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ROCK LA KASBAH

04 FRANÇAIS/ANGLAIS



ROCK LA KASBAH

Couverture : Photographe Othman Zine Modèle Ihssane Mayar El Idrissi Concept JJF

04 français/anglais


édito mouna

anajjar

UN PEU

© Othman zine

PLUS PRES DES ETOILES ! A LITTLE CLOSER TO THE STARS

C’est déjà la rentrée, et bientôt la fin de l’année… Une année mouvementée sur une planète agitée. Et si l’on inversait nos perspectives ? C’est ce que ce numéro 4 du Marrakech Mag nous invite à faire : préparer 2012 avec la juste dose de fraîcheur dans le regard, de hauteur dans le mouvement, et d’horizon dans les pensées. Ode à la libération ? “Harrer, Harrer”, du Caire à Beyrouth, de Damas à Tunis, d’Alger à Marrakech, les cinéastes en herbe lâchent sur la pellicule leurs visions des révolutions arabes… La caméra change d’épaule, et nous bouleverse, Michelle Médina livre une fine épopée père et fils sur fond de hip hop… Rythmé, Marrakech Art Fair 2 élargit encore plus son angle de vue sur l’art international contemporain et la scène artistique arabe, à vous les images affranchies ! Nos super-héros d’hier l’ont bien compris : fatigués de sauver ce monde, ils préfèrent en réinventer un autre… à Marrakech ! Et c’est en justiciers, démissionnaires mais masqués, qu’ils arpentent ruelles et Derbs dans la terre des possibles, bien loin des missions impossibles… Vous aussi, prenez de la hauteur, “C’est dans l’air” qu’étoffes et corps gracieusement s’envolent, délivrés de l’apesanteur, pour une danse éternelle… Un voyage qui se poursuit en mode Mad Max des temps modernes où de “divines connexions” conduisent à un monde d’amour, sans fric et sans jugement… Question qui tue : Marrakech n’a pas dit son dernier mot, ni aux plumes assassines, ni aux images sabrées, car ce qui ne tue pas rend plus fort dit-on… On vous le dit aussi : célébrez votre ville, sa création, ses acteurs. Participez, vous aussi, à son énergie… et allez toujours un peu plus près des étoiles. Happy new year !

Already the start of the new school year, and nearly the end of the calendar one… An eventful year on an agitated planet. So how about a complete change of perspective? The 4th edition of Marrakech Mag invites you to prepare 2012 with the right dose of fresh outlooks, grand movements, and far-reaching ideas. An ode to liberation? “Harrer, Harrer”, heard from Cairo to Bayreuth, Damascus to Tunis, Algiers to Marrakech, has stirred budding filmmakers to unleash their vision of the Arab revolutions on the screen… The camera moves on to a moving scene, as Michelle Médina recounts her fine father and son tale on a hip-hop background… The rhythmic Marrakech Art Fair 2 pans out yet further on modern international art and the Arab artistic scene, with a host of emancipated pictures ! Yesterday’s superheroes have seen the light : tired of saving the world, they have chosen to reinvent another… in Marrakech! These resigned but masked dispensers of justice pace the alleyways and Derbs in the land of the feasible, far from missions impossible… You too can gain height: “In the air” fabrics and bodies take gracious flight, weightless in an eternal dance… The journey continues in modern day Mad Max mode where “divine connexions” lead to a world of love, free from money and judgement… The killer question : Marrakech has not said its last word to poison pens or critical minds, and what does not kill makes you stronger goes the saying… So celebrate your city, its creations and its players. Take part in its energy… and always reach a little closer to the stars. Happy New Year!



SOM

MM0 E 4 MAIR

8/ CONTRIBUTEURS 10/ NEWS 18/ L’ESAV : REVOLUTIONS ARABES 20/ LA QUESTION QUI TUE 22/ PORTRAIT OUM’S MARRAKECH 24/ CQFD ICI 28/ LIVRES 30/ BEAUX LIVRES 32/ CQFD AILLEURS 36/ RENCONTRE DAVID BLOCH 40/ MARRAKECH ART FAIR 48/ PORTRAIT LEILA ALAOUI 56/ LES GRANDES PERSONNES 60/ RENCONTRE LATIFA LAABISSI 64/ PORTRAIT MICHELLE MEDINA 68/ BEAUX TAPIS 74/ ARCHITECTURE NOW 80/ SHOPPING SIDI GHANEM 82/ PNEUS EN FOLIE 86/ JULIEN DELIGNE 88/ ETRES DE MARBRE 92/ PORTRAIT CHINOIS HASSAN HAJJAJ 94/ LES SUPER HEROS A MARRAKECH 106/ PORTRAIT MODE ART/C 110/ TENDANCES LADIES & GENTLEMEN 112/ COLLECTION AUTOMNE HIVER 11/12 116/ SERIE MODE : C DANS L’AIR 130/ SHOPPING JOAILLERIE HORLOGERIE 132/ SAGA GUCCI 136/ MODE : STUDIO LALLA 138/ BURNING MAN 150/ PROFESSION FREE LANCE 152/ LE CLUB MED FAIT SON CIRQUE 154/ LA SAFRANIERE DE L’OURIKA 156/ EVASION AU BRESIL 162/ FOODISTA NEW YORK 166/ BALADE A TAMESLOHT 170/ CITY GUIDE : ENVIE DE... 180/ CARNET D’ADRESSES


ZAHA HADID et le Grand théâtre de Rabat CHRISTIAN DE PORTZAM et le CASART




08/CONTRIBUTEURS

BERNARD BENANT

C’est à l’âge de 10 ans, en photographiant ses grands-parents dans leur costume traditionnel berbère, avec le vieux Kodak en bakélite noire de son père, que Bernard Benant a vécu son premier émerveillement photographique... Autodidacte, il est d’abord passé par la case Pub, avant d’apporter son regard singulièrement décalé aux magazines de mode les plus en vogue. De New York à Paris, en passant par Tokyo, il navigue dans les univers de la mode, du cinéma, de la musique, des voyages et des célébrités. Son crédo : désacraliser le “people” pour laisser passer l’émotion d’une rencontre. Aujourd’hui entre Paris et Marrakech, Bernard collabore au Marrakech Mag pour la deuxième fois avec une série aérienne qui nous envole vers le septième ciel de la mode, p. 116.

HASSAN HAJJAJ Né à Larache, cet artiste insatiable a élu domicile à Londres où ses labels de vêtements, expos de photos et objets de déco bourgeonnent depuis 20 ans. Entre “Graffix from the souk” et “Andy Wahloo”, les thèmes abordés par Hassan Hajjaj détournent avec humour les images et références de son Maroc natal dans un esprit Pop Art délirant. Il expose aujourd’hui aux quatre coins du monde ses fameux stéréotypes maghrébins, érigés en œuvres d’art, et sera présent à la Matisse Art Gallery pendant Marrakech art Fair. Après avoir signé la couverture de notre premier numéro, il nous livre l’album photo inédit des Super-Héros qu’il a croisés en vacances à Marrakech... p. 94.

OTHMAN ZINE

Des rives du Tibre à Rome, où il a étudié l'architecture, aux berges de la Vltava, où il découvre le cinéma dans la fameuse école praguoise, ce jeune homme, aussi humble que talentueux, est passionné par le monde de l'image où il se nourrit et aiguise sans cesse sa sensibilité. Appareil ou caméra au poing, l'artiste aux multiples facettes mène de front sa passion pour la photo et ses projets de réalisations de films. Installé depuis début 2010 à Marrakech, Othman a démarré une collaboration avec le Marrakech Mag depuis son premier numéro, et a également exposé ses travaux photos et installations vidéo au Festival du Monde Arabe à Montréal l’année dernière. Pour ce 4ème numéro, il signe la photo de la couverture et nous emmène aussi dans le désert du Nevada, à la rencontre des “Burneurs”, avec “Divine connexion”, un portfolio mystico-lunaire, à découvrir p. 138.

MARRAKECH MAGAZINE : Publication éditiée par la Sarl Another éditions Maroc - R.C. : 26 171 Patente: 45191132 - I.F. : 06520612 - CNSS : 7399464 Bureaux : 194-197, rue Mohamed El Beqal, résidence Firdaous, Guéliz, 40.000 Marrakech, Maroc. E.mail : info@anothereditions.com - Tél : 05 24 44 97 09 Fax : 05 24 42 21 28 - Membres Fondateurs : Mouna Anajjar, Jean-Jacques Fourny - Directeur de la Publication : Jean-Jacques Fourny. E-mail : jjf@anothereditions.com - Directrice Générale Associée et Rédactrice en Chef : Mouna Anajjar. Tél : 05 24 44 97 09. E-mail : mouna@anothereditions.com Rédactrice en Chef adjointe : Mélanie Polatova. E-mail : melanie@anothereditions.com - Assistante DG : Nadia Ouazahrou. Tél : 05 24 42 02 49. E-mail : assistante@ anothereditions.com - Rédaction : Nicolas Cardosel, Sylvie Gassot, Marie Le Fort, Nathalie Rigoulet, Stéphane Roux, Katia Sahli, Jean Berry, Yasmin Verdès - Publicité : Constance Berthelot. Tél : 06 61 52 43 46, E-mail : constance@anothereditions.com - Direction artistique : Mathieu Pasques pour Another Editions. E-mail : crocodilerouge@gmail.com. Graphiste : Habiba Machrouh. E-mail : da@anothereditions.com - Photographes : Bernard Benant, Othman Zine, Hassan Hajjaj, Leïla Alaoui - Traductions anglaises : AZ Traductions - Ont collaboré à ce numéro : Samuel Anajjar, Paul-François Matraja, Karim Jean-Jacques Fourny Tassi - Impression : Direct Print, Casablanca - Dépôt légal : 2010PE0088, ISSN 2028-4772.Tous droits de reproduction réservés (titres, textes et photos).



010/WASSUP?

S W E N WS E N WS NE

HIVER CULTUREL AU RIAD EL FENN

Le Riad el Fenn renferme une très bellecollection d’art contemporain appartenant à Vanessa Branson, à qui l’on doit Arts In Marrakech Biennale, dont la 4ème édition aura lieu du 29 février au 4 mars 2012. En attendant cette manifestation, dont l’établissement sera l’un des épicentres, des projections de films sont organisées tout l’hiver sur les murs du patio. www.riadelfenn.com www.marrakechbiennale.com

CAVA PUROS RABAT

Les amateurs de havanes connaissent déjà les enseignes La Casa del Habano de Casablanca et celle de Marrakech, à La Mamounia. Les R’batis peuvent désormais se fournir en cigares de grandes marques cubaines, ainsi qu’en accessoires de prestige, au Marjane Hay Riad où un nouveau concept store, Cava Puros, donne rendez-vous aux amateurs. Prochaine ouverture : à Casablanca, au Morocco Mall... Tel : +212 5 37 57 10 18 www.lacasadelhabano.ma

AUTOROUTES MAROCAINES DESIGN

DIRECTION ESSAOUIRA

Un espace contemporain dont le blanc et les couleurs flashy respirent la fraîcheur, une carte simple et bio - smoothies, sandwiches gourmets, tortillas, salades, cakes...-, un service sympathique et une ambiance multi-langues font du Ginger la nouvelle étape idéale à Essaouira pour écouter de la bonne musique, rencontrer sédentaires et voyageurs de passage, ou simplement pour se détendre à l’abri du vent. Tel : +212 5 24 78 51 20 www.gingermorocco.com

Autoroutes du Maroc finalise un projet de design national inédit pour l’ensemble de son réseau autoroutier. Plus de 1.800km d’autoroutes seront prochainement équipées d’une nouvelle signalétique au système graphique innovant et d’éléments de mobilier urbain griffés par le designer Hicham Lahlou. L’axe Rabat Oujda, 600km, sera le premier sur la liste.

HUILE D’OLIVE MILLESIMEE

LES PARFUMS DE MARRAKECH

En partenariat avec des nez issus de sociétés grassoises en France, Les Sens de Marrakech a élaboré une collection de "jus évocateurs", relatant les émotions, les couleurs et les parfums d’Orient. Ambre mythique, Fleur d’oranger séductrice, Tubéreuse narcotique, Cuir envoûtant... Des eaux de parfums entièrement façonnées à Marrakech, fruits de plus d’un an de recherches. www.lessensdemarrakech.com

PARADIS PLAGE

Un lieu qui porte bien son nom, puisque c’est un véritable paradis qui s’ouvre sur la plage de Taghazout... François Payot, fondateur de Rip Curl Europe, et Khalid Kabbaj, entrepreneur amoureux de la nature, créent Paradis Plage, premier "surf, yoga & spa Resort" au Maroc. Ce site exceptionnel permettra de se revitaliser au rythme de l’océan, grâce aux bienfaits de la nature, ainsi que l’alliance du surf et du yoga. www.paradisplage.com

Brasseries du Maroc a investi le secteur oléicole dans la région de Meknès en produisant trois marques d’huiles d’olive extra vierge : L’Oliveraie de Castel, Les Jardins de Castel et Perlissima. Des huiles primées lors d’un concours organisé par le Ministère de l’Agriculture, L’Oliveraie de Castel ayant notamment été couronnée par le Prix de la meilleure qualité d’huile d’olive extra vierge... Un goût à la hauteur de ces bouteilles au look délicieusement épuré.



012/WASSUP?

S W E N WS E N WS E N LA PERLA A MARRAKECH

SO CHIC !

Déjà installée dans le Triangle d’Or de Casablanca depuis décembre 2010, La Perla ouvrira prochainement ses portes à Marrakech. La prestigieuse marque italienne de lingerie et de prêt-à-porter, devenue un véritable empire dans le monde de la mode, fait aujourd’hui signer ses collections par les plus grands créateurs, comme Jean-Paul Gauthier cette année. Pyjamas et sous-vêtements pour homme, prêt-à-porter et lingerie sexy pour femme, la nouvelle collection La Perla inaugurera la boutique marrakchie annoncée pour cet hiver à l’hôtel Pearl Hivernage. Tel : +212 6 76 03 18 52

MOOI

LE MUSEE BERBERE DU JARDIN MAJORELLE

La sublime Salma Hayek-Pinault a été vue à Venise en septembre dernier, portant le sac Gucci Stirrup en cuir d’autruche... On le veut toutes !! www.gucci.com

Un nom bizarre pour un édifice à l’allure étrange, une étoile de neige en guise de logo et des photos d’iceberg dans les couloirs... C’est le Mooï, le nouveau boutique-hôtel de Marrakech, ouvert il y a peu par un hôtelier monégasque. Quinze suites au décor fondamental, une piscine sur le toit et surtout, un restaurant piloté par Slim Ben-Chahla, l’ancien chef du Jardin Bis, que ses fans seront heureux de retrouver. Un menu bistrot à midi et une belle carte aux accents gastronomiques le soir : avis aux amateurs de bonnes tables... Tel : +212 5 24 43 43 06

L’ancien musée d’art islamique du Jardin Majorelle vient de rouvrir ses portes après avoir été transformé en Musée Berbère. Vous pouvez dès à présent vous y rendre pour découvrir sa collection permanente réunissant plus de 600 pièces : objets quotidiens, bijoux, parures, textiles, photos anciennes et textes d’ethnologues témoignent de toute la richesse de ce superbe patrimoine culturel. Tel : +212 5 24 31 30 47

Nada Boualam gagnante à Marrakech

PHOTO TOUR MAROC

Les magasins Magimag et Diagone ont organisé le premier Photo Tour Maroc pendant le Ramadan. Thème proposé : "A la tombée de la nuit..." Et plus précisément, "La nuit sacrée" pour la ville de Marrakech. Ce concours a permis aux participants de s’exprimer à travers un moyen ludique et artistique, et de profiter des conseils avisés d’animateurs Mac dans les showrooms participant. www.phototour2011.com

RITUEL HAMMAM SHISEIDO A LA MAMOUNIA

Cet automne, le Spa de la Mamounia nous propose une nouvelle façon de vivre l’expérience du hammam avec le “rituel hammam Shiseido”, résultant de la rencontre entre la tradition séculaire marocaine et les secrets de beauté japonais. Une expérience “Douceur d’automne” de trois nuits, incluant le rituel de la marque et d’autres activités, est disponible jusqu’au 21 décembre 2011. www.mamounia.com



014/WASSUP?

S W E N WS E N WS E N

UN GRAND CRU SIGNE NESPRESSO

Dhjana, Limited Edition est un café intense alliant les arabicas du Brésil, de Colombie, du Costa Rica et un fin robusta d’Inde ; sa texture en bouche est voluptueuse et teintée d’une amertume subtile... La particularité de ce grand cru Nespresso est d’être le premier à être labellisé AAA Sustainable Quality, un programme qui vise à préserver l’environnement et garantir aux cultivateurs des conditions de travail avantageuses, tout en proposant des cafés de très grande qualité. Tel : +212 8 01 00 77 02

MEDAILLE D’ARGENT POUR MARRAKECH MENARA

Les world airport awards ont hissé l’aéroport de marrakech ménara sur la 2ème marche du palmarès du meilleur aéroport régional d’afrique 2011 ! une médaille d’argent qui pourrait se transformer en or l’année prochaine avec l’ouverture de son 3ème terminal...

LA GALERIE DES TANNEURS A MAJORELLE

Décidément, le quartier du jardin Majorelle est devenu un carrefour incontournable pour les shoppeurs de la Ville Rouge : c’est au tour de la Galerie des Tanneurs de s’y installer (dans l’impasse à côté du Kaowa). La maroquinerie y est toujours à l’honneur -sacs à main, portefeuille, portemonnaie...-, avec sa profusion de modèles et de coloris, ainsi que des vêtements en lin, réalisables sur-mesure en 48h chrono. Tel : +212 5 24 42 34 11

UN CORPS DE SIRENE

Avec l’ouverture de sa gigantesque piscine couverte, Oasiria nous offre la possibilité de faire des longueurs, quelle que soit la température extérieure. Des maîtres-nageurs diplômés donneront des cours de natation, du perfectionnement à l’entraînement, et des séances libres sont instaurées, ainsi que des horaires réservés aux femmes. Oasiria proposera également des cours d’aquagym, Swiss Ball, Step, Barre au sol, Aéro dance et danse classique, ainsi qu’une école de foot, du Beach Volley et du Beach Soccer... De quoi (re)devenir sportif ! Km 4 route d’Amizmiz Tel : +212 6 61 09 31 98

JE SUIS LA MODE

Les Galeries Lafayette de Casablanca ne sont pas encore ouvertes, mais elles font déjà parler d’elles avec leur concours “Je suis la Mode“, lancé cet été dans les principales villes du Maroc. Des studios mobiles ont été installés pour photographier les styles de la rue les plus intéressants ; ils ont ensuite été plébiscités par les internautes, et le résultat est bluffant ! Pour preuve : les dix finalistes hommes et femmes à admirer sur : www.jesuislamode.ma

MAUBOUSSIN FAIT DES PETITS

Créé en 1827, Mauboussin, l’artiste joaillier français, bouscule depuis une décennie les codes de la haute joaillerie traditionnelle de Paris à Tokyo, en passant par New York et Singapour. Le Maroc comptera bientôt trois de ses enseignes : après Casablanca, c’est au tour de Marrakech d’accueillir le joailler, au sein du Sofitel, la prochaine ouverture étant annoncée au Sofitel de Rabat. Marrakech : +212 5 24 43 04 02 Casablanca : +212 5 22 79 11 50

HAPPY BIRTHDAY ! BAISER VOLE

C’est le nouveau grand féminin de la Maison Cartier Parfums : Baiser volé, une création signée par Mathilde Laurent, parfumeur Cartier, à l’écriture olfactive intuitive, neuve et contemporaine. Matières premières choisies, sélection précise, ingrédients placés exactement comme la pierre précieuse en joaillerie... Un parfum comme une parure invisible. www.cartier.com

Cela fait déjà dix ans que Les Jardins de la Médina est né, dans l’enceinte d’un majestueux Riad de la Kasbah. Dix ans que l’établissement ne cesse de s’embellir pour devenir un des joyaux de la Médina, avec sa piscine chauffée, son immense jacaranda qui trône dans un jardin exceptionnel, sa cuisine inventive... Une première décennie prometteuse : joyeux anniversaire ! www.lesjardinsdelamedina.com



016/WASSUP?

S W E N WS E N WS E N

UN WEEK-END A AL MAADEN

A l’occasion de Marrakech Art Fair, Al Maaden propose la location de ses Ryads à un prix exceptionnel. De deux à quatre chambres, pour passer un week-end en famille ou entre amis, une piscine privative, un service hôtelier, ainsi qu’un superbe parcours 18 trous et son Club House à proximité... Voilà de quoi profiter de la douceur de vivre marrakchie dans les meilleures conditions ! 30% de remise jusqu’au 15 décembre. Tel : +212 6 60 10 52 50

ÇA SE PASSE COMME ÇA…

ARCHITECTURE ECO-RESPONSABLE

VIVA LA FIESTA !

Maryline Monroe, le Père Noël, le Pirate des Caraïbes... Des personnages que l’on peut désormais incarner pour les occasions spéciales grâce au site fiesta. ma, sur lequel on peut acheter en ligne déguisements, masques, perruques, chapeaux et autres accessoires. La fête peut commencer !

Le prestigieux jury du Concours International d’Architecture, lancé en mars 2010 par la Fondation Alliances pour le développement durable, et placé sous l’égide de l’UIA/UNESCO, vient de décerner le Prix de Bronze des “Global Holcim Awards“ à l’équipe de Salima Naji (architecte marocaine), Anna Heringer, Elmar Nägele, Ernst Waibel et Martin Rauuch (architectes autrichiens) pour leur projet de réalisation d’un centre d’Enseignement et de Formation aux métiers du Développement Durable. Un bâtiment qui pourrait bien devenir exemplaire en matière d’architecture éco-responsable.

Au centre culturel de L’Atlas Golf, on pourra enfin examiner les étoiles, car son observatoire est muni d’un télescope géant (l’un des plus grands d’Afrique). Et au Club Junior, les 3-15 ans ont désormais une halte garderie et un centre aéré à leur disposition (7/7), avec au programme une multitude d’activités extrascolaires -musique, danse, arts martiaux, arts plastiques- pas loin de l’académie de golf pour petits et grands… Puis, bien sûr, le Spa, le restaurant La Terrasse, etc. etc. Vivement le week-end ! Tel : +212 5 24 38 53 53

Hammam du BAB hôtel

MARRAKECH EN BEAUTE

Au BAB hôtel, il s’apprécie "un peu, beaucoup, passionnément, à la folie". C’est le hammam Carlota, intime et tapissé de noir, où gommages, enveloppements au Ghassoul et massages, se déclinent en forfaits pour une parenthèse de sensualité en plein Guéliz. Tel : +212 5 24 43 52 50. Le Boudoir, lui, affiche son nouveau concept de salon de coiffure, onglerie et boutique pour coquettes averties. Tel : +212 5 24 43 50 65.

MARRAKECH SELECTIF

Le Collectif des Professionnels de l’Environnement et du Tourisme -réunissant ADS Tourisme, Darlink et Sedegema Pizzorno environnement-, avec le concours de la communauté urbaine de Marrakech, a lancé un projet pilote cet été dans trois premiers lieux de collecte, installés en Médina : Bab Kechiche, Place Riad Laarousse et parking Aarset Lamaache. Il s’agit d’une première action de sensibilisation sur le tri sélectif, l’objectif étant de proposer davantage de sites de dépôt volontaire, hors Médina notamment. Suivons l’exemple, soyons sélectifs !

Mariangela Levita

VOICE GALLERY

Marrakech Art Fair a insufflé de nouvelles vocations dans la Ville Rouge avec l’ouverture toute récente d’une galerie d’art contemporain dans le quartier de Sidi Ghanem. Rocco Orlacchio, fondateur de Voice Gallery, veut illustrer sa pensée -“L’art doit refléter le monde et parler d’ici et maintenant, pour ne pas que ce soit perdu à jamais“- en exposant des artistes d’ici et d’ailleurs pour mieux confronter leurs visions respectives. Tel : +212 6 52 87 80 11

Et la Médina s’enrichit du Mythic Oriental Spa, où les salles de soins sont aussi spacieuses qu’une suite d’hôtel 5*, avec saloncheminée, tables de massages et salles de bain équipées de douches high tec… En solo, c’est bien, en duo, c’est mieux ! Tel : +212 6 61 42 30 52



018/GRANDECRAN

Par : Nathalie Rigoulet

LES REVOLUTIONS EN MODE GRAND ECRAN ARABES En septembre, l'Ecole Supérieure des Arts visuels de Marrakech (ESAV) a accueilli un atelier pas comme les autres. Pendant une semaine, novices et confirmés de tout âge ont participé à un atelier au nom évocateur "Harrer, Harrer (libérer) : tourne ton film d'une minute sur les révolutions arabes". La prestigieuse école de cinéma du Qatar, le Doha Film Institute, qui est à l'initiative de ce projet ambulant a déjà posé ses valises à Amman, au Caire, à Beyrouth, Tunis, Damas, Ramallah, Yafa et Alger avant de rejoindre Damas, Dubaï et Abu Dhabi. Avec pour devise "Le cinéma est la vie", les fondateurs de cette école mettent tout en œuvre afin que le 7ème Art soit un vrai médiateur pour faire évoluer les esprits. Formations, programmes éducatifs, productions de films, ateliers, le Doha Film Institute va à la rencontre des mordus du grand écran, avec pour base, un thème qui a bouleversé l'actualité de la planète entière, les révolutions du monde arabe. Les participants de cet atelier, quant à eux, apprennent les techniques de scénarisation, de travail sur les personnages, cogitent ensemble sur la création d'histoires, tournent chacun leur film d'une minute à partir de leur scénario, s'initient au montage, jouent dans les films des autres et enfin assistent les autres réalisateurs. Tout cela, sous les précieux conseils de Faouzi Bensaidi (réalisateur, scénariste, comédien et metteur en scène marocain), Scandar Copti (réalisateur et acteur palestinien) et Ritesh Batra (producteur et écrivain indien). Une semaine intense où les langues se délient, les idées s'entrechoquent, les approches se défendent et se partagent ; pour des images qui étonnent, bouleversent... Un concentré d'échanges qui voit fleurir des fictions d'une minute que l'on pourra visionner en ligne à l'occasion d'une exposition internationale, prévue lors du prochain Tribeca Film Festival de New York. www.esavmarrakech.com

THE ARAB

REVOLUTIONS ON THE BIG SCREEN In September, the Ecole Supérieure des Arts visuels de Marrakech (ESAV) visual arts school was home to a workshop, the first of its kind. Over a period of a week, novices and experts of all ages took part in a workshop with the evocative name of "Harrer, Harrer (freedom): making a one minute film on the Arab revolutions". The prestigious Qatar film school, the Doha Film Institute, which initiated this travelling project has already stopped over in Amman, Cairo, Beirut, Tunis, Damascus, Ramallah, Yafa and Algiers before moving on to Damascus, Dubai and Abu Dhabi. With the motto “Cinema is life”, the founders of this school do all that is in their power to make cinema a true mediator in order to bring about changes in the way people think. Courses, training programmes, film production, workshops: the Doha Film Institute reaches out to fans of the big screens,

with a theme that has dramatically changed international current affairs, the revolutions in the Arab world. Workshop participants learn scripting techniques, work on characters, brainstorm together on their stories, each shoot their own one-minute film from their scenario, try their hand at editing, act in other people’s films and assist other producers. All of this is accompanied by the precious advice of Faouzi Bensaidi (Moroccan producer, scriptwriter, actor and director), Scandar Copti (Palestinian director and actor) and Ritesh Batra (Indian director and writer), for an intense week of discussions, shared ideas and different approaches, resulting in amazing and very moving pictures… This concentrate of exchanges leads to the blossoming of oneminute stories that will be put online during an international exhibition scheduled for the next Tribeca Film Festival in New York.



020/INSOLITE

La question qui tue

M’aimes-tu

encore

MOUNA ANAJJAR

L

es touristes ont récemment boudé Marrakech, nous laissant parfois perplexes face à l’imprévisible. Plusieurs raisons sont inhérentes à cela : l’amalgame sur les révolutions dans les pays arabes, l’attentat du 28 avril place Jamaâ El Fna, les accusations scabreuses de pédophilie et autres règlements de compte indécents à heure de grande écoute, les reportages à coup de coupures au montage qui laissent entendre que tout l’immobilier dans la Ville Rouge est bradé, ceux aux titres racoleurs tel “Marrakech, le déclin ?”... Et j’en passe ! “Lorsque je vous dis Marrakech, qu’est ce que cela vous évoque ?”, c’est cette question que j’ai posée aux Parisiens –et touristes à Paris- rencontrés ci et là. Une façon, en cette rentrée, de (re)mesurer la popularité de notre ville, habituellement adulée, quelques mois après que certains médias aient largement participé à la ternir. Une façon aussi de voir si Marrakech suscite toujours autant d’envie, d’enthousiasme, d’intérêt… Petit aperçu en mots et en images. Philippe : Qualité de vie, couleurs, odeurs, chaleur, sympathie, accueil, générosité, ambiance, liberté… Un lieu où il fait bon se poser et se reposer. Une ville envoûtante pour des gens réceptifs à l’histoire du Maroc, et qui doit garder ses lettres de noblesse. Je pense que cette réponse prouve tout l’amour que je porte pour le Maroc et, plus particulièrement, pour Marrakech. Mina : Le soleil, la fête, le repos, le hammam… En revanche, une de mes connaissances s’y est rendue tout récemment, et m’a rapporté que les gens étaient plus agressifs, qu’elle avait perçu, pour la première fois, comme une forme de tension assez inhabituelle… Mais j’ai besoin d’y aller pour voir et le sentir par moi-même. Daniel & Stella (Shanghai) : Marra… quoi ? Hein, pardon ? Marrakech ! Non, désolés, on ne connait pas… Phirak (Seattle) : Je pense à “Expedition impossible : The kingdom of Morocco”, une téléréalité diffusée sur la chaîne américaine ABC, depuis cet été, qui se passe dans le désert marocain. Les équipes s’affrontent face aux obstacles naturels (rivières, désert, montagnes) en déjouant les stratagèmes de leurs concurrents… Ils doivent s’habituer aux animaux du désert, côtoyer ses habitants, les chameliers, les charmeurs de cobras, etc. Et croyez-moi, c’est ce qui m’a donné envie de découvrir le Maroc. (Rires), je pars d’ailleurs à Marrakech très prochainement. Srdjan : Bien-être et soins. La bombe ? Non, ça n’a absolument pas influencé l’image que j’ai de Marrakech. J’ai toujours autant envie d’y aller. Cet hiver, probablement en décembre, lors du Festival du film par exemple… En tous les cas, très bientôt, inch’allah ! Amah : Les cornes de gazelles, de chez Prince je crois, cette pâtisserie dans la Médina... Les balades interminables dans la

vallée de l’Ourika, les gens, leur sympathie naturelle. J’aurai tant aimé y être en ce moment même ; et si demain je dois y aller, c’est avec un énorme plaisir ! J’ai vécu tellement de moments magiques, des moments simples, à déguster des crêpes, à chiner, à parcourir les souks… Waouh ! Fabiana : Les vacances, relax, le hammam, la chaleur, le soleil… et les pétards. (Rires). Je me dis toujours que quand je serai là bas, ça va être superbe : le repos… mais la fête aussi ! Et si j’y vais, c’est entre copines. Alessandro : Harem, détente et tranquillité... La “zen attitude” quoi ! Sandi (Californie) : Colorée, peuplée... Avezvous vu le film “Sex & the city” ? C’est bien à Marrakech qu’il est tourné, n’est ce pas ? Je crois que, là bas, la condition de la femme est déplorable : elles doivent se voiler, se cacher… Elles ne sont pas libres. C’est bien ça ?!! Ingrid (Oslo) : C’est une ville formidable, les hôtels et maisons d’hôtes sont d’un tel raffinement. Les gens, bourrés de créativité, même dans les moindres recoins. La lumière est sublime ! Je me souviens avoir assisté à un mariage dans la vallée d’Asni, c’était une jolie fête, incroyablement humaine, féérique ! J’ai tellement vécu de belles expériences au Maroc… J’y suis allée quasiment tous les ans, c’est un pays que j’aime vraiment beaucoup ! Hugues : C’est devenu un peu comme Eurodisney, tous ces nouveaux quartiers, projets immobiliers, constructions... Trop touristique pour moi ! Je trouve que des villes comme Essaouira sont plus authentiques. Mais, à Marrakech, j’ai eu la chance de rencontrer un taximan fabuleux, qui m’a emmené dans de “vrais” endroits : hammams populaires, la magnifique région autour de la ville... Et j’en profite pour lui dire merci car, grâce à lui, j’ai

pu découvrir des lieux hors circuits touristiques, que je n’aurais jamais eu l’occasion de connaître ! Axelle : Le rêve, l’évasion... C’est juste paradisiaque ! J’aimerais en dire plus, mais désolée, j’ai un rendez-vous, et je suis ultra pressée. Sébastien : Marrakech, c’est José Lévy, son Riad dans la Médina dans lequel je séjourne quand je vais là bas. C’est le dépaysement à quelques heures de Paris, le repos, le soleil, la lumière, cette couleur terre, une sorte de rose sableux qui parcourt les murs, magnifié dès que la nuit tombe et que la ville s’allume... C’est aussi l’hospitalité des Marocains, les épices, les senteurs, la “bouffe” aussi… même si t’as pris 15kg en rentrant ! Ça peut paraître étrange, mais à Marrakech, j’ai comme la sensation d’être à la mer, ce ciel ouvert, même chez toi, c’est un luxe ! Florence : Les vacances. Mais je ne connais pas du tout le Maroc, je n’y ai jamais mis les pieds. J’aimerais bien pourtant ! Olivia : Rien. Dernièrement, je pense à la bombe, aux attentats ! Aux ânes, j’espère qu’il y en a encore des ânes... Je ne sais pas, la détente, le côté farniente... Mais ça fait longtemps que je n’y suis pas retournée. Nicolas : J’avais 15 ans quand, viré des collèges, j’avais atterri chez les Franciscains. Le seul que j’aimais bien, c’était le père André. Pendant les vacances scolaires, il était en charge d’un dispensaire, entre Marrakech et Demnate. Arrivé là bas, j’ai eu une aventure avec une jeune infirmière de 17 ans. Ça s’est su, et tout le village voulait que je l’épouse. A 15 ans, j’étais un peu jeune moi ! J’ai dû m’en aller rapidement... J’y suis retourné depuis, pour faire des photos, et les souvenirs que j’en garde sont beaux, intacts… N’écoute surtout pas la presse, même si tu la fais !


MINA

PHIRAK (SEATTLE)

DANIEL ET STELLA (SHANGHAI)

PHILIPPE

AMAH

SRDJAN FABIANA

ALESSANDRO

INGRID (OSLO)

SANDI (CALIFORNIE)

AXELLE

HUGUES

FLORENCE

NICOLAS

SEBASTIEN

OLIVIA


022/RENCONTRE

Par : Jean Berry

LeMarrakech d’Oum Elle est l’une des voix majeures de la nouvelle scène marocaine, glamour et roots à la fois... Oum nous parle de “son” Marrakech, où elle a grandi et qu’elle aime à mettre en scène.

D

ébut septembre, Oum était à Marrakech avec le célèbre saxophoniste camerounais Manu Dibango, pour le tournage d’un clip extrait de son nouvel album, “Passed, Present, Future“. “Un grand monsieur et un morceau qui me plaît beaucoup, sur l’Afrique, un peu comme une musique de film, avec des chœurs de Wayne Beckford“, note cette native de la Ville Rouge. Ses parents vivent toujours au quartier Semlalia, où elle a grandi, “à l’entrée de la ville à l’époque“... avant de faire ses premières armes au Centre culturel français au début des années 90, avec la chorale gospel du chanteur Jamaïcain Chino. “J’ai quitté Marrakech pour Rabat, puis Casablanca, mais je me sens toujours marrakchie. Même si les repères ne sont plus mêmes, la ville a changé depuis, en bien d’ailleurs“. Avant de poursuivre :

“C’est une ville très sensorielle, en quelques mots : la lumière, les senteurs et les textures. J’aime aussi cette culture orale populaire présente à chaque coin de rue, cet art de détourner les mots que j’essaie d’utiliser dans mes textes en reprenant des tournures, expressions ou proverbes, des métaphores qui parfois se perdent un peu... Ça a d’ailleurs donné le titre de mon nouvel album “Sweerty“ (de l’espagnol Suerte, la chance en argot marrakchi)“. S’évader à Tamesloht Oum à Marrakech ? Quand elle n’est pas en tournage ou chez ses parents, à découvrir les nouveaux travaux de peinture de son père sur des tablettes de thuya, un art “assez féminin coloré, chaud, africain“, à l’image de ses influences, elle retourne dans le souk au quartier des ferronniers, “où j’allais quand j’étais plus jeune, étudiante en architecture,

concevoir des objets avec les artisans. Eux aussi gardent cette culture de la convivialité et de la palabre, de l’échange“... Passe au Café de la Poste ou au Riad Yima de Hassan Hajjaj, avant de s’évader à Tameslohlt, aux Terres M’barka par exemple, “une fermeriad très verte, avec grande oliveraie et une vue magnifique sur le Haut-Atlas, et juste derrière... le contraste du désert“. Après un single avec le rappeur ghanéen Blitz, “the Ambassador“, et ce clip avec Manu Dibango, Oum présente son nouvel album au Maroc en octobre, puis en Espagne et en France, avec l’appui du “tonton“ Manu Dibango, qui est “resté scotché“ par “un vrai talent d’auteur (…) et une artiste très complète, une musicienne, sa voix est son instrument“. Il invitera notre bien belle ambassadrice sur la scène du Casino de Paris le 17 novembre. Bon vent !


ENGLISH

h c e k a r r a M s ’ m u O One of the major voices of the new Moroccan scene, both glamorous and down to earth… Oum tells us of “her” Marrakech, the one in which she grew up and which she loves to present on stage.

A

t the beginning of September, Oum was in Marrakech with famous Cameroonian saxophonist Manu Dibango for the shooting of a video clip from his new album “Past-Present-Future”. “A great man and a song I really like, about Africa, a little like the soundtrack to a film, with Wayne Beckford vocals”, noted this native of the Red City. Her parents still live in the Semlalia neighbourhood where she grew up, “at the entrance to the city at the time”... before beginning her career at the Centre Culturel Français with Jamaican singer Chino’s gospel choir at the start of the 1990s. “I left Marrakech for Rabat, then Casablanca but still feel like a native of Marrakech, even though my points of reference are no longer the same. The city has changed a lot since, for the better in fact”. She continued: “It’s a

very sensorial city, with its light, smells and textures. I also love the popular oral culture present on every street corner, this art of twisting the words I try to use in my song lyrics by making use of turns of phrases, expressions, proverbs and metaphors that are gradually falling by the wayside… In fact, this led to my new album title “Sweerty” (from the Spanish Suerte, and meaning luck in Marrakech slang)”. Escaping to Tamesloht Oum in Marrakech? When she is not shooting videos or at her parents’ house discovering the new paintings her father has created on slabs of thuja, “quite a feminine, colourful, warm and African” form of art, much like her influences, she returns to the souk’s ironware quarters, “where I used to go as a young architect student, to design objects with the

craftsmen. They too retain this culture of friendly banter and exchange”... A quick stop at the Café de la Poste or Hassan Hajjaj’s Riad Yima, before escaping to Tameslohlt, to Les Terres M’barka for example, “a very green riad-farm, with a large olive grove and a magnificent view over the High Atlas and just behind… the contrasting desert”. After a single with Ghanaian rapper Blitz, “the Ambassador”, and this video clip with Manu Dibango, Oum is promoting her new album in Morocco in October, then in Spain and France, with the support of “uncle” Manu Dibango, who was “gobsmacked” by “a true talent as a lyricist (…) and a very rounded artist, a musician whose voice is her instrument”. He has even invited our beautiful ambassadress on stage at the Casino de Paris on 17 November. We wish her every success!


