3 minute read

Le musée de l’imprimerie, à Nantes SORTIES CULTURELLES

Ci-contre

La machine la plus sophistiquée du musée : l’Intertype/ linotype, créée en 1885 (!) aux USA, par Ottmar Mergenthaler. Elle fabriquait les caractères et les disposait en mots et en lignes complètes – avec la précision d’une montre suisse...

Advertisement

Sortie, à la demi-journée, du vendredi 21 octobre 2022

Bernard Tabary

Aujourd’hui, pas le temps de déjeuner tranquille : il faut aller jusqu’à Nantes – Nantes centre, quai de la Fosse – et trouver un bon stationnement. Y aura-t-il des parkings libres ? En fait, inexplicablement, nous n’avons pas la moindre difficulté à trouver de la place – parking souterrain de la Médiathèque et/ou parking extérieur de la PetiteHollande. Ouf !

Un musée vivant

Ci-dessous

La casse est la boîte, le coffret, où on range et ou on trie très soigneusement les caractères (le haut de casse, ce sont les majuscules et les caractères spéciaux ; le bas-de-casse, ce sont essentiellement les minuscules ordinaires)

Le musée nantais de l’imprimerie n’est pas le plus grand du monde, ni même de France. Mais il a ceci de particulier : ce n’est pas du tout une banale accumulation de vieux outils inutiles, obsolètes, pièces de collection. Ici, toutes les machines exposées sont régulièrement entretenues, soignées, huilées… bichonnées, mises en valeur. Elles fonctionnent et on s’en sert : ce musée – créé en 1986 – est aussi un atelier, animé par quatre techniciens professionnels, qui proposent des stages, qui impriment des affiches ou des travaux d’artistes, qui accessoirement jouent le rôle de guides pour des groupes comme le nôtre (23 personnes)…

Révolution(s)

L’imprimerie n’a pas été inventée brusquement, au milieu du XVe siècle, par Johannes Gutenberg (qu’en France on a tendance à écrire Gutemberg – règle du m devant le b et le p !). Elle est le fruit d’une longue évolution commencée par les Chinois plusieurs siècles auparavant. Mais c’est Gutenberg qui a créé le livre imprimé, reproductible à l’infini, facile à emporter, propagateur d’idées, instrument de culture. Non pas objet de curiosité, mais instrument indispensable, fondamental. Il y a un avant et un après Gutenberg et sa Bible de Mayence (1454) : bible, en grec, signifie livre. La Bible de Gutenberg est Le Livre. À la fin du même XVe siècle, Christophe Colomb a opéré une autre révolution, aussi énorme. Il n’a certainement pas été le premier à poser le pied sur la terre américaine, mais il se trouve que c’est son premier voyage (1492) qui a bouleversé définitivement notre vision du monde en montrant que la terre était ronde et non plate. Et qu’entre les océans Atlantique et Pacifique existait un nouveau continent –que plus tard on appellerait Amérique.

C’est pourquoi 1454 et 1492 sont des dates clés, des points de repère – des phares – dans l’histoire de l’humanité.

La révolution informatique

Il y a eu une nouvelle révolution de l’imprimerie dans la deuxième partie de XXe siècle, celle de l’ordinateur – de l’informatique –, à la fois en continuité avec l’imprimerie traditionnelle (diffusion de plus en plus accélérée des idées et de la culture) et en rupture brutale, absolue, au niveau de la technologie. Gutenberg n’y reconnaîtrait pas son bébé. Les imprimeurs d’aujourd’hui ne sauraient que faire des machines d’il y a cent ans. Ce n’est plus le même métier.

Des machines pourtant très perfectionnées

Ce musée nous montre, à travers quelques dizaines de machines, que l’industrie de l’imprimerie était arrivée, fin XIXe – début XXe, à un très haut degré de sophistication, capable de tirer des quotidiens (des quotidiens ! paraissant tous les jours, parfois plusieurs fois par jour) à des dizaines (centaines ?) de milliers d’exemplaires – même chose pour les livres… Capable de créer, pour un usage fréquent, très fréquent, des machines à la fois perfectionnées et increvables – elles peuvent fonctionner encore (bien sûr, il vaut mieux en prendre soin !).

La généralisation fulgurante de l’informatique les a rendues obsolètes. Le fait est indiscutable. C’est le progrès !

l’APHRN écoute, attentivement, les explications données par la guide du

Pour être opérationnels, les caractères doivent toujours être disposés à l’envers – pas faciles à lire ! C’est sur la feuille imprimée qu’ils se retrouveront à l’endroit. Ici, ligne 2, il est question de Jules Verne. Essaie de lire le reste…

Ci-dessus La plus grande machine du musée. Capable d’imprimer sur des feuilles de format A0 (zéro) : 841 mm x 1189 mm.

(Photo Geneviève Terrien)

L’efficacité est la règle. Et pourtant, c’est dommage. Nos ancêtres – nos anciens – ont réalisé des merveilles qui méritent largement qu’on s’en souvienne.

Un musée comme celui-ci remplit un essentiel rôle patrimonial. Et c’est bien que des ouvriers d’aujourd’hui conservent, entretiennent, utilisent ces objets et ces savoir-faire pour les présenter à la curiosité – mieux : à l’intérêt – du public. Nous, par exemple.

Excellente sortie... Est-ce nécessaire d’entrer dans les détails ? Une visite comme celle-là est une expérience. Une expérience ne se décrit pas, ne se raconte même pas ; elle se fait, elle se vit.

Bernard Tabary

Ci-contre La plus belle machine du musée – du moins la plus décorée...

(Photo Bernard Tabary)

Ci-dessous La guide du musée aux commandes de l’Intertype/linotype.

(Photo Geneviève Terrien)

This article is from: