Daily Movies No 3 ■ Février 2009
En salles
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Promenons-nous « Par monts et par vaux » avec Hans Haldimann
Festivals
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Rétrospective du 2300Plan9 : 10 ans ça se fête !
WWW.DAILY-MOVIES.CH
DVD
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« Omoide Poroporo » : une oeuvre méconnue du grand Isao Takahata
Nanar, mon amour ! 16
« L’Homme Puma » : la réponse italienne à « Superman »
Edito ■ Daily Movies passe le cap de la nouvelle année avec un troisième numéro plein de belles choses à découvrir en salles, devant votre téléviseur ou encore confortablement installé dans un fauteuil. ■ Une année 2009 s’annonçant d’ores et déjà exceptionnelle sur le plan du 7ème art ! Le retour de Clint Eastwood devant et derrière la caméra (« Gran Torino »), la résurrection d’une star jadis glamour laissant aujourd’hui parler sa « gueule » (Mickey Rourke dans « The Wrestler »), QT se frottant aux films de guerre période « World War II » (« Inglorious Basterds ») ou encore l’apparition du cinéma de genre en Suisse (Horreur et SF).
« Les noces rebelles » La dernière œuvre de Sam Mendes réunit à nouveau, onze ans après « Titanic », Leonardo DiCaprio et Kate Winslet. Retrouvailles incendiaires.
L
a gaieté du début du métrage, ornée d’une musique légère, est à l’opposé de la suite du film. On le voit déjà sur la Route 12 lorsque, dans une des scènes mémorables du film, Frank manque de frapper son épouse April. C’est bien entre ombre et lumière qu’évoluera le couple. C’est seulement au prix d’efforts colossaux qu’il se sauvera – peut-être – du naufrage. Avec ces « Noces rebelles », Sam Mendes a réussi le prodige d’imposer tout en finesse le mariage comme un combat dantesque, une course dans les cieux et les abysses visant à trouver une lumière nouvelle, rieuse et chatoyante. Adieu donc le couple idyllique, la vie à deux est désacralisée, pour le moins. Le mariage peut mener droit à la mort, semble
prévenir Mendes. La survie est peinte dans toute sa splendeur. On retrouve dans le film les thèmes chers au cinéaste, notamment la tentative – pas toujours aboutie – de briser une routine qui s’est ancrée dans le quotidien, après l’espoir d’une vie superbe. Si le nouveau venu se rapproche de son aîné, « Jarhead », on verra de façon plus évidente les similitudes entre celuilà et « Les sentiers de la perdition » ainsi qu’ « American Beauty ». Du premier, le titre seul semble déjà en faire son frère. La différence, dans l’idée, tient de la nuance : le mot de perdition annonce clairement une descente aux enfers ; le mot de rebelles (« Revolutionary Road » en VO) laisse espérer un envol majestueux. Le but en tout cas est
le même : la renaissance. Mais c’est peut-être « American Beauty », inoubliable premier film de Mendes, qui est le plus proche. Tous deux lacèrent sans ménagement le rêve américain dont se bercent tant d’âmes. En matière de cinéma, Sam Mendes n’avait jamais fait une fausse note. Dans le nouveau pas qu’il esquisse avec son dernier métrage, on sent un certain manque d’audace, celle même qu’il demande à ses personnages. Résultat : on se trouve devant une création peu originale, en face d’ « American Beauty ». Mais un Mendes est un Mendes, il ne déroge pas à la règle, celle de la qualité. Cela reste un bel ouvrage, porté avec grand talent par les deux protagonistes. Car DiCaprio et Winslet, par
leur jeu irréprochable, entérinent leur union mythique. Parions qu’on se souviendra d’eux pour longtemps comme de l’un des couples les plus marquants de l’histoire du cinéma. [RF]
« Les noces rebelles » ■ De Sam Mendes ■ Avec Leonardo DiCaprio, Kate Winslet, Kathy Bates ■ Universal Pictures
Sortie le 21/01 Notre avis 7/10
à Daily Movies, la diversité est toujours de mise ■ N’oublions pas nos nombreux festivals helvétiques porteurs de découvertes inoubliables (« Visions du réel » à Nyon en avril, le « NIFFF » à Neuchâtel en juillet, etc.). A ce propos, « Let the right one in », petit bijou suédois renouvelant le thème du vampire et primé au NIFFF 2008, arrivera miraculeusement sur nos écrans. On vous en reparlera ! ■ Daily Movies assumera donc cette tâche ardue tout au long de l’année en passant mensuel dès ce numéro, pour être encore plus près de l’actualité comme de ses lecteurs. Et pour varier les plaisirs, retrouvez également l’avis de nos rédacteurs les vendredi soir dans l’émission radiophonique de Olivier Delhoume « Star Club » sur Radio Cité (92.2 FM) entre 19h et 20h. Comme vous le voyez, à Daily Movies, la diversité est toujours de mise, la passion notre inlassable moteur et la découverte une nécessité. Bonne année ! Jean-Yves Crettenand dvd@daily-movies.ch
UNE PUBLICATION DU COLLECTIF
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en salle
« Par monts et par vaux » DOCU