024/AGENDA

CQFD Ici

ÇA SE PASSE PRES DE CHEZ VOUS... Par : Nathalie Rigoulet

MARRAKECH EN DECEMBRE : PHILIPPE VIGNAL CHEZ DECORIENTE

De son enfance au Mozambique, Philippe Vignal a gardé enfoui en lui la force et la beauté de l’Afrique. Aujourd’hui, c’est sur des toiles monumentales qu’il restitue ce souvenir, un marquage à vif tout en contraste de noir sur blanc, pour un rendu puissant et sensuel. Les nus et les visages hyperréalistes sont au cœur de son travail, marqués parfois de scarifications, caractéristiques des tribus de la vallée de l’Omo, au sud de l’Ethiopie. www.peinturephilippevignal.com

OPERAS EN FOLIE

En partenariat avec Pathé Live et l’Ecole Supérieure des Arts visuels de Marrakech, l’Association des Amis de la Musique de Marrakech débute sa saison de retransmission des plus beaux opéras du Metropolitan Opéra de New York. Et c’est en direct de New York que vous pourrez suivre Anna Bolena de Gaetano Donizetti, sous la baguette de Marco Armiliato, le 15 octobre, suivie de Don Giovanni de Wolfgang Amadeus Mozart, brillamment interprété par Mariusz Kwiecien, le 29 octobre. Le 19 novembre, place à Satyagraha de Philip Glass, dans lequel Richard Croft incarne le Mahatma Ghandi, sur la base d’un texte tiré de la Bhagavad Gita et chanté dans la langue sanskrite originale… Puis, une flopée d’autres dates, encore et encore, à découvrir sur leur site. www.aammarrakech.com

7 OCT - 17 NOV : FAN WA NOUR DANS LE MOUV’

Pour se remettre dans le mouv’ de la rentrée, la galerie show room Fan Wa Nour choisit d’exposer les œuvres du photographe marrakchi Moulay

Youssef Hadimi. Un artiste qui, depuis 2004, enchaîne reportages et expos photo à travers le Maroc, avec beaucoup de talent. Cette fois, sa rétine lucide et poétique se pose, en mode arc-en-ciel, sur la teinturerie traditionnelle de Marrakech, malheureusement en voie d’extinction. fanwanour@gmail.com

29 SEPT - 2 OCT : L’ARTISTE RESIDENT DE DAR-AL MA’MUN

16 - 19 NOV : UNE EXPO 100% FOOT

L’artiste photographe Nicolas Moulin, actuellement en résidence à Dar-al Ma’mûn, nous fera découvrir ses questionnements sur le voyage, comme "sentiment d’être partout, nulle part“, des œuvres qui seront accompagnées de conférences, projections et nuits sonores... www.dam-arts.org C’est une première. Foot Expo, un évènement international pour promouvoir le football en Afrique, mais aussi le football africain dans le monde, qui affiche le thème de sa première édition : «ambitions du football en Afrique». On y retrouvera donc les acteurs majeurs du foot africain, réunis pour une grande fête au Stade de Marrakech, avec animations, tournois, détection de talents, sensibilisation aux valeurs socio-éducatives de ce sport... et présence de stars du ballon. Avis aux fous de foot ! www.footexpo.ma

C’est officiel, la 11ème édition du Festival International du Film de Marrakech débutera cette année le 2 décembre. A l’heure où nous bouclons, les inscriptions des films suivent leur cours (jusqu’au 22 octobre). La liste des participants sera révélée autour de la mi-novembre.

JUSQU’AU 5 NOV : REGARDS CROISES A LA GALERIE 127

“OMAR M’A TUER“ DANS LA COURSE AUX OSCARS

A l’occasion de la sortie de son livre “Quelques Afriques“ aux éditions filigranes, Bernard

Descamps présentera ses dernières images d’Afrique. Et son amour pour ce grand continent qu’il parcourt depuis plus de trente ans, croquant, avec toujours autant de délicatesse, le quotidien des hommes ruraux. Des photos en noir et blanc, qui côtoieront le temps d’une exposition celles de Christine Lefebvre, pour un regard croisé sur le monde, telle une bulle poétique. www.galerienathalielocatelli.com

2 - 10 DECEMBRE : LA VILLE ROUGE FAIT SON CINEMA

C’est bien le film de Roshdy Zem, sorti en juin dernier, qui défendra les couleurs du Maroc aux prochains Oscars, à Los Angeles en mars 2012, dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère. Un long métrage où Sami Bouajila interprète avec force et brio l’histoire tragique du jardinier marocain, Omar Raddad, qui, en 1991, se voyait écroué à la prison de Grasse, après avoir été injustement accusé du meurtre de Ghislaine Marchal… www.festivalmarrakech.info



026/AGENDA

CQFD Ici

ÇA SE PASSE PRES DE CHEZ VOUS... Par : Nathalie Rigoulet

16 FEVRIER : DEPART DU 4L TROPHY

La 15 édition de ce raid, devenu le premier événement étudiant sportif et humanitaire d’Europe, sonnera le départ de centaines de ème

4L, pilotées par des étudiants, de Saint-Jeande-Luz en France et de Paris. Ils devront parcourir 6.000 km, jalonnés d’épreuves de franchissement et d’orientation, avant d’apercevoir les dunes de Merzouga au Maroc où seront distribuées près de 80 tonnes de fournitures scolaires… Un véritable parcours sportif, doublé d’une action humanitaire. Respect ! www.4ltrophy.com

CASABLANCA 14 - 18 DEC : DECORER, AMENAGER, MEUBLER…

22 - 26 NOV : LE MAROC AU CŒUR DES ENERGIES RENOUVELABLES

Les salons continuent de fleurir sur les sols du royaume. Pour preuve, un autre premier grand rendez-vous, sous la houlette des mêmes organisateurs d’Elec expo, EneR Event, considéré comme le plus important événement international au Maroc lié aux énergies renouvelables. Un salon qui s’inscrit au cœur de la politique verte récemment adoptée par le Maroc en vue de faire produire une part substantielle de l’énergie du pays à partir de sources renouvelables et de favoriser le développement du solaire, de l’éolien et de l’hydraulique. www.ener-event.com

JUSQU’AU 29 OCT : LE PLASTIQUE DANS TOUS SES ETATS

Cinq artistes investissent les différents espaces de la Villa des Arts de Casablanca, avec des réalisations expérimentales autour du Mica (plastique en darija). Mounat Charrat, Imad Mansour, Mohamed Rachdi, Saad Tazi et Corinne Troisi explorent les possibilités de ce matériau, ses potentialités artistiques et esthétiques, et nous livrent leurs expressions plastiques contemporaines comme autant de nouvelles perspectives qui élargissent le champ de leurs interrogations poétiques. www.fondationona.ma

RABAT

Explorez tout l’univers de la maison, et laissez libre cours à vos envies de déco, en vous rendant à cette première édition de Home Déco, un salon qui décline neuf univers distincts pour aménager et enjoliver son intérieur (meuble, textile, arts de la table, décoration, cuisine et salles de bains, aménagement extérieur, articles cadeaux, éco habitat, designers et créateurs), avec des exposants venus du Maroc, de France, d’Italie, Belgique, Espagne et Portugal. www.home-deco.ma

JUSQU’AU 27 OCTOBRE :

Côté Villa des Arts de Rabat, c’est une belle exposition d’une cinquantaine de photographies inédites de Hamadi Ananou  : "C’est la première fois que je dévoile mes œuvres au Maroc. Il s’agit de photos qui racontent un long trajet de ma vie". En voyageur invétéré, ce mordu de photographie explore dans son travail un rapprochement entre l’impulsion créative que suscitent les

cités les plus cosmopolites et la simplicité des petits villages de son Rif natal qui lui est si cher. A découvrir ! www.fondationona.ma

TANGER 25 - 29 OCT : LA PASSION DU THEATRE EN MODE FESTIVAL

Ce Festival est le fruit d’une passion pour le théâtre que partagent étudiants et enseignants et qui donne lieu, depuis cinq ans, à de riches échanges entre des étudiants et artistes venus de tout le Maroc, mais aussi de France, d’Espagne, de Roumanie, Tunisie, Syrie, Iraq... Différentes pièces, et autant de témoignages d’une diversité culturelle, seront en lice pour rafler les prix en compétition. Le cru 2011 rend aussi hommage à deux comédiens marocains de renom, Mohamed Derham et Naima Ilyas. www.asau.org

OUARZAZATE 20 - 22 OCT : ELOGES AUX SONS D’AFRIQUE

Voilà le dernier-né des festivals de cette belle région, longtemps observée comme un carrefour commercial stratégique entre le Sud et le Nord de l’Afrique, mais aussi un lieu d’échanges intellectuels et artistiques. Le Festival Azalay ambitionne de mettre en lumière les grands maîtres du rythme africain, ceux à l’origine même de nombreux styles musicaux. Trois jours de fête, une affiche exceptionnelle : Alpha Blondy and the Solar system (Côte d’Ivoire), Ismael Lo (Sénégal), Hareyce Fotso (Cameroun), Mounira Mitchala (Tchad), Mohammed Mallal et Oudaden (Maroc)... des conférences aussi, des documentaires et expositions, et un salon de produits du terroir et d’artisanat de la région de Ouarzazate et d’autres régions d’Afrique. www.festivalazalay.com



028/CULTURE

Par : Sylvie Gassot

LIVRES

Une sélection de bonnes feuilles pour voyager dans l’imaginaire de belles plumes !

-Fitzgerald, Paul-Jean Toulet, Salinger, Sagan…- ou surprenants -Lolita Pille, Simon Liberati, Patrick Besson, Jay Mc Inerney, Bret Easton Ellis, Gabriel Matzneff…-, dont il croque les portraits en orfèvre. A travers ses choix, il se définit, et l’on dit banco à ce puzzle brillant, manifeste drôle et ciselé, qui livre le panorama d’une littérature en ébullition. Avec 100 livres en un seul, et quelques albums surprises comme celui de Téléphone dont les refrains radioscopient l’époque, il faudrait être fou pour bouder son plaisir ! "Premier bilan après l’apocalypse" de Frederic Beigbeder - Grasset

L’EQUATION AFRICAINE

Orfèvre du style, Yasmina Khadra cisaille une nouvelle carte du tendre au cœur d’un trépidant voyage dans la savane de l’amour. Il nous embarque d’abord pour Francfort avec Kurt Krausman, médecin dévoué, terrassé par la dérive de sa femme -son soleil et sa lune-, dans un tourbillon d’indifférence morbide. Pour tenter de dissoudre son chagrin, l’ami Hans, riche homme d’affaires versé dans l’humanitaire, l’entraîne à bord de son voilier jusqu’aux Comores. Mais au large de la Somalie, le bateau est assailli par les pirates… Otages au Soudan, les Européens vont débrider leurs regards sur cette Afrique orientale aux multiples contradictions, un monde aussi effrayant qu’irrationnel mais infiniment digne et courageux. Hymne à la grandeur d’un continent livré aux pires calamités, "L’équation africaine" grandit le lecteur d’un ton vif où le mot scalpel transcende cette éblouissante épopée. "L’équation africaine" deYasmina Khadra Julliard

LES SOUVENIRS

Avec délicatesse et fantaisie, David Foenkinos signe un 10ème roman tout en émotions. Une méditation tendre et ironique sur la famille, les parents et le couple. La mort du grandpère confronte le narrateur à sa ridicule impuissance à livrer ses sentiments. "Je voulais lui dire que je l’aimais mais je n’y suis pas parvenu… J’ai souvent été en retard sur les mots que j’aurais voulu dire…" Pudique à l’oral, il se rattrape au fil d’un alphabet grave, tissé d’humour et d’absurde, où coule un ouragan de tendresse. Mots pansements qui, le cœur battant, ourlent

le passé au présent : "passer sa vie ensemble c’est aussi mourir ensemble." Livre de la maturité et de la réconciliation avec ses propres faiblesses, "Les souvenirs" réussit à mettre du soleil dans l’eau froide des douleurs telle une potion magique. Cette ordonnance bonheur devrait figurer sur la liste des prix… "Les souvenirs" de David Foenkinos - Gallimard

de la grille comme religion, l’auteur fera-t-il vaciller le fameux dicton: "l’argent ne fait pas le bonheur" ? Avec cet échantillon de personnages et de situations auxquelles on a tous rêvé sans savoir si on serait à la hauteur d’une bonne fortune, parions que Philippe Adam, lui, décroche le gros lot ! "Jours de chance" de Philippe Adam - éditions Verticales

JOURS DE CHANCE

PARISIENNES

Professeur de philosophie charismatique, ce jeune quadra explore avec vivacité les univers fantasques. Après s’être taillé un vif succès avec son ébouriffant roman consacré aux intrépides, "Centenaires", il plonge avec gourmandise chez les gagnants du Loto. Ici, on joue ses rêves à qui perd gagne et les boules se comptent en million, voire dizaines ou centaines de millions, synonymes d’espoir d’une autre vie qui se dessine d’un tirage à l’autre. Fresque collective dédiée à ces nouveaux ultra riches qui pratiquent l’art

Gros plan sur Paris où Malka Marcovich parcourt un marathon au détour de 200 rues portant des noms de femmes mythiques aux histoires haletantes. Son style enlevé, appuyé sur une documentation pointue, lève le voile sur les coulisses d’une étonnante géographie qui remonte les siècles. Des premières saintes aux reines et favorites, des figures de la résistante aux actrices, scientifiques ou sportives, leurs combats éclairent la ville lumière. Pionnières capitales, d’une rive à l’autre, elles révèlent une cité furieusement "macho land" ! Face à Marie

Stuart, Simone de Beauvoir, Dalida ou Joséphine Baker… 3.800 hommes battent, eux, fièrement le pavé ! Spécialiste des droits de la femme, historienne et consultante internationale, l’auteur s’amuse à pointer cette fragile émancipation dans une balade captivante où Eugénie Eboué, Maryse Hilz, Lili Boulanger… sortent enfin de l’impasse. "Parisiennes" de Malka Marcovich - Balland

PREMIER BILAN APRES L’APOCALYPSE

Bonne nouvelle, rayon littérature ! Frédéric Beigbeder nous offre avec panache sa sélection d’indémodables, le top 100 de sa bibliothèque idéale, que des chef d’oeuvres ! Un choix joyeux, inattendu et pratique qu’il passe au scanner, version Dr House, selon une grille de diagnostic basée sur dix critères qui balaient l’émotion, la séduction, la concision, l'arrogance ou l’érotisme... Une somme de coups de cœur, classiques

LA MAISON MATCHAIEV

Premier roman envoûtant de Stanislas Wails, assistant réalisateur, notamment d’Alain Resnais, qui a appris l’arabe avant ses études de lettres. Saga familiale au ton singulier où une fratrie de Parisiens hérite d’une maison familiale en Bourgogne, témoin d'une histoire mouvementée. A l'image des romans russes qu’ils lisaient dans leur enfance, les trois enfants Matchaiev, âgés de 20 à 30 ans, sont confrontés à l’opportunité de garder cette "maison du pendu". Pour détricoter l’afflux de souvenirs très doux et trop lourds, marqués du poids de la honte et des différences culturelles et sociales, ils cicatrisent leurs blessures entre révolte et revendication... Le stylo caméra s’empare d’un zoom ludique et tendre, en prise directe avec les affres et les joies d’une génération en quête d’identité, pour tisser une trame romanesque et imaginative où flotte le parfum de Marcel Aymé. "La maison Matchaiev" de Stanislas Wails - Serge Safran éditeur



030/CULTURE

Par : Sylvie Gassot

BEAUX LIVRES

Des livres grand format pour se laisser envoûter par l’image et captiver par le texte... QUE CUISINER ET COMMENT LE CUISINER

Pour ceux qui craquent sur les menus routine sans jamais oser s’aventurer, ce livre est votre bible ! Simple et ludique, il révolutionne le genre en privilégiant une idée toute simple : de quoi avez-vous envie ? Un petit-déjeuner anglais, un repas de famille, un buffet impromptu… Rien de plus simple ! Jane Hornby présente d’abord la recette en images -850 photosavec tous les ingrédients nécessaires, puis vous prend par la main, étape par étape, en livrant ses fameux secrets et temps de cuisson. Impossible de vous louper ! Chef passionnée, elle collabore au magazine de la BBC, "Good food", qui l’a rendue célèbre pour la clarté de ses explications. Amateurs et chefs se régalent des variantes de plats déjà réputés auxquels elle apporte sa touche gourmande. Tajine de haricots, paella, curry de bœuf thaï, cheesecake vanillé ou brownies sont autant de jeux d’enfants. Pas besoin de matériel de cuisine high tech avec cet opus aussi beau que bon qui invite à réaliser, sans fausse note, des menus du monde entier... On en est toqué car c’est infaillible ! "Que cuisiner et comment le cuisiner", Jane Hornby Phaidon

ISLAMANIA

Véritable contre dictionnaire des idées reçues, ce livre d’art conte l’histoire d’une fascination artistique, de l’Alhambra à la burqua. Véronique Rieffel, directrice de l’institut des cultures d’Islam, s’intéresse à son rapport avec l’Europe et l’art. Agacée par l’ambivalence de l’Islam, trop souvent posée comme une question brûlante, et face à l’oubli, elle s’interroge : pourquoi les musulmans seraient-ils

réfractaires à l'intégration, alors qu'ils sont présents depuis si longtemps en Occident ? Nourri de nombreux témoignages, de Hassan Hajjaj à Martin Parr, de Jean Paul Gaultier à Zaha Hadid, de Youssef Nabil à Akenaton, cet essai analyse les œuvres d'artistes occidentaux, d'origine musulmane ou non, qui explorent des domaines controversées comme le port du voile, la construction de minarets ou l'islamisme en Occident. Pertinent, le livre aide à mieux comprendre l'influence des arts d’Islam sur les grands maîtres occidentaux et sur l'évolution de la création contemporaine, des arts graphiques et plastiques à la haute couture, sans oublier le cinéma et l'architecture. Tous Islamaniaques ! "Islamania", Véronique Rieffel - Beaux-Arts Editions Flammarion

PEDRO ALMODOVAR

Sensuel et subversif, coloré et controversé, passionné et provocateur, le monde d’Almodovar est décrypté par Paul Duncan en images inédites et archives privées. Castillan rebelle, célèbre pour son opulence visuelle et son érotisme, il marie les genres pour filmer les mésaventures souvent comiques de drogués, nonnes, femmes au foyer, prostitué(e)s, travestis et

transexuels. Admiré de ses pairs, adoré des acteurs, il est le réalisateur espagnol le plus célèbre depuis Buñuel, grâce à "Femmes au bord de la crise de nerfs", "Parle avec elle" et "Volver". Autodidacte, nourri par Douglas Sirk, Andy Warhol ou John Waters, il s’inspire du cinéma noir ou mélo pour tricoter ses comédies déjantées. Enraciné dans Madrid, il y explore mythes et modernité au rythme de bandes son aux accents de boléro. Enfant terrible du cinéma d'art et essai des années 1980, l’homme de la Mancha, mué en réalisateur oscarisé avec "Tout sur ma mère", fascine par sa sophistication et sa maîtrise de l’émotion. Un talent qui se reflète dans cette épatante odyssée visuelle. Remarquable ! "Pedro Almodovar, les archives", Paul Duncan et Barbara Peiro - Taschen

HELMUT NEWTON

Magie de l’instantané, cette collection de polaroids tests captés pendant ses prises de vues par ce génie de la photo nous ouvre l’intimité de son audacieux travail. Il y a un look Helmut Newton identifiable, tel un label, au premier coup d’œil : angles, obsessions, choix de lumière cru, décor naturel, compositions chocs… Autant d’indices qui siglent son influence et sa notoriété. June Brunell qui

partagea sa vie orchestre ce témoignage tout en images. Et là où on criait jadis à la provocation, voire à la vulgarité, triomphe aujourd’hui à la place de la controverse une formidable séduction. Précurseur comme souvent les génies, grand Prix de la photo en 1990, il incarne l’essence même du glamour. Et marque l’époque d’une emprise forte, toujours palpable, dont se revendique la jeune garde de la photo de mode. Au-delà du travail de commande pour les plus belles enseignes du luxe, il a développé un art très loin du cliché, influent et énigmatique jusqu’à devenir plus star que ses modèles, pourtant toujours élus parmi les plus belles femmes du monde. Canon, ce livre ! "Helmut Newton Polaroids" Taschen

EDWARD HOPPER Pourquoi Edward Hopper fascine-t-il toujours autant, 50 ans après sa disparition ? Mondialement connue, son œuvre entre rêveries et angoisses, suscite toujours autant d’enthousiasme même si son art demeure énigmatique. Pour percer son emprise, Walter Wells, professeur émérite de lettres à l’université de Californie, s’interroge : "En quoi consiste l’emprise des tableaux de Hopper ? Pourquoi ne perdent-ils pas en fraîcheur et ne se démodent-ils pas ?".

Prenant en compte des éléments biographiques pour sonder les toiles, il traque les influences littéraires et psychologiques de l’artiste new-yorkais sur son travail. Peintre des angoisses profondes, il révèle dans sa littérature visuelle des personnages abîmés en euxmêmes, soignant les cadres avec un pinceau caméra. De ce contraste, entre le calme apparent des décors et la tension intérieure des personnages, se dessine un plan cinéma où l’on se prend au jeu de deviner l’image d’avant ou celle d’après… Magique ! "Un théâtre silencieux : l’art d’Edward Hopper", Walter Wells - Phaidon

GAIA

Fondateur du Cirque du soleil, Guy Laliberté s’est offert un saisissant voyage dans l’espace à bord d’une station spatiale internationale. Fasciné par la beauté de la surface terrestre, il a photographié une quarantaine de pays à une distance de 350 Km. Des points de vue en mouvement sur un sujet fixe qui immortalisent d’inouïs paysages alors qu’il se déplaçait à plus de 28.000 Km/h, effectuant chaque jour 16 orbites autour de la Terre. Un exploit dont témoignent 300 images hallucinantes, toutes captées en numérique avec un Nikon D3S ou D3X. Vu du ciel, les déserts ont la majesté de toiles abstraites et les villes se dressent comme des chaînes de montagnes miniatures. Décidé à sensibiliser aux enjeux de l’eau auxquels l’humanité est confrontée, Guy Laliberté, parti en mission sociale et poétique, a choisi de reverser tous les bénéfices à son association One drop, destinée à lutter contre la pauvreté dans le monde en favorisant l’accès à l’eau. Chapeau l’artiste ! "Gaia", Guy Laliberté Assouline



032/AGENDA

CQFD Ailleurs

LE TOUR DES EXPOSITIONS Par : Sylvie Gassot

Jusqu’au 16 janvier 2012 au Grand Palais : "Matisse, Cézanne, Picasso... L'aventure des Stein" D’origine américaine, les Stein s'installent à Paris au début du XXe siècle. Premiers acheteurs de Matisse et Picasso, ils accueillent chez eux toute l'avant-garde artistique, constituant ainsi une des plus étonnantes collections d'art moderne. Phénoménale, l’exposition réunit 120 chef-d’œuvres de Renoir, Cézanne, Picasso, Matisse, Bonnard, Vallotton, Laurencin, Gris, Masson, Picabia… Elle éclaire l’importance et la qualité du patronage de cette famille totalement hors norme. Ainsi, pénètre-t-on au cœur de l’amitié qui lia Gertrude, écrivain d’avant-garde, à Picasso ; on s’émeut des liens que tissèrent Sarah et Matisse… et l’on capte l’influence déterminante du regard de Léo et Michael sur l’émergence de l’art moderne. Incontournable! www.grandpalais.fr © Adagp, Paris, 2011

Jusqu’au 15 décembre 2011 à la Galerie En Attendant les Barbares : "Or(s)" Matériau fantasmagorique et précieux, intemporel, et toujours d’actualité, l’or est interprété par 8 designers. Elizabeth Garouste, Olivier Gagnère, Eric Schmitt, Eric Jourdan, Christian Ghion, Eric Robin, Matt Sindall et Jean-Philippe Gleizes ont carte blanche pour le magnifier un peu, beaucoup, à la folie... Guéridons, chaises, lampadaires, lampes et bougeoirs métissent l’or rose ou jaune au bois laqué, à l’acier brut, au fer noir ou métal peint. La plupart des pièces sont éditées en petite série (8 exemplaires + 4 épreuves d’artiste), certaines sont uniques. Inédite, la première édition d’un bureau en acajou teinté et fer, ponctué de feuille d’or blanc, crée en 1998 par Elizabeth Garouste et Mattia Bonetti, enchantera collectionneurs et amateurs. Une pépite ! www.barbares.com Novembre 2011 à Avril 2012 à La Conciergerie : "BETES OFF" Pour clôturer la manifestation "Monuments et animaux" qui a colonisé divers lieux en France, un sacré bestiaire hiverne à Paris. Peuplant une forêt mystérieuse, il s’implante à la Conciergerie à l’initiative de Claude d’Anthenaise, directeur du Musée de la chasse et de la nature, et commissaire de l’exposition. Au gré des sentiers à thème : allée des chimères, route du lac ou chemin du bout du monde, on découvre ces drôles de créatures, témoins alarmants des grands enjeux environnementaux. Les papillons de Bertrand Gadenne, le lapin magique de Christian Gonzenbach, les œuvres de Louise Bourgeois, l’assiette aux crapauds de José Lévy ou le serpent d’Agathe David, illustrent avec force et poésie un imaginaire envoûtant. Embarquement immédiat pour ce voyage extra-ordinaire ! www.conciergerie.monuments-nationaux.fr

S I R A P Ci-dessous : Napoleon Sarony (18211896) Oscar Wilde, 1882 Épreuve sur

Jusqu’au 15 janvier 2012 papier albuminé Londres, National au Musée d’Orsay : Portrait Gallery © National Portrait "Beauté Morale et Volupté dans Gallery, London l’Angleterre d’Oscar Wilde" Triomphalement présentée à Londres au Victoria&Albert Museum, "The cult of beauty" est l’exposition la plus raffinée du moment. Sublime rétrospective du mouvement esthétique antipuritain, prônant "l’art pour l’art", avec pour devise l’aphorisme d’Hippocrate : "L’art est long, la vie est brève". Le parcours de cet Aesthetic Movement auxquels ont collaboré Oscar Wilde, William Morris ou Edward Burne-Jones prône le plaisir des sens avec le paon, symbole d’immortalité, pour emblème comme le tournesol, image de l’éblouissement et le lys marque de pureté. Peintures, sculptures, costumes, mobiliers et de nombreux objets manufacturés témoignent de cette société hédoniste qui s’impose, aujourd’hui encore, comme la quintessence de l’esprit british. Un équilibre subtil entre élégance et excentricité, opulence et épure parfaitement réjouissant ! www.musee-orsay.fr

Jusqu’au 29 janvier 2012 au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris : "Baselitz sculpteur" Monumentale, l’œuvre de Baselitz, souvent taillée à la tronçonneuse et à la hache, est à l’honneur avec 40 sculptures en bois peint datant de 1979 à 2010. Erudit, collectionneur d’art populaire, il s’en inspire pour renouveler avec une ironie grinçante le langage artistique. Têtes et torses aux postures hiératiques précèdent les œuvres anthropomorphes liées aux souvenirs d’aprèsguerre. Surdimensionnées, les figures féminines en écho aux démesurés autoportraits envolent l’émotion par des rehauts de peinture. Controversé, il affirme son refus de toute élégance, privilégiant un traitement brut et un corps à corps agressif avec le bois tailladé et scarifié. Debout, ses figures semblent extraites du sol, évoquant l’arbre et le totem. En contrepoint, peintures et œuvres sur papier éclairent l’extrême cohérence d’une œuvre qui confronte primitivisme et maniérisme avec un vif décalage. Mélancoliques, ces personnages à dominante bleue portent d’insolites attributs : casquette de marque "Zéro" ou chaussures à talons hauts, agressivement sexués. www.mam.paris.fr



034/AGENDA

CQFD Ailleurs

LE TOUR DES EXPOSITIONS Par : Sylvie Gassot

BILBAO Jusqu’au 15 avril 2012 à la Fondation Beyeler and Guggenheim Museum Bilbao : “Brancusi/Serra“ Organisée avec la Fondation Beyeler, cette exposition confronte les notions de matière du temps et de mouvement chez Constantin Brancusi et Richard Serra, ténors de la sculpture contemporaine. Une trentaine d’œuvres de chacun des artistes dialogue en soulignant les aspects essentiels de leur inspiration. La scénographie accentue l’effet saisissant produit par le choix des matériaux : marbre, bois, ciment, plâtre ou bronze pour Brancusi, acier, caoutchouc, plomb ou tubes de néon pour Serra. Le parcours alterne la juxtaposition d’œuvres à des espaces consacrés à chacun individuellement. Ce jeu souligne les similitudes et différences en révélant le pouvoir spatial dynamique de leur art. L’architecture même du musée offre une troisième dimension et joue un rôle majeur au cœur de cet événement. www.guggenheim-bilbao.es

Jusqu’au 20 novembre à la Helmut Newton Foundation -Museum für Fotografie : “Helmut Newton Polaroids“ Par cette spectaculaire sélection de polaroids tests, Helmut Newton nous offre un voyage nostalgique au coeur de la magie de l’instantané. Zoom arrière sur le “pola“, outil indispensable rendu obsolète par le numérique mais qui offre le privilège de découvrir la genèse d’un choix des plus belles photos de l’artiste sur plusieurs décennies. Rassemblés par sa veuve June Newton, ces tests capturent les coulisses des séances de prises de vue d’un des photographes de mode les plus influents. Né à Berlin, émigré en Australie, puis installé en France, il connaît dès les années 70 une renommée internationale grâce à son travail dans Vogue. Sa notoriété se renforce au fil de ses fantasmes et obsessions. Privilégiant le décor naturel au studio, il multiplie les scénarios provocateurs, les éclairages crus et choisit les compositions chocs pour marque de fabrique. Grand Prix National de la Photographie en 1990, il signe une œuvre singulière, séduisante et intemporelle. On est fan ! www.helmutnewton.com

Jusqu’au 18 janvier au Moma : De Kooning "Rétrospective" Après le triomphe de l’exposition Matisse, c’est à une rétrospective de Kooning, père de l’expressionnisme abstrait, que se consacre le Moma. Sur 6 étages et 17.000m2, on parcourt 70 ans d’une œuvre prolifique qui débute académiquement en Hollande et se poursuit aux Etats-Unis où il émigre dès 1926. Convaincu que "le style est une supercherie !", il multiplie les expériences et conjugue avec une liberté folle tous les univers. Du doux paysage ("Pink Angels", 1945) au portrait scandaleux ("Woman", 1953), de l’abstraction la plus flamboyante au profond noir et blanc, du figuratif au surréalisme, il expérimente tous les médiums avec une puissance rare. Peintures, sculptures, dessins et lithographies révèlent en plus de 200 œuvres un univers de gouaches, d’aquarelles, de pastels et de techniques mixtes. Une plongée effrénée au sein d’une œuvre jamais datée, désormais historique ! www.moma.org

S E R D N O L

Jusqu’au 8 janvier à la Tate Modern : "Gerhard Richter : Panorama" En l’honneur de ses 80 ans, la Tate Modern présente une rétrospective chronologique de l’artiste allemand qui capte la lumière au bout de son pinceau avec un intemporel génie. Peintre polymorphe et photographe du quotidien, il traduit sur la toile des évènements historiques -victimes et bourreaux du nazisme, bombardement de Dresden- ou intimes, avec des paysages figuratifs et abstraits. Son œuvre en noir et blanc inspiré des images de la bande à Baader préfigure d’un travail dédié aux attaques terroristes dont celle du World Trade Center, en 2001. A côté de ces témoignages historiques, sa peinture abstraite d’une intensité furieuse révèle un travail époustouflant sur la couleur, inédit et remarquable! www.tate.org.uk

Reader 1994 © Gerhard Richter Courtesy San Francisco Museum of Modern Art.

K R O Y W NE

BERLIN



036/ARTSETCULTURE

Par : Nathalie Rigoulet

"Ma culture, c'est le Street Art"

I

l y a à peine plus d'un an ouvrait la David Bloch Gallery dans la rue des Vieux Marrakchis. Une galerie un peu extraterrestre dans le paysage artistique de la ville, avec ses artistes de Street Art et les thèmes chers au galeriste : lettre et calligraphie, art optique et cinétique, abstraction et imaginaire. Allons à la rencontre de David Bloch himself... Marrakech Mag : vous semblez très à l'aise et complètement investi dans votre métier de galeriste. Depuis quand faites-vous ce métier ? David Bloch : C'est tout nouveau pour moi... en deux mots, j'ai fait des études de commerce, et de 1997 à 2007, j'ai bossé au Maroc dans l'export d'artisanat, puis j'ai fait du consulting pour des marques qui souhaitaient s'implanter ici. Mais depuis un moment, j'avais envie de changer de vie, de boulot, j'ai réfléchi à ce qui me plairait vraiment, et l'idée de la galerie s'est imposée d'elle-même, mais pas n'importe quelle galerie. Depuis gamin, ma culture, c'est le Street Art ; j'ai eu la chance de vivre à Paris l'éveil du graffiti, du hip hop, du rap, et de rencontrer des graffeurs incroyables aujourd'hui reconnus pour leur art. Je suis

passionné, motivé, emballé, je ne suis pas un spécialiste de l'art, mais j'apprends tous les jours, je cherche, je rencontre de nouveaux artistes, je suis pour l'échange. MM : Alors quand le déclic est-il arrivé ? DB : Evidemment, par hasard. Alors que je visitais des locaux dans le cadre de mon boulot de consulting, j'ai vu le local qui est aujourd'hui la galerie, et j'ai flashé sur le lieu. Ça a tourné dans ma tête, j'ai parlé de mon projet à mes amis galeristes à Paris, à mes amis artistes comme Alëxone Dizac, TANC et bien d'autres... Ils m'ont tous fait confiance, alors j'ai foncé. MM : Vous venez d'ouvrir une seconde galerie à Casablanca, est-ce le signe que les artistes que vous présentez sont bien accueillis au Maroc ? DB : Les six premiers mois de la galerie ont été très difficiles, j'ai fait un énorme travail de communication pour faire connaître le lieu et les artistes que j'avais choisis d'exposer, pour leur donner une légitimité… et ça a marché. On m'a proposé à plusieurs reprises d'ouvrir une galerie à Casa, et ce projet s'est réalisé avec mon ami Driss Lahlou, producteur musical (label Cosmo Records). On souhaite ensemble

que la galerie devienne un lieu privilégié de synergie artistique entre la musique et les arts plastiques. Nous proposerons là-bas à partir du 22 septembre une rétrospective des œuvres de TANC et une soirée musique électro avec TANC aux platines. MM : Fin septembre débute Marrakech Art Fair, est-ce pour vous un événement important ? DB : Cet événement, qui nous a tous séduits, est un rendez-vous incontournable. Tout comme l'année dernière, je serai parmi les exposants, avec mon collectif d'artistes résidents (MIST, TANC, l'ATLAS, Sébastien Prechoux, Larbi Cherkaoui...). Au Guéliz, je programme une exposition surprenante avec des performances de l'artiste d'Alëxone Dizac (qui nous plongera dans un monde fantasmagorique extraordinaire, expo à ne pas rater ! NDLR). 8 bis, rue des Vieux Marrakchis, Guéliz, Marrakech Tel : +212 5 24 45 75 95 45, Bd Gandhi, Casablanca Tel : +212 5 22 94 96 49



ENGLISH 038/ARTSETCULTURE

"Street Art is my culture" Interview with David Bloch, the new generation gallery owner

T

he David Bloch Gallery opened its doors in Rue des Vieux Marrakchis barely a year ago. A gallery that started out as a little alien in the city’s artistic landscape, with its Street Art artists and themes so dear to the gallery owner: letters and calligraphy, optical art and kinetics, abstraction and imagination. We met up with the man himself... Marrakech Mag : you seem to be very at ease and completely invested in your gallery work. How long have you been doing this job? David Bloch : It’s actually completely new to me… to be brief, I went to business school, and from 1997 to 2007 I worked in the craft export industry in Morocco, then becoming a consultant for brands looking to set up business here. However, for a while, I had been thinking about changing my life and work situation, and thought about what I would really enjoy. Opening a gallery seemed the obvious path, but not any old gallery. Street Art has been my culture since childhood; I was lucky enough to experience the emergence of graffiti, hip hop and rap in Paris, and to meet incredible street artists now famous for their work. I am fascinated, motivated, and very keen; I’m not an art expert, but I learn every day, I am on the lookout and meet new artists, I think exchanging ideas is important. MM : So when did something trigger in your mind? DB : By chance, of course. I was visiting premises within the framework of my consulting work, I saw the venue that is now the gallery and fell in love with the place. I thought about it a lot, talked of my project to

my gallery owner friends in Paris, and to my artist friends, Alëxone Dizac, TANC and many others… They all trusted and encouraged me, so I went for it. MM : You recently opened a second gallery in Casablanca: is this a sign that the artists you are exhibiting are well received in Morocco? DB : The first six months of the gallery were very difficult, I worked very hard on advertising to make the place known and give legitimacy to the artists I had chosen to exhibit… and it worked. I received a number of offers to open a gallery in Casa, and my friend Driss Lahlou, a music producer (label Cosmo Records) and I achieved this project. We both hope that the gallery will become a special venue of artistic synergy between music and the visual arts. A retrospective of TANC’s works and an electro music night with TANC on the turntables is being scheduled there from 22 September. MM : The Marrakech Art Fair starts at the end of September: is this an important event for you? DB : We have all been won over by this event, which is key date in the year. Much like last year, I will be among the exhibitors, with my collective of resident artists (MIST, TANC, l'ATLAS, Sébastien Prechoux, Larbi Cherkaoui...). In Gueliz, I am organising a surprising exhibition with performances from artist Alëxone Dizac (who will take us into an extraordinary phantasmagorical world, an exhibition not to be missed! ed.). 8 bis, rue des Vieux Marrakchis, Guéliz Tel : +212 5 24 45 75 95 45, Bd Gandhi à Casablanca Tel : +212 5 22 94 96 49



040/EVENEMENT



042/EVENEMENT

Par : Sylvie Gassot

Kezban Arca Batibeki, Cats and owners 2, courtesy CAM Gallery

Forte du succès de sa première édition, Marrakech Art Fair revient au Palace Es Saadi avec 45 galeries internationales d’art moderne et contemporain, entourant la Turquie, invitée d’honneur…

E

ncouragé par la foule d’amateurs et collectionneurs internationaux présents l’an dernier -10.000 visiteurs-, l’événement se renforce, preuve du formidable potentiel du marché de l’art au Maroc. Cette année, aux côtés d’une trentaine de galeries du Maghreb, du Moyen-Orient et d’Europe déjà présentes, s’ajoute une vingtaine de nouveaux participants en provenance de New York, Dubaï, Moscou et Paris, avec un angle de vue élargi sur l’art contemporain international et la scène artistique arabe. “Nous sommes les témoins d’un certain engouement au Maroc pour l’art contemporain. Marrakech Art Fair montre que le pays est un lieu d’expression et un marché avec lequel il faut désormais compter“ se réjouit l’organisateur, Hicham Daoudi, président d’Art Holding Morocco. L’édition 2011 favorise donc l’émergence d’artistes marocains sur la scène internationale. En accueillant deux acteurs majeurs de la scène new-yorkaise : Metro Pictures et Edwynn Houk Gallery, elle élargit son angle de vue sur l’art contemporain international et la scène artistique arabe. "Nous souhaitons aussi mettre l’accent sur les galeries turques, italiennes, espagnoles, grecques et celles du monde arabe, car il y a une vraie culture méditerranéenne et moyenorientale dont nous faisons partie", précise Zineb Daoudi, directrice de la foire. Aux côtés des prestigieuses galeries parisiennes qui renouvellent leur confiance, dont Jérôme de Noirmont, JGM galerie, Jean Brolly, Di Meo, Dominique Fiat, Marie Vitoux, Magnin-A et la Galerie Rive Gauche/Marcel

Strouk, on note la présence des fidèles de la scène nord-africaine. Deux galeries tunisiennes : El Marsa (La Marsa) et Le Violon Bleu (Tunis) accompagnent onze galeries marocaines. Déjà présentes l'an passé, l’Atelier 21, la Galerie Shart, David Bloch Gallery, Loft Art Gallery, Matisse Art Gallery, Galerie 127 et Venise CadreGVCC, sont rejointes par les galeries 38, FJ, L’Artothèque et Sous Sol Art Gallery. Renforçant la dimension internationale de la manifestation, une large palette de nouveaux inscrits s’illustre par la venue d’Italie de la Galleria Continua (San Gimignano) aux côtés des milanaises Voice et Hotice Gallery. De Dubaï, on remarque Art Space et IVDE, d’Arabie Saoudite, Athr Gallery et Aid et de Russie l’importante Aidan Gallery. Enfin, le centre d’art contemporain espagnol, Piramidon, rallie également pour la première fois Marrakech Art Fair. Côté français plusieurs galeries grossissent les rangs : Jean Fournier, Albert Benamou, la Galerie Dix9, Aline Vidal, Daniela Da Prato Gallery, et Besseiche Lartigue. La galerie Lelong, elle, expose une œuvre monumentale de Jaume Plensa, produite spécialement pour l'événement. Enfin, Marrakech art Fair zoome sur la Turquie (cf. encadré), témoignant de la vitalité de sa scène artistique, avec la présence des emblématiques galeries CDA Projects et PI Artworks Contemporary Center. Décidément, Marrakech Art Fair, grâce à l’effet de résonance suscité en 2010 par cette première foire artistique sur le continent africain, a l’art et la manière de nous offrir un tour du monde en émotions !


