des moyens matériels pour l’ac- ••• L’Épaulette n° 173 • avril 2011 •
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La tribune de l’AG : les associations d’officiers, partenaires d’un « dialogue social » ? suite de l’intervention du général d’armée Joël Delpont
Les vœux de l’AG de L’Épaulette au Mindef
••• complissement de leur rôle ; • une nouvelle architecture locale qui modifie les modalités de désignation, le positionnement des différents acteurs et intègre mieux les titulaires de commandement dans les instances locales. Chaque échelon du niveau compagnie et escadron a désormais un président des personnels militaires. Élu par ses pairs, il représente tous les militaires quels que soient leur statut. Au niveau du groupement, un référent concertation, est désigné par le commandant de groupement parmi une liste de trois militaires élus par les présidents de personnels militaires. Il est ensuite affecté à proximité de ce dernier. Au niveau régional, un conseiller concertation est désigné par le commandant de région sur le même principe. Les instances de participation intègrent quant à elles mieux les échelons de commandement. Au niveau groupement une commission de participation associe outre les représentants des militaires, les titulaires de commandement. Il en est de même au niveau de la région. C’est une véritable culture du dialogue interne que nous souhaitons développer dans le cadre du statut général des militaires, sans renier ni aller à l’encontre de notre identité militaire. Cette culture doit être évaluée et être prise en compte dans l’évaluation du personnel, et nous mettons en place des indicateurs à cet effet. Le dialogue interne recouvre également la notion de concertation qui relève du conseil supérieur de la fonction militaire. La gendarmerie participe à ce conseil qui revêt une importance toute particulière. C’est cet organe, qui est et doit demeurer l’expression de l’unicité de la communauté et de la culture militaires, celui qui fait évoluer le statut et la condition militaires. Même si elle est désormais pleinement intégrée au ministère de l’intérieur, la gendarmerie saisit toutes les occasions pour réaffirmer son statut de force militaire de sécurité. Elle se voit à même d’exercer efficacement son métier tout en préservant sa culture et son identité. C’est cette culture et cette identité qui nous lient et qu’avec vous nous sommes déterminés à faire vivre. Et c’est notamment à travers des associations telles que L’Épaulette que cette identité s’exprime. Ce sont ces associations qui offrent la possibilité à chaque militaire de la gendarmerie de montrer individuellement et volontairement son appartenance à cette communauté militaire. J’en veux pour preuve la présence de nombreux officiers de gendarmerie parmi nous aujourd’hui et je m’en réjouis. Je vous remercie. I
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Épaulette est une association nationale, régie par le code de la Mutualité, dont la vocation est d’accueillir « les officiers d’origines autres que Saint-cyrienne ». A ce titre, nos 5800 adhérents dont plus de 50% sont en activité, représentent les recrutements internes et contractuels de l’armée de Terre mais aussi de la Gendarmerie et des Services communs. L’Épaulette est membre du Comité d’entente regroupant 55 associations, mutuelles et amicales, couvrant assez complètement le spectre de la Défense, y compris sous ses aspects réserves et structures rattachées, comme c’est le cas pour l’association des anciens auditeurs de l’IHEDN. La modernisation de la Défense, ainsi que celle des autres secteurs relevant de la RGPP, se conduit à un rythme élevé, générateur de tensions sur les moyens financiers, les parcs de matériels et sur la gestion des hommes et femmes qui servent dans nos armées. Concernant ce dernier point, prioritaire à nos yeux, l’Épaulette et les autres structures associatives, jouent un rôle reconnu de modérateur dans un Ministère où la représentativité des militaires est strictement encadrée par des règles incontestables et, à ce jour, incontestées. Les interrogations qui nous parviennent, et que nous traitons le plus souvent en collaboration avec le commandement, traduisent des inquiétudes légitimes sur l’avenir, dues en partie à des parcours professionnels de plus en plus codifiés et bornés, où l’origine statutaire tend à prendre une place croissante. Dans une armée de Terre où plus de 70% du personnel militaire, tous corps confondus, est contractuel, ces préoccupations grandissent. D’autre part, les engagements opérationnels exigeants, menés loin du pays par des armées aujourd’hui professionnelles, ne confortent pas un lien Armée-Nation qui constitue pourtant, pour le soldat, un témoignage indispensable de la reconnaissance et de la légitimité de son action. Le code de la Défense érige d’ailleurs ce besoin en droit, contrepartie des exigences de l’état militaire : « Les devoirs (que cet état) comporte et les sujétions qu’il implique, méritent le respect des citoyens et la considération de la
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Monsieur le Ministre,
Le général (2s) Jean-François Delochre président de L’Épaulette remercie les participants et conclut cette journée en présentant les vœux de l’assemblée générale de L’Épaulette au ministre de la Défense.
Nation. » La concomitance persistante de ces facteurs : incertitudes professionnelles et contexte opérationnel durci, pourrait exacerber les préoccupations catégorielles là où doivent prévaloir l’intérêt général et le sens du service et accroître la résignation, déjà perceptible chez certains de nos officiers, là où il faut avant tout s’engager avec enthousiasme. Cette évolution serait, à n’en pas douter, préjudiciable à terme à la qualité de ce corps. Nous sommes conscient que notre vision est parcellaire et que les informations qui nous parviennent sont orientées par notre fonction particulière. Mais, comme pour tout indicateur, c’est la tendance tout autant que la valeur absolue qui donne son sens à la mesure. Ici, l’observation de la tendance ne nous rend pas optimistes pour l’avenir. Aussi, Monsieur le Ministre, j’ai l’honneur de solliciter un entretien qui pourrait rassembler des associations du monde de la Défense et au cours duquel vous pourriez nous apporter « en direct » l’éclairage indispensable à la pertinence et donc à l’efficacité de nos actions au service de nos armées. Il est de plus certain qu’au-delà du contenu de votre intervention, ce geste serait reçu comme un signe de confiance envers ceux qui s’investissent, souvent sans compter, pour que vive mieux notre communauté militaire. Soyez assuré, Monsieur le Ministre, de mon entier dévouement et de ma loyauté envers notre institution. I Signé Gal (2S) J.F. Delochre Président national de L’Épaulette promotion Souvenir EMIA 1971-1972
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Le général Jean Delmas, lors de son allocution de remerciement à la tribune de l’amphi Foch.
e général Jean Delmas est né en 1925 à Bois Colombes dans une famille d’artistes et d’enseignants : son père était chanteur d’opéra comique et sa mère professeur de lettres. A seize ans il obtient le baccalauréat. Il entre en hypokhâgne et se lance, ensuite, dans des études supérieures d’histoire à la Sorbonne. En juin 1944, à l’annonce du débarquement, il décide de partir en Normandie pour prendre part à la libération de la France de l’occupation allemande, aux côtés des alliés. Il quitte Paris et franchit les lignes ennemies mais, arrivé sur place, les Français ne sont pas encore là et les Américains ne veulent pas de lui. Seuls les Anglais acceptent de lui donner sa chance, à condition que ce soit pour la plus dangereuse des missions : le déminage des côtes normandes. Il participe à cette délicate entreprise jusqu’à ce qu’il soit enrôlé dans une unité Française et désigné par son chef de bataillon pour suivre le peloton des officiers de réserve. En 1945, il est admis à l’Ecole militaire interarmes, au sein de la « promotion Victoire », première promotion de l’école de Cherchell à être transférée à Coëtquidan. Nommé sous-lieutenant, il commence une carrière d’officier du génie qui va le mener successivement au Maroc, en Indochine et en Algérie où il effectue deux séjours, de 1956 à 1957 et de 1960 à1962. Entre temps, promu capitaine, il est stagiaire à l’Ecole d’état-major et commande une unité élémentaire en Allemagne. En 1963, il est admis aux cours du brevet technique. Il reprend alors ses
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études d’histoire, obtient le diplôme de l’Institut d’études politiques de Paris et devient docteur en histoire avec habilitation à diriger les recherches. En 1965 il est affecté à l’Ecole supérieure de guerre comme professeur d’histoire, avant d’effectuer, à partir de 1969, un temps de troupe au 13ème régiment du génie comme commandant en second et de revenir dans ladite Ecole en qualité de directeur du cours d’histoire. De 1974 à 1976 il est de retour dans les forces et commande le 3ème régiment du génie. A l’issue de son temps de commandement, il est muté au Service historique de l’armée de terre, au poste de directeur des études. Promu général en 1980, il achève sa carrière militaire après six années passées à la tête de ce prestigieux Service. Par la suite, il occupe la fonction de président de la Commission française d’histoire militaire de 1989 à 1999 et celle de vice-président de la Commission internationale du même nom de 1990 à 2000. Durant cette période, il donne des cours d’histoire aux officiers élèves de l’Ecole spéciale militaire et de l’Ecole militaire interarmes. Officier, historien et écrivain de renom, le général Jean Delmas est l’auteur de nombreuses publications parmi lesquelles on peut citer « Napoléon Chef de guerre » en 1969, « Mai Juin 40 » en 1980, « La bataille d’Alger » en 2007 ou encore « La seconde guerre mondiale, déroulement et enjeux » en 2008. Il a également collaboré à la réalisation d’ouvrages historiques qui font référence comme « Le dictionnaire de la seconde guerre mondiale », dirigé par Philipe Masson, « l’Histoire militaire de la
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Le prix de L’Épaulette 2011 est décerné au général (2s) Jean Delmas
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Le général (2S) Jean Delmas adressant un message de persévérance et d’espoir aux jeunes générations d’officiers et remerciant L’Epaulette pour le prix qui vient de lui être décerné, dont il remet le montant aux deux promotions chargées d’organiser le cinquantenaire de l’EMIA.
France » (4 tomes) de A. Corvoisier, dont il a dirigé et co-écrit le tome 2 en 1992, « L’inventaire de la Grande guerre » en 2005, « Le dictionnaire historique de la Résistance » et « Le dictionnaire de Gaulle » en 2006. Il a, aussi participé à l’ouvrage de L’Epaulette, dirigé par le général Molinier, « Les officiers français de recrutement interne de 1875 à nos jours » en 1997. Une partie de ses cours à l’Ecole de guerre et des articles qu’il a écrits ont été publiés par ses amis dans un ouvrage intitulé « Officier et historien » en 2001. Par la qualité de son écriture, la richesse et la densité de ses écrits, le général Jean Delmas a acquis une notoriété dont bénéficient l’Institution militaire tout entière et l’armée de Terre, en particulier. Fidèle et comptant parmi les adhérents les plus anciens de L’Épaulette, il fait, au travers de sa carrière militaire et de son œuvre d’historien, honneur à l’ensemble des officiers issus du recrutement interne et contribue ainsi au rayonnement de leur association. Pour toutes ces raisons le conseil d’administration de L’Épaulette et son président, le général Jean-François Delochre, lui décernent le prix de L’Épaulette 2011. I ••• L’Épaulette n° 173 • avril 2011 •
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Tables rondes du Sénat
La place du soldat dans la société
es débats, placés sous le patronage du Président de la République, ont été inaugurés par le Président de l’AN Bernard Accoyer et clos par le Sénateur Josselin de Rohan Président de la Commission des AE1, de la DN2 et des FA3 du Sénat.
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Sans prétendre à l’exhaustif je vous livre mes impressions générales.
Tous les intervenants sans exception ont reconnu qu’il existait un fossé entre l’armée et la société, et que ce dernier irait en s’aggravant si rien n’était fait pour rétablir les liens. Le général JC Thomann et plusieurs autres intervenants se sont inquiétés de la méconnaissance des questions de défense par les élites indiquant qu’on pouvait arriver aux plus hautes responsabilités de l’Etat en ignorant tout des questions militaires et de défense. Le général JC Thomann : « Pour beaucoup de responsables politiques la Défense est devenue une boîte noire ».
Les raisons du fossé, dont les Sentinelles ont à l’occasion déjà débattu, ont été longuement évoquées et tiennent d’une part à des évolutions objectives (disparition de la menace directe et mise au ban de la guerre, refus du sacrifice et de la mort, dont les armées sont porteuses, individualisation des sociétés de moins en moins prêtes à la solidarité et à l’effort collectif, affaiblissement de la cohésion nationale, perte de l’esprit civique affaiblissement du principe d’autorité, etc…), et
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De gauche à droite, Monique Castillo et Blandine Kriegel, membres de la Commission de Défense de l’AN. DR
Trois tables rondes ont eu lieu avec la participation d’intellectuels (Blandine Kriegel, Monique Castillo) et de députés, tous membres de la Commission de la Défense de l’Assemblée nationale sur les thèmes suivants : « Le cadre juridique et sociétal » ; « Soldat : Fonction ou métier ? Héros ou victime ? » ; « une société à éclairer sur ses engagements ».
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Les jeunes officiers des promotions d’écoles militaires incarnent et conduisent le futur lien armées-nation.
d’autre part subjectives (idéalisme ou naïveté pacifiste, confusion entre violence et force maîtrisée dont les armées ont la responsabilité, glorification des « valeurs économiques et mercantiles » aujourd’hui placées au cœur des questions de défense prenant le pas sur les idéaux démocratiques, etc…)
La philosophe Blandine Kriegel s’est appuyée sur Emmanuel Kant pour récuser absolument le thème idéaliste de la paix universelle en rappelant qu’il ne pourrait y avoir de paix universelle que s’il y avait une « République ou un état de droit universel ». Cette remarque soulève au passage la question des relations avec la Chine (20% de l’humanité), où le Droit tel que nous le concevons, placé au-dessus du pouvoir exécutif, n’existe pas, dans un contexte global où l’influence de la Chine se propage à travers le monde, sur un mode où tout est mis en œuvre, sans contre pouvoir, pour les intérêts directs de la Chine (quête de ressources, de technologies et d’influence), avec, à l’intérieur du pays, les seuls objectifs de la croissance, du maintien de la stabilité sociale et du « rôle dirigeant du parti » que ce dernier assimile à l’intérêt supérieur du pays.
Un consensus s’est fait jour autour de l’idée que le militaire, ni victime, ni héros, n’était pas non plus un fonctionnaire, mais qu’il exerçait une « vocation » impossible à « banaliser » comme un « métier normal ». Blandine Kriegel a même tenu à placer les militaires à part, y compris par rapport aux
« métiers à risques », comme la police et les sapeurs pompiers. S’il est vrai que ces derniers sont mis en présence du danger et de la mort qui survient par accident, aucun des deux n’est cependant confronté à des « hostiles agressifs », dont le but est leur destruction. Telle est la vraie spécificité des militaires, dont la mort au combat n’est pas « accidentelle », « locale » ou « contingente », mais est le résultat d’une action hostile qui porte en elle une menace contre la Nation elle-même, à laquelle l’armée s’identifie. Les officiers généraux des tables rondes ont été unanimes, parfois contre les députés, pour affirmer que le premier effort à faire pour replacer les armées au sein de la Nation devait être consenti par les politiques, dans les débats nationaux, en amont des présidentielles, dans les arbitrages budgétaires, (souligné par le sénateur de Rohan), pour redonner aux armées une légitimité nationale et populaire, et expliquer les engagements des armées hors de France aux ordres de la République, notamment en Afghanistan. Plusieurs idées convergentes ont désigné le système scolaire et universitaire comme la pierre angulaire des stratégies de reconquête par les armées de leur place dans la nation. Les études sur les questions de sécurité et de défense devaient être intégrées dans tous les cursus et constituer un continuum scolaire et universitaire, commençant à l’école avec l’instruction
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Bernard Accoyer est président de l’Assemblée nationale depuis le 26 juin 2007, il a inauguré les débats à l’Assemblée nationale et ouvert les trois tables rondes.
civique et se poursuivant au Lycée et à l’Université par des ouvertures obligatoire et intégrées aux programmes sur les questions de stratégie et de défense. Le général JC Thomann a cité à cet égard, les initiatives locales lancées par lui avec la mairie de Lille qui réunissent dans une action républicaine, démarquée des clivages politiques, les patrons d’universités, les responsables politiques de tous bords, les enseignants et les étudiants. Le mode d’action repose sur des conférences données par des officiers, qui constituent une ouverture aux questions de défense et aux problématiques stratégiques d’envergure globale et peuvent donner lieu à des réunions - discussions avec les étudiants, sous la forme de « cafés-défense ». L’expérience qui fonctionne depuis plus d’un an peut être élargie et affinée avec l’intégration des questions de défense dans les cursus universitaires. Rien n’empêche les autres métropoles régionales de s’engager dans cette voie avec l’aide d’officiers prêts à s’investir sur le même mode. A coté de la voie du système éducatif comme ferment du rétablissement du lien Armée - Nation, une autre fréquemment évoquée, bien que les modalités et les problêmes aient été passés sous silence, est celle des réserves.
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blessure, mais également ses interrogations et celles de ses hommes face à la peur, aux incertitudes et à la menace quotidienne, il s’est livré à une réflexion sur les motivations et les ressorts psychologiques qui permettent de les surmonter. De son point de vue, la première des forces qui l’animent prend racine dans les traditions de générosité et d’abnégation de l’armée française, mue à la fois par l’esprit chevaleresque et l’attachement aux valeurs de liberté et de générosité de la République. En 2e niveau – au demeurant plus un soutien psychologique quotidien qu’une motivation profonde - vient de l’instinct de survie et de la rage ressentie face à des hostiles agressifs qui ne respectent aucune de ces valeurs (ce qui nous renvoie à Blandine Kriegel et à Kant). Enfin le commandant a souligné que les hommes au combat sont rassérénés par l’efficacité du Service de santé et la rapidité avec laquelle ils sont évacués. Dans son cas, il était à Percy 24 heures après sa blessure. Cette remarque a conduit l’amiral Lanxade à appeler le politique à ne pas toucher au service de santé quel que soit son coût. Bien qu’il ne s’agisse là que d’une incidence sans importance, j’ai trouvé tristement révélateur que Madame Katia Gilder, journaliste à LCP ait purement et simplement oublié de présenter le Commandant et de lui passer la parole, ce qu’elle n’a fait qu’après que la salle l’ait bruyamment rappelée à
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l’ordre. Un autre échange intéressant a eu lieu après que le Contrôleur Général des Armées Dudognon ait expliqué avec de nombreuses précautions oratoires, évoquant « l’objectivité de son approche », « qu’il n’y avait pas de décrochage net entre la fonction publique et la fonction militaire ». La controverse qui a suivi est révélatrice, non seulement des incompréhensions entre les approches strictement chiffrées et la réalité complexe du terrain, mais également des blocages qui continuent à gêner la prise en compte des problèmes, y compris, et peut-être surtout, par les militaires eux-mêmes. Répondant aux propos du CGA Dudognon, le CGA Freiermuth s’est étonné qu’on puisse expliquer que les militaires étaient « globalement traités de manière satisfaisante » alors que les armées, et singulièrement l’armée de terre, étaient confrontées à un très grave problème de recrutement à tous les niveaux y compris à Saint-Cyr, tandis qu’il était de notoriété publique que l’EMAT avait beaucoup de mal à retenir ses engagés. Etrangement et contre toutes les évidences rappelées dans de nombreux rapports, un général de l’EMAT, présent dans la salle s’est cru obligé d’affirmer que « l’armée de terre n’avait globalement pas de problème de recrutement ». A d’autres moments du colloque, la question a été remise sur le tapis, d’abord par l’Amiral Lanxade qui soulignait que, dans le monde anglo-saxon, les militaires et les valeurs qu’ils repré- •••
Les organisateurs avaient invité un chef d’escadron gravement blessé en Afghanistan dont le témoignage était à la fois très instructif, extraordinairement digne, émouvant et lucide. Evoquant non seulement la douleur et le traumatisme psychologique de sa
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Le colloque a été marqué par quelques échanges ou présentations remarquables.
Le Premier ministre François Fillon accompagné du général Jean-Louis Georgelin chef d’état-major des armées, lors de son discours devant le groupement tactique interarmes (GTIA) le 11 février 2010.
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Tables rondes du Sénat
La place du soldat dans la société
Enfin, un échange intéressant a opposé le Député de la Charente JC Viollet et le Général Thorette sur la question de l’engagement politique des militaires. Poussant au plus loin le raisonnement sur les risques d’un clivage irrémédiable entre l’Armée et la Nation, le Député Viollet milite pour que les militaires d’active soient autorisés à s’engager en politique. Ce à quoi le Général Thorette s’oppose viscéralement », anticipant de graves effets pervers qu’on peut – dit-il - facilement imaginer, mais qu’il n’a pas explicités. Réfléchissant à cette question, le général Poncet a brossé le tableau de ce que serait à l’extrême une armée de « gladiateurs », dont les soldats, prêts à mourir pour les politiques de la France quelles qu’elles soient, sans jamais prendre part aux débats qui les entourent ou les préparent, combattant aujourd’hui sans état d’âme les alliés d’hier, ou pactisant, au gré des fluctuations de la politique, avec les anciens ennemis de la France. Cette « caste à part » vivrait repliée sur ses valeurs propres de solidarité, de courage, de goût du risque et de fidélité à son Etat, sans jamais s’impliquer dans les débats nationaux qui pourtant pourraient les concerner au premier chef. S’exprimant ainsi, le Général Poncet anticipait une fracture extrême et définitive entre le peuple et son armée où les militaires, « mercenaires intérieurs », attachés à leurs codes particuliers qui sont autant ceux d’un mode de vie qui n’a plus cours dans les sociétés modernes, que ceux d’une vocation dédiée à la défense de Nation, dont ils se placeraient pourtant eux-mêmes en marge. Entre l’ancien commandant le RM 4 et le Député Viollet, deux positions totalement opposées situées aux extrémités de l’état de soldat. L’une, impliquée « avec armes et bagages », au risque de manipulations politiques, et l’autre, positionnée ailleurs, complétement démarquée, dans une sorte de neutralité exascerbée, accentuant encore les fractures et les incompréhensions.
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Ces positions tellement contradictoires décrivent bien les difficultés du lien armée-nation, dans le contexte d’une armée professionnelle, où les codes des uns paraissent très éloignés des conceptions civiles du progrès, de la vie en société et des moyens de protéger nos intérêts vitaux tout comme nos modes de vie, dans un monde où, croit-on, le « doux commerce » et l’illusion d’un progrès humaniste finiront par propager la paix universelle. De mon point de vue, il me paraît évident que sans aller jusqu’à l’engament autorisé des militaires dans la politique, les progrès de leur liberté d’expression seraient une des conditions nécessaires - évidemment pas suffisante - pour éviter que ne s’accentuent les fractures décrites plus haut. Curieusement, cet aspect du débat a été complètement passé sous silence par les participants qu’ils soient civils ou militaires. Le seul à l’avoir très clairement évoqué est le général JC Thomann qui, dans sa présentation, a directement stigmatisé la répression dont ont été récemment l’objet le CE Mattely et le Général Desportes. Répondant à Mme François Hostalier, ancien ministre, député du Nord, membre de la Commission de la défense de l’AN qui incitait les militaires à mieux se faire connaître pour sortir de leur isolement, il a indiqué qu’un tel mouvement serait improbable aussi longtemps que ceux des militaires qui expriment des opinions divergentes seront sanctionnés.
Conclusion
Le colloque était de bon niveau, balayant largement et sans concession tous les aspects de la question, même si la plupart ont été, c’est la loi du genre, seulement effleurés. Des pistes ont été mises au jour pour raviver le lien Armée - Nation, où le système éducatif et les réserves tiennent la première place. Mais il est évident que l’initiative n’est, à ce stade, à peine plus qu’une prise de conscience des milieux les plus intéressés par le sujet. Les fractures qui se font jour, dont certaines sont culturelles, ne seront pas résorbées de si tôt. Il y faudra de la constance, de la durée et une sérieuse implication des élites politiques et militaires, accompagnant aussi la levée de quelques blocages et tabous.
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••• sentent étaient singulièrement mieux traités qu’en France, puis par le Général JC Thomann qui a brutalement rappelé que les officiers britanniques étaient deux fois mieux payés que leurs collègues français.
Amiral Jacques Lanxade, ancien chef d’état-major des armées, ancien ambassadeur.
« Proposer la création d’une fondation dont la mission serait de suivre l’évolution du lien armée - nation au fil des années et de veiller au maintien de la dynamique réparatrice lancée le 9 décembre 2010.»
Le premier d’entre eux a peut-être trait à la liberté d’expression publique des militaires sur les questions qui les concernent au premier chef et dont ils sont souvent les experts les plus pertinents, allant de l’organisation des forces à l’identification des menaces, en passant par la question sensible de la « suffisance budgétaire », de l’étude des équipements et des structures du futur et du lien entre l’armée et la société. C’est bien la conscience de la difficulté de la tâche et celle de la nécessité de poursuivre les efforts dans la durée qui pousse l’Amiral Lanxade à proposer la création d’une fondation dont la mission serait de suivre l’évolution du lien armée - nation au fil des années et de veiller au maintien de la dynamique réparatrice lancée le 9 décembre. A mon sens, il conviendrait aussi de faire en sorte que le débat ne soit pas manipulé politiquement comme l’a été celui autour de l’identité nationale. Une des pistes pour éviter cet écueil serait de travailler assez longtemps le corps social et éducatif au niveau local, afin que les initiatives réussies à la base s’imposent d’elles-mêmes. Enfin j’estime que la démarche qui s’adresse non seulement aux élites, mais évidemment et peut-être surtout à la jeunesse ne manquera pas de télescoper un jour ou l’autre la question du malaise de la jeunesse et celle du désordre dans les banlieues des grandes métropoles françaises. I d’après les notes du général François Torres
1. AE. Affaires Étrangères.2. DN. Défense Nationale. 3. FA. Forces Armées.
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e 28 octobre 2010, à la nuit tombante et dans la lumière des spots, plus de 700 élèves au pas cadencé par leur chant de promotion grave et poignant, rejoignent la place d’armes « Le chevron » où, quelques instants plus tard, ils vont recevoir leur galon de sous-officier. La cérémonie est présidée par monsieur Hervé Morin, ministre de la Défense, accompagné par le général de corps d’armée Jean-Philippe Margueron, major général de l’armée de Terre et par le général Didier Legrand commandant l’école. Aux extrémités de la place sont rassemblés les autorités civiles et militaires des différentes armées qui, en leur qualité de parrains, remettront leur galon aux élèves des 3 promotions. Parmi elles se trouvent le général (2S) Jean-François Delochre, président national de L’Épaulette et son délégué général, le général (2S) Alain Bourdenet de la 17ème promotion de l’ENSOA (Bobillot- 66/67). Aux ordres du commandant des troupes, le colonel Joret directeur général de la formation à l’école, les honneurs sont rendus aux drapeaux de l’Ecole nationale des sous-officiers d’active et du 3ème régiment de parachutistes d’infanterie de marine de Carcassonne, héritier des traditions du 3ème régiment de parachu-
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La cérémonie est présidée par monsieur Hervé Morin, ministre de la Défense, accompagné par le général de corps d’armée Jean-Philippe Margueron, major général de l’armée de Terre et par le général Didier Legrand commandant l’école.
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Le 28 octobre 2010, s’est déroulée à l’ENSOA une cérémonie peu ordinaire. Lors de cette journée, Les élèves sous-officiers de trois promotions portant le même nom, celui du sergent-chef Marc Flament, militaire, photographe, cinéaste et écrivain au parcours hors du commun, ont reçu leur galon en présence du ministre de la Défense.
