Anne Queyras-Louail
à Samivel, bien sûr, merci infiniment.
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Nord-Cotentin
‌ Seyraq avait six ans quand elle quitta la mer.
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Loin du ressac, loin de l’odeur de varech ; loin, très loin des plages étirées à l’infini dans la mer retirée ; très loin et bien plus haut, Seyraq enterrait son enfance. C’était un trou de verdure où hurlait un torrent, déversant son lot de pierres et de bois rompus. Les sapins gigantesques ombrageaient les rives de la clairière où Seyraq avait élevé le tombeau de ses souvenirs endeuillés : un monticule de terre, un bâton planté droit et de minuscules pâquerettes fraîches.
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L’eau glacée gerçait ses pieds et ses mains ; mais Seyraq se régalait des divagations aquatiques de bâtons lâchés d’un rocher, disparus dans le flot, réapparus bondissants et finalement trop loin. Le roulis du torrent nettoyait tout. Au soir, avec son frère, ils laissaient secrètement à l’écume le soin de frotter leurs plats. Ils ont tant ri de posséder ici ce que peu pouvaient alors s’offrir : un “lave-vaisselle” !
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Les matins – froids comme des hivers –, elle surveillait l’aube, guettant l’instant précis où le soleil chevaucherait la montagne. Doigts gourds, nez transi, elle observait sa lente dégringolade et attendait, patiemment, qu’il la réchauffe enfin. Ici, l’horizon était multiple, succession de combes et d’arêtes. Seyraq rêvait de bottes de sept lieues.
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Elle partait avant l’aube, cheminant en attrapant les herbes qui jalonnaient sa route. Elle gobait les gouttes de rosée, passait son bras dans les fleurs gorgées d’eau pour se rafraîchir. Quand son souffle se faisait court, elle prenait la main de son père. La deuxième heure, elle ne sentait plus rien. Elle ne faisait que regarder : les scarabées bleus glisser sous les pierres, les joubarbes forcer le passage entre la roche, les filets d’eau ruisseler au milieu du chemin ; puis les premiers névés, leur scintillement, le crissement des semelles Vibram® dans la neige.
C’était juillet, et elle suçotait des morceaux de neige en cachette pour étancher sa soif.
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Elle méritait à chaque pas la limonade du retour et l’avalait d’un trait, happée par la balançoire. Là, elle montait jusqu’au ciel, frôlant enfin les glaciers du bout de ses orteils.
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La grande Casse - face nord
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u fond de la vallée, un sentier s’enfonçait dans la forêt. Seyraq l’emprunta. Entrelacé de racines et d’éclats calcaires, il cheminait sévèrement entre les sapins. Seyraq grimpait lentement, de ce pas mesuré qu’adopte celui qui veut marcher longtemps.
Elle s’élevait et regardait rétrécir le monde des hommes : les chalets n’étaient plus maintenant qu’un dédale de minuscules rectangles imbriqués, le torrent furieux courait en fin ruban au pied des montagnes et le petit monticule de terre planté d’un bâton droit et de quelques pâquerettes se perdait sous les branches couvertes d’épines. Puis, comme ça, au détour d’un lacet, la vallée s’effaça tout à fait. Peu à peu, la forêt se mit à clairsemer ses arbres. L’ombre disparut. Le bois, désormais, séparait Seyraq de la vallée : les alpages s’étendaient en combes douces et fleuries ; elle en avait jusqu’aux genoux.
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19 Le refuge de Plaisance
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Mais, cent mètres au-dessus du refuge, c’était tout le contraire : les herbes folles, couchées par les vents qui tournoyaient dans le cirque glaciaire, étaient priées de rester calmes. Foin des cigües érigées et des rhododendrons embaumeurs ; la pierre et l’herbe rase se disputaient chaque parcelle de terre, chaque espace abrité des vents. Bientôt la pierre gagnerait. Seyraq sentait ce parfum glaciaire, cette odeur de schiste humide traversé de froid. La respiration éprouvée par le raidillon final, elle comptait ses pas pour régler son souffle : 2, 4, 6, 8, 10… Elle passa le col et contempla les combes imbriquées que surplombaient la paroi sombre du Rocher des Mindières et les neiges tardives du Valaisonnay. Elle serra son sac et attaqua la descente jusqu’au lac. Les yeux rivés au sol pour éviter les roches mouillées et les petits cailloux qui vous catapultaient les quatre fers en l’air, luttant avec peine contre l’arrivée du redouté point de côté, Seyraq dévalait la pente.