Revolutions arabes et art contemporain Les artistes n’ont pas été insensibles au "Printemps arabe", que beaucoup ont accompagné. "Images Affranchies", place Jamaâ El Fna, en témoigne…

Mesurant le rôle majeur de l’image et du téléphone portable, les créateurs ont forgé une nouvelle esthétique de la contestation. "Images Affranchies", l’exposition d’art numérique -photo et vidéo- conçue par Brahim Alaoui dans l’ancienne agence de la Banque du Maroc, révèle cette émancipation des prétendus interdits d’une culture supposée iconoclaste. Leurs œuvres dévoilent l’intime, questionnent l’histoire, la mémoire, et portent un regard novateur sur les fractures du monde. Singulière, leur approche de l’univers en mutation mérite qu’on les cite tous. Adel Abidin, Leila Alaoui, Halim Al Karim, Hicham Benohoud, Meriem Bouderbala, Mohamed El Baz, Ninar Esber, Nicène Kossentini, Amel Kenawy, Mehdi Meddaci, Youssef Nabil, Moataz Nasr, Yazid Oulab, Younès Rahmoun et Faysal Samra participent à ce parcours culturel. Leur diversité révèle une vision critique inédite des sociétés et des tensions qui les traversent par l’emploi d’une multitude de stratégies et de métaphores visuelles. Partis à la conquête de leur subjectivité, ces artistes articulent individuel et collectif. "Les acteurs de cette nouvelle scène numérique ont certainement anticipé et préfiguré la démarche des jeunes internautes du monde arabe qui investissent aujourd’hui la toile au service de l’émancipation de leur pays", témoigne Brahim Alaoui. "Leurs revendications relayées par le Web font écho aux "Images Affranchies" qui sont à l’œuvre depuis plus d’une décennie chez les artistes contemporains." Pour poursuivre cette réflexion, une rencontre au Es Saadi, animée par Roxana Azimi et Diptyk magazine, analysera l’influence des révolutions arabes sur l’art contemporain. Ce débat interrogera écrivains, universitaires, historiens et spécialistes sur l’avènement des nouvelles visualités. Historien de l’art contemporain, Paul Ardenne y découvre une autre manière de voir le monde en mouvement et questionne sur ce qu’il décrypte comme "une leçon pour l’art futur ?”.

Halim Al Karim, Untitled 2-1

Du 29 septembre au 31 octobre : "Images Affranchies" - Ancienne agence de la Banque du Maroc, place Jamaâ El Fna

Kader Attia, Holy Land, courtesy Continua Galeria


044/EVENEMENT

La Turquie à l’honneur Pour sa deuxième édition, Marrakech Art Fair choisit la Turquie comme invité d’honneur. Réputée pour son art contemporain particulièrement dynamique, la Turquie a conquis une place importante sur le marché de l’art notamment auprès des collectionneurs de Dubaï et de Londres. Avec pour la première fois, six galeries stambouliotes participant à un événement international en dehors d’Istanbul (CDA Projects, PI Artworks, Empire Project, CAM Gallery, PG Art Gallery, et Merkur), la foire témoigne de l’effervescence de cette scène artistique contemporaine qui cette année a conquis de beaux records en salle des ventes. D’ailleurs, Sotheby’s, et désormais Bonhams, en initiant des ventes spécialisées, ont généré en avril 2011 plus de 2,5 millions d’euros ! L’art contemporain place donc Istanbul au cœur de la mondialisation et dans cette movida spectaculaire, les artistes jouent leur rôle à fond ! Une bonne raison de venir les découvrir…

“Play it again Sam“ Kezban Arca Batibeki - CAM Gallery

Sevile Binat

“Marrakech nous offre une nouvelle géographie de l’art !“ Prestigieuse galerie d’Istanbul, la C.A.M. participe pour la première fois à Marrakech Art Fair. L’occasion pour son fondateur, Sevil Binat, de nous présenter ses talents et ses attentes… Marrakech Mag : Quels artistes exposezvous à Marrakech Art Fair ? Sevil Binat : Nous en avons sélectionné quatre avec des personnalités très fortes. Ahmet Elhan invente avec sa subjectivité son propre langage photographique. Ses œuvres, dont la série "Places", shootées dans des lieux publics, religieux ou populaires, offrent de nouvelles perceptions et interrogations sur notre capacité à "voir" une réalité objective. Il réinvente le temps et l’espace en multipliant les perspectives. Murat Germen est, lui, diplômé de l’Institut de Technologie du Massachusetts et a reçu la médaille d’or "AIA Henry Adams". Professeur d’art à l’université Sabanci d’Istanbul, il explore la photo comme un outil de recherche et de réflexion. Révélant l’extraordinaire du quotidien, il invite le regard des gens à évoluer. Tout le monde peut faire des photos ordinaires de situations extraordinaires, mais son défi est de rendre fabuleux un quotidien, qu’il soit beau ou ambigu. Peintre, designer et architecte, Emir Uras conjugue, lui, les connexions entre peinture et nouvelles technologies. "Fleurs", sa série de dessins est accompagnée de poèmes en hommage à la diversité de la vie, et ses impressions numériques jettent un pont troublant entre flou et réel. Quant à Kezban

Arca Batıbeki, depuis 25 ans, elle multiplie les disciplines : peinture, installations, vidéo et photo. Son travail, dans un esprit pop art, interroge le fait d’être une femme en Turquie, l'érotisme, la haine et l’amour. C’est l’une des artistes les plus emblématiques de la scène contemporaine turque, récompensée du Grand Prix de l’Eastbank Award. MM : Comment expliquez-vous l'effervescence de l'art contemporain turc ? SB : Par l’augmentation récente du nombre de musées privés, de galeries et d’écoles d’art, ce qui a ouvert un environnement riche, propice à son développement. Soutenu par une économie en hausse, cette politique favorable a permis la naissance d’une pluralité de talent. Cette réelle diversité d’artistes aux univers variés a vite capté l’intérêt des collectionneurs. Evidemment, lorsque d’aussi célèbres maisons de vente que Christie's et Sotheby's ont lancé des ventes d’art turc, le marché s’est montré très attentif ! MM : Ce dynamisme de l’art turc joue-t-il un rôle moteur dans la mondialisation ? SB : S’il est vrai que l’art contemporain turc attire beaucoup d’attention sur lui, je ne

l’analyse pas en soi comme un vecteur de mondialisation. Pourtant, je n’ignore ni le rôle de l’art ni son importance sur le marché international en tant qu’acteur essentiel dans l’ouverture d’un pays. MM : Qu'attendez-vous de Marrakech Art Fair ? SB : C’est pour nous l’occasion de créer une rencontre dynamique entre nos artistes et de nouveaux amateurs ou collectionneurs. Voilà aussi une nouvelle géographie de l’art à découvrir que nous ne connaissons pas beaucoup. Et nous ressentons un réel enthousiasme à participer à une toute jeune foire d’art contemporain. MM : Quels conseils donneriez-vous à un jeune collectionneur ? SB : Qu’il apprenne à construire son propre goût afin de pouvoir définir son point de vue face à une œuvre. Les jeunes collectionneurs doivent savoir qu’investir dans l’art ne ressemble à aucun autre investissement et nécessite une vraie culture qui se forge au fil des ans. Si un art-work est exposé ou vendu, cela ne signifie pas que c’est une œuvre. Pour le savoir, mettez les chances de votre côté avec un bon œil et un goût sûr !


Le parcours culturel de Marrakech Art Fair Avec pour objectif l’art en partage, la Ville Rouge s’ouvre à une opération “portes ouvertes“ côté fondations, ateliers d’artistes et collections privées, ainsi qu’à de multiples événement inédits... Multipliant rencontres et expositions, ce parcours a déclenché l’an dernier un véritable enthousiasme ! Il invite à découvrir la création contemporaine d’artistes du Moyen-Orient, dans des lieux emblématiques de l’histoire de Marrakech. Parmi les évènements témoignant de cette ambition, on note la volonté d’associer les meilleurs artistes vidéastes à de multiples projets. L’ancienne agence de la Banque du Maroc, place Jamaâ El Fna accueille jusqu’au 31 octobre “Images Affranchies“, une exposition de photographies et d’art numérique d’artistes contemporains du monde arabe qui témoigne des révolutions arabes (cf. encadré). Réunis par le CNAP et deux couples de collectionneurs, Jean-Michel et Charlotte Attal, ainsi que Jean Conrad et Isabelle Lemaître, une programmation de vidéos d’artistes est annoncée au Colisée, cinéma mythique de Marrakech, ainsi qu’à l’ESAV (Ecole Supérieure des Arts Visuels). A noter, un gros plan sur des vidéos d’artistes contemporains turcs qui prolonge l’hommage à la Turquie. Nabil Ayouch, réalisateur marocain

nominé aux Oscars, présente, lui, deux de ses longs-métrages et une série de vidéos de jeunes talents marocains qu’il produit depuis 2002, parmi lesquels Wahid El Moutanna et Hicham Jebbari. Les principaux hôtels et Palaces du quartier de l’Hivernage s’associent à Marrakech Art Fair et organisent, en leurs murs, des expositions thématiques. Ainsi, le Sofitel accueille une exposition de photographies itinérante, “Fashion stills, si la mode m’était contée“, présentée par Polka Galerie (Paris). Et au Al Maaden Golf Resorts, de nombreux professionnels exposent leur “Collection idéale“, au sein de la médina et des riads alliant architecture contemporaine et matériaux de tradition. Côté belles rencontres, le parcours s’annonce riche en tables rondes. De nombreuses personnalités internationalement reconnues pour leur implication dans le marché de l’art sont appelées à questionner l’art contemporain dans le monde Arabe. Quant au programme VIP, il ouvre les portes de multiples maisons de collectionneurs ainsi que celle de l’extraordinaire Fondation Fourtou. Côté résidences d’artistes à ne pas rater, Al Maqam, lancée en 2000 par l’artiste Mohamed Mourabiti en faveur des artistes marocains dans le village de Tahanaout, et celle, plus récente, de Dar AlMa’mûn qui accueille des artistes internationaux. Un programme trépidant !

Mohmed El Baz, Bricoler l’Incurable, détails, Never Basta (homme aux pelicans)

Qui fait quoi?

“Bricoler l’Incurable“ Mohamed El Baz ©Mohamed El Baz Hicham Daoudi : Président d’Art Holding Marocco, il oriente son activité vers la création de musées et la gestion d’évènements prestigieux autour de l’art et du patrimoine comme Marrakech Art Fair. Zineb Daoudi : Directrice de Marrakech Art Fair. Brahim Alaoui : Historien, directeur du parcours culturel de Marrakech Art Fair, il fût aussi celui du musée de l’Institut du Monde Arabe à Paris. Renaud Siegmann : Critique d’art, consultant en art moderne et contemporain, il est commissaire de la foire. Philippe Délis : Architecte, il exerce sa pratique du design au service d’importantes manifestations et assure la scénographie de Marrakech Art Fair. Elisabeth Bauchet-Bouhlal : Collectionneuse passionnée et propriétaire du magnifique Es Saadi Resort Gardens, elle soutient très activement les artistes contemporains au Maroc. Avec élégance et générosité, elle accueille Marrakech Art Fair depuis sa création.

Marrakech Art Fair : Du 30 septembre au 3 Octobre au Palace Es Saadi, rue Ibrahim El Mazini. Hivernage, Marrakech www.marrakechartfair.com Ninar Esber, La Estrella


Following the success of its first edition, the Marrakech Art Fair is coming back to the Es Saadi Palace with 45 international modern art galleries, around Turkey, the guest of honour… “Barbie“ Burcak Bingol - CDA Projects

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ncouraged by the crowds of international amateurs and collectors present last year – 10,000 visitors in all -, the event is growing in strength, proof of the Moroccan art market’s amazing potential. This year, alongside thirty or so North African, MiddleEastern and European galleries already present, new participants hailing from New York, Dubai, Moscow and Paris are swelling the ranks, for a wider overview of international modern art and the Arab art scene. "We are witnessing a strong interest in modern art in Morocco. The Marrakech Art Fair shows that the country is a place where people can express themselves and a market that is set to stay” said the event’s delighted organiser, Hicham Daoudi, president of Art Holding Morocco. The 2011 edition is therefore encouraging the emergence of Moroccan artists on the international scene. Welcoming two major players from the New York art world, Metro Pictures and Edwynn Houk Gallery, it is a offering a wider overview of international modern art and the Arab art scene. "We are also looking to highlight Turkish, Italian, Spanish, Greek and Arab world galleries, since there is strong sense of belonging to a true Mediterranean and Middle-Easter culture”, added the fair’s director, Zineb Daoudi. Alongside prestigious Parisian galleries attending again this year - not least Jérôme de Noirmont, JGM galerie, Jean Brolly, Di Meo, Dominique Fiat, Marie Vitoux, Magnin-A and the Galerie Rive Gauche/Marcel Strouk - it seems important to note the presence of those loyal to the North-African scene. Two Tunisian galleries, El Marsa (La Marsa) and Le Violon Bleu (Tunis) are accompanying nine Moroccan galleries. Already in attendance last year, the Atelier 21, Galerie Shart, David Bloch Gallery, Loft Art Gallery, Matisse Art Gallery and Venise Cadre-GVCC are joined by galleries FJ, L’Artothèque and Sous Sol Art Gallery.

Artists have taken great interest in the “Arab Spring” and many accompanied this movement. "Images Affranchies", place Jamaâ El Fna, is an account of this…

by Brahim Alaoui in an old branch of the Banque de Maroc reveals the emancipation of the supposed restrictions in a culture seen as iconoclastic. The pieces unveil the intimate, question history, and memory, and offer an innovative outlook on the world’s fractures. All participants in this unique approach to the world in movement deserve to be mentioned. Adel Abidin, Leila Alaoui, Halim Al Karim, Hicham Benohoud, Meriem Bouderbala, Mohamed El Baz, Ninar Esber, Nicène Kossentini, Amel Kenawy, Mehdi Meddaci, Youssef Nabil, Moataz Nasr, Yazid Oulab, Younès Rahmoun and Faysal Samra are taking part in this cultural journey. Their diversity reveals an original critical vision of societies and the tensions that run through them via the use of a multitude of strategies and visual metaphors. Setting out to conquer their subjectivity, these artists express themselves both individually and as a group. "The players in this new digital art scene have certainly anticipated and foreshadowed the steps taken by young Internet users in the Arab world, who are now making great use of the web to help emancipate their country”, bore witness Brahim Alaoui. "Their demands relayed on the Wed echo "Images Affranchies", working for more than a decade with modern artists." To delve deeper into this issue, a meeting at the Es Saadi, led by Roxana Azimi and Diptyk magazine, will analyse the Arab revolutions’ influence on modern art. This debate on the advent of new images will involve writers, academics, historians and experts. Modern art historian Paul Ardenne uses it as another way of seeing the world in movement and questions what he decrypts as: "a lesson for future art".

Assessing the key role of pictures and mobile phones, designers have forged new aesthetics linked to protest. "Images Affranchies" [Emancipated pictures], the photographic and video digital art exhibition designed

From 29 September to 31 October: "Images Affranchies" – Old branch of the Banque du Maroc, place Jamaâ El Fna

Reinforcing the international dimension of the event, a wide range of new participants is flying in from Italy, such as the Galleria Continua (San Gimignano) alongside the Milanese Voice and Hotice Gallery. Art Space and IVDE are coming from Dubai, Athr Gallery and Aid from Saudi Arabia and the all-important Aidan Gallery from Russian. Finally, the Spanish modern art centre, Piramidon, is also joining the Marrakech Art Fair for the first time. A number of French galleries are also swelling the ranks : Jean Fournier, Albert Benamou, the Dix9 Gallery, Aline Vidal, Daniela Da Prato Gallery, and Besseiche Lartigue. The Lelong gallery is exhibiting a monumental piece by Jaume Plensa, created especially for the event. Finally, the Marrakech Art Fair is focussing on Turkey (see inset), bearing witness to the vitality of the country’s artistic scene, with the presence of the emblematic galleries CDA Projects and PI Artworks Contemporary Center. Thanks to the buzz generated in 2010 as the first art fair on the African continent, the Marrakech Art Fair decidedly succeeds in offering a world tour full of emotions!

Arab revolutions and contemporary art


ENGLISH Turkey as guest of honour For its second edition, the Marrakech Art Fair has chosen Turkey as its guest of honour. Known for its particularly dynamic modern art, Turkey has captured an important place on the modern art market, notably appealing to Dubai and London collectors. Six galleries from Istanbul are taking part in an international event outside of their own capital city for the first time (CDA Projects, PI Artworks, Empire Project, CAM Gallery, PG Art Gallery, and Merkur). The

fair bears witness to the effervescence of this modern art scene, which has reached amazing heights in the saleroom this year. Indeed, Sotheby’s, and now Bonhams, have generated more than 2.5 million euros in specialist sales in April 2011! Modern art is therefore placing Istanbul at the heart of globalisation and artists are playing a key role in this spectacularly creative cultural movement! A good reason to come and discover them…

Sevile Binat

"Marrakech offers a new geography of art!" The prestigious Istanbul gallery C.A.M. is taking part in the Marrakech Art Fair for the first time. An occasion for its founder, Sevil Binat, to present his talents and expectations… Marrakech Mag : Which artists are you exhibiting at the Marrakech Art Fair? Sevil Binat : We have selected four artists with very strong personalities. Ahmet Elhan invents his own photographic language with his subjectivity. His work - including the series "Places", shot in public, religious and popular places - offers new perceptions and questions on our capacity to "see" an objective reality. It reinvents time and space by multiplying the perspectives. Murat Germen is a graduate of the Massachusetts Institute of Technology and received an "AIA Henry Adams" gold medal. This art professor at the University of Sabanci in Istanbul has been exploring photography as a research and thought-provoking tool. Revealing the extraordinary in everyday life, he invites us to develop our outlook. Everyone can take ordinary photos of extraordinary situations but his challenge is to turn the banal into fabulous beautiful or ambiguous images. The painter, designer and architect Emir Uras combines the links between painting and new technologies. Poems in tribute to life’s diversity accompany his series of drawings “Flowers”, and his digital prints build disquieting bridges between haziness and reality. For the past 25 years, Kezban Arca Batıbeki has been working on a number of techniques, including painting, installations, video and photography. Her pop-art influenced work questions the place of women in Turkey, eroticism, hate and love. She is one of the most emblematic artists on the modern Turkish scene and has won the Eastbank Award Grand Prize. MM : How do you explain the effervescence of Turkish modern art? SB : Due to the recent increase in number of

private museums, galleries and art schools, opening up a rich environment, conducive to its development. Supported by a growing economy, this favourable policy has led to the creation of a number of talents. This real diversity of artists with varied worlds has quickly captivated the interest of collectors. Obviously, when such famous auctioneers as Christie's and Sotheby's started selling Turkish art, the market paid great attention! MM : Is this dynamism of Turkish art plays a driving force in globalisation? SB : Modern Turkish art does indeed attract a lot of attention but I don’t see it as a vector of globalisation in itself. I am nevertheless aware of the role of art and its importance on the international market as a key element in opening up the country. MM : What are you expecting from the Marrakech Art Fair? SB : For us, the fair is an occasion to create dynamic encounters between our artists and new amateurs or collectors. It offers a new geography of art of which we have little knowledge. And we are truly enthusiastic to be taking part in so young a modern art fair. MM : What advice would you give to young collectors? SB : They must learn to build up their own taste in order to be able to define their point of view in front of a piece. Young collectors must also realise that investing in art does not resemble any another investment and requires a true culture forged over the years. Artwork is exhibited or sold but that does not meet that it is a work of art. In order to find out, take no chances and develop a good eye and good taste.

Who does what? • Hicham Daoudi : President of Art Holding Marocco, he now focuses on creating museums and managing prestigious art and heritage events such as the Marrakech Art Fair. • Zineb Daoudi : Director of the Marrakech Art Fair. • Brahim Alaoui : This historian and director of the culture trail for the Marrakech Art Fair was also

director of the Institut du Monde Arabe’s museum in Paris. • Renaud Siegmann : This art critic and modern art consultant helps to organise the fair. • Philippe Délis : This architect design important events and creates the layout for the Marrakech Art Fair.

The Marrakech Art Fair cultural trial

With the aim of sharing art, the Red City is organising an “open doors” operation, involving foundations, artist studios and private collections, as well as various original events… With a large number of meetings and exhibitions, this initiative triggered true enthusiasm last year! It invites visitors to discover the modern artwork of Middle-Eastern artists at the heart of the emblematic venues of Marrakech’s history! Among events bearing witness to this ambition, there has been a strong will to involve the best video-making artists in various projects. Until 31 October, the ex-branch of the Banque du Maroc, place Jamaâ El Fna, is housing "Images Affranchies", a photography and digital art exhibition of modern artists in the Arab world’s account of the Arab revolutions (see inset). Brought together by the CNAP and the two collector couples, Jean-Michel and Charlotte Attal, and Jean Conrad and Isabelle Lemaître, a programme of art videos is scheduled at the Colisée, Marrakech’s mythical cinema, as well as at the ESAV (Ecole Supérieure des Arts Visuels) visual arts school. A close-up of Turkish modern art videos is extending the tribute to Turkey. The Oscarnominated Moroccan film director Nabil Ayouch is presenting his two feature-length films and a series of videos made by young Moroccan talents, which he has been producing since 2002, including Wahid El Moutanna, and Hicham Jebbari. The main hotels and luxury hotels of Marrakech’s Hivernage area are joining forces with the Marrakech Art Fair, organising onsite themed exhibitions. Thus, Sofitel is welcoming a travelling photography exhibition, "Fashion stills, si la mode m’était contée", presented by Polka Galerie (Paris). At the Al Maaden Golf Resorts, a number of professionals are exhibiting their “Ideal collection”, at the heart of the medina and riads combining modern architecture and traditional materials. The opportunities for fruitful discussions and round table encounters will abound. A number of personalities internationally recognised for their involvement in the art market will be asked to talk of the place of modern art in the Arab world. Lastly, the VIP programme is opening the doors of various collectors’ houses as well as the gates of the extraordinary Fondation Fourtou. The Al Maqam artist residence, launched in 2000 by artist Mohamed Mourabiti for Moroccan artists in the village of Tahanaout and the more recently opened Dar Al-Ma’mûn, which welcomes international artists, are not to be missed. A trilling programme ahead !

• Elisabeth Bauchet-Bouhlal : This passionate collector and owner of the magnificent Es Saadi Resort Gardens actively supports modern artists in Morocco. Since its creation, she has welcomed the Marrakech Art Fair with elegance and generosity within the walls of her hotel.

Marrakech Art Fair: 30 September to 3 October at the Palace Es Saadi, rue Ibrahim El Mazini. Hivernage, Marrakech www.marrakechartfair.com


048/ZOOM

Par : Sylvie Gassot

Marocains focus sur Leila Alaoui

S

on regard laser nourri de douceur et d’empathie, zoome sur les Marocains, place Jamaâ El Fna, avec un pop up studio installé pendant Marrakech Art Fair 2 où elle expose aussi ses "Images Affranchies"…

Objectif émotion ! Telle est la signature de cette artiste qui fait du portrait son label et se consacre aux Marocains comme jadis Robert Franck aux Américains. Geste qui témoigne d’une adolescence à Marrakech et d’un savoir-faire acquis à New York, où, après avoir étudié sociologie et anthropologie, elle aiguise son regard sur les tournages de films de Shirin Nehsat et Spike Lee… puis, choisit de transposer la technique du studio à la photo documentaire, où, le portrait, devient un prétexte au dialogue, au témoignage. De retour à Casablanca, sa valeur artistique se teinte d’une portée politique et sociale et oriente sa carrière vers une notoriété internationale. Ultra perfectionniste, Leila Alaoui se distingue, comme l’une des cadors de la génération montante, par sa vision libérée, et engagée, du monde… Marrakech Mag : Qu’est-ce qu'une image affranchie ? Leila Alaoui : Ma conception est liée à l’apparition d'une nouvelle culture de l’image

et de son impact dans nos sociétés. Au Maroc, et dans beaucoup de pays arabes -à l’exception de l’Egypte-, nous n’avons pas une véritable histoire de l’image. Je me souviens d’une discussion avec le réalisateur Faouzi Bensaidi qui affirmait que photographes et cinéastes marocains étaient orphelins de l’image ! Pourtant, dans le contexte actuel, photo et vidéo sont devenus des outils d’expression très importants. Artistes, bloggeurs, militants, internautes et médias ont tous utilisé l’image pour exprimer leurs revendications, leurs opinions et leurs désenchantements, que ce soit avec un appareil professionnel ou un simple téléphone portable. En quelques mois, les images ont contribué à la prise de conscience collective et à la libération des idées. MM : Comment la sociologie nourrit votre regard ? LA : Ce sont les autres qui m’intéressent, au travers de leur diversité culturelle, ethnique, sociale et économique. Mes portraits montrent des hommes, des femmes et des enfants de tout âge, issus de toutes les régions du Maroc -rurales et urbaines-, afin de mettre en valeur leurs identités qui varient d’une région à l’autre. C’est aussi un travail d’archive et de mémoire qui témoigne d’un Maroc qui change. MM : Après avoir vécu 8 ans à New York, pourquoi avoir choisi de vous installer à Casablanca ?

© Amine Kabbaj

Les

LA : En 2008, je suis venue passer quelques mois au Maroc pour un long reportage sur la migration clandestine : "No Pasara". Et j’ai décidé de rester ici, car en tant que Marocaine, j’ai beaucoup plus à accomplir de ce côté de l’Atlantique. MM : Pour cette série, "Les Marocains", réalisée comme un road trip dans votre studio mobile place Jamaâ el Fna, qu'est-ce qui va canaliser votre regard ? LA : Pour ce travail in-situ, j’opte pour la photo numérique en couleur, avec des portraits uniformément pris en studio, sur fond noir, avec la même lumière et le même cadrage, pour obtenir une unité esthétique. Je ne dirige pas les personnages, je les laisse poser naturellement. A tel point que dans le cadre de l’exposition "Images Affranchies", je présente aussi une installation multimédia, dans la continuité de ce projet, autour du thème de la mémoire et des traditions. Là, les portraits exposés en taille réelle sont accompagnés d’une installation sonore issue des shootings. La bande son témoigne de l’instant à travers les bruits et les réactions des passants. Un projet comme un premier pas vers le multimédia, à la croisée de l’art vidéo, du cinéma et du documentaire... "Images Affranchies" : du 29 septembre au 31 octobre, à l'occasion du Marrakech Art Fair, à l'ancienne agence de la Banque du Maroc, place Jamaâ El Fna. www.leilaalaoui.com



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ENGLISH

Les

Marocains [ ] MOROCCANS Focus on Leila Alaoui

Her incisive but gentle and empathetic outlook is zooming on the Moroccan population; in her pop-up studio set up on Place Jamaâ El Fna during the Marrakech Art Fair 2, she has also chosen to exhibit her "Images Affranchies" [Emancipated Pictures]…

T

he objective is to create emotion! Such is the signature of an artist who is known for her portraits and devotes her work to the Moroccans, as did Robert Franck with the Americans. A gesture that testifies to her adolescence spent in Marrakech and to the skills acquired in New York, where, after having studied sociology and anthropology, she focussed her work on Shirin Nehsat and Spike Lee film shoots… then deciding to transpose the studio technique to documentary photography, where portraiture becomes a pretext for dialogue and expression. Back in Casablanca, her artistic value takes on a political and social tinge and she directs her career towards international fame. The ultra-perfectionist Leila Alaoui stands out as one of the greatest of her up-and-coming generation, via her liberated and political vision of the world… Marrakech Mag : What is an emancipated picture ? Leila Alaoui : My conception is linked to the appearance of a new pictorial culture and its impact on our societies. In Morocco, and in many Arab countries – except for Egypt -, we lack a real pictorial history. I remember discussing this matter with film director Faouzi Bensaidi, who claimed that Moroccan photographer and filmmakers were picture orphans! However, in the current context, photography and video have become very important tools of expression. Artists, bloggers, militants, internet surfers and the media have all used pictures to express their ideas, opinions and disillusionments, whether with a professional camera or a simple mobile phone. In a few months, pictures have contributed to the collective awareness and the liberation of ideas. MM : How does sociology feed into your outlook ? LA : My interest lies in others, their cultural,

ethnic, social and economic diversity. My portraits show men, women and children of all ages, from all Moroccan regions – rural and urban- in order to highlight their identities that vary from one region to another. This also involves work on archives and collective memory, which underlines a changing country. MM : After having lived 8 years in New York, why did you choose to settle in Casablanca ? LA : In 2008, I spent a few months in Morocco for a long reportage on clandestine migration, entitled "No Pasara". I decided to stay because, as a Moroccan, I have a lot more to accomplish this side of the Atlantic. MM : What will channel your camera lens in this series, "Les Marocains" [Moroccans], shot as a road trip in your mobile studio on Place Jamaâ el Fna ? LA : I have chosen colour digital photography for this in situ work, uniform studio portraits taken against a black background, with the same light and composition for aesthetic unity. I do not direct the people I photograph; I let them pose naturally. Within the framework of the exhibition "Images Affranchies" and ensuring continuity for this project, I am also presenting a multimedia installation on the theme of memory and tradition. The portraits exhibited are of actual size and accompanied by a sound installation from the photo shoots. The soundtrack bears witness to the moment, via noises and reactions of passersby. This project is a first step towards multimedia, on the crossroads between video art, cinema and documentary film… "Images Affranchies": from 29 September to 31 October, for the Marrakech Art Fair, in the old Banque du Maroc agency, Place Jamaâ El Fna. www.leilaalaoui.com


A

056/ARTSETCULTURE

Par : Nathalie Rigoulet

PAS DE S T N GEA L'histoire magique de poupées pas comme les autres

Le Festival Awaln'art, qui s'est déroulé à Marrakech et dans différentes petites villes alentours en juin dernier, a été l'occasion de découvrir ou redécouvrir des troupes qui, le temps d'une parade, d'un spectacle ou d'une performance, ont transporté les spectateurs hors du temps. Présents en 2007 dès la première édition d'Awaln’art, un petit noyau de la troupe parisienne Les Grandes Personnes est revenu cette année encore en résidence à Tamesloht pour préparer ses grandes marionnettes.


A

rtisans, sculpteurs, marionnettiste, costumières, artistes et autres membres d'associations locales, ont vécu deux semaines d'effervescence pour fabriquer personnages et animaux géants (dromadaire, cigogne, chèvre, blatte et bestioles en tous genres...), costumes et accessoires, qui ont gaiement déambulé dans une parade pétillante, colorée et imprégnée des traditions et de l'imaginaire marocain. Tous les matériaux de récupération sont les bienvenus pour donner vie à leurs personnages : sacs de ciments, tubes, tuyaux, cordes à piano, papier journal, bouteilles plastiques, terre, tissu… mais le maître, c'est le papier mâché, qui permet de réaliser des géants pas trop lourds. Séduits par le spectacle vivant des Grandes Personnes, par la bonne humeur et le professionnalisme de ses artistes animateurs, nous avons eu envie de faire un petit tour en France, à Aubervilliers, pour visiter leurs ateliers et rencontrer ce joyeux petit monde "faiseur de rêves". Nous avons rendez-vous à La Villa Mais d'Ici, une friche culturelle de proximité qui accueille en résidence des associations culturelles, des compagnies de spectacle vivant et d’art visuel. Ce lieu, dédié à la création, a vu le jour en 2003 à l’initiative d’une bande d’amis artistes qui travaillaient depuis 1998 à la construction de grandes marionnettes et qui recherchaient une adresse pour leurs ateliers. Jean et Babette Martin, Mandarine Jacquet, Gregg et Olivier Hagenloch, Clodmô Baille, Stéphane Meppiel et Christophe Evette donnent alors vie aux Grandes Personnes, premières locataires de La Villa Mais d’Ici. L’équipe compte aujourd’hui une quinzaine d'acteurs : plasticiens, sculpteurs, costumières, jongleurs, acrobate, écrivain, ingénieur, scénographes, graphistes… qui mettent en synergie créativité et compétences pour concevoir des spectacles, beaux, touchants, drôles parfois, dramatiques aussi. L'une de leur dernière œuvre, "Rêve et cauchemar de deux enfants", revisite les peurs enfantines à travers des personnages improbables -géant à tête de squelette, docteur armé d'une seringue- qui viennent visiter les enfants pendant leur sommeil, sur les rythmes d'une fanfare de frelons. Un spectacle drôle, tendre et cocasse. Christophe Evette, qui faisait partie de l'équipe venue travailler à Marrakech cette année, nous a gentiment retracé son histoire d’amour avec ses grandes marionnettes. Depuis gamin, Christophe et son frère Jean-Baptiste bricolent à tout-va et commencent très tôt à fabriquer des petites poupées en papier qui errent dans leur monde imaginaire, rempli d'êtres loufoques. Devenu depuis plasticien et marionnettiste, Christophe cultive sa passion du papier mâché, il invente des scènes déambulatoires où les sculptures trouvent dans la rue un véritable terrain d'expression populaire, un doux mélange entre les arts plastiques et l'expression théâtrale. Lors d'un voyage au Burkina Faso en 1987, il succombe aux charmes de ce pays, devenu pour lui source d'inspiration, de vie, de partages. Dès 2000, il part à Boromo avec ses amis. Et grâce à l’aide des artisans locaux, ils créent une première famille de marionnettes. Dès lors, les Grandes Marionnettes de Boromo n'ont cessé de mûrir, et s'embellissent chaque année. Une histoire fabuleuse que Les Grandes Personnes aiment essaimer à travers le monde, à Madagascar, en Afrique du sud, Chili, Brésil, Maroc…" pour permettre au public de renouer avec les géants des légendes du monde entier". La magie a, elle aussi, opéré à Marrakech, les poupées géantes reviendront, c’est promis !


ENGLISH 058/ARTSETCULTURE

IN LEAPS AND BOUNDS

Christophe Evette © Hannah Paton

The Festival Awaln'art, which took place in Marrakech and various small surrounding towns last June, was the opportunity to discover or rediscover troupes, which carried the audience to a timeless place in parades, shows and performances. Present in 2007 during the first edition of Awaln’art, a small nucleus of the Parisian company Les Grandes Personnes came back again this year again to Tamesloht as resident artists in order to prepare its oversized puppets.

C

raftsmen, sculptors, puppeteers, wardrobe mistresses, artists and other members of local associations experienced two weeks of effervescence, making giant characters and animals (dromedary, stork, goat, cockroach and all kinds of other creatures…), costumes and accessories, which gaily strolled in a bubbly, colourful parade imbued with tradition and Moroccan imagination. All recycled materials, such as cement bags, tubes, piping, piano strings, newspaper, plastic bottles, earth, and fabric were welcome to give life to these puppets… the chief element being papier-mâché, crucial to the handling of the lightweight giants. The lively Grandes Personnes performance, as well as its organising artists’ good mood and professionalism charmed us into taking a little trip to Aubervilliers in France to visit their workshops and meet this happy “dream team”. We met up at La Villa Mais d'Ici, a local cultural venue open to the public that welcomes resident cultural associations, performing art and visual art companies. This creative outlet saw the light in 2003, initiated by a group of artist friends who had been working on building large puppets since 1998 and were looking for a space for their studio workshops. Jean and Babette Martin, Mandarine Jacquet, Gregg and Olivier Hagenloch, Clodmô Baille, Stéphane Meppiel and Christophe Evette then set up Les Grandes Personnes as the first occupants of La Villa Mais d’Ici. The team now counts fifteen or so members: visual artists, sculptors, wardrobe mistresses, jugglers, an acrobat, a writer, an engineer, theatre designers, and graphic designers… who put creativity and skills into synergy to create

beautiful, touching, sometimes funny, not to forget dramatic performances. One of their latest projects, "Rêve et Cauchemar de deux enfants" [The Dream and Nightmare of two children], revisits childhood fears through unlikely characters – a giant with a skeleton head, a doctor wielding a syringe – who come to visit children during their sleep to rhythms of a band of hornets. A funny, tenderhearted and comical show. Christophe Evette was part of the team that came to work in Marrakech this year and kindly related his love story with these large puppets. From childhood, Christophe and his brother Jean-Baptiste would always be tinkering about and very early on started creating small paper dolls that roamed their imaginary world, filled with zany personalities. Having since turned visual artist then puppeteer, he invents ambulatory scenes in which sculpture finds a true expressive outlet on the street, a sweet blend of visual arts and theatrical expression. He under the spell of Burkina Faso during a trip there in 1987 and this country is now a source of inspiration, life and sharing. Since 2000, he has been visiting Boromo regularly with his friends, and thanks to the help of local artisans, the first family of puppets was born. The Grandes Marionnettes de Boromo have continued to mature and grow in beauty every year. A fabulous story that Les Grandes Personnes love to spread around the world, in Madagascar, South Africa, Chile, Brazil, Morocco… "enabling the general public to rediscover legends from the world over with the help of these giant puppets". The magic also worked in Marrakech, where these giant dolls will soon be back: that is a promise!