Hans Haldimann nous raconte comment il est allé à la rencontre de la famille Kempf, qui pratique encore la transhumance sur trois niveaux (plaine, moyenne montagne et haute montagne). - Parlez-nous d’abord un peu de vous et de votre parcours… ? - Ma première formation est celle d’instituteur, j’enseignais dans une école primaire à Zurich. Après des études et une licence en géographie, sociologie et histoire, j’ai officié comme journaliste libre pour des journaux, hebdomadaires et des magazines. Dès 1986 j’ai commencé à travailler pour la Télévision suisse alémanique (la DRS), où je réalisais aussi des documentaires. Mon emploi actuel chez SF-DRS m’occupe à 60% et je suis responsable de l'émission « Mitenand » (le pendant alémanique de « Ensemble » de TSR). A part ça, je réalise et produis mes propres documentaires. - Qu’est-ce qui vous a poussé vers ce sujet ? - Déjà quand j'étais journaliste, j'écrivais souvent sur les thèmes proches de la « Heimat », du sentiment de « chez soi » ou de son absence. Ces paysans, des gens normalement très enracinés, et qui font la transhumance, donc déménagent toute l'année, m'ont à cause de ce paradoxe toujours fasciné. Mais j'ai bientôt réalisé que les Kempf n'ont pas moins de racines. Leurs racines, leur « Heimat » (leur foyer) n'est pas une seule maison, un seul endroit, mais une région entière, une façon de vivre. - Comment avez-vous choisi la famille Kempf pour votre documentaire ? - Comme j'avais songé depuis une dizaine d'années à faire un documentaire sur des paysans transhumants, j'avais commencé à chercher des protagonistes – sans succès. Jusqu'au mois de février 2004, quand j’ai fait un petit reportage de télévision chez un montagnard au Schächental. Le tournage fini, je lui posais ma question habituelle, si dans le coin il y avait des paysans qui déménageaient d'un lieu à un autre. « Oui », fut sa réponse, « mon voisin, Kempf Max, est parmi eux. » Une semaine après j'étais dans la cuisine des Kempf et discutais d’un possible documentaire. - Vous avez filmé avec une petite caméra numérique et le résultat est magnifique, comment filme-t-on en montagne ? - Pour moi, il n’y a pas de différence essentielle entre le filmage en montagne
ou dans la plaine. J'essaie toujours d'être plutôt un observateur, de ne pas faire poser mes protagonistes. La petite caméra et l'absence d'une équipe me permettent de devenir presque invisible, de me fondre dans le paysage. Mais bien sûr, des fois il faut que « le paysage » intervienne et pose des questions ! - Du côté du son, on sent un gros travail, est-ce quelque chose auquel vous avez particulièrement prêté attention ? - Sur le terrain, j'utilisais un microphone directionnel de bonne qualité. Mais comme cela je n'atteignais qu'un son mono, il fallait des travaux additionnels. Après le tournage, on allait avec une preneuse de son dans chaque localité pour y prendre un son d'ambiance stéréo de chaque saison. Après, un ingénieur du son a fabriqué le son stéréo type cinéma que vous avez entendu. - Le rythme est très vivant, comment avez-vous pensé le « scénario » pour atteindre ce résultat ? - J'avais un scénario pour le tournage (qu'il fallait souvent modifier selon la réalité…). Le rythme du film résulte du montage et est à porter au crédit de ma monteuse, qui a fait un très bon boulot. - Quel message voulez-vous transmettre avec ce documentaire ? - Les Kempf sont une famille habituée à ne pas se plaindre quand elle est confrontée à des problèmes, mais qui réfléchit à ce qu'il faut faire et ensuite se met au boulot.
Hans Haldimann
- Vers quoi vous dirigerez-vous dans le futur : encore un documentaire, une fiction ? - Mon projet actuel et tous mes prochains projets sont des documentaires !
« Par monts et par vaux »
[YG]
■ De Hans Haldimann ■ Avec la famille Kempf ■ Xenix Film
Sortie le 18/02 Notre avis
7/10
Pour moi, cette attitude est importante et un exemple pour nous qui habitons dans les villes. Il y a une autre chose à laquelle je tiens beaucoup : ils sont certes individualistes et essaient de faire le mieux pour eux-mêmes, mais jamais ils n’essaient d'agir contre les autres, d'être supérieurs ou sans considération pour les gens qu’ils rencontrent. Ils se comprennent comme des individus dans une collectivité et pas contre la collectivité. Voilà une attitude dont nous citadins devrions nous inspirer et qui rendrait la vie beaucoup plus agréable.
Concours Gagnez des places pour ce film en écrivant à concours@daily-movies.ch, en mettant en objet « Concours Par monts et par vaux » et en mentionnant votre adresse postale. Concours réservé aux abonnés.
La critique Au cœur de la Suisse, quelques paysans continuent de vivre au rythme des transhumances, descendant et remontant leur bétail au gré des saisons. Hans Haldimann les a suivis. Dans le canton d’Uri, dans le pays du Schächental, la famille Kempf perpétue les traditions en vivant sur trois niveaux. Une ferme en plaine pour l’été, une autre à 1100 mètres pour les demi-saisons et la ferme de haute altitude (1725 mètres) en hiver. La solidarité familiale joue à plein pour
s’en sortir dans cet environnement difficile : toutes les générations participent selon leurs capacités pour récolter le foin, déplacer le bétail, construire une nouvelle étable… Le travail ne manque pas et les époux Kempf, ainsi que les grand-parents, frères et sœurs, ne rechignent pas à la tâche, satisfaits d’une vie simple dans la nature et bien conscients que la vie en ville n’est ni meilleure, ni pire.