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Elle atteignit bientôt le lac. L’été avait sonné le glas des derniers névés de rive. Elle s’installa dans l’herbe, rafraîchit dans l’eau glacée ses pieds échauffés par la descente et savoura sa solitude : quelques hurlements râpeux de choucas venus faire bombance après le départ des derniers promeneurs, deux ou trois sifflements stridents lâchés en écho par un clan de marmottes… et le silence. Un immense silence. Seyraq scruta les montagnes, imagina des passages et prit rendez-vous. Pour l’heure, elle venait de se trouver une bonne raison de grandir. Elle suivit l’onde depuis l’embouchure du lac, emboîtant le pas au soleil qui, déjà, amorçait son déclin.
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23 Le lac de la Plagne
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Nancroix
Cinq ou six vaches restées en bas que l’on ramenait à l’étable, une végétation pressée d’en profiter et dont chacun s’employait à accroître la luxuriance ; Seyraq sentit ici comme un parfum de retour à terre.
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Le torrent charriait les minerais glânés çà et là depuis les glaciers de Bellecôte et du Pourri, entraînant dans son sillage le froid des hauteurs. Elle leva le nez et constata : le pays offrait une kyrielle de cimes accessibles et assez de hautes montagnes pour alimenter ses rêves.
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L’Alliet
C’était une vallée qui s’encaissait, raide et escarpée, de Landry à Moulin. Elle s’évasait ensuite en une large plaine fertile, avant de s’étroitiser à nouveau et de disparaître dans la montagne. L’été sentait les foins chauds et se couvrait de femmes en coiffe venues confectionner les ballots pour l’hiver. Il pouvait aussi, glacial, vous gratifier d’une Toussaint en plein juillet, quand les nuages allaient et venaient d’Aime à Rosuel.
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29 Les Arches
Seyraq partait souvent rejoindre l’onde qui l’avait guidée jusque-là. Elle gagnait le fond, là où la vallée disparaissait subrepticement, par un rétrécissement progressif du chemin. Elle aimait cette sente forestière maintenue au froid par l’ombre matinale de l’Alliet. elle recueillait toujours un peu de l’eau glacée qui ruisselait sur les roches écaillées des flancs de la montagne et savourait avec soulagement, yeux fermés et nez au vent, le picotement du soleil au Plan de la Plagne. Elle aimait surtout quand on bifurquait sur la gauche et que la famille déroulait son festival de ramasses* sur les derniers névés de juillet.
* Ramasse : glissade en chaussures sur les pentes enneigées, freinée et contrôlée à l’aide du piolet. 30
31 L’Alliet
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La chapelle des Vernettes
Au couchant, quand les crêtes se découpaient en plein ciel, Seyraq gardait les yeux braqués sur les hauteurs ; comprenant même que certains aient cru rencontrer Dieu ici. 33
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Elle égrenait ses années fragiles ; cet âge entredeux où le champ des possibles croît avec celui des frustrations. Assise sur les pentes de Plan Pépin, elle nourrissait sa solitude d’âme en suivant le fil des arêtes, s’imaginant parfois arc-boutée, au milieu des volutes de neige exhalées des corniches par le vent.
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Les Platières
Couchée au sol pour circonscrire son champ de vision au monde d’en haut, hissée sur 36
Les Esserts - vue sur le Mont-Blanc
un belvédère pour en délimiter les frontières, Seyraq défiait sa jeunesse : « Un jour, j’irais ! » 37
Pont Baudin - L’école d’escalade
Après quelques exercices maintes fois répétés, après avoir vu le soleil chevaucher les cols, elle gravit le sommet de la frontière sud de la vallée de Peisey.
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39 Bellec么te
Elle n’avait plus d’yeux désormais que pour celui de sa frontière nord, comme le regard d’un marin porte au large.
