A MON HUMBLE AVIS
PIERRE PÉAN
est descendu bien bas
E
n soufflant sur les braises de la gabonité, dans son brûlot Nouvelles affaires Africaines, mensonges et pillages au Gabon, l’auteur est descendu bien bas. Pierre est un écrivain à part, dans l’univers littéraire français. Peu d’écrivain
Mouftaou BADAROU
ont autant fait leur fonds de commerce du sensationnel. L’homme fait l’objet d’au moins un procès par an; certains retentissants, d’autres moins mé-
diatisés. D’aucuns diraient que l’incroyable M. Péan attire à lui les procès, comme un aspirateur avale la poussière ! L’Afrique est si lasse de tous ces pseudo journalistes d’investigation, adeptes de la masturbation intellectuelle, et qui construisent au quotidien des cases de médiocrité où ils enferment ses chefs d’État. Nous Africains sommes bien fatigués de ces pseudo spécialistes en spécialités spécialisantes de l’Afrique qui veulent nous apprendre comment manger le manioc. J’ai entendu parler du livre pour la première fois en lisant La Lettre du Continent, donc bien avant sa sortie. Je suis parti fin novembre 2014 à la FNAC de Châtelet-les-Halles à Paris sans le trouver : «ah ! le livre de Pierre Péan, rupture de stock chez l’éditeur», me dit le vendeur du magasin, d’un air détaché. J’ai pu lire le livre dans sa version PDF mise à ma disposition par un ami Togolais. J’avoue que l’ouvrage truffé de «on m’a dit que», «untel m’a assuré», n’a pas ébranlé ma conviction sur la filiation du Président Ali Bongo. Ce brûlot qui nourrit la polémique sur l’honnêteté du dir’cab du Président rend-il service aux Gabonais ? J’en doute fort. Ce livre est juste une cocotte minute
Le brûlot de Pierre Péan galvanise les opposants, mais horripile les républicains gabonais, respectueux des institutions de leur pays.
pour macérations névrotiques où la haine du Président et la détestation de son dir’cab cuisent à l’étouffé ! Sous Bongo père pourtant, Pierre Péan virevolte du palais du bord de mer au domicile de Mba Abessole, il va et vient, batifole dans de luxueux hôtels de la capitale et aujourd’hui livre son Président à la vindicte populaire. Cinquante années de relation d’amour et de révulsion lient ainsi Pierre Péan au Gabon. Il fallait que l’auteur en veuille particulièrement au Président Ali Bongo et à son dir’cab pour donner ce cachet pousse-au-crime à son livre. Un livre qui galvanise les opposants mais horripile les Gabonais républicains, respectueux des institutions de leur pays; et toujours prêts à réagir contre la lapidation livresque de leur Président. Tout patriotisme est un combat, dit-on. Et tout combat juste anoblit son auteur. Défendre son pays, c’est défendre ses institutions.
MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 3
SOMMAIRE AFRIQUE
N°46
3
7 8 9
ECONOMIE ’Afrique, nouvel eldorado 22 Ldes Européens
10 12
14
16
COVER 27 L’INCROYABLE M. Péan
18
20
22 24 26
FOCUS était une fois la 42 Ildémocrature algérienne 4 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
27 31 33
A Mon Humble Avis EN VEDETTE Niger Un seul leitmotiv pour le Président Issoufou : «développement !» Centrafrique Anicet Dologuélé, l’homme de la situation ? Distinction Mukwege, le sauveur des femmes violées KALEIDOSCOPE Gala de l’excellence du Club Efficience, MANAGERS Afrique y était POLITIQUE Nelson Mandela : Six minutes et sept secondes pour Madiba Francophonie : L’ère du renouveau Zimbabwe : Qui succédera à l’indéboulonnable Robert Mugabe ? Blaise Compaoré, retour à la case Ouaga ? Egypte : La pilule de l’acquittement de Moubarak ne passe pas BUSINESS Finance islamique : Amadou Kane défend le caractère éthique du concept Investissement : Le prince milliardaire Alwaleed Bin Talal à l’assaut de l’Afrique Lionel Zinsou : Plus afro-optimiste que jamais Daphne Mashile-Nkosi, Chef d’entreprise 2014 SHOWBIZ Anthony Kavanagh : Le Canadien de «Danse avec les stars saison 5» s’est installé en Suisse Mode : L’Ivoirien Gilles Touré, 20 ans déjà Lolo Andoche, l’empereur africain du prêt-à-porter BBalck ! Africa : David Monsoh marque un grand coup Musique Pharrell Williams : L’artiste américain commissaire d’une exposition à Paris Chris Brown, toujours au top Tiwa Savage : L’artiste s’est mariée à Dubaï Davido : La perle de la musique africaine Eddy Kenzo : «Sitya Loss», l’aubaine Sport LeBron James : Retour à Cleveland Cavaliers Didier Drogba retrouve Chelsea ECONOMIE L’Afrique, nouvel eldorado des Européens : Le cas de l’Angola Le Quatar : Petit poucet aux pieds de géant Chine - Nigeria - Méga-contrat ferroviaire au Nigeria : la Chine tient ses promesses COVER L’incroyable M. Péan : La quête éperdue du sensationnel Pour qui roule Pierre Péan ? Pierre Péan écrit-il sur commande ?
36 38
COACHING Formation : Attention aux diplômes traquenards ! Le transfert d’argent : Quelles sont les précautions à prendre ?
41 42 45
FOCUS NIGER : Albadé, ou la preuve par l’action ALGERIE : Il était une fois la démocrature algérienne Racisme anti-noir : L’Amérique renoue avec ses vieux démons
49 53
LIVRES Prix littéraires français : Un nouveau regard sur le monde Tchicaya U Tam’ si Gérald : L’âme poétique de l’Afrique profonde
58 60
CINEMA Douzoua Kouabo : sur les pas de Morgan Freeman Foot et immigration en France : Le regard lucide d’Eric Cantona
63 64 65 67 68 69
LIFESTYLE Voyager malin en avion Le prix des billets d’avion : Ne vous faites pas arnaquer ! Perte de bagages : vos droits face aux compagnies aériennes Fès la magnifique Votre santé : Les bienfaits du yoga Votre maison : Acheter ou se faire construire une piscine
70
A RETENIR AVANT DE REFERMER CE MAGAZINE Vous voulez développer votre charisme ? Voici comment procéder !
FOCUS ’Amérique renoue 45 Lavec ses vieux démons
LIVRES U Tam’ si Gérald : 53 Tchicaya L’âme poétique de l’Afrique profonde
« Attention ! M. Mardoché Max Fellous ne fait plus partie de notre direction commerciale depuis le 15 juillet 2014. MANAGERS Afrique décline toute responsabilité le concernant depuis cette date. »
FOCUS
Foot et immigration en France
regard lucide 60 Le d’Eric Cantona
MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 5
EN VEDETTE DANS MANAGERS AFRIQUE
NIGER
Un seul leitmotiv pour le Président Issoufou : «développement !» Preuves de l’ambition du président nigérien résolument engagé dans le développement de son pays, les grands chantiers de construction d’infrastructures se multiplient au Niger. Coup de projecteur sur les projets de 2015 et leur amélioration des conditions de vie des Nigériens. > Par FATOUMA GARBA
D
epuis son accession au pouvoir en avril 2011, le président nigérien, Mahamadou Issoufou n’a eu de cesse d’initier des partenariats de développement avec les pays de la sous-région ouest-africaine; avec pour conséquence la mise en oeuvre d’importants projets de construction d’infrastructures. L’objectif de cet ingénieur diplômé de l’Ecole des Mines de St Etienne est donc de désenclaver son pays, en renforçant ses échanges commerciaux avec ceux de la sous région, et en s’inscrivant dans le plan stratégique 2013-2016 des Etats membres du Conseil de l’Entente. Le projet phare de ce plan de développement sous-régional est celui de la boucle ferroviaire entre les cinq Etats, à savoir les lignes Cotonou-Niamey, puis Niamey-Ouagadougou-Abidjan. Ce plan de consolidation des relations multilatérales entre les cinq Etats membres, à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Niger et le Togo, est l’occasion pour leurs représentants de se réunir annuellement pour suivre l’avancée de leurs chantiers communs. La troisième Conférence tenue à Niamey, le 17 décembre dernier a été l’occasion pour les Chefs d’Etats et représentants présents de s’assurer de la bonne réalisation de la ligne
ferroviaire Cotonou-Niamey par le groupe français Bolloré. Des projets d’envergure Outre la construction de ce chemin de fer, la capitale du Niger fait peau neuve avec la mise en exécution du programme Niamey-Nyala, la rénovation de certains axes routiers, ainsi que la fluidification de la circulation à certains carrefours par l’édification d’échangeurs. De plus, les villes principales telles que Dosso, Tahoua, Maradi, Zinder, Filingué changent de visage et les routes de desserte entre ces agglomérations sont en cours de restauration. Au Niger, les travaux de municipalisation sont donc accélérés, comme à Dosso, à l’occasion, le 18 décembre 2014, de la fête de la République. Le président nigérien apparaît aujourd’hui comme le chantre de la diversification de l’économie de son pays par la relance de l’industrie, et des gages de rentabilité offerts aux bailleurs de fonds et aux investisseurs privés. Comme en témoigne la reprise, en janvier 2015, du projet d’aménagement du barrage hydroélectrique Kandadji. Cet ouvrage de taille, avait enregistré de sérieux retards dans son exécution, en raison de défaillances techniques de
Des défis encore majeurs à relever A commencer par le fait que le Niger a le plus faible indice de développement humain du monde, selon le dernier rapport du PNUD. D’où l’insuffisance alimentaire qui prévaut dans l’arrière pays ; du fait que le Niger est soumis à des changements climatiques extrêmes. Même l’initiative 3N, qui signifie «Les Nigériens nourrissent les Nigériens», peine à produire des effets immédiats sur les habitants. Le projet est certes indispensable pour accroitre la production irriguée et améliorer la gestion, à long terme des ressources naturelles, mais n’a pour l’heure pas de retombées notables. Ce qui donne du grain à moudre à l’opposition.
la société russe ZarubezhVodstroy. Le contrat de l’entreprise a finalement été résilié par le gouvernement nigérien en juillet 2013, et l’Etat a pu organiser une levée de fonds en Autriche en vue de la relance du chantier. Ce barrage d’une valeur de plus de 500 milliards de francs CFA, permettra non seulement de produire de l’énergie électrique, mais en plus de réguler le débit du fleuve pour irriguer 45 000 hectares de terres alentours et donc, booster l’agriculture dans la région. Il produirait donc, au moins 130 Mégawatts, alors même que la production de la Nigelec, principale société d’électricité du pays, est limitée à 150 Mégawatts. Tous ces programmes de développement concourent au relèvement du taux de croissance du Niger qui avoisine les 6,3%. Toutefois, malgré ces perspectives économiques encourageantes, la population vit majoritairement en dessous du seuil de pauvreté. MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 7
EN VEDETTE DANS MANAGERS AFRIQUE
CENTRAFRIQUE
Anicet Dologuélé, l’homme de la situation ? En Centrafrique, l’opération Sangaris menée par les forces françaises semble s’enliser ; les ex-Séléka et les anti-Balakas refusant toujours de désarmer. Dans cet environnement instable, la présidente de transition, Catherine Samba-Panza, a fort à faire pour organiser l’élection présidentielle en juin 2015. Parmi les candidats en lice, l’ancien Premier ministre Anicet Dologuélé pourra figurer dans le peloton de tête, au premier tour. Quant à se faire élire puis pacifier ce pays convalescent, c’est une autre histoire. > Par FATOUMA GARBA
A
cinquante sept ans, Anicet Dologuélé a la volonté de remettre son pays sur les rails et de mettre fin aux massacres récurrents depuis le coup d’Etat du 24 mars 2013. Ses expériences de Premier ministre, mais également de ministre des Finances, ses compétences en matière économique avec une expérience de Directeur général de la Banque de Développement des Etats d’Afrique Centrale en font un candidat approprié pour redresser le pays. Sa précédente expérience, dans les années 1995, de représentant du gouverneur de la BEAC auprès de la France et de l’Union européenne, lui a permis de tisser un véritable réseau de partenariat avec les occidentaux. Un atout de taille en matière de coopération bilatérale. Il apparait ainsi, comme un leader politique emblématique indispensable au développement de la Centrafrique. Toutefois, le président de l’Union pour le Renouveau centrafricain (URCA) ainsi que les autres candidats à la présidentielle seront confrontés à une urgence de taille : la restauration de la stabilité politique du pays ainsi que la réconciliation interethnique. De multiples priorités Depuis que le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé la création d’une force de maintien de la paix en République Centrafricaine, la MINUSCA a pu se déployer il y a près de trois mois pour remplacer les troupes africaines de la MISCA. En revanche, les combats entre ex-Séléka et anti-Ba-
8 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
laka s’observent sporadiquement dans le pays. Les massacres de civils chrétiens et musulmans, sont perpétrés par les deux camps, sur fonds de nettoyage ethnique entraînant le déplacement des populations. Aujourd’hui, l’Agence des Nations unies pour les Réfugiés fait état de 400 000 personnes déplacées dont 220 000 réfugiées en RDC, au Congo et au Cameroun. Ceci, d’autant plus que l’arrivée puis le départ de Michel Djotodia ont contribué à désorganiser le pays déjà économiquement ex-
Un président nécessairement de consensus Depuis son indépendance le 13 août 1960, la Centrafrique est régulièrement secouée par des crises socio-politiques préjudiciables à son développement. Pour sa reconstruction, son prochain président devra être un homme de consensus qui consolidera la paix au travers d’un gouvernement d’union nationale reflétant toutes les composantes de la société. Le futur président devra donc tendre nécessairement la main à ses rivaux politiques.
sangue. Un pays qui pourtant regorge de gisements pétroliers, d’uranium, d’or et de diamant. Le diamant centrafricain, alluvionnaire, est de très bonne qualité, et positionne le pays parmi les quatre meilleurs producteurs mondiaux. Les candidats à la présidentielle sont face à un dilemme majeur : assurer la sécurité de tous les Centrafricains, sans distinction ethnique ou confessionnelle, rétablir un Etat de droit pour redonner confiance aux habitants, et doter le pays d’institutions fortes. Des priorités en matière sécuritaire qui passent par un bon déroulement du programme DDR de démobilisation, Désarmement, Réinsertion. A ce challenge laborieux s’ajoute évidemment l’urgence du renforcement du processus démocratique sur un territoire affaibli par plus de cinquante ans de coups d’Etat et de guerres civiles.
KALÉÏDOSCOPE
DISTINCTION
D
MUKWEGE, le sauveur des femmes violées
enis Mukwege, appelé affectueusement le réparateur des femmes violées, est un gynécologue et militant des Droits de l’Homme. Pour son engagement et sa brillante carrière, il a reçu, le 21 octobre 2014, le prix Sakharov. Qui lui a été remis, le 26 novembre 2014, au Parlement européen à Strasbourg, au cours d’une séance solennelle. Il a, bien avant, reçu, le 7 octobre 2013, le grand prix de la fondation Chirac pour la prévention des conflits. Sans oublier le prix de la fondation Clinton et le prix Right Livelihood. Malgré un travail bien rémunéré en France, en 1989, il choisit de retourner au Congo pour s’occuper de l’hôpital de Lemera, au Sud-Kivu, dont il devient médecin directeur. Lors de la première guerre du Congo en 1996, l’hôpital est détruit et plusieurs malades et infirmiers tués. Dr. Denis Mukwege s’en sortira miraculeusement. Il va se réfugier à Nairobi. Plutôt que de tourner définitivement la page du Congo, il décide d’y retourner. Le reste, on le connaît. Il fonde l’hôpital de Panzi, avec l’aide de l’organisme suédois Pmu, où il va découvrir une pathologie nouvelle qui va profondément marquer le restant de sa carrière : la destruction volontaire et planifiée des organes génitaux des femmes. Il va partir en campagne pour faire connaître au monde la barbarie sexuelle dont les femmes sont victimes à l’Est du Congo où le viol collectif est utilisé comme arme de guerre. Il ira jusqu’à se spécialiser dans la prise en charge des femmes victimes de viols collectifs.
KALÉÏDOSCOPE
Gala
de l’excellence du Club Efficience,
MANAGERS Afrique y était... Le 29 novembre 2014, les réussites afrofrançaises étaient célébrées par tous au Grand Hôtel Intercontinental de Paris, à l’initiative du Club Efficience.
A
10 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
1. Le salon Opéra de l’hôtel Intercontinental, classé monument historique. 2. Un couple de chefs d’entreprise français. 3. De jeunes diplômés africains. 4. Ele Asu, journaliste de Canal +, présentatrice de la soirée. 5. Le chanteur Manu Dibango au milieu des ravissantes hôtesses de la soirée. 6. De gauche à droite Lucien Ebata de Forbes Afrique, Elie Nkamgueu président du Club Efficience, la romancière antillaise Maryse Condé et un chef d’entreprise français. 7. De gauche à droite Olivia Breleur de Maëlle Galerie, Douglas Mbiandou de la société OBJIS, un chef d’entreprise africain à Paris et Kahi Lumumba, entrepreneur. 8. La responsable de la communication du club EFFICIENCE, Solange Siyandje en compagnie de Jean Ishaku (co fondateur de Black Fahrenheit).
G
KALÉÏDOSCOPE
En France la question de la représentativité des minorités s’invite de plus en plus dans les débats. Estimés à 5% de la population, les Noirs sont peu visibles dans les sphères décisionnaires. Et pourtant, de plus en plus d’entre eux voient leur parcours couronné par une réussite exceptionnelle. Ainsi le Club Efficience entend mettre en lumière les réussites afro-françaises, créer un réseau de l’élite issue de la diversité, inciter les jeunes talents afro-français à emprunter les filières des écoles d’excellence et à créer leurs entreprises.
¢
11
12
13
14
15
G
10. Le monument de la musique africaine Manu Dibango. 11. Un couple d’entrepreneurs franco-congolais. 12. Un jeune créateur de star up africaine. 13. Le Directeur fondateur de MANAGERS Afrique, à ses côtés un cadre banquier antillais. 14. Amobé Mévégué, fondateur de Ubiznews TV. 15. Un couple de financiers français.
MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 11
KALÉÏDOSCOPE
POLITIQUE FRANCOPHONIE
L’ère du renouveau
M Six minutes et sept secondes pour Madiba
L
e 5 décembre 2013, l’icône de l’Afrique, Nelson Mandela, de son nom de clan Madiba, rendait l’âme des suites d’une longue maladie. Premier président noir de son pays, l’Afrique du sud, apôtre de la réconciliation raciale après trois siècles de domination blanche, le héros qui a vaincu l’apartheid repose à Qunu, son village d’enfance, dans le sud de l’Afrique du sud. Pour lui rendre hommage, un an après son décès, «écoles, salles polyvalentes, églises, particuliers ont été appelés à actionner cloches et sirènes, vuvuzelas ou hautparleurs à 9h56 et 53 secondes locales (7h56 et 53 secondes Gmt), suivi d’un moment de silence de 10h00 à 10h03 (8h00 à 8h03 Gmt) en hommage à Madiba». Ces six minutes et sept secondes symbolisent les 67 ans de militantisme et d’action politique de l’icône de la lutte anti-apartheid et père de la démocratie sud-africaine, emprisonné pendant 27 ans dans les geôles du régime raciste de la minorité blanche. L’hymne national sud-africain a ensuite été entonné partout où les gens étaient assemblés. La veille, sa fondation a inauguré une émouvante exposition de certains des 5000 registres de condoléances signés aux quatre coins du monde.
ichaëlle Jean, Canadienne d’origine haïtienne, désignée le dimanche 30 novembre 2014 à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif) veut incarner le renouveau de cette institution. Le successeur d’Abdou Diouf, l’ancien président sénégalais, aux commandes de l’institution depuis 12 ans et trois mandats entend faire de la langue française une langue d’affaires. Mais l’élection de celle qui occupe son poste de façon effective depuis le 1er janvier 2015 a été laborieuse. Elle est la première femme à diriger cette organisation. Ancienne journaliste canadienne de 57 ans et gouverneure générale du Canada de septembre 2005 à septembre 2010, elle a eu, en visite à Bordeaux, à dénoncer la traite négrière longtemps pratiquée dans ce port français. Son empathie, sa facilité à lier des liens avec les communautés sont appréciées par beaucoup. Avec son avènement à la tête de l’Oif, on constate que c’est la première fois que l’Afrique ne dirigera pas la Francophonie. L’Oif compte 77 pays membres, dont 20 ont le statut d’observateur.
ZIMBABWE
Qui succédera à l’indéboulonnable Robert Mugabe ? Vu son âge avancé, «il est généralement accepté que ce mandat sera son dernier», indique le journal en ligne sud-africain Rand Daily Mail. La question de sa succession est d’une évidente actualité et, «après avoir 12 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
POLITIQUE
KALÉÏDOSCOPE EGYPTE
La pilule de l’acquittement de Moubarak ne passe pas
U Blaise Compaoré, retour à la case Ouaga ?