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> ENSOA : le sergent-chef Marc Flament parrain de trois promotions
tistes coloniaux au sein duquel servit le sergent-chef Marc Flament, par la musique principale de l’armée de terre, dirigée par le chef de musique principal Fougeroux. Ils sont accompagnés du fanion de l’Etablissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense stationné à Vincennes, héritier de l’établissement cinématographique et photographique des armées qui fut la dernière affectation du parrain des promotions. La cérémonie se poursuit avec la présentation des promotions des élèves sousofficiers des 1er, 3ème et 5ème bataillons de l’école. Le 1er bataillon commandé par le chef de bataillon de Rambures, compte 283 élèves sous-officiers issus directement de la société civile, incorporés en mars 2010. Ils achèvent leur cycle de formation initiale : huit mois aux cours desquels leur ont été inculqués les fondements éthiques du métier militaire; huit mois jalonnés de séquences d’instruction, de rendez-vous de tradition, de séjours en camps militaires, complétés par un stage d’immersion en corps de troupe et par un stage d’aguerrissement au centre national d’entraînement commando; huit mois à l’issue desquels ils vont pouvoir sereinement accéder à leurs premières responsa-
bilités de jeunes chefs. Le 1er bataillon a eu l’honneur cette année de représenter l’école à Paris, à l’occasion du traditionnel défilé du 14 juillet. Le 3ème bataillon commandé par le lieutenant-colonel Mury, composé de 195 élèves sous-officiers de recrutement semi direct, recrutement interne s’adressant aux engagés volontaires de l’armée de terre d’une ancienneté de service comprise entre 3 et 7 ans. Il arrive au terme d’une formation de trois mois qui aura permis à ces militaires du rang professionnels, sélectionnés parmi leurs pairs, de compléter leurs formations morale, technique, tactique et physique et d’acquérir une aptitude à commander. Avant leur entrée à l’école, ces élèves, dans leur grande majorité, ont exécuté au moins une mission de courte durée hors métropole et ont servi sur un ou plusieurs théâtres d’opérations extérieurs. Au sortir de cette formation à la fois riche et dense, ils vont rejoindre leurs affectations d’origine avec de nouvelles perspectives professionnelles et un parcours de carrière optimisé. Le 5ème bataillon commandé par le chef de bataillon Laurent se compose de 251 stagiaires de recrutement rang. Choisis parmi les meilleurs engagés de l’armée de Terre totalisant entre 14 et
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Le sergent-chef Marc Flament, photographe attitré du 3e RPC.
17 ans de service, ces derniers se sont distingués au sein de leurs unités par leur sens des responsabilités, leur aptitude au commandement et leur comportement irréprochable. Au terme d’un stage d’une semaine au sein de la maison-mère des sous-officiers, pendant lequel l’effort est mis sur l’éthique et le comportemental, ils vont eux aussi, au même titre que leurs camarades des recrutements direct et semi-direct, accéder au prestigieux corps des sous-officiers de l’armée de Terre et, à ce titre, exercer de nouvelles responsabilités. A l’issue des présentations, les autorités et les parrains procèdent à la remise des galons aux nouveaux sous-officiers et une évocation de la vie du parrain des trois promotions est faite. Elle est suivie d’un hommage aux morts, rendu à la mémoire de tous les soldats tombés au champ d’honneur. Au souvenir du sergent-chef Marc Flament sont associés ceux de son chef et compagnon d’armes, le général Marcel Bigeard et du major Thibault Miloche mort pour la France en Afghanistan. Le colonel Joret, ensuite, commande et ouvre le défilé, où les jeunes sergents se présentent seuls en entonnant leur émouvant chant de promotion « Sergent-chef Flament », clôturant cette cérémonie qui restera un temps fort de leur vie professionnelle.
Le parrain de promotion Marc Flament est né le 7 octobre 1929 à Bordeaux, dans une famille de boulangers. Il fait de courtes études avant d’intégrer les Beaux-Arts. Orphelin à dix huit ans et attiré par l’action et l’Asie, il s’engage pour trois ans au 6ème bataillon colonial de commandos parachutistes pour servir en Indochine. En 1949, il débarque à Tourane dans
l’Annam. Il est nommé caporal en 1951 et, arrivé en fin de contrat la même année, il rentre en France. En 1952, il reprend du service avec le grade de caporal-chef et repart en Indochine où il se distingue dans plusieurs opérations. Au cours de l’une d’elle, il est grièvement blessé et cité à l’ordre du corps d’armée pour son courage et son esprit de décision. Il reçoit la croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs. Promu sergent en 1953, il effectue de nombreux raids en centre Annam où il est apprécié pour son allant et sa bonne humeur dans les situations les plus délicates. Par ses actions d’éclat, il est à nouveau cité à l’ordre de la brigade en 1953 puis du corps d’armée en 1954, date à laquelle il est affecté au service presseinformation. La guerre d’Indochine terminée, il rentre à Bordeaux mais, avide d’action, il rejoint l’Algérie en 1956, où il est affecté comme reporter photographe à la 10ème division parachutistes. Il effectue son premier reportage lors de la campagne de Suez. En 1957, il rejoint le 3ème régiment de parachutistes coloniaux commandé par le colonel Bigeard. Le sergent Flament devient alors photographe fétiche de « Bruno » et des parachutistes. Il participe à toutes les opérations et à tous les combats, accompagnant les sections de tête et les commandos de chasse, faisant l’admiration de tous pour son élan, son courage et sa fougue. La croix de la valeur militaire à l’ordre de la brigade, puis du corps d’armée, lui est décernée pour son action lors des opérations dans l’Atlas Blidéen. Il est promu sergent-chef en 1958 et décoré de la Médaille militaire la même année. Il est affecté à l’état-major de l’arrondissement de Saïda où, armé de son appareil photo et au mépris du danger, il
sillonne l’Algérie. Il se distingue comme reporter photographe pour son sens aigu de la mission et son comportement exemplaire au combat. Il est à nouveau cité deux fois à l’ordre de la brigade. En 1961, pour éviter la grisaille et la routine, il quitte le service actif mais l’armée et le cinéma l’attirent toujours. En 1971, après 10 ans d’interruption, il est repris comme réalisateur par l’actuel Etablissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD), avec un contrat de trois ans. En 1974, il prend sa retraite, mais continue à travailler régulièrement pour l’ECPAD, à titre civil. Il décède en 1991 et est inhumé dans les jardins du château médiéval de Culan qu’il avait acquis en 1988, avec le projet de le restaurer. Remarquable combattant et chef charismatique, le sergent-chef Marc Flament est un sous-officier d’exception passionné par l’action. Dessinateur, écrivain, photographe et cinéaste animé du souci constant d’honorer la mémoire de ses frères d’armes, il a immortalisé les scènes de vie, les actions d’éclat et les pages de gloire des forces françaises engagées sur de nombreux théâtres. Marc Flament était doté de nombreux talents artistiques moins connus du grand public, comme le dessin, l’écriture, et surtout la peinture pour laquelle, en 1982, il avait ouvert une galerie à Paris, entrant ainsi dans la liste des peintres côtés. Mais il était avant tout célèbre pour sa collection de quelque 35000 photographies de guerre à la gloire des parachutistes et d’une cinquantaine de films qu’il a réalisés à l’ECPAD, ce qui lui a valu d’avoir son nom donné au concours national de la photographie organisé conjointement, chaque année, par la Défense et le journal Paris-Match. La rédaction L’Épaulette n° 173 • avril 2011 •
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École militaire interarmes, dont l’appellation d’origine remonte à 1944 - et non à 1961- est l’héritière de l’École militaire de Cherchell, créée en 1942, qui a regroupé les écoles d’armes dissoutes la même année en une école unique: l’École des élèves aspirants, chargée de former les élèves Saint-Cyriens et les élèves issus du recrutement semi-direct. En 1944, l’École militaire de Cherchell prend le nom d’École militaire interarmes. En 1945 elle reçoit le drapeau de l’École militaire d’infanterie et des chars de combat de SaintMaixent, décoré de la Légion d’honneur en 1922 (en même temps que celui de Saint-Cyr). Elle rejoint l’école de Coëtquidan la même année. En 1946, le général de Lattre de Tassigny remet au colonel Gandoët, commandant le groupe des bataillons à Coëtquidan, un drapeau unique : celui de l’École militaire interarmes qui devient dépositaire, « au titre d’emblème de tradition », des drapeaux de Saint-Cyr et de Saint-Maixent. En 1947, l’École de Cherchell prend l’appellation d’ École militaire d’infanterie de Cherchell. Elle sera décorée de la Légion d’honneur en1963. Dans la citation qui accompagne la décoration il est fait mention « d’élèves morts pour la France entre 1942 et 1962 ». Une partie de ces élèves sont donc issus de l’École militaire interarmes, notamment ceux qui ont été formés entre 1942 et 1947. La même année, l’École spéciale militaire interarmes est créée à Coëtquidan. Elle regroupe les élèves de l’Ecole spéciale militaire, de recrutement direct, et ceux du concours des corps de troupe. La tradition reprenant ses droits, le drapeau de Saint-Cyr va peu à peu se substituer à celui de l’École militaire interarmes qui sera déposé officiellement au musée du souvenir en 1952. En 1961, l’École spéciale militaire interarmes est supprimée. Elle donne naissance à deux écoles bien distinctes : l’École spéciale militaire et l’École militaire interarmes. L’École spéciale militaire garde le drapeau de Saint-Cyr et l’École militaire interarmes reprend celui qui lui avait été remis en 1946 par le général de Lattre de Tassigny.
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> La Légion d’honneur pour le drapeau de l’École militaire interarmes ?
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Cette remise de décoration se justifierait autant par son caractère historique qu’au nom de la Mémoire, et l’opportunité, riche de symbole, est offerte de la décerner au drapeau à l’occasion de la célébration du cinquantième anniversaire de l’École militaire interarmes recréée en 1961.
Dès lors, en tant qu’héritière des anciennes écoles d’armes ayant eu le même drapeau - celui de l’École militaire d’infanterie et des chars de combat de Saint-Maixent, l’École militaire interarmes se voit accorder le droit de porter sur la hampe de son drapeau, le 6 juin 1962, la croix de guerre des TOE avec palme, décernée à l’École spéciale militaire interarmes le 11 juillet 1953, puis le 5 décembre 1968, la croix de guerre 1939-1945 avec palme, citation à l’ordre de l’armée du 11 juillet 1953, remise à l’École spéciale militaire interarmes et, enfin, le 23 mars 1987, la transmission de la croix de guerre 19391945, décernée à l’École Militaire de Cherchell, le 27 mai 1950. En 1973, l’École d’application de l’infanterie est autorisée à reprendre toutes les traditions de l’École militaire d’infanterie qui est le dernier nom porté par l’École de Cherchell. C’est pourquoi son drapeau porte les décorations obtenues par cette école : la Légion d’honneur, la croix de guerre 1914-1918, la croix de guerre 1939-1945. Or, les textes des citations du drapeau de l’École d’application de l’infanterie et ceux du drapeau de l’École militaire interarmes, dont la filiation remonte à l’Ecole de Cherchell et par voie de conséquence à l’Ecole militaire
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d’infanterie, proviennent de la même source. Ils concernent les mêmes évènements, les mêmes faits d’armes et le même sang versé. Par souci d’équité ils devraient donc permettre de reconnaître les mêmes mérites, les mêmes égards et le même droit à la reconnaissance de la Nation à l’Ecole militaire interarmes qu’aux autres écoles dont elle est l’émanation. Ainsi, à l’instar de l’École d’application de l’infanterie, l’École militaire interarmes peut donc à juste titre se prévaloir de la remise de la Légion d’honneur à son drapeau. Cette remise de décoration se justifierait autant par son caractère historique qu’au nom de la Mémoire, et l’opportunité, riche de symbole, est offerte de la décerner au drapeau à l’occasion de la célébration du cinquantième anniversaire de l’École militaire interarmes recréée en 1961. Elle contribuerait ainsi à renforcer la cohésion des officiers et à sceller la fraternité d’armes qui doit unir les jeunes promotions du recrutement semi-direct à celles de leurs aînés, dans le souvenir des anciens élèves qui ont sacrifié leur vie pour la gloire de la France et préserver sa liberté. La rédaction
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> EMIA : le cinquantenaire sur de bonnes traces L’ÉCOLE DE CHERCHELL (1942-1945) Le 13 décembre 1944, l’école d’élèves aspirants de Cherchell prend le titre d’ECOLE MILITAIRE INTERARMES et de novembre 1944 à mai 1945 elle accueille la « Promotion Rhin français » (5e série) Transférée à COETQUIDAN début juillet 1945, elle forme, de 1945 à 1947 les : promotions Victoire et Indochine (6e et 7e séries).
> Projet du cinquantenaire de l’EMIA actuelle
Guidé par l’encadrement EMIA, le projet est pris en main par les élèves des 49e et 50e promotions de l’EMIA qui ont constitué différents comités. Aucun dossier d’importance ne nécessite pour actuellement d’intervention supplémentaire.
> Rappel du Programme de la journée Samedi matin : 09h00 : messe aux Invalides.
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10h30 à 13h00 : séminaire sur l’EMIA (historique, traditions, avenir) à l’Amphi Foch. Samedi midi : Repas libre par promotion. Buffet des 49e et 50e promotions + leurs invités. Samedi après-midi : 15h30 : cérémonie aux Invalides regroupant toutes les promotions. A l’issue : vin d’honneur, photo générale et rencontres entre promotions. 18h30 : ravivage de la Flamme. ANNULE Soirée : Gala du Cinquantenaire au Pré Catelan avec pour traiteur Lenôtre.
> Points particuliers La chaîne hiérarchique : Le Gala est placé sous le haut Patronage de la Présidence de la République Conférences : 1er thème : L’EMIA des Ecoles d’armes à 1961 (ou plutôt 1947). 2e thème : Rôle de la promotion interne dans la société française La cérémonie : La présidence de la cérémonie aux Invalides sera assurée par le CEMAT ou le MINDEF. Présence du Gouverneur militaire des Invalides, du Gouverneur militaire de Paris et du Grand Chancelier de la légion d’honneur. Le drapeau de l’EMIA : Autre chantier, celui de la remise de la croix de la Légion d’honneur au drapeau de l’EMIA.
La communication : L’information circule déjà en interne à l’EMIA et dans l’armée de Terre. L’étape suivante concerne la communication de la DICOD et du SIRPAT. Le budget : Un compte bancaire spécifique a été ouvert pour le Cinquantenaire. Quelques dons promis et arrivés (Épaulette, Amis de Saint-Cyr Coëtquidan, promotions…). Le protocole Les officiers généraux en activité issus de nos rangs, les promotions d’Anciens, notamment celles de l’ESMIA et les officiers étrangers issus de l’EMIA.
> Cycle 2011-2012
Exposition du cinquantenaire : histoire du recrutement interne dans l’armée de Terre et ses grandes figures, organisée avec le musée de Saint-Maixent, inaugurée à l’automne 2011. Prise d’armes aux ESCC : le 13 septembre 2011 commémorant la création officielle de l’EMIA. Cérémonie des Sabres : centrée sur le Cinquantenaire de la remise de son drapeau à l’EMIA, le 5 novembre 2011. (Extraits de l’intervention du Lieutenant-colonel Cyrille Becker, commandant l’EMIA, dans l’amphi. Foch de l’Ecole militaire, lors de la Journée nationale de L’Épaulette militaire). La rédaction
> Contactez notre représentant M. Patrice Bonin Tél./fax : 02 97 68 81 61 - Portable : 06 07 41 95 42 Route des usines 43110 Aurec-sur-Loire - Tél : 04 77 35 20 45 / Fax : 04 77 35 20 47- Site web /www.chevalierdauvergne.com > Possibilité de contacter également le siège de L’Épaulette pour plus d’information.
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Terre Fraternité, un engagement solidaire
Texte extrait de la première lettre d’information de janvier 2011 publié avec son aimable autorisation. association « Terre Fraternité » a été fondée en 2005 afin d’apporter une aide financière aux familles éprouvées par la blessure ou la perte en opération de l’un des leurs. En complément de la solidarité institutionnelle, par la force des choses plus procédurière, « Terre Fraternité » permet de répondre à un besoin de réactivité en fournissant les moyens financiers permettant de venir immédiatement en aide aux blessés rapatriés vers les hôpitaux parisiens ainsi qu’à leurs familles, aux blessés en service hospitalisés en province, sans oublier les familles des militaires morts en service. Pour cette seule année 2010, « Terre Fraternité » en liaison avec la CABAT a attribué 150 000 euros d’aides diverses directes. « Terre Fraternité » ayant également vocation à concourir à l’amélioration du moral et de la condition matérielle des personnels de l’armée de terre et de leurs familles, 60 000 euros ont été consacrés aux besoins de familles et aux services spécifiques (financement d’appareillages orthopédiques, aménagement de véhicules et de logements, formations diplômantes pour aider à la reconversion de blessés ne pouvant plus rester au sein de l’armée de Terre, …). Pour répondre aux besoins d’assistance dans la durée, « Terre Fraternité » a signé en 2007 un accord de partenariat avec l'Association pour le Développement des œuvres d'entraide dans l'armée (ADO) à qui elle délègue une somme, révisable annuellement en fonction des dons reçus, dans le but de développer « l’Entraide Terre ». Et l’ADO étant reconnue d’utilité publique délivre des reçus fiscaux pour tout don qu’elle reçoit. C’est ainsi qu’en 2010, une somme de 200 000 euros a été déléguée à l’ADO pour répondre aux demandes communiquées par les assistantes sociales, en particulier au profit des veuves, pour financer des bourses d’études ou pour offrir un cadeau de Noël aux orphelins. La provenance des dons montre que « Terre Fraternité » est véritablement « l’association de l’armée de Terre ».
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En effet, sur les 550 000 euros reçus en 2010, 37 % proviennent des régiments (initiatives locales comme les « portes ouvertes » ou participation à des activités centralisées comme « une semaine pour nos blessés ») et 13% des commandeurs (tournois de bridge ou concerts). L’armée de Terre se mobilise ainsi pour la moitié des dons reçus, l’autre moitié étant due, d’une part à la générosité de nombreux do-nateurs et d’autre part, aux partenariats signés avec des groupes ou mutuelles désireux de s’engager pour soutenir les blessés. « Terre Fraternité » bénéficie bien d’un élan majeur de solidarité, de « fraternité », au sein comme autour de l’armée de Terre, en conformité avec le slogan qu’elle s’est donné :
« Terre Fraternité »… bien plus qu’une association… un engagement… Cette information « en retour » est pour nous une exigence afin que personne n’ignore ce que nous faisons de la générosité de nos concitoyens. Ce premier numéro d’un bulletin que nous espérons désormais diffuser deux ou trois fois par an vise à satisfaire cette exigence. Puissiez-vous y trouver la réponse aux questions que vous pouvez légitimement vous poser à l’égard de l’action qu’inlassablement nous menons et continuerons de mener, tant que nos camarades touchés dans leur chair ou dans leur cœur en auront besoin. Le général d’armée (2S) Bernard Thorette
Conférences-débats du SHD au Château de Vincennes Présentation du cycle « Pleins feux »
La Résistance out au long de l’année 2011, archivistes et historiens du Service historique de la Défense vous proposent un éclairage inédit sur la Résistance, à travers des conférences-débats et des présentations d’archives rares et inattendues.
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Ces manifestations se dérouleront dans les salons du pavillon du roi au château de Vincennes. Elles sont librement ouvertes au public un mardi aprèsmidi par mois, avec une visite guidée à 13h30 et à 15h. • L’offre de visite guidé est également accessible aux groupes qui en feront la demande, sur réservation préalable au 01 41 93 23 99.
Vous pouvez lire le programme des présentations de documents, les thèmes des conférences-débats, les dates et les horaires en page 63. Le programme est également téléchargeable sur le site internet su service historique de la Défense : www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr
La conservatrice en chef du patrimoine Catherine Junges chef du département des publics et de la valorisation.
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La mutuelle UNÉO référencée par le Ministère de la Défense
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La promotion actuelle de l’Ecole supérieure de guerre regroupe 337 stagiaires issus des trois armées et de la Gendarmerie, parmi lesquels 101 militaires étrangers représentant 72 nationalités différentes.
> L’IGESA accueille son nouveau DG
ans les pages « Vie pratique » du n° 171 de L’Épaulette paru au mois de septembre 2010, la rédaction avait attiré l’attention des adhérents sur le fait qu’en raison de la remise en cause en 2005, à la fois en droits interne et communautaire, des modalités d’aides financières traditionnelles de l’Etat en faveur des mutuelles, seuls les organismes de référence désignés par l’employeur public en seraient désormais bénéficiaires. Or, faute d’un décret spécifique, les militaires ne pouvaient disposer d’un organisme de protection sociale complémentaire référencé au niveau du ministère de la Défense, contrairement au personnel civil qui en est doté depuis 2009(1). Ce manquement a été comblé puisque, d’une part, le décret en question a été publié au journal officiel du 7 juillet 2010(2) et que, d’autre part, après avoir lancé un avis d’appel à la concurrence, le ministère a choisi la mutuelle Unéo comme organisme de protection sociale complémentaire de référence Depuis le 1er janvier 2011 la mutuelle Unéo, qui vient de remporter l’appel public à la concurrence lancé le 21 septembre 2010, assure pour une durée de sept ans la couverture santé de l’ensemble des militaires du ministère
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e Collège Interarmées de Défense (CID) devient l’« Ecole de guerre », appellation qui avait été abandonnée en 1993. A l’occasion du baptême de la promotion « Général de Gaulle » (20102011) du Collège Interarmées de Défense, jeudi 20 janvier 2011, le ministre de la Défense a officialisé ce changement afin de donner une meilleure visibilité à l’école qui forme les futurs décideurs des armées et de mieux communiquer vers les décideurs politiques et l’opinion publique et de se rapprocher des intitulés des écoles de guerre des puissances militaires alliées telles que le « War college » britannique.
ACTUALITÉS
> Le Collège Interarmées de Défense (CID) devient l’École de guerre
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de la Défense et des anciens combattants et leurs familles. La couverture prévoyance facultative est, quant à elle, assurée par l’Association générale de prévoyance militaire (AGPM) et le groupement militaire de prévoyance des armées (GMPA), tous deux partenaires d’Unéo. (1) La Mutuelle civile de la Défense (MCDéf) et la Mutuelle Nationale Aviation Marine (MNAM) pour une durée de 7 ans.
(2) Décret n° 2010-754 du 5 juillet 2010 relatif à la participation de l'Etat et de ses établissements publics au financement de la protection sociale complémentaire des militaires publié au JORF n° 0155 du 7 juillet 2010 page 12324, texte n° 22.
Sur proposition du secrétaire général pour l’administration et après avis favorable du conseil de gestion du 9 février 2011, M. Paul Pellegri (administarteur civil hors classe) a été nommé directeur général de l’Institution de gestion Sociale des Armées.
AUX FUTURS AUTEURS DE L’ÉPAULETTE > Quelques consignes pratiques ! Adressez vos projets d’articles à L’Épaulette de préférence sous forme de fichiers informatique type Word, au format RTF (lepaulette@wanadoo.fr). Il est demandé que les projets ne dépassent pas trois pages de la revue (soit 3000 signes/page) iconographie à ajouter. Adressez des illustrations, soit sous forme de tirages photos couleurs, soit sous forme de fichiers numériques, format jpeg, définition de 300 pixels/cm. L’envoi de textes et ou d’illustrations à L’Épaulette vaut acceptation par l’auteur de leur reproduction et de leur publication sans droits. La rédaction > Nous recommandons aux futurs auteurs, de bien vouloir signer leurs articles et de compléter ceux-ci du nom et des dates de leur promotion.
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a gendarmerie de l’air fait partie intégrante de la gendarmerie nationale dont elle constitue l’une des formations spécialisées avec la gendarmerie des transports aériens avec laquelle elle est d’ailleurs souvent confondue, la gendarmerie maritime, la gendarmerie de l’armement et la gendarmerie de la sécurité des armements nucléaires. La gendarmerie de l’air est placée pour emploi auprès du chef d’état-major de l’armée de l’air.
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RAPPEL HISTORIQUE La gendarmerie nationale apporte un concours permanent à l’aéronautique militaire depuis la création de cette dernière en 1912. De 1912 à 1943, ce concours prend la forme de détachements prévôtaux qui assurent la protection et la surveillance de ses infrastructures et de ses matériels. A la veille de la seconde guerre mondiale, l’armée de l’air, créée en 1934, compte 25 prévôtés (500 hommes environ). Créée en 1943, la gendarmerie de l’air va être ballottée pendant 13 ans entre la gendarmerie nationale et l’armée de l’air. Le décret du 8 juin 1956 (abrogé) légitime la gendarmerie de l’air en lui donnant des assises solides qui posent le principe du double rattachement. L’arrêté du 9 mai 2006 confirme le principe de son double rattachement : > Rattachement hiérarchique : « Partie intégrante de la gendarmerie nationale » > Rattachement fonctionnel : « Placée pour emploi auprès du chef d’état major de l’armée de l’air »
MISSIONS La gendarmerie de l’air exerce des missions de police administrative, judiciaire et militaire sur les bases, installations et établissements de l’armée de l’air ainsi que dans les lieux où la sécurité est confiée à l’armée de l’air. A l’extérieur de ces sites, elle est chargée,
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ACTUALITÉS MILITAIRES La Gendarmerie de l’AIR
L’état-major dipose de 46 militaires, implanté désormais à Villacoublay (78) sur la base aérienne 107.
dans les conditions définies par les articles du code de procédure pénale, des opérations de police relatives aux missions de l’armée de l’air, à la protection du personnel, du matériel et des installations de l’armée de l’air. Elle conduit également les enquêtes judiciaires relatives aux accidents d’aéronefs militaires français ou étrangers survenus sur le territoire national, et le cas échéant, suivant les instructions des magistrats et les conventions internationales, aux accidents d’aéronefs militaires français à l’étranger. Elle est, par ailleurs, saisie pour avis des infractions liées au survol des zones interdites temporaires (ZIT) et prend part, pour l’armée de l’air, à la recherche judiciaire de la preuve en milieu contaminé NRBC-E. Les gendarmes de l’air participent à la protection des lieux (notamment par les contrôles FVV et FPR des personnes accédant à ces emprises) où la sécurité est confiée à l’armée de l’air. Ils assurent une surveillance spécialisée des sites de leur ressort et effectuent des recherches spécifiques de renseignements. C’est d’ailleurs la gendarmerie de l’air qui constitue, au travers de la BGA de Paris-Armées, un élément majeur de la sécurité de l’Îlot SaintGermain et pourrait assurer des fonctions analogues sur le site du futur « Balardgone ».
La zone de compétence judiciaire d’une brigade de gendarmerie de l’air s’étend sur les cours d’appel du groupement de gendarmerie de l’air auquel elle est rattachée, soit une moitié de la France environ (Article R15-23 du CPP). La section de recherches de la gendarmerie de l’air, spécialisée en matière aéronautique, dispose d’une
compétence territoriale étendue à l’ensemble du territoire national (Article R15-22 du CPP). Chaque responsable de la gendarmerie de l’air est l’interlocuteur privilégié des autorités d’emploi de son niveau pour toute question relative aux domaines public, administratif et judiciaire.
ORGANISATION Commandée par un colonel, qui possède les attributions d’un commandant de région de gendarmerie, cet officier supérieur est le conseiller technique du chef d’état-major de l’armée de l’air (C.E.M.A.A.). Il dispose d’un état-major, fort de 46 militaires, implanté désormais à Villacoublay (78) sur la base aérienne 107. La gendarmerie de l’air est présente partout où l’armée de l’air est déployée : sur le territoire métropolitain, dans les DOM-COM mais aussi à l’étranger et sur les théâtres d’opérations extérieures. En métropole, la gendarmerie de l’air est articulée en 2 groupements (Nord à Villacoublay et Sud à Mérignac), 5 compagnies (Brétigny, Metz et Tours pour le Groupement Nord - Mérignac et Istres pour le groupement Sud) et 46 brigades (dont 4 brigades dans les DOM/COM et 3 brigades à l’étranger). La section de recherches, forte d’un effectif de 20 militaires, est basée à Villacoublay. Ce dispositif est complété par 5 brigades motorisées qui assurent pour l’essentiel des missions d’escorte de matériels sensibles. Elles sont implantées à Istres, Avord, Mérignac, Metz et Villacoublay.
