monaco fête
PICASSO 50 ans du musée
MATISSE
SUPPLÉMENT CULTUREL DES PETITES AFFICHES DES ALPES MARITIMES
ours Art Côte d’Azur Supplément culturel des Petites Affiches des Alpes Maritimes Numéro 3661 du 13 juin 2013. Bimestriel. ISSN 1962- 3584 Place du Palais 17 rue Alexandre Mari 06300 NICE Ont collaboré à ce supplément culturel : Rédacteurs Frédéric Altmann Harry Kampianne Olivier Marro Céline Merrichelli Directeur de la publication & Direction Artistique François-Xavier Ciais
© A Mirial
Conception graphique Maïa Beyrouti
Photographes Anthony Mirial Guillaume Laugier (Studio photoguy)
edito Je n’évolue pas, je suis. Il n’y a, en art, ni passé, ni futur. L’art qui n’est pas dans le présent ne sera jamais. P. Picasso
Photos de Couverture De gauche à droite et de haut en bas :
Toute sa vie l’on doit être un enfant. H. Matisse
Pablo Picasso à Cannes en 1960, archives Frédéric Altmann © Gaston Diehl Pablo Picasso, Femme à l’oiseau (Dora Maar), Collection Ezra et David Nahmad © Succession Picasso 2013
A l’occasion des 40 ans de la disparition de Picasso, et du 50ème anniversaire de la création du Musée Matisse à Nice, nous désirions rendre hommage à ces deux grands maîtres qui ont posé leur palette sur notre région en y apportant un regard différent, créatif, et novateur, et nous ont fait partager leur émotion et la lumière si particulière de nos paysages au travers de leur production.
Henri MATISSE, Jazz, Paris, Tériade éditeur, 1947, Icare, planche VIII, Collection Villa Arson, Nice, Don Henri Matisse à l’Ecole des arts décoratifs de Nice en avril 1950 © Succession H. Matisse Henri Matisse au Regina à Nice, archives Frédéric Altmann © Gaston Diehl
Chargée de Rédaction Elsa Comiot Tél : 04 93 80 72 72 Fax : 04 93 80 73 00 contact@artcotedazur.fr www.artcotedazur.fr Abonnement / Publicité Tél : 04 93 80 72 72 Fax : 04 93 80 73 00 contact@artcotedazur.fr Téléchargez le bulletin d'abonnement sur : www.artcotedazur.fr Art Côte d’Azur est imprimé par les Ets Ciais Imprimeurs/Créateurs « ImprimeurVert », sur un papier 100% recyclé. La rédaction décline toute responsabilité quant aux opinions formulées dans les articles, celles-ci n’engagent que leur auteur. Tous droits de reproduction et de traductions réservés pour tous supports et tous pays.
Véritables ambassadeurs artistiques de notre territoire, nous leur offrons bien naturellement la couverture de notre 22ème numéro. Nous évoquerons aussi dans cette session estivale quelques grands noms du Pop Art, et quelques-uns de ceux qui les côtoyaient au plus près. Un focus sur les créateurs de mode, de tendances, et de styles qui vivent aux rythmes des saisons, et une attention toute particulière pour cette nouvelle et première ouverture du magnifique Théâtre Anthéa à Antibes, qui vient de dévoiler sa superbe programmation. A l’heure des massacres du Proche Orient, des contradicteurs nationaux en tout genre, des caprices de la météo, nous vous souhaitons de garder la fraîcheur d’un été particulièrement nourri d’Art et de Culture, de rester comme des enfants, en vous émerveillant encore et toujours, car l’Art partout est présent. F.-X. Ciais
Mariage à tous étages
Graphistes Maïa Beyrouti Caroline Germain Henri Bouteiller
O N A C ce O qui VILLE EseNpasse Je ne comprends plusMvraiment Avant le mariage on faisait l’amour Aujourd’hui on fait la guerre Le mariage pour tous Le mariage gai Le mariage triste On s’en fout Comme disait ma grand-mère Qui regardait passer les convois d’anges heureux Les jeunes mariés souriant encore dans la voiture sombre du père « Ils klaxonneront moins quand ils divorceront ! » On pourrait abolir le mariage Mais on y perdrait beaucoup trop L’économie de notre pays en pâtirait Plus les mariages augmentent Plus les traiteurs, les serveurs, les organisateurs Enchaînent les heures Pour les jeunes époux promis à tant de bonheur Les fabricants de dragées se frottent les mains Les ventes de robes de mariées s’envolent Les cabinets d’avocats rigolent dans l’attente de la rupture Il faut rendre obligatoire le mariage pour tous Pour tous Tout le monde doit se marier Le monde entier Tous ceux qui sont autour de nous Mais chez nous en France Même ceux qui sont contre Il faut marier aussi les étrangers Les blancs, les noirs, les jaunes, les verts Que notre beau pays devienne le pays des mariages Mais attention pas n’importe quel mariage ! Il faut inventer le mariage « patriote » Avec cette obligation indiscutable Pour l’inévitable liste de cadeaux De n’acheter que des produits français NF Voiture, cocotte minute, couverts en argent, pièces montées Ou démontées pour vérifier que chaque choux Soit bien du AOC Que ce ne soit plus une pâle copie dégueulasse Made in Asia Chaque poignée de riz balancée A la sortie des églises grises Serait du riz blanc long grain de Camargue Rideau le riz de Chine Chaque couple ainsi marié Sous le sceau du patriotisme cocardier Participerait au redressement productif De la France Et il nous sauverait D’une faillite trop longtemps annoncée Sans compter Le baby boom qui s’ensuivrait Toutes ces chères têtes blondes Alors nées pour payer à chaque seconde Nos petites retraites Ah la vie serait plus belle Les chansons, les rires, les mots d’amour Exploseront sur les petites places de village On voguera de mariage en mariage En Peugeot toutes options achetée à crédit Ivres de champagne bien de chez nous Des poignées dragées volées Remplissant les poches percées De nos costumes de location En se disant et l’amour dans tout ça ? Qui s’en soucie ? Arnaud Duterque
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EN VILLE 6 NICE 8 HORS LES MURS : PARIS 12 EUROPE 14 ANTIBES 16 VENCE 18 MONACO 20 HORS LES MURS
FONDATION DU DOUTE À BLOIS
LES 50 ANS DU MUSÉE MATISSE
LICHTENSTEIN AU CENTRE POMPIDOU
EUROART
ANTHEA
GALERIE CHAVE
rthelot © C Be
© Estate of Roy Lichtenstein New York ADAGP, Paris, 2013.
MONACO FÊTE PICASSO AU GRIMALDI FORUM
La vie des arts 22 ALBERT GOLDBERG, CRÉATEURS
CLAUDE BONUCCI, CHACOCK
26 JONATHAN GENSBURGER 28 HYPHEN HYPHEN ARTISTE
PUNK NOUVELLE GÉNÉRATION
MONOPHONIC INTERZONE
30 GERARD MALANGA 34 LES PIONNIERS DE L’ART PORTRAIT
ga © Malan
HOMMAGE
CONTEMPORAIN : PIERRE RESTANY JACQUES LEPAGE ANDRÉ VERDET
38 THEO TOBIASSE HOMMAGE
prod © Wegot
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HORS LES MURS
BLOIS
F on d at i on
Ben : Au Bon Plaisir du Doute Malgré une petite pluie fine et félonne arrosant Blois au moment de l’inauguration, Ben fait partie de ces millésimes à boire frais et sans modération. Sa Fondation du Doute a tout de l’île aux trésors «Fluxus» où nul n’est évidemment à l’abri du doute, une huile essentielle qu’il vaporise d’un rien théâtral.
Ben (La Fondation du Doute) © Harry Kampianne
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e doute est un élixir auquel Ben ne cesse de s’abreuver. Il s’en gargarise avec une telle délectation qu’il est impossible pour lui de tomber dans l’ivresse du scepticisme. Nous voici au cœur de la Cour du doute à l’intérieur de laquelle se dresse le Mur des Mots, une commande publique inaugurée en 1995 et offrant à la vue du visiteur près de 300 tableaux/écritures sur la vie, la mort, le doute, l’ego, les langues et bien sûr les mots. Le ciel est bas, gris plombé et Ben, pétant de mille feux, vous assure de sa voix de rocaille méridionale que « Fluxus, c’est de l’ego. Puisque il n’y a pas d’art sans ego. L’ego, c’est le moteur de la condition humaine. » Une fois dans l’antre du Doute, c’est plus de 50 artistes qui
Ben © Harry Kampianne
ornent les deux étages et les escaliers du bâtiment. En introduction, nous avons à faire aux esprits ironiques de Marcel Duchamp et de John Cage, grands-pères spirituels du dieu Fluxus. Au gré de la visite, d’illustres représentants aussi divers que Robert Filliou, Nam June Paik, Yoko Ono, JeanJacques Lebel, Allan Kaprow, Ray Johnson, Ben Patterson viennent étayer pas moins de 300 pièces, documents, photos, vidéos issus de la collection personnelle de Ben et de celles de Gino Di Maggio et de Catarina Gualco. On comprend vite que la démesure est le mètre étalon de ce joyeux foutoir dans lequel se croisent, à travers une mise en scène ludique, des grands ensembles comme l’œuvre Fandango de Wolf Vostell, le «TV Buddha» Duchamp-Beuys de Nam June Paik ou encore les 13 tableaux-pièges astro-gastronomiques de Daniel Spoerri. Outre un Centre Mondial du Questionnement dans lequel chacun pourra épingler sur un grand tableau noir ses préoccupations et ses doutes, Fluxus se fait fort d’emprunter à la comedia del arte et à l’improvisation. Le Mailart en est un exemple-type tout comme le ring des idées installé dans un pavillon extérieur utilisé pour les expositions temporaires. Alain Goulesque, directeur de la Fondation, considérant à juste titre que : « le douteur est le vrai savant, l’insatisfaction des réponses le maintient dans une sorte d’état continu de remise en question faisant de sa faiblesse une force. Il est finalement toujours en action. » HK
H O R S LE S MUR S
BLOIS
E n V ille
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Les Propos «Sans Doute» de Ben
E g o Tous les artistes travaillent sur leur ego. L’art est un prétexte. Tout est toujours pris dans l’engrenage de l’ego. La source vient de Darwin qui dit que dès il y a vie, il y a survie, et si il y a survie, il y a ego. On est donc dans un cul-de-sac et la seule manière de s’en sortir, c’est le suicide. Résultat : l’être humain est piégé dans le cul-de-sac de l’ego. Pour changer le monde, il faudrait changer l’homme et pour changer l’homme, il faut qu’il laisse tomber son ego.
s’efforcer de faire ce que l’on ne sait pas faire. Il n’y a pas d’art sans vérité, et en vérité on ne crée que dans le doute puisque tout artiste doute, sinon il est mort. Tout est bon à prendre et à jeter dans Fluxus puisque le doute peut être art. Si vous lisez les revues d’art contemporain, vous constatez très vite qu’un tiers nage dans la piscine nostalgique de Picasso et Matisse, un tiers dans la baignoire de Duchamp et le dernier tiers dans celle de Fluxus. Fluxus s’est uniquement intéressé à une nouvelle subjectivité de l’art.
Les mots C’est évident que tout n’est que mots, rien n’est moins sûr que les mots. Ce sont des réservoirs où le doute subsiste. On se rend vite compte que ça véhicule aussi du mensonge et de l’angoisse. Ça serait bien que l’on enseigne le doute dans les écoles d’art. Mais estce que l’on peut enseigner le doute ? J’en doute.
Fluxus Être Fluxus, c’est aussi être anti-Fluxus ou non-Fluxus. Dans la Fondation du doute, il y a non seulement l’esprit Fluxus mais il y a aussi un art vivant où se croisent des forums de questions, de création, de désordre qui peuvent bousculer le monde. Tout ce qui est dérangeant peut faire partie de la Fondation du Doute.
Marcel Duchamp et John C age
Fluxus et l’art Fluxus se moque-t-il de l’art ? Je pourrais reprendre la citation de Robert Filliou – L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art – ou bien – Il faut
Daniel Spoerri, série -Tableaux-pièges Astrogastronomiques, 1975, collages sur bois © Harry Kampianne
Ils leur ont tout appris : l’hypocrisie du Tout est art et l’hypocrisie du Tout le monde peut faire de l’art. Sans eux, Fluxus n’existerait pas. Je pense surtout à John Cage qui, lui, a fait subir deux lavages de cerveau au Groupe. Le premier concerne la musique contemporaine en faisant croire que tout était musique, l’autre à travers un esprit zen et sa volonté de dépersonnalisation de l’art.
