bestial! Animaux et créatures hybrides dans l’Antiquité
Textes d’exposition
Plan d‘exposition
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Créatures hybrides 31
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Animal - Homme. Une relation ambivalente 18
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L‘Homme contre la nature
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Entrée
Sortie
1 bestial ! Animaux et créatures hybrides dans l’Antiquité Les représentations animales existent depuis que l’être humain tente de capter son environnement en images. Dans toutes les cultures anciennes de la région méditerranéenne, les animaux sont autant un moyen de subsistance qu’une métaphore du danger. Ils sont chassés et élevés dans le but de se nourrir et de fournir des matières premières. Un mode de vie basé principalement sur l’agriculture est inconcevable sans animaux comme sources de viande, de lait, de laine ou en tant que main-d’œuvre et moyens de transport. Parallèlement, le monde animal constitue une menace, souvent située dans la sphère du divin afin de la rendre plus explicable et dont l’humain doit se protéger. Des animaux et des créatures sauvages inconnus sont perçus comme une caractéristique d’un espace naturel étranger et potentiellement dangereux dans lequel l’homme doit chercher sa place. La réflexion spirituelle sur les animaux, leurs traits de caractères observés ou soupçonnés, leur puissance et leur force, aboutit finalement à la création de créatures hybrides qui façonnent de manière décisive l’iconographie de l’Antiquité.
Animal - Homme. Une relation ambivalente
2 Animal – Homme. Une relation ambivalente «Nous sommes leurs disciples dans des choses très importantes ? L’araignée nous a appris à ourdir de la toile et à coudre ; l’hirondelle à bâtir ; c’est à l’envie d’imiter le cygne et le rossignol que nous devons la musique.» Démocrite (Ve siècle av. J.-C.) «Il faut croire que les plantes sont faites pour les animaux, et les animaux, pour l’homme. […] Si donc la nature ne fait rien d’incomplet, si elle ne fait rien en vain, il faut nécessairement qu’elle ait créé tout cela pour l’homme» Aristote (IVe siècle av. J.-C.) Depuis toujours, l’homme se définit par rapport au monde animal, en cherchant à la fois les similitudes et les différences, et en essayant d’interpréter et d’expliquer sa position vis-à-vis des animaux. Fondamentalement, deux conceptions façonnent l’attitude de l’homme envers les animaux. D’une part, ces derniers sont considérés comme des êtres plus aboutis, supérieurs aux humains et sont à imiter. Les hommes et les animaux sont des êtres vivants avec, au mieux, des disparités graduelles. D’autre part, une vision anthropocentrique déclare que les animaux doivent être dominés par l’homme. Cette position repose sur le philosophe grec Aristote, dont la classification empirique du monde animal constitue la base de la zoologie moderne. Il définit la nature comme une structure hiérarchique dans laquelle les créatures dotées d’une moindre capacité de discernement sont inférieures à celles qui possèdent un plus grand pouvoir de jugement. L’animal doit donc par défaut de conscience servir l’homme et lui être subordonné. Cette ambivalence entre la supériorité des animaux et leur exploitation par l’homme peut être retracée par de nombreuses œuvres d’art antiques.
3 La nature sauvage « C’est dans cette partie occidentale de la Libye que se trouvent les serpents d’une grandeur prodigieuse, les lions, les éléphants, les ours, les aspics, les ânes qui ont des cornes, les cynocéphales (têtes de chien) et les acéphales (sans tête), qui ont, si l’on en croit les Libyens, les yeux à la poitrine. On y voit aussi des hommes et des femmes sauvages, et une multitude d’autres bêtes féroces, qui existent réellement. » Hérodote (vers 450 av. J.-C.) Dans toutes les cultures anciennes, l’homme se considère comme une partie de son environnement. Où se trouve sa place et quelle relation entretient-il avec les autres êtres vivants ? Ces questions semblent avoir particulièrement préoccupé le peuple grec au début du Ier millénaire av. J.-C. Précisément au moment où – après une longue interruption – une culture urbaine émerge à nouveau d’habitats isolés et dispersés. Les villes constituent un espace de vie protégé pour leurs habitants et la campagne environnante, avec ses champs cultivés, fournit les ressources nécessaires. La nature sauvage est l’antithèse de ce monde dominé par l’homme. Elle représente une menace particulière sous forme d’animaux féroces. Les félins, les ours, les sangliers prédateurs, peuvent non seulement incarner un danger direct et concret pour les humains, mais aussi détruire leurs moyens de subsistance en dévastant les champs. La représentation d’animaux sauvages sert avant tout à définir la nature comme une zone à risques que l’homme est tenu de garder à l’écart et dont il doit se protéger. Ainsi, la nécessité existentielle de vivre dans un cadre urbain est également démontrée.
4 Les frises d’animaux Les premières peintures sur vase de la ville de Corinthe sont caractéristiques de la représentation d’une nature sauvage et dangereuse. Au VIIe et au début du VIe siècle av. J.-C., la ville est le plus grand producteur et exportateur de vases peints en argile. Les motifs les plus fréquents sont les frises dites animalières sur lesquelles apparaissent des félins prédateurs comme les lions et les pan-
thères, des chèvres sauvages, des bouquetins et des oiseaux. Il est frappant de constater qu’il s’agit exclusivement d’animaux sauvages et non d’animaux domestiques. Bien qu’ils soient alignés sans contexte narratif – ils ne racontent pas réellement d’histoire – ils ne doivent pourtant pas être compris comme une simple décoration sans contenu. Ils montrent plutôt comment les peintres de vases et leurs commanditaires imaginent une nature sauvage loin de toute civilisation. Des créatures hybrides telles que l’homme-lion (sphinx) ou l’homme-oiseau (sirène) apparaissent de manière isolée ou par paire au sein de cette nature exotique. Cependant, aucun mythe particulier dans lequel ces êtres joueraient un rôle ne leur est rattaché, ils incarnent simplement un univers étrange où animaux sauvages et créatures hybrides peuvent cohabiter. Dans le monde imaginaire des Grecs, il ne s’agit donc pas uniquement de monstres fantastiques mais de bêtes considérées comme plausibles et intégrées à une nature étrangère. Ce n’est pas une coïncidence si ces images se développent à une époque où les Grecs cherchent à étendre leur monde par des voyages d’exploration et de commerce, s’aventurant ainsi dans des régions qui leur sont inconnues. 1
Vase à mélanger le vin (cratère) avec frises figurées et animalières | Argile, Corinthe, vers 580 av. J.-C. (Inv. BS 444)
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Pichet (œnochoé) avec frises d’animaux | Clay, Argile, Corinthe, vers 640 av. J.-C. (Inv. Lu 11)
3
Pichet (œnochoé) avec frises d’animaux | Argile, Corinthe, vers 590 av. J.-C. (Prêt)
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Coupe (skyphos) avec frise d’animaux | Argile, Corinthe, vers 580 av. J.-C. (Prêt)
5 La frise d’animaux, plus qu’une simple décoration L’environnement de l’homme des temps anciens est encore très limité. La nature menaçante, l’ignorance et la peur dominent la vie quotidienne. Les frises d’animaux illustrent cette dangereuse nature sauvage. Avec le développement de l’agriculture et une meilleure organisation entre les hommes, le réseau de relations grâce au commerce et aux échanges culturels s’étend au-delà de la région.