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médecine aérospatiale du service de santé des armées (IMASSA)... La gendarmerie de l’air a fait preuve de sa grande capacité d’adaptation aux évolutions qu’a connues l’armée de l’air (Air 2010 – RGPP) ces dernières années. Les grandes réformes en cours au sein du ministère de la défense l’amèneront sûrement à continuer dans cette voie, avec le souci constant de maintenir le même degré d’efficacité au profit de l’armée de l’air. L’armée de l’air est d’ailleurs fortement attachée à « sa » gendarmerie et à « ses » gendarmes de l’air ; ces derniers
EFFECTIFS Les effectifs de la gendarmerie de l’air sont adaptés aux charges des unités et au type de base sur laquelle elles sont implantées. Ils varient en fonction de la sensibilité, l’importance et la superficie du site concerné, soit de 4 à 61 militaires. Depuis 1995, la gendarmerie de l’air a réduit sensiblement ses effectifs. Elle est ainsi passée de 1096 à 873 personnels au référentiel d’organisation de l’année 2010 ( Objectif 705 à l’horizon 2016). Cette diminution de près de 25 %, à l’identique de celle que connaît l’armée de l’air, est le résultat de la rationalisation des effectifs menée dans le cadre de la RGPP, de l’externalisation des missions d’accueil-filtrage et la fermeture de certaines bases aériennes.
sont quant à eux très fiers de cette reconnaissance qui leur permet ainsi à leur niveau, à l’heure du rattachement de la gendarmerie au ministère de l’intérieur, de maintenir et de renforcer le lien entre la gendarmerie nationale et les armées. 1. Brigade de gendarmerie de l’air (BGA)de Cayenne (Guyane), du Lamentin (Martinique), de Saint Denis-Gillot de la Réunion (Réunion) et de Tahiti Faa’a (Polynésie française). 2. BGA de Dakar-Ouakam (Sénégal), de Djibouti (République de Djibouti) et d’Abu Dhabi (Émirats Arabes Unis).
La gendarmerie de l’air est totalement prise en charge par l’armée de l’air (P178-BOP 31C): logements, soldes, habillement, armement, véhicules, télécommunications, informatique. Ses tableaux de dotation sont alignés sur ceux de la gendarmerie départementale et ses unités disposent des mêmes matériels informatiques et de télécommunications que les brigades territoriales.
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LOGISTIQUE
De 1912 à 1943, ce concours prend la forme de détachements prévôtaux qui assurent la protection et la surveillance de ses infrastructures et de ses matériels.
FORMATION SPÉCIFIQUE
> Rattachement fonctionnel : « Placée pour emploi auprès du chef d’état major de l’armée de l’air ».
SIRPA GENDARMERIE NATIONALE
Tout nouvel affecté en gendarmerie de l’air reçoit une formation spécifique afin de se familiariser avec son nouvel environnement (organisation de l’armée de l’air, connaissance des aéronefs et des matériels en service dans l’armée de l’air et sur les bases, procédure d’accident d’aéronef militaire ...). Les personnels de la section de recherches, outre les des formations judiciaires traditionnelles (directeur d’enquête, TIC, DEFI, formateurs prélèvement ADN…), suivent des formations de pointe en matière aéronautique auprès de l’école nationale de l’aviation civile (ENAC), du bureau enquête accident défense (BEAD), de l’institut de
> Rattachement hiérarchique : « Partie intégrante de la Gendarmerie nationale »
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ACTUALITÉS
Enfin, la gendarmerie de l’air arme des détachements de circonstance en OPEX, soit de façon autonome (Douchanbé au Tadjikistan, Kandahar en Afghanistan), soit intégrés au sein de brigades prévôtales à Port-Bouët (Côte d’Ivoire), Kaboul (Afghanistan) et N’Djamena (Tchad).
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HOMMAGES Biographie du re Caporal Chef de 1 classe Hervé Guinaud
Biographie du capitaine Benoît Dupin 2e REG
gé de 34 ans, le capitaine Benoît Dupin, s’engage au titre de l’école nationale des sous-officiers d’active (ENSOA) à Saint-Maixent le 1er mars 1997. Nommé sergent le 1er septembre 1997, il rejoint l’école d’application de l’infanterie (EAI - Montpellier), poursuivant brillamment sa formation au cours de laquelle il est remarqué pour ses qualités intrinsèques et son goût immodéré de l’action. Réussissant pleinement tous ses stages, toujours volontaire et enthousiaste, il est affecté au 2e régiment d’infanterie de marine (2e RIMa - Auvours) le 20 octobre 1997 et y occupe les fonctions de chef de groupe. Désigné à plusieurs reprises pour participer à des opérations extérieures (OPEX) à Sarajevo (ex-Yougoslavie) en décembre 1998, au Tchad en janvier 2000 et à Skopje (Kosovo) en mai 2001, il fait preuve de remarquables capacités d’adaptation à la tête de ses hommes et d’un très bon état d’esprit. Désireux de poursuivre une carrière dans le corps des officiers des armes, il prépare et réussit le concours d’entrée de l’école militaire interarmes (EMIA). Il rejoint les écoles de Coëtquidan le 27 août 2002. Rigoureux, véritable meneur d’hommes, s’imposant facilement et avec efficacité sur le terrain, c’est un remarquable pédagogue qui obtient de très bons résultats. Animé d’une vocation inébranlable, le sous-lieutenant Dupin est un chef épanoui, calme et opiniâtre. Diplômé de l’EMIA, il choisit de servir dans l’arme du Génie. Promu au grade de lieutenant le 1er août 2004, il rejoint l’école supérieure et d’application du génie (ESAG-Angers). Déjà fort d’une belle expérience en corps de troupe comme en opération extérieure, le lieutenant Dupin se montre à l’aise dans le commandement. Toujours à l’écoute de ses subordonnés, disposant d’un charisme naturel, il exerce un commandement affirmé et sans excès qui fait de lui un exemple à suivre. Ses qualités de chef le classent parmi les meilleurs. Affecté le 1er août 2005 au 2e régiment étranger de génie (2e REG - Saint-Christol) en qualité de chef de section en unité de combat, il se montre extrêmement motivé et remplit parfaitement ses objectifs. Totalement dévoué, il obtient d’excellents résultats à la tête de sa section lors d’une mission de courte durée en Martinique d’octobre 2005 à février 2006, puis
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à Djibouti au sein de la 13e demi-brigade de Légion étrangère en février 2007. Une fois encore, il se démarque par sa volonté farouche et son dynamisme exemplaire afin de tirer le meilleur de sa section lors des différents exercices regimentaires et tout particulièrement au centre d’entraînement au combat d’Arta plage. Désigné une nouvelle fois pour effectuer avec son unité une opération extérieure au Kosovo en mai 2008, ses qualités d’homme de terrain et de chef charismatique lui valent l’estime de ses légionnaires et la confiance de ses chefs. De retour en métropole, il enchaîne successivement toutes ses qualifications montagne qu’il réussit avec brio. Promu au grade de capitaine le 1er août 2008, il occupe d’abord les fonctions d’officier adjoint avant de se voir confier le commandement de la 3e compagnie de combat mécanisée le 9 juin 2010. Pugnace, le capitaine Benoît Dupin est un officier pointilleux et méthodique. Ne laissant aucune place à l’improvisation, il prépare remarquablement son unité tout au long de la mise en condition opérationnelle avant son départ en opération extérieure. Engagé à la tête de sa compagnie depuis mi-novembre 2010 en Afghanistan dans le cadre de l’opération PAMIR, le capitaine Benoît Dupin a été mortellement touché par des tirs insurgés lors d’une reconnaissance à l’entrée de la vallée d’Alasay ce vendredi 17 décembre. En 2008, le capitaine Benoît Dupin s’était vu décerner la médaille d’or de la défense nationale. Il était également décoré de la médaille outre-mer avec agrafe en vermeil Tchad, de la médaille commémorative avec agrafe ex-Yougoslavie et Kosovo et de la médaille OTAN. Il s’était aussi vu remettre deux lettres de félicitations à l’ordre du régiment. Tué au combat, le capitaine Benoît Dupin était marié et père d’un jeune enfant.
ervant en tant qu’appelé à partir d’octobre 1988 au 1er régiment d’infanterie de Marine (1er RIMa – Angoulême), Hervé Guinaud décide de s’engager au titre des Troupes de Marine dans cette même formation le 1er octobre 1990. C’est en 1997 qu’il rejoint les rangs du Régiment d’infanterie chars de marine (RICM). Marsouin remarquable et exemplaire, il démontre très rapidement une force de caractère hors du commun et une motivation à toute épreuve. Militaire particulièrement chevronné, il était unanimement apprécié par ses chefs comme par ses pairs, notamment les plus jeunes d’entre eux vers lesquels il manifestait toujours une attention toute particulière. Au cours de ses vingt-deux années de service, le CCH de 1re classe Guinaud sert deux fois en exYougoslavie puis en Albanie, entre 1994 et 1997. Il participe également à deux missions de courte durée à Djibouti en 1998 et 2002. Il est engagé à nouveau à trois reprises dans le cadre de l’opération Licorne en 2003, 2004 et 2009. Par ailleurs, il effectue successivement un séjour au 33e Régiment d’infanterie de marine (33e RIMa) en Martinique de 1994 à 1996, puis au 23e Bataillon d’infanterie de marine (23e BIMa) au Sénégal de 1999 à 2001 et enfin au 9e Régiment d’infanterie de marine (9e RIMa) en Guyane de 2006 à 2008. Déployé en Afghanistan au sein de la Task Force Lafayette-GTIA Surobi, depuis décembre 2010, le CCH de 1ère classe Guinaud participait à une opération dans le sud de la Kapisa le samedi 8 janvier 2011. Le VAB qu’il guidait pour exécuter un dépannage a été touché par une explosion ; touché par la déflagration, le CCH de 1re classe Guinaud a succombé à ses blessures. Le CCH de 1re classe Guinaud est mort au combat au service de la France, œuvrant au sein de la Force Internationale d’assistance à la Sécurité (FIAS) mandatée par l’ONU pour contribuer au retour de la stabilité, au rétablissement de la paix et au développement en Afghanistan. Il était décoré de la médaille d’outre-mer avec agrafe République de Côte d’Ivoire, de la médaille d’or de la Défense nationale avec agrafes TDM-MAE, de la médaille commémorative française avec agrafes ex-Yougoslavie et Albanie. Agé de 42 ans, il était marié et père d’un enfant.
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Biographie du Chasseur de 1re Classe Clément Chamarier
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FOB (forward operating base - base opérationnelle avancée) française de Nijrab, après avoir conduit une action de sécurisation dans la vallée d’Alasay au profit des OMLT (operational mentoring and liaison teams ) et de l’Armée nationale afghane. Aux environs de 20h30, cette compagnie est attaquée par un groupe d’insurgés près du village de Tatarkhel, en vallée de Kapisa. Au cours de cette action de harcèlement, un VAB (véhicule de l’avant-blindé) est la cible d’un tir d’arme antichar. Deux soldats français sont gravement touchés et un autre très légèrement. L’élément santé qui se trouve avec l’unité intervient immédiatement pour prodiguer les premiers soins et un
hélicoptère est dépêché sur zone pour les évacuer. Malgré la rapidité des secours, le chasseur de 1e classe Chamarier succombe à ses blessures avant son évacuation. Le chasseur de 1er classe Clément Chamarier est mort au combat au service de la France avant d’avoir atteint ses vingt ans, œuvrant au sein de la Force Internationale d’Assistance à la Sécurité (FIAS) mandatée par l’ONU pour contribuer au retour de la stabilité, au rétablissement de la paix et au développement en Afghanistan. Il était décoré de la médaille de bronze de la Défense nationale (« agrafe troupes de montagne et mission d’assistance extérieure »).
RCR) à Arras. Technicien expert gestion des matériels, il commande avec justesse et sérénité et fournit en permanence un travail de qualité. Particulièrement disponible, il est projeté en République de Côte d’Ivoire dans le cadre de l’opération « Licorne » de février à juillet 2004. Confirmant ses remarquables qualités humaines, il effectue une nouvelle mission en Bosnie-Croatie dans le cadre de l’opération « Althéa ». Comptable technique du théâtre, il s’emploie avec succès à mettre en place un système de comptabilité informatique. Travailleur acharné, dévoué et volontaire, il assume ses fonctions avec un enthousiasme cornmunicatif. Ses qualités foncières sont reconnues de tous. Promu adjudant-chef le 1er juillet 2006, il est engagé au sein de l’opération « Trident » au Kosovo de février à septembre 2006. Gestionnaire des matériels de la cellule maintenance de la division logistique de la Task Force, il se fait remarquer par son investissement permanent. D’une grande disponibilité, il formule à de nombreuses reprises des propositions judicieuses, notamment lors du désengagement des moyens de l’hôpital marocain. Affecté au commandement des forces terrestres (CFT) à Lille en tant que technicien expérimenté des
matériels en août 2008, il est plus spécialement en charge des dossiers liés à la nouvelle politique d’emploi et de gestion des parcs. Assumant ses nouvelles responsabilités avec sérieux et réalisme, il jouit d’une crédibilité avérée. A partir du 4 octobre 2010, il est engagé en Afghanistan dans le cadre de l’opération « Pamir » au sein du commandement du contingent français. Il est retrouvé sans vie dans sa chambre le 24 février 2011 matin, a priori décédé de mort naturelle. Passionné par son métier, l’adjudant-chef Bruno Fauquembergue était un sous-officier de grande valeur. Discret, faisant preuve en toutes circonstances d’un calme et d’une sérénité exemplaires, il a toujours fait montre de nombreuses qualités pour s’affirmer comme une référence parmi ses pairs. Détenteur du titre de reconnaissance de la Nation, il était décoré de la médaille d’outre-mer (agrafe « RCI »), de la médaille de la défense nationale échelon or (agrafes « artillerie » et « mission d’assistance extérieure ») ainsi que de la médaille commémorative française « Ex-Yougoslavie ». L’adjudant-chef Fauquembergue laisse une épouse et deux jeunes enfants.
Biographie du de l’adjudant-chef Bruno Fauquembergue gé de 42 ans, l’adjudant-chef Bruno Fauquembergue aura servi la France pendant plus de 24 ans. C’est en septembre 1986, alors âgé de 18 ans, qu’il rejoint l’Ecole nationale technique des sous-officiers d’activé d’Issoire. Promu caporal-chef en mai 1988, il est nommé sergent le 1er octobre suivant pour servir au Groupe Géographique à Joigny. Il y occupe successivement les fonctions de sous-officier approvisionnement, chef d’équipe de l’atelier auto, puis de chef d’équipe à l’atelier NTI 1. Sergent-chef à compter du 1er avril 1995, il continue à œuvrer comme technicien expert maintenance mobilité terrestre, puis technicien supérieur gestion des matériels et approvisionnements. Calme et pondéré, s’imposant aisément, il est unanimement apprécié. Affecté au régiment d’infanterie de Marine du Pacifique - Polynésie (RIMaP-P) en avril 2001 en tant qu’adjudant, il prend les fonctions de technicien supérieur gestion des matériels du corps de troupe. Se distinguant par l’exemplarité de son comportement, il maîtrise alors parfaitement l’aspect technique de son emploi. En septembre 2002, à son retour en métropole, il rejoint le 601e régiment de circulation routière (601e
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HOMMAGES
peine âgé de dix-huit ans, Clément Chamarier choisit de s’engager pour cinq ans au 7e bataillon de chasseurs alpins (7e BCABourg-Saint-Maurice) en février 2009. Après six mois de formation initiale, il rejoint la 3e compagnie où il sert en tant que tireur antichar AT4. Dès ses débuts au bataillon, il montre de belles qualités de soldat. Curieux et prenant particulièrement à cœur son métier, il s’investit pleinement tout en conservant un naturel réservé et discret. Faisant preuve d’un très bon état d’esprit, il a toute la confiance de ses chefs. Bien intégré à sa section, le chasseur de 1er classe Chamarier se prépare avec motivation à sa mission en Afghanistan dès janvier 2010 : il y montre un réel potentiel dans le domaine du tir. Il rejoint l’Afghanistan avec sa compagnie le 9 novembre 2010. Ce samedi 19 février, en début de soirée, une compagnie du Battle Group Allobroges, armée principalement par le 7e bataillon de chasseurs alpins, rejoint la
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SOUTIEN DES ÉLUS
Lettre de Rémi Delatte, député de la Côte-d’Or Maire de Saint-Apollinaire au général Brette
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SOUTIEN DES ÉLUS
Dispositif d’accompagnement et de soutien financier aux familles, dans la durée, au profil des familles des militaires participant à des opérations extérieures (OPEX).
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VIE D’OFFICIER Portrait du général de corps d’armée (2s) Robert Louisot Hommage
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Homme et soldat d’exception au destin forgé par les guerres, les épreuves de l’existence, les blessures et la souffrance, le Général Robert Louisot a réalisé une carrière militaire dominée par la rigueur, l’humanité, le devoir et la loyauté, une carrière indissociable d’une vie pleine de sagesse, de courage, de dignité et d’humilité, une vie en tout point exemplaire. e 19 Septembre 1914 naît Robert Louisot à Lunéville, d’Auguste Louisot, alors mobilisé dans l’artillerie, et de Thérèse Moine, tous deux franc-comtois de la région de Marnay. La France est en guerre, Paris est menacé. Le gouvernement se replie sur Bordeaux. L’ordre de Joffre est terrible : « se faire tuer sur place plutôt que de reculer ». Un mois avant l’armistice, son père,
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2 grièvement blessé, meurt de ses blessures. La guerre marque déjà le futur général de corps d’armée. A l’école, le jeune orphelin est un bon élève. Il est reçu au brevet et encore plus important, au concours des bourses. Il entre à l’école normale d’instituteurs de Vesoul. A l’évidence ce brillant lauréat eut fait un excellent enseignant. Mais sa vocation est ailleurs. Robert Louisot est un enfant de la Grande Guerre. A vingt ans, il devance l’appel, choisit l’infanterie et rejoint, en 1937, l’Ecole militaire de Saint-Maixent. Nommé souslieutenant l’année suivante, il est affecté au 8ème Régiment de Tirailleurs Tunisiens, à Valence où il rencontre Paulette Viazac, une jeune ardéchoise qu’il épouse en avril 1939, le jour même où il reçoit son ordre de mise en route immédiate pour le 8ème Régiment de Tirailleurs Tunisiens, à Bizerte, avec lequel il vit la « drôle de guerre ». Avec la déclaration de guerre, cependant, son destin est de nouveau en marche. En 1940, il est promu lieutenant et affecté au 12ème Régiment de Tirailleurs Tunisiens. L’année suivante il est envoyé en opération au sud Liban puis, lors du rassemblement des forces
françaises en Tunisie, il rejoint le 4ème Régiment de Tirailleurs Tunisiens en 1942 et participe à la campagne de Tunisie. Il est promu capitaine en 1943. En janvier 1944, s’engage la terrible campagne d’Italie. Placé sous les ordres du commandant Gandoet, il s’y illustre à Monte Cassino lors des engagements meurtriers du Belvédère, du Garigliano et de Castelforte où il est grièvement blessé à la tête et aux jambes et doit être évacué d’urgence. Il est cependant présent à Rome pour assister au défilé de la victoire. A compter de cette date il sert à l’administration centrale et retrouve son épouse, sa fille et son fils né en 1946, auprès desquels il tente de récupérer. Durant cette période il est affecté successivement à l’état-major général de guerre, puis à l’Etat-major de l’armée et à l’état-major général des forces armées. Enfin complètement remis, après avoir subi une importante opération de la tête à l’hôpital du Val-de-Grâce en 1950, le nouveau chef de bataillon Robert Louisot, nommé en 1951, rejoint l’état-major de la 8ème division d’Infanterie commandée par le Général Jacquot, « un grand chef, un homme
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LA BATAILLE DE MONTE CASSINO
merveilleux », qui va devenir son maître à penser pendant près de dix ans. Il le suit à Paris puis en opérations en Indochine, en Allemagne, où il est promu lieutenant-colonel en 1957 puis colonel deux ans plus tard, au sein de l’état-major des forces Françaises (FFA) et de nouveau à Paris à l’Inspection générale des armées-Terre. Son parcours en état-major est exemplaire mais il lui faut maintenant faire un retour statutaire sur le terrain, dans la troupe. Il effectue son temps de commandement sur le sol algérien, à la tête du 2ème régiment d’Infanterie, de 1960 à 1962, période historique particulièrement houleuse s’il en est. Il y fait preuve d’une grande maîtrise à base de fermeté, d’humanité et de fidélité. Remarqué pour ses belles qualités militaires et humaines ainsi que pour sa grande expérience du travail en étatmajor, il est désigné comme auditeur de l’Institut des hautes études de la Défense nationale en 1963 et accède au généralat en 1964. En 1965, à l’issue de son cursus à l’IHEDN, il est affecté à l’Inspection générale des armées-Terre en qualité de chef d’état-major, puis comme chef de cabinet du Chef d’état-
5 major de l’armée de Terre, le général d’armée Cantarel. En 1966, il est désigné pour commander la 51ème division à Lyon et il obtient sa troisième étoile l’année suivante. Cette promotion lui vaut d’obtenir le commandement de la 2ème Région militaire à Lille en 1970. En 1971 il accède à la distinction de général de corps d’armée et devient, en 1973, commandant de la 5ème Région militaire et Gouverneur militaire de Lyon, ville où il met un terme à sa carrière militaire en 1974, étant admis en deuxième section des officiers généraux le 1er septembre de cette même année. Le général de corps d'armée (2S) Robert Louisot est commandeur de la Légion d'honneur et grand officier de l'Ordre national du mérite. Il détient cinq titres de guerre dont deux citations à l’ordre de l’armée et trois à l’ordre de la division.. Il s’est éteint à Villenave d’Ornon (33) le 1er févier 2011 dans sa 97ème année. Texte rédigé à partir de l’éloge funèbre du général Robert Louisot prononcée par son gendre, l’ingénieur général Pierre Betin, le 7 février 2011. La rédaction
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Des centaines de bombardiers y anéantirent l’abbaye du Mont Cassin en ruines. La bataille du Monte Cassino fut durant la Seconde Guerre mondiale, une série de batailles livrées de janvier à mai 1944 par les Alliés pour transpercer la ligne Gustave afin d’occuper Rome et rejoindre les forces débarquées à Anzio. DR
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En janvier 1944, après le débarquement en Italie, aux ordres du général Juin, le Corps expéditionnaire Français composé de troupes de l’armée d’Afrique, combat avec les alliés. Entre Naples et Rome les Allemands ont formé un verrou de 100 000 combattants. Ainsi sont solidement retranchés : la 1ère Division parachutiste d’élite, le 14eme Panzerkorps et 13 bataillons d’Infanterie. Les alliés piétinent, les pertes sont lourdes. Le général Juin engage alors, avec l’accord du Général Keyse, Commandant le 2ème Corps US, Le Corps expéditionnaire Français sur les pentes ardues du Monte Cassino. Le capitaine d’Infanterie Robert Louisot est le commandant de la 10ème compagnie du 4ème Régiment de Tirailleurs Tunisien engagé dans la bataille du Belvédère. Le 25 janvier 1944 il soutient la prise de la cote 470 par la 9ème compagnie. C’est lui qui à mi-pente guidera la sortie de la 11ème compagnie du ravin Gandoët (Ravin qui sera escaladé par plusieurs sections de la 10ème compagnie). Le 29 janvier, le capitaine Louisot conduit deux sections de tirailleurs en direction de la cote 721, après une centaine de mètres escaladés dans le ravin sous le feu allemand. Une section de la 10ème compagnie participe à la contre-attaque Française afin d’occuper les pentes Est de la cote 862. Le Capitaine Louisot saute alors sur une mine. Il est grièvement blessé aux jambes et à la tête et doit être évacué d’urgence. Les alliés ont perdu 15 000 hommes dans ces combats acharnés, bien souvent menés au corps à corps. Mais la route de Rome est maintenant libre... et permet aux forces alliées de progresser et de conquérir le Centre et le Nord de l’Italie. Malgré son état de santé précaire, il assiste au défilé de la Victoire à Rome Dans ses Mémoires, le Général de Gaulle écrira que le 4ème Régiment de Tirailleurs Tunisien aura accompli dans la bataille de Monte Cassino des faits d’armes brillants au prix de pertes cruellement élevées.
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VIE D’OFFICIER
1/ Le général Louisot en élève officier de réserve à Saint-Maixent en 1935. 2/ Le général Louisot, capitaine de tirailleurs tunisiens à Monte Cassino en 1944. 3/ Le général Louisot, alors colonel au Telagh, en Algérie, en 1961. 4/ Le général Louisot en cavalier à l’école militaire de cavalerie en 1938. 5/ Le général de corps d’armée (2s) Robert Louisot est grand officier de l’Ordre national du mérite Il exerça son dernier commandement de 1973-1974 en tant que Gouverneur militaire la 5ème Région militaire à Lyon. Il est décédé le 1er février 2011 dans sa 97ème année.
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TRIBUNE LIBRE Le Corps des officiers des Affaires militaires musulmanes
Unités de prestige
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Le croissant est celui de l’Islam. « L’Orient » est indiqué par le soleil du « Levant », contrée où ce Corps se distingua. Les deux sabres, pointes en bas, désignent un « Service » et non une « Arme ».