3
ème président et 6ème chef d’Etat du Burkina Faso, Blaise Compaoré, après 27 ans de pouvoir sans partage, a été emporté par un soulèvement populaire suscité par le mouvement le Balai citoyen. Le 30 octobre 2014, Blaise Compaoré fait face à un soulèvement populaire contre son projet de modification de l’article 37 de la loi fondamentale limitant le nombre de mandats présidentiels, afin de se représenter en 2015. A la suite des émeutes, le beau Blaise quitte le pouvoir et le chef d’état-major des armées, Honoré Traoré, annonce la création d’un «organe de transition» chargé des pouvoirs exécutif et législatif, dont l’objectif est un retour à l’ordre constitutionnel «dans un délai de douze mois». Exfiltré
par les Français, Blaise Compaoré trouve refuge en Côte d’Ivoire, précisément à Yamoussoukro, le 31 octobre 2014, puis se retrouve au Maroc le 20 novembre 2014 avant de retourner en Côte d’Ivoire le 12 décembre 2014. Entretemps, le pays est dirigé pour douze mois par le diplomate Michel Kafando, nommé chef de la transition. Celui-ci nomme le lieutenant-colonel Isaac Zida, Premier ministre. Ce dernier avait pris la tête du pays après la chute de Compaoré, avant de céder sur la pression de la société civile et de l’opposition. Aujourd’hui, le président Kafando n’a pas écarté l’extradition de Blaise Compaoré afin qu’il réponde de son implication présumée dans les assassinats de l’ancien président Thomas Sankara et du journaliste Norbert Zongo.
n millier de personnes ont manifesté, le samedi 29 novembre 2014, près de la place Tahrir, pour protester contre le verdict d’un tribunal du Caire en faveur de Hosni Moubarak. La police a dispersé le rassemblement et deux personnes ont été tuées et neuf autres blessées dans les heurts. Au moins 85 personnes avaient été arrêtées dans ces violences, avant d’être relâchées, à l’exception de quatre manifestants. Ces violences sont consécutives à l’abandon par un tribunal égyptien, le samedi 29 novembre 2014, de l’accusation de complicité de meurtre lancée contre l’ancien président âgé de 86 ans pour la mort de centaines de manifestants durant le soulèvement populaire qui l’a chassé du pouvoir en 2011. Il a, par ailleurs, été acquitté d’accusations de corruption. Néanmoins Hosni Moubarak, qui a dirigé d’une main de fer l’Egypte pendant trois décennies, est toujours en détention dans un hôpital militaire, vu qu’il purge une peine de prison de trois ans dans le cadre d’un autre jugement pour corruption. Selon son avocat, Farid el-Deeb, son client a déjà purgé les deux tiers de sa peine. Le temps passé par M. Moubarak en détention est pris en compte dans le décompte de sa peine.
amassé autant de richesse et de pouvoir, rien de surprenant à ce qu’il veuille garder cet empire dans la famille. Comme beaucoup d’autres, il a certainement l’intention de continuer à diriger depuis l’au-delà. Comment va-t-il s’y prendre ? Comme disent les dramaturges : c’est là qu’intervient Grace Mugabe», son épouse. De trente ans sa cadette, l’épouse du président zimbabwéen a fait une entrée surprise dans l’arène politique. Toutefois, une autre figure émerge à l’horizon de la présidentielle 2018 : la vice-présidente Joice Mujuru. Même si celle-ci traverse une mauvaise passe : Grace Mugabe l’a accusée d’extorquer de l’argent aux entreprises. Les médias d’Etat ont embrayé en faisant savoir que Joice Mujuru voulait fomenter un complot contre Robert Mugabe, ce dont elle s’est défendue. La première dame assure que Joice Mujuru avait l’intention de l’assassiner «de la même façon que Kadhafi» après le décès de Robert Mugabe. Dixit le Daily Telegraph. MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 13
KALÉÏDOSCOPE
BUSINESS
FINANCE ISLAMIQUE
Amadou Kane défend le caractère éthique du concept
D
epuis qu’il a été débarqué du poste de ministre de l’Économie et des Finances du Sénégal (poste qu’il a occupé du 4 avril 2012 au 1er septembre 2013), Amadou Kane, neveu de l’écrivain Cheick Hamidou Kane, a décidé de se consacrer à ses propres affaires à travers son entreprise AK Consulting. Président-directeur général de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Sénégal (Bicis), son cabinet conseil aux États et aux entreprises n’est pas sa seule occupation. Il est toujours président du Conseil d’administration de la Banque nationale pour le développement économique (Bnde). Le banquier loue le caractère éthique de la finance islamique. Selon lui, cette dernière joue un «rôle efficient» dans l’économie à travers sa capacité d’accroissement de la base productive et la nature éthique de son fonctionnement. Il avance même : «Il y a quelques années, la finance islamique semblait relever d’une simple curiosité exotique, mais aujourd’hui, elle est à un niveau de développement tel qu’elle se trouve dans une place reconnue et respectée au niveau de la finance internationale».
INVESTISSEMENT : Le prince milliardaire Alwaleed Bin Talal à
l’assaut de l’Afrique
L
e richissime prince et homme d’affaires saoudien Alwaleed Bin Tahal (59 ans) compte investir en Afrique par le biais de sa holding baptisée Kingdom Holdings, en accord avec PineBridge Investments Middle East. En effet, la holding d’investissement Kingdom Holdings et le gestionnaire d’actifs bahreïni PineBridge Investments Middle East ont annoncé le lancement d’un fonds d’investissement dédié à l’Afrique. Ces dif-
14 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
férents investissements seront notamment orientés dans les secteurs de l’industrie, des biens de consommation, des infrastructures et des finances. Des secteurs jugés prometteurs à long terme par les futurs investisseurs. Le prince Alwaleed Bin Tahal, 31ème homme le plus riche de la planète, selon le dernier classement de Forbes, a commencé à investir en Afrique depuis 2003.
BUSINESS
KALÉÏDOSCOPE
DAPHNE MASHILE-NKOSI, Chef d’entreprise 2014
L
LIONEL ZINSOU
Plus afro-optimiste que jamais
’édition 2014 du forum des chefs d’entreprise africains «Africa Ceo Forum» a récemment décerné le prestigieux trophée du «patron d’entreprise de l’année» à une femme : Daphne Mashile-Nkosi. La Sud-Africaine fait partie des rares femmes à exercer dans le secteur minier en Afrique. Elle est l’unique femme jusqu’à ce jour à occuper un poste de direction dans le domaine. Daphne Mashile-Nkosi (55 ans) est à la tête de Kalagadi Manganese, une société spécialisée dans l’exploitation de manganèse que lui a léguée son défunt mari. La capacité de production de son entreprise est estimée à 2,3 millions de tonnes et un chiffre d’affaires de 12 milliards de rands en 2014 avec un personnel composé à 50% de femmes. L’ancienne militante des droits de l’homme reconvertie en femme d’affaires table aujourd’hui sur le développement du septentrion de son pays. «Il n’est pas normal que la région du Cap-Nord soit l’une des plus riches et que le taux de pauvreté y soit aussi élevé», martèle-t-elle souvent à ses interlocuteurs.
L
ionel Zinsou se veut avant tout afro-optimiste- par opposition à l’afro-pessimisme- et s’implique activement dans la promotion du renouveau de l’économie africaine post 2000. Cet économiste franco-béninois ayant fait carrière notamment comme banquier d’affaires est l’heureux initiateur de la Fondation Zinsou à Cotonou. L’institution, présidée par sa fille Marie-Cécile Zinsou, est destinée à favoriser les activités artistiques. En 2013, il a rédigé, avec le ministre des Affaires étrangères sous Lionel Jospin, Hubert Védrine, un rapport sur les enjeux économiques en Afrique. Il est également animateur du club Fraternité, cercle de réflexion de Laurent Fabius, et administrateur du comité opérationnel du journal Libération désigné par Édouard de Rothschild après le départ de Serge July. Il est également membre du comité directeur de l’Institut Montaigne et conseiller au cabinet du président de la République du Bénin, Boni Yayi. Après avoir travaillé chez Bsn, Lionel Zinsou a été associé-gérant de Rothschild & Cie, avant de rejoindre, en 2008, le fonds d’investissement Pai Partners. Lionel Zinsou, 60 ans, est né d’un père béninois (qui fut le médecin de Léopold Sédar Senghor) et d’une mère française. Il est également le neveu de l’ancien président du Bénin, Émile Derlin Zinsou. MANAGERS Afrique N°44 / sept-octobre 2014 | 15
KALÉÏDOSCOPE
SHOWBIZ
ANTHONY KAVANAGH
Le Canadien de «Danse avec les stars saison 5» s’est installé en Suisse
H
umoriste, chanteur et acteur canadien né le 26 septembre 1969 à Longueuil (Canada), Anthony Kanavagh a pris part à la saison 5 de «Danse avec les stars» dont le vainqueur est Rayane Bensetti. Anthony est sorti de la compétition le 1er novembre 2014. De parents haïtiens immigrés au Québec, il fait ses premiers pas sur scène en présentant un spectacle humoristique et en chantant des chansons de Michael Jackson dans son école. Partagé entre les études et le monde du spectacle, Kanavagh décide à 19 ans de se lancer pleinement dans sa carrière d’artiste. Il remporte même, en 1989, le titre des «Auditions nationales, Juste pour rire», comme un des deux meilleurs humoristes de l’année du Québec. Sa carrière s’amorce dès lors, aussi bien en français qu’en anglais. Anthony Kanavagh affirme que Michael Jackson et Eddy murphy l’ont inspiré au début de sa carrière. Il est même encouragé par le manager de ce dernier, rencontré à la fin d’un spectacle aux Etats-Unis. Il a joué dans les films «Antilles sur Seine» de Pascal Légitimus (2000) et «Agathe Cléry» de Quentin Lambert (2008). En 2014, installé en France, il décide de quitter Paris pour s’installer à Lausanne avec son épouse et son fils, qui ont tous les deux la nationalité suisse.
MODE
L’Ivoirien Gilles Touré, 20 ans déjà
16 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
L
e créateur de mode Gilles Touré a célébré ses 20 ans de carrière, le samedi 8 novembre 2014, à l’Hôtel Sofitel d’Abidjan, anciennement Hôtel Ivoire. L’évènement s’est déroulé en présence de l’épouse du chef de l’Etat ivoirien, Dominique Ouattara, marraine de cette fête, mais également de Maurice Kouakou Bandaman, ministre de la Culture et de la Francophonie, d’Anne Désirée Ouloto, ministre de la Solidarité, de la Femme et de l’Enfant, Kandia Camara Kamissoko, ministre de l’Education nationale et de l’Enseignement technique, et de bien d’autres invités de marque du monde de la politique, de la mode et des médias. Le grand défilé qui reprenait ses 20 ans de parcours se déclinait en quatre tableaux. Quatre temps qui ont permis d’apprécier tout le génie créateur de l’artiste. La soirée, présentée notamment par Yves Zogbo Junior et Yves De Mbella a été animée par de nombreux artistes dont Nayanka Bell.
SHOWBIZ
KALÉÏDOSCOPE
LOLO ANDOCHE,
l’empereur africain du prêt-à-porter
L
es créations Lolo Andoche sont des modèles prêt-à-porter sortis parfois en série de l’atelier du même nom. Soucieux de la satisfaction de sa clientèle, le Béninois Lolo Andoche veille particulièrement au respect des détails de livraison. En témoignent ses fréquentes participations aux défilés de mode et expositions organisés par La Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin. Travaillant en partenariat avec les sociétés de textiles telles que Woodin Bénin, Fancy Palace, son entreprise possède une boutique d’exposition à Cotonou, deux représentations à Lomé (Togo) et à Pretoria (Afrique du sud). Une main-d’œuvre de qualité assure la réalisation de nombreuses commandes en provenance d’Afrique (Afrique du sud, Angola, Congo-Brazzaville…) et d’Europe (Hollande…). Véritable chef d’entreprise, Lolo Andoche, de son vrai nom Charlemagne Amoussou, modéliste et couturier effacé, ouvert et toujours à la recherche de nouvelles idées pour améliorer ses performances, s’est imposé depuis bientôt deux décennies comme l’un des stylistes de référence avec une renommée qui dépasse les frontières de son Bénin natal. Trois jours durant (du 5 au 7 juin dernier), l’empereur africain du prêt-à-porter a su faire apprécier son savoir-faire à la 6ème édition du Festival de la mode et du mannequinat africain (Fesmma) à Cotonou.
BBLACK ! AFRICA
Un modèle traditionnel du couturier porté par un mannequin.
David Monsoh marque un grand coup
L
e producteur David Monsoh, né le 26 juin 1973, marque un grand coup avec sa chaîne thématique BBlack ! Africa désormais disponible sur le bouquet Canal+. David Monsoh a lancé BBlack ! Africa en décembre 2013 à Paris. Au menu : news, people et films blacks américains. A l’heure où le show-biz africain connaît des difficultés (piratage, ventes de disques physiques décroissantes du fait de la disponibilité des chansons sur Internet, etc.), David Monsoh tente de s’imposer comme un des derniers «survivants», un des derniers représentants d’une espèce en voie d’extinction, celle des «faiseurs» d’artistes flamboyants.
MANAGERS Afrique N°44 / sept-octobre 2014 | 17
KALÉÏDOSCOPE
MUSIQUE
PHARRELL WILLIAMS
L’artiste américain commissaire d’une exposition à Paris
L
’époux d’Helen Lasichanh, Pharrell Williams, ou tout simplement Pharrell, auteur-compositeur-interprète, rappeur, producteur et styliste américain, est né le 5 avril 1973 à Virginia Beach (en Virginie-Etats-Unis). En mai-juin 2014, il est commissaire d’une exposition titrée «Girl» à la galerie Perrotin, à Paris. Avec Chad Hugo, ils forment le duo de production musicale The Neptunes. Il est également le chanteur et le batteur du groupe N.E.R.D. qu’il a formé avec son alter ego Hugo et son ami d’enfance Shay Haley. Son premier single, «Frontin’», est sorti en 2003 et son premier album solo, «In my mind», en 2006. Il s’est notamment distingué dans plusieurs duos avec le rappeur Snoop Dogg : «Beautiful», «Drop it like it’s hot», «Sets up» et «Let’s get blown». C’est sa participation en tant que producteur du titre «I’m a slave 4 U» de Britney Spears et de l’album «Justified» de Justin Timberlake qui l’a révélé auprès du grand public. En 2013, il enchaîne les succès mondiaux en chantant sur deux titres de l’album «Random Access Memories» des Daft Punk ; les singles «Get lucky» et «Lose yourself to dance», ainsi qu’avec Robin Thicke et T.I. sur le N°1 «Blurred Lines», et, enfin, son titre mythique «Happy», chanson qu’il a écrite et composée.
CHRIS BROWN,
toujours au top
C
hris Brown (25 ans) a raflé trois prix lors de la soirée des Soul Train Awards 2014, enregistrée le 7 novembre dernier à Las Vegas, et diffusée seulement en fin de mois. Faisant tout pour oublier ses démêlés avec la Justice et se redonner à fond dans la musique, l’artiste américain, grand gagnant de la soirée, a été récompensé notamment pour la meilleure chanson hip-hop de l’année, la meilleure collaboration et la meilleure performance de l’année avec son tube «Loyal», réalisé avec Lil Wayne et Tyga. Non content de repartir avec ses prix, le chanteur a aussi offert une performance d’anthologie, reprenant quelques uns de ses plus grands titres, dont «Loyal» et «New Flame». Christopher Maurice alias «Chris» Brown, né le 5 mai 1989 à Tappahannock (en Virginie aux Etats-Unis), est un chanteur, danseur-chorégraphe, auteur-compositeur-interprète, acteur, rappeur et réalisateur américain.
18 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
MUSIQUE
KALÉÏDOSCOPE
TIWA SAVAGE
L’artiste s’est mariée à Dubaï
A
près son mariage traditionnel qui a eu lieu le 23 novembre 2013, Tiwa Savage et Tunji Balogun ont célébré, en avril 2014, leur mariage religieux à Dubaï (Emirats arabes unis), entourés de leurs familles et amis les plus proches. Apparemment, c’est la mode chez les célébrités nigérianes, puisque 2Face s’est également marié là-bas en 2013. Tiwa Savage, de son vrai nom Tiwatope Savage, est une artiste nigériane née à Lagos, le 5 février 1980. Elle fait partie des artistes les plus en vogue du Nigeria. Grâce à son style à mi-chemin entre la pop et les rythmes traditionnels nigérians, elle s’est fait une place de choix au sommet des charts africains, en compagnie d’autres musiciens comme Davido ou P-Square. Elle est actuellement en contrat avec Sony/Atv Music et Mavin Records. La famille de Tiwatope a déménagé à Londres, lorsqu’elle avait 11 ans. A 16 ans, elle fait les cœurs pour George Michael et prête même sa voix à de grands artistes, tels que Mary J. Blige, Chaka Khan, Emma Bunton. Au lycée, elle était joueuse de trombone pour l’orchestre de l’école. Après un diplôme en sciences de gestion de l’Université de Kent, Tiwa commence à travailler à la Banque royale d’Ecosse. Dans le même temps, elle a chanté sur scène avec de grands noms de la musique occidentale comme Sting ou 50 Cent.
DAVIDO
La perle de la musique africaine
N
é à Atlanta (Georgie-Etats-Unis) le 21 novembre 1992, David Adedeji Adeleke, alias Davido, est né de prents nigérians -père homme d’affaires et mère professeure d’université. Davido a grandi à Lagos, mais a beaucoup voyagé entre les Etats-Unis, le Royaume uni et le Nigeria. Sa mère décéda alors qu’il n’avait que 11 ans. Malgré sa carrière fulgurante, il a décidé de terminer son diplôme en administration des affaires à temps partiel. Sa carrière a décollé avec son single «Dami Duro» qui fait partie de son album «Omo baba olowo» (en yoruba, fils de riche). Depuis son avènement dans la musique, Davido ne cesse de cartonner avec des hits. Il a remporté plusieurs récompenses dont un Kora et 4 Nigeria Awards.
EDDY KENZO
«Sitya Loss», l’aubaine L’artiste ougandais, Edrisa Musuuza, alias Eddy Kenzo, a le vent en poupe, avec son titre «Sitya Loss», chanson, sortie en mai 2014, et devenue son plus grand succès. Kenzo est né le 9 avril 1989 à Masaka, une ville de la région centrale de l’Ouganda. Sa mère décédée lorsque il avait 5 ans, il se retrouve enfant de la rue. Après le lycée, il prend son nom de scène Eddy Kenzo et commence à composer des titres et rencontre un succès fulgurant, en 2010, avec sa chanson «Endurance ». Ce titre est même utilisé pour la campagne présidentielle de Yoweri Museveni. En 2012, il sort l’album «Ogenda Kunzisa». Puis, en 2013, il met sur le marché «Kamunguluze», avant de partir en tournée aux Etats-Unis. A 25 ans, Eddy Kenzo a fait parler de lui toute l’année 2014 grâce à la qualité du clip de «Sitya Loss» et aussi de la beauté de ce titre. Un vrai régal accoustique et occulaire ! MANAGERS Afrique N°44 / sept-octobre 2014 | 19
KALÉÏDOSCOPE
SPORT
LEBRON JAMES
Retour à Cleveland Cavaliers
N
é le 30 décembre 1984 à Akron dans l’Etat de l’Ohio (Etats-Unis), le basketteur LeBron James, sélectionné 10 fois dans les All-Nba team dont 8 dans le cinq majeur et 10 fois au Nba All-Star Game dont deux Mvp (meilleur joueur de la compétition), est revenu dans son club de cœur, les Cavaliers de Cleveland pour la saison en cours (2014-2015). Il a fait ses débuts en Nba (le championnat professionnel américain) avec cette équipe au cours de la saison 2003-2004. Après 7 saisons sous les couleurs des Cavaliers, il a fait un tour à Miami Heat pour 4 saisons (de 2010 à 2014). Il glane des records en Nba. Notamment celui de premier ailier de l’histoire de la Nba avec au moins 8 passes décisives par match ; troisième joueur de l’histoire à terminer une saison avec plus de 2250 points, 650 passes et 550 rebonds (les deux autres sont Michael Jordan en 1988-1989 et Oscar Robertson qui, lui, l’a réalisé quatre fois) ; l’un des trois joueurs de l’histoire de la Nba à marquer au moins 2000 points pendant sept saisons consécutives (les six autres sont Wilt Chamberlain, Oscar Robertson, Alex English, Dominique Wilkins, Michael Jordan et Karl Malone) ; joueur ayant marqué le plus de paniers à 3 points dans l’histoire de Nba All-Star Game avec 23 paniers réussis ; plus jeune joueur quadruple Mvp. Ses stats sont ahurissantes. Il est champion Nba en 2012 et 2013 avec les Heat de Miami.
DIDIER DROGBA retrouve Chelsea
A
nnoncé un moment du côté de la Juventus, Didier Drogba revient finalement à Chelsea, deux ans après avoir quitté le club londonien. L’Ivoirien retrouve chez les Blues José Mourinho, qui avait eu à dire, après le départ de Drogba pour la Chine, que cet attaquant emblématique était irremplaçable à Chelsea. Tout était réuni pour que Didier
20 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
Drogba revienne dans le club où il a explosé et où il peut continuer d’officier une fois sa carrière de joueur terminée. En plus du contrat d’un an qui le lie au club du milliardaire russe Abramovitch, la presse britannique parle en effet déjà d’une éventuelle place dans le staff des Blues par la suite, aux côtés de Mourinho.