060/DANSE

Par : Sylvie Gassot

D Chorégraphe et danseuse, elle transcende son univers poétique par la grâce chevillée au corps d’un combat contre le racisme. Un art de la résistance auquel on ne résiste pas…

’origine Marocaine, ses parents se sont rencontrés à Meknès avant d’émigrer à Grenoble dans les années 60, Latifa Laâbissi a un regard de braise. Avec beaucoup d’humour et de vivacité, elle confie avoir eu pour langue maternelle “l’accent arabe“ et évoque une enfance heureuse. Au centre d’une fratrie de 11 enfants, elle suit des cours de gymnastique avant d’oser la danse classique, loin d’imaginer qu’elle en ferait un jour son métier. Latifa se rêve alors en avocate… Mais quitte l’école et sa famille avant le bac, pour entrer, à 17 ans, au conservatoire de danse de Grenoble. Une émancipation qui effraie ses proches, la danse au Maroc ayant d’avantage un rôle social qu’artistique. Mais Latifa, citoyenne française, nourrit sa passion d’une conscience critique. Aujourd’hui, avec le succès de son dernier spectacle “Loredreamsong“, où l’on entend son corps plaider pour la tolérance, elle s’apprête à partir en tournée internationale. La jeune ballerine a toujours eu le sens du défi et une bonne étoile…


Marrakech Magazine : A la sortie du conservatoire, pourquoi avoir opté pour le ballet contemporain ? Latifa Laâbissi : J’adorais la danse classique pour sa rigueur et son imaginaire, mais j’ai vite compris qu’il y a avait très peu d’élues. En voyant danser Jean-Claude Gallotta qui se produisait à Grenoble, j’ai ressenti un choc. Il a eu un rôle d’aimant et j’ai eu la chance de m’inscrire au cours donné par sa compagnie. Rapidement, je me suis aperçue que tous avaient été formés par Merce Cunningham, et j’ai tout fait pour partir à New York. La chance m’a souri car on m’y a proposé une place de baby-sitter alors que je faisais une demande de bourse. J’ai pris le job, passé l’audition et, à 21 ans, je décrochais mon rêve ! MM : Vous aviez de bonnes fées sur votre berceau car votre carrière est toute en pirouettes. LL : Par un heureux hasard, lors d’un workshop à Montpellier, on m’a proposé de passer une audition pour remplacer Mathilde Altaraz, l’épouse de Jean- Claude Gallotta dans son spectacle “Les Mystères de Subal“. Et ça a marché ! Ma famille a commencé à comprendre que j’avais un travail qui n’était pas les Folies Bergères et ça l’a rassurée… MM : Comment êtes-vous passée de danseuse à chorégraphe ? LL : Concrètement, grâce à Loïc Touzé avec qui j’ai beaucoup dansé et qui m’a permis d’être co-auteur sur des projets. Cette génération des années 90 s’est fédérée en créant beaucoup de spectacles collectifs et en déhiérarchisant les rôles. Voilà comment j’ai pris goût à la chorégraphie et crée mon premier duo avec un musicien de jazz américain, Barre Philips. J’ai mis un peu plus de temps à réaliser des projets pour d’autres danseurs car la matérialité de mon travail s’applique plutôt à moi-même avec mon corps comme terrain d’exploitation…

MM : Comment travaillez-vous votre forme physique ? LL : Aujourd’hui, je vis près de Rennes avec mon mari luthier et notre fils de 9 ans. Elio a fait ses premiers pas sur scène, cet été, dans un spectacle de Boris Charmatz, joué dans la cour d’honneur du Palais des Papes à Avignon. Je fais beaucoup de yoga à la fois postural et en mouvement et je cours à jeun tous les matins. L’énergie appelle l’énergie ! MM : Vous partez en tournée avec des variations autour de “Loredreamsong“, un duo qui comme vos solos, “Self portrait“ et “Camouflage“, épingle le racisme… LL : Mes spectacles ont tous une dimension critique, sociale et politique car la révolte et la vigilance sont mes moteurs, pas la victimisation. J’ai toujours besoin du fond pour soutenir la forme, c’est aussi une posture esthétique qui invite à réfléchir sur l’altérité. On est tous l’autre de quelqu’un ! Avec Sophiatou Kossoko, nous partons en tournée au Brésil, en Allemagne et en France. Sur scène, pour exorciser la hantise et travailler sur les peurs, nous dansons habillées en fantôme. On y voit une référence aux femmes voilées ou au Ku-Klux-Klan, moi je me suis inspirée du film “The very black show“ de Spike Lee et du livre de William T. Lhamon, “Peaux blanches et masques noires“. L’actualité me conforte aussi dans ma démarche. Le printemps arabe a libéré une parole citoyenne, les populations ont prouvé leur capacité lorsqu’elles sont éduquées à s’interroger sur la manière de porter ensemble un pays. Je trouve ça formidable. Le métissage existe partout, dans l’art, la mode, la cuisine… C’est l’avenir du monde ! MM : Qui y a-t-il de profondément Marocain en vous ? LL : Beaucoup de choses qui continuent à me surprendre, et ce n’est pas un effet de coquetterie. Au détour d’un paysage comme la vallée de l’Ourika, d’une architecture, d’un

plat ou d’un livre, je ressens une profonde osmose. Ces frissons-là, c’est mon Maroc à moi ! Pourtant, enfant, asthmatique, j’étais en cure l’été lorsque ma famille venait et je n’ai découvert le Maroc qu’à 13 ans après avoir fantasmé la photographie que m’en faisaient mes frères et sœurs. Surtout la maison de mes grands-parents à Meknès, au bout d’une ruelle labyrinthique avec un figuier dans la cour. J’imaginais un toit en arbre… Puis, j’ai eu l’occasion de me familiariser avec Rabat où j’ai expérimenté un travail avec les étudiants de l’école d’architecture sur la notion de déplacement du corps dans l’habitat. MM : Quelles émotions ressentez-vous à Marrakech ? LL : C’est une ville qui capture, impossible de résister à son hétérogénéité. Traversée par le tourisme, elle est à la fois populaire et cosmopolite. Comme Istanbul ou Tokyo, Marrakech m’aimante, j’ai même l’impression qu’elle m’oblige à être là ! “Loredreamsong“ en tournée. Calendrier sur : figureproject.com/loredreamsong/ www.latitudescontemporaines.com


ENGLISH 062/DANSE

Pas de deux with

LATIFA LAABISSI This choreographer and dancer transcends her poetic world with the ultimate grace of a fight against racism. An irresistible art of resistance

L

atifa Laâbissi’s fiery eyes betray her Moroccan origins: her parents met in Meknes before immigrating to Grenoble in the 1960s. With a lot of humour and vivacity, she reveals have been given the “Arab accent” as a mother tongue and evokes a happy childhood. One of 11 children, she took gymnastics lessons before daring to move on to classical dance, far from imagining that she would one day make of it her profession. Indeed, Latifa dreamt of being a lawyer… but left school and her family before taking her baccalaureate exams to join the dance academy in Grenoble at 17 years of age. This emancipation frightened her next of kin used to dance having more of a social than an artistic role in Morocco. However, French citizen Latifa feeds her passion with a critical conscience. Today, with the success of her latest show “Loredreamsong” in which you can hear her body argue in favour of tolerance, she is about to set off on an international tour. The young ballerina has always had a taste for challenges and was born under a lucky star. Marrakech Mag : Having graduated from the Grenoble dance academy, why did you choose modern ballet ? Latifa Laâbissi : I loved classical dance for its precision and its imaginative world but I soon understood that very few dancers were elected to follow that path. Seeing Jean-Claude Gallotta dance in Grenoble sent shock waves through me. He drew me in and I was lucky enough to be able to sign up to lessons given by his dance company. I quickly realised that the latter had all been trained by Merce Cunningham and did everything in my power to go to New York. Luck was on my side since I was offered a baby-sitting job just as I was putting in my grant application. I took the job, passed the audition and, at 21 years of age, my dream was fulfilled! MM : You must have been born under a lucky star since your career has taken many turns. LL : By a fortunate coincidence, I was asked during a workshop in Montpellier to audition as replacement for Jean-Claude Gallotta’s wife, Mathilde Altaraz, in his show “Les Mystères de Subal”. And it worked! My family started to understand that my work didn’t amount to

dancing cabaret at Les Folies Bergères and that reassured them…

MM : And how did you go from being a dancer to a choreographer ? LL : In concrete terms thanks to Loïc Touzé, with whom I often danced and who allowed me to co-writer certain projects. The generation from the 1990s really came together by creating various collective shows and by doing away with hierarchy in the different roles allocated. That is how I acquired a taste for choreography and set up my first partnership with an American Jazz musician, Barre Philips. It took a bit longer to put together other dancers’ projects since my work centres more on how I can use my own body… MM : How do you work out ? LL : I now live near Rennes with my husband, who makes stringed instruments, and our 9-year-old son. Elio first trod the boards this summer, in a show created by Boris Charmatz and performed in the main courtyard of the Palais des Papes in Avignon. I do a lot of yoga, both postural and in movement, and I run before breakfast every morning. Energy calls for energy! MM : You are going on tour to perform variations on the duet “Loredreamsong”, which, like your solos “Self portrait” and “Camouflage”, criticises racism… LL : My shows all have a critical, social and political dimension since rebellion and vigilance drive me, not victimisation. I always need content to support the form; it is also an aesthetic position that invites you to reflect on otherness. We are all someone else’s other! Sophiatou Kossoko and I are touring Brazil, Germany and France. On stage, in order to exorcise dread and work on fear, we dance dressed up as ghosts. Some people see references to veiled women or the Ku-KluxKlan; my inspiration came from Spike Lee’s film “The very black show” and William T. Lhamon’s book “Peaux blanches et masques noires”. Current affairs also back up my approach. The Arab Rebellions have led to citizens’ freedom of speech and the people prove their abilities when taught to question the way in which a country should be led together. That is a wonderful thing. The mixing of cultures exists everywhere, in art, fashion, cooking… It represents the future of the world! MM : What is deeply Moroccan in you ? LL : So many things continue to surprise me,

and this has nothing to do with coquettishness. I feel deep in harmony with a landscape like the Ourika Valley, in an element of architecture, a dish or a book. These thrills make up my very own Morocco! As a child suffering from asthma, I was on summer cure when my family came here and I only discovered Morocco at 13 years of age after having fantasised over my brothers and sisters’ photographs. In particular, over my grandparents’ house in Meknes, at the end of a labyrinthine alleyway with a fig tree in the courtyard. I imagined a roof made of trees… I then had the opportunity to get to know Rabat, where I experimented and worked on the notion of bodies moving in their environment alongside students from the architecture school. MM : What emotions do you feel in Marrakech ? LL : This city captivates you, it is impossible to resist its heterogeneous nature. Crisscrossed with tourists, it is both popular and cosmopolitan. Like Istanbul or Tokyo, Marrakech draws me in and makes me stay! “Loredreamsong” on tour. Schedule on: figureproject.com/loredreamsong/ www.latitudescontemporaines.com



064/DOCUMENTAIRE

Par : Sylvie Gassot

ZOOM

AVANT SUR MICHELLE MEDINA

Réalisatrice du documentaire “All I wanna do“, née en Floride, élevée au Japon, et installée à Casablanca, elle s’est taillé un vif succès avec cette bouleversante aventure qui célèbre le rap marocain. Gros plan sur les coulisses…

A

chaque projection, de l’Université Al Akhawayn d’Ifrane au Festival du film de Fès, du Goethe-Institut de Rabat à la cinémathèque de Tanger ou au Riad El Fenn, à Marrakech, un tonnerre d’applaudissements acclame ce bijou d’émotion, drôle et rythmé qui touche au coeur. Même succès au Festival du Film Musulman de Boston, à l’African Film Festival de New York et au World Music and International Film Festival de Washington. Subtil et implacable, son œil capte le Maroc à travers cette fine épopée d’un père, gardien de parking, et de son fils, rappeur amateur, qui rêve d’une autre vie grâce à une carrière musicale où il pourrait rencontrer leurs idoles : Omar Sayed, chanteur du groupe mythique Nass El Ghiwane, et le rappeur Don Bigg. Cocasse et passionné, le père coache d’une stupéfiante énergie le talent de junior, qui, derrière un sourire à décrocher la lune, masque la blessure d’une jambe absente. Michelle Medina, curieuse de connaître l’histoire de ces hommes que nous croisons dans la rue sans y prêter attention, a voulu savoir ce qu’ils chanteraient si on leur en donnait la chance. Et filme ainsi l’âme de Casablanca, ville coup de foudre qui l’a adoptée, où elle construit sa love story avec son amoureux juif marocain et leur petite fille, Shiyara Esther. Décryptage…

Marrakech Mag : Quand êtes-vous arrivée au Maroc ? Michelle Medina : A 19 ans, lors du choc du 11 septembre, troublée par l’état du monde, j’étudiais au Smith College, et m’interrogeais sur l’urgence à m’engager en politique quand un cours du Professeur Abdelhay Moudden du CCCL à Rabat a bouleversé ma vie en dix minutes ! Il parlait de globalisation et de fondamentalisme en humanisant ses propos à partir d’exemples sur son pays, sa famille et son vécu. J’ai choisi de le suivre et passer trois mois déterminants à étudier à ses côtés. Une fois diplômée aux Etats-Unis, je suis retournée au Maroc avec une bourse Fullbright et y suis restée ! MM : “All I wanna do“ est votre premier documentaire, comment est née cette aventure ? MM : J’ai d’abord travaillé dans à peu près tous les domaines : enseignement, écriture, photo, traduction, production et documentation… Avant ce film, j’ai réalisé au Maroc quatre portraits et un clip. Puis j’ai rencontré Simohamed, gardien de voitures dans la rue où vit un de mes amis, un an avant le début du tournage. Je préparais un documentaire sur le rap au Maroc et ne souhaitais pas pour héros un rappeur connu, mais au contraire un fan, pour saisir sa perception du milieu professionnel, capter ce que cette musique lui apportait et témoigner de sa passion au quotidien. J’ai appris que c’était le cas de Simohamed et que son fils, très bon rappeur, symbolisait ce que les fans vivent ici avec courage. Côté production, l’équipe, réduite à trois personnes, a travaillé bénévolement, soudée par la force du projet, avec le soutien de la Prod, qui a fait au mieux pour absorber les coûts… MM : Quelle différence entre tourner Maroc et aux Etats-Unis ? MM : Pour ce projet, j’aurais eu la même liberté aux Etats-Unis, mais j’aime tester et apprendre d’autres modes de vie ou cultures. Au Maroc, les gens sont libres de s’exprimer

d’une manière qui n’est pas universelle. Il y a quelques années, j’étais en Tunisie, tout était parfaitement organisé mais oppressant, et j’ai demandé à retourner au Maroc où un certain désordre me manquait car il témoigne d’une nécessaire liberté. Ici, on peut prendre des risques artistiques et décider de faire des choses simples comme traverser une rue, au dernier moment… Il n’y a pas de méthode meilleure qu’une autre, mais j’apprécie au Maroc ce mélange d’époques qui surgit au détour d’un décor. On peut filmer une scène emblématique du XXIe siècle et voir aussi surgir le passé. Il est aussi facile d’entrer en relation avec les gens, on discute, on s’oppose, on se réconcilie et on avance, voilà le mode de vie que j’apprécie ! MM : Confiez-nous une anecdote de tournage… MM : Simohamed parle arabe et, pour ainsi dire, pas français. Lors d’une interview, il a prétendu ne pas parler arabe et s’est lancé dans une parodie si drôle que l’on a eu un fou rire général mémorable. Et ce que la caméra ne montre pas, c’est l’amour débordant qu’il porte à sa femme, une dévotion réciproque qui m’impressionne profondément. Il ne possède pas grand-chose, mais son trésor vaut tout l’or du monde : l’amour ! MM : Comment le public américain perçoit-il le Maroc à travers votre film ? MM : “All I wanna do“ a heureusement surpris et touché les Américains grâce aux émotions, situations et rêves universels qui y sont relayés. Portée par la musique, l’histoire les a touchés au cœur et une large majorité a découvert le pays avec respect. Car à l’inverse de l’Angleterre ou de la France, l’Amérique ne partage pas d’histoire coloniale avec le Maroc. Les Américains ne viennent pas massivement y faire du tourisme et beaucoup, grâce au film, ont découvert Casablanca à l’écran ! MM : Comment différencier le rap américain du rap marocain ? MM : Impossible de les comparer car ils sont issus de cultures différentes et sonnent


autrement. Aux Etats-Unis, il existe une grande diversité de rap : underground, commercial, religieux, rebelle ou joyeux… Au Maroc, il y a autant de styles que de rappeurs, certains parlent de henné, d’autres de leur mère ou de corruption… Moi, j’ai besoin d’un bon beat, qu’importe le sujet, tant qu’il y a du rythme, je suis cliente. MM : Où peut-on voir “All I wanna do“ au Maroc ? MM : Nous sommes en négociations très avancées avec différentes chaînes et j’ai bon espoir que la télévision marocaine le diffuse en 2012. Je serais alors heureuse de partager le film avec un large public marocain. MM : Qu’est-ce que cette aventure a changé dans la vie des héros et dans la vôtre ? MM : Simohamed est toujours gardien de parking et veut le rester. Il aime son job et les gens qu’il y rencontre. Avec son fils, il a maintenant ouvert un petit business près de sa maison. Ayoub, lui, commence à aller à l’école et on espère l’emmener d’ici février 2012 aux Etats-Unis pour participer à une projectiondébat, et surtout lui offrir une prothèse de la jambe… Ils sont restés identiques, mais le film a libéré leur créativité et ils préparent un nouvel album pour mars 2012. Quant à moi, la reconnaissance de ce travail que j’ai porté nuit et jour pendant 2 ans me comble d’un grand bonheur. Cette réussite marque un beau début, à moi de franchir l’étape suivante… MM : Avec quels projets ? MM : Je prépare un road trip en Inde, un courtmétrage sur une adolescente à Casablanca et un documentaire sur les juifs marocains de Casa vus par une mère qui témoigne de sa communauté auprès de sa petite fille au cas où, dans le futur, elle disparaîtrait... MM : Comment qualifier votre attrait pour le Maroc ? MM : J’aime ce pays pour de nombreuses raisons et essentiellement parce qu’il correspond à ma personnalité. On peut y vivre à l’occidentale ou comme nos ancêtres il y a 1.000 ans, et j’apprécie ce mélange des genres. Riche en histoire, le Maroc a une vieille âme qui poursuit son évolution. C’est un pays jeune qui vénère les enfants et a encore tout à construire… Et même si parfois il faut faire face à une forme de désorganisation, j’adore cette culture fraternelle et cette ouverture d’esprit où chacun donne son avis. Ce qui pourrait me déranger est infime par rapport à ce qui me comble car j’ai tendance à voir le bon côté des choses. Et c’est ici que je me sens à la maison !


W

The director of documentary “All I wanna do”, born in Florida and raised in Japan, now living in Casablanca, has seen great success with this very moving adventure that celebrates Moroccan rap. Here is a behind the scenes close-up…

MICHELLE MEDINA

ZOOM IN ON

ENGLISH

ith every screening, at Ifrane’s Al Akhawayn University, at the Fès Film Festival, the Goethe-Institut in Rabat, the film theatre in Tangiers and at the Riad El Fenn in Marrakech, thunderous applause acclaims this funny, rhythmic and touching gem of emotion. The same success was enjoyed at the Muslim Film Festival in Boston, the African Film Festival in New York and the World Music and International Film Festival in Washington. Her subtle and implacable camera eye captures Morocco through this sharp epic of a father, a car park security guard, and his son, an amateur rapper, who dreams of another life thanks to a musical career via which he could meet their idols : singer of the mythical band Nass El Ghiwane, Omar Sayed, and rapper Don Bigg. The funny and passionate father coaches his son’s talent with astounding energy, a son who, with a smile that moves heaven and earth, hides the wound of a missing leg. Curious to find out more about the story of these men we meet in the street without truly noticing, Michelle Medina wanted to know what they would choose to sing if they were given the opportunity. She thus films the soul of Casablanca, the striking city that adopted her where she built her love story with her Jewish Moroccan partner and her little girl, Shiyara Esther. Here is her tale… Marrakech Mag : When did you arrive in Morocco? Michelle Medina : At 19, during the shock of the 11 September attacks. Troubled by the state of the world, I was studying at Smith College and was questioning the urgency of committing to a career in politics when a lecture by Professor Abdelhay Moudden from the CCCL in Rabat turned my life upside down in the space of 10 minutes! He talked of globalisation and fundamentalism, making his ideas more humane by using examples from his country, family and experience. I chose to follow him and spend three decisive months studying at his side. Once I graduated in the United States, I returned to Morocco with a Fullbright scholarship and stayed !

MM: “All I wanna do” is your first documentary : how did this adventure come about? MM : First, I worked in all sorts of areas: teaching, writing, photography, translation, production and information… Before this film, I had made four portraits and a video clip in Morocco. I then met a car park security guard in the street on which one of my friend lives, a year before filming began. I was preparing a documentary about rap in Morocco and didn’t want a famous rapper as my hero. I was on the contrary looking for a fan of rap, in order to understand his or her perception of the professional world and capture what this music could bring, whilst creating an account of his or her everyday passion. I learnt that this was the case for Simohamed and that his son, a very good rapper, symbolised what fans experienced with great courage in this country. The team was made up of only three people and worked for nothing, bound by the strength of the project and backed up by production, which did its best to absorb costs… MM : What is the difference between filming in Morocco and the United States? MM : For this project, I would have had the same freedom in the United States, but I like to test and learn about other lifestyles and cultures. In Morocco, people are free to express themselves in a way far from universal. A few years ago, I was in Tunisia, everything was perfectly organised but oppressive, and I asked to return to Morocco. Indeed, I missed that certain disorder, which spoke of a necessary freedom. Here, you can take artistic risks and decide to do simple things such as cross a street at the very last minute… One method does not outweigh the other but I like the blend of eras that appears in the background. You can film an emblematic 21st century scene and see the past suddenly appear. You can easily get talking to people, have a chat, disagree, make up and go forward: that is my kind of lifestyle! MM : Why don’t you tell us an anecdote about the film shoot…? MM : Simohamed speaks Arabic but not French. During an interview, he pretended not to speak Arab and launched into a hilarious parody that had everyone rolling about laughing. What the camera doesn’t show is the overflowing love that he has for his wife, a mutual devotion that has made a deep impression on me. He doesn’t own much, but his treasure is worth more than all of the gold in the world: love ! MM : How does the American audience see Morocco through your film? MM : “All I wanna do” has happily surprised and touched the Americans thanks to the universal emotions, situations and dreams conveyed. Carried by the music, the story touched their hearts and a large majority discovered the country with respect. Indeed, unlike England or France, America does not share a colonial past with Morocco. It is not a mass tourism destination for the Americans and many, thanks to the film, have discovered Casablanca on screen! MM : What is the difference between American rap and Moroccan rap? MM : They are impossible to compare since they stem from different cultures and have a

different sound. In the United States, there is a great diversity of rap: underground, commercial, religious, rebel, joyful… In Morocco, there are as many styles as there are rappers, some speak of henna, other of their mother or corruption… I look for a good beat that carries the theme and as long as there is rhythm, I love it. MM : Where can you see “All I wanna do” in Morocco? MM : We are at a very advanced stage of negotiation with the different channels and I am confident that the film will be shown on Moroccan television in 2012. I’ll then have the joy of sharing the film with a large Moroccan audience. MM : What has this adventure changed in your protagonist’s life as well as your own? MM : Simohamed is still a car park security guard and wants to remain so. He likes his job and the people he meets. He and his son have now opened a small business near his home. Ayoub has started going to school and we hope to be able to take him to the States in February 2012 to take part in a film screening followed by a discussion and especially to give him an artificial leg… They haven’t changed one bit but the film has freed their creativity and they are preparing a new album for March 2012. The recognition for this piece of work I have carried night and day for 2 years is a great joy to me. This success is a wonderful start and it is now up to me to make the next hurdles… MM : What projects do you have lined up? MM : I am preparing a road trip to India, a short on a teenager in Casablanca and a documentary on Casa’s Moroccan Jews as seen through the eyes of a mother who tells her young daughter the story of her community, in case she should one day pass away… MM : How would you describe your attraction to Morocco? MM : I love this country for many reasons but essentially because it corresponds to my personality. You can live a Western lifestyle or like our ancestors from hundreds of years ago and I like that blend of genres. Morocco is rich in history and has an ancient soul that continues to develop. This young country venerates children and still has everything to build… Even if you sometimes have to face a certain form of disorganisation, I love this brotherly culture and the open-mindedness in which everyone feels free to give his or her opinion. The things, which could trouble me, are minute compared to those that fulfil me and I tend to see the positive side of things. Finally, this is where I feel at home!



068/DECO

Par : Mélanie Polatova

Deux passionnés nous déroulent

LEURS PLUS BEAUX TAPIS

Chercheurs de trésors anciens ou gardiens bienveillants d'un savoir-faire ancestral, nous avons rencontré deux passionnés de tapis marocains qui, chacun à sa façon, s'évertue à leur restituer leurs lettres de noblesse.

Faiza Lahlou

Mouton d’or

"Préserver le savoir-faire et la Tissages d'hier créativité propres au monde et design d'aujourd'hui rural marocain." Faiza Lahlou fait ses emplettes dans les campagnes et montagnes environnantes, où elle déniche, avec goût et minutie, une jolie sélection de pièces rares et uniques : des tissages, coussins brodés, tapis, nattes, poteries… des tapis tribaux ou ruraux, aux motifs naïfs ou graphiques. Faiza, dont les trouvailles et créations s'apprécient au Beldi Country Club depuis déjà plusieurs années, vient d'ouvrir sa seconde boutique, Anitan, en face du Jardin Majorelle. Son critère fondamental : la qualité de la laine, elle se doit d'être particulièrement douce, ferme et soyeuse, grâce à l'usure naturelle du temps. Ses nouvelles collections se tissent sur la sauvegarde de la qualité et du savoir-faire d'autrefois, elle travaille essentiellement avec des femmes en ateliers individuels, au cœur du Moyen Atlas. Dans ses vitrines, pièces anciennes côtoient d'autres créations réalisées à la commande, car Faïza entend bien "préserver le savoir-faire et la créativité propres au monde rural marocain."

Hassan de Mouton d’Or

Tapis Mouton d’or

Beldi Country Club : km 6, route d'Amizmiz Tel : +212 5 24 37 75 27 Anitan : rue Yves Saint-Laurent Tel : +212 6 61 08 19 12

L’idée de Hassan Benaddi était de relancer la fabrication artisanale du tapis berbère traditionnel à l'esthétique dépouillée et à l’épaisseur exceptionnelle. C’est ainsi que Mouton d’or a progressivement redonné aux femmes de Talamanzou, un petit village de la région de Marrakech, la fierté de leur travail, ainsi que la possibilité d’en vivre. Aujourd'hui, ce tapis précieux, véritable œuvre d’art, a été érigé en produit de luxe auprès des architectes et décorateurs du Maroc. Le tissage est réalisé à l’ancienne, tandis que le design des tapis est résolument moderne ; un contraste, qui au fil du temps, est devenu un gage de charme fou pour ces pièces uniques. A leur épaisseur impressionnante, s’ajoute un autre atout de taille : l’usage de teintures végétales, dont la qualité assure une couleur indélébile. Le travail manuel offre des possibilités de dimensions, couleurs et motifs, à l'infini ; et les tapis sont remis au goût du jour, comme un trait d'union entre le passé et le présent. Show room sur rendez-vous : Résidence Firdaous, rue Mohamed El Beqal, Guéliz Tel : +212 5 24 43 46 47 +212 6 61 33 34 93






ENGLISH

TWO CARPET ENTHUSIASTS ROLL OUT THEIR MOST BEAUTIFUL WARES FOR US…

Hunters of ancient treasures or kindly guardians of an ancestral expertise, we met up with two amateurs of Moroccan carpets, who are striving, each in their own way, to give them back their pedigree.

Faiza Lahlou

Mouton d’or

“Preserving the expertise and Ancient weaving and creativity that belong to the modern design Moroccan rural world.” Faiza Lahlou shops around in the surrounding countryside and mountains, to unearth, with taste and precision, a pretty selection of rare and unique pieces: weaving, embroidered cushions, carpets, mats, pottery… tribal or rural rugs, with naive or graphic patterns. Her findings and designs have been on show at the Beldi Country Club for a number of years now and Faiza recently opened a second boutique in front of the Majorelle Gardens. Her main criterion is the quality of the wool, which must be particularly soft, firm and silky, thanks to natural wear. Her new collections are based on the safeguarding of quality and expertise of yesteryear and she essentially works with women in individual workshops, at the heart of the Middle Atlas mountain range. In the shop windows, old pieces sit alongside other madeto-order designs, since Faïza is most intent on “preserving the expertise and creativity that belong to the Moroccan rural world.”

Hassan Benaddi’s idea was to revive the craft of traditional woven Berber rugs with their unadorned aesthetics and exceptional thickness. This is how the Mouton d’Or has progressively given back pride in their work to the women of Talamanzou, a small village in the Marrakech region, as well as the opportunity to make a living. Today, these precious rugs and true works of art, have been become luxury products for Morocco’s architects and interior designers. Weaving techniques are traditional, whereas the carpet design is resolutely modern; a contrast which, over time, has become proof of the wondrous charm of these unique pieces. As well as being impressively thick, these rugs also offer another sizeable asset, the use of plant dyes, whose quality ensures indelible colours. The manual labour offers endless possibilities in terms of size, colour and pattern; the rugs have thus been brought up to date, like a link between past and present.

Beldi Country Club : km 6, route d’Amizmiz Tel : +212 5 24 37 75 27 Anitan : rue Yves Saint-Laurent Tel : +212 6 61 08 19 12

Show room on rendez-vous : Résidence Firdaous, rue Mohamed El Beqal, Guéliz Tel : +212 5 24 43 46 47 +212 6 61 33 34 93

Tapis Faiza Lahlou

Tapis Faiza Lahlou


068/ARCHITECTURE

ARCHITECTURENOW AU MAROC

Zahia Hadid et le Grand theatre de Rabat - Christian De Portzam et le CasArts


ZAHA HADID et le Grand théâtre de Rabat CHRISTIAN DE PORTZAM et le CASART


076/ARCHITECTURE

Par : Marie Le Fort

Zaha Hadid par Steve Double

Avec son projet de Grand Théâtre signé par la star-architecte Zaha Hadid, Rabat se dotera bientôt d’un vaste complexe culturel doté de 2.500 places. Un projet moderne et ambitieux, emmené par une architecture ouverte sur le monde, audacieuse et aérienne. Caractérisé par un réseau complexe d’entrelacs et de lignes tendues, de formes pointues et de plans superposés. Explications de l’architecte. Marrakech Mag : Qu’est-ce que ce projet représente pour vous ? Zaha Hadid : Le Grand Théâtre de Rabat est pour nous une avancée majeure car son design est poussé à l’extrême ; il flirte avec une forme d’aboutissement au regard de 30 années de travail. A titre d’exemple, l’Opéra de Guangzhou que nous venons de livrer avec fierté fut conçut il y a 6 ans et nous avons bien progresser depuis : notre “langage architectural“ s’est affiné. Sur un plan culturel, ce projet est une opportunité culturelle unique pour le monde arabe. Si nous avons de nombreux projets au Moyen Orient, ils sont souvent de nature commerciale. Participer au développement culturel du Maroc, si riche d’histoire, nous permet de concevoir un ensemble qui s’inscrit dans la ligne d’un héritage culturel ancestral. MM : En quoi le Grand Théâtre de Rabat serat-il différent de vos autres projets ? ZH : Tout d’abord, la topographie du site -compris entre deux villes, Salé et Rabat- sera le point de départ d’un nouveau développement urbain. Il deviendra un repère, un point de départ et d’ancrage, comme le premier élément construit sur une feuille blanche. Cela implique que nous devions à la fois intégrer les conditions existantes et engager l’édifice vers le futur. Et comme toujours, la relation du bâtiment au site, ses ramifications et son emprise au sol, sont ce qui confère à toute création architecturale son assise. Si l’on ajoute à cela notre devoir de donner une dimension historique à l’ensemble, de le rattacher à la culture marocaine, le Grand Théâtre de Rabat ne peut être qu’un édifice unique.

MM : Quel est le concept architectural du bâtiment ? ZH : Le design est parti du lit de la rivière Bouregreg qui sépare les deux villes. Et comme le Grand Théâtre de Rabat sera la première pierre d’un vaste plan d’urbanisme qui viendra réunir les deux villes, l’idée était de composer un flux dynamique, pareil à celui de la rivière, qui tisserait des courbes et intersections avec une autre direction importante : l’axe entre le site et le mausolée de Mohammed V. ainsi le site réconciliera les deux environnements urbains tout en “coulant de source”, délimitant un vaste parc aux abords du Théâtre et rendant hommage au passé marocain. D’un point de vue strictement architectural, tout est réponse à la topographie du site, au langage organique de la rivière. Imaginez que vos outils de création soient l’érosion, la géologie et la topographie, vous pouvez alors accentuer, creuser des canyons autour des parois rocheuses -elles-mêmes sculptées par l’érosion- ou dessiner des lignes et dépressions qui composent un “paysage architectural” dramatique. Aussi, le Grand Théâtre de Rabat sera composé d’un ensemble de connexions dynamiques : des espaces fluides qui s’imbriquent ou se fondent les uns dans les autres, ainsi que des canyons verticaux -permettant au visiteur une exploration spatiale verticale des lieux- jetteront les bases de l’ensemble. D’autres éléments d’architecture islamique viendront ponctuer les lieux, comme ces motifs géométriques inspirés des Muqarnas : ils apporteront une dimension aérienne aux volumes du théâtre, le rattachant directement aux traditions culturelles marocaines. www.zaha-hadid.com


ENGLISH

With its future National Theatre created by famous architect Zaha Hadid, Rabat will soon have its own vast 2,500-seater cultural complex. A modern and ambitious project led by daring and ethereal architecture, open to the world and characterised by a complex network of interlacing and taut lines, pointed shapes and superimposed levels. The architect explains. Marrakech Mag : What does this project mean to you? Zaha Hadid : The Rabat Grand Theatre is for us a major advance since its design is pushed to the extreme; it is a kind of result from 30 years of work. For example, the Guangzhou Opera we have just proudly delivered was designed 6 years ago and we have made a lot of progress since: we have succeeded in refining our “architectural language” even further. On a cultural level, this project is a unique cultural opportunity for the Arab world. We have a number of projects in progress in the Middle East but often of a commercial nature. Taking part in the cultural development of Morocco, a country with so much history enables us to design a whole that falls in line with an ancestral cultural heritage. MM : In what way will the Rabat Grand Theatre be so different from your other projects? ZH : First, the site’s topography – located between the two towns of Sale and Rabat – will be the starting point for a new urban

development programme. It will become a landmark, a starting point and foundation stone, much like the first element on a blank canvas. This implies that we will have to incorporate existing conditions and integrate the building into the future. As always, the edifice’s relation to the site, its ramifications and its ground coverage give any architectural design its foundation. If you add to this our duty to give a historic dimension to the whole project, to link it to Moroccan culture, the Rabat Grand Theatre can only be unique. MM : What is the building’s architectural concept? ZH : The design grew from the Bouregreg riverbed that separates the two towns. As the Rabat Grand Theatre will be the first stone in a vast town planning programme bringing the two towns together, the idea was to form a dynamic flow, the same as that of the river, weaving contours and intersections with another important line: the axis joining the site and the Mohammed V mausoleum. Thus, the site will reconcile the two urban environments

whilst delimiting the boundaries of a large park around the Theatre in a “natural flow”, paying tribute to Morocco’s past. From a strictly architectural point of view, everything answers to the site’s topography and the river’s organic language. Imagine erosion, geology and topography as your design tools: you will then accentuate, dig canyons around rock faces – themselves sculpted by erosion – and draw lines and depressions to create a dramatic “architectural landscape”. In addition, the Rabat Grand Theatre will be made up of a number of dynamic connections: flowing spaces, interweaving and blending into one another, as well as vertical canyons – offering visitors a spatial exploration of the facilities – will lay the foundations for the entire project. Other elements of Islamic architecture will punctuate the venue, such as geometric designs inspired by Muqarna, adding an ethereal dimension to the theatre’s volumes and linking it directly to Moroccan cultural traditions. www.zaha-hadid.com


Défini par l’architecte français Christian de Portzamparc comme une “médina culturelle”, le complexe CasArts, qui verra le jour à Casablanca en 2017, sur la place Mohammed V, sera tout entier dédié aux arts. Découvert en avantpremière.

© atelier de Portzamparc

© atelier de Portzamparc

078/ARCHITECTURE

Christian de Portzam par N. Borel

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âtiment culturel de vaste ampleur, né d’un concours international remporté en 2009 par Christian de Portzamparc, CasArts rayonnera, dès son ouverture, pardelà les frontières du Maroc. Non seulement fut-il imaginé comme le plus grand théâtre d’Afrique, avec une salle polyvalente de 1.800 places, une salle de théâtre modulable de 600 places et des salles de répétitions ouvertes au public, mais il revêtira également, dès son ouverture, une dimension de “médina culturelle“, avec ses commerces, restaurants, café, cyber-espaces, lieux de lecture, librairie, salle d’exposition et galeries d’art qui seront en prise directe avec la vie quotidienne des habitants de Casablanca. “CasArts sera comme un quartier pénétrable dans la ville, une médina“, précise l’architecte français né à Casablanca. “Inscrit sur le grand rectangle de la place, l’édifice sera constitué de “pavillons“ habités au sol de cafés et librairies ; entre les pavillons, de fines entrées s’ouvriront pour laisser place à des passages d’ombre, des coques

voûtées. Autant de lieux intimes, baignés d’une lumière tamisée, qui permettront de traverser le complexe, comme s’il était tout entier ouvert aux flux -aux courants d’air comme aux déambulations humaines. Je voulais que l’architecture du lieu soit une chorégraphie sculpturale vivante, une scénographie. Que la pureté et simplicité des volumes extérieurs s’opposent à la richesse de l’intérieur ; que la fraîcheur de l’ombre le jour réponde à la douceur de la lumière, le soir venu. CasArts vivra au rythme d’une architecture qui dissimule la richesse intérieure, qui joue avec les ombres et clair-obscur, qui se découvre pas à pas… La médina, c’est l’espace de la vie, la condition de la rencontre, du brassage, des découvertes, et des hasards heureux. Contre l’objet architectural autonome, héroïque trop univoque, et définitif, la médina offre le parcours, croise l’ancien et le nouveau.“ conclut Christian de Portzamparc. www.chdeportzamparc.com


ENGLISH

© atelier de Portzamparc

Defined by French architect Christian de Portzamparc as a “cultural medina”, the CasArts complex is scheduled to be opened on Place Mohammed V in 2017 and will be entirely dedicated to the arts. Here is what it has in store.

