Artravel 73

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ARCHITECTURE | DECORATION | FOOD | TRAVEL LE MEILLEUR DES LIEUX CONTEMPORAINS

#73

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ARTRAVEL

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Architecture Lucas et Hernández-Gil Royal Roulotte

ET TOUJOURS LES PLUS BELLES DEMEURES & HÔTELS AUTOUR DU MONDE

73


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EDITO

Édito 73

ARTRAVEl magazine www.artravelmagazine.com info@artravel.net Directeur de la publication Rédacteur en chef Gregory Ferrante

Rédactrice en chef adjointe Delphine Després

Directeur Artistique Timothé Léopold

Comptabilité Jennifer Ponson

Rédaction Delphine Després Fabienne Dupuis Charlie Leclerc Lina Mistral Vanina Tarnaud Harriet Hamilton

Art Cédric Calmels

Webmaster Chritophe Anull

Rédaction Web Nicolas Rolly

Service Publicité Gregory Ferrante

gregory.ferrante@artravel.net +33 (0)6 70 48 40 67 Publicité Italie Fiorucci International

Alerte ! Cet édito super « réac » est celui d’un simple citoyen qui ne supporte plus l’overdose des propos des politiques prêchant de belles promesses en période électorale, ignorant les années passées à nous affaiblir, tout en faisant de nous des moutons incapables de réfléchir. En visionnant, entre autres, la série Vinyl de Martin Scorsese, j’ai pu constater dans quel monde aseptisé et inculte nous baignons aujourd’hui. Aseptisé, parce que l’interdiction est devenue notre lot commun avec, sans doute, quelques belles avancées sur la cigarette, l’alcool, la conduite, le bruit, la pollution, la mixité… Mais doit-on légiférer sur tout ? Ne sommesnous pas assez clairvoyants pour savoir où se situe la frontière du bien et du mal ? Il me semble qu’il s’agit juste d’une histoire d’éducation. Les associations sectaires trouveront toujours à redire pour défendre leur cause, tel un matador lors de sa corrida, s’acharnant pour bannir une bonne fois pour toute le mot « liberté » du dictionnaire. Les médias d’information ne sont pas en reste en polémiquant à la moindre petite phrase, petit geste, petit tweet… On est bien loin des « Droits de réponse » de Polac et de ses débats enflammés, du « Collaro Show » où l’on pouvait voir un sein sans que les féministes ne crient au scandale, des rigolades dans « Nulle part ailleurs » et de l’esprit Canal qui s’est perdu dans l’entre-soi bobo parisien. Rire c’est mal ; pour être un bon Français, il faut se plaindre, il faut détester celui qui réussit, il faut être médian. On veut bannir toute forme de créativité, parce qu’elle fait peur et que l’on ne peut pas la contrôler… Mais elle est un formidable moteur, résistant à toutes les pressions faisant de nous des Jean Moulin de la mondialisation, et ce pays est rempli de résistants ! Je ne parle pas de ceux du café du matin chez Sergio, mais de ceux que vous retrouverez dans nos pages en 2017 : architectes, décorateurs, designers, peintres, sculpteurs, photographes, etc. Des personnages talentueux qui affrontent, désarmés, la complexité de notre administration, de notre fiscalité accablante, de nos banques sans scrupule.

Via Nazario Sauro, 74 20038 Seregno (MB) T +39 0362 23 22 10 info@fiorucci-international.com

Belle lecture.

Imprimerie

Gregory Ferrante

Tecnografica s.r.l

Via degli Artigiani 4 22074 Lomazzo (CO) - Italie

ARTRAVEL est une publication bimestrielle éditée par la société NOVELA YORK .

ISSN

ARTRAVEL

ARCHITECTURE | DECORATION | FOOD | TRAVEL

LE MEILLEUR DES LIEUX CONTEMPORAINS

Focus | RBC Vintage – Isle-sur-la-Sorgue

BE / ES / GR / IT / LU / PO / Cont : €9.00 - A / DE : €9.90 - GB £8.20 - Suisse 15.00 CHF

M 06314 - 73 - F: 7,90 E - RD

Dépôt légal Février 2016

Couverture :

Barcelone Marrakech Nantes New York Paris Saint-Barthélemy San Francisco Sofia Tel-Aviv Valence

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231, rue Saint Honoré - 75001 Paris T +33 (0)820 890 824 - F+33 (0)970 068 538 S.A.R.L. au capital de 100.000 euros RCS Paris B 477 763 593

#73

Direction Grégory Ferrante

Sujet en page 50. Photo : © NQY Art Isabel Muñoz Charles Carmignac

Architecture Lucas et Hernández-Gil Royal Roulotte

ET TOUJOURS LES PLUS BELLES DEMEURES & HÔTELS AUTOUR DU MONDE

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1769-0765

Commission Paritaire n° 0317 K 86155 Nous poursuivrons conformément aux lois la reproduction ou la contrefaçon des modèles, photographies, dessins et textes publiés dans la publicité et la rédaction de ARTRAVEL - Éditions NOVELA YORK. Tous droits réservés. La rédaction décline toute responsabilité pour tous les documents, quel qu’en soit le support, qui lui seraient spontanément confiés. Les documents reçus ne sont pas rendus et leur envoi implique l’accord de l’auteur pour leur libre publication. Les indications de marques, les prix et les adresses qui figurent dans les pages rédactionnelles sont disponibles à titre d’information. Les textes, photographies et modèles publiés engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Droit d’auteur photos : Droits Réservés sauf autres mentions. Droits réservés ©ADAGP pour les œuvres de ses membres.

30


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SOMMAIRE

104122 9654

36

32

SÉLECTION DESIGN FOCUS

90

FOOD 74

Clover Grill – Paris

76

Papillon – Paris

78

Polpo – Levallois-Perret

82

Eugène Eugène – Puteaux

RENCONTRE 90

Benjamin Paulin et Alice Lemoine

DOMESTISQUE 104

Valley Villa by Arches – Vilnius

112

Savion Residence by Neuman Hayner architects – Tel-Aviv

116

Loft MDP by FFWD Barcelone

44

Iota

46 48

Schneider et A.bsolument

50

RBC Vintage – Isle-sur-laSorgue

122

Loft 9b by Dimitar Karanikolov

54

Fritz Hansen

128

58

Maison Sarah Lavoine – Paris

Montana Residence by Suyama Peterson Deguchi

62

Artdesk Group

66

Retreat in Finca Aguy by Mapa Architects

68

Wikkelhouse

70

Satellite Island – Tasmanie

86

Hôtel André Latin – Paris

96

Davide Groppi

Feelgood Designs


06 SIFAS – MOUGINS, 0492183240 • 06 SIFAS – ANTIBES, 0492914200 • 14 HA DESIGN – CABOURG, 0685773724 • 20 SOLE E OMBRA – AJACCIO, 0495272966 • 29 TERRASSE ET DEMEURE – CONCARNEAU, 0298978858 • 31 TRENTOTTO MOBILIER D’EXTERIEUR – TOULOUSE, 0561224307 • 33 SUN MOBILIER – BORDEAUX LAC, 0556501616 • 33 ACANTHE – LIBOURNE, 0557259767 34 VILLA CALAS – CLAPIERS, 0467559121 • 35 TERRASSE ET DÉPENDANCES – LA MEZIERE, 0299131247 • 41 ADH PAYSAGES – VILLIERS-SUR-LOIR, 0254727949 • 45 ADH PAYSAGES – LA CHAPELLE SAINT MESMIN, 0238251030 • 54 MEUBLES BRAJOU – NANCY, 0383962121 • 59 LE CEDRE ROUGE – SECLIN, 0362276153 • 68 MEUBLES MEIER – BARTENHEIM, 0389683510 69 JARDIN EN SCENE – VILLEFRANCE SUR SAONE, 0474033000 • 74 SAUREL – ANTHY SUR LEMAN, 0450703088 • 75 LE CEDRE ROUGE VICTORIA – PARIS, 0142337105 75 LE CEDRE ROUGE MIROMESNIL – PARIS, 0176783628 • 75 LE CEDRE ROUGE KENNEDY – PARIS, 0176783625 • 76 JARDIN PASSIONS – BOIS GUILLAUME, 0235591940 • 78 LE CEDRE ROUGE – FEUCHEROLLES , 0176783620 • 83 SIFAS – LA GARDE TOULON, 0494239110 • 83 SIFAS – PORT COGOLIN, 0494565866 • 85 SARL VILLA D’AZUR – LA ROCHE SUR YON, 0251310615 ARTOPIA – (CH) GENÈVE, 0041227868002 • GHEQUIERE – (BE) COURTRAI (AALBEKE), 003256412965 • COMPAGNIE DES JARDINS – (BE) BRUXELLES, 023757239


SOMMAIRE

170 134

142 180 154

ARCHITECTURE

HÔTEL

ART

134

Lucas Y Hernández-Gil

150

Villa Marie – Saint-Barthélemy

180

Charles Carmignac

142

Royal Roulotte

154

Le Général – Paris

184

Isabel Muñoz

158

Snob – Paris

162

Beldi Country Club – Marrakech

166

Four Season – New York

170

Zeppelin – San Francisco

174

La Pérouse – Nantes

178

Valencia Lounge – Valence

34

192

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Banquette DAY BED Design : Pierre Paulin pour Ligne Roset www.ligne-roset.com

Fauteuil FAVELA Design : Fernando & Humberto Campana pour Edra www.edra.it Ensemble de la collection HOCKNEY Design : Rodolfo Dordoni pour Minotti www.minotti.it

Vintage et Bohème chic 36


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SÉLECTION DESIGN |

Fauteuil STANFORD Design : Jean-Marie Massaud pour Poliform www.poliform.it

Lampe TOIO Design : Castiglioni pour Flos www.flos.com

Fauteuil UP Design: Gaetano Pesce pour B&B Italia www.bebitalia.com

Fauteuil BETTY Design interne Flexform www.flexform.it

Fauteuil ANDY Design : Pierre Paulin pour Ligne Roset www.ligne-roset.com

38


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CONTACTS France Nord: Luc Chapuis, T. 0668400680. luc.chapuis@kettal.es France Sud: Michel Rinaldi, T. 0699269899. michel.rinaldi@kettal.es HEAD OFFICE KETTAL / CONTRACT BARCELONA: Aragรณn 316, 08009 Barcelona, Spain. T. (34) 93 487 90 90 Alexis Gouilly-Frossard, T. (34) 659410189. alexis.gouilly@kettal.es

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SÉLECTION DESIGN |

Fauteuil de la collection ROTIN Peau HANNIBAL Design interne Angel des Montagnes www.angeldesmontagnes.com

Chaise de la collection ROTIN Peau HANNIBAL Lampe à poser de la collection BOULE Coussins de la collection CHIMERE Design interne Angel des Montagnes www.angeldesmontagnes.com

Fauteuil VEGA Design : Jasper Morrison pour Artifort www.artifort.com

Table basse GUÉRIDON J.M. Design : Charlotte Perriand pour Cassina www.cassina.it Fauteuil de la collection PLATNER Design : Warren Platner pour Knoll www.knoll.com Tea table D.555.1 Design : Gio Ponti pour Molteni www.molteni.it

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Papier peint Perles. Offrez-lui un mur de perles.

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Tabouret LUCIO Design : Giorgio Bonaguro pour Valsecchi 1918 www.valsecchi1918.it

Table SFERA Design : Ron Gilad pour Molteni www.molteni.it

Sofa DS-21 Design : Stephan Hürlemann pour de Sede www.desede.ch

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Suspension SELENE Design : Sandra Lindner pour ClassiCon www.classicon.com

Chaise CROSS CHECK Design : Frank Gehry pour Knoll www.knoll.com


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FOCUS | IOTA

Projet engagé

L’entreprise Iota, basée à Tel-Aviv, conçoit des tapis, des coussins et des poufs tricotés à la main. Des produits ultra chics pensés de manière responsable. Texte : Delphine Després Photos : DR Les couleurs sont tendance, les matières sont chaleureuses, les pièces sont élégantes et contemporaines. Iota présentait sa collection pour la première fois en France en septembre dernier à Maison & Objet et a retenu notre attention. Du pouf en chêne avec une assise composée de 50 fleurs faites à la main au tapis assemblé avec 120 fleurs tricotées ou encore à la balançoire aérienne en chêne rehaussée d’éléments tricotés, les créations de la marque israélienne sont extraordinaires à plus d’un titre. À la tête de Iota, la fondatrice Shula Mozes et la designer Tal Zur, deux femmes qui brandissent haut et fort les valeurs du slow design. Leurs modèles sont de grande qualité et confectionnés avec des fils uniques, côté formes et couleurs, élaborés spécialement pour Iota. L’idée est aussi de mêler des savoir-faire anciens à des designs novateurs, tout en plaçant l’humain au cœur même du projet. Iota a en effet fait le choix de travailler avec des personnes en situation de précarité – au chômage depuis de longues années –, à qui elle propose également des formations pour apprendre la technique du tricot – tout en reversant une partie des bénéfices à des programmes de soutien à l’éducation. Un projet social, éthique et esthétique, tout à fait remarquable !

iotaproject.com

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© Serge Anton

www.baobabcollection.com


FOCUS | SCHNEIDER ET A.BSOLUMENT

À VOS POSTES

Autour d’une passion commune pour l’audio et les beaux objets, A.bsolument et Schneider s’associent pour redonner vie à nos radios vintage et les équiper de technologies actuelles. Texte : Lina Mistral Photos : © Schneider

Cette alliance-là est un vrai bonheur pour les mélomanes collectionneurs et les amoureux de beaux objets vintage. A.bsolument, l’installateur de nouvelles technologies dans d’authentiques radios vintage et meubles audio anciens, et Schneider, l’un des pionniers dans la conception de postes de radio et de téléviseurs en France, ont en effet uni leurs compétences pour proposer un service unique ! Si l’on peut acquérir un modèle ancien de Schneider modernisé, il est surtout envisageable de faire restaurer sa propre radio ancienne et de lui offrir des équipements ultra modernes ! Selon les options choisies, A.bsolument pourra y intégrer un haut-parleur 2 voies 120 W, un amplificateur de classe AB 50 W, le Bluetooth 4.0, une alimentation 12V. Avec plusieurs possibilités de finition dont le rétroéclairage du cadran de la radio, ainsi que l’ajout d’une entrée jack et le réglage du volume à l’avant de la radio. Une bien belle idée !

www.schneiderconsumer.com/fr/ www.a-bsolument.fr/schneider/

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Bath & Art de Vivre

«The Keys at Quinta» villas privées, Portugal © Hi-Cam Portugal

Collection Spirit

Dessinée et fabriquée en France, par Studio THG Paris

www.thg-paris.com

PARIS SHOWROOM Delépine Paris 152 Boulevard Haussmann 75008 Paris Tel. +33 (0)1 44 20 09 20 info@delepine.com www.delepine.com


FOCUS | FEELGOOD DESIGNS

DESIGN AU NATUREL Matière de prédilection du mobilier de Feelgood Designs, le rotin revient en force dans nos intérieurs. Le mois dernier au salon Maison & Objet Paris, la marque présentait deux nouveaux modèles en exclusivité en Europe, et toujours quelques pièces vintage iconiques. Détails. Texte : Delphine Després Photos : © Michael Kai

© fotostudio.be

À l’origine de Feelgood Designs, un couple d’Australiens passionnés de design, qui commence par rééditer des classiques comme les pièces emblématiques en rotin du Japonais Yuzuru Yamakawa – la chaise C603 créée en 1858 et les fauteuils C317 et Highback datant des années 60 – ou encore la célèbre Basket chair de Gian Franco Legler. Cette dernière, imaginée par le designer italo-suisse en 1951, « illustre parfaitement la philosophie de Feelgood Designs : le travail de la matière, la simplicité des lignes, sans oublier, le confort d’assise que l’on doit à la forme organique en rotin finement tressé ». Si la firme a été notamment remarquée pour ses rééditions, elle collabore aussi avec des designers émergents.

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Lors du dernier salon Maison & Objet Paris, la marque a dévoilé, pour la première fois en Europe, le fauteuil Tornaux, designé par Henrik Pedersen, et la chaise Reef, dessinée par Jakob Berg. Contemporaines, vintage ou ethniques, les collections en rotin issu de la forêt indonésienne – assises surtout, mais aussi tables et luminaires –, distribuées en Europe par la société Marta b.v., se marient joliment avec tous les styles. On aime leurs lignes claires et limpides, leur poésie, leur qualité, leurs matériaux traditionnels et artisanaux, leurs versions outdoor (en acier thermolaqué et polyrotin). Et, on adore le look vintage de quelques sièges toujours très actuels !