!"#$%& Le GAF Sarl
Nous sommes leader sur le marché des :
- Affiches géantes - Calendriers - Agendas - Documents administratifs - Tous travaux d’imprimerie Guy-Domyce Marcel ANZANGOSSOUE
Nous sommes également présents dans :
Directeur Général
- Les produits alimentaires et industriels - L’import-Export - La location et la vente de véhicules - Les travaux- Bâtiments- TP
Le Gaf au Congo 2917 rue Maribow-Ouenzé BP 13 600 Brazzaville Tel 00 242 555 00 25
Le Gaf en France 1 bis rue de Paris 95 500 Bonneuil-en-France Tel 01 42 54 01 61 / 06 87 00 95 29
ECONOMIE
L’AFRIQUE,
NOUVEL ELDORADO DES EUROPÉENS
LE CAS DE L’ANGOLA Histoire de faire oublier aux Portugais les rigueurs de son autoritarisme, le régime de Salazar leur vantait sans vergogne le joyau de son empire colonial, l’Angola. Bientôt quarante ans après l’indépendance de l’ancienne colonie, marquée par de longues années de guerre civile, l’Angola en paix représente toujours un eldorado pour le Portugal. Mais désormais les relations entre l’ancien colonisateur et sa « perle » africaine ont diamétralement changé. Comme un retournement de l’histoire, l’Angola, abreuvé de ses pétrodollars, rythmé par des taux de croissance à deux chiffres, répond à l’appel des autorités de Lisbonne, impuissantes à sortir leur pays du marasme économique. En novembre 2011, devant Pedro Passos Coelho, le Premier ministre portugais venu le rencontrer à Luanda en quête de secours, le président angolais Jose Eduardo dos Santos déclarait avec assurance que l’Angola était disposé à aider le Portugal face à la crise. Les colonisés d’autrefois prêts à apporter une aide financière à l’ex-puissance coloniale aujourd’hui anémiée. Tout un symbole à l’orée du XXIème siècle… > Par JACQUES BONNIFAIT
A
la fin de l’année 2000, le Portugal entre en récession. Au printemps 2011, l’Etat portugais avait dû recevoir, pour éviter la banqueroute , quelque 78 milliards d’euros de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI). Depuis, l’économie 22 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
portugaise a certes timidement renoué avec la croissance en 2013 (+1,1%) après plus de deux ans de dépression (-3,2% en 2012), et la Banque du Portugal table sur une augmentation du Produit intérieur brut (PIB) de 1,2% pour 2014 ; tandis que la croissance devrait se hisser à 1,4% en 2015.
Des données rassurantes en apparence, mais en réalité en trompe-l’œil, tant le chômage plombe l’ensemble de la société portugaise, à commencer par les jeunes diplômés sans emploi ni perspectives, désormais de plus en plus nombreux à faire leurs valises, direction l’Angola ou le Mozambique,
ECONOMIE l’autre grand pays africain d’expression portugaise. Ainsi, en avril 2014, le chômage touchait encore 14,6% de la population active pour une moyenne de 10,4% au sein de l’Union européenne. Une maigre amélioration cependant, puisque le nombre de sans-emploi au Portugal s’élevait à 15,4% en décembre 2013. Déprime au Portugal, embellie économique en Angola... La capitale, Luanda, illustre à elle seule cette frénésie de chantiers qui s’est emparée du pays, au point de devenir la ville la plus chère au monde pour la seconde année consécutive devant N’Djamena (Tchad) et Hongkong ; selon le dernier classement de la société de conseil en ressources humaines Mercer. Bâtie à l’origine pour accueillir au maximum 500 000 habitants, Luanda en reçoit désormais près de 6 millions. Les buildings et les villas de grand standing y poussent comme des champignons, les hôtels de luxe accueillent les hommes d’affaires débarqués de tous horizons, tandis que des norias de 4x4 rutilants sillonnent les artères de la métropole. Ce tableau enchanteur ne doit évidemment pas occulter que 70% de la population survivent avec 2 dollars par jour selon une étude de Euler-Hermès et que l’espérance de vie ne dépasse guère 51 ans d’après l’Unicef. Les bidonvilles qui prolifèrent dans l’agglomération luandaise et dans les zones urbaines révèlent eux aussi l’autre face du « miracle » angolais. Mais durant plusieurs années, la croissance de l’Angola a caracolé à des sommets de nature à faire pâlir d’envie maintes nations de la vieille Europe. Elle a enregistré un taux moyen de +14,5% entre 2004 et 2008, un niveau record qui ne s’est pas répété ensuite, par contrecoup de la crise de 2009. Des esprits chagrins ne manqueront pas de relativiser ce boom économique en soulignant que l’économie de l’Angola n’a pas atteint les 7,1% attendus pour 2013 et n’a dû se contenter « que » de 5,2%... Reste que les prévisions à court terme mettent du baume au cœur des responsables angolais et des investisseurs étrangers : 7,9% en 2014 et 8,8% en 2015, grâce à la réalisation d’un vaste investissement d’infrastructures public. A l’origine de cet essor économique, l’or noir. L’Angola est le deuxième producteur africain de pétrole brut après le Nigeria, secteur d’activités où interviennent toutes les multinationales américaines, françaises, britanniques ou encore brésiliennes. Les Angolais entendent ravir la première place au Nigeria d’ici quelques années ; un objectif jugé réaliste selon de nombreux spécialistes de l’industrie pétrolière. Atout majeur de l’Angola – son sous-sol recèle également des diamants, du
fer, de l’uranium et du gaz -, le pétrole représente environ 46% du PIB, 80% des recettes publiques et 95% des exportations du pays. Ce qui soumet l’économie angolaise aux variations des revenus du pétrole. Aussi, le gouvernement de Luanda entend diversifier l’économie en développant des secteurs d’activités indispensables au décollage du pays : l’agriculture et l’industrie agroalimentaire, l’eau et l’assainissement, les transports, les mines, ainsi que l’énergie (construction de barrages hydrauliques, projet de gaz naturel liquéfié). Autant de domaines où les offres d’emploi vont se multiplier. Bien des chômeurs portugais qualifiés, encalminés dans une sinistrose sans issue, sont prêts à tenter l’aventure angolaise. Beaucoup d’entre eux ont déjà effectué le grand saut vers l’Afrique où ils gagnent aujourd’hui correctement leur vie, ce que leur pays natal leur refusait… Combien sont-ils ? 200 000 migrants ou bien davantage ? Ils étaient à peine 21 000 en 2003. Une certitude, les Portugais partent chercher du travail en Angola et dans les « Palop » (Pays africains de langue officielle portugaise). Des pays gorgés de matières premières, en pleine croissance et en quête de main-d’œuvre hautement qualifiée. Autant d’opportunités à saisir, notamment pour les jeunes et les plus diplômés privés d’avenir professionnel. Pratiquant une langue commune, entrepreneurs, ingénieurs, architectes, cadres commerciaux, techniciens, médecins ou encore enseignants quittent la péninsule ibérique pour gagner l’ancienne colonie lusophone. Le bâtiment et les travaux publics représentent, on s’en doute, un secteur particulièrement attractif, dans ce vaste chantier de construction qu’est l’Angola, tant dans la capitale que sur l’ensemble du territoire. Et à des milliers de kilomètres en terre africaine, les salaires sont en moyenne deux à trois fois supérieurs à ceux consentis au Portugal, voire davantage. L’Angola, pays de cocagne où il fait bon vivre… Une réalité pour les heureux expatriés dont l’entreprise accepte de payer le logement, un mythe pour les malchanceux contraints de s’acquitter de loyers élevés dans une ville chère où les coupures d’eau et d’électricité ne sont pas rares… Les Portugais retournent donc massivement en Angola… d’où ils envoient souvent de l’argent à leurs familles restées au pays. Quant aux entreprises portugaises, elles sont d’année en année de plus en plus présentes (environ 800 aujourd’hui, multinationales et PME), en particulier dans le BTP (Mota-Engil, Teixeira Duarte, entre autres), sans compter les banques. Mais ces mouvements
de population ne sont désormais plus à sens unique entre les deux pays. Si les chômeurs de Lisbonne ou de Porto partent offrir leurs services à Luanda, à Cabinda ou encore à Benguela, les millionnaires angolais viennent faire des emplettes et des affaires sur les bords du Tage. Les boutiques très chic de l’avenue de la Liberté de la capitale ne désemplissent pas grâce à cette clientèle providentielle qui achète par ailleurs dans l’immobilier de luxe des stations balnéaires réputées. Et surtout, les Angolais investissent à tour de bras dans de multiples secteurs de l’économie portugaise : de 10 à 15 milliards d’euros en 2013. Ils sont les nouveaux sauveurs d’une industrie portugaise mal en point. Leur palette est vaste, entremêlant secteurs pétrolier et bancaire. La compagnie pétrolière angolaise Sonangol est désormais l’actionnaire de référence de la banque privée portugaise Millenium BCP. Le consortium Esperanza, constitué par la société financière Santoro (détenue par Isabel dos Santos, quadragénaire et fille aînée du président angolais José Eduardo dos Santos) et Sonangol, détient 45% du groupe portugais Américo Amorim, lequel contrôle de son côté 33,30% de la compagnie nationale portugaise de pétrole Galp Energia. Des banques privées angolaises, dont la Banque de l’Industrie et du commerce (BIC), ont créé des filiales au Portugal. Les stratèges de Luanda se diversifient également dans les télécoms (Unitel), les médias (Cofina, Impresa), ainsi que dans l’agroalimentaire (Cofaco, Vinhos Benigno), et cette liste est loin d’être exhaustive. A la manœuvre de toutes ces opérations, une nomenklatura affiliée de près ou de loin au pouvoir en place à Luanda et au parti présidentiel MPLA (Mouvement populaire pour la libération de l’Angola). Avec en pôle position la fille du président, une des rares femmes milliardaires africaines, mais aussi son frère, José Filomeno dos Santos, à la tête depuis juin 2013 du fonds souverain angolais doté de 3,6 milliards d’euros. Ces montages financiers font parfois grincer quelques dents au Portugal. Outre la réaction attendue et xénophobe de certains courants d’opinion selon laquelle « l’Angola rachète le Portugal », crime de lèse-majesté de la part de l’ancienne colonie, on se demande à l’occasion si les sommes faramineuses en jeu sont « propres », tant l’opacité entoure les transactions… Et les journalistes portugais « renfloués » par l’argent du pétrole et des diamants de l’Angola de s’inquiéter : pourront-ils encore traiter l’actualité de ce pays en toute indépendance ? MANAGERS Afrique N°44 / sept-octobre 2014 | 23
ECONOMIE
LE QATAR
PETIT POUCET AUX PIEDS DE GÉANT Petit havre de pêche aux perles, le Qatar a connu l’une des croissances économique et démographique les plus rapides au monde. Aussi controversée soit-elle, la Coupe du monde de football de 2022 maintiendra le minuscule pays sur sa lancée. Retour sur cette ascension vertigineuse. > Par OUSSOUF DIAGOLA, e n v o y é
D
e nombreux échafaudages et grues déchirent le bleu du ciel affadi par la poussière et le soleil qui se lève doucement sur Doha en ce matin de novembre 2014. Entre les appels de la prière que crachent les haut-parleurs, ce sont les staccatos des marteaux-piqueurs et le vrombissement des moteurs de la machinerie lourde qui rythme la vie de cette ville en chantier. « Ici, le trafic est infernal », se plaint Shabir, un chauffeur de taxi indien venu travailler au Qatar. « Tu suis un trajet et la semaine suivante, il n’existe plus. Même nos GPS sont dépassés. » L’obtention fin 2010 de la tenue du Mondial de football a aussitôt insufflé une énergie nouvelle à cette richissime oasis baignée par le golfe Persique légèrement écorché par la plus récente crise économique. Les soupçons de corruption qui ont pesé sur les dirigeants de la FIFA et ceux de cette monarchie absolue n’ont en rien ralenti les ardeurs de ces derniers. Qatar Rail a entrepris en 2013 la construction d’un projet majeur d’environ 60 milliards de rials qataris (18 milliards $) : un métro majoritairement
24 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
”
Tu suis un trajet et la semaine suivante, il n’existe plus. Même nos GPS sont dépassés.
“
s p é c i a l
souterrain ultramoderne, comprenant dans sa première phase 37 stations réparties sur trois lignes de métro (rouge, verte, or). Des milliers de travailleurs et 22 tunneliers, du jamais vu, sont actuellement à l’oeuvre pour creuser le sol de la capitale pour établir ce qui pourrait s’avérer un autre record : le parachèvement des corridors souterrains d’ici 2016 et la circulation des premières voitures en 2019. Jadis, ville tranquille « Et pourtant, il n’y a pas si longtemps, Doha était une petite bourgade tranquille », témoigne Latifa N., un cadre béninois établie au Qatar depuis vingt ans. À l’époque, son mari norvégien s’était vu offrir un pont d’or pour venir travailler pour une compagnie qatarienne de fertilisant dans une petite ville industrielle non loin la capitale. Ils y ont élevé leurs trois enfants, entre la culture norvégienne, béninoise et qatarienne, mélange inusité qui reflète bien la grande diversité de cet ancien protectorat britannique. « Dans ce temps-là, à Doha, les gens faisaient des pique-niques au milieu des ronds-
ECONOMIE points des routes. Si un enfant lançait un ballon sur la chaussée, pas de problème : il y avait tellement peu de voitures », se plaît-elle à rappeler. La population du pays entier dépassait à peine le demi-million d’habitants. « Tout était plus lent. Avant que son fils [cheikh Tamim ben Hamad Al Thani] prenne le pouvoir par un coup d’État, le cheick Khalifa n’avait pas le même souci de développement économique. Certains disaient, les Anglais ont été ici pendant 40 ans et maintenant que les Américains viennent de débarquer, regardez le changement », raconte encore cette responsable dans un centre de formation et de gestion de projets chez Shell. Beaucoup de gens… Une époque révolue, assurément. État pétrolier richissime avec le PIB le plus élevé de la planète — plus de 100 000 $ par personne —, le Qatar a crû comme un cactus bionique dans le désert. Au milieu des années 2000, le taux de croissance a même avoisiné les 16 %. Tant et si bien qu’aujourd’hui, le pays compte désormais presque cinq fois plus d’habitants (2,2 millions) qu’il y a 20 ans. Un autre lot de 300 000 nouveaux arrivants est attendu d’ici 2016. En six ans de vie à Doha, l’augmentation de la population, c’est ce qui a le plus frappé Richard Guignard et son épouse Latifa N. « Il y a du monde partout. Tu n’as plus de temps tranquille comme avant », souligne l’homme originaire de la Normandie qui est ingénieur pour Qatalum. « Il n’y a pas un quartier qui n’est pas en construction. » Comme très peu de gens possèdent toutefois la nationalité qatarienne — environ 15-20 % de la population (350 000) —, il fallut compter sur une main d’oeuvre étrangère pour soutenir la croissance du pays, qui possède la 3ème réserve de gaz naturel au monde après la Russie et l’Iran. Chaque mois, des dizaines de travailleurs — il y avait en octobre 200 000 personnes de plus que l’an dernier à pareille date — s’ajoutent. Logés et nourris, mais gagnant quelques centaines de dollars par mois, les immigrants venus travailler en construction sont surtout originaires de l’Inde, du Pakistan, du Népal et d’autres pays d’Asie. Dans Doha et ses alentours, impossible de ne pas les croiser en plein labeur sous une chaleur démentielle ou faisant la file pour monter à bord des navettes qui les ramèneront dans leur dortoir en bordure de la ville. De l’esclavage moderne, chuchotent des expatriés rencontrés.
De multiples défis pour l’émirat Pour l’État du Qatar, ce développement et cet afflux massif de nouveaux arrivants constituent un véritable défi. La pression sur le logement, qui ne suffit pas à la demande, est forte et les prix du secteur résidentiel sont en hausse. À peine 100 000 unités supplémentaires se construisent dans les quartiers où logent les travailleurs. Et impossible de les entasser davantage grâce à des lits à étages, le gouvernement se devant de respecter des règles l’empêchant, par exemple, de loger plus de quatre personnes par chambre. Pour les expatriés mieux nantis, il est interdit de sous-louer une chambre de leur résidence pour partager les coûts élevés de l’hébergement. Les tensions entre les Qatariens locaux et les expatriés pourraient être vives, mais Josée Lamotte, une restauratrice française insiste : elle s’est toujours sentie la bienvenue au pays. « Je ne me suis jamais sentie traitée différemment parce que je n’étais pas d’ici ou que je n’étais pas croyante », souligne-t-elle. Non, l’émirat ne tarit pas d’ambition. Il a toujours bataillé ferme pour obtenir des événements d’envergure internationale, comme les Asian Games en 2006 et des tournois de tennis majeurs, et souhaite avoir une voix au sein de grandes organisations internationales — le Qatar est membre de l’Organisation internationale de la Francophonie. Il faut dire que pour le Qatar, où l’or peut se déguster en fines feuilles sur les cupcakes délicatement décorés des pâtisseries, rien n’est une question de sous. N’empêche, le pays devra soigner sa réputation. Allégations de corruption, de non-respect du droit des travailleurs et de financement du groupe terroriste Daesh, les accusations fusent de toutes parts. Il est des choses que l’argent ne peut acheter.
Vous avez la passion de l’Afrique Vous aimez les challenges et vous avez le sens commercial Rejoignez notre direction commerciale comme
CHARGÉ DE MISSION Publicité Envoyez CV et lettre de motivation à l’adresse mail
magazinemanagers@yahoo.fr
MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 25
ECONOMIE
CHINE - NIGERIA
MÉGA-CONTRAT FERROVIAIRE AU NIGERIA : LA CHINE TIENT SES PROMESSES Le gouvernement nigérian et le géant du rail China Railway Construction Corporation (CRCC) ont signé le mercredi 19 novembre 2014 à Abuja un contrat géant de 11,97 milliards de dollars pour la construction d’une ligne ferroviaire. La ligne de chemin de fer, de 1402 kilomètres, reliera, en suivant la côte et en traversant notamment le delta du Niger, la capitale économique nigériane, Lagos, à la ville de Calabar dans l’est du pays, en passant par Port Harcourt et le complexe pétrochimique de Warri. 200 000 personnes seront embauchées pour réaliser ce projet qui, une fois achevé, emploiera en permanence 30 000 salariés. > Par SAMIRA MALANDA BOLAMBA
S
i pour l’instant, les 24 arrêts seront desservis à 120 km/h, la coopération sino-nigériane entend progresser vers la grande vitesse. Le patron de CRCC, Meng Fengchao, a assuré que le projet au Nigéria ferait appel à tout le savoir-faire récent de la Chine en matière de train et de matériel ferroviaire. La Chine est fière en particulier de sa technologie pour la grande vitesse, qu’elle tente d’exporter dans le monde où elle affronte des multinationales comme le français Alstom, l’allemand Siemens et le canadien Bombardier. La société chinoise n’en est pas à son coup d’essai au Nigéria. En 2012, la compagnie avait déjà obtenu la construction du chemin de fer reliant Lagos à Ibadan, à 130 kilomètres au nord, pour 1,5 milliard de dollars. Pour CRCC, la signature du contrat intervient deux semaines après que le Mexique, sous pression américaine, a remis à plus tard, l’attribution de la construction de sa première ligne de TGV à un consortium mené par CRCC. Le Nigéria représente pour le constructeur un marché d’avenir. Première puissance économique et premier producteur de pétrole d’Afrique, le pays exporte environ 2 millions de barils de brut par jour. Une manne qui finance notamment de grands projets d’infrastructures dont manque cruellement le pays. Des entreprises chinoises sont déjà impliquées dans la construction d’infrastructures routières au Nigeria, et dans un projet de métro aérien à Lagos. La Chine a le vent en poupe en Afrique Depuis 2009, la Chine est devenue le premier par-
26 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
tenaire commercial de l’Afrique. Le commerce bilatéral s’est élevé à 210 milliards de dollars en 2013 en constante augmentation. Le volume des investissements directs chinois en Afrique a atteint 25 milliards de dollars fin 2013. Dès juillet 2012, la Chine, un des piliers des BRICS, avait annoncé, à l’occasion d’un sommet Chine-Afrique organiser tous les trois ans, qu’elle entendait doubler le montant de ses prêts aux pays africains à 20 milliards de dollars entre 2013 et 2015. En 2014, lors de sa tournée sur le continent africain, le Premier ministre chinois Li Keqian avait confirmé cet engagement. Et le 5 mai, lors d’un discours
prononcé au siège de l’Union africaine situé dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba, Li Keqian avait précisé que « la Chine va augmenter les lignes de crédit à l’Afrique de 10 milliards de dollars et apporter 2 milliards de dollars supplémentaires au China-Africa Development Fund, pour en porter les actifs à 5 milliards de dollars ». Li Kijang avait ajouté qu’il « rêve de voir toutes les capitales africaines interconnectées grâce à des trains à grande vitesse, afin de renforcer l’intégration régionale et le développement ». Et que la Chine est « prête à coopérer avec l’Afrique pour transformer ce rêve en réalité ».
