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Le Monde du silence

Moniq, artiste peintre (voir Histoire et Patrimoine n° 102), revient dans nos pages. Cet été 2022, L’Hermitage, palace baulois, a invité Moniq, lors de son vernissage. C’est dans ce cadre prestigieux qu’ont été exposées ses toiles.

Chaque année, en pénétrant sous le hall, on peut découvrir les œuvres d’expressions variées, retenues. Le monde du vivant, dit-elle, est son domaine de prédilection, célébré sous différents aspects. Les fonds marins, aux multiples teintes et éclairages, offrent des possibilités infinies de formes de vies. Ils sont une source d’inspiration inépuisable.

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L’élégance du site, son harmonie, se marient, heureusement, à la somptuosité des nuances. Celles qui naissent, se transforment, s’estompent et s’imposent, celles qu’on n’attend pas, celles qu’on guette, s’écoulent et chantent sous nos yeux. Le thème est baptisé officiellement : Le Monde du silence. On pourrait, tout aussi bien, le qualifier de Silence en eaux profondes.

Cependant, les couleurs ont leurs vibrations, celles des sons les rejoignent. Les Voyelles de Rimbaud en sont l’expression. On peut dire que le peintre nous offre un concert de teintes aux différentes tonalités. Nous la suivons, volontiers, dans son exploration sous-marine. Notre imaginaire flotte, et s’égare merveilleusement, dans la multitude et diversité des formes. Une toile évoque le mystère de l’inconnu, une menace imprécise plane. Une autre laisse entrevoir un univers de clarté. Notre curiosité en éveil ne se lasse pas. Notre regard se pose d’une toile à l’autre, attendant la suivante. Moniq, autodidacte passionnée, a suivi une année d’étude à l’Académie d’Art de Nantes. Elle expose, régulièrement, depuis 1990. La liste serait trop longue à donner ici, mais rappelons : 2022, à La Baule, au Palais des congrès, remarquée par le groupe Barrière, elle est sollicitée pour être présente, en juillet et août, à La Baule.

C’est à Paris que lui sera décerné le deuxième prix d’honneur, accompagné du certificat de cotation. Actuellement, on peut la voir dans la galerie Concept Store Gallery, au 140 avenue Général de Gaulle, à La Baule.

Nous espérons revoir Moniq à l’Hermitage, lieu de fête et de manifestations culturelles. Loin le temps des années sombres de la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’armée allemande réquisitionna l’établissement pour y installer un hôpital. Formulons ce vœu que, désormais, pour longtemps, la paix demeure et que le plaisir de l’esprit, allié au bien-être, règne.

L’Anjou, un Pays

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Sortie, à la journée, du dimanche 2 octobre 2022

Bernard Tabary

Nous sommes quarante-cinq voyageurs impatients à prendre le bus à Guérande puis à Saint-Nazaire. Au périphérique nantais, la conductrice choisit l’option longue (l’autoroute et le contournement d’Angers) plutôt que l’option courte – ou qui paraît la plus courte –par Cholet. Le choix semble finalement judicieux : circulation fluide et premier arrêt, à Doué-la-Fontaine, exactement dans les temps prévus…

Doué-la-Fontaine

Ce n’est pas le célèbre Zoo que nous visitons (nous passons devant l’entrée : le parking est plein), mais, un peu en dehors de la ville, un certain musée Aux Anciens Commerces... Qu’est-ce que c’est que ça que c’est ? On voit tout juste une voiture sur le parking ! Évidemment, 45 visiteurs arrivant d’un coup, ça fait de l’animation. À quelle sauce allons-nous être mangés ? Nous voici à l’entrée des anciennes écuries d’un château disparu à la Révolution. Un directeur en costume largement suranné (du côté de l’entre-deux-guerres !) nous annonce une visite en deux temps : d’abord une partie libre, chacun à son rythme puis, à la cloche, une partie commune dont il ne dit pas grandchose, mais dont il parle avec un sourire en coin – déluré, malicieux, goguenard – qui laisse entendre qu’il ne va pas falloir rater ça.

Ces boutiques anciennes ont été reproduites de façon tellement précise, dans l’ensemble comme dans le détail, qu’on s’y croit vraiment, que chacun reconnaît des tas de denrées ou d’objets d’autrefois, de dans le temps ou d’antan . Tout y passe : épicerie, bistrot, pharmacie, chapellerie, modiste, librairie. Presque plus vrai que vrai ! On voudrait pousser la porte vitrée, toucher, observer de près – mais évidemment, il faut se contenter de regarder avidement par la fenêtre, de lécher les vitrines, au sens presque propre (mais il ne faut pas, c’est sale !). Ces magasins sont hallucinants de réalité.

La grosse cloche sonne… Et nous voilà tous assis (bancs, chaises) devant l’épicerie. Attendant ce qui sera certainement le clou du spectacle. Le directeur arrive avec le tablier blanc des commis d’autrefois. Et le show commence. Le commis présente tout un tas de denrées sous un aspect humoristique, carrément hilarant. C’est à se tordre de rire pendant une demi-heure ou trois quarts d’heure (les maillots de bain en laine ! ). Effectivement, c’est très déluré, malicieux, malin ; même, l’humoriste sait rebondir sur les réactions de son public. Un professionnel ne ferait pas mieux.

