MÉTHODOLOGIE ET ENCADREMENT DU RAPPORT DE FIN D’ÉTUDES
Comment investir un espace résiduel et lui insuffler un nouveau dynamisme permettant d’y développer la vie ?
Anatole LANGE Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Val de Seine
Suivi par Mr. Jean Yves Guegan Année : 2018
Habiter les espaces résiduels : Comment investir un espace résiduel et lui insuffler un nouveau dynamisme permettant d’y développer la vie ?
J’ai plusieurs fois eu l’occasion de travailler sur le thème des micro-habitats dans les espaces résiduels et ai profité de l’écriture de ce rapport pour approfondir cette question. Avant de rentrer à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Val de Seine, j’ai étudié une année aux Ateliers Beaux Arts de la ville de Paris au sein d’une classe préparatoire à l’entrée en école d’architecture. Nous avions eu une projection d’un film traitant de ce sujet : Les espaces intercalaires, cette projection était accompagnée d’une présentation du film par son réalisateur, Damien Faure. Par la suite il nous avait
PET ARCHITECTURE :
été demandé de travailler sur un projet d’habitation pouvant accueillir une famille de 5
PET ARCHITECTURE :
personnes sur uneINTERCALAIRES parcelle au 105 rue de la glacière, dans le 13e arrondissement de ESPACES
ESPACES Paris dont la surface auINTERCALAIRES sol était de seulement 20m2. (figure 1)
! Figure 1 : Projet micro architecture !
Lors de mon premier projet à l’ENSAPVS, j’ai de nouveau travaillé sur un projet assez similaire. Le choix de la parcelle nous avait été laissé libre, c’est ainsi que j’en ai choisi une dans la ville d’Hanoi au Vietnam. Ce fut l’occasion d’étudier l’architecture traditionnelle de cette ville : Les « maisons tubes », il s’agit de maisons très étroites construites sur plusieurs niveaux afin d’optimiser aux maximum la densité d’habitation.
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Les maisons ont quelques mètres de large mais sont profondes de plusieurs dizaines de mètres. (figure 2)
! Figure 2 : Projet S2 Maison Tube !
J’ai de nouveau étudié la question des espaces résiduels de manière théorique en deuxième année de licence dans un dossier pour le cours Habiter avec Sylvaine Bulle comme professeur. Il était essentiellement question des micro-habitats dans la capitale nippone ainsi que des cas externes tel que les logements « cage à lapin » qui logent des personnes démunies dans des conditions déplorables.
Ces travaux portant sur des réalisations à petite échelle m’ont permis de me rendre compte que ce type d’habitat n’est pas simplement une version simplifiée d’un logement classique mais une concentration du potentiel de la plus grande échelle. Ce mode d’habitat permet une utilisation optimale des espaces ou l’espace ostentatoire a complètement disparu. Chaque objet peut remplir plusieurs fonctions, les pièces s’adaptent aux besoins de ses habitants. Chaque recoin doit être pensé intelligemment.
Le tissu urbain des villes fabrique souvent des espaces résiduels, laissés pour compte au coeur de la ville. Nous vivons aujourd’hui dans un contexte où, depuis 2007, la majorité de la population mondiale est urbaine, chaque jour, l’équivalent de la ville de Genève est
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construit. Cela mène à un étalement urbain partout dans le monde. En effet, depuis ces dix dernières années on observe une diminution de la moyenne des villes. Cependant, au cours de ce processus d’occupation et de transformation du territoire, ont voit apparaître des espaces marginalisés et indéterminés qui s’insèrent dans le tissu urbain : les espaces résiduels. Pour tenter d’améliorer la situation, il pourrait être pertinent d’aménager ces nombreuses dents creuses au fabuleux potentiel qui sont présentes au coeur de nos villes et qui pourtant restent en majorités inexploitées et ignorées. Ainsi dans ce rapport je chercherai à répondre à cette question : Comment investir un espace résiduel et lui insuffler un nouveau dynamisme permettant d’y développer la vie ?
Pour ce faire j’ai organisé mon rapport en trois parties, la première traitera des résidus spatiaux : j’exposerai les problèmes, par le biais des définitions d’un espace résiduel et des élément créateurs de délaissés urbain. Dans un second temps, je m’intéresserai à l’espace quantitatif en définissant l’équilibre entre recherche d’espace et densité urbaine puis en présentant les cas les plus extrêmes de micro-habitas. Cela permettant une présentation des souhaits des classes moyennes face à ce dont les plus défavorisés doivent se contenter pour survivre. Je finirai sur un constat des solutions possibles permettant de redonner un but aux dents creuses des villes ainsi que les moyens pour en faire un logement viable.
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« espaces de questionnement qui constituent "la réserve de disponibilité" d’une ville » Manifeste du Tiers Paysage, Gilles Clément
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LES RÉSIDUS SPATIAUX
a) Définitions
La ville s’organise avec des espaces publics ou privés, des rues, parcs, etc… mais elle abrite également des lieux moins glorieux, qui nous apparaissent comme interdits ou inaccessibles. Ces cinquante dernières années de nombreuses personnes ont analysé et cherchés à définir ces lieux derrières différentes appellations : Les Non-Lieux, Marc André; Les Tiers Espaces, Gilles Clément; Trous Noirs, Renzo Piano; Multiplicités interstitielles, Pascal Nicolas-Le-Strat.