Au lieu d’un écusson, l’insigne du Corps des Officiers des AMM est constitué du « tibuqam », le bouclier Targui, rappelant le Sahara. La plupart des jeunes Officiers y étaient affectés, en début de carrière. Puis ils servaient tout autour : Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Soudan, Tchad, Niger, Mali, Sénégal, Mauritanie. Les lettres A et M sont le sigle du Corps : Affaires Musulmanes. Le sphinx, symbole de l’interprétariat, rappelle aussi le premier Corps d’Interprètes militaires créé par Bonaparte pour son expédition d’Egypte. 38
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INTRODUCTION armi toutes les unités de la glorieuse Armée d’Afrique, le Corps des Officiers des Affaires Militaires Musulmanes, (AMM) sera célébré ici, Corps trop peu connu dans l’armée, même par certains de ses utilisateurs, et quasiment méconnu du grand public. Ce n’était ni le Service des Affaires Indigènes du Maroc (A.I. du Maroc), ni celui des Affaires Indigènes de Tunisie (A.I. de Tunisie), ni le Service des Affaires Sahariennes (A.S. d’Algérie). Ces trois services étaient issus des premiers « Bureaux Arabes », devenus « Service des Renseignements », créés pour les besoins de la conquête de l’Algérie (dès les années 1830), la pacification de la Tunisie (1881) et l’établissement du Protectorat au Maroc (1894-1912). Ce n’était pas non plus le Service des Affaires Algériennes créé après 1956 et destiné à assurer contre « les troubles » la pacification et l’administration des communes rurales du bled algérien par l’implantation de Sections Administratives Spécialisées (S.A.S.) ou, au Sahara, de Centres Administratifs Spécialisés (C.A.S.). Tous les officiers affectés dans ces services (A.I., A.S., S.A.S., C.A.S.) appartenaient à une Arme (INF., ABC., ART., GEN., etc.), en étaient détachés temporairement, et après un stage de formation d’un an, ou moins…, se déroulant à Rabat ou à Alger, servaient dans les cercles, annexes et postes des confins sahariens de Tunisie ou d’Algérie, ou dans la montagne berbère et les territoires du Sud au Maroc, ou enfin dans les S.A.S. d’Algérie et les C.A.S. du Sahara à partir de 1957. Après quelques années d’une vie exaltante, riche d’expérience et de contacts
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humains, ils réintégraient leur Arme pour y poursuivre une carrière normale d’officiers de troupe ou d’état-major. Les officiers des A.M.M. constituaient, quant à eux, un corps indépendant, faisant l’objet d’un chapitre de l’annuaire des officiers de l’Armée de Terre, au même titre que les fantassins, cavaliers, sapeurs, trainglots, intendants, etc. Ils étaient recrutés directement en milieu civil, par concours, parmi les bacheliers ayant acquis, souvent en classe préparatoire (tels les candidats aux grandes écoles) des connaissances de langue arabe (écrite et parlée) et de sociologie, histoire et géographie musulmanes. Ils ne quittaient « normalement » jamais leur corps d’appartenance. Dans les corps de troupe nord-africains, ils étaient chargés de la protection du moral et de l’état d’esprit du régiment. Ils y donnaient aussi les cours de langue arabe pour les cadres métropolitains. Mais ils pouvaient – comme leurs camarades des armes et services – être détachés « hors cadres » dans les bureaux civils des AI ou AS, ou en qualité de « commissaires du gouvernement » dans les tribunaux de justice musulmane, auprès des Caïds et Pachas, ou de justice coutumière dans les tribus berbères. Les trois pages suivantes résument près de deux cents ans d’une histoire où Napoléon a laissé sa marque. Le devoir de mémoire, même à titre posthume, envers beaucoup de nos illustres Anciens et Grands Anciens, a justifié la place de leur épopée dans l’ouvrage « Honneur à l’Armée d’Afrique », hors série du bulletin publié au printemps 2007 par l’Association Nationale Souvenir de l’Armée d’Afrique (ANSAA) sous la direction de son Président, le général de corps d’armée (2S) André Sciard, à qui nous exprimons notre vive gratitude. > Le Corps des officiers des Affaires Militaires Musulmanes 1938 1964. > antérieurement Interprètes de l’Armée d’Afrique 1830 – 1938. > héritiers des Interprètes de l’Armée d’Egypte 1798 – 1830. Lors de la célébration du deuxième centenaire de l’Expédition d’Egypte en
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Bref historique 1998, il était apparu intéressant de rappeler que Bonaparte avait organisé à Toulon, le 20 floréal an VI / 9 mai 1798, une commission des sciences et des arts afin d’emmener avec lui tout un corps de savants. Parmi eux, il recruta neuf orientalistes à qui il donna le titre « d’Interprètes de l’Armée d’Egypte ». Les deux premiers d’entre eux furent : Jean-Michel Venture de Paradis, né à Marseille en 1742, interprète en chef de l’Armée, qui choisit comme adjoint Amédée Jaubert, né à Aix-en Provence, le 3 juin 1779. Elèves et disciples du célèbre Baron Antoine Silvestre de Sacy, illustre orientaliste, professeur à l’Ecole des Langues Orientales Vivantes et auteur de la meilleure grammaire arabe moderne (éditée une première fois en 1810, sur ordre de l’Empereur), ils furent parmi les membres fondateurs de l’Institut d’Egypte, créé par Bonaparte au Caire dès le 20 août 1798, et participèrent à assurer le rayonnement de la France au Levant, si bien que l’Egypte fut pendant près d’un siècle sous influence française. Venture y mourut en mai 1799 au retour de Jaffa (Palestine ). Ces soldats, pionniers de l’approche intellectuelle de l’Orient musulman dans nos armées, avaient formé des émules, surtout parmi l’élite de la garde et de l’administration des sultans, Mamelouks ou Janissaires. Ceux-ci furent si nombreux à rejoindre Bonaparte en France en 1801 qu’ils formèrent la Division de Mamelouks, qui, commandée par le Général Rapp, anéantit la Garde impériale russe à Austerlitz. (Un tableau de F. Gérard immortalise ce fait d’armes). À partir de cette époque, il y eut un corps d’of-
Le célèbre Baron Antoine Silvestre de Sacy, illustre orientaliste, professeur à l’Ecole des Langues Orientales Vivantes et auteur de la meilleure grammaire arabe moderne (éditée une première fois en 1810, sur ordre de l’Empereur), avec Jean-Michel Venture de Paradis et Amédée Jaubert ils furent parmi les membres fondateurs de l’Institut d’Egypte, créé par Bonaparte au Caire dès le 20 août 1798.
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La Bataille des Pyramides (1799), par Francois-Louis-Joseph Watteau, Musée des Beaux-Arts de Valenciennes.
de Silvestre de Sacy), les derniers vétéficiers « Interprètes de l’armée », rans de l’Armée d’Egypte. Parmi eux, envoyés occasionnellement par le avec rang de colonels, Louis de Gouvernement en contrées musulmanes Bracevich, ancien interprète de - on disait alors « barbaresques » - pour Bonaparte, et le Père Charles Zaccar, des missions particulières et souvent prêtre catholique syrien, vicaire à pleines de dangers. Jaubert fit ainsi une Saint Nicolas de Myre, à Marseille très brillante carrière diplomatique, en (église construite par et pour les Europe et au Moyen-Orient (dont huit Mamelouks catholiques de rite oriental) ; mois de captivité en Perse), jusqu’à sa enfin, le dernier des colonels de mort le 27 janvier 1847. Il a ainsi ouvert Mamelouks de la Garde, Jacob Habaiby la voie de la diplomatie à de nombreux qui fit prendre avec lui son fils Joseph officiers interprètes militaires qui, au et son neveu Daoud, fil des générations, comme guides-interdeviendront consuls, prètes (sous – lieutesecrétaires et conseilnants). Et, parmi les Napoléon lers d’ambassades, autres interprètes et ambassadeurs et avait jugé que, guides, quatre autres ministres plénipoten« dans une armée, anciens officiers des tiaires. Mamelouks. En 1828, lors de les interprètes Ce corps de vingtl’intervention frandoivent être et trois officiers - interçaise en Grèce pour la ne peuvent être que prètes et guides était délivrer de l’occupacomplété de soixantetion turque et égypdes militaires, douze sous-officiers tienne, le général attendu qu’en paix arabisants. Maison, commandant comme en guerre, C’est le moment l’expédition (camoù Yusuf, jeune pagne dite de Morée) leur place est Italien né sur l’île engagea avec lui des marquée là où d’Elbe, captif des officiers interprètes, Barbaresques, se tient celui orientalistes indispenéchappé de la cour du sables pour le chef. qui commande. »… Bey de Tunis au terme de quinze années Napoléon avait d’une vie rocambojugé que, « dans une lesque et romanesque, armée, les interprètes rejoint la flotte française, en rade doivent être et ne peuvent être que des d’Alger, à bord du brick de guerre militaires, attendu qu’en paix comme « Adonis ». Il débarque à Sidi-Ferruch en guerre, leur place est marquée là où avec l’armée et devient l’interprète se tient celui qui commande. Ils sont militaire du général en chef, puis l’adl’âme de la pensée, ils sont la confiance joint de M. d’Aubignosc, nommé incarnée, ils sont parlementaires, ils Lieutenant général de la police d’Alger. courent au-devant du danger pour le (En 1831, Yusuf, affecté aux chasseurs prévenir. En paix, les interprètes sont algériens, comme capitaine, dirige la les secrétaires intimes ; en guerre, ce prise de la citadelle de Bône, rallie le sont, du général (attendu les connaispersonnel dont il crée les Turcos sances qu’ils doivent avoir) des guides (Tirailleurs) et les Spahis (cipahi). Il fut sûrs et courageux ». La mission était colonel – Inspecteur de ces « cavaliers définie de façon sublime pour deux siède l’impossible » et termina sa carrière cles. avec le grade de Général, commandant Lorsque fut décidée l’expédition la Division de Montpellier. Parmi ses d’Alger, quelques trente ans plus tard, faits d’armes : sa participation à la prise le ministre de la guerre demanda au de la smala d’Abdel Kader et à celles de colonel d’état-major marquis de Bône et de Constantine). Clermont-Tonnerre, lui-même arabiJugé indispensable pendant six sant, de recruter les « Interprètes de mois, mais jalousé dans les « armes » l’Armée d’Afrique ». Celui-ci désigna elles- mêmes, le « Corps des interprètes évidemment, outre Gérardin et de l’Armée d’Afrique » se heurtait à ••• d’Aubignosc (eux aussi anciens élèves L’Épaulette n° 173 • avril 2011 •
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l’hostilité du général Berthezène, nouveau Gouverneur et commandant en chef, en 1831, en raison de ses « préventions contre la colonisation en Algérie ». Certains officiers interprètes s’étaient vu néanmoins confier des postes de haute responsabilité (Consuls, lieutenant de police, Administrateurs de biens domaniaux, des douanes, etc.). Ils les conservèrent. Mais le départ de nombreux autres orientalistes de valeur privait de leurs services nos armées qui réservaient leur attention aux lourdes affaires de l’Europe. Le besoin de cadres de cette spécialité devenant évident, le Maréchal de Saint Arnaud, ministre de la guerre et ancien gouverneur de l’Algérie, organisa, en 1854, sur des bases définitives le « Corps des interprètes militaires » qui compta des sujets extrêmement brillants. Plusieurs d’entre eux furent enrôlés dans son État-major et dans les grandes formations de l’Armée d’Orient qu’il commandait, lors de la guerre de Crimée où il mourut. Pendant la guerre franco-sarde contre les Autrichiens en Italie en 1859 des officiers interprètes furent tués ou blessés et cités lors des batailles célèbres de Magenta et de Solférino, dans les rangs des Zouaves (à l’époque les Kabyles « Zwawa ») et des Tirailleurs engagés dans ce conflit. Le 2 septembre 1870, le général de division Jean, Auguste, Margueritte tombe au champ d’honneur dans une dernière charge contre les Prussiens à Sedan à la tête de ses Chasseurs d’Afrique. Il avait commencé sa carrière en 1837 comme interprète militaire à Blida et Boufarik. Sa tombe se trouve au mémorial de Floing (Ardennes). Ces officiers prouvèrent leur rôle irremplaçable durant toute la conquête de l’Algérie puis lors de l’occupation de la Tunisie, dès 1881, et de la pacification du Maroc, à partir de 1901.Ils y prirent une part importante et beaucoup y versèrent leur sang. Le maréchal Lyautey fit grand cas des officiers Interprètes auxquels il confia de nombreuses attributions. Il en avait toujours au moins un près de lui, dans tous ses déplacements et n’hésita jamais à leur confier les missions les plus délicates. Durant la Première Guerre mon-
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Le Maréchal Louis Hubert Gonzalve Lyautey fit grand cas des Officiers Interprètes auxquels il confia de nombreuses attributions.
Le général de division Jean Auguste Margueritte avant de tomber au champ d’honneur dans une dernière charge contre les Prussiens à Sedan à la tête de ses Chasseurs d’Afrique. Il commença sa carrière en 1837 comme interprète militaire à Blida et Boufarik.
diale, les interprètes de l’Armée d’Afrique participèrent aux combats avec les troupes nord - africaines. Plusieurs des leurs, envoyés dans les tranchées, conseillaient les chefs et réconfortaient les hommes. Ils ont été blessés et décorés de la croix de guerre. Le 6e Régiment de marche de spahis comptait dans ses rangs, en 1916 1917, un jeune engagé, brigadier de dix-neuf ans, Alexandre Coudino, qui terminera sa carrière comme colonel Inspecteur, chef de corps des officiers des AMM, de 1951 à 1956. Conscient de la vocation musulmane de la France et de l’importance croissante des éléments nord-africains dans l’organisation de la défense nationale, le Gouvernement créa, le 14 juin 1938, le « Corps des officiers des Affaires Militaires Musulmanes » (A.M.M.) ultimes héritiers des Interprètes de l’Armée d’Egypte et de l’Armée d’Afrique. Ces officiers avaient un rôle bien connu dans les Services des Affaires Indigènes du Maroc ou de Tunisie et des Affaires Sahariennes où ils étaient désignés par les administrés sous l’appellation de « Si torjman », M. l’interprète, (le docteur étant « Si toubib », M. le médecin, le capitaine chef d’Annexe « Si l’kobtan » et les autres officiers « Si l’fician ») : ils étaient chargés du renseignement politique local et remplissaient aussi les
fonctions de commissaires du Gouvernement dans les tribunaux de Pachas et les tribunaux coutumiers. Ils accompagnaient le chef d’annexe dans ses tournées, truchements indispensables pour le contact avec les autochtones, et traduisaient les discours des autorités lors des visites officielles. Dans les corps de troupe, ils assuraient la protection du moral des hommes et leur apportaient un réconfort éventuel permettant au commandement une connaissance profonde de l’unité. Ils enseignaient également l’arabe dans les écoles militaires. Les officiers supérieurs du Corps étaient des conseillers auprès des Autorités politiques au plus haut niveau. La position des officiers des AMM n’était pas toujours facile : auxiliaires du commandement, il leur fallait faire de gros efforts de modestie et de diplomatie pour rester à ce niveau et pour que leur popularité (facilement acquise auprès des administrés par la pratique de la langue) ne porte pas ombrage au rayonnement – ou à la vanité - de certains de leurs « grands chefs » assez jaloux de leur prestige personnel. En septembre 1939, l’Armée d’Afrique part une nouvelle fois en Métropole. Dont quarante deux AMM, soit plus du tiers de l’effectif de l’époque. Ils partagent le sort commun dans la « drôle de guerre » : combats, replis, parfois captures, évasions, etc.
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Le lieutenant Charles Jeantetot, ancien officier au AMM de 1945 à 1965, à été diplomate du Corps d’Orient, ambassadeur, ministre plénipotentiaire en (1990) GIG, Commandeur de la Légion d’honneur. Il est l’auteur du livre Repères au Crépuscule, édité aux éditions NEL.
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de lettres d’Alger, comportaient, en « le civil », devinrent directeurs de plus des cours de langue arabe littéraire sociétés internationales dans les pays (classique, moderne, juridique), des arabes. On en retrouva quelques uns cours d’arabe dialectal et de berbère, dans l’Enseignement, notamment des des cours d’histoire, de géographie, de professeurs émérites en Sorbonne et à droit et de sociologie du monde musull’Institut national des langues orientales man. Cette formation donna à ces de Paris. Deux autres d’entre eux firent Officiers « à part entière » les qualités de remarquables carrières dans la qu’en exigeait Napoléon : probité, couPresse, écrite ou parlée, terminant l’un rage et instruction. Les meilleurs d’enau poste de directeur adjoint de l’infortre eux furent les conseillers écoutés mation à l’A.F.P., l’autre en qualité de des plus grands chefs : les Maréchaux rédacteur en chef en presse parlée et de Lattre et Juin, les Généraux Giraud, enfin membre coopté du C.S.A. Cette Guillaume, Montsabert ou Gandoët. énumération est loin d’être exhaustive, Lors du conflit algérien, les officiers parmi une cohorte de ces brillants offiAMM en activité au Maroc et en ciers de l’armée de Terre. Tunisie, après l’indépendance de ces En 1974, on fit appel de nouveau deux pays, furent affectés en Algérie aux derniers anciens officiers des AMM dans le renseignement et l’action psyencore en service pour les affecter chologique où ils connurent de remarcomme professeurs d’arabe dans les quables succès comme en témoignent écoles militaires. Il leur était promis de très nombreuses citations. Le besoin d’achever leur carrière au grade de de cadres de cette colonel. On s’était spécialité était aperçu tardivement tel que beaucoup d’ofque l’absence d’offi« Si torjman » ficiers de réserve des ciers des AMM cauAMM, tous volonsait, depuis 1964, un M. l’interprète, taires, furent rappelés grand vide dans la tel était leur nom. sous les drapeaux et composition et les « Les actions souvent maintenus par missions de nos périodes de plusieurs armées. d’éclats qu’ils ont fois six mois. Officiers Ce Corps avait accomplies, de réserve ou officiers été dissout, le l’ont été dans en retraite, plusieurs 10 octobre 1961 d’un d’entre eux furent la gouvernemental trait le cadre des unités cible d’attentats et de plume et inséré auxquelles même d’assassinats de dans le Cadre ils étaient affectés » spécial des troupes la part de rebelles terroristes : ces dispensamétropolitaines avant teurs de fraternisation d’être totalement supétaient intolérables primé le 1er mars 1964. pour l’adversaire, FLNA. « Les interprètes militaires » En 1962, le choix fut laissé aux d’abord, les « officiers des Affaires AMM d’opter pour différentes possibiMilitaires Musulmanes » ensuite, brillités d’avenir. Certains, restant dans lants organisateurs et auxiliaires l’armée, (armes, cadre spécial, intenappréciés du commandement, ont aussi dance, gendarmerie ou services spéété présents sur tous les champs ciaux) firent des carrières normales et de batailles, depuis la Campagne fournirent plusieurs généraux (dont le d’Egypte à nos jours (Algérie, premier général inspecteur du Cadre Tunisie, Maroc, Guerres mondiales, spécial et, in fine, un général de corps Indochine, Madagascar, etc.). d’armée). Certains s’orientèrent sur les « Les actions d’éclats qu’ils ont accomAffaires étrangères, quatre d’entre eux plies, l’ont été dans le cadre des unités terminant ambassadeurs, dans le grade auxquelles ils étaient affectés » comme de ministres plénipotentiaires au le rappelait le colonel Jean Franchi Moyen-Orient. D’autres furent chargés (1904-1964), leur dernier chef de corps. de missions délicates (récupération d’otages au Tchad, au Liban, en Iran ou au Yémen, action auprès de populations Kurdes, etc.). Les Services Spéciaux accueillirent beaucoup de ces spécialistes du renseignement, en France ou à Texte rédigé par un groupe l’étranger, jusqu’à des postes de direcd’anciens Officiers du Corps des AMM : tion. Le SGDN fut friand de ces « éruM. BEHM, J. BUTEL, A. BOUDOTdits » pour la « couverture » du monde LAMOTTE, Ch. JEANTELOT, E. EALET arabo-musulman. D’autres, partis dans L’Épaulette n° 173 • avril 2011 •
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(une promotion portera le nom du lieutenant Marcel Missoud, tombé au champ d’honneur le 13 mai 1940 dans les rangs du 5° RTM à Gouy, près de St Quentin dans l’Aisne). A la reprise des campagnes de la Libération, à partir de 1942 / 1943 (Tunisie, Italie, France, Allemagne), beaucoup d’entre eux se distinguèrent par leur courage et leur allant et furent cités à l’ordre des armées. (le lieutenant Costes, tué sur mine en 1943 à Zarzis, Tunisie, donnera son nom à la promotion sortant cette même année). Quant au capitaine Nésa (futur général), se trouvant en métropole en 1942 - 1943 sur les contrôles de l’Armée d’armistice, il avait réussi à monter un réseau d’évasion de militaires nord-africains prisonniers de guerre. Arrêté par la Gestapo, il fut déporté à Buchenwald et Eisenberg et rapatrié en mai 1945. Ces officiers accompagnèrent aussi les unités nord-africaines en Indochine, participant à leurs peines et à leurs combats et occupant trois postes aux étatsmajors de Saïgon, Hué et Hanoî. Plusieurs y furent blessés. Le lieutenant Megdouri y mourut. Le lieutenant Jeantelot (futur ambassadeur), blessé et capturé dans un bataillon au Tonkin, le 3/1 RTM, survécut à sa longue captivité dans les camps de la mort du Vièt Minh. Le décret de 1938 était resté très exigeant sur la qualité des officiers AMM. Outre le concours d’entrée, ces officiers – les seuls dans l’Armée étaient astreints à un examen de franchissement de grade pour passer capitaines et commandants. En 1952, on ajouta, après le concours d’entrée, une année de formation militaire de base, avec brevet de chef de peloton, comme les saints-cyriens. Les deux années « d’application » – en fait d’études supérieures – en liaison avec la faculté
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> Le soutien psychologique dans les armées et ses « laissés pour compte »
Texte extrait de la Lettre Défense et République de janvier 2011, n°27 publié avec son aimable autorisation.
« Près de 20 % de nos soldats en activité souffrent de troubles psychologiques ». Le constat es dernières années, Américains et Britanniques ont publié des chiffres inquiétants sur les troubles psychiques de leurs soldats. Selon les statistiques militaires américaines, environ 20 % des soldats déployés en Irak souffrent du « syndrome de stress post-traumatique », or 50 % d'entre eux ne vont venu pas consulter. Entre le 1er octobre 2008 et le 30 septembre 2009, 160 soldats américains en activité se sont donné la mort. Combien « hors activité » ? Le taux de suicide dans l’armée américaine est devenu supérieur à celui du civil. En France, depuis la fin des années 1990, et notamment à la suite de la guerre en ex-Yougoslavie et de la multiplication des opérations extérieures, la « Grande Muette » se réforme, mettant en place un dispositif de prévention des troubles psychologiques. Les militaire reconnaissent les lacunes passées dans la prise en charge des atteintes psychologiques au sein de l'armée de terre. Nous semblons découvrir qu’une confrontation armée occasionne des blessures bien plus graves que celles physiques. Une blessure par balle peut se réparer mais une blessure psychique peut détruire irrémédiablement le meilleur et le plus entraîné des combattants. Les troubles psychiques ne sont pourtant pas apparus en ce XXIème siècle et les états-majors connaissent leurs effets dès la première guerre mondiale. Bien qu’aucune comptabilité des blessés psychiques de la première guerre n’ait été effectuée en France, en Grande-Bretagne, en Russie ni en Italie, une évaluation anglaise rétrospective fixe à 4 pour 1000 par an les blessés psychiques et précise que le nombre des pensionnés pour troubles psychiques de guerre s’élevait encore en 1939 à 120 000 hommes soit 15% du total des pensionnés de guerre. Seuls les Etats-Unis ont effectué une étude précise sur leurs cas psychiques : 69 400 sujets traités pour troubles mentaux, avec 36 000 hospitalisés d’avril 1914 à la fin de la guerre, soit un taux de 28 à 14 pour mille par an.
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Film époustouflant réalisé par Gabriel Le Bomin, en 2006, sur les traumatismes psychiques causés aux soldats de l’aprèsguerre de 1914-1918. Un hommage est rendu au travail remarquable des médecins psychiatres des armées sur fond des bandes originales de l’ECPAD.
Pour s’endurcir, il faut soumettre le corps à beaucoup d’effort et de fatigue, et s’habituer à résister à tout ce qui peut l’affecter, quelque rudement que ce soit. Arthur Schopenhauer, philosophe allemand.
Lors du début de la Deuxième Guerre mondiale les Anglais découvrent que la majorité des cas psychiques reçus à l’hôpital de campagne de Dieppe avant d’être évacués sur l’Angleterre étaient des malades mentaux avérés, névrosés (50%), voire psychotiques (30%) et épileptiques (3%) qui n’auraient jamais dû être incorporés si une sélection efficace avait été mise en place. La sélection psychologique ne sera instaurée qu’en octobre 1940 pour la troupe, et seulement en début 1941 pour les officiers. La sélection psychologique dans les armées La Défense, mais au-delà la nation toute entière, a des devoirs vis-à-vis de militaires susceptibles d'engager ainsi leur vie sachant que 30.000 jeunes rejoignent chaque année les armées et qu'autant les quittent. Ce va et vient impressionnant estperceptible aux vues des nombreuses publicités télévisées visant à incorporer de nouvelles recrues. Cela s’explique parce que l’armée de terre a des difficultés à fidéliser ses engagés volontaires qui constituent la majorité
des combattants envoyés dans des OPEX. Par ailleurs, l’armée de Terre constate qu'un jeune qui s'engage sur quatre s'en va dans les six premiers mois. L'état-major souhaiterait ramener ce chiffre à 15%. Si la tendance est générale, elle connait de grandes différences selon les régiments et les périodes, sans qu'il soit possible d'établir les causes exactes de ces différences. Dans ces conditions peut-on réellement penser que la sélection psychique est prise en compte ? Ce n’est plus une priorité. Dans les régiments le mot d’ordre est de préserver le combattant pour qu’il ne quitte pas prématurément l’institution. La formation psychologique en est obligatoirement atténuée. Les limites personnelles ne sont plus autant repoussées qu’elles devraient l’être lors des formations initiales et durant les années suivantes. Pour préserver la préparation technique des OPEX, qui sont, à l’heure actuelle, bien moins violentes psychologiquement que celles que nos anciens ont connues, les jeunes volontaires aujourd’hui, n’assurent même plus la garde dans nos casernes ! L’externalisation des services est un faux prétexte. Les relèves traditions « au carré »
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ayant participé aux récentes OPEX qui souffrent de problèmes psychologiques est la même qu'aux États-Unis. En revanche, le nombre de suicides dans l'armée reste chez nous inférieur à celui des civils ». Dans l’armée certes, mais après ? Pour les seuls chiffres de la guerre des Malouines opposant l’Argentine à la Grande Bretagne en 1982, 649 soldats argentins sont morts au combat et plus 460 se sont suicidés après guerre alors qu’ils étaient retournés dans le civil. 12 vétérans argentins se donnent la mort chaque année. Durant les vingt dernières années, 264 Britanniques ayant participé aux combats se sont suicidés alors que les affrontements ont tué 250 soldats de Sa Majesté. La guerre est finie depuis 1982, mais elle continue de tuer. Ces chiffres étonnants doivent nous interpeller sur le devenir de ceux qui ont combattu pour le drapeau, de ceux qui ont vécu le traumatisme de l’Indochine et de l’Algérie, les atrocités du Rwanda, des violences vécues dans les pays africains, de ceux qui ont souffert des dégâts des mines au Cambodge, de ceux qui ont accompagné leur camarade dans leur dernière demeure. L’Afghanistan n’est pas le seul pays où des militaires français meurent ou sont morts au combat. En France aucune étude n’est menée sur les traumatismes psychologiques issus d’opérations armées et dont les effets se déclarent après avoir quitté l’institution militaire. Les mesures prises de soutien psychologique, quelles que soient les raisons invoquées, représentent toutefois une nette amélioration de l’intérêt que l’on porte à nos soldats. Ils le méritent bien mais les grands oubliés sont ceux qui ont combattus et qui sont dans le civil des laissés pour compte. Une étude de détail et un grand débat national mériterait d’être conduit par nos décideurs politiques. Faire la guerre peut être une nécessité, en contrôler les conséquences dans le temps est un devoir Le rédacteur en chef pour tous. de la revue Défense et République n°27
AUX FUTURS AUTEURS DE L’ÉPAULETTE > Quelques consignes pratiques ! Adressez vos projets d’articles à L’Épaulette de préférence sous forme de fichiers informatique type Word, au format RTF (lepaulette@wanadoo.fr). Il est demandé que les projets ne dépassent pas trois pages de la revue (soit 3000 signes/page) iconographie à ajouter. Adressez des illustrations, soit sous forme de tirages photos couleurs, soit sous forme de fichiers numériques, format jpeg, définition de 300 pixels/cm. L’envoi de textes et ou d’illustrations à L’Épaulette vaut acceptation par l’auteur de leur reproduction et de leur publication sans droits. La rédaction > Nous recommandons aux futurs auteurs, de bien vouloir signer leurs articles et de compléter ceux-ci du nom de leur promotion.
