Pratique Architecture Dialogue Mémoire professionnel présenté par Arthur Vallerault sous la direction d’Olivier Walter Formation HMONP 2018 / 2019
Table des matières
Curriculum Vitae
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Introduction
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A. Genèse d’un questionnement sur le rôle de l’architecte
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1. Découverte de l’architecture
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2. Un cursus marqué par le voyage et la vie associative
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3. Expériences à l’étranger
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4. Des projets de médiation culturelle
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B. « Le dialogue en architecture » comme fil conducteur de ma
33
pratique 1. Méconnaissance du rôle de l’architecte
35
2. Développement d’une double pratique
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C. Faire ses armes dans une jeune structure
45
1. Who the f*** is OLGGA ?
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2. Travailler l’équipement sportif et le logement collectif
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3. Mon rôle au sein de l’agence
63
Et après ?
75
Table des matières - 3
A RTHUR VA LL E RAULT ARCHITECTE DE
W W W. A R T H U RVA L L E R AU LT.CO M
A PROPOS Architecte diplomé depuis 2017, mon expérience associative et professionnelle m’a amené à développer une activité de médiateur culturel autour de l’architecture, tant avec des étudiants architectes qu’avec des scolaires. J’envisage donc de développer cette pratique en parallèle
EXPERIENCES PROFESSIONNELLES ARCHITECTE JUNIOR
OLGGA ARCHITECTES, PARIS
DEPUIS SEPTEMBRE 2018
Architecte junior au sein de l’agence OLGGA Architectes, en formation HMONP à ENSA Paris Val-De-Seine. Chargé de projet et assistant d’architecte sur chantier. Projets de logements et équipements sportifs.
MEDIATEUR CULTUREL / CONCEPTEUR DEPUIS 2017
JOURNEES NATIONALES DE L’ARCHITECTURE
PERSPECTIVISTE
L’IMAGERIE D’ARTHUR VALLERAULT
DEPUIS 2015
Réalisation de perspectives photo-réalistes pour des agences d’architecture et de communication visuelles (branding).
Adresse: 3 rue Général Brunet, Paris 75019
STAGE MASTER
OODA, PORTO, PORTUGAL
Mobile: + 33 87 26 15 71
3 MOIS EN 2016
Stagiaire chargé de projet dans une agence portugaise. Projets de logements et d’équipements publics.
Email: arthurvallerault@live.fr
CÉSURE
MRLP ARKITEKTEN, COPENHAGUE, DANEMARK
8 MOIS EN 2015
Stagiaire chargé de projet dans une agence portugaise. Projets de logements et d’équipements publics.
CÉSURE
SOREN KIRKEGAARD, COPENHAGUE, DANEMARK
2 MOIS EN 2015
Apprentissage des techniques de photographies et de retouche.
CONTACT
Website: arthurvallerault.com Instagram: /limageriedarthurvallerault
LOGICIELS
Conception d’expositions et d’un pavillon, animation d’ateliers scolaires ayant pour objectif l’appréhension par les plus jeunes de l’architecture.
FORMATIONS ECOLE DE CONDE LYON
MISE A NIVEAU AUX ARTS APPLIQUES
2010 - 2011
Apprentissage des techniques de représentation en 2D, 3D et modélisation maquette, développement de projet de design / communication / produit / artistique.
ENSA MONTPELLIER
LICENCE DEEA
2011 - 2014
Apprentissage des techniques spécifiques de représentation des projets d’architecture, développement de la pensée du projet.
BIM
ENSA MONTPELLIER
MASTER ARCHITECTURE
RHINO
2015 - 2017
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ARCHICAD ADOBE SUITE 3DS + VRAY SKETCHUP OFFICE SUITE AUTOCAD
REVIT
Curriculum Vitae - 5
Introduction Les profondes mutations que connaît la pratique architecturale aujourd’hui sont très révélatrices d’une évolution des modes de vie et de pensée : concevoir l’architecture contemporaine comme un objet venant cristalliser une réflexion à un instant T, remet en cause de nombreux enjeux sociaux et économiques actuels qui ont tendance à soutenir une mobilité grandissante.
Si historiquement, l’architecture a eu tendance à se standardiser et se normaliser, souvent dictée par les modèles de référence, on redécouvre aujourd’hui de multiples manières de pratiquer l’architecture, symptomatique d’une évolution radicale des enjeux socio-économiques qu’elle confère. Au travers de ces changements, et à l’air du média omniscient, la communication doit trouver sa place entre pastiche visuel et outil de compréhension.
Ainsi, à l’heure de faire le point sur mon parcours et d’envisager mon avenir en tant qu’architecte, force est pour moi de constater l’importance de la notion de dialogue dans mon processus de réflexion. Mes différentes expériences dans la médiation culturelle au sein d’une association ou en tant que jeune architecte indépendant sont autant d’outils de diffusion de la culture architecturale que je souhaite ancrer et développer dans ma pratique de l’architecture.
Ma volonté d’être habilité à la maitrise d’œuvre en mon nom propre est donc la nouvelle étape d’une démarche marquée par des projets à la fois architecturaux, de design graphique et de médiation. C’est également afin de combler un manque personnel en matière de connaissance sur les questions de gestions administratives d’agence et des projets, de leurs
6 - Mémoire HMONP - Pratique Architecture Dialogue
conceptions à leurs réceptions, en passant par la question du relationnel avec les maitrises d’ouvrages, que j’ai souhaité suivre cette formation.
Ce mémoire se veut donc être à la fois une rétrospective sur mon cursus, permettant d’expliquer mon investissement dans un certain type de projet, mais aussi une réflexion sur le développement d’une double pratique de l’architecture, au sein d’une structure dans laquelle la question de la communication interprofessionnelle et avec les usagers, est primordiale et parfois complexe.
Ce travail s’attache dans un premier temps à retracer les différentes expériences
universitaires
et
professionnelles
m’ayant
poussé
à
questionner la notion de “dialogue” en architecture. Dans un second temps, nous questionnerons la dégradation du rapport entre l’usager et l’architecte, ayant conduit à une complexification des conditions de la pratique et l’intérêt que je trouve à reconstruire un tel lien. Enfin, la troisième partie de ce développement s’intéresse à la confrontation de cette réflexion dans le cadre de ma mise en situation professionnelle et des problématiques rencontrées.
Introduction - 7
«
L’Architecture
fois
discipline
est
culturelle.
universitaire,
À
la
pratique
professionnelle et expression artistique de l’aménagement de l’espace, elle est un fait culturel total à appréhender sous toutes ses facettes. […] Le travail est immense, car l’architecture se positionne à la croisée de l’art, de la pédagogie, de l’action publique et de la diffusion culturelle. Elle oblige à un dialogue polyphonique entre de nombreux intervenants ». Aurélie FILIPETTI, L’Architecture est culturelle, Ecologik n°28, Septembre 2012, p.6-7.
01
A.
Génèse
d’un
questionnement sur le rôle de l’architecte en France
2010 2011
“Apprendre à tenir un crayon” MANAA à Lyon
“Découverte de l’architecture” ENSA Montpellier Association médiation culturelle
2014 2015
“Godt Danmark” Année de césure conventionnée
Master 1 “Métropole du Sud” ENSA Montpellier
2016 2017
“Vamos Portugal” Stage chez OODA, Porto
Mémoire “Architecture du dialogue” Exposition et ateliers scolaires pour les Journées Nationales de l’architecture
2018 Pavillon des JNArchi 2018 Expositions et ateliers scolaires
2019
2019
Formation HMONP ENSA Paris Val-de-Seine MSP chez OLGGA Architectes
Intervention dans un lycée professionnel Projet d’ombrière sur un site archéologique
Created Oleksandr from theby Noun ProjectPanasovskyi
Médiation
Professionnel
A. Génèse d’un questionnement sur le rôle de l’architecte en France 1 / Découverte de l’architecture
Fin juin 2010, me voici en possession de mon diplôme du
baccalauréat, un morceau de parchemin officiel qui n’indique pas vraiment quelle direction prendre. Fils d’un père autodidacte ayant fait sa carrière dans le commerce et d’une mère avocate spécialisée dans les affaires familiales et les questions de surendettement, c’est assez naturellement que mes premières intentions d’avenir s’orientent vers les écoles de comptabilité-gestion et de droit.