1
Lion | Bronze, Grèce, VIe s. av. J.-C. *
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Panthère | Or, Eurasie, VIe s. av. J.-C. *
3
Lion | Bronze, Étrurie, vers 550 av. J.-C. *
4
Bouquetin | Bronze, Italie, IIe – IIIe s. apr. J.-C. *
5
Lion | Bronze, Italie, Ier – IIe s. apr. J.-C. *
6
Bouquetin | Bronze, Lorestan (Iran), VIIIe s. av. J.-C. *
7
Panthère | Bronze, Grèce, Ier mill. av. J.-C. *
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Cygne | Bronze, Italie, IIe – IIIe s. apr. J.-C. *
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Porc | Bronze, Europe de l’ouest, IIe – IIIe apr. J.-C. *
10
Bouquetin | Iran, VIe s. av. J.-C. *
* Prêts de la fondation «In memoriam Adolf und Margreth Im Hof-Schoch»
6 Les animaux sauvages d’Égypte « Les animaux qu’on rencontre en Egypte, sauvages ou domestiques, on les regarde comme sacrés. » Hérodote (vers 450 av. J.-C.) Les animaux sont omniprésents dans l’art et la culture égyptiens. La flore et la faune sont extrêmement diversifiées en Égypte. En raison de la topographie du pays, les hommes et les animaux vivent ensemble dans un espace relativement restreint. Dans les steppes arides du plateau désertique vivent des chacals, des cobras et des chats sauvages, tandis que la vallée fertile du Nil constitue l’habitat des hippopotames et des crocodiles, des oiseaux, des poissons et des amphibiens. 1
Statuette d’hippopotame | Argile, Égypte, fin du IVe mill. av. J.-C. (Inv. BSAe 1053)
2
Amulette en forme d’hippopotame | Calcite-albâtre, Égypte, fin du IIIe mill. av. J.-C. (Inv. BSAe 1004)
3
Statuette de crapaud | Serpentine, Égypte, XIIIe s. av. J.-C. (Inv. BSAe III 7012)
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Momie de poisson | Momie, Égypte, fin du IVe s. av. J.-C. (BSAe III 6751)
5
Statue de chacal (Anubis) | Bois, peint , Égypte, VIIe – IVe s. av. J.-C. (Prêt, Musée cantonal d’art et d’histoire, Lausanne)
6
Amulette en forme de cobra | Faïence, Égypte, VIIe – IVe s. av. J.-C. (Inv. BSAe III 5257)
7
Statuette de chat | Bronze, Égypte, VIIe – IVe s. av. J.-C. (Prêt)
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Tête d’une statue de chat | Bronze, Égypte, VIIe – IVe s. av. J.-C. (Prêt)
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Boîte et momie de musaraigne | Bois, momie, Égypte, VIIe – IVe s. av. J.-C. (Inv. BSAe 14308)
7 Maîtresse des animaux « Mais l’agreste Artémis, sa sœur, dame des fauves, le gourmande et lui dit ces mots injurieux. » Homère (fin du VIIIe siècle av. J.-C.) La maîtresse des animaux (la forme masculine est moins courante) est un personnage qui dompte deux animaux sauvages ou créatures hybrides les bras tendus. Ce motif remonte à d’anciens modèles orientaux du IVe millénaire av. J.-C. L’iconographie se répand, avec diverses modifications, du Proche-Orient à l’Égypte, la Grèce, l’Italie et l’Europe centrale et du NordOuest. Bien qu’Homère assimile l’appellation « maîtresse des animaux » à la déesse Artémis, il s’agit plus généralement d’une divinité de la nature destinée à symboliser la domination de l’homme sur les animaux et donc sur la nature. 1
Plaque frontale de cheval avec génies | Bronze, Urartu (Anatolie), début du Ier mill. av. J.-C. (Prêt, Dr. B. Begelsbacher)
2
Étendard avec maître des animaux | Bronze, Lorestan (Iran), IXe – VIIIe s. av. J.-C. (Inv. Hess 57)
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Anse en forme de dompteur de lions | Bronze, Grèce, vers 550 av. J.-C. (Prêt)
4
Vase pour le vin (amphore) avec maîtresse des animaux | Argile, Athènes, vers 550 av. J.-C. (Inv. BS 497)
8 Statue de panthère Marbre, Athènes, vers 330 av. J.-C. (Inv. Kä 231)
9 Poignées de sarcophage en forme de têtes de lions Bronze, Syrie, vers le IIe s. apr. J.-C. (Inv. BS 505)
10 Lion « La partie montueuse de la Thrace qui entoure le fleuve Nestus, à travers le pays des Abdéritains, produit des bêtes féroces, et particulièrement des lions. Ces animaux se jetèrent sur l’armée de Xerxès, et déchirèrent les chameaux qui portaient les vivres. » Pausanias (IIe siècle apr. J.-C.) Dans l’Antiquité, le lion est commun en Afrique du Nord, en Éthiopie, en Asie Mineure, au Moyen-Orient, en Arabie et en Perse. En Grèce, il est encore présent dans les régions septentrionales jusqu’au milieu du Ier millénaire av. J.-C. Dans toutes les cultures, les lions symbolisent la puissance indomptable et la dangerosité de la nature sauvage. En Égypte comme en Mésopotamie, la force du lion est principalement reliée à la personne du souverain, qui est le seul à parvenir à dompter l’animal. En Grèce, en Étrurie et à Rome également, le lion est une métaphore du danger, mais aussi de la force, de la bravoure et du courage. En raison de ses capacités extraordinaires, il n’est pas rare d’associer à son image des pouvoirs apotropaïques. 1
Modèle de sculpteur d’un lion | Calcaire, Égypte, IIIe – IIe s. av. J.-C. (Inv. BSAe 6489)
2
Applique de vase en forme de tête de lion | Argile, Syrie, début du Ier mill. av. J.-C. (Inv. Bo 170)
3
Coupe avec tête de lion | Stéatite, Syrie, VIIIe s. av. J.-C. (Prêt Bloch, Berne)
4
Hache avec têtes de lion et de sangliers | Bronze, Lorestan (Iran), fin du IIe mill. av. J.-C. (Inv. Su 21)
5
Tête de lion | Argile, Crète, vers 700 av. J.-C. (Inv. Bo 152)
6
Vase à onguent (aryballe) avec lions | Argile, Corinthe, vers 610 av. J.-C. (Inv. Lu 12)
7
Vase en forme de tête de lion | Argile, Ionie, vers 570 av. J.-C. (Inv. BS 312)
11 Héraclès saisissant la biche d’Artémis Moulage en plâtre, Copie romaine d’après un original de Lysippe, vers 300 av. J.-C. (Inv. SH 279)
12 Chasse La chasse, tout comme la cueillette de plantes sauvages, est considérée comme le moyen le plus primitif de se procurer de la nourriture. Durant des milliers d’années, il s’agit de la principale activité de l’homme. Au cours de la sédentarisation, vers 10’000 av. J.-C., la chasse perd de son importance en tant que source première d’alimentation. Dès lors, elle est plutôt pratiquée dans le but de protéger les habitations ainsi que les champs contre les animaux sauvages et devient un privilège réservé aux classes supérieures. Les scènes de chasse mythologiques sont souvent représentées dans l’art. 1
Coupe à boire le vin (kylix) avec scène de chasse | Argile, Athènes, vers 500 av. J.-C. (Inv. BS 438)
2
Vase en forme de cerf | Argile, Gilan (Iran), début du Ier mill. av. J.-C. (Inv. Su 37)
13 L’homme, un chasseur Depuis le début de l’histoire de l’humanité, la chasse est la principale source de nourriture. Avec la chasse, l’homme essaye aussi de contrôler la menace que représentent les animaux sauvages pour la cité. Lorsque les populations s’installent enfin de manière fixe (se sédentarisent) et que l’agriculture peut se développer, la chasse passe au second plan. Elle est alors réservée aux classes sociales supérieures, qui peuvent y exhiber leur pouvoir et leur influence. 1
Dauphin | Bronze, Italie, Ier – IIe s. apr. J.-C. *
2
Gazelle | Bronze, Étrurie, Ve – IVe s. av. J.-C. *
3
Ours | Résine, Italie, Ier – IIe s. apr. J.-C. *
4
Aigle | Bronze, Italie, IIe – IIIe s. apr. J.-C. *
5
Poisson | Bronze, Europe de l’ouest, IIe – IIIe s. apr. J.-C. *
6
Cheval | Bronze, Italie, Ier s. apr. J.-C. *
7
Lièvre | Bronze, Italie, IIe – IIIe s. apr. J.-C. *
8
Chien | Bronze, Iran, VIIIe s. av. J.-C. *
9
Biche | Bronze, Amlash (Iran), IXe – VIIIe s. av. J.-C. *
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Cerf | Bronze, Italie, IIe – IIIe s. apr. J.-C. *
* Prêts de la fondation «In memoriam Adolf und Margreth Im Hof-Schoch»
14 Le monde des dieux C’est probablement en observant le fait que les animaux possèdent des capacités extraordinaires – comme voler par exemple – et sont souvent supérieurs aux humains en termes de force, de vitesse et d’adaptation, que l’homme place les animaux dans la sphère divine. Les pouvoirs inexplicables de la nature sont ainsi rendus tangibles dans une certaine mesure. Dans de nombreuses cultures, tant antiques que post-antiques, les animaux deviennent donc les attributs des dieux et soulignent leur pouvoir absolu.