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ne se font plus, les deux heures de garde dans lacunes de sélection et d’entraînement. Il un froid glacial ne forment plus le moral du s’avère être indispensable non pas face au soldat. Les effectifs sont absolument préser- traumatisme engendré par le caractère viovés pour diminuer les 25% de départs dans lent des combats, mais à cause de la poliles six premiers mois et pour inciter le mili- tique de recrutement actuelle, privilégiant la quantité à la qualité des recrues pour taire du rang à rester dans l’armée huit ans. Un reportage télévisé diffusé en jan- « cause budgétaire ». Les militaires, s’ils vier 2010 sur une chaîne nationale va sont bien préparés techniquement, restent jusqu’à présenter la formation initiale dans fragiles psychologiquement dans la durée. un régiment parachutiste, le 1er RCP, où le Pour pallier à cette faiblesse nos soldats téléspectateur a la surprise de voir l’ins- bénéficient au retour d’Afghanistan d’une tructeur donner une pause à une jeune « remise en condition psychologique » à recrue, une mère de famille, pour lui per- Chypres. Il s'agit, selon le Service de mettre de téléphoner à sa fille. La jeune Santé des Armées, « de constituer un sas mère reconnait au journaliste que sa fille entre un environnement hostile, où le risque de mort est prélui manque, alors qu’elle gnant au quotidien et un doit se former au difficile Le lieutenantenvironnement social et métier des armes, « où elle familial dans un pays en est censée se former psycolonel Marchand paix. C'est un temps chologiquement à combatà la tête de intermédiaire pour qu'ils tre ». Sa situation famila cellule puissent se reposer, et liale était il y a encore dix psychologique de pour éviter qu'ils soient ans, incompatible pour totalement décalés à prétendre incorporer un l'armée de Terre leur retour, au grand régiment opérationnel. reconnait effarement de leurfaL’interview autorisée par d’ailleurs avoir milles ». Ce dispositif les militaires ne peut rencontré un ancien remarquable complète qu’inciter des cas simila longue période de laires à s’engager, donc à d’Algérie préparation des forces recruter des volontaires souffrant des avant leur départ en fragiles que les Chefs de troubles liés à son opérations. Il aurait été corps auront pour obligation de préserver. Dans ce engagement armé. en effet utile depuis bien longtemps. Le lieutecontexte de crise d’incornant-colonel Marchand poration et de cette guerre à la tête de la cellule pour le maintien des effectifs, la sélection psychique n’a évidement psychologique de l'armée de Terre reconpas la place qui devrait lui revenir. Les nait d’ailleurs avoir rencontré un ancien limites personnelles à repousser pour bien d’Algérie souffrant des troubles liés à son se préparer n’ont de même pas leur place engagement armé. dans l’entraînement psychologique de nos troupes. La sélection et la préparation psy- Les lacunes les plus graves Avec cet ancien d’Algérie, le problème chologique sont gommées au profit de la préparation technique, qui est en revanche du suivi psychologique après avoir quitté l’uniforme se pose. Combien de combaten constante amélioration. tants qui sont repartis dans le civil sont atteints de troubles psychologiques ? La prise de conscience Le dispositif de prévention des trou- Selon le lieutenant-colonel Marchand, bles psychologiques tend alors à pallier les « La proportion de militaires français
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HISTOIRE > Cet article est publié avec l’aimable autorisation de La Sabretache.
Les batailles des plaines d’Abraham (suite et fin) e chevalier de Lévis, remplaçant de Montcalm, qui était en mission à Montréal en septembre, et qui considère qu’il « est inouï que l’on rende une place sans qu’elle soit attaquée ni investie », obtient du gouverneur de monter une opération pour reprendre la ville. Pour cela, il lui faut d’abord battre les Britanniques qui l’occupent et ensuite espérer que la métropole enverra la flotte de secours qui confortera ce succès. Entré dans l’armée à 15 ans en 1735, le chevalier de Lévis a, depuis, participé aux campagnes menées par la France en Europe, en s’illustrant à de nombreuses reprises. Arrivé en Nouvelle-France avec le marquis de Montcalm, il a confirmé ses qualités d’organisateur et de chef de guerre. Après la victoire de Carillon, le roi l’a nommé maréchal de camp en octobre 17581. Il dispose de 4 200 soldats dont un grand nombre originaires du Canada. Vaudreuil, avec lequel ses relations sont plus détendues que celles qu’a entretenues le gouverneur avec Montcalm, contribue à inciter des colons ou des miliciens à s’engager pour la durée de la guerre. Ce qui permet à Lévis de disposer de 3 000 hommes de plus. Pendant six mois, il organise et entraîne son armée en intégrant au mieux les volontaires. La population collabore à cet effort en nourrissant et logeant la troupe et en participant à la préparation matérielle de l’expédition. Elle sait que son avenir dépend de son succès. Précédé par deux cents cavaliers, aux ordres de La Rochebeaucourt le corps expéditionnaire embarque le 20 avril 1760 sur deux frégates et de nombreuses barques dont certaines de fabrication récente…Après une semaine de navigation ou de progression difficile en raison de la neige, de la tempête et de l’ennemi qui détruit les ponts et multiple les embuscades, le gros des troupes, précédé par les reconnaissances de Bourlamaque et des Amérindiens de Saint-Luc, arrive dans la région de Sainte-Foye le 27 avril au soir. Après une nuit pluvieuse passée sur les positions atteintes, l’armée de Lévis, dissimulée dans le bois de Sillery2 , récupère un peu en fourbissant ses armes. La topographie des lieux impose, pour prendre Québec, d’intervenir sur les Plaines d’Abraham. Mais, cette fois-ci,
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les rôles sont inversés. Le jour se lève, ce 28 avril, sur un sol couvert de neige fondue.
L’attaque anglaise
Les troupes anglaises qui occupent Québec sont placées sous le commandement du général James Murray. Celui-ci, comme Lévis, a commencé sa carrière militaire à 15 ans. Il a pris part à la guerre de Succession d’Autriche, a été grièvement blessé à Ostende, en 1745, et s’est distingué à Lorient en 1746. Il a participé, aux côtés de Wolfe, à la tête d’un bataillon, au siège de Louisbourg, en 1758, avant de prendre part, en 1759, à la première bataille des Plaines d’Abraham en commandant le centre du dispositif britannique3. Comme Montcalm, quelques mois plus tôt, Murray, choisit de quitter l’abri des remparts. Mais il hésite sur le type de combat à mener ensuite : engager celui-ci aussitôt ou se retrancher sur la butte à Nepveu proche de la ville, et mener un combat défensif en attendant mieux. Son appréciation de la situation et de la valeur présumée de l’ennemi, ajoutée au souvenir du succès récent des unités anglaises, auquel il a contribué, et à l’état du sol gelé peu propice aux travaux d’enfouissement, lui font choisir l’offensive. Il est vrai que, contrairement à Montcalm en septembre, il dispose d’une artillerie redoutable, composée de 22 canons. Lévis n’a que trois canons ainsi que les échanges initiaux l’ont indiqué. Murray donne l’ordre d’abandonner les outils. La parole est aux fusils. L’armée anglaise prend l’articulation prévue en vue du combat4. Murray fait avancer sa ligne lentement. Il laisse au passage une centaine d’hommes autour de la redoute, baptisée
Wolfe, pour couvrir la retraite de son armée si besoin est. La ligne anglaise, impressionnante, s’étend du nord au sud, du chemin de Sainte-Foy aux falaises du Saint-Laurent. Lévis est encore à l’entrée ouest des Plaines d’Abraham, le dos au bois de Sillery. Lors d’une reconnaissance avec Bourlamaque, au lever du jour, il a constaté que les Anglais avaient des velléités de terrassement, ce qui lui convenait parfaitement pour laisser récupérer un peu ses hommes, débarquer du matériel au Foulon et le transporter sur Abraham, en particulier des pièces d’artillerie. Le changement d’attitude ennemi ne lui échappe pas. Il donne l’ordre aux brigades de quitter l’abri du bois de Sillery et d’atteindre les hauteurs d’où on aperçoit les mouvements ennemis. Elles prendront à ce moment-là le dispositif prévu5. Les avant-gardes, qui ont établi sur la crête des postes avancés, entre le moulin Dumont, au nord, et les redoutes, au sud, doivent couvrir cette mise en place. Ces avant-gardes sont constituées de dix compagnies de grenadiers dont cinq combattent dans le secteur du moulin Dumont aux ordres du capitaine d’Aiguebelle, les cinq autres s’échelonnent jusqu’aux redoutes. Ce sont ces avant-gardes qui subissent la première attaque britannique tant au nord, au moulin de Dumont, où d’Aiguebelle est rapidement aux prises avec l’infanterie légère du major Dalling, qu’au sud où les redoutes sont la cible des Rangers de Hazen et des Volontaires du capitaine MacDonald. Les bataillons Royal-Roussillon et Guyenne, qui constituent la 1re brigade, et doivent former l’aile droite du dispositif français, atteignent rapidement le plateau. Par contre la progression des autres
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bataillons, en colonne pour aller occuper leur position, est plus laborieuse. Décidé à brusquer les choses, Murray, arrivé « à portée de mousquet » de l’avant-garde française, engage le combat avec celle-ci. Déjà, au nord, Dalling et son infanterie légère attaquent le moulin de Dumont défendu par les grenadiers. Au sud, les Rangers de Hazen et les Volontaires de MacDonald, font de même contre les redoutes. Les combattants français des avant-postes se battent avec énergie pour donner le temps aux régiments de se déployer. C’est alors que Murray déclenche sa redoutable artillerie. Ce bombardement éprouve les unités françaises, en particulier les troupes de la colonie, qui doivent entrer dans le dispositif à l’aile gauche et constituent la 4e brigade. Les deux bataillons de Berry, prévus pour combattre au centre du dispositif et formant la 3e brigade, subissent également des pertes. La progression de ces unités en est freinée. La réaction de l’avant-garde est tributaire de cette situation. Au sud, les bataillons étant arrivés, les grenadiers de l’avant-garde décrochent lentement de la zone des redoutes. Par contre, au nord, les bataillons étant retardés par le tonnerre de feu qui s’abat sur eux, les cinq compagnies de grenadiers défendent avec une énergie farouche le moulin Dumont qui change plusieurs fois de mains. Elles sont pourtant obligées de commencer à décrocher avant l’arrivée de la 5e brigade, engerbant La Sarre et Béarn, qui devait occuper l’aile gauche. Lévis, constatant que sa gauche est en péril et que l’ensemble de son dispositif risque d’être débordé, donne l’ordre aux troupes déjà en ligne à droite de se replier progressivement jusqu’aux lisières du bois de Sillery. Elles doivent se rétablir et
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donner un coup d’arrêt à l’adversaire à partir de cette ligne afin de permettre à l’ensemble des unités de reconstituer un front uni et de reprendre ensuite leur marche en avant dans de meilleures conditions. Le courage et l’allant de ses troupes ne laissent pas le temps à Lévis de rétablir son dispositif. En effet, alors que les brigades de droite et du centre se mettent habilement à couvert, le fidèle Bourlamaque chargé de transmettre cet ordre à l’aile gauche est atteint par un boulet qui abat son cheval, le blesse à la jambe et provoque son évacuation. Les unités de gauche, La Sarre et Béarn, qui étaient les dernières à parvenir à leur zone de mise en place et n’étaient pas encore complètement déployées, ne sont donc pas touchées par l’ordre de conduite. Voyant le centre se replier, elles hésitent sur la conduite à tenir. Le lieutenant-colonel Dalquier, commandant la 5e brigade, bien que blessé lui-même, choisit d’accélérer sa mise en place afin de se porter à la rescousse des grenadiers en mauvaise posture, face aux Ecossais qui chargent à l’épée et à la dague. Les grenadiers font alors volte-face et la charge anglaise vient se briser sur le front uni des trois unités franco-canadiennes. Lévis, pragmatique, constatant que Bourlamaque n’a pu remplir sa mission, entérine la contre-attaque de l’aile gauche, et au galop, sous la mitraille, accourt en assurer la conduite et en coordonner l’effort avec celui des autres brigades. Leur courage décuplé par la satisfaction de servir sous de tels chefs, les combattants de La Sarre et de Béarn unissent impétueusement, à la baïonnette, leurs efforts à ceux des grenadiers. Les corps à corps dans le moulin sont effroyables, jusqu’à ce que le secteur devienne tacitement une sorte de no man’s land pendant une heure. Mais, progressivement, l’énergie du corps de Dalling dont l’attaque a été stoppée, s’émousse. Il faiblit, cède soudain, puis est repoussé. Avec une impétuosité où la rigueur des réguliers le dispute à la furia des soldats formés à la canadienne, les grenadiers et fantassins français, épaulés par les miliciens dont les unités ont été intégrées aux troupes réglées, dispersent littéralement le corps britannique en reprenant le moulin et en faisant éclater l’unité ennemie vers le centre du dispositif de Murray, bousculant le 15e Amherst et le 58e Anstruthers qui se portaient à la rescousse. Simultanément, Lévis, pour aérer la portion centrale de son dispositif un peu trop resserré, fait exécuter à l’ensemble, qui a repris au pas de charge sa position avancée, un mouvement vers la droite où les Tuniques Rouges effectuent également un effort avec le 47e Lacelles et le 78e Highlanders. Ce qui rétablit le dispositif français et le consolide favorablement, sur l’ensemble du champ de bataille. Aussi, Lévis peut-il, malgré la mitraille, parcourir au galop, le front de ses brigades, rangées en bataille, « son chapeau
sur la pointe de son épée6» , avant de se placer au centre, légèrement sur la droite et de donner le signal de la contre-attaque générale.
La contre-attaque française
Surprise chez les Anglais, qui, trompés par le recul stratégique des Français, croyaient leur adversaire en déroute et partaient allègrement à sa poursuite vers les bois, le 2e bataillon du Royal American (60e), le 48e Webb et le 43e Kennedy donnant le ton au centre du champ de bataille. Ce faisant, en déséquilibre, ils abandonnent leur position privilégiée et perdent l’avantage incomparable du soutien feu de leur artillerie. Leur déplacement intempestif, en les plaçant sur les réceptacles repérés des canons, perturbe leurs artilleurs et les réduit, par prudence, en partie, au silence. De plus, les artilleurs, pour s’efforcer de continuer à être en mesure d’appuyer leurs troupes, ont également quitté leurs emplacements de batterie favorables et les canons s’enlisent dans la neige, la boue et l’eau ; leurs munitions en souffrent. Cette situation est aggravée par l’éclatement de l’aile droite de Murray dont les canons sont abandonnés par les servants. Par contre, les trois petites pièces de campagne des Français, qui avaient été tractées avec difficulté par les hommes au cours de l’expédition, « n’ont cessé de faire feu sur les troupes angloises pendant la durée de l’action et ont été d’un grand secours »7.Il est vrai que les « canonniers-bombardiers » français qui servaient ces pièces avaient été choisis parmi les meilleurs grenadiers des bataillons et représentaient donc l’élite des soldats des troupes réglées8. Aussitôt, les régiments et les milices, qui ont retenu la leçon, foudroient leurs adversaires et les débordent progressivement. Le corps à corps est terrible, toujours, ici aussi, à la baïonnette et au couteau. Les bataillons du Berry qui ont réussi leur conversion vers la droite fixée par Lévis, épaulés par les bataillons des troupes de la colonie, chargent les unités britanniques qui, alignées réglementairement, « à l’européenne », comme à la parade (au départ), présentent leur flanc. Seule la 2e brigade, dite « de La Reine », composée de ce bataillon et du Languedoc, « n’a pas eu autant de part à cet événement qu’elle aurait dû »9. Sa position au moment décisif, « suite à un ordre mal rendu par un officier qui fut tué ensuite », ne lui permet pas d’intervenir utilement. M. de Repentigny, commandant le bataillon de réserve, composé des milices de Montréal et de Trois-Rivières, constatant le vide créé par le décalage de La Reine, engage son bataillon, avec l’aval de Lévis dans le créneau dangereusement découvert entre les deux grandes unités régulières10. La Reine le remplace tacitement dans sa mission d’unité de réserve. Seule l’unité de Canadiens adaptée à La Reine, aux ordres de De Laas, ne •••
HISTOIRE
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Le Chevalier de Lévis, vainqueur de la bataille de Sainte Foye, fantassin français de la Reyne, et soldat de Bourgogne. Les étendards de La Reine et du bataillon de Bourgogne.
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HISTOIRE Le général anglais James Murray, un cavalier français.
Les batailles des plaines d’Abraham
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Les étendards de Guyenne et du Royal-Roussillon.
passe pas en réserve et participe à la suite des combats aux côtés de la 1re brigade. Pendant trois heures la bataille est dantesque. Le combat à l’aile droite française atteint en intensité celle entretenue par la 5e brigade avec La Sarre et Béarn, aux côtés des grenadiers, à l’aile gauche. La 1re brigade, avec Guyenne et RoyalRoussillon, enlève les deux redoutes. Lévis, profitant de cet avantage, occupe le secteur avec le Guyenne et propulse le Royal-Roussillon sur le flanc gauche du colonel Fraser, déjà bien émoussé. Chargeant à la baïonnette, les hommes de Poulhariès culbutent le 28e Bragg. Ils sont appuyés pour cela par les Canadiens de De Laas, et par les miliciens qui en couverture, en « caponnière »11 , dans le bois, au- dessus du Saint-Laurent, créent par leurs tirs précis des pertes sérieuses aux Tuniques Rouges. Dans un effort désespéré, Murray engage sa réserve. Il envoie le 35e Otway épauler vainement son aile droite désagrégée. De même, le 3e bataillon du Royal American est totalement impuissant à stopper l’avance de la 1re brigade de Lévis sur son flanc gauche. Les deux ailes anglaises s’écrasent vers le centre sous les coups de boutoir de la furia francese. Et soudain, la ligne anglaise cède. Murray ordonne la retraite pour éviter d’être totalement encerclé. Rapidement elle « devient générale sur toute la ligne ». C’est une débandade pire que celle qu’ont connue les Plaines d’Abraham l’année précédente. « Les vaincus abandonnent tous leurs canons, munitions, outils, morts et une grande partie des blessés » Le terrain est couvert de flaques de sang « dilué dans l’eau et dans la neige ». Les Anglo-Américains sont poursuivis « avec beaucoup plus d’ardeur que les fatigues que les FrancoCanadiens venaient d’essuyer ne devaient le laisser espérer ». Il faut cependant relativiser car, ensuite, les vainqueurs étaient eux aussi tellement épuisés qu’ils n’avaient plus la force « d’enfoncer la baïonnette dans le dos des fuyards ». Après que Murray eut essayé vainement de rassembler ses troupes pour repartir au combat, les Anglais se replièrent en catastrophe derrière les murs de la ville sans que les hommes de la redoute Wolfe fussent en mesure de couvrir sérieusement leur retraite, avant d’évacuer leur position. Immédiatement après la bataille, Lévis fait occuper l’Hôpital général situé hors des murs de la ville. Il accueillera les blessés des deux camps.
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Québec 28 avril 1760 La seconde bataille : La Victoire oubliée ! Ayant récupéré les canons et autres matériels des Anglais, Lévis entreprend le siège de la ville. Pour lui comme pour Murray, il s’agit surtout maintenant de savoir quel sera le premier navire qui remontera le Saint-Laurent précédant la flotte qui fera pencher la balance dans un camp ou dans l’autre. Hélas, le 9 mai, les hourras des Britanniques sur les remparts saluent la frégate Lowestoff qui annonce l’arrivée de la flotte anglaise. La flotte française, éprouvée par le désastre des îles Cardinaux (Bretagne) n’était pas en mesure, à ce moment là, de faire face avec succès à la Royal Navy, ceci d’autant plus que l’essentiel des vaisseaux français disponibles avaient été réservés, avec l’aval du roi, aux campagnes européennes par le duc de Choiseul et par Nicolas Berryer, ministre de la Marine de Louis XV. La flotte de secours française, commandée par François de La Giraudais, a été obligée de se réfugier dans la baie des Chaleurs, au sud de l’entrée du SaintLaurent, et le Machault, atout principal de la flottille, sera coulé dans la baie de La Ristigouche. Lévis lève le siège dans la nuit du 16 au 17 mai et se replie sur Montréal. Comme cela est fréquent12, son indéniable victoire tactique, sera « oubliée »13, car incluse dans une défaite stratégique générale. Au cours de la seconde bataille des Plaines d’Abraham, les AngloAméricains ont perdu 1 124 hommes de tout rang : 283 tués et 841 blessés, sans compter les prisonniers. Les pertes des Franco-Canadiens, moins élevées, ont été de 833 hommes : 193 tués et 640 blessés.
La fin de la Nouvelle-France
En août, trois armées anglaises totalisant près de 20 000 hommes convergent sur la seconde ville de la NouvelleFrance. Après négociations, le marquis de Vaudreuil demande à Lévis de faire mettre bas les armes. Le général Amherst, commandant en chef des forces anglaises, refuse les honneurs de la guerre aux troupes françaises. Lorsque Lévis se présente devant lui, le 8 septembre, sèchement, il exige son épée. Le chevalier de Lévis, futur maréchal de France, dont les deux dernières batailles qu’il a conduites contre les Anglais à Montmorency et à Québec, se sont soldées par autant de victoires, tire son arme de son fourreau, la
brise sur son genou et en jette les morceaux devant le général britannique. Le lendemain à 8h du matin, Montréal, et avec elle la Nouvelle France, capitule. La guerre de Sept Ans en Europe ne se terminera que deux années après la « guerre de Conquête » menée par les Anglo-Américains en Nouvelle-France ; deux années au cours desquelles le régime militaire anglais gouvernera la province. Par le traité de Paris, signé le 10 février 1763, le Canada français sera cédé aux Anglais. Colonel (er) Gérard Saint-Martin14 ESMIA promotion Amilakvari (54-55) docteur en histoire 1 Lévis était sans doute, au cours de la guerre de Sept Ans, le meilleur stratège des généraux combattant en Amérique du Nord, toutes nations confondues. 2 Aujourd’hui disparu. 3 Nommé gouverneur de Québec à la fin de la Nouvelle-France, il se comportera avec équité envers les Canadiens français au point de mécontenter des marchands britanniques qui obtinrent son rappel en 1766. 4 Cf. carte-croquis 2. 5 Cf. carte-croquis 2. 6 Un tableau, véritable image d’Epinal, rappelle ce geste empreint de panache. 7 Lévis chevalier (de), Manuscrits du Maréchal de Lévis (12 volumes), Bibliothèque nationale du Québec, Montréal (Québec) tome 11, p. 234. 8 Ils avaient un sabre, arme des soldats d’élite, et non une épée, la crosse de leur fusil était garnie de laiton et non de fer. Ils portaient la moustache, comme les autres grenadiers, alors que les soldats du rang étaient rasés. 9 Lévis, Ibid., p. 233. 10 Il est regrettable que le cartographe, ou ceux qui l’ont conseillé, au retour en France, ait oublié sur la carte de cette bataille de mentionner l’existence de ce bataillon providentiel, ceci d’autant plus le colonel Simon Réaume, commandant des milices et figure emblématique de celles-ci, fut tué au cours du combat. 11 De côté. Engageant l’adversaire perpendiculairement à sa direction de progression. 12 En 1940, par exemple… 13 La Victoire oubliée est le titre de l’article consacré, en avril 2008, par le grand journal francophone canadien Le Devoir, au livre du colonel SaintMartin (N.D.L.R.). 14 Saint-cyrien, le colonel (er) Gérard Saint-Martin, de l’arme blindée cavalerie, a également publié, aux Éditions Économica, L’Armée blindée française, sur la période 1939-1945 (deux volumes) (1998-2000), ouvrage distingué par l’Institut de France. Il est également l’auteur, toujours chez Économica, de Québec 1759-1760 ! Les Plaines d’Abraham. L’adieu à la Nouvelle-France ? (2007).
> ERRATUM N°172 page 39 : En fin d’article, lire 250 ans au lieu de 200 ans.
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L’idée de la Journée Nationale du Souvenir fixée le 11 novembre s’impose naturellement. C’est un hommage à tous les combattants de la Grande guerre tombés en si grand nombre dans un conflit titanesque. Nous serions heureux que tous les morts pour la France soient honorés par les Français avec l’immense cortège de leurs anciens de 14-18. De même il serait souhaitable que toutes les mairies inscrivent sur leur monument aux Morts les noms des soldats tombés pour défendre au loin la sécurité et les intérêts de la France. Certaines mairies le font spontanément au bout d’un mois, d’autres 30 ans après sur l’insistance de fidèles compagnons d’armes, d’autres jamais par indifférence souvent, par négligence parfois, par opposition, vraisemblablement rarement.En décembre 2010, avec et au nom d’une vingtaine de Fédérations et d’Associations des trois armées et de la Gendarmerie, j’ai écrit au Ministre de la Défense pour lui proposer que le Président de la République instaure cette Journée Nationale du Souvenir. Nous n’avons pas de
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ans une année qui passe trois grandes dates s’imposent aux Français, le 14 juillet, le 11 novembre et le 8 mai. Elles représentent la fête de la République et les dates anniversaires des victoires de la première et deuxième guerres mondiales. Un hommage particulier est rendu aux morts lors des cérémonies des 11 novembre et 8 mai. Les intentions s’adressent au Soldat Inconnu de l’Arc de triomphe qui représente à lui seul tous ceux qui sont tombés pendant le conflit si meurtrier de 1914-18. Qu’en est-il de tous ceux qui sont tombés sur les théâtres d’opérations extérieures depuis un siècle ? A quel moment sont honorés au niveau national tous ceux qui sont morts en Indochine et en Algérie, dans le Maghreb en général, les guerres extérieures les plus sanglantes ? Que dire des dates de recueillement pour tous les soldats, marins et aviateurs comme gendarmes morts pour la France depuis 50 ans ? 50 ans déjà que depuis la décolonisation des hommes tombent pour la France dans le but de remplir des missions fixées par les autorités politiques qui se succèdent. La liste est longue des pays ou des soldats sont tombés : au Tchad dès la fin des années soixante et ensuite tout au long de cette période mais aussi au Zaïre, en République Centrafricaine, au Rwanda, en Somalie, et plus récemment en Côte-D’ivoire. Le Liban dès 1978 que ce soit dans le sud ou dans la capitale dans une série d’engagements mortels. Il en est de même au loin, en Nouvelle Calédonie ou au Cambodge, ici sous les couleurs de l’ONU, sans oublier l’Irak de la première guerre du Golfe. L’Europe, durant toute la décennie 90, avec la Bosnie, la Croatie, le Kosovo, où les armées ont subi des pertes humaines se chiffrant à plusieurs dizaines d’hommes. Cette énumération n’est pas exhaustive, hélas. Au moment où j’écris 53 hommes ont été tués en Afghanistan et nous sommes nombreux à nous demander à quel moment les Français se recueillent-ils pour tous ceux qui sont tombés pour la France loin de la métropole. La question n’est pas posée seulement par certains anciens combattants de l’Indochine et de l’Algérie mais très clairement par les « jeunes » anciens combattants qui sont « générés » chaque année et jusqu’à maintenant dans les différents conflits ou opérations. J’insiste sur ce point, ces « jeunes anciens combattants » ont entre 20 et 65 ans et appartiennent ou ont appartenu en grande majorité à l’armée d’activé dite aussi armée professionnelle depuis 1996.
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Il est temps que les Français se souviennent de tous les combattants morts pour la France dans des opérations extérieures depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
réponse à ce jour mais je souhaite vous faire connaître cette démarche qui manifestement correspond à une profonde, forte et légitime détermination. A vous tous, chers lecteurs, y compris les élus , de lui donner plus de souffle, plus de force car le plus tôt sera le mieux. Que l’on ne me parle pas de droite ou de gauche, ce n’est pas le sujet. Les donneurs d’ordre étaient les autorités légales de gauche ou de droite et personne - heureusement - n’a jamais demandé les idées politiques des officiers, sous-officiers, soldats, marins, aviateurs et gendarmes morts pour la France.Je me fais l’interprète de beaucoup de compagnons d’armes de ceux qui sont tombés pour répéter qu’il est temps que les Français se souviennent de tous les combattants morts pour la France dans des opérations extérieures.
LIBRES PROPOS
> La Journée Nationale du Souvenir
Général de corps d’armée (2S) Dominique Delort - Promotion Lt-colonel Brunet de Sairigné (67-69) président de la Saint-Cyrienne
> Restons unis sans renier la richesse de nos différences > Chaque année, une fois l’an démontrons notre unité et notre solidarité de soldat.