Psychanalyse Quelles sont les limites de l’art dans le Moi et le Sur-Moi ? C’est la même chose dans la politique ou dans n’importe quel autre domaine. On peut se poser toutes les questions, et ça serait passionnant d’avoir un espace où on ne débat pas seulement sur ce qui est beau, pas beau, joli, pas joli. HK
Ben (La Fondation du Doute) - Performance Fluxus © Harry Kampianne
Milan Knizak, Sans Titre, 1990, Christ en plâtre et vinyl
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L’été Matisse Pour célébrer le cinquantenaire de son Musée de Cimiez, L’œuvre de Matisse sera cet été l’invitée de tous les lieux d’art de la Ville de Nice. Du Musée Matisse au MAMAC via Le Palais Lascaris ou le Musée des Beaux arts, c’est plus de 700 œuvres qui seront présentées de juin à septembre au public, réalisées par le maître durant ses nombreuses villégiatures niçoises ou intimement liées avec sa passion pour notre rivage. Une exposition anniversaire qui pour Christian Estrosi, Député-Maire de la ville de Nice s’imposait à plus d’un sens « J'ai voulu que le nom d'Henri Matisse brille à nouveau au firmament de notre ville parce qu'il n'est pas d'artiste du XXe siècle qui lui soit si personnellement et si intimement associé. Or, je constate que cette association n'est pas toujours présente dans l'esprit du public. Et je veux aujourd'hui la faire revivre » Henri Matisse s’inspirera du mouvement des vagues pour imaginer ses célèbres papiers gouachés découpés qu’il épinglait aux murs de ses ateliers du Cours Saleya, au Régina Palace ou encore à Vence où Brassaï vint en 1945 le photographier. Les deux artistes partageaient cet amour de la nature, voyant en cette énergie, matrice de toute vie, une matière capable de générer une poésie nouvelle, d’offrir une autre interprétation du monde. C’est dans cette palette que le peintre puisa ses œuvres les plus inspirées, les plus abouties et épurées offrant au terme de sa vie, un fil tendu vers l’art contemporain. C’est la topographie de cet univers, ses métamorphoses et « satellisations » qui sont au cœur de cette grande rétrospective thématique orchestrée par Jean-Jacques Aillagon en synergie avec les huit grands musées niçois et leurs conservateurs. Une villégiature niçoise inspirée En septembre 1905, Félix Fénéon, critique d’art, offre à Matisse, un billet de train pour la Riviera. L’homme du Nord découvre Cannes, Nice, Monaco et Menton. Douze ans plus tard, il revient à Nice. Face à ce
paysage sudiste, Le peintre a un véritable coup de foudre ! Une révélation qui l’inspirera pendant les 40 années qu’il passera dans la région, jusqu’à sa disparition le 3 novembre 1954. Il y puisera matière, couleurs et formes donnant ici naissance à de nombreux chefs-d’œuvre. L’aventure débute en 1917, alors que, pour son premier séjour, Matisse s’installe face à la Promenade des anglais dans une petite chambre de l’hôtel Beau-Rivage. C’est une période de doute pour Matisse qui réalise alors le croquis préparatoire de la peinture « le Violoniste à la fenêtre ». Une toile qui représente son fils Pierre, jouant du violon face à l’horizon infini de la mer, illustrant les premières affres de sa quête esthétique et l’évasion qu’offre la musique. Un an plus tard Matisse s’essaie à la pratique du violon par goût, et pour des raisons plus ambiguës : « c’est que je crains de perdre la vue et de ne plus pouvoir peindre” De 1921 à 1938, il occupe un grand appartement 1 place CharlesFélix, situé sur le Cours Saleya. Dans cet environnement familier, il peint des séances de musique avec son modèle Henriette qui joue du piano, seule dans « Petite pianiste, robe bleue », et entourée de ses frères dans « Pianiste et joueurs de dames », en 1924. En 1931, Matisse loue un garage au 8 rue Désiré Niel, entre le Lycée Masséna et l'Ecole des Arts Décoratifs où il va dessiner et élaborer jusqu'en 1933 la décoration murale « La Danse » commandée par le docteur Barnes pour sa fondation. Toujours à Nice, mais cette fois au début des années quarante, alors que le Jazz débarque en Europe et que le bruit de bottes résonne, Henri Matisse entreprend le livre Jazz. Durant ces années de conflits, il peut paisiblement à Nice, puis à Vence, à la villa Le Rêve, se consacrer à ses œuvres. A plus de soixantedix ans, il aspire à l’aboutissement” de sa Henri Matisse au Regina à Nice, archives Frédéric Altmann © Gaston Diehl
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recherche. L’opération qu’il subit en 1941 lui offre un sursis durant lequel il finalise le projet de la chapelle de Vence. Un “chef-d’œuvre”, livré en 1951 que préfaça l’album Jazz. En février 1946 au Palais de la Méditerranée a lieu une exposition Matisse qui fait suite à celle présentée par la Galerie Maeght à Paris. Un évènement qui voit sous l’impulsion de Matisse et de Bonnard la naissance de L'UMAM (Union Méditerranéenne pour l'Art Moderne). Leur objectif : diffuser et soutenir l'art contemporain. De cette union naîtront plusieurs lieux d'exposition azuréens : le Château Musée Grimaldi à Cagnes-sur-Mer et la galerie des Ponchettes à Nice. En effet la municipalité a mis à la disposition de l’UMAM les locaux d'un ancien arsenal du XVIIIe reconverti en caserne de pompiers. La Galerie des Ponchettes ouvre ses portes le 26 juin 1950 avec une exposition consacrée à Matisse. Trois autres s'y succèderont. "Matisse et Tahiti" pendant l'été 1986 "Matisse, une apparente facilité, à l'automne 1986 et "La Donation Marie Matisse" en juillet 1992. Deux grandes œuvres uniques révélées A la fin de sa vie, Matisse réalise également à Nice des compositions monumentales en papiers gouachés découpés, qu’il destine pour certaines à des réalisations en céramique. La Piscine, fait partie de ces chefs-d’œuvre. À l'origine, cette composition se trouvait, comme de nombreux autres projets, épinglée sur les murs de son appartement-atelier au Régina. Marie-Thérèse Pulvénis de Seligny, conservateur du Musée Matisse explique : « En 1952, Matisse a 80 ans. Sur les conseils de son médecin il est revenu à Nice au Regina. Un jour d’été caniculaire, il décide d’aller au Palm Beach pour y contempler les baigneuses. Mais une fois sur place, pas la moindre naïade en vue ! Déçu, frustré, l’artiste regagne le Régina où il donne vie à son fantasme à l’aide de papiers gouachés découpés ». Mais l’histoire de cette œuvre d’une extraordinaire fraîcheur d’esprit pour un homme de son âge ne s’arrête pas là. « La piscine dans sa forme originale fut acquise en 1972 par le MOMA de New York. A cette même époque, notre ministre de la culture décida, qu’il serait réalisé une version gran-
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deur nature en céramique de l’œuvre, destinée elle, aux Musées de France » C’est le petit fils de Matisse, Claude Duthuit, qui se chargea quelques années plus tard d’exaucer ce vœu. Hans Pinner, céramiste de renom qui réalisa, des pièces pour Miró en fut le maître d’œuvre. « Il utilisa la pierre de lave qui ne se déforme pas à la cuisson. Les bleus ont été respectés comme le fond beige qui reprend la couleur des murs du Régina où séjourna l’œuvre papier » La piscine en céramique d’environ 8 x 8,50 m présentée au Musée Matisse dont l’espace a été réaménagé à cette fin, sera le point d’orgue de l’été Matisse. « Elle constitue une donation remarquable car elle sera la seule œuvre que le musée possédera dans la technique de réalisation finale souhaitée par l’artiste pour ses grandes compositions » C’est une autre grande œuvre en papiers gouachés découpés, réalisée à Nice durant sa période de maturité qui ouvrira l’exposition au Musée Matisse. La Tristesse du roi (1952) exceptionnellement prêtée par le Centre Pompidou, Musée National d’Art Moderne représente David divertissant de sa musique le roi Saül. Avec cette œuvre, Matisse fait, à la fin de sa vie, la synthèse de toutes ses recherches et ouvre une piste esthétique à l’Art Contemporain et à toute une nouvelle génération de créateurs.
Henri MATISSE, La Piscine © Succession H. Matisse - Photo : Archives Henri Matisse Henri MATISSE, La Tristesse du roi, 1952 © Succession H. Matisse - Photo : Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais
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Jean-Jacques Aillagon, « chef d’orchestre » de l’événement Le commissariat général « Nice 2013. Un été pour Matisse » a été confié à l’ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon (également Ex-président de l'Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles) qui a souhaité, tout en rendant hommage à Matisse et à la générosité de ses héritiers, mettre à l’honneur le réseau des musées niçois. Ainsi, chacun de ces conservateurs a étroitement collaboré avec le commissaire général afin de concevoir l’exposition la mieux adaptée à l’identité de son établissement. « Je suis persuadé, de ce fait, que ce premier “Festival des musées de la Ville de Nice” servira de tremplin à l’élaboration d’une politique très volontaire d’amélioration de l’installation des musées de la Ville et peut être également de rationalisation du déploiement de leur collection sur les différents sites concernés. »
En attendant, ce ne sont pas moins de 8 expositions qui seront offertes simultanément du 21 juin au 23 septembre. Trois se réfèrent directement à l’œuvre de Matisse. Trois autres s’emparent de ses thèmes récurrents pour explorer certaines ramifications tandis que les deux dernières font le point sur l’ascendance et la postérité d’Henri Matisse.
MUSÉE MATISSE “LA MUSIQUE À L’OEUVRE” La maison mère de l’œuvre Matissienne qui souffle ses 50 bougies, explore le lien intime qui unira l’artiste à la musique. Tant par sa propre pratique du violon qui le conduit à penser le geste et la discipline du musicien comme celui du graveur et du dessinateur, mais aussi via l’iconographie des instruments en tant qu’éléments décoratifs et la figuration de musiciens dont ses propres enfants : Marguerite joue du piano, Jean du violoncelle, Pierre du violon. Le musée, présentera le jour de l’ouverture de l’exposition, l’œuvre monumentale la Piscine, donnée à la Ville de Nice, par les héritiers de Matisse.
GALERIE DES PONCHETTES “MATISSE À L’AFFICHE” La galerie, née il y a plus de 60 ans sous l’impulsion du Maître, s’attarde sur le rapport que Matisse a entretenu avec l’affiche publicitaire, notamment à travers sa collaboration avec son imprimeur, Fernand Mourlot. Seront également présentées des affiches illustrant la postérité de Matisse sur la création publicitaire contemporaine.
De haut en bas et de gauche à droite Gustave MOREAU, Poète persan © RMN - R.G. Ojeda Henri MATISSE, La Tristesse du roi, 1952 © Succession H. Matisse - Photo : Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais
Marie-Paule Nègre, de la série A fleur de l’eau, photographie contrecollée sur aluminium. Prêt de l’artiste © Marie-Paule Nègre
Lionel Bouffier, Urbanité, 2009 © Lionel Bouffier Affiche « Henri Matisse », Musée national d’Art moderne, Paris, 1956 © Succession H. Matisse pour l'oeuvre de l'artiste. Crédit photo : Ville de Nice – Musée Matisse
MUSÉE DES BEAUX-ARTS “GUSTAVE MOREAU, MAÎTRE DE MATISSE” L’exposition met en exergue les qualités de peintre et de professeur de l’illustre peintre graveur dont Matisse fréquenta l’atelier dès 1893. Via près d’une soixantaine de pièces, en provenance du Musée national Gustave Moreau, elle refait “à rebours” l’histoire de Matisse vers Moreau.
MUSEE D’ARCHEOLOGIE de CIMIEZ “À PROPOS DE PISCINES” Au pied du Musée Matisse, au cœur de vestiges antiques et de ses thermes romains, le musée accueille un florilège d’œuvres d’artistes contemporains qui se sont intéressés au thème de la piscine, de l’eau et de la figure du corps immergé. A découvrir des photographies de Lucien Clergue, Lionel Bouffier, Michel François, ou Amaury da Cunha, une vidéo de Bill Viola (The Reflecting Pool) ainsi que le documentaire culte sur David Hockney et l’univers pictural des piscines californiennes « A Bigger Splash » en contrepoint à la piscine de Matisse.
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THÉÂTRE DE LA PHOTOGRAPHIE ET DE L'IMAGE “FEMMES, MUSES ET MODÈLES” L’exposition met en dialogue les sculptures d’Henri Matisse avec les chefs-d’œuvre de la représentation de la femme issue de la prestigieuse collection d’Amedeo M. Turello, luimême photographe de mode. Plus de 140 tirages originaux signés par ces maîtres de la photographie qui explorèrent la plasticité du corps féminin : Edward Weston, Helmut Newton, Cindy Sherman, Cecil Beaton, Bettina Rheims, Edouard Boubat, Henri Cartier-Bresson, J.H Lartigue, Jean-Loup Sieff, Robert Mapplethorpe etc…
MAMAC “BONJOUR MONSIEUR MATISSE” A la suite de l’exposition “Ils ont regardé Matisse” présentée au Musée du Cateau-Cambrésis en 2009 qui analysa l’incidence formelle de Matisse sur l’art abstrait américain et européen d’après-guerre, le MAMAC propose une autre trajectoire. L’exposition met à jour les différents modes d’appropriations de l’œuvre du maître par bon nombre d’artistes des années 1960 à aujourd’hui. Elle met en perspective cette résurgence iconographique chez les artistes contemporains, américains et européens, tels Roy Lichtenstein, Andy Warhol, Erró ou Niki de Saint Phalle. La postérité matissienne s’y prolonge avec des œuvres issues de la dernière génération d’artistes œuvrant pour certains à Nice tels Gérald Panighi, Thierry Lagalla, Cynthia Lemesle & Jean-Philippe Roubaud. Les œuvres de Matisse mises en référence, défileront sur des écrans vidéo, conviant le public à un jeu d’association.
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PALAIS LASCARIS “MATISSE. LES ANNÉES JAZZ” Dans ce vieux palais niçois du XVIIe siècle, se “tricotent” l’histoire musicale locale, via un formidable patrimoine d’instruments et la genèse de l’album Jazz de Matisse. Un « livre d’artiste » que le peintre réalisa entre 1943 et 1947. En s’intéressant au contexte de cette œuvre illustrée, et aux affinités que Matisse entretenait avec le jazz on y découvrira la progression de ses papiers découpés depuis le début des années 1930. Sur une proposition de Sylvie Lecat, Conservateur du Palais Lascaris, et de Daniel Soutif qui fut Directeur du Développement Culturel au Centre Pompidou et à qui on doit l’exposition “Le siècle du jazz” présentée par le Musée du Quai Branly en 2009.
De haut en bas et de gauche à droite :
MUSÉE MASSÉNA “PALMIERS, PALMES ET PALMETTES” Autre exploration d’un motif récurrent de l’œuvre de Matisse. En 1904, Henri Matisse se rend, à l’invitation de son ami Signac, à Saint-Tropez. Il en découlera un chef-d’œuvre, « Luxe, calme et volupté ». Dès lors, les symboles méditerranéens envahissent sa peinture autour de trois éléments : la fenêtre, les persiennes et le palmier. Entre l’histoire des idées et l’histoire des formes ! OM
Edward J. STEICHEN, The little round mirror, 1906 © Collection Amedeo M. Turello
Henri MATISSE, Nu, bras sur la tête, Paris, 1904 © Succession H. Matisse. Photo : François Fernandez
Niki de Saint Phalle, La Danse, 1994 © Charitable Art Foundation / ADAGP, Paris, 2013 Laurence AËGERTER, Jeu de boules (Marseille, 1972) © Courtesy Galerie Maud Barral, Nice - © ADAGP, Paris, 2013 / Succession H. Matisse
Henri MATISSE, Jazz, Paris, Tériade éditeur, 1947 © Succession H. Matisse Youssef NABIL, Self portrait with the sunset, Rio de Janeiro, 2005 © Courtesy
of the artist and Galerie Nathalie Obadia, Paris / Bruxelles
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PARIS
Rétrospective
ROY LICHTENSTEIN La ligne pop art
Ci-dessus : Sunrise
© Estate of Roy Lichtenstein New York / ADAGP, Paris, 2013.