Cependant, je porte depuis quelques années maintenant un intérêt assez inexplicable pour l’architecture, malgré quelques dissuasions d’enseignants estimant qu’un baccalauréat économique et social n’offre pas les armes nécessaires pour intégrer les écoles d’architectures. C’est une rencontre tardive mais néanmoins décisive qui va faire pencher la balance : encore
Génèse d’un questionnement sur le rôle de l’architecte en France - 11
dans l’attente d’une réponse aux différentes candidatures envoyées sur la célèbre plateforme de recherche des études post-baccalauréat, je rends visite à un ami qui me parle de sa mise à niveau aux arts appliqués. A la vue de cette pochette verte débordant de travaux, de tous ces dessins techniques et artistiques, le déclic est immédiat.
Septembre 2010, arrivée en mise à niveau aux arts-appliqués à l’école de Condé au sein d’un groupe de vingt personnes aux objectifs bien disparates : certains sont là pour peaufiner leur technique, d’autre comme moi pour apprendre à tenir un stylo. Les enseignements sont divers et partagés entre la culture artistique et la technique (croquis, perspectives, couleurs, manipulation plastique, histoire de l’art, etc.).
Avec ce groupe, j’apprends à avoir un regard, à lire les pleins et les vides, à tracer des dessins techniques en respectant les codes de l’architecture (dessin au rotring), mais aussi à travailler en groupe et à me nourrir des connaissances de mes camarades. Je fais aussi des connaissances, notamment celle de Catherine Germain, architecte d’intérieur, artiste plasticienne et enseignante en manipulation plastique. Cette rencontre a été pour moi très importante puisque Catherine a très vite compris que je n’étais pas comme la plus part des étudiants, au coup de crayon élégant, et qu’il me fallait trouver mes propres moyens d’expressions plastiques. Elle m’a notamment aidé lors de mes candidatures pour les différentes écoles d’architecture auxquelles je décidais de postuler l’année suivante.
C’est en septembre 2011, qu’à réellement commencé mon cursus en architecture, lors de mon arrivée à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier. Mon parcours a été marqué par trois types d’expériences : le cursus initial occupant la majeure partie de mon temps, l’investissement dans le milieu associatif et les expériences à l’étranger
12 - Mémoire HMONP - Pratique Architecture Dialogue
à l’occasion de mon année de césure au Danemark et de mon stage de master.
Quand j’ai commencé à étudier l’architecture, malgré la large diversité des sujets abordés et la multitude d’interventions qui nous étaient proposées au travers des cours en amphithéâtre, des travaux dirigés et des enseignements du projet en atelier, il m’est vite apparu que la curiosité était une qualité à entretenir et à nourrir. C’est pour cette raison que je me suis rapidement tourné vers la vie associative et les voyages à l’étranger. Ces deux lignes directrices m’ont permis de faire des rencontres et de parler d’architecture dans des contextes très variés, nourrissant toujours plus mon envie de développer cet axe de recherche dans ma pratique.
Génèse d’un questionnement sur le rôle de l’architecte en France - 13
Partenariat avec la DRAC LR Conférences “ Café-Patrimoine ”
Conférences “ Et après ? ”
Partenariat avec Pierres-Vives Centre des Archives
Expositions “ Soir’Xpo ”
Visites de chantiers
Voyages Annue Gala des diplomés
ARPAL : Association pour la recherche et la promotion de l’architecture en languedoc
2 / La médiation culturelle par la vie associative étudiante Comme évoqué précédemment, peu après avoir intégré l’ENSA de Montpellier, j’ai rejoint une des nombreuses associations étudiantes de l’école : l’Association de Recherches et de Promotion de l’Architecture en Languedoc (ARPAL). Cette association loi 1901, financée par l’établissement, s’est donnée pour mission de compléter la formation des étudiants architectes en leur proposant des événements de médiation culturelle intra et extra-universitaires.
Ma première action avec l’équipe fut l’organisation d’une conférence dans le cadre du cycle « Et après ? ». Ce cycle avait pour objectif de donner l’occasion à de jeunes architectes, récemment diplômés des écoles d’architecture, de venir parler de la vie post-diplôme, questionnement que tout étudiant est en droit d’avoir.
Génèse d’un questionnement sur le rôle de l’architecte en France - 15
Nous avions alors reçu des agences d’architecture dont la renommée n’est aujourd’hui plus à faire, mais qui à l’époque ont connu des débuts plus ou moins difficiles : Umberto Napolitano de l’agence LAN Architecture, Nicolas Delon du Collectif Encore Heureux, Benjamin Colboc de l’exagence Colboc & Franzen, Pier Schneider de 1024 Architecture ou encore Guillaume Grenu de l’agence OLGGA Architectes. L’intérêt de ces rencontres était de montrer différentes postures et pratiques de l’architecture de la part de jeunes architectes en plein développement de leur structure. Avec 1024 Architecture, nous mettions un pas dans le monde de la scénographie en découvrant la construction de l’espace par la lumière, le Collectif Encore Heureux quant à lui, nous a permis de voir que l’architecture n’est pas seulement lié à la commande publique ou à l’association avec la promotion immobilière, et de découvrir la médiation culturelle en architecture par la microarchitecture.
Ces rencontres étaient une opportunité pour les étudiants de commencer à forger leur vision personnelle de l’architecture et le panel de pratiques possibles en architecture. Avec du recul, je prends conscience que la vocation de cette association allait bien au-delà du cercle universitaire dans lequel elle opérait, mais avait véritablement à coeur de créer un lien avec les usagers de l’architecture et de l’espace public, les habitants des quartiers alentours et notamment les plus défavorisés en matière d’infrastructures publiques. Ainsi, en valorisant la culture autour de l’architecture, nous sommes parvenus à recréer du lien social en provoquant l’occasion de la rencontre architecturale.
La volonté de transmettre l’architecture s’est aussi matérialisée par l’organisation d’exposition étudiante autour de projets d’architectures et personnels visant à mettre en exergue les talents artistiques présents au sein de l’ENSA Montpellier : le bénéfice de ces soirées était double avec
16 - Mémoire HMONP - Pratique Architecture Dialogue
l’objectif d’une part de promouvoir certains talents heureux de pouvoir partager leurs travaux et d’autre part d’ouvrir les portes de l’école d’architecture aux habitants du quartier et de la ville.
Par le biais de tous ces projets, nous avons cherché à utiliser et développer des outils de notre quotidien d’architecte en devenir pour partir à la rencontre des premiers destinataires de l’architecture. C’était une occasion pour tous les étudiants, nous y compris, de nous confronter à cette « image » de l’architecte qui caractérise la profession en France.
Génèse d’un questionnement sur le rôle de l’architecte en France - 17
3 / Expérience à l’étranger
Arrivé à mi-parcours de ma formation, j’ai souhaité compléter mon
apprentissage par une expérience professionnelle à l’étranger avec pour objectif la découverte d’autres pensées et pratiques de l’architecture. Mon intérêt marqué pour la culture scandinave depuis mon arrivée à l’école, m’a naturellement poussé à m’orienter vers cette destination.
Après avoir validé ma licence en architecture, j’ai eu l’occasion de rejoindre l’équipe de MLRP, une jeune agence d’architecture basée à Copenhague. La principale particularité que je retiens de mon passage dans cette structure, fut le caractère ultra-cosmopolite de notre équipe: nous représentions 7 nationalités sur un effectif de huit personnes (américain, danois, grec, italien, espagnol, anglais et français). Si je m’attarde sur la constitution de notre équipe, c’est pour insister sur la
Génèse d’un questionnement sur le rôle de l’architecte en France - 19
Photographie personnelle, 2015 Kalvebod waves, Copenhague, Danemark JDS Architectes
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question du dialogue entre les différents membres de l’agence. Bien que résidente danoise, l’agence avait vocation à travailler à l’international et nous échangions principalement en anglais, en s’adaptant au niveau de chacun. Si la barrière de la langue pouvait apparaitre comme un frein au développement au premier abord, il s’agissait en réalité d’une contrainte nous poussant à parler le plus simplement possible d’architecture, afin d’être compris de tous.