On pourrait croire le sujet aride, mais Hans Haldimann a su construire un documentaire rythmé, aux images magnifiques et dans lequel le son joue aussi son rôle pour immerger le spectateur dans l’univers de cette gentille famille. Les Kempf sont diserts sur leur mode d’existence et savent en mots choisis partager ce qui fait leur quotidien : le travail ardu, les joies simples de la famille, l’entraide naturelle entre gens de montagne, le lien avec ses bêtes, la foi raisonnable en un avenir heureux. Ces dialogues riches d’enseignement et de beaux paysages font de cet édifiant documentaire une réussite. [YG]
en salle
« Che, 2 partie : Guerilla » ème
Bio
Ernesto « Che » Guevara Des convictions précoces
ICONE
P
our la suite et fin de son diptyque, Soderbergh lucide jusqu'au bout malgré cette scène où il frappe son narre la guérilla du « Che » en Bolivie. Il n'est pas cheval blanc qui refuse d'avancer plus loin. L'animal était obligatoire d'avoir vu la première partie pour peut-être conscient de ce qui attendait son cavalier ? Cette apprécier pleinement le film, la structure de l’œuvre de scène, qui fait partie des plus réussies de ce long métrage, Soderbergh est construite de telle sorte qu'un néophyte nous remémore aussi la fin du film « Le Cid » d’Anthony peut tout de même tirer du plaisir de ce deuxième volet. Mann lorsque Charlton Heston, mort, est attaché sur On vous conseille cependant de regarder la première son cheval et lancé vers les ennemis pour leur faire peur. partie pour éviter de devoir deviner les relations entre les Comme « le Cid », le « Che » est immortel car c'est un différents protagonistes. symbole, une icône de la lutte contre les inégalités sociales. Pendant plus de deux heures, nous assistons à l'échec Benicio del Toro reste toujours aussi impérial dans le rôle inéluctable de cet homme qui a eu foi en ses convictions titre et la caméra de Soderbergh, même si elle manque jusqu'au bout. Ce côté sans surprise parfois de stabilité, filme la fin de cette ème d'homme condamné risque peut-être figure légendaire avec une virtuosité de déplaire à certains mais nous avons et un réalisme incroyables. Après une ici affaire à un film historique et la fin première partie considérée comme un ■ De Steven Soderbergh ne peut être changée. Le film étant peu bancale et trop lisse, cette suite basé sur les mémoires du Che lors de devrait convaincre un plus large public. ■ Avec Benicio Del Toro, sa guérilla en Bolivie, on s'attarde sur Mais n’oublions pas que le film a été Joaquim De Almeida et les relations humaines, que ce soit avec conçu pour être projeté en un seul bloc Franka Potente les paysans ou ses compagnons, plutôt (ce fut le cas à Cannes), ce qui cause ce que sur les transactions politiques qui déséquilibre. Une histoire si dense aurait ■ Ascot Elite ont eu lieu au même moment. peut-être bénéficié d’un traitement Sortie le 28/01 Le « Che » n' est pas comme « Aguirre », télévisuel sous forme de mini-série, le personnage principal du film Notre avis 7/10 comme les productions HBO. éponyme de Werner Herzog, il reste [LG]
« Che, 2 partie : Guerilla »
Né en 1928 dans une bonne famille argentine, il suit des études de médecine. Prenant une année sabbatique, il parcourt l’Amérique du Sud et découvre les inégalités sociales omniprésentes, en concluant que seule la révolution marxiste les corrigera.
Départ à Cuba En 1954 au Mexique, il rencontre des réfugiés cubains voulant renverser le dictateur Batista. À leur tête, Fidel Castro, le leader qu’il a toujours cherché. Ils prennent le pouvoir en 1959.
