DECO & DESIGN T VISION D'INTERIEUR CREATEUR
LA TRIBUNE DE MARRAKECH DĂCEMBRE 2021
18
Par Jérémy Baudet, photos JJF
LUDOVIC PETIT ou lâĂ©lĂ©gance sous toutes ses formes
FormĂ© dans les plus grandes maisons de haute couture française, Ludovic Petit est devenu lâun des crĂ©ateurs les plus douĂ©s de sa gĂ©nĂ©ration. Amoureux de Marrakech et adepte du sur-mesure, il « sĂ©vit » dans de nombreux domaines (dĂ©coration, architecture dâintĂ©rieur, Ă©vĂ©nements) avec une modernitĂ© rare. Rencontre.
D
ans la vie, il y a ceux qui adorent se mettre en scĂšne, briller Ă la lumiĂšre des projecteurs pour mieux susciter lâintĂ©rĂȘt des courtisans. Puis il y a les autres. Les discrets. De celles et de ceux qui, bien que dĂ©bordant de talents, prĂ©fĂšrent rester tapis dans lâombre, quitte Ă parfois se faire lĂ©gĂšrement voler la vedette. CrĂ©ateur Ă©mĂ©rite, Ludovic Petit est ainsi fait. Quâimporte le succĂšs mĂ©diatique que cultive aujourdâhui Lup 31, sa marque de dĂ©co que lâon retrouve dans les magazines branchĂ©s. Pour cet artiste formĂ© dans les plus grandes maisons de haute couture françaises, proche de Kenzo - il fut notamment son assistant -, la discrĂ©tion est pourtant devenue une marque de fabrique. Au mĂȘme titre que son souci de perfection et cette inspiration, unique, que lui inspire les matiĂšres, les objets et lâatmosphĂšre si particuliĂšre des souks de la citĂ© ocre. De ses sacs en cuir, de ses coussins brodĂ©s Ă la main, de sa vaisselle en cĂ©ramique en passant par ses incontournables photophores et autres pochettes en toile de jute plastifiĂ©e, on retrouve Ă
chaque fois dans ses crĂ©ations ce petit quelque chose qui relie Ă merveille les traditions et la modernitĂ©. Les deux pans dâune ville, Marrakech, oĂč il avait un pied Ă terre et qui a fini par devenir, quelque part,
la muse de sa vie. Croyant aux bienfaits du hasard, Ludovic Petit y a fait sa premiĂšre escale Ă la fin des annĂ©es 2000. « Je venais de vendre Kim & Garo. Au dĂ©part, câĂ©tait dans lâidĂ©e de me poser,
aprĂšs tant dâannĂ©es Ă vivre Ă fond sur Paris », se remĂ©moret-il tout en admettant que trĂšs vite, la soif de crĂ©er lâa rattrapĂ©. En tĂ©moigne le premier atelier quâil installe Ă Tameslohte oĂč prĂšs de 400 brodeuses vont alors travailler pour lui. Les annĂ©es passant, le bouche Ă oreilles a fait le job et ouvert le champ des possibles Ă ce crĂ©ateur reconnu dans le monde entier. En effet, Ă cĂŽtĂ© de ses objets de dĂ©co, rĂ©vĂ©lateurs dâune grande dĂ©licatesse, Ludovic Petit compose et remodĂšle aujourdâhui les espaces, Ă la maniĂšre dâun architecte dâintĂ©rieur. Des manoirs, des restaurants, des hĂŽtels de luxe. En Sologne, au Qatar ou encore dans le dĂ©sert dâAgafay. « Je sĂ©vis un peu partout », lance-t-il dans un Ă©clat de rire. Un nouveau mĂ©tier, en quelque sorte, que ce « vieux de la vieille », comme il aime sâappeler, pratique avec la mĂȘme audace. « Ce que jâaime, en crĂ©ant, câest avant tout de bluffer les gens. Apporter un regard nouveau, rĂ©interprĂ©ter lâancestral au goĂ»t du jour, raconter une histoire Ă ces choses parfois dĂ©suĂštes qui nous entourent. Je le fais tout en mâinspirant des situations,