L’agence avait été fondée par deux associés : Mads un danois, anciennement chef de projet chez Bjarke Ingels et Robert, un américain passionné d’histoire de l’architecture. Leurs projets étaient divers et variés tant dans leurs natures que dans leurs échelles.
Durant cette année, j’ai eu l’occasion de travailler sur un concept « d’école libre » dans laquelle les élèves choisissent leurs activités chaque jour jusqu’à l’âge de 7 ans, sur une réhabilitation énergétique de logements collectifs à l’architecture traditionnelle danoise, sur un concept de centre aquatique naturel en milieu portuaire désaffecté et sur bien d’autres projets atypiques.
Au-delà de la pluralité programmatique des projets, j’ai découvert au Danemark un véritable intérêt populaire pour l’architecture locale et ses architectes. Copenhague fait partie de ses villes expérimentales de l’architecture contemporaine, un pêle-mêle de projets tant architecturaux qu’urbains assez harmonieux à mon goût !
Bien que peu accessibles au premier abord, les danois s’ouvrent avec l’arrivée des beaux jours. C’est à ce moment que j’ai pu me rendre compte de cet intérêt pour la culture architecturale. En effet, en parlant d’architecture, je me suis rendu compte que nombre d’entre eux connaissaient des noms
Génèse d’un questionnement sur le rôle de l’architecte en France - 21
Israel Plads par Sweco Architects + COBE, Copenhague
Superkilen par Bjarke Ingels Group, Copenhague
comme BIG, Dorte Mandrup ou encore Arne Jacobsen, de véritables personnalités publiques, et semblaient convaincus de l’importance du rôle de l’architecte dans la société. C’est un sentiment que je n’ai que rarement connu en France jusqu’à aujourd’hui, même si l’architecture est un domaine de plus en plus largement médiatisé.
De plus, les danois ont un rapport très intéressant à l’espace
public: la longueur de l’hiver et le manque de luminosité naturelle dû à la localisation par rapport à l’équateur, font qu’ils profitent de chaque rayon de soleil, terminant leur journée de travail plus tôt et exploitant pleinement les lieux aménagés mis à leur disposition.
Cette expérience à l’étranger a conforté mon envie de m’investir dans la médiation culturelle avec cette volonté de convaincre les français de l’importance du rôle de l’architecte !
Génèse d’un questionnement sur le rôle de l’architecte en France - 23
4 / Des projets de médiation
Forts de ces expériences universitaires et de voyage, c’est au
travers d’une rencontre que mon implication dans la médiation culturelle de manière professionnelle à réellement commencée.
Rencontre autour de l’architecture En octobre 2016, de passage à Hyères le week-end de la première édition des Journées Nationales de l’Architecture, je rencontrais l’équipe chargée de la Culture et du Patrimoine, avec Pierre Avrial et Chloé Ghielmetti en charge du projet, ainsi que Floriane Montenay, architecte élue à la Mairie.
Pour cette première édition et du fait de la toute récente création de l’événement, l’équipe s’est attelé à l’organisation d’une rencontre avec les hyérois autour du thème de l’architecture d’une manière particulièrement
Génèse d’un questionnement sur le rôle de l’architecte en France - 25
2015
2016
2017
2018
Création des JNArchi dans le cadres des 30 mesures pour l’Architecture
Première édition des Journées Nationales de l’Architecture
Première intervention à Hyères (83) avec une expo et des ateliers scolaires
D e u x i è m e intervention à Hyères Expo / Pavillon / Ateliers scolaires
ANALYSE
RENCONTRE
INITIATION
DÉVELOPPEMENT
Phase de réflexion personnelle suite à la création des JNArchi
Observation de l’animation proposée par Hyères pour les JNArchi
Exposition sur le “Rôle de l’architecte et ses outils”.
2ème édition de l’exposition “découvrir l’architecture ” et construction d’un pavillon
RENDRE ACCESSIBLE
OBJECTIFS JNARCHI
DÉVELOPPER LA CULTURE ARCHI
SAVOIR PARLER SIMPLEMENT
DONNER DES OUTILS
CONCERNER
ludique. Il est a noté que les JNArchi intervenant à peine un mois après les Journées Européennes du Patrimoine, il était difficile pour eux de communiquer sur cette nouvelle temporalité du calendrier culturel.
Ainsi, c’est dans une petite salle de réception de l’ancienne Banque de France que Chloé, chargée de projet et médiatrice culturelle du patrimoine, animait des activités pour petits et grands : jeux de société, reproduction de la célèbre Villa Noailles en Lego, construction en bois d’arche, etc.
Cet événement a tout de suite fait écho chez moi à mon activité au sein de l’ARPAL, et les événements que nous avions l’habitude d’organiser avec les populations du quartier de la Mosson, dans le nord de Montpellier. En échangeant avec Chloé et Floriane, à qui j’ai pu expliquer mon travail dans le milieu associatif et mon intérêt pour ce type d’animation autour de l’architecture, nous avons alors convenu d’une réunion d’échange sur l’avenir des JNArchi à Hyères.
Journées Nationales de l’Architecture 2017 A l’occasion de cette rencontre, nous avons commencé à travailler sur la programmation de la seconde édition de l’événement. Celle-ci a été scindée en plusieurs activités : une conférence principale animée par Floriane, architecte DPLG, des visites thématiques dans le vieux Hyères, des activités avec les scolaires et une exposition.
C’est sur ces deux derniers points que j’ai reçu “carte blanche” !
C’est donc avec la volonté de reprendre les notions de bases de l’architecture et de la mission de l’architecte, que nous avons monté l’exposition “L’architecte, son rôle et ses outils”, support des ateliers scolaires durant lesquels les élèves devaient personnaliser un patron
Génèse d’un questionnement sur le rôle de l’architecte en France - 27
Support mural Hyères
Modules d’exposition Types de modules de l’exposition “ l’architecte, son rôle et ses outils ”
Hyères
L’arc h
itect e Support mural x15
Module pour panneaux x8
Thématiques abordées : • Quel est le rôle de l’architecte ? • Les différentes missions de l’architecte • L’architecte du XIXe siècle à nos jours • Dialogue entre l’usager et l’architecte • Du dessin à la main • La perspective en architecture Module pour objets• x2 Faire un relevé
• • • • • •
Exposition “ l’architecte, son rôle et ses outils ” Journées Nationales de l’Architecture 2017, Hyères (83)
Le dessin technique La conception assistée par ordinateur Concevoir une maquette d’architecture Architecte - urbaniste Médiateur architectural La villa Noailles
de maison en carton à l’aide des différents matériaux de récupération apportés par leurs soins. Il a été particulièrement intéressant d’observer les différentes “stratégies” adoptées par ces jeunes pleins de ressources! Les plus pragmatiques se sont lancés vers une construction simple, efficace et très standardisée. D’autres se sont mis par équipe afin de réfléchir à la disposition de leurs édifices les uns par rapport aux autres, imaginant ainsi de petites villes.
Suite au bel accueil que nous avons reçu avec ces animations, Chloé, Pierre et Floriane m’ont proposé de renouveler l’expérience l’année suivante, belle opportunité que j’ai évidemment acceptée.
Quelques mois après l’événement, nous nous remettions au travail afin de voir ce qui avait bien fonctionné et ce que nous pouvions encore améliorer. Un des points sur lesquels j’ai souhaité travailler pour cette troisième édition, était la communication de l’événement. En effet, la proximité temporelle des Journées Européennes du Patrimoine évoquée précédemment et le manque de visibilité l’année précédente avait été un frein à la visibilité de l’événement.
De plus, force pour moi a été de constater la difficulté de développer des projets de médiation culturelle autour de l’architecture avec des maitrises d’ouvrages publiques qui ont un modèle de fonctionnement qui ne laisse pas beaucoup de place à l’improvisation. Je pense notamment à la question de la fourniture des matériaux qui fut pour moi une vraie problématique pour le montage de l’exposition.
