SOMMAIRE CONTENTS Œuvres exposées / Exhibited works Essai/ Essay by Angela Ghezzi Biographie / Biography
COMPOSITION CONSTRUCTIVISTE 1930-1931
COMPOSITION CONSTRUCTIVISTE 1930-1931
Huile sur toile | Oil on canvas Signée et datée au dos
Signed and dated on the reverse 110 × 110 cm PROVENANCE
Collection Jacques Tronche, Paris Collection Weinberg, Zurich Galerie le Minotaure, Paris EXPOSITIONS
Paris, galerie Pierre Loeb, « Jean Hélion » (première exposition personnelle), juin – juil. 1932 Saint-Étienne, musée d’Art et d’Industrie, « L’art dans les années 30 en France », mars – mai 1979, cat. no 142, repr. p. 77 Saint-Étienne, musée d’Art et d’Industrie, 21 sept. – 30 oct. 1979 ; Strasbourg, musée d’Art moderne, 9 nov. – 31 déc. 1979 ; « Hélion, peintures et dessins 1929-1979 » ; cat. no 9, repr. p. 9 BIBLIOGRAPHIE
Henry-Claude Cousseau, Hélion, Paris, éditions du Regard, 1992, repr. pp. coul. p. 63 et p. 109 (n. et b.) Philippe Dagen, Hélion, Paris, éditions Hazan, 2004, no 28, repr. coul. p. 67 Jacqueline Hélion et Mark Vail, Catalogue raisonné de l’œuvre peint de Jean Hélion, Studio 108, Groupe Theotech
COMPOSITION CONSTRUCTIVISTE 1930-1931
ABSTRACTION 1935
ABSTRACTION 1935
Huile sur toile | Oil on canvas Signée, datée, et annotée (« B.78 ») au dos ; signée sur la tranche
Signed, dated, and annotated («B.78») on the reverse; signed on the edge 146 × 200 cm PROVENANCE
Walter P. Chrysler, Jr., New York (acquise auprès de l’artiste vers 1937) Ancienne collection Margery Hartman Oakes EXPOSITIONS
Palm Beach, The Society of The Four Arts, « Twentieth Century Paintings », 1936, no 16 Detroit, Detroit Institute of Arts, « Collection of Walter P. Chrysler, Jr. », 1937, cat. no 46, p. 11 Chicago, The Arts Club of Chicago, « The Collection of Walter P. Chrysler, Jr. », 1937, no 39 Richmond, Virginia Museum of Fine Arts, 16 janv. – 2 mars 1941 ; Philadelphie, Philadelphia Museum of Art, 29 mars – 11 mai 1941 ; « The Collection of Walter P. Chrysler, Jr. » ; cat. no 67, repr. p. 52 Paris, Musée national d’art moderne, Centre Georges-Pompidou, 8 déc. 2004 – 6 mars 2005 ; Barcelone, musée Picasso, 17 mars – 19 juin 2005 ; New York, National Academy Museum, 14 juil. – 9 oct. 2005 ; « Jean Hélion » ; cat., repr. coul. p. 89
BIBLIOGRAPHIE
Axis, nov. 1935, repr. p. 6 Detroit Evening Times, 5 oct. 1937, p. 12 Hervé Bize, Jean Hélion, Paris, éditions Cercle d’Art, coll. « Découvrons l’art du xxe siècle », 2004, no 13, repr. coul. Philippe Dagen, Hélion, Paris, éditions Hazan, 2004, no 65, repr. coul. p. 114 Jacqueline Hélion et Mark Vail, Catalogue raisonné de l’œuvre peint de Jean Hélion, Studio 108, Groupe Theotech
Il existe deux exécutions comparables à ce chef-d’œuvre de Jean Hélion, chacune de mêmes dimensions et de même année. L’une, Île-de-France, est conservée à la Tate Gallery, à Londres, l’autre, Composition, à la Peggy Guggenheim Collection, à Venise.
Two comparable renderings of this masterpiece by Jean Hélion exist. Both are of the same dimensions and date from the same year. One, Île-de-France, is in the Tate Gallery, in London; the other, Composition, is in the Peggy Guggenheim Collection, in Venice.
ABSTRACTION 1935
L’ESCALIER 1944
L’ESCALIER 1944
Huile sur toile | Oil on canvas Signée et datée en haut à gauche ; signée, titrée, datée et située « VA » au dos
Signed and dated upper left; signed, titled, dated and located “VA” on the reverse 130 × 97 cm PROVENANCE
Galerie Jacques Tronche, Paris Ancienne succession Tronche EXPOSITIONS
New York, Paul Rosenberg & Co., Inc., « Recent Paintings by Hélion », 14 mars – 8 avr. 1944, no 11 Londres, The Leicester Galleries, « Jean Hélion », juin 1965, cat. no 17, repr. Paris, galerie du Dragon, « Jean Hélion, dix-neuf tableaux peints de 1937 à 1966 », oct. – nov. 1966, cat. no 4, repr. Rome, galerie Il Fante di Spade, mai 1968 ; Modène, galerie Mutina, juin 1968 ; Milan, galerie Eunomia, mars 1969 ; « Jean Hélion, œuvres de 1936 à 1967 » ; cat. (Rome), repr. Lyon, galerie Verrière, « Hélion, rétrospective 1926-1969 », juin 1969, cat., repr. Paris, Grand Palais, « Hélion, cent tableaux 19281970 », 11 déc. 1970 – 1er févr. 1971, cat., repr. p. 50 Montauban, musée Ingres, « Jean Hélion, l’œuvre figurative de 1928 à 1978 », 24 juin – 10 sept. 1978, cat. no 4 Saint-Étienne, musée d’Art et d’Industrie, 21 sept. – 30 oct. 1979 ; Strasbourg, musée d’Art moderne, 9 nov. – 31 déc. 1979 ; « Hélion, peintures et dessins 1929-1979 » ; cat. no 30 Pékin, musée des Beaux-Arts, 9-28 sept. 1980 ; Shanghai, musée des Beaux-Arts, 10-28 oct. 1980 ; Nanchang, musée des Beaux-Arts, 7-24 nov. 1980 ; « Hélion » ; cat. no 21, repr. coul. p. 6 Luxembourg, musée de l’État, « Hélion, tableaux 1929-1982 », 24 sept. – 24 oct. 1982
Aarhus, Kunstmuseum, « Jean Hélion, maleri og tegning 1929-1983 », sept. – oct. 1987, cat. no 19, repr. coul. p. 33 Paris, Musée national d’art moderne, Centre Georges-Pompidou, 8 déc. 2004 – 6 mars 2005 ; Barcelone, musée Picasso, 17 mars – 19 juin 2005 ; « Jean Hélion » ; cat., repr. coul. p. 148 Paris, galerie Malingue, « Hélion, années 40 », 18 oct. – 16 déc. 2017, cat., repr. coul. p. 33 BIBLIOGRAPHIE
Hélion, Dix Ans de peinture, cat. exp., Centre national d’art contemporain, 1969, p. 46 Daniel Abadie, Hélion ou la Force des choses, Bruxelles, éditions La Connaissance, 1975, repr. p. 52 René Micha, Jean Hélion, Paris, éditions Flammarion, coll. « Les maîtres de la peinture moderne », 1979, pl. 30 et 96, repr. coul. p. 31 Henry-Claude Cousseau, Hélion, Paris, éditions du Regard, 1992, repr. coul. p. 115 et p. 318 (n. et b.) Philippe Dagen, Hélion, Paris, éditions Hazan, 2004, no 99, repr. coul. p. 169 Hervé Bize, Jean Hélion, Paris, éditions Cercle d’Art, coll. « Découvrons l’art du xxe siècle », 2004, pl. coul., repr. p. 5 Jacqueline Hélion et Mark Vail, Catalogue raisonné de l’œuvre peint de Jean Hélion, Studio 108, Groupe Theotech
Cette œuvre fait l’objet d’une demande de prêt du musée d’Art moderne de Paris en vue de la rétrospective qu’il consacrera à l’artiste de mars à août 2024.
The Musée d’Art moderne de Paris has requested the loan of this artwork for its planned Hélion retrospective, which will take place between March and August 2024.