COVER
L’INCROYABLE
M. PÉAN
LA QUÊTE ÉPERDUE DU SENSATIONNEL Un cas celui-là. Qui a trouvé un filon en or de livres à scandale. Et qui ne se lasse pas de l’exploiter. Les sujets de Pierre Péan sont variés, il virevolte d’une thématique à l’autre, d’un continent à l’autre, avec une facilité déconcertante. Le sensationnel rapporte toujours en littérature, surtout lorsqu’il il est mâtiné de politique nationale ou internationale. > Par YOUCEF ZIREM
MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 27
EN COUVERTURE
’homme ne paie pas de mine. Il est pourtant chargé de mystères, de coups d’éclats littéraires et de retentissants procès. Avec le temps, le journaliste Pierre Péan s’est tissé un réseau impressionnant ici et là. Il est désormais bien loin ce temps où il étudiait le droit à Angers. Réussissant à éviter le service militaire en Algérie, alors française, Pierre Péan poursuit ses études à Sciences-Po. De 1962 à 1964, il est coopérant au Gabon. De retour en France, il est journaliste à l’AFP, puis à l’Express et ensuite au Nouvel économiste. L’un de ses premiers livres, sorti en 1974 aux éditions Calmann Levy, est intitulé Pétrole, la troisième guerre mondiale. Tout un programme. C’était l’ère du choc pétrolier où L’OPEP réussissait à tenir tête aux puissances mondiales. En 1977, Pierre Péan publie un autre essai, chez Alain Moreau : Bokassa 1er. Chez Fayard, il fait sortir, cinq ans plus tard, Affaires africaines. Ce livre lui offre une certaine célébrité ; il est vrai que peu de journalistes en France connaissent vraiment l’Afrique. Peu de journalistes, toujours en France, l’écrivent également telle qu’elle est, même quand ils la connaissent réellement. Depuis que le roi berbère, Massinissa, lui a donné son nom, deux siècles avant Jésus, l’Afrique demeure pour de nombreux intellectuels européens une énigme. Une énigme qu’ils n’arrivent pas toujours à déchiffrer. LE RIDICULE NE TUE PAS Dans les années 1980, Pierre Péan écrit en tant que pigiste dans plusieurs journaux : Libération, Le Canard Enchaîné ou encore Actuel, ce magazine qui voulait révolutionner le journalisme en France. Dans son livre, Une Jeunesse française, François Mitterrand, 1934-1947, paru également chez Fayard en 1994, Pierre Péan va sur les sentiers empruntés par l’ancien chef de l’Etat français durant une certaine époque, pleine de zones d’ombre. Ce livre a eu beaucoup de succès. Le sujet était sensible, surtout la période de l’occupation allemande qui, à bien des égards, reste assez taboue en France jusqu’à aujourd’hui. Il s’est passé tellement de choses bizarres durant ces premières années de l’occupation. C’est à cette période que Jacques Foccart l’attaque en justice pour une biographie le concernant. Mais le journaliste
28 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
s’en sort bien, il gagne son procès contre celui qui coordonne les réseaux français de l’ombre en Afrique. Avec Christophe Nick, Pierre Péan consacre un livre à la plus grande chaîne de télévision française de l’époque ; dans TF1, un pouvoir, il est question du fonctionnement de cette télévision, issue de la privatisation d’une chaîne publique. Jusqu’à aujourd’hui, TF1 reste un pouvoir même si de nombreuses chaînes ont, entre-temps, vu le jour. En 1999, Pierre Péan consacre un livre à Jean Moulin. Ainsi le résistant trahi continuera à hanter la mémoire collective. Avec Richard Labévière, il écrit un livre intitulé, Bethléem en Palestine, encore en 1999. Toujours la même année, l’incroyable
Depuis que le roi berbère, Massinissa, lui a donné son nom, deux siècles avant Jésus, l’Afrique demeure pour de nombreux intellectuels européens une énigme. Une énigme qu’ils n’arrivent pas toujours à déchiffrer.
Le journaliste est déjà, ainsi, dans une fabrique presque industrielle de livres. Trois livres en une seule année...
tions africaines, chez Plon. Là, il signe un certain retour en Afrique, un continent dont on peut dire le tout et son contraire, sans courir le risque d’être ridicule. Quand on lit dans plusieurs médias occidentaux les chroniques africaines des soi-disant spécialistes du continent, on se pose souvent des questions. Avec Guy Vadepied, Pierre Péan s’intéresse à un grand industriel français ; il publie alors l’ouvrage polémique Marcel Dassault ou les ailes du pouvoir, aux éditions Fayard, en 2003. C’est la même année qu’il publie avec Philippe Cohen, un volumineux livre sur le quotidien de référence, Le Monde. La Face cachée du Monde, du contre-pouvoir aux abus du pouvoir est un livre qui fit beaucoup de bruit au sein du microcosme parisien. C’est l’un des tout premiers livres qui osent s’attaquer à cette institution journalistique. Le livre fourmille d’in-
formations croustillantes sur la pratique journalistique dans ce journal cité toujours comme incontournable par la classe politique. Le quotidien du soir trouve de la peine à réagir aux informations contenues dans le livre ; Pierre Péan et Philippe Cohen y détaillent les méthodes de travail de l’équipe du Monde de cette époque. TOUJOURS DES LIVRES À POLÉMIQUE Aux éditions Plon, Pierre Péan fait sortir en 2004 Main basse sur Alger, enquête sur un pillage, juillet 1830. A vrai dire, le pillage en question ne s’était pas limité au mois de juillet 1830. La France colonialiste est restée en Algérie de ce mois de juillet 1830 jusqu’au mois de juillet 1962. Ce qui fait 132 ans d’occupation. Peut-être 132 ans de pillage. En 2005, aux éditions Mille et une
M. Péan publie un troisième livre, chez le même éditeur, Fayard, qui porte le titre, La Diabolique de Caluire. Le journaliste est déjà, ainsi, dans une fabrique presque industrielle de livres. Trois livres en une seule année, peu d’essayistes peuvent tenir un tel rythme. En 2001, il fait sortir, Manipula-
MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 29
EN COUVERTURE
comme de nombreux essayistes, l’incroyable M. Péan vient répondre aux besoins de lecture d’un public formaté par les nombreux médias épris de sensationnel.
nuits, Pierre Péan s’intéresse à la tragédie rwandaise ; il publie Noirs fureurs, blancs menteurs: Rwanda 1990-1994. En 2009, le journaliste consacre un livre à Bernard Kouchner : Le monde selon K. un essai qui soulève une tempête médiatique. L’ancien ministre des Affaires Etrangères de Nicolas Sarkozy conteste de nombreux faits rapportés par l’incroyable M. Péan. Bernard Kouchner connaît lui aussi le fonctionnement de la machine médiatique parisienne, il sait donc contrecarrer. Cela donna un affrontement intellectuel sans retenue. En 2010, l’auteur à polémiques publie chez Fayard Carnages, les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique. Encore une fois, c’est un livre qui est contesté. Ainsi les associations SOS Racisme et Ibuka l’attaquent pour provocation à la haine raciale. Ce qui est bien sûr assez grave comme reproche. Mais au final, ces associations seront déboutées au mois de novembre 2011 par la Cour de cassation. L’incroyable M. Péan a cependant été accusé d’avoir écrit ce livre-là sur commande pour atténuer la responsabilité française dans le génocide rwandais. Décidément la tragédie rwandaise continuera à susciter des polémiques durant des années. Toujours en 2011, l’incroyable M. Péan fait sortir un autre essai, La République des mallettes, enquête sur la principauté française de non droit aux éditions Fayard. L’année d’après, il s’intéresse au Front national en publiant, avec Philippe Cohen, aux éditions Laffont Le Pen, une histoire française. Au moment où les repères sont faussés pour de nombreux 30 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
citoyens français, la tentation de l’extrême prend corps, le pays des lumières se cherche. Quand la crise économique impose sa loi, on se met alors à penser que tous les problèmes viennent des étrangers ; c’est un réflexe classique. En 2013, Pierre Péan revient sur le drame kosovar en publiant Kosovo, une guerre « juste » pour un état mafieux, toujours aux éditions Fayard. Avec Vanessa Ratignier, il se met dans l’air du temps en racontant ce que tout le monde sait à propos du Qatar; il publie ainsi chez fayard Une France sous influence, quand le Qatar fait de notre pays son terrain de jeu. Le Qatar, ce tout petit pays qui a, dans bien des cas, aidé la France et les puissances occidentales, ce tout petit pays qui s’intéresse à tout ce qui bouge aux quatre coins du monde, ce tout petit pays qui finance l’intégrisme islamiste et participe à la guerre contre cet intégrisme islamiste qu’il a largement créé. Concurrent de l’Arabie Saoudite, le Qatar accueille également les bases militaires américaines sur son sol. Dans Nouvelles affaires africaines, Mensonges et pillages au Gabon, sorti en novembre dernier aux éditions Fayard, Pierre Péan s’invite, comme un éléphant dans une boutique de porcelaines, dans la politique intérieure du Gabon; un pays qu’il connaît bien, un pays avec lequel sa relation n’est pas neutre. Producteur intensif d’essais politiques, Pierre Péan gère adroitement une carrière en ramassant, ici et là, des informations qu’il donne à ses lecteurs en leur insufflant une orientation bien choisie. Depuis toutes ces années, cette méthode de travail est bien rodée ; comme de nombreux essayistes, l’incroyable M. Péan vient répondre aux besoins de lecture d’un public formaté par les nombreux médias épris de sensationnel. Oui, le sensationnel attirera toujours de nombreux lecteurs.
POUR QUI ROULE PIERRE PÉAN ?
Sa partialité dans le débat politique gabonais ainsi que sa proximité avec certains hommes politiques gabonais montrent combien l’écrivain journaliste prend des libertés avec les principes régissant la profession. > Par ARISTIDE FOUMANGOYE
P
our qui roule le journaliste français Pierre Péan ? Comment ne pas s’interroger lorsqu’en parcourant son dernier ouvrage, Nouvelles Affaires Africaines, on est édifié sur ses relations d’amitié avec Jean-Marc Ekoh et Paul Mba Abessole, deux hommes politiques
gabonais ayant la particularité commune d’avoir été des opposants déclarés au régime du président Omar Bongo Ondimba avant, pour le second, de le rallier avec armes et bagages et d’en devenir l’un des principaux thuriféraires. La relation de Pierre Péan avec Jean-Marc Ekoh, ministre de l’Éducation
nationale sous Léon Mba, est si particulière que lors du procès du coup d’État de 1964 au cours duquel l’ancien membre du gouvernement fut jugé, Pierre Péan écrivit pour le compte du procureur de la République- un de ses amis- le réquisitoire afin «de charger les militaires et protéger ses copains MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 31
EN COUVERTURE
Pierre Péan ne cache pas sa proximité avec les opposants gabonais. Ici lors d’un meeting de l’opposition gabonaise à Paris.
Le père Paul Mba Abessole longtemps opposant irréductible à Bongo père est un ami de Pierre Péan.
(Jean-Hilaire Aubame, Jean-Marc Ekoh, François Méyé) qui, au final, n’avaient été condamnés qu’à des peines légères. C’est une constance chez ce journaliste d’investigation qui s’embarrasse rarement de scrupules pour «rendre service à ses amis». Lesquels, selon lui, se retrouvent des deux côtés de l’échiquier politique national. Même si, à l’évidence, ils sont plus nombreux du côté de l’opposition gabonaise. Tant Pierre Péan s’est mis à dos plusieurs barons de la majorité présidentielle en dénonçant, à travers ses différents ouvrages, les dérives du pouvoir d’Omar Bongo Ondimba et de son successeur. Ce qui lui a valu, sous le magistère du premier nommé, d’être à plusieurs reprises persona non grata en terre gabonaise. En réalité, comme il l’a affirmé lui-même, Pierre Péan entretenait avec le deuxième président de la République gabonaise «des rapports houleux et passionnels depuis 1964». Et, comme le lui reprochait Omar Bongo, ses passions l’ont conduit à faire montre de subjectivité dans ses critiques contre le régime du défunt président du Gabon. Pays qu’il découvrit à 24 ans, en 1962, à la suite de l’invitation de Jean-Marc Ekoh et de François Méyé. Avant de revenir quelques années plus tard occuper, au titre de la coopération, un poste au ministère gabonais 32 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
des Affaires étrangères où il managea des boursiers gabonais et mit sur pied une «association de solidarité franco-gabonaise». Ce qui lui aura permis de constituer un vaste réseau parmi les élites gabonaises. Bien qu’il avoue ne pas mettre sa plume au service de certains intérêts, on ne peut s’empêcher d’être dubitatif lorsqu’il s’agit du Gabon et ses dirigeants. Tant Pierre Péan reconnaît dans son dernier ouvrage que «sa relation avec le Gabon est un important fil rouge de sa vie» au point de jouer , en 1993, lors des élections présidentielles multipartites, le rôle de conseiller auprès de Paul Mba Abessole, alors principal adversaire d’Omar Bon-
go. De là, date sans doute sa propension à s’immiscer dans le débat partisan et à soutenir certains hommes politiques gabonais. Un trait de caractère affiché dès 1958, alors qu’âgé de vingt ans, il participa à la campagne électorale du député indépendant et paysan Jean Thulle , maire de la ville d’Angers, qui demeurera son ami. Avant d’être au cours de la même année aux côtés de Joël Le Theule, maire de Sablé-sur-Sarthe, qui deviendra député et ministre gaulliste. Puis de voter à la présidentielle de 1965 pour François Mitterand. Pas étonnant, dès lors, que plusieurs de ses détracteurs voient derrière sa dernière publication l’ombre de certains opposants gabonais actuels, potentiels adversaires d’Ali Bongo Ondimba à l’élection présidentielle de 2016. D’autant que les thèmes qui y sont abordés peuvent déclencher une vague de xénophobie largement perceptible dans un pays où, affirment certains observateurs, le seuil de tolérance des étrangers est largement dépassé.
PIERRE PÉAN ÉCRIT-IL SUR COMMANDE ? Nombre de ses lecteurs louent son « indépendance d’esprit ». Mais à y regarder de près, celle-ci n’est que de façade. Car, plusieurs de ses ouvrages auraient été écrits sur commande. > Par ARNOLD ONANG
L
’incroyable M. Péan ferait-il partie de cette caste de journalistes français, habitués des palais présidentiels africains, prêts à monnayer leurs plumes en contrepartie des mallettes pleines de billets ? Qui l’eût cru ? Les déclarations du porte-parole de la présidence gabonaise, Alain Claude Bilié-Bi-Nzé, ainsi que l’attestent des documents obtenus par le site Mediapart, laissent à penser que Pierre Péan aurait accepté de surseoir à la parution de son dernier ouvrage, Nouvelles Africaines-Mensonges et pillages au Gabon, moyennant le versement de la somme de dix millions d’euros sur le compte d’une société suisse, et l’embauche d’un de ses amis journaliste par le Gabon. Des déclarations qui, loin d’être surprenantes pou nombre d’observateurs politiques, viennent davantage asseoir, à leurs yeux, la conviction que Pierre Péan est bel et bien un fantassin de la plume, un franc-tireur prêt à faire fi de certains principes pour pondre un livre et rendre service à certains lobbies. Comme ce fut le cas en 2005 où, selon lui, pour mettre terme aux accusations formulées contre les agissements des autorités françaises au Rwanda entre 1990 et 1994, il publia
Bernard Koutchner garde toujours une dent contre Pierre Péan pour son livre Le monde selon K écrit sur lui.
Noires fureurs, blancs menteurs. Un pavé de 544 pages qui, aux yeux de ses détracteurs, se révéla n’être que finalement «un livre commis sur commande pour minimiser les responsabilités françaises dans le génocide rwandais’».
Quelques années plus tard, rebelote avec La République des mallettes. Un ouvrage publié au plus fort de l’affaire Clearstream dans lequel il prétendait mettre à nu les pratiques occultes du pouvoir, à travers une enquête objective. Mais, au MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 33
EN COUVERTURE final, Il n’en fut rien. Car, d’aucuns n’y avaient vu qu’un livre de plus commis sur commande pour exonérer le locataire d’alors du palais de l’Élysée, Nicolas Sarkozy, de certaines pratiques au détriment des personnalités proches des cercles villepinistes. De ce bouquin, son ami Pascal Boniface dira qu’il ‘’ s’agit d’un livre bâtissant des scenarii à la James Bond autour de personnages secondaires de la farce élyséenne. Il faut dire que le livre La République des mallettes reprend tous les clichés du style Péan, fait d’insinuations, et d’approximations mais aussi d’omissions, avec en filigrane la volonté délibérée de nuire, de régler des comptes avec ceux qui, un jour, se sont opposés à ses ambitions. Comme en 1968 où, au lendemain de la crise qui secoua la France, il caressa le rêve d’intégrer la rédaction du journal Le Monde. Un rêve demeuré au stade de simples intentions. Car, la lettre qu’il adressa au responsable du Monde n’obtiendra jamais de réponse. Une frustration qu’il n’a jamais digérée. D’où la publication,
en 2003, de La Face cachée du Monde : du contre-pouvoir aux abus de pouvoir. Un véritable brûlot s’inscrivant dans la logique des précédentes publications de l’auteur destiné, en réalité, à descendre en règle un journal qui, quelques années auparavant, n’avait pas jugé utile de le recruter. Les lecteurs se rendirent compte à cette occasion à quel point Pierre Péan avait la rancune tenace lorsqu’il déversa des contre-vérités et des propos haineux sur le fonctionnement du journal et sur plusieurs membres de la rédaction du Monde. Une absence d’objectivité dont Bernard Kouchner, alors ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, fut victime dans l’ouvrage intitulé Le monde selon K. La polémique médiatique qui s’en est suivie fut telle que Pierre Péan fut accusé d’antisémitisme. En 2014, ses détracteurs accusent cet habitué des prétoires de s’être à nouveau mis au service de certains groupes d’intérêts hostiles aux réformes engagées au Gabon depuis 2009.
!'(#()*+','(#-.+#/'*/.,'0,
VOUS ET VOTRE SOCIÉTÉ DANS MANAGERS AFRIQUE Vous souhaitez figurer dans notre rubrique LES ENTREPRISES QUI RECRUTENT >faites une brève présentation de vous et de votre société > dites-nous en quelques lignes le ou les postes proposés > joignez votre photo > Merci de joindre obligatoirement un numéro de téléphone afin d’être recontacté par notre équipe si besoin d’informations complémentaires. >envoyez le tout au mail magazinemanagers@yahoo.fr 34 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
COACHING FORMATION
ATTENTION AUX DIPLÔMES TRAQUENARDS ! Les étudiants africains désireux d’entamer ou de poursuivre les études universitaires en France doivent avoir à l’esprit que certaines filières de formation sont des impasses. > Par CHÉRIFA BADIROU
T
héoriquement, le problème se pose avec moins d’acuité pour les grandes Écoles puisqu’il y a une sélection à l’entrée. Malheureusement, dans les facultés, des milliers d’étudiants s’engouffrent chaque année dans des filières aux débouchés aléatoires. La responsabilité en ce domaine est surtout à imputer au peu de sélection à l’entrée des facultés, et à l’engouement démesuré des étudiants pour certaines filières. Les STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) forment au métier de professeur d’éducation sportive et comptent plus de 50 000 inscrits pour 500 postes offerts au concours de 2009. 45 500 étudiants se retrouveront sans emplois à la fin de leur cursus, ou exerceront un emploi sans rapport avec leur qualification. En psychologie, pour 65 000 inscrits, à peine 15 000 diplômés trouveront un débouché. On remarque la même inadéquation formation/emploi en Lettres, en Langues, en Sciences humaines (histoire, philosophie, sociologie) ou même en Biologie. Dans cette dernière matière, il y a trop d’étudiants dans chez MacDonalds. Cette situation rappelle celle de l’Uruguay au début des les filières écologiques, années 60 où les médecins et pas assez en Biologie moléculaire. N NE DOIT PAS FORMER étaient condamnés à devenir chauffeurs de taxi. Cette situation amène LES JEUNES EN MASSE Sur les 130 000 bacheliers parfois un BAC+5 à se contenter d’un poste de PUIS LAISSER LE MARCHÉ inscrits en Lettres ou 250 000 en Sciences humaines, serveur dans la restauDE L EMPLOI DÉCIDER à peine 2 500 d’entre eux ration rapide, un imdécrocheront le CAPES (capétrant en Arts et déco pacité d’aptitude au professe retrouve vendeur à Carrefour, une diplômée de Sciences Po multiplie sorat de l’enseignement du second degré-diplôme les stages dans l’édition, un maîtrisard en com- de professeur certifié ) ou l’agrégation.. «On a beau munication se convertit à la vente de chaussures, prévenir un jeune qu’une filière est bouchée, s’il veut un docteur en neurosciences ou un licencié en y aller, il ferme souvent ses oreilles...» assure Danielle philosophie se contentera d’un poste d’équipier Pourtier, présidente de l’Association des conseillers
O
,
’
36 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
.
d’orientation psychologique de France. Beaucoup de filières n’ont d’autre vocation que celle de préparer aux concours d’enseignement. Somme toute, il faut limiter les inscriptions dans les filières engorgées et canaliser les autres étudiants vers des formations professionnalisantes. On ne doit pas former les jeunes en masse, puis laisser le marché de l’emploi décider. Il faut une planification en amont, le numerus clausus, dans certaines filières, car chaque année, 500 000 offres d’emploi ne trouvent pas preneurs en France faute de qualification adéquate. Une bonne stratégie pour les étudiants pourra consister en l’inscription à une double formation, c’est-à-dire qu’ils suivent par exemple des études de droit ou de commerce en plus des lettres.
AGENCE POUR LA PROMOTION DES INVESTISSEMENTS
Vous envisagez d’investir au Congo ? Vous souhaitez en savoir davantage sur l’environnement et les opportunités à saisir sur le marché congolais ?