À voir, absolument !

Louresse-Rochemenier, un repas typique

Quelques minutes de route au nord de Doué et nous voilà dans un secteur troglodytique. Dans le nom du village, il y a roche (et cette roche est le calcaire). Pourtant, rien dans le paysage ne laisse supposer un habitat troglodyte. Ce paysage est plat, raplapla. Si on ne fait que passer, on aperçoit seulement une plaine à perte de vue. Mais dès qu’on emprunte les petites routes, on constate que cette plaine est parsemée de dépressions (naturelles ? artificielles ?) à partir desquelles se sont creusées des pièces, des maisons, des galeries à n’en plus finir, une quasi-toile d’araignée de galeries dans lesquelles on pourrait carrément se perdre.

Le restaurant Les Caves de la Genevraie s’y abrite en essayant de pas trop se cacher. Notre groupe occupe totalement l’une des caves, dans une semi-obscurité qui rappelle qu’il n’y a pas de fenêtre. On nous sert un menu totalement local (y compris les vins – du Coteau(x) du Layon en apéritif) : de la fouace – cuite sur place – avec tout : champignons, rillettes d’Anjou, haricots blancs et rillauds (petits morceaux de viande de porc, version angevine des lardons). Une cuisine simple, mais absolument typique, servie généreusement ; un abrégé de douceur angevine , comme dit du Bellay, le natif de Liré (tout près d’Ancenis, mais sud-Loire).

Brissac Loire Aubance et son château

La commune, qui s’appelait Brissac-Quincé depuis 1964 s’est agrandie de cinq communes voisines, donnant naissance, en 2016, à la nouvelle commune de Brissac Loire Aubance. C’est désormais son nom officiel.

Une pharmacie d’autrefois, reconstituée au musée.

Ci-dessous, à gauche L’intérieur du restaurant troglodytique. Ci-dessous, à droite Une entrée du restaurant.

Une

À

À droite

Son patrimoine inclut l’un des plus grands et des plus impressionnants châteaux de France – le plus haut, 7 niveaux, c’est exceptionnel ; on l’appelle le géant du Val de Loire – : le château, privé, des ducs de Brissac, auxquels il appartient depuis cinq siècles (1502). Le propriétaire actuel est le quatorzième duc à y résider. Visite très intéressante, guidée. Nous n’avons bien sûr pas pu voir les 204 pièces (!), certaines constituant les appartements privés de la famille propriétaire, d’autres n’étant pas meublées.

Le château actuel est la fusion artificielle de deux grosses tours médiévales (XIe siècle) et d’un immense château renaissance (XVIe siècle). Étrange mélange des genres, qui devrait paraître désordonné, disparate – dépareillé. Mais non ! Les deux tours médiévales mettent en valeur la façade renaissance, qui en devient majestueuse. Ce n’était peut-être pas le but recherché ; c’est le résultat atteint. L’intérieur abonde en plafonds très travaillés, en immenses tapisseries extravagantes, somptueuses et très anciennes, mais parfaitement conservées.

Une chambre, magnifiquement meublée et tapissée, rappelle – c’est le titre de gloire du château – un événement royal de l’Histoire de France : la réconciliation, en 1620, du jeune roi Louis XIII (19 ans) avec sa mère Marie de Médicis, suite à son accession musclée au pouvoir en 1617 (assassinat de Concini, exécution de la Caligaï, assignation à résidence de la reine à Blois)…

Un épisode moins glorieux est dû à la Révolution française qui réquisitionne le château pour en faire le casernement des armées républicaines, avec toutes les déprédations que cela suppose. Les ducs de Brissac le récupéreront seulement en 1844. Un tel château est évidemment un énorme gouffre financier. D’où des visites systématiques et bien sûr payantes. D’où encore l’exploitation des vignes du domaine et la vente des vins dans les caves – par où se fait évidemment la sortie des visites et où une dégustation est organisée. Hélas ! Ils ne font pas Les Coteaux de l’Aubance, alors qu’ils sont en plein dans la zone... Un dernier détail, savoureux, montre le tact et l’inventivité des organisateurs locaux des visites guidées. Les uns et les autres, nous avons repéré dans certaines salles des nounours disposés un peu n’importe où. Anachronisme ! Une fois, c’est un hasard ou un oubli, deux fois c’est un drôle de hasard, trois fois, ça devient systématique. Pourquoi ? Le guide a fini par expliquer l’astuce – parce que c’en est une !

Pour les enfants, une visite comme celle-là, c’est fatigant, ils n’y comprennent rien, c’est évidemment fait pour les adultes ! On a donc cherché un moyen d’attirer leur attention : on a mis dans chaque salle visitable un nounours d’une vingtaine de centimètres. Ça fait pas mal de nounours… Sans les cacher vraiment, mais sans non plus trop les montrer. La visite pour les enfants devient une sorte de grand jeu de piste. C’est tout simple ; encore fallait-il y penser. On y a pensé ici, merci.

Et maintenant, buvons, car l’affaire était chaude !

Victor Hugo

La légende des siècles

Le mariage de Roland

Il est temps de rentrer, après cette très bonne sortie… Merci à l’organisation.

Bernard Tabary

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