L’ESCALIER 1944
L’HOMME ASSIS 1947
L’HOMME ASSIS 1947
Huile sur toile | Oil on canvas Signée, datée et titrée au dos
Signed, dated and titled on the reverse 130 × 97 cm PROVENANCE
Importante collection particulière, Londres EXPOSITIONS
Paris, Grand Palais, « Hélion, cent tableaux 19281970 », 11 déc. 1970 – 1er févr. 1971, cat., repr. p. 55 Saint-Étienne, musée d’Art et d’Industrie, 21 sept. – 30 oct. 1979 ; Strasbourg, musée d’Art moderne, 9 nov. – 31 déc. 1979 ; « Hélion, peintures et dessins 1929-1979 » ; cat. no 42, reproduit au carton d’invitation Pékin, musée des Beaux-Arts, 9-28 sept. 1980 ; Shanghai, musée des Beaux-Arts, 10-28 oct. 1980 ; Nanchang, musée des Beaux-Arts, 7-24 nov. 1980 ; « Hélion » ; cat. no 27 Aarhus, Kunstmuseum, « Jean Hélion, maleri og tegning 1929-1983 », sept. – oct. 1987, cat. no 24, repr. p. 42 Fréjus, Fondation Daniel Templon, « L’art en France 1945-1990 », 3 juil. – 16 sept. 1990, cat., repr. Luxembourg, Musée national d’histoire et d’art, « L’École de Paris ? 1945-1964 », 12 déc. 1998 – 21 févr. 1999, cat., repr. p. 81 BIBLIOGRAPHIE
Armin Zweite, Jean Hélion, Abstraktion und Mythen des Alltags, cat. exp., Städtische Galerie im Lenbachhaus, Munich, 1984, repr. p. 234 Henry-Claude Cousseau, Hélion, Paris, éditions du Regard, 1992, repr. p. 162 et p. 321 Jacqueline Hélion et Mark Vail, Catalogue raisonné de l’œuvre peint de Jean Hélion, Studio 108, Groupe Theotech
« Homme assis dans architecture. 60F commencé le 22 octobre 1947, terminé le 8 novembre 1947. 22 octobre 1947 : Entrepris le dessin de ce personnage, premier tableau complet de ce groupe, dans lequel je vais tâcher de rassembler tous les autres […]. 8 novembre 1947 : Cet homme assis est réussi. Trouvé que, malgré l’état avancé des modelés du personnage, je pouvais revenir dans les clairs (en demi-pâtes) et dans les foncés (en jus) de ces volumes à la fin de l’exécution de façon que tout le tableau participe du grand souffle de l’enthousiasme final. » Jean Hélion, Journal d’un peintre, carnets 19291984, Paris, Maeght Éditeur, 1992, p. 106-107
“Seated man in architecture. 60F begun on October 22, 1947, finished on November 8, 1947. October 22, 1947: Embarked on the drawing of this figure, the first complete picture in this group, in which I will try to combine all the others […]. November 8, 1947: This seated man is a success. Found that, even though the modelling of the figure was in an advanced state, I could go back to the volumes’ lights (with half-paste) and darks (with diluted paint) at the end of the process so that the entire picture is part of the great blowing breath of the final enthusiasm.” Jean Hélion, Journal d’un peintre, carnets 19291984, Paris, Maeght É diteur, 1992, p. 106-107
L’HOMME ASSIS 1947
LA BELLE ÉTRUSQUE ou LE PORTEUR DE CITROUILLE
1948
Cette œuvre fait l’objet d’une demande de prêt du musée d’Art moderne de Paris en vue de la rétrospective qu’il consacrera à l’artiste de mars à août 2024. « C’est en 1944 qu’Hélion esquisse pour la première fois un thème fondamental dans son travail, peu abordé par ses contemporains immédiats, celui de la vitrine. Le motif est riche qui traite tout à la fois de la notion de cadre, de transparence, de reflet, et paraît comme un des plus propices à mettre en valeur les caractéristiques de sa pensée. […] La vitrine, ornement naturel de la rue, et organe par excellence de présentation, influencera beaucoup les peintres vers 1925–1928. Il réunit en effet deux des éléments essentiels de la représentation picturale : la fenêtre et le miroir […]. C’est dans la série des « boutiques aux citrouilles » (1948) que le thème prend sa véritable ampleur en devenant sujet de l’œuvre à part entière. Les éléments d’encadrement de la devanture sont ceux-là mêmes qui structurent la composition ; surtout la vitrine devient, dans la fiction spatiale du tableau, le prétexte à une théâtralisation de la dialectique entre intériorité et extériorité, jeu auquel Hélion nous avait déjà invités, mais de façon plus allusive, dans les compositions avec fenêtres et portes. Ici, cette problématique devient le mobile proprement dit de l’œuvre. Tantôt le personnage acheteur de citrouilles (toujours masculin) est vu de dos à l’intérieur de la boutique, tantôt il en sort, amplifié du volumineux légume ; de même, les citrouilles sont tantôt vues de l’intérieur au travers de la paroi de verre, tantôt offertes, à même la rue, exhibant leurs cavités. » Henry-Claude Cousseau, Hélion, Paris, éditions du Regard, 1992 Le thème de la « citrouillerie » est emblématique du travail de Jean Hélion, dont il constitue d’ailleurs une des images les plus puissantes. Si puissante qu’elle semble omniprésente, presque pléthorique. Pourtant, les grandes peintures sur ce sujet sont extrêmement rares et se comptent sur les doigts d’une main. Celle-ci est à notre avis l’une des plus importantes.
The Musée d’Art moderne de Paris has requested the loan of this artwork for its planned Hélion retrospective, which will take place between March and August 2024. “In 1944, Hélion sketched out for the first time a theme that was essential in his work and was rarely tackled by his immediate contemporaries: the shop window. It is a rich subject indeed that simultaneously concerns the notion of the frame, transparency and reflection, and it seems one of the best suited to highlight the characteristics of his thought. […] The shop window, a natural adornment of the street and the quintessential display mechanism, greatly influenced painters in c. 1925-1928. It combined two components of pictorial representation: the window and the mirror […]. It is in the ‘pumpkin shops’ series (1948) that the theme fully expands to become the subject of the artwork in its own right. The same elements frame the shop window and structure the composition; above all, the shop window becomes, in the spatial fiction of the picture, the pretext for a staging of the dialectic between interiority and exteriority—a game Hélion had already invited us to play, but more allusively, in compositions including windows and doors. Here, this issue becomes the very reason for the artwork. Sometimes the figure who is buying pumpkins (who is always male) is viewed from behind, inside the shop; sometimes he is coming out of it, amplified by the voluminous vegetable; likewise, the pumpkins are sometimes inside, viewed through the sheet of glass, sometimes presented directly on the street, exhibiting their cavities.” Henry-Claude Cousseau, Hélion, Paris, Éditions du Regard, 1992 The “citrouillerie” (pumpkinry) theme is emblematic of Jean Hélion’s work—and incidentally one of its most powerful images. It is so powerful that it seems ubiquitous, almost overabundant. Yet large paintings of this subject are extremely rare: they can be counted on the fingers of one hand. In our view, this is one of the most important.
LA BELLE ÉTRUSQUE ou LE PORTEUR DE CITROUILLE
1948
Huile sur toile | Oil on canvas Monogrammée et datée en haut à gauche ; signée, datée, titrée « Le Porteur de citrouille » et située « Paris » au dos
Monogrammed and dated upper left; signed, dated, titled “Le Porteur de citrouille” and located “Paris” on the reverse. 114 × 146 cm PROVENANCE
Ancienne collection Nicolas Hélion, Paris EXPOSITIONS
Lyon, galerie Verrière, « Hélion, rétrospective 1926-1969 », juin 1969, cat., repr. coul. Paris, Fondation Mercedes-Benz, « Formes en puissance », 9 mars – 9 avr. 1971 Paris, galerie Karl Flinker, « Hélion, cinquante ans de peinture 1925-1975 », 22 mai – 30 juin 1975 Berlin, galerie Poll, « Jean Hélion, Bilder und Zeichnungen 1929-1980 », 4 févr. – 29 mars 1980 Paris, Musée national d’art moderne, Centre Georges-Pompidou, « Paris-Paris », 26 mai – 2 nov. 1981 Luxembourg, musée de l’État, « Hélion, tableaux 1929-1982 », 24 sept. – 24 oct. 1982, cat. no 21 Lyon, galerie Verrière, « Perspective-Permanence 1962-1982 », 1982, cat., repr. p. 51 Munich, Städtische Galerie im Lenbachhaus, « Jean Hélion, Abstraktion und Mythen des Alltags, Bilder, Zeichnungen, Gouachen 1925-1983 », 29 août – 21 oct. 1984, cat. no 140, repr. p. 248 Paris, musée d’Art moderne de la Ville de Paris, « Hélion, peintures et dessins 1925-1983 », 15 nov. 1984 – 6 janv. 1985 L’Isle-sur-la-Sorgue, Association Campredon art et culture, « Jean Hélion », 1988, cat., repr. coul. p. 50 Paris, galerie Art of This Century, « Jean Hélion, peintures et dessins 1948-1950 », 10 mai – 17 juin 1989, cat., repr. p. 7 Valence, IVAM, Centre Julio-González, 27 mars – 31 mai 1990 ; Liverpool, Tate Gallery, 24 août – 21 oct. 1990 ; « Jean Hélion » ; cat. no 26, repr. pp. coul. p. 83 Utrecht, galerie Quintessens, « Jean Hélion (19041987) Retrospectief », 10 avr. – 3 juil. 1999, cat. no 19, repr. coul. p. 14-15 Paris, Applicat-Prazan Rive droite,« 14 Matignon » (exposition inaugurale), 8 avr. – 16 mai 2011, cat., repr. pp. coul. p. 19 Paris, galerie Malingue,« Hélion, années 40 », 18 oct. – 16 déc. 2017, cat., repr. pp. coul. p. 63
Cette pièce devait être exposée au Salon de mai de 1949 (Paris, palais de Tokyo), mais fut retirée par Hélion le jour du vernissage en raison de son mauvais accrochage.
This piece was due to be exhibited in the Salon de mai of 1949 (Palais de Tokyo, Paris), but was withdrawn by Hélion on the day of the private view because it was poorly hung. BIBLIOGRAPHIE
Jean Hélion, Carnet XII, 1948, p. 40 et p. 53 Daniel Abadie, Hélion ou la Force des choses, Bruxelles, éditions La Connaissance, 1975, repr. p. 53 René Micha, Jean Hélion, Paris, éditions Flammarion, coll. « Les maîtres de la peinture moderne », 1979, repr. coul. p. 51 Armin Zweite, Jean Hélion, Abstraktion und Mythen des Alltags, cat. exp., Städtische Galerie im Lenbachhaus, Munich, 1984, repr. p. 248 Didier Ottinger, Jean Hélion, Paris, éditions du Centre Georges-Pompidou, coll. « Jalons », 1992, repr. p. 35 Henry-Claude Cousseau, Hélion, Paris, éditions du Regard, 1992, repr. coul. p. 132 et p. 323 Jean Hélion, Journal d’un peintre, carnets 19291984, texte établi, annoté et présenté par Anne Moeglin-Delcroix, Paris, Maeght Éditeur, coll. « Écrits d’artistes », 1992, vol. I : « Carnets 19291962 », p. 120, p. 123 et p. 194 Alain Bonfand, L’Art en France 1945-1960, Paris, Nouvelles Éditions françaises, 1995, repr. p. 113 Philippe Dagen, Hélion, Paris, éditions Hazan, 2004, no 116, repr. pp. coul. p. 193 Hervé Bize, Jean Hélion, Paris, éditions Cercle d’Art, coll. « Découvrons l’art du xxe siècle », 2004, repr. coul. no 31 Didier Ottinger, La Grande Citrouillerie de Jean Hélion, Paris, éditions du Centre GeorgesPompidou, déc. 2004, repr. coul. Challenges, 3-9 mars 2011, repr. coul. p. 100 Architectural Digest, févr. – mars 2011, repr. coul. p. 67 L’Officiel des Galeries et Musées, mars – avr. 2011, repr. coul. Pariscope, 13-19 avril 2011, repr. L’Objet d’art, nov. 2017, repr. coul. p. 79 Jacqueline Hélion et Mark Vail, Catalogue raisonné de l’œuvre peint de Jean Hélion, Studio 108, Groupe Theotech
TROIS NUS ET LE GISANT 1950
TROIS NUS ET LE GISANT 1950
Huile sur toile | Oil on canvas Monogrammée et datée en haut à gauche ; signée et datée au dos, titrée « Les Nus et le Gisant » sur le châssis
Monogrammed and dated upper left; signed and dated on the reverse, titled “Les Nus et le Gisant” on the stretcher 130 × 162 cm PROVENANCE
Galerie Karl Flinker, Paris (inv. no 3151) Robert Miller Gallery, New York Ancienne collection Simon Gerstenhaber, Metz EXPOSITIONS
New York, Feigl Gallery, « Hélion », 3-20 oct. 1951 Saint-Étienne, musée d’Art et d’Industrie, 21 sept. – 30 oct. 1979 ; Strasbourg, musée d’Art moderne, 9 nov. – 31 déc. 1979 ; « Hélion, peintures et dessins 1929-1979 » ; cat. no 55, repr. p. 39 Berlin, galerie Poll, « Jean Hélion, Bilder und Zeichnungen 1929-1980 », 4 févr. – 29 mars 1980, cat., repr. New York, Robert Miller Gallery, « Jean Hélion, Paintings and Drawings from the Years 19391960 », 5-28 nov. 1981, cat. no 18, repr. Munich, Städtische Galerie im Lenbachhaus, « Jean Hélion, Abstraktion und Mythen des Alltags, Bilder, Zeichnungen, Gouachen 19251983 », 29 août – 21 oct. 1984, cat. no 151, repr. p. 259 Paris, musée d’Art moderne de la Ville de Paris, « Hélion, peintures et dessins 1925-1983 », 15 nov. 1984 – 6 janv. 1985, cat. no 138, repr. p. 138 Valence, IVAM, Centre Julio-González, 27 mars – 31 mai 1990 ; Liverpool, Tate Gallery, 24 août – 21 oct. 1990 ; « Jean Hélion » ; cat. no 29, repr. pp. coul. p. 86
Metz, musée de la Cour d’Or, « Peintres contents d’eux-mêmes, le regard d’un collectionneur, la collection Simon Gerstenhaber », 30 juin – 2 oct. 1995, cat. no 19, repr. coul. p. 65 Les Sables-d’Olonne, musée de l’abbaye Sainte-Croix, « Hélion, la figure tombée », 14 oct. 1995 – 7 janv. 1996, cat., repr. p. 59 BIBLIOGRAPHIE
Henry-Claude Cousseau, Hélion, Paris, éditions du Regard, 1992, repr. coul. p. 146 et p. 325 (n. et b.) Sylvie Lecoq-Ramond, cat. exp., musée Unterlinden, Colmar, musée de l’abbaye SainteCroix, Les Sables-d’Olonnes, Hélion, la figure tombée, Paris, Adam Biro, 1995, repr. p. 59 Jean Hélion, À perte de vue, suivi de Choses revues, édition établie par Claire Paulhan et Patrick Fréchet, Paris, IMEC éditions, 1996, repr. p. 202-203 coul. p. 103 Philippe Dagen, Hélion, Paris, éditions Hazan, 2004, no 124, p. 179, repr. en double-page coul. Jacqueline Hélion et Mark Vail, Catalogue raisonné de l’œuvre peint de Jean Hélion, Studio 108, Groupe Theotech
Cette œuvre fait l’objet d’une demande de prêt du musée d’Art moderne de Paris en vue de la rétrospective qu’il consacrera à l’artiste de mars à août 2024.