S
Chicago, Washington, Londres et bientôt Paris… Les peintures et les sculptures de Roy Lichtenstein viendront cet été égayer les cimaises du Centre Pompidou. Au-delà des 130 pièces réunies pour cette rétrospective, l’escale parisienne s’est focalisée sur la présence renforcée des sculptures et des gravures de cette figure emblématique du pop art américain.
Ci-dessus : Studies for dishes
© Estate of Roy Lichtenstein New York / ADAGP, Paris, 2013.
e démarquer de ses prédécesseurs n’est La collision du commercial et de l’art pas chose aisée pour le Centre Pompidou Ce nouveau concept lui permettra de développer avec mais il peut éventuellement se reposer sur ironie une conception de la peinture liée à l’ère de la rela richesse et la carrière prolifique de cet artiste production mécanique et à l’omniprésence des médias de qui n’hésitait pas à dire de son vivant « presque masse afin de dépeindre ce qu’il décrit comme « une sorte tout le monde aujourd’hui a une touche de pop. d’insensibilité qui imprègne la société ». Comme constat, Je vois même du pop art chez les gens très absle scoop n’est pas de première fraîcheur. Mais force est de traits. » La peinture abstraite, il la connaît bien percevoir qu’entre la superficialité apparente des images puisqu’il en a été un des fervents expressionet une approche intellectuelle du rôle social de l’artiste se nistes jusqu’au début des années soixante. Sa Roy Lichtenstein, 1985 profile une quête de la peinture surlignant un monde post© DR célébrité (et célérité) due à ses interprétations à industriel. Pour Lichtenstein « Ces coups de pinceau dans grande échelle d’images tirées de bandes dessinées commence la peinture transmettent un sentiment de grand geste. Mais dans mes avec Look Mickey (1961) et Wham ! (1963). Il a tout juste 40 ans mains, le coup de pinceau devient la représentation d’un grand geste ». (il est né en 1923). L’emploi de couleurs primaires, de contours A méditer. Il y a aussi chez lui le soin d’éviter la reproduction photogranoirs épais et de points pour simuler les ombres et les tonalités phique comme peuvent l’exploiter Andy Warhol ou Rauschenberg. Ses deviendront sa marque de fabrique. Une radicalité stylistique à recherches se soumettent à la collision du commercial et des beauxlaquelle il se fiera tout au long de sa carrière au point de sombrer arts tout en singeant la culture de consommation de l’électroménager parfois dans les automatismes de la grande production. made in America. Lui-même en convient : « Je suis intéressé par ce qui
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En haut : Whaam!, 1963
© Estate of Roy Lichtenstein New York / ADAGP, Paris, 2013.
Ci-dessus : Still Life with Goldfish [Nature morte aux poissons rouges], 1972 © Estate of Roy Lichtenstein New York / ADAGP, Paris, 2013.
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Ci-dessus : Lamp II [Lampe II], 1977
© Estate of Roy Lichtenstein New York / ADAGP, Paris, 2013
Hot Dog, 1964
© Estate of Roy Lichtenstein New York / ADAGP, Paris, 2013.
Modular Painting with Four Panels, #4 , 1969 Photo : Jacqueline Hyde - Centre Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP © Estate of Roy Lichtenstein, New York/ Adagp, Paris
serait normalement considéré comme les pires aspects de l’art commercial. Je pense que c’est la tension entre ce qui semble être tellement rigide et cliché et le fait que l’art ne peut pas vraiment être de cette façon. » Et là, tout est dit. Le «Roi» Lichtenstein est un iconoclaste surfant sur les démons de la consommation et de la productivité. Il s’y engage, se passionne pour les guerres et les romances, la publicité et les comics strip, il les décrypte à travers une superficialité saisissante de froideur exempte malgré tout de cynisme.
l’embastiller dans un avant-gardisme sectaire. L’influence de la peinture européenne lui offre de multiples plages d’inspiration. Les grands aplats de Matisse, le graphisme expressionniste de Fernand Léger, la puissance créative de Picasso deviennent des supports de prédilection qu’il réinterprète à la façon d’un cartooniste relookant son musée imaginaire. En confrontant sa technique de tramage aux grandes œuvres de l’histoire de l’art, il ne fait que peaufiner au crépuscule de sa Before the Mirror vie ses thèmes de prédilection : les nus féminins, © Estate of Roy Lichtenstein New York / ADAGP, Paris, 2013. les natures mortes et les paysages, notamment des paysages chinois qu’il peindra jusqu’en 1997, année de son décès. L’aura des grands maîtres et l’histoire de l’art Contrairement à l’Art Institute de Chicago, de la National Gallery de Le puissant vecteur de la distance lui permet de véhiculer un pouvoir Washington et de la Tate Modern de Londres, le Centre Pompidou à Pad’attraction hors norme dans le domaine du pop art américain. Roy ris a joué la carte de la rareté. Ses peintures ont fait le tour du monde, Lichtenstein est terriblement américain dans sa démarche artistique. ses dessins et ses collages de même. Mais nous en savons beaucoup L’aura de Jackson Pollock a été déterminante mais pas au point de moins sur ses sculptures et ses gravures. A voir et à (re)découvrir. HK
Du 3 juillet au 4 novembre 2013 au Centre Pompidou.
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EN VILLE
EUROPE
euroArt
fédère les Artistes
La Fédération Européenne des Colonies et Villages d’Artistes EuroArt a pour objectifs de rappeler l’héritage culturel européen des différentes colonies d’artistes et promouvoir les artistes contemporains. Comme le souligne M. Benno Risch, Secrétaire Général de la Fédération, « il n’est pas seulement question de préserver l’héritage culturel du passé, mais aussi d’essayer de maintenir une activité créative dans ces sites historiques. » Créée en 1994 à Bruxelles sous le patronage du Parlement européen, la Fédération EuroArt regroupe aujourd’hui 25 pays européens, de la Norvège au Portugal, de l’Islande jusqu’à la Grèce. Ces pays furent les lieux de naissance d'importants courants artistiques et ont rénové au XIXe et au début du XXe siècle l'art européen, en tant que précurseurs et pionniers de l'impressionnisme, du réalisme, du symbolisme, du post-impressionnisme, du surréalisme et de l'expressionnisme. « Des artistes renommés comme Millet, Corot, Courbet, Daubigny, Cézanne, Van Gogh, Gauguin, Kandinsky, Marc Jawlensky, Werefkin, Hölzel, Pechstein, Liebermann, Dix, Müller-Kaempff, Gustave de Smets, Servaes, Boulenger, Erikson, Westerholm, Krøyer, Mondrian, Toorop, Paula ModersohnBecker, Heinrich Vogeler, Károly Ferency et beaucoup d'autres maîtres-artistes représentent et caractérisent ce mouvement artistique européen remarquable, véritable phénomène d'histoire de l'art et de la culture dont la dimension touche l'ensemble de l'Europe », nous explique-t-on à la Fédération EuroArt. « Ils ont apporté au monde une nouvelle façon de voir les choses. » On compte environ 200 colonies ou villages d'artistes dans l'ensemble de l'Europe. Ces derniers « doivent se réactiver sur le plan européen en tant que villes d'artistes contemporaines et à l'avenir, jouer un rôle actif et dynamique comme par le passé, en vue d'inciter, d'interchanger et de créer dans un esprit européen en tant que créateur, pionnier et porteur d'une importante et vaste culture européenne commune dans toute sa riche diversité. En même temps, la conscience pour l'héritage culturel commun de l'Europe doit être promue comme une contribution essentielle au développement d'une identité européenne », ambitionne la Fédération EuroArt. Ces ambitions se traduisent concrètement par l’organisation d’expositions, de colloques et de séminaires culturels. Chaque année, l’Assemblée Générale de la Fédération EuroArt est l’occasion de nouer des liens forts entre artistes et représentants des pays membres, ancrés dans des lieux chargés d’histoire artistique. L’Assemblée Générale 2012 a regroupé près de 200 personnes au Château de Cagnes-sur-Mer, en présence de M. le Maire. Même si cette ville française était déjà membre d’EuroArt depuis plus de 5 ans, ce fut l’occasion de découvrir la ville et son histoire pour les membres présents. De haut en bas Château Grimaldi, Cagnes-sur-Mer Art Atelier, Vallauris Fondation maeght, St Paul
© Susanne Reuter
EUROPE
EN VILLE
De haut en bas et de gauche à droite Gallery B&B, St Paul de Vence Chapelle, St Paul de Vence August CONTET, Cros de Cagnes, Course de bateaux, Ville de Cagnes-sur-Mer, Château Musée Grimaldi Marie-Madeleine de RASKY, La Maison de Modigliani, 1963, Ville de Cagnes-sur-Mer, Château-Musée Grimaldi
euroArt
© Susanne Reuter
Du 10 au 14 octobre 2013, la prochaine Assemblée Générale d’EuroArt se déroulera à Willingshausen en Allemagne, un berceau de l’art littéraire (les frères Grimm en sont originaires) et de la peinture. « C’est la plus ancienne colonie d’artistes d’Europe », commente M. Benno Risch. Les Assemblées sont ouvertes aux membres et aux publics intéressés. A cette occasion, les groupes suivants se réunissent pour travailler : les Comités Consultatifs "Héritage Culturel", "Art et Artistes Contemporains" et "Tourisme qualitatif et Art" ; le Comité des Maires des villes d'artistes en Europe, ainsi que les groupes de travail "Echange d'artistes, bourses, fondations d'artistes", "Jumelage culturel" et « Art et environnement ». A travers ces thématiques de travail, de grandes expositions et des colloques sont organisés dans les pays membres de la Fédération EuroArt, « principalement à l’initiative des villages d’artistes eux-mêmes. Notre rôle est de relayer ces évènements et bien sûr d’y participer. Nous finançons la plupart de nos actions par les contributions individuelles et les fonds européens », explique M. Risch. A chaque Assemblée Générale, une décoration est remise à un artiste, un groupe d’artistes ou un village particulièrement actif. And the winner is… ? Réponse en octobre 2013.
CM
Les organisations, musées et administrations des villes déjà membres d'EuroArt Allemagne : Ahrenshoop, Dachau, Dinkelsbühl, Grötzingen/Karlsruhe, Hemmenhofen/Höri, Hiddensee, Kevelaer, Kronberg, Murnau, Prien am Chiemsee, Schwaan, Schwalenberg, Willingshausen, Worpswede Autriche : Graz Belgique : Mol, Sint-Martens-Latem, Tervuren Danemark : Skagen Espagne : Olot Finlande : Önningeby / îles d'Åland France : Argenteuil, Auvers-sur-Oise, Barbizon, Cagnessur-Mer, Collioure, Fontainebleau, Grez-sur-Loing, Giverny, Honfleur, Isle Adam, Lagny-sur-Marne, Le Pouldu, Moretsur-Loing, Paris, Pontoise, Théoule-sur-Mer, Vallauris, Vence Grèce : Paros, Rhodes Hongrie : Budapest, Gödöllö, Szolnok, Szentendre, Keczkemet Irlande : Annaghmakerring/Monaghan County Islande : Reykjavik Italie : Pietrasanta Lituanie : Nidden/Nida Norvège : Balestrand Pays-Bas : Bergen, Domburg, Katwijk, Laren, Oosterbeek Pologne : Kazimierz, Szklarska Por_ba/Schreiberhau Royaume-Uni : Christchurch, Edinburgh, Glasgow, St-Ives Roumanie: Nagybanya Russie: Abramtsewo Suède : Arvika Suisse : Amden, Ascona, Fondatione Monte Verità, Zürich.
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ANTIBES
anthéa
the show must go on ? A l’issue d’un chantier de trois ans, Anthéa contraction de « antipolis théâtre d’Antibes » a ouvert ses portes le 6 avril avec La Traviata. La musique de Verdi retentit pour la première fois dans ce temple de 9000 m2, taillé pour le spectacle vivant et piloté artistiquement par Daniel Benoin, directeur du Théâtre National de Nice. A quelques encablures du rivage à l’entrée de la ville, Anthéa s’impose d’abord par sa silhouette massive adoucie de courbes de verre et d’acier : Une sorte Rubik’s Cube au profil guerrier ? Délibérément, car ces lignes confiées à l’agence Archidev, font « miroir » avec un autre bâtiment antibois célèbre ; le Fort carré édifié par Vauban, que l’on aperçoit de la terrasse. Anthéa, un rempart contre la crise ? « Il s’agit du plus grand théâtre construit en France depuis 10 ans et il le restera probablement pour la prochaine décennie » déclarait Jean Léonetti, Député-Maire d’Antibes et Président de la CASA (Communauté d’Agglomération SophiaAntipolis). Un baptême en 35 spectacles On ne peut s’empêcher de penser que le pari est audacieux alors que l’on rentre dans le dur de la crise ? Certes le projet a été initié avant que le ver ne soit dans le fruit car il aura fallut trois ans pour faire sortir du sol le colosse et presque autant pour réunir les partenaires, essentiellement les collectivités territoriales afin de financer ce temple du spectacle à hauteur de 33 millions d'euros. Jean Léonetti rappelait que « le divertissement et la culture sont des antidotes prisés du public en temps de récession et le spectacle vivant a le vent en poupe ». Alea jacta est ! La ville d’Antibes vient de se doter d’un nouvel outil de diffusion ! Pas moins de 35 spectacles y sont programmés d’avril à juillet. Car ce grand théâtre, précise Daniel Benoin, « est destiné à accueillir des spectacles, régionaux, nationaux ou internationaux, mais est beaucoup moins voué à la création comme l’est le TNN ».