Gilles Clément définit les espaces résiduels, qu’il nomme les Tiers espaces, dans son comme un « Fragment indécidé du jardin planétaire, le Tiers Paysage est constitué de l’ensemble des lieux délaissés par l’homme. Ces marges assemblent une diversité biologique qui n’est pas à ce jour répertorié comme richesse. »1. Pour Pascal Nicolas-Le-Strat, les interstices dans les villes sont des « espaces de questionnement qui constituent "la réserve de disponibilité" d’une ville » 2. Pour Renzo Piano, les espaces résiduels sont des « trous noirs qui doivent être comblés (…) une façon de faire de chaque partie de la ville un lieu d’urbanité ». 3
Un espace résiduel est donc un lieu qui n’a pas été conçu au préalable pour un usage déterminé. On y retrouve par exemple les zones sous le périphérique à Paris, talus de voies ferrée, voies de berges, parcelles trop petites pour y construire un bâtiment traditionnel… 1
Manifeste du Tiers Paysage, Gilles Clément
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Dans les interstices, Etienne Boulanger
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La Désobéissance de l’architecte, Renzo Piano
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Ils se distinguent des vides en ville. En effet, si les places, rues, ruelles cours intérieurs, jardins publics ou privés et autres patios permettent de structurer l’espace urbain en créant des connexions. Les espaces résiduels ne sont que des fractures dans la ville, des espaces en excès comme l’indique l’étymologie du mot résidu, du latin residuus : qui reste. Un résidu est donc quelque chose de non désiré, obtenu lors de la conception de l’objet souhaité, c’est le déchet qu’il reste à la fin. Ces espaces mettent en lumière l’échec des méthodes de planifications urbaines créant des intervalles aujourd’hui sans usage déterminé. Dans les villes, ces sont des espaces non réfléchis et délaissés qui deviennent des « zones de non droit » que l’ont cherche à éviter, marginalisés et sans qualité apparente.
A Tokyo, mégalopole qui a dépassé le stade de la ville qui compte aujourd’hui parmi les zones urbaines les plus denses du monde, l’organisation du parcellaire, crée des vides entre les bâtiments. Ils sont souvent utilisés pour y implanter de petits commerces (café, bar, épicerie…). Une agence d’architecture tokyoite, l’Atelier Bow Wow, s’est intéressé à ces lieux atypiques, ils les ont surnommé « Pet Architecture ». Ce terme définit les bâtiments qui ont été « compressés » dans des espaces urbains invraisemblables.
! Figure 3 : Typologie d’espaces résiduels
!
« De nombreux animaux entrent dans notre vie pour nous tenir compagnie; et ils occupent un certain espace dans notre existence. (…) Ces "pets" ont une existence totalement différente de la notre. nous marchons sur deux pattes, nous portons des 8
vetements et nous parlons. Ainsi, les animaux de compagnie ne peuvent pas être directement comparés avec les humains, ce qui est sans doute préférable pour notre santé mentale. Dans le même ordre d’idée, si les immeubles "décents" qui s’élèvent dans des espaces "décents" étaient considérés comme des êtres humains, les petits bâtiment construits sur des terrains invraisemblables pourraient s’apparenter à des animaux de compagnie dans les espaces urbains, et de ce fait de leur distance par rapport à l’être humain ainsi que leur présence dans le paysage. Nous avons donc décidés d’appeler ces immeubles Pet architecture. Ce type de construction est plus petit que les "terriers à lapin" qui est le terme utilisé à Tokyo pour parler des maisons les plus petites - mais plus grand que les véritables niches à chien. »
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Figure 4 : Tokyo, typologies de pets architectures
b) Les nouveaux tracés urbains
Le problème des espaces résiduels est international, il n’épargne pour ainsi dire aucune ville. Une multitude de raisons peuvent être les initiatrices de de la création
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Pockets, pets and petites maisons, Atelier Bow Wow
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d’espaces résiduels.
Ces espaces inhabituels sont inhérents au développement urbain. Ce sont les différentes manipulations et interventions que subit la ville au cours de son évolution qui crée ces délaissés urbains.
Nos villes grandissent inexorablement, la majorité de la population mondiale est à ce jour urbaine. Cette augmentation de population oblige les villes à se transformer. Pour accueillir ses nouveaux habitants, les villes s’étendent. Chaque jour, l’équivalent de la ville de Genève est construit dans le monde (190 000 habitants). Cela créé une diminution de la densité moyenne de population dans les villes : 1,7% de diminution chaque année pour les pays en développement et 2,2% dans les pays développés. D’ici à 2050 la surface des villes de plus de 100 000 habitants sera multiplié par trois pour atteindre 600 000 km2 (soit la surface de la France).5 Cette extension est une des plus importantes cause dans l’apparition de ces résidus. En effet, l’évolution des réseaux d’infrastructures ont permis la création de nouveaux quartiers résidentiels dans des zones au-delà des périmètres urbains historiques. Ce développement des réseaux à ainsi déplacé les principales activités en périphérie et à permis la connexion de nouveaux lieux dessinant de nouvelles trames urbaines. Cela pose, depuis l’ère post industrielle, le problème de la réhabilitation des anciennes zones d’activités industrielles devenues obsolètes ainsi que les réseaux routiers et ferroviaires mis hors d’usage.
Prenons le cas de Paris. Au XIXème siècle, les travaux d’Haussmann sont faits dans une optique d’hygiénisation de la ville. C’est ainsi que de grande percées au travers du tissu urbain du moyen-âge sont créées. Cependant lorsque se confrontent l’ancien et le nouveau, des parcelles sont parfois amputées et créent des formes complexes difficilement aménageables créant une fois encore des espaces résiduels.
Source des statistique : Vincent Laureau, professeur intervenant dans le cours Enjeux Environnementaux 5
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Les espaces résiduels récemment créés sont, pour une grande part d’entre eux, le fait des réseaux routiers et ferroviaires. On peut par exemple citer les dessous de périphériques, les talus entre les voies de chemin de fer, les voies sur berges, etc… On peut aussi citer les andrones, il s’agit de ruelles entre deux bâtiments qui étaient destinés, au moyen âge à récupérer les eaux usées des maisons attenantes (les eaux destinées à un usage sanitaire et les eaux de pluies). Elles ne sont, pour la plupart plus utilisées de nos jours. L’androne vient donc s’ajouter à la longue liste des espaces que l’on retrouve au sein de nos villes.