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FOCUS | RBC VINTAGE – ISLE-SUR-LA-SORGUE

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Temple du design vintage Au cœur de l’Isle-sur-la-Sorgue, charmante petite ville du Vaucluse chérie par les amoureux de la chine, RBC a dévoilé il y a quelques mois un showroom peuplé de pièces iconiques de l’histoire du design contemporain. Visite d’une adresse dans l’air du temps. Texte : Delphine Després Photos : © NQY

Le meilleur du design du XXe siècle est ici ! Au cœur de la capitale française de la brocante et des antiquités, Franck Argentin, créateur des showrooms de mobilier design RBC a ouvert une nouvelle adresse prodigieuse : RBC Vintage, avenue de la Libération, imaginée par le designer Jean-Marie Massaud. « Il a transformé une ancienne banque sans âme en un espace immaculé et chaleureux : un espace ouvert qui fait entrer avec générosité la lumière du Sud grâce à un principe de verrières en acier Corten qui orne les façades végétalisées côté Sorgue et côté rue, ainsi que deux belles terrasses pour profiter de l’expérience shopping des beaux jours », détaille RBC. Le lieu enferme des pièces de design originales éditées dans les années 50, 60 ou 70, des rééditions des marques Artifort, Fritz Hansen et Vitra, ainsi que des pièces en série limitée éditées avec des finitions rares. Certaines pièces d’exception sont même en vente uniquement chez RBC Vintage.

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FOCUS | RBC VINTAGE – ISLE-SUR-LA-SORGUE

“ Le lieu enferme des pièces de design originales éditées dans les années 50, 60 ou 70, des rééditions, ainsi que des pièces en série limitée. ” 52


Ainsi, peuvent se côtoyer, selon Franck Argentin, « le fauteuil Ribbon de Pierre Paulin réédité dans son tissu d’origine ou encore le fauteuil Karaté de Michel Cadestin pour Airborne, pièce vintage iconique »… Un espace librairie comptant de nombreux ouvrages sur la thématique complète aussi l’offre. « RBC Vintage est également un lieu connecté, grâce au partenariat noué avec Design Market, le premier marché en ligne du Mobilier Design et Vintage. » RBC Vintage met en effet à disposition des visiteurs une tablette tactile interactive géante connectée à l’offre complète de Design Market, site qui fédère plus de 300 galeries de mobilier design du XXe siècle de toute l’Europe, soit près de 8 000 pièces vintage complémentaires à la sélection du showroom. Une adresse idéale pour dénicher les pièces rares et vintage qui s’accorderont joliment à nos meubles contemporains !

www.rbcmobilier.com

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©Fritz Hansen

FOCUS | FRITZ HANSEN

Héritage scandinave Référence dans l’univers du design, la marque Republic of Fritz Hansen édite des pièces iconiques, intemporelles et élégantes. Zoom sur quelques nouveautés. Texte : Lina Mistral Photos : © Fritz Hansen

Sur cette page : édition collector de la chaise Fourmi, imaginée en 1952 par l’architecte danois Arne Jacobsen. Fritz Hansen la présente dans une nouvelle version en chêne teinté gris chaud et piétement assorti bronze.

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©Fritz Hansen

Sur cette page : nouvelle version Dark Blue du fauteuil Ro de Jaime Hayón pour Fritz Hansen, dont le tissu de la coque diffère de celui des coussins.

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©Fritz Hansen

©Fritz Hansen

©Fritz Hansen

FOCUS | FRITZ HANSEN

Fondée en 1872 par Fritz Hansen, fabricant danois de meubles, l’entreprise Fritz Hansen est aujourd’hui reconnue comme l’un des leaders mondiaux sur le plan du design et de la fabrication de mobilier exclusif. Il faut dire qu’elle a su s’entourer de grands noms qui ont contribué à sa réputation, comme Arne Jacobsen, Verner Panton, Hans Wegner et Poul Kjærholm. Plus d’un siècle plus tard, la firme continue de préserver cet héritage précieux et collabore avec d’autres maîtres internationaux du design qui poursuivent son histoire, tels Cecilie Manz, Piero Lissoni, Todd Bracher, Kasper Salto ou encore Jaime Hayón. Ce dernier designer espagnol vient d’ailleurs de participer à la nouvelle ligne d’accessoires Objects initiée par Republic of Fritz Hansen. Tout comme le duo Studio Roso et Wednesday Architecture. Objects se compose de douze objets de déco pour la maison – miroir, vases, plateaux, chandeliers, etc. – fabriqués à partir de matériaux nobles, reflétant la passion de Fritz Hansen pour des pièces design et fonctionnelles. « La ligne sera développée au fil du temps, puisque de nouveaux accessoires viendront compléter la collection », confie Christoffer Back, directeur de Fritz Hansen Objects. Autre sujet : la chaise Fourmi en édition limitée ! « Imaginée en 1952 par l’architecte danois Arne Jacobsen, cette nouvelle version en chêne teinté gris chaud et piétement assorti bronze met en valeur les formes organiques originales de cette chaise. La teinte de l’assise souligne le veinage de l’essence du bois de chêne lui donnant ainsi un look subtilement patiné. » Ces quelques nouveautés, pensées dans le plus grand respect de l’histoire et des origines de la marque, complètent avec grâce les collections éditées par Republic of Fritz Hansen. fritzhansen.com Sur cette page : nouvelle ligne d’accessoires Objects designés ici par Jaime Hayón pour Fritz Hansen.

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©Fritz Hansen

Sur cette page : coussins de la nouvelle ligne Objects, inspirés de motifs originaux d’Arne Jacobsen. Chaise Drop en cuir, conçue en 1958 par le même architecte designer.

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FOCUS | MAISON SARAH LAVOINE – PARIS

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Chez Sarah L’architecte d’intérieur Sarah Lavoine vient d’inaugurer son showroom Maison Sarah Lavoine sur la charmante place des Victoires à Paris. Un concept qui dévoile les créations de la reine du chic, et ses coups de cœur. Texte : Lina Mistral Photos : © Francis Amiand

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FOCUS | MAISON SARAH LAVOINE – PARIS

“ Mobilier, couleurs fortes, miroirs et rayures… tout l’univers lifestyle de Sarah Lavoine est là. ”

Mobilier, couleurs fortes, miroirs et rayures… tout l’univers lifestyle de Sarah Lavoine est là. Sur 400 m2 et deux niveaux, l’architecte d’intérieur et designer a pensé son nouveau showroom comme sa maison. Au gré de nos déambulations, on découvre une cuisine – dans laquelle l’on peut s’installer pour déguster un bon café –, une salle à manger, un salon, une bibliothèque, et même une chambre et un dressing. Dans chaque pièce de sa boutique, Sarah Lavoine a joliment mis en valeur ses collections dans des espaces teintés par les couleurs qu’elle chérit – dont le fameux Bleu Sarah, édité par Ressource. Ainsi se mêlent joyeusement canapés, plateaux, bougies, art de la table, linge de maison, luminaires, tapis, tables, chevets, etc. Mais ce n’est pas tout… La designer nous fait également partager ses coups de cœur, en présentant des produits de qualité dénichés aux quatre coins du monde. Parmi ses découvertes, elle a sélectionné, entre autres, la sauce italienne Al Dente La Salsa, les infusions de plantes Le Bénéfique, les produits Da Rosa, des céramiques de Robert Picault, les brosses et produits made in France d’Andrée Jardin, les vêtements et chaussures de la marque Sézane, des ouvrages sur l’architecture, la mode et les voyages, etc. Un showroom élégant et inspirant où l’on est choyé ! www.sarahlavoine.com

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INTERIOR INNOVATION AWARD 2015 WINNER SHOWROOM: ALEXANDER-BRETZ-STR. 2  D-55457 GENSINGEN  TÉL 00.49.67.27.89.50  CULTSOFA@BRETZ.DE FLAGSHIPS: BRETZ STORE BY TOPPER  63 RUE DE LA CONVENTION  75015 PARIS  TÉL 01.45.77.80.40 BRETZ STORE BY RAPHAELE  23 COURS DE LA LIBERTÉ  69003 LYON  TÉL 04.78.60.06.09  WWW.BRETZ.COM


FOCUS | ARTDESK GROUP

Décoration et choix du mobilier, abolition des pratiques traditionnelles, optimisation des mètres carrés, création de décors vintage personnalisés, etc., Artdesk Group, en précurseur, redonne vie et chaleur aux espaces tertiaires. Et nous le prouve dans ses 800 m2 de bureaux et dans L’Appartement Kidimo rue de Monceau à Paris. Explications. Texte : Charlie Leclerc Photos : © Jim Winter

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Quel est le point commun entre Bla Bla Car, Crédit Agricole, Direct Energie, Euronext, Groupe Saint-Gobain, L’Équipe, Linkedin et Roederer – entre autres ? L’envie de redonner du sens à leurs espaces de travail ! Tous ont en effet fait appel aux compétences d’Artdesk Group pour repenser leurs bureaux. En 2003, Jean-Claude et Nicolas Paugam fondaient Artdesk – devenu dernièrement Artdesk Group –, afin de s’exprimer sur l’univers du workspace. « Spécialisé dans les nouveaux modes et espaces de travail de demain, Artdesk Group accompagne ses clients dans une démarche globale totalement collaborative du conseil à la remise des clés en passant par l’architecture d’intérieur, la distribution de mobilier et le décor », explique la société. L’atmosphère chaleureuse des Home Sweet Home entre ainsi dans les entreprises. Pour illustrer ses propos, le groupe a mis en pratique sa philosophie au sein même de ses 800 m2 de bureaux, situés dans un immeuble industriel, 93 rue de Monceau.


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FOCUS | ARTDESK GROUP

“ La tendance ? Le SBF : sans bureau fixe. ”

« Nous avons nous-mêmes adopté en interne ces nouveaux modes de travail innovants, raconte Nicolas Paugam. Ainsi, nos collaborateurs n’ont plus de postes de travail fixes. Ils se déplacent tout au long de la journée et utilisent différents espaces connectés et parfaitement adaptés à chacune des activités du moment. En tant que cofondateur, je suis SBF, sans bureau fixe. Finalement cette tendance invite le top management et le middle management à évoluer au cœur même des échanges et des équipes. C’est aussi une tendance que nous préconisons en ce moment chez nos clients dans l’agencement de leurs nouveaux locaux. » Grâce aux spécificités de chaque entité, Artdesk Group regroupe tous les métiers du workspace. Eso est la filiale « conseil, recherche et développement ». Artdesk se penche sur la conception et la réalisation des aménagements. OtherDesign trouve le bon et le beau mix côté mobilier et accessoires pour chaque espace tertiaire. Elle dévoile également un workshop – toujours au 93 rue de Monceau – permettant ainsi de visualiser les solutions et de découvrir les produits de nombreuses marques, comme Hay, Usm, Tolix, Fatboy, Philippi, Herman Miller, Kubbick, etc. Quant à la petite dernière, Kidimo, elle pense, via L’Appartement Kidimo de 120 m2 au 86 rue de Monceau, des ambiances et décors composés de pièces chinées, d’objets, de meubles et de lettres vintage. Un style conférant une forte personnalité aux lieux de travail ! Des espaces audacieux loin des aménagements traditionnels qui contribuent au bien-être des dirigeants et des collaborateurs.

www.artdesk.fr

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Alexandre Nicolas. Fashion Fœtus Anna, 2016. Inclusion dans du cristal de synthèse. 23 x 33 x 23 cm.

Le choix du prestige et de l’exclusivité.

Un concept unique de galerie en ligne où professionnels et collectionneurs ont la possibilité de vendre et d’acquérir des œuvres d’art.

ventedart.com


FOCUS | RETREAT IN FINCA AGUY BY MAPA ARCHITECTS

L’hymne à la contemplation Les propriétaires de ce projet ont fait le choix du préfabriqué pour ancrer leur demeure au sein de ce paysage uruguayen sauvage. Regard sur Retreat in Finca Aguy, l’une des récentes réalisations de Mapa Architects. Texte : Charlie Leclerc Photos : Leonardo Finotti

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Présente en Uruguay et au Brésil, Mapa Architects est une agence d’architecture qui propose des projets à des échelles très variées dans ces deux pays d’Amérique latine. Leurs réalisations relèvent souvent de l’exploration architecturale et demeurent plutôt non conventionnelles. Le projet Retreat in Finca Aguy, situé à Pueblo Edén en Uruguay en bordure d’un champ d’oliviers, illustre parfaitement cette philosophie. Ici, l’agence d’architecture a tout mis en œuvre pour inscrire au mieux cette maison de 115 m2 dans son environnement préservé très nature. Afin de minimiser son impact sur le site, Mapa a opté pour la construction d’un bâtiment préfabriqué à 200 kilomètres de là, dans une usine près de Montevideo. « Il est fondamental de respecter l’état d’origine de tels paysages, précise l’agence d’architecture. Il est donc indispensable que les choses puissent être réversibles. La préfabrication nous permet de travailler avec des procédés industriels de haute précision.

Cela amortit l’impact de la construction sur le terrain, et minimise les déchets, le personnel in situ et le déplacement : une combinaison parfaite de la nature et de l’industrie. » L’autre avantage, c’est aussi le délai ! Quelques mois seulement ont été nécessaires à la construction de cette maison, dont la première partie a été posée sur un mur en pierre. Si le bois sublime les extérieurs, il pare également les murs et les sols des intérieurs. Designés par BoConcept, les espaces ont été pensés de manière très épurée, afin de valoriser l’acteur majeur du projet, le paysage, et de laisser place à la contemplation. Retreat in Finca Aguy s’impose comme un refuge contemporain de caractère, intelligemment conçu et esthétiquement abouti.

mapaarq.com

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FOCUS | WIKKELHOUSE

CARTON PLEIN

Grâce à des techniques innovantes, l’entreprise néerlandaise Fiction Factory a inventé la Wikkelhouse : une maison en carton recyclé au design soigné. Zoom sur un projet écolo un peu fou. Texte : Charlie Leclerc Photos : © Yvonne Witte

Au premier abord, l’idée semble un peu insensée… Et pourtant, la société Fiction Factory, basée à Amsterdam, a osé se lancer dans l’aventure : celle de la conception d’une habitation modulaire en carton entièrement recyclable et facile à installer. « À partir d’un arbre sélectionné, l’entreprise fabrique du carton de haute qualité, ensuite enroulé autour d’un moule de la forme d’une maison, détaillent les créateurs. La Wikkelhouse possède 24 couches de carton collées ensemble. Nous la couvrons d’un enduit résistant à l’eau et la finissons avec du bois. Quand elle est prête, nous la mettons sur un camion et pouvons l’emmener n’importe où ! Elle est construite pour tenir au moins 100 ans ! Légère, elle n’a pas besoin de fondations. »

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La maison est formée par plusieurs modules assemblés – chacun mesurant 1,2 mètre de long –, et l’on peut ainsi choisir sa grandeur selon ses envies ! À l’intérieur, Fiction Factory a misé sur un design épuré – personnalisable –, et la Wikkelhouse peut parfaitement abriter une chambre à coucher, une salle de bains, une cuisine. Si elle se monte en deux journées au maximum, elle est aussi facilement démontable. Disponible dans quelques pays européens dont la France, ce concept d’habitation novateur – moins onéreux qu’une construction traditionnelle – est aussi durable qu’esthétique et malin.

www.wikkelhouse.com


LES YEUX DANS LE BLEU DU PLUS BLEU DES LAGONS

CARRÉ BLEU, CRÉATEUR DE BLEU

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FOCUS | SATELLITE ISLAND – TASMANIE

Seul au monde

Embarquement pour une contrée lointaine et isolée… Au large de la Tasmanie, Satellite Island, hôtel et île privée, nous promet une déconnexion totale ! Tout comme cette cabane chic au bord de l’eau à la décoration éclectique. Texte : Charlie Leclerc Photos : Satellite Island

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Pour échapper au rythme effréné de notre quotidien et vivre l’expérience ultime du refuge, Satellite Island semble une destination parfaite. Certes, ce spot à d’innombrables heures d’avion se mérite… Mais la promesse vaut le déplacement et les dix heures de décalage horaire ! À quelques miles des côtes de la Tasmanie en Australie, tout au sud, Satellite Island, découverte par l’explorateur français Bruni D’Entrecasteaux en 1792, dévoile un hébergement de caractère au cœur d’une nature sauvage, iodée et préservée. Et lorsque l’on séjourne ici, on ne réserve pas seulement une chambre d’hôtel, mais l’île toute entière ! Un luxe rare. Ainsi, l’on vit une expérience extraordinaire et en intimité totale ! Une autre personne réside cependant sur l’île : non, ce n’est pas Wilson, mais Richard le gardien, à qui l’on peut faire appel si besoin. Promis, vous n’aurez pas à pêcher pour vous nourrir ou à passer vos journées à fabriquer un radeau pour vous échapper…

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FOCUS | SATELLITE ISLAND – TASMANIE

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“ Ici le temps s’égrène paisiblement et simplement. ” Privatiser l’île une nuit pour deux personnes coûte au minimum 1 200 $, et à ce prix, on jouit de tout le confort ! Dormir sur l’eau dans une cabane, plonger, admirer le coucher du soleil, allumer un feu sur la plage de galets, explorer l’île à pied ou en kayak, partir découvrir Bruny Island, dénicher des huîtres sauvages sur les rochers, contempler le ciel scintillant d’étoiles, se poser sur le ponton et bouquiner… Ici le temps s’égrène paisiblement et simplement. L’île possède plusieurs logements – pensés dans un profond respect de l’environnement – que l’on occupe en toute liberté : une maison sur les hauteurs de la falaise, une tente de luxe et ce refuge exclusif en bois noir sur les flots – la boathouse – avec deux chambres, deux salles de bains et deux terrasses privées.