The Musée d’Art moderne de Paris has requested the loan of this artwork for its planned Hélion retrospective, which will take place between March and August 2024.
TROIS NUS ET LE GISANT 1950
L’ATELIER 1953
L’ATELIER 1953
Huile sur toile | Oil on canvas Signée et datée vers le milieu à gauche ; signée, titrée et datée au dos
Signed and dated middle left; signed, titled and dated on the reverse 81 × 100 cm PROVENANCE
Collection Henriette et André Gomès Ancienne collection Gérald Piltzer EXPOSITIONS
Paris, chez le peintre Mayo, 25 nov. – 15 déc. 1953 Paris, galerie Karl Flinker, « Hélion, les années 50 », 8 mai – 28 juin 1980, cat. no 23, repr. Munich, Städtische Galerie im Lenbachhaus, « Jean Hélion, Abstraktion und Mythen des Alltags, Bilder, Zeichnungen, Gouachen 1925-1983 », 29 août – 21 oct. 1984, cat. no 162, repr. coul. p. 269 Paris, musée d’Art moderne de la Ville de Paris, « Hélion, peintures et dessins 1925-1983 », 15 nov. 1984 – 6 janv. 1985, cat. no 147, repr. coul. p. 163 Saint-Étienne, musée d’Art moderne, « Jean Hélion », 1987 Valence, IVAM, Centre Julio-González, 27 mars – 31 mai 1990 ; Liverpool, Tate Gallery, 24 août –21 oct. 1990 ; « Jean Hélion » ; cat. no 32, repr. coul. p. 89 Antibes, musée Picasso, « Le regard d’Henriette, collection Henriette et André Gomès », 1er juil. – 30 sept. 1994, cat. no 18, repr. coul. p. 45 Paris, galerie Gérald Piltzer, « Jean Hélion, à perte de vue », 5 nov. – 6 déc. 1997 Londres, The Mayor Gallery, « Jean Hélion », 1er juil. – 4 sept. 1998, cat. n < 12, repr. Utrecht, galerie Quintessens, « Jean Hélion (19041987) Retrospectief », 10 avr. – 3 juil. 1999, cat. no 26, repr. coul. p. 19 Paris, Musée national d’art moderne, Centre Georges-Pompidou, 8 déc. 2004 – 6 mars 2005 ; Barcelone, musée Picasso, 17 mars – 19 juin 2005 ; New York, National Academy Museum, 14 juil. – 9 oct. 2005 ; « Jean Hélion » ; cat., repr. coul. p. 109
BIBLIOGRAPHIE
Daniel Abadie, Hélion ou la Force des choses, Bruxelles, éditions La Connaissance, 1975, repr. p. 58 Henry-Claude Cousseau, Hélion, Paris, éditions du Regard, 1992, repr. coul. p. 208 et p. 328 (n. et b.) Philippe Dagen, Hélion, Paris, éditions Hazan, 2004, no 137, p. 212, repr. coul. p. 218 Hervé Bize, Jean Hélion, Paris, éditions Cercle d’Art, coll. « Découvrons l’art du xxe siècle », 2004, repr. coul. no 46 Deborah Rosenthal, « Hindsight: Translations from Jean Hélion’s Writings », Modern Painters, 2005, repr. p. 100 L’Objet d’art, mars 2017, repr. coul. p. 80 Jacqueline Hélion et Mark Vail, Catalogue raisonné de l’œuvre peint de Jean Hélion, Studio 108, Groupe Theotech
Il s’agit là selon nous d’un chef-d’œuvre d’Hélion. Cette œuvre fait l’objet d’une demande de prêt du musée d’Art moderne de Paris en vue de la rétrospective qu’il consacrera à l’artiste de mars à août 2024. Une procédure en vue de son acquisition par une institution publique majeure est actuellement en cours.
In our view, this is one of Hélion’s masterpieces. The Musée d’Art moderne de Paris has requested the loan of this artwork for its planned Hélion retrospective, which will take place between March and August 2024. A procedure is under way regarding its possible purchase by a major public institution.
L’ATELIER 1953
2
Portrait de Jean Hélion dans son atelier, 1957 © Donation Denise Colomb, ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, diffusion RMN-GP
4
HĒLION Le florilège
Par Angela Ghezzi
Iconoclaste, antidoctrinal, anachro-
Alexander Calder, Marcel Duchamp,
nique, avant-gardiste par excellence
Alberto Giacometti, Balthus. Exposé
dans l’entre-deux-guerres, abstrait
dans les plus prestigieuses galeries de
quand il aurait dû être figuratif, figu-
Paris et des États-Unis (galerie Pierre
ratif quand il aurait dû être abstrait,
Loeb, galerie Paul Rosenberg, galerie
Jean Hélion est un peintre qui ne se
Karl Flinker, galerie Art of This Century)
sera pas laissé réduire à un système.
et dans les principales institutions in-
Outre qu’il fut violemment criti-
ternationales (Peggy Guggenheim
qué de son vivant pour ses choix, la
Collection, Venise ; MoMA, New York ;
multiplicité des voies empruntées
Art Institute, Chicago ; Tate Gallery,
et sa trajectoire si atypique l’ont
Londres ; Hamburger Kunsthalle, Ham-
condamné à l’incompréhension et à
bourg ; Centre Georges-Pompidou,
l’isolement, lui qui avait anticipé l’abs-
Paris), son œuvre abstrait est considéré
traction pour en devenir le maître, et
comme un passage obligé de l’histoire
avait devancé de quinze ans le mou-
des avant-gardes de la première moitié du xxe siècle. Homme juste et loyal,
vement du pop art.
Hélion est un peintre visionnaire ; il Collaborateur de multiples revues,
anticipe les bouleversements qui vont
auteur de livres et de textes critiques
s’abattre sur l’Europe. Et, à travers le ré-
sur l’art, Hélion correspond et se lie
cit intime de sa vie, qu’il consigne dans
d’amitié avec de nombreux peintres
ses journaux, c’est toute la chronique
et écrivains : Raymond Queneau,
de sa création qui transparaît.
5
Peintre à rebours, souvent mal compris
Ses premières toiles, réalisées en 1922-
et pas assez montré, il ne bénéficie
1923, représentent des rues de Paris,
de la reconnaissance de son pays
des personnages, des paysages, ainsi
qu’en 1984, alors qu’il est désormais
que les objets usuels qui meublent
vieux et presque aveugle. Le musée
son atelier : pains, bouteilles, chaises,
d’Art moderne de la Ville de Paris lui
tables. L’artiste belge Luc Lafnet, qui
consacre la rétrospective « Hélion,
devient son ami, lui apprend à maî-
peintures et dessins 1925-1983 ».
triser les couleurs et l’invite à étudier
Cette exposition, qui présente une
Rubens et Rembrandt. La relation
sélection de ses toiles les plus signi-
nouée en 1925 avec le collection-
ficatives, persuadera les acteurs de
neur Georges Bine est elle aussi dé-
l’époque de le considérer comme un
terminante : ce dernier l’initie à l’art
jalon de l’art contemporain français.
contemporain, le prendra sous contrat
À contre-courant du dynamisme de
et achètera un grand nombre de ses
l’abstraction lyrique d’après-guerre,
œuvres, permettant à Hélion de se
il deviendra une référence majeure
consacrer entièrement à la peinture.
pour les jeunes peintres de la Figuration narrative, tels que Gilles Aillaud ou
En 1926, celui-ci rencontre et héberge
Eduardo Arroyo, qui ne suivent pas la
le peintre uruguayen Joaquín Torrès-
vague de l’abstraction, mais se veulent
Garcia, qui l’inspire et l’introduit au
figuratifs, narratifs, et louent en Hélion
cubisme et au surréalisme. De trente
un modèle d’indépendance.
ans plus âgé que lui, Torrès-Garcia n’est peut-être pas à cette époque un
Né en 1904 dans un milieu modeste
des protagonistes les plus influents
en Normandie, Jean Hélion suit des
de la scène artistique internationale,
études de chimie. À son arrivée à Paris
mais il connaît tout le monde. Il pré-
en 1921, il travaille comme apprenti
sente Hélion aux grands noms de l’art
dessinateur dans une agence d’ar-
de l’époque comme Pablo Picasso,
chitecture. Parallèlement, il écrit des
Georges Braque, Joan Miró ou encore
poésies. Ses visites au Louvre sont fré-
Fernand Léger, rompant ainsi son iso-
quentes, et, face aux œuvres de Poussin,
lement artistique. Chez Torrès-Garcia,
Titien ou Véronèse qui le touchent par-
il découvre une toile de Piet Mondrian,
ticulièrement, il confirme son envie de
pionnier du néoplasticisme. Fasciné, il
devenir peintre.
