Artcotedazur N°24

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DOSSIE R

Jean-Paul

Goude

SupplĂŠment culturel des Petites Affiches des Alpes Maritimes



ours

édito

Ayant nié la divinité d’Aphrodite, les Propétides sont punies par la déesse qui allume dans leur cœur le feu de l’impudicité. Ayant fini par perdre toute honte, elles sont insensiblement changées en ivoire.

Rédacteurs Frédéric Altmann Caroline Boudet-Lefort France Delville Alain Amiel Julien Camy Olivier Marro Céline Merrichelli Directeur de la publication & Direction Artistique François- Xavier Ciais Conception graphique Maïa Beyrouti Graphistes Maïa Beyrouti Caroline Germain Henri Bouteiller Photographes Guillaume Laugier Anthony Mirial Jean-Paul Fouques Jean-Charles Wundele Photo de Couverture pour Art Côte d’Azur Angel, New York, 1975. © Tous droits réservés Studio Jean-Paul Goude Rédactrice en chef Elsa Comiot Tél : 04 93 80 72 72 Fax : 04 93 80 73 00 contact@artcotedazur.fr www.artcotedazur.fr Contact Communication Sylvie Rudawer Tél : 04 93 80 72 72 contact@artcotedazur.fr Abonnement Téléchargez le bulletin d'abonnement sur : www.artcotedazur.fr ou par tél : 04 93 80 72 72 Art Côte d’Azur Art Côte d’Azur est imprimé par les Ets Ciais Imprimeurs/Créateurs « ImprimeurVert », sur un papier 100% recyclé. La rédaction décline toute responsabilité quant aux opinions formulées dans les articles, celles-ci n’engagent que leur auteur. Tous droits de reproduction et de traductions réservés pour tous supports et tous pays.

MONACO  En Ville Statue d’ivoire, impudicité, conduite répréhensible, personnages perdant toute honte, cela ne vous rappelle rien ? Pygmalion…Il y a des mythes qui semblent tout de même prophétiques.

Un milliard trois cent cinquante millions de Chinois Et moi, et moi, et moi, dures fins de mois Avec ma vie, mon petit chez moi, mes crédits, l’huissier qui sonne Mon mal de tête, avec tous les doux rayons de mon Iphone J’y pense et puis j’oublie C’est la vie, c’est la vie Plus de 20 millions de Syriens qui crient sous les bombes du matin Et moi, et moi, et moi je sors mon parapluie dans le crachin Avec mon vélo bleu à assistance électrique et mon chien en bois, Son canigou quand il a faim, son antipuce quand il aboie, J’y pense et puis j’oublie C’est la vie, c’est la vie 1 ,111 milliard d’Africains qui crient on a encore faim Et moi, et moi, et moi qui m’enfile encore du gratin Qui vais me faire bronzer en plein réchauffement climatique Au sauna pour perdre du poids, je fais du jogging dans le trafic J’y pense et puis j’oublie C’est la vie, c’est la vie

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Alors avec ce numéro d’été, je vous engage à cultiver notre passé, cette introspection nous en apprendra bien plus sur l’origine et le devenir de nos maux, mais aussi sur l’avenir incertain de notre civilisation ou l’égoïsme et le culte du profit font inexorablement loi. F-X Ciais

Et Moi, et mois, émois

Art Côte d’Azur Supplément culturel des Petites Affiches des Alpes Maritimes Numéro 3714 du 26 juin 2014. Bimestriel ISSN 1962- 3584 Place du Palais 17 rue Alexandre Mari 06300 NICE Ont collaboré à ce supplément culturel :

Pygmalion est un sculpteur de Chypre. Révolté contre le mariage à cause de la conduite répréhensible des Propétides (femmes de Chypre) dont il est chaque jour témoin, il se voue au célibat. Il tombe cependant amoureux d’une statue d’ivoire, ouvrage de son ciseau qui deviendra avec la bienveillance d’Aphrodite, Galatée.

© A M

Cent quarante trois millions de soviétiques qui visent l’Ukraine Et moi, et moi, et moi avec ma chapka en laine de chèvre naine Avec mes manies et mes tics, je joue ma vie en vidéo à Call of Duty Dans mon petit lit en plume d’oie, je m’en secoue le spaghetti J’y pense et puis j’oublie C’est la vie, c’est la vie Plus de soixante six millions de gens imparfaits Et moi, et moi, et moi en pleine crise de foie Qui regarde les seins de l’ange de la téléréalité Nabila Benattia, A la télévision chez moi sur un écran LCD super hyper plat J’y pense et puis j’oublie C’est la vie, c’est la vie Neuf cent vingt cinq millions de crèvela-faim Et moi, et moi, et moi avec mon petit surpoids Avec mon régime « vierge-et-t’as-rien » baba bio bibi yoyo Et tout le porto spécial réserve douze ans d’âge que je m’envoie J’y pense et puis j’oublie C’est la vie, c’est la vie

Des milliers de migrants clandestins qui se noient Et moi, et moi, et moi Je suis tout nu dans mon jacuzzi à remous, en finition bois Avec une fille, parfumée à la vanille de Madagascar qui me nettoie J’y pense et puis j’oublie C’est la vie, c’est la vie Cinq cent millions d’extrémistes qui nous terrorisent Et moi, et moi, et moi avec ma phobie des souris grises Le dimanche à l’heure du scrutin Avec mon bulletin, je suis le roi J’y pense et puis j’oublie C’est la vie, c’est la vie Cinq cent milliards de petits martiens Et moi, et moi, et moi, je m’excite sur Faceplouc Comme un con de terrien qui ne compte plus les secondes J’attends une nouvelle prophétie de fin du monde J’y pense et puis j’oublie C’est la vie, c’est la vie Arnaud Duterque


En Ville

6 NICE 10 Expo Jean-Paul Goude Marseille-Provence 12 2014, l’après Capitale HORS LES MURS La Belgique et Lille

de © JP Gou

de la Culture

14 NICE 16 Opéra de Nice SAINT PAUL DE VENCE 18 50 ans de la

Région PACA La Villa Datris

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Fondation Maeght

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MONACO Gilbert et George à la Villa Paloma

, Adagp, Perceval © Tim

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13 Paris 20


La vie des arts

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Dossier cinéma Les films tournés sur la Côte d’Azur

30 LIEUX 32 Les mythes au Palace Art et argent 36 vu par Sheila Reid Musique Vinyles Made in Nice

et par Jean Mas

40 Portrait cinéma 42 Marc Duret l’ art au secours 45 la priSON de

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Parcours de réhabilitation par l’art pour un jeune détenu al © A Miri


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E n V ille ille

MO H OR N SA C LE O S MUR S

La conciergierie de la Mine ©

A la découverte des musées de Lille et de la Belgique...

Frédéric Altmann

Décembre 2013, embarquement à l’aéroport de Nice à 18h30 pour Lille... 1h40 plus tard, atterrissage en douceur à Lille-Lesquin. Patrick Seghi, journaliste à La Voix du Nord et passionné d’art, m’attend afin de me faire découvrir quelques joyaux culturels de cette région qui a été «Capitale Culturelle de l’Europe», en 2004. Première étape à l’aube, la découverte du Palais des Beaux-arts de Lille, immense et magnifique bâtisse, située à quelques pas du superbe théâtre de la place Sébastopol, vieux souvenirs pour moi, ce fut mon lieu de naissance, sous les bombardements pendant la dernière guerre... Le Palais des Beaux Arts est l’un des plus grands musées de France après le Louvre. En franchissant la porte, nous sommes accueillis dans une immense salle avec sur ses cimaises une spectaculaire exposition temporaire de Jan Fabre, un «Hommage à Jérôme Bosch au Congo» et «Scarabée sacré, Crânes et Croix», des millions d’insectes habitent ses œuvres pour l’éternité ! Les collections permanentes sont extraordinaires : de Goya à Breughel et Jérôme Bosch, et plus près de nous Constantin Brancusi et Alberto Giacometti, Jean-Michel Atlan... Un parcours d’une rare intensité... Je suis tombé en arrêt devant une toile de van Gogh,» un troupeau de vaches». La visite fut attrayante grâce aussi à Benoît Cellier, 48 ans, qui arpente les allées du musée. Ce n’est pas un simple gardien, il commente chaque œuvre avec passion et discrètement, il me dit : « Je sens qui a envie de poser des

questions, je ne m’impose pas ! » Dans mes nombreuses visites de musées, je n’ai jamais croisé un gardien de musée aussi passionné par l’art ! En sortant du musée, Patrick me proposa de rendre visite à NotreDame de la Treille, récemment rénové, et ma surprise fut grande de découvrir des vitraux réalisés par mon ami le peintre Ladislas Kijno (1921-2012). Il a souvent exposé à la galerie Sapone à Nice et fut le cofondateur de l’Ecole d’Antibes avec Pierre Faniest. C’était un artiste généreux et d’une discrétion rare! Suite à cette visite, Patrick me proposa de découvrir «La Piscine» à Roubaix ? J’ai été rassuré, car cette piscine construite en 1932 était à l’époque «La plus belle piscine de France». Elle a été transformée en musée en octobre 2001. Des collections surprenantes : Camille Claudel, Ingres, Tamara de Lempicka, van Dongen, Vuillard, Eugène Leroy, Gromaire, Foujita, Rodin, etc… Et pour les amateurs de céramique : Picasso, Chagall... Le tout installé dans un cadre de rêve Arts déco. Après cette étonnante découverte, direction Villeneuve d’Ascq à la découverte du Musée d’Art Moderne et d’Art Brut, inauguré en 1983. Le premier Conservateur de ce sublime musée, Pierre Chaigneau, bien connu à Nice, fut aussi le premier Conservateur du Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice. Sa tâche ne fut pas facile. Il a été un ardent défenseur des artistes de l’Ecole de Nice. J’en veux pour preuve l’exposition itinérante de l’Ecole de Nice aux Etats-Unis... A l’époque, j’étais un de ses collaborateurs au M.A.M.A.C, et ma propre documentation sur l’Ecole de Nice aida grandement à la rédaction du catalogue. Pierre Chaigneau, disparu il y a quelques années, restera ancré profondément dans ma


H O R S LE MSO MUR NACO S

Georges Vercheval et André Villers © Frédéric Altmann

E n V iille lle

A gauche :

Ci dessus :

Philippe-Henri Coppée

André Balthazar, cofondateur de la pensée « Daily-Bul »

© Frédéric Altmann

Ci dessus :

Tombe de Louis Piérard, « citoyen du monde »

© Frédéric Altmann

© Frédéric Altmann

La maison van Gogh à Cuesmes © Frédéric Altmann

mémoire... ainsi que Jacqueline Péglion, documentaliste au M.A.M.A.C... Ceci dit, le musée de Villeneuve d’Ascq a été réalisé grâce à la donation Masurel, industriel du nord et collectionneur averti. Un département Art Brut a été créé, il y a quelques années... Le seul en France ! Le premier Musée d’Art Brut a été mis en place en 1973 à Lausanne, grâce à la donation du peintre Jean Dubuffet. Le premier conservateur, Michel Thévoz, en très peu de temps, en fit un monument consacré aux «Marginaux» de l’art, la France ayant refusé la donation de Jean Dubuffet... Après ma visite à Lille et sa région, direction la Belgique et plus particulièrement la région minière du Borinage, où la belle ville de Mons a été choisie pour être «La Capitale Culturelle de l’Europe» en 2015. Mons est à 80 kilomètres de Lille. J’ai pris le train, avec un accueil chaleureux de mon beau-frère Jean-Marie Mahieu, artiste et enseignant, qui vit à Frameries-La Bouverie. Je connais bien le Borinage, car depuis plus de trente ans, je passe les fêtes de fin d’année dans ma belle famille à Mons. Je parcours les sites miniers à l’abandon, avec mon modeste 24 X 36, après la fermeture des charbonnages dans les années soixante, le paysage est fantomatique...Cette région est émouvante par les errants de la mine, Les mineurs sont venus d’horizons différents : Yougoslavie, Italie, Pologne, Maroc, France, y compris mes beaux parents au lendemain de la guerre... Un journaliste m’a baptisé «L’archéologue photographique du Borinage». La belle chanson de Pierre

Bachelet» Au Nord, c’étaient les corons», illustre bien la nostalgie des mineurs. J’ai découvert que le génial van Gogh avait été «Evangéliste» dans le Borinage parmi les mineurs de Cuesmes et Wasmes, près des châssis à molette de la région de Mons. La vie de van Gogh dans le Borinage est des plus émouvantes... Il s’envola après quelques mois dans cette grisaille à la recherche du soleil. Le sud de la France fut pour lui, une pause provisoire...! En 2015, le Musée des Beaux-Arts (B.A.M.) de Mons, situé près de la grande place de Mons, mettra en évidence, le cheminement de van Gogh en Europe, sur le thème de « van Gogh au Borinage (1878-1880), la naissance d’un artiste » de février à mai, un événement exceptionnel, car les œuvres de van Gogh, sont dispersées de par le monde. J’ai découvert, lors de mon séjour au B.A.M., une exposition consacrée à Andy Warhol, d’une rare ampleur ! Le cofondateur du Pop’Art à écrit « A la fin de mes jours, lorsque je mourrai, je ne veux pas laisser de déchets et je ne veux pas être un déchet. » Merci pour les beaux déchets... Cher Andy ! Que j’ai rencontré chez Arman à New York, dans les années 80. Mons a joué aussi un rôle important dans des disciplines différentes, la musique avec Rolland de Lassus, les écrivains : Charles Plisnier, Marcel Lefrancq, Fernand Dumont, Henri Michaux et l’internement de Verlaine à la prison de Mons de 1873 à 1875. A découvrir aussi : «Les Abattoirs», immense lieu d’exposition, «La Machine à Eau», le Théâtre Royal, La Collégiale, La Ducasse... Salvatore Adamo, c’est aussi un enfant italien du Borinage, il vit à Jemappes-Mons,

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H O R S LE S MUR S

Ci dessus : Musée de la Photographie de Charleroi © Frédéric Altmann

Xavier Canonne, Directeur du Musée de la Photographie de Charleroi © Frédéric Altmann

A gauche : Palais des Beaux-Arts de Lille © Frédéric Altmann

La piscine de Tourcoing © Frédéric Altmann

tout comme Elio Di Rupo, maire de Mons et Premier Ministre de Belgique....Une belle trajectoire pour ce fils de mineur italien ! La ville de Mons mérite amplement d’être pendant un an, «La capitale Culturelle de l’Europe». Une autre visite très importante pour l’art, La Louvière, petite ville minière afin de rendre visite à Balthazar, co-fondateur avec Pol Bury, du Daily-Bul, célèbre maison du Surréalisme et des avant-gardes des années 50 et 60. Pol Bury, publia en 1959, le premier texte théorique du niçois Yves Klein «Le dépassement de la problématique de l’art». La «Première exposition internationale du Surréalisme» a eu lieu en 1935, dans cette ville. A découvrir dans la foulée : «Le Centre de la Gravure et de l’Image» dans les collections des artistes de l’Ecole de Nice : Marcel Alocco, Arman, Ben, Max Charvolen, Noël Dolla, Martial Raysse, Ernest Pignon Ernest, Claude Viallat. La Belgique a toujours été favorable à l’Ecole de Nice : Arman, Yves Klein et Martial Raysse ont exposé au Palais des Beaux-arts de Bruxelles dans les années 60... Et Guy Pieters, à Knokke-le-Zoute, a souvent mis en évidence des artistes de l’Ecole de Nice... Qui dit mieux ?