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Le mont Pourri
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eyraq le rencontra aux pieds de la Tour Eiffel. Il était l’ami d’un ami marin, et pourtant… Elle regarda ses images et les reconnut toutes. Paysages de neige, elles déclinaient en noir et blanc les crêtes qu’elle redessinait chaque jour de ses yeux avides.
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Il parcourait les arêtes, creusant son sillage. Il se détachait en plein ciel. Elle le devinait silencieux, concentré, fort et fiable. Elle entendait le glissement de ses skis dans la neige et son souffle régulier.
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Elle respira son odeur de pierre et de résine, regarda ses mains puissantes, le bout de ses doigts couverts de corne. Elle dessina du bout des siens la chute de son cou, la crête de ses trapèzes et la rondeur de son épaule. Elle sentit encore et encore son parfum de schiste et de mélèze et eut envie de lover sa corde, de s’attacher au même brin. 45
Seyraq lui disait les fraises des bois et les rhododendrons de juillet ; il répondait myrtilles et groseilles à maquereaux. Elle lui racontait ses semelles Vibram® sur la neige, les écoles de glace, ses soirées à contempler la neige arrachée de l’épaule du Pourri. Il lui parla des énormes séracs du glacier du Geay, de la vue fabuleuse d’en haut. Elle lui raconta alors les matinées au refuge, quand son père et son frère montaient au Pourri. Elle lui parla de ses heures d’attente à refaire le monde avec le gardien qui nichait au pied des pierriers du Saint-Esprit, régulièrement traversés par les troupeaux de chamois. Elle lui dit comme elle aurait voulu, elle aussi, atteindre la cime de la frontière nord.
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Il La nuit fut courte, tenant Seyraq et son homme enlacés sous les tables du refuge bondé. Ils avaient enjambé le petit torrent à la nuit noire, avaient chaussé les crampons aux premières lueurs. Puis, il lui avait montré le soleil qui chevauchait l’épaule du Pourri. Passée sur l’arête, point de volutes de neige ; Seyraq n’eut pas besoin de s’arc-bouter : le temps était clair, sans vent, la vue époustouflante !
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49 Le mont Pourri - glacier du Geay
Il nomma toutes les montagnes en partageant un morceau de jambon. Seyraq s’enveloppa de ses bras, se laissa bercer par la longue liste que sa bouche déclinait.
Le Mont-Blanc depuis le sommet du mont Pourri
Cette fois encore, elle rêva de bottes de sept lieues.
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51 Le mont Pourri - Le mont Turia
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Le mont Turia - Face nord
Il les lui procura, lui apprenant à tenir ses piolets pour les faire mieux mordre, allégeant son sac en chargeant le sien, taillant des marches pour dérouler un escalier sous ses pieds. Il l’emmenait partout. Seyraq sentit l’ombre de la peur, une fois ou deux alors… et la balaya d’un coup de crampon violent dans la glace. Il la guidait là où son regard portait. C’était ici, désormais, au bout de ce fil. 53
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Le Monal
Seyraq l’aima sans retenue. Ils partagaient le frais des torrents, les hameaux avec vue. Ils savouraient leurs amours en plein air. La vallÊe les ravissait, la montagne les comblait.
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La Pierra Menta
Ensemble, ils franchirent la frontière ouest pour explorer les vallées voisines. Ils partaient voir la Pierra Menta – inoffensive molaire pointant l’occident de Peisey – devenir croc menaçant sitôt engagés en pays beaufortain.
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Les ナ段llasses
Ils allaient chercher, ailleurs déjà, de nouvelles sentes à parcourir, des lacs limpides où fondaient les dernières neiges, des voies faciles pour Seyraq. 59
Elle fouillait le rocher pour trouver les prises, serrait la pierre froide et granuleuse au bout de ses doigts. Elle étirait ses muscles au maximum pour attraper les réglettes, se regroupait pour se rétablir sur les vires et savourait, rassurée, l’enfoncement des gratons dans la gomme de ses chaussons. Il l’attendait au bout du fil. Elle lui confiait son destin, sachant déjà où cela la mènerait.
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I
l disait que là-bas, c’était bien plus haut, bien plus grand ; un foisonnement. Seyraq ne voyait que la lointaine rondeur, crémeuse de neige, au-delà du vert, émergeant des nuages. Ils descendirent la route de Peisey et laissèrent au détour d’un virage le Mont-Blanc brumeux que la Vanoise dévoilait çà et là.