Eternel révolutionnaire Peu à l’aise dans son rôle de ministre, il souhaite partir étendre la révolution. Au Congo d’abord en 1965, puis en Bolivie en 1967 où il est tué par l’armée régulière, devenant l’icône que l’on sait. [YG]
« Volt, star malgré lui » « Elève libre » PERVERS
J
CABOT
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epuis la fusion de la division animation des studios Disney et de Pixar, un souffle nouveau a visiblement ravivé les forces de la vieille entreprise ronronnante. Pixar continuant de son côté à sortir avec une régularité métronomique des films époustouflants techniquement et non moins réussis scénaristiquement, Disney se devait de relever le gant. Bien aidé par un John Lasseter (le génie aux commandes de Pixar), producteur exécutif sur ce projet, le défi est passé de manière enthousiasmante : si les compagnies sœurs se mettent à se tirer la bourre avec ce niveau de qualité pour standard, le spectateur ne peut que s’en réjouir. Pas de nunucherie, une dose raisonnable de bons sentiments et beaucoup d’action semblent avoir été les maîtres mots de ce « Volt, star malgré lui ». Des choix pas étonnants quand on sait que Chris Williams a scénarisé « Kuzco, l’empereur mégalo », sans conteste un des Disney les plus drôles. Les aventures de Volt, Rintintin moderne qui fait l’acteur dans une série télévisée au côté de sa maîtresse Penny, la sauvant avec un immense courage de multiples dangers dans chaque épisode, se prêtent bien à un rythme trépidant, les premières minutes scotchant d’ailleurs le spectateur au siège. Mais notre
jeune chien, qui croit que fiction et vie réelle ne font qu’un, sera confronté à la dure réalité lorsqu’une erreur l’expédie à l’autre bout du pays. Il va devoir traverser les USA à pattes pour retrouver sa maîtresse, rencontrant en chemin Mitaine, une chatte maline et blasée et surtout Rhino le hamster, son fan numéro 1. Ce personnage est d’ailleurs hilarant et vole quasiment la vedette à tout le monde, avec son air idiot enfermé dans sa bulle de plastique. Un très bon cru qui fera sortir ravis de la séance les petits comme les grands. [YG]
« Volt, star malgré lui » ■ De Chris Williams et Byron Howard ■ Avec les voix de Richard Anconina, Marie Vincent et Gilles Lellouche ■ Walt Disney
Sortie le 03/02 Notre avis 7/10
onas, joli garçon de seize ans, est passionné de tennis et tente d’en faire son métier. Malheureuse ment, son rêve s’effondre lorsqu’il échoue aux portes de la sélection nationale. Très affecté, il se repose sur ses amis pour surmonter cet échec. Un trio d’amis pas banal pour un ado : Pierre est un cadre célibataire de trente ans ; Didier et Nathalie forment un jeune couple du même âge, apparemment très uni. Pour rebondir, ils lui proposent de l’aider à préparer un concours qui lui donnera une nouvelle voie. Mais à la littérature et aux maths va s’ajouter une autre
instruction, bien moins académique… Les adultes se révèlent un trio de libertins adeptes de l’expérimentation sexuelle et vont trouver en Jonas un disciple disponible, à la fois intrigué et coincé par sa dépendance affective (ce sont ses amis qui l’aident) et morale (ce sont des adultes, ils doivent savoir ce qu’ils font). Dans ce sulfureux film à l’érotisme bien présent, Joachim Lafosse aborde un thème glissant qui pourrait vite basculer dans le graveleux. Il est à porter à son crédit un traitement très fin, au travers d’une mise en scène sans artifices et d’un cadre minimaliste. Les acteurs sont au diapason, restant très sobres et exprimant leurs passions et tourments essentiellement en non-dits. On pourra par
contre reprocher un certain côté « Père la morale » au réalisateur, qui trace une limite bien claire entre les libertins qui ne voient dans le sexe que plaisir et perdent de vue l’essentiel, et les bienheureux, ceux qui associent nécessairement sentiments et plaisir des sens. Pierre a rapidement un visage assez négatif, tandis que le couple se révèle pas si solide que ça. Seule la pure Delphine, la petite amie de Jonas qui doit aimer pour coucher, permet à Jonas de surnager dans cet océan de stupre. [YG]
« Elève libre » ■ De Joachim Lafosse ■ Avec Jonas Bloquet, Jonathan Zaccaï, Yannick Renier, Claire Bodson ■ Agora Films
Sortie le 11/02 Notre avis 6/10
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en salle « Du bruit dans la tête » « Walkyrie » CREUX GUERRE
A
près des études de sociologie à Montréal, Laura, une jolie jeune femme de trente ans, est de retour à Genève. Mais va vie actuelle ne marche pas au mieux. Pas à l’aise dans son travail de journaliste, elle refuse de rentrer dans le moule et se fait virer pendant sa période d’essai. Côté cœur, elle ne se remet pas de sa rupture avec Jérôme, qu’elle essaie vainement de reconquérir. C’est à ce moment où tout va à vau – l’eau qu’elle rencontre Simon, un ado qui a quitté l’appartement de son oncle, qui l’accueillait sur demande de sa mère. Prototype de l’ado glandeur et tête à claques, il récupère des journaux et les revend dans la rue pour vivre. Se souvenant de ses jeunes années, elle le prend en pitié et lui propose de boire un verre avant de finalement l’héberger. Une étrange et difficile cohabitation commence, alors que chacun essaie de relancer sa vie… Tourné à Genève par le cinéaste du cru Vincent Pluss, on retrouve dans ce second film les principes de son premier long, le sympathique « On dirait le sud » dans lequel jouait déjà Céline Bolomey. Inspiré par le cinéma-vérité à la Von Trier (filmé en DV caméra à l’épaule, acteurs laissés libres, peu ou pas de musique),