aventure... Je suis reconnaissant à Vercheval, car lors d’un séjour à Nice, il a découvert mon fond photographique et, sans aucune hésitation, il m’invita à «La Première Triennale de la Photographie de Charleroi» en compagnie du photographe André Villers, fondateur du Musée de la Photographie de Mougins. C’était ma première participation dans un musée de la photo, un bel envol ! Et en plus c’était la première fois que mes amis de l’Ecole de Nice étaient mis en évidence sur les cimaises par mes soins, avant le Japon, La Corée du Sud... Georges Vercheval a pris sa retraite en 2000. Le relais a été pris par Xavier Canonne. Il est docteur en histoire de l’art de la Sorbonne (Paris 1), il a connu et fréquenté les Surréalistes belges dont certains furent ses intimes. Il a consacré différents ouvrages et articles à Armand Simon, Marcel Mariën, Louis Scutenaire, Max Servais, Tom Gutt....En 2002, Xavier Canonne a publié un ouvrage historique sur «Le Surréalisme en Belgique» (1924-2000) aux Editions du Fonds Mercator. C’est un ouvrage indispensable pour les amateurs de Surréalisme. Après la visite du musée, Xavier Canonne nous a invités à la cafétéria du musée qui débouche sur un parc exceptionnel ...même en hiver ! De La Louvière à Charleroi, une trentaine de kilomètres en voiture. Xavier Canonne, est un homme exceptionnel, beaucoup d’humour J’ai hâte de découvrir «Le plus grand musée de la photographie et d’une grande simplicité. Je conserve des images étonnantes de en Europe». Charleroi est une grande ville industrielle, elle est ce musée, la rigueur dans l’accrochage aéré, une photo de Francis en pleine restructuration architecturale, la circulation automobile Bacon, par Marc Triver, les charbonnages à Marcinelle, les photos n’est pas facile ! Mais le stationnement est simple aux abords émouvantes de Georges Vercheval… Et un contraste ; une photo du musée, qui est un ancien carmel néogothique rénové. Il a été d’André Villers avec deux enfants déambulant dans les rues de agrandi en 2008, d’une aile contemporaine. Il est aujourd’hui Vallauris en 1954. Et combien d’autres photos argentiques d’un devenu le plus vaste musée de la photographie d’Europe, passé révolu... Le catalogue du musée est superbe : «Images d’une présentant plus de 2000 m2 d’expositions. Les collections sont collection» La plus belle au monde ! riches de 80.000 tirages et 3 millions de négatifs, l’histoire de la photo, des origines à nos jours, sur le plan international. Le musée Merci Xavier pour ton accueil, inoubliable... a été fondé par un photographe, Georges Vercheval en 1987. Merci aussi à Patrick Seghi, Jean-Marie Mahieu, La famille Oscari Ce fut un travail de titan de mettre en route cette passionnante FA


Joss

Jamie

9 STONE

CULLUM

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• 11 juillet - 20h30

The Family STONE CHIC feat. Nile RODGERS

• 12 juillet - 20h30 Beth HART George BENSON

• 13 juillet - 20h30

Alex HEPBURN Youn Sun NAH QUARTET Jamie CULLUM

• 14 juillet - 20h30

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ITATI O N

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Stacey KENT Manu KATCHÉ • Richard BONA Eric LEGNINI • Stefano DI BATTISTA Chick COREA & Stanley CLARKE Duet

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SETENTA Pedrito MARTINEZ Orquesta ARAGON

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NICE

Jean Paul Goude artiste graphique Laetitia Casta pour les Galeries Lafayette, femme ruban, Paris 2004 © Jean-Paul Goude

Il est universellement connu, mais il faut l’approcher de près pour sentir l’humanité, la simplicité, la vérité de cet homme. Grâce à Marie-France Bouhours, le TPI (Théâtre de la Photographie et de l’Image) nous a offert une approche originale et passionnante de son œuvre. Les 236 documents présentés : photos, dessins, collages nous ont montré un travail créatif à l’œuvre, dévoilant le rapport entre le dessin et l’image incarnée.

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ans l’excellent film qui retrace son parcours, nous assistions au making off de ses publicités mondialement connues. On était impatient de voir celles qui nous ont marquées comme dans un concert, d’entendre nos mélodies préférées, une même jubilation. Après le film, nous étions nombreux à écouter le lutin-dandy en chaussures et chaussettes blanches, pantalon large de jogging “feu de plancher”, veste étriquée au revers de col rouge. Avec une sincérité peu commune, il donne les clefs de son œuvre : une mère danseuse, un père élégant, une Afrique rêvée et surtout des crayons de couleur, véritables prolongements de ses doigts. Un souvenir d’enfance aussi : par l’entrebâillement d’une porte, il a vu danser Jean Babilée, un danseur hors normes, tout en énergie, selon lui, “le plus grand athlète de tous les temps”.

Ce passage du graphisme au modèle vivant est d’ailleurs particulièrement intéressant. On y voit que le corps ne se laisse pas facilement transformer. Il n’est pas la simple adaptation d’une représentation en deux dimensions. Il résiste et nécessite une réappropriation qui fait que certains de ses dessins-collages sont assez éloignés de la photographie finale.

Une image éblouissante qui va conditionner sa vie, le décider à devenir danseur, à vouloir faire «Jean Babilée» comme métier. Il apprend la danse de toutes ses forces, mais il n’a pas le bon corps (jambes trop courtes, déjà l’obsession des proportions) et finit par se rendre compte qu’il n’a pas le “feu sacré”. Un de ses professeurs lui explique un jour qu’il n’ira pas très loin dans la danse, mais qu’en revanche, tous les petits dessins qu’il croque sans arrêt, ont beaucoup plus d’avenir... Jean-Paul comprend vite. Puisqu’il ne va pas danser, il fera danser ses crayons. Près de chez lui, le Musée des Arts Coloniaux avec son bas relief extérieur d’Alfred Janniot et la grande fresque de Ducos de la Haille, impressionnent l’enfant qui passe tous

Bicentenaire de la Révolution Française, Paris, 14 Juillet 1989 : La France © Jean-Paul Goude


Perrier, photo découpée et ruban adhésif. Le Cap, 1992

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© Jean-Paul Goude

Vanessa Paradis pour Coco Chanel, Paris 1991 © Jean-Paul Goude

Bicentenaire de la Révolution Française, Paris, 14 juillet 1989 URSS, Costume Constructiviste © Jean-Paul Goude

les jours devant. Les africaines aux corps souples, la luxuriance de leurs vêtements colorés, leur port de tête, le fascinent. Ce ne sont pas l’Afrique ou l’Extrême Orient réels qu’on retrouve dans ses créations futures, mais l’image de pays fantasmés, nés de ses voyages imaginaires dans ces contrées exotiques : mandarins, princesses africaines, geishas, Indiens d’Amérique... Pour lui, la beauté est exubérante ou n’est pas. Le jeune Goude est travailleur, imaginatif. Il est vite reconnu : Marie-Claire, Dim, le Printemps (il a juste 24 ans), sa carrière décolle à toute allure. Mais dessiner ne lui suffit pas, il a besoin que ses dessins s’incarnent. Au delà de ses croquis, c’est le corps humain, surtout celui des femmes qu’il veut comme matériau. A partir de là, elles vont être les actrices de ses délires. Toujours en mouvement, danse oblige, il dynamise leurs corps, transforme leurs silhouettes en les allongeant toujours plus, en les chaussant de talons démesurés, devenus à la mode bien après. Sa compagne Radiah va être son premier modèle, il la sculpte, la cisèle, l’allonge pour en faire une princesse africaine. Il devient son «goudemalion». Les USA viennent à lui, on lui donne la direction artistique d’Esquire. Vont suivre dix années de créations dont le somptueux et inoubliable travail avec Grace Jones. Il s’avère très rapidement un fabricant d’icônes très demandé, son premier livre «Jungle Fever» en regorge. Revenu en France, la photo, la vidéo, la performance viennent en appui de son travail qui se dé-

veloppe dans tous les sens. Le monde de la publicité, qu’il n’a pas vraiment choisi, le sollicite. Il s’y engage d’autant plus volontiers qu’on lui donne les moyens de ses excès. Le tournage d’Egoïste, par exemple. En voyant ce film publicitaire, on ne pouvait douter de sa préparation extraordinaire. Le making off présenté dans le film est encore plus impressionnant : l’immeuble est un gigantesque décor derrière lequel se cachent les échafaudages requis pour chaque fenêtre. On assiste aux répétitions de ces femmes sublimes qui doivent faire les mêmes gestes, pousser le même cri, bouche grande ouverte, dans une chorégraphie parfaite. Le mot hurlé : «égoïste» n’est sûrement pas pour rien dans le succès mondial de ce clip qui a nécessité des dizaines de techniciens, d’actrices... Un plateau quasiment hollywoodien. De voir Jean-Paul Goude si calme aux commandes de cette énorme machine dit quelque chose de son énergie, de sa tranquille opiniâtreté, et de son empathie pour tous ceux qui travaillent avec lui. Autres pubs remarquables, celle de Vanessa en oiseau de paradis, se balançant dans une énorme cage sous le regard gourmand d’un gros chat (Chanel), celle de la belle dont le rugissement fait fuir le lion (Perrier), et, bien entendu, celles des Galeries Lafayette qui lui offrent l’opportunité de créer chaque nouvelle année une image de l’air du temps.

Pour les siècles futurs, nul doute qu’elles serviront à décoder année par année, ce que fut notre époque. Le Bicentenaire de la Révolution française est sans doute le challenge le plus énorme confié à un créateur : plus de 6000 participants, des représentations par pays, des tableaux vivants, plusieurs millions de téléspectateurs... Un projet démesuré qu’il va mener à bien. Avec humour et poésie, il crée un nouveau style de conte de fées joyeux, hybride, égalitaire, d’une grande mixité ethnique (il fait défiler ceux qui ne défilent jamais), jouant avec les codes, les clichés, tout en les subvertissant. Petit prince hyperactif, créateur d’icônes intemporelles, Jean-Paul Goude est ouvert à toutes les aventures. On attend la suite. Alors Goude bye... AA

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hors les murs

marseille

marseille-provence

2014

Marseille Provence 2013 a su nous émerveiller par son déploiement très diversifié d'expositions et d'activités culturelles. Les quelques neuf cent projets artistiques ont attiré près de dix millions de visiteurs nationaux et internationaux (près de deux millions pour le MUCEM). Grâce à la réhabilitation de nombre de lieux et la création de nouveaux, une nouvelle ère s’annonce pour Marseille.

Galerie de portraits à la Vieille Charité L'exposition "Visages" nous promène des plus vieilles représentations hiératiques de la figure humaine aux plus contemporaines où elle explose sous toutes sortes de formes avant de se dissoudre sous des virulents coups de pinceaux ou dans des flous évanescents. Les premières représentations humaines privilégient le corps tout entier, la tête, le visage, viendront bien après. Dans les sculptures miniatures préhistoriques, souvent la tête est inexistante. Les Vénus de Lespugue, déesses de fertilité (en hommage à la féminité, à la parturition) sculptées en ronde bosse dans un os de mammouth (-35 000 ans) ont un corps fortement sexué (gros seins, bassin proéminent) et une toute petite tête. Bien plus tard (-4000), les Sumériens puis les Egyptiens sculptent ou peignent des visages au sourire figé. Leur corps stéréotypé a un pied légèrement en avant, pour indiquer la mobilité. Ce sont des représentations de divinités que l'on ne peut reconnaître qu'à travers leurs attributs. Elles indiquent néanmoins qu'un canon est déjà à l'œuvre. Les sculpteurs égyptiens ont inscrit le corps humain dans 21 carrés avant que les Grecs ne le divisent en sept parties, la tête ne faisant qu'un septième, un canon qui n'a pas bougé pendant des siècles. Le corps est d'ailleurs l'unité de mesure universel : on mesure en pieds, en mains, en pouces, en coudées surtout (4 coudées = 1 pas) etc. Les Pyramides et les monuments grecs et romains seront construits à partir de ce système. La tête restera plus ou moins stéréotypée et impersonnelle jusqu'aux Romains. Parmi les

premières individuations, celle d'Alexandre qui voudra que son visage soit reconnaissable. Pour cela, il a fait fabriquer des milliers de sculptures de son buste qu'il a expédiées dans tout le monde connu. De nombreux dirigeants suivront son exemple et c'est ainsi que la propagande impériale utilisera les monnaies frappées aux profils des empereurs. L'histoire du portrait commence véritablement au moment où l'homme devient un individu reconnaissable à des traits qui n'appartiennent qu'à lui. Les premiers portraits qu'on pourrait qualifier de “photographiques” au sens actuel, celui où on discerne précisément les traits du visage, son expression et le jeu de lumière qui l'éclaire, nous les devons aux primitifs Flamands. Jan van Eyck (1390-1441), inventeur de la peinture à l'huile (pigments dilués dans de l'huile de lin et de l'essence de térébenthine), est aussi le père du portrait moderne. La peinture à l'huile, permettant des glacis que la lumière peut traverser, provoque des impressions lumineuses qui rend la figure plus vivante et d'une intensité inhabituelle. Parallèlement, la naissance d'une nouvelle classe de marchands désirant, à l'imitation des puissants, un portrait où on les reconnaisse va constituer pour les artistes une nouvelle clientèle. La tradition du portrait flamand va perdurer et, deux siècles plus tard, Vermeer peint la "Jeune fille à la perle". Cette "Joconde du Nord", réalisée en 1660, est devenue en quelque sorte l’archétype des portraits, une peinture universelle à l'instar de Mona Lisa. À partir de cette époque, le portrait n'est pas que ressemblant, il est aussi celui de l'âme. Rembrandt ou plus tard van Gogh en dépeignent les sentiments intenses. Le XXe siècle est celui où le portrait éclate en une multitude de représentations répondant à l'individualisation toujours plus importante (jusqu'où ira-t-on ?). L'exposition "Visages" explore cette période à travers trois thématiques : Visages dans la foule, Visages de l'intimité, Visages de M artial Raysse, La belle mauve, 1962

© Gérard Blot/Agence photographique de la Réunion des Musées Nationaux © Adagp, Paris, 2014


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hors les murs

Quatre siècles d'histoire de l’art dans les collections permanentes du Palais Longchamp (jusqu’au 31 décembre 2014) Pour sa réouverture le Palais Longchamp, magnifiquement restauré, a puisé dans sa riche collection de peintures et de sculptures du XVIe au XIXe siècle, pour nous présenter un panorama de quatre siècles d'histoire de l'art. On peut y admirer les maîtres italiens et français des XVIe et XVIIe siècle : Pérugin, Guerchin, Carrache, Pannini pour l'Italie ou celles de Champaigne, Vouet, Lesueur, Greuze et David pour la France. Les écoles du Nord sont également bien représentées par des tableaux de Rubens, Jordaens ou Snyders. L'art en Provence aux XVIIe et XVIIIe siècle avec Louis Finson, Jean Daret, Nicolas Mignard, etc., rappelle que la Provence a été un foyer artistique dynamique qui, durant deux siècles, attira les artistes de l'Europe du Nord et du Sud. On y découvre aussi un bel ensemble de dessins, peintures et sculptures du plus grand artiste baroque français, Pierre Puget, né à Marseille en 1620. L'Ecole française du XIXe siècle est très richement représentée avec les plus grands maîtres, Courbet, Corot, Daubigny, Millet et Puvis de Chavanne, aux côtés desquels figurent aussi des représentants de l'école de Marseille comme Loubon, Guigou ou Ziem qui vont imposer leur vision originale des paysages lumineux du Midi. La galerie de sculptures du XIXe siècle clôt la visite avec notamment "La Voix intérieure", chef d'œuvre de Rodin et les humoristiques bustes de Daumier des Célébrités du Juste Milieu ou le Ratapoil. F aune, Puget © collection musée des Beaux-Arts, Marseille.

l'esprit. Elle réunit quatre-vingts artistes, plus de cent cinquante œuvres, peintures, sculptures, photographies et extraits de films. La séquence Visages mêlés dans la foule, tente une nouvelle approche du réel. Martial Raysse insère dans sa peinture des objets issus de la société de consommation (La belle Mauve, 1962). Vik Muniz, un artiste brésilien reproduit à l'aide de médiums insolites des icônes de l'histoire de l'art (Romy Schneider en diamants ou Ronaldo en terre), Brassaï photographie dans les rues des assemblages improbables qui composent un visage. Marc Desgrandchamps en diluant sa peinture, efface les corps, alors que Saura les recouvre à grands coups de brosse. Pour lui, "là où la figure disparaît commence la peinture". "La Femme au miroir" de Picasso (1950) est l'œuvre phare de la séquence Visages de l'intimité. Dans ce tableau, le reflet dans le miroir n'est pas celui de la femme qui se regarde. Picasso nous présente un miroir trompeur qui donne une autre vision de la réalité ou alors une image décalée dans le temps.

E mile Loubon, Vue de Marseille prise des Aygalades un jour de marché © collection musée des Beaux-arts, Marseille.

P étrus Paulus Rubens, La chasse au sanglier, 1615 © collection musée des Beaux-arts, Marseille. Photographie Jean Bernard

sionnantes et étranges œuvres de De Chirico, Delvaux, Magritte. Les mannequins sans visages de Chirico paraissent énigmatiques et les paysages de Magritte montrent ce qui peut se cacher derrière l'apparence des choses. Dans son "Domaine enchanté" les racines de l'arbre enserrent la hache qui l'a coupé et ses pommes sont masquées. Dans "Les lumières de la nuit", Delvaux présente une femme d'une inquiétante étrangeté entourée de lumières surréelles et oniriques de la ville.

Les portraits de Nan Goldin dépeignent des personnages solitaires perdus dans leurs pensées, tandis que Baselitz renverse les corps ou que Richter fait disparaître le sujet. "Mademoiselle Rivière" revisitée par Jiri Kolar est une recomposition de bouts de textes et de photos décalées.

L'individuation poussée à l'excès de la fin du XXe siècle semble conduire à la dissolution du visage, à la disparition… Reviendraiton à l'absence de visage des débuts. Une boucle étonnante de quarante mille ans !