! Figure 5 : Photo et plan d’androne sur des bastides
!
Les villes sont parfois dévastées par des événements qui sont le fait de l’homme comme les guerres, les pillages ou encore le vandalisme. On peut également citer les catastrophes naturelles. Après ces épisodes destructeurs, la re-dynamisation urbaine est parfois lente et coûteuse. Dans ces cas, il devient difficile de faire respecter des règles urbaines. Prenons l’exemple de Varsovie, capitale polonaise. Elle fut ravagée lors de la seconde guerre mondiale. Dans l’après guerre, les constructions provisoires et aléatoires se multiplient, sans lien apparent avec le tissu ancien. Ce processus a alors créé des fentes, des interstices; vides et non productifs au coeur de la ville.
Ces espaces peuvent également apparaitre plus tard dans les « cicatrices » de la ville dus à la guerre. À Berlin par exemple, après la chute du mur, le tissu urbain s’est émietté laissant apparaitre de nombreux espaces « en attente ». D’une part l’espace qu’occupait le mur entre 1961 et 1989 à laissé nombre d’espaces vacants. D’autre part, 11
les anciennes industries de la RDA dont la production à été stoppée pour nombre de ces entreprises après la chute du mur, ont laissés de nombreuses friches industrielles.
Je ne pouvais pas traiter de la question des espaces résiduels sans m’intéresser au cas de Tokyo, le lieu le plus connu pour ces questions. La capitale nippone regorge de ce type d’espace du fait de la spécificité de la trame urbaine japonaise. Une des raisons qui explique cela sont les périodes de reconstructions qu’a connu la ville, conçues avec des règles d’urbanisme quasiment absentes.
« Tokyo est souvent décrite comme chaotique et déconcertante. La ville apparait en effet comme un nébuleuse d’immeubles ultra modernes et de petites maisons individuelles imbriqués un peu comme des pièces de lego agrégées sans cohérence apparente. Deux fois rayée de la carte, en 1923 suite à un séisme puis en 1945 sous les bombardements de l’armée américaine. Tokyo renait de ses cendre à chaque fois » 6
Maisons individuelles et immeubles contemporains sont imbriqués sans logique apparente, ce qui laisse place à des espaces à formes atypique et difficilement aménageables.
Beaucoup plus instable que les trames européenne ou américaine, la trame japonaise est en constante évolution. Une transformation rapide, en partie due à la durée de vie des des constructions : en Europe, on construit pour cent ans, au Japon pour trente. Ainsi la trame japonaise est constamment en mouvement. Cette instabilité apparait également pour des raisons économiques. Au Japon, le prix du foncier et les nombreuses taxes obligent les propriétaires à séparer les terrains dont ils héritent. Au fil des générations, en découle, une diminution progressive de la taille des parcelles constructibles. La capitale nippone à également la particularité de voir se côtoyer des immeubles ultra-modernes et des maisons individuelles.
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Tokyo, la mégapole des micro-maisons ! Arte France, Habiter le monde, Olivier Lassu, Philippe Simay
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Une dernière raison de la création de ces espaces résiduels est le risque de séisme, trés présent à Tokyo. Le règlement d’urbanisme impose donc de laisser des interstices de cinquante centimètres au minimum entre deux bâtiment.
Figure 6 : Tokyo, quartier de Sangenjaya
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87% (des français) rêvent d’une maison individuelle ! 170 000 personnes (à Hong Kong) vivraient dans des logements minuscules appelées « cages » ! 14
L’ESPACE QUANTITATIF
a) Rapport entre densité et recherche d’espace
Nous pouvons constater que les logements récents ont des surfaces de plus en plus importantes. Cela s’explique par le fait que pour 82%7 des français, le type d’habitat favori, est la maison individuelle.
Ce type d’habitat séduit pour des questions d’équilibre entre intimité et vivre ensemble; en effet la maison individuelle offre une plus grande liberté. Ces dernières décennies, la part d’individualité dans le logement à progressé, menant vers une augmentation de la surface. Cette préférence pour l’habitat dans la maison individuelle se retrouve dans tous les pays développés, mais aussi dans les pays en voie de développement. Prenons l’exemple de la banlieue de Shanghai, où a été importé le modèle occidental de la maison individuelle. On peut l’expliquer par le fait que quand les peuples s’affranchissent, ils s’individualisent et ils souhaitent avoir un logement dans une maison individuelle. On note aussi que le nombre de pièces n’a de cesse d’augmenter. Le logement moyen en France rassemble deux à quatre personnes pour une surface de 90m2. Seulement les habitants veulent les avantages de la maison individuelle en faisant le moins possible de compromis sur la distance des services à proximité de leur domicile. Depuis l’antiquité, les pouvoirs publics luttaient contre la tendance qu’avaient les habitations à s’entasser, cela pour des questions de sécurité face aux incendies mais aussi dans une optique d’hygiène et de circulation. C’est seulement à la fin du 19e 7
Le logement idéal existe-t il ? Rémi CAMBAU, cadreville.com
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siècle que cette tendance à commencé à s’inverser. Cependant, ces dernières années, nous assistons à une nouvelle inversion de cette tendance. Les populations et activités dans les grandes métropoles augmentent. Cela se fait au dépens de la densité des villes, menant vers un étalement des habitations dans le centre et repoussant les activités en périphérie; repoussant toujours plus loin les frontières de la ville. Aussi l’amplification des déplacements en voiture et les prix du foncier, plus abordables en périphérie permettent aux classes moyennes d’accéder au rêve de la maison individuelle. Cet étalement des villes est incompatible avec le principe du développement durable, conseillant une gestion économe des territoires. Cette progression se fait souvent aux dépens des terres agricoles. En dix ans l’urbanisation à consommé une surface équivalente à la surface d’un département à l’échelle française. À l’échelle mondiale cela équivaut à la surface de la France toute entière.