La décoration de ce refuge imitant une cabane de pêcheurs oscille entre créativité, simplicité et raffinement avec un charme un brin nordique, voire shabby chic, des tonalités claires, des objets et meubles surtout chinés, voire retapés… Quelques touches ethniques ou plus industrielles ponctuent aussi le lieu. Pour se restaurer, on peut faire appel (sur réservation) à un chef privé ou bien utiliser les magnifiques ressources de l’île : herbes fraîches, fruits et légumes du potager, œufs des poules sauvages, huîtres sauvages, coquillages et poissons de l’île issus des eaux les plus pures du canal d’Entrecasteaux. Un garde-manger pourvu de produits gastronomiques est également à disposition. Un concentré de magie et d’expériences délicieuses. Un séjour qui marque une vie.

satelliteisland.com.au

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FOOD | CLOVER GRILL – PARIS

DÉLICIEUSE SIMPLICITÉ À deux pas du Louvre, le Clover Grill fleure bon les grillades ! Mais pas n’importe lesquelles… Celles d’un grand chef ! Le nouveau lieu d’expression de Jean-François Piège honore les beaux produits et la création culinaire dans un décor rétro ponctué de beaux matériaux. Texte : Charlie Leclerc Photos : © Nicolas Lobbestael

En 2015, Jean-François Piège et son épouse Élodie ouvrait Le Grand Restaurant, dans le VIIIe arrondissement de Paris, une adresse gastronomique designée par la talentueuse architecte Gulla Jónsdóttir. Avec le Clover Grill, dans la lignée du Clover de la rue Perronet, le couple revient sur le devant de la scène, mais dans un autre registre. Côté décoration tout d’abord. Cet écrin, entièrement imaginé par Jean-François et Élodie, mêle boiseries, marbre, banquettes en cuir, chaises en acajou et cannage… Le tout dans un esprit assez vintage. « On y retrouve également des azulejos portugais dénichés à Lisbonne dans l’une des plus vieilles manufactures d’azulejos encore existante en plein Bairro Alto, complètent-ils. Ces azulejos prennent la forme d’arbres fruitiers qui longent la majestueuse cuisine ouverte. L’occasion de profiter du balai gastronomique depuis la salle principale du restaurant. » Par ailleurs, « une armoire réfrigérée de maturation de viande a également été conçue spécialement ». Et enferme quelques belles pièces prêtes à griller. « Deux billots chinés entourent également cette cave de maturation afin de conférer à l’endroit une vraie convivialité. » La convivialité s’impose en effet comme l’un des maîtres mots de ce restaurant de 45 couverts de la rue Bailleul. Les deux complices ont souhaité un lieu simple, familial et chaleureux ! Et dans lequel on se régale aussi… Le Clover Grill célèbre la cuisson à la braise et à la rôtisserie. « Cela commence par le choix du bon charbon, de la bonne essence de bois. Puis par l’apprivoisement de la flamme et donc la maîtrise du feu et de la braise afin d’obtenir une cuisson parfaite. » Si le chef doublement étoilé fait la part belle aux viandes de grande qualité saisies à l’instant (bœuf Prime Angus du Kansas, bœuf Black Market d’Australie, bœuf de Bavière ou encore d’Aquitaine), toutes sélectionnées par le boucher Olivier Metzger, il propose également de beaux poissons et des légumes grillés. Les autres plats nous font aussi saliver : cœur de romaine cuit à la grillade, riz Koshihikari grillé, pizza soufflée, poulette de Bresse à la broche, homard bleu cuit au grill, etc. Même les fruits n’échappent pas au concept : ananas à la broche, banane rôtie, tarte aux fruits grillés. Et pour multiplier les plaisirs, ajoutons que le restaurant possède une carte de neuf cocktails originaux, élaborés en collaboration avec l’Experimental Group. Vite, on réserve !

www.clover-paris.com

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FOOD | PAPILLON – PARIS

SINCÉRITÉ ET GÉNÉROSITÉ

Après de nombreuses années passées aux côtés de chefs prestigieux, Christophe Saintagne volait l’an dernier de ses propres ailes. Papillon, son restaurant dans le XVIIe arrondissement de Paris, est un enchantement, de l’assiette, sublime et créative, au décor, inspiré et mâtiné de touches rétro. Texte : Delphine Després Photos : © Pierre Monetta

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Les amateurs de chocolat se souviendront longtemps de cette adresse. Croyez-moi, le Gâteau au chocolat, crème épicée de Christophe Saintagne laisse une trace indélébile. Entre soufflé et moelleux, ce dessert, servi tiède et à la cuillère, est rapidement devenu l’une des spécialités de la maison. Ce midi de janvier lors de notre visite, beaucoup de convives semblent s’en délecter ! Cette recette n’est pas la seule à faire mouche… Son Cochon fermier en promenade à Utah Beach, son Merlan étuvé, poireaux au gros sel, chou ou encore son Poulpe rôti, potiron, agrumes, comptent parmi d’autres merveilles. Le chef s’évertue par ailleurs à chasser les graisses inutiles, sans rien ôter à la saveur de ses plats. « En ce moment, je suis très inspiré par les travaux d’Alain Passard, par sa cuisine très instantanée », ajoute-t-il. Et le chef de 39 ans d’assembler ses produits au dernier moment pour sublimer tous les goûts. Christophe Saintagne possède un bagage solide. Ce Normand d’origine a notamment collaboré avec Jean-François Piège, mais surtout avec Alain Ducasse, pour lequel il a dirigé de nombreux restaurants dans le monde : des cuisines du Plaza Athénée à celles du Meurice dernièrement – il succède à Yannick Alléno – où il obtient trois étoiles Michelin, le jeune chef excelle. Puis rend son tablier pour vivre sa propre aventure, celle de Papillon, son restaurant installé rue Meissonier à Paris, où il prône « une gastronomie du quotidien ». « C’est un lieu de gastronomie accessible, et qui a du sens, explique-t-il. Je suis à l’entière écoute des producteurs qui me contactent directement lorsqu’un produit est disponible. Papillon reflète la sincérité. Je suis dans un respect total des saisons. Je souhaitais également un lieu de partage en adéquation avec notre époque. Aussi, j’ai voulu un outil performant dans un environnement où tout le monde, collaborateurs et clients, se fait plaisir. » Pour penser ses intérieurs, il a fait appel à Pierre Tachon, avec lequel il avait déjà travaillé chez Ducasse. Le designer et le chef ont imaginé un espace table d’hôtes bleu nuit, légèrement en retrait, où trône une imposante table en marbre de Carrare aux contours irréguliers. La salle du restaurant très lumineuse marie murs clairs, peints ou en pierre apparente, miroirs panoramiques au-dessus des banquettes en cuir camel, parquet en chêne associé à des carreaux hexagonaux, tables en chêne serties d’un liseré de laiton, chaises Stia, etc. Entre simplicité, élégance, modernité et notes rétro, le décor de Papillon demeure sobre mais chaleureux. Ce restaurant de quartier au service impeccable et souriant est à tester les yeux fermés. Pensez cependant à réserver, car l’engouement pour l’endroit est réel !

www.papillonparis.fr

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FOOD | POLPO – LEVALLOIS-PERRET

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UN AIR DE VACANCES L’architecte d’intérieur Laura Gonzalez signe le décor de cette péniche et lui confère un look de guinguette chic. À LevalloisPerret, cette brasserie seafood sur la Seine nous dépayse et nous régale ! Texte : Delphine Després Photos : © Inside360

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FOOD | POLPO – LEVALLOIS-PERRET

“ Le Polpo dévoile différentes ambiances dans un esprit bohème bord de mer totalement rafraîchissant. ” Amarrée aux quais de Seine, cette péniche, entièrement relookée il y a quelques mois par l’architecte d’intérieur Laura Gonzalez, a fière allure ! Et quelques habitués ont déjà pris le pli… Certains s’y précipitent en sortant du bureau pour décompresser dans les canapés autour d’un verre, voire d’un cocktail maison, tout en dégustant un petit plateau d’huîtres ou quelques assiettes à partager… D’autres aiment venir ici le dimanche en famille pour leur fameux brunch, pendant lequel clown et magicien amusent les enfants. Évidemment, on y déjeune aussi le midi ou l’on y dîne le soir comme dans n’importe quel restaurant. Enfin pas tout à fait… Parce que la décoration initiée par Laura Gonzalez invite à une vraie convivialité ! Entouré de parois vitrées découvrant la Seine, le Polpo dévoile différentes ambiances dans un esprit « bohème bord de mer » totalement rafraîchissant. « Laura Gonzalez a décoré le restaurant en utilisant des matériaux naturels comme le rotin pour les chaises et les tabourets de bar, la corde pour l’habillage du bar, ou encore le lin des rideaux, mariés avec des objets déco assortis comme les suspensions en paille tressée, les cannisses en bois naturel, les jolies lampes en céramique et toute une série de Pet lamp colombiennes », détaille l’établissement.

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Un côté « beach club » est également suggéré avec les rayures vertes des banquettes, tandis que d’autres coussins jaunes apportent une note de douceur. Et puis, ce grand espace profite aussi d’un mur de chapeaux le long des escaliers de l’entrée, d’un avant bar en carreaux de ciment colorés, de cheminées suspendues et non factices ! Ce décor hétéroclite vraiment est très accueillant ! Dans l’assiette, la variété des propositions – à prix raisonnables – permet de satisfaire tout le monde ! Le chef prépare aussi bien un Plateau Seafood, des Moules à la plancha, un Poulpe en persillade, chorizo ibérique, ratatouille, un Homard rôti au beurre demi-sel, frites maison, que des viandes – dont la Côte de bœuf Irish Cut pour deux personnes –, de grandes salades ou encore de délicieuses pâtes. N’oublions pas les desserts, simples et efficaces : Ile flottante caramel beurre salé, baba Polpo, Mille-feuille vanille, Petits pots de crème vanille, café & caramel, etc. Un service souriant, une bonne cuisine et un cadre vraiment chouette… Tous les ingrédients sont ici réunis pour savourer de bons moments !

www.polpo-brasserie.fr


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La perfection suisse à la maison


FOOD | EUGÈNE EUGÈNE – PUTEAUX

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HALTE DÉPAYSANTE L’été dernier, Artravel vous présentait le restaurant avec suites « 105 by La Cantine » à Ibiza, initié, entre autres, par Héléna Paraboschi. Cette fois, c’est à Puteaux que nous l’avons retrouvée. Créatrice du restaurant Eugène Eugène, designé par le Studio KO, elle dévoile une adresse au décor chic, bohème, assez magique. Texte : Delphine Després Photos : © Yann Deret

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FOOD | EUGÈNE EUGÈNE – PUTEAUX Il semblerait que le raffinement et l’étonnement soient deux des dénominateurs communs des établissements d’Héléna Paraboschi… Sa brasserie Eugène Eugène, ouverte récemment, n’échappe pas à la règle ! D’accord, elle se trouve à Puteaux… Pourtant, elle vaut le détour. Depuis la rue, une vaste halle située en face du marché municipal, à côté d’un jardin public, retient notre attention… À l’intérieur, le restaurant, baigné de lumière naturelle et imaginé comme une maison de campagne, se déploie sur 300 m2 et dévoile 200 m2 de terrasses ! Le soir, grâce à un éclairage savamment étudié, la magie opère. Vraiment. Sous la verrière, par sa transparence, sa hauteur et sa structure apparente, Eugène Eugène rappelle une grande serre du XIXe siècle où une végétation luxuriante sublime le volume. « Les ventilateurs géants et les lampes industrielles concourent à magnifier l’ensemble, explique le Studio KO, agence d’architecture créatrice du concept. Les matières brutes que nous avons utilisées comme la tomette, le parquet, les rideaux en perles de bois, les palettes de stockage pour séparer les espaces ou les meubles à roulettes définissent un univers de marché en phase avec une carte élaborée autour des produits de saison. » Détails en laiton, suspensions sur mesure au-dessus d’un bar central en marbre vert, tables rondes, etc., sans ostentation, l’endroit, qui se veut « convivial, décontracté et unique », mêle les styles, les époques et les matières pour nous plonger dans un cocon.

“ Nous avons pensé cette brasserie comme un lieu de vie ouvert à tous, à tous les moments. ” L’architecture intérieure et la décoration ont aussi été conçues pour répondre à toutes les envies de la clientèle. « Nous avons pensé cette brasserie comme un lieu de vie ouvert à tous, à tous les moments, témoigne Héléna Paraboschi. Un café avant d’aller travailler, un déjeuner entre collègues, entre amis ou seul en lisant le journal, un thé l’après-midi, un cocktail avant de rester dîner ou un souper en sortant du théâtre, tout est possible. Nous voulons offrir une pause décontractée au citadin stressé. Et cette grande halle se prêtait bien à des ambiances différenciées (des canapés cosy, des tables rondes accueillantes, un bar central, une table d’hôtes, deux terrasses) propices à accueillir chacun selon son humeur. » Le dimanche, le restaurant est aussi apprécié par les aficionados du brunch qui aiment le buffet entièrement « maison » du chef Jérémy Mathieu. Le reste de la semaine, le maître des fourneaux propose « une carte autour de plats-souvenirs comme les Coquillettes au jambon et Beaufort, le Rosbeef à volonté, le Coquelet fermier entier rôti ou la dorade de Corse au four par exemple. Un menu à base de produits frais et de saison ». Quelques classiques revisités tiennent aussi place. Généreuse, la Salade Eugène-Eugène nous ravit, tout comme les Ravioles de langoustines, Rivesalt, écumes aux herbes ou encore les Noix de St Jacques rôties en coquilles et truffe noire, voire le Confit de canard en feuille de brick semoule aux fruits secs. Seul bémol cependant – ce mardi soir de janvier en tout cas lors de notre visite –, le service. Aussi souriant soit-il, il fut vraiment trop pressant, avec des plats s’enchaînant à une vitesse folle… Malgré tout, nous avons réussi à nous échapper pour admirer la terrasse, peuplée de tables de bistrot, de jolis coussins tissés et de confortables fauteuils en rotin. À l’abri des regards et accessible toute l’année, cette terrasse-jardin, agrémentée de palmiers, lauriers, sauge, romarin, menthe et autres plantes diverses, ressemble à un petit paradis verdoyant qui nous immerge dans un univers ultra dépaysant, nous faisant complètement oublier l’agitation de la ville.

www.eugene-eugene.fr

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FOCUS | HÔTEL ANDRÉ LATIN – PARIS

Cocktail de genres Si cette adresse parisienne n’est pas récente, elle a entamé une belle métamorphose. L’hôtel André Latin vient de s’offrir un nouveau bar à cocktails ouvert à tous, dévoile quelques chambres, un lobby et un concept store repensés. Explications. Texte : Charlie Leclerc Photos : Sébastien Véronèse

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FOCUS | HÔTEL ANDRÉ LATIN – PARIS

“ L’hôtel André Latin rend hommage à André, grand-père des propriétaires et dandy du XIXe siècle. ”

Entre le jardin du Luxembourg et la place du Panthéon, rue Gay-Lussac dans le Ve, l’hôtel André Latin rend hommage à André, grand-père des propriétaires et dandy du XIXe siècle. Les maîtres des lieux, Fabien et Guillaume Sodano se sont en effet appuyés sur les codes de cette époque pour moderniser le bar de l’établissement, tout en le transformant en espace convivial, élégant et authentique, sous la direction de l’architecte d’intérieur Michael Malapert. Le nouveau bar à cocktails André Latin, associant le gris, le bleu et le moutarde, immerge ses visiteurs dans une atmosphère mariant matériaux nobles et touches vintage. « Le mobilier réalisé sur mesure à partir d’épures des années 50 se mélange aux matières (marbre, laiton, bois massif, miroirs biseautés) et aux papiers peints graphiques », détaille l’architecte d’intérieur. Sofas en tweed confortables, tables bistrot et comptoir en marbre, miroirs Art déco et affiches d’époque, papier peint contemporain au graphisme végétal, etc., habillent ainsi ce bar intergénérationnel où se produisent également toute l’année quelques Djs. Si tout au long de la journée, ce spot du quartier Latin propose des gourmandises sucrées et différentes boissons dont un très bon café torréfié, il affiche aussi une belle carte de cocktails maison, originaux ou classiques, à déguster avec modération, mais également avec quelques tapas à partager lors d’un apéritif dînatoire. Le lobby et le mini concept store de l’hôtel dédié aux jeunes créateurs ont également subi un lifting dans le même esprit. Tout comme les trois chambres du rez-de-chaussée qui arborent désormais une atmosphère feutrée et un décor de cuir, de bois massif et de laiton. Les étages subiront également un destin similaire au fur et à mesure… Patience !

www.hotelandrelatin.com

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Destockage De mobilier D’expostion Des plus granDes marques www.venteprodesign.com


© Christophe Urbain

RENCONTRE | BENJAMIN PAULIN ET ALICE LEMOINE

L’incroyable modernité de Pierre Paulin L’entreprise familiale Paulin, Paulin, Paulin préserve, valorise et diffuse les œuvres de Pierre Paulin. Créée par Maia, son épouse, Benjamin, son fils, et Alice Lemoine, la femme de Benjamin, cette entité est à l’initiative de nombreux projets qui honorent le travail du designer visionnaire. Benjamin et Alice nous ont ouvert les portes de leur appartement parisien pour nous conter cette aventure… Confidences. Propos recueillis par Delphine Després Photos : DR

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Sur cette page : Benjamin Paulin, sa femme Alice Lemoine et leur fille Irène, sur le siège La Déclive, créé par Pierre Paulin en 1966 (éditions Paulin, Paulin, Paulin).