Daniel Benoin
© DR
Si le baptême inaugural attira plus d’un millier de personnes, l’enjeu subsiste : remplir toute l’année près de 1500 fauteuils. La salle Jacques Audiberti de 1200 places - 700 au parterre et 500 au balcon et en loges - accueillera des opéras contemporains et des spectacles d’envergure forts de sa scène XXL : un plateau de 28 m x 20 m de profondeur et une fosse pouvant abriter 75 musiciens. La salle Pierre Vaneck (200 places) sera, elle consacrée aux spectacles jeune public et aux productions régionales plus intimistes. Son gradin rétractable lui permettant de se changer en lieu de répétition. Une troisième salle mystérieuse apparaît sur le site internet d’Anthéa, celle du TNN. Daniel Benoin s’en explique « Nous avons tout intérêt à fédérer ces deux grandes scènes, établir une programmation commune et complémentaire qui drainera le public azuréen et audelà ! Une synergie doit naître de cette politique qui profitera à la création et à la culture dans toute notre région. » Jean Léonetti, Député-Maire d’Antibes et Président de la CASA, entouré de quelques élus lors de la soirée d’inauguration © CASA 2013
Anthéa, Extérieur Nuit
© Milène Servelle
ANTIBES
Musique au cœur Pour attirer ce public si précieux, Daniel Benoin n’a pas de recettes miracles mais une solide expérience de directeur artistique et d’administrateur. En 10 ans à Nice, il a réussi à fidéliser et faire du TNN le deuxième théâtre au rang national en termes d’abonnés. Auparavant il avait tenu la barre du Théâtre National de Saint Etienne : « là-bas aussi j’avais eu à piloter une autre salle qui faisait ses débuts dans la carrière ». De la Traviata à Pink Martini via Philippe Decouflé et François-Xavier Demaison, son premier jet annonce un cap orienté vers la diversité des offres. Le TNN nous a habitués à ce savant brassage. « Avec Anthéa, je dispose d’une palette plus large car nous pouvons accueillir des concerts symphoniques et des spectacles lyriques ». Ainsi le ton est donné et en regard à l’héritage lyrique antibois, deux opéras prestigieux encadrent la saison inaugurale : « La Traviata » en inauguration, et en clôture (5 et 7 juillet) un Don Giovanni présenté par Madame « Musique au Cœur » : Eve Ruggieri. L’ambition est aussi pour Jean Léonetti « de mutualiser les forces créatives locales ». Aussi Anthéa sera largement ouvert à ces formations qui font rayonner la Côte d’Azur : L’Orchestre Philarmonique de Nice, celui de Monte-Carlo et bien sûr l’Orchestre Régional de Cannes. Les trois ensembles sont d’ailleurs de ce galop d’essai tel l’Orchestre Philharmonique de Nice qui a essuyé les plâtres dans une production tripartite (Opéra de Monte-Carlo, Opéra-théâtre de Saint-Étienne, Théâtre Carlo Felice de Gênes). La relève n’a pas été oubliée. Les jeunes talents du conservatoire d’Antibes s’y produiront le 22 juin. Le couteau suisse du spectacle vivant Pour les trois coups, les propositions témoignent également d’un bel éclectisme : « Les jeux de l’amour et du hasard », un incontournable de Marivaux revue par la Comédie Française ! Une pièce signée par une plume trempée dans l’encre caustique : Roland
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Dubillard, Sa « Maison d’os » avec Pierre Richard devrait réunir les 16 et 17 mai amateurs et curieux. Quant à « Cher Trésor » signé Veber c’est une comédie avec Gérard Jugnot en vedette qui a déjà « capitalisé » à Paris et devrait faire le plein les 24 et 25 juin. Les deux plateaux sont adaptés pour accueillir également les ballets classiques et chorégraphies modernes. « Phèdre, la dernière danse », qui vient d’être donné, est la première création d'Anthéa. Le Ballet Nice Méditerranée le 5 juin dévoilera un pan néo-classique avec des œuvres de Balanchine et David Parsons avant que le bestiaire secoué de Decouflé, fort de son best of « Panorama », n’investisse la scène les 14 et 15 juin. Daniel Benoin avait habitué les niçois à des réjouissances sans coup de « brigadier ». One man show, nouveau cirque et musiques actuelles sont également au menu des festivités antiboises. Rires et chansons avec Demaison, Max Boublil et Pink Martini. Quant aux « Contes chinois » ils ont transformé fin mai le plateau en grand livre animé, où se mêlent voix, dessin, vidéo et musique. Car les nouvelles technologies (3D, images numériques) pourront insuffler ici une dimension nouvelle au spectacle vivant. Ce n’est qu’après ce tour de chauffe qu’on en saura plus sur le potentiel d’Anthéa. En espérant que son emblème, subtil entrelac de cercles qui épouse sa forme et symbolise le métissage culturel ne devienne pas le tracé d’un labyrinthe dont ne trouve plus l’issue ! OM De haut en bas et de gauche à droite : Panorama © Christian Berthelot Ballet Nice Méditerranée, Raymonda © Dominique Jaussein Cher Trésor © DR
Max Boublil en sketches et en chansons © DR Pink Martini © DR Phèdre, La dernière danse © DR
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VENCE
Hommage à la
galerie Chave
© Studio photoguy
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Il est indispensable de prendre son temps pour la visite de la galerie fondée par le lyonnais Alphonse Chave en 1947 au 13 rue Isnard. Ce visionnaire fut décorateur avec son cousin Pierre Delage, jusqu'à la guerre. En 1940, il quitte définitivement Lyon pour Vence, où il s'occupe d'une petite exploitation agricole et fonde un syndicat agricole. En 1943, il achète un bazar-droguerie. En 1947, sa galerie s’appelle "Les Mages", jusqu'en 1960, puis prend le nom de "Galerie Alphonse Chave". Alphonse Chave était à l'écoute des artistes, un détecteur de talent, un humaniste rare, aussi bien à l'aise avec Jean Dubuffet qu'avec Max Ernst, Man Ray, Jacques Prévert, qu'avec Ozenda, et a apporté son soutien au regretté Robert Malaval. Mon frère le peintre Gérard Altmann (1923-2012) prit son envol. Il y fit sa première exposition personnelle en 1954... De Clouzot à Cocteau, Dorothea Tanning en passant par André Verdet, Max Papart, André Bauchant, Georges Ribemont Dessaignes, Tilda Thamar,Georges Lauro, Armand Avril, Bernard Damiano, Degaine, Kopac, Boris Bojnev, Anatole Nelk, Sophie Strouvé, Louis Pons, Winkler, Dereux, Théo Tobiasse, Edgar Mélik, Francis Planc, Gaston Chaissac, Yolande Fièvre, Réquichot, Fernand Michel, Gaudet, Pouderoux, Jean-Jacques Condom, Popov, Robert Erebo, Marthe Estibotte, Pepersak, Gironella,Gabritschevsky, Gerard Eppelé, Max Maurel... De l'Art Naïf, au dadaïsme, Surréalisme, en passant par l'Art Brut, les Visionnaires, des œuvres et des hommes d'une grande créativité, hors des chemins traditionnels du monde de l'art....! Pierre Chave a repris le flambeau de son père en compagnie de son épouse Madeleine, avec une évidente passion. Pierre est aussi un excellent lithographe. Nous sommes dans le royaume de la sincérité, loin du bazar bling bling de certains lieux culturels ! Découvrir les archives de la galerie : un grand pan de l'histoire de l'art en marge des circuits traditionnels. Chez Chave, on parle art, avec délectation et modestie. Des anecdotes sur les artistes fusent avec tact, loyauté et passion... c'est l'amour de l'art. Un exemple à suivre ? Vence cité des arts...un retour aux sources ! A Vence, nous marchons dans les pas de certains géants de l'histoire de l'art moderne et contemporain. En effet, Henri Matisse, s'y installa pendant la dernière guerre dans la villa "Le Rêve" et y réalisa la Chapelle du Rosaire. Elle fut inaugurée le 25 juin 1951. Matisse était sous le charme en découvrant Vence. Il a écrit le 23 août 1943 à Aragon "Je suis à Vence depuis un mois et demi, très bien à tous points de vue. Beau paysage sur la route de SaintJeannet, ce village qui me fait penser à la "Géante de Baudelaire". De Matisse à Raoul Dufy en passant par Soutine, Marc Chagall, Jean Carzou, Jean Dubuffet, Jean-François Ozenda, Nall, JeanCharles Blais et un géant de l'art contemporain Arman, qui avait
son atelier sur les hauteurs de Vence. A découvrir aussi le col de Vence, qui inspira de nombreux artistes, le dernier en date, le discret Théo Tobiasse. Un autre événement artistique en mars 1967, la première exposition structurée de "Ecole de Nice" désormais historique à la galerie Alexandre de la Salle, place Godeau. Mais l'importance de cette ville est liée aussi à ma propre histoire. En effet, lors de l'inauguration de la chapelle du "Rosaire", je faisais partie de la chorale des "Petits chanteurs de la Côte d'Azur", basée rue Pauliani à Nice et placée sous la direction de l'Abbé Maurice Lefevre... Maître de chapelle : René Callonico. Des chants de Gabriel Fauré, Gaston Litaize... ont résonné pendant l'inauguration. D'autres surprises et émotions, car dans les années soixante, j'ai découvert pour la première fois "l'Art Naïf" à la galerie Odile Harel, et dans la foulée "L'Art Brut", grâce à Jean-François Ozenda (1923-1976), personnage original ? Une rencontre lors d'une représentation de Britannicus par la Compagnie Bernard Fontaine (Du chanteur... j'étais devenu comédien). Ozenda me fit découvrir la galerie Alphonse Chave. Et quelques années plus tard, en 1973, ouverture de mon premier musée d'Art Naïf et d'Art Brut à Flayosc, dans le Var. Grâce à mon travail très actif, "Le Pape des Naïfs", Anatole Jakovsky prit contact avec moi en 1978, en me proposant d'offrir sa collection et j'ai eu l'idée d'ouvrir le Musée International d'Art Naïf Anatole Jakovsky au Château Sainte-Hélène à Fabron... Restons encore un instant dans l'armoire aux souvenirs, la Chapelle des Pénitents Blancs, met en évidence des artistes dont la notoriété est ascendante, et c'est ainsi que Nivese dans les années 90, fit sa première exposition officielle, soutenue par une préface de Pierre Restany et en présence de André Verdet et Jean-Louis Prat (Directeur de la Fondation Maeght). Dans les années 90, Pierre Marchou, réalisateur vençois, me demanda ma collaboration pour son film "A la recherche de l'Ecole de Nice". Et dans la foulée, le Musée Rétif, exposa "L'Ecole de Nice" avec la collaboration d'Alexandre de la salle et France Delville... Un retour aux sources ! Ne passons pas sous silence, les expositions d'art contemporain au splendide Château de Villeneuve-Fondation Emile Hugues, à découvrir sans aucune réticence...
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De gauche à droite : Danielle Negro, Sculpture polychrome Philippe Dereux, La Gentry Boris Bojnev, Collage numéro 1305 Danielle Negro, Sculpture polychrome Toutes photos © Studio photoguy
L'actualité de la galerie avec deux artistes Michel Roux, "Le domaine des signes" : le dessinateur est habitué de la galerie, il y expose depuis 1976. Il vit à Cotignac dans le Var, il fut instituteur de 1972 à 1977. Il s'adonne au dessin depuis 1972 et poursuit son vagabondage dans des dessins fantastiques. "Il y a une vingtaine d'années, il était difficile de convaincre le spectateur que les dessins de Michel Roux n'avaient pas été dessinés par un ordinateur, une remarque qu'il prenait sans agacement. Depuis, la naïve croyance en l’omnipotence de l'ordinateur a disparu..." (court extrait d'un très beau texte écrit par Jerôme Chave). De nombreux écrivains et pas des moindres ont écrit sur l'œuvre de Michel Roux : François Cali, Gilbert Lascault, Joseph Mouton, Pierre Gaudibert...
Amandine Rousguito : C'est une première exposition pour cette niçoise née en 1950. Elle a une formation de technicienne des métiers du spectacle et un diplôme universitaire "Interaction : art et psychothérapie". Elle réalise aujourd'hui sa première exposition de sculptures textiles "Les vêtures". C'est une œuvre originale, mystérieuse... elle est à l'évidence fascinée par le noir et y perçoit plusieurs tons, rythmes, nuances selon l'armature ou la matière de la fibre. Car en effet, il est bien question de textile, de la matière, du son, du toucher, de ce qui fait qu'il y en a une multitude. Chaque accord ou discordance fait de cette unicité, une singularité, dit-elle dans un très beau texte de présentation de son œuvre insolite, et qui mérite votre regard.
A voir sans réticence, jusqu'au 28 juin à la galerie Alphonse Chave
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Monaco fête Picasso au Grimaldi Forum A l'occasion du 40e anniversaire de la disparition de ce titan de l'art. Le Grimaldi Forum Monaco offre un regard inédit sur la production artistique, révélant non seulement les liens privilégiés qu'il a entretenus avec la Côte d'Azur, mais également une sélection exceptionnelle d'œuvres majeures issues d'une collection privée remarquable.
En effet, deux ensembles thématiques illustrent cette exposition à travers plus de 150 œuvres : "Picasso Côte d'Azur", un merveilleux voyage emmènera les visiteurs autour d'Antibes-Juan-les-Pins, Golfe-Juan, Mougins, Cannes, dans les espaces qui ont tant attiré Pablo Picasso l'été, entre 1920 et 1946, des sources directes d'inspiration. "Picasso dans la collection Nahmad" mettra en évidence des chefs-d’œuvre de Picasso qui occupent une place essentielle dans cette collection unique au monde, de par son importance et sa qualité, constituée par Ezra et David Nahmad durant ces cinquante dernières années... Le commissariat de l'exposition est conjointement assuré par Jean-Louis Andral, Directeur du Musée Picasso d'Antibes, Marilyn McCully, spécialiste reconnue de Picasso, et Michael Raeburn, écrivain qui a collaboré sur de nombreux ouvrages consacrés à Pablo Picasso. La scénographie de l'exposition a été confiée à Cécile Degos. N'oublions pas les soutiens : CMB (Compagnie Monégasque de Banque), D'Amico, Musée Picasso, Antibes. André Verdet, qui fut très lié avec Picasso a écrit ce poème dans la foulée lorsqu'il a appris la disparition de son ami : « Picasso Blues. En ce matin du 8 avril 1973. A 11 heures 45. Pablo Picasso a pris forme immobile. Le plus grand feu. Est froid. Plumée de noir une colombe vole. L'air trace un arc tombal. L'azur pèse. Soudain. Vieillit la lumière. Un gisant bloque l'heure. Encombre l'horizon. Midi sonne faux. Les dieux s'embrument de silence. L'oracle s'interroge. Ariane perd le fil là. Ou le peintre l'avait laissé. Un taureau-roi aurait-il.