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63 Le Mont-Blanc depuis la Vanoise
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Le Mont-Blanc depuis l’Arly
Ils plongèrent dans les gorges de l’Arly, sombres, secrètes, boisées. Seyraq le sentait approcher, devinait sa silhouette plus ou moins rocheuse, toujours imposante. Et puis, il fut là, énorme.
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La route longeait le massif tandis que Seyraq découvrait, subjuguée, les enfilades d’aiguilles, les éperons qui plongeaient en cascades granitiques, les glaciers qui vomissaient des séracs géants jusqu’aux rives de la vallée. Elle installa un à un dans leur décor les récits de son enfance – les héros tragiques des grandes Premières – et eut envie de s’approcher plus près, plus près encore… Sur la pointe des pieds.
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67 L’Aiguille du Midi - Le Mont-Blanc
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L’église d’Argentière - Chardonnet
Champagny, Peisey : les vallées que Seyraq avait connues se terminaient toutes par un mince chemin qui s’enfonçait dans la montagne. Ici, chaque éperon contourné ouvrait sur une plaine fertile dans laquelle échouait un glacier ; ici, c’était la montagne qui descendait dans la vallée en séracs agglutinés, en crevasses béantes ; puis, la route grimpait un col et redescendait, sinueuse et ouverte, en terre suisse. Seyraq et son homme échouèrent aux pieds du glacier d’Argentière. L’ombre du Chardonnet masquait à leurs yeux la dernière tentacule glaciaire : le glacier du Tour.
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Seyraq se sentit minuscule, ridiculement petite. Il lui semblait qu’elle ne savait rien. La multitude la paniquait, la taille l’oppressait. Elle avait dans la bouche un goût de première fois et reportait sine die l’instant fatidique : celui où, bien avant les lueurs de
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l’aube, elle attendrait la première benne avec, à la main, un ticket pour les cieux.
Le col de Balme
Elle regardait le massif de loin, laissant la vallée faire barrage à ses envies effrayées.
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Il prit son temps, lui présenta toutes les montagnes, décrivant les voies, les passages, racontant comment le soleil émerge des crêtes de neige à la sortie des couloirs. Il lui disait le granit aux larges bandes orangées, les prises verticales, les dalles majestueuses. Petit à petit, elle oublia Zian* dans les crevasses du Nantillons, elle ne pensa plus aux tragédies publiques suspendues en bout de corde**. Elle le vit Lui, fort et fiable, se détachant sur l’arête des Cosmiques.
* Zian : personnage de Frison-Roche, héros de La Grande Crevasse, qui va mourir dans les crevasses du glacier Nantillons à la suite d’une rupture avec sa femme. ** En référence à la catastrophe à l’Eiger de 1936, où Toni Curz mourut coincé par un nœud de sa corde, trois mètres au-dessus des secours qui ne pouvaient l’atteindre. Il était le dernier survivant d’une cordée de quatre alpinistes allemands. 72
73 Le lac blanc
La chapelle de la Glière
Elle voulut grimper sous le regard du Mont-Blanc, en sentir le gaz incomparable, en plein ciel, en plein vide. Elle l’observait du coin de l’œil, scrutant les changements de lumière, l’émergence d’une nouvelle cime sur l’Envers. À s’approcher comme cela, chaque jour un peu plus près, il lui semblait faire connaissance, apprivoiser le massif.
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Les aiguilles de Chamonix
Elle pouvait désormais savourer le granit franc des Aiguilles, la rugosité incomparable de ses saillies, son adhérence jubilatoire, ses gratons incrustés et ses couleurs changeantes, constellées de mousses opiniâtres et d’éclats de quartz. Il suivait sa progression au cœur du monde minéral, la voyait aimer cette roche, ce froid estival et l’immensité du vide. Elle sentait son regard et savourait son sourire, plus tendre à chaque longueur franchie.