Pluss creuse ce sillon mais laisse cette fois-ci le spectateur au bord de la route. Malgré la bonne idée d’insérer en séquences cuts ou en voix off les tourments intérieurs des personnages (surtout de Laura), ce qui donne lieu à une saisissante séquence lorsque Jérôme s’imagine virer manu militari Laura de chez lui, cette trouvaille ne suffit pas à attraper le public qui suit d’un œil morne cette tranche de vie pas folichonne. La faute à des personnages peu attachants, avec lesquels les acteurs font de leur mieux, mais qui n’arrivent pas à générer l’empathie suffisante pour qu’on s’intéresse à leurs petits tracas. [YG]
« Du bruit dans la tête » ■ De Vincent Pluss ■ Avec Céline Bolomey, Gabriel Bonnefoy, Frédéric Landenberg ■ Frénétic Films
Sortie le 28/01 Notre avis 3/10
« Religulous » SATYRE
le moindre soupçon conduisant à l’internement, la torture et souvent la mort. On ne vit rien de tout cela : des soldats affirment ouvertement leur intention de trahir le führer et cherchent sans grande précaution des alliés, sans que l’on ressente la crainte qu’ils devaient éprouver de recruter un loyaliste. La Gestapo était partout et cette ambiance paranoïaque manque. De même lorsque le général Olbricht (Bill Nighy), un opposant de la première heure, résiste soudainement à remplir son rôle dans l’opération Walkyrie, on ne saura jamais ce qui l’a fait reculer. Bien que le film soit globalement divertissant, on attendait un peu plus de profondeur de l’estimé Bryan Singer. [JC]
« Walkyrie » ■ De Bryan Singer
■ AvecTom Cruise, Bill Nighy et Kenneth Branagh ■ 20th Century Fox
Sortie le 28/01 Notre avis 5/10
« La Légende de Despereaux » SOURIS
B
ill Maher est un comique de scène et de télévision très connu aux Etats-Unis, célèbre pour ses positions iconoclastes au pays de l’oncle Sam (anti-religion, pro-marijuana, écolo, méfiant vis-à-vis des puissants en général et des politiques en particulier). Doté d’un sens de la répartie redoutable, il va en user dans ce documentaire dans lequel il s’attaque aux superstitions religieuses, qu’il accuse d’empêcher de penser sainement. Avouant lui-même qu’il a plus voulu faire un film comique qu’un documentaire factuel, il questionne candidement des croyants (chrétiens en particulier, mais aussi musulmans et juifs) en les mettant devant les légendes absurdes dont sont remplis
B
ryan Singer revient sur l’histoire du groupe qui a tenté d’assassiner Hitler pendant la seconde guerre mondiale. Constitué d’officiers et d’hommes politiques de haut niveau, il s’est opposé à la vision destructrice d’Hitler pour défendre l’honneur de l’Allemagne. Alors que le projet patauge, politiques et militaires ayant des stratégies différentes pour déposer le dictateur, le temps vient à manquer. Le colonel Stauffenberg (Cruise) entre alors en scène, prend la position de leader et demande aux comploteurs ce qu’ils sont prêts à risquer. Ils décident de tuer Hitler à tout prix. Les acteurs sont corrects sans plus. Tom Cruise tempère ses habituels tics d’acteur, sauf un, sa tendance à sembler au bord des larmes dès qu’il faut montrer de l’émotion. Par exemple, dans une scène où il se fait congratuler par ses collègues de complot, on penserait qu’un héros de guerre (allemand qui plus est !) serait humble et stoïque : on a plutôt envie de lui amener des kleenex en prévision des sanglots à venir. Autre élément de contexte manquant : la peur. L’Histoire nous a transmis les grands risques qu’impliquait toute dissension de l’idéologie nazie,
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leurs livres saints (un gars qui marche sur l’eau, un serpent qui parle, etc.). Les convaincus riront et applaudiront des deux mains ce documentaire rythmé, les croyants resteront ancrés dans leurs certitudes. [YG]
espereaux Tilling est une minuscule souris aux oreilles gigantesques qui préfère lire les livres plutôt que de les manger. Rêveur avant tout, malgré sa petite taille, il voit grand et se distingue par sa bravoure et ses
« La Légende de Despereaux »
« Religulous » ■ De Bill Maher ■ Avec Bill Maher et des tas d’allumés de Dieu ■ Ascot Elite
Sortie le 18/02 Notre avis 6/10
« Ratatouille » voilà « Despereaux », adaptation réussie tirée du livre pour enfants de Kate DiCamillo. Inspiré par les maîtres de la peinture flamande, le style visuel du film se démarque par ses décors riches et soignés. De plus un casting de rêve prête leurs voix aux personnages de ce sympathique conte qui plaira à tous. [MBu]
ambitions démesurées car il s’imagine être un chevalier. Banni par les siens, il va prouver son courage et réaliser son rêve car une misson périlleuse l’attend : délivrer la princesse Petit Pois retenue prisonnière par un couple malfaisant. Les rongeurs ont la cote dans l’univers de l’animation 3D. Après
■ De Sam Fell et Robert Stevenhagen ■ Avec les voix de Ryan Gosling, Patricia Clarkson, Emily Mortimer ■ Universal Pictures
Sortie le 11/02 Notre avis 8/10
« Pas vu mais on y croit ! » « BENJAMIN BUTTON »
« LES TROIS SINGES »
David Fincher dirige Brad Pitt et Cate Blanchett pour une fresque pleine de grands sentiments qui raconte l’étrange histoire d’un homme né vieux et qui vit sa vie à l’envers, rajeunissant au lieu de vieillir. Du grand cinéma au programme.