© atelier de Portzamparc

A

vast cultural facility, resulting from an international competition contest won by Christian de Portzamparc in 2009, the CasArts project was set from its opening to be influential beyond Morocco’s borders. Not only is it designed to be one of the largest theatres in Africa, with a multi-purpose 600-seater auditorium and rehearsal rooms open to the public, it will also offer a “cultural medina”, with shops, restaurants, cafés, cyber-spaces, reading areas, bookshops, an exhibition space and art galleries, all directly in tune with the everyday life of Casablanca’s inhabitants. “CasArts will resemble one of the city’s open and accessible neighbourhoods, such as a medina”, detailed the French architect born in Casablanca. “Lying within the Place’s large rectangular expanse, the building will be made up of “pavilions” housing cafes and bookshops on the ground floor; between the pavilions, slender entrances will open onto shady passageways and vaulted arcades. Various quiet areas, bathed in dappled light, will enable inhabitants to cross the complex as if it entirely open to the flow of people and fresh air. I wanted the venue’s architecture to be a living sculptural choreography, a scenography. The purity and simplicity of the outer volumes contrast with the treasures inside; the cool shade during the day answers to the soft light in the evening. CasArts will live to the rhythm of an architecture that conceals inner riches, that plays with shadows and chiaroscuro, to be discovered little by little… The medina is a space for living, for taking advantage of opportunities to meet and mix with people, for discoveries and strokes of good fortune. Countering the autonomous, heroic, one-toone architectural object, the medina offers a veritable trail, combining the old and the new”, concludes Christian de Portzamparc. www.chdeportzamparc.com


080/SHOPPING

shopping@sidighanem

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Ah, ce quartier industriel de Sidi Ghanem ! Décidément quel bouillon de création, un vrai rendez-vous d’artistes et de décorateurs cosmopolites pour se meubler “fashion & design“... Preuve en images. 1 - Ventilateur Fanimation (USA), moteur Louvre en argent vieilli, pales en bois, envergure 2 mètres. 8.200 DH Magasin Général Tel : +212 5 24 33 66 73 - www.magasingeneral.ma 2 - Table basse “Surimi“ 120 cm de diamètre, 30 cm de hauteur , en acier laqué , existe aussi en résine pour l’extérieur. 13.800 DH Fred Butz Tel : +212 6 61 34 44 40 - fb_design@me.com 3 - Torches lanternes taille entre 90 cm et 190 cm, prix entre 195 DH et 225 DH Fenyadi Tel : +212 5 24 35 60 24 - www.fenyadi.com 4 - Housses de coussins en tissage Jacquard de cuir, entre 290 et 600 DH Atelier Nihal Tel : +212 6 71 16 01 62 - atelier.nihal@hotmail.fr 5 - chaise Buzzy en chêne ou en hêtre 16 possibilités de teintes et couleurs possibles. Version hêtre à 2.130 DH Fan Wa Nour Tel : + 212 5 24 33 69 60 6 - Meuble mural en bois et pneu 220 x 40cm, de Hicham El Madi. 14.000 DH Boutique Mad Tel : +212 6 61 67 08 46 - www.elmadi.com 7 - Lampe Collection hammam, pièce unique, montage en fer laqué blanc vernis mat, pièce de bois naturel d’Olivier et abat-jour en parchemin blanc, hauteur : 68 cm. 4.800 DH. Designer Alain de Design and Cook Tel : + 212 6 75 34 76 69 - www.designandcook.com 8 - Suspension projecteur en inox et aluminium poli, globe orientable, 15.600DH Ardevivre Tel : +212 5 24 33 66 10 - www.ardevivre.com 9 - Fauteuil en lattée, créé par ordinateur et découpé au laser. 26.000 DH Ardevivre Tel : +212 5 24 33 66 10 - www.ardevivre.com 10 - Fauteuil Club Calvez le classique incontournable, en cuir naturel sans produits chimiques, assise en plume, carcasse en bois hêtre, fourrage naturel. 8.700 DH W home Tel : +212 5 24 33 61 28 - www.w-homemaroc.com 11 - Lampe Tarbouche, créateur Expression Lumière 850 DH Galerie Pop Tel : +212 5 24 33 60 08 - galeriepop.blogspot.com 12 - Lampe Paris-New York, 80cm inox, créateur Jaba Design. 4.000 DH Galerie Pop Tel : +212 5 24 33 60 08 - galeriepop.blogspot.com 13 - Housses de coussins brodés et perlés main en éditions limitées avec sérigraphie artistique, modèle Skull oF Tarbouch, expression orientaliste, grand modèle 450 DH, petit modèle 400 DH. Canapé réalisé par Lilah Spirit Jetsouk Tel : +212 6 69 03 23 89 - www.jetsouk.com

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082/DECO&DESIGN

Par : Nathalie Rigoulet

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pneu en folie


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ion, rhinocéros, éléphant, crocodile, requin, cobra... autant de gentilles bestioles qui habitent l’imaginaire de Lahcen Iwi depuis tout gosse, mais rassurez-vous ces animaux au tempérament bien trempés sont en pneu, et c’est Lahcen qui les met au monde. C’est beau, déconcertant et bluffant de réalisme. Lahcen est rentré cette année dans le petit cercle des sculpteurs reconnus, utilisant les pneus recyclés comme matière première. Dans cette même catégorie, vous connaissez peut-être les œuvres du sculpteur allemand Mirko Siakkou Flodin ou celles du collectif international Millegomme -qui transforment les pneus usagés en véritables objets d’art… Mais l’hiver dernier, le Maroc a à son

qu’il savoure et une expérience qui lui a permis de se faire connaître auprès des designers et décorateurs qui le sollicitent désormais. Comment fait-il pour réaliser ces petites merveilles ? Cet artiste de 29 ans, bien que discret et réservé, a tout simplement de l’or dans les doigts et une vraie maîtrise de sa matière de prédilection. Dès l’âge de 8 ans, Lahcen aidait son père à fabriquer -en pneuscruches, grands et petits seaux qui étaient très utilisés à la campagne… enfin jusqu’à l’invasion du plastique ! Après des études d’anglais à l’université, Lahcen se marie, il doit travailler : il décide alors de revenir à ses premiers amours. Dans un atelier de menuiserie, il recouvre des poufs, des tables… puis, les animaux sauvages

tour découvert son “artiste de la gomme” : Lahcen Iwi, dans l’émission de télé réalité “Sanaât Bladi - Al Jil Al Jadid” (“Les métiers de mon pays – Nouvelle génération”) où se sont mesurés vingt huit artisans marocains. Lahcen fut le gagnant de la catégorie “Innovation”, une récompense

font leur entrée. L’exercice artistique s’impose. Il récupère tous les pneus usagés et les chambres à air qu’il trouve, fait ses croquis, puis réalise, avec des chutes de bois, une première carcasse qu’il recouvrira ensuite de bandes de pneus, telle une véritable peau. Un travail qui force

l’admiration quand on connaît le manque de flexibilité de cette matière rugueuse. Mais l’artiste découpe, martèle, s’éclate avec les images qui le hantent, superpose… et surtout, il ne colle pas, il cloute le pneu sur le bois. Uniquement ! «Un comble, car le pire ennemi du pneu, c’est le clou», nous confie-t-il avec amusement. Pour les dents et défenses de ses animaux, il sculpte de l’os ; pour les yeux, des gros clous de tapissier feront l’affaire. Lahcen aurait pu s’essayer à d’autres styles de sculptures, avec d’autres types de matériaux, mais ce qu’il aime, c’est le côté récup’. En recyclant le pneu, il s’engage aussi dans une démarche utile pour l’environnement. Bravo l’artiste ! Sculptures en vente à la Galerie Design and Cook : 166 Q.I Sidi Ghanem, Marrakech Tel : +212 6 75 34 76 69 Lahcen Iwi : +212 6 62 48 34 58


ENGLISH 084PNEUMATIQUE

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A WORLD OF TYRES

ions, rhinoceroses, elephants, crocodiles, sharks, cobras… all lovely beasts that have been living in Lahcen Iwi’s imaginary world since childhood. You can rest assured, though: these animals with sturdy characters brought into this world by Lahcen are in fact made from tyres. They are beautifully, disconcertingly and breathtakingly realistic. This year, Lahcen joined the small and select circle of renowned sculptors using recycled tyres as their raw material. You might already know the work of German sculptor Mirko Siakkou Flodin or that of the international collective Millegomme – which transforms used tyres into true objet d’art. However, last winter, Morocco in turn discovered its very own “rubber artist”, Lahcen Iwi, in reality television show “Sanaât Bladi - Al Jil Al Jadid” (“My country’s professions – The new generation”), in which no less than twenty eight Moroccan artisans pitted against each other. Lahcen won the “Innovation” category, an award he savours and an experience that has enabled him to gain recognition from designers and decorators, who are now calling on his talents. How does he go about creating these wonders? Everything this discreet and reserved 29-yearold artist turns to gold and he truly masters his favourite material. From the age of 8, Lahcen helped his father make jugs and different sized buckets from tyres, an everyday utensil in the

countryside… until the invasion of plastic! After having studied English at university, Lahcen married and set about finding work, choosing to come back to his first love. In a carpentry workshop, he covered pouffes and tables… then the wild animals made their entrance and his artistic nature came into play. He salvaged all of the used tyres and inner tubes he could find, drew sketches, making a first skeleton, which he then covered with strips of tyre, like skin. Work that fills you with admiration when you know the lack of flexibility this material has to offer. This has not stopped the artist from cutting, hammering, having fun with the images that haunt his memories, superimposing… and especially, only ever nailing rather than gluing the tyre on the wood. “To cap it all off, the tyre’s worst enemy is the nail”, he entrusts with amusement. For his animals’ teeth and tusks, he sculpts bone; for their eyes, he uses large upholstery studs. Lahcen has tried other styles of sculpture, with other types of materials, but he loves the recycling element of his work. By salvaging tyres, he also enters into an environmentally-friendly approach. Hats off to the artist! Sculptures are for sale in the Design and Cook Gallery : 166, Q.I Sidi Ghanem, Marrakech Tel : +212 6 75 34 76 69 Lahcen Iwi : +212 6 62 48 34 58



086/DESIGN

Par : Nathalie Rigoulet

JULIEN DELIGNE L'Art et la matière

D Julien Deligne by Jan Bernard Yaguiyan

epuis l'ouverture, l'hiver dernier, de son show-room Acte Design, le peintre designer belge, Julien Deligne, n'en finit pas de créer et de sublimer ses créations de mobilier. Chaque pièce réalisée est le fruit d'une longue élaboration. Il fait appel aux meilleurs artisans menuisiers et ferronniers pour la confection de ses meubles aux lignes sobres et contemporaines, mais c'est lui, et lui seul, qui personnalise et finit chaque pièce. Un mélange savant d'acrylique, de poudre de marbre, de pigments et autres composants top secrets, est appliqué en plusieurs couches, puis travaillé avec des outils bricolés, clous, scalpels pour griffer, scarifier... puis poncer, vernir... jusqu'à obtenir une alchimie de matériaux au rendu chaleureux, sensuel, parfois bouleversant. Des œuvres qui se décryptent comme un parchemin patiné de cicatrices, traces, empreintes ou arabesques. La création d'Acte Design s'est imposée naturellement, comme une autre façon, dit-il, "de toucher les gens", en leur offrant du mobilier aux allures d'œuvres d'art : tables basses, paravents, lits, canapés, cheminées, sellettes d'exposition ou meubles de rangements sur piétements en métal, qui ne se rayent et ne se tâchent pas. Chaque pièce est pour Julien l'occasion de nouvelles découvertes, de questionnements naissants sur le mélange de tel et tel matériau ; un parcours expérimental qui revisite sa vie d'homme et d'artiste pour la transcender et renaître d'une souffrance passée qu'il évoque parfois. Cet artiste talentueux -dont les œuvres sont exposées au Musée des Beaux Arts de Lausanne, au Musée d'Art Moderne et Contemporain de Genève, au Fond d'Art du Palais des Beaux Arts de Bruxelles, ainsi que dans 300 collections en Suisse, en Europe et aux USA-, que l'on connaissait jusqu'alors pour ses toiles d'art naïf, ses mandalas saturés de couleurs et ses visages transfigurés, compte aujourd'hui parmi les designers les plus en vue au Maroc.

Acte Design : 137, Q.I. Sidi Ghanem (entre Antalya et Henry Cath) et chez Maison d'été : rue de Yougoslavie, Marrakech Tel : +212 6 52 96 39 74


ENGLISH

ART AND

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ince the opening last winter of his Acte Design showroom, Belgian painter-designer Julien Deligne has been busy creating and sublimating his furniture designs. Each item made is the fruit of a long elaboration process. He calls upon the best joiners and wrought iron craftsmen to manufacture his understated, modern furniture, but he alone personalises and puts the finishing touches on every piece. A clever mix of acrylic, marble powder, pigments and other top secret ingredients are added layer upon layer, then worked with handmade tools, nails, and scalpels to scratch, scarify… then sand and varnish… until an alchemy of materials with a warm, sensual, sometimes very moving feel is obtained. Works of art that can be read like an antique parchment full of scars, marks, imprints and stylistic ornaments. The creation of Acte Design naturally emerged as another way "of touching people", offering furniture that looks like a work of art, including coffee tables,

TEXTURE screens, beds, sofas, mantelpieces, exhibition stands or storage spaces on metal bases, that do not scratch or stain. Each piece is for Julien an opportunity for new discoveries, and budding questions on the combination of so many materials: an experimental journey that revisits his life as a man and an artist, transcending it on order to be born again from the past suffering that he sometimes evokes. This talented artist – whose work is shown at the Musée des Beaux Arts in Lausanne, at the Musée d'Art Moderne et Contemporain in Geneva, at the Palais des Beaux Arts in Brussels, as well as in 300 collections across Switzerland, Europe and the USA -, was known, up until now, for his naive paintings, his colour-saturated mandala and transformed faces. He is now one of the most prominent designers in Morocco.

Acte Design : 137, Q.I. Sidi Ghanem (between Antalya and Henry Cath) and Maison d'été : rue de Yougoslavie, Marrakech Tel: +212 6 52 96 39 74


088/DESIGN

Par : Marie Le Fort

ETRE{S}

DE MARBRE

Nouvelle coqueluche du monde du design, le marbre de Carrare rivalise de blancheur pour nous surprendre. Noble et lumineux dans sa matité, il offre aux designers l’impression de créer pour l’éternité.

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endu au même prix que l’or, le marbre statutaire de Carrare compte parmi les matériaux les plus nobles ; le seul qui soit d’ailleurs considéré par Saint Pierre de Rome comme suffisamment pur pour représenter les saints… Nouvelle égérie des designers, il gagne en légèreté et créativité comme au fil de l’exposition "Marbre Poids Plume" organisée au printemps 2011 par la galerie-éditeur Ymer & Malta. Emmenée par Rémy Le Fur et Valérie Maltaverne, elle présentait une série d’objets en marbre de Carrare d’une légèreté et subtilité inégalée. Aux murs, des traits forment de lumineuses étagères imaginées par le prometteur Benjamin Graindorge : "stillQuietPlane est une étagère modulable, illuminée, un peu mystérieuse qui accentue la dualité réel/irréel", expliquet-il. Plus loin, le couple franco-japonais A+A Cooren (Aki et Arnaud Cooren) propose "un petit voyage au centre de la matière" avec leurs tabourets Void, parfaite circonvolution de matière qui enserre le vide, tandis que Cédric Ragot imagine la lampe Flap, pièce sculptée d’un seul tenant, aérienne comme une raie manta. Autant d’objets-épures, calmes et délicats qui oscillent entre blanc ou noir, force et fragilité, froideur et chaleur… au contact du marbre, le design d’édition semble avoir trouvé sa voix. Directrice et fondatrice de la White Moon Gallery

ouverte fin mars, Deanna Leontieva se passionne elle aussi pour l’édition de pièces contemporaines réalisées en marbre de Carrare statutaire. Affiliée à une entreprise familiale italienne qui tutoie le marbre depuis 4 générations -avec laquelle elle a notamment mené des projets rares avec Marc Quinn, Tony Cragg, Antony Gormley ou encore Zaha Hadid-, la jeune femme souhaitait emmener le marbre vers de nouveaux territoires. Le décomplexer par rapport à son histoire. Le détourner de son utilisation évidente dans les salles de bain, pour les sols ou colonnes ! Le désembourgeoiser, comme avec cette vanité tatouée par Philippe Pasqua ou, par contraste, ces vases-colonnes de Mario Botta qui prennent l’allure d’une sculpture végétale solidifiée. Plus que tout, ces vases évoquent un édifice, un travail de composition géométrique abstraite, doublé d’une réflexion sensible sur la "peau" du marbre, son opacité et sa transparence. Ses veines rouges qui rappellent notre nature sanguine, ou au contraire sa douceur blanchâtre qui évoque un teint pâle. A ce titre, la jeune femme parle du marbre comme d’une personne : "Velouté et sensuel, chaque bloc de marbre est marqué d’une empreinte qui se lit à travers les veines, plus ou moins fines, qui l’habitent. Froid et robuste, il rassemble tout à la fois la ténacité d’un Apollon et l’élégance d’une déesse. Poétique, il incarne la virginité et le caractère intouchable des dieux. Imperturbable, il est aussi profondément égoïste : il n’aime pas se mélanger avec d’autres matières". Egoïste et rigide, le marbre semble l’être dans les dernières pièces de Robert Stadler : présentées à "Design Miami/ Basel" en juin dernier, cette série appelée "Exercices" jouait sur le "veinage" régulier du marbre, ses zébrures et stries, pour composer une série anguleuse, géométrique, abstraite, qui se déploie et répercute dans l’espace. Un point de vue qui fait écho à celui de Mathieu Lehanneur : le designer français dévoilait récemment l’église Saint Hilaire

de Melle, France, réinterprétée comme une composition artistique autour du marbre. Travaillé pur et rendu fluide par un subtil travail de strates, le marbre gagne ici une nouvelle dimension minérale… et spirituelle. Illustrant également ce renouveau, les créateurs et visionnaires Maurizio Galante et Tal Lancman (réunis au sein de l’agence Interware) imaginaient, pendant les "Designers Days" parisiens en juin dernier, un décor en faux marbre pour Tai Ping, luxueux fabricant de tapis. Place à un rêve de veines graphiques noires et blanches, épaisses et voluptueuses, au contact desquelles les pieds s’enfoncent, l’être se réchauffe et le regard s’émerveille. Comme dans "Alice au Pays des Merveilles", un lapin géant accueillait les visiteurs en habit de marbre… une mise en scène de génie. www.ymeretmalta.com www.whitemoongallery.com www.roberstadler.net www.mathieulehanneur.fr www.maurizio-galante.com

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4 1 – Etagères “Style Quiet Plane” de Benjamin Graindorge pour la galerie Ymer & Malta © Bernard Maltaverne, Courtesy Ymer & Malta 2 – Table Cinderella de Demakersvan pour la White Moon Gallery 3 - “Exercises” de Robert Stadler © Courtesy of the artist 4 - “Vanité tatouée” de Philippe Pascua pour la White Moon Gallery 5 et 6 - Décor en faux marbre de Maurizio Galente et Tal Lancman pour Tai Pïng 7 et 9 - Eglise de Saint Hilaire de Melle, France, une interprétation moderne du marbre par Mathieu Lehanneur. © Courtesy of the artist. 8 - Spots blancs “Orbit” pour la galerie Ymer & Malta

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ENGLISH 090/DESIGN

The new darling of the design world, Carrara marble vies with whiteness to better surprise us. This noble, radiant and mat material offers designers the feeling of creating objects for all eternity.

Saint Hilaire de Melle Church, France, a modern marble reinterpretation by Mathieu Lehanneur. © Courtesy of the artist. old at the same price as gold, statutory Carrara marble counts among the most noble of materials; it is in fact the only one considered pure enough by Saint Peter’s in Rome to represent the saints… The designers’ new idol gains in lightness and creativity during the exhibition "Marbre Poids Plume" [Featherweight Marble] organised in spring 2011 by the gallery and publishers Ymer & Malta. Organised by Rémy Le Fur and Valérie Maltaverne, it presented a series of Carrara marble objects of unequalled lightness and subtlety. On the walls, lines formed luminous shelves imagined by the promising Benjamin Graindorge: "stillQuietPlane is adjustable lit shelving, its mysterious quality emphasising a certain duality between reality and the unreal”, he explained. A little further on, the FrancoJapanese couple A+A Cooren (Aki and Arnaud Cooren) offered "a small journey to the centre of the material " with their void stools, a perfect convolution of matter holding on tightly to emptiness; for his part, Cédric Ragot has created the Flap lamp, a piece sculpted from one block, as ethereal as a manta ray. As many calm, delicate and uncluttered objects wavering between black and white, force and fragility, coldness and warmth… in association with marble, design seems to have found its voice. Director and founder of the White Moon Gallery, a space that opened at the end of

March, Deanna Leontieva is also fascinated with publishing modern pieces made out of statutory Carrara marble. Affiliated with an Italian family business that has been rubbing shoulders with marble for 4 generations – notably working on rare projects with Marc Quinn, Tony Cragg, Antony Gormley and even Zaha Hadid -, the young woman wished to take marble to new places. By ridding it of its historical complexes. By creating a new take on its obvious use in bathroom, for flooring and columns! Making it less bourgeois, much like Philippe Pasqua’s tattooed vanitas or, in contrast, Mario Botta’s column-vases that look like solidified plant sculptures. More than anything, these vases bring to mind an edifice, an abstract geometric composition, doubled with a sensitive reflection of the marble’s “skin”, its opacity and transparency. Its red veins recall our sanguine nature, and, on the other hand, its whitish softness evokes a pale complexion. As such, the young woman personifies marble: "Smooth and sensual, every block of marble is marked with a print that can be read through the different sized veins that lie within it. Cold and robust, it brings together both Apollo’s tenacity and a goddess’ elegance. Poetic, it embodies virginity and the untouchable character of the gods. Unshakeable, it is also profoundly selfish: it does not like to mix with other materials”. The marble certainly seems selfish and

rigid in the last pieces by Robert Stadler: presented at "Design Miami/Basel" last June, this series called "Exercises" played on the marble’s regular “veins”, its stripes and streaks, to compose an angular, geometric, abstract series, that unfurls and reflects in space. A point of view echoing that of Mathieu Lehanneur: the French designer recently unveiled the Saint Hilaire de Melle church in France, reinterpreted as an artistic marble composition. With a pure and flowing result and subtle work on strata, the marble gains a new mineral and spiritual dimension in this work. Another illustration of this revival, creators and visionaries Maurizio Galante and Tal Lancman (both part of the Interware agency) imagined, during the Paris “Designer Days” last June, a fake marble décor for Tai Ping, a luxury carpet manufacturer. Feet sinking into dreamy, thick and voluptuous black and white graphic veins, warming the body and filling the mind with wonder. A giant “Alice in Wonderland” rabbit welcomed visitors in a marble costume… a genius production. www.ymeretmalta.com www.whitemoongallery.com www.robertstadler.net www.mathieulehanneur.fr www.maurizio-galante.com



TU PREFERES LEQUEL ? SPIDERMAN OU SUPERMAN...

BAT MAN !


HASSAN HAJJAJ

Par : Sylvie Gassot

PORTRAIT CHINOIS D’UN SUPER-HEROS

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Photo : Mali

hotographe, designer et styliste, il se prête avec enthousiasme au jeu du portrait chinois. Une partie de ping-pong, livrée yeux dans les yeux, à la terrasse du Café des Epices, au cœur de la Médina, QG de notre Super Héros qui leur dédie un somptueux portfolio. La variété des questions et la spontanéité des réponses flashent un tempérament optimiste, gourmand de la vie, une personnalité poétique, haute en couleurs, avec un bel esprit de répartie…

Si j’étais un pays : Ailleurs ! Je suis toujours un misfit, un déraciné, que je me trouve à Marrakech où je suis né, à Londres où je vis en famille, à Paris ou à New York où j’expose…

Si j’étais un sentiment : La joie ! Et pour apprécier le fait d’être joyeux, j’ai besoin de connaître la tristesse… Si j’étais un livre : “Léon l’Africain” d’Amin Maalouf. Si j’étais un Super Héros : Ma mère, bien sûr !

Si j’étais un animal : Un oiseau, un aigle royal !

Si j’étais un film : “Pressure” d’Horace Ove, un ami proche.

Si j’étais une chanson : N’importe quel titre d’Orchestra Boabab.

Si j’étais une pierre précieuse : Je choisirais plutôt l’argent !

Si j’étais un vêtement : Un habit confortable, une gandoura en cachemire ou en sea cotton, comme celles que j’adore créer.

Si j’étais un sport : La Capoeira. Je la pratique toujours, mais aujourd’hui, je l’apprends aussi à mon fils !

Si j’étais un bruit : Le souffle du vent.

Si j’étais une plante : Un olivier ou un figuier, j’ai grandi au milieu de ces arbres, voilà mes racines.

Si j’étais un parfum : La fleur d’oranger.

Si j’étais une œuvre d’art : Une photo de Cartier-Bresson.

Si j’étais une époque : Le futur…

Si j’étais une saison : Le printemps, là où tout recommence.

Si j’étais un moyen de transport : Un vélo pour ne pas polluer.

Si j’étais une arme : Le son de la voix.

Si j’étais une couleur : Le vert ! Toutes les nuances de vert que l’on peut trouver dans la nature…

Du 1er au 15 octobre, exposition “Marque déposée“ à la Matisse Art Gallery : 61, rue Yougoslavie, n° 43 Passage Ghandouri, Guéliz Tel : +212 5 24 44 83 26. 7 octobre, vernissage au Riad Yima : à partir de 18h30, 52 Derb Aarjane Rahba Lkdima, Médina - Tel : +212 5 24 39 19 87.

Si j’étais un plat : Du riz brun et des haricots, car je pourrais me nourrir uniquement de cela, à vie ! Si j’étais un objet : Un appareil photo, évidemment !

www.hassan-hajjaj.com

CHINESE PORTRAIT OF A SUPER-HERO

Photograph and fashion designer, the Marrakchi artist agrees to play Chineese portrait game with humor and sincerity. We met our Super Hero who has signed this dedicated portfolio in Terrasse des Epices, one of his headquarters in the Medina. His poetic answers draw a greedy personality, like a mirror of his wonderful work, colorfull and clever. If I was a country : Somewhere else. I’m a misfit in Marrakech where I was born, in London where I live with my family or in Paris and New York where I work. I am not rooted… If I was an animal : A bird, a royal eagle! If I was a song : Any title of Orchestra Boabab, my favorite band. If I was an item of clothing : Anything confortable, like a Cashmere or seaisland cotton Gandoura. Like the ones I love to design! If I was a noise : The sound of wind ? If I was a perfume : The orange flower blossom. If I was once upon a time :

The future. If I was a vehicle : Let’s say a bike, no pollution! If I was a color : Green, any shade of green you can find in nature. If I was a main course : Brown rice or bean vegetables. I can eat that for the rest of my life. If I was an object : A camera of course! If I was a feeling : Happiness. But in order to feel happy, I need to know about sadness… If I was a book : “Léon the African” by Amin Maalouf. If I was a super hero : My mum, no doubt!

If I was a movie : “Pressure” from Horace Ove, one of my very close friends. If I was a precious stone : I’d rather prefer silver! If I was a sport : Capoeira. I still practice but now I am my son teacher also. If I was a tree : An olive or a fig tree. I grew up surrounded by them, that’s my roots. If I was an art masterpiece : A photography by Cartier-Bresson. If I was a season : Springtime, when everything begins again. If I was a weapon : The human voice!


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Remerciements à : Abdelghafour Benbadryef, Badrddine Benkirane, Géraldine Bergé, Mohamed Bouyal, Brice Chablais, Cindel Ciapa, Khadija Houguig, Cody Kech, Meriem Marmouche, Terence Tackie, Café Des Épices et Riad Fenn.


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super-hĂŠros en vacances Hassan Hajjaj 1432












/////////////////////// /////////////////////// /////////////////////// / ////////////////////// L’ALLURE EN MODE /////////////////////// /////////////////////// R /////////////////////// /////////////////////// /////////////////////// /////////////////////// /////////////////////// /////////////////////// 106 /MODE

Par : Sylvie Gassot

ART/C

Créateur israélien d’origine marocaine, il présente ses collections couture à Paris, mais vient de s’installer à Marrakech, sa ville d’inspiration ! Une bonne raison d’épingler le talent audacieux de ce styliste à l’impact "Waouh !"…

ien n’est cousu de fil blanc dans la vie de cet ancien danseur. Adulé en Israël où il intègre très jeune un corps de ballet, il y découvre la magie de la scène et la poésie des étoiles. Sa notoriété se renforce à TelAviv avec le succès de son propre show télé, puis il décide de gérer Art’C Ifrach House of Style, le magasin hype du quartier branché. Autodidacte, ART/C se distingue par une solide culture couture qu’il revisite avec une audace folle, option glamour. Ici, pas de vêtement de saison, ce laborantin de l’allure brouille les codes, question d’instinct et d’intuitions. Il crée comme jadis il dansait, léger et puissant, doté d’une énergie folle, pointant jusqu’à deux à trois pièces par jour… Sa force ? L’impact de looks inédits à l’effet podium garantit ! Il métamorphose les basiques en tenues de stars, chic et couture. Passionné de tissus vintage –Gucci, Oscar de la Renta, Pucci…- chinés aux quatre coins de la planète fashion, sa mode twiste imprimés insolites et Hollywood touch. L’ornement vaut signature pour ce tapis persan aux fils authentiques détourné à coup de ciseaux en manteau à la coupe droite impeccable. Kif kif, djellabas et caftans rehaussés de dentelles chantilly, broderies baroques et boutons chatoyants. Prouesse d’un tweed Chanel revu en manteau "clochette", ou d’un tissu Yves Saint Laurent dont les fils d’or révèlent une robe de Shéhérazade. Art/C a un don pour la matière et des doigts en or. Ses croquis sont précis, classe, et son savoir-faire, ultracréatif. Ici, la doublure contraste, là, le dos cache des paillettes ou le body remplace la robe… Chaque pièce est unique, voilà la griffe Art/C ! Du fun et des idées délicieusement irrévérencieuses qui ont séduit Paris depuis sa première présentation lors de la haute couture, en juillet 2010. Mais à 40 ans, quittant la ville lumière, c’est à Marrakech qu’Artsi Ifrach commence une nouvelle aventure...

© Chris Romain

Marrakech Mag : Comment définir l’allure Art/C ? ART/C : Par une individualité, une palette de couleurs, une fantaisie et une richesse.

MM : Vous dessinez, vous coupez, quelle est la genèse d’un modèle ? AC : A l’origine d’une pièce, il y a toujours une inspiration. Aujourd’hui, le Maroc me nourrit, les gens, la rue, les couleurs mais aussi l'énergie. Ensuite, je dessine, et très rapidement le modèle apparaît.

MM : Votre passion pour les tissus vintage est-elle une manière de Look again -le nom de votre dernière collection-, les intemporels du style ? AC : Je suis très sensible aux matières vintage parce qu'elles demeurent hors du temps. Le passé est un patrimoine que nous emportons avec nous dans le futur, ce dialogue écrit mon style. Look again témoigne du chemin des possibles dès lors que la volonté agit et signifie que jamais, on ne doit renoncer. Chaque instant livre sa part de beau, de doux, de sincère et de différent, pour peu qu’on le saisisse. Look again capte ce moment pour le rendre pérenne et illuminer chaque jour sans excès ni artifice, c’est le cœur de ma collection, son essence comme son expression.


////////////////////////// ////////////////////////// ////////////////////////// ////////////////////////// ////////////////////////// ////////////////////////// ////////////////////////// ////////////////////////// ////////////////////////// ////////////////////////// ////////////////////////// ////////////////////////// MM : Quelles sont vos inspirations ? AC : Je ne suis pas influencé par les autres designers même si je respecte l’univers de chacun d'entre eux. Je pense que mon travail est très individuel avec une signature qui m'est totalement personnelle. Profondément, la diversité du Maroc qui m’influence, sa richesse, ses couleurs et la force des femmes.

MM : De Tel-Aviv à Paris, et Marrakech, vous les rendez Waouh ! Comment définir leurs attentes ? AC : Je crois que les femmes que j'habille ont en commun d’avoir d'ores et déjà leur propre style individuel et une vie personnelle très libre. De cette formule est né mon look, souvent griffé d’un esprit "Vavavoum". Marrakech n’a pas transformé ma définition de l’élégance parisienne, elle l’a enrichie. MM : Quel est votre premier souvenir de mode ? AC : C’est une photo de ma mère portant sa robe de mariée. D’ailleurs, je ne m'en sépare jamais.

MM : A Marrakech, où trouve-t-on votre collection ? AC : Je reçois dans mon showroom personnel, sur rendez vous, mais je vais bientôt ouvrir

une boutique à Marrakech, et aussi proposer une sélection de pièces dans divers hôtels de luxe. Car il y a un intérêt fort de la part d’une clientèle féminine raffinée et audacieuse pour des pièces uniques lorsqu’elles se rendent à des évènements chics. Les femmes aiment toujours se sentir spéciales et bien sûr uniques !

MM : Qu’y a t’il de profondément marocain dans votre regard ? AC : Je crois que cela se résume à mon ambiance et ma richesse. J’habite Marrakech, ville-refuge et paradis, qui, dès mon arrivée, fut une source d’inspiration. Après avoir dressé les contours d’une atmosphère à nulle autre pareille avec ma précédente collection Marrakech Express, j’ai voulu pénétrer plus intensément les secrets de cette cité millénaire, de ses habitants et de son art de vivre. Au cœur de la foule, je découvre une ville riche de contrastes, où l’orgueil s’affronte à la modestie, la douceur à la force, le désert à la vie. Je souhaite retranscrire par le tissu ses histoires à travers les couleurs, conter les paysages via les coupes, rendre hommage à la discrète élégance de ces femmes sans âge, à la beauté de leur modestie. J’ai donc imaginé une collection au carrefour des influences, qui parle à l’imaginaire et laisse le corps à l’abri des regards intrusifs.