15 Statue de la déesse Cybèle Marbre, Grèce, vers 320 av. J.-C. (Inv. BS 1217)
16 Animaux et divinités Contrairement à l’Égypte, où les divinités apparaissent très souvent sous une forme mixte d’un homme-animal, les Grecs et les Romains représentent leurs dieux sous des traits purement humains. Néanmoins, de nombreux animaux peuplent le monde des dieux. Les animaux sauvages en particuliers occupent une place de choix comme compagnons des divinités pour souligner leur toute puissance. De même, les dieux peuvent temporairement se transformer en animaux – comme Zeus en aigle ou en taureau – afin de poursuivre leurs desseins sans être reconnus.
1
Statuette de Zeus et de Ganymède | Argile, Grèce, IIe s. av. J.-C. (Inv. AME 03)
2
Statuette d’Europe sur le taureau | Argile, Grèce, vers 450 av. J.-C. (Inv. Kä 322)
3
Vase à vin (amphore) avec la naissance de la déesse Athéna surgissant de la tête de Zeus, le père des Dieux | Argile, Athènes, vers 550 av. J.-C. (Inv. BS 496)
4
Vase à boire (skyphos) avec chouette | Argile, Étrurie, Ve s. av. J.-C. (Inv. Zü 380)
17 Le monde des dieux de l’Égypte En Égypte, depuis la préhistoire, les pouvoirs divins sont associés à des animaux dont les capacités dépassent celles des humains. Les premières représentations des dieux prennent une forme purement animale. Peu à peu, elles subissent un processus d’humanisation en acquérant des parties du corps humain. Ce développement essentiel, propre à l’Égypte ancienne, commence au début de la période thinite (vers 3000 av. J.-C.) avec la fusion d’un corps humain et d’une tête animale. Bien que ce type de représentation thériomorphe s’affirme et se répande pour devenir la forme d’apparition caractéristique des divinités de l’Égypte ancienne, il ne supplante jamais les images de divinités purement animales qu’il complète. 1
Statuette de taureau Apis | Bronze, Égypte, IIIe – IIe s. av. J.-C. (Inv. BSAe 5530)
2
Statuette de faucon Horus | Bronze, Égypte, VIIe – IVe s. av. J.-C. (Prêt)
3
Scarabée | Serpentine, Égypte, Xe – VIIIe s. av. J.-C. (Inv. BSAe III 1504)
4
Statuette du dieu Thot | Bois, peint, Égypte, VIIe – VIe s. av. J.-C. (Inv. BSAe 1094)
5
Statuette du dieu Anubis | Bronze, Égypte, VIIe – IVe s. av. J.-C. (Prêt)
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Statuette d’une déesse à tête de lion | Faïence, Égypte, IIIe – IIe s. av. J.-C. (Inv. BSAe SSOM 55)
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Amulette représentant la déesse Thouéris | Faïence, Égypte, IVe s. av. J.-C. (Inv. BSAe 1248)
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Couteau magique avec représentations de dieux | Dent d’hippopotame, Égypte, début du IIe mill. av. J.-C. (Prêt)
18 Sacrifice d’animaux Dans la Grèce antique, le sacrifice d’animaux est considéré comme l’acte rituel le plus élevé de la communauté. Il s’adresse aux dieux de l’Olympe et s’accomplit comme offrande alimentaire. Le peuple se rassemble autour de l’autel; l’animal décoré de couronnes (généralement un bovin, un mouton ou une chèvre) est conduit dans une procession solennelle vers l’autel pour y être aspergé d’eau. Le hochement de la tête de l’animal est interprété comme un consentement. La mise à mort s’effectue ensuite par la section de la carotide. Le fait qu’il s’agisse avant tout d’un abattage rituel est essentiel à la compréhension de cette tradition. En impliquant les dieux, l’acte de tuer et la consommation subséquente de viande sont ainsi légitimés. 1
Vase à mélanger le vin (cratère) avec scène de sacrifice | Argile, Athènes, vers 350 av. J.-C. (Inv. BS 1438)
2
Statuette d’un porteur d’offrande | Argile, Syrie, IIIe mill. av. J.-C. (Inv. BS 824)
3
Statuette d’une porteuse d’offrande | Argile, Grèce, vers 475 av. J.-C. (Inv. BS 311)
4
Statuette d’une porteuse d’offrande | Argile, Grèce, IVe s. av. J.-C. (Inv. BS 1921.491)
5
Statuette d’un criophore (porteur de bélier) | Bronze, Grèce, vers 480 av. J.C. (Inv. BS 1906.123)
19 La nature apprivoisée Avec la domestication – la transformation volontaire de certaines espèces d’animaux sauvages en animaux domestiques – l’homme réussit, du moins dans une certaine mesure, à apprivoiser la nature sauvage et à la rendre utilisable à ses propres fins. Ce processus a lieu au Néolithique, vers 10’000 av. J.-C., dans la région dite du « Croissant Fertile », entre le désert de Syrie et la Mésopotamie. Il est alors pratiqué par les mêmes populations qui cultivent les premières plantes. Ces deux acquisitions représentent une étape décisive dans l’histoire de l’humanité, car avec elles, pour la première fois, émerge une économie productive qui rend possible la sédentarisation et la constitution de stocks. On qualifie alors ce changement d’époque de « révolution néolithique ».