Ainsi, après avoir conçu l’exposition des JNArchi 17 et établi les devis pour les matériaux nécessaires, je me suis heurté au bon de commande des maitrises d’ouvrages publiques et aux délais appliqués par les
Génèse d’un questionnement sur le rôle de l’architecte en France - 29
Pavillon d’information de la place Massillon Journées Nationales de l’Architecture 2018, Hyères (83)
fournisseurs. Au final, je me suis retrouvé à devoir avancer les dépenses en achat de matériaux afin de faciliter le processus et pouvoir ainsi livrer l’exposition à temps !
Journées Nationales de l’Architecture 2018 C’est donc en recherchant un moyen fort et efficace de parler d’architecture que nous avons eu l’idée pour cette seconde édition de faire appel à la microarchitecture. En effet, quel meilleur étendard qu’un pavillon d’information placée sur la place centrale de la vieille ville pour susciter le questionnement et attirer la foule !
Les objectifs de cette intervention étaient doubles : d’une part créer un espace d’information relayant les différents rendez-vous des JNArchi 18 et d’autre part de procéder à la construction de cette installation sur site afin d’être en contact avec les habitants pendant le “chantier”. Et nous n’avons pas été déçus ! Certains nous ont demandés s’il s’agissait de la cabane du père-noël, d’autres si nous installions les cabanes du marché d’hiver avec beaucoup d’avance. Certains plus avertis, sont venus à notre rencontre et nous avons ainsi pu parler d’architecture, de leur vision de la ville et des projets qui voyaient le jour comme la place Clémenceau réhabilitée par Rudy Ricciotti. Sur le chantier, j’étais d’ailleurs le seul architecte, les autres intervenants, des amis pour la plupart, étaient d’horizons variés: œnologue, électricien, barman, etc., tous rassemblés pour faire de l’architecture !
En parallèle du pavillon, nous avons également produit la seconde exposition “découvrir l’architecture” en nous focalisant cette fois-ci sur les éléments qui la compose (le plein, le vide, les murs, les sols, les détails, etc). Cette seconde exposition a eu un véritable succès, les hyérois se déplaçant pour avoir la suite de l’histoire !
Génèse d’un questionnement sur le rôle de l’architecte en France - 31
« Les architectes et les urbanistes ne sont plus aujourd’hui des artistes ou des preneurs de décision mais seulement des serviteurs publics, les habitants ne doivent pas être considérés seulement comme des consommateurs mais comme des professionnels hautement spécialisés et experts en matière d’habitat ». Yona FRIEDMAN, L’architecture mobile : vers une cité conçue par ses habitants, Éd. Casterman, Paris-Tournai, 1958, p.7
02
B.
“Le
dialogue
architecture”
comme
en fil
conducteur de la pratique
B. “Le dialogue en architecture” comme fil conducteur de la pratique 1 / Méconnaissance du rôle de l’architecte Marqué par ces expériences humaines et sociales, j’ai développé très tôt dans mon cursus un intérêt pour le rapport entre l’architecte et les usagers de l’architecture. Des questions telles que “es-tu architecte d’intérieur ou
d’extérieur ? quel est le véritable apport de l’architecte justifiant cette dépense supplémentaire ? pourquoi faire appel à un architecte quand je peux avoir une maison dans un catalogue ?” m’ont permises d’identifier un réel manque de connaissance quant au rôle de l’architecte et plus généralement en matière de culture architecturale.
L’architecture ésotérique Le terme ésotérique caractérise les enseignements
qui exigent une
initiation pour être compris, réservés aux sachants dans leur domaine. En ce sens, l’architecture est un domaine à la fois ésotérique de par la
Le “dialogue en architecture” comme fil conducteur de la pratique - 35
nécessité d’un enseignement long et pluridisciplinaire, mais aussi populaire puisque tout un chacun y est confronté de manière quotidienne.
Cette opposition sémantique de l’architecture est un sujet que l’architectesociologue Yona Friedman, prédisait il y a près de cinquante ans, mettant ses confrères en garde contre les effets néfastes que pourrait avoir un “divorce entre l’usager et l’architecte”. Dans son ouvrage, l’Architecture mobile, vers une cité conçue par ses habitants, il évaluait déjà la nécessité de logement pour les 3 milliards d’habitants peuplant alors la terre ainsi que l’importance de reconsidérer le rôle de l’architecte–urbaniste. Quand il écrit cet ouvrage théorique, dans un contexte d’après-guerre et de reconstruction du pays, il émet alors de sérieux doutes quant à l’apparition de ce qu’il nomme « le souci du plus grand nombre », qui provoque une méconnaissance et un désintéressement des préférences et choix de l’utilisateur. Cette prédiction est devenue part de notre réalité architecturale, puisque le dialogue entre les architectes et les usagers s’est largement complexifié, consommant cette rupture entre les inventeurs de la ville et les individualités la peuplant.
L’architecture mobile selon Yona Friedman Il est particulièrement intéressant pour un jeune architecte de découvrir la pensée, totalement avant-gardiste à mon sens, de Yona Friedman sur le rôle de l’architecte dans la société. Pour ce dernier, l’architecture doit pouvoir questionner à nouveau la manière dont elle se nourrit en s’éloignant de cette pratique de l’architecture du “plus grand nombre”, qui prive chaque usager de la liberté de choix. Il s’agit pour lui “de rechercher
des techniques qui permettent de passer d’une solution à l’autre pour adapter la ville, si besoin est, aux modes de vie des habitants, au lieu d’adapter les habitants aux propositions des urbanistes. Il faut arriver à laisser les habitants libres de choisir la forme de leur ville”.
36 - Mémoire HMONP - Pratique Architecture Dialogue
Cette liberté passe donc par une recherche de systèmes alternatifs à ce mode de penser l’architecture qui semble plus ordonné par des questions économiques, politiques et de rentabilité spatio-temporelle que par la recherche d’une réelle qualité des espaces dédiés à tous. Ce que Yona Friedman appelle “l’architecture mobile” met en évidence quelques points d’élaboration d’une nouvelle pensée, qu’il définit comme “un système de
construction permettant à l’habitant de déterminer lui-même la forme, l’orientation, le style, etc., ceci à chaque fois qu’il le décide”. L’image de l’architecte Au regard des difficultés que connait la profession de nos jours, force est de constater que certaines pratiques abusives sont à remettre en cause, et les architectes doivent s’unir pour défendre les conditions de leur travail, la qualité de leur architecture et ainsi redorer notre image.
La question de l’image de l’architecte, est un sujet actuel et historique. En effet, les enjeux de l’architecture, ses outils tant graphiques que techniques en font une profession au caractère artistique, provoquant parfois cet amalgame de “l’architecte-artiste”. De plus, les architectes du starsystème, dont les projets toujours plus ambitieux tant architecturalement qu’économiquement, et dont l’omniprésence médiatique n’est plus à démontrer, ont participé quant à eux à cette image de prestige de l’architecte, mettant en second plan le caractère humain et social de notre activité au profit d’un star-system.
Ces différents éléments me poussent aujourd’hui à questionner ma pratique de l’architecture et à vouloir faire de la médiation culturelle et plus particulièrement de la question du “dialogue en architecture”, partie intégrante de mon activité d’architecte.
Le “dialogue en architecture” comme fil conducteur de la pratique - 37
2 / Développer une pratique double de l’architecture La démocratisation de l’architecture La sensibilisation à l’architecture qui se développe sur le territoire européen ces dernières années, illustre une volonté collégiale de promouvoir une culture architecturale méconnue et décriée, qui pour autant constitue notre quotidien à tous.
La multiplication des rassemblements autour des architectures, qu’elles soient patrimoniales, contemporaines ou bien mêmes utopistes, révèle un regain d’intérêt pour la profession et une prise de conscience collective d’un manque en matière de culture architecturale et urbaine chez le grand public.