MM : Puisez-vous dans la Ville Rouge comme ce fût le cas pour Yves Saint Laurent un nouvel élan ? AC : Je ne sais pas si c'est la même chose car nous sommes dans une nouvelle époque. Mais la similitude est dans le voyage et l'expérience. Chaque collection est une renaissance comme un pas en avant sur le chemin de la vie, une aventure enracinée avec force et confiance sur la route qui guide l’homme que je suis. Alors, Inch'Allah, ce sera la même chose pour moi que pour Monsieur Saint Laurent… MM : Si vous faisiez découvrir Marrakech à des amis étrangers quel serait votre périple ? AC : Je les embarquerais dans mon quotidien. Le matin, petit-déjeuner au Café des Epices dans la Médina. Ensuite, nous partirons chiner à travers les ruelles et les échoppes. Pour le déjeuner, halte au Café de La Poste à Guéliz. En fin de journée, pour boire un verre et déguster un excellent dîner, je m’arrêterais au Bab Hotel. Et si la soirée se prolonge pour faire la fête, direction le So, le club du Sofitel. Voilà mes repères ! ART/C : à Marrakech, sur rendez-vous Tel : +212 6 33 61 55 19


ENGLISH

FASHION STYLE

ART/C

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verything in the life of this ex-dancer is authentic. Adulated in Israel where he joined a corps de ballet at a very young age, he discovered the magic of being on stage and the poetry of the stars. His fame grew with the success of his own television show in Tel-Aviv, and his decision to manage Art’C Ifrach House of Style, a hip neighbourhood hype store. The self-taught ART/C stands out thanks to a solid haute couture culture that he revisits with great daring and a glamorous touch. This style lab genius does away with seasonal clothing and blurs codes, as a question of instinct and intuition. He creates as he once danced, lightly and powerfully, gifted with a large amount of energy, marking off up to two to three items a day… His strength is the guaranteed impact of original looks on the catwalk! He transforms basic items into chic, haute couture pieces fit for stars. Passionate about vintage fabrics - Gucci, Oscar de la Renta, Pucci…- which he hunts for around the world, his fashion gives a new Hollywood touch twist to original prints. Embellishment is his signature touch, as seen in this authentic Persian rug recycled with a snip of the scissors into the impeccable straight lines of a coat. In the same way, djellabas and caftans are enhanced with Chantilly lace, baroque embroidery and sparkling coloured buttons, Chanel tweed reworked into a “bell” coat, or the gold threads of Yves Saint Laurent fabric bring to life a Scheherazade dress. Art/C has an expert eye for fabrics and skilled hands. His sketches are precise and classy and his knowledge more than creative. A contrast lining here, a back hiding sequins and a body replacing a dress there… Every piece is unique; that is Art/C’s stamp! Fun and deliciously irreverent ideas have charmed the whole of Paris ever since his first haute couture show in July 2010. However, at 40 years of age, Artsi Ifrach is leaving the city of lights and starting a new adventure in Marrakech…

An Israeli designer of Moroccan origin is presenting his couture collections in Paris whilst recently settling in Marrakech, his city of inspiration ! A good reason to focus on the daring talent of this awesome fashion designer… Marrakech Mag : How would you define Art/C style ? ART/C : Individual, a palette of colours, extravagant, and rich. MM : You design and cut, but how does a model come about ? AC : Every piece always has a source of inspiration. Today, Morocco nourishes that inspiration : the people, the streets, the colours as well as the energy. I then start to draw and models soon appear. MM : Is your passion for vintage fabrics of way of Look[ing] again –much like the name of your latest collection-, at the timeless elements of style ? AC : I am very interested in vintage materials because they are timeless. The past is a heritage that we take with us into the future ; this dialogue has created my style. Look again testifies to all that is possible as long as you are willing and means that you should never give up. Every moment delivers its share of beauty, gentleness, sincerity and difference, as long as you seize it. Look again captures this moment to make it last and lights up every day simply and unpretentiously, that is the heart of my collection, its essence as well as its expression. MM : What are your inspirations ? AC : other designers do not influence me even though I respect each of their worlds. I think that my work is very individual, with a signature mark that is very personal to me. Morocco’s diversity deeply influences me : its wealth, its colours and the strength of its

women. MM : From Tel-Aviv to Paris, and Marrakech, you make them go crazy! How do you define their expectations ? AC : I think that the women I dress all have their own pre-existing individual style and very free personal life in common. My look resulted from this formula, a style that is often marked with a “Vavavoum” spirit. Marrakech has not transformed my definition of Parisian elegance ; it has enriched it. MM : What is your first fashion memory ? AC : The photo of my mother in her wedding dress. In fact, I always take it with me. MM : Where can we find your new collection in Marrakech ? AC : I meet customers in my personal showroom, by appointment, but am soon to open a boutique in Marrakech, and offer a selection of items in various luxury hotels. Indeed, there is a strong interest for unique pieces from a refined and daring female clientele for wearing at chic events. Women always like to feel special and unique ! MM : What would you say is deeply Moroccan in your outlook ? AC : I think that my atmosphere and diversity can sum it up. I live in Marrakech, a sanctuary and paradise, which was a source of inspiration as soon as I arrived. After having drawn the contours of an original world with my previous collectio n Marrakech Express, I was looking to delve deeper into the secrets of this ancient city, its inhabitants and its lifestyles. At the heart of the crowd, I have discovered a city rich in contrasts,

where pride tackles against modesty, the sweetness of power, the desert of life. I look to re-transcribe in fabric the city’s stories in the colours I use, tell stories of its landscapes in the cuts I make, pay tribute to the discreet elegance of these ageless women, and to the beauty of their modesty. I have therefore imagined a collection on the crossroads of influences, which speaks to the imagination and keeps the body away from prying eyes. MM : Do you draw a new fervour from the Red City, as was the case for Yves Saint Laurent ? AC : I don’t know if it’s the same thing since we are now in a new era. But the similarity lies in travelling and experience. Each collection is a renaissance, a step forward on the path of life, a deeply rooted adventure in strength and trust on the path that guides the man that I am. So, Inch’Allah, that is where the similarity lies with Monsieur Saint Laurent… MM : If you were to show Marrakech to your foreign friends, what journey would you take ? AC : I would take them with me in my everyday life. First, breakfast at the Café des Epices in the Médina. We would then go hunting for treasures in the alleyways and stalls. For lunch, we would stop off at the Café de La Poste in Gueliz. At the end of the day, I would go to the Bab Hotel for a drink and an excellent meal. And if the festivities were to continue into the night, we would head for the So, the Sofitel night lounge. Those are my hideouts! ART/C : in Marrakech, sur rendez-vous Tel : +212 6 33 61 55 19



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vive la rentrée

1 - LE LIT GOLF “SAVOIR BEDS“ Un rêve pour fan de golf et grand dormeur qui peuvent y ranger leurs balles tout en dégustant un dernier verre avant de se prélasser. If you are a golf addict and appreciate a last drink before sleeping, this king size bed looks just like a dream! www.savoirbeds.fr 2 - LE JEAN 7 FOR ALL MANKIND L’indispensable de la rentrée, preppy et décontracté, à la coupe impeccable pour se la jouer comme Beckham, Brad, Léo ou Tom… This is the «Rolls-Royce» of the blue jeans, if you want to play it like Beckham, Brad, Léo or Tom... We love the color and the shape. www.7forallmankind.com 3 - LE BAGAGE EASTPACK BY KRISS VAN ASCH Léger et futé, ce porte-habit chic et original sait aussi se faire mini mini… In order to travel light and preppy, this might be the one of the best luggage of the season! www.eastpack.com 4 - LA ZIP CONVERSE Idéale pour dandy paresseux qui, grâce à un double zip, peuvent enfin trouver chaussure en cuir à leur pied. Just perfect for the «lazy dandy» who will stay

entlemen…

cool with this new double zip on these leather basket shoes. www.converse.com 5 - LE VELO PHARELL WILLIAMS Inspiré des vélos de coursiers à Brooklyn, en cuir de buffle d’eau, désigné par Pharell Williams, il se décline en 23 teintes et pèse 10 kilos. Un must have ! Inspired by the bicycles of the delivery boy, this Pharell William creation offers a remarkable design and large choice of 23 colors. A must have! www.domeauperes.com 6 - LES ENCEINTES MAURIZIO GALANTE Sculpture arbre high-tech, conçue sur-mesure par Elipson pour intérieurs “arty”, composée de 12 enceintes fruits suspendues et reliées à la base tronc par des fils rouges. This twining sound object designed by Maurizio Galante for Elipson is composed by 12 spherical speaker-fruits suspended from the celling by

creeper-cables, ripe for the picking. www.elipson.com 7 - LA MONTRE GANT En édition limitée à 1949 exemplaires, Michael Bastian lance sa première montre d’inspiration vintage au cadran en acier inoxydable ou en version black IP. Irrésistible. First watch creation in a vintage spirit for Michael Bastian. In stainless steel or Black IP, both models are in limited edition. Irresistible! www.gant.com 8 - LA MALLE DE JEUX PINEL ET PINEL Véritable malle aux trésors pour accros du jeux : dominos d’ébène, pocker à 1.000 jetons, Monopoly en édition d’origine, backgammon… 40 raisons de succomber à la tentation ! This spectacular game trunck in a beautiful orange leather and purple suede offers more than 40 different original games. No way to resist! www.pineletpinel.com


1 - LES LUNETTES MIU MIU Parfaites pour voir la vie en rose, vive la collection Miu Miu Noire ! Perfect for seeing «la vie en rose», this collection gives a vintage attitude with an amazing touch of elegance! www.miumiu.com 2 - LA LINGERIE AMOUR DE FIFI CHACHNILL La créatrice de dessous chics signe une collection toute en séduction, rétro et sexy. The queen of «dessous chics» offers a special taste of retro sexy look that will make you feel unique. www.fifichachnill.com 3 - PLAYBUTTON POUR KULTE Pourquoi écouter une chanson quand on peut aussi la porter ? Ce pin’s lecteur mp3 égrène la compilation Kulte Music. Déjà culte ! Why would you just listen to a song if you can also wear it ? This mp3 pin’s loaded with an exclusive Kulte Music compilation is already cult! www.kulte.fr 4 - LE PARFUM DIANE A l’image de son style glamour et joyeux, le parfum Diane Von Furstenberg conjugue frangipane et violette sur un air de séduction, de mystère et d’humour. The new DVF fragance like her style is dedicated to glamour and happyness. Now just with perfume you will be able to “be the woman you’ve always wanted to be !” www.dvf.com

6 - LE LOOK CELINE La maison donne une fois encore le “la“ de la tendance, et on craque… total ! Simply trendy and so perfect, we are always just crazy about Celine! And what about you? www.celine.com 7 - LA BOTTE HAVAIANAS Bottez en look pour éviter d’avoir le blues par temps pluvieux…

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When it rains cats and dogs, you have now the best fashion solution… www.havaianas.com 8 - LA COIFFEUSE MOISSONIER Esprit jean et jeune pour ce meuble d’époque relooké en toute beauté. Rock’n roll style for this antique spirit furniture just perfect to hide any beauty treasure. www.moissonier.com

vive la rentrée

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5 - LE SAC PERRIN Hollywoodien, ce sac en autruche gris comme ces gants cuissarde, signe le grand retour de l’ancestrale maison Perrin sur le marché du luxe. Well known in Los Angeles, the french leather goods Perrin sign one of the most beautiful ostrich bag we’ve ever dream… www.perrin.fr

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FADILA EL GADI

Si son nom est synonyme d’élégance, la broderie est son estampe ; sa griffe se pose sur des matières soyeuses -velours, cachemires, satins ou mousselines- pour révéler des lignes pures, aux tombés parfaits. Pour sa nouvelle collection, la palette de couleurs El gadi s’enrichit de bleu canard, violet et géranium, sur fond d’inspirations années 50, pour “une femme fatale, à la fois décidée et sophistiquée.” Mais cet automne souffle un vent de nouveauté : une ligne homme, qui, loin du dress code conventionnel, s’habille de fluidité déstructurée, et joue le minimalisme, sans jamais sacrifier la broderie. Her name is synonymous with elegance and embroidery is her signature feature; she also makes great use of silky materials – velvet, cashmere, satin or chiffon – to reveal pure lines with a perfect fall. For her new collection, peacock blue, violet and geranium have been added to the El Gadi colour range, on a 50s-inspired background for “the determined and sophisticated femme fatale”. The wind of change is also blowing this autumn: a collection for men, who, far from the conventional dress code, are donning unstructured fluidity and playing on minimalism, with that ever-present touch of embroidery.

Créateurs en Ville Rouge Leurs collections automne-hiver 2011/2012


SALIMA ABDEL WAHAB

Par : Mouna Anajjar

Le métissage est son maître-mot, la pluriethnicité, sa source d’inspiration. La créatrice, qui se revendique comme “une sorte de guerrier de la paix“, “une personne universelle“, nous livre ici encore une collection qui exprime à nouveau son amour pour les mixages hybrides. Des pièces japonisantes, une palette de couleurs étonnante, une mode unisexe, des vêtements interchangeables… Autant d’invitations à vivre l’expérience d’un nouveau monde, sans contraintes de barrières temps, ni de frontières. Mixing of cultures are her key words and multi-ethnicity her source of inspiration. The designer claims to be “a kind of warrior of peace”, “a universal person”, and has created yet another collection expressing her love for hybrid blends. Japanese-looking items, a palette of amazing colours, unisex styles, interchangeable clothing… as many invitations to experience a new world, without the constraints and boundaries of time or borders.

Ils ont Marrakech dans le cœur, ils s’y sont installés, ou y ont établi leur show room. Ils expriment la quintessence de la création mode Made in Morocco, version contemporaine. Zoom sur leurs collections automne-hiver 2011/2012.


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KARIM TASSI

Ce trublion du style, fan de Jean Paul Gaulthier et d’Alaïa, a créé à Marrakech un véritable laboratoire -Tassi Atelier (haute couture), Tassi (griffe mixte) et K.Tassi jeans (street wear)dans lequel les blasons de l’artisanat marocain sont autant de sources d’inspirations, qu’il réinterprète, puis sigle, dans un esprit résolument fashion. Ambassadeur invétéré de la culture marocaine, cette saison il nous embarque dans l’univers du haras qui a nourri sa dernière collection. La femme devient amazone, l’homme, voyageur éperdu, et les silhouettes sportives et sophistiquées prennent leur envol. This style agitator and Jean Paul Gaulthier and Alaïa fan, created a real fashion laboratory in Marrakech - Tassi Atelier (haute couture), Tassi (mixed fashion brand) and K.Tassi jeans (street wear) – where the blazons of Moroccan craftsmanship are sources of inspiration, which he reinterprets, then designs into resolutely trendy styles. The inveterate ambassador of Moroccan culture is taking us this season on a journey to the world of stud farms, which has influenced his latest collection. Women have been turned into amazons, men into passionate travellers, and sporty and sophisticated styles take flight.

Red City fashion designers Their 2011/2012 autumn/winter collections


NOUREDDINE AMIR

Couturier inspiré, artiste dans les tripes, Noureddine Amir est celui que l’on nomme “l’architecte du vêtement”. Créateur de costumes de théâtre et de cinéma, il pense ses compositions en mode sculpture, les teints et tatoue, dans une quête quasi monastique de l’épure parfaite. Fervent admirateur d’Issey Miyake, il se nourrit d’influences d’extrême orient, avec des lignes structurées et des effets de matières, à l’image de son travail sur le modelage du Sabra, dont il a seul le secret. Sa nouvelle collection poursuit cette quête, faisant éloge au bustier et à la capeline. An inspired couturier and artist at heart, Noureddine Amir is known as the “clothing architect”. This theatre and cinema costume designer thinks of his compositions as sculptures, dying and tattooing them in a quasi-monastic quest for perfect lines. A fervent admirer of Issey Miyake, he takes inspiration from the extreme orient, with structured lines and fabric effects, much like his Sabra modelling work, of which he alone has the secret. His new collection continues this quest, a tribute to the bustier and the wide-brimmed hat.

They hold Marrakech close to their hearts, settled there, or have set up their showroom in the city. They express the quintessence of modern Made in Morocco fashion design. Here is a closer look at their 2011/2012 autumn-winter collections.


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Photographe : Bernard Benant (www.bernardbenant.com) Modeles : Jennifer, Sadek, Marianne, Pascal Stylisme : Karim Tassi Coiffure : Paul-François Matraja (Directeur du Salon Jean-Michel Faretra, La Mamounia) Maquillage : Samuel Anajjar (Make Up Technology Center) Remerciements : Club Med Palmeraie


Jennifer : robe parapluie en jersey viscose rose fushia chez Zara, maillot de bain fushia Pain de Sucre chez Sous Entendu.


Sadek : sarouel smocking en gabardine de laine et soie chocolat Tassi au show room Tassi, chemise plissĂŠe en mousseline de soie et popeline de coton chocolat Tasssi. Marianne : robe cloche lie de vin en satin de soie avec finitions velours de soie Tassi au show room Tassi.


Pascal : gilet cuir cloutĂŠ noir Dior Homme, chemise popeline coton noir Noureddine Amir chez 33 rue Majorelle, pantalon sarouel en toile de coton gris Noureddine Amir chez 33 rue Majorelle.


Pascal : veste smocking gabardine noire Dior Homme, chemise rayures fines grises chez Zara, pantalon gabardine noir chez Zara.



Sadek : veste smocking crĂŞpe de laine noire chez Zara, sarouel en gabardine viscose blanc Noureddine Amir chez 33 rue Majorelle.


Pascal : manteau trench cuir noir Dior Homme, chemise classique chez Zara.


Marianne : robe lie de vin en satin de soie finitions velours de soie Tassi au show room Tassi.



Sadek : veste en jersey milano bleue chez Zara, tee-shirt jaune Stop Yama chez 33 rue Majorelle, pantalon large viscose noir chez Zara. Marianne : top crĂŞpe jaune chez Zara, pantalon ponge de soie mouchetĂŠ rouge et noir chez Zara.


Jennifer : robe parapluie Ă bretelles en popeline de coton bleu avec gros pois noirs de Isabelle Topolina.


Sadek : Jupe tablier vintage grosse toile de lin et tapis kilim de Salima Abdel Wahab chez 33 rue Majorelle



130/HORLOGERIE&JOAILLERIE

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BLACK & WHITE SPIRIT

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Une sélection d’horlogerie et de joaillerie très Couture pour une saison chic ourlée d’or blanc, de diamants, de nacre et de satin.

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1- Collier Kallista double-chute serti de diamants ronds purs, avec une perle blanche et une perle Tahitienne. 2- Boucles d’oreilles Kallista , Perles Australiennes blanches, et monture sertie de petits diamants de qualité pure. 3- Montre imperiale acier Chopard, étanche à 50 mètres, bracelet acier. 4- Bracelet “Belle d’Amour“ Mauboussin full pavage diamants. 5- Montre Dior VIII 33 MM quartz cadran sertie de diamants. 6- Bague rose Dior bagatelle, or blanc, diamants.

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7- Montre Maubousin “Amour Le Jour Se Lève“ ronde nacre, diamants, bracelet satin. 8- Bague Kallista sertie de diamants ronds purs, avec une perle blanche et une perle Tahitienne. 9- Boucles d’oreilles Chopard de la Collection “Imperiale“ en or blanc 18ct entièrement sertie de diamants. 10- Pendentif Mauboussin “Soleil d’Orient“ or blanc et diamants, une création joaillière exclusive pour le Maroc. 11- Montre Cartier Roadster S, cadran acier poli avec lunette en satiné.

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132/SAGA

Par : Sylvie Gassot

HAPPY BIRTHDAY

GUCCI ! Pour fêter ses 90 ans, la maison made in Italy revisite ses classiques, un luxe d’une indémodable jeunesse…

Campagne automne-hiver 2011/2012

L'HISTOIRE

Fils d’un artiste maroquinier, Guccio Gucci, né en 1881 à Florence, émigre à Paris, puis à Londres. Il s’émerveille, dans les palaces où il travaille, du luxe des bagages des voyageurs. De retour en Toscane en 1921, il ouvre sa maroquinerie et s’inspire de l’univers raffiné du monde équestre. Avec l’étrier pour symbole, il séduit une clientèle internationale distinguée. La pénurie des années 30 impose l’innovation, et Gucci favorise les matériaux insolites. Le chanvre tissé pour le motif entrecroisé de la toile Diamante des bagages, le bambou, dès 1947, pour anses de sacs. A sa mort en 1953, ses quatre fils prennent la relève et créent l’emblématique bande vert-rouge-vert, inspirée des sangles d’équitation. Clark Gable, John Wayne, Fred Astaire enjambent leur célébrité en mocassins maison griffés d’un mors brisé. Les années 60 imposent Gucci sur le podium de la séduction : Jackie Kennedy offre la postérité au sac Jackie O, Grace Kelly à l’écharpe Flora et Lauren Bacall aux mocassins... Prestigieuse, la maison au double G étend son empire en Asie à l’aube des années 70, mais la marque décline brusquement au début des années 80 suite à de querelles familiales. Rachetée en 1987 par une société d’investissement des Emirats Arabes Unis, Investcorp, Gucci se redresse et prend un fabuleux envol à l’arrivée de Tom Ford en 1994. Une décennie glorieuse, auréolée du rachat par le groupe de luxe français PPR qui fait de Gucci un fleuron de son empire. Et confie la création à Frida Giannini, merveilleusement attentive au savoir-faire patrimonial des maîtres artisans toscans qui se transmettent de génération en génération. Gucci forever ?

Boutique Gucci


L'ESPRIT GUCCI

Luxe, élégance et raffinement ! Le style Gucci décline maroquinerie, prêt-à-porter, haute couture, accessoires, bijoux, lunettes et montres, dans un esprit dolce vita. New dandy à forte personnalité pour lui, avec une silhouette fluide aux matières précieuses, tissant le soir un charme rockmantic. Allure cinématographique intemporelle et séduction puissante pour elle dont le sillage parfumé respire élégance et subtilité. Séquence émotion côté chaussures à la féminité tout en finesse et aux talons souvent vertigineux…

Gucci campaign, 2010

COLLECTION 1921

Ligne exclusive de prêt-à-porter et d’accessoires homme/femme, elle célèbre le 90ème anniversaire avec une nouvelle signature : G.GUCCI Firenze 1921. Estampillée sur les accessoires et boucles de ceintures, elle est imprimée sur les étiquettes de voyage en métal. Les créations phares de Frida Giannini se référent à l’héritage : "Chaque pièce de la collection raconte une anecdote, illustrant un chapitre de l’histoire de la maison." Parmi les joyaux vintage, le sac New Bamboo, le New Jackie en précieuses peaux de python, autruche ou crocodile, et le Horsebit Chain emportent la palme du glamour. Joyeux, l’imprimé Flora égaie sacs, robes et bijoux, alors que l’iconique toile Diamante signe en série limitée sacs à main, chaussures et articles de maroquinerie. Forza Italia !

Sac Jackie de la collection 1921

Jackie Kennedy and her Gucci bag

GUCCI FIAT 500

Les deux géants italiens customisent la première voiture haute couture sous la houlette de Lapo Elkhan, dandy héritier de la dynastie Fiat. A bande tricolore verte-rougeverte ornant la carrosserie, les ceintures de sécurité, les sièges et le levier de vitesse, cette Fiat 500 roule sous le signe de l’élégance. A l’attention des passagers, une ligne de gants de conduite, sacs de voyage, lunettes de soleil et montre complètent le lifestyle Gucci.

Campagne pour la fiat 500 Gucci


134/SAGA

HAPPY BIRTHDAY

GUCCI !

Rodolfo Gucci, Milan store,1970’s

To celebrate its 90th birthday, the made in Italy company is offering a new take on its classic products, the luxury of timeless youth…

THE STORY The son of a leather worker and artist, Guccio Gucci was born in 1881 in Florence and emigrated to Paris, then London. Travellers’ top-of-the-range luggage in the luxury hotels where he worked filled him with wonder. Back in Tuscany in 1921, he opened his own leather goods shop and took inspiration by the refined equestrian world and with a stirrup as a symbol, his products appealed to a distinguished international clientele. Shortages in the 1930s meant innovation and Gucci opted for unusual materials, such as woven hemp for the intertwined patterns on the luggage items’ Diamante canvas and bamboo bag handles from 1947 onwards. Gucci died in 1953 and his four sons took over from their father, creating the emblematic green-red-green band, inspired by horse riding straps. Clark Gable, John Wayne and

Fred Astaire showed off their celebrity status in the brand’s moccasins with the broken horsebit. Gucci also asserted itself on the seductive front: Jackie Kennedy immortalises the Jackie O bag, Grace Kelly the Flora scarf and Lauren Bacall moccasins... The prestigious double G company extended its empire to Asia at the beginning of the 1970s, but the brand suddenly waned at the beginning of the 1980s following family disputes. Bought up in 1987 by an investment company from the United Arab Emirates, Gucci recovered and took flight with Tom Ford’s arrival in 1994. A glorious decade, crowned with the takeover by French luxury group PPR, which made of Gucci its empire’s flagship. Design was entrusted to Frida Giannini, who is wonderfully attentive to the patrimonial expertise master Tuscan artisans have passed down from generation to generation. Gucci forever?


ENGLISH

Gucci workshop

THE GUCCI SPIRIT Luxury, elegance and refinement! The Gucci style offers a great range of leather goods, ready-to-wear, haute couture, accessories, jewellery, glasses and watches, in a dolce vita spirit. New dandy with a strong personality for him, with a flowing style with precious materials, weaving his rockmantic charm in the evening. Timeless cinematographic look and powerful seduction for her, whose perfumed trail exudes elegance and subtlety. The shoes inspire great emotion with their delicate femininity and breathtakingly high heels…

1921 COLLECTION This exclusive ready-to-wear and accessories range for men and women is celebrating the company’s 90th birthday with a new brand: G.GUCCI Firenze 1921. Stamped on accessories and belt buckles, it is even printed on metal luggage labels. Frida Giannini’s flagship designs hark back to Gucci’s heritage: “Each item in the collection tells an anecdote, illustrating a chapter in the history of the company.” Glamorous vintage gems include the New Bamboo bag, the New Jackie in precious python, ostrich or crocodile skin, and the Horsebit Chain. The cheerful Flora print brightens up bags, dresses and jewellery and the iconic Diamante canvas can be found on a limited series of handbags, shoes and leather good items.

Atelier Gucci

GUCCI FIAT 500 The two Italian giants are customising the first haute couture car under the leadership of Lapo Elkhan, the dandy heir to the Fiat dynasty. A tricolour green-red-green band adorns the bodywork, seatbelts and gear stick for an elegant Fiat 500 indeed. Attention all passengers: a range of driving gloves, travel bags, sunglasses and watches are also part of the Gucci lifestyle. Forza Italia!

Frida Giannini, courtesy of Mert Alas & Marcus Piggot

Gucci campaign, 1960


136/TENDANCE

Par : Sylvie Gassot

une fille un style

un lieu

Laetitia Trouillet en mode bohême chic au Studio Lalla

Q

ui est Laetitia Trouillet ? Allure décontractée, tempérament de feu, cette jolie Française a beaucoup voyagé, les yeux en kaléidoscope, pour nourrir sa fibre artistique. La tendance est son alphabet, la création son oxygène. A Londres, Paris ou New York, son nom résonne comme un bureau de tendance, car elle choppe l’air du temps avec un goût sûr pour les matières nobles et traduit ses intuitions en collections d’accessoires qui cartonnent. Parmi ses aficionados, de fameux bureaux de style, des créateurs et une brochette de célébrités qui se refilent son adresse tel un sésame gagnant, comme Gwyneth Paltrow sur son blog. Personal Shopper, consultante, acheteuse, elle signe la boutique du Four Seasons avec une sélection des meilleurs créateurs et artisans du Maroc. Son talent ? Une vision du luxe évidente et

un plaisir à inventer, avec un savoir-faire qui honore l’artisanat. Une tente caïdale pour les Hamptons ? Elle la propose à l’identique, mais en noir et blanc pour s’intégrer à l’environnement, et suit fabrication et livraison. Un bijou traditionnel pour une jeune épouse en Australie ? Elle métamorphose un trésor d’hier d’un bain d’argent et présente une parure de reine… Après avoir ouvert sa boutique écrin dans la Médina, au Souk Cherifia, elle inaugure, au Guéliz, le Studio Lalla. Un concept store craquant et incontournable où mieux vaut prendre rendez-vous, l’accueil y sera encore plus délicieux... Quel est le concept du Studio Lalla ? Un appartement-show room en étage qui rend l’expérience “shopping chez Lalla” chaleureuse, cosy et centrale. Fainéants, ses clients du Guéliz n’avaient pas le courage d’aller jusqu’à la Medina et réclamaient des livraisons à domicile. Là, plus d’excuses, rue de la Liberté, il y a même un ascenseur ! Lieu de rencontre et de travail de 120m2, collé au Kechmara -le restaurant de son mari, un hasard !-, le studio de création réunit atelier, bureau et boutique. Ambiance “comme à la maison” : fauteuils AA en cuir naturel, tapis colorés, brassées de roses et mobilier vintage pour vacanciers heureux d’accorder pause citronnade et

shopping, et rendre informel un rendez-vous professionnel. Cette saison, pleins feux sur les pochettes et besaces de la it ligne en cuir multicolore : Python patchwork et un vaste choix de clutch oversized ou mini, à rabat pour le soir, à poignée ultraplate pour la journée. Trousses et porte feuilles côtoient le rayon vintage, avec ceintures, bijoux et accessoires chinés à Casablanca, Agadir et Tanger. Enfin, place aux coups de cœur, avec une sélection de livres, cd et objets déco... La surprise, c’est “Studio Lalla Loves...” Chaque trimestre, Studio Lalla invite un créateur, designer, styliste ou artiste, à exposer ses œuvres en édition limitée. La marraine est Sylvie Franquet, journaliste lifestyle pour Vogue, qui collectionne tissus, perles et rubans dénichés au Caire, à Marrakech, Anvers… Ses châles et foulards sont des créations uniques fantastiques, handmade with love, comme l’évoque les étiquettes brodées main. Ce tribute aux talents dynamise l’espace et accompagne de mini collections actualisées en permanence au fil de ses envies... Studio Lalla : 5 bis rue de la Liberté, 2ème étage, Guéliz, Marrakech Sur rdv (du lundi au samedi) au +212 5 24 44 72 23 ou +212 6 61 47 72 28 www.lalla.fr


ENGLISH

One girl, one style, one place Laetitia Trouillet in chic bohemian fashion at Studio Lalla

W

ho is Laetitia Trouillet? With a relaxed appearance and a fiery nature, this pretty, French woman has travelled the world, with kaleidoscope eyes, to feed her artistic fibre. Trend is her language, creation her oxygen. In London, Paris or New York, her name resounds like a styling agency, since she catches current trends with a sure taste for noble materials and translates her intuitions into very popular collections of accessories. Her aficionados include renowned trend forecasting agencies, designers and a bunch of celebrities who pass on her address like a winning ticket, not least Gwyneth Paltrow on her blog. As Personal Shopper, consultant, and buyer, she put her mark on the Four Seasons boutique with a selection of pieces from the best Moroccan designers and craftspeople. Her talent lies in a clear vision of luxury and pleasure in inventing, alongside expertise that pays tribute to craftsmanship. In need of a Moroccan tent in the Hamptons? She offers the exact same product, but in black and white to fit in with the surroundings, and follows the manufacturing and delivery process. Looking for a piece of traditional jewellery for a young bride in Australia? She metamorphoses a treasure of yesteryear with a single coat of silver and presents jewellery fit for a queen… After having opened her showcase boutique in the Medina’s Souk Cherifia, she inaugurated Studio Lalla in Gueliz. The welcome in this gorgeous and unmissable concept store is even

more delightful by appointment… What is Studio Lalla’s concept ? A multi-storey apartment-show room that makes the “Lalla shopping” experience all the more friendly, cosy and central. Her lazy Gueliz customers lacked the courage to go all the way to the Medina and often requested home deliveries. Now, there is no excuse: the store is located Rue de la Liberté and even has a lift! A 120m² meeting and work place, right next to the Kechmara – her husband’s restaurant, quite by chance! -, the design studio brings together workshop, office and boutique. With its “feel at home” atmosphere, AA butterfly chairs in natural leather, colourful carpets, armfuls of roses and vintage furniture, happy holidaymakers can treat themselves to a lemonade and shopping break, and a professional meeting can be made a little more informal. This season is focussing on sleeves and bags from the multicoloured-leather it range, Python patchwork, and a vast range of oversized and mini clutches, with a flap for the evening and an ultra-flat handle for daytime use. Wash bags and wallets sit next to the vintage section, belts, jewellery and accessories gathered in Casablanca, Agadir and Tangier. Not to forget a few favourite items: a selection of books, CDs and decorative objects… A “Studio Lalla Loves...” surprise Every trimester, Studio Lalla invites an object, clothes or furniture designer, or an artist to

exhibit their work as a limited edition. The person behind this initiative is Sylvie Franquet, a lifestyle journalist for Vogue, who collects fabrics, beads and ribbons unearthed in Cairo, Marrakech, and Antwerp… Her shawls and scarves are fantastic, unique creations, handmade with love, as mentioned on the hand-embroidered labels. This tribute to talent gives a dynamic to the space and accompanies mini collections permanently updated with whatever takes her fancy... Studio Lalla : 5 bis rue de la Liberté, 2nd floor, Guéliz, Marrakech By appointment (Monday to Saturday) : +212 5 24 44 72 23 ou +212 6 61 47 72 28 www.lalla.fr


138/PORTFOLIO


Divine connexion

Othman Zine












150/PORTRAITSCROISES

Par : Mélanie Polatova

PROFESSION FREE LANCE Qui sont-elles, ces Marocaines du XXIe siècle, aux vies originales, voire marginales, sortant du schéma sociétal traditionnel, vivant chaque année de nombreux mois loin de chez elles ? Trentenaires, pros de l’évènementiel, elles ont privilégié la “formule” free lance au salariat classique, vous les croisez dans les festivals, les défilés, spectacles et concerts. Armées de talkie-walkies, elles semblent montées sur ressorts tout le temps de leur “opé” (comprenez “opération”)... Nous avions envie de savoir à quoi ressemblait leur vie. Portraits croisés.

Leïla : “Nunuches : s’abstenir !”

C

ôté charisme, Leïla n’est pas en reste. Cette jeune femme dynamique est rentrée dans le monde de l’évènementiel par la grande porte : celle du cinéma. “Mon ex-mari avait une boîte de prod (KS Events), et du haut de mes 20 ans, j’étais fascinée par les acteurs et les tournages. J’ai commencé par faire des doublures, puis je me suis intéressée à l’envers du décor, et c’est là que j’ai trouvé mon bonheur“. Leïla se passionne tout de suite pour la mise en scène et la régie, elle rencontre ensuite Myriam Abikzer (Avant Scène) avec qui elle vivra les prémices de l’évènementiel au Maroc. “J’ai la chance d’avoir touché à tout : l’artistique, la logistique, la prod, le protocole ; mais mon kif, c’est l’artistique : régir des évènements, mettre en scène des défilés... Le top, c’est le Salon du Cheval pour lequel je suis régisseur : un mois et demi sur le terrain, à tout organiser, tout gérer de A à Z.“

pas faire autre chose, genre rester devant un ordinateur dans un bureau avec des horaires fixes... Non, j’aime trop mon métier et la sensation de liberté qu’il me procure !“ Un métier compatible avec une vie privée épanouie ? “Oui, bien sûr ! D’autant que mon fiancé fait le même métier que moi, donc quand on aura des enfants, on pourra se relayer pour les opé... C’est encore mieux qu’un job lambda, on profitera de nos enfants pendant les semaines off.“ Leïla n’est pas le genre de fille à s’encombrer avec des faux

problèmes, d’ailleurs elle ne se sent pas marginale ni en contre-courant avec la société qui l’entoure, c’est une femme qui vit avec son temps, passionnée par son métier, soutenue par sa famille et son entourage. Philosophie “no complex”. Un conseil à donner à celles qui aimeraient s’engager dans la même voie ? “Nunuches  : s’abstenir ! Il faut avoir une grande gueule... comme moi ! (Rires), du culot, de la personnalité... et foncer.“ Alors, des candidates ?

Son truc à Leïla, c’est l’action, un peu comme une drogue, car malgré le stress et la fatigue inhérents aux «opé», durant lesquelles elle n’a pas le temps de souffler, elle s’ennuie dès que ses temps morts sont trop longs. “L’avantage, c’est qu’on travaille quand on veut, mais moi je fais le max car les périodes d’inactivité me paraissent vite interminables. Je ne me vois

“Ninnies: beware !”

L

eïla certainly has plenty of charisma. This young dynamic woman came into the event-planning world from the top, with cinema. “My ex-husband owned a production company (KS Events) and at just 20 years of age, I was fascinated by actors and film shoots. I started standing in, then I took an interest in behind the scenes and that’s where I found what I was looking for”. Leïla took an immediately liking to directing and production. She then met Myriam Abikzer (Avant Scène) with whom she experienced the beginnings of event planning in Morocco. “I am lucky enough to have tried out everything: artistic, logistics, production, protocol; but what I love is the artistic side of things: managing events, staging fashion shows… The best if the Salon du Cheval horse show which I direct: a

month and a half on site, organising everything, managing things from A to Z”. Leïla’s “thing” is action, a bit like a drug since, despite the stress and the tiredness inherent to these events, a not having a moment’s rest, she soon gets bored when slack periods drag on for too long. “The advantage is that you work when you want to, but I tend to do a maximum of things since periods of inactivity soon feel never-ending. I don’t see myself doing anything else, such as staying in front of a computer at a desk for set hours… I love my job too much and the sense of freedom it gives me!” Is this job compatible with a fulfilled private life? “Yes, of course! Especially since my fiancé and I do the same job, so when we have children, we’ll be able to take over from each

other during events… It’s even better than an average job since we’ll be able to spend time with our children during off weeks.” Leïla is not the kind of woman to load herself down with false problems. Indeed, she never feels unconventional or that she is going against the current of the society that surrounds her. This is a woman that moves with her times, is passionate about her profession, and supported by her family and friends. Her philosophy is “no complex”. A piece of advice for those who would like to follow the same path? “Ninnies, beware! You have to be a loudmouth… like me! (Laughs), have a lot of nerve, personality… and just go for it.” So, any candidates out there?


Roky : “Je ne rentre pas dans le moule.”

R

oky est le genre de fille qui ne laisse personne indifférent. Une énergie à vous couper le souffle, une personnalité bien trempée. “Au départ, j’étais partie pour devenir pharmacienne, comme ma maman. Mais durant mes études en Espagne, j’ai réalisé que je n’étais pas du tout faite pour ce métier. A l’image de mon physique, je ne ferai jamais du 36 : je suis généreuse, plantureuse et heureuse ! Je ne rentre pas dans le moule…“ Alors qu’elle faisait un break dans ses études, Roky s’est présentée spontanément au directeur du Festival du Film de Marrakech, et il l’a embauchée... pour son culot ! “Ce premier festival a été un déclic. Après, j’ai fait mon stage sur le Salon pharmaceutique de Casablanca, où j’ai rencontré mon mentor, Zaloula Tazi, puis je me suis lancée dans l’évènementiel en tant que free lance. Cela fait 5 ans“. Au départ, les parents de Roky avaient du mal à accepter cette vie marginale de voyageuse (elle se déplace entre deux à trois mois pour chaque évènement) et certains de ses amis

ne comprennent toujours pas son choix de vie. “Mais je suis heureuse ! S’emporte t-elle. J’adore ma vie telle qu’elle est, et même si je ne suis pas une Marocaine typique, avec mari et enfants, j’aime mon métier qui me fait vivre de magnifiques expériences humaines et des moments privilégiés, comme ceux passés avec Mika ou Carlos Santana dans les coulisses de Mawazine, ou encore José Garcia pendant le Festival du Film... Et puis, oui c’est vrai, on est sous pression pendant toute la durée de l’opé, mais au moment où ça s’arrête, on a tous un peu le spleen.“

Roky avec Emma de Caunes au FIFM 2005

Roky gère la logistique ou la production selon les évènements (Mawazine, Salon du cheval, Festival du Film, Marrakech Grand Prix...), son job consistant surtout à improviser face aux imprévus quotidiens pour lesquels il faut toujours avoir un Plan B dans le tiroir. Des situations qui génèrent du stress, et au final une adrénaline qui rend nos free lance de choc accros à leur métier. Alors Roky, à quoi ressemblerait l’avenir ? “J’espère avoir des enfants, et je serai prête à faire une pause pour cela.“ Une pause, a t-elle dit, juste une pause...

Who are these 21st century Moroccan women with original not to say unconventional lives, straight out of a traditional social system, living months away from home every year? These thirtyyear-old event planners have chosen the freelance “formula” instead of classic employment. You can meet them at festivals, fashion shows, performances and concerts. Armed with walkie-talkies, they seem to abound in energy throughout their event… We were keen to find out more about their lives. Here are their portraits.

R

oky is the kind of woman that makes an impression on whomever she meets. An energy that astounds you; a sturdy character indeed… “To start with, I was heading for a career as a pharmacist, like my mother. However, during my studies in Spain, I realised that the profession didn’t suit me at all. Much like my physical appearance, I would never fit into a size 36: I am generous, ample-bodied and happy! I don’t fit into the mould…” During a break from her studies, Roxy spontaneously asked for work from the director of the Marrakech Film Festival and he hired her… for her bottle! “This first festival triggered something in me. I then did a work placement at the Casablanca pharmaceutical

“I don’t fit into the mould.” tradeshow, where I met my mentor, Zaloula Tazi, and then went into freelance event planning. That was 5 years ago”. To begin with, Roky’s parents were finding it hard to accept this unconventional traveller’s life (she goes away two to three months at a time for each event) and some of her friends still fail to understand her lifestyle choice. “But I’m happy! She protests. I love my life as it is, even if I am not the typical Moroccan woman, with a husband and children. I love my job: it gives me the chance to experience fantastic human experiences and special moments, like those with Mika or Carlos Santana behind the scenes of Mawazine, or with José Garcia during the film festival... And of course, I can’t deny that you’re under

pressure throughout the event, but once it’s over, we all feel a little bit down.” Roky manages logistics or production, depending on the event (Mawazine, Salon du cheval, Festival du Film, Marrakech Grand Prix...), not least involving a lot of improvisation if anything unexpected crops up and always having a Plan B to put into place. Situations that generate stress and therefore adrenaline have our dynamic freelancers hooked on their work. So Roky, what does the future look like? “I hope to have children, and I would be ready to take a break to do so.” A break, says she, just a break…


152/CIRQUE

Par : Sylvie Gassot

LE CLUB MED FAIT SON

CIRQUE

ans la Palmeraie, l’école du cirque du Club Med offre un enseignement ultraprofessionnel. Voilà une parcelle de bonheur qui ouvre une fenêtre sur un imaginaire insoupçonné… Ici, enfant et trapèze volant sont deux mots qui vont si bien ensemble ! Une expérience, parole de GM (Gentil Membre), dont on garde le souvenir tatoué à vie ! Aventure menée cœur battant dans des conditions de sécurité optimales, qui offre l’impossible à portée de doigts, dès l’âge de 4 ans. Acrobates juniors faisant l’avion avec l’agilité de l’aigle, ils enchaînent, scotchés au chapiteau magique, jonglage, trampoline, vélo à une roue, pyramide humaine, fil… sous l’œil expert de masters GO (Gentil Organisateur) qui infusent le sens du défi avec une bienveillance à faire pousser des ailes. Défiant l’apesanteur, les gymnastes en herbe, frêles, audacieux, timides

D

ou clowns, décrochent leurs rêves et leur quart d’heure de célébrité façon Andy Warhol lors du spectacle hebdomadaire sous les hourras des copains et des parents secoués d’émotion. Photo ou vidéo à l’appui, l’exploit, symbolisé par une médaille, épingle au moral une colonne vertébrale en platine. Le Club Med a inventé son cirque du soleil, bravo ! Pour petits et grands : trapèze volant, jonglage et trampoline, tous les jours sauf le samedi. Tarif : inclus dans le prix du séjour, ou possibilité d'acheter un Day Pass (sports et activités + déjeuner + piscine, de 10h à 18h. Adultes : 600 DH, ados : 300 DH et enfants : 240 DH). Club Med Marrakech La Palmeraie : Sidi Yahya, la Palmeraie Tel : +212 5 24 42 58 00

THE CLUB MED

IS CLOWNING AROUND! n the Palmeraie, the Club Med circus school offers ultraprofessional training. This slice of happiness opens a window on an unsuspected imagination… Here, children and flying trapeze are three words that go perfectly together! An experience to be remembered their entire life, scout’s honour! This adventure is led with beating heart in optimum safety conditions, offering the impossible when within the reach of small fingers from the age of 4. Under the magical big top, junior acrobats glide through the air with the agility of an eagle, moving onto juggling, trampolining, unicycling, human pyramids, tightrope walking… under the watchful and expert eye of master organisers who instil a sense of challenge with enough kindness

I

to grow wings. Defying weightlessness, these budding gymnasts, fragile, daring, timid or comic, reach for their dreams and their fifteen minutes of fame, Andy Warholstyle, during the weekly performance much applauded by friends and shaken-up parents. With a photo or video as proof, the exploit, symbolised by a medal, is a true confidence builder. The Club Med has invented its own Cirque du Soleil, a true circus in the sun: bravo! For young and old alike : flying trapeze, juggling and trampoline, every day except Saturday. Rate: included in the price of the stay, or purchase a Day Pass (sports and activities + lunch + swimming pool, from 10am to 6pm. Adults : 600DH, teenagers : 300DH and children : 240DH).