20 Animaux domestiques Dans les cultures anciennes, les animaux domestiqués tels que les moutons, les bovins et les porcs servent essentiellement de sources de nourriture et de matières premières. Les produits d’origine animale comme la viande, le lait, la laine, la peau et les tendons composent l’approvisionnement de base au même titre que les produits végétaux. Pour la plupart des gens, cependant, seule une petite partie de leur alimentation est constituée de viande. Les bovins sont principalement utilisés comme animaux de trait pour le labour et comme moyen de transport. 1
Modèle de char avec tête de bovin | Argile, Mésopotamie, IIIe – IIe mill. av. J.-C. (Inv. Bo 171)
2
Modèle de char avec attelage de bœufs | Bronze, Syrie du Nord, IIIe mill. av. J.-C. (Inv. AME 06)
3
Statuette en forme de bovin | Albâtre, Mésopotamie, IVe mill. av. J.-C. (Prêt)
4
Vase en forme de dromadaire au repos | Argile, Syrie, Ier s. av. J.-C. (Inv. BS 366)
5
Statuette de vache | Marbre, Rome, Ier s. av. J.-C. (Inv. BS 1210)
6
Statuette de bélier | Argile, Italie du Sud, IIe s. av. J.-C. (Inv. Zü 233)
7
Hochet en forme de cochon | Argile, Grèce, IIIe – Ier s. av. J.-C. (Prêt de la fondation «In memoriam Adolf und Margreth Im Hof-Schoch»)
21 Cheval Tant pour le Proche-Orient ancien que pour la Grèce, le cheval est considéré comme l’animal domestique qui jouit du plus grand prestige. Il s’agit d’abord d’un animal de trait pour les chars mais aussi d’une monture à proprement parlé, qui contribue de manière cruciale à l’expansion militaire de nombreux empires (Hyksôs, Assyriens, Hittites) et ce depuis le début du IIe millénaire av. J.-C. En raison de son entretien complexe et coûteux, le cheval reste un animal de luxe réservé aux classes supérieures. En particulier dans la Grèce antique, il est le symbole du noble guerrier aristocratique. 1
Statuette de cheval | Bronze, Laconie, vers 750 av. J.-C. (Inv. Me 27)
2
Mors avec têtes de chevaux stylisées | Bronze, Lorestan (Iran), IXe – VIIe s. av. J.-C. (Inv. BS 555)
3
Vase à mélanger le vin (cratère) avec chevaux | Argile, Étrurie, vers 725 av. J.-C. (Inv. Lu 63)
4
Statuette de cheval | Argile, Italie du Sud, IVe s. av. J.-C. (Inv. BS 1921.445)
5
Statuette d’Harpocrate à cheval | Argile, Égypte, Ier s. av. J.-C. (Inv. BSAe III 5405)
22 Stèle funéraire avec chien de Laconie Marbre, Athènes, vers 410 av. J.-C. (Inv. Kä 206)
23 Chien Le chien est le plus ancien compagnon animal de l’homme. Issu de la domestication des loups et des chacals, il est aux côtés de l’homme depuis le Néolithique (au moins). Ce fidèle quadrupède rend de précieux services à la chasse comme au combat, en tant que chien de berger ou pour monter la garde, mais il est également un partenaire de jeu hors pair pour les enfants. 1
Statuette de chien | Bronze, Grèce, Ve s. av. J.-C. (Inv. Kä 509)
2
Figurine d’amulette représentant un garçon jouant avec un chien | Faïence, Égypte, XIXe – XVIIIe s. av. J.-C. (Prêt)
3
Statuette de chien | Argile, Grèce, vers 760 av. J.-C. (Inv. Bo 45)
4
Gargouille en forme de protomé canine | Argile, Italie, Ier s. apr. J.-C. (Inv. Zü 451)
24 Oiseau Les oiseaux sont admirés pour la diversité de leurs espèces, leur capacité à voler et leur habileté à chanter. En tant qu’animaux domestiques, ils servent de sources de nourriture, de compagnons de jeu pour les enfants ou de divertissements acoustiques ! Dans les contextes mythologiques et religieux, leur aptitude à voler joue un rôle déterminant, c’est pourquoi ils sont associés à diverses divinités. On leur prête également des dons divinatoires : ils peuvent percevoir à l’avance certains phénomènes naturels. 1
Statuette d’ibis | Bois, bronze, Égypte, VIIe – IVe s. av. J.-C. (Inv. BSAe 1311)
2
Cuillère cosmétique en forme de canard | Bois, Égypte, VIIe – IVe s. av. J.-C. (Prêt, Musée cantonal d’art et d’histoire, Lausanne)
3
Vase en forme d’oiseau | Argile, Rhodes, vers 760 av. J.-C. (Inv. BS 1906.236)
4
Vase en forme de tête d’aigle | Argile, Ionie, vers 550 av. J.-C. (Inv. Zü 325)
5
Lampe en forme d’oiseau | Bronze, Italie, Ier – IIIe s. apr. J.-C. (Inv. BS 556)
6
Statuette d’oiseau | Argile, Anatolie, IIe – IIIe s. apr. J.-C (Prêt)
7
Statuette d’oiseau | Bronze, Grèce, VIIe s. av. J.-C. (Inv. Su 06)
8
Statuette d’oiseau | Bronze, Grèce, VIIe s. av. J.-C. (Inv. Su 07)
25 Les animaux et l’agriculture L’agriculture, qui se développe depuis le néolithique, est une activité pénible et dangereuse. De grands défis et échecs accompagnent la vie quotidienne. Au fil du temps, l’organisation s’améliore parmi les agriculteurs, qui deviennent les principaux fournisseurs de nourriture pour les colonies et les villes naissantes. 1
Souris | Bronze, Italie, IIe – IIIe s. apr. J.-C. *
2
Porc | Bronze, Europe de l’ouest, IIe – IIIe s. apr. J.-C. *
3
Bouc | Bronze, Italie, IIe s. apr. J.-C. *
4
Taureau | Bronze, Grèce, Ve s. av. J .-C. *
5
Poule | Os, Italie, IIe s. apr. J.-C. *
6
Cheval | Bronze, Iran, VIIIe s. av. J.-C. *
7
Mouche | Bronze, Europe de l’ouest, IIe – IIIe s. apr. J.-C. *
8
Mulet | Bronze, Italie, Ier s. apr. J.-C. *
9
Mouton | Bronze, Grèce, VIe s. av. J.-C. *
10
Oiseau | Bronze, Lorestan (Iran), IXe – VIIIe s. av. J.-C. *
11
Bélier | Bronze, Europe de l’ouest, IIe – IIIe s. apr. J.-C. *
12
Lièvre | Bronze, Europe de l’ouest, IIe – IIIe s. apr. J.-C. *
13
Vache | Bronze, Eurasie, Ve – IVe s. av. J.-C. *
14
Coq | Bronze, Europe de l’ouest, Ier – IIe s. apr. J.-C. *
15
Colombe | Or, pierre, Italie, Ier – IIe s. apr. J.-C. *
16
Chien | Argile, Corinthe, Ve s. av. J.-C. *
17
Canard | Hématite, Mésopotamie, Ier mill. av. J.-C. *
* Prêts de la fondation «In memoriam Adolf und Margreth Im Hof-Schoch»
26 Les années difficiles de l’enfance Dans l’Antiquité, les débuts de la vie d’un enfant sont durs et menacent sa vie. En raison du manque de soins médicaux, de nombreux enfants trouvent la mort dès les premiers jours et semaines de leur courte vie. C’est aussi pour cela que l’on trouve très rarement des jouets parmi les découvertes archéologiques. Les animaux de la ferme servent souvent de compagnons de jeu aux enfants, qui doivent aussi faire preuve de responsabilités envers les bêtes dès leur plus jeune âge. 1
Souris | Bronze, Italie, Ier – IIIe s. apr. J.-C. *
2
Oiseau | Faïence, Iran, IXe – VIIe s. av. J.-C. *
3
Chien | Bronze, Italie, Ier – IIIe s. apr. J.-C. *
4
Poule | Bronze, Grèce, Ve s. av. J.-C. *
5
Oie | Bronze, Étrurie, Ve – IVe s. av. J.-C. *
6
Tortue | Bronze, Italie, Ier – IIIe s. apr. J.-C. *
7
Cigale | Bronze, Europe de l’ouest, Ve s. av. J.-C. *
8
Lièvre | Bronze, Europe de l’ouest, IIe – IIIe apr. J.-C. *
9
Sauterelle | Bronze, Italie, Ier – IIe apr. J.-C. *
10
Canard | Bronze, Italie, Ier – IIe s. apr. J.-C. *
11
Poisson | Bronze, Europe de l’ouest, IIe – IIIe s. apr. J.-C. *
12
Pichet à vin | Argile, Athènes, Ve s. av. J.-C. (Inv. BS 1941.122)
* Prêts de la fondation «In memoriam Adolf und Margreth Im Hof-Schoch»
Créatures hybrides