L’Agence pour la Promotion des Investissements vous accompagne à chaque étape
5eme et 6eme étage Imm. Bernard Yoka Rond-point La Coupole Centre ville, Brazzaville Tél : 242 04 475 08 73 Email : apicongo.bzv@gmail.com www.apicongo.com
COACHING LE TRANSFERT D’ARGENT
QUELLES SONT LES PRÉCAUTIONS À PRENDRE ? Chaque immigré Africain a eu à envoyer, au moins une fois, de l’argent à un ami ou à un parent resté en Afrique. Voici quelques précautions à prendre en vue d’un transfert d’argent sécurisé. > Par Me ROLAND DANA
E
n 2014, le montant des transferts officiellement enregistrés effectués par les migrants à travers le monde atteignait plus de 300 milliards de dollars US. On estime en outre que la part informelle des transferts (ceux que l’on n’a pas les moyens de suivre ou qui transitent par des institutions non agréées) pourrait s’élever à 150 milliards de dollars. En France, selon une étude du magazine l’Express, ce sont 8 milliards d’euros qui ont été expédiés à l’étranger en 2013. LES RISQUES INHÉRENTS À L’OPÉRATION DE TRANSFERT Pour les donneurs d’ordre et les bénéficiaires, le risque potentiel inhérent aux transferts de fonds est de perdre les fonds pendant leur acheminement (il peut s’agir de la faillite ou d’une erreur du prestataire ou de l’un des intermédiaires, ou encore de fraude). L’utilisation de solutions de transfert de fonds peut s’avérer délicate dès lors que certains pays
38 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
n’opèrent pas de contrôle d’identité lors du retrait des sommes envoyées. LES PRÉCAUTIONS À PRENDRE AVANT DE CHOISIR LE PRESTATAIRE Au vu de l’importance grandissante des transferts d’argent, le Comité sur les Systèmes de Paiement et de Règlement de la Banque des règlements internationaux et la Banque mondiale ont élaboré des Principes généraux applicables aux services de transfert de fonds pour les travailleurs migrants. Ce sont des normes internationalement reconnues qui visent à garantir des services sûrs et efficaces sur des marchés ouverts à la concurrence, transparents, faciles d’accès et solides. Les conditions de transfert doivent contenir une politique de confidentialité, décrivant les informations que l’organisme collecte et la façon dont elle les utilise. Les points clés à vérifier avant de choisir En l’absence d’une réglementation protectrice des
consommateurs, la force exécutoire des contrats revêt une importance particulière, surtout lorsque les parties contractantes se trouvent dans des juridictions différentes. Il conviendra donc, avant tout engagement, de se reporter aux conditions générales et de se poser les questions suivantes, que préconise l’Agence Française de Développement : Quels sont les coûts d’envoi et les coûts à l’arrivée ? Quel est le champ de la responsabilité de l’établissement ? L’établissement est-il agréé par le CECEI ? Le Comité des établissements de crédit et des entreprises d’investissement (CECEI) est chargé par la législation bancaire et financière française figurant dans le Code monétaire et financier d’agréer notamment, les établissements de crédit qui effectuent à titre de profession habituelle des opérations de banque et qui, le cas échéant, peuvent également fournir des services d’investissement.
COACHING L’offre proposée est-elle transparente ? La transparence de l’offre se mesure aux détails des informations fournies par les établissements proposant des services de transfert d’argent à l’étranger : estil facile d’obtenir une information tarifaire par téléphone, sur leur site internet, est-il possible de retirer un dépliant regroupant les services d’envoi d’argent et leur tarif, les données affichées ou publiées sont-elles complètes, permettent-elles de mesurer les garanties du transfert ? L’offre proposée correspond-elle à vos besoins ? S’agit-il d’un transfert immédiat ? Le coût du service est-il adapté aux tranches de montant ? Est-il pos-
sible de regrouper les envois ? Est-il possible d’effectuer des transferts automatiquement à date fixe ? Quelle est la traçabilité et la sécurité du service? L’opération est-elle matérialisée par un reçu? Comment le bénéficiaire final est-il informé du transfert ? Le transfert peut-il être suivi par Internet ? Quels sont les pièces d’identité requises? Comment sont-elles contrôlées ? Quels sont les recours en cas d’incident ? Quel est le délai de transfert ? Quel est le délai moyen et maximum du transfert ? Le délai maximum est-il garanti ? Le délai est-il exprimé en jour ouvré (jour de semaine travaillé) ?
Quelle est l’implantation du réseau au point d’arrivée ? Quelle est la densité du réseau dans le pays destinataire ? Les transferts sont-ils effectués sur des correspondants locaux spécifiques ? Quelle sûreté offre le point d’arrivée ? Le bénéficiaire doit-il passer par des intermédiaires ? Quel est le type de mise à disposition des fonds à l’arrivée ? Comme l’argent peut-il être retiré? Doit-on disposer d’un compte ? D’une carte ? L’argent peut-il être directement retiré en liquide ? Toutes ces précautions, scrupuleusement observées vous épargneront de l’arnaque lors de vos opérations de transfert d’argent.
TRANS COM INTER
Transport Maritime et Aérien, (Véhicules, Colis, Containers) Europe-Afrique Email : colombe@transcominter.com
Paris Tél : 06 98 78 59 59
MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 39
ERIDAN !!"# !"#$%&''()*)''+,+*-% ".(/(01%#023)4' $%&'('%))*'(+,'-'(.(/0,11,2344*(*5(.(6%375*8$%30*
""#$%$#"&#'&&#("#(" Quelques unes de nos réalisations : Travaux d’assainissement dans la ville de Pointe-Noire Travaux d’assainissement dans la ville de Sibiti, cadre des festivités de l’Indépendance du Congo cette année Construction du CSI de Mbama Construction à Ouesso
!"#$%
NIGER
ALBADÉ,
OU LA PREUVE PAR L’ACTION
A l’heure où le premier parti d’opposition au Niger, le MNSD NASSARA traverse une crise sans précédent, un de ses ténors Albadé Abouba, avance habilement ses pions sur l’échiquier politique. Pour ce faire, il a contribué activement à la construction de nombreuses infrastructures dans la ville de Dosso, théâtre des festivités de la fête de la République, le 18 décembre dernier.
L
e 18 décembre 1958 est une date symbolique pour le Niger. Après la victoire du «oui» au référendum, l’indépendance est proclamée, portant au pouvoir le chef de file du parti progressiste nigérien, Diori Hamani. C’est durant son second mandat que l’ancien président de la République, Mamadou Tandja décida d’organiser tous les ans, des manifestations sportives et culturelles à cette date, avec un système tournant qui met les villes désignées en effervescence. Ce sera la fête de la République, bien différente de la fête de l’indépendance célébrée le 03 août de chaque année. Mise en suspens après le coup d’État militaire survenu en février 2010, la fête de la République est remise au goût du jour sous l’impulsion du président nigérien Mahamadou Issoufou. Qui en a confié la charge du comité interministériel à Albadé Abouba, ministre d’Etat et secrétaire général du MNSD. En véritable maître d’oeuvre, ce dernier a supervisé la construction de multiples infrastructures dans la ville de Dosso. Le système des fêtes tournantes est un projet phare dont l’objectif essentiel est de faire de chaque ville
> Par FATOUMATA GARBA
hôte, un pôle de compétitivité dans la sous région. La fête de la République permet ainsi de renforcer l’attractivité économique d’une ville du pays. En témoignent les nombreux chantiers menés à bien sur les plans culturel et touristique à Dosso. En témoignent également la modernisation des équipements hospitaliers, la réhabilitation du stade régional et de l’arène de lutte traditionnelle ainsi que la construction d’une maison de la presse. Selon le ministre d’État Albadé Abouba, « ces infrastructures contribueront à accroître les échanges commerciaux interrégionaux, et développeront des opportunités d’affaires avec des promoteurs privés, avec au final un réel partage des richesses entre la capitale et les villes organisatrices rénovées, en l’occurrence, celle de Dosso ». ALBADÉ, LA FIGURE POLITIQUE MONTANTE Force est de reconnaître que ces célébrations de la fête de la République dans la ville de Dosso symbolisent un parfait un tremplin pour le ministre d’Etat Albadé Abouba. En effet, le bon déroulement des travaux puis des festivités ont constitué un atout majeur pour entrer dans les bonnes grâces du
président de la République et gagner sa confiance. Or cette position est essentielle pour Albadé Abouba, après l’échec des négociations, il y a plus d’un an, visant l’intégration du MNSD dans le gouvernement d’union nationale. Une situation politique qui a cristallisé les tensions au sein de ce parti avec deux camps qui s’opposent, et en revendiquent la légitimité pour la diriger. Le MNSD semble être en perte de vitesse, sous forme d’un cerbère à deux têtes, avec deux Congrès, deux présidents de parti à l’instar des rivaux Albadé Abouba et Seyni Oumarou, et deux «secrétaire généraux».
L’homme du consensus En dépit de la scission au sein du MNSD et les divergences qui le minent, c’est le ministre d’État Albadé Abouba, homme de consensus, qui paraît le mieux à même d’assurer une certaine stabilité à cette formation politique. MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 41
!"#$%
Ahmed Ben Bellah, premier président de l’Algérie indépendante
Houari Boumediene, président de 1965 à 1978
Chadlil Bendjedid, le 3ème président de l’histoire de l’Algérie
IL ÉTAIT UNE FOIS LA DÉMOCRATURE ALGÉRIENNE Un chef d’Etat qui ne parle pas, qui ne marche pas, au pouvoir depuis le mois d’avril 1999. Un pays riche dont une majorité de la population est pauvre. Une jeunesse désemparée qui ne rêve que de fuir le pays. Une corruption qui a atteint toutes les couches de la société. Une élite démissionnaire qui ne pense qu’à ramasser de l’argent. Bienvenue en Algérie. > Par YOUCEF ZIREM
D
ésormais plus grand pays d’Afrique de par la superficie, l’Algérie est à la veille d’un virage dangereux. Mais comment ce pays qui a entrepris une légendaire guerre de libération huit années durant, face à l’une des plus grandes puissances du monde, est-il ainsi arrivé au bord du gouffre ? Le malaise a commencé dès l’été 1962; l’armée de l’extérieur, basée au Maroc et en Tunisie, prend le pouvoir par la force en écrasant les vrais maquisards de l’intérieur : au mois de janvier 1963, l’agence de presse, APS (Algérie presse service) reconnaît que ces combats fratricides ont coûté la vie à plus de 1.000 Algériens. De l’été 1962 jusqu’au 19 juin 1965, le chef de l’Etat s’appelle Ahmed Benbella, un homme politique limité et obnubilé par l’Egypte de Nasser. C’est le colonel Houari Boumediene qui l’a installé à ce poste. Houari Boumediene de son vrai nom Boukharouba Mohamed reprend son «bien» le 19 juin 1965. A la tête d’un Conseil de la Révolution, il dirige le pays d’une main de fer jusqu’à sa mort le 27 décembre 1978. Un autre colonel, Chadli Bendjedid lui succède. Libéral et à l’écoute de la société, Chadli Bendjedid fait respirer le pays, en 42 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
desserrant l’étau, en permettant une expression populaire plus libre. Mais les prix du pétrole baissent terriblement. Le pays est au bord de l’asphyxie économique. Au mois d’octobre 1988 surviennent de tragiques événements : l’armée tire sur la population en révolte et tue plus de 600 personnes. Chadli Bendjedid assume cette tragédie et permet l’instauration de partis politiques d’opposition, ainsi que des journaux indépendants et libres. Le 12 juin 1990, les premières élections communales libres sont organisées ; un parti politique islamiste, le FIS, en sort vainqueur. Le 26 décembre 1991, durant les premières législatives libres, le FIS perd près de deux millions de voix mais il est à la tête des suffrages au premier tour de cette élection. Cependant les décideurs ont pris la décision de tout arrêter. Le deuxième tour de l’élection n’aura jamais lieu. A partir du début de l’année 1992, l’Algérie bascule dans un cycle infernal de violences multiples. L’arrivée à la tête de l’Etat de Mohamed Boudiaf, un historique de la guerre de libération donne de l’espoir à certains. Mais il est assassiné le 29 juin 1992. Du 25 au 29 avril 2001, des affrontements ont lieu entre la population et la gendarmerie dans toute la
Kabylie. La population demande plus de justice sociale et moins de harcèlement de la part des forces de sécurité et veut que la langue berbère devienne une langue nationale et officielle. Ces affrontements se poursuivent jusqu’à la fin de l’année 2003 et se soldent par la mort de 126 personnes et des milliers de blessés. UN CABINET NOIR IMPITOYABLE Manipulations à grande échelle, liquidations physiques, tortures, embrigadements des différentes associations et autres prétendus partis politiques permettent aux hommes de l’ombre de maintenir le système algérien en l’état. Ce sont eux les vrais décideurs de ce système inamovible. «L’armée intervient ponctuellement lors d’opérations militaires quand c’est nécessaire, mais aussi politiquement de manière permanente à travers un service qu’elle a mis sur pied dès l’indépendance et dont le nom suscite la crainte : la Sécurité militaire. La SM est un service secret dépendant du ministère de la Défense, dont la mission à l’origine est de protéger le moral des troupes. Ce service a ensuite évolué vers une sorte de police politique chargée de
Mohamed Boudiaf a présidé quelques mois seulement aux destinées de son pays avant d’être assassiné en 1992
Abdelaziz Bouteflika, l’actuel président
réguler le champ politique au profit du régime. Les prérogatives de la SM, la nature de ses activités, ses missions de gestion politique de la population, sa présence dans les médias, etc, font d’elle le seul vrai parti politique avec des moyens, des objectifs et une stratégie cohérente. Le régime algérien fonctionne comme un régime de parti unique avec l’apparence du multipartisme. «Depuis l’ouverture démocratique de février 1989, le rôle joué par la SM n’a pas été de favoriser une transition vers le multipartisme sans violence, il a été de manipuler cette violence au profit du régime», écrit le sociologue Lahouari Addi dans un point de vue publié par le quotidien El Watan le 5 avril 1999. Héritière du MALG, la Sécurité militaire a continué à avoir les mêmes privilèges, si ce n’est pas plus. Le DRS, héritier de la SM, est toujours la colonne vertébrale du système malgré l’apparition du clan de l’ouest des Bouteflika, de quelques militaires originaires de Nedroma ou de Tlemcen et d’une caste de riches milliardaires qui veulent avoir un mot dans les affaires politiques. Créés par le tout puissant Abdelhafid Boussouf (il est responsable du MALG dans le premier GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne, en septembre 1958), les services algériens sont dirigés de 1962 jusqu’à 1979 par Kasdi Merbah. De 1979 jusqu’à 1981, ils sont chapeautés par Lyazid Noureddine Zerhouni, devenu par la suite ambassadeur d’Algérie aux USA et plus tard ministre de l’Intérieur dans les gouvernements d’Ahmed Benbitour, de Ali Benflis et d’Ahmed Ouyahia. De 1981 jusqu’à 1988, c’est le général Medjdoub Lakhel Ayat (originaire de Oued Zenati, dans l’est du pays) qui en prend le relais avant d’être limogé le 29 Octobre 1988. Il est alors remplacé par le général Mohamed Betchine qui cédera sa place au général major Mohamed Mediène en juillet 1990. Dirigés depuis plus de 24 ans par le général
Le général major Mohamed Mediène, à la tête de la Sécurité militaire. L’homme le plus dangereux de l’Algérie
de corps d’armée, Mohamed Médiène, les services sont aujourd’hui une machine qui contrôle tout le pays. Les collaborateurs permanents de cette machine se trouvent à tous les niveaux de la société. Homme discret, silencieux, Mohamed Médiène dit Toufik, né en 1939 ; ancien du MALG, était déjà à la présidence de la République, en 1977, du temps de Houari Boumediene. En 1986, il devient chef du département défense et sécurité à la présidence de la République. Jeune officier, à l’ouest du pays il appréciait la compagnie, autour d’un pot, de certains journalistes du quo-
tidien la République, un quotidien d’informations qui paraissait en langue française à cette époque. Mohamed Mediène a été à la bonne école du KGB, il a fait partie de la promotion dite « tapis rouge ». On a souvent dit que l’armée détient le pouvoir en Algérie. En réalité, cette affirmation est à nuancer car il y a des généraux, par exemple dans les régions militaires, à l’intérieur du pays, qui n’ont aucun pouvoir de décision. Le véritable pouvoir en Algérie est aux mains des chefs du DRS qui forment une sorte de «cabinet noir» agissant à sa guise et en toute impunité.
Une cohésion factice
L
a presse algérienne parle, depuis quelques années, de divergences entre la présidence et les services. En réalité, de telles divergences n’ont pas vraiment de consistance. Politiquement, les services ont les mêmes options que tous les animateurs de ce système. Bien des années plus tard après l’arrêt du processus électoral de l’année 1991, l’Algérie est politiquement toujours bloquée. Le règne de Abdelaziz Bouteflika a porté la corruption à son paroxysme, « tribalisé » ( la tribu est devenue une référence ) les esprits et installé une religiosité qui empêche toute réflexion logique. L’opposition politique a également été laminée. «La responsabilité première de cette situation incombe au régime, qui s’est révélé incapable d’évoluer et de s’amender et qui continue de refuser toute démocratisation réelle», estimaient dans une déclaration un groupe de députés du FFS, un parti d’opposition, il y a déjà quelques années. Ces députés avaient fait une analyste juste de la situation ; ils ne s’étaient pas gênés de critiquer l’opposition aussi. «Incapables de prendre en charge le pluralisme inhérent à la société, et donc d’imposer l’alternative démocratique, ils ont fini par perdre toute autonomie et se trouvent réduits à n’être que des instruments au service du pouvoir et de l’islamisme radical», écrivaient-ils. Les énièmes mascarades électorales du pouvoir algérien du 10 mai 2012 et du 17 avril 2014 n’ont pas touché la Kabylie. La région avait complètement boycotté ce non-rendez-vous avec les urnes. Dans cette région, le MAK ( Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie) progresse de jour en jour. D’autres régions du pays ne sont pas loin d’une telle revendication. A Alger, une coordination montée par une partie de l’opposition appelle à des élections présidentielles anticipées pour trouver une issue. Mais il n’est pas sûre qu’elle soit entendue par le pouvoir en place, devenu autiste, incapable de comprendre que le pays est au bord de la dislocation. N’ayant organisé aucune élection libre depuis le 26 décembre 1991, le pouvoir cherche un remplaçant au président Abdelaziz Bouteflika. A Alger, on cite les noms de Abdelmalek Sellal, d’Ahmed Ouyahia, l’actuel et l’ancien premiers ministres et même Said Bouteflika, le frère de l’actuel chef de l’état. A bien des égards, le choix de ce dernier signifierait la plongée du pays dans une tourmente encore plus grande que celles qui n’ont pas arrêté de jalonner son parcours depuis son indépendance. MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 43
RACISME ANTI-NOIR
!"#$%
!’"#$%&'()*%)+,()*"-).* /)/*-&)(0*1$#,+/ Le manège est toujours le même. A chaque fois, un policier Blanc abat un jeune Noir de sang froid. Et n’est finalement pas puni pour son ignoble acte.
> Par PRINCE ESSONNE MFOULOU-ZE
Le policier Darren Wilson
C
haque année, les assassinats d’adolescents noirs aux États-Unis d’Amérique par des Blancs deviennent monnaie courante. Enième fait révoltant: Darren Wilson, un policier Blanc qui s’est rendu coupable du meurtre de Michael Brown en août 2014, n’aura pas à répondre de son acte devant une juridiction appropriée. Il a, comme d’habitude, été innocenté
par un grand jury composé en grande majorité de Blancs. Propulsé sous le feu des projecteurs, il déclarera par la suite avoir «la conscience tranquille»; comme s’il avait simplement écrasé un insecte ! PARODIE DE PROCÈS À FERGUSON La décision du procureur du comté de Saint-Louis est tombée comme un couperet après trois mois
La jeune victime Michael Brown
d’enquête : les poursuites engagées contre Darren Wilson, policier de race blanche, pour le meurtre de Michael Brown, jeune noir de 18 ans, sont abandonnées. Et pour cause, le grand jury a décidé de ne pas inculper le présumé assassin. Dans cette localité où la population est noire à plus de 70 %, le grand jury qui s’était prononcé sur l’affaire était composé de trois noirs contre neuf blancs. Les réactions ne MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 45
!"#$%
A l’enterrement de Travon Martin, victime d’une bavure policière en février 2012
Tamir Rice, 12 ans, lâchement abattu à Cleveland alors qu’il jouait avec une arme factice
– pas moins de 70 durant tout le procès – et les conclusions sans appel de trois légistes différents. Pour les témoins, le jeune homme avait les mains en l’air au moment des tirs meurtriers. Interpelé dans la rue par le policier qui lui reprochait de marcher LES FAITS SONT TÊTUS sur la chaussée au lieu d’être sur le trottoir, Michael Le 9 août 2014, Michael Brown, un jeune homme Brown aurait d’ailleurs tenté de fuir quand le prenoir de 18 ans, est froidement abattu par un poli- mier coup de feu a retenti. Il se serait alors retourcier blanc, alors que celui-ci, selon les témoignages, né, les mains en l’air. Mais le policier était descendu avait les mains en l’air. Son cadavre est resté à de sa voiture arme pointée sur sa victime, avant de l’abandon pendant quatre heures sur la scène du foncer sur lui et de vider son chargeur comme si sa crime avant d’être enlevé par les services de santé vie à lui était menacée. La première balle ayant été de la ville. Premier point d’indignation. tirée de l’intérieur de la voiture alors que le jeune Pendant ce laps de temps, le chef la police de Fer- homme avait le dos tourné, toujours selon les téguson, s’exprimant au moins, il ne pouvait y avoir nom du meurtrier présud‘agression justifiant la léY AURAIT-IL, AU PAYS DES DROITS DE mé dont l’identité est alors gitime défense. L’HOMME, UNE «HONTE» À DÉNONCER UN tenue secrète, donnera pas L’autopsie, demandée par COMPORTEMENT CRIMINEL RÉCURRENT moins de cinq versions la famille de la victime, a QUI SEMBLE ÊTRE DIRIGÉ DE MANIÈRE contradictoires des mêmes d’ailleurs confirmé cette faits. Différentes thèses SYSTÉMATIQUE CONTRE UNE COMMUNAU- version des faits, attestant sont avancées, dont celle que Michael Brown esTÉ PARTICULIÈRE, EN L’OCCURRENCE LA sayait vraisemblablement d’un refus d’obtempérer COMMUNAUTÉ NOIRE ? de se rendre quand il a été suite à une interpellation atteint par le tir fatal. Car, pour vol à l’étalage dans une épicerie. On parlera même d’une supposée la seule façon d’expliquer que le jeune homme ait agression sauvage du policier par la victime au mo- été atteint au-dessus du crâne, était qu’il s’était ment de son arrestation. Mais toutes ces allégations courbé pour se mettre à genoux. Quant aux trois tomberont les unes après les autres sous les déclara- légistes commis à cette affaire, aucun n’a confirmé tions concordantes de plusieurs témoins oculaires la possibilité d’agression physique; des traces de se sont pas fait attendre. Des émeutes ont aussitôt éclaté de manière spontanée dans plus de cent villes des États-Unis d’Amérique. Et toutes dénonçaient l’irrecevabilité de cette décision.