Ce mouvement à la fois politique et populaire n’a par ailleurs rien de
Le “dialogue en architecture” comme fil conducteur de la pratique - 39
novateur : en effet on trouve des traces d’actions de sensibilisation à l’architecture en France dès l’après-guerre, notamment dans les milieux scolaires, puis de manière beaucoup plus officielle avec la loi 77-2 sur l’architecture datée du 3 Janvier 1977.
Cette démarche de démocratisation de l’architecture est à mon sens la première étape d’une reconstruction du rapport entre l’architecte et l’usager. Elle doit permettre de réintroduire des notions telles que le circuit court, et de se détacher tant que faire se peut d’une architecture standardisée, parfois trop déconnectée de son sujet.
Le circuit court en architecture « L’objectif de la participation est d’impliquer dans le processus de décision
quiconque en subit les conséquences directement ou indirectement ».
La notion de circuit court est issue du langage de l’écologie, et évoque une pratique qui tend à bannir tous les éléments superflus dans les processus de l’agriculture, de l’artisanat et plus généralement en ce qui concerne la production. C’est un schéma dans lequel les interactions entre le producteur et le consommateur sont réduites à leur minimum, c’està-dire directes ou tout au plus un intervenant. Appliqué au champ de l’architecture, le circuit court est un mode de conception au sein duquel on va favoriser un discours direct entre les différents interlocuteurs au dépend d’un fonctionnement normalisé qui apparaît comme obsolète.
Réinstaurer le circuit court dans la commande architecturale, cela signifie redéfinir intégralement la pensée du projet. En amont, il paraît essentiel que l’architecture soit un vœu collectivement formulé qui réponde à un
Alter Architecture manifesto - Observatory of innovative architectural and urban processes in Europe, sous la direction de Thierry PAQUOT, Yvette MASSON ZANUSSI, Marco STATHOPOULOS, Éd. Infolio, 2012, p.19.
40 - Mémoire HMONP - Pratique Architecture Dialogue
besoin commun : il faut ainsi sortir de la conception de l’objet architectural commandité par un pouvoir financier dont l’intérêt ne pourra être autre que celui du bénéfice, sauf en de très rares occasions où les entités commanditaires se feront actrices de la cause populaire. Lors de la conception, et comme le suggère Yona Friedman, l’architecte doit être en capacité d’intégrer l’usager, au point même de le rendre essentiel au processus. Idéalement, un circuit court en conception doit pouvoir susciter l’intérêt de son sujet principal, ainsi que celui des personnes dont le quotidien sera impacté par cette initiative. C’est une table des négociations qu’il s’agit d’organiser, dans laquelle les rencontres physiques seront préférées aux échanges de mails, laborieux et édictés.
Construire le dialogue Ainsi pour parvenir à construire durablement un tel “dialogue”, il est nécessaire de se détacher de cette opposition entre le sachant et le profane qu’impose une architecture trop ésotérique. La réussite d’un tel échange est liée à l’utilisation d’un langage, d’un vocabulaire commun dont l’architecte sera l’instigateur et le traducteur.
Autrement dit, le langage partagé qu’il est nécessaire de concevoir, ne se compose pas uniquement de mots mais d’un système de représentation tout aussi adapté et expressif que le discours qui l’accompagne. Mon propos n’a pas vocation à défendre une représentation de l’architecture en particulier mais d’appuyer l’importance du choix de celle-ci, afin de sortir des dictats médiatiques dans lesquels nous nous trouvons aujourd’hui et de promouvoir une interprétation collective et accessible à tous.
Pour ce faire, la médiation culturelle est un outil précieux permettant d’initier et construire cette connaissance architecturale populaire. C’est une pratique qui parfois même directement intégré au processus de
Le “dialogue en architecture” comme fil conducteur de la pratique - 41
conception et de construction comme on peut le voir avec Patrick Bouchain dans le cadre de ses chantiers participatifs à la Friche Belle de Mai à Marseille ou avec les collectifs d’architecture qui pratiquent le “happening” architecturale, c’est-à-dire la rencontre autour du projet.
La question du dialogue dans la pratique architecturale est un donc un élément fondamental dans ma façon d’envisage mon avenir d’architecte. Cependant, mes différentes expériences en tant que médiateur m’ont également confronté à la nécessité d’avoir une pratique plus “traditionnelle” me permettant de nourrir mon discours et d’être ainsi en capacité de répondre aux questionnements légitimes des usagers sur notre profession.
42 - Mémoire HMONP - Pratique Architecture Dialogue
« Les architectes réclament leur droit à la création et à l’expérimentation, veulent étendre
des
logiques
d’innovation,
s’engager dans la participation au service de tous, mais à condition que le « tous » ne soit pas le service public anonyme » Olivier CHADOIN, Espaces et sociétés n° 156-157 - Où est passé le peuple ? 2014, p.267-270.
03
C. Faire ses armes dans une jeune structure
C. Faire ses armes dans une jeune structure 1 / Who the f*** is OLGGA ?
La création de l’agence L’agence OLGGA Architectes est une petite structure basée à Paris depuis 2006. Fondée à l’origine par deux amis, Guillaume GRENU et Olivier LAURENT, qui se rencontrent lors de leur passage dans une grande agence parisienne.
Au début, les deux associés divisent leur activité en deux en partageant leur temps entre les projets d’architecture et la réalisation de perspectives pour d’autres agences d’architecture, leur permettant ainsi d’assurer un équilibre financier. Ils sont rapidement rejoints par Alice VAILLANT, ancienne chef de projet dans cette même structure, dont l’arrivée marque le réel commencement de l’activité de production architecturale. A ce moment, l’agence n’a pas de références construites et décide de mener
Faire ses armes dans une jeune structure - 47
LILLE
Nicolas LE MEUR Architecte associé
PRIVÉ • Projets promotion immobilière • Petits projets maitrise d’ouvrage privé • Relationnel avec les MOA Privées
PARIS / ROUEN
+
Guillaume GRENU Architecte associé
PUBLIC • Concours marché public • Relationnel avec les MOA Publiques • Communication des projets
une politique agressive en terme de candidature aux marchés publics dans la région parisienne et le nord de la France. Ils enchaînent les concours jusqu’à être retenus pour la construction d’une crèche à Grande-Synthe (59) en 2007. L’équipe croit alors au début de l’aventure, mais c’était sans compter les aléas des marchés publics : le projet est abandonné par la maitrise d’ouvrage sans raisons apparentes. La vie continue à l’agence et les concours s’enchaînent sans succès jusqu’en 2009, une année qui s’est avérée charnière pour OLGGA !
Trois ans sont passés depuis la création de l’agence, la structure
peine encore à être retenus à concourir dans les marchés publics. En cause, deux éléments essentiels : le manque de références construites et de visibilité de l’agence dans le monde de la construction.
Durant le temps de ma mise en situation professionnelle, j’ai pris conscience du caractère incontournable de la référence architecturale construite dans la constitution d’un dossier de candidature. A leurs débuts, les trois architectes sortant de la même grosse structure parisienne, divisent leur pratique entre la réalisation de perspectives, les concours ouverts en France et à l’international, ainsi que la sous-traitance de concours pour des agences plus réputées. Cette pratique, bien qu’interdite déontologiquement et légalement, a été une réalité pour l’équipe qui manquaient alors de projets pour lesquels ils étaient mandataires.
Après quelques temps à procéder ainsi, ils décident d’accentuer leurs efforts et de peaufiner leurs candidatures en utilisant des références de projets réalisés au sein de leurs précédentes agences. Par soucis d’honnêteté, ils prennent contact avec les agences en question, en demandant l’accord de celles-ci préalablement, pour l’utilisation des éléments de projets, qu’ils avaient alors suivi en qualité de chef de projet ou en sous-traitance, sans avoir un seul moment imaginé qu’ils allaient Faire ses armes dans une jeune structure - 49
Stadium du Littoral par Olgga Architectes, Grande-Synthe (59)
être confrontés à des refus catégoriques. L’histoire ne s’est d’ailleurs pas arrêtée là puisqu’ils furent sommés de supprimer ces références de leur portfolio et convoqués par une commission de l’ordre des architectes, qui ne donna pas heureusement suite à ces accusations.