La troisième séquence, Vi s ages de l'e sprit, s'ouvre sur les impres-

Cette exposition est organisée par la Ville de Marseille / Centre de la Vieille Charité et la Réunion des musées nationaux - Grand Palais (Paris). AA

R ené MAGRITTE - Le Visage du génie. 1926. Huile sur toile. 56 x 65 cm. Bruxelles, musée d’Ixelles © musée d’Ixelles © Adagp, Paris, 2014

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E n V i lles hors l e murs M O N ACLO' ISLE - S U R - LA - S O R G U E

Art contemporain place à la

Sculpture à la Villa Datris

Créée en 2010, la Fondation Villa Datris pour la sculpture contemporaine, fait la part belle à cette forme d’art en présentant chaque année une nouvelle exposition.

De haut en bas  Danièle Kapel-Marcovici, co-fondatrice de la Fondation Villa Datris et PDG du groupe international RAJA © DR  Toutes les approches de la Sculpture se rencontrent à la Villa Datris © Tim Perceval


L ' ISLE - S U R - LA - S O R G UME ON hors A C O les En V murs ille

« La vocation de la Villa Datris, c’est de faire découvrir la sculpture contemporaine à un large public, qu’il soit collectionneur, connaisseur ou public souhaitant découvrir l’art contemporain. Quand nous organisons notre exposition annuelle, nous avons un grand thème autour duquel nous exposons aussi bien des artistes confirmés que des sculpteurs émergents », explique Danièle Kapel-Marcovici. Co-fondatrice avec son compagnon – l’architecte Tristan Fourtine – de ce fonds de dotation pour la sculpture contemporaine, elle est aussi PDG du groupe international RAJA, spécialisé dans la distribution d’emballages. L’essentiel pour elle est de faire ressortir des œuvres avec une vraie qualité artistique et des artistes qui ont des choses à dire. Située à L'Isle-sur-la-Sorgue dans le département du Vaucluse, la Villa Datris est un espace d’exposition qui prend vie dans une maison de style florentin. Les 3 niveaux de cet espace et le jardin mettent en valeur ce medium qu’est la sculpture. « La sculpture contemporaine est méconnue, les galeries exposent peu, souvent par manque de place. On remarque un retour de la sculpture contemporaine, notamment pour le regard différent qu’elle apporte à l’Art », souligne Danièle Kapel-Marcovici. Une relation de confiance s’est installée aujourd’hui avec les galeries, les musées, les artistes, les FRAC, soit toutes les entités qui peuvent prêter des œuvres liées aux thèmes des expositions. Le prochain univers retenu sera « Sculpture du Sud ». Cette quatrième exposition permettra d’évoquer les cultures des rives de la Méditerranée. Sculpteurs et sculptrices proposeront du 17 mai (vernissage) au 11 novembre 2014 des œuvres inspirées de leur culture. Les traditions, l’Antiquité, la mer, c’est la Culture aux multiples facettes qui sera présentée par une cinquantaine d’artistes pour environ 70 œuvres. Des sculpteurs au regard neuf comme des grands noms seront exposés : Yazid Oulab, Ilhan Koman, Daniel Dezeuze, Jean-Pierre Formica, Aïcha Hamu, Jaume Plensa. « Il y aura aussi des œuvres plus politiques, plus engagées comme avec Karim Ghelloussi avec sa barque de bois brûlé qui évoque les exilés qui traversent la Méditerranée », commente la fondatrice. Beaucoup d’œuvres engagées émergent aussi des pays arabes. Le Printemps arabe aurait-il amené une vague de création ? « On sent qu’il y a de leur part une volonté d’engagement, d’autonomie, d’affirmation et d’expression qui est peut-être plus forte qu’ailleurs », a-t-elle remarqué. L’Art accessible en entrée libre C’est la force de ce lieu qui ouvre véritablement ses portes à tous les publics. L’exposition 2013 Sculptrices a accueilli 23 000 visiteurs à la Villa Datris. Une sélection d'artistes était présentée telles

que Ghada Amer, Rina Banerjee, Louise Bourgeois, Martha Boto, Geneviève Claisse, Camille Claudel, Parvine Curie, Odile Decq, Nathalie Elemento, Camille Henrot, Rebecca Horn, Louise Nevelson, Meret Oppenheim, etc. « Nous avons souhaité donner une visibilité et une reconnaissance à ces artistes qui revendiquent non pas un art au féminin, mais la sculpture par les femmes. […] Les artistes femmes sont moins exposées que les hommes et la parité artistique est loin d'être habituelle dans les musées et lieux culturels... Plus symboliquement, la Villa Datris a souhaité rendre hommage aux sculptrices et aux femmes : montrer leur tempérament pionnier, leur talent, leur spécificité, ce qu'elles ont apporté au monde de l'art », rappelle-t-elle. Une initiative qui avait été soutenue par la Fondation RAJA-Danièle Marcovici. Cette exposition a créé un réel engouement auprès des artistes féminines : le manque de place et de temps a eu raison du nombre d’artistes qui auraient pu être exposées. Mouvement et Lumière, l’exposition 2012, a quant à elle apporté un éclairage sur l’art cinétique, au néon, à la lumière, à l’art optique et interactif, au mobile. Rappelons que c’est en 1955, que l’épopée de l’Art cinétique débute lors d’une exposition à la Galerie Denise René sur une proposition de Victor Vasarely, considéré comme l’un des précurseurs les plus influents de la mouvance cinétique. Les artistes cinétiques travaillent sur l’espace et la lumière, d’autres axent leurs recherches sur le mouvement pour libérer l’œuvre, tant physiquement que symboliquement. D’autres encore cherchent, au moyen de phénomènes optiques et lumineux, à restituer le caractère instable, changeant d’un monde que l’on donnait autrefois pour fixe et immuable. En 1965, l'appellation « Op’art » s’impose en Europe et va concurrencer l’art cinétique. A la différence du cinétisme, les effets d'illusion que produisent les œuvres « Op’art » restent strictement virtuels, seulement inscrits sur la surface de la rétine. L'œil est le moteur de l'œuvre. Ces sollicitations visuelles placent le corps du spectateur en situation instable, entre plaisir et déplaisir, plongé dans une sensation de vertige proche de certains états d’ivresse légère. Qu'il s'agisse d'un mouvement réel créé par le moteur ou la lumière, ou d'un mouvement virtuel créé par l'illusion optique, toutes les sculptures exposées ont fait appel à la participation des quelques 15 000 visiteurs qui sont venus à la Villa Datris et qui ont fait partie intégrante des œuvres en jouant avec celles-ci. CM

Quelles vocations pour la Fondation RAJA-Danièle Marcovici ? Créée sous l’égide de la Fondation de France, elle a été lancée en janvier 2006 par Danièle Kapel-Marcovici pour faire partager les valeurs qui lui sont chères : respect, solidarité et égalité professionnelle. Cette Fondation a pour vocation de soutenir en France et dans le monde des projets en faveur des femmes dans les domaines de la formation et de l’insertion professionnelle et sociale, des droits des femmes, de la santé et de l’éducation.

 Rina Banerjee, Beastly flower, 2009 © Galerie Nathalie Obadia Paris-Bruxelles

 Joana Vasconcelos, Acapulco, 2012 © Tim Perceval, Adagp, Paris 2013

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Direction artistique de l’Opéra de Nice : Marc Adam, un homme d’ouverture

Il est le Directeur artistique de l’Opéra de Nice depuis le 2 novembre 2012. Riche d’un parcours international dans un milieu artistique vecteur de mobilité, Marc Adam a été à la tête de Maisons d’Opéras de renom avant d’arriver à Nice. Cela fait plus de 20 ans que ce strasbourgeois d’origine évolue dans le milieu du spectacle vivant. Avant son arrivée sur la Côte d’Azur, il a dirigé pendant cinq ans le Théâtre de la ville de Berne en Suisse. Il a également été Directeur Général du Théâtre de Lübeck en Allemagne de 2000 à 2007, Directeur Général du Théâtre des Arts de Rouen-Opéra de Normandie entre 1991 et 1998, ainsi que Directeur de Perspectives pour le Festival de théâtre français de Saarbrücken de 1986 à 1991. Ses expériences lui permettent d’insuffler depuis son arrivée à Nice un esprit d’ouverture, pour susciter la curiosité et l’intérêt de tous les publics. Cela passe par une ouverture du répertoire, « tout en restant dans les grands chefs-d'œuvre de l’histoire de l’art lyrique qui sont peu connus et joués », commente-t-il. L’ouverture se retrouve également dans la forme : pérennisation de l’accueil des scolaires, opéra en famille le dimanche matin, ou encore les midis musicaux : « j’ai mis en place des concerts le mardi midi », explique Marc Adam à ce sujet. L’idée ? Consommer de l’art à la pause-déjeuner. « Nous avons donné huit concerts cette année, nous en programmerons une dizaine l’année prochaine, au foyer de l’Opéra. C’est un format de 50 minutes qui a été très bien accueilli. » Distinctions et mises en scène De multiples distinctions ont ponctué le parcours de Marc Adam. Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres, il a également été récompensé pour ses qualités de metteur en scène. Il a obtenu en 1997 le Grand Prix du Syndicat national de la Critique, pour sa mise en scène du Wozzeck de Manfred Gurlitt, qui a été consacrée meilleure production lyrique de l´année en France. A la mise en scène, Marc Adam

a été amené à travailler en Suisse, en Italie, en Belgique, en Angleterre, en France, en Allemagne, en Hollande ou encore en Australie. Ses nouveaux projets de mises en scène devraient voir le jour dès l’année prochaine, nous a-t-il dévoilé. Mais pour l’instant, le secret reste de mise. Tout comme pour la programmation de la saison prochaine, dont nous savons seulement au moment où nous bouclons ce magazine, qu’elle devrait faire l’ouverture avec Turandot et proposer plusieurs ouvrages d’origine italienne. Marc Adam a déjà de nombreuses réalisations à son actif. Pour l´Opéra de Berne : The Rake’s Progress de Stravinski, L'amour des trois Oranges de Prokofiev et Wozzeck de Berg. Mais aussi Raspoutine de Rautaavara, Adriana Lecouvreur de Cilea, pour l´Opéra de Lübeck, La Sonnambula de Bellini, pour l’Opéra Comique à Paris ; pour le Théâtre des Arts de Rouen, Wozzeck de Manfred Gurlitt, la création mondiale Sade-Teresa de Marius Constant, La Vieille Maison de Marcel Landowski, La Cenerentola, Le Turc en Italie et Le Barbier de Séville de Rossini, la création mondiale Jocaste de Charles Chaynes, Les Pêcheurs de Perles, Tannhaüser, Don Pasquale, Pelléas et Mélisande de Debussy pour l’Opéra d’Essen. Notons également Don Carlos de Verdi pour l’Opéra de Saarbrücken, Ariadne auf Naxos de R. Strauss pour l’Opéra de Wiesbaden, Cavalleria Rusticana de Mascagni, Pagliacci de Leoncavallo pour l’Opéra du Rhin, et l’Opéra de Marseille, Cendrillon de Massenet pour le Royal College of Music à Londres ou encore Le Tribun de Mauricio Kagel pour le festival Musica de Strasbourg. Du côté des créations françaises : La Contrebasse de Patrick Süskind, Damnée Manon, Sacrée Sandra de Michel Tremblay et Le Naufrage du Titanic, un opéra contemporain de W.D Siebert.


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L’Opéra Nice Côte d’Azur, au croisement des Arts Marc Adam commente pour nous quelques temps forts pour l’Opéra (sous sa direction artistique), l’Orchestre Philharmonique de Nice (sous la direction musicale de Philippe Auguin) et le Ballet de l'Opéra de Nice (sous la direction artistique d’Eric Vu-An), qui se partagent la scène de l’Opéra Nice Côte d’Azur.

Opéra

Dreyfus – 16 mai au 6 juin 2014 « Cet Opéra était intéressant à plus d’un titre. D’abord, c’est une création musicale de Michel Legrand, sur un livret de l’auteur niçois Didier van Cauwelaert. Ensuite, la particularité de ce travail est qu’il s’agit d’une coproduction avec le Théâtre national de Nice (TNN). La mise en scène est réalisée par Daniel Benoin [l’actuel directeur artistique du théâtre Anthéa d’Antibes, ndlr]. Cela a permis d’ouvrir les portes de l’Opéra à un très large public d’abonnés du Théâtre national de Nice », précise Marc Adam.

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Ballet

OKTETT - 4 et 5 juillet 2014 « Voir un ballet d’Uwe Scholz constitue toujours un moment particulièrement touchant. Ce chorégraphe, qui dirigea l’Opéra de Leipzig de 1991 jusqu’à sa mort survenue brutalement en 2004, n’a pas son égal pour insuffler à sa danse les traits de sa personnalité. Dans Oktett, les lignes esquissées par cet artiste allemand, qui voulut tant être chef d’orchestre, forment le dessin d’un caractère sensible et chaleureux. » CM

Cette idée de création de « passerelles artistiques » entre le TNN et l’Opéra de Nice pourrait se perpétuer, Marc Adam ayant déjà rencontré à plusieurs reprises Irina Brook, actuellement à la tête du Centre dramatique national de Nice. Pas de projets concrets pour l’instant, mais une dynamique commune, qui pourrait mener vers d’autres créations ou des projets pédagogiques.

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 La salle Foyer Montserrat Caballé de l’Opéra de Nice © Studio Photoguy

 Portraits de Marc Adam © Studio Photoguy

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MTO N S P A UL C O DE V ENCE

FONDATION MAEGHT Cinquante ans ! Déjà cinquante ans que la Fondation fut inaugurée, le 24 juillet 1964, par André Malraux, alors Ministre de la Culture. Celui-ci déclarait : « Ici est tenté quelque chose qui n’a jamais été tenté : créer l’univers dans lequel l’art moderne pourrait trouver à la fois sa place et cet arrière-monde qui s’est appelé, autrefois, le surnaturel ».

Arrivés en haut de la pente sinueuse, les visiteurs découvrent avec enchantement la célèbre Fondation Maeght, dont la légèreté architecturale s’élance vers la luminosité du ciel de la Côte d’Azur. Cet anniversaire symbolique d’un demisiècle d’existence incite à revenir sur la genèse de la construction de ce bâtiment créé par l’architecte Josep Lluís Sert qui a su l’accorder à merveille avec la nature environnante.

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Le Labyrinthe, peuplé de sculptures et de céramiques de Joan Miró. Photo Roland Michaud. © Archives Fondation Maeght – Successió Miró © ADAGP Paris 2014

’est Georges Braque qui a suggéré à Marguerite et Aimé Maeght l’idée, alors absolument inédite, d’une fondation artistique. L’idée fera son chemin jusqu’à l’émergence de ce haut lieu de l’art moderne. Il ne s’agissait pas de créer un musée - les Maeght voulait faire naître leur rêve sans l’aide de l’Etat - mais d’un lieu très ouvert de rencontres entre les artistes, les œuvres et le public. Il n’y avait à l’époque nul modèle auquel se référer, ni même de statuts préétablis. Née dans les années cinquante, cette idée de Fondation ne sera donc définitivement concrétisée qu’en 1964, après une longue période de maturation et d’ébauches, avant que les choses aillent vite. Galeriste reconnu, Aimé Maeght était alors installé à Paris et tout le monde se pressait à ses vernissages. Cependant il pensait que loin de Paris, le public, moins stressé, serait plus disponible à la communion artistique dans cette région méditerranéenne noyée de soleil. Pour Aimé Maeght, l’art est non seulement loisir pour l’homme, mais aussi un besoin vital même s’il n’est pas ressenti réellement comme tel. Après des propositions jugées trop avant-gardistes (bâtiments entièrement enterrés ou architecture suspendue...), ce fut au cours d’une visite à l’atelier de Miró à Palma de Majorque qu’Aimé et Marguerite Maeght s’emballèrent pour l’architecture du Catalan Josep Lluís Sert qui avait travaillé un temps aux côtés de Le Corbusier. Il sera ensuite reconnu comme un des plus grands architectes de son temps. Tout naturellement, c’est à Sert qu’a été consacrée


S T P A UL DE M OVNENCE ACO

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Josep Lluís Sert et Joan Miró devant une maquette de la Fondation Maeght. © Archives Fondation Maeght

Pour Aimé Maeght, l’art est non seulement loisir pour l’homme, mais aussi un besoin vital même s’il n’est pas ressenti réellement comme tel.