© Archives Pierre Paulin

Pierre, Benjamin et Maia Paulin dans leur appartement parisien dans les années 1980.

Ribbon chair, Circa 1966. Une œuvre de Pierre Paulin.

© Pierre Berdoy – Les Archives Paulin

© Archives Artifort

“ Paulin, Paulin, Paulin se pose comme un « passeur » de projets, prolongeant certains des rêves les plus chers de Pierre Paulin. ”

Salon fumoir du Palais de l’Elysée, conçu en 1971 par Pierre Paulin : table Rosace éditée par Paulin, Paulin, Paulin, fauteuil Elysée réédité par Ligne Roset, et bibliothèque en bois édité par Magis.

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RENCONTRE | BENJAMIN PAULIN ET ALICE LEMOINE Dans l’autre salon, le fauteuil Iéna bleu a pris place, entre autres, non loin du canapé Andy (1962) édité par Ligne Roset, du fauteuil vintage Tripode et d’un lampadaire – le modèle de l’Elysée – qui sera prochainement réédité par Nemo. Mais l’œuvre peut-être la plus impressionnante – et sur laquelle je décide de m’asseoir, tout comme Benjamin –, c’est l’immense Tapis Siège de 1970, témoin de la vision avant-gardiste de Pierre Paulin. Une pure merveille ! Avec passion, Benjamin me parle de son père, de sa trajectoire, de ses créations… Et le couple d’évoquer Paulin, Paulin, Paulin, ses fondements et ses actualités.

© Claude Le Ahn

Près de Barbès, Alice, Benjamin et leurs deux filles vivent dans un immeuble de caractère, mais surtout dans un univers hors du commun, marqué par la signature de Pierre Paulin et quelques pièces inédites et remarquables… Dans le couloir de l’entrée se déroule le canapé Osaka designé en 1967 et aujourd’hui édité par LaCividina. À droite, trône, au centre du bureau, une pièce incroyable du designer en fibre de carbone : La table Miami blanche entourée de ses bancs, issue d’un programme développé pour Herman Miller en 1970. Dans l’un des salons, le fauteuil La Déclive dessiné en 1966 (édition Paulin, Paulin, Paulin), voisine avec le tapis Diwan, en partance pour le tournage d’un film.

Canapé au mètre Osaka de Pierre Paulin, 1971, actuellement en édition chez LaCividina.

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Avec la marque Aesop, Paulin, Paulin, Paulin vient d’inaugurer une nouvelle adresse prodiguant des soins du visage… En quoi consiste votre intervention sur ce projet ? Benjamin Paulin : Nous avons entièrement meublé l’espace avec des meubles de Pierre Paulin. Le visiteur est immergé dans un univers unique, assez monochromatique, où il déconnecte complètement du monde extérieur. Cet événement, au 205, rue Saint-Honoré à Paris, durera jusqu’à fin avril, voire davantage… Alice Lemoine : Aménager ce lieu avec des meubles de Pierre Paulin avait un sens, car il fallait que les visiteurs soient dans une ambiance confortable. Nous avons travaillé avec l’architecte d’Aesop pour sa conception. Nous avons mis en avant de nombreuses pièces dont quelques-unes éditées par Ligne Roset, LaCividina ou encore Artifort. Cela montre aussi à quel point le mobilier Paulin est pertinent pour du contract ! Pourquoi avez-vous fondé Paulin, Paulin, Paulin en 2013 avec votre mère ? Benjamin Paulin : Nous nous sommes laissés emporter par notre passion, et le souhait de faire des choses ensemble. En réalité, cela fait presque quarante ans que ma mère génère des contrats, des expositions, œuvre auprès des éditeurs… Ce travail n’était pas formel, mais réel. Il a juste pris la forme d’une entreprise à laquelle nous avons souhaité participer, pour lui apporter notre jeunesse et nos idées. Quels sont les fondements et les objectifs de cette entreprise ? Alice Lemoine : Promouvoir en permanence l’œuvre de Pierre Paulin. Benjamin Paulin : L’idée de départ était de réaliser des événements pour révéler l’intelligence du design de Pierre Paulin, de dévoiler certaines pièces inconnues du public ou encore ses projets plus globaux, et de montrer sa vision presque architecturale de l’habitat, une vision que nous avons défendue à travers les événements que nous avons réalisés avec Louis Vuitton par exemple ou encore la galerie Perrotin. Nous apportons par ailleurs notre soutien à la valorisation du mobilier de Pierre Paulin, nous avons un rôle de prescripteurs aussi auprès des professionnels de l’hôtellerie notamment. Nous accompagnons également les éditeurs dans la fabrication et la promotion des pièces.

Nous éditons par ailleurs des œuvres rares en série limitée, peu ou pas éditées à l’époque de leur conception pour des raisons techniques ou économiques. Paulin, Paulin, Paulin se pose ainsi comme un « passeur » de projets, prolongeant certains des rêves les plus chers de Pierre Paulin. Nous ne sommes pas un industriel, et ce n’est pas du tout notre vocation. Quelles pièces avez-vous éditées ? Benjamin Paulin : Nous en avons édité une dizaine : le siège La Déclive (1966), le Tapis Siège (1970), le fauteuil Iéna, la table Cathédrale (1981), etc. Sur quels projets travaillez-vous actuellement ? Benjamin Paulin : Avec l’équipe d’architecture de la Maison de la Radio, nous travaillons sur la réhabilitation à l’identique des foyers F et 101, que mon Père avait aménagés et créés en 1963. Nous effectuons le suivi du projet et nous produisons le mobilier qui a disparu et qui était unique. Le projet devrait être achevé au printemps. Alice Lemoine : Nous cherchons toujours à réhabiliter les lieux inventés par Pierre, comme le Conseil Économique et Social, l’Elysée…

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© Lothaire Hucki

RENCONTRE | BENJAMIN PAULIN ET ALICE LEMOINE

Exposition Bleus Méditerranée à Hyères lors du 11e Festival international de design qui s’est déroulé du 1er au 3 juillet 2016.

Pensez-vous que ce dernier projet verra le jour ? Benjamin Paulin : Mon père avait imaginé deux salons et une grande salle à manger à l’Elysée. Nous avons été conviés à une réception officielle au cours de laquelle François Hollande a annoncé devant une quarantaine d’invités qu’il votait la réhabilitation des salons de l’Elysée. Mais l’annonce publique n’est pas arrivée… Pourtant, cela mériterait bien un petit coup de neuf. Les deux salons ont été démantelés par Valéry Giscard d’Estaing qui ne partageait pas le goût du couple Pompidou pour la modernité… Il avait tout ôté pour mettre ses trophées de chasse à l’époque ! Alice Lemoine : D’ailleurs, cela a révélé la magie du projet ! Pierre avait pensé une coque dans la coque, et sa création a pu être enlevée… Un concept extrêmement moderne à l’époque. Savez-vous comment votre père avait réagi lorsqu’on lui avait confié l’Elysée ? Benjamin Paulin : Je pense qu’il était très excité, comme par tous les projets d’ailleurs. Cela a dû également être une source de stress… Il était très déterminé, rigoureux et obsédé par le fait de bien faire son travail. Quels souvenirs avez-vous de votre père en train de travailler ? Benjamin Paulin : Il était toujours sur sa table à dessins. Bizarrement, il travaillait tout le temps debout ! Je ne le voyais jamais assis. Un paradoxe pour un créateur de sièges de confort ! Le confort, il le traduisait pour le bien-être des autres.

Avait-il conscience du génie de ses créations ? Benjamin Paulin : Il était fier quand il avait bien fait son travail et il reconnaissait aussi quand il avait fait de l’esbroufe ! Il avait un coup de cœur pour la table Cathédrale, qu’il considérait comme son chef-d’œuvre, peut-être parce que derrière sa complexité apparente se cachait une facilité de fabrication. Alice Lemoine : Il savait quand même qu’il avait inventé des choses assez révolutionnaires, notamment le fauteuil Mushroom. Benjamin Paulin : Oui, le Mushroom et le fauteuil Anneau étaient des pièces qu’il affectionnait particulièrement, car elles étaient le démarrage de toute sa pensée. Comment avait-il appréhendé l’arrivée de la nouvelle génération de designers comme Philippe Starck dans les années 80 ? Benjamin Paulin : Cette période a été particulièrement difficile pour lui. D’un coup, cette génération prenait toute la lumière… Pour lui, se mettre sur le devant de la scène, incarner sa création, étaient des choses inenvisageables. Quand ces designers sont arrivés avec plein de fougue comme des stars du rock, il s’est senti écrasé. Il a eu l’impression que son travail était englouti à jamais. Comment a-t-il rebondi ? Benjamin Paulin : À l’approche des années 2000, il a été agréablement surpris quand Magis, sous l’influence de Maia, est arrivé pour lui demander des nouveaux modèles. Puis, tout le monde a repensé à Pierre Paulin. Et les projets se sont enchaînés. Trois mois avant sa disparition, à plus de 80 ans, il travaillait encore…

www.paulinpaulinpaulin.com

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© Guillaume Ziccarelli

© Aesop et Paulin, Paulin, Paulin

Aesop et Paulin, Paulin, Paulin : une peau neuve. Un espace éphémère, 205 rue Saint-Honoré à Paris, pour les soins du visage, entièrement meublé avec des pièces Pierre Paulin.

Exposition Pierre Paulin à la galerie Perrotin à New York, qui a eu lieu de juin à août 2016, mobilier édition Paulin, Paulin, Paulin. Sur la photo : Tapis Siège, table Cathédrale, tapis Diwan, Tongue chair et table Rosace.

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Davide Groppi, designer.

Pensées lumineuses Maître de la lumière, Davide Groppi invente des luminaires originaux et minimalistes suscitant l’émotion. Le designer italien met aussi en scène avec finesse la matière lumière de manière architecturale. Éclairage. Texte : Lina Mistral Photos DR

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© Davide Groppi srl

FOCUS | DAVIDE GROPPI


© Fausto Mazza

Projet d’éclairage d’une maison à Montalcino en Italie.

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© Davide Groppi srl

FOCUS | DAVIDE GROPPI

Davide Groppi a réalisé la mise en lumière de l’appartement Elena à Barcelone, avec, au-dessus de la table de repas ses suspensions Miss (design Davide Groppi).

À l’origine, concevoir des lampes n’était qu’un passe-temps pour Davide Groppi… Autodidacte, il commence à produire ses premiers modèles à la fin des années 1980 dans un petit atelier du centre historique de la ville de Plaisance en Italie. Mais son talent ne passe pas inaperçu, et il inaugure sa propre marque de produits originaux, aujourd’hui distribués partout dans le monde. « La simplicité, la légèreté, l’émotion et la créativité sont les éléments fondamentaux de chaque lampe ou de chaque projet d’éclairage, explique Davide Groppi. Mes créations ne sont jamais conçues simplement comme des lumières ou des lampes. Elles surviennent par la nécessité de donner la vie à un besoin ou pour donner un sens. »

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Les domaines d’intervention du designer demeurent relativement larges. S’il continue de dessiner des luminaires, il exprime également son savoir-faire à l’international dans de nombreux projets, qu’il s’agisse de résidences privées, d’hôtels, de restaurants, de boutiques, de musées. Il a même signé quelques belles collaborations avec des entreprises comme Boffi, Paola Lenti et Christofle. Pour le projet Casa Elena à Barcelone, appartement situé au 20e étage d’un nouveau bâtiment en front de mer, il a choisi un éclairage formé par de nombreux points de lumière pour les œuvres d’art et les pièces uniques des propriétaires.


© Fausto Mazza

Pour sublimer l’une des pièces de caractère de la maison à Montalcino, le designer italien a notamment opté pour le haut lampadaire Sampei (design Davide Groppi).

“ La simplicité, la légèreté, l’émotion et la créativité sont les éléments fondamentaux de chaque lampe ou de chaque projet d’éclairage. ” Davide Groppi

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© Fausto Mazza

FOCUS | DAVIDE GROPPI

Sur cette double page : maison à Montalcino. Du bassin de nage éclairé avec les lampes Nulla (design Davide Groppi) presque invisibles aux espaces intérieurs et extérieurs, les lumières embrassent littéralement la maison.

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© Fausto Mazza

© Fausto Mazza

davidegroppi.com

© Fausto Mazza

Pour obtenir l’effet souhaité, il a utilisé, entre autres, ses appliques en métal Mira, ses lampes à encastrer d’une élégante discrétion Nulla ou encore ses suspensions tubulaires Miss. Ailleurs, une ligne de lampadaires Lenta dessine un chemin lumineux menant vers une terrasse presque suspendue entre ciel et mer. À Montalcino en Italie, Davide Groppi et son équipe ont révélé, avec des solutions du designer, une propriété d’exception comptant plusieurs bâtiments, dont un moulin à eau du XVe siècle jouxtant une petite église. « Ici, la lumière a été conçue pour embrasser la maison, en conservant la vraie nature de ses origines et en respectant son patrimoine, relate Davide Groppi. La recherche de la vérité est notre mission lorsque nous planchons sur l’éclairage d’un espace. Par exemple, notre impressionnante et énorme suspension Moon – en papier japonais – illumine la cuisine, créant une lumière douce pour cuisiner et manger, mais donnant aussi une apparence romantique à la cuisine depuis l’extérieur. La partie extérieure de la maison est éclairée uniquement avec des points de lumière. Nous pensons que l’éclairage extérieur doit être aussi discret que possible, ou du moins être agencé d’une manière très délicate. » Grâce à ses mises en lumière sublimes et ses créations simples et pures, Davide Groppi engendre des atmosphères éthérées, essentielles, et procure de l’intensité aux espaces. Des réalisations magiques, étonnantes et sensibles.

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© Fausto Mazza

Maison à Montalcino.

© Fausto Mazza

FOCUS | DAVIDE GROPPI

Lampe minimale Less for Less (design Davide Groppi), à l’hôtel N’orma en Sicile.

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© Fausto Mazza

Terrasse de la maison à Montalcino, avec les lampes outdoor Picnic (design Davide Groppi).


© Fausto Mazza

Chambre de l’hôtel N’orma en Sicile, sublimée par la suspension Moon en papier japonais (design Davide Groppi). Le designer a révélé avec finesse et subtilité les contours de chaque espace de l’établissement.

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DOMESTIQUE | VALLEY VILLA BY ARCHES – VILNIUS

Dans la forêt 104


L’agence lituanienne Arches dévoile son projet Valley Villa : une maison qui, sous couvert de simplicité, cache une architecture sournoisement souveraine. Texte : Fabienne Dupuis Photos : Arches

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DOMESTIQUE | VALLEY VILLA BY ARCHES – VILNIUS

L’histoire débute en 1993, par une bande de copains, tout droit sortis de l’école technique de Vilnius, en Lituanie. Après quelques rebonds et déboires, l’association se disperse puis se reforme, pour créer entre 2000 et 2002 ce qui allait devenir Arches, une petite agence de jeunes créatifs, qu’il conviendrait aujourd’hui d’appeler une véritable pépinière d’imagination. Responsable du projet Valley Villa, l’agence Arches montre là, encore une fois, son talent de réflexion et d’exécution. Hautement inspirés par les forêts de Lituanie, les architectes ont aussi pioché dans les codes des habitations anciennes de la région pour offrir une réponse moderne à ce projet. Installée sur l’ancien site d’une ferme, la Villa est située à quelques kilomètres seulement de Vilnius.

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Ici pourtant, rien n’y paraît, et seul le bruissement des branches dans le vent des pins semble rythmer les jours et les nuits. C’est d’ailleurs de ce pin que la maison Valley Villa a été partiellement couverte, un pin Kebony, certifié FSC® (Forest Stewardship Council), qui assure une qualité et une durabilité à ce matériau, presque à toute épreuve. Si le clin d’œil est fait à l’environnement, le bardage de bois d’une maison, inscrite en pleine nature, est aussi une façon délicate d’insérer le bâti au cœur de la forêt. À l’image des troncs fins des arbres qui les entourent, les lames de la maison se suivent pour créer une armure élégante face aux températures parfois extrêmes des saisons.