b) Cas extrêmes de micro-logements Bien que les homme soit à le recherche de grands logements individuels, ce n’est pas toujours possible. Intéressons nous à ce que peut être la vie dans les cas les plus extrêmes, dans un pays en développement où les habitants n’ont que peux de moyens financiers pour se loger, le cas d’Hong Kong en Chine. Ville qualifiée la plus verticale du monde, tant sont nombreux, les building et les immeubles, Hong Kong est la ville la plus riche de Chine, cependant elle possède un visage caché : selon une association locale, 170 000 personnes vivraient dans des pièces minuscules appelées « cages ». Des hommes célibataires venus de Chine continentale, des retraités qui manquent d'argent, ou encore des familles entières, en attente d'un logement social vivent dans des habitations qui ne font parfois pas plus d’1m2, un espace à peine suffisant, pour s’allonger. Dans certains immeubles modernes de la capitale, aux derniers étages, se trouvent des couloirs étroits ou sont répartis seize logements différents. Des appartements qui ressemblent au mieux à des placards, au pire à des cages. 16
! Figure 7 : Hong Kong, cas extrêmes de micro-logements
! Les habitants s’y sentent enfermés et certains même les qualifient de cercueil. Il n’y a pas de fenêtre, pas de matelas, aucun rangement. Les conditions de vie sont extrêmes : les insectes sont très présents et les sacs plastiques leur servent de rangements. Certains habitants y sont depuis des années, ils se sont habitués à ce mode de vie très particulier. Ils paient tous un loyer mensuel de 100€ par mois pour un logement où il fait parfois jusqu’a quarante degrés mais aucun d’entre n’a les moyens de trouver mieux. Dans les cages, chacun vit pour soit. Hong Kong est l’un des territoires les plus peuplé du monde, la ville la plus libre et la plus riche de Chine. Aujourd’hui l’espace y est un luxe, il y est rare et beaucoup trop cher pour la plupart de ses habitants. Dans certains logements, il n’y a pas d’air conditionné, pas d’électricité, pas de matelas, la pièce est complètement fermée. Il y a juste une planche en bois pour s’allonger. Lorsque l’on regarde les témoignages de certaines personnes ayant vécu dans ces logements on se rend compte que l’endroit est véritablement terrifiant : « C’est étouffant, c’est vraiment petit, il faut quelqu’un de petit et maigre. Je suis ni grosse, ni très grande mais j’arrive pas… Je rentre finement. Ce ne sont pas des dimensions humaines, on vit vraiment comme des animaux. » 8
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France 2, Envoyé Spécial - Hong Kong: La Vie en Cage, 24/10/13 Anouk BUREL, Didier DAHAN, Frederic PRIGENT
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1m2, c’est deux fois plus petit qu’un taxi. De plus ces logements ne sont pas légaux, mais si ils venaient à être détruits, toutes ces personnes se retrouveraient à la rue et cela poserait encore plus de problèmes. Vivre dans une cage c’est peut être d’abord la fuir : Les habitants confient vouloir y être le moins possible. Ils préfèrent trainer dehors plutôt que de rester chez eux. Le plus compliqué c’est la promiscuité avec des voisins que l’on ne connait pas. Prenons le cas de cette jeune femme qui a vécu pendant une semaine dans ce type d’habitation. Elle explique que l’intimité n’existe plus dans ce genre d’endroit, elle témoigne : « Le pallier étant là où se trouvait la salle de bain commune et la cuisine commune, j’étais entrain de rentrer chez moi le soir quand j’ai vu un homme derrière un rideau entrain de prendre sa douche. J’ouvre la porte pour rentrer dans ma chambre quand tout à coup le monsieur me dit "Je sors de la douche, fermez votre porte" En passant je lui demande s’il a de la lumière chez lui et il me répond "non ici il n’y a pas de lumière". Juste à coté de ma chambre, une veille dame vit ici depuis des années, elle parle tout le temps et très fort… Les cloisons sont très fines du coup on entend tout ce qui passe chez les voisins. Il n’y aucune intimité, c’est comme si vous viviez avec des inconnus chez vous. Je n’arrivais pas à rester dans ma chambre, dès que je ferme la porte j’ai l’impression que je vais mourrir… J’imagine les gens qui sont la, qui vivent ici tous les soirs comme ça, je trouve que c’est très affligeant de penser que moi je suis la pour une semaine et qu’eux ils y sont toutes les nuits, toute l’année. Quand je suis partie j’ai eu l’impression de laisser les gens dans un enfer » 9 Les demandes pour ces logements sont nombreuses. Pourtant la vie dans ces minuscules espaces y est en suspens. Pour certaines personnes ce n’est pas l’attente mais les cages qui transforment les gens : plus ils vivent longtemps dans ces conditions plus ils sont déprimés et sans espoir, ils ont l’impression que leur vie ne changera jamais. Ils ressentent les choses différemment que nous, par exemple, vivre ici ne leur fait plus rien, c’est une façon de s’adapter à cet environnement.
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France 2, Envoyé Spécial - Hong Kong: La Vie en Cage, 24/10/13 Anouk BUREL, Didier DAHAN, Frederic PRIGENT
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Le cas le plus extrême reste quand même ce que l’on appelle des « lits cages ». Ce sont des pièces où s’entassent des lits superposés grillagés. Ce sont des lieux encore plus petit que ce que l’on a vu précédemment. On pourrait presque penser à un clapier et c’est très choquant d’autant que les personnes qui y vivent sont souvent âgées. Ces lits cages ont beaucoup choqué l’opinion publique mondiale et on pourrait presque parler d’atteinte à la dignité humaine.
! Figure 8 : Hong Kong, « lits cages »
!