’entends ici et là, des appels à l’élévation de monuments et à la création d’une date de commémoration pour rendre hommage aux anciens des OPEX et à la quatrième génération du feu. Le besoin de reconnaissance et de rassemblement des militaires est dans l’ordre des choses. C’est tout en leur honneur, surtout quand la reconnaissance se fait rare. Mais tout cela devrait se faire avec le souci de rassembler largement en associant la population.
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L’important reste la cohésion, la fraternité et la solidarité Les associations d’anciens (de la section au régiment, voire davantage) occasionnent de sympathiques retrouvailles et font, probablement, la gloire de présidents qui restent sous le projecteur, près du micro et à la table officielle. Ce bonheur des multiples rassemblements fait aussi le malheur de l’ensemble. Il existe une capacité extraordi-
naire à sortir du chapeau des dates de commémoration qui s’empilent les unes sur les autres. Dans la durée de l’histoire militaire de notre pays, avec le cumul des crises, conflits, batailles et guerres, il est possible d’affirmer que chaque jour de l’année, des soldats sont morts. Ainsi, chaque jour de l’année, nous pourrions commémorer un événement de notre histoire. En l’état actuel des cérémonies, nous assistons à des rassemblements squelettiques qui se réduisent au fur et à mesure de la disparition des membres. Inévitablement, les derniers survivants d’une épopée sont moins bien accompagnés que les premiers. Quand, des années durant, cette épopée a été confisquée par un petit nombre, la situation est encore plus affligeante. Il faut raison garder et voir lucidement ce que représentent nos cérémonies patriotiques, autres que celles organisées dans les enceintes régimentaires. Il y a une masse de la population qui ne se sent pas concernée et brille par son absence devant les monuments aux morts, des élus présents par obligation, et un petit noyau d’anciens qui maintient la tradition et qui se recroqueville en pestant contre le désintérêt populaire. ••• L’Épaulette n° 173 • avril 2011 •
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VIE PRATIQUE DE L’ÉPAUVIE > Reférent pour les officiers d’active > Le lieutenant-colonel Jean-Marie Mosèle
Nouvelles carrières
Pourtant, trop de cérémonies tue la cérémonie. La dissémination des cérémonies d’associations, fermées sur leur épopée ou leur corps, ne permet pas d’élargir la participation et de marquer les esprits. Pour capitaliser notre passé militaire et combattant, il n’existe qu’une seule solution, simple, viable et pérenne. Elle est prônée, depuis quelques années, par un nombre croissant de voix, mais il faut s’en persuader et persuader l’ensemble des militaires et surtout des associations. La seule date qui vaille est le 11 novembre. Rien n’empêche une association de se réunir un jour précis de l’année pour sa propre cohésion, mais elle doit aussi se rassembler le 11 novembre. N’oublions jamais que les anciens de 39-45 honoraient, au plus haut point, cette date. Maintenant, que les poilus ont quitté physiquement la scène mémorielle des commémorations, il appartient à nos générations et aux plus jeunes, encore en activité, de s’approprier la date du 11 novembre. Que les jeunes soldats et les anciens des OPEX se rassemblent sur cette date. C’est incontestablement la plus symbolique de notre Histoire militaire. Elle est emblématique du sacrifice d’un peuple entier et des souffrances endurées. Choisir cette date, c’est aussi la meilleure solution de se débarrasser, enfin, du débat fratricide des dates de commémoration de la guerre d’Algérie. Surtout, ne laissons pas confisquer le 11 novembre par d’autres que nous, car tout est possible. Que cette date soit l’occasion de retrouver toutes les associations d’anciens combattants et de militaires autour de leurs drapeaux. Mais aussi et surtout que les familles sachent qu’après la Toussaint, qui les rassemble autour des morts de leurs familles, elles seront de nouveau ensemble pour le souvenir de tous les morts pour la France, en ayant une pensée pour les soldats en activité. Un jour unique de rassemblement national pour marquer la reconnaissance à nos morts, à tous ceux qui ont servi la France et qui la servent. Une date qui doit s’imposer aux yeux d’une population qui se détache de ses soldats, mais qui attend un signal fort. A nous tous de jouer sans arrière pensée et sans intérêt personnel. Tous pour une date et une date pour tous, partout où flotte notre drapeau. C’est un message qui concerne toutes les armées, les services et toutes les familles de militaires avec l’ensemble de la population. Alors, pour le 11 novembre 2011, chiche ! Général (2S) Raymond Kuntzmann promotion Plateau des Glières (69-70)
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e décret n°2010-1377 du 12 novembre 2010 a défini les modalités d’attribution de la Carte du Combattant aux OPEX. Celle-ci le sera en fonction des actions de feu ou de combat (…) qui se sont déroulées en situation de danger caractérisé au cours d’opérations militaires dont la liste sera fixée par un arrêté du ministre de la Défense. • Pour sa part, l’arrêté du 10 décembre 2010 définit les types d’opérations militaires constituant des actions de feu ou de combats par arme, réparties selon les opérations terrestres, navales ou aériennes. Le Service Historique de la Défense travaille sur la définition des listes d’unités reconnues combattantes, les territoires et les périodes concernées. • Rappelons que, sans attendre les parutions de ces listes relatives à l’attribution de la Carte du Combattant, les militaires ou ex militaires ayant servi en opérations extérieures peuvent - selon certains critères - obtenir leur Titre de Reconnaissance de la Nation. Ce dernier - outre qu’il leur permet de devenir ressortissant officiel de l’Office National de Anciens Combattants et des Victimes de Guerre (ONAC) - leur ouvre droit à constitution d’une rente mutualiste du combattant, subventionnée par l’Etat, non imposable, dont les versements constitutifs sont entièrement déductibles du revenu imposable, revalorisée chaque année par taux majorable légal, et dont le capital peut (selon l’option choisie) être reversé net d’impôt au bénéficiaire désigné.
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> Le corps des ingénieurs militaires
> Combattants des OPEX
La formation des futurs officiers du corps des ingénieurs militaires d’infrastructure (IMI) reposera sur un partenariat entre la Défense et l’Ecole nationale supérieure d’Arts et Métiers. nitié en 2005 avec la naissance du Ier Service d’infrastructure de la « Défense (SID), le nouveau corps des ingénieurs militaires d’infrastructure rassemble dorénavant, dans un corps unique, onze statuts différents d’officiers. Le SID assure le soutien infrastructure du ministère de la Défense. Il est l’interlocuteur pour les questions de construction, de maintenance et de gestion du patrimoine immobilier. Avec plus d’un milliard d’euros d’activités par an, il regroupe 4 300 agents. Le SID offrira des parcours de carrière homogènes et plus attractifs. Ces officiers exerceront des fonctions d’inspection, de contrôle, d’expertise, de coordination et de direction en métropole, outre-mer ou sur les théâtres d’opérations extérieures.
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Scolarité de 4 ans
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> Restons unis sans renier la richesse de nos différences
Les candidats seront recrutés selon trois modes : externe par concours (BAC+2 scientifiques) ; externe sur titre (BAC+5) ; et enfin par voie interne. La scolarité de quatre ans comprend une année initiale visant à former au métier d’officier, et trois années à l’école des Arts et Métiers d’Angers. Rémunérés et bénéficiant d’une scolarité gratuite, les élèves officiers ont l’obligation de servir l’Etat après l’obtention de leur diplôme à l’école des Arts et Métiers d’Angers. Rémunérés et bénéficiant d’une scolarité gratuite, les élèves officiers ont l’obligation de servir l’Etat après l’obtention de leur diplôme. Texte proposé par le commandant Christophe Achte - EMIA promotion Cadet de Cherchell (94-96)
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> Reférent pour les officiers sous contrat > le capitaine Rudy Labourel
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> Reférent pour les retraités > Le commissaire colonel Michel Botella
xtraits de la présentation des élèves OSC Guillaume Cheftel et Guillaume Kuhn du 4ème Bataillon des ESCC lors de l’assemblée générale de L’Épaulette du 5 février 2010.
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90 Officiers sous contrat -E (encadrement) : • niveau universitaire minimum Bac + 3, âge moyen 24 ans,10% filles, • durée 5 mois1/2 aux ESCC (niveau Chef de section) puis 3 mois en régiment et stage commando en juillet, • écoles d’armes avec les promotions sortantes Saint-Cyr et EMIA. 100 Officiers sous contrat - S (spécialistes) : • niveau universitaire Bac + 5, âge moyen 25 ans, 50% filles, • recrutés au titre de leur spécialité directement par l’organisme bénéficiaire (Corps de troupe, étatmajor, etc…), • 14 semaines aux ESCC (niveau CDG + « boite à outil » CDS) 60 Officiers sous contrat - P (pilote) : • niveau minimum Bac, âge moyen 23 ans, 10% filles, • sélectionnés pour leurs aptitudes de pilote, 50% ont déjà au moins une petite expérience aéronautique, • 14 semaines aux ESCC (niveau CDG + « boite à outils » CDS) puis formation de spécialité à l’EAALAT.
Biographie du parrain
Jean-Yves ALQUIER est né le 30 avril 1931 à La Rochelle dans une famille éprise de la France et qui lui a donné de nombreux cadres civils et militaires, Son parcours scolaire, à partir du niveau secondaire, se déroule à Paris. En 1952 il est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences po) A l’issue de cette formation il se rend à Londres pour étudier dans la très prisée London School of Economics et en sort diplômé en sciences sociales, en 1953. Ayant bénéficié d’un sursis pour achever ses études, il se trouve soumis aux obligations militaires. En 1953, il rejoint le 501e Régiment de chars de combat stationné à Rambouillet en tant qu’appelé. Il est désigné pour suivre le cours des élèves officiers de réserve. Il est affecté à l’Ecole d’application de l’arme blindée cavalerie à Saumur, à la fin de la même année. Déclaré titulaire du brevet de chef de peloton, il est muté, en 1954, au 1er Régiment de hussards parachutistes (RHP), installé à Tarbes, comme aspirant,
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Profil de la promotion
chef de peloton au 2e escadron. Le 1er novembre 1954, il est libéré de ses obligations militaires et admis dans la Réserve. Il retrouve Paris. Mais la situation en Algérie se dégrade et, en 1956, il est rappelé à l’activité militaire dans son ancien régiment avant de rejoindre, directement sur le sol algérien, le 8e Régiment de parachutistes coloniaux où il est chef du peloton de reconnaissance régimentaire. Il est nommé sous-lieutenant de réserve le 1er septembre1956.Le mois suivant, il retrouve le 1er RHP, également présent en Algérie, et est admis à servir en situation d’activité pendant six mois à compter de février 1957. Il est, dans un premier temps, désigné officier de renseignement à l’état major régimentaire et obtient des résultats remarqués. Il est cité une première fois, à l’ordre de la brigade, puis une seconde fois, à l’ordre de l’armée, en lieu et place de la première, à la suite d’une nouvelle action d’éclat. Cette citation lui vaut l’attribution de la croix de la valeur militaire avec palme. Dans un second temps, il est nommé chef d’une Section administrative spécialisée (SAS) et se fait remarquer par son action humanitaire en profondeur. Sa région est pacifiée au prix d’un engagement total. Il est cité une troisième fois en décembre 1957, à l’ordre de la division. Cette citation lui vaut l’attribution de la croix de la valeur militaire avec étoile d’argent. L’ensemble des actions de pacification, d’aide aux populations locales, d’éducation des enfants le marque très profondément et en fait un véritable héros pour les populations terrorisées par les cruelles attaques rebelles. Arrivant au terme de son contrat, il est une seconde fois libéré des obligations militaires le 1er août 1957. Il retrouve Paris et exerce la fonction de chargé de mission à la Présidence du conseil (aux affaires algériennes), durant l’année 1958. Mais des doutes s’installent en son for intérieur quant à la voie choisie par les autorités politiques, en particulier sur l’abandon des harkis. Il quitte Matignon au bout de quelques mois. Cette même année, il est également
es montants des pensions militaires d’invalidité et de la retraite du combattant vont être revalorisés, le gouvernement ayant officiellement fixé à 13,81 euros la valeur du point d’indice servant à leur calcul à compter du 1er janvier 2011. La retraite du combattant se chiffrera donc à 593,83 euros (soit 296,915 euros par semestre). • Rappelons que pour percevoir la retraite du combattant, il faut être titulaire de la carte du combattant laquelle est décernée par l’Office national des anciens combattants et victimes de Guerre selon certains critères d’attribution. Donc, faire personnellement la demande de carte et, l’ayant reçue, faire individuellement celle de la retraite du combattant. • Parallèlement, le relèvement de la valeur du point PMI a entraîné la revalorisation du plafond majorable de la rente mutualiste ancien combattant à hauteur de 1726 Euros.
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nommé lieutenant de réserve et le restera jusqu’à sa radiation des cadres en 1968. De 1959 à 1980, il est tour à tour membre du conseil économique et social, puis attaché à la présidence de la compagnie Saint-Gobain, au conseil de direction de plusieurs entreprises et effectue des missions de conseil dans le domaine des ressources humaines pour plusieurs pays étrangers. En 1980, Il est désigné comme auditeur de l’IHEDN avant d’exercer la fonction d’administrateur délégué du Centre européen de relations internationales et stratégiques en 1985. Il participe à la rédaction du « Livre Blanc de l’armée française en Algérie », dans lequel il défend la thèse de l’abandon des populations qui ont fait confiance à la France. Il décède en 2007. Le lieutenant Jean-Yves Alquier, passionné de ressources humaines et hautement diplômé en sciences sociales est un homme de conviction et de devoir qui est resté fidèle à ses engagements humanistes. Eprouvant le plus grand intérêt pour les questions militaires, stratégiques et politiques, son éthique de soldat est à citer en exemple aux jeunes générations La rédaction d’officiers. L’Épaulette n° 173 • avril 2011 •
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VIE PRATIQUE
> Augmentation des pensions militaires et des retraites du combattant
> Officiers sous contrat La promotion « Lieutenant Jean-Yves Alquier »
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Droit du travail
> Code des pensions militaires d’invalidité Redéfinition jurisprudentielle de la notion de blessure
ux termes de l’article 2 du code des pensions militaires d’invalidité « Ouvrent droit à pension : 1° Les infirmités résultant de blessures reçues par suite d’événements de guerre ou d’accidents éprouvés par le fait ou à l’occasion du service.... » Le Conseil d’Etat considère que, pour l’application de cette disposition, une infirmité doit être regardée comme résultant d’une blessure lorsqu’elle trouve son origine dans une lésion soudaine, consécutive à un fait précis de service. A l’occasion d’une activité d’entraînement physique un militaire avait été victime d’une entorse causée par une mauvaise réception au sol lors du franchissement d’un obstacle du parcours dit du combattant. Le ministre de la défense avait toutefois demandé l’annulation de l’arrêt d’une cour régionale des pensions qui a jugé que l’infirmité en cause doit être regardée comme résultant d’une blessure au sens des dispositions de l’article L 2 /1° du code. Le Conseil d’Etat a considéré que la cour régionale des pensions a pu légalement en déduire, sans faire état de l’action violente d’un fait extérieur, que l’infirmité en cause devait être regardée comme résultant d’une blessure, au sens des dispositions du code des pensions militaires d’invalidité. Aussi la Haute Assemblée a jugé que le ministre de la défense, qui ne soutenait pas que l’infirmité en cause était en réalité imputable à un état pathologique préexistant, n’est pas fondé à demander l’annulation de l’arrêt attaqué.
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Preuve de l’imputabilité au service du décès d’un militaire
ux termes de l’article L 43 du code des pensions militaires d’invalidité « ont droit à pension : 1°. Les veuves des militaires dont la mort a été causée... par des accidents ou suite d’accidents éprouvés par le fait ou à l’occasion du service » Le Conseil d’Etat considère que si une veuve ne peut prétendre au bénéfice de la présomption légale d’imputabilité, il lui incombe de rapporter la preuve de l’existence d’un lien direct et certain entre le décès de son conjoint et un fait précis. Un militaire ayant été mortellement blessé par balles alors qu’il quittait son
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INFO JURIDIQUES
domicile pour prendre son service, sa veuve a demandé l’attribution d’une pension qui a été refusée par le ministre de la défense, dont la décision a été confirmée par le tribunal et la Cour régionale des pensions au motif qu’elle ne rapportait pas la preuve d’une relation certaine et déterminante entre un ou des faits précis ou circonstances particulières de service et l’origine du décès de son conjoint. Le Conseil d’Etat, considérant que la Cour régionale des pensions n’a pu, sans commettre d’erreur de droit, juger qu’il incombait à la requérante d’apporter la preuve que l’origine du décès de son conjoint n’était pas détachable du service, a jugé que la requérante est fondée à demander l’annulation de l’arrêt attaqué. En conséquence, disant que la requérante peut prétendre à l’attribution d’une pension du chef du décès de son conjoint, la Haute Assemblée juge qu’il y a lieu de la renvoyer devant le ministre de la défense pour qu’il soit procédé à la liquidation de ses droits.
> Conséquences du classement d’un salarié en invalidité deuxième catégorie Incidence au regard du droit au travail
n salarié classé en invalidité 2eme catégorie par l’organisme social a été licencié pour inaptitude et impossibilité de reclassement après avoir fait l’objet d’un certificat médical du médecin du travail concluant à son inaptitude à tout poste. Une cour d’appel a dit que le licenciement était dépourvu de cause réelle et sérieuse et a condamné l’employeur à payer au salarié des sommes à titre de dommages-intérêts et d’indemnités compensatrices. La Cour de Cassation a considéré : • que l’avis du médecin du travail déclarant un salarié inapte à tout travail
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s’entend nécessairement d’une inaptitude à tout emploi dans l’entreprise • qu’un avis du médecin du travail ne dispense pas l’employeur d’établir qu’il s’est trouvé dans l’impossibilité de reclasser le salarié au sein de l’entreprise et le cas échéant au sein du groupe auquel elle appartient, au besoin par des mesures telles que mutations, transformations de poste de travail ou aménagements du temps de travail. Aussi, la juridiction suprême, a rejeté le pourvoi formé par l’employeur.
Incidence au regard de l’assurance chômage
ux termes de l’article L 5421-1 du code du travail : «...les travailleurs involontairement privés d’emploi, aptes au travail et recherchant un emploi, ont droit à un revenu de remplacement » Or l’article L 341-3 du code de la sécurité sociale dispose que les invalides classés en 2eme catégorie « sont absolument incapables d’exercer une profession quelconque. » Cependant la Cour de Cassation considère que la notion d’invalidité au sens de la sécurité sociale n’interfère pas sur la notion d’aptitude au sens du droit du travail et que les dispositions du code de la sécurité sociale sont sans incidence sur l’aptitude au travail des salariés au regard des dispositions du code du travail sur le droit au revenu de remplacement. D’ailleurs en disposant « le montant de l’allocation servie aux allocataires bénéficiant d’une pension d’invalidité de 2eme ou de 3eme catégorie, au sens de l’article L 341-3 du code de la sécurité sociale... est égal à la différence entre le montant de l’allocation d’aide au retour à l’emploi et de la pension d’invalidité. » le règlement d’assurance chômage UNEDIC reconnaît le droit au revenu de remplacement aux invalides classés en 2eme catégorie.
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> Situation des militaires engagés Conséquences de l'inaptitude physique en période probatoire
e statut général des militaires énonçant que nul ne peut être militaire s'il ne présente les aptitudes exigées pour l'exercice de sa fonction, le décret relatif aux militaires engagés dispose que le contrat d'engagement devra prévoir l'existence d'une période probatoire d'une durée maximum de six mois à l'issue de laquelle l'engagement deviendra définitif. Un militaire engagé ayant subi une
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> Recours administratif préalable des militaires Saisine obligatoire de la commission des recours des militaires
ux termes des dispositions de la loi du 30 juin 2000 et de son décret d’application du 7 mai 2001 les recours contentieux formés par les militaires sont, à l’exception de ceux concernant leur recrutement ou l’exercice du pouvoir disciplinaire, précédés obligatoirement d’un recours administratif préalable adressé à la commission des recours des militaires.
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Non renouvellement du contrat d’un gendarme adjoint volontaire
n gendarme adjoint volontaire a demandé directement à un tribunal administratif l’annulation de la décision par laquelle un commandant de région de gendarmerie a refusé de renouveler son contrat et l’a rayé des contrôles. Le juge administratif considère que la demande de renouvellement de contrat doit être regardéecomme ayant trait à la sortie du service et qu’en conséquence la décision de rejet du commandant derégion de gendarmerie ne concernant pas le recrutement aurait dû faire l’objet d’un recours administratif préalable.
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Aussi, le tribunal administratif a déclaré le recours contentieux de l’intéressé irrecevable.
Refus d’admission d’un gendarme adjoint volontaire en qualité de sous officier
n gendarme adjoint volontaire a contesté directement devant un tribunal administratif la décision par laquelle le ministre de la défense l’a informé qu’il n’était pas possible de réserver une suite favorable à sa demande d’admission en qualité de sous-officier de gendarmerie. Le juge administratif dit qu’en sa qualité de gendarme adjoint volontaire le requérant est, en vertu du statut général des militaires, un militaire d’activé servant sous contrat, et qu’en conséquence la décision de rejet du ministre de la Défense ne saurait être considérée comme une décision concernant le recrutement. Aussi, en l’absence de recours administratif préalable, le tribunal administratif jugeant la requête de l’intéressé irrecevable l’a rejetée.
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Refus d’indemnisation des préjudices subis par un officier injustement sanctionné
e ministre de la défense, sur recours administratifs préalables d’un officier, avait retiré, pour des motifs tirés de l’irrégularité de la procédure, des décisions lui infligeant une sanction disciplinaire et prononçant une mesure de déplacement d’office. L’intéressé a alors adressé des demandes en réparation des préjudices causés qui ont fait l’objet de décisions implicites de rejet qu’il a déferrées directement devant le Conseil d’Etat. La Haute Assemblée considère que la saisine de la commission des recours des militaires s’impose à peine d’irrecevabilité d’un recours contentieux, notamment quand ce recours tend à l’octroi d’une indemnité à la suite d’une décision préalable ayant lié le contentieux.. Aussi, constatant que cet officier n’établit pas avoir saisi préalablement la commission des recours des militaires s’agissant de la réparation des préjudices causés le Conseil d’Etat, a déclaré ses conclusions irrecevables et rejeté sa requête.
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> Liquidation de la succession d’un militaire retraité Effets de la nature juridique de la pension militaire de retraite sur la communauté entre époux > Premier cas
ux termes de l’article L 56 du code des pensions militaires de retraite dans sa rédaction issue de la loi du 21 août 2003 portant réforme des retraites les pensions de retraite sont cessibles et saisissables dans les mêmes conditions et limites que les salaires. Lors du règlement de la succession d’un militaire retraité, marié sous le régime de la communauté, un conflit a surgi entre sa veuve et un enfant issu d’une précédente union, en faveur duquel il avait disposé librement de ses avoirs bancaires issus de la perception de sa pension militaire de retraite. La Cour de cassation considère que si le titre d’une pension militaire de retraite, exclusivement personnel, constitue un bien propre par nature, les arrérages de cette pension sont des substituts de salaires communs aux deux époux. Aussi, la Haute Juridiction a jugé que les arrérages de la pension militaire de retraite étaient entrés en communauté et qu’en conséquence le militaire n’avait pu en disposer librement en faveur de son enfant.
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> Deuxième cas
a Cour de cassation considère que l’allocation d’une pension d’invalidité n’est pas destinée à compenser une perte de revenus, mais à réparer un préjudice résultant d’une atteinte à l’intégrité physique d’une personne, de sorte que cette pension présente un caractère exclusivement personnel et constitue un bien propre par nature. Lors du règlement de la succession d’un militaire retraité, marié sous le régime de la communauté, un conflit a surgi entre sa veuve et un enfant de celui-ci issu d’une précédente union en faveur duquel il avait disposé librement de ses avoirs bancaires issus de la perception de sa pension de guerre. La Cour de Cassation saisie par la veuve a jugé que les arrérages d’une pension d’invalidité, qui ne sont qu’une modalité de règlement de la réparation d’un préjudice résultant d’une atteinte à l’intégrité physique , constituent des biens propres par nature, et qu’en conséquence le militaire avait pu en disposer librement en faveur de son enfant. Aussi, la Cour a rejeté le pourvoi formé par la veuve de cet ancien militaire. La rédaction avec l’aimable collaboration de Maître Leleux, avocat à la Cour.
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INFO JURIDIQUES
blessure avant l'expiration de sa période probatoire, son comandant d'unité, s'appuyant sur un certificat médical établi par le service de santé des armées, a dénoncé son engagement. Un Cour administrative d'appel a considéré que dès lors qu'il est constaté, au cours de la période probatoire, qu'un militaire engagé ne remplit pas les conditions d'aptitude requise, l'autorité administrative est en droit de ne pas confirmer en engagement, sans qu'une obligation de reclasser l'agent dans un autre emploi s'impose à elle. Aussi, la Cour a rejeté la demande présentée par l'intéressé devant le tribunal administratif. Cette décision, bien que justifiée en droit, n'est pas satisfaisante dans la mesure où une disposition du statut général des militaires prévoit la possibilité de changements d'armée, de corps, d'arme et de spécialité. Elle n'incite pas les jeunes à s'engager dans l'armée s'ils n'ont pas la garantie d'un minimum de protection sociale lors d'un accident de service au cours de leur formation militaire initiale alors que le code du travail met à la charge de l'employeur une obligation de reclassement des salariés victimes d'un accident du travail.
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VIE DE L’ÉPAULETTE > Groupement de Corse : activités 2010 ort de 65 adhérents tous en activé (2e REP), le groupement de Corse a terminé sa saison 2010 par une sympathique réunion au centre de l’île, à Corte. C’est sous un soleil radieux que vingt deux participants ont répondu à l’appel les invitant à venir visiter une exposition organisée par le Musée régional de la Corse à Corte - consacrée aux Confréries de pénitents. Ces dernières, favorisées dans l’île par les franciscains, vont irriguer la société corse dès la fin du Moyenâge, atteignant leur apogée à l’époque Moderne. Supprimées sous la Révolution, à nouveau autorisées sous l’Empire, marquées par des évolutions, des phases de déclin puis de renouveau, on en recense actuellement 73 dont 66 sont actives et 7 en sommeil. Si quelques unes sont motivées par une démarche identitaire, la très grande partie se donne toujours pour modèle de vie un exemple de « société idéale », marqué par des manifestations de piété collective et des rituels organisés en général autour de la Semaine Sainte (processions, chants, sépulcres et décors éphémères). Exposition bien documentée avec des objets d’origine locale, mais également en provenance du continent, d’Espagne et d’Italie. La visite, commentée par un guide féminin de talent, a été fort appréciée et s’est terminée par un repas très convivial dans une auberge de la vallée de la Restonica. Au cours du premier semestre le groupement avait tenu sa « journée nationale » en milieu militaire, à l’Unité d’Instruction et d’Intervention de la Sécurité Civile de
Corte, le vendredi 4 juin 2010. Le lieutenant-colonel Philippe Sarron, chef de corps de l’UIISC n° 5, a accueilli chaleureusement les 27 adhérents présents avant de leur faire découvrir son unité et les dernières interventions tant sur le territoire national qu’à l’étranger. Le colonel Marquelet, président du groupement, a ensuite ouvert l’assemblée générale en présence des colonels Dupirre et Piazza, respectivement D.M.D pour la Corse du Sud et pour la Haute Corse. La cérémonie du Souvenir s’est ensuite déroulée au pied du mât des couleurs, devant la stèle des Sapeurs. Après la lecture de l’ordre du jour, une gerbe a été déposée par le président, accompagné du colonel Colombani, président honoraire, et du chef corps de l’UIISC n°5. A l’issue de la minute de recueillement en hommage à nos Morts et aux Sapeurs morts au Feu, tous les participants se sont retrouvés au mess de l’unité pour un agréable repas en commun. Le général de corps d’armée Franceschi, ancien inspecteur des Troupes de Marine, ami de L’Épaulette/Corse, avait fait l’honneur de participer à toutes les manifestations de cette journée. Ces deux manifestations rassemblant de nombreux adhérents des deux départements de Corse démontrent une fois encore, si besoin était, la vitalité du groupement régional. L’année 2011 sera placée sous les mêmes auspices, à savoir deux réunions dont une consacrée à la journée de L’Épaulette au début de l’été et l’autre placée plus tard en automne. Lieutenant-colonel (er) Raoul Pioli et colonel (er) Marquelet promotion Souvenir EMIA 1971-1972
L’ensemble des participants à la journée du 16 octobre 2010, devant le « nid d’aigle » de la citadelle de Corte, édifiée en 1420 par Vincentello d’Istria, vice roi de Corse pour le compte du roi d’Aragon.