“ Si le clin d’œil est fait à l’environnement, le bardage de bois d’une maison, inscrite en pleine nature, est aussi une façon délicate d’insérer le bâti au cœur de la forêt. ”

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DOMESTIQUE | VALLEY VILLA BY ARCHES – VILNIUS

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DOMESTIQUE | VALLEY VILLA BY ARCHES – VILNIUS

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Au rez-de-chaussée, les architectes ont opté pour une finition de schiste noir, qui termine d’insérer discrètement la maison dans son contexte naturel. Composée de deux blocs en forme de V, posés l’un sur l’autre mais en sens inverse, la maison offre des saillies qui s’élancent dans plusieurs directions. Cette géométrie explosée rompt avec l’uniformité presque monotone du schiste noir et plus haut, du bardage de bois, pour offrir une architecture expressive, libre. À l’intérieur, les architectes ont laissé l’espace s’exprimer, et aux pièces de longer sans entrave ou presque, les larges baies vitrées qui offrent une vue directe sur le monde et la vie extérieurs. Cuirassées de bois blond, les pièces donnent l’impression d’une clarté naturelle perpétuelle qui rompt, là aussi, avec un extérieur parfois sévère. Si, grâce au vitrage omniprésent, la maison est entièrement reliée au monde qui l’entoure, celui-ci est aussi accessible de toutes les pièces de la maison, par des ouvertures et autres baies vitrées. Petites cours privatives, terrasses au premier étage, apportent, quant à elles, la touche nécessaire à une vie intime, loin du regard des autres hôtes. Mais au final, c’est le contraste qui domine la Valley Villa. Celui de son hyper graphisme qui s’oppose mais aussi s’immisce parfaitement dans son environnement. Celui de ses matériaux naturels pourtant taillés pour le confort des hommes. Et peut-être aussi, sa simplicité de mise qui cache en fait, une architecture hautement maîtrisée et discrètement dominatrice.

www.arches.lt/en/

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DOMESTIQUE | SAVION RESIDENCE BY NEUMAN HAYNER ARCHITECTS – TEL-AVIV

DES CUBES ET DU BÉTON

Réalisée par l’agence d’architecture israélienne Neuman Hayner, la Résidence Savion à Tel-Aviv est un très bel exercice d’architecture moderniste, quelque part entre rigueur et insouciance. Petite visite. Texte : Fabienne Dupuis Photos : © Amit Gosher

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DOMESTIQUE | SAVION RESIDENCE BY NEUMAN HAYNER ARCHITECTS – TEL-AVIV

Il aura fallu deux cubes et quelques couloirs pour faire de ce projet de résidence, pour une famille de quatre personnes, une demeure conviviale et élégante. Construite dans la ville de TelAviv, la résidence Savion, dessinée par l’agence d’architecture Neuman Hayner, est un véritable bijou de structures cubiques et de gracieuse légèreté. Faite de béton et de verre, la maison en forme de L donne l’impression d’un équilibre presque parfait entre masse et grâce. C’est en effet au béton que les architectes ont fait appel pour habiller les contours de cette demeure de près de 400 m2. Pour que la lumière de longues journées de soleil s’y infiltre, les architectes ont pourfendu les murs de baies vitrées de pleine hauteur, offrant au passage un confort naturel et lumineux qui pénètre, jusqu’à parfait épuisement, dans les nombreuses pièces de la maison. C’en est autant pour une structure à l’apparence massive, qui semble tout en même temps baigner dans une forme d’allégresse structurelle presque déconcertante. À l’intérieur, la surface est composée de deux blocs, dont celui de la façade construite sur deux étages qui accueille, pour sa part, les espaces publics de la résidence Savion : une entrée, un salon, une salle à manger, une cuisine au-dessus de laquelle a été installé, en mezzanine, un bureau. En parfaite perpendiculaire, l’autre aile de la maison accueille quant à elle sur trois étages, les espaces privés de la demeure : un salon, les deux chambres des enfants et une pour les amis de passage, tandis qu’au dernier étage, la chambre des maîtres de maison s’étire jusque vers une longue terrasse, avec vue sur le jardin et sa piscine.

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“ Faite de béton et de verre, la maison en forme de L donne l’impression d’un équilibre presque parfait entre masse et grâce. ” Austère, la maison l’est sans aucun doute. Habillée de ce bien strict béton ainsi que de larges panneaux de verre, superbement encadrés de ferronnerie scrupuleusement sobre, la résidence Savion ne néglige aucune des règles d’une architecture dite moderne et fonctionnaliste. Pourtant, Sharon Neuman et Hila Tzur (les deux architectes responsables du projet) n’ont pas manqué d’y apporter quelques touches de chaleur et confort. On trouve ainsi des parquets de chêne ou des carreaux de béton, une rampe d’escalier profilée en bambou, quelques pièces de mobilier chinées ici et là, et ces lits suspendus qui donnent à la résidence Savion toute son âme méditerranéenne. Une maison du Sud qui pousse le plaisir jusque dans sa piscine à débordement qui frôle, avec un dédain non dissimulé, les murs de la résidence, pour mieux finir en une mini cascade au bout de son couloir de marbre. Comme un air de bohème, chic et racé, suspendu en plein cœur de la ville.

www.nh-arch.com

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DOMESTIQUE | LOFT MDP BY FFWD – BARCELONE

Révélation Le studio barcelonais FFWD Arquitectes signe un loft bourré de charme dans la capitale de la Catalogne. Zoom sur ce projet contemporain qui remet au goût du jour un ancien atelier de charpentier. Texte : Charlie Leclerc Photos : © David Benito Cortáza/FFWD Arquitectes

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DOMESTIQUE | LOFT MDP BY FFWD – BARCELONE

“ L’objectif du projet était d’imaginer un lieu de vie contemporain, tout en conservant les principaux éléments constructifs. ”

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Au cœur du quartier populaire et vivant de Poble Sec, riche en bars et agréables petits restaurants, le studio d’architecture FFWD vient d’achever un charmant projet : le Loft MDP. Pourtant, le challenge était de taille, car cet ancien atelier de charpentier entièrement délabré était presque en ruine… Laia Guardiola Raventós et David Benito Cortázar, les architectes de FFWD, agence barcelonaise née en 2002, ont cependant su saisir le potentiel du bâtiment et l’ont littéralement sublimé ! « L’objectif du projet était d’imaginer un lieu de vie contemporain, tout en conservant les principaux éléments constructifs, expliquent les architectes. Le propriétaire, recevant fréquemment des visiteurs, souhaitait également profiter d’un studio indépendant, avec accès sur la rue, pour accueillir ses hôtes pendant l’année. C’est la raison pour laquelle la maison est conçue avec deux espaces distincts qui peuvent être utilisés de manière indépendante si besoin. »


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DOMESTIQUE | LOFT MDP BY FFWD – BARCELONE

Ce loft de 122 m2 a désormais fière allure. La brique et la pierre des murs, ainsi que le plafond, auparavant dissimulés sous d’épaisses couches de gypse et de mortier, ont été révélés. Ces éléments constituent aujourd’hui l’atout charme de la maison. La présence d’un patio de 27 m2 permet également de profiter du climat méditerranéen de Barcelone. Grâce à un jeu de transparences engendrées par l’ajout de baies vitrées protégées par des volets métalliques ajourés, le propriétaire a même la possibilité de jouir visuellement de son patio depuis son vaste salon.

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À l’intérieur, les espaces, relativement ouverts et recouverts de béton ciré au sol, ont été entièrement modifiés. Pour offrir une certaine modularité aux volumes et pouvoir privatiser certaines pièces, des portes coulissantes ont été pensées. Côté mobilier, quelques belles pièces de design peuplent l’endroit, comme les fauteuils Barcelona de Mies van der Rohe (Knoll). Pour le reste, de l’espace canapé aux meubles des salles de bains en passant par l’îlot de la cuisine servant de table, les architectes ont créé des meubles fixes en brique qu’ils ont ensuite recouverts de béton.


Le long des murs, ils ont également installé des luminaires et des interrupteurs de style industriel, rappelant ainsi le passé de ce quartier. La mise à nu des anciens éléments architecturaux a ajouté un charme fou à ce projet, qui brille désormais par sa cohérence, son look contemporain et son atmosphère décontractée.

www.ffwd.es

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DOMESTIQUE | LOFT 9B BY DIMITAR KARANIKOLOV

Talents L’architecte Dimitar Karanikolov et la designer Veneta Nikolova ont travaillé sur l’espace ouvert d’un loft pour offrir un lieu de vie confortable et hautement désirable. Description. Texte : Harriet Hamilton Photos : Minko Minev, Georgi Petev et Dimitar Karanikolov

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DOMESTIQUE | LOFT 9B BY DIMITAR KARANIKOLOV Son diplôme d’architecture en poche (obtenu en 2002), le jeune Dimitar Karanikolov quitte Sofia, en Bulgarie, pour faire ses premières armes dans l’agence de Kas Oosterhuis, à Rotterdam. Remarqué par le studio Foster + Partners, il part alors s’installer à Londres, où il poursuit son apprentissage. Quelques années suffiront à Karanikolov pour ouvrir enfin son agence d’architecture d’intérieur et visualisation architecturale. C’est à l’Université Anglia Ruskin de Londres que Veneta Nikolova obtient, elle, son premier diplôme. Retournée en Bulgarie depuis quelques années, la jeune femme a, pour sa part, développé son talent dans la décoration d’intérieur et le design (mobilier).

“ Une habitation contemporaine et conviviale où tous les coins et angles sont utilisés pour cacher des placards ou glisser des étagères. ” Si l’union fait la force, les talents de ces deux jeunes gens en sont incontestablement la preuve. Aujourd’hui associés sur le projet du Loft 9 (à Sofia, en Bulgarie), ils ont ainsi converti un petit espace en un lieu de vie délicieusement séduisant. Composé d’une large pièce de vie, le Loft 9 cache aussi une multitude de petites astuces qui rendent l’espace facile à vivre. Car si le diable est dans les détails, la créativité l’est aussi ! Installé en plein cœur de l’espace central, un cube noir, bardé de plaque de métal, abrite aujourd’hui la nouvelle salle de bains. Ancienne cage d’ascenseur, le conduit devient alors un espace pratique mais aussi esthétique qui donne son ton au Loft 9. Un petit escalier de métal accolé, sur la cage devenue pièce d’eau, mène les hôtes vers la chambre d’amis, placée sous pente. Enfouie au niveau même du sol, placée à côté du lit de la chambre, une baignoire permet de vivre dans cet espace reclus, en toute intimité. De retour au rez-de-chaussée, c’est l’ouverture qui prime. Pièce de vie, de cuisine, de lecture ou de repos, elle est la pièce maîtresse d’un loft que les deux architectes ont souhaité moderne, aux accents légèrement industriels. Briques et bois au sol, anthracite et blanc aux murs, prennent ainsi le relais pour offrir une habitation contemporaine et conviviale où tous les coins et angles sont utilisés pour cacher des placards ou glisser des étagères. Dans la chambre principale, de larges portes qui ressemblent au corps d’une malle de voyage, cachent un grand rangement, qui abrite aussi le bac de la baignoire de la chambre d’amis, située juste au-dessus.

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DOMESTIQUE | LOFT 9B BY DIMITAR KARANIKOLOV

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Dans le salon, un gros conduit de métal traverse horizontalement la pièce : c’est le système de ventilation qui sert aussi de faux plafond et sur lequel ont été accrochées les suspensions de la table des repas. Pièces de brocantes mais aussi de mobilier spécialement conçu pour le loft se mélangent habilement, tandis que la terrasse a été parée de larges pots de métal et de plantes pour protéger des regards indiscrets la vie d’un grenier devenu sournoisement pratique et franchement cosy.

www.dimitarkaranikolov.com

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DOMESTIQUE | MONTANA RESIDENCE BY SUYAMA PETERSON DEGUCHI

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La ferme des plaines

Comme tout droit sorti de la terre sur laquelle il est installé, le projet Résidence Montana des architectes de l’agence américaine Suyama Peterson Deguchi célèbre en toute modernité les plus belles heures des grands espaces américains. Texte : Fabienne Dupuis Photos : Aaron Leitz

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DOMESTIQUE | MONTANA RESIDENCE BY SUYAMA PETERSON DEGUCHI

Il paraît un peu loin, le temps où paissaient là les troupeaux des fermiers, où l’on faisait encore pousser la luzerne et où quelques âmes solitaires venaient se reposer et pêcher quelques poissons en profitant béatement de la beauté naturelle du Montana. Une beauté qui aujourd’hui, si elle est hautement protégée, est aussi le décor naturel d’un des projets de l’agence d’architecture Suyama Peterson Deguchi. Installée au cœur d’un domaine de près de 160 hectares, la résidence Montana semble avoir tout pour plaire. Inspirée des vieilles fermes de cet état agricole, elle prend ainsi la forme étirée de celles qui étaient alors de rigueur. Bâtie dans les règles de l’art de l’agence, mais aussi dans celles de la région et de sa tradition – du bois, du verre et du béton –, la résidence Montana est aussi pourvue de tous les conforts de la modernité.

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Celui, plutôt formel, de son intégration dans un paysage laissé consciemment « sauvage » par les paysagistes Jeremy Stark et Kalan Murano, mais aussi par sa gestion de l’espace qui offre aux hôtes une connexion directe avec le milieu qui les entoure. Grâce à ses longues baies de verre, on y déambule en longeant la frontière du dedans/dehors, protégée toutefois par un intérieur chaleureux et confortable. Un intérieur entièrement imaginé par le décorateur d’intérieur Christian Grevstad qui, lui aussi, s’est inspiré des codes des grands espaces américains pour offrir à cette famille de Seattle, la maison secondaire dont ils avaient rêvé.


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DOMESTIQUE | MONTANA RESIDENCE BY SUYAMA PETERSON DEGUCHI

“ La gestion de l’espace offre aux hôtes une connexion directe avec le milieu qui les entoure. ”

Bois bruts aux coupes franches, peaux de bêtes, pierres locales qui parent certains murs, et quelques pièces de mobilier chinées ici et là, agrémentent l’ameublement plus contemporain dessiné tout spécialement pour la résidence (comme l’îlot de cuisine par Montana Tile & Stone) ou commandé auprès de marques de renommée internationale, comme le banc de l’entrée par Peter Glassford pour Bespoke Global, les fauteuils du salon de Terris Draheim, un huile par Shawn Huckins ou une lampe sur pied signée Christian Liaigre. Agrémentée de deux chambres, d’un atelier d’artiste, d’une salle de gym et d’une salle de jeux, la résidence contient aussi un espace entièrement consacré à la vie en extérieur : la terrasse de bois jouxte ainsi les deux mares spécialement conçues pour une pêche à la truite que l’on pourrait faire là quotidiennement, installé dans un fauteuil Adirondack signé Tom the Irishman, face à cette chaîne de montagnes qui embrasse le paysage de ces cimes au loin... Paisiblement.

www.suyamapetersondeguchi.com www.christiangrevstad.com www.aaronleitz.com

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ARCHITECTURE | LUCAS Y HERNÁNDEZ-GIL

La poésie du contraste Depuis près de dix années, l’agence espagnole Lucas et Hernández-Gil imagine des espaces sensibles et délicatement colorés. Petit aperçu d’un style très séduisant. Texte : Fabienne Dupuis Photos DR

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Sur cette double page : Casa PV2

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ARCHITECTURE | LUCAS Y HERNÁNDEZ-GIL

Sur cette page : Casa PV2

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Sur cette page : Casa E5

Du contraste, des matières, des couleurs mais surtout un jeu incroyable avec la lumière qui se doit, comme une révérence faite au jour qui se lève, d’inonder les espaces sur lesquels Cristina Domínguez Lucas et Fernando HernándezGil travaillent. Créée en 2007, leur agence d’architecture, de décoration d’intérieur et de design graphique se concentre depuis à produire des idées innovantes. Quelque part entre « poésie, curiosité et intuition ». Une trilogie délicate dont le rendu est souvent taxé d’une forme de minimalisme, d’une épure qui dégage les espaces d’un surplus formel pour leur redonner leur véritable dimension. Car chez Lucas et HernándezGil, l’objet ne prend jamais le dessus sur l’espace. Il le transcende. Les espaces restent ainsi ouverts aux aléas de la journée et de la vie. L’impression est alors à la fraîcheur, à l’ouverture. Une forme de légèreté que l’on croise dans le projet E7, un petit appartement de Madrid anciennement privé de lumière et d’espace.