l’exposition de printemps, ainsi qu’à l’origine de l’extraordinaire projet qui donnera naissance à la Fondation. Ne lésinant pas sur le coût de cette réalisation dont il rêvait tant, Aimé Maeght fit construire des maquettes grandeur nature sur le terrain pour définir les meilleures positions. Si l’argent risquait de manquer, une œuvre d’art était aussitôt vendue. Dès l’origine, nombreux furent les peintres et les sculpteurs, piliers de cette aventure, qui collaborèrent au projet en créant de magnifiques œuvres s’intégrant au bâtiment et à la nature : cour de Giacometti avec ses sculptures au modelé si caractéristique, labyrinthe de Miró, mosaïques de Chagall et Tal-Coat, mobile de Calder, bassin de Braque, fontaine de Bury, chemin de croix d’Ubac pour la chapelle Saint-Bernard... Tous ont offert leurs œuvres qui s’accordent entre elles en dépit de leurs différences et Sert eut à cœur d’associer les artistes durant le développement du projet et toute la construction. Dès l’origine, on peut parler d’une véritable symbiose entre le bâtiment et la collection. Si aujourd’hui de nombreux centres d’art contemporain apparaissent un peu partout, la Fondation reste unique par son audacieuse innovation et sa collection exceptionnelle qui s’enrichit sans cesse. Dès qu’ils pénètrent dans les jardins, structurés par des terrasses avec petits murets de pierres sèches typiques de la Provence, les visiteurs, déjà conquis par le lieu, sont accueillis par des sculptures de pionniers de l’art moderne. Puis ils découvrent le bâtiment d’architecture résolument contemporaine, fonctionnelle, efficace. Sert l’a imaginé bas, afin de mieux épouser les décrochements du terrain et d’éviter la monotonie. Les proportions sont en totale adéquation avec le lieu dont l’architecte a su capter la beauté tout en adoucissant l’éclat de la luminosité méridionale. Une grande importance fut accordée à

la lumière : pour ne pas avoir de lumière latérale ou juste ce qu’il faut pour favoriser la liaison entre le bâtiment et la nature. Sur les toits, des quarts de cylindres en béton furent l’ingénieux système imaginé par Sert pour capter ou piéger une belle lumière blanche et douce, ainsi renvoyée sur les murs sans aucun rayon de soleil direct. Sur ce splendide site privilégié, avec panorama sur montagne et mer, est ainsi apparu un havre de fraîcheur, haut lieu de l’art moderne où l’architecture devenait œuvre d’art et lieu d’accueil ouvert, apaisant. Quiconque visite cet endroit magique ne peut être qu’ébloui par le rayonnement artistique qui se dégage de ce lieu, et chacun garde, au plus profond de lui, des souvenirs de grandes expositions et de prestigieuses rétrospectives. Le cinquantenaire de la Fondation est «fêté» en trois temps. Suite à l’exposition de printemps consacrée à l’architecture de Josep Lluís Sert et à la naissance de la Fondation (5 avril-9 juin), viendra la proposition de l’été sur l’histoire vivante de chefs-d’œuvre réunis au cours de ces cinquante ans (28 juin-11 novembre). Enfin l’exposition d’automne sera axée sur des tableaux soulignant l’art sous différentes formes : musique, danse, arts visuels, écriture... (29 novembre 2014 à mars 2015). Simultanément et à l’occasion de ce cinquantenaire, sept institutions, du Sud-Est au Grand-Ouest, rendent hommage à la Fondation Maeght. A Antibes, le Musée Picasso a retenu Miró, à Nice, le MAMAC a choisi Calder et le Musée Chagall a invité une œuvre, ainsi que le Musée Fernand Léger, à Biot. A Vallauris, le Musée Magnelli et celui de la Céramique présenteront des céramiques de Miró, Artigas, Braque et Chillida. Dans le Morbihan, le Domaine de Kerguéhennec rendra hommage à «50 ans de collection de la Fondation Maeght : de Giacometti à Tapiès». CBL

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Erwan Morère Wildside 14.06 > 21.09 2014

Porte Sarrazine - 06250 Mougins Village Tél: +33(0)4 93 75 85 67 museephoto@villedemougins.com www.mougins.fr Ouverture: tous les jours de 10h à 12h30 et de 14h à 19h Entrée libre


S T P A UL DE V ENCE

Fondation Maeght un demi-siècle déjà !

Dans ce paradis des beaux-arts qu’est la Côte d’Azur, quelle place occupe la Fondation Maeght ? C’est le fruit d’une utopie partagée, des moments de découvertes pour plusieurs générations. Aimé Maeght l’imagine d’abord comme un village d’artistes ; c’est pourquoi l’un des espaces s’appelle encore salle de la mairie. Miró l’avait imaginé comme une abbaye de Thélème, un lieu de recherche. Aussi l’axe retenu ne fut pas de coller aux théories, aux écoles, mais de présenter des œuvres individuelles capables de transcender l’époque. C’est cet esprit qui m’a séduit. Dès 1964 la rumeur court : à Saint-Paul, les artistes proches de Marguerite et Aimé Maeght tentent l’aventure de comprendre et d’inventer le monde, comme disait Malraux. Je découvre le lieu en 1972 lors d’une exposition d’art américain avec Rauschenberg et le Post Pop en prise directe avec nos vies. Le soir même, mes amis et moi, descendus sur la Côte en 2CV, y découvrons Albert Ayler. Une fusée venue de New York. Un inconnu pour beaucoup qui enflamma les jardins avec son sax mêlant gospel, fanfares de Harlem et free jazz, dont il fut un pionnier avec Archie Shepp.

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En 2013 on fêtait les 50 ans du Musée Matisse, les 40 ans du Musée Chagall, cette année c’est au tour de la fondation Maeght de célébrer son cinquantenaire. Olivier Kaeppelin son directeur artistique nous dévoile cet anniversaire dont la programmation occupera toute l’année 2014.

Ce cinquantenaire s’articule en trois actes. L’architecture est le premier volet. Quels furent les liens entre l’espace et la collection ? Josep Lluís Sert, grand architecte de l’esprit nouveau, disciple de le Corbusier, créa cet écrin atypique qui fit scandale avec ses impluviums en cornes de taureau. Le maire de Vence écrivait alors, vous auriez mieux fait d’utiliser des tuiles romaines. Ce bâtiment a sa place dans la banlieue de New York, mais pas ici. Cette fondation est avant tout l’œuvre d’un catalan pour des amoureux de la Méditerranée et de sa lumière. D’où la présence d’un labyrinthe en référence à Thésée, fait par cet artificier du rêve que fut Miró. Aimé Maeght a pensé le lieu en fonction des œuvres avec cet architecte du site que fut Sert comme peut l’être aujourd’hui Barani. Ainsi, ses vastes salles préfacent l’arrivée des œuvres grand format et ses 1800 m2 accordent la moitié à la nature où une quarantaine de sculptures sont exposées. Autour de plans, maquettes, dessins et œuvres, nous proposons un dialogue entre l’architecte et les 12 créateurs avec lesquels il échangea autour de ce projet avant-gardiste.

Le deuxième volet sera dédié aux chefsd’œuvre de la Fondation. Comment se sont faites la sélection et la scénographie? Sur 10 000 références, il y a environ 400 sculptures, peintures et dessins, le reste étant des œuvres d’édition. Aimé Maeght n’a jamais acheté en ayant des idées théoriques, pas plus que pour promouvoir un courant ou suivre le marché. Seule l’œuvre prime ! Pour « Face à l’œuvre », nous avons choisi des pièces fortes, originales, peu montrées, il y aura bien sûr Calder, Miró, Braque. Pour Calder ce sera la série des « Crinkly » : des petites sculptures colorées. On a également choisi les prises de risques. La scénographie est rendue possible par l’espace fait de salles avec des éclairages et des niveaux différents permettant de raconter des histoires différentes. La manière chronologique subira des incidents de parcours. Nous n’hésiterons pas à faire résonner un Bonnard avec un Soulages.

Avec le troisième volet la Fondation évoque une tradition : le croisement des arts. Quels seront les artistes conviés à cette grande messe ? A mon arrivée, le dernier concert organisé ici c’était il y a 20 ans : Michel Portal. J’ai réactivé ce principe. En deux ans nous avons offert six événements. Un concert dirigé par Philippe Bender autour de Gasiorowski, un film projeté sur la rencontre entre Duke Ellington et Miró à la fondation. Cet été, deux danseurs de l’Opéra de Paris ont réalisé une performance autour du parcours « Les aventures de la vérité ». Récem-

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De gauche à droite: Olivier Kaeppelin et Adrien Maeght Vues de la Fondation Maeght Olivier Kaeppelin, Directeur de la Fondation Maeght

ment, nous avons proposé un concert et un film sur John Cage ramené de Montréal où je présidais le Festival International du Film sur l’art. Le succès de ces événements a prouvé qu’il y avait toujours une demande. Pour cet anniversaire la part belle sera faite aux arts visuels, à la musique, la danse et l’écriture, Il est trop tôt pour citer les invités, certains n’ayant pas confirmé tel « M » petit-fils de la poétesse Andrée Chedid. Il y aura aussi de la musique d’avant-garde, du jazz avec Archie Shepp et des lectures avec Bernard Noël.

Cet anniversaire est relayé également par sept grandes institutions. Pouvez-vous nous en dire plus ? Le Musée Picasso, accueille sur sa terrasse un ensemble de bronzes de Miró ; Le MAMAC présente une exposition hommage à Calder. Deux coups de chapeaux sont donnés par les Musées Nationaux autour d’œuvres prêtées par la fondation : « La vie » au Musée Chagall, « la Partie de campagne » au Musée Léger. Le Musée Matisse dévoile des dessins et la correspondance entre le peintre et Aimé Maeght. A Vallauris est mis à l’honneur l’art du feu, d’Artigas à Chillida. Extra muros seront organisés en Bretagne au Domaine de Kerguéhennec,

puis à Stuttgart deux expositions autour de la collection donnée par la Société des amis de la Fondation.

Depuis deux ans, vous avez invité de nouvelles générations d’artistes, de Fabrice Hyber à Djamel Tatah. Allez-vous poursuivre dans cette voie ? Adrien Maeght en avait manifesté le désir, il souhaitait ardemment retrouver l’esprit de son père, les artistes vivants. Quand la famille Maeght m’a abordé, c’est ce que je leur ai dit : il s’agit de ne pas être simplement devant des objets d’art, il faut repartir avec l’esprit des fondateurs !

La collection continue-t-elle de s’agrandir ? Où en sont les projets de rénovations ? Elle évolue mais sans gros budgets alloués, autour de donations telles récemment celle de Djamel Tatah ou la fontaine des Hommes de Bessines de Fabrice Hyber. Quant au plan de développement, il est finalisé. Il devrait permettre de créer sous la fondation un auditorium, des ateliers et un théâtre prévu dès l’origine. Le problème reste le financement. Nous y travaillons. OM

Photos © JP Fouques

Expositions du cinquantenaire de la fondation Maeght : 5 Avril – 9 juin 2014 L'art et l'architecture de Josep Lluis Sert 28 juin – 11 novembre 2014 1964-2014 : cinquante ans de chefs-d’œuvre à la Fondation Maeght 29 novembre 2014 – mars 2015 Tableaux pour un art sous toutes ses formes : musique, danse, arts visuels et écriture à la Fondation Maeght


© Cg06 - Laurent Sully Jaulmes

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M U S É E D E S A R T S A S I AT I Q U E S Réservation visites guidées : reservation-arts-asiatiques@cg06.fr Ouvert tous les jours, sauf le mardi. Du 2 mai au 15 octobre : de 10 h à 18 h. Du 16 octobre au 30 avril : de 10 h à 17 h. Musée fermé le 1er janvier, le 1er mai et le 25 décembre. 405, Promenade des Anglais - 06200 Nice - France Tél : +33 (0)4 92 29 37 00 www.arts-asiatiques.com

ENTRÉE LIBRE

Musée du Conseil général des Alpes-Maritimes


BLACK GOD, 1983

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En Ville

MONACO

© Gilbert & George

Gilbert & George à la Villa Paloma A Monaco, la Villa Paloma, transformée récemment en Musée National de création contemporaine, s’élève sur trois étages dans un magnifique jardin à l’italienne. Durant l’été, elle accueille une exceptionnelle rétrospective des œuvres de Gilbert & George. Chaque exposition de ces artistes est un événement, et d’autant plus celle de la Villa Paloma qui offre la possibilité de voir une large diversité d’œuvres appartenant à la famille d’un collectionneur de Monaco.

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ilbert & George sont des artistes qui travaillent systématiquement en couple depuis leur rencontre à Londres, le 25 septembre 1967, alors qu’ils étudiaient la sculpture à la Saint Martin’s School of Art. Ce fut un coup de foudre, du moins artistique, car, quoique habitant ensemble, ils ne parlent jamais de leur vie intime. L’un est italien, l’autre anglais, et c’est le gin qui les a d’abord rapprochés dans des cuites mémorables. Depuis, ils ont toujours vécu dans le même quartier populaire et malfamé de Londres, l’East End, où sévit en son temps Jack l’Eventreur, a fait remarquer Cristiano Raimondi, coordinateur de l’exposition et responsable des projets internationaux de la Villa Paloma. Le duo occupe une vieille maison victorienne où le design domine une collection d’objets hétéroclites d’un goût recherché. Dans ce quartier de contrastes, se côtoient moderne et ancien, immigrés et Londoniens, toutes classes sociales et toutes religions. Gilbert & George en stigmatisent les peurs et les préjugés, donnant dans leurs tableaux un reflet de ce quartier diversifié où ils trouvent à la fois universalité et proximité de la misère humaine : pour eux, leur quartier est représentatif de la Terre entière. Ils y recherchent une œuvre ancrée dans le réel pour s’adresser au public et surtout pas à une élite de salon. L’onirisme se mêle au réalisme dans des couleurs vives où s’inscrit souvent l’usage de monochromes tout au long de différentes périodes de leur travail artistique que leurs silhouettes parcourent tant en témoins qu’en artistes-œuvres. Dès leurs études, le tandem britannique vise une totale indépendance à l’égard d’une école ou d’une théorie artistique, préférant faire appel aux émotions et aux sentiments du «spectateur des œuvres». Restant toujours imperturbables et très pince-sans-rire, Gilbert & George portent constamment des costumes d’hommes d’affaires (même à l’époque hippie), sorte d’uniforme pour eux, que ce soit au cours de leurs performances ou dans leurs représentations picturales. Ils se considèrent eux-mêmes comme la matière de leur art, des «sculp-

tures vivantes» disent-ils, aussi leur image est-elle constamment présente dans leurs tableaux. Eux-mêmes se définissent comme une expérience émotionnelle du monde moderne où toute leur vie, même leur quotidien, est art. En s’autorisant la plus grande folie – une folie cependant disciplinée –, ils transmettent ainsi leurs émotions artistiques. Ce duo, reconnaissable entre mille, aborde également des sujets audacieux, osés : sexe, homosexualité, actualité, religion, politique... La provocation, parfois jusqu’à l’outrance, est permanente dans les thèmes évoqués, auxquels s’ajoute la thématique, devenue classique pour eux, du corps dans ses représentations sociales et plus loin encore, puisque la mort, les symboles religieux ou la jeunesse vagabonde sont aussi des sources d’inspiration de leur démarche singulière qui échappent aux classifications figées. Tous deux explorent, en quelques compositions démentes, les fièvres et les angoisses qui rongent le corps, et osent s’aventurer là où d’autres ne vont pas en bousculant les conventions et les valeurs concernant le beau et le laid, l’exagération des formes et des couleurs, les pastiches d’euxmêmes à une époque où Narcisse est roi. Leur art se compose de leur univers personnel, combatif et provocateur, et de leur regard sur le monde, déséquilibré par le désordre de l’humanité. Leur style a pénétré le monde culturel avec liberté et innovation et on leur reconnaît aujourd’hui une singularité identifiable dès le premier coup d’œil. Cette exposition se doit donc d’être l’occasion de retracer l’histoire de la création artistique et la forme marginale de ces deux artistes qui n’en font qu’un. Le choix de l’accrochage, défini par eux-mêmes, éloigne des sentiers chronologiques balisés. Ainsi, les différentes périodes de leur œuvre s’entremêlent afin de tenir compte aussi de la taille immense de certains tableaux par rapport aux cimaises de la Villa Paloma. Le parcours diversifié invite à découvrir l’art furieusement décalé


MONACO

Cristiano Raimondi, coordinateur de l'exposition « Gilbert et George » et responsable de projets internationaux