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« Ce n’est pas la taille qui compte mais la façon dont on s’y sent ! » Tokyo, la mégapole des micro-maisons ! - Arte France, Habiter le monde - Olivier Lassu, Philippe Simay
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LA QUALITÉ DU LIEU HABITÉ
a) La maison est l’extension de son habitant Les espaces résiduels ont beau être issus de situations confuses, ils ont tout de même une grande valeur dans un contexte où nos villes ont de plus en plus besoin de place. Comme le dis Pascal Nicolas-Le-Strat 10, les interstices d’une ville sont des « espaces de questionnement » qui constituent « la réserve de disponibilité » d’une ville. Les micro-habitats, pouvant s’insérer n’importe où semblent être la solution parfaite pour réhabiliter les espaces résiduels. Ils sont un bon compromis face au pavillon de banlieue, sorte de rêve américain où les gens aimeraient pouvoir vivre mais qui implique, pour des raisons financières de s’éloigner de la ville et donc d’avoir un temps de trajet assez conséquent. Les petites parcelles au formes atypiques permettant de pouvoir se construire une maison au coeur du tissu urbain pour un tarif abordable. Elles sont d’ailleurs plus faciles à construire du point de vue administratif puisqu’il n’est pas obligatoire (en France) de faire une demande de permis de construire pour une surface inférieure à 40m2, une simple déclaration de travaux suffit. Pour les surface inférieures à 5m2 il n’y en a d’ailleurs même pas besoin.
Ces habitations sont à l’opposé de la production de masse, chacune est unique pour pouvoir s’adapter aux caractéristiques de sa parcelle. Cela apporte une grande possibilité d’appropriation de l’espace par ses habitants. C’est « un lieu culturel fait sur mesure pour les citadins qui ne veulent plus subir les désagréments de la grande ville mais bénéficier de toutes les ressources qu’offre la vie métropolitaine »11.
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Multiplicité interstitielle, Pascal Nicolas-Le-Strat
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Tokyo, la mégapole des micro-maisons ! Arte France, Habiter le monde, Olivier Lassu, Philippe Simay
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Les espaces transitoires sont bien au coeur de la conception de l'habitat. C'est là qu'on travaille, là aussi qu'on se retrouve en famille. On ne vit pas de la même façon lorsque la cuisine est collective, ou le séjour est un lieu semi-public ouvert à l’extérieur.
Nous pouvons nous inspirer de ces attitudes et ces sensibilités pour reconnaître notre propre contexte avec ses forces et ses faiblesses. Ces nouvelles sensibilités amènent des approches dont les techniques sont plus disposées à fragmenter, fracturer, décentrer, éparpiller, stratifier, superposer et coller. Elles s’éloignent de la notion de perfection et de consistance d’une chose entière et complète.
Habiter un micro-espace, c’est avant tout pouvoir répondre à tous les usages nécessaires dans un seul et même espace restreint. Ces espaces réduits paraissent très petits pour y vivre mais prendre en compte uniquement la surface est extrêmement réducteur. Ce que recherche les utilisateurs de ce genre d’architecture est surtout l’impression de grandeur. Elle dépend d’autres critères que la surface, tels que la hauteur sous plafond, la luminosité, la vue extérieure et l’agencement. Cette impression passe tout d’abord par les mesures de l’espace dans ses 3 dimensions et l’interaction entre celui-ci et l’habitant. Dans un projet de micro-habitat, la longueur mais surtout la largeur sont la plupart du temps assez courts à cause du type d’emplacement qu’il occupe. La hauteur sous plafond est donc déterminante et reste intimement liée à la quantité de lumière pénétrante. La luminosité de la pièce est un point crucial du projet, elle est réglée en fonction du paramètre précédent, mais aussi des dimensions, de la nature et de l’orientation des ouvertures qui par la même occasion offre un rapport privilégié entre l’intérieur et l’extérieur.
Le rapport avec l’extérieur est très important, il permet d’étendre l’espace vers l’extérieur afin d’éviter l’impression d’habitat clos dans laquelle on pourrait développer un sentiment de claustrophobie. Il amène à un plus grand constat remarqué par Shinya Tsukamoto12 qui définit un lien avec les usages de l’habitat et la nature du lien 12
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Réalisateur de film japonais considéré comme le chef de file de la mouvance cyberpunk au Japon
social avec l’extérieur : « un habitant réduit à son strict minimum étend son espace de vie à l’extérieur ». « si les micro-maisons peuvent exister, c’est bien par ce que la ville est conçue comme une extension de la maison et que les deux vivent en symbiose. L’un n’existe pas sans l’autre : tout les commerces sont à proximité du domicile, ils en sont comme le prolongement. Les squares jouent le rôle du jardin de la maison, les innombrables restaurants remplacent la salle à manger et les distributeurs automatiques au coin de chaque rues sont l’annexe des frigos »13 Bien que cet esprit soit poussé à son maximum à Tokyo, cela est également valable pour à peu près toutes les grandes villes du monde à plus ou moins grande échelle.
L’aménagement de l’espace est fondamental dans un micro-habitat, il doit pouvoir faire co-habiter un maximum de fonctions dans un minimum d’espace. Une mixité des usages s’opère avec une nette préférence pour les espaces partagés. Il y a en effet peu de pièces distinctes dans ces maisons. Abondent au contraire les espaces intermédiaires, les couloirs investis par les besoins quotidiens ou les escaliers qui deviennent des lieux de vie. Une des solutions beaucoup utilisée est d’agencer des demi-niveaux autour d’un escalier central qui n’est plus un simple espace de passage mais devient un lieu de vie à part entière.
Cependant on peu se demander si il n’est pas difficile d’avoir de l’intimité dans ce type d’habitat. On observe que ses habitants ne sont pas souvent chez eux et lorsque l’on veut pouvoir recevoir des amis il faut le faire à l’extérieur.