Aujourd’hui, le blanc immaculé des murs est arrosé de lumière naturelle, tandis que l’étroit couloir a, lui, été couvert d’ocre pour lui apporter cette clarté qui lui manque tant naturellement. Au sol, les vieux carreaux de cérame font aujourd’hui le bonheur de cet appartement qui semble célébrer ces formes florales avec candeur et spontanéité. Dans le restaurant Bocadillo de Jamón y Champan, c’est aussi le naturel qui revient au galop. Le mélange des textures, des couleurs fraîches d’un été ensoleillé, apporte une profondeur de champ là où l’espace semble tant manquer, à une adresse pourtant dédiée au partage gastronomique. Dans les couloirs du projet CC58, les architectes ont, là encore, fait le pari de l’ouverture. Des anciens bureaux d’avocats, il ne reste plus rien. Plus que le blanc et ces quelques nuances marqués par le marbre ou encore les bois très blonds qui parent les sols et même certains murs.

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ARCHITECTURE | LUCAS Y HERNÁNDEZ-GIL

Sur cette double page : Casa H71

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ARCHITECTURE | LUCAS Y HERNÁNDEZ-GIL

Sur cette page : Casa PV2

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Sur cette page : Hôtel Ayllón

“ Chez Lucas et Hernández-Gil, l’objet ne prend jamais le dessus sur l’espace. Il le transcende. ”

Une fois encore, les surfaces deviennent comme plus généreuses, printanières, célébrant les aires dans un jeu de détails à peine visible à l’œil. Car sous la légèreté de Lucas et Hernández-Gil, se cache le talent discret de créatifs ingénieux. Des systèmes d’air conditionné masqués, des sols radiants ou des LED camouflés qui soutiennent dans sa tâche la lumière naturelle… Les détails se cumulent sans jamais entièrement se dévoiler. Là, dans l’Hotel Ayllón, le projet d’appartement 03 ou encore le H71, qui tous confirment, au travers de leur singularité, cette bienveillante poésie ambiante, si chère aux deux architectes. Gracieux, élégant, le style Lucas et HernándezGil procède de la métamorphose tranquille, des contrastes marqués mais discrets. Mais surtout, ils parlent du long travail et de la passion du défi pour rendre nos espaces toujours plus à vivre.

www.lucasyhernandezgil.com

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ARCHITECTURE | ROYAL ROULOTTE

Une âme très bohème chic

Alexandra et Nicolas Valla, fondateurs du cabinet de décoration et d’architecture intérieure Royal Roulotte, conçoivent des intérieurs bohème chic, avec une rare maîtrise du mélange des genres. Découverte de quelques projets emblématiques. Texte : Delphine Després Photos : © Royal Roulotte

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Sur cette double page : appartement à Paris XVIe (2016). Pour décorer cet appartement de 200 m2, Royal Roulotte a notamment choisi un fauteuil à bascule blanc Eames (Vitra), des fauteuils Floating tissu Pixel de David Hodkinson (Red Edition), une table basse en bois Branco sobre Branco, une suspension Tom Dixon et un canapé Caravane. Sur le mur du fond, une bibliothèque sur mesure, teintée avec la peinture Studio Green de Farrow & Ball, a été créée.

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ARCHITECTURE | ROYAL ROULOTTE

Alexandra et Nicolas Valla.

“ Notre travail est un peu le mélange de nos deux personnalités, d’où le nom de notre entreprise, Royal Roulotte. ” Alexandra Valla Sur cette page : appartement à Paris XVIe (2016). Dans le salon, le papier peint fleuri Ellie Cashman s’impose comme une pièce forte. Une table basse (Red Edition), un canapé Duvivier, un tapis style berbère (AM.PM.) cohabitent également. Dans la cuisine, la banquette sur mesure se marie joliment avec la chaise Tulip vintage de Saarinen (Knoll), une lourde table sur mesure et les suspensions en verre fumé Ebb & Flow.

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Alexandra et Nicolas Valla se sont rencontrés sur les bancs de l’école, lors d’études communes en architecture et design. Lui, reprend ensuite l’entreprise de communication de sa famille ; elle, ouvre une boutique de décoration à Saint-Germain-en-Laye. À l’approche de la quarantaine, le couple décide de travailler ensemble et d’ouvrir Royal Roulotte en 2014, leur propre cabinet de décoration et d’architecture intérieure, installé en région parisienne. Un premier projet d’une maison à Fontainebleau naît, puis une boutique dans la même commune… Et les réalisations s’enchaînent – une quarantaine ces deux dernières années ! « Nous nous sommes faits connaître en postant des photos sur Pinterest ! Et nos clients continuent de nous contacter via ce réseau », raconte Alexandra. Ce réseau a même permis au duo d’imaginer, l’été dernier, une collection capsule – coussins et tapis – pour La Redoute, suite à un concours ! Et devrait prochainement les conduire à New York où un couple a fait appel à leur savoir-faire après avoir vu leurs photos. Le style de Royal Roulotte, cela ressemble à quoi ? « Un style un peu bohème chic, un mélange des genres, détaille Alexandra. Nicolas se concentre davantage sur les pièces de design, comme le mobilier Eames par exemple. Moi, j’aime mixer les histoires entre pièces rapportées de voyages, objets insolites, meubles de famille ou chinés. Je chine beaucoup, et notamment à Bruxelles. Notre travail est un peu le mélange de nos deux personnalités, d’où le nom de notre entreprise, Royal Roulotte. » Côté mobilier, quand il ne s’agit pas de pièces chinées, appartenant aux propriétaires ou trouvées sur la toile, Alexandra et Nicolas dénichent leurs meubles chez certains éditeurs qu’ils affectionnent comme Canapés Duvivier, Red Edition, Vitra, etc. Ils font aussi fabriquer des meubles sur mesure en Belgique, notamment de belles et imposantes tables en bois.


Dans cette maison de 300 m2 à Fontainebleau (2015), Alexandra et Nicolas ont transformé cette petite pièce d’entrée en un boudoir très cosy en osant les couleurs sombres.

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ARCHITECTURE | ROYAL ROULOTTE

Pour ce projet neuf à Montreuil (2015), Royal Roulotte a planché uniquement sur la cuisine. Et lui a conféré du charme, en ajoutant un comptoir en bois vieilli, des chaises en Formica, des tables de bistrot chinées et des planches OSB pour les placards.

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La maison d’Alexandra et Nicolas, près de Rambouillet, illustre tout l’esprit de Royal Roulotte. La salle à manger enferme une table en métal et bois Bulke (Atelier en Ville à Bruxelles), des chaises Eames, des suspensions Favourite Things de Chen Karlsson (Eno Studio) et des rideaux en lin AM.PM.

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ARCHITECTURE | ROYAL ROULOTTE

Appartement Parmentier à Paris (2014). Pour ce petit projet de 40 m2 (ci-contre et en haut), Alexandra et Nicolas ont déplacé une cloison pour gagner de l’espace et ainsi offrir au propriétaire un coin repas et bureau, derrière la paroi type atelier de la chambre. Il est délimité avec des carreaux de ciment (Carrelage du Marais).

Dortoir de charme du projet à Fontainebleau.

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Ainsi, ils parviennent avec talent à décorer des maisons et des appartements avec toutes sortes de pièces et d’accessoires, et à leur donner une âme. Sans surcharger les espaces, ni oublier les détails. Les projets de ces quadras mêlent différents sujets, avec quelques constantes. Alexandra et Nicolas ont un penchant naturel pour les matières brutes, les véritables carreaux de ciment, le bois, les moulures, les robinetteries de style ancien… Les motifs géométriques et fleuris trouvent également place dans leurs intérieurs. Quant aux tonalités, elles sont résolument franches et contrastées : « Nous aimons les couleurs très fortes et très foncées, complète Alexandra. Par exemple, dans une zone de circulation, nous optons plutôt pour des tonalités sombres pour ouvrir ensuite sur des pièces plus blanches. » Royal Roulotte intervient principalement sur la transformation d’intérieurs anciens. « Le lieu doit avant tout nous inspirer, nous devons avoir un bon feeling avec le client. Et nous préférons effectuer moins de projets pour sélectionner ceux qui nous ressemblent », précise-t-elle. Sinon, pas de projet ! Ces deux conditions étaient pleinement réunies pour l’une de leurs réalisations dans le XVIe à Paris, livrée en septembre dernier. « Nous avons conçu ce projet de A à Z, et avons eu carte blanche. »


Appartement à Levallois (2015) de 50 m2 (ci-contre, ci-dessous et en bas à droite), un projet très black and white, ponctué de bois et de carreaux de ciment, notamment dans la salle de bains, pourvue d’une enfilade scandinave revisitée.

Salle de bains de la maison du couple Valla, avec des malles (La Redoute), une porte chinée revisitée, un sol en béton ciré et une baignoire et robinetterie au look d’antan (Devon&Devon).

Ici, les placards s’ouvrent pour montrer les livres et les objets. Dans le salon, un papier peint Ellie Cashman avec de grosses fleurs joue les contrastes devant un piano en chêne. La cuisine a été réaménagée dans un esprit moins cuisine, avec une grande table en bois entourée de chaises vintage… La tête de lit de la chambre parentale arbore des motifs graphiques, tandis que l’une des chambres des enfants évolue dans un univers « jungle ». Un mélange d’influences et des espaces vivants : deux ingrédients majeurs de l’ADN de Royal Roulotte.

royalroulotte.com

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HÔTEL | VILLA MARIE – SAINT-BARTHÉLEMY

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Tropical attitude Après les Alpes et le Sud de la France, la famille Sibuet prend ses quartiers à Saint-Barthélemy. Et elle y a inauguré, le 16 décembre dernier, la Villa Marie, une propriété au charme colonial enfermant des bungalows et des villas de prestige. Texte : Charlie Leclerc Photos : Villa Marie – St Barth / L. Benoit

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HÔTEL | VILLA MARIE – SAINT-BARTHÉLEMY

Une pinède de trois hectares, la mythique baie de Pampelonne… C’est cet écrin méditerranéen sur la colline de Ramatuelle qui constitue le décor majeur de la première Villa Marie de Maisons et Hôtels Sibuet. Pour la deuxième du nom, le label a choisi les tropiques et la fabuleuse île de Saint-Barth, un écrin de 25 km2 et un spot touristique aussi couru que luxueux. Au sein de cette île française des Petites Antilles, ce nouvel établissement a tout pour plaire ! « Surplombant la magnifique plage des Flamands, sur les hauteurs de Colombier, Villa Marie Saint-Barth fait partie de ces lieux où le romantisme et la douceur de vivre n’ont d’égal que le cadre incroyable d’une nature préservée. Au cœur d’un grand et beau jardin tropical, créant une atmosphère intimiste, typique de l’esprit “plantation”, l’hôtel invite à vivre des instants de pur plaisir », précise le groupe hôtelier. Et des extérieurs aux espaces intérieurs, Villa Marie, entre plages de sable blanc, rochers et eau cristalline, nous convie en effet à jouir de toutes les joies de la destination.

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Inspiré par le courant Gypset, l’hôtel baigne dans une ambiance bohème, glamour et chic, ainsi qu’un esprit ethnique et tropical. En écho à l’héritage architectural antillais, Villa Marie mêle les styles en suggérant, par touche ou de manière plus affirmée, « le colonialisme des planteurs, les Indiens caraïbes, l’influence britannique et l’art de vivre à la française ». Les 22 bungalows et les 3 villas exclusives montrent des lustres en coquillages, des lits à baldaquins aux gros lins colorés pour une note romantique, des têtes de lit à montants aux tissus chamarrés, des guéridons ananas, des bureaux en rotin brun et du mobilier en bambou réalisés sur mesure par de petits artisans, ou encore des trophées et des boîtes à bijoux en coquillages, des commodes en nacre d’esprit syrien et d’autres petits trésors raffinés chinés autour du monde… Côté tonalités, pour contraster avec les murs blanchis, du turquoise, du rose bougainvilliers, du bleu couleur ciel ou encore du jaune canari ont été préférés. Bien sûr, chaque habitation profite d’une terrasse intimiste entourée de verdure où l’on se pose volontiers pour admirer, depuis sa balancelle, le lagon et la somptueuse baie des Flamands.


Partout, l’endroit demeure un pur enchantement pour les sens, que l’on soit au bord de la piscine nichée dans un jardin luxuriant – peuplé d’arbres du voyageur, de balisiers, de bougainvilliers, de palmiers géants, de bananiers, de manguiers ou de cactus – ou encore sous l’une des varangues de la bâtisse, agrémentées de chaises anciennes et de fauteuils en bambou. L’autre lieu de détente absolue, c’est le spa, pourvu de deux cabines de soin, d’un hammam et d’une salle de fitness. Ce Spa Pure Altitude « se pare de coquillages sur fond turquoise pour nous plonger dans un océan de bien-être grâce à des rituels personnalisés faisant la part belle à la richesse botanique locale ». Pour se restaurer, Villa Marie a conservé l’emblématique restaurant François Plantation, connu de tous les habitués de l’île, qui propose, dans un décor de bois foncé, une cuisine française sophistiquée aux couleurs locales : homard et légumes grillés, pêche colorée du jour, salades croustillantes, blanc-manger coco et autres spécialités du coin. Tout un art de vivre tropical chic et exquis pour voyageurs en quête d’expériences nouvelles et authentiques…

“ Inspiré par le courant Gypset, l’hôtel baigne dans une ambiance bohème, glamour et chic. ”

saint-barth.villamarie.fr

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HÔTEL | LE GÉNÉRAL – PARIS

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Petits bonheurs

À deux pas de la place de la République à Paris, l’hôtel Le Général, réinterprété par l’architecte Jean-Philippe Nuel, nous a séduit pour ses deux visages : l’un urbain et animé, l’autre cosy et intime. Visite. Texte : Delphine Després Photos : © Gilles Trillard

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HÔTEL | LE GÉNÉRAL – PARIS

“ Le Général se veut un lieu de vie, de partage où chacun peut laisser la trace d’un instant ou d’une rencontre. ”

Jean-Philippe Nuel

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Parmi les nombreux hôtels 4* qui ont vu le jour l’an dernier au cœur de la capitale, Le Général mérite une halte, un voyage… Pour son emplacement emblématique certes, entre le Marais et le canal SaintMartin, mais cela ne suffit pas. Disons que ce qui nous incite à venir ici – et à y rester –, ce sont plutôt le décor et l’ambiance particulière qui y règne ! Repensé par l’architecte Jean-Philippe Nuel – qui avait déjà conçu l’hôtel dans les années 2000 –, Le Général s’impose comme un établissement convivial où l’échange et le partage sont largement favorisés. Le rez-de-chaussée, plutôt coloré, composé du lobby, d’un bar, de tables d’hôtes en métal (design Jean-Philippe Nuel), d’un mobilier un brin vintage et d’un espace bibliothèque se vit presque comme l’intérieur d’un appartement où l’on se poserait entre amis autour d’un bon verre pour discuter de l’expo incontournable du moment ou du dernier « page-turner » dévoré ! Pour créer cette atmosphère, Jean-Philippe Nuel a imaginé un espace ouvert où des photos d’anonymes habillent les murs, où nombre de livres occupent la bibliothèque, où des piliers graphés dévoilent des messages, où un tourne-disque et ses vinyles attendent qu’un amateur les délivrent… Autres éléments forts du décor, des skateboards, œuvres d’art de l’artiste Chris Calvet, et des vélos Martone nous invitent à arpenter Paris, tout comme une carte proposant différents parcours dans la capitale. De l’autre côté, le bar avec ses longues tables d’hôtes imite une grande cuisine, et ce coin, où l’on prend le petit déjeuner et où l’on peut boire un verre tard le soir, est aussi un endroit propice à la communication.

Et davantage encore, de 19 h à 20 h lorsque l’équipe du Général offre une coupe de champagne à ses hôtes, et certains mercredis de 15 h à 18 h – deux par mois – quand le chef pâtissier Carl Marletti organise sa Master Class Pâtisserie ! Pour les 46 chambres déclinées en 5 catégories, Jean-Philippe Nuel a misé sur le contraste. Loin des espaces publics vivants et colorés, les chambres se veulent intimes et apaisantes, dans une version black and white, réchauffée par des suspensions or graphiques. Chaque espace privé – même le plus petit – a été optimisé, et est magnifié par de grandes photos colorées de Christian Bassot ou de Christophe Dugied tranchant avec l’univers épuré de la chambre. Par ailleurs, au niveau du plafond anthracite, le Général nous rappelle que « Le monde est trop petit pour ne pas nous rencontrer ». Une citation reprise dans chaque habitation. « Le Général se veut un lieu de vie, de partage où chacun peut laisser la trace d’un instant ou d’une rencontre. Même dans le calme apaisant de la chambre, une fenêtre est ouverte sur un autre espace, une autre vie, une rencontre virtuelle qui nous renvoie à notre propre image », résume Jean-Philippe Nuel. Ajoutons également que le lieu possède un espace fitness et massage (sur réservation) au niveau du sous-sol, mais surtout que le personnel est aux petits soins pour sa clientèle, et que le service est sans chichi, mais professionnel et souriant. Un vrai plus qui contribue à parfaire notre séjour !

www.legeneralhotel.com

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HÔTEL | SNOB – PARIS

Dorothée Delaye et Daphné Desjeux.