27 Créatures hybrides De nombreuses créatures hybrides caractérisent l’iconographie de l’Antiquité classique. Ces êtres mixtes présentent des compositions diverses, notamment l’union de plusieurs corps d’animaux. La combinaison d’éléments animaliers et de corps humains est également répandue. Le choix des motifs semble être déterminé principalement par les traits de caractère attribués à l’animal et ses capacités supérieures à celle de l’homme. Les animaux sauvages sont déjà considérés comme des métaphores des aspects dangereux de la nature et de la menace qu’elle représente pour le mode de vie civilisé des humains. Ainsi, en associant différents animaux pour en faire des créatures hybrides, le danger qu’ils incarnent est amplifié. Ces « monstres » appartiennent à un monde lointain mais pas entièrement imaginaire et sont assez proches des animaux sauvages des frises animalières des vases corinthiens. Les créatures hybrides les plus courantes apparaissent entre le début du VIIe et le VIe siècle av. J.-C., au moment où les Grecs entrent en contact avec des régions plus éloignées, comme la mer Noire, l’Afrique du Nord ou le Proche-Orient, via des activités commerciales ou la fondation de colonies. L’adoption d’éléments figuratifs étrangers dans le répertoire des artistes et artisans grecs peut également être considérée comme directement liée à cet élargissement d’horizons. C’est surtout au tournant du VIIe siècle av. J.-C., que l’on désigne communément comme le début de la «période orientalisante» de l’art grec, que sont assimilés les modèles du Proche-Orient, qui arrivent généralement en Grèce sous forme de pièces importées. Ainsi, les créatures mixtes « classiques », telles que le sphinx (homme-lion), la sirène (homme-oiseau) et le Minotaure (homme-taureau) ne voient pas le jour ex nihilo. Les formes sous lesquelles elles se manifestent sont rarement de véritables inventions grecques, mais montrent une réception et une transposition de compositions figuratives provenant d’Égypte et surtout du Proche-Orient ancien. Les motifs étrangers adoptés et adaptés reçoivent alors un contenu et une signification propres. Dans l’univers figuratif grec, les premières créatures hybrides ont en commun d’apparaître initialement de manière anonyme, sans contexte narratif clairement identifiable.
28 Sphinx « Le Sphinx, monstre né de Typhon et de l’Echidne, qui avait le visage d’une femme, le reste du corps d’un lion, et des ailes d’oiseau. » Apollodore (IIe siècle av. J.-C.) Un sphinx est une créature hybride composée d’un corps de lion et d’une tête humaine. Il apparaît pour la première fois aux alentours du IIIe millénaire av. J.-C. en Mésopotamie et en Égypte, bien que l’on ne sache toujours pas si les sphinx égyptiens et mésopotamiens sont nés indépendamment ou s’ils se sont influencés mutuellement. Dans l’iconographie égyptienne, les sphinx sont représentés comme la combinaison d’un corps de lion et d’une tête masculine. Ils sont principalement utilisés dans le contexte de l’imagerie royale, où la puissance indomptable du félin prédateur renvoie au pharaon en personne, incarnant ainsi son pouvoir unique. Par un cheminement complexe, la forme de « l’homme-lion » voyage de l’Égypte vers la Méditerranée orientale, où elle est adoptée et adaptée dans le nord de la Syrie et en Phénicie, et enrichie d’éléments mésopotamiens comme des ailes. Grâce aux contacts commerciaux entre Grecs et Phéniciens, la créature se retrouve finalement dans l’iconographie grecque du VIIe siècle av. J.-C. Bien que de nombreux sphinx soient initialement représentés avec une barbe et donc toujours interprétés comme des êtres masculins, la version féminine de cette créature prend finalement le dessus. Dans le monde figuratif grec, le sphinx est à l’origine un être hybride anonyme, semblable à un prédateur. Ce n’est que dans un deuxième temps qu’il est utilisé pour incarner le monstre énigmatique de la légende d’Œdipe. 1
Sceau-cylindre avec sphinx | Fritte, Mésopotamie, IXe – VIIIe s. av. J.-C (Prêt)
2
Lampe en forme de sphinx | Argile, Égypte, IIIe – Ier s. av. J.-C. (Inv. BSAe SSOM 0944)
3
Statuette de sphinx | Argile, Égypte, Ier s. av. J.-C.
4
Statuette de sphinx | Argile, Grèce, VIIe s. av. J.-C. (Inv. BS 808)
5
Fragment de pithos à décor en relief avec sphinx | Argile, Crète, début du VIIe s. av. J.-C. (Inv. BS 615)
6
Pichet (œnochoé) avec frises animalières et sphinx | Argile, Corinthe, vers 640 av. J.-C. (Inv. BS 1406)
7
Vase à onguent (aryballe) avec sphinge (sphinx féminin) | Argile, Corinthe, vers 600 av. J.-C. (Inv. Bo 04)
8
Vase à onguent (aryballe) avec sphinx | Argile, Corinthe, vers 590 av. J.-C (Prêt)
9
Applique en forme de lion ailé | Ivoire, Ionie, Ve s. av. J.-C. (Prêt, P. Steinmann, Binningen)
29 Sirènes « Mais vous, fille d’Acheloüs, d’où vous viennent, avec un visage de vierge, ces pieds d’oiseaux et ces ailes légères ? » Ovide (Ier siècle av. J.-C.) L’un des épisodes les plus célèbres des épopées d’Homère est l’histoire des sirènes. Homère nous raconte qu’Ulysse et ses compagnons de voyage, revenus du royaume de l’au-delà, passent devant leur île. Ces créatures, perchées dans une prairie fleurie, tentent d’attirer les marins par des chants envoûtants et des promesses d’omniscience, pour les précipiter vers un destin funeste. Homère, cependant, ne nous dit rien sur l’apparence de ces démons de la mort, si ce n’est qu’ils sont de sexe féminin. Depuis le VIIe siècle av. J.-C., la représentation des sirènes comme des créatures hybrides, hommes-oiseaux, s’est imposée en Grèce. Bien que la grande majorité de celles qui nous sont parvenues de Grèce montre des oiseaux à tête féminine, nous savons d’après des représentations plus anciennes qu’il existe également une version masculine. L’émergence et la diffusion de ces motifs, jusqu’alors inconnus de l’art grec, s’opèrent au cours d’une phase connue sous le nom de « période orientalisante » de l’art grec, caractérisée par l’assimilation de codes picturaux proche-orientaux dans le répertoire des artisans grecs. Grâce aux contacts commerciaux et aux échanges culturels avec la région syro-phénicienne, de nombreuses créatures hybrides migrent vers l’ouest. Les pièces importées de Syrie du Nord, comme les grands chaudrons en bronze ornés de créatures ailées masculines, peuvent être mentionnées comme sources d’inspiration pour les sirènes grecques. Dans l’imagerie du Proche-Orient, les génies ailés et barbus appar-
tiennent à une tradition millénaire. Comme ces motifs apparaissent aux spectateurs grecs sortis de leur contexte, ils peuvent alors aisément être adaptés à leurs propres idées. Ainsi, « l’homme ailé » initialement anonyme devient une créature hybride féminine utilisée pour incarner les sirènes d’Homère. 1
Chaudron avec anses en forme d’hommes ailés | Bronze, Syrie du Nord, fin du VIIIe s. av. J.-C. (Inv. BS 548)
2
Statuette d’oiseau ba | Bois, peint, Égypte, IIIe – Ier s. av. J.-C. (Inv. BSAE Ku 127)
3
Vase en forme de sirène masculine | Argile, Corinthe, début du VIe s. av. J.-C. (Inv. BS 1407)
4
Vase à vin (amphore) avec frises animalières et sirènes | Argile, Athènes, vers 570 av. J.-C. (Inv. BS 466)
5
Vase à onguent (askos) en forme de sirène | Argile, Rhodes, VIe s. av. J.-C. (Prêt, famille Bonsera, Allschwil)
6
Vase à vin (amphore) avec sirènes | Argile, Athènes, vers 550 av. J.-C. (Inv. Lu 17)
30 Griffons « Quant aux Gryphons, ils ont le corps d’un lion, avec les ailes et le bec d’un aigle. » Pausanias (IIe siècle apr. J.-C.) Tout comme le sphinx, le griffon – une créature hybride, le plus souvent ailée, dotée d’un corps de lion et d’une tête d’oiseau de proie – est issu de l’iconographie orientale. Le griffon apparaît probablement au IVe/ IIIe millénaire av. J.-C. à Élam (Iran) et est adopté en Mésopotamie ainsi qu’en Égypte. Il fait son entrée en Grèce au début du VIIIe siècle av. J.C., entre autres sous forme de protomés de griffons, qui – comme dans le cas des sirènes – décorent des chaudrons en bronze. Cette créature est aussi initialement intégrée de manière anonyme dans des images d’animaux sauvages et dangereux. Dans la mythologie grecque, les griffons vigilants et belliqueux sont les gardiens des légendaires mines d’or des Monts Riphées. Au Moyen-Âge, le griffon est souvent utilisé comme animal héraldique, notamment en raison de sa fonction de gardien.