Ce genre d’habitat peut parfois sembler rudimentaire, il regroupe en réalité le strict nécessaire en offrant un matelas avec un sommier pour dormir, une douche, des toilettes, une cuisine avec un évier faisant également souvent office de lavabo, un ou deux plans de travail et quelques rangements. Cette expérience minimale donne ainsi 13
Tokyo, la mégapole des micro-maisons ! Arte France, Habiter le monde, Olivier Lassu, Philippe Simay
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un sentiment de vivre dans un cocon bien confortable, une luminosité incroyable, des charges minuscules, une ouverture sur l’extérieur qui nous pousse à nous installer dehors. « Ce n’est pas la taille qui compte mais la façon dont on s’y sent ! » 14
b) Étude de cas
KERET HOUSE Construite à Varsovie, en Pologne, la Keret House est la plus étroite maison au monde, ce qui lui permet d’être désignée comme un exemple des mini-habitats. Tout d’abord réalisée comme concept artistique par son architecte Jakub Szczesny, elle est maintenant présentée comme un modèle de micro-architecture. Construite entre deux structures existantes à partir de deux époques historiques, l’infiltration étroite est plus une installation artistique qui réagit au passé et au présent.
!Figure 9 : Varsovie, Keret House - Coupe, plans et photo Bien que le point le plus large de la structure semi-transparente, sans fenêtre, mesure seulement 122 centimètres, l’intérieur naturellement éclairé ne semble presque pas claustrophobe malgré ce que l’on pourrait imaginer.
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Tokyo, la mégapole des micro-maisons ! Arte France, Habiter le monde, Olivier Lassu, Philippe Simay
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Cette maison aux dimensions déroutantes servira indéfiniment comme un foyer temporaire pour les écrivains itinérants tel que l’écrivain israélien Etgar Keret. Il s’agit donc principalement d’une habitation temporaire comme en témoigne ses matériaux : métal et plastique. La Keret House est un espace entièrement fonctionnel dans lequel on peut vivre et créer. La maison est située sur le terrain mesurant 92 centimètres dans son point le plus étroit et 152 centimètres dans son point le plus large.
« C'est pourquoi, d'abord, il semble que la construction de l'espace de vie dans une telle prémisse soit impossible. Keret House doit contredire cette fausse image, élargissant simultanément le concept d'architecture impossible. »
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La maison elle-même fait seulement 72 centimètres dans sa partie la plus étroite et 122 centimètres à son point le plus large. Le bâtiment dispose de tout les usages nécessaires pour un tel appartement : une cuisine, une salle de bain, un salon ainsi qu’une chambre. Le salon apparaît au dessus de l’escalier d’entrée par un système de trappe. Il n’y a aucun espace de circulation étant donné que le moindre centimètre est utilisé pour remplir une fonction de la maison. Toutes les pièces sont correctement éclairées de lumière naturelle provenant d’une toiture translucide.
! Figure 10 : Varsovie, Keret House - Photos escalier accès, cuisine, chambre
La toiture a une pente de 45°, permettant de modifier la perception de l’espace avec une certaine hauteur sous-plafond variant tout le long de du bâtiment et donnant à
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Architectura Interviews - Jakub Szczesny
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certains espaces une impression de double hauteur. Ce type d’habitat permet d’offrir une expérience d’une intimité exacerbée à son habitant faisant office d’espace de méditation. Le sentiment d’isolation est étonnamment trés présent, la maison étant pourtant en plein coeur de la ville et distante d’à peine 50cm avec les bâtiments voisins. Tel un cocon, le bâtiment se voit comme une bulle protectrice de l’extérieur.
MAISON ATLIER BOW WOW Construite en 2005 à Tokyo sur une parcelle d’à peine 50m2, la maison est entourée de bâtiments et est reliée à la rue seulement par une étroite bande de terre.
! Figure 11 : Tokyo, Maison / Atelier Bow Wow - plan et photos
!
Il s’agit à la fois de l’atelier de l’agence d’architecture Bow Wow mais également du lieu de vie du couple des fondateurs. Cette mixité entre habitat et travail était très répandue jusque dans les années trente, aussi bien au Japon qu'en Europe. Elle a cessé de l'être à partir de la seconde moitié du XXème siècle, quand l'application du zonage imposa la stricte séparation entre lieux de vie et d’activité. L'édifice mêle sans distinction les deux fonctions qu'il est censé desservir. Bow Wow prône un rétablissement de l'ouverture de l'espace domestique à la vie publique et professionnelle de ses habitants. Ainsi, les espaces de l'agence fusionnent avec le lieu d’habitation. Cette organisation à pour effet de briser et revitaliser le huis clos de la cellule domestique La séparation entre les activités se fait au moyen de demi-niveaux. En effet la circulation verticale se fait par plusieurs escaliers désaxés qui relient des paliers habitables. Ceux-ci ont la particularité de changer de typologie lors du passage à l’espace intime.
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Figure 12 : Tokyo, Maison / Atelier Bow Wow - maquette et photos intérieures
L'absence de cloisons crée de nombreuses perspectives verticales. Cette configuration permet une transparence totale du bâtiment maximisant la sociabilité au sein de l’édifice. Ainsi on retrouve les espaces de travail aux deux niveaux inférieurs, tandis que les deux supérieurs sont associés à leur lieux de vie.
Figure 13 : Tokyo, Maison / Atelier Bow Wow - Coupe
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La maison japonaise intègre traditionnellement un jardin en fond de parcelle, celui-ci se retrouve ici déplacé en toiture. Cette terrasse offre aux habitants et travailleurs un havre de paix à la vue panoramique sur la capitale permettant la connexion spirituelle avec celle-ci.