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de ces artistes dont cette exposition offre une des sif, serait responsable de souffrances dans le © Wundele Jean-Charles rares possibilités de voir autant d’œuvres. Souvent, monde. Ils multiplient les représentations du ce sont des carrés assemblés par des grilles noires en Christ sous forme laïque, afin de dénoncer surimpression qui donnent un aspect de vitraux, d’autant plus que les l’excès d’images religieuses dans l’art. Quant à eux, ils prennent le couleurs sont très flashies et contrastées. Chaque carré est une pièce seul parti possible : s’éloigner de tout réalisme et styliser pour ne pas singulière, mais, réunis, ils forment une autre œuvre. Le sida est re- trahir. Ce choix moral autant qu’esthétique est décisif. présenté par des taches rouges, des taches de sang (Bleeding –1988). L’idée d’aller à rebours du sens commun et leurs audaces percutantes Construite sur le mot «boys», une série (London Pictures) s’intéresse sont les preuves d’une santé psychique et d’une vitalité extraordiaux unes de journaux que, ensemble, ils ont classés par sujets en naire, même politique, ce qui les autorise à concevoir leurs œuvres considérant que nous sommes tous le ciment de la société actuelle comme une énergie qui pourrait modifier toute manière de penser. Au (Boys – 2011). Subversifs par nature, Gilbert & George militent dans visiteur de l’exposition, à présent, de le découvrir ! leur peinture contre toute ségrégation, et Dieu pourrait bien être noir CBL (Black God – 1983). La religion, dont l’abus de pouvoir est oppres- Villa Paloma – Monaco – du 14 juin au 2 novembre 2014

CHRISTS, 1992 © Gilbert & George

OUR, 1988 © Gilbert & George

BLEEDING, 1988 © Gilbert & George


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cinéma

Cinéma

La magie de Nice sublimée par le cinéma

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résenté en ouverture du 67e Festival de Cannes, « Grace de Monaco », d’Olivier Dahan, raconte la période où Grace Kelly (Nicole Kidman) devient Grace de Monaco en épousant le Prince Rainier (Tim Roth). A ses débuts, le réalisateur avait tourné «Déjà mort» dans de luxueuses villas des hauteurs de Nice. Un autre film se déroulant à Nice a été présenté à Cannes, « L’homme que l’on aimait trop » dans lequel André Téchiné revisite la disparition non élucidée d’Agnès Le Roux dans une guerre de casinos qui a enflammé la ville. Quant au film annuel de Woody Allen, « Magic in the Moonlight », tourné aussi dans la région niçoise, il n’a pas été terminé à temps pour être projeté à Cannes. De tout temps, Nice a attiré de nombreux réalisateurs séduits par la beauté de la ville et la qualité du climat qui leur permet de trouver une belle luminosité pour les prises de vue en extérieur. Certains lieux sont particulièrement prisés dans cette ville chargée d’illusions. Ainsi retrouve-t-on souvent la Promenade des Anglais, le Vieux Nice, le Château, le Port et, bien sûr l’aéroport (L’arnacoeur, Ronin...) ou la gare selon l’action. Futur réalisateur du « Chagrin et la pitié », Marcel Ophuls situe des scènes de « Peau de banane » sur la Promenade, qu’on voit également dans « La Repentie » de Laetitia Masson où Isabelle Adjani traîne son bagage à roulettes sur la longue avenue bordée de palmiers.

Quelques années plus tôt, Jeanne Moreau y déambulait dans «La Baie des Anges» (Jacques Demy) avant de perdre son dernier jeton dans une salle de jeu du Palais de la Méditerranée et de s’installer dans un hôtel minable du Vieux Nice (en fait un immeuble de la rue Colonna d’Istria). En 1998, la jeune Vahina Giocante est la petite reine de la baie de Nice dans, « Marie, Baie des Anges » de Manuel Pradal. Nicole Garcia aime la lumière éclatante de la ville qu’elle a choisie pour « Le balcon sur la mer ». On y reconnaît le jardin Albert 1er et la rue Saint-François de Paule et pour « Le fils préféré » le château, l’hôtel Masséna, la plage de galets. Philippe Labro a tourné des séquences de «Sans mobile apparent » au port, Place Rossetti, au Regina à Cimiez et au cimetière de l’Est. Dans «Möbius» d’Eric Rochant, on repère l’Hôtel Gounod. Pour son premier film «Beau Rivage», Julien Donata situe l’action à Nice et Claire Simon y a réalisé «Mimi», histoire d’une amitié indestructible, dans le Vieux Nice, l’avenue des Fleurs, et même la voie rapide. En 1995, en hommage à Jean Vigo qui, en 1929, avait réalisé «A propos de Nice», sept grands réalisateurs (Abbas Kiarostami, Raymond Depardon, Pavel Lounguine, Claire Denis, Costa-Gavras, Raul Ruiz et Catherine Breillat : « Aux Niçois qui mal y pensent») ont revisité la ville, sa façade et ses faces cachées dans «A propos de Nice, la suite». Reste le cinéma dit populaire, avec Gérard Oury («Le Coup du parapluie» se termine sur la Promenade) et avec Georges Lautner qui a tourné à Nice une multitude de ses films : Présumé dangereux, Ne nous fâchons pas, Joyeuses Pâques, où l’on retrouve l’Opéra, l’Eglise Saint-François de Paule, le cours Saleya, la Promenade, la gare... Enfin « Brice de Nice » met à l’honneur la plage de galets et la mer qui ose s’agiter.

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o © Gaumont  Grace de Monac


cinéma

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Interview Arnaud Duterque : La Riviera sous les sunlight Arnaud Duterque, régisseur en charge d’organiser les tournages de A à Z est resté fidèle à son pays natal. Même s’il lui arrive de faire quelques escapades - il revient d’un tournage dans les Ardennes avec Stephen Frears -, son QG demeure les Studios Riviera. Ce quarantenaire œuvre en tant que régisseur à Nice depuis 1990. Il fait ses premiers pas avec le « Zèbre » (Jean Poiret) puis sur « Le fils de la panthère rose » de Blake Edwards avec Roberto Benigni. Très vite il devient le régisseur préféré des réalisateurs anglais et américains (Stephen Frears, Danny Boyle, Woody Allen, Monty Python, Brian de Palma etc). Entrons avec lui dans les coulisses des derniers grands tournages azuréens. La Victorine, une vieille dame toujours en activité ? C’est un des atouts de la Côte. Ses studios offrent une proximité immédiate avec l’aéroport, la possibilité pour une grosse production d’y louer une cinquantaine de bureaux, et d’avoir sous la main un parc d’une centaine de véhicules. Sans oublier l’humain. La Victorine a produit plusieurs générations de techniciens. Le savoir-faire de ses constructeurs a valu à plusieurs d’entre eux de rallier les productions de Luc Besson y compris pour ses tournages dans la capitale. Ils n’ont pas ça à Paris pas plus qu’à Marseille qui attire surtout la télévision. Le 7e art reste très lié à la Côte. L’autre atout, c’est la météo qui dispense les productions d’assurances coûteuses pour les dépassements dus au mauvais temps. Les peintres sont venus ici pour la lumière, les cinéastes ont pris le relais dès l’ouverture des studios.

L’autre atout, la variété des décors ? Mer, campagne, montagne, villes, villages, tout est dans un rayon de 50 kms. Sans oublier l’architecture très variée, dont de superbes villas qui sont devenues de véritables stars ! Quels sont les lieux les plus demandés ? Le Cap d’Antibes, car les demeures offrent de vastes jardins qui descendent en pente douce vers la mer. Parmi elles, la Villa Eilenroc, propriété de la ville d’Antibes, que l’on peut emménager sur trois étages mais aussi l’Hôtel Eden Roc et la villa Médi Roc avec ses impressionnants escaliers menant vers l’embarcadère. J’ai tourné également à l’Hôtel Belles Rives. A l’est, les incontournables restent Villefranchesur-Mer et sa citadelle, le grand hôtel du Cap Ferrat et l’hôtel du Cap Estel. Sans oublier la grande corniche, mythique pour plusieurs générations de réalisateurs américains depuis qu’Hitchcock y a tourné « la Main au collet ».

 Le Transporteur © EuropaCorp TF1 Production

Films

éky ick Nolte et Tch N mme Karyo dans « L’ho » de la Riviera (The good Thief) © TFM Distribution

Marcia Gay Harden  Emma Stone et moonlight » dans « Magic in the ons © Gravier Producti

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Et à Nice ? Le vieux-Nice revient souvent. J’y ai supervisé une poursuite de voitures mémorable pour le premier « Transporteur » de Besson. On a bloqué toute la vieille ville pendant quatre jours. C’était après l’accident de « Taxi 2 » qui fit un mort. Il a fallu sécuriser 130 commerces et 140 habitations, avec 500 personnes pour bloquer chaque palier au passage d’une BMW roulant pied au plancher. Dans « L’homme de la Riviera », remake de « Bob le flambeur » tourné sur la Côte par Neil Jordan (oscarisé pour « Entretien avec un Vampire »), le héros joué par Nick Nolte devait braquer le Casino de Monaco. Devant le refus de la SBM, nous avons dû, en quelques jours, transformer en Casino le Hall du Régina à Cimiez, obscurcir sa verrière pour simuler une scène nocturne avec 300 figurants. Coût de l’opération : 500 000 dollars. Mais la vedette incontournable reste le Negresco et notamment son bar séculaire où nous avons installé l’an dernier la caméra de Woody Allen. Pour « Magic in the Moonlight », quels sont les lieux qui ont séduit Woody Allen ? J’avais participé à la préparation de « Midnight in Paris », mais c’est le premier tournage que je faisais entièrement avec Woody Allen. Le film est tourné intégralement ici dans l’ambiance années 30, avec 250 personnes, 100 véhicules, 12 loges, 6 cantines. Parmi les villas belle époque, très peu ont été conservées intactes sauf Eilenroc où l’on a tourné. Nous avons récréé l’ambiance des premiers clubs de jazz enfumés dans la cave Bianchi à l’orée du vieux Nice. Le comptoir de bar dont l’autre moitié est au Negresco venait d’un clipper (ndlr : bateau à voile). On a fait des plans à Vence au château Saint Martin, sur la grande Corniche et à Menton où j’ai retrouvé une salle de jeux dans son jus belle époque. Woody Allen aime être surpris par les décors et comme il écrit ses propres scénarios, il peut rajouter une scène au débotté. L’opéra de Nice était en travaux mais le réalisateur a craqué en le voyant. Nous avons fini par obtenir l’autorisation.

Je l’ai amené à l’Observatoire. Il a été fasciné par l’architecture de Garnier, le lendemain il avait écrit une scène qui s’y déroulait. Imparable pour un film qui s’appelle « Magic in the Moonlight » ! Nous avons également pour une séquence, ce qui est rare, construit un décor de théâtre, en studio à la Victorine. Des anecdotes ? Woody Allen est très réservé sur un plateau. Mais il y en a une : il avait reçu une invitation à une soirée au Cap d’Antibes signée « Roman ». Woody Allen s’y est rendu, persuadé qu’il s’agissait de Roman Polanski. Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant cette demeure pharaonique et son immense parc ! « Je savais que cela marchait bien pour Polanski mais à ce point ? » Il a compris sa méprise en voyant venir à lui Roman Abramovitch, l’oligarque et milliardaire russe. L’autre long-métrage auquel vous avez collaboré récemment a fait l’ouverture de ce même Festival de Cannes... Devant enchaîner avec le Woody Allen, je n’ai pu qu’assurer les repérages pour « Grace de Monaco », d’Olivier Dahan avec Nicole Kidman dans le rôle titre. Nous n’avons pas pu tourner au Palais princier, un bijou unique par son alchimie de styles. Trouver l’identique fut un défi mais c’est à Gènes, ville qui recèle une quarantaine de nobles demeures, que l’on s’est rabattus, sur le Palais royal. C’est le seul décor tourné en dehors de la Côte d’Azur.

OM

e dans  L’aéroport de Nic « L’arnacoeur », eil aum Ch de Pascal

res International © Universal Pictu France

Nice » e dans « Brice de Coco Beach à Nic  Le plongeoir de herr Grab ault Thib de James Huth ©


PARTENAIRE

OFFICIEL

Jeff Koons - Bourgeois Bust - Jeff and Ilona, 1991, marble, 113 x 71,1 x 53,3 cm Š Jeff Koons

Appli disponible sur App Store & Google play


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Musique

Vinylemania ! On l’avait enterré avec le CD. 30 ans plus tard, voilà que la musique ressuscite en 33 tours/min ! Fric frac au musée de cire, marketing vintage, anti-zapping ? Même pas mort le microsillon !

Studio d’Arnaud Maguet © AM

Les grands disques noirs de papa ont deux qualités qui font défaut aux mini disques numériques : Une plus large définition du spectre sonore et un grand format qui permet d’en faire aussi des objets pour esthètes. Deux niçois adeptes du DIY*, Arnaud Maguet et Didier Balducci, continuent de creuser leur sillon dans des galettes de cire… Bandes originales Né à Toulon en 1975, Arnaud Maguet enseigne depuis 2001 l’édition audiovisuelle à la Villa Arson, tout en exhumant les subcultures par la bande et la bande son dès qu’il le peut.

Artiste plasticien, musicologue et praticien de musiques transgenres, en 2000 il crée son label et son studio au Port de Nice : « Les Disques en Rotin Réunis, le meilleur moyen que j’ai trouvé de perdre de l’argent ». Le meilleur moyen aussi de brasser les genres (Krautrock, psychédélique, pop expérimentale, rock, électro) et de réunir plasticiens et musiciens sur un même label ! LDRR fêtera ses 15 ans l’an prochain avec 50 albums au compteur, certains réalisés grâce aux subventions pour des expositions, les siennes ou celles d’autres artistes tel le phocéen Olivier Milagou. C’est d’ailleurs tout le charme du concept : mettre en dialogue deux univers qui se nourrissent, depuis John Cage et Fluxus ou le Velvet underground et le Pop art de Warhol. Sur les pochettes designées par Arnaud se côtoient stylistes en tous genres. Parmi les proches fidèles, Vincent Epplay, un musicien issu lui aussi des Beaux arts : « Nous avions coproduit avec le Dojo l’un de ses albums puis il réalisa une bande pour une des mes installations à la Villa Arson ». Peaufiné avec le guitariste Fred Bigot (Electronicat), « Musique pour les plantes des dieux » fut ensuite édité par LDRR. Et de ce trio naquit Bader Motor et son « Riviera Krautrock ». Des rencontres naissent des projets encore moins attendus. La « collection amplifiée » est un catalogue sonore revisitant, pour ses 25 ans, le fond du Musée d'art contemporain de Rochechouart, berceau des troubadours. Pour ces chansons de gestes modernes louant les œuvres d’art, dix invités dont Kid Congo (ex Cramps et Gun Club) et Jad Fair, ex « Half japanese » gloire british des eighties. Mais c’est avec Jean-Luc Verna, artiste et ex-professeur à la Villa Arson, qu’Arnaud trouve la veine en 2000 avec « la méchante dose » : « Jean-Luc lisait des extraits de la série noire sur des sample de free jazz ». Les deux complices forment ensuite « The beauty and


Musique

Pochettes du groupe NON !

DIY, Didier ! Il créa Mono-tone Records en 2006 pour lancer son album solo (Memphis Electronic). Didier Balducci, âme damnée des oto-rhinos et guitariste des Dum Dum boys, combo niçois en exercice depuis plus de 25 ans, s’explique : « Après avoir sorti notre premier 45T sur un petit label d’un ami à Mougins, nous avons signé avec des maisons de disques parisiennes. Aujourd’hui, nous sommes revenus au fait maison ». « Alive in the echo chamber » est le dernier né du combo mitonné par Didier, qui avait auparavant édité les albums de « Love Machine » et de « NON ! », deux duos avec Carine sa complice. « Soit tu as un vrai label qui te distribue bien et fait la communication, soit autant tout faire soi-même. Pour le vinyle qui est un marché de niche, c’est la solution la plus rentable. Cela permet de tout contrôler de l’enregistrement à la

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Didier Balducci

© AM

the beat », publié chez LDRR qui pressa également « Verna et ses Dum Dum Boys », un groupe niçois culte dont les membres, Didier Balducci et Bratch contribuèrent eux aussi au catalogue. Plus récemment avec le trio hyérois Hifiklub, Arnaud a franchi un pas de plus : « Après avoir produit un de leur LP puis intégré le groupe, on s’est lancés dans la réalisation de trois portraits de musiciens américains publiés en coffret DVD et vinyle. Nous avons commencé avec Stevie Moore à Nashville puis enchaîné en Californie avec Alain Johannes, membre des « Queen of the Stone Age ». Cet été, nous irons à New York à la rencontre de Lee Ranaldo, ex Sonic Youth ». Le catalogue devrait également s’enrichir d’une nouvelle bande originale. Arnaud Maguet sera au printemps à la friche de la Belle de mai pour une expo personnelle « Le psychédélisme est-il mort ou vivant ? », avec un vinyle à la clé !