commence ses premières peintures
6
7
en appliquant ces théories, celles
tendances non figuratives, nommé
d’un art abstrait rigoureusement
« Abstraction-Création ». Celui-ci ras-
géométrique, convoquant des cou-
semble les meilleurs représentants
leurs pures, et qui vise sur la toile un
de l’art abstrait, parmi lesquels Jean
équilibre parfait par l’usage exclusif de
Arp, Robert Delaunay, Piet Mondrian,
tracés verticaux et horizontaux. Dans
František Kupka et Vassily Kandinsky.
ses nouvelles compositions, il utilise des teintes primaires délimitées par
Hélion ayant connu la misère et les
des lignes noires.
inégalités sociales, son art ne se dissocie pas de sa réflexion politique et
Composition constructiviste (1930-
morale. Proche du parti communiste,
1931) est une œuvre capitale de cette
il prendra ses distances après son
période, sans doute la plus significa-
voyage en URSS en 1931. L’absence
tive en mains privées. Ici, les à-plats
complète de liberté artistique qui y
colorés et le jeu des lignes créent une
règne et, plus généralement, le dé-
zone de tensions et une véritable dy-
veloppement des totalitarismes sont
namique. Cette pièce demeure un
pour lui intolérables : « […] Les com-
témoignage de ces années durant
munistes devraient non seulement
lesquelles Hélion rencontre Theo Van
accepter l’abstraction, mais ne pas
Doesburg – peintre instigateur de
vouloir d’autre art. Hélion, en URSS,
la revue De Stijl –, Otto Gustav Carl-
vérifie qu’il n’en est rien : entre sys-
sund et Léon Tutundjian. Avec eux, il
tème politique et esthétique, nulle
fonde le mouvement d’avant-garde
adéquation3. » Il cesse donc d’être
abstrait Art concret, dont le manifeste
communiste et commence à remettre
affirme : « L’art concret s’oppose au
en cause son abstraction.
sentimental […]. L’art concret n’est pas une transposition de la nature […]. L’art
Hélion bouscule assez vite l’ortho-
concret ne témoigne pas du privé. Il
doxie des conceptions de Mondrian
confirme l’universel1. » Cette tenta-
et renonce au formalisme doctrinaire
tive s’avérera un échec ; la revue Art
de son art. Il veut expérimenter, et
concret ne connaîtra qu’un numéro2.
commence à introduire des éléments
En 1931, Jean Hélion, Auguste Herbin
circulaires fluides qui dynamisent la
et Georges Vantongerloo créent un
composition, comme dans la série
nouveau groupe, plus vaste et beau-
des « Équilibres » de 1933. Dès 1934,
coup plus ouvert aux différentes
ces formes prolifèrent, s’assemblent
8
comme des sculptures et se transforment progressivement en « Figures », personnages encore abstraits, mais qui annoncent déjà son retour à la figuration. L’appel de la nature n’est plus loin, et les volumes prennent du relief. Abstraction de 1935 relève de ce répertoire plastique. Remarquons à son sujet
—
que des tableaux appartenant à cette
Hélion commence ses premières peintures en appliquant ces théories, celles d’un art abstrait rigoureusement géométrique, convoquant des couleurs pures, et qui vise sur la toile un équilibre parfait par l’usage exclusif de tracés verticaux et horizontaux.
même série sont conservés dans de prestigieuses collections, comme Îlede-France (1935), à la Tate Gallery de Londres, Composition (1935), à la Peggy Guggenheim Collection de Venise, et Figure debout (1936), au Metropolitan Museum of Art de New York. À partir de 1932 et pendant un peu plus d’une décennie, Hélion partage sa vie entre la France et les États-Unis. Considéré unanimement en Amérique comme un maître de l’abstraction, il y réalisera les toiles les plus marquantes de cette période. Figure tombée, datée de 1939 et conservée au Centre Georges-Pompidou à Paris, est une de ses dernières œuvres abstraites, charnière dans sa carrière. La même année, il effectue ses premières tentatives de retour à l’identifiable avec des têtes d’hommes structurées par des formes géométriques. Ces recherches aboutiront à l’œuvre Au cycliste4 (1939), première peinture figurative, qui acte l’abandon programmé de l’abstraction.
9
10
À partir des années 1940, Hélion revient
Shapiro l’apprécient, il expose à Los
vers la figuration. Cette évolution dé-
Angeles et à Chicago. Il est heureux,
soriente le public, qui ne le suit pas
mais sa situation va bientôt se dégra-
dans cette nouvelle voie.
der. Il peint encore ses hommes au chapeau, que Paul Rosenberg pré-
Entre-temps, la guerre éclate. Il in-
sente dans sa galerie. L’exposition est
terrompt cette figuration naissante
un échec. La presse critique vivement
et rentre en France pour s’enga-
ce besoin de changement : quelle idée
ger dans l’armée. Fait prisonnier, il
de montrer des peintures figuratives,
s’évade d’un camp en Poméranie,
alors que l’on est considéré comme
traverse l’Allemagne, avant de rega-
un chantre de l’abstraction ? En paral-
gner les États-Unis en 1942. Il écrira le
lèle, un nouveau vivier émerge parmi
récit de sa captivité et de son évasion
les artistes américains. Avec Jackson
dans le livre à succès They Shall Not
Pollock, Arshile Gorky, Willem De
Have Me, publié à New York en 1943.
Kooning et Mark Rothko, l’expres-
Cet ouvrage, conçu dans l’urgence
sionnisme abstrait bat son plein. Cette
d’un conflit qui n’est pas encore ter-
même scène artistique lui fera payer
miné, raconte la honte et la culpabilité
cher son rejet de l’abstraction. Hélion
du survivant. Pour Hélion, la guerre a
se retrouve seul, et juge absurde que
détruit l’abstraction, qui ne suffit plus
ses successeurs soient considérés
pour donner chair au traumatisme
comme des précurseurs, alors qu’il a
subi. Il ne peut plus peindre de la
lui-même ouvert la voie de l’abstrac-
même manière.
tion quinze ans auparavant. Les lettres adressées à ses amis évoquent sa soli-
À New York, il vit avec son épouse
tude. Il se sent renégat.
Pegeen Vail Guggenheim, fille de Peggy Guggenheim, la grande mé-
Hélion persiste pourtant dans le re-
cène des artistes européens exilés,
tour à la figure. Ses personnages au
incontournable collectionneuse d’art
chapeau sont suivis de motifs tou-
moderne et fondatrice de la galerie
jours plus ordinaires, plus populaires.
Art of This Century. Il y retrouve Piet
Il représente des femmes et des
Mondrian, Alexander Calder, Fernand
hommes comme autant de stéréo-
Léger, André Breton et André Masson.
types de l’Amérique de ces années.
Sa notoriété est à son apogée, les cri-
Il met au jour toute la saveur d’une
tiques les plus influents tels que Meyer
époque en présentant une peinture
11
à la fois narrative et critique de la société contemporaine. Dans son répertoire apparaissent des objets du quotidien, tels que parapluies, citrouilles et baguettes, lesquels préfigurent le mouvement du pop art, qui s’épanouira quinze ans plus tard. En ces années, Hélion aborde également un thème fondamental dans son travail, celui de la vitrine, qui réunit deux des éléments essen-
—
tiels de la représentation picturale :
Le thème de la « citrouillerie » marque pour sa part l’émergence d’une image singulière, qui prendra de l’ampleur jusqu’à occuper un pan considérable de son œuvre.
la fenêtre et le miroir. L’Escalier (1944) est un tableau très représentatif de cette période, symbole d’une ascension émancipatrice, d’une liberté retrouvée. Ici Hélion poursuit ses recherches sur la figuration. On retrouve cependant la trace d’un cadre géométrique ordonné par des lignes orthogonales qui rythment le mouvement des deux personnages et donnent vie à la scène. L’Homme assis (1947) atteste quant à lui d’un processus désormais arrivé à son acmé : celui de la figure – figure de l’artiste en l’occurrence – s’asseyant, au propre comme au figuré, sur Mondrian. Le thème de la « citrouillerie » marque pour sa part l’émergence d’une image singulière, qui prendra de l’ampleur jusqu’à occuper un pan considérable de son œuvre.
12
Dans l’exceptionnel tableau de 1948,
importance. « Nu accoudé », « Nu
La Belle Étrusque (ou Le Porteur de
barré », « Nu étoilé »… Trois Nus et le
citrouille), les citrouilles sont les prin-
Gisant (1950), œuvre majeure de cet
cipaux protagonistes et se déploient
ensemble, se distingue par sa com-
sur toute la composition. Entières ou
plexité onirique et mystérieuse, par sa
coupées, les voici représentées dans
suggestion, par l’étrange ambiance de
toute leur beauté à travers des corres-
soumission qui en émane. Entre apai-
pondances d’oranges et de jaunes. Les
sement et inquiétude, on y perçoit une
peintures sur les citrouilles demeurent
atmosphère où les jeux de domination
extrêmement rares ; celle-ci est sans
entre les quatre protagonistes s’entre-
aucun doute la plus importante.
mêlent sans se dévoiler. « […] Ces nus
En 1946, Hélion rentre définitivement
nité de beauté : ils sont mortels et, y
à Paris, mais le contexte n’est pas
pensant, accablés par cette pensée5. »
ne sont ni instants de plaisirs, ni éter-
plus favorable. Matisse, Picasso, Léger dominent la scène. L’abstraction est
En 1953, il peint le chef-d’œuvre de
omniprésente – qui se partage entre
cette période, L’Atelier, où il repré-
la géométrie d’un Herbin et le lyrisme
sente Pierre Bruguière et Pegeen,
d’un Hartung, d’un Schneider ou d’un
déjà absente6, dans son atelier de
Mathieu –, Soulages est en pleine
l’avenue de l’Observatoire, au milieu
ascension. Jean Hélion est perdu, il
de ses toiles les plus remarquables
n’a sa place nulle part. L’année sui-
comme Le Goûter (1953) et Tablée de
vante, il exécute l’important tableau
pains (1952). Hélion regarde beaucoup
À rebours (1947), conservé au Centre
les maîtres du passé, et l’influence de
Georges-Pompidou à Paris. Son
Courbet, ici, se ressent.
titre, référence au roman de 1884 de Joris-Karl Huysmans, annonce, de ma-
Plus tard, Hélion se passionnera pour
nière significative, une nouvelle pé-
un autre légume : le chou. Il puisera son
riode de transition.