! Figure 14 : Tokyo, Maison / Atelier Bow Wow - plan et photo de de la toiture terrasse
D’autre part ce sont les conditions climatiques (chaleur d’été) qui ont guidé le choix du matériaux : Le mur extérieur est recouvert de granulés d’asphalte, ils ont pour but de retenir l’eau projetée en toiture. En effet un puit à été creusé sous le bâtiment afin de puiser l’eau pour le refroidissement et le chauffage. Cette eau est envoyée vers la toiture et redescend le long des murs extérieurs. Elle permet une climatisation naturelle. En plus d’être plus écologique qu’un climatiseur, cette technique à également une dimension psychologique : on peut comparer le bâtiment à une roche qui transpire. Figure 15 : Tokyo, Maison / Atelier Bow Wow - photo de l’accès
c) Vers une optimisation maximale des espaces, l’étude du Raumplan
Dans les micro habitats l’espace est optimisé au maximum. Pour mieux étudier cette question, nous pouvons nous baser sur les écrits d’Adolf Loos et sur son concept du 28
Ramplan. Adlof Loos est un architecte autrichien du mouvement moderniste. Il a conçu une manière de projeter l’architecture à sa façon, il s’agit du Raumplan qui est un plan qui n’est pas en deux mais en trois dimensions. La traduction littérale de Raumplan est : projeter dans l’espace. Il dit « J’apprends ainsi à mes élèves dans les trois dimensions, en cubes. Ainsi, pour Loos, une pièce contenant un volume d’air, qui la définie par une longueur, une largeur et une hauteur. » 16. Il serait donc naturel de faire varier la hauteur d’une pièce par rapport à sa fonction, il est naturel que des toilettes ne fasse pas la même hauteur qu’un séjour. L’espace doit s’appréhender dans son volume. Ceci permet une nouvelle mesure de l’espace, cela permet dans notre cas de bien appréhender les micro-habitats. Ainsi ce logement ne
doit pas être défini par une
largeur mais par un volume. Nous pouvons constater que plus un espace est intime et privé, plus ses dimensions en seront réduites. Les micro-espaces se conçoivent donc comme des lieux intimes et personnels où l’on peut s’isoler. Les dimensions des micro-habitats engagent un vécu personnel qui profite à l’appropriation du lieu.
Le Raumplan développe également un concept qui est d’ « utiliser des volumes réguliers et compacts, "dont la configuration géométrique élémentaire repose sur des règles de composition classiques" »17. Ceci est un point particulièrement important dans les micro-habitats, comme nous avons pu le voir précédemment dans les études de cas, les bâtiments sont poussés vers une simplicité géométrique des espaces. Trop de complexité brouillerait la lecture de l’espace et apporterait des informations peu compréhensibles pour l’usager, ce qui lui empêcherait une appropriation maximale de l’espace.
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Adolf Loos, Paroles dans le vide - Malgré tout Panayotis Tournikiotis, Loos
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Grâce aux études de cas, nous pouvons nous rendre compte que le micro habitat interpelle quant à sa réelle viabilité au sein d’une société développée. Un grand nombre d’architectes ont essayé de trouver des solutions pour remédier à ce manque d'espace dans ces grandes villes, notamment en Asie afin de créer des espaces réduits mais « vivables ».
Les architectes ont essayé de rendre ce mode de vie plus confortable et plus sain, malgré les grands enjeux que cette architecture pose. La Keret house en est un exemple concret. Malgré un aménagement restreint, conçu par les architectes, cette maison est optimale mais minimaliste. Ces logements pourrait s’apparenter à de l’art, cela rappelle le travail de Kawamata sur ses Tree Huts, construits avec quelques brindilles permettant le recyclage de matériaux. Ici ce que nous recyclons ce sont les espaces
On peut aussi se poser la question sociale : dans ce type d’habitat, il n’est pas concevable de recevoir des amis par exemple. Ce type d’habitat exclu donc une partie des pratiques sociales très présentes.
On peut remarquer une différence entre un micro habitat pensé par un architecte et un cas plus extrême : Le premier a la volonté de rendre un espace réduit habitable et agréable pour les habitants, il peut sembler être une bonne solution dans des villes où l’espace devient de plus en plus un luxe. Le second, apparait dans un contexte économique et social où il à fallu créer des logements qui sont en réalité des parcages d’habitants dans des conditions insalubres.
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Malgré un prix des loyers très élevés, ce type de logement est le seul moyen pour éviter la rue. De tels espaces impliquent obligatoirement un certain nombre de conséquences, habiter dans un espace de taille minimum signifie vivre avec le minimum vital : pas d’électricité, pas d’eau, pas de fenêtres, pas de cuisine, juste un lit pour dormir.
On découvre aussi qu’habiter les espaces résiduels met en avant de nouvelles valeurs sociétales. Dans une société où tout est poussé à l’excès, la réhabilitation en logements des résidus urbains est possiblement une bonne solution. En effet il faut se contenter du strict minimum pour loger dans un micro-habitat.
Enfin, aujourd’hui le micro habitat pose une véritable réflexion dans la conception du logement : son développement reste conditionné par le dessin de la ville et de ses infrastructures. Il parait nécessaire de compenser la perte d’espaces individuels par la création de structures collectives de proximité engendrées par ces modes de vie profondément ancrés. Ainsi c’est possiblement une transition réussie vers de nouveaux modèles de société.
Ce travail a été une première étape de ma réflexion de futur architecte responsable de l’environnement. Dans le contexte actuel, il est important de réagir et d’adapter notre façon de construire. La réhabilitation des micro habitats est une des solutions, permettant de stopper l’étalement urbain et de préserver les zones non encore urbanisées. Aussi ce thème permet de se concentrer sur ce qui est vraiment essentiel dans un logement que ce soit à petite ou à plus grande échelle.