L’histoire d’une famille turque déchirée par des petits secrets devenus trop lourds. Comme les trois singes de la fable, chacun choisit de ne rien voir, dire et entendre. Le nouveau film de Nuri Bilge Ceylan, LE réalisateur turc.
« THE WRESTLER » Dans ce film du génial Aronofosky, un Mickey Rourke ressuscité incarne un catcheur ayant arrêté pour raisons de santé mais dont la vie morose l’incite à revenir sur le ring au péril de sa vie pour un dernier match. Lion d’Or à Venise !
[YG]
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festivals
FESPACO, le Cannes africain ! Vous n’avez sans doute jamais entendu parler de ce festival qui vaut pourtant le détour. Le Fespaco se déroule tous les deux ans à Ouagadougou, au Burkina Faso, depuis 1969 et veut promouvoir le cinéma africain et entretenir son histoire. du 28/02 au 07/03 Ouagadougou
P
our vous faire découvrir à quoi peut ressembler ce festival, nous revenons sur la dernière édition de 2007, à laquelle s’était rendue une de nos collaboratrices. Un carnet de route instructif et dépaysant.
« En 2003, je me suis rendue pour la première fois au Burkina Faso avec l’objectif de visiter ce pays, mais aussi d’assister au Fespaco. J’ai découvert un pays où les gens sont d’une gentillesse et d’une hospitalité incroyables. Arrivée au stade du 4 août où se déroulait l’ouverture du festival, je me suis heurtée à un début difficile : étant en retard, il y avait une foule énorme, qui essayait encore de rentrer. Carte de journaliste ou pas, plongée dans le foule que j’étais, les forces de l’ordre nous repoussaient et nous avons reçu des bombes lacrymogènes, et une matraque est même passée à quelques centimètres de mon arcade sourcilière. Malgré tout, nous avons réussi à rentrer. Je vous rassure, la suite du festival n’a été faite que de bons moments, entre les films et les rencontres. Je m’étais promise d’assister à cette édition 2007, voulant une nouvelle fois visionner des films qui arrivent rarement jusqu’à nous à moins d’être primés dans un festival ou de bénéficier d’un large budget pour la distribution. Je déplore en passant la diminution des films africains dans les festivals à Genève, alors qu’ils sont censés en proposer un minimum. Cette vingtième édition, dont le légendaire Manu Dibango était le président d’honneur, a vu sortir un palmarès éclectique. L’Etalon de Yennenga, la distinction la plus haute pour un long métrage, a été attribué cette année à « Erza », film du nigérian Newton Aduaka, traitant des enfants soldats, un sujet toujours d’actualité, comme on l’a vu avec la sortie du récent « Johnny Mad Dog », une fiction du documentariste français Jean-Stéphane Sauvaire, avec d’anciens enfants soldats (un film à voir !). Pour les autres films que j’ai vus et qui m’ont plu, il y a eu « Daratt » du tchadien Mahamat Saleh Haroun, qui a reçu le troisième prix, l’étalon de bronze. Un jeune garçon quitte son village pour
retrouver l’assassin de son père à qui il veut réserver le même sort funeste. Les acteurs interprètent magistralement leurs rôles, avec peu de dialogues mais une émotion omniprésente pour cet hymne au pardon. « Africa Paradis » du béninois Sylvestre Amoussou m’a fait sourire et j’ai trouvé l’idée originale. L’histoire se déroule dans le futur et il n’y a plus de travail en occident. Tous essaient de passer en Afrique pour trouver du travail, mais sans permis, ils sont des sans-papiers. Cette situation est la situation inverse de ce qui se passe actuellement en Europe et donne l’occasion au public africain de savourer une petite revanche. Le scénario est truffé de clichés, mais il n’en reste pas moins pertinent. « Faro (La reine des eaux) », du malien Salif Traoré, fait partie de ces films qui traitent avec brio des traditions et croyances ancrées dans l’Afrique d’aujourd’hui. Le monde moderne avance dans les grandes villes africaines, mais dans les villages le temps s’est souvent arrêté. Un homme rentre dans son village pour voir sa mère et aussi essayer de découvrir qui est son père. Il va être traité de bâtard par la plupart des villageois… Malgré le nombre d’années qui se sont écoulées, rien n’a changé à son égard. Les deux films qui m’ont le plus touchée, je dirais même ébranlée,
sont « Un matin de bonne heure » du guinéen Gahité Fofana et « Tsotsi » de Gavin Hood, réalisateur d’Afrique du Sud. Le premier retrace les quelques jours de vie de deux jeunes Guinéens qui seront retrouvés morts dans le train d’atterrissage d’un avion. Ce film est adapté d’un fait divers de 1999 qui m’avait fait réfléchir à cette jeunesse africaine désespérée qui pense que l’Eldorado, c’est l’Europe. Le deuxième film est d’une rare violence, qui m’a réellement effrayé. Un jeune Sud-Africain, Tsotsi (ce qui signifie voyou en argot local), vole pour survivre avec sa bande de copains du bidonville de Johannesburg. Il assassine impunément et sans réflexion,