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L’atelier de Picasso au château Grimaldi © Studio photoguy Jean-Louis Andral, co-commissaire de l’exposition « Monaco fête Picasso » et conservateur en chef du musée Picasso d’Antibes, devant un portrait de Pablo Picasso © Studio photoguy
Emporté son corps où. Se recrée la vie d'ici. La pensée se grave. Rien ou personne n'est éternel. Mais déjà l'outil intente. Un procès à la mort. » Quarante ans après sa disparition, Picasso reste et restera pendant longtemps le magicien de la peinture, de la sculpture sans omettre la céramique et la gravure. Une littérature abondante existe sur les différentes facettes de Picasso. L'exposition « Monaco fête Picasso » promet de créer l’événement, avec des prêts en provenance de grands musées et collections privées : Picasso à Antibes, Musée de Grenoble, Musée National d'Art Moderne, Centre Georges Pompidou, Paris, Stedeljik Museum, Amsterdam, Redfern gallery, Londres, The Penrose Collection, Angleterre, Slomon R. Guggenheim Museum, New York, Nouveau Musée National de Monaco, Opera Gallery Monaco. Collections privées : Ludwig Stoffel collection, Richard and Mary L. Gray and The Gray Collection Trust, Collection of Michael La Fetra, Los Angeles, Collection Ezra et Davis Nahmad, Estate Brassaï... L’exposition est exceptionnelle grâce aux nombreux prêts rarement montrés, cet ensemble thématique offre aux passionnés de l'œuvre de Picasso une production intimiste de l'artiste, à travers dessins, gouaches décrivant l'essentiel de son existence sur la Côte d'Azur et ce au cours d'une période fragile de sa vie, notamment bouleversée par les retentissements politiques connus en Espagne, sa pays natal....Picasso était curieux de tout, son Pablo Picasso à Cannes en 1960, archives Frédéric Altmann © Gaston Diehl
empreinte sur nos rivages est unique... Le Musée Picasso à Antibes, le premier au monde, inauguré en 1947, grâce à Dor de la Souchère. Le Musée National Picasso, La Guerre et la Paix à Vallauris. Notre-Dame de Vie à Mougins... Presque un inventaire à la Prévert... Son attachement à la photographie qu'il pratiqua. N'oublions pas ses amis photographes : André Villers, David Douglas Duncan, Edward Quinn, Lucien Clergue, Robert Doisneau, Man Ray, Brassaï, Capa, Michel Sima, Denise Colomb, Roland Penrose, Lee Miller, Raph Gatti, à voir au Musée de la Photographie André Villers à Mougins. Le cinéma avec le sublime film "Le Mystère Picasso" réalisé par Henri-Georges Clouzot, en 1955 aux Studios de la Victorine à Nice... C'est Claude Renoir qui dirige l'éclairage : Oh! Le petit-fils d'Auguste Renoir ! " murmura Picasso intimidé le premier jour. Eh oui, c'était le descendant du grand peintre qui inscrivait sur pellicule un peintre parmi les plus grands...." Quand nous serons tous morts, toi et moi, dira Clouzot à Picasso, le film continuera à être projeté.". C'est le seul film sur Picasso... "La fête à Picasso" respire à chaque pas les déambulations de Picasso sur la Côte d'Azur, ses amours et amitiés avec Jacques Prévert, Paul Eluard, Jean Cocteau, Georges et Suzanne Ramié (célèbres céramistes de Vallauris). De Maurice Thorez à Serge Lifar, Gary Cooper, Yves Montand et Simone Signoret, Henri Matarasso, sans omettre
Michel Sapone, le tailleur de Picasso, car Picasso avait du charisme et de l'amitié pour les plus grands et les plus humbles un autre exemple son coiffeur de Vallauris : Arias. En 1946, Georges Tabaraud rencontre Picasso sur la plage de Golfe-Juan. Ce premier contact sera suivi d'une longue amitié entre le peintre le plus important de son siècle et un jeune journaliste du "Patriote", dont il le directeur. Picasso donnera chaque année un dessin célébrant le carnaval de Nice, une aide généreuse pour soutenir le journal du "Parti Communiste". Une petite anecdote : "Un écrivain soviétique, Dadeïev, dit à Picasso : "Vous faites une peinture que personne ne comprend", et Picasso lança la réponse fameuse : "Et le chinois, vous comprenez ? - Non." Et Picasso de conclure : "C'est comme la peinture, ça s'apprend." Pour ma part, j'ai appris grâce à l'œuvre de Picasso à aimer la peinture de mon temps... et surtout lors d'un voyage à New York au MOMA en découvrant "Guernica", avant son départ pour L'Espagne... La peinture a du sens et Picasso en est un exemple frappant. Il suffit de parcourir l'exposition afin de vous rendre compte que Picasso est porteur d'une force magique, mystérieuse et clairvoyante... FA Exposition "Monaco fête Picasso", du 12 juillet au 15 septembre 2013 au Grimaldi Forum.
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LA VIE DES ARTS
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Albert Goldberg L’amour de la qualité C’est dans sa boutique Albert Arts, située sur la Promenade des Anglais, que nous avons rencontré Albert Goldberg. Depuis 5 ans, il a fait de ce lieu un refuge pour hommes, comme il aime à l’appeler : « Albert Arts, c’est un homme qui a dépassé l’an 2000, qui est resté avec l’amour de la qualité, dans la tradition du vêtement tailleur et du vêtement sportswear. » Une véritable alliance de tradition et de modernité. S’implanter sur la Prom’ n’est pas dénué de sens et d’ambition pour Albert Goldberg. Ainsi il ambitionne qu’Albert Arts devienne « un endroit mythique du vêtement pour hommes sur la Côte d’Azur. Je me suis donné comme challenge de relancer la Promenade des
Ils ont en commun la volonté d’entreprendre, de créer, de préserver des savoir-faire et des métiers en France. Portraits croisés de créateurs et entrepreneurs engagés sur la Côte d’Azur.
Chacok
Chacok Le savoir-faire français en couleurs C’est dans l’univers très coloré de Chacok que nous avons rencontré Laure Grateau, PDG de cette entreprise qui porte haut les couleurs du savoir-faire français. L’aventure Chacok a commencé en 1971, avec l’installation des studios de l’entreprise familiale à Biot, sous la direction de sa créatrice Arlette Decock. Le style Chacok invite les couleurs dans le prêt-à-porter de luxe, conjuguant les styles bohèmes et artistiques. Aujourd’hui, Laure Grateau est aux manettes de la marque. « La fondatrice de Chacok a imprégné l’entreprise du savoir-faire et de cette force de travail, de création. Lorsque je suis arrivée, il y avait déjà ces ingrédients en place », nous
e d u a l i C c c u n Bo
Claude Bonucci Le savoir-faire pérennisé Des souvenirs, il en a des milliers. Claude Bonucci nous a reçus dans sa boutique à Cannes, à deux pas de la Croisette. Lui qui a habillé le Prince Rainier III, mais aussi Prince dans le film « Under the Cherry Moon », BB King, Lionel Hampton, George Benson, Enrico Macias, Richard Clayderman et tant d’autres, a fait le tour du monde grâce à sa profession. « Quand c’est mission impossible, on va chez Bonucci », s’amuse-t-il en se remémorant des délais et des demandes parfois invraisemblables à tenir. Claude Bonucci a débuté l’apprentissage à 16 ans en 1957. Après des passages à Londres et à Paris dans de grandes maisons, il choisit de revenir à sa ville natale, Nice, pour s’installer en 1964. Travailler aux
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LA VIE DES ARTS
Anglais : nous sommes la première boutique de ce type sur la Prom’, j’espère que ça va suivre. On a un bel exemple avec La Croisette à Cannes. » Ce fils de tailleur qui a appris le métier dans l’atelier de son père, rue Paradis à Nice, a créé sa première collection à 22 ans. Encouragé à se lancer par son père, il était loin de se douter que s’ouvrait alors la saga Façonnable, qui allait acquérir une notoriété dans le monde entier. Aujourd’hui, l’aventure Façonnable est derrière lui et c’est cet amour de la qualité qu’Albert Goldberg distille avec sa marque Albert Arts. A 75 ans, il continue à créer dans un espace dédié à même la boutique, où il fait entrer ses matières premières et travaille sur les collections confie-t-elle. Sa première rencontre avec la marque Chacok, Laure Grateau l’a faite en 2003, alors que la société connaissait un dépôt de bilan. Elle travaillait alors dans l’étude d’administration judiciaire qui a été désignée par le Tribunal de Commerce pour redresser l’entreprise. « Un plan de continuation a été présenté et nous en sommes d’ailleurs sortis en 2012 », explique-t-elle. « J’ai continué ma carrière par ailleurs et fin 2008, quelques mois après le début de la crise financière, Guy Chenu [le dirigeant, ndlr] m’a sollicitée. J’ai intégré l’entreprise à ce moment-là. » Des Hommes (mais surtout des femmes) et de la passion : une équation idéale « Chacok, c’est un ensemble de savoirfaire », explique Laure Grateau. « Chaque poste a toute son importance dans la réussite d’une collection, jusqu’à notre façon de vendre. […] Il faut apporter du rêve et expliquer techniquement nos produits à nos clients. » Pour cette marque audacieuse, il est primordial de pérenniser des métiers et garder des techniques historiques à valeur ajoutée dans la façon d’élaborer les modèles. La qualité des relations avec le personnel, les clients, les fournisseurs est une valeur essentielle. L’entreprise est d’ailleurs engagée dans une politique RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), car comme le souligne Laure Grateau, « le travail que l’on fait permet d’avoir du sens à tous les niveaux. »
côtés de bons « passeurs » de savoir-faire et énormément de pratique, voilà comment on apprend ce métier. « Je me suis toujours battu pour valoriser l’apprentissage », nous confie-t-il. Régulièrement sollicité pour intervenir auprès des jeunes sur le sujet, son message est toujours limpide : « si on est passionné et si on apprend bien le métier, avec seulement un dé et une aiguille, on peut se faire une place dans le monde entier. » Ses convictions sur l’apprentissage, il les a défendues jusqu’à Matignon, auprès de Mme Edith Cresson, alors Première Ministre de François Mitterrand [entre mai 1991 et avril 1992, ndlr]. Meilleur ouvrier de France en 1976, maîtretailleur, Chevalier de l’Ordre du Mérite, le couturier niçois a l’énergie de l’entrepreneur précurseur. Il a initié le Nice Fashion Festival, le rapprochement de la France et du Japon (Nice et Osaka, Cannes et Shizuoka) ou encore les voyages « French Riviera Leaders »
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à venir. Chaque mois, il se rend dans ses ateliers en Italie. « Ce serait magnifique si le Made in France devenait comme le Made in Italie dans mon métier. Mais aujourd’hui, c’est le Made in Italie qui est le patron de ce métier, au niveau de la qualité de production. J’ai fait ma carrière là-bas. Aujourd’hui, aux Etats-Unis, au Japon, en Chine, l’Italie a une grande consonance de
qui valorisent le savoir-faire français à l’international. En 1994, Claude Bonucci voyage pour la première fois à Kiev, où il préside le concours « Alta Moda des jeunes stylistes » et participe au salon du prêt-à-porter. Ainsi commence à s’écrire son partenariat privilégié avec l’Ukraine puis la Russie (présentation de ses collections à Kiev devant 4 000 personnes le jour de la fête nationale en 1995, rencontre à Moscou avec le grand couturier Slava Zaitsev, etc.) ; une passion qui donnera vie au Festival de l’Art Russe que l’on connaît chaque été à Cannes. Lors de la première édition de cet évènement, il rencontre la femme du réalisateur cinématographique russe Nikita Mikhalkov : Tatiana.
Didier Lenot, Responsable commercial et merchandising
Le savoir-faire Chacok, c’est : A la base des motifs : des dessins exclusifs réali/ Ph.Hurst
sés par des artistes, des peintres et dessinateurs Un bureau de style, lieu de création des modèles
t a n g o
par la styliste en fonction de la réussite d’un dessin sur une matière Uniquement des matières naturelles : coton, lin, soie, laine et viscose (fibre de bois) en provenance
c o u l e u r
d’Italie (60%) et de France (30%) Un bureau d’étude : une équipe de modélistes, graphistes, coupeuses et premières mains donnent vie à chaque étape de création, jusqu’au montage du modèle. La PDG explique : « on couvre tout : logistique, distribution, création, optimisation, production, marketing / communication et gestion-finance. Par contre, nous n’avons pas d’outils de production » 100 % de la maille jacquard est réalisée en France Une équipe de 110 personnes dévouée à la marque Dans l’actualité : Chacok a signé les gilets des participantes à l’édition 2013 du Rallye Aïcha des Gazelles au Maroc
Elle préside la Fondation Silhouette Russe, dont l’objectif est de révéler et promouvoir les jeunes stylistes russes. En 2003, lors de la finale du concours « New Russia - United World » organisé par la Fondation Silhouette Russe à Moscou, qui rassemble les meilleurs stylistes de la Confédération Russe, Claude Bonucci y a remis le premier prix qui porte son nom : le Prix « Claude Bonucci Haute Couture Masculine ». L’aventure russe et ukrainienne fait toujours l’actualité de Claude Bonucci aujourd’hui. Cet adepte du « bien s’habiller pour bien vivre » fêtera les 50 ans de son installation en 2014. CM
conception / design graphique :
qualité », explique cet amoureux du travail bien fait. Aujourd’hui, Albert Goldberg se donne pour objectif de transmettre le métier, cette volonté et cette force de travail qui a marqué sa vie. « Avec Albert Arts, j’ai la chance de faire quelque chose que j’aime, c’est ce qui fait qu’Albert Arts est au-dessus des modes. C’est un endroit unique. Quand j’ai commencé, je me suis dit que j’allais faire carrière dans mon métier. Et c’est le cas. Je continue, le temps n’a pas de prise sur moi : dans ma tête, je fonctionne toujours en printemps, été, automne, hiver », nous livre-t-il. A l’occasion des 5 ans de la marque Albert Arts, Albert Goldberg se raconte dans un ouvrage, à découvrir dans sa boutique en édition limitée.
