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Brafa in the galleries
Serge Poliakoff
Serge Poliakoff
Composition bleue, c.1964 Goauche sur papier 47 x 62 cm Signée “Serge Poliakoff ” en bas à droite
à qui le Pavillon français à la Biennale de Venise de 1962 dédie une salle entière d’expositions.
Le Président Georges Pompidou prenant son petit-déjeuner à l’Élysée devant un des tableaux de Serge Poliakoff.
Né en Russie, le peintre Serge Poliakoff est l’une de figures majeures de l’Ecole de Paris, à qui l’on doit, Après-Guerre, un renouvellement de l’abstraction. Dès sa première exposition de peinture abstraite à la galerie l’Esquisse en 1945, le public enthousiaste découvre ses compositions harmonieuses et sensibles. Composées de formes libres imbriquées, et de larges aplats colorés, juxtaposées ou superposées sur le support, les toiles et les gouaches sur papier témoignent de ses recherches sur l’intensité de la couleur, l’équilibre de la construction et les effets de vibration et de transparence de la matière. Dès lors, le succès ne se dément plus, le nombre de ses fidèles collectionneurs augmente à mesure que se multiplient ses expositions en France et à l’étranger. Ainsi, lorsqu’il exécute cette gouache en 1964, Serge Poliakoff est un artiste largement reconnu et considéré comme l’un des grandes signatures de l’art d’Après-Guerre,
Les biographies de l’artiste aiment raconter la vie romanesque de cet homme né à Moscou en 1900, fuyant la révolution Russe en 1917, vagabondant de Constantinople à Londres avant de choisir Paris comme ville d’élection, où il vécut une vie de bohème pendant de longues années comme guitariste dans les bals russes. Il n’est pas inutile de rappeler ce long chemin pour dire que le succès chez Poliakoff fut tardif, et que vingt bonnes années lui furent nécessaires pour se former et émerger depuis ses premiers cours dans diverses académies de peinture dont celle de l’incontournable Grande Chaumière. Certaines rencontres furent ainsi décisives et permirent à Poliakoff de venir à l’abstraction. Celle tout d’abord de Kandinsky, en 1937, à la fermeture du Bauhaus. S’il ne retient pas tout de son approche, sa rencontre avec le grand Maître de l’abstraction est un tournant décisif et le conforte dans la poursuite de sa voie propre. Au contact du couple Delaunay, qu’il fréquente régulièrement dès 1938, il s’initie à la théorie des contrastes simultanées. Mais c’est d’Otto Freundlich, dont il fait la connaissance la même année, qu’il est probablement le plus proche. Les compositions en plans chromatiques fragmentées, la recherche de l’équilibre des formes-couleur et la sensibilité de ce grand humaniste l’impressionnent profondément.
“ La peinture de Poliakoff est une de celles qui se prêtent le moins aux commentaires. C’est le monde du silence et de la peinture pure „
Michel Ragon
Ces rencontres et l’évolution vers l’abstraction pure ont fait écho à des chocs visuels qui confèrent à sa démarche picturale une dimension quasi mystique. Dans le souvenir persistant des églises russes que sa mère lui faisait visiter étant enfant, est resté une fascination pour la beauté mystérieuse et sévère des icônes religieuses, le cloisonnement de leurs couleurs et la juxtaposition des espaces. Notre oeuvre, identifiable d’un seul coup d’oeil, s’ancre dans le dialogue pur des formes et des couleurs. Ce langage formel, pris pour lui-même, est la matière vivante et vibrante que Poliakoff, en grand architecte, use pour construire des compositions subtiles et uniques, dans une recherche infinie d’équilibre parfait des formes. Au-delà de cette technique, l’originalité de l’oeuvre de Poliakoff repose sur sa dimension sensuelle et méditative. À la contempler, le spectateur ressent une intériorité puissante, une certaine invitation au calme, qui échappe en partie à l’analyse mais s’appuie indéniablement sur la tension immobile de la composition.
Otto Freundlich (1878-1943) Mon ciel est rouge, 1933
Huile sur toile 162 x 130,5 cm Don de Mme Jeanine Kosnick-Kloss à l’Etat, 1953 © Philippe Migeat - Centre Pompidou, MNAM-CCI
Serge Poliakoff (1900-1969) Composition bleue, 1964, détail
gouache sur papier 47 x 62 cm Signée “Serge Poliakoff ” en bas à droite
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