Interview de M Je tiens à remercier l’auteur, Mireille Calmel, pour sa gentillesse et sa disponibilité et je tiens aussi à préciser que cette interview s’est faite par téléphone. Comme je ne suis pas une pro, cela n’a pas toujours été facile de prendre en note. J’ai essayé de rester le plus fidèle possible aux réponses de l’auteur et toute erreur est entièrement de ma responsabilité. *** Mireille Calmel a l’habitude de dire que l’écriture lui a sauvé la vie. Car lorsque, à l’âge de 8 ans, elle tombe gravement malade et est déclarée perdue, Mireille commence à écrire, par besoin d’extérioriser sa peur, mais aussi parce qu’elle croit profondément que tant qu’elle écrira, elle ne mourra pas. Et inexplicablement, bien que les médecins aient renoncé, la maladie régresse. Peu à peu, Mireille reprend des forces, recommence à marcher. Elle travaille avec acharnement ses cours par correspondance, sans jamais cesser d’écrire : 250 poèmes, des chansons, un roman… Ce n’est qu’à quinze ans qu’elle retrouve une vie pleinement normale. Elle ne pense plus qu’à écrire, lire, chanter, vivre à tout prix. Elle écrit des chansons, des nouvelles, des pièces de théâtre, dont l’une destinée aux adolescents sera couronnée d’un prix, chante dans les bals populaires, organise un festival de théâtre, monte des spectacles sur différentes scènes à travers la France… En 1995, elle dépose un dossier d’insertion et obtiens le RMI pour écrire ce qui deviendra Le lit d’Aliénor. Cinq ans après, elle envoie son manuscrit à Bernard Fixot, avec qui elle signe son premier contrat. Et c’est le succès : plus de 100 000 exemplaires vendus en librairie en France, 800 000 exemplaires vendus dans le monde… Deux ans après, les héroïnes de son Bal des Louves rencontrent le même engouement auprès du public. Aujourd'hui, ses livres sont publiés dans une quinzaine de pays européens et elle compte plus de 11 millions de lecteurs. Sources : Wikipédia et Fnac
Mireille Calmel Némésis : La majorité de vos romans se déroulent au Moyen Âge qu’est-ce qui vous fascine dans cette époque ? Mireille Calmel : Je ne choisis pas vraiment, c’est plus le Moyen Âge qui me choisit, ce sont des rencontres qui m’y mènent. Par exemple, concernant la saga Le lit d’Aliénor, je suis installée en Gironde, là où vivait le troubadour Jaufré Rudel et quand j’ai vu son château en ruines, pendant quelques instants, je me suis projetée à son époque et j’ai voulu en savoir plus sur lui et sa vie, ce qui m’a mené à l’écriture de ces romans. Le Moyen Âge est, par ailleurs, une période très intéressante car c’est là que se créée les légendes et plus que de les raconter c’est aller au-delà qui m’intéresse, remonter aux évènements qui les créaient. Mais pourquoi mon inconscient me ramène aussi souvent au Moyen Âge ? Je ne sais pas, c’est la magie de l’écriture. N : Aimeriez-vous tenter une autre période de l’Histoire plus contemporaine ou, au contraire plus lointaine ? MC : Certains de mes récits comme Lady pirate se déroulent dans d’autres époques et j’ai pas mal de projets en cours qui se passeront à d’autres époques. Je suis avant tout une raconteuse d’histoires donc peu m’importe l’époque tant que l’histoire est là.
N : Lorsque vous vous lancez dans l’écriture d’un roman : partez-vous d’une période ou d’un évènement historique qui vous plaît et confectionnez-vous une histoire autour ou bien, avez-vous en tête une histoire et des personnages et êtes à la recherche de la meilleure époque pour eux ? MC : La trame historique existe et les choses viennent ensuite naturellement. Les histoires existent dans ma tête et les personnages sont présents depuis longtemps, tout cela vient se mêler et faire mon histoire. Généralement, tout démarre avec des rêves récurrents qui deviennent puissants et me poussent à les mettre sur papier mais avant d’entamer la phase d’écriture, je fais des recherches pour comprendre ce que je vois dans mes rêves. Par exemple dans Le chant des sorcières pendant plusieurs nuits, j’ai vu le prince Djem avec sa peau foncé et ses yeux bleus, je l’ai vu à côté de cette femme à la peau si claire près de l’eau. A partir de là, je me pose des questions, je fais des recherches où je suis aidée par une équipe que j’appelle « mes limiers », ce sont des spécialistes (historiens…) qui m’aident à aller au plus près de la vérité historique et à donner un sens à ce que je vois dans mes rêves. N : Je sais que vous faites beaucoup de recherches préparatoires pour vos romans : combien de temps cela vous prend-il