> Invité ce 16 octobre 2010 à Corte, le colonel Gérard Vecchioli (ART- EMIA 66-67 – Connétable du Guesclin) devenait le 66è membre en annonçant son adhésion à L’Épaulette.
’est un peu la « dernière » que nous avons joué le 27 janvier 2011. Dernière réunion mêlant officiers en activité et retraités, jeunes et anciens, du lieutenant Besset 30 ans au colonel Cunibile 93 ans. Ultime soirée dans les splendides salons de l’hôtel de Commandement. Privés du général Berton, qui n’a pu présider la réunion, nous avions ce soir là l’impression de tourner une dernière page, avant de fermer à l’été le vieux livre de la garnison de Limoges. Une garnison ancienne en effet. En survolant les chroniques de la ville on y côtoie l’armée française. D’abord des cavaliers, Royal-Navarre sous l’Ancien Régime et débuts de la Révolution, Lanciers wesphaliens avec l’Empire, 20e régiment de dragons depuis 1873, les 17e puis 21e régiments de chasseurs à partir de 1880. Des fantassins aussi, les 63e, 78e, 117e régiments d’Infanterie, et encore le 5e régiment du Génie, le 30e bataillon de chasseurs portés, le 12e escadron du Train. Enfin, plus près de nous, une base des matériels de l’armée de l’Air, le 20e régiment d’artillerie, le 15e RCS, prédécesseur de l’actuel 15e bataillon du train… et il en manque ! … Comme l’Étatmajor de Forces 4, l’État-major de la 3e Brigade mécanisée, le 15e bataillon du train, la 3e compagnie de Commandement et Transmissions, les divers services, nous manqueront l’été prochain à la dissolution de la garnison. La soirée fut cependant réussie. La messe, célébrée par l’aumônier militaire, le Père Bruno Ducoux, animée par Mme Tasseau, a vibré aux accents d’une « Prière » de l’EMIA, bien chantée a cappella par une
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> Groupement 87 : soirée de gala à Limoges
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La grande soirée très réussie du 27 janvier 2011 dans les splendides salons de l’hôtel de Commandement, a réuni 70 convives au dîner dansant.
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> Groupement 66 : journée du 16 février 2011
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dizaine d’officiers, sous la baguette du lieutenant colonel Blaise - EMIA lieutenant Chézeau 1977-78 - et finit en apothéose sur la « Marche consulaire de Bonaparte à Marengo », magistralement interprétée à l’orgue, sous les voûtes vibrantes de l’église Saint-Pierre du Queyroix (XIIe), par M. Chardonnet. Puis nous avons rejoint l’hôtel du Quartier Général. Nous étions 82 personnes, épouses comprises, pour égrener la partie traditionnelle, ordre du jour, souvenir des anciens, appel des promotions, chant de l’Épaulette et le pot. Au préalable, le président avait accueilli le colonel Dudognon, délégué de la Saint-Cyrienne, le lieutenant colonel (R) Courtiault, président de l’UNOR, le capitaine Vuillemin commandant la 3e CCT, qui a pu participer pour la première fois, le capitaine Scherrer de l’EMF4, nouvel adhérent. Il a aussi donné quelques nouvelles. Le général de Fleurian est parti dans le Bordelais, le capitaine Renaudie emménagera à Bayonne en mars, le lieutenant colonel Frugier, handicapé, a quitté L’Épaulette et le lieutenant colonel Levavasseur, souffrant, n’a pu nous rejoindre. Mais, « vos gueules là dedans »! L’heure est venue de rejoindre la salle à manger, où le popotier invite les 70 convives du dîner dansant à écouter la lecture du menu. Le DJ commence aussi ses gammes en sourdine et le service du cercle mixte du 15e bataillon du Train se met en branle, pour sa dernière prestation au bénéfice de notre groupement. Nous finirons au champagne, avec modération, vers 2 h du matin, cette nième bonne soirée, honorée par 60% des adhérents du groupement 87 et la participation du tiers de ses officiers d’active… C’est en fait le meilleur score de présence du groupement depuis sa création ! Pour la suite ?… Nous étudierons une solution, mais toutes les idées sont les bien venues. Merci à l’avance de m’en faire part ! Colonel Lucien Suchet (cr) Belvédère EMIA 1963-1964 Président du groupement de la Haute-vienne
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L’exposé instructif du colonel Zocchetto sur la situation des armées dans les Pyrénées-Orientales et la mise en place de la base de défense de Carcassonne, dont relève le CNEC, à clôt cette matinée d’informations.
roisième mercredi de février 2011, les adhérents du groupement des PyrénéesOrientales se retrouvent pour leur Journée départementale annuelle, au Mas des Arcades à Perpignan. Nous sommes 25, adhérents et conjoints, pour accueillir le colonel Jacques Zocchetto, délégué militaire départemental depuis le 1er juillet 2010, et son épouse, le général (2s) Pierre Pirson et le chef de bataillon Jacques Ogier respectivement délégué de la Saint-Cyrienne et président de La Fraternelle pour le département. Après l’hommage aux disparus depuis la journée départementale 2010, le colonel (H) Christian Talarie fait un tour d’horizon du groupement = petite baisse des effectifs, trésorerie, recueil des adresses internet en légère hausse, amis dont la santé ou celle de leur conjoint est fragile. Le colonel Antoine Guerrero, en sa qualité de vice-président du Centre de Mémoire des Pyrénées-Orientales, fait le bilan, qui s’avère positif, des activités 2010 et présente les perspectives 2011. Le président souligne deux faits importants nouveaux, d’une part la journée des Associations du monde combattant le 12 octobre 2010 organisée à Montlouis par le colonel Nicolas Tachon,
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chef de corps du CNEC, et le DMD, d’autre part la présentation des vœux 2011 aux associations patriotiques par monsieur Jean-Marc Pujol, maire de Perpignan, à l’occasion d’une cérémonie spécifique. La Journée Nationale du 05 février 2011 fait l’objet d’une présentation aussi complète que possible dans un laps de temps réduit. Il convient de souligner que l’information concernant la réforme du recrutement des officiers directement à partir des militaires du rang au détriment des sous-officiers, remettant ainsi en cause l’outil à la pédagogie et à l’efficacité unanimement reconnues qu’est l’ENSOA de Saint-Maixent, provoque des réactions fortement désapprobatrices. L’exposé instructif du colonel Zocchetto sur la situation des armées dans les PyrénéesOrientales et la mise en place de la base de défense de Carcassonne, dont relève le CNEC, clôt une matinée dense en informations. Un apéritif et un excellent déjeuner apportent une touche conviviale à une journée dont le point d’orgue, avant de nous quitter, est l’exécution du chant de l’Epaulette. Colonel (H) Christian Talarie CS-OA Capitaine Vergnaud EMIA 1972-1974 Président du groupement des Pyrénées-Orientales
> Rappel des cotisations…
> Ceux et celles qui ne seraient pas à jour de leur cotisation, sont invités à régulariser leur situation dans les meilleurs délais. L’Épaulette les en remercie vivement ! « Renforçons les moyens de réaliser ensemble notre communication ».
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1er janvier 2011
Officiers généraux et colonels ..................................... Lieutenant-colonels et commandants....................... Officiers subalternes...................................................... Veufs ou veuves .............................................................
52 € 45,5 € 34 € 17 €
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VIE DE L’ÉPAULETTE > Groupement de la Marne omme chaque année, le groupement a tenu sa réunion annuelle le jeudi suivant l’assemblée générale de Paris. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés (34 membres et épouses) le 10 février dans l’enceinte du 402e RA dont le chef de corps nous a aimablement offert le soutien logistique. Notre soirée a commencé à 18h30 par un dépôt de gerbe en souvenir de nos disparus (le capitaine Fridel pour le groupement) et en hommage à tous les soldats tombés en opération en 2010, quel que soit leur grade. Elle s’est poursuivie par une réunion au cours de laquelle le président de groupement a rendu compte de l’assemblée générale du 5 février à Paris. Evoquant le sujet de la table ronde (« Les associations d’officiers : partenaires du dialogue social »), les participants ont estimé que le CSFM et le CFMT avaient une communication perfectible. En effet, celle-ci ne restitue pas lisiblement les résultats de leur action. Une minorité parmi les militaires en service considère que ces organisations, de par le mode de représentation jugé trop proche du commandement, sont par nature inefficaces et seraient avantageusement remplacées par une représentation syndicale plus « offensive ». Il semblerait en outre judicieux que les avancées obtenues, sur proposition des membres de ces conseils, soient plus clairement présentées et diffusées (notamment la problématique générale du mode de représentation de toutes les catégories). Après un apéritif qui a permis aux nou-
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veaux membres de faire connaissance avec les plus anciens, un excellent dîner nous a été servi par l’équipe de restauration du régiment. Comme d’habitude, le monde a été refait vingt fois !... dans une ambiance de franche et chaleureuse camaraderie. Vers 23h30, adhérents et épouses ont regagné leur base respective, satisfaits de ce moment de convivialité. Une réunion champêtre pourrait être organisée à la rentrée de septembre… À suivre. Col (er) Alain Schantz Plateau des Glières - EMIA 1969-1970 Président du groupement de la Marne
> BULLETINS DE PROMOTIONS REÇUS BELVEDERE 63-64 - Décembre 2010. TERRE D'AFRIQUE 57-59 - Décembre 2010. SERMENT DE KOUFRA 62-63 - Novembre 2010. Général LAPERRINE - 57-58 - Décembre 2010. Général KOENIG - 70-71 - 4ème trimestre 2010. NOUVEAU BAHUT - 45-47 - Janvier 2011. GARIGLIANO - 49-51 - Décembre 2010. FRANCHET D'ESPÉREY - 55-57 - Janvier 2011. Maréchal de LATTRE - 51-53 - Décembre 2010. Aspirant ZIRNHELD - 64-65 - Année 2010. EXTRÊME-ORIENT - 50-52 - Décembre 2010. Général FRERE - 48-50 - Année 2010. AMILAKVARI 54.56/ FRANCHET D'ESPEREY - 55/56 - Décembre 2010.
Le Général (2S) et Madame Jean-François Delochre ont la douleur de vous faire part du décès de leur fille Anne, survenu le 2 janvier 2011. Les obsèques d’Anne se sont déroulées en la cathédrale d’Angers le 5 janvier 2011 en présence de la famille et de ses amis venus très nombreux en la circonstance. Le Général (2S) et Madame Jean-François Delochre très touchés de vos témoignages, vous adressent leurs sincères remerciements pour vos marques d’amitié et de soutien.
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> Groupement du Var & des Alpes Maritimes Galette de L’Épaulette aux EMD
a galette de L’Épaulette des Ecoles Militaires de Draguignan (EMD) s’est déroulée le 5 janvier 2011 au quartier Bonaparte en présence du GDI Ribayrol commandant les EMD et de son adjoint, le général Trégou. Près d’une centaine d’officiers (adhérents ou non) avaient répondus présent pour cette première qui visait surtout à concrétiser la fusion des deux écoles en permettant aux artilleurs et fantassins de recrutement autre que direct de se retrouver autour du verre de l’amitié en ce tout début d’année : on y trouvait les officiers d’active des EMD, les lieutenants Inf et Art en application, les correspondants des formations stationnées dans le Var, les capitaines des CFCU et quelques fidèles retraités dracénois. Le Lcl (er) Dentinger, président du groupement Var & Alpes Maritimes, a ouvert cette manifestation en présentant les correspondants des EMD, en rappelant ensuite le rôle et les actions concrètes de L’Épaulette notamment vis à vis des plus jeunes, avant de donner quelques dates de rendez-vous pour 2011. Il a également remercié le général commandant les EMD pour son appui sincère et sa volonté affirmée afin que cette activité se réalise effectivement. Lors de sa courte intervention, le général a rappelé le rôle important des associations d’officiers au sein des organismes et des formations, forces de propositions et d’idées pour le commandement. Au plan local, le président du groupement a donné quelques chiffres : le Var comprend près de 250 membres adhérents dont
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> Ceux et celles qui ne seraient pas à jour de leur cotisation, sont invités à régulariser leur situation dans les meilleurs délais. L’Épaulette les en remercie vivement ! « Renforçons les moyens de réaliser ensemble notre communication ».
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B.SMIT©ARMÉE DE TERRE/EDRA.
Officiers généraux et colonels ..................................... Lieutenant-colonels et commandants....................... Officiers subalternes...................................................... Veufs ou veuves .............................................................
52 € 45,5 € 34 € 17 €
Nouvelle adresse ?
Merci de bien vouloir nous la communiquer :
une cinquantaine d’active pour les seules EMD répartis presque à égalité entre artilleurs et fantassins. A noter que depuis le premier janvier, la base de défense de Draguignan (GSBDD) assure le soutien des dix formations stationnées dans le département. Avec une telle concentration d’unités, il sera sans doute possible dans un proche avenir d’inverser le ratio active-retraite qui est actuellement de 40/60, mais ceci a toujours été une spécificité du groupement. La dégustation des galettes et du cidre a été ensuite l’occasion de prolonger les échanges informels entre les différentes catégories d’officiers présents.
Par courrier au siège : à l’adresse postale :
Tél. : Par Fax. : Par E-mail :
L’ÉPAULETTE Fort Neuf de Vincennes Case n°115 - Cours des Maréchaux 75614 Paris Cédex 12
01 41 93 35 35 01 41 93 34 86 lepaulette@wanadoo.fr
Vos nouvelles coordonnées personnelles :
NOM : .................................................................................................................. Prénoms : ............................................................................................................. Promotion : .......................................................................................................... Grade : ................................................................................................................. Sexe : ................................................................................................................... Né (e) le, à : ......................................................................................................... Célibataire - Marié (e) - Concubin (e) - Divorcé (e) - Pacsé (e) - Veuf (ve)*
Lcl (er) Philippe Dentinger promotion Chézeau - EMIA 1977-1978
Adresse : .............................................................................................................. .............................................................................................................................. Code Postal : ........................................................................................................ Ville : ................................................................................................................... Pays : ....................................................................................................................
B.SMIT©ARMÉE DE TERRE/EDRA.
Le colonel Philippe Dentinger lors de son intervention avec le GDI Ribayrol commandant les EMD et de son adjoint, le général Trégou. Près d’une centaine d’officiers (adhérents ou non) avaient répondu présents pour cette première qui visait surtout à concrétiser la fusion des deux écoles en permettant aux artilleurs et fantassins de fraterniser.
Tél. : ................................................ Fax : ................................................ Portable : ................................................... E-mail : ................................................................................................................. Affectation : ......................................................................................................... .............................................................................................................................. ..............................................................................................................................
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CARNET MARIAGES > Hubert, fils du Colonel Jacques-Yves LEFORT (†) (TDM-EMIA-Du Souvenir71/72) et de Madame, avec Mademoiselle Evelyne NELSON, le 10 avril 2010 à Chenay-le-Châtel.
> Nicolas, fils du Colonel Yves LE MÉE (CTA-Sous Lieutenant Bourgès-68/70) et de Madame, avec Mademoiselle Virginie LOISEAU, le 12 juin 2010 à La Neuville/Essonne. > Julie, fille du Capitaine Marcel GUIGON (TRN-OAEA-Capitaine Perretti-91/92) et de Madame, avec Monsieur Martin LIVINGSTON, le 28 août 2010 à Salles-sous-Bois.. I
> L’Épaulette adresse ses meilleurs vœux de bonheur aux jeunes mariés.
> Stanislas, petit-fils du Colonel JacquesYves LEFORT (†) (TDM-EMIA-Du Souvenir-71/72) et de Madame, troisième enfant du Médecin Principal Hugues LEFORT et de Madame, le 3 août 2010 à Lyon.
> Léa, premier petit-enfant du Général Raymond BORGIALI (ART-EMIA-Narvik67/68) et de Madame, au foyer de David et Nadia BORGIALI, le 26 août 2010 à Caen.
> Bertille, huitième petit-enfant du Lieutenant-colonel J. Alain DELACOTTE (MAT-OAES-Lieutenant-colonel Colonna d’Ornano-85/86), président du groupement de la Manche, et de Madame, au foyer de Enguerran et Frédérique du REAU de la GAIGNONNIÈRE, le 27 septembre 2010 à Châteauroux.
> A thénaïs, petite-fille du Colonel Yves LE MÉE (CTA-Sous-Lieutenant Bourgès68/70) et de Madame, quatrième enfant du Chef d’escadrons Nicolas DURAND (ABCCyr-Commandant Morin-94/97) et de Madame, le 10 octobre 2010 à Paris. > Nathan, premier petit-fils du Lieutenantcolonel Christian HUC (TDM/ART-EMIAGénéral Brosset-74/75) et de Madame, au foyer de leur fille Patricia, le 17 octobre 2010 à Saint Dié des Vosges.
> Bérénice, quatrième enfant du Lieutenant Raphaël DION (ABC-EMIA-Capitaine Florès-08/10) et de Madame, le 21 octobre 2010 à Saumur.
NAISSANCES > Chloé, le 14 septembre 2004 et Clara, le
26 avril 2008, petites-filles du Capitaine Marcel GUIGON (TRN-OAEA-Capitaine Perretti-91/92) et de Madame, au foyer de Sylvie et Olivier MICHEL.
> Gaspard, petit-fils du Colonel Jean-Rémy GRISOT (TRN-EMIA-Belvédère-63/64) et de Madame, le 19 décembre 2009.
> Tanguy de MIOLLIS à Gainesville (USA) et Hélie BRINTET à Lisbonne
(Portugal), quatorzième et quinzième petits-enfants du Général Michel BRINTET (ABC-ESMIA-Maréchal Bugeaud-58/60) et de Madame. > Claire et Pauline, douzième et treizième petits-enfants du Colonel Emmanuel ALIS (CTA/TRS-EMIA-Serment de Koufra62/63) et de Madame.
> Kaëline, fille du Lieutenant-colonel Olivier VANDAL (MAT-15/3-94) et de Madame, le 2 février 2010 à Bourges.
> Célestin, deuxième petit-enfant du Lieutenant-colonel Steve VIDIC (ARTEMIA-Lieutenant Chezeau-77/78) et de Madame, au foyer de leur fille Elodie et du Capitaine Gaudric PRATO (GND-Le Gallois de Fougières-03/04), le 6 mai 2010 à Versailles.
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> Constance, deuxième petit-enfant du Colonel Gérard ISERN (CS-EMIA-Général Brosset-73/74) et de Madame, au foyer du Capitaine Sébastien ISERN (CTA/GSEMOSC-03) et de Madame, le 22 novembre 2010 à Celle (Allemagne). > A mbre, deuxième arrière petit-enfant du Colonel Jean MARTIN (INF-ESMIA-Union Française-52/53) et de Madame, deuxième petit-enfant du Lieutenant-colonel JeanMichel MARTIN (TDM-EMIA-Lieutenant Chezeau-77/78) et de Madame, au foyer de Nicolas et Nathalie MARTIN, le 26 novembre 2010 au Mans.
> Raphaël, deuxième petit-fils du Lieutenant-colonel Christian HUC (TDM/ART-EMIA-Général Brosset-74/75) et de Madame, au foyer de leur fils Olivier, le 27 novembre 2010 à Medellin (Colombie). > A ntoine, premier petit-fils du Colonel Robert ABBADIE (†) (ESMIA-Union Française-52/53) et de Madame, au foyer du Capitaine MALERGUE (Cyr-2001) et de Madame, le 2 décembre 2010 à Angoulême.
> Lorys, deuxième petit-enfant du Lieutenant-colonel Patrice BENDIYAN (MAT--Ceux de Luang Prabang-74/76) président du groupement du Lot, et de Madame, au foyer de Nicolas et Aurélie, le 28 décembre 2010 à Gap.
> Eloan, quatrième petit-enfant du Lieutenant-colonel Eugène MONORY (GND-EOGN-Capitaine Prudhomme-80) et
de Madame, au foyer PLANTIERMONORY, le 5 janvier 2011 à Vaihingen/Enz (Allemagne). > Juline, cinquième petite-fille du Chef de bataillon Gilles CHEVALIER (INF-OAEALieutenant Mallasen-78/79) et de Madame, au foyer des Lieutenants Romuald CHEVALIER et Virginie CALMETTES, le 27 janvier 2011 à Montauban.. I > L’Épaulette adresse ses félicitations aux heureux parents et grands-parents.
DÉCÈS > Madame Eugénie GUIGON, mère du Capitaine Marcel GUIGON (TRN-OAEACapitaine Perretti-91/92) le 10 août 2004 à Tournon.
> Colonel Marcel FLOQUET (CTA/CATOA-43) le 4 septembre 2009 à Montluçon.
> Madame Marie-Louise FAURE, veuve du Colonel Marcel FAURE, en 2010 à Roscanvel. > Colonel Jacques JAUBERT (INF-OR-54) en 2010 à Bordeaux.
> Ingénieur de 1ère Classe Guy MATHIEU (MAT-OA-61) en 2010 à Abrest.
> Capitaine André LEGRAND (GEN-OR59) en 2010 au Muy. > Colonel Francis GUEVILLE (ABC-OR42) le 20 mars 2010 à Saint-Mandé.
> Lieutenant-colonel Arnaud FRANZIN (TDM-EMIA-Serment de Koufra-62/63) le 13 mai 2010 à Saint Jean Le Blanc.
> Lieutenant-colonel Jean-Pierre JAUFFRET (CTA/CAT-EMCTA-Intendant Général Adrian-84) en juin 2010 à Bordeaux. > Commandant Roger GAGNEUX (CS-OR48) le 15 juin 2010 à Grenoble. > Colonel Louis FOURNIER (INF-OR-43) le 6 août 2010 à Bourdeilles. > Chef de bataillon Jean BARJAU (INFOAEA-53) le 20 août 2010 à Perpignan.
> Madame CHASSIN, veuve du Lieutenantcolonel Antoine CHASSIN (Rhin-Moselle37/39) le 13 septembre 2010 à Sèvres. > Colonel André GEORGES (INF-OR-67) le 16 octobre 2010 à Aix en Provence.
> Chef d’escadron Jacques FRIDEL (ARTESMIA-Union Française-52/53) le 5 novembre 2010 à Reims.
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> Général André COFFRAND (ART-OR47) le 9 novembre 2010 à Fleury Les Aubrais.
Pour prendre rang du 1er mai 2011
> Madame Odette RIBÉMONT-LINTANF, mère du Lieutenant-colonel (H) Yves RIBÉMONT (CTA/GSEM/TRS-Rang-74) le 30 novembre 2010 à Biscarrosse. > Colonel Pierre PERROT (CTA/SANTEOA-52) en décembre 2010 à Maisons Alfort.
> Général Jean PINCEMIN (INF-ESMIAGénéral Laperrine-57/58) le 18 décembre 2010 à Marckolsheim. > Colonel Robert BESSON (INF-ESMIAGarigliano-49/51) le 21 décembre 2010 à Clermont Ferrand.
> Madame RAYNAL, épouse du Lieutenant-colonel Paul RAYNAL (INFESMIA)-Union Française-52/53). > Chef d’escadrons Charles BERTIN de la SOUCHERE (ABC-ESMIA-Maréchal de Lattre-51/53) en décembre 2010.
> Madame Marie GEOFFROY, veuve du Colonel Pierre GEOFFROY, en 2011 à La Rochelle.
> Mademoiselle Anne DELOCHRE, fille du Général Jean-François DELOCHRE (GENEMIA-Du Souvenir-71/72) Président National de L’Épaulette, et de Madame, le 2 janvier 2011 à Angers.
> Lieutenant-colonel Roger SCHMIDT (INF-ESMIA-Général Laperrine-57/58) le 12 janvier 2011 à Cran Gevrier.
> Lieutenant-Colonel Pierre LARTIGUE (TDM-EMIA-Indochine-46/47) le 17 janvier 2011 à Oudon. > Général Jean-Louis ROUÉ (INF-ESMIAGénéral Laperrine-57/58), Président National de L’Epaulette de 1993 à 1997, le 20 janvier 2011 à Trégomeur. > Commandant André BOULEY (CS-OR44) le 25 janvier 2011 à CherbourgOcteville. > Madame Christiane PABION, épouse du Colonel Robert PABION (INF-OR-57) le 27 janvier 2011 à Paris.
> Madame Marie-Josée BLANC, épouse du Lieutenant-colonel Daniel BLANC (INFEMIA-Serment de Koufra-62/63) le 11 février 2011 à Perpignan. Colonel André MARTINEZ (TRS-ORWeygand-45) le 27 février 2011 à FontaineLes-Dijon.
> Colonel Henri LONGUECHAUD (CSOR-56) le 1er mars 2011 à Saint-MaixentL’École.
> Capitaine Bernard FREDET (TDMESMIA-Extrême Orient-50/52) le 13 mars 2011 à Clohars-Carnoet.
> Général Maurice VILLENEUVE (ABCOR-42) le 15 mars 2011 à Sainte Menehould. I > L’Épaulette partage la peine des familles éprouvées par ces deuils et leur adresse ou leur renouvelle ses condoléances attristées.
Pour prendre rang du 1er juin 2011
> les chefs d’escadron : Jean-Marc CHAMBON - Benoît CHAUVIN. Pour prendre rang du 1er novembre 2011
MESURES NOMINATIVES JORF du 11 décembre 2010 Décret du 9 décembre 2010 portant affectation d’officiers généraux ARMÉE DE TERRE
> M. le général de brigade Didier HENAUT est nommé adjoint au directeur central de la structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres, chargé des opérations. JORF du 29 janvier 2011 Décret du 27 janvier 2011 portant affectation d’officiers généraux GENDARMERIE NATIONALE
> M. le général de brigade Jean-Michel VANDENBERGHE est nommé sous-directeur administratif et financier de la direction des soutiens et des finances de la direction générale de la gendarmerie nationale à compter du 1er février 2011.
> le chef d’escadron Henri RUL.
Au grade de chef d’escadron Pour prendre rang du 1er avril 2011
> le capitaine Laurent ALQUIER. Pour prendre rang du 1er juin 2011
VIE DE L’ÉPAULETTE
> le chef d’escadron Fabien GLEMET.
> le capitaine Olivier GUILLON.
Pour prendre rang du 1er septembre 2011
> le capitaine Francis DAVID.
Pour prendre rang du 1er novembre 2011
> le capitaine Vincent VANHERPE. Au grade de capitaine Pour prendre rang du 1er août 2011
> les lieutenants : Christophe COLLINDUFRESNE - Christophe LASGLEYZES. I
JORF du 1er janvier 2011 Décret du 31 décembre 2010 portant nomination et promotion dans l’armée active GENDARMERIE NATIONALE OFFICIERS DE CARRIÈRE Corps des officiers de gendarmerie Au grade de colonel Pour prendre rang du 1er avril 2011
> les lieutenants-colonels : Thierry QUINTARD - Bruno GUYOT. Pour prendre rang du 1er juin 2011
> les lieutenants-colonels : Pierre POTY Charles DUDOGNON. Pour prendre rang du 1er septembre 2011
> les lieutenants-colonels : Patrick KNITTEL - Alain GERMANAUD. Pour prendre rang du 1er novembre 2011
> le lieutenant-colonel Daniel BOUCHEZ. Au grade de lieutenant-colonel Pour prendre rang du 1er mars 2011
> les chefs d’escadron : François BOMPAS - Christophe PIGNARD - Serge LEROY Laurent LACROIX.