46 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
lutte n’ayant été relevées, ni sur la victime, ni sur son meurtrier. Pourtant, il faudra tout de même un soulèvement populaire pour qu’une enquête fédérale soit diligentée et que le nom de Darren Wilson soit connu du public. Pour la population de Ferguson, il était clair que l’enquête de la police locale présentait des signes inquiétants de partialité. D’ailleurs, trois mois plus tard, au terme d’une enquête très controversée, le procureur du comté de Saint Louis annoncera l’abandon pur et simple des poursuites, faute de preuves suffisantes. RÉACTIONS MITIGÉES EN FRANCE Parmi les quelques réactions remarquées de la classe politique française, il y a eu celle de la garde des Sceaux, Madame Taubira. Après une forte activité de protestation via Twitter où elle a repris à son compte une célèbre citation de Robert Nesta Marley, allias Bob Marley «Kill them before they grow», la ministre de la justice a dénoncé sur France Info le mardi 25 novembre 2014 «les effets d’un racisme latent aux États-Unis et d’une ségrégation raciale et sociale de fait». Madame la ministre a notamment déploré qu’en plus de Michael Brown abattu à seulement 18 ans, Trayvon Martin, à tout juste 17 ans, a été lui aussi abattu en février 2012 en Floride par un homme armé qui le jugeait «suspect». À cette liste non exhaustive, elle a ajouté Tamir Rice, un adolescent de 12 ans abattu encore plus récemment à Cleveland par un policier alors qu’il jouait avec
une arme factice. La garde des Sceaux s’exprimait là sur des faits avérés dont la coïncidence aurait pu paraître curieuse aux yeux de tout le monde. Pourtant, Christian Estrosi, ancien ministre délégué de l’Aménagement du territoire sous Nicolas Sarkozy, sur cette indignation de Christiane Taubira, n’a pas hésité à lancer une diatribe contre celle-ci, déclarant notamment : «J’ai honte pour mon pays d’avoir un garde des Sceaux comme Madame Taubira». On en oublierait presque que madame la ministre de la Justice s’était tout simplement posée la question de la confiance qu’une population pouvait avoir dans les institutions de son pays, lorsque «le sentiment de frustration est aussi fort». Y aurait-il, au pays des droits de l’homme, une «honte» à dénoncer un comportement criminel récurrent qui semble être dirigé de manière systématique contre une communauté particulière, en l’occurrence la communauté noire ? Christian Estrosi aurait-il eu la même
réaction si une personnalité politique française de avait été commis par un noir contre un italo-amérace blanche avait réagi à la place de Madame Tau- ricain, un irlando-américain ou un Juif ? Rien n’est bira ? Se serait-il permis de tels propos si le crime moins sûr.
Absence de réactions officielles à travers le monde
M
algré la forte médiatisation de « l’affaire de Ferguson », les réactions officielles, en dehors de celle du président américain Barak Obama, ont été rares. Bien entendu, il y a eu de nombreux Tweets d’anonymes et de certaines personnalités plus ou moins connues. Mais l’affaire n’a pas vraiment fait débat. En comparaison avec des cas d’injustice perpétrés contre certaines autres communautés, il n’y a pas eu le feu au lac. La classe politique mondiale, connue pour s’être souvent prononcée sur des questions relevant des droits de l’homme, est restée curieusement muette, aussi bien en Occident qu’en Afrique. Aucune réaction n’est venue du Secrétaire Général de l’ONU, encore moins de celui de l’Union Africaine. Les Chefs d’Etats et de gouvernements, réunis à Dakar dans le cadre du sommet annuel de la Francophonie, eux non plus, n’ont pas trouvé la question digne d’intérêt.
LA FONDATION CHARLES EBINA Notre combat :
N
ous comptons parmi les rares organisations sociales à s’impliquer véritablement dans la résolution de problèmes sociaux auxquels le citoyen lambda congolais est confronté au quotidien. Comptant de nombreux bénévoles, et grâce à nos actions bienfaitrices en faveur des populations démunies et vulnérables, notre institution est devenue incontournable au Congo Brazzaville au fil des années. Nos bureaux sont dans l’hôtel Saphir, derrière l’ambassade de France à Brazzaville, Tél : 00 242 06 96 79 602
Des actions permanentes pour un Congo propre Des soins spécifiques en faveur des démunis Le soutien aux handicapés physiques Chaque année, un Noël joyeux pour les orphelins Un don d’ambulance aux Urgences de Brazzaville Une citerne d’eau pour approvisionner les districts délaissés
MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 47
!"#$%#&'#&()*#+#&,!*-+-,#&#+&./*+)!-*#
Spécialisée dans le domaine maritime, SURTYMAR conçoit votre sûreté dans le respect des exigences de votre activité N°1 en France et au Maroc Organisme de sûreté reconnu (RSO) depuis 2004, certifié ISO 9001 Fiabilité, réactivité et respect des engagements clients Nos activités CERTIFICATIONS/ ISPC z BUREAU D’ETUDES TECHNIQUES z FORMATIONS SURTYMAR L’expertise de la sûreté, du secteur maritime et portuaire Surtymar Congo Rue d’Atali, centre ville, Pointe-Noire Tél : 00 242 04 413 30 24
Responsable d’agence Edmond Bouanga ebouanga@surtymar.com
LIVRES PRIX LITTÉRAIRES FRANÇAIS
UN NOUVEAU REGARD SUR LE MONDE Le phénomène a commencé dans le dernier quart de siècle et, depuis, rien ne semble laisser présager son essoufflement : les prestigieux prix littéraires français accordent une part croissante aux auteurs venus de la francophonie entière. Du prix Goncourt obtenu par Tahar Ben Jelloun en 1987 au tout dernier prix Femina accordé à l’auteure haïtienne Yannick Lahens, en passant par Amin Maalouf ou Dany Laferrière, une nouvelle donne du paysage littéraire francophone moderne s’impose : les quelque 75 pays lisant et écrivant la langue de Molière sont le foyer d’une littérature de grande qualité en pleine effervescence. Dans la mesure où l’avenir de la francophonie se situe en Afrique, avec un bassin de lecteurs et de consommateurs de livres en pleine croissance, tout semble destiner la littérature francophone à un avenir prometteur. > Par FARID AIT MANSOUR
D
oit-on parler d’une nouvelle donne géolittéraire mondiale ? Absolument, estime l’écrivain Rodney Saint-Éloi, fondateur et directeur de la maison d’édition Mémoire d’encrier. Traditionnellement, Paris agit comme plaque tournante de la littérature francophone à l’échelle mondiale. Aujourd’hui encore, une grande partie de «la littérature francophone circule par l’appareillage éditorial français. Pour qu’un livre circule entre le Cameroun et le Sénégal et le Québec et Haïti, il faut souvent qu’il soit publié en France», avance l’auteure Jocelyne Saucier, lauréate 2011 du Prix des cinq continents de la Francophonie pour son livre Il pleuvait des oiseaux, publié aux éditions XYZ. Mais la donne est en train de changer, estime Rodney Saint-Éloi, dont la maison d’édition oeuvre justement au croisement des cultures. «De plus en plus, les catalogues de maisons d’édition laissent une place aux littératures francophones venues du monde entier. Beaucoup d’efforts ont été faits du côté de l’édition locale pour que les livres circulent dans tous les pays francophones et pas seulement dans les grands centres.» Selon lui, la littérature francophone d’aujourd’hui nous pousse à revoir la question «du centre et de la périphérie. Le miracle littéraire ne vient plus du
Tahar Ben Jelloun
centre et les auteurs n’ont plus besoin d’être à Paris pour écrire. Sur tous les continents, on assiste à l’émergence de voix nouvelles qui s’assument dans leur marginalité.» Une évolution de la donne qui
va de pair avec l’évolution de la demande. «Ce qui change fondamentalement, c’est que les lecteurs veulent lire autre chose.» Et, dans cette évolution de l’offre, la littérature s’ouvre sur l’humanité. MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 49
LIVRES «C’est une littérature qui porte un nouveau regard sur le monde, un regard beaucoup plus ouvert et alternatif. Il y a une autre forme d’altérité qui prend forme.» Les voix indiennes, africaines, haïtiennes, québécoises ou antillaises trouvent désormais des échos à l’échelle internationale dans l’expression de leurs réalités plurielles. «C’est à nous en tant que lecteur, producteur, écrivain ou éditeur d’entrer en altérité avec toutes ces autres voix du monde.» Du sang neuf à la littérature francophone Quant à l’estimation du potentiel novateur de cette littérature en pleine effervescence, Rodney Saint-Éloi ne mâche pas ses mots : «Ce n’est pas Paris qui renouvelle la littérature. Partout, il y a du sang nouveau qui est injecté au coeur de la littérature. On assiste à un affranchissement de toutes les formes de tutelle», par contraste avec une époque où les auteurs écrivaient pour que la France les entende. «Au début du XXe siècle et jusque dans les années 1950 et 1960 en Haïti, les auteurs écrivaient non pas pour parler à leurs compatriotes, mais pour parler aux grands centres et pour voir si la France
Yannick Lahens
visions du monde plurielles qui nous sont données à découvrir. À travers le texte, c’est l’âme du pays qui s’ouvre. «En tant que francophones, nous avons la chance de pouvoir lire dans le texte des livres qui viennent de 75 pays. Nous pouvons découvrir comment une même langue vit ailleurs.» Une richesse inestimable, selon elle, qui nous permet de «lire notre langue à travers le prisme d’une autre culture, d’une autre perception de la vie, et de connaître les altérités multiples de notre langue dans différents imaginaires». Une parole d’autant plus importante que la littérature francophone est aussi l’expression d’une culture longtemps niée par les institutions littéraires. «On leur a dit que leur culture n’est pas une culture, on leur a dit que leur imaginaire n’est pas un imaginaire», ajoute Rodney Saint-Éloi. Face à la négation, ces auteurs «ont tout à construire. Au-delà du littéraire proprement dit, ils ont une mission citoyenne, politique, idéologique.» Selon Jocelyne
«LE FRANÇAIS VIT DE MANIÈRE DIFFÉRENTE DANS BEAUCOUP DE PAYS. PUISQUE CHAQUE PAYS FAIT VIBRER SA LANGUE À PARTIR DE SES ACTIVITÉS ET DE SON EXPÉRIENCE, LA LITTÉRATURE DEVIENT L’EXPRESSION D’UNE SENSIBILITÉ ET D’UNE
Dany Laferrière
VISION DU MONDE.»
allait les remarquer.» Alors qu’aujourd’hui, même si «les francophones du monde entier ont été nourris à la mamelle de la littérature française», selon les mots de Jocelyne Saucier, les littératures nationales s’affirment en s’éloignant de leur modèle commun. Dans cette littérature qui se construit en marge du centre, la langue respire dans toute sa diversité. «Le français vit de manière différente dans beaucoup de pays. Puisque chaque pays fait vibrer sa langue à partir de ses activités et de son expérience, la littérature devient l’expression d’une sensibilité et d’une vision du monde.» Et ce sont précisément ces 50 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
Amin Maalouf
Saucier, cette richesse ne peut que prospérer à l’écart d’un appareil éditorial centralisé qui est peu enclin à respecter les différences linguistiques régionales. «Il ne faut pas niveler ni diluer les littératures nationales. Or la France a beaucoup de difficulté à tolérer les néologismes qui viennent des autres pays francophones», rappelle-t-elle.
LIVRES Une synergie nécessaire entre les toutes les littératures francophones
L
a clef de voûte de la littérature francophone demeure donc le dialogue. «La littérature francophone n’existe que tant qu’il existe des littératures francophones nationales fortes, entre lesquelles il faut créer une synergie.» Le Prix des cinq continents de la Francophonie en est un exemple, ou encore les Rencontres québécoises en Haïti organisées en mai 2013 pour les dix ans de Mémoire d’encrier. Un exercice que Rodney Saint-Éloi s’apprête à renouveler avec
Les offres du cabinet BASYCA s’étendent du conseil à l’intégration des systèmes d’information en passant par : → une maîtrise parfaite du modèle économique du business ou du projet de ses clients → des démarches adaptées au client
méthodologiques
→ l’assistance dans l’exécution des tâches du client → la formation et l’éxécution du changement de stratégie
le projet en cours d’élaboration des Nuits amérindiennes en Haïti, destiné à «réactiver une mémoire indienne commune à la fois au Québec, au Canada et à Haïti et à amener les auteurs amérindiens sur d’autres problématiques. Qu’est-ce qu’être Haïtien, être nègre? Qu’est-ce que l’esclavage? Les rencontres pourront explorer quelque chose qui existe en Amérique, qui pourra éclater et élargir leur imaginaire. La francophonie doit permettre la solidarité entre ces archipels francophones.»
Ces points nous permettent d’être en parfaite adéquation avec les offres de nos clients, dans un environnnement de mutations, au travers de trois gammes de service : →!"#$%&#!&'()*+,-(. ! →!"#$%&#!$'+*,-'() ! ! !!→!"#$%&#!/-(0(1232(, 42!&05-(2,!"#$%&#!2),!50)6!7!&','('*!0*!"6(-( 8-921,2*9!.6(690+!:!#(;-;2!"0<09'* =6+!!>>!??@!@A!@A!?@!?@ !!!!!!!>>!??@!@A!BA!CB!CB 0(;-;2D50<09'*E50)F10G.9'*HD1'3 IIID50)F10G.9'*HD1'3 MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 51
Centrale Visa Congo
LIVRES
TCHICAYA U TAM’ SI GÉRALD
L’ÂME POÉTIQUE DE L’AFRIQUE PROFONDE L’âme de l’Afrique affleure chaque poème de Tchicaya U Tam’si Gérald, un monument de la littérature francophone. Retour sur le parcours littéraire singulier d’un romancier “toujours copié, jamais égalé”. > Par YOUCEF ZIREM
L
a collection « Continents noirs » des éditions Gallimard a largement contribué à faire connaître cette grande voix de la littérature africaine en publiant une grande partie de l’oeuvre magique de Tchicaya U Tam’si, « J’étais nu pour le premier baiser de ma mère »; ce livre est une ballade sur les chemins de la création africaine, une entrée fracassante et heureuse dans le rêve africain. Dirigée par l’écrivain et traducteur, Jean-Noël Schifano, la collection «Continents noirs» ne finit pas de surprendre les lecteurs avertis. Ce sont souvent des merveilles qu’elle publie. C’est le cas avec ce travail de rassemblement d’une partie de l’oeuvre ce grand poète qu’est Tchicaya U Tam’si. Admirateur des littératures africaines, écrivain de talent, Jean-Noël Schifano est également traducteur; c’est lui qui a donné à lire, à de nombreux lecteurs, en français, l’oeuvre innovatrice d’Umberto Eco. Tchicaya U Tam’si laisse des écrits qui font voyager,
qui poussent les uns et les autres à s’interroger sur leur existence. LA PAIX D’ÊTRE CONGOLAIS Rassemblée en un seul volume, l’œuvre poétique de l’un des plus grands auteurs du continent africain du XXème siècle a enfin trouvé une reconnaissance éditoriale à travers le prestige des éditions Gallimard, plus précisément dans cette collection plurielle, Continents Noirs. «Solitaire comme un crabe, râpeux, sarcastique, Gérald Felix Tchicaya eut l’audace bien avant son contemporain, le Nobel nigérian Wole Soyinka (1986) de «faire voler en éclat les certitudes de la négritude», estime le magazine français Le Nouvel Observateur, devenu récemment L’Obs. «Oublier d’être nègre pour pardonner cela au monde, qu’on me laisse la paix d’être Congolais.», une affirmation qui lui coûte à l’époque très cher pour les reconnaissances futures, mais lui permet de s’affranchir de l’ombre tutélaire
de son père, Jean Félix Tchicaya, élu député du Moyen Congo en 1945, à l’Assemblée Constituante à Paris; soit une année après la Conférence de Brazzaville, troquant le régime colonial pour celui de la politique d’assimilation.», ajoute L’Obs. C’est à l’âge de 15 ans que l’écrivain arrive en France. Bantou et fier de l’être, le poète vient de Pointe Noire, où se retrouve l’océan Atlantique et l’immense fleuve Congo. En France, il commence par faire des études à Orléans. Boiteux, c’est un bon vivant, qui adore écrire. « Les mots n’ont pas de centre de gravité, ils tiennent debout penchés ou couchés » écrit-il dans MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 53
LIVRES « Le mauvais sang », son premier recueil de poèmes qui paraît en 1955. Après bien des aventures dans la vie et dans l’écriture, Tchicaya rencontre Patrice Lumumba, les deux hommes s’entendent. Le poète dirige alors le journal Congo; mais cela ne dure pas trop. Au mois de décembre 1960, l’écrivain revient à Paris. Patrice Lumumba est assassiné au mois de janvier 1961, le lendemain c’est au tour du père du poète de décéder à Pointe Noire. C’est une période noire pour le créateur africain. « … Dans ma tête, des hommes à couteaux tirés, vivent dans leur sommeil, la meilleure part de leur gangrène », confie le poète. Tchicaya U Tam’si entre ensuite à l’Unesco, il y reste jusqu’en 1985. L’institution internationale est pour le créateur africain une belle halte pour analyser de près les nombreuses mutations du monde, pour côtoyer les différentes cultures du monde, pour aller au plus profond de ses nombreuses investigations intellectuelles. Entre-temps, la poésie l’accompagne toujours. L’écrivain haïtien René Depestre et ses proches auteurs congolais Sylvain Bemba, Jean Baptiste Tati-Loutard et l’immense Sony Labou Tan Si vont l’encourager à écrire du roman. LES RECOINS LES PLUS SOMBRES DE LA VIE «Les Cancrelats», «Les Méduses», «les Phalènes» sont alors de sublimes fictions qui sortent dans les années 80, sous sa plume bien inspirée. Il est question dans ces textes de la violence colonialiste, du temps qui passe irrémédiablement, de l’avenir africain à construire. «Ces fruits si doux de l’arbre
54 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
Patrice Lumumba fut un ami de Tchicaya U Tam’si. Les grands esprits se retrouvent toujours
pain» est un roman-phare qui sort en 1987 chez Seghers, dans la Collection des chemins d’identité. «Je pense au ventre de ma mère, à tous les ravages que je lui ai fait subir à coups de pied, quel enfant immodeste déjà ! J’ai toujours été une forte tête avec un goût irrépressible de profaner surtout les sanctuaires, il fait toujours bon aller musarder dans les
recoins les plus sombres de la vie. Là, je me sens en paix», raconte-t-il. Le poète a écrit également du théâtre. En 1977, il écrit sa pièce, «Le Zoulou»; c’est un texte plein de symboles, de quêtes identitaires, de questionnements douloureux et profonds. Une autre pièce, «Le bal de N’dinga», un récit à quatre voix mais imaginé comme un monologue, est monté par Gabriel Garan en 1989. Gabriel Garan qui vient de publier un récit émouvant, «Géographie française», aux éditions Flammarion, dans lequel il raconte comment il a survécu à la barbarie nazie. La pièce est un total succès critique et public : plus de 300 représentations au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris 10ème; la pièce est aussi jouée en province en France, en Afrique, dans les Caraïbes. Des transitions, il y en a eu beaucoup également dans la vie de Tchicaya U Tam’si; elles lui ont permis d’aller d’un genre littéraire à un autre, avec un bonheur certain. Comme son compatriote, Sony Labou Tansi et tant d’autres grandes plumes d’Afrique, il a emprunté des sentiers escarpés pour dire les vérités
L’écrivain Sony Labou Tansi, autre ami de Tchicaya U Tam’si
LIVRES
L’écrivain haïtien René Depestre a été l’un de ceux qui ont mis le pied à l’étrier littéraire à Tchicaya u Tam’si.
africaines qu’on n’arrête pas d’occulter, encore aujourd’hui, ici et là. Ces vérités dérangent toujours les intérêts des puissants de ce monde. «J’étais nu pour le premier baiser de ma mère», c’est le titre inspiré de ce recueil des œuvres poétiques complètes de Tchicaya U Tam’ Si que les éditions Gallimard offrent à tous les amoureux du verbe bien ficelé. C’est justement ce verbe qui sait réconcilier l’homme avec lui-même, ce sont certainement des mots forts de cet acabit qui permet à l’homme de ne jamais renoncer à l’espérance. Par-
mi les autres livres de Tchicaya U Tam’si, on peut également citer, «Le Mauvais sang» ( 1955), «Feu de brousse» ( 1957) ou encore, «Epitomé» ( 1962). «Le mauvais sang », fut le premier livre de Tchicaya U Tam’si; ce fut un événement littéraire déjà en cette année 1955 avant même l’accès à l’indépendance de son pays, le 15 août 1960. Quand elle est profonde et pure, comme dans «Le mauvais sang», la poésie ne passe pas inaperçue; elle reste alors dans la mémoire des amoureux du verbe, elle s’inscrit sur les tablettes du chemin de l’éternité.