Toutes photos © Studio photoguy
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FESTIVAL
2 0 1 3 DE BEAULIEU-SUR-MER
I Villa Kérylos I Hôtel Royal Riviera I La Rotonde I Opéra Nice Côte d’Azur I Théâtre de la Batterie I
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/ Ph.Hurst
Violons de Leg ende
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06 > 14 sept.
LES PLUS BELLES “ÂMES” DE LA MUSIQUE S o l e n n e PA Ï D A S S I • F a n n y C L A M A G I R A N D R o u s t e m S A Ï T K O U LO V • N a t a l i e C H O Q U E T T E N e m a n j a R A D U LO V I C e t l e s T R I L L E S d u D I A B L E
france
FRANCE
NICE 2 13 7
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THÉÂTRE
Jonathan Gensburger ou le goût des autres !
On l’a vu cette année au TNN dans « Double assassinat dans la rue Morgue », dans « Le principe de précaution » au Théâtre de la Semeuse puis à Carros. Jonathan Gensburger est acteur, auteur, citoyen, il traverse le décor avec légèreté, y laissant une trace indélébile. Talent à suivre…
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onathan Gensburger est né à Nice il y a 32 ans. Il a quatre ans quand sa famille déménage à Antibes. « J’aurais pu me tourner vers la musique, le sport. Mon frère suivait des cours de théâtre, je suis allé le voir et hop ! » Le petit clown à la maison fera ses classes au Théâtre de la Marguerite. 12 ans de café théâtre, un an au conservatoire de Nice et il lance un premier spectacle avec sa troupe autoproclamée : les Xomils ! Drôle de nom pour réveiller la bête de scène qui sommeille chez ce garçon réservé à la chevelure en bataille, « J'ai eu mon bac littéraire en 1998, mais je n’ai pas terminé mon année de fac. Ce n'était pas mon truc ! » Ses études supérieures, il les fera avec Magalie Maria et ses complices. 250 spectacles sur 6 ans aux quatre coins de la France dont deux au Festival d'Avignon. Boulimique de lectures, il devient un pilier de la médiathèque, puis de Radio Antibes, son autre passion, où il anime un talk show "Rien à Signaler". De Poe à Blustch C’est à Valbonne qu’il fait d’autres rencontres, ouvre d’autres portes. Paulo Correia et Gaële Boghossian l’engagent pour un travail sur Edgard Poe en 2004 puis sur « Une nuit arabe », ses premiers pas au TNN. Ensuite tout ça s’enchaîne « J’ai rencontré Frédéric de Goldfiem, permanent au TNN qui est devenu ami et partenaire. » Quant au directeur
du TNN, Daniel Benoin, il lui confie des ateliers. « Plus tu joues, plus tu es visible, donc plus on t’appelle. Le contraire est vrai aussi, quand tu es intermittent. C'est la règle du jeu, le prix de la liberté ! » Et l’acteur enchaîne les rôles, Making Of, Dissonance Mozart, Macbeth, Anatole F, L’homme des plages, Dissonance Freud, Après tout si ça marche, le double assassinat dans la rue Morgue, Le principe de précaution… Jonathan est partout du Théâtre de Nice, à celui de Grasse, du Théâtre de la Providence au Forum Carros etc… Sans oublier de petits rôles dans des séries TV : Une femme d’honneur, Sous le soleil, Plus belle la vie, et une apparition en 2012 dans un film avec Daniel Auteuil « La mer à boire ». Mais d’où vient cette fringale ? « La particularité ici, c’est que les compagnies ont du mal à jouer ailleurs. Les programmateurs nous boudent. La durée de vie d’un spectacle est éphémère, 5 représentations et rideau ! C’est frustrant, car le but est aussi de se confronter aux publics ! Pour un acteur c’est salutaire, car entre la 1ère et la 250ème, il s’en passe des choses ! Et ce n’est pas une question de qualité : avec seulement huit dates, « Double assassinat dans la rue Morgue » fut un succès. Alors on est contraint de faire quatre spectacles par an. On rencontre plein de gens, mais on n’a jamais le temps d’aller au bout des personnages ! »
© Studio photoguy
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THÉÂTRE
LA VIE DES ARTS
CRÉATION TNN
20 sept > 12 oct
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La filière stéphanoise « Enchaîner les rôles, cela peut aussi devenir la course au cachet, avec le risque de perdre la faculté d’interroger son désir ! » rajoute Jonathan qui, sous son aspect lunaire, rêveur qui lui donne parfois des « brillances » à la Claude Rich, a la tête bien vissée sur les épaules. Depuis son succès avec les Xomils, il a n’a pas cessé d’écrire et aime toujours croiser avec d’autres son expérience. « Ce qui m’a amené au Théâtre c’est, pour paraphraser Bacri, le goût des autres ! ». La plupart des spectacles auxquels il a prêté son talent sont nés d’affinités ou sont le fruit d’une partition écrite à plusieurs mains car son engagement va au-delà de la reconnaissance personnelle. « C’est l’avantage et l’inconvénient, ici on n’est pas nombreux, on se retrouve, et on se crée des familles de théâtre ». Jonathan a ainsi œuvré avec Pierre Blain et Frédéric de Goldfiem, tous deux originaires de Saint-Etienne comme Daniel Benoin. « Avec Pierre, nous avons réalisé plusieurs projets. J’ai écrit « Le principe de précaution », Fred a fait la mise en scène, et Pierre avec sa Cie La berlue a fourni la structure ». C’est aussi avec Pierre et Magali Maria qu’il a recréé « Anatole F » d’Hervé Blutsch. Une revisitation de l’univers clownesque sur un « drame administratif » flirtant entre Beckett et Kafka. C’est encore avec Pierre qu’il monta des spectacles
d’appartement (Comme si tout avait un sens). Un esprit d’équipe qui l’amène à explorer d’autres formes scénographiques. Théâtre de témoignage Cette quête de l’autre, Jonathan la décline à tous les modes, les moins conventionnels, les plus introspectifs. « Avec F. de Goldfiem, il adapte un film de Louis Malle. « My diner with André » devient « Mon dîner avec John » : un spectacle basé sur l’improvisation, joué au Théâtre de l’eau vive. « Il me faisait à manger trois soirs de suite, on ne préparait rien et on parlait pendant deux heures. » Le projet « Dissonance sur Mozart » puis en 2013 sa variante sur Freud est de cette veine. « L’instant, le réel et l’impro ; non pas pour faire du sensationnel, mais pour faire confiance à la parole simple et réelle. »
N A Q U E N I E RTS
2 0 1 2 > 2 0 1 3 T I O N A L D E N I C N AT I O N A L N I C E C Ô T E D ’A Z U L B E N O I N · W W W . T N N . F 06300 NICE · T 04 93 13 90 9
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C LU B 35 PARTENAIRE DU TNN
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S A I S O N T H E AT R E
C O R R E I A
TRADUCTION CHARLES BAUDELAIRE l ADAPTATION, DRAMATURGIE GAËLE BOGHOSSIAN l MISE EN SCÈNE, VIDÉO PAULO CORREIA AVEC JONATHAN GENSBURGER, FABRICE PIERRE l MUSIQUE CLÉMENT ALTHAUS l DÉCOR JEAN-PIERRE LAPORTE l LUMIÈRE ALEXANDRE TOSCANI l COSTUMES, MAQUILLAGE MARIE CHASSAGNE l ASSISTANT À LA MISE EN SCÈNE FÉLICIEN CHAUVEAU l INSTALLATION VIDÉO THOMAS COTTENET l PRODUCTION THÉÂTRE NATIONAL DE NICE - CDN NICE CÔTE D’AZUR EN COLLABORATION AVEC MEDIACOM ET 8°C
« La vie du quidam est aussi importante que celle d’Hamlet, si on sait en faire quelque chose ! J’aime autant un spectacle de haut vol que ce théâtre avec rien et des anecdotes. Le principe de précaution, c’est aussi ça, une parole de tous les jours sur les états d’âme d’un trentenaire ! ». L’acteur qui aime à libérer le verbe, l’éprouver sur scène, fait régulièrement des lectures à la Médiathèque de la BMVR. Mais la culture, l’accro aux planches, aux livres et à la radio, la souhaite encore plus proche. Depuis 2008, il est Conseiller municipal à la ville d’Antibes, délégué aux spectacles vivants. « Je me suis engagé par citoyenneté. Je ne suis pas encarté. Je voulais soutenir des projets comme le théâtre du Tribunal et Anthéa mais aussi cette culture de proximité qui est la clé pour responsabiliser, développer l’esprit critique ! » « Dissonance Freud » part en tournée à Marseille et Jonathan prépare ses bagages : destination Paris. « J’ai envie de changer de décor, de continuer à me mettre en danger mais je garde mes attaches ici. Et je reviendrai s’il faut faire un Dissonance Jésus ! » OM
De haut en bas et de gauche à droite : Anatole F © DR Whatever Works © DR Making Of © © DR Double assassinat dans la rue Morgue © DR
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LA VIE DES ARTS
MUSIQUE
NeoPop ou Post Punk, la nouvelle vague azuréenne Ils ont vingt ans et le font savoir à coups de guitares ! The Kitchies et les Monophonic Interzone ont creusé leur sillon dans des champs sonores très différents. Pop ou Punk d’où viennent ces décibels qui font grimper la cote de la scène niçoise ?
The Kitchies : Nice-Brighton, passeport Pop !
J
onathan, Jérémy, Florent, et Yannick sont azuréens mais leur groupe est né dans un autre sud. Sous les pavés la plage ? La leur est Pop jusqu’au bout des cordes. Les Kitchies sont tombés dans la marmite et ils le chantent !
The Kitchies à Brighton © DR
The Kitchies à Brighton © DR
« On jouait ensemble depuis 2009 en ayant cette envie d’Angleterre. On a travaillé pour mettre l’argent de côté. Yannick et Jeremy ont décroché une location, Florent et moi, on a signé pour 6 mois via une école linguistique. Tous les soirs, on écumait les open-mic, des scènes ouvertes dans les pubs qui permettent aux amateurs de prendre le micro, le temps d’un titre ou plus. Le vin en France, c’est une religion, là-bas c’est la Pop. A Brighton, il y a trois écoles de musique ! », explique Jonathan (chant). Au pays de Top of the Pop, la chrysalide a accouché du papillon et fait des fans. Une renaissance en terre étrangère ? Pas vraiment car nos frenchies étaient déjà
bien imprégnés de la culture locale. Leur musique est un cocktail pop ultra frais d’influences éclectiques à l’image de la mouvance britannique, Metronomy, Two Door Cinema Club, Zulu Winter. Et s’ils sont à l’affût des nouveautés, les fondamentaux sont là aussi. Inévitable pour Jérémy (guitare/claviers), expert ès arrangements « Pour moi c’est les Pink Floyd, les premiers à avoir intégré l’électro à la pop ». Janis Joplin, lâche le sémillant Jonathan, définition vivante du terme « Kitchies » Tous avouent aussi avoir été bercés au son des eighties : The Cure, The Smith. « Kool and the gang !» surenchérit quelqu’un. « Hé oui, on a commencé par jouer du Funk (rires). C’est peut être ça qui donne à nos compos ce côté si rythmique, groovy ! » Ce retour aux sources entre 2010 et 2011 a mis le feu aux poudres avec un premier EP « Time Square » composé dans le célèbre studio « Brighton Electrics » et mixé à Drap au Studio Iceberg. Depuis, les Kitchies ont usé leurs cordes du Volume à la salle Nikaia via le Moods et « Les Nuits du Sud ». Le 25 mai, ils ont joué à la salle Grappelli. Leur meilleur souvenir ? « On a fait deux fois la première partie de Skip the use, au Théâtre de verdure pour la Crazy week et à la salle Nikaia. On rejouera avec eux et les BB Brunes le 4 juillet à Montjoux ». Pourtant les Kitchies n’ont pas de tourneur. Ils sont preneurs mais souhaitent conserver leur indépendance : « L’autoproduction ça nous convient. On va encore évoluer mais on veut préserver ce son qui nous ressemble tant. Etre Kitchies, c’est aimer partager la joie de vivre. En live, les gens le ressentent et s’amusent autant que nous ! ». Leur dernier clip « Nottingham » témoigne de cette fraîcheur tonique et contagieuse
29 Monophonic Interzone, clip Anthem © DR
« C’est notre carnet de route outremanche, mixé avec des séquences live et backstage, à Nice et Brighton ! ». La prochaine galette ? Ils y travaillent « On a évolué, on ne veut pas rester collés au trip juvénile. Le thème sera le passage de l’adolescence à l’âge adulte mais sans
coupe franche ! (Rires) ». C’est tout ce qu’on peut leur souhaiter tant leur candeur pop nous va si bien !
Monophonic
Interzone
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Monophonic Interzone, clip Black Dog © Wegotprod
Torpille finnoise !