© AM

diffusion via la création des pochettes ». Une recette qu’il vient à nouveau d’appliquer pour sa nouvelle galette partagée avec un artiste d’Outre-Atlantique : « J’ai rencontré l’an dernier Ian Svenonius, chanteur de Chain & the Gang, lors de son concert au Volume. Nous avons décidé de faire un LP ensemble ». Les musiciens de Chain & the Gang étaient sur K Record, avant d’en venir, eux aussi, à publier leurs vinyles. Ian, auteur engagé, a signé un livre manifeste "Supernatural Strategies for Making a Rock 'n' Roll Group", prônant l’indépendance et l’autarcie face aux majors. « Quand je lui ai dit que je diffusais à 500 exemplaires, il a été surpris. Il n’en publie pas plus aux USA car, si le marché est plus grand, les groupes sont noyés dans la masse et le rock alternatif reste là-bas lié à des chapelles de fans ». Pour les américains, la France a toujours été un Eldorado. New Rose, le premier label indé parisien avait fait son miel dans les eighties de ces ricains boudés au pays comme Alex Chilton ou Johnny Thunders. Didier et Ian ont échangé des fichiers mais c’est dans l’appartement niçois de Didier que les voix ont été enregistrées. « Les voisins ont été surpris car Ian chante en studio avec la même énergie qu’en live. » L’album XYZ, mixé à Berlin chez Fred Bigot, est paru le 19 mars. Une dixième référence pour ce label niçois qui diffuse via internet ou chez les bons disquaires de l’hexagone, bientôt d’Espagne. « Je vends presque plus à Lyon qu’à Nice, où nos disques passent régulièrement en écoute chez « Danger House ». Même si Hit et Sonic import font du bon boulot, ce qui manque à Nice depuis que Black ‘n White a fermé, c’est un grand disquaire comme « Danger House » ou Total Heaven à Paris. Un lieu où l’on peut écouter des disques, partager, échanger ». L’idée est lancée car tant qu’il y aura des passionnés et des amateurs de perles rares, les vinyles auront encore de beaux jours devant eux ! OM

Ian Svenonius chanteur de Chain and the Gang © DR

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Palaces en Palaces

quelques épisodes mythiques de la vie de la Côte d’Azur

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es palaces de la Côte d’Azur sont liés au boom architectural de la Belle époque, qui remonte à l’annexion du Comté par la France en 1860, à l’arrivée du chemin de fer en 1864, au développement administratif français, et au phénomène du tourisme cosmopolite qui en a découlé. Des architectes étrangers et locaux vont œuvrer : Detloff (Cracovie), de la villa mauresque à la villa balnéaire en passant par les immeubles de rapport (Palais Victor Hugo, Parc Impérial), Tersling (Copenhague), auteur de ce chef-d’œuvre néo-classique, la Villa Masséna. Le Russe Préobrajensky construit la cathédrale orthodoxe. Côté français, Niermanns construit le Negresco, Bobin la Gare du Sud, Garnier l’Observatoire de Nice. Et le niçois Biasini va réaliser le Palais de Marbre, Beau-Site, le Crédit lyonnais, l’Hôtel Régina. Plus tard Charles Dalmas construira avec son fils Marcel le Royal, le Ruhl (détruit), l’Hermitage, le Winter, le Grand Palais, à Cannes le Carlton et le Miramar. Des Anglais, Russes, Allemands et autres habitants du nord sont venus dès 1850 chercher le soleil, ils ont d’abord loué dans de grands immeubles aux façades à l’italienne baptisés Villas ou Palais, puis fait construire : le château de l’Anglais, le château de Valrose. Et il y a aussi des cercles, clubs, salons musicaux, très recherché, le Casino de la jetée-Promenade (détruit), le Casino Municipal (détruit) sont des centres privilégiés de la vie mondaine. L’Opéra est reconstruit. « Ce sont de grands propriétaires ou des industriels qui financent la construction de palaces comme le Négresco (1912), le Ruhl (1913), le Grand Palais (1911), le Savoy. La construction privée diminue, elle est remplacée par des initiatives collectives prenant dès 1900 la forme des nouveaux palaces au financement anonyme » (Michel Steve « L’architecture belle époque à Nice, Editions Demaistre). Et en 1920, avec l’argent de Frank Jay Gould, les Dalmas père et fils dessinent le Palais de la Méditerranée en 1928, Art Déco, façade inspirée par l’Opéra de Paris, sculptures (femmes et chevaux marins) d’Antoine Sartorio. Le 10 janvier 1929 le théâtre et le restaurant sont inaugurés, deux semaines plus tard, boule et baccara. Il sera en liquidation judiciaire en 78, ses trésors architec-

turaux vendus aux enchères en 1981, il sera démoli en 90, et sa façade classée grâce à Michel Butor, Max Gallo, Jack Lang…. Aujourd’hui c’est un hôtel cinq étoiles. Palaces ou mythes ? L’histoire de ces palaces, entre passages de riches émigrés et bals mémorables, offre à l’imaginaire un film contenant les ingrédients du mythe : la question de l’origine, côté luxueux de la Riviera cohabitant avec saveurs d’huile d’olive et pêche à la sardine, mais avec la distance nécessaire. L’imagination est titillée, la Côte d’Azur devient romanesque. Mais le mythe évolue, les artistes succèdent aux princes pour estampiller les murs à frises, Matisse au Régina, que rejoindra Alexandre Sosnowski dit Sosno, et la Argentina à l’Artistique, et aussi Ziem, Chéret, Mossa, Saint-Saëns, Massenet, Fauré, Colette, Chaliapine, Puccini, Mata-Hari, et même Charles Trénet. Et la Promenade des Anglais ? N’est-elle pas un palace à ciel ouvert où Madame Augier, directrice du Négresco, fit un jour une extraordinaire exposition de sculptures, entre autres de Niki de Saint-Phalle ?


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Bains Georges Tout a commencé par un Casino et des établissements de bains… Dans « Archives de France », chapitre « se distraire », on lit : « La fashion se donne rendez-vous aux bains Georges, qui réunissent le public brillant et bruyant. Les familles fréquentent plus particulièrement les bains Lambert, qui sont plus éloignés » (F.A. Brun, Promenades d’un curieux dans Nice, 1894). Ben traversera le port de Nice à la nage en 1963 (sans savoir nager), et Pierre Pinoncelli, en hommage au Comte de Monte-Cristo, s’y fera jeter tout ficelé dans un sac, avec un couteau, bien sûr… Le Palais de la Méditerranée Oui, l’art est venu au palace, les mythes seront revisités, chacun pourra y aller de son mythe personnel à travers ses souvenirs – Jacques Lacan au CUM en 1981 – et retrouver dans le sac de sa mémoire des moments inoubliables, tels, début des années 60, au Palais de la Méditerranée, Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault dans « Oh les beaux jours » de Samuel Beckett… Moins célèbre était la Compagnie Bernard Fontaine qui, le 19 décembre 1967, sur la même scène du Palais de la Méditerranée, joua « Yvonne, Princesse de Bourgogne » de Witold Gombrowicz en la présence de l’auteur et de celle de Georges Ribemont-Dessaignes, qui habitait SaintJeannet, sous une autre forme de Palace : le Baou. Peu de temps auparavant, la même Compagnie avait, de Georges Ribemont-Dessaignes, joué le « Serin muet », au Théâtre de l’Artistique – ce mini-palace en forme de bijou, villa fin XIXe - qui, à peu près à la même époque – début des années 60 - abrita les débuts de « Fluxus ». Le mythe a forme de « réseau » bien sûr. Villa Alexandrine Dans « Gombrowicz en Europe », Rita Gombrowicz témoigne : « Il (Witold) avait aussi été très heureux que « Yvonne, Princesse de Bourgogne » soit montée par une jeune troupe de Nice. Il a reçu volontiers le metteur en scène Bernard Fontaine, il a donné une conférence dans un café de la promenade des Anglais, et il a assisté, pour l’unique fois de sa vie, à la représentation d’une de ses pièces. Il en était si ému qu’il a eu une crise d’asthme pendant l’entracte. En général, les honneurs le tou-

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chaient peu sinon comme une reconnaissance de son œuvre ». France Ariel (la Reine Marguerite d’Yvonne), ne le voyant pas après la représentation, a longtemps cru que le spectacle ne lui avait pas plu. C’est dans le livre de Rita, en 1988, qu’elle a eu la solution. Witold est mort le 24 juillet 1969 d’une insuffisance respiratoire à Vence, où il est enterré. Il habitait la Villa Alexandrine, 36, Place du Grand Jardin, occupant tout le deuxième étage. Rita écrit : « …le peintre irlandais Eddie Plunkett, fils de Lord Dunsany, venait jouer aux échecs et parler généalogie. Olga Schott venait nous raconter les derniers événements de Vence. Chantale Herder passait sous nos fenêtres en chantant. Je faisais des petits plats. Psina somnolait dans l’entrée… ». A la Chapelle des Pénitents blancs (Vence, sur l’ancienne voie romaine menant à Castellane, agrandie en 1614, caractéristique par sa coupole à tuiles polychromes), vingt ans après la mort de « Witoldo » aurait lieu un concert commémoratif, piano et chants argentins (Ginastera, Villa-Lobos) par la soprano Chantale Herder. Sur une carte postale, la Villa Alexandrine peut être aperçue, en 1915, derrière le Nouvel Hôtel (place Nationale), que d’autres cartes postales montrent dans ses différents états, d’abord « Nouvel Hôtel Auzias », sans Villa Alexandrine, et la campagne derrière… La Place Nationale est devenue « du grand jardin », et le palace un Centre Culturel Leclerc. Ce petit voyage en réseau fait passer, par hasard, à Nice, par le Grand Palais (à côté du Petit Palais), plus répertorié comme palace que je ne l’avais imaginé, et c’est dans l’un des appartements du Grand Palais que fut répétée « Yvonne, Princesse de Bourgogne », c’était là qu’habitait Bernard Fontaine. Occasion de dire que le « mythe Gombrowicz » est trop muet aujourd’hui (même si mythe vient de muthos), Witoldo étant l’un des plus grands écrivains du XXe siècle. Rita raconte : « Cet automne-là, nous avions découvert la douceur de Juan-lesPins dans l’arrière-saison. Nous descendions lentement vers la mer. Après sa marche hygiénique, il s’allongeait tout habillé sur le matelas (il n’enlevait jamais un vêtement sur la plage, ne relevait même pas ses manches). Il mangeait sa grillade ascétique, face à la mer, renversait la tête et divaguait : « Quelle mesquinerie grandiose » s’exclamait-il faisant l’éloge de l’architecture des petits immeubles le long de la route, qu’il regardait à l’envers, les yeux révulsés »… A la Librairie A la Sorbonne de Nice, il s’était acheté un grand Atlas Larousse, car il voulait désormais prendre des vacances et se consacrer à la généalogie. La librairie La Sorbonne, sinon un palace – encore que… » est un drôle de mythe… FD

 Grand Salon Intercontinental Carlton © Wundele Jean-Charles  Concert Fluxus intitulé « Personne » organisé par Ben, Théâtre de l’Artistique (1966)  Salon Belle Epoque du Westminster © Wundele Jean-Charles  La Villa Alexandrine le 8 mars 2014  Représentation du « Serin muet » de Georges Ribemont-Dessaignes, Théâtre de l’Artistique (1966), de gauche à droite : Hubert Niel, Georges Ribemont-Dessaignes, Bernard Fontaine, France Ariel, Numa Sadoul

 Le Nouvel Hôtel, Place Nationale, Vence (1915), dépassant à droite : la Villa Alexandrine (dans « Vence » de Raymond Ardisson et Nelly Orengo, Ed. Mémoire en Images, 2010)  Représentation de « Yvonne, Princesse de Bourgogne » de Witold Gombrowicz (19 décembre 1967) au Palais de la méditerranée, debout (de profil) Bernard Fontaine, au centre (France Ariel), assis, à gauche Witold Gombowicz, à droite Georges Ribemont-Dessaignes (dans « Gombrowicz en Europe » de Rita Combrowicz, ed. Denoël)

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Carlton

Cannes, en 2013, le Carlton a fêté ses cent ans ! Erigé au début du XXe siècle par l’architecte niçois Charles Dalmas, ce Palace incarne un esprit Belle Epoque et un lieu de rendez-vous des grands de ce monde. Aussi regorge-t-il de multiples souvenirs et évoquet-il bien sûr l’image, toute en paillettes, du Festival de Cannes dont il fut le premier sponsor. Le Carlton a joué un rôle clef dans l’histoire politique internationale. C’est dans ses murs qu’est née l’ONU, lors de la première conférence de la Société des Nations, en 1922. Quand Barack Obama est venu à Cannes pour le G20, en 2011, il a tout naturellement logé dans la même suite que le représentant américain d’alors, Mr Harvey. Avec sa façade classée monument historique, ce Palace est un lieu d’exception imprégné de faste et de traditions. Il suffit pour s’en persuader de pénétrer dans le Grand Salon classé lui aussi monument historique. C’est au cours d’un fastueux dîner dans cette salle de gala que Grace Kelly et le Prince Rainier échangèrent leur premier regard, à l’issue de la présentation au Festival de « La Main au collet ». En souvenir, le Carlton nomma la suite 750 « Suite Grace Kelly », aujourd’hui la plus demandée de l’hôtel. Avec une grande émotion, son fils, le Prince Albert II de Monaco, est venu, en personne, l’inaugurer, en 2010. Les fans de l’actrice souhaitent aussi visiter la suite 623, où se déroulent certaines scènes du film d’Hitchcock. Durant le Festival de Cannes, le Carlton accueille de nombreuses stars de cinéma avec leurs habitudes et leurs caprices. Malya Zaim, Chargée des Relations Publiques de l’hôtel, nous a confié quelques anecdotes et souvenirs, telle la livraison de deux mille roses expédiées par un admirateur inconnu à une célèbre vedette, ce qui a créé un total désarroi auprès du concierge qui ne savait plus où disperser cette invasion florale. Dans les années 90, Faye Dunaway a commandé des litres de lait de chèvre pour ses bains. Une actrice française a voulu l’installation de gazon sur la terrasse de sa suite, ce qui était indispensable pour que son chien fasse ses besoins «dans la nature » ! Tel célèbre acteur gallois a fait un scandale en constatant que sa suite n’était pas bleue. Sous la menace de son départ, elle fut rapidement repeinte (peinture sans odeur et séchage rapide !) dans une nuance précise choisie par l’acteur! Connu pour ses idées de grandeur, Orson Welles, n’a pas hésité lors de la présentation de «Falstaff» à inviter 110 personnes : au menu caviar, blinis et Dom Pérignon à volonté ! Au cours du Festival 2012, une célébrité a commandé en terrasse, dès 9 heures du matin, caviar et champagne Cristal Roederer pour un petit déjeuner à 2500 euros ! Ce sont les détails qui font l’histoire et le Carlton regorge d’anecdotes incongrues pour satisfaire les désirs de la clientèle. L’hôtel se glorifie aussi de la fidélité de certains habitués de marque : Isabelle Huppert ne conçoit pas de descendre ailleurs, Angelina Jolie et Brad Pitt demandent toujours la suite Sean Connery et Gilles Jacob, directeur du Festival de Cannes, est un habitué, chaque année, de la même suite qui a pris son nom. Comment pourraiton ne pas aimer ce Palace mythique chargé de tant de souvenirs ?

 Photos du Carlton

 Malya Zaim, Chargée des Relations Publiques de l’hôtel Carlton

© Wundele Jean-Charles

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 Françoise Glineur, Responsable de l’hébergement de l’hôtel Westminster © Wundele Jean-Charles

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Westminster A Nice, plus ancien que son voisin le Negresco, l’Hôtel Westminster doit son nom à la présence de nombreux Anglais sur la Promenade et à l’autorisation de la famille royale britannique de l’utiliser. Deux villas, réunies et transformées, sont à l’origine du Palace qui appartient, depuis toujours, à la même famille, les Grinda. Chacun d’eux à sa manière a largement alimenté la presse people se distinguant dans la politique, la médecine, l’hôtellerie, les laboratoires, les start-up, et même le tennis, dont Jean-Noël Grinda fut un célèbre champion au début des années soixante, mais aussi un play boy international tourbillonnant dans la jet set avec, entre autres, Brigitte Bardot et Alain Delon. En 1966, il créa d’ailleurs, dans les sous-sols du Palace, une boîte de nuit, le « Psychédélic » ! Les Grinda détiennent le record de longévité à diriger un palace à Nice. Le parcours de cette famille niçoise renommée est incroyable. Aussi à dérouler leur histoire sur plusieurs générations, est-il facile de se perdre. Chirurgien de renom, député et ministre du Travail, Edouard Grinda, dont le portrait et le buste en bronze ornent le hall de l’hôtel, a fait voter la première loi sur les «assurances sociales», ancêtre de la Sécurité Sociale. Francine par son mariage s’associa aux Laboratoires Roussel, puis Thierry, son fils, épousa Cristina Onassis dont il géra la fortune après sa mort. Fabrice, informaticien de génie, s’est distingué dans les nouvelles technologies.... Chacun d’eux laissa trace de sa réussite dans le monde, bien que tous aient gardé racines à l’Hôtel Westminster. Passée la façade austère, l’intérieur du palace offre une splendide harmonie entre modernité - les chambres sont d’un confort et d’un design de style scandinave - et tradition hôtelière de luxe, conservant une atmosphère début de siècle. D’étage en étage, dans l’escalier, sont exposés des tableaux du peintre Benda, souvenirs du Nice d’avant 1860, parmi lesquels la première bataille de fleurs. La merveilleuse salle aux Fresques est décorée, sur 140 m2 de plafond, de «grotesques» selon le modèle des grottes de la Rome Antique. Les fresques, ainsi que le sol, en mosaïques d’une technique vénitienne, ont été récemment restaurés avec minutie. Les anciennes salles de bal (Salon le Président et Salon Belle Epoque) sont devenues lieux de congrès, colloques ou mariages. Chaque palier est garni d’un immense miroir piqué par le temps, sauf un, qui, brisé par un client osant faire du patin à roulettes sur le palier, ne put être remplacé selon la technique de l’époque, l’utilisation du mercure étant aujourd’hui bannie. La famille Grinda mérite donc à elle seule d’avoir laissé des traces dans ce splendide hôtel qui accueille une riche clientèle, surtout anglaise. Le Prince Philip, mari de la Reine Elisabeth, y séjourna avec sa suite. Jacques Chirac aussi, en habitué dont le personnel loue la gentillesse. Florent Pagny, Julien Clerc, Yannick Noah ... Sur la Croisette ou sur la baie des Anges, ces merveilleux Palaces sont chargés de traces et de souvenirs qui s’ajoutent à leur prestige.