Une vie d’artiste bien remplie Tchicaya U Tam’ Si est né à Mpili, près de Brazzaville en 1932. L’auteur incomparable du roman, Les Cancrelats (édité en 1980), est mort à Bazancourt, dans l’Oise, au mois d’avril 1988. Toute une vie passée à créer des mots, des imaginaires; toute une vie passée à s’interroger sur la place de l’Afrique dans un monde tourmenté et souvent injuste. Les certitudes de Tchicaya U Tam’si sont en rapport avec le vécu et les aspirations profondes de cette Afrique qui sortait du colonialisme, qui aspirait à retrouver ses racines pour rebondir de plus belle, pour se construire sur des bases solides. La nuit coloniale avait
tenté de brouiller les pistes durant de longues années; la nuit coloniale avait ignoré la dimension artistique et spirituelle de cette Afrique ancienne. Tchicaya U Tam’si fait partie des écrivains africains qui ont essayé de rendre ses lettres de noblesse à cette Afrique blessée. Tchicaya U Tam’si est aujourd’hui, près de trente ans après sa disparition, à bien des égards, l’âme poétique de l’Afrique profonde. Une Afrique qui sait se réapproprier sa mémoire, justement depuis cette nuit des temps qui avait vu les premières femmes et les premiers hommes se diriger vers les autres continents, encore vierges de toute existence humaine.
MANAGERS Afrique N°44 / sept-octo 2014 | 55
MANAGERS Afrique Des parcours, des ambitions et des rĂŠussites
Chaque deux mois en kiosques
MANAGERS Afrique, c’est également le support de référence des étudiants des grandes universités africaines.
MANAGERS Afrique est le premier bimestriel international positionné réussite Afrique et diaspora.
Choisir MANAGERS Afrique, c’est avoir la certitude de toucher les chefs d’entreprise, les cadres et les dirigeants politiques d’Afrique.
«Nous donnons la parole à l’élite africaine, où qu’elle se trouve. »
CINEMA
DOUZOUA KOUABO SUR LES PAS DE MORGAN FREEMAN Ancien élève des cours Simon, et auditeur libre au Conservatoire national de théâtre de Paris dans les années 70, Douzoua Kouabo est titulaire d’une licence en Administration Economique et Sociale de l’université de Jussieu à Paris. Après une première année de maîtrise dans la même filière à la Sorbonne, il obtient le diplôme d’ingénieur technico-commercial au Conservatoire national d’art moderne à Paris. Malgré son talent artistique exprimé dans plusieurs représentations théâtrales et son riche parcours universitaire, Douzoua Kouabo a plutôt exercé dans la vente (livres, journaux, disques, prêt-à- porter) et la communication sociale. Il tient un kiosque à journaux face à la Galerie Gaieté (Paris 14eme) depuis une quinzaine d’années. > Propos recueillis par Mouftaou Badarou
58 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
CINEMA
«LES CINÉASTES AFRICAINS DOIVENT SE FORMER DAVANTAGE…» Monsieur Kouabo, beaucoup de ceux qui vous ont vu jouer vous comparent à l’acteur américain Morgan Freeman... C’est trop d’honneur que vous me faîtes. Vu la carrière et le talent de l’homme. Personnellement, je ne me permettrai pas une telle comparaison, même si l’on me dit souvent que je ressemble à ce comédien américain. Cela dit, c’est toujours un plaisir de remarquer que l’on est apprécié dans ce que l’on fait, c’est tout simplement un encouragement que j’accueille favorablement et modestement. De diffuseur de presse, comment se retrouve-t-on comédien ? D’aucuns diront que c’est un hasard. Mais, je pense que dans la vie, rien n’est fortuit. Mon apparition à l’écran vient de la rencontre avec un jeune réalisateur centrafricain du nom de Régis Béninga. De passage devant mon kiosque à journaux, il a vu en moi le visage de l’un des personnages de son film «une couleur de vie» qui était en préparation. Il m’a proposé de l’interpréter. La thématique de son film ayant des analogies très fortes avec mon parcours, j’ai volontiers accepté de tenter l’expérience. Le film a été un succès tant auprès du public que des professionnels. Avec dix sélections officielles dans des festivals internationaux, le film a remporté cinq prix dont celui de la meilleure interprétation masculine qui m’a été attribué lors de la 7ème édition du Festival International du court métrage de Douala (FICOD). Ce film m’a donné envie de renouer avec une de mes passions de jeunesse, le théâtre. Il faut dire qu’avant de devenir commercial, j’ai eu une carrière artistique, dans la première partie de ma vie. Ancien élève des Cours Simon et auditeur libre au Conservatoire national de théâtre dans les années 70, j’avais eu à interpréter plusieurs rôles au théâtre. Seulement, les circonstances ont fait que j’ai délaissé le plancher pour autre chose. La rencontre avec ce jeune homme m’a permis de renouer, depuis quelques années, avec mes premiers amours. Quelles sont actuellement les propositions de rôles qui vous ont été faites ? Dans quels prochains films vous verrat-on jouer ? J’ai reçu plusieurs propositions depuis le succès d’ «une couleur de vie». Malheureusement pris par mon travail au kiosque, et notamment confronté à d’autres circonstances de
la vie, je n’ai pu répondre favorablement à toutes les sollicitations. A ce sujet, je regrette particulièrement ne pas avoir disposé du temps nécessaire pour interpréter le rôle de l’oncle d’Omar Sy dans le film Samba, rôle pour lequel j’étais pressenti par la production. Mais, ce n’est que partie remise, vu que d’autres projets sont en cours. Je vous en dirai davantage au moment opportun. Pour l’heure, je suis tenu par les clauses de confidentialité, comme c’est souvent le cas dans notre milieu. Nollywood est devenu la 2ème industrie du cinéma au monde... Votre avis sur cette performance? Pour une des rares fois que l’on parle positivement de l’Afrique, je ne peux que saluer les efforts consentis par les acteurs et les producteurs nigérians. Le cinéma est un vecteur de promotion d’une culture. Les Occidentaux l’ont si bien compris. Je me réjouis du fait que les Africains s’y mettent à leur tour. Les cinéastes et producteurs nigérians se doivent maintenant de pérenniser ce succès en rendant le cinéma nigérian compétitif, du point de vue du contenu des films.
Je regrette particulièrement ne pas avoir disposé du temps nécessaire pour interpréter le rôle de l’oncle d’Omar Sy dans le film Samba, rôle pour lequel j’étais pressenti par la production.
En dehors de ce cas unique de cinéma nigérian à succès, comment véritablement industrialiser le cinéma africain et le rendre productif ? Je pense que les professionnels du métier doivent davantage se former et s’adapter aux nouvelles technologies. En Afrique, beaucoup de gens prétendent faire du cinéma, ou aiment faire du cinéma mais ne se soucient pas de la formation. Le manque de formation a une repercussion évidente sur la qualité artistique et esthétique de plusieurs films de réalisateurs africains. S’il y a un domaine ou le cinéma africain a des efforts à faire, c’est bien celui-là. J’ajouterai aussi que le contenu des films doit tenir compte des réalités du monde actuel.
MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 59
CINEMA
FOOT ET IMMIGRATION EN FRANCE
LE REGARD LUCIDE D’ERIC CANTONA Projeté le 12 novembre 2014 au musée de l’Histoire de l’immigration du Palais de la Porte dorée à Paris, le film d’Eric Cantona et de Gilles Perez, diffusé sur Canal Plus le dimanche 16 novembre 2014 à 20h 50 rappelle des faits méconnus et des parcours dignes d’intérêt. > Par YOUCEF ZIREM
L
e mérite de ce documentaire est de nous expliquer les problèmes actuels par une belle plongée dans l’Histoire. Oui, l’immigration a beaucoup apporté à la France ; oui, on a toujours stigmatisé les immigrés, en dépit de la bravoure de certains pour se surpasser et pour simplement exister. Terre d’accueil, la France s’est aussi faite grâce à ces apports venus d’ailleurs. LE FOOTBALL POUR PASSER LE TEMPS De Raymond Kopa à Mamadou Sakho, tant de footballeurs d’origine étrangère ont porté le maillot tricolore, souvent avec
60 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
bonheur. Naturalisé à 21 ans, le Polonais Kopaszewski avait travaillé dans une mine avant de devenir un grand footballeur qui a marqué l’histoire de ce sport. Il a ainsi contribué à l’obtention de la troisième place par la France durant la coupe du monde 1958. C’est le cas également de Maryan Wisniewski qui a témoigné dans le film. Joueur du RC Lens, son club de cœur, ailier droit de valeur, il est tout jeune quand il porte, pour la première fois, le maillot tricolore. C’est contre l’Islande qu’il marque son premier but en équipe de France, le 1er septembre 1957. Wisniewski est encore aujourd’hui le co-recordman du plus grand nombre de buts marqués sous le maillot de Lens,
CINEMA
Jean Amadou Tigana
Raymond Kopa
DE RAYMOND KOPA À MAMADOU SAKHO, TANT DE FOOTBALLEURS D’ORIGINE ÉTRANGÈRE ONT PORTÉ LE MAILLOT TRICOLORE, SOUVENT AVEC BONHEUR.
avec l’Algérien Ahmed Oudjani. Roger Pantioni, un autre héros de la coupe du monde 1958, lui, est né dans la Meuse de parents italiens, comme Michel Platini. Italiens et Polonais ont souvent joué au football dans les cités pour passer le temps, nous explique le film. Attaquant incontournable de l’équipe de France, Roger Pantioni était un terrible gaucher qui avait marqué les esprits durant la coupe du monde de 1958. C’est dans la cité minière de La Mourière, en Meurthe-et-Moselle, qu’il a passé sa jeunesse. ILS L’APPELAIENT BAMBOULA Jean Tigana, né au Mali, d’un père malien et d’une mère française, a construit un discours impressionnant dans ce documentaire : tout en revenant sur l’histoire de sa famille, il dénonce, avec lucidité, cette France de ségrégation qui marginalise tout un pan de sa société. C’est à l’âge de trois ans que Jean Tigana arrive à Marseille, avec ses parents. Il tape dans ses premiers ballons dans les quartiers sud de la ville avant de signer avec le club des Caillols, à l’âge de 17 ans. «Je dois beaucoup à ce club. Ce qui m’a le plus marqué, c’est son cosmopolitisme, la mixité qu’il y avait dans nos équipes de jeunes déjà à l’époque. Je n’ai jamais eu de problème de racisme ici, aux Caillols, en tout cas quand on jouait à domicile. A l’extérieur, ce n’était pas pareil. On m’appelait Bamboula...Par la suite, quand j’ai commencé ma carrière professionnelle, on m‘a vraiment fait sentir ma « différence », j’ai eu droit à des insultes sur le terrain, des remarques de journalistes, etc... », se souvient Jean
Tigana. C’est le 23 mai 1980 qu’il fait ses débuts avec l’équipe de France. En coupe du monde en 1982, il fait sensation. Pendant des années, il est une pièce maîtresse de l’équipe de France. Luis Fernandez raconte avec émotion et humour, ses origines espagnoles et son amour de la France. C’est à l’âge de 17 ans qu’il est repéré par l’AS Nancy. Ne pouvant être retenu dans le club lorrain pour sa nationalité espagnole, il signe un contrat de stagiaire au PSG. Il demande alors sa naturalisation qu’il obtient au mois de janvier 1981, à l’âge de 22 ans. Michel Hidalgo l’appelle en équipe de France à la fin de l’année 1982. Luis Fernandez gagne tout de suite en assurance au milieu du terrain tricolore, aux côtés de Platini, Giresse et Tigana. Dans une ambiance folle, il gagne l’Euro 1984, organisé en France. «L’Euro c’était la consécration, j’ai rarement ressenti une telle joie. Gagner une compétition international devant son public, avec une équipe de potes, c’était un truc de dingues», avoue-t-il. Pour tous ces joueurs, la question des racines s’est souvent posée. Basile Boli n’a pas échappé à cette règle. «La Côte d’Ivoire reste mon pays, mais je ne me voyais pas jouer pour elle. Je suis arrivé très jeune en France pour poursuivre mes études. L’équipe de Côte d’Ivoire n’avait rien à voir avec celle d’aujourd’hui. Cette équipe de France, c’est le seul regret de ma carrière. On avait une équipe talentueuse avec des joueurs comme Papin, Cantona ou Ginola mais on enchaînait les échecs. On n’a pas su monter notre niveau de jeu dans les moments importants. J’aurai aimé gagner un titre avec les Bleus car je suis profondément attaché à ce maillot et aux valeurs qu’il représente. Malheureusement on ne peut pas refaire l’Histoire», soupire Basile Boli, avec une certaine amertume. Zineddine Zidane se souvient des ses entraîneurs généreux qui l’avaient aidé à devenir une idole. Pour lui, les racines sont importantes. En se remémorant tout son parcours, les sacrifices de son père, de toute sa famille, Zidane ne peut retenir ses larmes. Mais c’est surtout son père Smail qui sait trouver les mots justes pour aller à l’essentiel. Après avoir travaillé près de dix ans, à Saint Denis, dans la région parisienne, Smail Zidane avait décidé de MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 61
CINEMA
Zinedine Zidane
Basile Boli
« 90 minutes de pur bonheur »
Q
uatre-vingt dix minutes durant, à travers son documentaire, Eric Contana, dont le père vient de Sardaigne, nous replonge dans un passé pas si lointain du foot français. Ancien footballeur, devenu acteur et producteur à travers sa société Canto Bros Productions, il est champion d’Angleterre avec Leeds United, et quatre fois champion avec
Manchester United. En 2009, il avait avait coproduit le film de Ken Loach, « Looking for Eric », où il joue son propre rôle. «Foot et Immigration, 100 ans d’histoire commune» est une exhortation au partage, au vivre-ensemble, aux valeurs humaines pour supplanter la haine du prochain. Ce documentaire peut, à bien des égards, s’avérer salvateur, sportivement et surtout politiquement.
62 | MANAGERS Afrique N°44 / sept-octobre 2014
rentrer en Algérie durant l’été 1962. Mais à Marseille, il devait attendre trois jours avant le départ du bateau. Et c’est là qu’il rencontre la femme de sa vie ; il reste donc à Marseille et fonde une famille. Smail Zidane insiste beaucoup dans ce documentaire sur l’importance de la Kabylie, de l’Algérie. Témoignage extraordinaire : la mère d’Eric Cantona raconte en pleurs l’histoire de sa famille de résistants sous la dictature de Franco en Espagne. La brave mère de famille rappelle la tragédie des camps installés en France pour les nombreux réfugiés espagnols. Autrefois, on ne chantait pas l’hymne national ; le film nous apprend que chanter l’hymne national sur un terrain de football est une pratique toute récente. Eric Cantona donne également la parole au philosophe Edgar Morin, au sociologue Stéphane Beaud et au philosophe Jean-Claude Michéa qui a écrit le livre, « Le plus beau but est une passe » ( sorti aux éditions Flammarion ). « Le mépris du football est le signe d’une véritable infirmité intellectuelle », estime Jean-Claude Michéa. Ce philosophe de talent défend des valeurs morales collectives dans une société de plus en plus individualiste et libérale, faisant exclusivement appel au droit et à l’économie pour se justifier. Jean-Michel Michéa fait l’éloge du football en tant que sport populaire par excellence mais il critique l’industrie footballistique. C’est cette industrie qui dénature les vraies valeurs de ce sport. La course à l’argent des uns et des autres fait du mal à ce sport qui donne du rêve à des millions de personnes, à travers les quatre coins du monde.
lifestyle VOYAGER MALIN EN AVION Voici quelques astuces pour ne pas voyager coincé entre des passagers bavards ou à côté des toilettes. > Par OUMAR LÔ
L
es compagnies aériennes jouent vraiment de la malice en haute saison ! Parfois, les avions sont surchargés, les rangées entre sièges resserrées. Quand les compagnies aériennes veulent rentabiliser les vols, elles s’y mettent à fond, causant bien de désagréments aux passagers. Ainsi, vous pouvez vous retrouver coincé sur un siège à côté des toilettes. Vous devez alors subir les allées et venues incessantes des autres passagers, sans compter le fait que le dossier d’un tel siège ne peut être rabattu. Quel inconfort de voyager dans cette posture pendant six à dix heures ! Le supplice peut être le même, si vous vous retrouvez coincé entre deux parfaits inconnus qui confondent l’espace confiné d’un avion avec le bistrot de leur quartier. Alors que faire ? Sachez que vous pouvez choisir votre place au moment de l’enregistrement, même en dernière minute au comptoir. Mais demandez-le gentiment à l’hôtesse, avec un sourire Colgate ! Même si on vous a attribué une mauvaise place à l’enregistrement, vous pouvez faire modifier votre siège en arrivant très tôt à l’aéroport. C’est le bon principe du premier arrivé, premier servi. Puisque les guichets d’enregistrement ouvrent trois heures à l’avance, vous prétexterez par exemple d’un souci de santé pour changer de siège.. Mais là encore, vous n’auriez que les places encore disponibles. On ne vous attribuera pas un siège réservé à l’avance, à l’agence ou en ligne. La réservation est toujours gratuite, sauf pour les billets promotionnels, ou sur les compagnies « low cost » dont les sièges ne sont même pas numérotés. Pour ces vols, mieux vaut être le premier dans la file en salle d’embarquement. Autre astuce : repérer sur Internet la configuration de l’avion à bord duquel vous allez voyager. Quoi qu’il en soit, si vous êtes de grande taille, vous voya-
geriez plus confortablement en tête de rangée par exemple, vous pourriez ainsi allonger les jambes dans l’allée. Les sorties de secours offrent également des espaces plus larges, et vous pourriez sortir rapidement de l’avion en cas de pépin. Mais, pour y être installé, le passager doit obligatoirement être mobile, avoir 16 ans au moins et parler la langue de la compagnie; l’objectif étant qu’il comprenne les consignes d’évacuation, et qu’il puisse assister l’équipage au besoin. Dans un avion, mieux vaut également éviter la proximité de la cabine de stockage des repas. L’odeur, le bruit et les allers et venues des hôtesses vous indisposeront à coup sûr. Selon les appareils, cette cabine est située au centre de l’avion ou tout au fond. Si vous voyagez en couple ou en famille, il faudra s’enregistrer ensemble afin que les hôtesses prennent en compte la totalité des membres de la famille pour regrouper les sièges voire bloquer toute une rangée. Les familles avec bébés se verront d’emblée proposer la première rangée de chaque zone; celle-ci disposant d’un masque à oxygène supplémentaire pour le berceau. Pour les groupes, les billets ayant été généralement achetés ensemble, les compagnies leur attribuent la plupart du temps des sièges à l’avance. Ce qui évite la dispersion dans l’appareil. Enfin, n’hésitez pas à faire jouer la courtoisie en
vous mettant d’accord avec d’autres passagers pour échanger les places qui vous intéressent. MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 63
lifestyle LE PRIX DES BILLETS D’AVION
NE VOUS FAITES PAS ARNAQUER ! Savez-vous déchiffrer le prix de vos billets d’avion ? Quel taux de TVA a-t-on appliqué ? Y a-t-on inclus la taxe d’aéroport ou de solidarité ? Voici comment y voir clair. > Par BÉCHIR DAHHAK
L
a règle de la liberté des prix, en vogue depuis le 1er janvier 1987 en France et en Afrique francophone, est parfois le prétexte à l’inflation du prix des billets d’avion. Pourtant le Code de la consommation met à la charge du vendeur une obligation d’information assez large concernant les composantes du bien vendu ou des prestations de services fournies, notamment à propos des prix. Selon l’arrêté du 3 décembre 1987 « relatif à l’information du consommateur en matière de prix », le vendeur doit également afficher de manière visible et lisible, le prix des produits ou services, disponibles à la vente et proposés aux consommateurs, exprimé toutes taxes comprises. La publicité comportant un prix doit donc permettre au consommateur de calculer simplement le coût du service vendu. En résumé, le prix vanté au consommateur doit être clairement exprimé et ne
64 | MANAGERS Afrique N°44 / sept-octobre 2014
doit pas lui imposer une « gymnastique intellectuelle » pour parvenir au montant réel TTC qu’il lui faudra régler pour la prestation vendue. Les agences de voyages et les tours-opérateurs bénéficient d’un régime spécifique en matière d’affichage des prix puisque la grande diversité de leurs prestations de services ne leur permet pas d’établir une affiche parfaitement visible par la clientèle. Il leur est permis de remplacer l’affichage par une brochure complète mise à la libre disposition du public. Quant à la vente de voyages, en ligne, le prix des prestations doit être indiqué de façon précise au consommateur avant la conclusion du contrat ainsi que le montant des frais de livraison. Ce mode de communication sur les prix est toutefois un frein à la communication des tarifs TTC. En effet, les brochures ou catalogues devant être édités à l’avance, les voyagistes ne peuvent pas y intégrer certains éléments variables du prix.