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77 L’arête des Papillons
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Le Mont-Blanc du Tacul
Un matin d’août enfin, matin trop matinal, trop brumeux, trop baillant, ils s’installèrent dans la file pour l’Aiguille du Midi. Sur la descente de l’arête, aux premières lueurs, en file pressée et hostile, évitant de voir de trop près la vallée vue d’avion, le regard de toute façon capté par l’autre versant, Seyraq entra dans le massif. Elle resta au bord, s’aventurant à peine. Là, juste en face de la benne, elle avançait à pas comptés, le souffle éprouvé et les muscles fatigués d’emblée par l’air raréfié. 79
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L’arête de Midi Plan
La seconde fois seulement, elle parvint à voir : l’immensité blanche parcourue d’éperons imposants, les cathédrales de pierre, les dalles immenses, les arêtes fines comme du papier. Elle s’arrêta pour apercevoir la neige partir en avalanche légère sur les barres rocheuses, contempla le gouffre sombre et le bleu-gris des lèvres des crevasses.
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Elle enjambait leur bouche allongée, y pénétrait parfois, traversant leurs ponts et leurs dédales fins et suspendus. Elle huma l’air froid, l’odeur de granit humide. Elle écouta le vent s’engouffrer dans les couloirs et crut l’entendre parler. Elle devinait dans le creux des fissures ou dans l’ombre d’un sérac la silhouette des djinns et ne parvenait plus à les chasser. Seyraq avait peur.
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83 Le glacier de l’Envers du Plan
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Le Chardonnet
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ssise sur les pentes de la moraine d’Argentière, Seyraq scrutait, comme autrefois, les volutes de neige. Elle disséquait les éperons rocheux, cherchant les fissures et les passages ; elle remontait les pentes glacées de ses yeux, devinant les itinéraires. Elle le cherchait sur les crêtes, imaginait le trouver émergeant d’un couloir. Elle surveillait les heures, tentant de repérer l’endroit précis que ses crampons mordaient.
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Les grands Charmoz
Elle se levait avec lui, marchait en même temps que lui, accompagnait ses efforts de ses pas, guettait son retour. Alors, elle dévorait ses récits, découvrant par procuration les coins et recoins du massif, les clochers en plein ciel, les vierges bicentenaires constellées d’impacts de foudre.
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Le Bionnassay
Elle savait pourquoi toujours il montait. Elle sentait elle aussi le froid des arêtes et le grain du rocher. Elle voyait ses soleils qui chevauchaient les montagnes et ce gaz, ce vide, cette plénitude. Quand il parlait, quand il racontait, elle contemplait le silence, l’immense silence des hauteurs : cet ultime espace de liberté.
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Arêtes de Rochefort, en enfilade jusqu’aux cieux
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Nuit d’encre aux Grandes Jorasses 92
Jour de minuit sur les Courtes 93
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Nuages à l’assaut du Fou dans l’aube violine
Pilier de granit dans la face sud 95
Dolmens avec vue dans l’arête des Cosmiques
Aube naissante au col du Midi 96
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Ombres ĂŠtirĂŠes au mont Maudit 98
Brumes attardĂŠes sous Ravanel et Mummery 99
Valot, ultime abri aux limites du monde 100
Tout รงa de montagnes et encore tout รงa de ciel 101
Et des îles, des îles à perte de vue 102
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Anne Queyras-Louail a appris à peindre avec un tube de rouge à lèvres et une boîte de cirage, sur des planches de bois ou des galets. Aujourd’hui, elle peint avec tout, sauf – ou presque –, de la peinture : du blanc, du noir, une grande variété de pigments, des agents de liaison choisis pour leur texture et leur qualité de transparence ; des sables de Fontainebleau ou d’ailleurs, parce que chacun a son grain, sa couleur ; des encres diluées et des boues épaisses… Dans ses peintures, comme dans ses dessins ou ses sculptures, Anne célèbre la poésie du temps qui passe et invente des histoires sans fin, dans lesquelles l’homme noue avec la nature un rapport intime, quasi charnel. Elle promène ainsi, dans des paysages réinventés ou au cœur des Alpes, des petites créatures fragiles, suspendues à la frontière des rêves : ceux de l’enfant ébloui, émerveillé d’apprendre. Anne Queyras-Louail vit et travaille à Paris et passe le reste de son temps… à la montagne.