Décidant de ne pas baisser les bras suite à cet échec, les trois
architectes s’attachent à développer la communication de l’agence afin de lui donner beaucoup plus de visibilité. Pour ce faire, ils multiplient les participations à aux concours d’idées et de microarchitectures. Parmi ces petits projets, deux ont participé à faire connaître le nom d’OLGGA.
Tout d’abord la « Maison Evolutiv’ », un projet initié en 2006 à l’occasion d’un concours d’idée à Almere au Pays-Bas et ayant pour sujet la construction de maisons « simples et pas chères ». A l’époque, le projet n’est pas primé et n’aura apporté rien de plus qu’un beau voyage en terre hollandaise. Toujours est-il que l’équipe croit en ce projet et décide en 2007 de candidater au Trophée de la maison bois à Grenoble, pour lequel ils ne sont toujours pas retenus mais dont l’image du projet fait la une du site des organisateurs pendant près d’un an. C’est en 2008 que la surprise se produit puisque les organisateurs du Salon Bois de Grenoble prennent contact avec les architectes et leur proposent de réaliser leur projet et de la présenter en tant que « maison-témoin ». Le buzz est quasiment immédiat tant sur le salon que sur les médias.
Le second projet phare de l’agence se nomme « Flake House », lauréat du concours « Petites machines à habiter » et primé aux Lauriers de la Construction bois de Grenoble en 2007. Une fois encore, c’est par la communication des images du projet que les choses vont s’emballer. Contacté par le Lieu Unique à Nantes à l’occasion du Festival de l’Estuaire, l’équipe de l’événement leur propose de réaliser leur installation et de
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LILLE
PARIS / ROUEN
Nicolas LE MEUR Architecte associé
Guillaume GRENU Architecte associé
• Gestion des projets région Nord • Prospection/réseaux professionnel
• Spécialisation marché public • Développement région sud-ouest (collaboration Atelier Cambium)
Pauline HUSSON Chargée administrative
Elise RENARD Architecte HMONP Chef de projet
Arthur VALLERAULT Architecte DE en formation HMONP
Gestion administrative Candidatures Communication
Gestion de projet Suivi de chantier
Gestion de projet Communication
la présenter dans le cadre du festival. Une fois n’est pas coutume, la microarchitecture d’OLGGA remporte un franc succès.
La notoriété de l’agence ne cesse de croitre lorsqu’une importante nouvelle va terminer de propulser les trois jeunes architectes.
Près de deux ans après l’abandon du projet de crèche, OLGGA est retenue à concourir pour un projet beaucoup plus ambitieux à Grande-Synthe : le Stadium du Littoral.
Cet équipement public est une infrastructure sportive type tribune devant abriter les locaux annexes aux terrains de sport extérieurs (football et rugby). Réutilisant les ingrédients qui leur avaient fait remporter le précédent concours, l’agence est finalement désignée lauréate. Cette victoire a été un véritable tremplin qui a notamment permis de développer l’activité autour de la thématique de l’équipement sportif public mais pas seulement.
En 2010, l’agence est lauréate des Albums des Jeunes Architectes et Paysagistes (AJAP), grâce notamment à des projets comme le Stadium du Littoral, la Maison Evolutive ou encore la Flake House. Ces deux projets mis en lumière à l’occasion de cette distinction, illustrent l’intérêt de l’équipe pour ces nouvelles pratiques de l’architecture qui se démocratisent.
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Agences * Paris (Siège social) 95 rue Montmartre 75002 Paris T : 01 42 40 08 25
* Lille 34 rue Brûle Maison 59000 Lille T : 09 52 36 96 10
SARL d’architecture Capital : 7 920 € Création : 1 er février 2006 RCS PARIS 488 353 004 SIRET 488 353 004 00028 Code APE : 7111 Z Assurance Mutuelle des architectes français assurances n°255859/H/10 Ordre des architectes Inscription au tableau régional de l’Ordre des architectes d’Ile-de-France n° régional idfS011778 - n° national S10806 Chiffre d’affaire 2018 : 630 000 € 2017 : 598 764 € 2016 : 282 306 €
Moyens Ressources humaines Associés : Guillaume Grenu, Architecte DPLG Nicolas Le Meur, Architecte DPLG Pauline Husson, Responsable Gestion et Administration Architectes : Elise Renard, Architecte HMONP Arthur Vallerault, Architecte DE Informatique 1 serveur 8 postes APPLE MAC PRO + Ecrans MAC 27’’ 1 Power Book 15’’ 2 I PAD retina Traceur / imprimantes / photocopieur / scanner Traceur de plans Couleur Jet d’encre HP DesignJet T930 PS (format A0) Photocopieur multifonctions Couleur SHARP Mx-2310U (format A3/A4) Photocopieur multifonctions Couleur Canon IRC2380i (format A3/A4)
Informations juridiques et économiques Olgga Architectes est une SARL au capital de 7920 euros. Le choix de ce type de ce statut juridique a été fait assez naturellement afin de simplifier la gestion de l’agence. En effet, ce statut a permis aux trois associés de créer une structure au capital adapté, avec des statuts d’associés à parts égales et sans durée de vie prédéfinie.
La composition des associés de l’agence n’a eu de cesse d’être modifiée jusqu’en 2016. En effet, le noyau d’origine se divise en 2008 avec le départ d’Olivier LAURENT, qui monte sa propre structure à Bordeaux. Il est remplacé par Nicolas LE MEUR.
Aujourd’hui, l’agence est structurée de la manière suivante :
• 2 agences (Paris et Lille) • 2 Architectes associés : Guillaume GRENU Nicolas LE MEUR • 1 Chargée administrative : Pauline HUSSON • 1 Architecte HMONP : Elise RENARD • 1 Architecte en formation HMONP : Arthur VALLERAULT
Economiquement parlant, l’agence assure sa stabilité par un partage quasiment équitable des projets d’architecture dans les domaines public et privé. En 2019 par exemple, l’agence compte 4 marchés publics en phase d’étude ou de chantier et 5 projets de commandes privées dans les domaines du logement et de bureaux.
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2 / Travailler l’équipement sportif et le logement collectif
Lors de la création de l’agence, les associés se sont posés la
question du type d’activité qu’ils souhaitaient avoir et surtout celle qui serait le plus viable à long terme pour l’entreprise.
La commande publique En choisissant le marché public comme objectif principal de son activité, l’agence OLGGA a rapidement été confronté à la nécessité de la référence. En remportant des concours comme le Stadium du Littoral à Grande-Synthe (59) ou encore la Plaine des Sports de Saint-Paul-LèsDax (40), l’agence a naturellement orienté ses choix de candidatures vers l’équipement public sportif, mais recherche toujours de nouvelles collaborations afin d’agrémenter ses références vers d’autres types d’équipements publics. Avec près d’une dizaine de références dans
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OpĂŠration de logements sur la ZAC Bastide Niel de MVRDV par Olgga Architectes, Bordeaux (33)
ce domaine, l’infrastructure sportive est un sujet connu et maitrisé par l’entreprise, qui n’a de cesse de se challenger en candidatant sur des programmes similaires au budget plus important.
Du fait de cette orientation vers la commande publique, Olgga a connu des années difficiles notamment vers 2010, période durant laquelle les concours des maitrises d’ouvrage publiques étaient peu nombreux face à la multitude de candidats français et étrangers. L’agence a même pensé devoir fermer et s’est séparé de certains collaborateurs.
En 2017, l’agence a remporté pas moins de 4 concours d’équipements sportifs dont 2 gymnases à Wallers (59) et Aix-Les-Bains (38), deux tribunes sportives au Havre (76) et le nouveau stade de Dunkerque (59) qui est à l’heure actuelle le chantier le plus ambitieux de la structure. Au-delà de la question de la référence, cette spécialisation a permise notamment à l’agence de maitriser un sujet particulièrement réglementé, nécessitant une connaissance approfondie des questions légales en matière d’ERP, des normes d’aménagements et de circulations PMR ainsi que des nouvelles directives thermiques et en matière de développement durable.