DÉCORATIONS ORDRE NATIONAL DE LA LÉGION D’HONNEUR` JORF du 6 juillet 2010 Décret du 2 juillet 2010 portant promotion Militaires appartenant à l’armée active Au grade de commandeur ARMÉE DE TERRE > Général de division Frank LE BOT. Au grade d’officier ARMÉE DE TERRE > Lieutenant-colonel Eric HARDY.
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ORDRE NATIONAL DU MÉRITE
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CARNET •••
CLÉE (INF) - CDT Nicolas FOUILLOUX (TRN) - CDT Gilles HUSSON (TRS) CDT Nicolas JAMES (INF) - CDT Arnaud Le SEGRETAIN du PATIS (GEN) - CDT David MICHEL (INF) - CDT Henri NAVARRO (TRN) - CDT Jean-Christophe OTT (INF) - CDT Samir YAKER (INF).
JORF du 7 novembre 2010 Décret du 5 novembre 2010 portant promotion et nomination Militaires appartenant à l’armée active Au grade de commandeur ARMÉE DE TERRE
JORF du 17 février 2011 Arrêté du 7 février 2011
> GDI Christian BAPTISTE - GDI Patrick TANGUY - GBR Dominique GÉRARD GBR Didier SIMON. Au grade d’officier ARMÉE DE TERRE > COL Olivier AUJAY de La DURE (CS) LCL Bruno BROTTIER (INF) - LCL Loïc DURAND (INF) - LCL Richard EMMANUELLI (MAT) - COL Christophe GARIEL (ABC) - LCL Bernard GARRIDO (TRS) - LCL Patrick GOUBAUD (TDM) LCL Patrick LE LOIREC (MAT) - LCL Jean-Yves PHILIPPE (INF) - LCL Louis PIGNOT (CS) - CBA Karim SAA (TDM) CBA Michel TASSET (GEN) - LCL JeanClaude ZILLIOX (GEN). Au grade de chevalier GENDARMERIE NATIONALE > CDT Philippe BELGRAND - CEN Christian BROUDIN - CEN Philippe VAILLER. ARMÉE DE TERRE > CBA Michel ARGANS (INF) - CNE Patrick CORNÉE (GEN) - LCL Eddy CORNEIL (TDM) - LCL Philippe CUER (TDM) - LCL Arnaud DARCHY (INF) - LCL Matthieu DÉPOIRE (ART) - CNE Alain FREY (ABC) - CNE Daniel GLINEC (TRS) - CES Régis GUERIN (ABC) - CNE Jean-François GUYADER (GEN) - CNE Olivier JACQUET (ABC) - LCL Denis KRAKOWIAK (GSEM) - CNE Claude LA SCOLA (TRN) - LCL Guy LAUGIER (ART) - CNE Sébastien LECUREUR (INF) - CEN Eric MILET (ART) - LCL Ronan MURY (ABC) - CNE Gilles ORZYSCHEK (INF) - CDT Gaëtan PELLERIN de La VERGNE (GSEM) - CNE Pierre SAVY (INF) - CBA Fabien SIMON (TRS) - CNE Didier SUGNY (ABC) - LCL Patrice VAZ (TDM) - CNE Daniel ZEGGADA (TDM). JORF du 9 novembre 2010 Décret du 8 novembre 2010 portant promotion et nomination Militaires n’appartenant pas à l’armée active Au grade d’officier ARMÉE DE TERRE > COL Alain DABOVAL (CTA/GSEM). I
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SUCCÈS
portant attribution du brevet technique d’études militaires générales
JORF du 10 décembre 2010 Arrêté du 19 novembre 2010
Le brevet technique d’études militaires générales est attribué, à compter du 1er décembre 2010, aux officiers :
portant attribution du brevet d’études militaires supérieures
ARMÉE DE TERRE
Le brevet d’études militaires supérieures est attribué, à compter du er 1 août 2010, aux officiers français de la dix-septième promotion du collège interarmées de défense : ARMÉE DE TERRE > CBA Frédéric AUBANEL (INF) - CBA Laurent BANSEPT (INF) - CBA PierreHenri BERTIN (GEN) - CBA Louis de PERIER (INF) - CBA Arnaud de RICHOUFFTZ de MANIN (GEN) - CDT Emmanuel GRUNNER (MAT) - CDT Bertrand GÜTTER (ALAT/MAT) - CES Ronan LAHUEC (ABC) - CBA Hugues LATOURNERIE (INF) - CES Sven MEIC (ABC) - CBA Laurent MILLOT (INF) LCL Philippe PAYRÉ (ART) - CES JeanCharles SANSGUILHEM (ABC). Le brevet d’études militaires supérieures est attribué, à compter du 1er août 2010, aux officiers français ayant effectué une scolarité à l’étranger : ARMÉE DE TERRE > LCL François AUDY (TDM/ABC). JORF du 15 décembre 2010 Arrêté du 3 décembre 2010 portant attribution du brevet technique d’études militaires supérieures Le brevet technique d’études militaires supérieures est attribué, à compter du 1er août 2010, aux officiers de la 123ème promotion du cours supérieur d’état-major (voie état-major) : ARMÉE DE TERRE Corps des officiers des armes > CDT Michel BAUD (TRS) - CDT Jérôme
Corps des officiers des armes > Les lieutenants-colonels : Alain BALOCHE (MAT) - Bruno BELGODÈRE (INF) - Franck CHEVALLIER (INF) Hervé DUNOYER (ABC) - Patrick LALLEMENT (ABC) - Eric LELOGEAIS (INF) - Raoul POULS (TRS) - Alain THEVENOT (GEN). Corps des officiers du cadre spécial > Les lieutenants-colonels : Michaël LAKIN - Jean-Pierre LE BOURHIS Hugues VIARD. Corps technique et administratif > les lieutenants-colonels : Brigitte BELCOURT - Jacques DELARBRE - Fabrice DELFAUX - Michèle SZMYTKA. I > L’Épaulette adresse ses félicitations aux lauréats.
NOUVELLE ADRESSE ? Nous vous remercions de nous signaler votre changement d’adresse en cas de mutation. Tous les ans, plus de 1000 revues ne parviennent pas à leurs destinataires et sont imprimées en pure perte. Merci
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BIBLIOGRAPHIE
FACE AU DARFOUR Pierre de Tonquédec Préface du Général H. Bentégeat Un pays du tiers-monde est en proie à une rébellion. Il fait appel à une armée étrangère qui réussit à en venir à bout en trois ans. Puis elle quitte le pays en le laissant plus fort et mieux équipé... Fiction ? C’est le but américain en Afghanistan. Ce fut la réalité pour la France au Tchad il y a 40 ans. En 1969 le Tchad, indépendant depuis 10 ans, est en proie à une rébellion généralisée qui trouve des appuis à ses frontières. La France, par la voix du Président de la République, le général de Gaulle, répond à l’appel au secours de son gouvernement légal en lui fournissant un soutien militaire temporaire. Ce soutien a pour objectif la formation des cadres d’une armée tchadienne rénovée, ce qui implique leur remplacement sur le terrain, pendant leur instruction, par des officiers et des sous-officiers français. Avec cet encadrement provisoire, les unités tchadiennes, épaulées par quelques unités françaises peu nombreuses mais de grande valeur, vont parvenir en trois ans à juguler la rébellion. Quand l’intervention militaire française prend fin en août 1972, l’armée tchadienne est reconstituée et le pays connaît la paix. Ce livre n’est ni un compte-rendu militaire, ni un traité politique. Il fait vivre des hommes qui, sur le terrain, dans la brousse ou encore dans la jungle des relations politiques, affrontent des situations complexes, insolites et souvent dangereuses. L’auteur a vécu la plupart de ces aventures et en a suivi d’autres de près. Il nous plonge en plein dans l’action avec une plume légère et non dénuée d’humour. 128 pages – 25 photos Format : 150 x 210 Editions Lavauzelle BP 8 87350 PANAZOL
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DE LA RÉSISTANCE À L’INDOCHINE Les cas de conscience d’un FTP dans les guerres coloniales Pierre-Alban Thomas Préface de Raymond Aubrac Postface de Georges Doussin Encore des souvenirs de guerre ! soupireront certains. Ils auront tort. D’abord parce qu’il ne s’agit pas de souvenirs, mais d’une relation alerte, strictement basée sur des notes et des lettres écrites sur le moment. Ensuite, parce que le drame de Pierre-Alban Thomas est aussi le nôtre, celui d’une époque où la France s’épuisa en d’inutiles campagnes extérieures, en refusant d’admettre l’inéluctabilité de la décolonisation. Alain Léger, historien.
Cet ouvrage regorge d’une foule d’informations que la version officielle n’a pas retenue.J’ai rarement été témoin d’un souci à ce point affirmé d’honnêteté intellectuelle... Frédérique Pollet-Rouyer, cinéaste.
Le lieutenant-colonel Pierre-Alban Thomas, en observateur scrupuleux, en narrateur brillant, en parfait honnête homme, nous offre le récit d’une des utopies maîtresses de notre siècle, dans laquelle on peut ou non se reconnaître. Raymond Aubrac. 326 pages - Format 135 x 210 Editions L’Harmattan - 5-7, rue de l’Ecole Polytechnique 75005 PARIS
MEMENTO MILITAIRE Eugène-Jean Duval L’institution militaire est souvent présentée comme une sorte de machine à batailles. L’auteur, en s’appuyant surtout sur la période contemporaine qu’il fait démarrer en 1940, a une autre vision. Il commence par rappeler que du passé on ne peut faire table rase, mais le passé est le passé surtout lorsqu’il est lointain ; il se penche sur la période contemporaine. L’auteur rappelle ce qui a été fait, il passe plutôt rapidement sur l’époque instable de la IVe République Française. Il évoque la naissance de la VRF et examine le sort réservé aux hommes qu’il s’agisse des effectifs, du recrutement, de la concertation, de la rémunération, de la protection ou de la place des femmes. Il s’en tient surtout à l’évolution des idées et des comportements. Ce n’est donc pas une compilation de règlementations éparses mais un condensé d’histoire des institutions. Eugène-Jean Duval est contrôleur général des armées en 2e section. Il est docteur es Sciences économiques, diplômé du centre de perfectionnement à l’Administration des affaires, breveté technique d’études administratives supérieures (BTEAMS), diplômé de l’École d’état-major, diplômé de l’École supérieure de l’intendance. Il a servi en Indochine, en Algérie, à Madagascar et au Sénégal. 508 pages, broché Format 21x15 Editions Elzévir 11, rue Martel 75010 PARIS
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HISTOIRE DE LA CAVALERIE FRANÇAISE des origines à nos jours Jean-Pierre Béneytou Préface du général de division de Parseval
La cavalerie est née sous l’Antiquité. Au Moyen Âge la chevalerie lui donnera une dimension héroïque et grandiose. Mais elle succombera sous le tir des arcs anglais de la guerre de Cent ans. Cependant, la cavalerie cuirassée n’est pas morte. À Marignan, ce sont les « Gens d’Armes », emmenés par François Ier en personne, qui enfoncent les Suisses après que l’artillerie royale lui ait ouvert les rangs. Mais cette cavalerie lourde est menacée par la puissance de feu de l’arquebuse. C’est plus tard sous le règne de Louis XIII que Richelieu va tenter d’enrégimenter les cavaliers. La première tentative sera un échec du fait de leur indiscipline chronique, mais le Cardinal têtu réussira finalement. C’est cette cavalerie organisée qui sera victorieuse à Rocroi en 1643, sous les ordres du duc d’Enghien. Sous le règne de Louis XIV, la cavalerie porte un uniforme. C’est ainsi qu’elle se couvre de gloire dans toutes les guerres du grand roi, sous les ordres de Turenne et de Condé, même si la guerre de siège domine l’époque. À la fin du règne, elle sauve la France sous le commandement de Villars à la bataille de Denain. Au XVIIIe siècle, le roi Frédéric le Grand de Prusse transforme la guerre et la cavalerie, dans sa forme et son emploi. Représentant cinquante pour cent de son armée, la cavalerie de Frédéric domine l’Europe avant de succomber. Mais elle a transformé toutes les cavaleries européennes. La Révolution hérite de la cavalerie de la Monarchie, et c’est Bonaparte qui, devenu empereur, va l’amener à l’apogée de son histoire, en dominant notre continent. Amenant son utilisation à une perfection rarement atteinte, celle-ci disparaît en Russie, et ne sera pas remplacée. C’est alors que la cavalerie va subir le choc du feu qui va rendre désuète toute charge directe sur l’ennemi. C’est ainsi que la cavalerie de Napoléon III sera détruite en 1870. Ne tirant pas les conséquences de ce désastre, la cavalerie française commencera la guerre de 14-18 en casque et cuirasse. Massacrée par les mitrailleuses allemandes en 1914, les cavaliers s’enterrent alors dans les tranchées. C’est alors que le
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Ouvrage relié sous jaquette 272 pages - Format 22,5 x 30 Editions Lavauzelle - BP 8 87350 PANAZOL
KÉPI BLEU DANS LES AURÈS Jean-Louis Eyméoud avec la participation de Jean-Pierre Marin Jean Louis Eyméoud avait 25 ans quand il fut appelé en Algérie pour accomplir son service militaire dans les SAS. Les dix-huit mois passés dans les Aurès au service des berbères chaouia qui peuplent ce massif montagneux auront compté parmi les moments les plus exaltants de son existence. Rien dans sa vie antérieure d’industiel normand ne l’avait préparé à la mission dont il se trouva investi à son arrivée à Pasteur, un village de colonisation qui avait, dès les premiers jours de l’insurrection de 1954, subi l’assaut des commandos de Mostefa Ben Boulaïd, premier chef de la Wilaya I (Région des Aurès Nemencha). Ces officiers SAS furent pourtant nombreux à ouvrir des écoles, des cantines, des ateliers, des dispensaires, à bâtir des maisons en dur pour abriter les populations chassées des zones interdites tout en combattant le FLN à la tête d’un maghzen. Ce livre participe objectivement à la sauvegarde d’une mémoire qui confond soldats de métier, appelés du contingent, berbères, arabes, pieds-noirs, héros, victimes et bourreaux de l’un et l’autre camp, tous
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acteurs d’une tragique guerre sans nom. Format : 150 x 210 248 pages - Editions Muller 25 rue des Bas 92600 ASNIERES SUR SEINE
LES MILITAIRES DANS LA RÉSISTANCE, 1940-1944 Ain, Dauphiné, Savoie Ouvrage réalisé sous la direction de Jean-William Dereymez (directeur-adjoint de l’IEP de Grenoble) - Avantpropos de Jacques Vistel (conseiller d’État, président de la Fondation de la Résistance) - Introduction du professeur André Martel (ancien président de l’Université Paul Valéry, Montpellier) - Conclusion du professeur des universités Jean-François Muracciole De 1940 à 1944, plusieurs dizaines de milliers de militaires, de tous grades, de toutes origines et de toutes sensibilités, ont rejoint le combat de la Résistance intérieure, prenant leur part dans le relèvement de la France. Ils apportèrent à la Résistance leurs qualités propres de patriotisme, de rigueur et de connaissance du métier des armes. Ils reçurent en retour la force d'un lien armée-nation, ainsi qu'une forme de respect et de fraternité, forgés et nourris dans les épreuves. À la Libération, silencieux par devoir de réserve, par modestie, ou par méfiance pour les tentatives de récupération politique et de détournement des idéaux de la Résistance, peu d'entre eux cherchèrent à se prévaloir de cet engagement. Du reste, beaucoup, dès le lendemain de la guerre se trouvèrent engagés hors de la Métropole. Ceci eut pour conséquence de minimiser leur rôle aux yeux de l'opinion. Pourtant, dans les seuls rangs de l'Organisation de résistance de l'armée, 2.400 militaires périrent, tués au combat ou en déportation, sans oublier les représailles subies par leurs familles. • Le colloque international Les militaires dans la Résistance en AinDauphiné-Savoie de 2008, dont cet ouvrage contient les actes, s’est fixé pour tâche de combler cette lacune historique. Livre + CD-Rom Environ 700 pages Format : 17 x 24 cm En vente à : Union des Troupes de Montage - Maison de l’Armée BP 1408 - 38023 Grenoble Cedex
UN ALLER ET RETOUR POUR L'ANGLETERRE Ralph Firth Ce témoignage n’est pas comme les autres : c’est celui d’un jeune garçon de seize ans qui décide de devenir soldat et va servir la France dans le monde entier : Maroc, Allemagne et Orient. Originaire de Bagneux, sa famille décide de fuir la guerre. C’est à treize ans que son aventure commence… Après avoir traversé l’Espagne et le Portugal, il intègre l’École des Cadets en Angleterre. Par la suite, il croisera sur sa route le colonel Passy et Pierre Brossolette, et œuvrera pour la libération de la France. Ralph Firth nous plonge dans son quotidien de soldat, mais aussi dans le parcours d’un homme conscient de son devoir et aimant sa patrie. Une épopée passionnante, avec des scènes d’action très bien vues. Ce texte parlera à ceux qui ont connu cette époque, mais aussi à la jeune génération qui ne doit pas oublier ceux qui ont pris le pari de défendre la France, au risque de leur vie. 394 pages Récit de guerre, 21x15 cm Editions Thélès 11, rue Martel - 75010 PARIS
LA PREMIÈRE CAMPAGNE D’ITALIE 2 avril 1796 10 décembre 1797 La naissance d’un Aigle Gérard Bouan L’ambition est le principal mobile des hommes, on dépense son mérite tant qu’on espère s’élever (Napoléon Bonaparte, 1810). Cette maxime pourrait s’adresser à lui-même en 1796, alors jeune général ambitieux. Quel jeune officier n’a-t-il pas rêvé obtenir un grand commandement afin d’y accomplir des exploits extraordinaires, même sur un terrain de jeu appartenant à un théâtre d’opération secondaire ? Bonaparte a eu la chance de connaître la Révolution française et tous ses excès. Elle lui a permis, plus qu’à tout autre, d’émerger de l’anonymat des « sans grade », ceux que la fortune n’avait pas fait naître du bon côté de la barrière sociale. Après cette campagne menée magistralement, il est maintenant immortel, le monde entier le connaît. Pourtant il ne doit pas cette notoriété à son seul talent, à sa seule rage de vaincre, mais également au système militaire créé à cette époque par des hommes tels Carnot, Guibert, Frédéric H de Prusse, par des « parvenus tels Barras, Salicetti, Robespierre le Jeune,... par des « va-nu-pieds », comme ils se définissent. Ces soldats de fortune qui, au fil de l’épopée, vont se découvrir des talents d’entraîneurs d’hommes défiant et jouant avec la mort pour la gloire de leur chef qu’ils finissent par aduler. Cet essai est l’analyse de la personnalité du jeune et ambitieux général Bonaparte et de son emploi combiné de moyens tactiques, puis stratégiques, pour amener son adversaire à commettre des fautes qu’il exploite avec virtuosité. Tel un officier de renseignement, dont le travail consiste à analyser les comportements et les faiblesses des hommes, Bonaparte utilise les mêmes techniques pour forcer l’adversaire à entrer dans son jeu et le soumettre. 282 pages Format : 15,5 x24 Editions Economica 49, rue Héricart - 75015 PARIS
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BIBLIOGRAPHIE
moteur entre en scène pour propulser les chars de combat. Après la victoire de 1918, la cavalerie va alors se motoriser. Cependant, en 1940 six divisions de cavalerie sont encore à cheval. En 1944, la nouvelle arme blindée n’a plus de chevaux. La cavalerie montée est morte. Mais la cavalerie blindée vient de libérer Paris, Strasbourg, Toulon, Marseille et Lyon. Sous les ordres de Leclerc et de Lattre, elle a vaincu l’ennemi. Engagée de nouveau en Indochine et en Algérie, l’arme blindée cavalerie est aujourd’hui présente sur tous les théâtres d’opérations de l’armée française. Fidèle à ses traditions, elle continue sur ses engins blindés à cultiver un esprit fait de panache et d’audace, au service de la France
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BULLETIN D’ADHÉSION À L’ÉPAULETTE NOM : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénoms : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sexe : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Né (e) le : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Célibataire - Marié (e) - Concubin (e) - Divorcé (e) - Pacsé (e) - Veuf (ve)* Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code Postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Numéro de téléphone : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Courriel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Situation militaire : Active – Retraite* Affectation : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Grade : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Année du grade :
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Année de nomination sous-lieutenant d’active : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Arme ou Service : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Origine : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . École d’officiers d’origine : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom de Promotion : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Diplôme militaire le plus élevé : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Décorations : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Cotisations : Général et Colonel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 euros Lt-colonel et Commandant : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45,5 euros Officier subalterne : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 euros Elève en 1ère année : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Gratuit Conjoint d’adhérent décédé : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 euros Je souhaite adhérer à L’Épaulette et je joins au présent bulletin un chèque de euros (C.C.P. : 295-97 B PARIS). Pour les cotisations ultérieures, j’opte pour le prélèvement automatique et je joins ma demande : OUI - NON* L’ÉPAULETTE - Case N°115 - Fort Neuf de Vincennes - Cours des Maréchaux - 75614 Paris Cédex 12 Fait à .................................................................................. le ............................................................................................. Signature : * Rayer les mentions inutiles
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J’AI SURVÉCU À L’ENFER DES CAMPS VIÊT-MINH Par Amédée Thévenet
EXPOSITION Conférences-débats
LE CIEL EST MON DÉSIR Pilote de chasse pendant la Guerre froide 1969-1991 Yvon Goutx Préface du Général Jean-Pierre Job C’est un récit historique, aéronautique et humain que nous offre cet itinéraire d’un pilote de combat pendant les vingt dernières années de la Guerre froide. Fils d’ouvriers parisiens, Yvon Goutx découvre l’aviation à l’âge de seize ans, à l’occasion de vacances en Corse. Il veut alors devenir pilote. Mais pilote de quoi ? Plusieurs possibilités se présentent : ENAC, Ecole de l’Air, aéroclubs, etc. Les événements de mai 1968 le poussent à s’engager à moins de vingt ans dans l’Armée de l’Air après avoir passé le concours d’entrée par la « petite porte ». Des 33 années qu’il va passer sous l’uniforme, il vous conte les 22 premières au cours desquelles il pilote les principaux avions des années soixante, soixante-dix, quatre-vingt et quatre-vingt-dix : Fouga Magister, T-33, Mystère IV, Mirage 3, Jaguar et Mirage F1CR. Il nous fait partager ce qu’était sa vie de pilote de chasse et de reconnaissance, en Europe, pour se préparer à affronter les forces du Pacte de Varsovie, mais aussi en opérations en Afrique et au Moyen-Orient. Au bout de la chaîne décisionnelle, il livre ses impressions quand, bras armé du pouvoir politique, il doit effectuer sa mission, sans état d’âme. De simple soldat élève-pilote à officier supérieur commandant une escadre de Jaguar pendant la guerre du Golfe, il sillonne sur monoplace de combat tous les cieux où la France défend ses intérêts ou s’associe aux décisions onusiennes. 416 pages, Format : 14,5 x 21 cm, broché Editions Lavauzelle - BP 8 87350 PANAZOL
Service historique de la Défense (SHD) Cycle Plein feux
LA RÉSISTANCE Présentation d’archives et conférences-débats un mardi et un samedi par mois Février-décembre 2011 > au château de Vincennes - pavillon du Roi Tout au long de l’année 2011, archivistes et historiens du Service historique de la Défense vous proposent un éclairage inédit sur la Résistance, à travers des conférences-débats et des présentations d’archives rares et inattendues.
> Résistance, Résistances • Présentation d’archives
Ouvert de 13h à 17h les mardis 22 février, 29 mars, 26 avril, visites commentées à 13h30 et 15h ; Ouvert de 10h à 15h les samedis 12 mars et 9 avril. • Conférences-débats (les mardis à 17h) :
22 février : « Du statut aux statues ». 29 mars : « Des résistants, une Résistance ? La coordination des familles de la Résistance » 26 avril : « La logique allemande de répression ; la Résistance vue par les Allemands ».
> Les hommes • Présentation d’archives
Ouvert de 13h à 17h les mardis 17 mai, 21 juin, 19 juillet, Journées du patrimoine, mardi 27 septembre, visites commentées à 13h30 et 15h. Ouvert de 10h à 15h les samedis 28 mai, 2 juillet, 23 juillet, 8 octobre. • Conférences-débats (les mardis à 17h) :
17 mai : « Militaires et gendarmes dans la Résistance : obéissance, légalité versus légitimité ». 21 juin : « Les étrangers dans la Résistance ». 19 juillet : « Les femmes dans la Résistance et dans la France libre ». 27 septembre : « Artistes et intellectuels dans la Résistance ».
> Les territoires • Présentation d’archives
Ouvert de 13h à 17h les mardis 18 octobre, 15 novembre, 13 décembre, visites commentées à 13h30 et 15h ; Ouvert de 10h à 15h les samedis 5 novembre et 3 décembre. • Conférences-débats (les mardis à 17h) :
18 octobre : « Les Antilles et les Antillais ». 15 novembre : « L’Empire, en quête d’un territoire : ralliements difficiles et enjeux territoriaux ». 13 décembre : « Géographie de la Résistance intérieure, résistance urbaine, maquis et ruralisation de la Résistance ».
Indochine 1950. Au nord de ce beau pays, Mao Tsé-Toung a pris le pouvoir et l’immense Chine devenue communiste tend la main au « parti de l’Indépendance vietnamienne » dirigé par Hô Chi Minh. Le commandement français décide d’évacuer les postes les plus exposés, sur la route coloniale n°4 qui longe la frontière. C’est la tragédie. En quinze jours de combats féroces autour de Dong Khé et That Khé, la moitié des soldats français mourra. Les autres prendront le chemin des camps... On a déjà écrit sur la captivité et les conditions de vie dans les camps du Vietminh... Oui, mais rarement avec la précision et l’authenticité d’Amédée Thévenet. A ses carnets de guerre se juxtaposent les témoignages de ses camarades survivants, constituant ainsi une sorte d’autobiographie collective et polyphonique, un patchwork d’anecdotes personnelles dans l’histoire. Le résultat est étonnant. Dès la première ligne, nous plongeons dans un récit passionnant, criant de vérité, un journal de marche auquel l’auteur associe ses compagnons d’infortune. Avec des mots simples, des anecdotes de la vie courante, Amédée Thévenet nous emmène au Tonkin, à la frontière de la Chine, où des soldats perdus luttent pour leur survie. Les deux tiers y succomberont, ou plutôt y crèveront. Quelques-uns, par miracle, résisteront à la nature hostile, à l’ambiance avilissante, aux perfidies des commissaires politiques et à la désespérance. Une aventure hallucinante où l’horreur est banalisée, un livre hors du commun. Editions France-Empire, 1998 • ANAPI - Association Nationale des Anciens Prisonniers Internés Déportés d'Indochine. Association de la Loi de 1901 Siège social : FSALE - 15, avenue de la Motte-Picquet 75007 Paris - France >contact(at)anapi.asso.fr<
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BIBLIOGRAPHIE
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L’auteur avait vingt-deux ans en 1950. A son retour de captivité, il entreprend une carrière au ministère de la Santé qui le conduit à l'inspection générale des Affaires sociales. Créateur et président de Sida Info Services, il est l'auteur de plusieurs ouvrages qui font autorité dans le domaine de l'aide sociale.
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