Après le Handsome à Paris en 2016, les décoratrices Dorothée Delaye et Daphné Desjeux se font à nouveau remarquer en créant les intérieurs de l’hôtel Snob, ouvert en novembre dernier par le groupe Elegancia Hotels. Visite d’un petit boutique hôtel de charme aux lumières tamisées. Texte : Charlie Leclerc Photos : © Nicolas Anetson

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“ Le Snob se veut une expérience du chic à la française avec plein de contradictions. ” 159


HÔTEL | SNOB – PARIS

Au cœur du quartier des Halles, rue Saint-Denis, l’hôtel Snob très discret passe presque inaperçu avec son étroite façade noire en renfoncement, qui ne dévoile rien, ou presque, sur l’âme de l’établissement. À l’intérieur pourtant, apparaît un bien joli décor. Le rez-de-chaussée, plutôt sombre, abrite, dans un même volume exigu et élégant, la réception et des salons lovés dans des alcôves. Entre des papiers peints aux motifs végétaux ou floraux, un tableau ancien réinterprété par l’artiste Blase dans l’entrée, des fauteuils en velours à franges dorées, cet espace a été pensé dans un esprit boudoir chic et décontracté. « Le Snob est un hôtel rendant hommage à la Parisienne, explique le duo de l’agence Desjeux Delaye. Il se veut une expérience du chic à la française avec plein de contradictions, il sera élégant et bourgeois, prétentieux mais casual. Il reflète aussi bien la Parisienne voyageuse en quête d’exotisme, que le classique intemporel en noir et blanc.

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Nous avons joué sur les codes du snobisme pour les servir aux clients de manière décalée afin de les surprendre avec humour. » Les décoratrices ont imaginé le projet dans son ensemble, et ont également dessiné une partie du mobilier pour personnaliser davantage l’endroit, à l’image des appliques, des suspensions et de chaque tête de lit. Les 24 chambres déclinent deux ambiances, rythmées par des touches de laiton. La première découvre des teintes de bordeaux et de noir ; la seconde, entre modernité et look rétro, nous séduit avec ses tonalités black and white. Le décor des chambres est tantôt marqué par une grande fresque derrière la tête de lit ou par une tête de lit graphique, par des portraits impressionnistes, par une moquette « plumes de paon » ou pied-de-poule, par du métal ajouré dans un dressing rétro éclairé, par des abat-jour à franges, des lustres Art déco, etc. Des photographies de femmes sur fond noir de Romina Ressia (YellowKorner), artiste argentine puisant son inspiration dans la peinture des maîtres anciens, tels Raphaël, Rembrandt ou encore Vermeer, viennent également troubler l’apparente sagesse des lieux… Un hôtel 4 étoiles coquet, feutré et chaleureux invitant au voyage, et dans lequel il est très agréable de séjourner ! snobhotelparis.com www.desjeuxdelaye.com

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HÔTEL | BELDI COUNTRY CLUB – MARRAKECH

À 10 minutes du centre de Marrakech, le Beldi Country Club est bien plus qu’un hôtel de charme. Ce domaine très nature promeut un art de vivre marocain délicieux, entre jardins, roseraie, détente, plaisirs de la table et artisanat. Si l’adresse n’est pas nouvelle, elle dévoile quelques jolies nouveautés. Échappée belle face à l’Atlas. Texte : Charlie Leclerc Photos : © Beldi CC

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HÔTEL | BELDI COUNTRY CLUB – MARRAKECH

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“ Derrière les murs en pisé des bâtiments, on retrouve ici l’esprit d’une véritable maison familiale, un brin rustique chic. ” Le Beldi Country Club à Marrakech, c’est un peu l’adresse que l’on garde jalousement pour soi pour ne pas attirer une horde de touristes… Ce domaine, au cœur d’une vaste oliveraie de 15 hectares, s’impose comme une halte dépaysante, où l’on profite à chaque instant des richesses du Maroc. Parmi les nouveautés cette année, le Beldi inaugure un grand potager 100 % bio à visiter, 9 nouvelles chambres dont 4 deluxe et une vaste suite familiale, une grande piscine chauffée de 30 mètres de long autorisant des baignades toute l’année et une boutique dédiée à l’artisanat local. Le Beldi, imaginé comme un véritable douar aux ruelles ombragées – petit village marocain – possède un atelier de souffleurs de verre et un souk aux échoppes colorées où l’on admire des pièces réalisées à la main et issues de savoir-faire ancestraux (broderies, poteries, tapis, serviettes, coussins, sacs, etc.). Chaque matin, un boulanger prépare même le pain pour les restaurants… Un rituel auquel les enfants peuvent participer ! Ailleurs, on profite d’une nature apprivoisée et sublime, des jardins aromatiques à la roseraie et ses 15 000 rosiers, au potager et aux arbres centenaires sous lesquels on cultive l’art de la sieste… Autre alternative pour une relaxation ultime : le spa by Beldi. Succession d’espaces intimes, il propose des salles de massages intérieures et extérieures, deux hammams traditionnels, etc. Prodigués par une équipe formée aux méthodes orientales traditionnelles, les soins sont effectués avec des produits à base d’huile d’argan et des herbes aromatiques du jardin.

Si le Beldi ne vit pas en totale autarcie, les propriétaires veillent à utiliser au maximum les ressources du domaine : « Tout ce qui est sur table provient du Beldi, de l’assiette aux nappes, aux verres en passant par l’huile d’olive ou encore les fruits et les légumes. » Le restaurant, dirigé par une nouvelle chef, également responsable des cuisines de la Kasbah Beldi – autre adresse des propriétaires à 50 minutes de là – offre ainsi une succulente cuisine marocaine et méditerranéenne inspirée par les produits locaux du moment. La déguster aux beaux jours au bord de la piscine – le Beldi en totalise 5 ! – entourée d’oliviers est un pur enchantement ! L’hiver, c’est plutôt la roseraie et l’Altas enneigé que l’on admire depuis sa table. Avouons que le choix de ces panoramas pour accompagner chaque plat est tout aussi exquis ! Derrière les murs en pisé des bâtiments, on retrouve ici l’esprit d’une véritable maison familiale, un brin rustique chic. L’hôtel, haut de gamme et raffiné, comporte 40 chambres et suites sans télévision toutes différentes, avec, pour chacune, une terrasse privée. Les hôtes profitent ici d’une réelle quiétude, du crépitement du feu de cheminée en hiver. Côté décoration et mobilier, le style Beldi – vous l’aurez compris – valorise le savoir-faire des artisans locaux. Un petit paradis très cool, loin de l’agitation de la ville rouge… À vivre ! www.beldicountryclub.com

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HÔTEL | FOUR SEASON – NEW YORK

Luxe feutré Pour son second opus à Manhattan, le groupe hôtelier canadien Four Seasons s’offre une adresse au sud de l’île, tout près du Mémorial du World Trade Center ou, pour une note plus frivole, du nouveau marché français, Le District. Petite visite de courtoisie. Texte : Fabienne Dupuis Photos DR

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HÔTEL | FOUR SEASON – NEW YORK

En taxi, on y accède par Broadway, cette longue et plus vieille avenue de l’île de Manhattan qui traverse ce petit bout de terre, sur toute sa longueur. Dans cette partie de la ville, les noms de quartiers défilent comme le générique d’une vieille série : Greenwich Village, SoHo, Nolita, Little Italy, Chinatown ou Tribeca… Autant de noms qui ont contribué à faire de la plastique industrielle de New York City, une véritable référence esthétique et culturelle. C’est dans cette partie de Manhattan que le nouvel hôtel du groupe Four Seasons vient tout juste d’ouvrir ses portes. Un opus installé au cœur d’un bâtiment de 82 étages qui abrite un total de 185 chambres et suites. Au programme, les invités retrouvent tous les ingrédients qui ont permis de bâtir jusque lors, l’impeccable réputation du groupe de Toronto. Une décoration luxueuse qui ne déborde jamais sur les tentations troublantes de l’ostentation, et ce service, toujours affable et sans faute qui rend tout séjour au cœur d’un Four Seasons, un peu à part. La nouvelle adresse Downtown, à ce titre, rend parfaitement justice aux prêches de la marque. Il ne faut qu’un tour de porte-tambour pour se dégager de l’austérité de l’immeuble situé au numéro 27 de la Barclay Street, et pénétrer dans le nouvel univers imaginé par l’agence canadienne d’architecture d’intérieur, Yabu Pushelberg. Pierres, tissus, tapis et moquettes épaisses sont ainsi parés de bruns, beiges et mordorés qui s’affichent dans des lignes impeccablement strictes, sur les murs et sols du lieu.

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C’est à la richesse et la multitude des textures que revient le droit de créer une effervescence luxueuse, dans cette atmosphère que l’on a, à l’évidence, souhaité discrètement opulente. Dans les chambres, le projet se poursuit dans cette gamme de tons, pensée pour reposer les sens et procurer un confort maximisé et élégamment douillet. Reviendra sans doute à la salle des bains de surprendre, un peu plus, ses hôtes. Spacieux, lumineux, le lieu a été conçu comme un petit spa qui s’offre en quelques m2, l’aisance d’un espace consacré au repos et au bien-être. Marbre blanc, baignoire ovale, large cabine de douche et miroir gigantesque contribuent à créer un sentiment d’aisance, partiellement exacerbé par la vue de la ville, devenue soudainement silencieuse, qu’offre une chambre située sur les hauts étages de l’hôtel. Le très beau Spa du Four Seasons et ses sept cabines, situés en sous-sol, conféreront quant à eux, la touche d’expertise nécessaire aux contractions les plus revêches… Si le Four Seasons Downtown sert tous ses petits déjeuners en chambre, il possède cependant une très belle salle de restauration. Avec son grill très chic, le Cut by Wolfgang Puck, habillé d’inflexions pourpre, vermillon et grenat, par le décorateur Jacques Garcia, l’adresse s’assure d’accueillir une foule, friande de beau et de nouveautés. À l’image même de ce quartier de Manhattan qui semble plus que jamais déterminé à se saisir, du bon, du racé et du délectable.

“ Une décoration luxueuse qui ne déborde jamais sur les tentations troublantes de l’ostentation. ”

www.fourseasons.com www.yabupushelberg.com Pour s’y rendre : vol Paris-New York avec OpenSkies. Plus d’informations sur www.britishairways.com

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HÔTEL | ZEPPELIN – SAN FRANCISCO

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Adresse rebelle


Les cheveux au vent, la sculpture d’une femme nue signée Brian Mock accueille les nouveaux clients de l’hôtel Zeppelin. Entièrement constituée de matériaux recyclés (couverts, outils, etc.), la Flower Child, comme on l’appelle, donne le ton. Liberté, modernité et un doigt d’irrévérence seront ainsi au menu de cette nouvelle adresse san-franciscaine. Texte : Harriet Hamilton Photos DR

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HÔTEL | ZEPPELIN – SAN FRANCISCO

“ Gamin, bohème, stylé et peut-être même kitsch, le Zeppelin est un peu tout cela à la fois. ”

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Ouvert depuis quelques mois, le Zeppelin, dirigé par le Viceroy Hotel Group, est un hôtel plutôt rebelle. De ceux qui se sont directement inspirés des figures légendaires qui ont préféré prendre le contrepied des choses, des insoumis à l’ordre et à la convention. Ainsi donc, l’on cite ici Ginsberg, Kerouac, Santana, Harvey Milk ou Steve Jobs comme les sources d’une inspiration plutôt bien orchestrée. À l’intérieur, on y déambule au travers de salons, le Love, le Soul et le Peace, pièces d’artefacts inspirées directement des grandes époques protestataires des Etats-Unis. Autour d’un fauteuil Egg ou de canapés de velours épais, on sillonne les espaces entre billards, jeu de Skee Ball et même un Bingo, délicieux cliché d’une époque « bon-papa » révolue. Dans les 196 chambres et suites que compte l’hôtel, l’on retrouve la même machine qui plus bas rend les espaces communs si sexy et rock’n’roll. Si le ton est plus calme toutefois – finis les néons et les flippers, mais après tout il s’agit ici des chambres –, la gamme de couleurs persévère dans ses nuances froides et élégantes de vert avocat, ses bruns dorés, ses grenats profonds et ses gris anthracites, pour offrir des espaces hautement attrayants. Gamin, bohème, stylé et peut-être même kitsch, le Zeppelin est un peu tout cela à la fois. Il offre une âme de gentille révolte dans le contexte certes circonscrit d’un hôtel, mais avec l’enthousiasme, non feint, d’un adolescent On the Road. En roue libre.

www.viceroyhotelsandresorts.com

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© Philippe Piron

HÔTEL | LA PÉROUSE – NANTES

Navire hôtelier 174


© Guillaume Grasset

Texte : Delphine Després Photos : DR

© Guillaume Grasset

Emblématique à Nantes avec son architecture radicale, l’hôtel La Pérouse 4 étoiles vient de s’offrir une seconde jeunesse, sans trahir son passé. Un établissement aux lignes minimales qui évoque aussi l’univers naval et les années 1930. Visite.

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© Guillaume Grasset

HÔTEL | LA PÉROUSE – NANTES Lors de son inauguration en 1993, l’hôtel La Pérouse, conçu par les architectes Bernard et Clotilde Barto, alias Barto + Barto, avait fait sensation avec sa silhouette avant-gardiste… D’abord controversé, il fut ensuite reconnu comme une œuvre majeure de son époque, puis classé « Patrimoine du XXe siècle ». Ses nouveaux propriétaires lui ont offert, il y a quelques mois, un nouveau souffle. Entièrement rénové dans les règles de l’art et dans le respect total de son identité d’origine, La Pérouse a retrouvé sa magnificence. Amarré sur le cours des 50-Otages, artère majeure et paysagée du centre ville nantais séparant la ville haute et la ville basse, l’hôtel, monolithique, suscite l’étonnement au premier regard. Ses façades blanches en pierre de Richemont, lisses et dénudées, sont cadencées par des ouvertures panoramiques aux proportions inhabituelles, et l’une des façades en dévers semble même s’enfoncer dans le sol... Un clin d’œil des architectes aux hôtels particuliers inclinés des armateurs du XVIIIe siècle, dont les fondations se sont affaissées à cause d’un soussol marécageux. Pour pénétrer au sein de l’hôtel, on emprunte une passerelle qui évoque celle d’un bateau : les références à l’univers marin sont ici omniprésentes. La Pérouse compte en effet nombre de meubles en bois fabriqués par les Chantiers de l’Atlantique selon les dessins des architectes ou des détails évoquant la proximité des zones portuaires : consoles, chevets, poignées anti-roulis des chambres, garde-corps se déroulant comme un ruban, fenêtres des chambres aux allures de hublots rectangulaires, etc.

“ Amarré sur le cours des 50-Otages, artère majeure et paysagée du centre ville nantais, l’hôtel, monolithique, suscite l’étonnement au premier regard. ”

© Guillaume Grasset

Aménagé comme un espace de rencontres et d’échanges, le lobby, teinté de tonalités claires et de bois blond, abrite un bar sculptural, des salons confortables et du mobilier design. Ainsi, des fauteuils Utrecht de Gerrit Thomas Rietveld (Cassina) voisinent avec le Day Bed d’Eileen Gray, classique du design de 1925 (aujourd’hui produit par ClassiCon), ou encore le fauteuil LC2 de Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand (aujourd’hui édité par Cassina). Dans les 46 chambres, d’autres belles pièces habillent les espaces, comme la chaise Zig Zag en bois massif, imaginée en 1934 par Gerrit Thomas Rietveld (aujourd’hui éditée par Cassina), et la chaise Hamlet Machine de Robert Wilson, composée d’une structure en cornière perforée soudée et d’une assise en tôle d’acier. Les chambres, réactualisées en 2016, évoquent également l’esprit maritime et les années 1930. Sobres, claires et pourvues d’un parquet bois, elles suggèrent les cabines d’un paquebot. Elles nous immergent dans un tout autre monde, un véritable cocon de modernité et de douceur où la force du bois côtoie la légèreté du verre avec harmonie. Les architectes ont par ailleurs dessiné nombre de détails, meubles ou luminaires qui contribuent à parfaire cet établissement, dont les parois sont magnifiées par un stucco, rénové à l’identique. Bijou d’architecture, La Pérouse mérite vraiment une halte. Tout comme Nantes, une ville dynamique et audacieuse, ouverte et vibrante.