En 2018, l’équipe Olgga architectes et X architectes a été désigné lauréate de la reconstruction du Stade de Chambéry en Savoie. L’agence a également été retenue avec l’équipe d’Atelier Cambium (Bordeaux) pour la construction d’une opération de logements sur la ZAC Niel à Bordeaux, un projet urbain porté par la célèbre agence hollandaise MVRDV.
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LESQ
Phase : étude de faisabilité Axonométrie parc 1:250 mardi 9 avril 2019
25 logements en banlieux lilloise par Olgga Architectes, Lesquin (59)
OLGGA
Maitre d'ouvrage : Loger Habitat Justine WAGNON 06 08 72 98 13 jwagnon@loger-habitat.fr
Maitre d'œuvre : OLGGA architectes 01 42 40 08 25 contact@olgga.fr
La commande privée La seconde activité, qui n’est pas nécessairement la plus lucrative mais qui viabilise la gestion économique de l’agence, réside dans les projets de commande privée.
A l’heure actuelle, l’agence travaille sur la réalisation d’un centre médical pour un particulier, mais les projets de ce type sont assez rares à l’agence. En revanche, Olgga travaille très régulièrement sur des projets de logements et de bureaux (collectifs, intermédiaires et individuels) aux côtés de promoteurs immobiliers, principalement dans la région Nord. Cette localisation des projets de promotion immobilière s’explique avant tout par la présence à Lille de Nicolas, associé d’Olgga architectes, qui semble avoir un réseau professionnel très développé dans le secteur.
Bien que la thématique du logement soit particulièrement intéressante pour un jeune architecte, je reste assez perplexe quant aux conditions de travail avec les promoteurs. En effet, il semble que cela soit monnaie courante que les études de faisabilité ne soient pas rémunérées par exemple. En cherchant des explications à une telle situation auprès de ces derniers, j’ai appris qu’ils “travaillaient à risque jusqu’au dépôt du permis de construire”, mais qu’en est-il de l’architecte qui n’a aucune garanti d’être payé avant cette échéance fatidique ? Cette réalité me pousse à questionner le rôle de l’architecte dans ce type de commande. Ma jeune expérience avec les promoteurs m’a permis d’identifier un véritable manque d’intérêt quant à la bonne et belle création architecturale et des enjeux sociaux qui en découlent. Cette situation est d’autant plus ahurissante pour moi qui, en tant que médiateur, suis fréquemment questionné sur les raisons de la prolifération de ces projets à l’architecture souvent décontextualisée.
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3 / Mon rôle au sein de l’agence Bien que je n’ai débuté ma mise en situation professionnelle au sein de l’agence que depuis septembre dernier, ma connaissance des projets et du fonctionnement de la structure remonte à la période de mes études.
Complexe sportif à Saint Jean d’Illac (33) J’ai eu ma première expérience chez OLGGA en 2013 à l’occasion d’un stage d’un mois à l’occasion de ma licence. Déjà à l’époque les projets de l’agence s’orientait vers le monde sportif, même si l’activité de logement collectif se développait également. J’avais alors participé à rendre un concours d’équipement sportif intercommunal à Saint-Jean-d’Illac (33) que nous avions malheureusement perdu. L’année suivante, j’ai eu une seconde expérience de trois mois avec l’équipe. A ce moment-là, l’agence connaissait un creux dans son activité, ce qui m’a amené à travailler sur
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Concours Complexe sportif Jean Sadoul par Olgga Architectes, La Chapelle Saint-Mesmin (45)
d’autres sujets que le projet d’architecture, notamment la communication de l’agence. Cette expérience a été pour moi assez significative des aléas que peuvent connaître les architectes dans leur activité et de l’importance de la prospection de projet afin d’assurer une pérennité dans l’activité de l’entreprise.
Complexe sportif Jean Sadoul à la Chapelle Saint-Mesmin (45) Septembre 2018, retour à l’agence avec un nouvel objectif : l’habilitation à la maitrise d’ouvrage en son nom propre. A peine arriver et me voilà déjà responsable d’un concours de complexe sportif à La Chapelle SaintMesmin (45), en périphérie d’Orléans. Les délais sont cours puisqu’il me reste moins d’un mois pour boucler la présentation, tout en travaillant avec les bureaux d’études techniques. C’est une première pour moi sur des projets à cette échelle : en plus des nécessités techniques, les contraintes réglementaires des équipements sportifs recevant du public type gymnase, m’amène à traiter avec des bureaux d’études acoustique et thermique.
Cette expérience m’a permis d’être confronté au manque d’investissement de certains BET, fortement lié à la question de la rémunération de leur mission. En effet en marché public, la faible rétribution financière en phase d’esquisse des maitrises d’œuvre pousse parfois certains intervenants à multiplier les candidatures au risque de se surcharger de travail et joue parfois sur l’investissement, n’étant pas à la hauteur des attentes du rendu d’une candidature.
A l’instar de la commande de promotion immobilière, le grand nombre d’intervenants sur ce type de projet et la faible rémunération qu’il est attribué en phase concours est une problématique à envisager lors de la création d’une agence.
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Concours Complexe sportif Jean Sadoul par Olgga Architectes, La Chapelle Saint-Mesmin (45)
26 Logements à Lesquin (59) Le second projet sur lequel je suis engagé depuis mon retour chez Olgga, est un projet de logements collectifs en banlieue lilloise. Bien que cela soit pour moi une belle occasion de me confronter à la problématique du logement, cette expérience risque de me laisser un goût amer. Une fois n’est pas coutume, nos promoteurs nous ont assuré de la signature d’un contrat dans les plus brefs délais, et que nous pouvions d’ores-etdéjà nous pencher sur les études de faisabilité. L’orientation est-ouest de notre site m’a tout de suite donnée envie de travailler sur des typologies traversantes desservies par des coursives extérieures. Face au scepticisme de nos interlocuteurs, et par excès de zèle très certainement, me voilà partie sur une double proposition, cherchant par tous les moyens à les convaincre que cette solution est économiquement viable et surtout architecturalement beaucoup plus qualitative !
Qu’elle ne fut pas ma déception quand après deux mois de travail sur la présentation de cette version du projet, les promoteurs nous demandent d’abandonner cette proposition sous prétexte que “les coursives ça fait trop de bruit”. Et en attendant, toujours pas de contrat à l’horizon.
Fin Janvier, reprenant le projet de la version avec circulations intérieures, me voici reparti à l’assaut des réglementations d’accessibilité PMR, les normes de parking souterrain, le plan local d’urbanisme et autres préconisations de ZAC incontournables. Tant est si bien que nous parvenons à mettre au point un projet qui nous plait, économiquement raisonnable et dont les typologies de logements semblent fonctionner.
La découverte du fonctionnement des ratios pratiqués en promotion immobilière fut également une sacrée surprise ! D’un côté, il y a un architecte qui parle de qualité des espaces de vie, de matérialité et
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de confort, de l’autre on demande en priorité, un tableau de surface récapitulant l’emprise au sol, la surface de plancher, la surface habitable et les nombres de place de parking. N’y aurait-il pas un entre-deux possible dans ce dialogue de sourd ?
Cette expérience de projet me pousse à questionner la situation de la profession et notamment de la commande privée qui occupe une part importante de l’activité des agences d’architectures. Plusieurs points sont donc à soulever pour tenter de comprendre les difficultés connues à travailler avec les promoteurs immobiliers. Tout d’abord, la question de la faible rémunération des missions de conception qui conditionne la qualité architecturale et le temps alloué à chaque projet. En effet, il semble qu’il soit monnaie courante de réaliser des études de faisabilité sans contrat, ni rémunération, dans l’espoir de se voir attribuer le marché par la suite. Ce fait est assez révélateur de la difficulté que nous connaissons à donner un prix à la création intellectuelle. Le manque “d’éveil architectural” de certains intervenants est aussi un problème affectant la qualité des espaces de vie. Je prends pour exemple cette demande absolument hallucinante qui m’a été faite un jour, de dessiner des T3 de 56m2, sous prétexte que ce sont les typologies qui se vendent le mieux. En ce sens, cette logique de rentabilité des espaces est un frein à la générosité du dessin des logements. Enfin, il est de plus en plus fréquent que la mission de l’architecte s’arrête après le dépôt du permis de construire, une situation révélatrice de la simple nécessité de la signature de ce dernier avant d’internaliser le suivi de chantier.