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LIVRES Atelier Bow-wow, 2002, Pet Architecture Guide Book Vol. 2, Paper Back, Tokyo, 171 p. BOULANGER Etienne, Dans les interstices, s.n.s.d.s.l. , 28 p. CLEMENT Gilles, 2004, Manifeste du Tiers Paysage, s.n.s.l. ,25 p. LOOS Adolf, 1979, Paroles dans le vide - Malgré tout, Editions Champ Libre, 335p. LOOS Adolf, 1991, Panayotis Tournikiotis, Macula s.l. 224p. NICOLAS-LE-STRAT Pascal, 2007, Multiplicité interstitielle, ASSOCIATION Multidues, 240 p. PIANO Renzo, La Désobéissance de l’architecte, Arléa, 2009, s.l. 184 p.
FILMS BUREL Anouk et DAHAN Didier et PRIGENT Frederic, 2013, Envoyé Spécial, "Hong Kong: La Vie en Cage", 30’ FAURE Damien, 2013, Les espaces intercalaires, 56’ LASSU Olivier et SIMAY Philippe, 2016, Habiter le monde, "Tokyo, la mégapole des micro-maisons !" 25’
REVUES GALLANTI Fabrizio, juin 2006, "Pet Architecture", Abitare IGARASHI et TARO, septembre 2004 "Atelier Bow Wow : Pockets, pets and petites maisons", Domus XXX, juillet 2007, "Pets House", Quaderns d’arquitectura
DOCUMENTS SUR LE WEB CAMBAU Rémi, "Le logement idéal existe-t il ?", https://www.agorabordeaux.fr/wp-content/uploads/ 2015/03/Le_logement_ideal_existe_t-il.pdf, s.d. , 23 p. GOUDIN-STEINMANN Elisa, juillet 2014, "Espaces résiduels et espaces collaboratifs : le développement du secteur socioculturel berlinois au sein des interstices de la ville (1990-2013)", Open Edition, Carnets de géographie https://journals.openedition.org/cdg/536 ROSENFIELD Karissa, novembre 2012, "Inside The Keret House - the World's Skinniest House - by Jakub Szczesny", Archidayly, https://www.archdaily.com/289630/inside-the-keret-house-the-worlds-skinniesthouse-by-jakub-szczesny STÜHLINGER Harald,"LOOS (Adolf) 1870-1933" https://archistart9.files.wordpress.com/2013/03/adolfloos.pdf, s.d. , 3 p. TANCK Roy et FAZNI, décembre 2009, "Atelier Bow-Wow: Tokyo Anatomy; controversial Yoshiharu Tsukamoto talks about his understanding of architecture with Archinect", Architectura Interviews, http:// architecturalinterviews.blogspot.fr/2009/12/atelier-bow-wow-tokyo-anatomy.html
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Figure 1 : Projet personnel micro-architecture, Paris, perspective et coupe
Figure 2 : Projet personnel maison-tube, Hanoi, perspective et coupe Figure 3 : Typologie d’espaces résiduels, plan, Atelier Bow-Wow, Pet Architecture Guide Book Vol. 2 Figure 4 : Typologie de pets architectures, dessins et photo Atelier Bow-Wow, Pet Architecture Guide Book Vol. 2 Figure 5 : Androne, photo et plan d’une bastide www.espritdepays.com Figure 6 : Quartier de Sangenjaya, Tokyo, vue satellite Google Earth, 2012 Figure 7 : Cas extrêmes de micro-logements, photos France 2, Envoyé Spécial - "Hong Kong: La Vie en Cage", BUREL, DAHAN, PRIGENT Figure 8 : Lits cages, photos France 2, Envoyé Spécial - "Hong Kong: La Vie en Cage", BUREL, DAHAN, PRIGENT Figure 9 : Keret House, Varsovie, coupe, plans et photo www.archidaily.com Figure 10 : Keret House, Varsovie, photos escalier, cuisine chambre www.archidaily.com Figure 11 : Maison / Atelier Bow-Wow, Tokyo, plan RDC et photos www.archidaily.com Figure 12 : Maison / Atelier Bow-Wow, Tokyo, maquette et photos intérieures www.bow-wow.jp Figure 13 : Maison / Atelier Bow-Wow, Tokyo, coupe www.archidaily.com Figure 14 : Maison / Atelier Bow-Wow, Tokyo, toiture terrasse, plan et photo www.bow-wow.jp Figure 15 : Maison / Atelier Bow-Wow, Tokyo, Accès www.bow-wow.jp
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LES RÉSIDUS SPATIAUX
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a) Définitions
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b) Les nouveaux tracés urbains
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L’ESPACE QUANTITATIF
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a) Rapport entre densité et recherche d’espace
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b) Cas extrêmes de micro-logements
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LA QUALITÉ DU LIEU HABITÉ
a) La maison est l’extension de son habitant
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b) Étude de cas
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c) Vers une optimisation maximale des espaces, l’étude du Raumplan
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Ce rapport s’interroge sur la capacité du micro habitat à investir les espaces résiduels afin de dynamiser ces zones de non droit et ainsi de lutter contre l’expansion des villes sur les territoires non encore urbanisés.
« espaces de questionnement qui constituent "la réserve de disponibilité" d’une ville »
Manifeste du Tiers Paysage, Gilles Clément
Le développement de la ville crée des dents creuses au coeur de la ville. Les réhabiliter en habitation pourraient être un bon compromis à la fois entre le rêve de maison individuelle des populations mais aussi assurant une proximité de la ville, celle-ci devant même l’extension de l’habitat. Face aux personnes dans le besoin, soumis à l’insalubrité et entassés "comme des bêtes" dans des "cages à lapins", des micro-habitas intelligent pourraient être une des solutions de relogement.
ARCHITECTURE VILLE URBANISME ESPACES RESIDUELS DENSITE LOGMENTS "CAGE A LAPIN" RAUMPLAN MICRO-HABIAT