CBL  Photos du Westminster © Wundele Jean-Charles

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Le rapport de l’art à l’argent vu par Sheila Reid

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a plasticienne Sheila Reid, en dehors de la beauté de ses objets, a apporté une réflexion sur le rapport à l’art et au monde de l’art qui a intéressé les galeries et musées américains, au point qu’il lui fut demandé d’en faire un livre : « Art without Rejection ». Aux Etats-Unis où elle est née, dès les Beaux-Arts son travail rencontre un succès immédiat. En 1973, elle part vivre à Milan, où elle crée ses « Reliefs Paintings ». Des amis (il s’agit de Cerruti le couturier, de Gae Aulenti l’architecte, de Franco Maria Ricci l’éditeur, etc.) inscrivent sa première pièce dans un concours, elle gagne un prix. Les Milanais aiment son travail, l’achètent, elle expose au Palazzo Arengario (Milan). « Au début j’ai vendu beaucoup de peintures, mais très vite il m’a semblé que je m’éloignais de ma trajectoire, en travaillant dans le sens de ce que les gens aimaient ». Elle interrompt ce travail et, en 1974, commence ces « Soft Patterns » dont elle a eu une sorte de vision ! Cette fois, les collectionneurs, décontenancés, n’achètent plus. Sauf Vicky Rémi, rencontrée à Saint-Tropez dans sa boutique « Chose », et qui tombe en arrêt devant des soft patterns. Vicky Rémi - mécène qui offrira sa collection au Musée de Saint-Etienne et finira dans un monastère bouddhiste - achète à Sheila un cylindre blanc présent aujourd’hui à Saint-Etienne. Pour l’exposition du Palazzo Arengario, Pierre Restany avait écrit (extrait) : « … La ville l’a (Sheila Reid) prise au piège de sa technologie et le piège s’est révélé le déclencheur du langage. Les ormes de plastique qui sont à la base des structures les plus diversifiées de notre environnement industriel et urbain constituent les éléments de son lexique visuel… ».

 Œuvre de Sheila Reid © AM

 Œuvre de Sheila Reid © AM

 Œuvre de Sheila Reid © AM

Mais comment vivre, lorsque les recherches picturales étonnent plus qu’elles ne rassurent les collectionneurs ? En gagnant sa vie autrement. A Milan, les Borromée, et Albini, Etro, Marina Ferrari demandent à Sheila des dessins de tissus pour leurs maisons de couture… Elle travaille pour eux tout en habitant l’Autriche. Puis ce sera Beaulieu, Paris où elle expose au Grand Palais, au Musée du Luxembourg… En 1983, décidant de se montrer aux EtatsUnis, elle envoie à une quarantaine de musées et galeries une plaquette sur son travail, et une lettre proposant une exposition itinérante. Trente-trois sont partants, elle en élimine dix. Le « Tour of America » commence, un peu sponsorisé. Lorsque cela se présente, Sheila vend ses œuvres. Mais, dit-elle, durant la tournée, la question du rapport aux institutions se fait encore plus aiguë. Elle en parle dans les conférences de presse, à l’Université, dans les musées, où les conservateurs, galeristes, professeurs sont intéressés par son approche, stupéfaits qu’elle ait refusé des expos. Cela signifiait, explique-elle, que c’était l’artiste qui décidait, et personne d’autre. On lui propose d’écrire un livre sur le sujet, pendant des années, elle étudie des autobiographies d’artistes (entre autres Tapiès, Hockney, Duchamp, Judd, Beuys, Johns, Appel, Matisse, Mondrian, Picasso, Henry Miller, Kandinsky, Newman, Grosz, De Kooning), pour voir comment, eux, ont résolu la question… Cela donne « Art without Rejection » (aux Rush Editions, 1993), réflexion sur le pouvoir que la société peut exercer sur la création, et d’abord par l’argent. Après le « Tour of America », elle continue d’envoyer des œuvres à de grands musées ravis d’expérimenter le fait de laisser le public emporter les œuvres, et exprimer par lettre ce que


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 Sheila Reid derrière une de ses œuvres © AM

l’on ressent quand l’œuvre est offerte. Une caméra filme la disparition des œuvres, une par une, jusqu’au vide. Les lettres feront partie d’une autre expo. Après la réception par le Musée Guggenheim de 140 pièces de la série Hiéroglyphics (don des collectionneurs Mr et Mme Simkins), une galeriste new-yorkaise propose à Sheila Reid de promouvoir son œuvre, mais il lui faut habiter Soho, « réorganiser toute sa vie », et Sheila craint à nouveau l’irruption des acheteurs, critiques d’art, elle refuse. Tout le monde est « fâché contre elle », même Diane Waldman (du Guggenheim), qui aime beaucoup son travail, lui écrit une lettre dans ce sens. « C’était pour me protéger, dit Sheila, je ne pouvais pas travailler au milieu de l’agitation ». Rentrée en Europe, elle crée des structures gigantesques, tout un travail dont elle est contente, qui seront exposées dans divers endroits prestigieux, elle appelle cela une évolution « naturelle ». J’en étais là quand récemment j’apprends que Sheila désire à nouveau vendre. Je vais l’interroger. Et sa réponse rejoint l’inquiétude – connue – de bon nombre d’artistes d’une certaine génération sur le thème : «  que deviendra mon œuvre après moi ? ». Sheila m’explique que les musées lui sont toujours apparus comme le meilleur endroit pour la survie des œuvres, mais qu’ils n’ont plus de place. Alors si des collectionneurs paient pour l’acquisition de ses œuvres, ce sera la preuve qu’ils les aiment vraiment. Ainsi « les œuvres seront dans de bonnes mains ». Le grand détour de Sheila Reid aboutit donc à cette chose immémoriale : l’échange. Echange qui a fondé la civilisation, en fondant la notion de valeur. De sens, pourquoi pas ? L’Histoire des humains s’est construite ainsi, et l’histoire de l’art, même au temps des tailleurs de pierre payés comme artisans, et qui gravaient leurs initiales dans un coin de bloc de calcaire, pour dire : j’existe. Mais que voulait préserver Sheila ? Un bout de réponse se trouve dans le n° de mars-avril 1995 de la revue « Psy-Spi » créée par Frédéric Mantel, et qui a pour thème « Argent ? Etre ou Avoir ? ». Un passage de « Art without Rejection » y est cité : « Avez-vous déjà ressenti un soudain éveil lorsque ce que vous venez de créer est vraiment bon ? L'intérieur de nous-même devient soudain vivant. Cette expérience tellement exaltante est le réel succès pour lequel un grand artiste travaille car il ne vient que lorsque l’œuvre est très bonne. Vous pouvez avoir tous les signes extérieurs de succès imaginables, mais si cet état de grande force intérieure ne se produit pas, vous ne vous sentirez pas entièrement satisfait. Sans même savoir pourquoi. (...) Nous ne travaillons pas pour la reconnaissance ou la bonne opinion des autres. Nous créons parce qu'une force intérieure nous y pousse, parce que nous ne pourrions pas vivre sans et parce qu'ainsi notre vie devient enrichissement et plénitude. Négligeons ce qui est de peu d'importance. Prenons notre plaisir et apprécions le moment du travail. Ces moments extraordinaires d'éveil lumineux, où tout notre être s'éveille, sont notre récompense. (Sheila Reid, Art without Rejection)

 Œuvre de Sheila Reid © AM

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Etre ou avoir ? Dans ce même numéro, j’avais cité J.P. Vernant : « La monnaie au sens propre, monnaie titrée, estampillée, garantie par l'Etat, est une invention grecque du VIIe siècle. Elle a joué sur toute une série de plans, un rôle révolutionnaire. (…) Si l'argent fait l'homme, si l'homme est désir insatiable de richesse, c'est toute l'image traditionnelle de Parété, de l'excellence humaine, qui se trouve mise en question. Et la monnaie stricto sensu n'est plus comme en Orient un lingot de métal précieux qu'on troque contre toute espèce de marchandise parce qu'il offre l'avantage de se conserver intact et de circuler aisément, elle est devenue un signe social, l'équivalent et la mesure universelle de la valeur. L'usage général de la monnaie titrée conduit à dégager une notion nouvelle, positive, quantifiée, et abstraite de la valeur (J.P. Vernant, Mythe et pensée chez les Grecs).

 Œuvre de Sheila Reid © AM

Rêve d’un retour au paradis Mais avec son « verso », le rêve de l’absence d’argent qui est le rêve d’un retour au paradis, c’est-à-dire de la dissolution du Sujet, de la fusion première, le rêve d’un retour à la fusion est inextinguible : « Les hommes de la race d’or apparaissent sans ambiguïté comme des Royaux, « basiléis » qui ignorent toute forme d’activité extérieure au domaine de la souveraineté. Ils ne connaissent pas la guerre, ni le labeur, la terre produisant « spontanément » des biens sans nombre ». C’est ce que dit, sur les « Travaux et les jours » d’Hésiode (- 8e siècle), J.P. Vernant (idem). En guise de controverse : Jean Mas entre l’Or (de l’Ecole de Nice), et l’Argent. Au cours de Performas hilarantes, Jean Mas a souvent légitimé le rôle de l’argent dans l’établissement de l’art, cette attitude étant beaucoup plus sérieuse qu’il n’y paraît évidemment. Il a eu la gentillesse d’écrire le texte ci-dessous spécialement pour ce numéro d’Art Côte d’Azur.

l’âme au nez qui disserte sur le simulacre de la valeur qu’elle entretient. Ainsi le « vau rien » de tout début s’engage dans un tour « vau tour » d’un credo qui ne peut que l’assurer d’un retour sur investissement ! En termes de marché, tu vaux ce que tu vaux. Mais avoir le Don de l’art c’est être doué pour faire entendre à une engeance qu’un vaut mieux que deux tu l’aura ! Puisque l’aura de l’Art accompagne le Don(3) comme le fleuve tranquille de la courtoisie ! Il n’y a pas d’en-soi de l’art(4), mai un pour-soi qui dynamise la relation au monde en générant la vie artistique par tout ce qui a lieu et « tient le lieu de l’art », ce sont les faits et non les choses(5) qui armaturent le cadre de l’art. Ici le don appartient à une gestuelle qui par son fait génère une valeur à la chose. Mais une valeur toute relative qui ne « prendra » son prix qu’avec la mesure d’un échange. D’une certaine façon l’art résulte d’une tentative d’adéquation des faits et des choses, seul l’échange symbolique « argent » assure le lien tenu par le leurre que nous concède le monnayable. Le don ne fait pas impasse sur une estimation de la chose (l’œuvre), il la constitue comme réserve qui a un « certain prix ». Mes prix s’affichent sans mépris pour une surenchère que feindrait d’ignorer le Don… FD

(1) Dans le contexte artistique (2) L’artiste, le galeriste critique, le collectionneur, le musée (3) Don, fleuve de l’URSS et titre. (4) Notion Sartrienne (5) Wittgensteinienne.

J’aime et j’attaque : le Don(1) « L’or et le bleu sont de même nature, le troc est possible » (Yves Klein). Le Don implique à minima la reconnaissance de celui qui reçoit, en l’occurrence il s’agit de prendre place dans un Musée, lieu qui par excellence pérennise une œuvre en l’inscrivant dans le temps, une histoire. Au musée dans le jeu d’une partie qui se joue à quatre(2), l’artiste est la carte qui les vaut toutes, une sorte de joker qui lui assure la possibilité d’une bonne circulation. Il la joue en se jouant lui-même des règles propres à lui assurer une reconnaissance, car évidemment on ne naît pas artiste on le devient (on a Beau voir mais cela ne suffit pas !) Il circule donc de main en main avec une valeur toute relative qui s’accroît avec les atouts des partenaires. Chacun doit trouver son compte dans la banque de l’art (artgent) il ne peut que s’accroître car le placement que constitue le « lieu » est garant sur le long terme. Au-delà de la valeur d’usage et d’échange que peut recouvrir l’œuvre d’art, sa finalité sans fin lui confère valeur d’absolu et lui permet d’être à et de toutes les places. Elle est la monnaie,  « Architectural Patterns » (Grand Palais, Paris, 1985)


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fon d

MONACO

ans 1964 - 2014

28 juin - 11 novembre 2014

Pierre Bonnard, L’Eté, 1917. Photo Claude Germain - Archives Fondation Maeght © Adagp Paris 2014.

www.fgmedias.com

Exposition sous le patronage du

Fondation Maeght, 06570 Saint-Paul de Vence Téléphone : +33 (0)4 93 32 81 63 E-Mail : contact@fondation-maeght.com Internet : www.fondation-maeght.com

Ouvert tous les jours, sans exception : Octobre-Juin : 10h-18h Juillet-Septembre : 10h-19h Le Café F est ouvert selon saison

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A RTI S TE Cercle Bronze, patine brune 100 x 36,5 cm, 2009

Dans l'atelier de Tasic Tasic nous propose une humanité différente, éloignée des canons de beauté classique. Sont convoquées plutôt des figures moyenâgeuses à la Jérôme Bosch ou Brueghel, des Bouddhas imposants, des bébés replets ou même des expansions de César, dans sa période niçoise. Ces corps étendus aux chairs débordantes pourraient être dérangeants, faire naître une gêne, mais en fait, c'est leur sensualité qui déborde. On a envie de les toucher, de caresser leurs bourrelets. Ils provoquent l'empathie, la connivence, le sourire. Marées de graisses souples bordées d'une peau luisante comme des coulées de lave de volcans qui se superposent, les corps envahissent l'espace

alentour, outrepassent les limites d'une nature poussée à l'excès. Ces reliefs généreux issus d'un schéma corporel qui semble provenir du fond des âges nous renvoient aussi aux déesses-mères nourricières, aux petites statues stéatopyges du magdalénien, parmi les premières expressions artistiques humaines, peut-être même antérieures aux peintures rupestres.

Les Vénus de Lespugue en ronde bosse sculptées dans un os de mammouth il y a 35 000 ans sont probablement des hommages à la féminité, à la parturition. Ces figurines paléolithiques qu'on retrouve aussi à Willendorf ou Bassempouy montrent probablement des femmes qui viennent d'accoucher, prêtes à allaiter, leur corps peut-être préparé à accueillir leur nouveau né dans la douceur de leurs chairs généreuses. Ce type de sculpture a perduré puisqu'on le retrouve il y a 8000 ans dans cette femme assise aux chairs débordantes du néolithique anatolien. Vénus de Lespugue, pierre, -35 000

Chez les khoïsans (une peuplade de Namibie), l'embonpoint est considéré encore de nos jours comme un trait de beauté, nous rappelant que l'esthétique est aussi un facteur culturel. Rien ne nous empêche d'imaginer une humanité aimant les corps gras, souples et plus "confortables". Miodrag serait-il un continuateur de ces traditions ? Ou plutôt est-il en avance sur son temps ? La tyrannie moderne de la minceur nous empêche peut-être de se poser calmement la question.