À Bâle, le « Vogel Gryff » est l’évènement le plus important du Petit-Bâle puisque cette journée traditionnelle rend hommage aux trois grandes corporations. En raison de la guilde détentrice de l’écusson « zum Greifen » (au Griffon), le « Vogel Gryff » utilise, depuis 1429, les caractéristiques iconographiques de l’ancienne figure du griffon qui associe le lion et l’oiseau de proie. 1
Protomé de griffon | Bronze, Samos (?), fin du VIIe s. av. J.-C. (Inv. Me 02)
2
Applique en forme de griffon | Argile, dorure, Tarente, fin du IVe s. av. J.-C. (Inv. Kä 317)
3
Applique en forme de griffon | Argile, dorure , Tarente, IVe s. av. J.-C. (Inv. BS 310F)
4
Applique en forme de griffon et de cheval | Argile, dorure , Tarente, IVe s. av. J.-C. (Inv. BS 310E)
5
Applique en forme de griffon double et d’Arimaspe | Argile, dorure, Tarente, fin du IVe s. av. J.-C. (Inv. Kä 312)
6
Fragment d’une plaque à relief (« relief de Campana ») avec griffon et Amazone | Argile, Rome, Ier s. av. J.-C. (Inv. BS 1921.570)
7
Vogel Gryff | Daniel Burckhardt-Wildt (1752–1819), Gouache sur papier (Prêt, Historisches Museum Basel, Inv. 2011.536)
8
Vitrail avec Vogel Gryff et armoiries bâloises | H.-R. Jäger (1936–1994), Verre, plomb (Prêt, Historisches Museum Basel, Inv. 2020.342)
9
Tête de griffon | Marbre, Grèce, IVe s. av. J.-C. (Inv. BS 1225)
10
Pied de table (trapézophore) avec griffon | Marbre, Rome, vers 100 apr. J.-C. (Inv. Lu 273a)
31 Centaures « Les héros étaient certes les hommes les plus courageux qu’ait nourris la terre : ils combattirent vaillamment de vaillants ennemis, les Centaures des montagnes, qu’ils exterminèrent dans une lutte terrible. » Homère (fin du VIIIe siècle av. J.-C.) Outre l’assimilation de motifs étrangers, les Grecs créent également leurs propres créatures hybrides, comme les centaures, une combinaison d’humain et de cheval. Les centaures les plus anciens qui nous sont parvenus montrent un être dont la partie avant est constituée d’un corps humain complet et dont le corps du cheval semble émerger des fessiers. La majeure partie de ce corps est donc humaine, tandis que l’animalité n’est marquée que par la croupe de l’équidé. Au VIIe siècle av. J.-C., cette version du centaure est remplacée par une nouvelle combinaison. Désormais la partie humaine de la créature est réduite au torse, alors que le corps entier du cheval, avec ses quatre pattes, constitue la partie inférieure. Les centaures qui vivent dans les montagnes de Thessalie apparaissent souvent comme des créatures sauvages, agressives et arrogantes qui doivent être dominées par l’homme civilisé. 1
Statuette de centaure | Bronze, Grèce, début du VIe s. av. J.-C. (Inv. BS 1906.145)
2
Vase à eau (hydrie) illustré d’un combat de centaures | Argile, Étrurie, vers 560 av. J.-C. (Inv. BS 1410)
32 Satyre et silène Comme les centaures, les jeunes satyres et les silènes plus âgés vivent comme des êtres démoniaques dans les forêts de Grèce. En tant que créatures sauvages de la nature, ils apparaissent comme des êtres hybrides dotés d’un corps humain, d’oreilles d’âne, d’une queue de cheval, de cheveux hirsutes et d’un membre viril souvent en érection. Les traits de leur visage sont caractérisés par un nez retroussé semblable à celui d’un animal, des yeux globuleux et une grande bouche. Disciples du
dieu Dionysos, pour lequel ils pressent le vin, ils sont considérés comme des créatures particulièrement grossières et farouches, toujours en état d’ivresse et à la poursuite de leurs homologues féminines, les ménades. 1
Vase à vin (amphore) avec satyres et ménades | Argile, Athènes, vers 550 av. J.-C. (Inv. BS 424)
2
Attache en forme de silène couché | Bronze, Étrurie, début du Ve s. av. J.-C. (Inv. BS 1921.730)
3
Tête de satyre | Argile, Étrurie, IIIe s. av. J.-C. (Prêt)
33 La Gorgone Méduse « Les Gorgones avaient des têtes hérissées de serpents ; elles avaient des dents comme des défenses de sanglier, des mains d’airain et des ailes d’or, à l’aide desquelles elles s’élevaient dans les airs. Ceux qui les regardaient étaient changés en pierres. » Apollodore (IIe siècle av. J.-C.) Les trois sœurs Gorgones, Méduse, Shténo et Euryalé, vivent sur une île au-delà de l’Océanos, aux confins du monde connu. À l’origine, Méduse était d’une beauté éblouissante, mais elle fut transformée en monstre par la déesse Athéna qui voulut la punir d’une liaison avec Poséidon. Dès lors, elle apparaît avec des serpents en guise de cheveux, des dents de sanglier, une langue pendante, grimaçant de manière effroyable avec ses yeux terrifiants. Tous ceux qui croisent son regard sont pétrifiés. Dans l’art grec, la tête de la Gorgone (Gorgonéion) en particulier, est utilisée comme symbole pour repousser le mal sur les toits, les portes et les armes. 1
Applique avec la Gorgone Méduse | Bronze, Grèce, vers 540 av. J.-C. (Prêt, Dr. B. Begelsbacher)
2
Vase en forme de Gorgone assise | Argile, Tarente (?), vers 650 av. J.-C. (Inv. Lu 80)
3
Antéfixe avec Gorgonéion | Argile, Tarente, début du Ve s. av J.-C. (Inv. Lu 161)
4
Médaillon avec Gorgonéion | Argile, Tarente (?), IIIe – IIe s. av. J.-C. (Inv. BS 328)
34 Chimère et Pégase « L’invincible Chimère, qui est issue des dieux et non des mortels : elle avait la tête d’un lion, la queue d’un dragon, le corps d’une chèvre sauvage, et elle vomissait avec bruit des flammes dévorantes. » Homère (fin du VIIIe siècle av. J.-C.) « Cette tête étant coupée, Pégase, le cheval ailé, et Chrysaor, père de Géryon, que Méduse avait conçus de Neptune, sortirent de son corps. » Apollodore (IIe siècle av. J.-C.) La Chimère est considérée comme la sœur du Cerbère, de l’Hydre et du Sphinx. Elle est décrite dans la littérature et l’art anciens comme un être hybride cracheur de feu combinant la chèvre, le lion et le serpent. Dans les régions éloignées de Lycie (au sud-ouest de la Turquie), elle menace les habitants et dévaste leurs champs. Aujourd’hui encore, le terme « chimère » est utilisé comme synonyme de créature hybride. Pégase est un cheval ailé, fils de la Gorgone Méduse. Lorsque le héros Persée décapite la Gorgone, Pégase jaillit de son corps. Bellérophon, un autre héros, se voit confier la tâche de vaincre la Chimère. Avec l’aide de la déesse Athéna – qui lui permet de dompter Pégase – il parvient à approcher et à tuer la Chimère sur le cheval volant. 1