inspiration dans les scènes de marché, mais aussi le cirque, les toits, les événe-
Au tournant des années 1950, une
ments de Mai 68, ou encore le thème
nouvelle période, plus réaliste, s’ouvre,
du songe. Alors que sa cécité avance,
qui durera dix ans. Hélion peint une
il la prend pour sujet de ses peintures,
série de nus féminins qui jouent dans
en mettant en scène des personnages
son œuvre un rôle de toute première
aveugles, symboles du mal qui le
13
ronge autant que des errements d’une époque. Son ultime phase de création oscillera toujours entre abstraction et figuration, indissociables, comme les deux faces d’une même pièce. Il pose définitivement ses pinceaux en 1983 et s’éteint en 1987. À tous ceux qui veulent diviser sa peinture en périodes contradictoires,
1. Manifeste de l’Art concret. Groupe et revue fondés à Paris en 1930 par Otto Gustav Carlsund, Theo Van Doesburg, Jean Hélion, Léon Tutundjian et Marcel Wantz.
on peut objecter qu’Hélion n’a jamais cessé de réaliser les mêmes tableaux, avec la même visée, mais dans des
2. En dépit de son éphémère existence sous sa forme originelle, l’art concret connaîtra de vivaces développements, notamment dans l’immédiat après-guerre. En France, la galerie René Drouin organise l’exposition « Art concret » (1945), tandis que le Salon des réalités nouvelles (1946) se réclame de cet héritage. En Suisse, les « concrets zurichois » du groupe Allianz, emmenés par Max Bill, défendent cette tendance par le biais d’expositions et de revues (« Konkrete Kunst », Kunsthalle, Bâle, 1944, revue Abstrakt Konkret, 1944-1945, Zurich). L’art concret – encore aujourd’hui considéré comme source d’inspiration sur la scène contemporaine – se diffusera également en Italie, avec le groupe Movimento Arte Concreta (Milan, 1948), et jusqu’en Amérique du Sud, avec le groupe Madí (Buenos Aires, 1946).
styles différents. Hélion considérait l’art comme une forme aiguë d’honnêteté, laquelle devait présider à toute création, au risque du dilettantisme. Par son avant-gardisme autant que par ses choix radicaux, on lui accordera qu’il fut, lui-même, un peintre honnête. Chacune des pièces exposées est jugée par la galerie comme comptant parmi les plus significatives en mains privées, relativement à sa période. Il nous aura fallu onze ans pour concevoir ce projet, point d’orgue de nos
3. Philippe Dagen, Hélion, Paris, éditions Hazan, 2004, p. 91.
trente ans d’existence.
4. Cette pièce est elle aussi conservée au Centre Georges-Pompidou à Paris. 5. Philippe Dagen, op. cit., p. 182. 6. Jean Hélion et Pegeen Vail Guggenheim (1925-1967) se séparent en 1956. Elle décédera prématurément en 1967, d’une prise excessive de médicaments. Sa mère, Peggy Guggenheim (1898-1979), lui survivra plus de dix ans.
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HĒLION The Best Of!
By Angela Ghezzi
Alexander Calder, Marcel Duchamp, Alberto Giacometti and Balthus. His abstract output was exhibited in the most prestigious galleries in Paris and the USA (the Galerie Pierre Loeb, the Galerie Paul Rosenberg, the Galerie Karl Flinker and the Art of This Century Gallery) and leading international art institutions (the Peggy Guggenheim Collection in Venice, MoMA in New York, the Art Institute of Chicago, the Tate Gallery in London, the Hamburger Kunsthalle and the Centre Georges-Pompidou in Paris) and was viewed as an essential part of the history of the avant-garde movements of the first half of the twentieth century. Hélion was a just, honorable man and a visionary painter who foresaw the calamity that was about to strike Europe. The entire chronicle of his creative work can be
Iconoclastic, anti-doctrinaire and anachronistic, the painter Jean Hélion remains impossible to categorize. Quintessentially avant-garde in the period between the two world wars, he was abstract when he should have been figurative and figurative when he should have been abstract. He was an early adopter and master of abstraction and anticipated the pop art movement by fifteen years. Yet he was vehemently criticized for his choices during his lifetime, and his highly individual career and multidirectional development left him misunderstood and isolated. As a contributor to numerous perio dicals and an author of books and critical texts on art, Hélion corresponded and became friends with many writers and painters including Raymond Queneau, 17
pression on him, and he decided that what he really wanted to do was be a painter.
glimpsed through the story of his life recorded in his private diaries. Hélion was a painter who swam against the tide. Under-exhibited and frequently misunderstood, he was accorded recognition in his homeland only in 1984, with the retrospective “Hélion, peintures et dessins 19251983” at the Musée d’Art moderne de la Ville de Paris by which time the painter was elderly and almost blind. The exhibition presented a selection of his most significant pictures and convinced the 1980s art world to view him as a landmark figure in French contemporary art. His refusal to follow the trend of postwar lyrical abstraction made him an important model for the young painters of the Narrative Figuration movement, such as Gilles Aillaud and Eduardo Arroyo, who did not allow themselves to be swept up in the wave of abstraction and lauded Hélion’s exemplary independence.
His first pictures, painted in 1922–1923, are of Paris streets, people, landscapes and the everyday objects in his studio —loaves of bread, bottles, chairs and tables. The Belgian artist Luc Lafnet, who became a friend of his, taught him how to use color and suggested he study Rubens and Rembrandt. His relationship with the collector Georges Bine in 1925 was also crucial: Bine introduced Hélion to contemporary art, gave him a contract and bought many of his works, enabling him to paint full-time. In 1926, Hélion met the Uruguayan painter Joaquín Torrès-Garcia and had him to stay. Torrès-Garcia was a source of inspiration to Hélion and introduced him to Cubism and Surrealism. Although thirty years older than Hélion, and at that time perhaps not one of the most influential protagonists of the international art scene, Torrès-Garcia knew everyone. He introduced Hélion to the great names in art of the day including Pablo Picasso, Georges Braque, Joan Miró and Fernand Léger, ending his artistic isolation. In Torrès-Garcia’s new quarters, Hélion happened on a picture by Piet Mondrian, the pioneer of Neoplasticism. He was fascinated by
Jean Hélion was born in Normandy in 1904. He came from a modest background and initially studied chemistry. When he arrived in Paris in 1921, he worked as an apprentice draughtsman in an architect’s studio. Meanwhile, he wrote poetry and frequently visited the Louvre. The works of Poussin, Titian and Veronese made a deep im18
it, and set about producing a first handful of paintings in which he applied the theories of a rigorously geometrical abstract art that used pure colors and aimed at achieving perfect balance on canvas by using vertical and horizontal lines. In his new compositions, he used blocks of primary colors bordered by black lines.
—
He set about producing a first handful of paintings in which he applied the theories of a rigorously geometrical abstract art that used pure colors and aimed at achieving perfect balance on canvas by using vertical and horizontal lines.
Composition constructiviste (1930– 1931) is a crucial work from this period —probably the most significant in private ownership. Here, the flat blocks of color and the interplay of lines create an area of conflicting tensions and a real sense of movement. This piece bears witness to the years in which Hélion met Theo van Doesburg, the painter who instigated the magazine De Stijl, Otto Gustav Carlsund and Léon Tutundjian. With them, he founded the avant-garde abstract movement Art concret, whose manifesto proclaims: “Concrete art opposes sentimentality […]. Concrete art is not a transposition of nature […]. Concrete art does not record what is private. It confirms what is universal.” 1 The endeavor failed: only one issue of the periodical Art concret was ever published. 2 In 1931, Jean Hélion, Auguste Herbin and Georges Vantongerloo started a new group called “Abstraction-Création” that was broader and much more 19
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coal escing to form sculptures and gradually transforming themselves into “Figures”—characters that were still abstract but already heralded Hélion’s return to figurative painting. The allusion to nature was now not far off and volumes were more three-dimensional. Abstraction, from 1935, belongs to this visual repertoire. It is noticeable that pictures from the same series are to be found in prestigious collections, such as Île-de-France (1935), which is in the Tate Gallery in London, Composition (1935), which is in the Peggy Guggenheim Collection in Venice, and Figure debout (1936), which is in the Metropolitan Museum of Art of New York.
open to the various non-figurative art movements. It brought together the most gifted exponents of abstract art, including Jean Arp, Robert Delaunay, Piet Mondrian, František Kupka and Vassily Kandinsky. Because Hélion had experienced poverty and social inequalities, his art cannot be dissociated from his political and moral thinking. He was initially drawn to the Communist Party, but distanced himself from it after visiting the USSR in 1931. The complete lack of artistic freedom and more generally the growing totalitarianism he saw there were intolerable to him. “Not only should Communists accept abstraction: they should wish for no other art. Hélion realized that that was absolutely not the case in the USSR: the political system was not consistent with the aesthetic.”3 He ceased to be a Communist and began to question his own abstraction.
For slightly over a decade, beginning in 1932, Hélion divided his time between France and the USA. He was unanimously viewed as a master of abstraction in the USA, and it was there that he produced his most memorable pictures from this period. Figure tombée, which dates from 1939 and is in the Centre Georges-Pompidou in Paris, is one of his last abstract works, and as such marks a turning point in his career. The same year witnessed his first attempts to return to identifiable subjects, with male heads structured by geometrical shapes. These explorations resulted in the picture Au cycliste4 (1939), a first figurative painting, which
Hélion quite soon upset Mondrianist conceptual orthodoxy and abandoned dogmatic formalism in his art. He wanted to experiment, and began to introduce fluid circular elements that lent movement to compositions, as in the 1933 series “Équilibres.” From 1934 onwards, more and more of these shapes were to be seen in his work, 21
height, highly influential critics such as Meyer Shapiro appreciated his work, and he was exhibiting in Los Angeles and Chicago. He was happy, but his situation was about to deteriorate. He was still painting his men in hats, which Paul Rosenberg showed in his gallery. The exhibition was a flop. The press were highly critical of his need for change: they could not understand why a champion of abstraction would show figurative paintings. Meanwhile, a new pool of talent had emerged among American artists. Exemplified by Jackson Pollock, Arshile Gorky, Willem De Kooning and Mark Rothko, abstract expressionism was in full swing. The American art scene made him pay dearly for his rejection of abstraction. He found himself alone, and thought it absurd that his successors should be seen as pioneers, when he himself had ushered in abstraction fifteen years earlier. His letters to his friends refer to his loneliness. He felt like a renegade.
marked his deliberate abandoning of abstraction. From the 1940s onwards, Hélion returned to figurative art. Audiences were disorientated by this development, and did not follow him down this new path. In the meantime, war broke out. Hélion interrupted his nascent figurative painting and went back to France to enlist. He was taken prisoner, but managed to escape from a camp in Pomerania and made his way across Germany, returning to the USA in 1942. He told the story of his captivity and escape in a best-selling book entitled They Shall Not Have Me, published in New York in 1943. Written in the haste of a conflict that was still ongoing, it describes the survivor’s feelings of guilt and shame. For Hélion, war had destroyed abstraction. It was no longer adequate to embody the damage inflicted. He could not carry on painting in the same way. In New York, he lived with his wife Pegeen Vail Guggenheim, the daughter of Peggy Guggenheim, a great patron of exiled European artists and the ultimate collector of modern art, who founded the Art of This Century Gallery. At the gallery, he reencountered Piet Mondrian, A lexander Calder, Fernand Léger, André Breton and André Masson. Hélion’s fame was at its
Yet he persisted in to his return to figuration. His figures in hats were increasingly followed by depictions of ordinary people and their everyday lives. He showed women and men as stereotypes of the America of the time. He uncovered the whole flavor of an era by presenting a kind of painting that both recounted and criticized 22
contemporary society. His repertoire featured everyday objects like umbrellas, pumpkins and baguettes, anticipating the pop art movement that would burgeon fifteen years later. During these years, Hélion also explored a theme that is central to his work—the shop window, which combines two essential elements in pictorial representation: the window and the mirror.