des lieux et bien Ă©videmment, des dĂ©sirs des clients. Je dis souvent que câest comme si je vivais un petit mariage avec eux.» Pour lâaider dans ses aventures au royaume du surmesure, une Ă©quipe solide dâartisans lâaccompagne tout le long du processus crĂ©atif, au sein de deux vastes ateliers. Lâun est situĂ© Ă Sidi Ghanem, lâautre dans lâancien quartier industriel de la ville, derriĂšre la gare ONCF. Câest lĂ , dans un ancien hangar, Ă lâabri de lâagitation, quâil accueille son public, dessine et partage son quotidien avec lâĂ©quipe de Delight, une des meilleures agences dâĂ©vĂ©nements luxueux au Maroc, dont il dirige Ă©galement la partie artistique. Un vrai touche-Ă -tout. Ouvert sur le monde mais finalement, peu Ă son aise avec la foule et les nouvelles formes de communication que sont les rĂ©seaux sociaux. A vrai dire, Ludovic Petit nâen a jamais eu besoin. Son talent a toujours parlĂ© pour lui. Et ça, malgrĂ© tout, ça ne se copie pas. www.lup31.com JĂ©rĂ©my Baubet
ROCHE BOBOIS sâoffre un showroom Ă M Avenue
AprĂšs Rabat et Casablanca, Roche Bobois poursuit son expansion au Maroc avec lâouverture de son troisiĂšme showroom Ă Marrakech. Câest au cĆur du prestigieux projet rĂ©sidentiel et commercial M Avenue que la rĂ©fĂ©rence internationale de lâameublement a pris place pour distiller son âFrench Art de Vivreâ. La Tribune de Marrakech a rencontrĂ©, Ă lâoccasion de lâinauguration, Jean-Guy Testut, directeur de collection pour la partie canapĂ©s et assises chez Roche Bobois.
D
u haut de ses soixante ans dâexistence, la maison familiale Roche Bobois a intĂ©grĂ© le cercle des leaders mondiaux du mobilier design haut de gamme. Avec 275 magasins Ă son compteur, rĂ©partis dans 55 pays, lâenseigne sâest imposĂ©e grĂące Ă sa mosaĂŻque dâunivers qui se veut universelle, son audace et son lĂ©gendaire savoir-faire. Une symbiose omniprĂ©sente dans le nouveau showroom marrakchi de prĂšs de 700 mÂČ, oĂč les designs, les couleurs et les textures nous insufflent mille et une idĂ©es pour notre intĂ©rieur. Lâimplantation au sein de la perle du sud sonnait comme
une Ă©vidence : âSâinstaller Ă Marrakech, câest quelque chose que lâon voulait faire depuis longtemps. Nous sommes ravis dâouvrir ce bel espace au cĆur du concept inĂ©dit M Avenue qui vient renforcer le rayonnement de la villeâ, nous confie JeanGuy Testut. «French art de vivre», tel est le slogan arborĂ© par la marque culte du design tricolore : âLa France a Ă©tĂ©, depuis plusieurs annĂ©es, un des pays moteurs dans le dĂ©veloppement du goĂ»t occidental dans le monde. Je pense que Roche Bobois a toute la lĂ©gitimitĂ© dâĂȘtre un ambassadeur et de perpĂ©tuer cet art de vivre Ă la française
qui remonte au dĂ©but du 19e siĂšcle. Toutefois, cela ne nous empĂȘche pas dâĂȘtre ouvert sur dâautres horizons en travaillant avec des designers du monde entierâ. En effet, la maison Roche Bobois a Ă©levĂ© plus dâune fois le design au rang dâart en collaborant avec de grands noms, parmi lesquels : âDes designers historiques Ă lâinstar du grand Marc Berthier dans les annĂ©es 60 ou encore le designer allemand Hans Hopfer qui a crĂ©Ă© le canapĂ© iconique Mah Jong pour Roche Bobois en 1971. Ă partir des annĂ©es 2000, on a dĂ©cidĂ© dâhabiller cette piĂšce phare. Jâai ainsi sollicitĂ© Kenzo avec
son univers colorĂ© Ă la croisĂ©e des cultures, puis la maison italienne de mode Missoni et pour les 40 ans du Mah Jong, jâai voulu marquer le coup de maniĂšre exceptionnelle, dâoĂč la collaboration avec Jean Paul Gaultier qui a dessinĂ© les tissusâ, se remĂ©more Jean-Guy Testut. Le «French art de vivre» façon Roche Bobois vient embellir les intĂ©rieurs marrakchis avec cette ouverture en grande pompe, avant de mettre le cap sur la mĂ©diterranĂ©e pour un nouveau showroom qui verra le jour dans un futur proche Ă Tanger. Majda Fadili