154/DECOUVERTE

Par : Nathalie Rigoulet

aux portes de

Marrakech

L

e petit crocus d’automne dont les stigmates fournissent le safran a une longue histoire. Le safran, qui fut pendant plusieurs décennies l’épice la plus chère au monde, serait originaire du Moyen-Orient et aurait été cultivée pour la première fois dans les provinces grecques il y a plus de 35 siècles. La plus grande part de la production mondiale, qui s’élève à environ 300 tonnes par an, provient d’une large ceinture s’étendant de la mer Méditerranée jusqu’au Cachemire occidental, à l’est. Les caravaniers, qui transportaient denrées alimentaires et épices en provenance d’Afrique Noire, ont essaimé ce noble épice qui a trouvé une terre d’adoption, il y a quatre siècles, au sud-est du Maroc, à

Taliouine. Depuis quelques années, le crocus sativus a rejoint d’autres régions du Royaume dont celle de Marrakech, devenue depuis dix ans l’une des plus importantes safranières du Maroc. Installée à Tnine Ourika à 34km de la ville ocre, l’or rouge a trouvé dans cette belle vallée un terroir, un climat et un savoir faire exceptionnels. Si vous projetez de visiter la Safranière de l’Ourika prévoyez du temps... Accueillie par les propriétaires des lieux, Mr Laqbaqbi Abdelaziz et son épouse Fatima Zahra, ce fut un régal d’écouter leur histoire. Lui, chirurgien, et elle, médecin, rien ne les destinait à priori à la culture du safran, mais voilà... alors qu’ils travaillaient tout deux en France dans la belle région du Lot, ils ont été charmés par l’accueil et le savoir-faire des agriculteurs du coin et se sont intéressés de très près à la culture du fameux crocus. De retour à Casablanca, ils viennent très souvent se balader dans la région de Marrakech et finissent par trouver en 2000 un terrain de 7 hectares, idéal pour leurs plantations. Ils travaillent la terre, et mettent en pratique tout ce qu’ils ont appris sur la culture du safran ; ils plantent… et ça marche ! Ils récoltent depuis dix ans l’équivalent de 4 à 5kg de la précieuse épice, qui se place parmi les meilleurs safrans du marché. Pour mieux comprendre cette culture, quelques petites explications s’imposent. Au mois de septembre, les bulbes de crocus de gros diamètre sont mis en terre, puis irrigués à raison d’une fois tous les 15 jours ; pas gourmande la plante ! L’éclosion de ces sublimes crocus mauves débute fin octobre, jusqu’à fin novembre, et commence alors le travail le plus délicat. Près de 80 femmes de la région viennent cueillir, avant le lever du jour, les crocus, fleur par fleur, puis enchaînent avec la phase d’émondage qui consiste, à

l’abri de la lumière, à délicatement retirer les stigmates rouges qui sont ensuite séchés dans des machines afin de conserver toutes leurs propriétés. Le séchage est une étape essentielle : le safran frais doit perdre les 4/5 de son poids et son taux d’humidité doit être aux alentours de 12%. Il faut ensuite attendre 21 jours pour que le safran livre tous ses arômes. Sachez qu’il faut environ 200 fleurs pour obtenir un gramme de safran sec ! Le Crocus sativus est une plante très bien adaptée au climat de la région, puisqu’entre le mois d’avril et le mois d’août -mois les plus secs et plus chauds au Maroc-, elle entre dans une période de dormance pendant laquelle elle n’a pas besoin d’être arrosée. Comme tout produit de luxe, le safran subit malheureusement de nombreuses contrefaçons, et il n’est jamais facile d’être certain que celui que vous trouvez en vente soit de bonne qualité. Quelques petits tests simples peuvent vous aider : un bon safran se caractérise par sa couleur rouge sang et par la flexibilité de ses stigmates, son goût doit être amer et légèrement piquant. N’hésitez pas à écraser entre vos doigts un filament, il doit dégager une couleur jaune d’or, sinon verser dessus de l’eau chaude, et celle-ci se colorera en jaune d’or uniquement ! Evitez d’acheter du safran en poudre, qui n’est souvent que du curcuma. Si on connait bien sûr le safran pour ses valeurs gustatives, cette plante recèle aussi des qualités médicinales -anticancéreuses, anti-oxydantes- et un fort pouvoir colorant jaune-orangé, lumineux... d’une pure beauté ! La Safranière de l’Ourika,
Ferme Boutouil Takateret : Km 34, Tnine Ourika Tel : +212 5 22 48 44 76 www.safran-ourika.com


ENGLISH

SAFFRON AT THE DOORS OF MARRAKECH

T

he small autumn crocus whose stigmas supply saffron has a long history. For decades the most expensive spice in the world, saffron is thought to have come from the Middle East and to have been cultivated for the first time in the Greek provinces more than 35 centuries ago. The biggest share of production in the world weighs in at approximately 300 tonnes a year and comes from a large strip extending from the Mediterranean Sea to Western Cashmere in the east. The caravans that transported foodstuffs and spices from Black Africa carried the noble spice to far reaches and saffron was adopted four centuries

ago in Taliouine, southeast Morocco. For the past few years, the Crocus Sativus has rooted in other regions of the Kingdom including Marrakech, for the past ten years one of the most important saffron-growing area in Morocco. In Tnine Ourika, 34km from the Red City, the red gold has found exceptional land, climate and expertise in this beautiful valley. If you are planning to visit Ourika, give yourself plenty of time… The owners of the premises, Mr Laqbaqbi Abdelaziz and his wife Fatima Zahra, are truly welcoming and listening to their story was a true delight. In principle, nothing destined this surgeon and his doctor wife to grow saffron but… having both worked in France in the beautiful Lot region, they were charmed by the welcome and expertise of local farmers and started taking great interest in growing the famous crocus. Back in Casablanca, they very often wandered the Marrakech region and ended up finding a 7-hectare plot in 2000, ideal for their plantations. They worked the land and put into practice everything they had learnt on saffron growing; they planted… and it worked! They have been harvesting the equivalent of 4 to 5kg of the precious spice for the past ten years, making them one of the best saffron producers on the market. This crop requires a few explanations for a better understanding. In the month of September, the large-diameter crocus bulbs are planted then irrigated once every two weeks; not exactly what you would call thirsty! The sublime purple crocuses start to blossom at the end of October, flowering until the end of November, then starts the most delicate part of the process. Approximately 80 women from

the region come to pick the crocuses, flower by flower, before daybreak then move on to the trimming stage that consists in, away from any direct source of light, delicately removing the red stigmas, which are dried in machines to retain all of their properties. The drying is an essential stage: fresh saffron has to lose 4/5 of its weight and its humidity rate must be of approximately 12%. You then have to wait 21 days for the saffron the deliver all of its aromas. You need approximately 200 flowers to obtain a gram of dried saffron! The Crocus Sativus is a plant that is well adapted to the region’s climate since, between the months of April and August – the driest and hottest months in Morocco -, it enters a period of dormancy during which it does not require watering. Like any luxury product, saffron has unfortunately suffered from counterfeiting and it is never easy to be certain of its quality. A few simple tests can help: good saffron is characterised by its blood red colour and the flexibility of its stigmas, and its taste must be bitter and slightly hot. Crushing a filament must give off a gold colour; the same test can be done by pouring hot water over it. Avoid buying powdered saffron, which is more often than not turmeric. Saffron is known for its taste but this plant also conceals medicinal – anti-cancer, anti-oxidant – qualities and wonderful luminous yellow-orangey dyeing properties… of pure beauty! La Safranière de l'Ourika,
Ferme Boutouil Takateret : Km 34, Tnine Ourika Tel : +212 5 22 48 44 76 www.safran-ourika.com


156/AILLEURS

Le Brésil passe la surmultipliée. Et avec son appétit pour la modernité, se dessine une envie de définir un nouvel art de vivre, non sans honorer, au passage, son héritage moderniste, la luxuriance de ses paysages et son penchant naturel pour la Bossa Nova ! Enthousiaste, avide et créatif, le Brésil a l’horizon pour seule limite …



158/AILLEURS

Par : Marie Le Fort

Vue toute en longueur du restaurant Kaa imaginé par Arthur de Mattos Casas à Sao Paolo.

Détail de la collection Petit Retro créée par Luca Schiller.

La boutique design Decameron est installée à l’intérieur de containers fluos.

Culture urbaine Rio est une ville multiple, qu’un seul regard ne peut embrasser. Pas même celui du Corcovado qui domine la baie de ses deux grands bras ouverts. Si elle est bourgeoise et riche à Ipanema, elle est ourlée de favelas sur toutes les hauteurs alentour. Elle n’en reste pas moins unanimement sexy. Nourrie de cette diversité qui se transvase et se déverse, Rio vit au rythme de ses palais décadents sur la colline de Santa Teresa, de son architecture moderniste et de ses tags, qui coulent sur les murs comme le sang d’une artiste rebelle. Habité ou abandonné, chaque interstice urbain semble être un prétexte à une forme d’expression inspirée. Tags verbaux, personnages solitaires, monstres colorés, la ville devient une immense fresque à ciel ouvert. Tout aussi inattendue, la silhouette du magasin de design Decameron s’étage de couleurs à l’image des containers fluos qui le composent. Œuvre de l’architecte pauliste Marcio Kogan et de son équipe (Studio MK27), il contraste avec la pureté des lignes qui composent généralement les résidences privées qu’il signe : là où l’assemblage coloré domine, dans un

contexte urbain, pour ce magasin de mobilier intérieur-extérieur inspiré, d’autres aplats minimaux signent en général ses autres réalisations architecturales. Omniprésent, le modernisme règne au Brésil : riche héritage du passé, il semble lorgner -rigide, tendre et paternaliste à la fois- par-dessus l’épaule des architectes contemporains, dont Marcio Kogan est sans contexte le chef de file de ce courant “moderniste allégé”. A l’image de sa Paraty House, récemment finalisée. Suspendus dans la colline au milieu d’une végétation luxuriante, deux longs cadres horizontaux en béton chamarré de reliefs composent une installation géométrique en apesanteur. Comme allégée, l’architecture semble “tenir toute seule”, comme si son ossature avait été effacée, que les interstices avaient été gommés pour ne laisser que l’essentiel : deux boîtes à vivre déportées vers l’avant. A l’heure où tout est photoshoppé, la perfection de l’ensemble reste troublante. Depuis la plage, les pièces encastrées en façade se découvrent comme un storyboard de bande dessinée : à l’intérieur, la vie quotidienne y est comme scénographiée, chorégraphiée. De l’intérieur, à contrario, le paysage se met en scène :


Vue d’une chambre du Insolito Boutique Hotel à Buzios.

panoramique, il apparaît cadré de noir comme à travers le viseur d’un Hasselblad. Délimiter, surligner, apurer et protéger, tels sont les piliers de l’architecture de Marcio Kogan, enfant pauliste et réalisateur à ses heures perdues. Fasano, un empire du luxe résolument brésilien Dans la famille Fasano, demandez le grand frère au profil noble et mains gantées : installé à Sao Paolo, cet élégant immeuble joue sur les codes du chic-rétro. Tout droit sorti de l’imagination cinématographique de l’architecte Isay Weinfeld, il rappelle l’héritage moderniste des immeubles new-yorkais d’antan avec son immense horloge qui veille au sommet de manière énigmatique le soir venu. Paré de murs acajou, fauteuils club intemporels et élégantes patines, il trouve tout naturellement son éclat au contact de shakers et beaux livres, verres à Martini et lampes de bureau vintage. Petit-frère décomplexé à l’affût des fêtes et compliments, le Fasano Rio -ouvert en 2007- offre une vue de carte postale sur la plage branchée d’Ipanema et ses pains de sucre. L’hôtel -qui affiche complet en permanence- est incontestablement l’option “design” de la ville, fréquentée par un mélange de riches américains, de mannequins et de célébrités brésiliennes. A l’image de Philippe Starck, son concepteur, ce membre de la famille Fasano est opulent (piscine en marbre sur le toit), pragmatique (chambres fonctionnelles bien pensées face à la mer) et ludique (jeux de rideaux dans lobby et le restaurant). Certainement le plus calme et réservé, Las Piedras est le dernierné de la dynastie des hôtels Fasano : situé près de Punta Del Este, luxueux lieux de villégiature pour riches argentins, brésiliens et uruguayens, il s’égraine au fil de 32 bungalows imaginés par Isay Weinfeld. Sur fond d’espaces rétro-modernes, il marie murs de pierres et nobles essences de bois non sans un air “rustic-chic”. Unique avec son spa habillé de bois clair aux allures scandinaves, son Pool Bar ouvert sur une piscine naturelle entourée de rochers saillants, et un restaurant couleur tabacroux entouré de pierres apparentes, l’empire

Fasano a de beaux jours devant lui, même à la campagne. Côtes paradisiaques A Trancoso, sur d’idylliques plages brésiliennes proches de Bahia, Uxua se mêle à la vie bohème-chic de ce petit coin de paradis qui rappelle -à ses aficionados- le St Tropez des années 50. Aménagé par le directeur artistique de la marque Diesel, Wilbert Das, l’hôtel est un éden stylistique : murs blanchis à la chaux, mobilier organique sobre, hamacs et salles de bain extérieurs, composent la carte postale idéale d’un pied à terre de vacances. Rassemblées comme une propriété de famille, de petites cases villageoises, maisons de pêcheurs et vastes bungalows contemporains transformées avec goût en suites et maisonnées finissent de compléter cet ensemble hétéroclite de bon goût. Autre côte sauvage, autre joyau. Situé à deux heures de Rio de Janeiro, dans la célèbre station balnéaire de Buzios, l’Insolito Boutique Hôtel se découvre à flanc de colline au milieu d’une nature luxuriante. Devant, la mer pour seul vis-à-vis. Dedans, une décoration colorée qui accompagne les 20 chambres inspirées, imaginées par Emmanuelle Meeus de Clermont Tonnerre. Passionnée par le Brésil, cette Française a transformé une ancienne maison privée en un hôtel de charme rythmé de couleurs tropicales, de fresques et toiles brésiliennes qui amènent une dimension artistique à chaque chambre. Une manière intelligente de réveiller la modernité culturelle du payscontinent. Brazil Mania ? Et comment ! Si les Havaianas sont au Brésil ce que le saucisson ou la baguette sont à la France, le luxe consiste à les porter avec élégance et décontraction. Aussi, c’est avec une pointe d’humour doublée d’un soupçon d’impertinence que Fred Pinel (Pinel & Pinel) réinterprète la célèbre tong en la parant d’une bride en crocodile. Un accessoire précieux, customisable à l’infini, que les Brésiliens vous jalouseront à coup sûr. A contrario, ce que nous autres jalousons aux Brésiliens est cette capacité à mêler architecture et nature, décors intérieur et

Détail coloré de la boutique Gourmet Tea à Sao Paulo.

extérieurs à vivre, à l’image du restaurant pauliste Kaa, entièrement dessiné par Arthur de Mattos Casas -Studio Arthur Casas Architecture and Design. Avec son volume tout en longueur, qui accueille un bassin et mur végétal de 7.000 plantes à l’entrée, il se dévide ensuite, rythmé par une succession de tonalités acajou, carreaux grisés au sol et mobilier stylisé. Coupé en deux sur toute sa longueur, il est baigné de lumière naturelle, d’une part, grâce à une immense verrière et réchauffé, de l’autre, par des accents boisés. Un espace comme l’on n’en connaît pas de ce côté de l’Atlantique. Plus confiné et coloré, même si également déployé tout en longueur, le concept store The Gourmet Tea Organic met en scène une créativité contemporaine rondement menée : murs en brique peints à la chaux, mobilier en bois naturel d’inspiration scandinave et ribambelles de suspensions vitaminées donnent le ton de cette boutique et lounge à thé où chaque boîte cylindrique colorée renferme une origine et saveur de thé unique. Plus artistique et enlevé, la marque Petit Retro, emmenée par Luca Schiller, est un hommage à l’enfance parisienne qui, rehaussée d’une touche tropicale, infuse ses modèles et imprimés de couleurs et légèreté. Dessinées par cette inconditionnelle de la France, ses lignes de vêtements et accessoires croquent un monde avide d’entrain. Ce qui lui vaut l’honneur de signer les chambres d’enfants des plus grands noms du Brésil -footballeurs-stars et (femmes de) milliardaires de bon goût- et, ce faisant, de créer un pont esthétique entre le Brésil avide de nouveautés, son héritage moderniste et le vieux continent. Aujourd’hui, plus que jamais, le Brésil est le terrain de jeux de tous les possibles. www.decamerondesign.com.br www.marciokogan.com.br www.fasano.com.br www.laspiedrasfasano.com www.uxua.com www.insolitohotel.com.br www.pineletpinel.com www.kaarestaurante.com.br www.thegourmettea.com.br www.petitretro.com.br


Intérieur du Studio de Photo imaginé par Marcio Kogan et MK27 à Sao Paulo. Urban culture Rio is a multifaceted city, impossible to encompass at first glance, not even the Corcovado towering above the bay with its two wide open arms. The rich and bourgeois Ipanema is fringed with favelas around its surrounding hills. The fact remains that this city is unanimously sexy. Fed by the diversity that flows in, Rio lives to the rhythm of its decadent palaces on Santa Teresa hill, its modernist architecture and tags that course round the walls like the blood of a rebellious artist. Occupied or abandoned, each urban chink seems to be a pretext for another inspired form of expression. With its verbal graffiti, solitary characters, colourful monsters, the city is turning into a huge open-air fresco. Just as unexpected, the outline of the Decameron design shop rises in storeys of colours, much like the fluorescent containers with which it has been made. The building was created by Sao Paulo architect Marcio Kogan and his team (Studio MK27) and contrasts with the pure lines that generally make up the private residences for which he is known: where colourful assembled structures dominate in an urban context and for this store selling inspired indoor-outdoor furniture, other minimalist flat tints generally characterise his other architectural creations. Omnipresent modernism rules in Brazil: a rich heritage of the past, it seems to peer – at once rigid, tender and paternalistic – over modern architects’ shoulders, involved in a “streamlined modernist” movement” of which Marcio Kogan is undoubtedly the leader. Much like his recently finalised Paraty House, suspended from the hill in the middle of luscious vegetation, the contours of two long horizontal frames in richly coloured concrete making for a weightless geometric installation. This light architecture seems to “hold up on its own”, as if its structure had deleted and the interstices rubbed out, leaving only the basics: two boxes, used as living spaces, jutting forward. At a time where everything is photoshopped, the building’s perfection remains quite disquieting. From the beach, the rooms built into the facade are discovered much like a comics trip storyboard: inside, everyday life looks like it has been stage managed or choreographed.

Tag mural dans les rues de Santa Teresa, Rio de Janeiro. © Marie Le Fort


ENGLISH

Pause thé chez Gourmet Tea.

Vue d’une chambre du Insolito Boutique Hotel à Buzios. From the inside, on the other hand, the landscape stages itself and the panoramic view appears to be outlined in black by a Hasselblad viewfinder. Defining the scope, highlighting, streamlining and protecting: these are the pillars of child of the city and occasional film director Marcio Kogan’s architecture. Fasano, a resolutely Brazilian empire In the Fasano family, ask for the big brother with its noble profile and ancestry: located in Sao Paolo, this elegant building makes good use of chic and retro codes. Straight out of the cinematographic imagination of architect Isay Weinfeld, it evokes the modernist heritage of the New York buildings of yesteryear, with its huge clock enigmatically watching over as the evening draws in. Adorned with mahogany walls, timeless club chairs and elegant patinas, shakers and beautiful books, Martini glasses and vintage desk lamps add that extra sparkle. The easy-going smaller brother on the lookout for parties and compliments, the Fasano Rio opened in 2007 and offers a picture postcard view of trendy Ipanema beach and its sugar loaves. The hotel is always full and unquestionably represents the city’s “design” option, most popular with a mix of rich Americans, Brazilian models and celebrities. Much like its designer Philippe Starck, this Fasano family member is opulent (marble swimming pool on the roof), pragmatic (functional, well thought-out rooms facing the sea), and fun (use of curtains in the lobby and restaurant). Certainly the calmest and most reserved, Las Piedras is the last-born of the Fasano dynasty: located near Punta Del Este, 32 bungalows imagined by Isay Weinfeld are dotter around a luxurious holiday resort for rich Argentinians, Brazilians and Uruguayans. On a retro-modern decor, the combination of stone walls and noble wood essences makes for a “rustic-chic” look. The Pool Bar, with its unique light Scandinavian-looking wood spa, opens onto on a natural swimming pool surrounded by prominent rocks, and a dark tobacco-coloured restaurant surrounded by exposed stone, the Fasano empire has wonderful days ahead of it, whether in the city or the countryside.

Heavenly coasts In Trancoso, on idyllic Brazilian beaches not far from Bahia, Uxua blends into this small bohemian-chic corner of paradise that reminds its aficionados of the St Tropez of the 1950s. Developed by Diesel’s artistic designer, Wilbert Das, the hotel is a stylistic Eden: whitewashed walls, understated organic furniture, hammocks and outdoor bathrooms create the ideal holiday pied-à-terre. Assembled like a family estate, small village huts, fishermen’s houses and large bungalows tastily transformed into suites and spacious accommodation add the finishing touch to this assorted collection of good taste. Another wild coastline, another jewel in the crown. Located two hours from Rio de Janeiro in the famous seaside resort of Buzios, the Insolito Boutique Hotel is built into the hillside in the middle of luscious vegetation, with an unhindered view of the sea. Indoors, a colourful décor accompanies the 20 inspired rooms, imagined by Emmanuelle Meeus de Clermont Tonnerre. Passionate about Brazil, this French woman has transformed a private home into a charming hotel full of tropical colours, frescoes and Brazilian paintings, bringing an artistic dimension to every room. An intelligent way of waking up this vast country’s cultural modernity… Brazil Mania ? I should say so ! If Havaianas are to Brazil what ‘saucisson’ and baguettes are to France, the true luxury lies in wearing them in a relaxed and elegant way. Fred Pinel (Pinel & Pinel) has thus offered a new take on the famous flip-flops, enhancing them with crocodile straps for a touch of humour doubled with a soupçon of impertinence. An invaluable, endlessly customisable accessory that the Brazilians will no doubt envy. The rest of the world envies the Brazilians their ability to blend architecture and nature, interior decors and outdoor living spaces, much like the Sao Paulo restaurant Kaa, entirely designed by Arthur de Mattos Casas -Studio Arthur Casas Architecture and Design. With its longitudinal space, it houses a pool and green wall with 7,000 plants in the hall, and flows along a succession of mahogany hues, grey tint floor tiles and stylish

Halte gourmande au Kaa restaurant. furniture. Divided into two sections along its entire length, the restaurant is bathed in natural light on one side, thanks to large windows, and offers warming hues on the other with wooden accents. A totally original space this side of the Atlantic. Also deployed lengthwise, the more refined and colourful Gourmet Tea Organic concept store presents well-designed modern creativity: whitewashed brick walls, Scandinavian-inspired natural wood furniture and rows of fruity-coloured ceiling lights set the trend in this boutique and tea lounge where each coloured cylindrical tin holds a unique tea in origin and flavour. The artistic and inspired brand Petit Retro, managed by Luca Schiller, is a tribute to Parisian childhood, accentuated with a tropical touch and injections of colours and light-heartedness in its models and prints. Drawn by this key French brand, its clothing and accessory ranges portray an eager, lively world. It thus has the honour of decorating the rooms of famous Brazilians’ children – star footballers and (wives of) billionaires with great taste – hence creating an aesthetic bridge between a Brazil eager to discover new things, the country’s modernist heritage and the Old World. Now more than ever, Brazil is the land of opportunity.

www.decamerondesign.com.br www.marciokogan.com.br www.fasano.com.br www.laspiedrasfasano.com www.uxua.com www.insolitohotel.com.br www.pineletpinel.com www.kaarestaurante.com.br www.thegourmettea.com.br www.petitretro.com.br


Par : Marie Le Fort

Ville monde, New York recueille toutes sortes d’influences et saveurs. Electrisée par des chefs hors pair, la Grosse Pomme s’émancipe à travers quelques adresses rares. Petit tour de ces antres créatifs et inspirés que l’on gardera précieusement pour soi…

FOODISTA IN NYC

162/ATABLE

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The Mark Ambiance art déco dès le lobby de l’hôtel rénové par Jacques Grange, à deux pas du Whitney Museum. Accueillant un restaurant signé Jean-Georges, The Mark orchestre un tour du monde gastronomique : œufs brouillés à la chair de crabe, crêpes de sarrasin, escalope milanaise, Sashimi de hamachi ou soufflé au Grand Marnier. La touche créative en plus ! Madison Avenue at 77th Street +1 212 744 4300 www.themarkresstaurantnyc.com Wall & Water Incontournable, le restaurant Wall & Water bichonne et mitonne pêche locale et légumes maraîchers de la Hudson Valley, planches de charcuterie et jeunes pousses, le tout présenté dans des cocottes en fonte Le Creuset. Respect pour le chef Maximo Lopez qui s’enthousiasme tellement pour les produits locaux, qu’il a mis sur pied un Farmers’ Market de qualité au pied de l’hôtel. A dévorer du regard le week-end. 75 Wall Street at Water Street +1 212 590-1234 www.hyatt.com/gallery/wall&water

Falai Falai, du nom de son chef Lacopo Falai, fait saliver les papilles italiennes de New York, et Dieu sait qu’elles sont exigeantes… ! Dans un décor épuré qui accueille une poignées de tables, place aux pasta créatives : papardelle aux carottes, ricotta et amandes fini, coiffées de truffes d’été râpées de frais ou gnudi (sorte de grosse balle) à la ricotta et pousses d’épinards, servi avec un beurre brun et quelques feuilles de sauge croustillantes. Une voix italienne est née. 68 Clinton Street +1 212 253-1960 www.falainyc.com Ai Fiori Parmi les fleurs. Sophistiqué à première vue avec son décor de grand restaurant au premier étage de l’hôtel Setai –palette atonale, nobles matières, dialogues feutrés et maître d’hôtel–, le restaurant de Michael White emmené par Chris Jaeckle sait laisser parler le produit dans l’assiette. Exécuté à la perfection, chaque plat est l’occasion d’une balade en Ligurie à l’heure de la gastronomie française, comme pour ces Troffie Nero, ragoût de crustacés, encre de

sèche et noix de St Jacques ou ce flétan, morilles, asperges, sauce hollandaise et foie gras. Jamais lourd ni prétentieux. 400 5th Avenue 2nd Level Setai Hotel Fifth Avenue +1 212 613-8660 www.aifiorinyc.com Cafe Kristall Si le restaurant Walzé compte parmi les meilleurs de New York, c’est grâce au talent de son chef autrichien : Kurt Gutenbrunner. Partageant les mêmes origines, le cristallier Swarovski a fait appel à ce dernier pour piloter son café-restaurant, à l’arrière de la nouvelle boutique de Soho (qui s’étire entre Broadway et Mercer). Résultat ? Une pause déjeuner proche de la perfection : poulet au paprika servi avec des spätzle et une pointe de crème fraîche ou crabe accompagné de fenouil mariné et vinaigrette à la tomate. Une halte parfaite –loin de la rumeur de Soho– pour déjeuner entre deux excès de shopping. 70 Mercer Street +1 212 966-0005 www.swarovski-crystallized.com/world/ stores/new-york/cafe-kristall


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7 Imperial Number 9 Dernier hôtel en vue de Manhattan, le Mondrian Soho (dernier rejeton du groupe Morgans) accueille –entre la rue et le lobbyune verrière aménagée comme un vaste jardin d’hiver avec ses fauteuils en rotin, pots d’Anduze, chandeliers rustique-chic et ficus. Dans l’assiette, le chef Sam Talbot promeut une cuisine organique à base de fruits de mers : le tartare de thon au pamplemousse et huile de moutarde est déjà en passe de devenir un classique ! 9 Crosby Street +1 212 389-0000 www.mondriansoho.com The Dutch Dernier happening de Soho, The Dutch et son bar à huître n’ont rien de néerlandais. Mêlant le meilleur des saveurs américaines –souvent populaires et urbaines–, le chef Andrew Carmellini cuisine "New York Style" comme en atteste son corn bread tout droit sorti du four qu’il sert sur une planche à pain, en guise de corbeille à pain. Un délice qui réveille instamment des souvenirs d’enfance. Au menu, des huîtres et plateaux de fruits de mer, des viandes dignes des meilleurs steakhouses

et des plats pan-américains qui mêlent salsa verde, yuzu, hachis parmentier de lapin ou loup en curry de citronnelle. Un lieu qui dépote et affiche complet ! 131 Sullivan Street +1 212 677 6200 www.theductchnyc.com Blue Hill NYC Si le chef Dan Barber emmène le restaurant Blue Hill at Stone Barns (installé dans l’ancienne propriété des Rockfeller, à 40 minutes au nord de Manhattan) comme l’Alain Passard de la Côte Est, il n’en ravit pas moins les papilles des New-yorkais en vue de Washington Square. Au menu, une cuisine créative, des légumes du jardin et produits de la ferme, car 70% de ce qui vient garnir l’assiette proviennent du domaine ou de la vallée de l’Hudson environnante. Réveillés la couleur, le goût et la forme parfois biscornue des légumes s’apprivoisent avec délectation, au fil des saisons. Un restaurant qui vaut tous les détours étoilés. 75 Washington Place +1 212 539-1776 www.bluehillfarm.com/food/blue-hill-newyork

Gravy NYC Dépoussiérant la cuisine du Sud des EtatsUnis –connue pour son fried chicken et ses élans hyper-caloriques–, Gravy NY et son chef Michael J Vignola remettent la sauce au goût du jour ! Avec délicatesse. Dans un décor rétro-moderniste signé Niels Guldager et Charlotte Macaux Perelman (Studio CMP), on s’installe sur une banquette en cuir rouge dessinée sur-mesure face à une grande fresque géométrique de couleur. Déjà, la soirée s’égaye. Puis c’est au tour de l’assiette de réveiller les "grits" (polenta du Sud) et leurs noix de St Jacques, sauce barbecue au homard, ou beignets de langouste, plats typique de Louisiane rehaussé d’un aïoli à la tomate. Le sud a ici un accent contemporain. 32 East 21st Street +1 212 600-2105 www.gravynyc.com

1 : The Mark 2 : Wall & Water 3 : Falai 4 : Ai Fiori 5 : Cafe Kristall

6 : Imperial Number 9 7 : The Dutch 8 : Blue Hill NYC 9 : Gravy NYC


ENGLISH

Imperial Number 9 The latest trendy hotel in Manhattan, the Mondrian Soho (the newest arrival in the Morgans group) welcomes visitors – between the street and the lobby – under a glass roof and in a large winter garden with its rattan chairs, Anduze pots, rustic-chic chandeliers and Ficus shrubs. In the kitchen, Chef Sam Talbot promotes organic seafood cooking: the tuna tartar with grapefruit and mustard oil is already set to become a classic! 9 Crosby Street +1 212 389-0000 www.mondriansoho.com

FOODISTA INNYC

The international city of New York is a melting pot for all manners of influences and flavours. Electrified by outstanding chefs, the Big Apple is liberating itself with a few exceptional addresses. Let us take you on a tour of these dens of creation and inspiration, addresses you are bound to keep quietly to yourself…

The Mark An Art deco atmosphere as soon as you enter the lobby of this hotel renovated by Jacques Grange, a stone’s throw from the Whitney Museum. Houses a restaurant created by Jean-Georges, The Mark, orchestrated in a gastronomic world tour: scrambled eggs with crabmeat, Saracen pancakes, scallopine alla Milanese, hamachi sashimi and Grand Marnier soufflé. With a creative touch to boot! Madison Avenue at 77th Street +1 212 744 4300 www.themarkrestaurantnyc.com Wall & Water The major restaurant Wall + Water pampers and simmers local fish and garden vegetables from the Hudson Valley, platters of cold cuts and young shoots, presented in Le Creuset cast-iron pots. Respect for chef Maximo Lopez whose enthusiasm for local products is such that he has set up a quality Farmers’ Market at the foot of the hotel. To be eyed greedily at weekends. 75 Wall Street at Water Street +1 212 590-1234 www.hyatt.com/gallery/wall&water Falai Falai, named after its chef Iacopo Falai, gets those Italian taste buds going in New York, and Lord knows how demanding they are…! In the uncluttered décor that hosts a handful of tables, tribute is paid to creative pasta: carrot pappardelle, ricotta and almond fini, dressed with shavings of summer truffles, or gnudi (a kind of a large ball) made with ricotta and baby spinach, served with butter sauce and a sprinkling of crispy sage leaves. An Italian voice is born.

68 Clinton Street +1 212 253-1960 www.falainyc.com Ai Fiori Amongst the flowers. At first appearance, a sophisticated décor on the first floor of the Setai hotel – not least atonal palette, noble materials, muffled sounds and maître d’hôtel– Michael White’s restaurant, managed by Chris Jaeckle, lets the ingredients on the plate talk for themselves. Made to perfection, every dish is the opportunity to travel to Liguria in the age of French gastronomy, with Troffie Nero, seafood, cuttlefish ink and scallop ragout, and halibut, morel, asparagus, hollandaise sauce and fois gras. Light, unpretentious dishes. 400 5th Avenue 2nd Level, Setai Hotel Fifth Avenue +1 212 613-8660 www.aifiorinyc.com Cafe Kristall If the Walzé restaurant is one of the best in New York, it is thanks to the talent of its Austrian chef, Kurt Gutenbrunner. Sharing the same origin, the Swarovski crystal maker has called on the latter to run its café-restaurant, at the back of the new Soho boutique (that straddles Broadway and Mercer). The result is a lunch break close to perfection: paprika chicken with spätzle and a hint of crème fraîche or crab accompanied by marinated fennel and tomato vinaigrette. A perfect stop – far from the hum of Soho – to have lunch between two shopping splurges. 70 Mercer Street +1 212 966-0005 www.swarovski-crystallized.com/world/ stores/new-york/cafe-kristall

The Dutch The latest happening in Soho, The Dutch and its oyster bar is a far cry from the Netherlands. A combination of the best American flavours – often popular and urban -, Chef Andrew Carmellini cooks "New York Style" as vouched for by his fresh oven-baked corn bread served up on a breadboard for presentation. A delight that instantly brings back childhood memories. On the menu, oysters and shellfish platters, meat worthy of the best steakhouses and pan-American dishes that blend salsa verde, yuzu, rabbit pie and lemongrass bass curry. A bustling, very popular venue! 131 Sullivan Street +1 212 677 6200 www.thedutchnyc.com Blue Hill NYC If chef Dan Barber manages restaurant Blue Hill at Stone Barns (set up in the old Rockefeller property 40 minutes to the north of Manhattan) like an Alain Passard of the East Coast, he is similarly successful in delighting the taste buds of the most fashionable Washington Square New-Yorkers. Creative cooking, garden vegetables and farm products are on the menu, since 70% of the ingredients in your plate come from the estate or the surrounding Hudson valley. Reviving the colour, taste and odd shapes of vegetables is carried out with relish, throughout the seasons. A restaurant worth visiting. 75 Washington Place +1 212 539-1776 www.bluehillfarm.com/food/blue-hill-newyork Gravy NYC Dusting off recipes from the Southern United States – known for its fried chicken and its hyper-calorie boosts - Gravy NY and its chef Michael J Vignola are offering a new take on down home cooking! With great subtlety. In a retro-modern décor created by Niels Guldager and Charlotte Macaux Perelman (Studio CMP), settle into made-to-measure red leather wall seats facing a large and colourful geometric fresco and brighten up your evening. The dishes on offer make for a revival of "grits" (Southern polenta) and their scallops, lobster barbecue sauce, or crayfish fritters, a typical dish from Louisiana accompanied with tomato aioli. Here, the south has taken on a modern twist. 32 East 21st Street +1 212 600-2105 www.gravyny.com



166/DECOUVERTE

Par : Nathalie Rigoulet

BALADE : A LA DECOUVERTE DE

TAMESLOHT Située à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Marrakech, la commune rurale de Tamesloht recèle de richesses insoupçonnées. On connaît depuis quelques années cette petite ville de 15.000 habitants pour la qualité du travail de ses artisans, mais cette bourgade somme toute assez ordinaire aux premiers abords, abrite néanmoins les vestiges de l’un des plus beaux patrimoines bâtis de la région.