—
The “citrouillerie” (pumpkinry) theme marks the emergence of a singular image that was to become increasingly important to the point where it occupied a considerable section of his work.
L’Escalier (1944) is highly representative of this period. The picture symbolizes a liberating ascent, freedom regained. Here, Hélion is pursuing his exploration of figuration, but there is the trace of a geometrical framework structured by perpendicular lines that govern the movement of the two figures and bring the scene to life. Meanwhile, L’Homme assis (1947) records a process that has now reached its apogee, the figure (here, the figure of the artist) literally sitting on Mondrian. The “citrouillerie” (pumpkinry) theme marks the emergence of a singular image that was to become increasingly important to the point where it occupied a considerable section of his work. In the outstanding 1948 picture La Belle Étrusque (or Le Porteur de citrouille), the pumpkins are the chief protagonists and fill the entire composition. Whole or in slices, here they are, 23
detect an atmosphere in which games of domination between the four protagonists are interwoven without being revealed. “These nudes are neither moments of pleasure nor eternal beauty: they are mortal and when they think of that, they are overwhelmed.”5
depicted in all their beauty through corresponding oranges and yellows. The pumpkin paintings remain extremely rare; this one is undoubtedly the most important. In 1946, Hélion came back to live permanently in Paris, but the context was no more favorable there. The scene was dominated by Matisse, Picasso and Léger. Between the geometry of Herbin and the lyricism of Hartung, Schneider and Mathieu, abstract art was ubiquitous. Soulages’ star was rising. Jean Hélion was at a loss: there seemed to be no place for him. The following year, he produced the important picture À rebours (1947), now in the Centre Georges-Pompidou in Paris. Significantly, its title, a reference to Joris-Karl Huysmans’ 1884 novel, announced a fresh transition.
In 1953, he painted the masterpiece of this period, L’Atelier, in which he depicts Pierre Bruguière and Pegeen, already absent in spirit, 6 in his studio in the Avenue de l’Observatoire, amidst his most remarkable pictures such as Le Goûter (1953) and Tablée de pains (1952). Hélion spent a lot of time looking at earlier painters: here, Courbet’s influence is felt. Later, Hélion became fascinated by another vegetable: the cabbage. He drew inspiration from market scenes, circuses, roofs, the events of May 68 and the theme of dreams. As his blindness worsened, he put it into his paintings, depicting blind figures who symbolized both the disease that was eroding his powers and the misguidedness of an era. In his last creative phase, he continually oscillated between abstraction and figuration, as if they were indissociable—two sides of a single coin.
The beginning of the 1950s ushered in a new, more realistic phase that was to last for ten years. Hélion painted a series of female nudes that are of primary importance in his work: “Nu accoudé,” “Nu barré,” “Nu étoilé” and so on. Trois Nus et le Gisant (1950), the major work in the set, stands out for its dreamlike, mysterious complexity, its suggestiveness and the strange ambience of submission that emanates from it. Between calm and unease, we
Hélion stopped painting for good in 1983. He died in 1987. 24
To all those who would divide Hélion’s painting into contradictory periods, we object that Hélion never stopped painting the same pictures, with the same purpose, but in differing styles. He saw art as an acute form of honesty that should preside over all types of creation at the risk of dilettantism. In both his avant-gardism and his radical choices, it must be recognized that he himself was an honest painter. It has taken us eleven years to devise this project, which is the climax of our thirty years of existence. In the gallery’s view, each of the pieces exhibited is among the most significant paintings of its period currently in private ownership.
1. Manifeste de l’Art concret. Group and periodical founded in Paris in 1930 by Otto Gustav Carlsund, Theo van Doesburg, Jean Hélion, Léon Tutundjian and Marcel Wantz. 2. Despite the brief existence of Art concret in its original form, it continued to sprout offshoots, especially in the period immediately after the war. In France, René Drouin’s gallery held an exhibition entitled “Art concret” (1945) and the Salon des réalités nouvelles (1946) claimed descent from it. In Switzerland, the Zurich concrete artists of the Allianz group, led by Max Bill, promoted the movement via exhibitions and periodicals (“Konkrete Kunst,” Kunsthalle, Basel, 1944, the journal Abstrakt Konkret, 1944–1945, Zurich). There were also developments in Italy, with the Movimento Arte Concreta group (Milan, 1948), and South America, with the Madí group (Buenos Aires, 1946), and Art concret continues to inspire the contemporary art scene to this day. 3. Philippe Dagen, Hélion, Paris, Hazan, 2004, p. 91. 4. Also in the Centre Georges-Pompidou in Paris. 5. Philippe Dagen, op. cit., p. 182. 6. Jean Hélion and Pegeen Vail Guggenheim (1925– 1967) separated in 1956. Pegeen Vail Guggenheim died prematurely, in 1967, from an overdose of medication. Her mother, Peggy Guggenheim (1898– 1979), survived her by over ten years.
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JEAN HÉLION BIOGRAPHIE SÉLECTIVE Source principale : Jacqueline Hélion et Mark Vail, Catalogue raisonné de l’œuvre peint de Jean Hélion, Studio 108, Groupe Theotech (complété par nos soins)
— 1904 Jean Hélion naît le 21 avril à
se consacrer entièrement à la peinture.
Couterne, en Normandie, dans un
—1926 Hélion se marie avec Andrée
milieu modeste. Il est élevé par sa
Jouart. Il rencontre le peintre uru-
grand-mère. — 1920 Il entame briève-
guayen Joaquín Torrès-Garcia, qui l’ins-
ment un parcours d’études supérieures
pire, l’introduit au cubisme et au surréa-
en chimie, à Lille. — 1921 Il s’installe à
lisme, et le présente aux grands noms
Paris, y travaille comme apprenti dessi-
de l’art de l’époque comme Pablo
nateur dans un bureau d’architecture et
Picasso, Georges Braque, Joan Miró et
fait ses premières visites au Louvre. Il
Fernand Léger. — 1928 Hélion présente
apprécie particulièrement Poussin,
deux tableaux au Salon des indépen-
Philippe de Champaigne et Titien.
dants, mais il est refusé au Salon d’au-
— 1922 Hélion réalise ses premières
tomne. Avec d’autres candidats mal-
peintures : des portraits, des paysages
heureux – parmi lesquels se trouve
et des natures mortes. De son union
Torrès-Garcia –, il organise, en signe de
avec Andrée Jouart naît un fils : Jean-
protestation, une exposition intitulée
Jacques. — 1924 Le peintre Luc Lafnet
« Les Cinq Refusés ». — 1929-1930 Il
lui fait découvrir Rubens et Rembrandt.
exécute en 1929 ses premières toiles
— 1925 Georges Bine devient son pre-
abstraites, et en expose deux à
mier marchand : grâce à lui, Hélion peut
Barcelone, aux galeries Dalmau. À Paris,
29
il fréquente Piet Mondrian, Serge
série des « Figures ». — 1935 Dans son
Charchoune et Jean Arp, mais égale-
nouvel atelier du boulevard Saint-
ment Theo Van Doesburg, Otto Gustav
Jacques, Hélion entreprend de grandes
Carlsund et Léon Tutundjian avec les-
compositions, comme Île-de-France. Il
quels il fonde le groupe Art concret.
rencontre Vassily Kandinsky, Hans
— 1931 Hélion voyage en URSS.
Hartung et l’écrivain Henry Miller. Il par-
Constatant le manque de liberté dont
ticipe à l’exposition de groupe « Thèse,
souffrent les artistes, il s’éloigne des
Antithèse, Synthèse », organisée par
idées communistes. Aux côtés notam-
Hans Erni à Lucerne. — 1936 Des expo-
ment d’Auguste Herbin et de Georges
sitions personnelles lui sont consacrées
Vantongerloo, il crée le groupe
à Paris (galerie des Cahiers d’art) et aux
Abstraction-Création. — 1932 Il bénéfi-
États-Unis (galerie Valentine, New
cie de sa première exposition person-
York ; galerie Putzel, Los Angeles). Il fré-
nelle, à Paris, galerie Pierre Loeb. Il se lie
quente André Breton. Il se construit un
d’amitié avec Piet Mondrian et Alberto
atelier en Virginie, à Rockbridge Baths.
Giacometti. Divorcé de sa première
— 1937 À New York, Hélion est en
femme, Hélion épouse une Américaine,
contact avec l’historien et critique d’art
Jean Blair, et fera dorénavant de nom-
Meyer Schapiro et expose à nouveau à
breux allers-retours outre-Atlantique. À
la galerie Valentine. Des formes réelles
Paris, il s’installe impasse Nansouty.
apparaissent dans ses « Figures ».
— 1933 Hélion prend peu à peu ses dis-
— 1938 Ses allers-retours entre la
tances avec le rigorisme formel de l’art
France et les États-Unis demeurent fré-
géométrique qui l’avait guidé jusque-là
quents. À Paris, il emménage dans un
et laisse apparaître des volumes dans
nouvel atelier, rue Broca. Il rencontre
ses compositions. À la fin de l’année
Yves Tanguy. Des motifs identifiables
s’ouvre sa première exposition person-
continuent d’affleurer dans ses com-
nelle aux États-Unis, galerie John
positions. — 1939 Hélion exécute ses
Becker, à New York. — 1934 Il quitte
dernières pièces abstraites et com-
Abstraction-Création et fait la connais-
mence à peindre des têtes d’hommes
sance de Raymond Queneau et de
au chapeau. Au cycliste est sa première
Pierre Bruguière. Il commence à analy-
grande toile figurative. Son fils Louis
ser sa démarche artistique dans des
naît en février. — 1940-1942 Dès janvier
écrits. Ses formes géométriques tra-
1940, Hélion rentre en France pour s’en-
vaillées en volume s’autonomisent et
gager dans l’armée. Fait prisonnier en
prolifèrent ; elles donneront lieu à la
juin, il est interné en Poméranie, dans
30
31
un camp, puis sur un bateau-prison à
Son troisième fils, Fabrice, voit le jour.