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maginer la place de l’Arc de triomphe aux heures de pointe donne une idée du carambolage d’influences qui grouillent sous leur son dru, où seules les lignes synthétiques des machines émergent de la mêlée. Punk ? Dans l’énergie, à coup sûr ! Un flux orgasmique porté par la voix d’Akseli Plane, entre incantations à la Johnny Lydon et sabbat Black Métal, Mais réduire à ça les compositions mutantes des Monophonic, c’est rester sur le quai ! Car leurs intentions sont plus malhonnêtes : écoutez la balade féline de « I wanna be ton chat » - la seule chanson en français - ou « Black dog » et sa guitare graveyard à la Joy division ! Plus expérimentaux que nihilistes, plus dandies que pogoteurs, les post punks brouillent les pistes,
comme une torpille qui aurait grillé son programme de guidage. Auto destruction ? Pas vraiment, Akseli avoue plutôt son désir d’occire son prochain à coups de Krisprolls ?! Dur ! Mais légitime car le combo est à 50% nordique. Akseli, qui avec ses lunettes de geek et sa frange semble sortir d’une BD de Charles Burns, confirme « Charles et moi avons du sang finlandais côté maternel. Il est né ici, moi à Paris. J’ai débarqué à Nice à l’âge de 13 ans ». Les deux compères ont évolué dans d’autres groupes avant de fonder voici deux ans Monophonic Interzone avec David (drums) et Geoffrey (guitare). Depuis « Kiwi addictive », Akseli écrit ses textes avec sa copine et des « Flying Dildos ». Ils ont gardé le titre « taking of ». Fines moustaches et musicologue
averti, Charles s’en explique « C’est un clin d’œil au film culte de Forman. Nous avons toujours emprunté des références et des sons à des courants divers : psychédélisme, Krautrock, électro, acid jazz etc… » Dès leur premier EP « Geometrical Obsessions », la rage sonore révèle ainsi des transes harmoniques. En live, l’aventure a bien commencé. Récidivistes au Volume, Vainqueurs du Tour de chauffe à la MJC Picaud, finalistes d’un tremplin de la Ruche, un concert à la salle Nikaia… Pourtant personne ne les a encore programmés pour une première partie. « On ne doit pas être soluble dans une affiche. Trop punk pour être pop, trop pop pour être punk ! Mais on le revendique. Interzone, c’est l’envie d’évoluer entre deux eaux ! Chacun pense qu’il fait ce qu’il aime, moi du Métal, Charles de l’électro, Geoffrey du Stoner, David, le dernier truc qui marche… En fait, on fait du Monophonic Interzone ! » On en saura plus cet automne car Morgan Manzi (Studio Iceberg) est devenu leur manager et, avec le soutien de David Benaroche (Imago production), la rentrée sera chargée : un EP enregistré chez Iceberg, mastérisé à Berlin (Studio Calyx). En bonus des images. On les a vus sur les toits de Nice pour un clip signé Wegotprod, cette fois Akseli (ex-étudiant à l’Esra) qui avait déjà réalisé « Anthem », plébiscité dans les Inrocks, censuré sur Youtube, a repris la camera pour un clip tourné dans un jacuzzi avec une starlette du porno. Des vagues, la torpille finnoise n’a pas fini d’en faire ! OM
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LA VIE DES ARTS
INTERVIEW
Gerard Malanga
Un poète dans l’œil du Pop art
Il fut le témoin privilégié de l’effervescence folle des années Pop art. Mick Jagger, Iggy Pop, Dennis Hopper, William Burroughs, Bukoswki, et bien sûr Andy Warhol dont il fut le plus proche, tous sont passés devant l’objectif de Gerard Malanga. Une incroyable faune à découvrir du 2 mai au 14 septembre 2013 à la Galerie Sandrine Mons - Loft Design.
et documentera sur cet impressionnant vivier créatif. Après son départ de la Factory, Malanga continuera ses recherches en poésies et à photographier au fil de ses rencontres, les représentants du monde littéraire, artistique et musical.
menades entre amis dans la rue, d’entrevues dans un café, ou bien pendant un week-end à la campagne dans la maison d’un proche. A cette époque, j’avais toujours mon appareil de photo avec moi, il m’était facile de saisir les choses sur le vif, de documenter. Je n’ai jamais travaillé en studio, encore moins fait cela pour l’argent ! J’étais ce que l’on peut appeler “un compagnon photographe”. Dans tous les cas, je n’aurais jamais accepté d’être rétribué, cela m’aurait privé de ma liberté d’action. En revanche si un magazine voulait me payer pour publier un cliché, ce n’était pas la même histoire parce que le travail avait été déjà fait, qu’une page avait été tournée. La désinvolture de ces rencontres, c’est le sujet de tous ces portraits, ce qui comptait pour moi finalement.
Concernant votre exposition « Private Faces in Public Places », dans quelle mesure toutes ces photos ont-elles été improvisées ? Le titre annonce la couleur. Il s’agit de « portraits privés dans des lieux publics ». C’est ce qui rend ces photos si singulières. Elles ne sont pas glamour. Conscientes d’être photographiées dans des endroits informels, les personnes se sont données librement à mon objectif. Parfois les séances étaient planifiées à l’avance. Mais la plupart du temps c’était lors de rencontres inopinées, de pro-
Pouvez-vous nous expliquer comment s’est déroulée la séance avec William Burroughs sur le pont de Brooklyn ? Bill prenait un réel plaisir à être photographié. Il le faisait de façon si naturelle, que je lui ai dit qu’il aurait pu être incroyable mannequin de mode, s’il avait eu le temps d’entamer une troisième carrière. J’avais ce projet de le photographier sur le pont de Brooklyn. La rencontre entre deux icônes. Ce que je n’avais pas pu prévoir c’est qu’une troisième icône les rejoindrait : Les Twin Towers ! Me
William Burroughs takes aim at New York’s Twin Towers from the Brooklyn Bridge. 1978, G. Malanga
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a galerie Sandrine Mons l’avait reçu en 2006 à Nice, Gerard Malanga, revient cette fois à Cannes pour une exposition à la galerie Sandrine Mons/Loft design et à l’hôtel 3.14. Figure emblématique de la Factory, Gerard Malanga dévoilera une sélection de photographies issues de ses archives, probablement les plus importantes, sur cet âge d’or de la scène underground américaine qui vit le sacre d’Andy Warhol. En 2001, un mur entier lui fut consacré lors de l’exposition the Pop Years au Centre Pompidou. Malanga a 20 ans en 1963 lorsqu’il devient l’assistant du prince du Pop Art. Il le sera jusqu’en 70. Ensemble ils réaliseront les sérigraphies d’Elvis, d’Elisabeth Taylor et près de 500 « screen tests ». Il jouera dans ses films, sera le danseur au fouet du Velvet Underground
INTERVIEW
LA VIE DES ARTS
Mimmo Rotella, NYC 2000, G. Malanga Dennis Hopper 1976, G. Malanga
voilà donc avec Bill et son secrétaire James Grauerholz en train de marcher sur le pont. Au beau milieu on s’arrête, Bill se retourne et observe les Twin towers ! C’était une de ces journées maussades avec une faible lumière pour composer. Il portait un de ces grands sacs en papier kraft, Soudain il plonge la main dedans et en sort cette carabine avec laquelle il se met à viser les Twin Towers ! Par chance j’avais équipé mon appareil d’un objectif 28 mm grand angle au cas où. Ainsi pendant que Bill me parlait tout en mettant en joue les tours, je me suis mis à mitrailler. J’avais un flash manuel raccordé à l’appareil ce qui m’as permis d’éclairer un peu plus les détails. J’étais venu bien préparé, mais j’ai dû réagir très vite. Ces quelques clichés représentent cet instant précis, mais quand on a atteint le bout du pont, j’en ai fait d’autres en noir et blanc, et aussi couleurs car j’ai senti que c’était mieux à ce momentlà. Ironie du sort après toutes ces années, le magazine français Vogue va publier prochainement un de ces portraits couleurs pour illustrer un article sur la Beat génération ! A propos des courts métrages présentés, pouvez-nous en dire plus sur "Gerard Malanga's Film Notebooks." primé à Vienne et inédit en France ? En 2005 j’étais un des deux invités d’hon-
neur du festival international du film de Vienne. L’autre étant Jane Birkin. J’avais prévu de présenter cinq de mes films dont un portrait de l’éditeur Giangiacomo Feltrinelli. Des films qui dataient tous du milieu des années 60. Je n’avais plus rien réalisé depuis 1970 ! Je me suis senti coupable. Aussi j’ai décidé de faire un nouveau film à partir de mes archives. J’ai travaillé sans relâche. Cela m’a donné également la possibilité de promouvoir la musique d’une amie très chère Angus Mac Lise qui a composé la bande son du film du début à la fin. La plus longue BOF ! C’était la part la plus fun de cette aventure. Désormais j’ai deux films en avant-première dans mon programme. Et ce nouveau film a été réel succès partout où il a été montré. Quand vous tourniez ces images ou que vous réalisiez ces portraits d’artistes, pensiez-vous que ces œuvres allaient devenir le miroir d’une époque culte pour plusieurs générations ? Aussi longtemps que je m’en souvienne, depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours eu ce désir de préserver les choses à travers ma mémoire. Quand j’avais neuf ou dix ans je collectionnais les cartes postales des paquebots, ils sont devenus comme mes propres souvenirs d’enfance. J’ai conservé aujourd’hui cette collection. Je n’ai jamais
pensé en termes d’art, en termes de culte ! Je n’ai jamais pensé à autre chose que le plaisir de la découverte. J’avais juste cette sensation que si je ne préservais pas les choses, je les perdrais, que je perdrais une partie de moi même. C’était purement une intuition. Et j’ai toujours agi en fonction de cette impulsion intuitive. Y a-t-il des auteurs qui ont pu influencer votre parcours de poète, ou en tous cas vous donner envie d’écrire ? La poésie a toujours été pour moi une vocation. Il y a tant de noms qui me viennent à l’esprit mais aucun qui ne mériterait d’être cité plutôt qu’un autre. John Ashbery aurait pu être en tête de liste en 1962. Son second recueil de poésie The Tennis Court Oath, fut une bible pour moi. Ou que j’aille je l’avais sur moi. César Vallejo, le poète péruvien m’a également marqué dans les années 70. Theodore Roethke est certainement le plus grand poète américain du XXe siècle dont les travaux que je relis depuis près de 50 ans recharge toujours mes batteries. Comme la liste s’agrandit chaque jour, avec le temps, certains noms viennent en supplanter d’autres. Aussi il m’est impossible de tous me les rappeler. Mais ces dix dernières années, je me suis concentré sur un travail personnel qui n’offre aucune ressem-
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LA VIE DES ARTS
INTERVIEW
Edie Sedgwick photomaton portrait 1966 , G. Malanga Iggy Pop nude 1971, G. Malanga
blance avec tout ce que j’ai pu lire. Ce sont des poèmes sans influence directe. Je suis arrivé à un stade d’écriture qui me permet le plus souvent d’éliminer ma propre présence. Je me parle à moi même à travers une voix désincarnée comme celle du narrateur d’un film, parlant directement à une autre personne de quelqu’un d’autre. Le sujet s’est déplacé de moi vers un autre. Ces poésies portent sur des gens que j’ai connus et aimés ou que j’aurais aimé côtoyer. Je transpose dans ma poésie ces sentiments qui me permettent de les ramener à la vie pour moi et pour mes lecteurs, enfin je l’espère. Quand j’ai commencé cette quête j’ai découvert que je les avais aimés profondément et que j’aimais ce que j’avais écrit sur eux. Voilà ce que je peux dire sur mon travail actuel. Le Nouveau Réalisme a souvent été présenté comme la version française du Pop art américain, qu’en pensez-vous ? C’est une comparaison qui n’a pas de sens. Si quelque chose est arrivé en premier c’est bien le Nouveau Réalisme qui a précédé le Pop art américain. John Ashbery critique d’art au Paris Herald Tribune écrivait déjà en 1961 sur le New Realism comme on l’appelait outre-Manche. Et puis n’oublions pas que le Pop art britannique porté par Richard Hamilton a également préfacé le Pop art américain.
Ce sont les medias et le monde de l’art américain qui à l’époque ont prétendu que leur pays était à l’origine de ce mouvement artistique, mais il n’en est rien ! Avez-vous eu des contacts dans les années 60 ou 70 avec certains artistes de l’école de Nice issus du Nouveau réalisme ou de Fluxus dont l’ambassadeur à Nice fut Ben. Sandrine Mons, m’a emmené voir la maison de Ben en 2006, alors que j’exposais déjà chez elle, J’ai eu la chance de pouvoir le photographier. C’est un homme terriblement drôle. A part cette séance, je n’avais jamais eu l’occasion de photographier un artiste Fluxus. Ils ont été tant de fois été pris en photos que les miennes n’auraient rien apporté de plus. Quant à Arman nous sommes devenus amis quand il venu à New York vers 1963. Il a même pris une photo de moi avec un Polaroid dans son atelier. J’aurais aimé lui rendre la politesse, mais à l’époque je n’étais pas encore le photographe que je suis devenu. A propos de Fluxus, je n’ai jamais été fan de leurs travaux qui à mon gout manquaient singulièrement d’humour parce qu’ils se prenaient trop au sérieux, ce qui est une erreur fatale pour moi. Mais vous savez quoi ? Fluxus s’est complètement approprié certains artistes issus d’autres mouvements pour se donner une crédibilité. Je sais par
exemple que Duchamp était gêné par leurs singeries, surtout lorsqu’ils ont coopté ses propres théories. Mon plus proche ami lié au Nouveau Réalisme fut Mimmo Rottela que j’ai connu à Paris en 1965. Pendant plusieurs années, nous nous sommes perdus de vue. Franchement je ne savais plus rien de lui, ni où il était, parce qu’ironiquement il n’était pas connu à New York. Il avait juste disparu du paysage comme si on l’avait éjecté de la planète. Mais on s’est revus en 2000 et l’on est devenu très intime durant ces six années que j’ai pu partager avec lui. Souvent, je l’ai photographié au delà de notre amitié, juste pour l’homme qu’il était. Il avait l’habitude de me présenter à ses amis comme “ Son jeune frère” Si vous pouviez revenir en arrière que feriezvous que vous n’avez pas pu faire ? C’est une drôle de question, les choses vont toujours de l’avant. Rien n’est immuable. Ma propre vie ne l’est heureusement pas davantage. Je ne pourrais le supporter. J’aime surtout ce que je suis encore capable de faire : écrire des poèmes, prendre des photos, et pour paraphraser Cocteau, “de pouvoir m’étonner !” Et par conséquent de pouvoir étonner ceux qui vont découvrir pour la première fois mon travail. OM Traduit de l’anglais par Sandrine Mons
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LA VIE DES ARTS
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pionniers de l’ Art Contemporain présentés par frédéric altmann
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ierre Restany ? "Un mythe", a écrit Andy Warhol... Depuis sa disparition en 2003, Pierre, reste et restera, le grand critique et historien d'art le plus influent du XXème siècle sur le plan international. Son ami Arman a dit de lui : "Pierre Restany n'est pas un critique d'art. Il est une part de l'histoire de l'art". Et le grand marchand d'art new yorkais Léo Castelli : "Un des personnages les plus importants de la vie culturelle en France".