Graphisme : Martine Paumelle. 107
Couverture P. 6-7 P. 8 P. 11 P. 12 P. 15 P. 16 P. 17 P. 19 P. 20 P. 22 P. 24 P. 27 P. 28 P. 29 P. 31 P. 32 P. 33 P. 34 P. 36 P. 37 P. 38
Seyraq, encre et sable de Fontainebleau sur papier torchon, 15 X 15 cm. En partance, clichés bougés de la côte cotentine (Barfleur). L’enterrement, encre sur papier torchon, 46 X 61 cm. Le lave-vaisselle de Laurent, encre sur papier torchon, 23 X 31 cm. Les matins frais, encre sur papier torchon, 26 X 36 cm. La main de mon père, encre sur papier torchon, 23 X 31 cm. La limonade du soir, encre sur papier torchon, 26 X 28,5 cm. La balançoire, encre sur papier torchon, 26 X 36 cm. Face nord de la Grande Casse, encre sur papier torchon, 23 X 31 cm. Plaisance, encre sur papier torchon, 31 X 41 cm. Plan Sery, encre sur papier torchon, 23 X 31 cm. Lac de la Plagne, encre sur papier torchon, 31 X 41 cm. Nancroix, encre sur papier torchon, 26 X 35 cm. L’Alliet, encre sur papier torchon, 28 X 33 cm. Vallée de Peisey, encre sur papier torchon, 34 X 61 cm. Les Arches, encre sur papier torchon, 31 X 41 cm. L’Alliet 2, encre sur papier torchon, 61 X 46 cm. Au couchant, encre sur papier torchon, 26 X 36 cm. Vernettes, encre, sable et pigment sur papier torchon, 31 X 41 cm. Les années fragiles, encre sur papier torchon, 18 X 25,5 cm. Couchée au sol (les Platières), encre et végétaux séchés sur papier torchon, 46 X 61 cm. Les Esserts, encre sur papier torchon, 23 X 31 cm. École d’escalade, encre sur papier torchon, 18 X 25 cm. Col de la Grande Casse, encre sur papier torchon, 18 X 26 cm. École de glace, encre sur papier torchon, 18 X 26 cm. 108
P. 39 P. 41 P. 43 P. 44 P. 45 P. 47 P. 48 P. 49 P. 50 P. 51 P. 52 P. 53 P. 54 P. 55 P. 56 P. 57 P. 58 P. 59 P. 60 P. 61 P. 63 P. 64 P. 65 P. 67
Bellecôte, encre et mortier de structure sur papier torchon, 31 X 41 cm. Mont Pourri-Mont Turia, encre sur papier torchon, 36 X 51 cm. L’album, encre sur papier torchon, 18 X 26 cm. Vaugelle-Alliet, encre sur papier torchon, 18 X 26 cm. En plein ciel, encre sur papier torchon, 18 X 26 cm. Crètes, encre sur papier torchon, 18 X 26 cm. Il, encre sur papier torchon, 18 X 26 cm. Glacier du Geay, encre sur papier torchon, 18 X 26 cm. Le plus haut des Alpes, encre sur papier torchon, 18 X 26 cm. Mont Pourri, encre sur papier torchon, 11,5 X 17,5 cm. Face nord du Turia, encre sur papier torchon, 18 X 26 cm. Au bout du fil, encre et acrylique sur papier torchon, 18 X 26 cm. Loveland, encre sur papier torchon, 26 X 36 cm. Le Monal, encre sur papier torchon, 18 X 26 cm. Beaufortin, encre sur papier torchon, 20 X 31 cm. L’Occident de Peisey (Pierra Menta), encre sur papier torchon, 18 X 25 cm. Croc sévère (Pierra Menta), encre sur papier torchon, 18 X 25,5 cm. Les œillasses - approche, encre sur papier torchon, 26 X 36 cm. Le bain, encre sur papier torchon, 23 X 31 cm. Dans les œillasses, encre et mortier de structure sur papier torchon, 18 X 26 cm. Fil d’araignée, encre sur papier torchon, 18 X 26 cm. Col de la Chal, encre sur papier torchon, 18 X 25,5 cm. Val d’Arly, encre sur papier torchon, 18 X 25,5 cm. Mont-Blanc, encre sur papier torchon, 11,5 X 25,5 cm. Brumes tapies (Aiguille du Midi), encre et pigment sur papier torchon, 23 X 31 cm. 109