LE FESPACO 2009 Pour l’édition des 40 ans du festival, dont le thème sera « Tourisme et patrimoines culturels », l’organisation souhaite évoluer pour rentrer pleinement dans le 21ème siècle. « Vision 21 », c’est le nom du projet que porte le délégué général du FESPACO, Michel Ouédraogo. Car il faut savoir que plus qu’un festival, le FESPACO a été pensé à sa création comme un outil indispensable de promotion et de conservation du patrimoine cinématographique africain, un soutien pour tous les cinéastes en herbe du continent. Mais avec le temps et le manque de moyens, et sans doute aussi de vision, il s’est réduit à un festival biennal, ce qui est déjà remarquable, mais bien modeste en regard
pour lui il n’y a pas de barrière entre le bien et le mal. Un jour, il va voler une voiture dans un quartier résidentiel et tirer sur sa conductrice, la blessant. Mais voici que dans la voiture, il y a un bébé sur le siège arrière. Que va faire cet écorché vif avec cet enfant ? Une rencontre qui va changer sa vision des choses… Ce film peut être une prise de conscience pour les personnes qui pensent encore qu’on naît avec des mauvaises intentions en soi. Ce film démontre bien que la vie peut transformer chacun de nous et que la difficile survie enlève les barrières des limites supportables. Il faut savoir que le Fespaco, considéré comme le plus grand festival d’Afrique, a aussi ses grands dysfonctionnements, qui peuvent agacer : séances annulées, problèmes techniques, manque de communication (une demi-heure pour annoncer que le film n’est pas arrivé), pas d’information sur la langue dans laquelle va
passer le film, etc. Mais malgré toutes ces imperfections, il mérite d’être salué, car il est la tribune ouverte sur le monde du cinéma africain, fait par des artisans qui oeuvrent avec des moyens dérisoires, qui feraient sourire n’importe quel producteur à Hollywood. Le Fespaco c’est aussi la possibilité de découvrir des séries africaines, qui vous feront parfois rire à gorge déployée. Moi qui n’aime pas trop les séries, je suis toujours contente de découvrir celles-ci, qui reflètent aussi une réalité de l’Afrique. Pour tous ceux qui sont curieux et veulent découvrir des films à petit budget qui n’arriveront certainement jamais jusqu’à nous, à part peut-être dans des festivals comme le Black Movie, rendez-vous pour l’édition 2009 ! » www.fespaco.bf [CLK]
Retrouvez l’intégrale de l’interview sur : www.daily-movies.ch
des ambitions initiales. La direction actuelle veut renouer avec celles-ci. Concrètement, cela veut dire plus de sélection, le comité d’organisation va privilégier la qualité plutôt que la quantité : on passera de vingt-deux à maximum dix-huit films en compétition. Un marché du film africain sera mis en place et les professionnels seront au centre de l’événement avec une montée des marches et des cérémonies réservées. Mais tout cela dépendra d’une autonomie financière, que le FESPACO est bien décidée à acquérir : avis aux grandes entreprises africaines ! [DM]
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Rétro 2300 Plan 9 Nissan Outdoor Games La Chaux-de-Fonds du 07/02 au 28/02
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ux pisse-froids qui clament qu’il ne se passe jamais rien à « La Tchaux » (à part la neige qui tombe), les organisateurs du festival 2300 Plan 9 répondent depuis dix ans par un vigoureux « Et ta sœur ! » (ils ont leur franc-parler). Ce remarquable festival, dont la renommée en Suisse n’est absolument pas ce qu’elle devrait être, fait la part belle au cinéma décalé : bis, gore, horreur, films d’exploitation, parodies, nanars, bref tout ce qui est un peu (ou beaucoup) à la marge du cinéma grand public. De plus ils peuvent se vanter d’avoir fait venir du beau linge dans les montagnes du canton de Neuchâtel, on pense entre autres à Lloyd Kaufman, fondateur de la célèbre firme américaine Troma, spécialisée en cinéma parodique avec la série des « Toxic Avenger », « Tromeo et Juliet » ou encore « Surf Nazis Must Die ». Dans le cadre de cette décennie à fêter, 2300 Plan 9 organise une rétrospective des éditions précédentes à la salle Ton sur Ton (Progrès 48) dans la nuit du 27 au 28 février de 18h à 6h du matin, et rebelote dans la nuit du 28 février au 1er mars, cette fois de 15h à 3h du matin. Il faudra donc prévoir le café et les vitamines pour tenir le coup (et une semaine calme avec de bonnes nuits de sommeil : faites-vous donc porter pâle au travail). Annoncés au programme au moment où nous mettons sous presse : « Le Rocky Horror Picture Show » ; « Tremors 2 » ; « Return Of The Killer Tomatoes » ;« Pervert ! » ; « Bubba Ho-Tep » ; «Severance» ; « A Dirty Shame » et « Cannibal ! The Musical ». Comme d’habitude, l’entrée est dégressive, 30.- le week-end complet, 15.la soirée puis 5.- par film en moins. A ce prix-là, voir ces œuvres sur grand écran c’est cadeau. Pour finir, un scoop en exclusivité : ça bouge aussi au Locle, qui devient « capitale mondiale du cinéma du 3 au 8 février », rien que ça ! Jaloux du succès de sa voisine, pendant une semaine tous les lieux culturels de