P

our découvrir Tamesloht, nous sommes allés à la rencontre d’Amine Kabbaj, fondateur en 1999 de l’Association Tamesloht 2010. Cet architecte amoureux de la course à pieds et des balades en moto est tombé sous le charme de cette commune de 256 km2. Depuis 11 ans, son association -en partenariat avec l’ONG italienne RE.TE, la commune de Tamesloht et le Ministère de l’Artisanant- se démène pour améliorer le quotidien des habitants au travers de la création de crèches, écoles, organisation de colonies de vacances, création de centres de formations, réhabilitation de complexes artisanaux, protection et valorisation du patrimoine architectural et agricole, promotion du tourisme vert, aide aux associations locales, etc. En dehors des écrits de Paul Pascon et de Hamid Triki, peu de documents relatent l’histoire de Tamesloht, ce fût donc une grande chance d’être guidée par Amine et son ami Mohammed Essaydi, digne descendant de Moulay Abdellah Ben H’ssayn qui avait redonné vie à Tamesloht au XVIe siècle. A l’entrée de la ville, vous remarquez sur votre droite de hautes cheminées en briques et terre cuite qui sont en fait des Tours d’eau (système de siphon), vestige de la fin du XIXe siècle, venues en renfort des khettaras qui ne suffisaient plus à irriguer des centaines d’hectares d’oliviers. Apparues il y a plus de 3.000 ans, les khettaras -système d’irrigation souterrain permettant de récolter les eaux d’infiltration, ensuite acheminées vers les terrains à irriguer- ont largement dépassé les frontières de la Perse. Tombées en désuétude, il faudra attendre le XVIe siècle et l’arrivée de Moulay Abdellah Ben H’ssayn, disciple d’Abû Abd Allah Al Ghazouani, l’un

des sept Saints Patrons de Marrakech, pour remettre en marche les khettaras et sauver Tamesloht d’une succession de sécheresses, de famines et de pestes. Après un lourd labeur, les terres abandonnées se muent en véritable oasis peuplé d’oliviers, symbole de leur renaissance. La Zaouia de Tamesloht rayonna jusqu’au début du XXe siècle, attirant à elle de nombreux pèlerins venus rendre hommage au “sauveur“ que son ascendance chérifienne auréolait d’un caractère sacré. Déjà carrefour de la culture populaire araboberbère, Tamesloht accueillit aussi la confrérie des Gnaouas (descendants des esclaves noirs introduits au Maroc au XVIe et XVIIe siècle), toujours présente aujourd’hui. Ces différentes cultures se retrouvent chaque année au Moussem Moulay Abdellah Ben H’ssayn pour une très belle fête qui aura lieu, en 2012, la deuxième semaine de mars. Il faut s’aventurer dans les ruelles de la ville pour découvrir les anciens bâtiments de la Zaouia ainsi que de belles bâtisses en terre du XIXe qui méritent le détour. Aiguillés par un autochtone, vous pourrez voir les anciens pressoirs à huile en bois et croiser sur votre chemin l’un des 17 mausolées dispersés dans la ville où les habitants aiment venir se recueillir. Aux aléas des ruelles, les artisans discrets sont ravis de vous faire découvrir leur doigté et savoir-faire reconnu en poterie, tissage et broderie. Ce n’est pas un hasard si de nombreux créateurs ont choisi Tamesloht pour installer leurs ateliers. Brigitte Perkins fait appel depuis plus de 15 ans aux meilleurs mâalems de la région pour réaliser des tissages d’une grande finesse, un succès mondial. Kim et Garo réalisent eux aussi dans cette petite ville leurs tissus, tapisseries, rideaux,

voilages, linge de maison, broderies mais aussi mobilier et luminaires originaux. Afin de mettre en valeur leurs créations et ouvrir à l’automne un show-room à leur image, ils ont fait appel à l’architecte d’intérieur Selma Laraqui de l’Agence AQSEL qui leur concocte du sur-mesure. Dorine Eikjman a de son côté choisi un autre créneau, pour sauvegarder la tradition du verre à thé, elle a crée Beldine et emploie aujourd’hui huit femmes devenues expertes en peinture sur verre et porcelaine. Côté poterie, Terra Verde s’est laissé séduire par les lieux et propose une large gamme de poteries qui allient tradition et lignes épurées. Ces créateurs ont en commun le souhait affiché de valoriser l’artisanat local et de participer à la vie économique de la région. Bonne balade ! Tamesloht, km 20 route d’Amizmiz Brigitte Perkins : +212 5 24 37 74 16 Kim et Garo : lot 42 Z.I, Tamesloht Tel : +212 5 24 48 30 68 Terra Verde : km18, Tamesloht Tel : +212 5 24 48 58 51 Dorine Ejkman : +212 6 63 70 90 05


168/DECOUVERTE

WALK :

DISCOVERING TAMESLOHT

Mohamed Essaydi

Amine Kabbaj

Located twenty kilometres south-east of Marrakech, the rural municipality of Tamesloht conceals unsuspected riches. For a number of years, this small town of 15,000 inhabitants has been known for the quality of its craftsmanship. Seemingly ordinary at first sight, it nevertheless shelters the vestiges of one of the most beautiful collection of buildings in the region.

I

n order to discover Tamesloht further, we went to meet Amine Kabbaj, the founder in 1999 of the Tamesloht 2010 association. This architect, who loves running and motor biking, fell in love with this 256-km² town. For the past 11 years, his association – in partnership with the Italian NGO RE.TE, the town of Tamesloht and the Ministry of Craft Industry - has been striving to improve the everyday lives of inhabitants through the creation of crèches, schools, holiday camps, training centres, the rehabilitation of craft complexes, the protection and development of the architectural and agricultural heritage, the promotion of green tourism, and helping local associations, etc… Other than the accounts of Paul Pascon and Hamid Triki, few documents relate the history of Tamesloht: we were therefore very lucky to be guided by Amine and his friend Mohammed Essaydi, worthy descendant of Moulay Abdellah Ben H’ssayn who gave Tamesloht a new lease of life in the 16th century. On entering the town, you will notice to your right tall brick and terracotta chimneys, which are in fact Water towers (siphon systems), a remnant of the end of the 19th century and built as a backup to the khettaras that no longer sufficed for the irrigation of hundreds of hectares of olive trees. Having appeared more than 3,000 years ago, khettaras – a subterranean irrigation system enabling to collect infiltration water transporting it to plots for irrigation – had travelled far beyond

the Persian borders. Having fallen into disuse, it took the arrival in the 16th century of Moulay Abdellah Ben H’ssayn, disciple of Abû Abd Allah Al Ghazouani, one of the seven Patron Saints of Marrakech, to get the khettaras back in working order and save Tamesloht from a succession of droughts, famines and outbreaks of plague. After a lot of hard work, the abandoned plots transformed into a veritable oasis populated with olive trees, symbol of their rebirth. The Zaouia in Tamesloht was influential until the beginning of the 20th century, attracting a number of pilgrims wanting to pay tribute to the “saviour” its Sharifian ascendance glorified with a sacred character. Already a crossroads of popular Arab-Berber culture, Tamesloht also welcomed the brotherhood of the Gnawas (descendants of black salves brought to Morocco in the 16th and 17th century), still present today. These different cultures gather every year at the Moussem Moulay Abdellah Ben H’ssayn for wonderful festivities. You have to venture into the town’s alleyways to discover the Zaouia’s old buildings as well as beautiful 19th century adobe mud buildings that are worth a visit. With directions from local inhabitants, you will no doubt come across the old wooden oil presses and one of the 17 mausoleums scattered around the town where inhabitants like to meditate. Along the many passageways, discreet craftsmen are thrilled to show you their skills and recognised expertise in

pottery, weaving and embroidery. No wonder so many designers and artists have chosen Tamesloht to set up their workshops. For the past 15 years, Brigitte Perkins has called upon the best mâalems in the region to create the finest weavings, for a true international success. Kim et Garo also make their fabrics, tapestries, curtains and drapes, household linen, embroideries as well as original furniture and lighting. In order to develop their designs and open in the autumn a showroom that reflects their style, they have called up the services of interior architect Selma Laraqui from the AQSEL Agency, who has concocted made-to-measure plans for them. Dorine Eikjman has chosen another niche, safeguarding the traditional tea glass; she created Beldine and now employs eight women who are now experts in painting on glass and porcelain. The potters Terra Verde are also fascinated by this place and offer a large range of pottery combining tradition and clean lines. These creators all proactively strive to develop local crafts and take part in the region’s economic life. Have a great time! Tamesloht, km 20 route d’Amizmiz Brigitte Perkins : +212 5 24 37 74 16 Kim et Garo : lot 42 Z.I, Tamesloht Tel : +212 5 24 48 30 68 Terra Verde : km18, Tamesloht Tel : +212 5 24 48 58 51 Dorine Ejkman : +212 6 63 70 90 05



170/CITYGUIDE

Par : Mélanie Polatova

ENVIE DE... FEEL LIKE...

Café de la Poste

L'AGENDA DES ENVIES BY MARRAKECH MAG

Sorties, restos, bars, brasseries, clubs... La Ville Rouge recèle tellement d'adresses qu'on ne sait plus où donner de la tête. Et si finalement, le baromètre de nos envies était le meilleur moyen de faire le tri…

MARRAKECH MAG’S OUTINGS DIARY

Outings, restaurants, bars, brasseries, clubs… The Red City harbours so many addresses that you hardly know which way to turn. What if going with the feel of the moment was the best way to separate the wheat from the chaff…

... FRANCHOUILLARDISES ...TYPICALLY FRENCH

Go back for its great value lunch menu. Tel : +212 5 24 33 59 69

Le Studio

... UNE BRASSERIE, UNE VRAIE! ...A REAL BRASSERIE!

Un bar à vin confidentiel dont l’ardoise réveille l’Epicure caché en chacun de nous. Un très bon plan pour les gourmands. On y va pour dîner au comptoir avec un bon verre de vin. On y retourne pour la créativité du chef Didier Beckaert et l’excellence de son foie gras maison. A confidential wine bar whose menu reawakens the epicurean in all of us. A great address for gourmets. Dine at the bar with a great glass of wine. Go back for the creativity of Chef Didier Beckaert and his excellent homemade foie gras. Tel : +212 6 61 24 78 25

Kanzamane

Bienvenus “Chez Pascal”, un bistrot où les plus grands classiques de la cuisine française sont servis avec générosité. On y va quand on a envie d’un Parmentier de confit de canard aux cèpes ou autre merveille du Chef. On y retourne pour l’ambiance vieille France. Welcome to “Chez Pascal”, a bistrot where the great classics of French cuisine are served with great generosity. Go for the duck confit and porcini mushroom pie or the Chef’s other wonders. Go back for the old-world French atmosphere. Tel : +212 5 24 44 74 15

Le Zinc

“Le Bistro des copains” est l’adresse d’un maestro, Damien Durand, qui a réuni en une adresse tout ce qui manque aux Parisiens. On y va quand on est de passage dans le quartier de Sidi Ghanem. On y retourne parce que sa formule du midi, c’est vraiment un bon plan. “Le Bistro des Copains” is owned by maestro Xavier Durand, who has succeeded in bringing together everything the Parisians miss in one place. Go when passing through Sidi Ghanem.

Le Zinc

Le Café de la Poste

L’incontournable brasserie chic aux airs d’antan. On y va à toute heure, parce que c’est central et abrité, dans une ambiance coloniale réussie. Et on y retourne pour Eric dont on est tous un peu amoureux en secret... The tial chic brasserie with airs of yesteryear. Go at any hour to this central, sheltered address full of colonial atmosphere. Go back because you know you are secretly in love with Eric… Tel : +212 5 24 43 30 38

Le Fouquet’s

Un cadre et une carte fidèles à la réputation de son adresse parisienne. On y va pour son Tartare de bœuf, le meilleur de la ville (avis aux amateurs de la version poêlée : une tuerie !). On y retourne pour son lounge, où on peut déguster un bon cru français au verre. A setting and menu that remain true to the reputation of its Parisian address. Go for the Beef Tartar, the best in town (why not try out its pan-fried version: a real delight!). Go back to enjoy a glass of good French wine in the lounge. Tel : +212 5 24 45 90 00

Le Fouquet’s

Brasserie La Renaissance

un décor rétro et une carte dans la pure tradition de la brasserie française. On y va parce que c’est en plein cœur du centre-ville. On y retourne pour ses plats du jour et ses succulents desserts. A retro décor and a menu in the best tradition of French brasseries. Go for its city centre location. Go back to try its dishes of the day and delicious desserts. Tel : +212 5 24 33 77 77

Le Studio



172/CITYGUIDE

L’Apéro

... UN RENDEZ-VOUS FRIENDLY ...A FRIENDLY RENDEZ-VOUS L’Apéro

Un bar contemporain comme on les aime, une grande ardoise de tapas et un joli jardin arboré en prime. On y va pour ses After work éclectiques et sympathiques. On y retourne pour l’ambiance, et aussi pour reprendre une portion de champignons poêlés. An ideal modern bar, a large range of tapas and a pretty, leafy garden to boot. Go for its eclectic and friendly After Work parties and go back for the atmosphere, not to say another portion of pan-fried mushrooms. Tel : +212 6 13 44 05 72

Le 16 Café

A café-snack bar-caterer-confectioners with a fruity-coloured decor, and a strategic location (Plazza). Go for the Caesar salad, the creative fruit juices and for a perfect coffee break. Go back for the sweet delights on offer: macaroons VS. Canelé pastries. Tel : +212 5 24 33 96 70

... BIEN MANGER SANS FAIRE DE CHICHIS ...GOOD FOOD WITHOUT THE FUSS

Kechmara

Le Chat qui Rit

Un rendez-vous incontournable du Guéliz, où l’on croise toujours une connaissance. On y va pour s’accouder au comptoir à l’heure du petitdéjeuner ou de l’apéro. On y retourne pour son bar à huîtres et ses soirées Live. An essential meeting place in Gueliz, where you are bound to bump into someone you know. Go to prop up the bar at lunchtime or for drinks. Go back for its oyster bar and live music evenings. Tel : +212 5 24 42 25 32

Un café-snack-traiteur-pâtissier aux couleurs acidulées, et à l’emplacement stratégique (Plaza). On y va pour la salade César, les jus de fruits créatifs et les pauses café. On y retourne parce qu’on est gourmand : macarons VS cannelés.

Une déco de cantine drôlement kitch et une carte aussi alléchante qu’humoristique. On y va pour le patron, Bernard, avec qui on aime bien faire la causette. On y retourne pour les pâtes (toutes à tomber !) et parce qu'il y a toujours un plat sur la carte qu'on n'a pas encore testé. A kitsch cafeteria decoration and a menu as tempting as it is humorous. Go for a good old chat with manager Bernard. Go back for the pasta (to die for!) and because there is always a dish on the menu you haven’t yet tested. Tel : +212 5 24 43 43 11

Amaïa

Le Chat qui rit

Pasta bar et recettes variées, fraîches et goûteuses, sur place ou à emporter. On y va pour se restaurer entre deux rendez-vous, ou s'emparer en coup de vent d'une bonne part de quiche maison. On y retourne pour le Cheesecake, imbattable, et pour le petit déj' aux allures de pancakes. Pasta bar and a variety of fresh, tasty recipes, to eat in or take away. Go for a spot of lunch between meetings, or grab a big slice of quiche on the go. Go back for the unbeatable Cheesecake and the pancake breakfast. Tel : +212 5 24 45 71 81

Catanzaro

Le Kechmara

Le 16 Café

Les mêmes serveurs depuis 20 ans, un cadre délicieusement suranné et une cuisine constante à un excellent rapport qualité/prix. On y va tôt pour être sûr de trouver une table. On y retourne parce que la famille Lamrani nous réserve toujours un accueil sympathique. With the same waiters for the past 20 years, a deliciously old-world setting and a constant quality of cooking with excellent value for money. Go early to be sure to get a table. Go back because the Lamrani family always offers a friendly welcome. Tel : +212 5 24 43 37 37


... MANGARE ITALIANO Ultimo Bacio

Une adresse actuelle dont l'assiette regorge de délicieuses recettes napolitaines. On y va pour le Risotto (gourmand) ou l'assortiment d'Antipasti (diète). On y retourne pour les pizzas et les formules du midi : miam miam ! A modern address where plates brim full of delicious Neapolitan recipes. Go for the (gourmet) Risotto or the (lighter) assortment of Antipasti. Go back for the pizzas and lunchtime menu: yum! Tel : 00212 5 24 45 89 13

Aqua

Le restaurant perché de la Renaissance, pour dîner divinement au-dessus de la ville. On y va pour sa mozzarella di Buffala, son jambon de Parme, son Risotto… On y retourne parce que c'est bon. The perched Renaissance restaurant offers divine dining overlooking the city. Go for the mozzarella di Buffala, the Parma ham, the Risotto… Go back because it was simply delicious. Tel : +212 5 24 33 77 77

La Trattoria de Giancarlo

Une villa, un jardin romantique, une piscine en plein cœur du Guéliz, pour une clientèle marrakchie avertie. On y va pour prendre un verre sous les arbres du jardin. On y retourne parce qu'on n'a jamais été déçus depuis 25 ans ! A villa, a romantic garden, a swimming pool in the heart of Gueliz, for a well-informed Marrakech clientele. Go for a drink under the trees in the garden. Go back because we’ve never yet been disappointed in 25 years! Tel : +212 5 24 43 26 41

Aqua (Hôtel Renaissance)

L’Ultimo Bacio

Ocha Sushi

Un décor design et immaculé, des plats japonais en plus des sushis absolument remarquables. On y va pour le menu gargantuesque à 200 DH. On y retourne pour le salon japonais où on mange à genou après s'être déchaussé. A spotless designer decor, Japanese dishes as well as remarkable sushi. Go for the gargantuan menu at only 200 DH. Go back for the Japanese lounge where you eat kneeling down after having taken off your shoes. Tel : +212 5 24 42 00 88

Maï Thaï

Un restaurant élégant et une cuisine où officient des chefs venus tout droit de Bangkok. On y va pour sa cuisine thaïe de très bonne facture. On y retourne parce qu'on est fan de cuisine thaïe ! An elegant restaurant and a kitchen with chefs straight from Bangkok. Go for its very good quality Thai cuisine. Go back because you love Thai food! Tel : +212 5 24 45 73 01

Maï Thaï

... MANIPULER DES BAGUETTES ...GET OUT THOSE CHOPSTICKS Katsura

Une cantine asiatique dans un cube vitré, un menu où sushis flirtent avec plats thaïs. On y va pour ses menus japonais, frais et variés. On y retourne pour le poulet au curry vert. An Asian canteen in a glass cube and a menu where sushi rubs shoulders with Thai dishes. Go for its fresh and varied Japanese menus. Go back for the green curry chicken. Tel : +212 5 24 43 43 58

Le Katsura


174/CITYGUIDE

... EVEILLER LES YEUX ET LES PAPILLES ...REAWAKEN YOUR EYES AND TASTE BUDS La Cour des Lions

Le restaurant gastronomique du Palace Es Saadi, piloté par le talentueux Sébastien Bontour. On y va pour le raffinement de sa cuisine française aux accents marocains. On y retourne pour les produits frais en provenance de la ferme familiale… et pour l'architecture arabo-andalouse, majestueuse. The gastronomic restaurant at the Palace Es Saadi, run by talented Sébastien Bontour. Go for the refined French cuisine with Moroccan touches. Go back for the fresh products from the family farm… and for the majestic ArabAndalucían architecture. Tel : +212 5 24 44 88 11

Le Four Seasons

Le Bleu d'orange sert une cuisine provençale revisitée, tandis que le Solano mêle les saveurs du Maroc, de l’Andalousie et de l’Italie. On y va pour le Solano, brasserie du Sud au décor raffiné. On y retourne pour découvrir le Bleu d'Orange, attendu pour l'automne. The Bleu d’Orange serves a new take on Provencal cuisine, whereas the Solano blends

flavours from Morocco, Andalucía and Italy. Go for the Solano, a Southern brasserie with a refined decor. Go back to discover the Bleu d’Orange, set to open this autumn. Tel : +212 5 24 35 92 00

Les Jardins de la Médina

Une cuisine d'ici et d'ailleurs, dans un authentique Riad de la Kasbah. On y va pour le cadre historique et pour le sublime jardin de 3.000m2. On y retourne pour goûter un des plats typiques du terroir français. Cuisine from around the world, in an authentic Kasbah Riad. Go for the historic setting and the sublime 3000m² garden. Go back to taste one of their typical French dishes. Tel : +212 5 24 38 18 51

A 10 minutes du centre-ville, pour faire une pause fraîche et gourmande, face au green de l'Atlas Golf. On y va pour la Tartine Auvergnate. On y retourne le soir pour goûter la cuisine académique du Restaurant. 10 minutes from the city centre, for a fresh, tasty break facing the Atlas Golf green. Go for the Tartine Auvergnate. Go back to taste the Restaurant’s faultless cooking. Tel : +212 5 24 38 53 53

Le Riad El Fenn

Côté Médina, une symphonie de couleurs, d'art contemporain et de meubles vintage, orchestrée par un charmant accent british. On y va pour déjeuner loin du monde, au bord de la piscine. On y retourne pour prendre un verre sur le toit, et dîner au restaurant qui a déjà eu la visite de Tom Hanks et Will Smith... A symphony of colours, modern art and vintage furniture lies in the Medina, orchestrated by a charming British accent. Go for lunch by the swimming pool, far from the crowds. Go back for a drink on the rooftop terrace and dinner in the restaurant already visited by Tom Hanks and Will Smith… Tel : +212 5 24 44 12 10

Le Riad El Fenn

La Cour des Lions

La Terrasse

Le Four Seasons

Les Jardins de la Médina


Palais Soleïman

Le Kosybar

... D'UN BON TAGINE ...A GREAT TAGINE Le Palais Soleïman

Palais du XIXe siècle au décor féérique. On y va pour sa cuisine marocaine généreuse et parfumée, dans les règles de l'art, et son cadre authentique dans la Médina… On y retourne pour un dîner-concert sur les traces de Bach ou Chopin. A magnificent 19th century palace with a magical décor. Go for the traditional, generous and fragrant Moroccan cuisine, and its authentic Medina surroundings… Go back for a dinner and Bach or Chopin concert. Tel : +212 5 24 37 89 62

Al Fassia

Un restaurant marocain tenu exclusivement par des femmes, dont la réputation n'est plus à faire. On y va pour déguster un classique : du couscous à la pastilla. On y retourne parce qu'on devient accro à l'épaule d'agneau dorée, fierté de la maison. A renowned Moroccan restaurant exclusively run by women. Go to enjoy a classic couscous or pastilla. Go back now that you are hooked on browned shoulder of lamb, the Chef’s pride and joy. Tel : +212 5 24 43 40 60

Libzar

Ambiance tamisée, jolis salons cosy, coin cheminée et carte alléchante. On y va pour sa cuisine marocaine légère et inventive. On y retourne parce qu'on est tellement bien accueilli par sa propriétaire, Assia Stitou. Subdued lighted, pretty and cosy lounges, a fireside and mouth-watering menu. Go for the

Le Libzar light, inventive Moroccan cooking. Go back for owner Assia Stitou’s tremendously warm welcome. Tel : +212 5 24 42 04 02

Kosybar

Un Riad authentique du Mellah dont le cadre vaut à lui seul le détour. On y va pour prendre un verre au bar à vin avant de déguster un bon tagine (… ou des sushis). On y retourne pour le toit-terrasse avec vue imprenable sur la Médina et la Koutoubia. An authentic Mellah Riad whose surroundings are well worth the visit alone. Go for a drink in the wine bar before savouring a great tagine (…or sushi). Go back for the roof terrace

Le Azar with breathtaking views of the Medina and Koutoubia. Tel : +212 5 24 38 03 24

Azar

Une brasserie orientale chic qui sert de délicieux mezzés libanais ainsi qu'une excellente cuisine marocaine. On y va pour se régaler de spécialités libanaises ou marocaines. On y retourne pour l'animation et les cocktails. A chic oriental brasserie that serves deliciously Lebanese mezze as well as excellent Moroccan dishes. Go to feast on Lebanese and Moroccan specialities. Go back for the entertainment and cocktails. Tel : +212 5 24 43 09 20


176/CITYGUIDE

Amanjena

... LUXE, CALME ET VOLUPTE ...LUXURY, CALM AND EXQUISITE PLEASURE Amanjena

Un palace presque monacal où le silence et la beauté règnent en maîtres. On y va pour manger divinement : Thaï, Français ou Espagnol. On y retourne pour le sentiment de sérénité que son bassin et ses jardins nous procurent. A near-monastic luxury hotel where silence and beauty reign supreme. Go for divine Thai, French or Spanish food. Go back for the feeling of serenity found by the pool and gardens. Tel : +212 5 24 40 33 53

Royal Mansour Mamounia

L'ultime palace de la Ville Rouge, une architecture magnifiée par les splendeurs de l’artisanat marocain. On y va pour goûter à

une cuisine française étoilée, celle de Yannick Alléno. On y retourne pour tester une autre des pâtisseries qu’on avait repérée dans la vitrine… mais aussi pour la Table Marocaine. The Red City’s ultimate luxury hotel, architecture magnified by the splendours of Moroccan craftsmanship. Go to taste Yannick Alléno’s Michelin-star French cuisine. Go back to test another one of those pastries spotted in the window… but also for the Table Marocaine. Tel : +212 5 29 80 80 80

La Mamounia

Un palace, un mythe, une légende… et trois restaurants exceptionnels. On y va pour le Français, ou l'Italien, deux des meilleures tables de la ville. On y retourne pour le Marocain, ou pour prendre un verre au Churchill, seul espace resté fidèle au décor originel. A luxury hotel, a myth, a legend… and three exceptional restaurants. Go for French or Italian, two of the best restaurants in town. Go back for Moroccan and a drink at the Churchill, the only space left untouched. Tel : +212 5 24 38 86


... PRENDRE DE LA HAUTEUR ...GAIN A LITTLE HEIGHT MySky (Hivernage Hôtel)

Un toit terrasse qui ressemble à un pont de bateau, pour prendre l'apéritif à l'heure du coucher du soleil, au cœur de l'Hivernage. On y va pour le panorama à perte de vue. On y retourne pour s'affaler dans un bed et profiter de la douceur nocturne en altitude.A roof terrace that looks like the deck of a ship, for drinks at sunset, at the heart of the Hivernage. Go for the panorama as far as the eye can see. Go back to slump into a daybed and take advantage of the gentle night breeze at high altitude. Tel : +212 5 24 42 41 00

Sky BAB Sky bar de la Renaissance

Table de ping pong, fléchettes, tapas et chawarma… esprit cool et ludique dans un cadre immaculé, hypra chic. On y va pour faire un break ensoleillé à l’heure du déjeuner ou à l’apéritif. On y retourne pour le restaurant du rez-de-chaussée dont la carte est récréative, cosmopolite et inventive... Table tennis, darts, tapas and chawarmas… a cool and fun atmosphere in an immaculate, ultra chic setting. Go for sunny lunchtime breaks or for cocktail hour. Go back for the ground-floor restaurant’s entertaining, cosmopolitan and inventive menu… Tel : +212 5 24 43 52 50

Sky bar de la Renaissance

MySky

Le bar d’une adresse mythique de la Ville Rouge, perché en plein centre-ville. On y va pour ressentir un certain vertige, penché juste au-dessus des avenues grouillantes du Guéliz. On y retourne par nostalgie. The bar of one of the Red City’s mythical addresses, perched right in the middle of the city centre. Go for that dizzy feeling, leaning out above the bustling Gueliz avenues. Go back for a nostalgic visit. Tel : +212 5 24 33 77 77

Sky BAB


178/CITYGUIDE

... AMBIANCE FESTIVE ...FESTIVE ATMOSPHERE

Lotus Club bô-zin

bô-zin

Yellow Sub

Yellow Sub

Une déco sixties, un bar psychédélique, une clientèle branchée qui finit souvent par se lâcher. On y va pour l’ambiance des soirées Live : tout le monde debout, et certains même sur le bar ! On y retourne pour une session "after work" ou un Sub Burger au comptoir. A sixties look, a psychedelic bar, a trendy clientele that often ends up letting rip. Go for the atmosphere during the live music evenings, with everyone on their feet and some even on the bar! Go back for an “after work” session or a Sub burger at the bar. Tel : +212 6 72 56 98 64

Un des plus beaux jardins, des soirées select, une cuisine aux accents asiatiques et une musique sans aucune fausse note. On y va pour Cyril, maître de cérémonie inspiré qui nous reçoit avec élégance. On y retourne pour danser, car les fins de soirées se terminent toujours sur la piste. One of the most beautiful Asian-looking gardens, select evenings, dishes with an Asian touch and perfectly selected music. Go for Cyril, the inspired master of ceremonies who is always on hand for an elegant welcome. Go back to dance: evenings there always end up on the dance floor. Tel : +212 5 24 38 80 12

Lotus Club

Restaurant et bar très couru où les shows men (& women) se relaient pour une ambiance Live explosive. On y va pour le cadre baroque et la cuisine raffinée. On y retourne parce que les shows se renouvellent chaque semaine. Very popular restaurant and bar where showmen (& women) take it in turns to create an explosive live atmosphere. Go for the baroque setting and refined cuisine. Go back for new shows every week Tel : +212 5 24 42 17 36

Jad Mahal

Le Jad Mahal

Djellabar

Djellabar

L'adresse tant attendue de Claude Challe et Stéphane Atlas, un restaurant lounge très "Maroc'n Roll". On y va pour l'esprit "Bollywood oriental" de la déco et la carte fusion. On y retourne pour la bande son signée Claude Challe. Claude Challe and Stéphane Atlas’ much awaited, “Maroc’n Roll” lounge restaurant. Go for the “Oriental Bollywood” style decoration and the fusion food. Go back for the music chosen by Claude Challe. Tel : + 212 6 61 26 23 08

Le Comptoir Darna

Le Comptoir Darna

Une institution, à mi-chemin entre cabaret oriental et lounge occidental. On y va pour le show orchestré des danseuses orientales… On y retourne pour le fameux Tigre qui pleure. An institution, oriental cabaret-cum-western lounge. Go for the show orchestrated by belly dancers… Go back for the famous Weeping tiger beef. Tel : +212 5 24 43 77 02

Véritable temple de la nuit marrakchie, où se croise une population jeune et cosmopolite qui dîne avant de se défouler devant la scène du Mahal’s Band. On y va pour l'ambiance qui y règne tous les soirs de la semaine. On y retourne le week-end pour son Club futuriste (au sous-sol), le Silver. A true temple of Marrakech nightlife, a meeting place for a young and cosmopolitan population, which dines there before letting off steam in front of the Mahal’s Band live performance. Go for the atmosphere that reigns there every night of the week. Go back at the weekend for its futuristic Club (in the basement), the Silver. Tel : +212 5 24 43 77 02


... FAIRE LA FETE ...HAVE A BALL Nikki Beach

La plage privée la plus Hot de la ville, comme à St Tropez, Miami ou Koh Samui. On y va pour faire la fête, au bord de la piscine, sans avoir à attendre que le soleil se couche. On y retourne parce que la carte réserve de belles surprises. The city’s hottest private beach, much like St Tropez, Miami or Koh Samui. Go to party by the pool, without having to wait for the sun to go down. Go back because the menu offers a fair few wonderful surprises. Tel : +212 5 24 44 90 41

So Night Lounge

Un restaurant-bar-lounge-Live-club, le tout dans un même espace aux effets sons et lumières bluffants ! On y va parce que les concerts sont excellentissimes. On y retourne à n’importe quel moment de la soirée, avant, pendant ou après dîner. An all-in-one restaurant-bar-lounge-live music-club, with impressive sound and light effects! Go for the excellent concerts. Go back at any point in the evening, before, during or after dinner. Tel : +212 5 24 42 56 01

So Night Lounge

Pacha

Le temple de la nuit façon Ibiza, mais aussi un splendide restaurant, le Crystal, une piscine, et un lounge… On y va pour prendre un verre sur la terrasse du Rose bar, bercé par une musique cool qui monte en crescendo. On y retourne pour les grandes occasions : les plus grands Dj s’y produisent, de David Guetta à Bob Sinclar. An Ibiza-style nightlife mecca, as well as a splendid restaurant, the Crystal, a swimming pool, and a lounge… Go for a drink on the Rose bar terrace, soothed by the cool music. Go back for special occasions: the biggest DJs, from David Guetta to Bob Sinclar, perform there. Tel : +212 5 24 38 84 00

Théatro

Un ancien théâtre brillamment transformé en club, une clientèle jeune et jolie. On y va parce que les sets sont ponctués par des numéros d’acrobates. On y retourne quand on a vraiment envie de s’éclater sur la piste. An old theatre brilliantly transformed into a nightclub, with a young and attractive clientele. Go for the sets punctuated by acrobatic numbers. Go back to really have a ball on the dance floor. Tel : +212 6 64 86 03 39

Theatro

Pacha

Nikki Beach


Carnet d’adresses SHOPPING SIDI GHANEM MARRAKECH

SERIE MODE “C’EST DANS L’AIR“ ADRESSES MARRAKECH

ARDEVIVRE 437, Q.I. Sidi Ghanem Tel : + 212 5 24 33 66 10

DIOR Hôtel La Mamounia - www.dior.com

ATELIER NIHAL 266, Q.I. Sidi Ghanem Tel : +212 6 71 16 01 62

KARIM TASSI 344, Sidi Ghanem - Route de Safi Tel : +212 5 24 33 52 11

BOUTIQUE MAD 25, Q.I. Sidi Ghanem Tel : 6 61 67 08 46

NOUREDDINE AMIR 7, rue de la Mosquée - Guéliz www.noureddineamir.com

DESIGN & COOK 166, Q.I. Sidi Ghanem Tel : +212 24 33 50 47

ZARA Avenue Mohamed V - Marrakech Plaza Tel: +212 5 24 42 37 69

FAN WA NOUR 16 bis, Q.I. Sidi Ghanem Tel : +212 5 24 33 69 60

SOUS ENTENDU 89, Rue Mohamed El Beqal, Guéliz Tel : +212 5 24 43 61 21

FENYADI 219, Q.I. Sidi Ghanem Tel : +212 5 24 33 56 54

ISABELLE TOPOLINA Tel : +212 6 51 34 57 95

FRED BUTZ fb_design@me.com Tel : +212 6 61 34 44 40 GALERIE POP 109, Q.I. Sidi Ghanem Tel : +212 5 24 33 60 08 JET SOUK 310, Q.I. Sidi Ghanem Tel : +212 6 69 03 23 89 LILAH SPIRIT 294, Q.I. Sidi Ghanem Tel : +212 6 61 31 78 19 MAGASIN GENERAL 360, Q.I. Sidi Ghanem Tel : +212 6 67 35 01 23 W HOME 437, Q.I. Sidi Ghanem Tel : +212 5 24 33 61 28 SHOPPING JOAILLERIE HORLOGERIE CARTIER Casablanca : 3b, rue Aïn Harrouda, quartier Racine Tel : +212 5 22 36 92 77 Rabat : 26, rue du 16 septembre, quartier Agdal Tel : +212 5 37 67 38 15 CHOPARD Casablanca : rue Aïn Harrouda, Résidence El Manar Tel : +212 5 22 39 20 20 Rabat : Boutique Diamontre, Marjane Hay Riad Tel : +212 5 37 71 70 62 Marrakech : Mystère du Sud, Hôtel Riad Mogador, Bd Mohammed VI - Tel : +212 5 24 44 77 44 DIOR Casablanca : 221, Bd d’Anfa -
Tel : +212 5 22 36 55 42 Marrakech : La Mamounia - Tel : +212 5 24 43 10 08 KALLISTA Casablanca : 34, rue Aïn Harrouda Tel : +212 5 22 94 66 66 Rabat : Centre commercial Label Vie, rue Imam Malek, Souissi - Tel : +212 5 3775 49 87 Marrakech : Hôtel Mogador, Bd Mohammed VI Tel : +212 5 24 43 52 52 MAUBOUSSIN Casablanca : 34, Bd Massira El Khadra Tel +212 5 22 79 11 50 Marrakech : Hôtel Sofitel, rue Haroun Errachid, Hivernage - Tel : +212 5 24 43 04 02

PARTENAIRES AL MAADEN Sidi Youssef Ben Ali, Marrakech Tel : +212 5 24 40 13 50 ou +212 6 60 10 52 50/54/56 resamedina@alliences.co.ma - www.almaaden.com ARDEVIVRE Marrakech : 437, Q.I. Sidi Ghanem Tel : + 212 5 24 33 66 10 Essaouira : n°50 bis, Rue Ekairaouane Tel : +212 5 24 47 55 22 ART HOLDING MOROCCO (Marrakech Art Fair) : 6, Avenue des Tilleuls, quartier de l’Hippodrome, Casablanca - Tel : + 212 5 22 95 31 90 www.marrakechartfair.com DAVID BLOCH GALLERY Marrakech : 8, rue des Vieux Marrakchis, Guéliz Tel : +212 24 45 75 95 Casablanca : 45, Bd Ghandi, résidence Yasmine, n°46 Tel: +212 22 94 96 49 www.davidblochgallery.com DAR EL BEIDA (Hyatt Regency Casablanca): Place des Nations Unies - Tel : +212 5 22 43 12 77 www.casablanca.regency.hyatt.com DECORIENTE Passage Ghandouri, 61, rue Yougoslavie, Guéliz, Marrakech - Tel : +212 5 24 43 63 12 decoriente@yahoo.fr DIPTICK 18, rue Ahmad Mokri, Racine, Casablanca Tel : +212 5 22 94 46 56 www.diptykmag.com FENDI Casablanca : 5, Rue Ain Harrouda Tel : +212 5 22 94 23 00 Marrakech: Hotel la Mamounia Tel : +212 5 24 42 36 22 www.fendi.com FOODS & GOODS Km 12,5 Bd Chefchaouni n°47, Aïn Sebaa, Casablanca - Tel : +212 5 22 66 50 90 www.foods-goods.com

Tel : +212 5 24 43 13 29 www.gucci.com KARIM TASSI N° 344, ZI de Sidi Ghanem - Marrakech Tel : +212 5 24 33 52 11 - karimtassi@yahoo.fr LES JARDINS DE LA MEDINA 21, Derb Chtouka, Kasbah, Marrakech Tel : +212 5 24 38 18 51 www.lesjardinsdelamedina.com LA GALERIE DES TANNEURS 4, avenue Moulay Rachid, Guéliz, Marrakech Tel +212 5 24 42 34 11 www.galerie-cuir-marrakech.com MAUBOUSSIN Casablanca : 34, Bd Massira El Khadra Tel : +212 5 22 79 11 50 - mauboussinmaroc@hotmail.fr Marrakech : Hôtel Sofitel, rue Haroun Errachid, Hivernage. Tel : +212 5 24 43 04 02 MR RENOUVO Allée des Citronniers, Casablanca Tel : +212 5 22 35 08 01 – www.greygoose.com NESPRESSO 3, Bd Ibn Sina, Maârif, Casablanca Tel : +212 5 22 99 77 74 - www.nespresso.com PALMERAIE HOTEL & RESORT Palmeraie Golf Palace, circuit de la Palmeraie Tel : +212 5 24 30 10 10 www.palmeraiemarrakech.com PORSCHE MAROC (La Centrale Automobile Chérifienne) 84, Av. Lalla Yacout, Casablanca Tel : + 212 22 31 81 81 ROYAL MANSOUR MARRAKECH Rue Abou Abbas El Sebti Tel : + 212 5 29 80 80 80 - www.royalmansour.com SOFITEL Agadir : Cité Founty, P4 Baie des Palmiers Tel : +212 5 28 82 00 33 Marrakech : rue Haroun Errachid, Hivernage Tel : +212 5 24 42 56 00 www.sofitel.com SMEIA Casablanca : 47, Bd Ba Hmad Tel : +212 5 22 40 07 00/01 Rabat : +212 5 37 71 62 00 - Tanger : +212 5 39 39 94 30/40 Marrakech : +212 5 24 32 72 32 - Agadir : +212 5 28 84 74 28 www.bmw.ma KARIM TASSI 344, Sidi Ghanem - Marrakech Tel : +212 5 24 33 52 11 BAB HOTEL Angle bd Mansour Eddahbi, Rue Mohamed El Beqal - Marrakech Tel : +212 5 24 43 52 50 BO-ZIN 3,5 Km, Route de l’Ourika - Marrakech Tel : +212 5 24 38 80 12 LE GRAND CAFE DE LA POSTE Avenue Mohamed V - Marrakech Tel : +212 5 24 43 30 38

FOUR SEASONS MARRAKECH 1, Bd de la Ménara, - Tel : +212 5 24 35 92 00 www.fourseasons.com/marrakech

LA RENAISSANCE Angle Boulevard Zerktouni et Mohamed V - Marrakech Tel : +212 5 24 33 77 77

GUCCI Casablanca : Morocco Mall, Bd océan, Aïn Diab Marrakech : Hotel la Mamounia

YELLOW SUB 82, avenue Hassan II - Marrakech Tel : +212 6 72 56 98 64




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