en moyenne ? Où cherchez-vous ? MC : Mes recherches préparatoires sont faites en grande partie par une équipe de spécialistes car c’est plus facile pour eux d’accéder aux archives et de décrypter les textes (parfois en latin ou dans les langues du pays genre langue d’oc). Ils font des vérifications pour aller au-delà des biographies et de ce qu’on nous apprend dans nos livres d’histoire. Je peux m’appuyer sur eux. En moyenne, il y a 3 ans de recherches avant que j’entame l’écriture du roman et quand je commence, j’ai environ 200 documents différents auquel me référer pour m’aider dans l’écriture. N : Vous mettez en scène majoritairement des femmes : est-ce parce que vous êtes vous-même une femme et que c’est plus simple de retranscrire des sentiments que vous connaissez ou y-a-t-il une autre raison ? MC : Je ne choisis pas, ce sont elles qui viennent à moi et qui me racontent leurs histoires mais il y aussi des hommes tel que le prince Djem ou Richard cœur de lion (à venir). N : Avez-vous une héroïne favorite ? Si oui, laquelle et pourquoi ? MC : Loanna de Grimwald, sans aucun doute car elle est auprès de moi depuis que je suis toute petite. Pendant longtemps j’ai inventé des histoires avec elle avant de coucher son histoire sur papier des années plus tard. C’est une compagne de longue date. J’ai parfois l’impression que mes autres héroïnes ne sont que ses réincarnations. N : Avez-vous déjà abandonné l’écriture d’un roman ? Si oui, lequel ? MC : Non, cela ne m’est jamais arrivé. Je n’ai jamais eu le syndrome de la page blanche. C’est plutôt le phénomène inverse, une fois lancée dans l’écriture, j’ai beaucoup de mal à m’arrêter pour manger ou dormir, c’est une sorte d’addiction, on doit souvent
m’arrêter mais jamais le contraire. Je n’ai pas de problème car une fois que j’ai la trame historique, le reste vient au fur et mesure. Je ne sais jamais à l’avance ce que je vais écrire le lendemain. C’est pour cela que je ne fais pas de squelette de mes romans car ça me bloque, je préfère garder cette liberté d’écrire au fil de l’eau et des envies. N : Le début du Bal des louves est très dur, comment s’est passé son écriture ? Comment l’avez-vous ressenti ? MC : Ce début est naît d’un rêve récurrent, j’ai d’ailleurs toujours cette image en tête : une nuit d’orage avec un ciel strié d’éclairs, au pied d’un château, il y a une femme blessée, à terre et elle lève le visage vers le ciel car elle est à bout de force et au loin, il y a un loup. C’était une image très violente que je voyais en rêve et qui m’obsédait. Un jour, mon mari m’a proposé d’aller en Auvergne, où je n’avais jamais mis les pieds. Au détour d’une route, je vois une pancarte pour aller visiter un château et la nuit, j’ai réveillé mon mari à 1h du mat’ pour lui dire qu’on devait y aller maintenant. Il a été assez gentil pour accepter, on est donc arrivé là-bas en pleine nuit, les grilles étaient ouvertes et nous avons
pénétré dans la cour à pieds. Il y avait un système de surveillance qui a fait que les lumières se sont allumées et je me suis rendu compte que ce n’était pas le bon château. Nous avons fait demi-tour mais le lendemain, nous sommes revenus pour nous promener dans les bois alentours, nous nous sommes perdus et sommes tombés sur un château en ruine : le château de Montguerlhe. C’était lui. Je suis allée au village juste à côté pour avoir des informations sur ce lieu et la première personne à qui j’ai posé des questions s’est avérée être de la famille du gardien du site qui par la suite m’a raconté la légende de ce château maudit et de la femme louve. Quand je suis revenue chez moi, j’ai lancé mes recherches. N : Parmi les romans que vous avez écrits, lequel vous a le plus marqué ? Pourquoi ? MC : La rivière des âmes car ce livre était destiné à me sauver la vie. Il m’a obligé à affronter ma plus grande peur : l’hôpital. Cela a été une vraie bataille pour écouter mon instinct et non pas ce que me disaient les médecins. Pour eux, j’allais bien mais mon héroïne n’arrêtait pas de me dire de me battre, je pense que mon corps savait qu’il y avait un problème grave et me l’a fait savoir par ce biais là. J’ai donc été voir un autre médecin qui m’a écouté et a finalement trouvé que j’avais un cancer. Heureusement que cela s’est passé à ce moment-là car si j’attendais encore, cela aurait métastasé. N : Pouvez-vous nous parler de vos projets pour le futur ?
MC : Début 2013, va arriver l’histoire de Richard cœur de Lion (dans laquelle on reverra Aliénor), c’est une saga en deux volumes que je suis en train de terminer. Après cela, je suis en train de faire des recherches sur Julie de Maupin, personnage du XVIIème siècle. C’est un mélange de Lady Pirate et du chevalier d’Eon, beaucoup de choses ont été dites sur elle, il y a même eu un téléfilm sur elle sur TF1. C’est un personnage très intéressant et il y a beaucoup à raconter sur elle. N : Avez-vous un dernier mot à nous dire ? MC : Merci à tous pour votre fidélité, merci de lire et d’aimer mes histoires. Un auteur n’existe que parce qu’on le lit. Rencontrer et discuter avec mes fans est toujours un plaisir et j’espère vous revoir aux prochaines Imaginales ou autres salons où je serai. Encore merci à Mireille Calmel et je lui dis à très bientôt car j’ai bien l’intention de la revoir !! Némésis Juillet 2012
Bibliographie Le lit d’Aliénor, 2001 Les tréteaux de l’enfance, 2003 Le Bal des louves, 2003 Lady Pirate, 2005 La rivière des âmes, 2007 Le Chant des sorcières, 2008-2009 La reine de lumière, 2009-2010 Aliénor, le règne des Lions, 2011 Aliénor, l’alliance brisée, 2012