Vase à vin (amphore) avec la Chimère | Argile, Étrurie, fin du VIe s. av. J.-C. (Inv. Zü 399)
2
Statères avec Pégase | Argent, Épire, début du IVe s. av. J.-C. (Prêt)
3
Vase à vin (amphore) avec Bellérophon et Pégase | Argile, Étrurie, fin du VIe s. av. J.-C. (Inv. Zü 394)
35 L’homme contre la nature. L’éternelle lutte pour la civilisation Les animaux féroces et les êtres mixtes vivent en marge du monde connu. Cet univers périphérique, potentiellement dangereux, doit être maîtrisé, voire totalement conquis, car il représente une menace existentielle pour la communauté. En effet, les bêtes sauvages ou les créatures hybrides qui ravagent les cultures, mettant ainsi en péril l’alimentation et les moyens de subsistance des populations, sont nombreux. En outre, leur mode de vie non civilisé – comme dans le cas des centaures par exemple – crée une antithèse aux normes culturelles de la société humaine, ce qui représente également une menace pour celle-ci. C’est dans ce contexte qu’il convient d’interpréter l’iconographie des mythes grecs, transmise pour la première fois à la fin du VIIIe siècle av. J.-C. et surtout au cours du VIIe siècle av. J.-C. Le thème dominant de cet art narratif naissant est la lutte des héros grecs – Héraclès, Thésée, Persée et bien d’autres – contre des animaux sauvages et des monstres divers. Ces mythes et leurs représentations s’inscrivent dans une période marquée par l’émergence et la consolidation des cités-états, les poleis grecques, comme modèles de société dominant. Ce qui est caractéristique, et dans une certaine mesure, essentiel pour la survie, est la nécessité de séparer cette culture urbaine de la nature étrangère, menaçante, voire nuisible, en garantissant ainsi la subsistance des membres de la communauté. Concrètement, cela implique que les villes, qui fonctionnent comme des centres culturels, politiques et religieux, doivent s’affirmer et être sauvegardées dans un environnement parfois incertain (animaux sauvages, ennemis, catastrophes naturelles). Idéologiquement, cette entreprise est illustrée et soutenue par des combats entre les héros et les animaux ou les êtres hybrides. En ce sens, les mythes font office de métaphores formatrices d’identité dont le but est de rendre tangible le contraste entre nature et culture.
L’Homme contre la nature
36 Héraclès et le lion de Némée « Le lion de Némée, que Junon, auguste épouse de Jupiter, nourrit et plaça sur les hauteurs de Némée pour la perte des humains. Ce lion, qui régnait sur le Trétos, sur Némée et sur l’Apésas, ravageait des tribus des hommes ; mais il périt, dompté par le puissant Hercule. » Hésiode (VIIIe siècle av. J.-C.) Le motif d’un combat entre l’homme et le lion apparaît dès le IVe millénaire av. J.-C., tant en Égypte qu’en Mésopotamie. Cette forme, la plus extrême, de confrontation entre l’homme et l’animal devient la tâche et le privilège du souverain. En Grèce, Héraclès – incarnation du héros grec – est considéré comme le plus célèbre dompteur de lions. Le premier des douze travaux que lui impose le roi Eurysthée est de lui rapporter la peau de l’invulnérable lion de Némée. Ce monstre, qui sévit comme un destructeur de troupeaux, tyrannise la population rurale. Héraclès réussit à étrangler l’animal le plus dangereux de tous à mains nues. Il est le héros de la force physique pure, qui écarte par son acte de bravoure la menace mortelle qui pèse sur la communauté humaine. 1
Gobelet avec combat entre génie et lion | Lorestan (Iran), IXe s. av. J.-C. (Inv. Su 4)
2
Vase (stamnos) avec Héraclès et le lion de Némée | Argile, Sicile, vers 650 av. J.-C. (Inv. BS 1432)
3
Coupe à vin (kylix) avec Héraclès et le lion de Némée | Argile, Athènes, vers 560 av. J.-C. (Inv. Bo 88)
4
Vase à eau (hydrie) avec Héraclès et le lion de Némée | Argile, Athènes, vers 510 av. J.-C. (Inv. BS 437)
5
Statuette d’un Héraclès Farnèse | Moulage en plâtre, Athènes, vers 310 av. J.-C. (Inv. SH 681)
37 Héraclès dans la lutte contre d’autres monstres « Eurysthée lui ordonna pour le douzième de ses travaux, d’amener Cerbère des enfers. Ce monstre avait trois têtes de chien, une queue de dragon, et sur le dos des têtes de serpent de diverses espèces. » Apollodore (IIe siècle av. J.-C.) Héraclès est considéré comme le héros de la civilisation par excellence. Nombres de ses actes sont des métaphores du combat contre la menace que la nature fait peser sur l’humanité. Le lion de Némée et le sanglier d’Érymanthe, par exemple, dévastent les cultures et déciment les troupeaux des paysans, les privant ainsi de leurs sources de nourriture. Héraclès anéantit également l’Hydre, qui s’en prend non seulement au bétail mais aussi aux voies de circulations ce qui nuit aux relations commerciales en Argolide. 1
Vase à vin (kylix) avec Héraclès et le sanglier d’Érymanthe | Argile, Athènes, vers 525 av. J.-C. (Inv. BS 457)
2
Lampe en forme de deux sangliers | Argile, Grèce, vers 430 av. J.-C. (Prêt de la fondation «In memoriam Adolf und Margreth Im Hof-Schoch»)
3
Vase à onguent (aryballe) avec le combat d’Héraclès contre l’Hydre | Argile, Corinthe, vers 590 av. J.-C. (Inv. BS 425)
4
Pied de chandelier avec Héraclès et un serpent | Bronze, Étrurie, fin du Ve s. av. J.-C. (Inv. Kuhn 15)
5
Vase à vin (amphore) avec Héraclès et le Cerbère | Argile, Athènes, vers 500 av. J.-C. (Inv. Kuhn 57)
6
Relief avec Héraclès et l’Hydre | Marbre, Tarente (?), Ier s. av. J.-C. (Inv. BS 210)
38 Sarcophage d’enfant avec scène de chasse au sanglier Marbre, Rome, fin du IIIe s. apr. J.-C. (Inv. Lu 257)