Certains voyagistes ou compagnies aériennes avant-gardistes ont d’ores et déjà relevé le défi d’afficher des prix toutes taxes comprises. Ils estiment, certainement à raison, que la transparence tarifaire permet de gagner la confiance du client et qu’elle représente un argument de vente supplémentaire. L’affichage hors taxe nuit certainement à l’image des voyagistes et le spectre de la publicité trompeuse n’est pas loin. D’autres ont déjà imaginé des brochures sans prix et une information complète et sans cesse actualisée en agence ou sur leur site Internet. Sans doute, l’avenir d’une profession qui bouge et s’adapte sans cesse. Cependant, l’exigence des prix TTC, ne doit pas se révéler néfaste pour les consommateurs. Les compagnies aériennes ne doivent pas dissimuler une augmentation des prix par l’intégration préalable d’une future hausse du carburant ou des taxes.
lifestyle PERTE DE BAGAGES
VOS DROITS FACE AUX COMPAGNIES AERIENNES
S
elon les statistiques communiquées par l’AEA (Association of European Airlines), le nombre de bagages égarés par les compagnies aériennes européennes est en constante
hausse. Entre 2013 et 2014, leur nombre a en effet augmenté de 21,2%, alors que le nombre de passagers transportés a connu une hausse de 17,4%. Toujours en 2014, et cette fois au niveau mondial, on estimait à 42 millions le nombre de bagages égarés, soit en moyenne 80 par minute ! Le droit applicable Deux régimes coexistent : 9 La Convention de Montréal du 28 mai 1999, applicable aux vols entre deux États qui l’ont ratifiée et tous les vols des compagnies communautaires, quelle que soit la destination, y compris les vols intérieurs des États de l’Union européenne (règlement communautaire 889/2002). 9 La Convention de Varsovie du 12 octobre 1929 et ses protocoles additionnels, applicables aux vols entre deux États qui n’ont pas ratifié la Convention de Montréal, ou des vols entre un État l’ayant ratifiée et un autre État ne l’ayant pas ratifiée, quelle que soit la nationalité de la compagnie. La convention applicable au vol est spécifiée sur le billet d’avion. Leurs dispositions ne concernent que les bagages transportés en soute : le passager est responsable de ses bagages transportés en cabine, sauf à démontrer que la compagnie a commis une faute inexcusable (chute du compartiment bagages du fait du personnel naviguant par exemple). En cas de perte, comment réagir ? Il est essentiel de déclarer immédiatement la perte de bagages auprès du « service bagages » de la compagnie aérienne, ou à défaut, de celui de l’aéroport, afin de remplir un imprimé spécial qui permettra d’entreprendre les recherches et servira à la réclamation auprès de la compagnie. Certaines compagnies aériennes invoquent en effet le défaut de déclaration de perte de bagages en aéroport pour s’exonérer de
toute responsabilité. Il est également indispensable de conserver son billet, sa carte d’embarquement et ses étiquettes bagages à code-barres, ainsi que tous les justificatifs de la valeur des bagages et de leur contenu, ainsi que ceux des éventuels achats de première nécessité occasionnés par cette perte, ceci afin d’établir l’existence et le montant du préjudice. Dans quel délai agir ? En cas de détérioration de bagages enregistrés le passager doit formuler sa plainte au plus 7 jours après restitution des bagages. En cas de retard dans l’acheminement, la plainte doit être formulée au plus 21 jours à dater du jour où le bagage aurait du être remis à disposition. Après cette période, la réclamation contre le transporteur, sauf fraude de ce dernier, devient irrecevable. En outre, toute action en justice contre le transporteur doit être intentée dans les 2 ans à compter de l’arrivée à destination de l’avion. L’indemnisation par le transporteur Selon les deux conventions, le transporteur est responsable des bagages des passagers à compter de leur prise en charge, c’est-à-dire dès leur enregistrement, jusqu’à leur restitution. Pour les vols soumis à la Convention de Varsovie, l’indemnisation est d’environ 20 par kilo de bagage (17 DTS, « droits de tirage spéciaux »). Pour les vols soumis à la Convention de Montréal, l’indemnisation est limitée, sans considération de poids, au plafond d’environ 1 200 par bagage (1 000 DTS). En fonction de la valeur des bagages, il peut être utile de faire une «déclaration spéciale d’intérêt», c’est-àdire une déclaration de valeur lors de l’enregistrement qui permettra, moyennant surtaxe, d’augmenter le plafond de responsabilité. A ce stade amiable, le montant du dédommagement sera proposé par le transporteur, parfois à la valeur du neuf décotée d’un coefficient d’usure. Le contentieux En cas de refus d’indemnisation, vous pouvez, dans un premier temps, vous adresser à la Direction Géné-
Me Roland Dana, Avocat au Barreau de Paris
rale de l’Aviation Civile (DGAC), sous-direction de la concurrence, de la facilitation et des clients du transport aérien, 50 rue Henry-Farman 75720 Paris cedex 15, ou faire votre réclamation en ligne : HYPERLINK «http://www.aviation-civile.gouv.fr/ TAWebApp/fr/niveau1/page1.jsp»http://www.aviation-civile.gouv.fr/TAWebApp/fr/niveau1/page1.jsp Si vous n’obtenez pas satisfaction, ou si vous souhaitez refuser le forfait de remboursement proposé par la compagnie pour réclamer une somme calculée sur votre préjudice réel, il sera nécessaire de recourir à la procédure judiciaire, dans le délai de 2 ans à compter de l’arrivée à destination de l’avion, ou du jour où l’avion aurait dû arriver à destination, ou de l’arrêt du transport. Mais attention : en cas de refus du forfait, vous devrez être en mesure de prouver que la compagnie a commis une faute inexcusable (par exemple : vos bagages ont été laissés sans surveillance dans l’aéroport après leur enregistrement). Le tribunal compétent sera le tribunal d’instance du ressort du siège de la compagnie aérienne ou de l’établissement ayant vendu le billet. Les assurances complémentaires Il peut être intéressant de souscrire une « assurance bagages » complémentaire, qui vous garantira notamment contre la perte, le vol et la détérioration des bagages durant tout le transport. Vous avez peut-être également souscrit, en achetant votre voyage à une agence, une assurance pour garantir les risques d’annulation, qui comporte souvent une garantie bagages. Si vous êtes déjà assuré, passez en revue les différentes garanties dont vous pouvez bénéficier. Si vous avez réglé votre billet d’avion par carte bancaire, vous pouvez éventuellement, selon le type de carte utilisée, obtenir un remboursement forfaitaire pour la perte ou la détérioration de vos bagages ou pour un retard d’acheminement. Enfin, des garanties spécifiques peuvent être souscrites pour le transport de certains objets de valeur comme le matériel vidéo, photo et informatique. Leur coût dépend du montant du capital assuré et de la durée du voyage. MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 65
HÔTEL SAPHIR Un hôtel d’affaires et de tourisme en plein centre de Brazzaville. Vous y trouverez un service de qualité dans un cadre soigné et adapté à toute clientèle : salle de réunion, service bancaire, événementiel, espace fitness, galerie marchande, etc.. Allée piétonne Charles Ebina Derrière l’Ambassade de France à Brazzaville Tel 00 242 05 528 42 45 hotelsaphirbzv@yahoo.fr www.hotelsaphirbrazza.com
lifestyle FÈS LA MAGNIFIQUE Classée dans sa totalité au Patrimoine mondial de l’humanité, cette ville fascine. C’est que la cité médiévale, avec ses souks, ses minuscules échoppes, ses centaines d’artisans et ses nombreuses fondations pieuses, n’a rien perdu de son âme. > Par ANTHONY FITZGERALD
A
peine franchies les limites de la nouvelle ville, au premier feu de circulation, un homme à motocyclette s’approche de notre voiture. «C’est votre première fois au Maroc ? Soyez les bienvenus à Fès. Mon nom est Brahim. Aujourd’hui, il y a beaucoup de circulation car le roi Mohammed VI est en visite ici. Il y a la police, l’armée, la garde royale. Vous cherchez un endroit en particulier ? Bab (porte) Aïn Azliten. Ryad Mabrouka. Je connais très bien, suivez-moi.» La ville nouvelle Ça fait plaisir de circuler sur les boulevards de la ville nouvelle bordés d’arbres et de verdure. Avenue Hussein-de-Jordanie, boulevard Mohammed-V, avenue de la Liberté et d’Hassan II, avenue des Almohades, des Saadiens… Des noms de rues qui racontent l’histoire de Fès. Nous longeons d’abord l’enceinte entourant le Palais royal, aujourd’hui sous grande surveillance policière vu la visite du roi du Maroc. Puis les vieux remparts de la fameuse médina. On aperçoit sur une colline le Borj Sud, l’un des neuf bastions édifiés par le sultan Ahmed al-Mansour au XVIe siècle. Ces constructions militaires avaient pour objectif de renforcer l’enceinte mérinide de Fès el-Jedid. La majorité de ces borjs sont orientés vers la médina. Le Borj Sud offre un beau panorama sur la cité et sur le Djebel Zalagh, qui culmine à 902 mètres. Le regard converge vers les centaines de tombes blanches sur les collines parsemées d’oliviers qui entourent la médina. Un cimetière après l’autre. Lequel est celui de Bab Ftouh, décrit par l’écrivain fassi Tahar Ben Jelloun dans son roman La prière de l’absent ? Où est le vieil olivier où se réfugient, quand il pleut, Sindibab et Boby, les personnages principaux ? Situé au sud de la médina, le Bab Ftouh est un lieu
de promenade paisible pour qui cherche à fuir le grouillement de la médina. Tout comme le cimetière juif et la synagogue Habarim, sur la colline
qui se trouve au sud-ouest du mellah (quartier juif), à Fès el-Jedid. Mais Fès recèle d’autres endroits tout aussi pittoresques.
RENSEIGNEMENTS UTILES Se rendre. Vols Air France ou Royal Air Maroc tous les jours en période estivale. L’aéroport Mohammed V offre toute une panoplie de loueurs d’autos. Europcar proposait récemment un très bon rapport qualité-prix. Se loger. Les riads sont les demeures traditionnelles de la médina. Il en existe 200 à Fès, dont une soixantaine répertoriés. Se nourrir. La cuisine fassie est renommée au Maroc et constitue l’un des plaisirs du voyage. Mezze, couscous, tajines tanjia… Les riads sont de bonnes adresses car la cuisine y est concoctée par des femmes du pays qui en connaissent les petits secrets. Se procurer. Sur place, le Guide des circuits touristiques de Fès publié par l’Agence pour la dé densification et la réhabilitation de la médina de Fès, auprès des propriétaires de riads, dans les hôtels, en librairie ou à l’Office de tourisme du Maroc à Paris. Office de tourisme marocain : 161, rue Saint-Honoré, 75001 Paris. Métro Palais-Royal ou Pyramides. Tél. : 01-42-60-47-24 ou 63-50.
MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 67
lifestyle VOTRE SANTÉ
LES BIENFAITS DU YOGA Le yoga créé à la fois de la flexibilité et de la force ainsi qu’une bonne santé au niveau cardio-vasculaire. Ce qui concourt à notre calme mental, à notre concentration et à notre équilibre émotionnel. > Par LOUIS DANDJINOU
L
e yoga s’adresse aux gens de tous les âges et de tous types. Il facilite le processus de guérison et c’est un moyen merveilleux de créer du bien-être. Vous faites de la musculation pour gagner de la force, vous faites du jogging ou de l’aérobic pour un travail au niveau cardio-vasculaire, vous pratiquez le tai-chi pour développer de l’équilibre et de l’harmonie, vous faites du stretching pour gagner en flexibilité, et vous méditez pour développer la paix d’esprit et la relaxation. Le yoga est une forme d’exercice qui vous donne tout ça : de la force, de l’endurance, de l’équilibre, de la flexibilité, et de la relaxation. C’est la seule forme complète d’exercice physique qui fait tout. Vraiment, le yoga est plus que du stretching et de la relaxation : c’est le défi ultime corps-esprit. Le yoga augmente la flexibilité car il offre des positions qui agissent sur différents points du corps y compris des points auxquels on ne pense pas. Ces parties sont rarement stimulées, cependant, avec le yoga, elles le sont ! Différentes positions du yoga exercent différentes torsions du corps. Le corps qui a été jusqu’à présent assez rigide commence à devenir remarquablement plus flexible même s’il n’y a pas eu de travail conscient dessus. Des positions de yoga qui ont l’air simples et sans relation agissent salutairement sur certaines parties du corps. Lorsqu’on le fait ensemble, elles agissent en harmonie pour créer les conditions favorables à une meilleure flexibilité. La flexibilité est atteinte relativement facilement. Le yoga est peut-être la seule forme d’activité qui masse toutes les glandes intérieures et les organes du corps de manière complète, y compris celles qui ne sont pratiquement pas stimulées extérieurement durant toute notre vie, par exemple la prostate. Le yoga agit de manière holistique sur les différentes parties du corps. Cette stimulation et ce massage des organes à son tour nous permet d’écarter les
68 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
Vous avez dit méditation ?
r accomparce qu’ils marchent ensemble pou En fait, qui dit yoga, dit méditation, joie rit du corps et du mental : un état de plir le but commun de l’unité de l’esp ilibre par le yoga aident à accomplir un équ éternelle. Les pratiques méditatives ditions con les signifie que la méditation crée émotionnel par le détachement. Cela vous. D’où cté(e) par ce qui se passe autour de qui vous amènent à ne pas être affe e. attitude positive et sa santé physiqu le calme du pratiquant du yoga, son
maladies et nous prévient dès l’apparition d’une volonté de l’esprit a permis aux gens d’accomplir maladie ou d’un malaise. des choses extraordinaires au niveau physique, ce qui prouve sans aucun doute la connexion entre En étirant doucement les muscles et les articu- l’esprit et le corps. lations ainsi qu’en massant différents organes, le Le yoga, par la méditation, concourt à l’harmonie yoga permet à une quantité optimale de sang de entre l’esprit et le corps. Combien de fois avez-vous se diffuser dans les différentes parties du corps. Ce remarqué que vous n’êtes pas capable de faire cerqui aide le pratiquant à se débarrasser des toxines taines activités correctement et de manière satisfailogées dans les moindres recoins de son corps. Les sante parce que votre esprit est dans la confusion bénéfices sont les suivants : recul du processus de ou en conflit, et que cela vous alourdit ? De plus, le stress qui en réalité est le tueur n°1 afvieillissement, davantage d’énergie et de zeste. Mais ces énormes bénéfices physiques sont justes fectant toutes les parties de nos systèmes physiques, des effets secondaires de cette pratique puissante. endocriniens, et émotionnels peut être corrigé par Le yoga permet d’harmoniser le corps et l’esprit. la pratique merveilleuse du yoga et de la méditaCe n’est plus un secret maintenant, on sait que la tion.
lifestyle VOTRE MAISON
ACHETER OU SE FAIRE CONSTRUIRE UNE PISCINE Cette fois, c’est décidé : vous voulez investir dans une piscine. Mais en ces temps de crise, vous vous posez des questions. Vous êtes déconcerté devant la pléthore d’offres de piscines. Pas de panique, vous avez juste besoin de quelques conseils pour vous offrir ce bijou de détente. > Par JOSE ZAIZONOU
C
hez la plupart des vendeurs, on trouve des réductions de - 10, - 20 et jusqu’à - 30 % sur le prix des piscines. Aujourd’hui, la piscine privée n’est plus un produit de luxe. Elle est devenue un produit de consommation courante qui se négocie. En Afrique, de plus en plus de personnes de la classe moyenne s’équipent en piscines. Cet incomparable moyen d’évacuer le stress est actuellement plus que jamais à portée de votre budget. Mais, comment profiter au mieux de ces offres et choisir le modèle le plus adapté à vos besoins ? Vous hésitez sans doute entre piscine hors-sol et piscine enterrée, avec travaux ou sans travaux, entre construire vous-même ou faire construire... Quel que soit votre choix, vous aurez à faire face aux arguments pas très objectifs des vendeurs. Sachez qu’aujourd’hui, du côté des fabricants de piscine, la concurrence est rude et les offres avantageuses sont légion. Le seul moyen de faire le tri dans tous ces arguments de vente est de vous préparer et de vous poser les bonnes questions.
Mais, attention, vous aurez à trier entre le bon grain de l’ivraie. Les bonnes questions à se poser sont les suivantes : que cachent les réductions ? Ce bassin qui vous attire répond-il bien aux normes de fabrication ? Qu’inclut précisément cette offre mirobolante ? Le terrassement et la mise en eau sont-ils compris sinon pour quels surcoûts ? Les options, présentées comme indispensables, sont-elles réellement nécessaires ? Et qu’en est-il de la garantie décennale ? Si vous n’êtes pas vousmême au clair avec tous les aspects de votre projet et n’êtes pas au courant des obligations des fabricants et installateurs de piscine, vous avez toutes les chances de vous faire avoir. N’hésitez pas à demander conseil à un ami, à un professionnel. Ne faîtes pas comme ce propriétaire qui ne s’était pas préoccupé de la garantie décennale lors de l’achat et qui a ensuite eu toutes les peines du monde à faire réparer son bassin.
!'(#()*+','(#-.+#/'*/.,'0,
VOUS ET VOTRE SOCIÉTÉ DANS MANAGERS AFRIQUE
Vous souhaitez figurer dans notre rubrique LES ENTREPRISES QUI RECRUTENT >faites une brève présentation de vous et de votre société > dites-nous en quelques lignes le ou les postes proposés
> joignez votre photo > Merci de joindre obligatoirement un numéro de téléphone afin d’être recontacté par notre équipe si besoin d’informations complémentaires. >envoyez le tout au mail magazinemanagers@yahoo.fr MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015 | 69
AFRIQUE
BIMESTRIEL INTERNATIONAL BUSINESS, NEWS, LIFESTYLE Fondateur Mouftaou Badarou, le 13 mai 2007 à Paris 8ème année Enrégistrement au Parquet du Tribunal de Grande Instance de Paris
A retenir avant de refermer ce magazine Isis Jasmine
VOUS VOULEZ DÉVELOPPER VOTRE CHARISME ? VOICI COMMENT PROCÉDER !
C
ommencez d’abord par vous maîtriser et vous exercer au calme. Il s’agit de modérer les quatre substances créatrices de trépidation, à savoir: l’alcool, le café, la viande et le sucre industriel. L’absorption habituelle de boissons alcoolisées et de café équivaut à l’entretien systématique d’un état fébrile, spasmodique, irritable et instable. Les fruits et le miel nous dispensent un glucose vivant dont la valeur nutritive nous permet de nous passer du sucre cristallisé, en morceaux et en poudre ainsi que les préparations trop sucrées des pâtissiers et confiseurs. Un surplus de viande encrasse notre organisme par une trop grande absorption d’aliments hydrocarbonés. Cent cinquante grammes environ suffisent quotidiennement. Par contre, une saine alimentation ainsi qu’une pratique régulière d’une activité sportive vous apportera calme et santé pour développer votre charisme. Le bruit perturbe la concentration mentale et prédispose à toutes formes d’agitation et d’impulsivité. Le claquement soudain d’une porte, le vacarme des klaxons, les radios hurlantes , les voix criardes sont autant de chocs défavorables à la sérénité intérieure pour développer votre charisme. Quelque soit le type de bruit, attaquez-vous à ce point principal. Au moment ou celui-ci apparaît, concentrez votre attention sur votre travail, une lecture, une activité physique ou toute autre occupation. Surveillez-vous afin de réprimer le sursaut que provoque habituel-
70 | MANAGERS Afrique N°46 / janvier-février 2015
lement le claquement d’une porte, une sirène d’ambulance. Ceci engendrera bientôt une accoutumance, vous vivrez bientôt isolé de tous les chocs et désagréments auditifs. Tous les sens doivent tour à tour, passer comme l’ouïe, sous votre contrôle. Ne fuyez toutefois ni les effluves désagréables à l’odorat, ni les contacts râpeux, visqueux , considérez-les comme autant d’occasions pour exercer votre imperturbabilité. Chaque menue victoire contribue à vous acheminer vers la conquête du calme, de la liberté intérieure, de l’indépendance psychique pour développer votre charisme. Egalement, parlez sans hâte. Premièrement, si votre débit est rapide, prenez votre temps, parlez posément. Non seulement on vous comprendra mieux, mais ce que vous direz aura plus d’impact. Même si votre interlocuteur dépasse les limites de la convenance, même s’il s’emballe, devient grossier ou menaçant, ne sourcillez pas, gardez votre sang froid. Attendez en paix qu’il se calme et ensuite répliquez avec assurance en termes modérés. Recherchez également autant que faire se peut les gens paisibles et les endroits apaisants. Planifier votre emploi du temps pour développer votre charisme. Prévoyez des pauses de calme, une journée bien préparée vous permettra de faire face aux imprévus et impondérables de la société actuelle. Quelque soit votre situation actuelle, n’attendez pas. Prenez la décision d’agir malgré toutes les entraves. Surmontez vos difficultés et mobilisez toute votre énergie pour développer votre charisme.
Récépissé N° 10 068 du 29 août 2010 MANAGERS Afrique est édité par B MEDIAS INTERNATIONAL SAS 4 rue du Temple 91 130 Ris Orangis Nous joindre au 01 77 05 26 40 06 23 40 55 28 magazinemanagers@yahoo.fr DIRECTION GENERALE Directeur de la publication Mouftaou Badarou Directrice commerciale Isabelle Hubert Conseillers à la rédaction Christian Levry Isis Jasmine Consultant Anzize Badarou REDACTION Chef d’enquête Oussouf Diagola Ont contribué à ce numéro Louis Dandjinou Jacques Bonnifait Yves Martial Durondu Juste Kombile Moussavou Hervé Le Gouguec Fatouma Garba Farid Aït Mansour Christian Russel Robert Dana Lucie Guchet Youcef Zirem Assistante de rédaction Sofiane Mahdjane EDITION Chef d’édition Philippe Pierrat Maquette Romain Ahouadi ABONNEMENTS Écrire à : magazinemanagersafrique@gmail.com DIFFUSION EN KIOSQUES Messageries Lyonnaises de Presse IMPRIMÉ EN FRANCE Sur du papier issu de forêts gérées durablement, conformément à nos engagements de media responsable et respectueux de l’environnement. DEPOT LEGAL A parution ISSN 2112-4736 Tous droits réservés. La reproduction, même partielle de tout article ou image de de ce numéro est interdite. ----------------------------------------------------------------------------------Chiffre de tirage 32 393 exemplaires ----------------------------------------------------------------------------------Chefs d’entreprise, si vous souhaitez offrir MANAGERS Afrique à vos collaborateurs, merci de nous écrire à magazinemanagers@yahoo.fr Nous avons un tarif tout étudié pour vous.