P. 68 P. 70 P. 71 P. 73 P. 74 P. 75 P. 76 P. 77 P. 78 P. 79 P. 80 P. 81 P. 83 P. 84 P. 85 P. 86 P. 87 P. 88 P. 89 P. 91 P. 92 P. 93
À l’ombre du Chardonnet (Argentière), encre sur papier torchon, 23 X 31 cm. Oppressée, encre sur papier torchon, 31 X 41 cm. Col de Balme, encre sur papier torchon, 23 X 31 cm. Lac blanc, encre et sables résineux sur papier torchon, 46 X 47,5 cm. Le Rasoir (Chapelle de la Glière), encre sur papier torchon, 18 X 25,5 cm. Le clocheton (Chapelle de la Glière), encre sur papier torchon, 18 X 25,5 cm. Les Aiguilles, encre sur papier torchon, 17 X 31 cm. Papillons 1, encre sur papier torchon, 23 X 31 cm. Papillons 2, encre et pigment sur papier torchon, 23 X 31 cm. Mont-Blanc du Tacul, encre sur papier torchon, 23 X 23 cm. Tacul - sortie, encre sur papier torchon, 18 X 25,5 cm. Midi-Plan, encre sur papier torchon, 23 X 31 cm. Panorama, encre sur papier torchon, 16 X 51 cm. Glacier de l’Envers du Plan, encre sur papier torchon, 18 X 26 cm. Chardonnet, encre sur papier torchon, 23 X 31 cm. Migot, encre sur papier torchon, 31 X 15 cm. Grands Charmoz, encre sur papier torchon, 12 X 30 cm. La vierge du Grépon, encre sur papier torchon, 18 X 25,5 cm. Grépon, encre et sables résineux sur papier torchon, 18 X 25 cm. Bionnassay, encre sur papier torchon, 23 X 31 cm. Arête de Bionnassay, encre sur papier torchon, 18 X 31 cm. Arêtes de Rochefort, en enfilade jusqu’aux cieux, encre sur papier torchon, 23 X 23 cm. Nuit d’encre aux Grands Jorasses, encre et acrylique sur papier torchon, 18 X 25,5 cm. Jour de minuit sur les Courtes, encre et acrylique sur papier torchon, 23 X 31 cm.
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P. 94 Nuages à l’assaut du Fou dans l’aube violine, encre, sable résineux et acrylique sur papier torchon, 23 X 23 cm. P. 95 Pilier de granit dans la face sud du Fou, encre et sable de Fontainebleau sur papier torchon, 18 X 26 cm. P. 96 Dolmens avec vue dans l’arête des Cosmiques, encre et sable de Fontainebleau sur papier torchon, 18 X 26 cm. P. 97 Aube naissante au col du Midi, encre et acrylique sur papier torchon, 36 X 36 cm. P. 98 Renffuk, encre sur papier torchon, 14 X 25 cm. P. 99 Brumes attardées sous Ravanel et Mummery, encre et acrylique sur papier torchon, 18 X 26 cm. P. 100 Valot, ultime abri aux limites du monde, encre et acrylique sur papier torchon, 23 X 31 cm. P. 101 Tout ça de montagne et encore tout ça de ciel, encre sur papier torchon, 36X 51 cm. P. 103 Des îles à perte de vue (sommet du Mont-Blanc), encre sur papier torchon, 22,5 X 31 cm. P. 104 La digue, encre et sable de Fontainebleau sur papier torchon, 23 X 23 cm. P. 105 Splash ! encre sur papier torchon, 18 X 26 cm. Le phare, encre sur papier torchon, 14 X 27 cm. Écrins, encre et acrylique sur papier torchon, 23 X 31 cm. P. 113 Nabot Léon, encre, sable résineux et pigment sur papier torchon, 18 X 26 cm.
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Imprimé en xxxxxxxx 2010 par xxxxxxxxxxx
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Anne Queyras-Louail – Dessins, peintures, sculptures, etc. 14, rue du Marché-Popincourt - 75011 Paris aqlpeintre @ gmail.com http://annequeyras.blog.lemonde.fr