Vénus de Willendorf, -23 000 Femme néolithique, terre, -8000


A RTI S TE

Tasic ne s'intéresse pas à ces choses, il laisse aller ses mains et trouve son bonheur d'artiste dans ces formes extravagantes, sensuelles sur lesquelles la lumière joue admirablement. Sous ses doigts, la cire s'assouplit et raconte les pleins et déliés de son écriture du corps humain. Les plis et les ombres qu'elles font naître conviennent parfaitement à sa vision. Les plis ont d'ailleurs beaucoup occupé les peintres et les sculpteurs. Comment rendre visible l'invisible ou plutôt rendre apparent l'invisible ? Les peintres ont tout plié : les tissus, les corps, les textures. La façon dont est plissée une matière donne des informations précises sur sa finesse, sa douceur, son poids. Michel Ange a dramatisé sa Pièta en accentuant les plis de sa tunique, Titien, El Greco et plus tard les Baroques, en ont même abusé. Peu d’artistes contemporains se

sont intéressés aux plis (à part Hantaï qui a travaillé sur le froissage). Tasic plie les peaux selon sa propre logique tout en respectant les lignes du corps. Il crée sans bruit une nouvelle science du pli dans son rapport à l'humain. Ses personnages aux chairs débordantes de corps poussés à l'excès ne sont ni gais, ni mélancoliques. Ils sont toujours entièrement nus pour nous laisser les découvrir, en faire le tour. Ils semblent en position d'attente, sereins. Debout, assis, ou en position acrobatique, on les voit embrochés, écrasés, incarcérés. Miodrag Tasic les soumet à toutes sortes de contraintes pour faire ressortir la plasticité des chairs. Il dispose d'un vocabulaire de formes étendu pour arrêter l'expansion des corps, ou au contraire, accentuer leur débordement (chaises, barres, fils, cercles, etc.). Ces aplatissements contre une vitre ou au sol,

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plutôt humoristiques, montrent des corps qui s'adaptent, se coulent comme dans des moules, leur embonpoint semblant amortir ces entraves et les protéger. Travaillé avec amour et une grande sensibilité, le bronze magnifie son propos. Passionné par cette technique ("Pour créer, il faut trouver sa matière"), il s'intéresse au corps comme support des formes, "en harmonie avec le Grand Tout". Miodrag Tasic a commencé à sculpter sur bois à 18 ans. Il commence à travailler la cire "perdue" vers l'âge de 28 ans en travaillant trois mois chez un fondeur pour s'approprier la technique du bronze. Dès ses premières sculptures, son imaginaire des corps était là. Il s'est imposé au fil de ses œuvres. AA

À lire le très beau texte analytique de Jean-Paul Potron dans le livre qui lui est consacré : "Miodrag Tasic" Editions Gilletta, Nice, 2011.

Poire Bronze, patine brune 19,6 x 15,3 cm, 14,5 cm 1985

Allégresse Bronze, patine brune 88,5 x 34 cm, 24 cm 2009


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Comme tout niçois de souche, ses racines italiennes ne sont jamais très loin ! Depuis son retour au pays, ses derniers rôles s’en ressentent : Angelo, tyran de Padoue, Zampano de la Strada et un rôle dans les Borgia (Canal +). Mais qu’est-ce qui fait courir Marc ?

Marc Duret et Gaële Boghossian. "Angelo, tyran de Padoue" TNN © Fraicher - Matthey

Portrait de Marc Duret au TNN

Marc Duret Jeu sans frontière On l’a vu aussi en petit frère d’Enzo (Jean Reno) dans « Le Grand bleu », en inspecteur dans « La Haine » (Mathieu Kassovitz) et « Dobermann » (Jan Kounen), aux côtés de Juliette Binoche dans « Code inconnu » de Michael Haneke, dans « l’Ogre » de Schlöndorff. Il brille à l’écran, petit ou grand, mais les planches demeurent sa passion. Une passion qui l’a conduit en deux ans à jouer par trois fois à domicile. A l’Espace Magnan en avril, il a été le grand Zampano dans une version événement de la Strada.

Va mourire ! « Je suis parti de Nice à 17 ans car, pour entrer dans la carrière d’acteur, il fallait s’expatrier ». C’est pourtant au lycée Alphonse Daudet que Marc

contracte le virus des planches qui le mènera au Conservatoire régional. Après un stage avec Madeleine Robinson chez Rosella Hightower à Cannes, il gagne Paris et le Conservatoire national d’art dramatique dont il sort diplômé. Mais de là à signer à la Comédie française ! « A l’époque, c’était comme faire médecine il fallait faire cinq ans ferme ». Marc préfère tailler la route. Le 7ème art vient à sa rencontre via le court métrage dont un réalisé en 1981 avec son frère. Mais c’est grâce à un autre azuréen Nicolas Boukhrief (« Le Convoyeur ») que l’acteur décroche en 1994 un premier rôle dans « Va mourire » tourné à Antibes : « Un long métrage indépendant qui raconte la dérive de trois cacous empêtrés dans leur amours, leur famille et les petites combines. Une comédie douce amère sudiste qui renvoie aux premiers Scorcese et aux Vitelloni ». Dans la peau de Yoyo, jeune paumé au grand cœur qui rêve d’ailleurs, à l’instar d’un certain Marius, tout son charisme s’exprime déjà. L’acteur crée d’emblée l’empathie. Passeur d’émotions, de rêves, capable d’incarner un personnage tout en laissant filtrer sa propre lumière, Marc Duret est de cette trempe-là !

A l’école de Stanislavski Et pour se former, l’acteur bilingue avec un passeport franco-américain, n’hésite pas à franchir les frontières « A 20 ans j’ai pris une année sabbatique pour aller dans le sud de Londres. Pour moi, avec les russes, c’est deux écoles fabuleuses. La méthode Stanislavski est une référence que chacun adapte à sa façon. J’ai beaucoup appris avec Yevgeny Lanskoy et chez Stella Adler à New York où Brando et De Niro firent leurs classes. J’ai appris à écouter avec les yeux, à laisser toujours un espace ouvert ». Des Maîtres, il en eut d’autres : Jean-Paul Roussillon et Michel Bouquet à Paris. Dès lors, jouer devient une drogue et la plus pure, c’est sur les tréteaux qu’il la trouve. « Le théâtre c’est un engagement total sur deux ou trois


cinéma

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Marc Duret et Jean Réno dans Le Grand Bleu

J’ai beaucoup appris avec Yevgeny Lanskoy et chez Stella Adler à New York où Brando et De Niro firent leurs classes. J’ai appris à écouter avec les yeux, à laisser toujours un espace ouvert

Marc Duret et Roland Marchisio dans Va mourire

mois, c’est une passion si dévorante qu’il m’est arrivé de laisser passer d’autres projets. Le théâtre demande beaucoup mais t’en rend autant. Tous les soirs je suis devant mon public, c’est physique, éphémère ça me dope ! C’est magique aussi, trois bouts de ficelles et on embarque dans une aventure ! »

De Cyrano Ses meilleurs souvenirs ? « Je suis gâté ces derniers temps, Cyrano, Angelo au TNN d’après Victor Hugo et la Mouette de Tchekhov, on repart en Bretagne faire une tournée ! ». Et puis Marc a vécu l’an dernier cette expérience hors norme en interprétant le Comte Dracula de Bram Stoker dans un spectacle de Sylvie Ferro mêlant théâtre et art équestre. « Je jouais avec l’accent des Carpates aux côtés de huit chevaux. Une roumaine m’a fait ce compliment qui m’a laissé sur pied : Cela fait plaisir de voir que des acteurs de chez nous peuvent jouer en France avec un tel talent ! ». Les rôles de composition, les classiques, l’acteur s’y est frotté de Shakespeare à Pirandello. Et depuis son retour à Nice, même tarif : une reprise en 2011 de Cyrano signée Brigitte Rico (Espace Magnan, Théâtre de Verdure, etc..), cet hiver « Angelo, tyran de Padoue », un drame de Victor Hugo revu par Paulo Correia. « La salle Pierre Brasseur fut un grand moment d’émotion, je m’y revoyais jeune technicien balayant la scène. J’étais déjà revenu au TNN mais dans la petite salle pour « Juste la fin du Monde ». C’est drôle car c’était le passage de Weber à Benoin, et là pour Angelo c’était celui de Benoin à Irina Brook »

à Zampano Avec Gelsomina, c’est au mythe Fellinien qu’il touche, en réadaptant avec Sophie Cossu la Strada. « C’est ma troisième résidence à

Marc Duret © Jean-Paul Fouques

Magnan après Cyrano et In Utero. » Cette version théâtrale, créée avec la Compagnie monégasque « Les Farfadets », est un événement. Fellini refusa toute adaptation, jusqu’à ce que sa femme Giulietta Masina cède les droits à Pierrette Dupoyet, qui la créa en 1992 en Avignon, seule en scène. « Nous l’avons réécrite pour trois personnages, Gelsomina, Zampano et Il Matto, sorte de Pierrot joué par Kevin Pastore. C’est un travail merveilleux avec la musique de Nino Rota, des voix off en italien, qui me rappellent à mes racines. Nous la jouerons ensuite au Théâtre de la Cité et qui sait, peut être à Grasse ou au TNN ? La force et l’authenticité de ce spectacle redonnent envie de croire au genre humain ! On peut vraiment faire la route avec la Strada (rires) ». Reprendre le personnage créé par Anthony Quinn : un défi, une folie ? « A Los Angeles j’avais sympathisé avec son fils Francesco et Yolande sa mère. Invité à passer un week-end à Rome au domaine qu’Antony Quinn avait acheté, je l’ai vu vivre, sculpter, peindre, répéter. Zampano au cinéma, j’aurais botté en touche, mais au théâtre tu peux proposer autre chose ». C’est tout l’enjeu de cette adaptation qui prend le large avec l’original. « La Strada le temps d’une journée, à trois dans un décor épuré, cela devient un conte, une tragédie grecque ! » Après avoir été gâté par le 7ème art, nominé pour le César du meilleur espoir masculin (Nikita), Marc truste le petit écran : en Cardinal Briçonnet pour la saison III des Borgia de Tom Fontana (Oz), en Napoléon, rôle principal de «1812, de Feu et de Glace » un docu-fiction diffusé cet automne sur ARTE. Il vient de s’adjoindre les services d’un agent à Berlin et développe le scénario d’un long-métrage qui se déroulera entre Manosque et Nice. Pas vraiment du genre à attendre devant le téléphone, Marc Duret n’a pas fini de nous surprendre ! OM

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L'Art au secours de la prison L a vie des arts

artiste

Les ateliers artistiques organisés en prison permettent aux détenus de se reconstruire et reprendre confiance. L’art devient moteur à la réinsertion. « La Lune peignait d’argent l’intérieur de mon tombeau. Nul bijou ici. Juste un homme. Un homme qui ne rêve plus depuis longtemps. » L’homme est nu dans une cellule. Il est dessiné d’un trait précis et sombre. Cette bande dessinée qui a eu, en 2012, la mention « Coup de cœur » du Jury Transmurailles au festival de BD d’Angoulême est l’œuvre de Jacques Reynald, un Niçois emprisonné depuis 2006 (lire entretien page suivante). Art thérapie. Faire entrer la culture et la pratique artistique dans le milieu carcéral n’est pas une chose facile mais des actions se développent peu à peu. Car l’art a une fonction émancipatrice très forte et aide les détenus à se reconstruire une identité, à se réapproprier leur histoire. De l’art comme thérapie. « On fait rentrer le monde en prison. Avec les mots, on leur permet de sortir de cet univers de miradors et de barreaux. » Cela fait 25 ans que l’écrivain René Frégni intervient dans les prisons de la région. Une fois par an, il se rend d’ailleurs dans celle de Nice. Les mots sont pour lui une façon de créer des passerelles avec une réalité que les détenus ne touchent plus. « Les mots permettent de créer de l’empathie, de communiquer et ainsi d’éviter de passer par la violence. » Malheureusement, il constate que le niveau culturel baisse et que l’illettrisme progresse, ce qui rend donc ces rencontres d’autant plus essentielles. Depuis 2009, le Fonds Régional d’Art Contemporain de la région PACA cherche à faire pénétrer l’art contemporain dans les centres de détention pour ces publics dits « empêchés ». Des ateliers de sensibilisation avec un artiste sont organisés et ces interventions révèlent le désir de « socialisation des personnes détenues ». Ils contribuent à une « ouverture vers le monde extérieur », à ne pas les déconnecter de la réalité pour faciliter leur insertion, explique le Frac PACA.

Ateliers artistiques. A Grasse, le Musée International de la Parfumerie travaille avec la maison d’arrêt de Grasse depuis de plus de quinze ans. Christine Even, médiatrice au MIP, s’y rend une fois par semaine pour encadrer des ateliers d’arts plastiques. « Je me suis retrouvée face à des gens intéressés, passionnés et très heureux que l’on s’intéresse eux, d’avoir une reconnaissance. » Gravure, peinture, dessins… les détenus sont en demande et ont une imagination très forte. « Nous sommes une bulle d’oxygène pour eux. » Deux autres personnes autour de la bande dessinée et de la parfumerie interviennent aussi à Grasse et parfois à la maison d’arrêt de Nice. Les Services Pénitentiaires d’Insertion et de Probation sont évidemment contents de ces activités. Et c’est dans ce cadre-là d’ailleurs que Jacques Reynald a gagné un concours de dessin et réalisé la mascotte du MIP. La reconnaissance de son travail et de son talent a été très importante dans sa reconstruction. Il dira d’ailleurs qu’elle a « fait un travail remarquable ». Et la médiatrice se souvient de Jacques : « Il était timide, renfermé. Cette réussite lui a redonné confiance mais a aussi été un détonateur pour d’autres prisonniers. De voir que l’on pouvait réussir. » Pour Jacques, l’art est devenu un besoin vital. Sa mère Marie-Ange a vu le changement. « Cela a canalisé son esprit et depuis un an et demi, il y a une belle évolution. » Ses dessins plus colorés sont là pour en témoigner. Il est aujourd’hui en semi-liberté mais il est certain qu’une fois totalement libre, il cherchera un petit atelier pour continuer de créer. Quant à sa mère, elle garde fièrement ses classeurs débordants de dessins en attendant qu’un jour, il trouve une galerie où les exposer.

 Œuvres de Jacques Reynald © AM


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Conception/réalisation

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FUTURS ANTÉRIEURS

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17 > 30 NOV.2014 > GRASSE NICE R É C I TA L D E P I A N O • C O N C E R T S Y M P H O N I Q U E E N S E M B L E I N S T R U M E N TA L • M U S I Q U E M I X T E S P E C TAC L E S C H O R É G R A P H I Q U E S & M U LT I M É D I A I N S TA L L AT I O N S / P E R F O R M A N C E S • WO R K S H O P S . . .

Centre National de Création Musicale

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BUREAU DU FESTIVAL CIRM 33 av. Jean Médecin • Nice > 04 93 88 74 68

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Mr OtNiAs C a tO e

« L’art m’aide à trouver ma place »

Jacques Reynald est en ce moment emprisonné à la maison d’arrêt de la Farlède à Toulon. Nous avons pu lui poser une série de questions par écrit.

 Atelier autour du travail de la parfumerie organisé par le Musée International de la Parfumerie de Grasse avec la Maison d’Arrêt de Grasse

Que représente dans votre vie le dessin ? Le dessin a toujours été présent dans ma vie comme un hobby bien sûr, mais ce fut aussi une béquille et ici, durant mon incarcération, un moyen d’évasion pour fuir le quotidien. Cela m’a souvent permis de me revaloriser dans des périodes où j’avais le sentiment de ne servir à rien. Le dessin et la peinture me sortaient de ce cercle vicieux en me donnant la possibilité d’être fier de moi et d’avoir le contrôle sur une partie de ma vie. Vous avez reçu un prix à Angoulême en 2012 pour deux planches dessinées, puissantes et fortes dans l’évocation de votre situation d’enfermement… Lorsque j’ai réalisé ces planches pour Angoulême, je traversais une période délicate de ma détention. J’étais en colère contre l’administration pénitentiaire qui me laissait croire en mes projets mais ne m’aidait pas quand j’en avais besoin. Disons que j’ai touché du doigt les limites du système. Ce que j’ai produit pendant cette période était brut et instinctif, à l’inverse, quand je me sens serein, je vais avoir un dessin plus posé, plus précis et détaillé.

 Œuvres de Jacques Reynald © AM

Est-ce facile de pratiquer l’art en prison ? La politique en matière de culture diffère d’un établissement à l’autre, mais il est assez difficile en général d’obtenir les autorisations, ne serait-ce que pour faire sortir une toile, ou faire rentrer du matériel. Cependant, la maison d’arrêt de Grasse mettait l’accent sur la culture. La médiatrice Christine Even a cru en moi plus que moi-même (lire cicontre). A Toulon, les choses sont beaucoup plus compliquées mais heureusement, il y a l’atelier d’art-thérapie de Stéphane Salaun, qui m’a beaucoup aidé en travaillant sur le lâcher prise dans la création. J’ai appris que je pouvais trouver, grâce à l’art, ma place dans cette société. Quel est le point de vue de vos codétenus sur la pratique de l’art en prison ? Beaucoup se mettent à la peinture, en général, les longues peines. Ils y trouvent un espace de liberté, un stimulant pour les sens et l’esprit qui ont tendance à s’endormir au fil des ans. JC


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