39 Thésée et le taureau de Marathon Originaire de Crète, le taureau sauvage est apprivoisé par Héraclès qui le relâche sur le continent, où l’animal fait alors des ravages dans les environs de Marathon, dévastant et menaçant les villes. Le héros attique Thésée parvient à le capturer et à le ramener à Athènes, afin qu’il y soit sacrifié en l’honneur du dieu Apollon. 1
Vase à vin (amphore) avec Thésée et le taureau de Marathon | Argile, Athènes, vers 440 av. J.-C. (Inv. Lu 54)
2
Statuette de taureau | Argile, Grèce, fin du IIe mill. av. J.-C. (Inv. Bo 174)
3
Vase en forme de taureau | Argile, Chypre, XIIIe s. av. J.-C. (Inv. Bo 72)
40 R elief provenant du temple d’Héphaïstos à Athènes avec combat de centaures Moulage en plâtre, Athènes, vers 440 av. J.-C. (Inv. SH 137)
41 Centauromachie Les affrontements entre des héros et des animaux ou des créatures hybrides vont bien au-delà de la représentation d’un simple combat. Il est plutôt question de la défense d’une culture civilisée face à la menace d’une nature sauvage. Les combats contre les centaures (kentauromachia en grec) notamment, sont souvent utilisés comme métaphore de cette lutte « culturelle ». Les hommes-chevaux menacent les normes fondamentales de la société grecque, comme l’hospitalité ou le mariage, par leur comportement grossier et sans retenue. Les héros comme Héraclès ou Thésée défendent la civilisation par leur courage à combattre. L’association des centaures au danger va si loin que, dès le Ve siècle av. J.-C., ils sont représentés sur de nombreux monument grecs comme symboles de toutes menaces extérieures (comme les Perses). Ainsi, la mythologie est ramenée au niveau d’un contexte politique réel.
1
Vase à vin (amphore) avec Héraclès et le centaure Nessos | Argile, Athènes, vers 510 av. J.-C. (Inv. BS 1921.330)
2
Coupe à boire (kylix) avec Héraclès en tant qu’invité chez les centaures | Argile, Athènes, vers 500 av. J.-C. (Inv. BS 489)
3
Fragment d’une coupe à boire (kylix) avec combat de centaures | Argile, Athènes, vers 500 av. J.-C. (Prêt)
42 V ase à décor en relief (amphore) avec Thésée, Ariane et le Minotaure Argile, Tinos (Cyclades), vers 670 av. J.-C. (Inv. BS 617)
43 Thésée contre le Minotaure Le combat entre Thésée et le Minotaure de Crète est l’un des affrontements mythologiques les plus célèbres. Pour punir le comportement sacrilège du roi Minos et de son épouse Pasiphaé, les dieux décrètent que cette dernière tombe amoureuse du taureau crétois. Cette union contre nature donne alors naissance à la créature mi-homme mi-taureau. Sa généalogie à elle seule conteste toutes normes culturelles. En outre, en raison de sa nature dangereuse et de la menace qu’il représente, le Minotaure doit être emprisonné dans un labyrinthe et apaisé par des sacrifices humains. Cette créature est une perversion de tout ordre établi. Seul le héros athénien Thésée, avec l’aide de la très rusée Ariane, la fille du roi, réussit à venir à bout du monstre. 1
Relief votif (pinax) avec Thésée et Ariane | Argile, Tarente, VIIe s. av. J.-C. (Inv. Bo 105)
2
Pichet (œnochoé) avec Thésée et le Minotaure | Bucchero, Étrurie, VIe s. av. J.-C. (Inv. Zü 146a)
3
Vase à onguent (lécythe) avec Thésée et le Minotaure | Argile, Athènes, vers 540 av. J.-C. (Inv. BS 455)
44 Statue de sphinx Le sphinx grec est une créature féminine ailée. Démone de la mort, gardienne des tombes ou incarnation du sphinx de Thèbes, elle est un motif très populaire. Marbre, Italie, copie romaine d’après un original grec vers 450 av. J.-C. (Inv. Lu 226b)
45 Œdipe et le sphinx de Thèbes « Le Sphinx proposait aux Thébains une énigme qu’il avait apprise des Muses, et qui consistait à savoir, quel est l’animal qui n’a qu’une voix, et qui d’abord quadrupède, devient successivement bipède et tripède ? » Apollodore (IIe siècle av. J.-C.) Aux VIIe et VIe siècles av. J.-C., les créatures hybrides mentionnées dans la mythologie acquièrent progressivement une identité visuelle concrète. Alors que le sphinx orne initialement les frises animalières de la céramique corinthienne en tout anonymat, l’image de la « femmelionne » est associée au sphinx des légendes thébaines au plus tard au VIe siècle av. J.-C. Ce monstre assiège la ville de Thèbes et menace les voyageurs. Ceux qui ne parviennent pas à résoudre la fameuse énigme qu’il pose sont étranglés. Œdipe, le fils du roi, est le premier à réussir à répondre au sphinx. Ce dernier, vaincu par l’intelligence d’Œdipe, se jette alors de son rocher dans l’abîme. 1
Vase à eau (kalpis) avec le Sphinx de Thèbes (?) | Argile, Athènes, vers 500 av. J.-C. (Inv. BS 411)
2
Statuette de sphinx | Argile, Tarente, vers 450 av. J.-C. (Inv. Zü 244)
3
Vase à boire (kyathos) avec sphinx | Argile, Athènes, vers 500 av. J.-C. (Inv. BS 413)
4
Figure d’acrotère en forme de sphinx | Calcaire, Grèce, début du Ve s. av. J.-C. (Inv. Kä 207)
46 R elief provenant du temple C de Sélinonte avec Athéna, Persée et la Gorgone Méduse Moulage en plâtre, Sélinonte, vers 530 av. J.-C. (Inv. SH 440)
47 Persée contre la Gorgone Méduse « Persée s’approcha d’elles, tandis qu’elles dormaient, détournant les yeux en arrière, et les tenant fixés sur un bouclier d’airain qui réfléchissait la figure de la Gorgone, il lui trancha la tête, à l’aide de Minerve qui lui dirigeait la main. » Apollodore (IIe siècle av. J.-C.) Le héros Persée reçoit l’ordre du roi Polydecte de tuer la Gorgone et de lui rapporter sa tête comme preuve. Avec l’aide de la déesse Athéna et du messager des dieux Hermès, Persée parvient à approcher la créature endormie. Il utilise un bouclier comme miroir afin d’éviter de la regarder directement dans les yeux et d’être pétrifié. Avec une faucille, il décapite la Gorgone. Il donne finalement la tête coupée à sa protectrice Athéna, qui la fixe sur sa cuirasse comme symbole afin d’éloigner le mal. 1
Antéfixe avec Gorgonéion | Argile, Tarente, début du Ve s. av. J.-C. (Inv. Lu 160)
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Coupe à anses avec Persée et la tête tranchée de la Gorgone | Argile, Apulie, vers 360 av. J.-C. (Inv. 1419)
Notes
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