Stettin. Il s’en évade le 13 février 1942,
— 1948 Au cours d’un voyage en Italie,
traverse l’Allemagne, regagne P aris
Hélion découvre le peintre rococo
puis Marseille en octobre, avant de
génois Alessandro Magnasco. Il exé-
rejoindre les États-Unis via l’Espagne et
cute des natures mortes (« Natures
le Portugal. — 1943 Il fait le récit de sa
mortes aux parapluies »), des person-
captivité dans le livre They Shall Not
nages assis (« Scènes journalières »,
Have Me. La mécène et collection-
« Nus accoudés ») ; le thème de la
neuse Peggy Guggenheim lui consacre
« citrouillerie » émerge. Il emménage
une exposition personnelle à New
dans un nouvel atelier, avenue de
York, dans sa galerie Art of This Century.
l’Observatoire. — 1949 Hélion se
À contre-courant de la scène artistique
consacre à des séries de nus (« Nus bar-
naissante, il renonce définitivement à
rés », « Nus étoilés », « Nus renversés »).
l’abstraction. Il peint D éfense d’.
Il a un quatrième fils, David. — 1950-
— 1944-1945 Hélion s’établit à New
1951 Les « Journaliers », les « Gisants » et
York, où il retrouve André Masson,
les « Mannequineries » font leur appa-
Alexander Calder, Yves Tanguy et
rition. En 1951, Hélion expose à Londres
André Breton, qui y sont réfugiés, et fait
(galerie Hanover), en Italie (Sala degli
la connaissance de Pegeen Vail – la fille
Specchi, Venise ; galerie Il Milione,
de Peggy Guggenheim –, qu’il épou-
Milan) et à New York (galerie Feigl).
sera en 1945. Sa femme, Jean Blair,
Cet te année-là, il poursuit les
décède en octobre 1944. Il réalise la
« Mannequineries » et réalise en outre
série des «Allumeurs », peint des « Filles
une trentaine de « Chrysanthèmes »
aux cheveux jaunes », puis Figures de
d’après nature, dont le vérisme finira
pluie. Il expose à plusieurs reprises chez
de l’exclure de la scène artistique,
Paul Rosenberg, recevant à chaque fois
désormais acquise à l’abstraction.
des critiques défavorables. — 1946 De
— 1952-1953 Dans son atelier de l’ave-
retour à Paris, Hélion s’installe dans un
nue de l’Observatoire, Hélion prend
atelier rue Michelet et produit des
pour sujet de ses toiles des citrouilles,
séries de nus. — 1947 La toile À rebours
des pains, des nus, des lapins écor-
synthétise toutes ses précédentes
chés, des paysages urbains. Son cin-
recherches. Hélion présente ses
quième fils – Nicolas – vient au monde
œuvres récentes à Paris, galerie Renou
en 1952. L’année suivante, Hélion peint
et Colle ; elles sont très mal accueillies.
les « Odalisques » et achève par ailleurs
Paul Rosenberg met fin à son contrat.
l’un de ses chefs-d’œuvre : L’Atelier.
32
Portrait de Jean Hélion dans son atelier, 1957 © Donation Denise Colomb, ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, diffusion RMN-GP
33
34
— 1954-1956 Il fait l’acquisition d’une
années 1930 jusqu’aux plus récentes
maison à Belle-Île et commence Grand
sont montrées à Londres, aux galeries
Luxembourg, qu’il termine en 1955.
Leicester, et à Paris, galerie du Dragon.
Hélion voyage à nouveau en Italie et
— 1967-1968 En 1967, la galerie
découvre Masaccio. Pegeen, dont il se
Willard, à New York, donne à voir ses
sépare en 1956, lui inspire de très nom-
peintures de 1929 à 1939. La même
breux portraits. Vingt ans après leur
année, Hélion exécute une pièce
première collaboration, la galerie
monumentale, Tript yque du Dragon,
Cahiers d’art offre à Hélion une expo-
qu’il expose dans la galerie pari-
sition personnelle ; deux autres sui-
sienne homonyme. À cette époque,
vront, en 1958 et en 1961. — 1957-1960
ses toiles représentent des vitrines,
Hélion se consacre aux « Vanités » et
des cafés et des scènes de rue, ainsi
aux « Toits », ainsi qu’à des natures
que des personnages de cirque, réali-
mortes – lesquelles représentent
sés d’après ses observations au cirque
notamment des citrouilles –, des por-
d’Hiver. Les événements de Mai 68
traits de ses amis, des autoportraits et
donnent également lieu à de nom-
des paysages de Belle-Île. — 1961-1962
breuses peintures. Hélion fait la
Il poursuit la série des « Toits », et, à
connaissance d’Eduardo Arroyo et de
Belle-Île, entame celle des « Pêcheurs ».
Gilles Aillaud. Ses œuvres circulent en
À l’été 1962, il rencontre le succès, gale-
Italie, à Rome et à Modène. Une aller-
rie Louis Carré, à Paris, avec l’exposition
gie le pousse à abandonner l’huile au
« Hélion, peintures de 1929 à 1939 ». Il
profit de l’acrylique. — 1969-1970
achète une propriété près de Chartres,
Mai 68 est toujours présent dans ses
à Bigeonnette. — 1963-1964 Hélion
peintures, tout comme le thème du
épouse Jacqueline Ventadour. Les
cirque, mais Hélion commence en outre
« Boucheries » et les « Porteurs de
à figurer des scènes de métro. Une
viande » prennent corps, d’après ses
exposition itinérante est organisée
observations des Halles. À la fin de
par le Centre national d’art contem-
l’année 1964, il expose à la Gallery of
porain. En décembre 1970 s’ouvre sa
Modern Art, à New York (« Paintings
rétrospective au Grand Palais, orches-
by Jean Hélion 1928-1964 »). — 1965-
trée par Daniel Abadie : « Hélion, cent
1966 Les rues animées, avec leurs
tableaux 1928-1970 ». Il se rend au
passants, « traversants » et musi-
Tchad et au Cameroun. — 1971-1972
ciens, deviennent pour Hélion un
Il voyage encore, en Allemagne et en
thème de prédilection. Ses œuvres des
Tchécoslovaquie, mais il doit rentrer
35
précipitamment à cause d’un pro-
baisse de plus en plus : il cesse de
blème à la rétine : ses ennuis oculaires,
peindre à la fin de l’année 1983 et dicte
apparus au milieu des années 1960,
ses commentaires sur ses œuvres ina-
s’aggravent. À Paris, il continue à
chevées dans Mémoire de la chambre
peindre des scènes de rue et de cirque,
jaune, texte suivi de trois cahiers dans
mais se passionne aussi pour un nou-
lesquels il évoque son enfance et ses
veau motif : celui du chou. — 1973
rencontres les plus déterminantes
L’installation à Bigeonnette est désor-
pour sa peinture. — 1984-1985 Deux
mais définitive. Fasciné par le marché
grandes expositions rétrospectives lui
de Châteauneuf-en-Thymerais, Hélion
sont consacrées : « Jean Hélion,
peint des étalages de légumes et de
Abstraktion und Mythen des Alltags,
vêtements. — 1974-1975 Sa collabora-
Bilder, Zeichnungen, Gouachen 1925-
tion avec le galeriste Karl Flinker
1983 » à la Städtische Galerie im
débute. Hélion achève Triptyque du
Lenbachhaus, à Munich, et « Hélion,
marché. Dans la même lignée, il peint
peintures et dessins 1925-1983 » au
des mareyeurs et des homards à
musée d’Art moderne de la Ville de
Belle-Île et des portemanteaux (les
Paris. — 1986 Il expose à la Peggy
« Perroquets ») à Bigeonnette. — 1976-
Guggenheim Collection, à Venise.
1977 Il exécute Suite pour le 11 Novem
— 1 98 7 J e a n H é l i o n m e u r t l e
bre. Après s’être rendu à New York à
27 octobre à Paris.