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www.hotel-laperouse.fr


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Š Guillaume Grasset


HÔTEL | VALENCIA LOUNGE – VALENCE

Joyeuse tornade Leur agence de conseil d’intérieur, Masquespacio, à peine créée, Ana Milena Hernández Palacios et Christophe Penasse rencontrent très vite un vif succès. Il faut dire que depuis 2010, les deux jeunes entrepreneurs ont multiplié les projets qui leur ont tous valu les honneurs de leurs pairs. Texte : Harriet Hamilton Photos : DR

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“ Frappé du style Masquespacio, la vieille bâtisse n’a pourtant perdu aucun des charmes de ses courbes d’antan. ”

Aujourd’hui, c’est le Valencia Lounge Hostel qui affiche fièrement les honneurs de l’agence Masquespacio, responsable de la décoration d’intérieur de cette nouvelle adresse. Au menu, une vieille demeure du début du XXe siècle, située en plein cœur de la très élégante ville de Valence, transformée aujourd’hui en une ravissante auberge de jeunesse. Frappé du style Masquespacio, la vieille bâtisse n’a pourtant perdu aucun des charmes de ses courbes d’antan. Au contraire, Ana Milena Hernández Palacios et Christophe Penasse ont fait le choix de garder les parquets et les moulures qui rendent l’adresse si élégante. Pour l’habiller, les deux créatifs y ont ajouté ce qu’ils savent faire de mieux : de l’esprit et du punch, à savoir des couleurs qui viennent surprendre les tons plus timides de la demeure. On y trouve ainsi en vrac, des tiges de métal fluo qui jouent à redessiner les moulures des murs gris souris, des losanges géants qui tapissent les têtes de lit ou encore de gros cercles jaunes qui viennent surprendre d’autres murs impeccablement blancs. Des onze chambres, toutes décorées différemment, au salon, en passant par la cuisine, c’est une véritable tornade de couleurs et de bonne humeur que Masquespacio a savamment instillé pour offrir aux invités un lieu qui donne bonne mine et qui sent bon les matins légers.

www.masquespacio.com www.valencialoungehostel.com

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©giuliafougeirol2016

ART | CHARLES CARMIGNAC

Charles Carmignac et son œuvre BEHIND, REWIND.

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L’apaisante étrangeté de M. Carmignac Le monde intérieur est une immensité que certains s’attachent à révéler. Charles Carmignac, musicien et plasticien français, appartient à cette catégorie de chercheurs, qui enjambe les frontières du visible pour révéler la magie d’un ailleurs si proche. Propos recueillis par Vanina Tarnaud

©bfougeirol2016

IN VITRO 2 Aquariums en verre 40 x 40 x 100 cm. Système de filtre, tulle, socle en métal de 40 x 40 x 100 cm. Édition de 3 exemplaires + 1EA.

BEHIND, REWIND Néon blanc, Miroir en verre noir 100 x 60 cm. Édition de 5 exemplaires + 1EA.

IN VITRO 1 Aquariums en verre 40 x 40 x 100 cm. Système de filtre, tulle, socle en métal de 40 x 40 x 100 cm. Édition de 3 exemplaires + 1EA.

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ART | CHARLES CARMIGNAC Longtemps guitariste dans le groupe Moriarty, Charles Carmignac investigue aujourd’hui d’autres champs, à grand renfort de néons, de miroirs obscurs, d’étranges créatures aquatiques. Grâce à Mireille Ronarch, fondatrice de la jeune galerie Under Construction, l’artiste nous a ouvert ses portes, celles d’une singulière perception.

Il semble qu’il y ait dans votre travail un véritable questionnement sur le temps, sur la mort ? Charles Carmignac : En tournant autour des miroirs, certaines pièces ont glissé vers le mythe d’Orphée… « don’t look in a Mirror » devient « death clock at work » ou encore « la mort vous prie de voir/ la porte derrière le miroir ».

Pourquoi ce travail avec les néons ? Charles Carmignac : D’abord une fascination d’enfant pour l’écriture lumineuse et pour la révélation des zones magiques, cachées du langage. La lumière est l’encre parfaite. Elle dessine le mot, traçant un chemin : celui que fait l’œil du lecteur quand il parcourt l’énigme.

Quels moyens proposez-vous pour franchir ce miroir ? Charles Carmignac : Les créatures « In Vitro »… Elles dansent à l’infini, charment, hypnotisent si on leur laisse le temps. Elles empruntent à l’esthétique du digital, et sont pourtant parfaitement organiques : du tissu qui flotte dans l’eau. Cela à l’air vivant, c’est très loin de nous et semble très doux. Une apaisante étrangeté...

Serait-ce une invitation à passer de l’autre côté du miroir ? Charles Carmignac : Absolument. Mon amour des énigmes remonte à l’enfance, aux récits fantastiques, à ma fascination pour les glissements de la réalité. L’énigme est une incrustation de l’invisible dans le visible, sous forme de code, de déguisement. C’est cette matière transformée qui constitue l’énigme. Quand on est gamin, on a souvent ce fantasme qu’il y a autre chose que ce que l’on voit. Chez certains, il persiste une fois devenu grand. Le thème du miroir évoque aussi l’inquiétante étrangeté dont parlait Freud. L’idée lui en était venue après avoir été lui-même troublé par ce visage, reflet flou dans la vitre d’un wagon et qu’il n’avait pas tout de suite reconnu comme étant sien. Je choisis des miroirs noirs suffisamment grands pour qu’en cherchant le reflet du mot celui qui regarde puisse voir son propre visage. Quelque chose se joue alors entre le reflet du mot et celui du « moi ».

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Il navigue Carmignac sur les océans de conscience élargie, démultipliée. Il plonge pour ramener en surface des réponses possibles aux énigmes existentielles, tout en lumière et en poésie. Sa dernière proposition : Inside The Dream Machine, hommage vibrant aux artistes de la Beat Generation, qu’il propose avec le collectif auquel il participe, aux côtés de Barbara Carlotti et Gauthier Dupont. À découvrir le 28 janvier au Théâtre de la Loge à Paris.

Under Construction Gallery, 6, passage des Gravilliers, 75003 Paris. underconstructiongallery.com

©bfougeirol2016

Vous associez néons et miroirs parfois. Que permet la réflexion ? Charles Carmignac : Elle permet de passer de l’autre côté du mot. Quand cela s’opère, c’est si rare, qu’on ne peut s’empêcher de penser à un petit miracle. Pour trouver ces correspondances, j’ai travaillé dix jours à parcourir les dictionnaires français et anglais, à la recherche d’ambigrammes (mot dont le reflet permet une double lecture). M’appuyant sur un tableau personnel transformant les lettres en leur reflet vertical, et une fois éliminé tout ce qui ne fonctionnait pas ou n’avait pas de sens pour moi, j’ai conservé ce qui servait un message important, ou simplement drôle, comme « blond angel/ proud queer ». J’ai construit une série de néons miroirs qui parlaient de ce penchant naturel qu’on a pu voir à l’œuvre dans nos sociétés, notamment avec l’accession à la présidence des USA de Trump : la peur de l’altérité. Ainsi « guest » (invité en anglais) devient par un jeu de reflet « angst » (anxiété en anglais, peur en allemand) : « we group» (nous en groupe) se transformant en « me alone » (moi seul). Pour servir mon propos, j’opère parfois quelques transformations graphiques comme lorsque « remain » renvoie « leavin’ », dilemme auquel étaient confrontés les Anglais au moment du Brexit. Et puis, il y a une autre méthodologie qui est celle du miroir noir. Elle ne fait pas appel à des inversions, mais à des jeux de peinture et de reflet qui changent le sens du mot une fois réfléchi. « behind the mirror of truth » devient « rewind the memory of youth ». J’adore cette phrase de Cocteau : « Les miroirs feraient bien de réfléchir davantage avant de renvoyer les images. »

INQUIÉTANTE ÉTRANGETÉ Néon blanc 48 x 21 cm, avec ou sans coffrage bois 63 x 35 cm, aquarium en verre de 60 x 35 x 20 cm. Édition de 5 exemplaires + 1EA.


©bfougeirol2016

WE AND ME Néon blanc 58 x 9 cm, coffrage bois blanc ou noir et plexiglas 75 x 37 cm, miroir 75 x 20 cm. Édition de 5 exemplaires + 1EA.

“ La lumière est l’encre parfaite. Elle dessine le mot, traçant un chemin : celui que fait l’œil du lecteur quand il parcourt l’énigme. ”

©bfougeirol2016

Charles Carmignac

THE ANGEL OF THE ODD Néon 66 x 14 cm, avec ou sans coffrage bois 75 x 25 cm, miroir PVC 75 x 25 cm. Édition de 5 exemplaires + 1EA.

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ART | ISABEL MUÑOZ

Série Flamenco, 1989.

Anthropologue de l’âme La silhouette est gracile, la voix cristalline et enjouée, le sourire vibrant. Isabel Muñoz, Prix de la Photo 2016 en Espagne, parcourt le monde, appareil au poing, pour offrir une tribune à ceux qui en sont privés, le tout dans une quête obsessionnelle de l’être humain, mettant la beauté au service de l’âme. Propos recueillis par Vanina Tarnaud Isabel Muñoz

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SĂŠrie Metamorfosis, 2016.

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ART | ISABEL MUÑOZ Le 28 décembre dernier se tenait dans la galerie CT de Megève le vernissage de l’exposition d’Isabel Muñoz « Corps et Âmes » (1re partie). Cette femme à la simplicité élégante accueillait les visiteurs avec une gentillesse et une humilité qui feraient presque oublier qu’elle compte parmi les photographes les plus prestigieux de sa génération. Artravel a eu la chance de la rencontrer la veille de cet événement. Comment s’est déroulé votre éveil à la photographie ? Isabel Muñoz : Petite fille, j’adorais la danse. Je rêvais de devenir ballerine. Mes parents s’opposaient à ce désir. Alors je me suis tournée vers la photographie. À 13 ans, on m’a offert mon premier appareil photo. Pourtant, il me semble que même avant cela je photographiais mentalement mon entourage : j’essayais d’être invisible pour mieux regarder les yeux des gens, pour mieux voir s’ils s’aimaient ou pas. L’intérêt pour l’autre, pour l’être humain m’a toujours guidée. La photo m’a tant donné que j’aimerais pouvoir lui rendre un jour tout ce que j’ai reçu d’elle. Elle est ma manière de vivre. Parfois, je ne sais plus où est la photo, où est la vie. J’ai trouvé en elle un moyen de partager avec l’autre, de raconter des histoires.

Série Metamorfosis, 2016.

Le corps est très présent dans votre travail, que ce soit les nouvelles tribus urbaines du Mexique, les danseurs de tango et de flamenco, et jusqu’à vos œuvres les plus récentes sur les grands singes. Ce corps serait-il une voie d’accès à la libération ? Isabel Muñoz : Oui c’est exactement cela. Le corps est un prétexte pour parler du besoin que l’on a de sentir. Dans mes séries sur les danses, je voulais raconter comment toucher l’autre nous incarne, parler des manières d’aimer dans les différentes cultures. Récemment, je suis allée au Mexique photographier des jeunes en quête d’ancrage, d’identité. Nourris de la culture maya, ils sont entrés dans une nouvelle forme de mysticisme qui passe par une métamorphose incluant tatouages, mais aussi perforations leur permettant d’être suspendus. C’est leur manière de dire leur mécontentement dans une société qui ne leur accorde pas de place ; un moyen de reprendre le pouvoir sur leur corps, sur leur existence. On peut les voir comme des êtres perdus, mais c’est seulement notre prisme. Je crois que c’est plutôt une façon d’appartenir à une tribu dont ils maîtrisent les codes. Cette série entre dans le thème « L’Amour et L’Extase », deux émotions pas si éloignées que cela. Votre série sur les derviches tourneurs appartientelle à la même thématique ? Isabel Muñoz : D’une certaine manière. Par la musique, par la danse, les derviches tourneurs entrent dans une sorte de transe qui libère le corps, une extase. Les derviches mevlevis sont pétris d’amour et de générosité dans leurs rapports à la terre, au monde. Je suis très émue quand je regarde cette photo prise à Damas, sur un site historique, quelque temps avant le début du conflit. Je me demande ce qu’est devenu cet homme. J’aimerais pouvoir le retrouver…

Série Mevleví, 2009.

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Votre travail est principalement en noir et blanc ? Ne serait-ce pas une allégorie de cette dualité dont la vie est porteuse ? Isabel Muñoz : Chacun de nous renferme ombre et lumière. Pour parler de la vie, il est nécessaire de dire cette part d’obscurité, de ne pas en avoir peur. Parce que


même dans les moments les plus durs, beauté et lumière émergent. C’est cette vie, cette dignité que je cherche à montrer. Même à l’est du Congo, chez des femmes victimes de violences inouïes, j’ai trouvé cette lumière. Elle s’impose comme une nécessité pour continuer à vivre. L’existence te fait évoluer. Chaque fois, le fardeau s’alourdit, renforçant ce besoin de sentir, pas uniquement l’amour mais aussi la douleur. La liberté c’est tout cela, l’accueil de ce paradoxe vital. Expliquez-nous ce qui vous a conduite à vous intéresser aux grands primates ? Isabel Muñoz : Un jour j’étais en Papouasie-NouvelleGuinée et je travaillais sur ces tribus qui utilisent leurs corps comme des livres. Au beau milieu de la nuit, il m’est apparu que je devais établir ce lien entre nous, êtres humains, et ces grands primates. Alors j’ai commencé à me documenter, à lire les grands primatologues. Et puis j’ai fait des images au zoo de Madrid, mais aussi dans les montagnes du Congo, avec les gorilles, dans un centre qui accueille ceux qui ont été victimes de toutes sortes de trafic. En faisant leurs portraits, je me suis rendue compte qu’ils sentaient face à la caméra la même curiosité que nous dans une telle situation. Accepter d’être photographié est un acte de générosité et d’amour vis-à-vis de la personne qui tient l’appareil. On donne dans une forme de respect et de peur aussi. Regardez comme ils posent : ils ont senti tout cela. Nous ne sommes pas si éloignés : souvent ils règlent leurs problèmes sociaux en faisant l’amour. Comme nous, ces grands singes sont traversés par les sentiments de jalousie, de générosité. Certains gorilles sont même morts d’amour. Lorsqu’une femelle se blottit contre la poitrine de son mâle, elle ferme les yeux. Ne faisons-nous pas la même chose pour être au plus proche de l’être aimé ? De quel droit malmenons-nous ces êtres vivants ? D’où venons-nous et qu’avons-nous perdu sur le chemin ? Il va de soi qu’il est question de nos origines à travers ce travail-là et donc de notre avenir et de celui de nos enfants et petits-enfants.

Série Primates, 2015.

“ Accepter d’être photographié est un acte de générosité et d’amour vis-à-vis de la personne qui tient l’appareil. ” Isabel Muñoz

Le mot « amour » revient sans cesse dans votre bouche… Isabel Muñoz : Pour moi, il n’y a pas d’art sans amour. Existe-t-il plus belle profession de foi pour une artiste ? Tel un enfant observant méticuleusement les règles de son jeu intime, Isabel Muñoz milite avec poésie, beauté et inquiétude, pour un regard sur l’être d’aujourd’hui, empli d’amour et de bienveillance. Ses images arrachent leurs sujets à l’obsolescence programmée de toute vie, faisant de ces inconnus des icônes universelles du souffle qui anime.

www.isabelmunoz.es « Corps et Âmes » d’Isabel Muñoz a été exposé jusqu’au 29 janvier, à la CT Gallery, 112 rue Saint-François à Megève. À partir du 3 février et jusqu’au 1er mai, CT Gallery expose sa série intitulée « Mythologies ». ct-gallery.com/fr

Série Primates, 2014.

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HÔTEL

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150. Villa Marie – Saint-Barthélemy

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78. Polpo – Levallois-Perret

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50. RBC Vintage – Isle-sur-la-Sorgue www.rbcmobilier.com

154. Le Général – Paris

54. Fritz Hansen fritzhansen.com

58. Maison Sarah Lavoine – Paris

RENCONTRE

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90. Benjamin Paulin et Alice Lemoine

158. Snob – Paris

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62. Artdesk Group

DOMESTIQUE

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66. Retreat in Finca Aguy by Mapa Architects mapaarq.com

104. Valley Villa by Arches – Vilnius www.arches.lt/en/

68. Wikkelhouse

112. Savion Residence by Neuman Hayner architects – Tel-Aviv

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70. Satellite Island – Tasmanie

116. Loft MDP by FFWD – Barcelone

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86. Hôtel André Latin – Paris

122. Loft 9b by Dimitar Karanikolov

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96. Davide Groppi

128. Montana Residence by Suyama Peterson

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Deguchi www.suyamapetersondeguchi.com www.christiangrevstad.com www.aaronleitz.com

162. Beldi Country Club – Marrakech www.beldicountryclub.com

166. Four Season – New York www.fourseasons.com www.yabupushelberg.com OpenSkies : Vols réguliers au départ de Paris-Orly pour New York. Depuis le mois d’octobre, en partenariat avec le réseau de VTC Uber, les passagers voyageant en classe Biz Bed bénéficient d’un aller-retour offert depuis leur domicile vers l’aéroport. Plus d’informations www.britishairways.com Plus d’informations pour découvrir la ville de New York et le City Pass sur www.nycgo.com

170. Zeppelin – San Francisco www.viceroyhotelsandresorts.com

174. La Pérouse – Nantes www.hotel-laperouse.fr

178. Valencia Lounge – Valence www.masquespacio.com www.valencialoungehostel.com

ART 180. Charles Carmignac Under Construction Gallery, 6, passage des Gravilliers, 75003 Paris. underconstructiongallery.com

184. Isabel Muñoz www.isabelmunoz.es

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