© Frédéric
Altmann
Pierre
Restany Fondateur du Nouveau Réalisme et préfacier de l‘ecole de Nice (1930-2003)
Pour ma part, il fut un phare dans ma vie artistique, je lui dois ma découverte de l'art contemporain et ce lors de notre rencontre le 13 juillet 1961 à l'occasion du Premier Festival du Nouveau Réalisme à la galerie Muratore, boulevard Victor Hugo à Nice. Manifestation qui passa inaperçue à Nice ? Et pourtant aux cimaises : Yves Klein, Arman, César, Hains, Raysse, Rotella, Niki de Saint Phalle, Spoerri, Tinguely, Villeglé... Pas une ligne dans la presse locale ! J'ai eu vent de cette manifestation par un autre pionnier de l'art, Jacques Lepage, poète, critique d'art, co-fondateur du Festival des Arts Plastiques sur la Côte d'Azur du haut de son village de Coaraze, il rayonna sur la Côte d'Azur, de ville en village. Ne passons pas sous silence son implication dans l'histoire de l'Ecole de Nice, en préfaçant la première exposition de cette école en mars 1967 à la galerie Alexandre de la Salle, place Godeau à Vence. Encore un choc visuel, le texte de Pierre Restany cristallisa mon intérêt pour les élucubrations d'un Arman, Ben, César, Chubac, Gilli,Klein, Malaval, Raysse, Venet, Verdet, Viallat ... J'étais sous le choc en dévalant les collines lors de mon retour sur Nice. En effet L'Ecole de Nice, n'a pas vu le jour à Nice, mais à l'ombre des platanes de Vence...? L'acte de naissance est inscrit sur l'affiche et le catalogue. La préface de Pierre Restany en témoigne d'une façon indélébile....Nous sommes toujours dans l'attente d'une exposition retraçant cette belle histoire dans un musée...niçois ? Et depuis 1967, Restany a toujours préfacé les expositions de l'Ecole de Nice...
Ma plus belle escapade artistique avec Restany, ce fut en octobre 1995 au Japon, en tant que co-commissaire de l'exposition « L'Ecole de Nice » au Meguro Museum à Tokyo. Un superbe catalogue mémorise cette aventure, avec des textes de Pierre Restany, Claude Fournet (Directeur des musées de Nice) et Frédéric Altmann (Commissaire aux comptes de l'Ecole de Nice...Dixit Pierre Restany). Le soir du vernissage, lors duquel plus de 2.000 personnes étaient présentes, des discours des plus élogieux de nos partenaires culturels japonais se firent entendre. Restany pour les artistes japonais "était un dieu vivant"... Il a souvent mis en évidence en Europe les artistes du pays du soleil levant, dont le peintre Imaï. N'oublions pas que Yves Klein,étudia le Judo dans les années 50 au Japon... A l'évidence, Pierre Restany restera le meilleur ambassadeur de l'Ecole de Nice et surtout du Nouveau Réalisme qu'il fonda en 1960 au domicile d'Yves Klein à Paris. Il a beaucoup écrit sur les artistes de notre région. Sa plume était sans aucune concession avec parfois des colères mémorables... Encore un souvenir. Un jour, Restany prend contact avec moi depuis son bureau de Domus à Milan : "Frédéric, prend contact avec le peintre Bruno Faël, je souhaite que tu partages l'écriture de ce livre avec moi". Je n'en croyais pas mes oreilles... Le livre a été réalisé, il est en bonne place dans ma bibliothèque... Je rêve d'une exposition de mes photographies en hommage à Pierre Restany en compagnie de ses amis : Arman, César, Verdet, Christo, Rotraut, Imaï, Hains, Rotella...Nous avons eu l'honneur avec mon épouse Nivese (qu'il préfaça le premier) d'être dans ses bons papiers. Merci Pierre pour ce partage d'amitié qui restera indélébile dans ma mémoire humaine et artistique. A lire : Pierre Restany, l'alchimiste de l'art. Ouvrage de 470 pages de Henry Périer. Editions le Cercle d'Art
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AVEC L’OFFICE DE TOURISME D’ANTIBES JUAN-LES-PINS ET L’EDEN CASINO PRÉSENTENT
• 11 juillet
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Review feat. Dennis EDWARDS
Scherrie PAYNE & Lynda LAURENCE FORMERLY OF
The SUPREMES
• 14 juillet - 20h30
TATION SUR INVI
Melanie SCHOLTZ Romain THIVOLLE BIG BAND Igor BUTMAN BIG BAND
• 15 juillet - 20h30
Hiatus KAIYOTE Roberto FONSECA Avishai COHEN Quartet
• 16 juillet - 20h30
Wayne SHORTER Quartet Lincoln Center Jazz Orchestra with Wynton MARSALIS
• 17 juillet - 20h30
Kat EDMONSON HIROMI: The Trio Project Melody GARDOT
• 18 juillet - 20h30
Ibrahim MAALOUF
STING
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Renseignements et reservations :
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ANTIBES JAZZ FESTIVAL
JAZZ À JUAN
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juillet - 20h30 • 19 Garland JEFFREYS
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• 21 juillet - 20h30 JAZZAJUAN
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Musée de la Photographie: Porte Sarrazine - Mougins. Tél: 04 93 75 85 67 Ouverture: tous les jours de 10h à 12h30 et de 14h à 19h. Entrée libre Nocturnes tous les jeudis en juillet et août Galerie Sintitulo: 10, rue Commandeur - Mougins. Tel: 04 92 92 13 25 Ouverture: du mercredi au samedi de 11h à 12h et de 14h à 18h Nocturnes tous les jeudis en juillet et août
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epuis sa disparition en 2002, un grand silence entoure le nom de Jacques Lepage. Et pourtant il a contribué à mettre sur orbite beaucoup d'artistes et de mouvements d'art de la région niçoise. La liste est longue. Heureusement à l'initiative de la maison d'édition Z'Editions, fondée par Alain Amiel, il reste des traces avec l'ouvrage : "L'Emploi du temps 50 ans d'art - 50 ans de critique" publié en 1994. Des critiques d'art sur des acteurs du Nouveau Réalisme, l'Ecole de Nice, Support Surface, Groupe 70, Fluxus. Jacques vivait dans le Vieux-Nice, rue de la Poissonnerie. A plus de 80 ans, il parcourait les expositions de la région, à pied, en autobus, avec une passion dévorante.... Le rôle artistique de notre ami Jacques Lepage fut immense, tant sur le plan de la poésie que du théâtre et de la critique d'art. Toujours à l'écoute de la création en marche, c'était un agitateur d'idées : de la création du "Club des Jeunes" en compagnie de Paul Mari en 1950, en passant par l'administration de la compagnie théâtrale "Les Vaguants" (direction Guillaume Morana) en 1959, au Festival des Arts Plastiques de la Côte d'Azur en 1962, aux "Rencontres poétiques de Coaraze", sans omettre l'organisation de l'exposition "Impact" au musée d'art moderne de Céret en 1966 (28
artistes aux cimaises : Viallat, Ben, Bioulès, Chubac, Pagès...). L'exposition en 1967 "Trois de l'Ecole de Nice" : Arman, Yves Klein, Martial Raysse à la galerie municipale des Ponchettes. Promoteur de la première exposition en plein air de "Support Surface" dans le cadre des "Rencontres de Coaraze". Le happening de Pierre Pinoncelli sur une place du village de Coaraze. Professeur d'histoire de l'art au Centre du XXe siècle à l'Université de Nice, administrateur du "Festival du Livre", il a réalisé de nombreuses collaborations aux Lettres Françaises, Opus International, l'Art Vivant, Art et Architecture d'aujourd'hui, Vie des Arts (Canada), Kanal, Sud, Art Thèmes, Vogue, Encres-Vives... Sans compter ses nombreuses préfaces d'expositions : Arman, Pagès, Viallat, Dolla, Verdet.... Je conserve un souvenir ému de ma prestation vocale lors des "Rencontres de Coaraze" auprès de la poétesse aveugle Angèle Vannier. Arman avait une dette envers Lepage. Il publia aux éditions Coaraze (direction Paul Mari) en 1955, le livre "Miracle Smith", Illustrations d'Arman en collaboration le poète Claude Pascal...Document historique... Merci Jacques, nous sommes encore quelquesuns à nous souvenir de ton action artistique, indélébile !
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© Frédéric Altmann
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VERDET
(1913-2013)
l'occasion du centième anniversaire de la naissance d'André Verdet, il était normal de rendre hommage à un artisan artistique de notre région... Je dis artisan ! Et non pas créateur ! Car Verdet était loin du monde artistique industriel... Il a parcouru son existence avec générosité, j'ai aussi beaucoup de respect pour le résistant, le rescapé du "camp de la mort" de Buchenwald à Auschwitz... Il a toujours défendu nos libertés, humaines et artistiques. J'ai été présenté à André Verdet par Jacques Lepage en 1962 à l'occasion d'un récital poétique à Nice. Verdet fut un artiste libre de vivre intensément dans le monde de la poésie, de la peinture. J'ai parcouru en sa compagnie des sommets, en 1995, nous avons fait un séjour prodigieux dans un "Rio Camp" à Akoné à quelques cent mètres du Mont Fuji, André était en admiration devant la montagne magique. Encore un beau voyage grâce à l'Ecole de Nice, dont il est un partenaire depuis ses débuts en 1967. André Verdet, c'était des amitiés avec Picasso, Fernand Léger, Henri Matisse, Marc Chagall, Hans Hartung, Fernand Léger, Georges Braque, Joan Miro, Alberto Magnelli, Yves Klein, Ladislas Kijno, Karel Appel, Paul Mansouroff, André Villers, Atlan, Arman, César, Jean Fautrier, Manfredo Borsi... Ses écrits et amitiés avec Jacques Prévert, Paul Eluard, Pierre Restany, Jacques Lepage, Jean Giono... Avec son groupe musical Bételgeuse, nous avons réalisé des disques sur la poésie de Verdet, compositeur Gilbert Trem, récitants : An-
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LA VIE DES ARTS
Altmann
jacques
lepage (1909-2002)
dré Verdet et Frédéric Altmann : Picasso Blues, Fernand Léger "Le dynamisme Pictural,", Paul Jenkins... avec à l'appui des récitals poétiques à la Fondation Maeght, Musée Fernand Léger, Palais de la Découverte à Paris, Musée Marc Chagall au M.A.M.A.C, lors de son exposition "Verdet Pluriel", réalisée par Pierre Chaigneau, Jacques Péglion et Frédéric Altmann... Mais rendre compte de la vie et l'œuvre de Verdet en quelques lignes, c'est une mission impossible. Simplement il a été généreux en offrant ses collections à Carros, Cagnes-surMer, Saint-Paul de Vence et Cordes-sur-Ciel. La très belle médiathèque de Carros, porte son nom. En 1999, j'ai exposé André Verdet au Centre International d'Art Contemporain de Carros sur le thème « Verdet Univers », une mini-rétrospective des nombreux facettes de Verdet. Un autre couronnement, il a reçu en décembre 2002, "Le Grand Prix des Poètes" octroyé par la SACEM. A l'occasion de son centenaire de nombreux livres et expositions sont en cours de réalisations, des marques d'affection à l'édifice artistique Verdet. Sans omettre une importante association "Les Amis d'André Verdet". Son ami Pierre Restany a écrit : « Mon cher André, tu n'en finis plus. Ton énergie est illimitée. Ton verbe défie le temps pour embrasser l'éternelle vérité de ceux qui tissent, à la manière d'un écheveau sans fin, la grandeur de la vie à travers celle d'une époque. Ton ami qui t'embrasse affectueusement. » Pierre Restany FA
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hommage
Théo tobiasse à
(1927-2012)
Je cherche les choses cachées derrière les choses... La disparition le 3 novembre 2012, de Théo Tobiasse, a été comme sa vie, discrète ! L'homme était merveilleux, cultivé et d'un bel humour. J'ai eu l'honneur de faire partie de ses amis. Ce n'était pas un mondain, ni un cireur de pompes du pouvoir culturel... Il a vécu par et pour la peinture dans son vaste atelier de Saint-Paul de Vence… Il est né à Jaffa en 1927. C'est un enfant de l'exode, en compagnie de ses parents. La famille s'installe à Paris fin des années 30. Il découvre lors de l'exposition universelle de 1937 : La Fée Electricité de Raoul Dufy, la révélation pour lui de la peinture. La guerre et le port de l'étoile jaune... Il échappe à la rafle du Vel d'Hiv. A la libération, il est graphiste publicitaire chez l'imprimeur Draeger. En 1950, il obtient la nationalité française et s'installe à en tant que graphiste publicitaire.
Nous pouvons voir des œuvres à Acropolis, des vitraux à Strasbourg et à la synagogue de Nice. A découvrir sa belle réalisation de la cha chapelle Saint-Sauveur au Cannet, proche du musée Bonnard, un des maîtres de la couleur, comme Théo Tobiasse. De tous ses voyages, il a réalisé des carnets de voyages, ils sont superbes. A voir aussi les films de Dominik Raimbault et Jacques Renoir. De belles plumes ont écrit sur son œuvre : Chaïm Potok, André Verdet, Michel Melot, Louis Nucera, Michel Bohbot, Sylvie Forestier, Raoul Mille, Gérard de Cortanze... Un bel hommage lui est rendu jusqu'au 20 juin "Intime Ultime" à la Chapelle Saint-Elme-Citadelle de Villefranche-sur-Mer. Un catalogue raisonné de l'œuvre complète de Tobiasse est en préparation, réalisé par Catherine Sauvat et Catherine Faust-Tobiasse. Ses expositions dans notre région ont été rares ? Théo, était peintre, non pas un peintre de mode ! Mais un peintre de vie et d'amour.... FA
t a n g o / Ph. HURST
Ci-dessus : Théo Tobiasse © Frédéric Altmann
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C'est aussi un voyageur avec de nombreuses expositions au Japon, et New York, en 1999, il retourne à Jerusalem et Jaffa, le retour aux sources ?
Photos : Fotolia
En 1961, il est lauréat du Prix de la jeune peinture méditerranéenne (UMAM) à Nice. Il quitte Paris et s'installe au quai Rauba Capeu....face à la mer. Fasciné par Saint-Paul de Saint-Vence, il s'installe dans une belle maison en 1972. Le village le fascine, le ciel de Toscane et Jérusalem, c'est pour lui des sources d'inspirations... Son atelier est une accumulation d'objets de souvenirs "une sécrétion"... Il écoute du jazz et Mahler. Dans le vaste jardin à l'abri des regards, il orga organise des fêtes inoubliables avec des amis fidèles : des photo photographes, André Villers, Jacques Renoir, Alain Malaval, Bernard Taride, Marie-Lou Mouzon, Jean Ferrero. Yves Bayard, Nivese, les amis de la Séguinière...
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Conception/réalisation
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t a n g o / Ph. HURST
Photos : Fotolia
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