l’occasion de son exposition à la galerie Spencer Samuels, il réalise de nouvelles scènes urbaines (New York Seen “Up to Sweet’s”, Clochards dans la ville). De retour à Paris, la rue reste pour lui un inépuisable réservoir d’imaginaire créatif (La ville est un songe). Il voyage en Espagne. — 1978-1980 Hélion prend le marché aux puces comme source d’inspiration et peint le triptyque intitulé Le Jugement dernier des choses et les « Suites pucières ». Une exposition rétrospective parcourt la Chine (Pékin, Shanghai, Nanchang). — 1981-1983 Hélion séjourne en Andalousie. Sa vue
36
JEAN HÉLION SELECTIVE BIOGRAPHY Chief source: Jacqueline Hélion et Mark Vail, Catalogue raisonné de l’œuvre peint de Jean Hélion, Studio 108, Groupe Theotech (with a few additions)
— 1 9 0 4 B or n i n C outer ne, i n Normandy, on April 21. Hélion’s family are not well-off and he is brought up by his grandmother. — 1920 Begins a higher education course in chemistry in Lille but soon breaks off his studies. — 1921 Moves to Paris, where he works as an apprentice draughtsman in an architect’s studio and begins visiting the Louvre. Especially appreciates Poussin, Philippe de Champaigne and Titian. — 1922 Paints his first pictures: portraits, landscapes and still lifes. Has a son, Jean-Jacques, with Andrée Jouart. — 1924 Introduced to Rubens and Rembrandt by the painter Luc Lafnet. — 1925 Georges Bine becomes Hélion’s first dealer, enabling him to paint full-time. — 1926 Marries
Andrée Jouart. Meets the Uruguayan painter Joaquín Torrès-Garcia, who inspires him and introduces him to Cubism and Surrealism. Through Torrès-Garcia, Hélion meets the great names of the art of the time including Pablo Picasso, Georges Braque, Joan Miró and Fernand Léger. — 1928 Shows two pictures in the Salon des indépendants but is refused by the Salon d’automne. With other artists who have been refused, including Torrès-Garcia, mounts an exhibition entitled “Les Cinq Refusés” in protest. — 1 9 2 9-1 93 0 Produces his first abstract paintings in 1929 and exhibits two in Barcelona in the Galeries Dalmau. In Paris, spends time with Piet Mondrian, Serge Charchoune and Jean 37
Portrait de Jean Hélion dans son atelier, 1957 © Donation Denise Colomb, ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, diffusion RMN-GP
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large compositions such as Île-deFrance. Meets Vassily Kandinsky, Hans Hartung and the writer Henry Miller. Takes part in the group exhibition “Thèse, Antithèse, Synthèse” organized by Hans Erni in Lucerne. — 1936 Solo exhibitions in Paris (Galerie des Cahiers d’art) and the USA (Valentine Gallery, New York; Putzel Gallery, Los Angeles). Spends time with André Breton. Builds himself a studio in Rockbridge Baths, in Virginia. — 1937 In New York, is in contact with the art critic and historian Meyer Schapiro and again exhibits in the Valentine Gallery. Realistic shapes appear in his “Figures.” — 1938 Travels frequently between France and the USA. In Paris, moves to a new studio in the Rue Broca. Meets Yves Tanguy. Identifiable motifs continue to surface in his compositions. — 1939 Produces his last abstract pieces and starts painting heads of men wearing hats. Au cycliste is his first large figurative painting. Son Louis born in February. — 1940-1942 Goes back to France to enlist in January 1940. Taken prisoner in June and held in a camp in Pomerania, then on a prison-ship off the shore of Stettin. Escapes on February 13, 1942, and makes his way across Germany to Paris. Reaches Marseille in October and returns to the USA via Spain and Portugal. — 1943 Tells the story of his captivity in a book
Arp; also with Theo van Doesburg, Otto Gustav Carlsund and Léon Tutundjian, with whom he founds the Art concret group. — 1 9 31 Visits the USSR. Distances himself from Communism after observing the lack of artistic freedom in the Soviet Union. Together with artists such as Auguste Herbin and Georges Vantongerloo, starts a new group called “Abstraction-Création.” — 1932 First solo exhibition at Pierre Loeb’s gallery in Paris. Becomes friends with Piet Mondrian and Alberto Giacometti. Having divorced his first wife, marries Jean Blair, an American. From then on, frequently travels back and forth across the Atlantic. In Paris, takes up residence in the Impasse Nansouty. — 1933 Gradually distances himself from the formal rigor of geometric art that has guided him up to now, allowing three-d imensional shapes to appear in his compositions. First US solo exhibition in the John Becker Gallery in New York, starting at the end of the year. — 1934 Leaves Abstraction-Création and makes the acquaintance of Raymond Queneau and Pierre Bruguière. Begins to analyze his artistic approach in his writings. His modelled geometric shapes become more independent and proliferate: they subsequently give rise to the “Figures” series. — 1935 In his new studio on the Boulevard Saint-Jacques, embarks on 39
kinry) theme emerges. Moves to a new studio in the Avenue de l’Observatoire. — 1949 Devotes himself to painting series of nudes (“Nus barrés,” “Nus étoilés,” “Nus renversés”). Has a fourth son, David. — 1950-1951 First appearance of the “Journaliers,” “Gisants” and “Mannequineries” series. In 1951, exhibits in London (Hanover Gallery), Italy (Sala degli Specchi, Venice; Galleria il Milione, Milan) and New York (Feigl Galler y). Continues “Mannequineries” and produces about thirty “Chrysanthèmes” painted from life, whose verism completes his exclusion from the art scene, now completely won over to abstraction. — 1952-1953 In his studio in the Avenue de l’Observatoire, paints pictures of pumpkins, breads, nudes, skinned rabbits and urban settings. Fifth son, Nicolas, born in 1952. Paints the “Odalisques” and finishes one of his masterpieces, L’Atelier, in 1953. — 1954-1956 Buys a house on Belle-Île and begins Grand Luxembourg, which he finishes in 1955. Makes another trip to Italy and discovers Masaccio. Pegeen inspires him to paint many portraits of her, but they separate in 1956. Offered a solo exhibition by the Galerie des Cahiers d’art , twenty years after Hélion first exhibited there, followed by two more, in 1958 and 1961. — 1957-1960 Devotes himself to “Vanités,” “Toits,”
entitled They Shall Not Have Me. Solo exhibition in the Art of This Century Gallery in New York, founded by the artistic patron and collector Peggy Guggenheim. Running counter to the nascent American art scene, Hélion permanently renounces abstraction. Paints Défense d’. — 1944-1945 Sets up home in New York, where he finds André Masson, Alexander Calder, Yves Tanguy and André Breton living as refugees, and makes the acquaintance of Pegeen Vail, Peggy Guggenheim’s daughter. His wife, Jean Blair, dies in October 1944 and he marries Pegeen in 1945. Produces the “Allumeurs” series, paints “Filles aux cheveux jaunes,” then Figures de pluie. Exhibits in Paul Rosenberg’s gallery several times, receiving unfavorable criticism on each occasion. — 1946 Back in Paris, takes a studio in the Rue Michelet and produces series of nudes. — 1947 The painting À rebours sums up all his preceding explorations. Shows his recent pictures in the Galerie Renou et Colle, in Paris; they are very poorly received. Paul Rosenberg terminates his contract. Third son, Fabrice, born. — 1948 On a trip to Italy, discovers the Genoese Rococo painter Alessandro Magnasco. Paints still lifes (“Natures mortes aux parapluies”) and seated figures (“Scènes journalières,” “Nus accoudés”); the “citrouillerie” (pump40
41
a number of paintings. Makes the acquaintance of Eduardo Arroyo and Gilles Aillaud. Hélion’s paintings circulate in Italy, in Rome and Modena. Gives up oil-painting in favor of acrylics as a result of an allergy. — 1969-1970 May 68 still present in his paintings, likewise the theme of circuses, but Hélion also begins to depict scenes in the Paris Métro. The Centre national d’art contemporain mounts a travelling exhibition of his work. The Grand Palais retrospective “Hélion, cent tableaux 1928-1970,” masterminded by Daniel Abadie, begins in December 1970. Travels to Chad and Cameroon. — 1971-1972 Travels to Germany and Czechoslovakia but has to come home early as a result of retina problems: his eye trouble, which first surfaced in the mid-1960s, now worsens. In Paris, continues to paint street and circus scenes, but becomes fascinated by a new subject: cabbages. — 1973 Settles permanently in Bigeonnette. Fascinated by the market in Châteauneuf- enThymerais. Paints vegetable and clothing stalls. — 1974-1975 Begins working with the gallery owner Karl Flinker. Finishes Triptyque du marché. In the same vein, paints fishmongers and lobsters on Belle-Île and coat stands (“Perroquets”) at Bigeonn ette. — 1976-1977 Produces Suite pour le 11 Novembre. After going to New York
still lifes (including of pumpkins), portraits of his friends, self-portraits and landscapes of Belle-Île. — 19611962 Continues the series “Toits,” and, on Belle-Île, begins the “Pêcheurs” series. In summer 1962, the exhibition “Hélion, peintures de 1929 à 1939” at Galerie Louis Carré, in Paris, is a success. Hélion buys an estate in Bigeon nette, near Chartres. — 1963-1964 Marries Jacqueline Ventadour. The “Boucheries” and “Porteurs de viande” series, based on sessions observing the wholesale market Les Halles, take shape. Exhibition “Paintings by Jean Hélion 1928-1964” in the Gallery of Modern Art, in New York, at the end of 1964. — 1965-1966 Busy streets, with their passers-by, people crossing the streets (“traversants”) and musicians, become a favorite theme. Artworks spanning from the 1930s to Hélion’s most recent pieces shown in the Leicester Galleries in London and the Galerie du Dragon in Paris. — 19671968 In 1967, the Willard Gallery in New York showcases his paintings from 1929 to 1939 and Hélion paints a monumental piece, Triptyque du Dragon, which he shows in the Galerie du Dragon in Paris. In this period, his paintings depict shop windows, cafés, street scenes and circus artists based on observation sessions at the Cirque d’Hiver. The May 68 events also inspire 42
for his exhibition in the Spencer Samuels Gallery, produces more urban scenes (New York Seen “Up to Sweet’s”; Clochards dans la ville). After his return to Paris, the street remains an inexhaustible breeding-ground for his creative imagination (La ville est un songe). Travels in Spain. — 1978-1980 Paints triptych Le Jugement dernier des choses and “Suites pucières,” inspired by flea markets. Travelling retrospective tours China (Beijing, Shanghai, Nanchang). — 1981-1983 Stays in Andalusia. His eyesight gets worse and worse: he stops painting in 1983 and dictates commentaries on his unfinished works in Mémoire de la chambre jaune, a text followed by three notebooks in which he writes about his childhood and the encounters that were most influential on his painting. — 1984-1985 Two major Hélion retrospectives: “Jean Hélion, Abstraktion und My then des A lltags, Bilder, Zeichnungen, Gouachen 1925-1983” at the Städtische Galerie im Lenbachhaus, in Munich; and “Hélion, peintures et dessins 1925-1983” at the Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. — 1986 Exhibits at the Peggy Guggenheim Collection, in Venice. — 1987 Dies in Paris on October 27.
43
COMPOSITION CONSTRUCTIVISTE
ABSTRACTION
LA BELLE ÉTRUSQUE (OU LE PORTEUR DE CITROUILLE)
TROIS NUS ET LE GISANT
1935
1930-1931
1948
44
1950
L’HOMME ASSIS
L’ESCALIER
1947
1944
L’ATELIER
1953
45
Franck Prazan remercie ses précieuses collaboratrices : Elspeth Chabbi Angela Ghezzi Manon Girard Céline Jacqueline Perla Levy Merci à la bienveillance, la générosité, la beauté, la persévérance et l’intelligence, à tous ces mots au féminin !
Pour toute information concernant le travail de Jean Hélion www.associationjeanhelion.fr
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Le florilège
Paris+ par Art Basel, 19-22 octobre 2023 Applicat-Prazan Rive gauche, 28 octobre-16 décembre 2023 Applicat-Prazan 16 rue de Seine - 75006 Paris 14 avenue Matignon - 75008 Paris Tél. +33 (0)1 43 25 39 24 galerie@applicat-prazan.com www.applicat-prazan.com ApplicatPrazan –
Photographies des œuvres : Art Digital Studio pour Applicat-Prazan, Paris © Adagp, Paris 2023 Relecture éditoriale : Elsa Hougue Traduction : Victoria Selwyn Ce catalogue a été édité en support à l’exposition commerciale « Jean Hélion, le florilège ». Il ne peut être vendu.
design
COMMUNIC’ART 23 rue du Renard, 75004 Paris Tél. + 33 (0)1 43 20 10 49 contact@communicart.fr Creative director : François Blanc Design : Georges Baur Coordination : Pascale Guerre Imprimé en France © Applicat-Prazan, 2023 | ISBN : 978-2-9555857-1-9
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APPLICAT–PRAZAN Rive gauche 16 rue de Seine – 75006 Paris
Rive droite 14 avenue Matignon – 75008 Paris
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