Stade tribune de Chambéry (73) Ce dernier projet est sûrement le sujet le plus intéressant que j’ai eu à traiter en termes de phase d’étude et de responsabilité depuis mon retour à l’agence. Le projet se situe en plein cœur de Chambéry, à l’endroit où
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se situe l’actuel stade municipal : c’est un concours public gagné en août 2018, par l’association Olgga Architectes + X Architectes. Au-delà de l’ambition du projet, cette expérience m’a permis d’être confronté aux difficultés en matière de négociation et de partage des responsabilités.
Afin de mieux vous expliquer la situation actuelle, il nous faut remonter au moment de l’établissement de la candidature. L’agence X architectes, établie à Chambéry, avec laquelle nous avons déjà gagné un concours d’équipement sportif à Aix-Les-Bains (73), nous a proposé de candidater à nouveau avec eux sur le projet de reconstruction du stade municipal de la ville. L’association des deux agences permettait ainsi de garantir la localité d’une part et les références sportives d’autre part. Après avoir été retenus pour la phase de concours, il avait été expressément évoqué par la maitrise d’ouvrage, leur intérêt pour les références de notre structure.
Nous voici donc lancé dans la première phase de conception. C’est alors que la situation s’est compliquée entre les deux agences. En effet, sans en avoir réellement discuté, l’agence X architectes a décidé de prendre la main sur le projet, mettant de fait Olgga en retrait sans réelle possibilité de participer à l’élaboration de la tribune et ainsi apporter la sensibilité et le design ayant permis d’être retenu à concourir. La relation n’a eu de cesse de se compliqué dès lors. Après avoir appris que nous étions lauréats du concours, il a eu un long moment de silence radio, jusqu’au jour où nous avons été contacté à propos de la signature du contrat et la répartition des honoraires. Quelle surprise de découvrir un tableau de répartition des honoraires ne respectant aucunement l’accord tacite que nous avions passé avec nos cotraitants. Le hasard a fait que j’assistais à cette période aux séminaires de droits, durant lesquels nous avons évoqué les responsabilités de l’architecte, le contrat et la déontologie dans le milieu. Ce fut pour moi l’occasion d’être confronté à une situation
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Tribune principale du Stade municipal par Olgga Architectes, ChambĂŠry (73)
singulière, de deux architectes partagés entre leurs intérêts propres et la volonté d’aller au bout d’un beau projet. A l’heure actuelle, nous avons réussi à nous mettre d’accord sur une répartition qui à mon sens n’est toujours pas équitable au vue du travail que nous allons réaliser sur les différentes phase d’étude et dont les honoraires peuvent déterminer la pérénnité d’une petite structure de cinq personnes. Pour ma part, c’est une superbe opportunité pour un jeune architecte, de travailler sur le développement du projet et le travail avec une vaste équipe de maitrise d’œuvre sur la préparation du chantier d’un stade à 16 millions d’euros.
Ainsi, mon expérience en cours chez Olgga est riche et variée, me permettant à la fois de développer mes connaissances en matière de construction et de législation, d’avoir une grande liberté et de me sentir dans un environnement de confiance, et surtout d’être en capacité d’appréhender la gestion d’une petite structure grâce à la transparence et l’envie de transmettre de toute l’équipe.
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« Développer l’information, la sensibilité et l’esprit de participation du public dans le domaine de l’architecture, de l’urbanisme et de l’environnement ». Art. 7, Loi d’état 77-2 sur l’architecture du 3 Janvier 1977
Et après ?
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Et après ? Réinventer l’architecture par le dialogue est une manière de se détacher de l’uniformisation de la pratique et reconquérir la confiance de populations en manque d’une culture architecturale générale et n’ayant pas nécessairement conscience de l’importance ni du rôle de l’architecte, ni de son propre rôle dans le dessin de la ville.
Cela révèle aussi une diversité de la pratique qui se développe quotidiennement et qui permet d’ouvrir de nouveaux horizons à la profession.
Durant cette période de mise en situation professionnelle, j’ai pu enrichir mon expérience en approfondissant mes connaissances techniques en architecture, en découvrant un fonctionnement d’agence et les questions administratives inhérentes, mais également en ayant la chance de poursuivre mes actions de médiation culturelle. L’intérêt de mon employeur pour les questions de communication et de diffusion de la culture architecturale, m’a permis d’organiser cette pratique en parallèle de mon activité d’architecte chez Olgga architectes. En octobre 2018, j’ai ainsi pu participer pour la seconde année consécutive aux Journées Nationales de l’Architecture à Hyères, une opportunité pour moi de faire connaitre mon travail qui a aboutie sur plusieurs projets dans ce domaine.
Mon temps à l’agence et la transparence dans les rapports souhaités par Olgga architectes, m’a donné envie de continuer à faire projet au côté de cette équipe. Conscient des difficultés actuelles pour les jeunes architectes d’ouvrir leur propre structure, notamment face à la question de la référence et du réseau, il me paraît intéressant d’envisager l’association à une structure existante comme porte d’entrée dans la profession.
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Ainsi, j’envisage de poursuivre ma collaboration avec Olgga architectes en développant son activité dans la région sud-est de la France. A l’heure actuelle, l’agence possède des références construites principalement dans le nord de la France, autour de Lille (de par la présence de l’antenne lilloise), en Normandie et également dans le sud-ouest de la France avec la collaboration de l’Atelier Cambium, dirigé par Olivier Laurent, membre fondateur d’Olgga architectes.
L’agence a également gagné très récemment des concours en Savoie et cherche à continuer à travailler dans la région. Ne souhaitant pas pour autant ouvrir une antenne, nous envisageons donc une association permettant aux deux structures de se soutenir mutuellement avec un objectif commun, faire des projets d’architecture. Cela permettra d’une part à Olgga architectes de développer son implantation dans la région sud-est, sans avoir à créer une antenne physique dans cette région et d’autre part, cela me permettra d’utiliser à la fois mon réseau ainsi que les références et la notoriété de l’agence pour candidater sur la région lyonnaise et les bouches du Rhône, territoires architecturaux difficilement accessibles.
Enfin, j’ai à cœur aujourd’hui de poursuivre mon investissement dans le milieu de la médiation culturelle car il me semble que la pérennité de notre profession se joue aujourd’hui sur notre capacité à mieux communiquer, et à reconstruire un dialogue sain et simple. Ainsi, j’envisage donc de créer une structure qui ne soit pas uniquement orientée vers l’architecture pure et dure, mais plus autour du concept de “design global” sur le modèle anglo-saxon, qui privilégie la pluridisciplinarité au sein d’une même structure afin de diversifier les projets, tant dans leurs natures que dans leurs échelles. Ainsi, je travaille d’ores-et-déjà sur des projets en scénographie, en muséographie et également en milieu scolaire, dans le
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cadre de formations professionnalisantes (spécialisées dans le BTP), afin de sensibiliser les futurs artisans et ouvriers aux questions des traitements architecturaux et techniques.
Cet investissement personnel est pour moi un moyen de transmettre les connaissances acquises pendant et après mon cursus, en espérant que cela participera à reconsidérer certains clichés planant autour de l’architecte.
Je terminerai en prenant pour exemple, le cas de la reconstruction de la charpente et de la flèche de Notre-Dame de Paris. A peine quelques semaines se sont passées depuis ce drame national et les propositions de projets apparaissent déjà de toutes parts. Cela nous amène à entendre aujourd’hui des discours politiques parfois surréalistes quant à l’accaparement de ce projet de patrimoine français par des architectes avides de notoriété. Cette déclaration me laisse penser que l’image de l’architecte en France est une question fondamentale quand on souhaite questionner l’avenir de la profession.
76 - Mémoire HMONP - Pratique Architecture Dialogue