la ville – musées, galeries, bistrot du Lux, Cinéma Casino, la Grange – vont s’afficher « Cinéma ». 2300 plan 9, toujours dans le cadre de son anniversaire décennale, s’implique dans l’événement et projettera trois films au Casino : le vendredi 6 février à 21h, « Dante01 » et « La dernière maison sur la gauche » ; le dimanche 8 février à 18h, « La nuit des morts vivants ». Deux bonnes raisons pour aller respirer l’air frais des montagnes dans les salles obscures. www.2300plan9.com
[YG]
Chamonix-Mont-Blanc du 20/02 au 21/02
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ais qu’est-ce qui vous arrive de parler de sport d’hiver dans un journal spécialisé cinéma ? C’est peut-être la question que vous vous posez en lisant ces quelques lignes mais rassurez-vous, j’ai une bonne excuse pour vous faire découvrir cette manifestation unique en Europe, créée par des Suisses mais organisée chez nos voisins Français. Le pourquoi de ce choix, c’est un débat que nous n’ouvrirons pas, préférant nous concentrer sur le projet de cette nouvelle année 2009 qui s’annonce fort intéressant. Le sport outdoor d’hiver, comme celui d’été, est de plus en plus filmé, avec une qualité parfois digne d’un film documentaire. Cela donne aussi quelques fois des courts-métrages très intéressants, avec comme toile de fond un scénario inventif, comme savent si bien le faire par exemple les frères Falquet. Le Nissan Outdoor Games, qui s’installe pour la deuxième année consécutive à Chamonix du 20 au 21 février, se différencie des autres manifestations justement en associant glisse et caméra, chaque équipe en lice devant présenter au bout de la semaine précédant les festivités une création visuelle faite entièrement de sport extrême en haute
montagne. Cette année, cinq teams accompagnées chacune d’un photographe et de leur propre caméraman vont devoir présenter leurs créations face un jury qui les départagera afin d’élire la team gagnante de l’édition 2009. Il y aura en outre un concours du meilleur photographe, qui devra présenter un diaporama comptant une vingtaine de photos prises lors du tournage de son équipe en haute altitude. Ces différentes remises de prix auront lieu le 21 février, au village des Nissan Outdoor Games sur la fameuse Place du Triangle de l’Amitié de Chamonix. En plus d’assister en avant-première lors de la cérémonie aux projections des films et diaporamas en concours, le public se verra proposer des tonnes d’activités et animations dès le 20 février. Les gens pourront entre autres s’initier à l’escalade ou au slackline (je vous laisser découvrir ce que c’est), voir des nombreux films sur grand écran, des concerts et des shows aériens. N’hésitez pas à y aller, ça vaut vraiment le détour ! En fin de compte ce sera la bonne excuse pour bien commencer les vacances de février et rencontrer en passant les stars mondiales du sport extrême en haute montagne, toujours très sympas et accessibles (et un peu barrés aussi). www.outdoorgames.fr
[CM]
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swiss made VICTOR JAQUIER, talentueux réalisateur, illustrateur et musicien suisse, nous dévoile au travers de cette interview aimablement consacrée à notre journal, qu’il est possible même dans notre pays de devenir un artiste accompli !
Du crayon à la caméra, le parcours d'un artiste complet ! - Pour commencer, peux-tu te présenter ? - Je suis né à Lausanne en 1982. J’ai commencé à faire des petits films d’animation assez jeune, en Hi8. Ensuite, j’ai fait un court passage aux Beaux Arts de Genève en section cinéma, que j’ai rapidement quittée pour apprendre sur le terrain, en tant que stagiaire sur des tournages. - Tu partages tes activités artistiques entre l’illustration, le cinéma et la musique. Quels sont les dénominateurs communs qui te lient à ces trois supports ? - Il n’y a pas vraiment de dénominateur commun, si ce n’est que je ne pourrais pas me passer d’une de ces trois activités. Je pense que c’est très important de ne pas se limiter à un seul medium. En tout cas, ça m’aide énormément à bâtir un univers personnel. Sur mes courts-métrages, j’ai beaucoup aimé construire mes décors, clouer, scier, peindre. Parfois sculpter et concevoir des accessoires en latex. Puis créer ma propre musique, faire venir des violonistes et violoncellistes chez moi et les enregistrer moi-même. Je ne me verrais pas faire uniquement du cinéma, car il y a tellement de temps d’attente. Dans ce cas-là, c’est très agréable d’enchaîner sur des projets d’illustrations, ou faire des nuits blanches à écrire de la musique. - Quelles sont tes influences majeures pour l’illustration et le cinéma ? - J’adore David Cronenberg et sa fascination pour les transformations du corps humain. Au niveau de la direction artistique, j’ai été très marqué par « La cité des enfants perdus » de Caro et Jeunet. Dans un registre plus dur, j’aime beaucoup les films de Takashi Miike. Et s’il y a un metteur en scène que j’admire vraiment, c’est Roman Polanski. J’aime les différents aspects de son travail, que se soit « Le bal des vampires » ou « Lune de fiel ». Je m’ouvre un peu plus à différents genres de cinéma. A vingt ans, j’étais très axé cinéma fantastique et plutôt fermé aux films d’auteur, mais avec le temps j’ai un peu changé. J’ai découvert récemment « Les amants du pont neuf » et « Pola X » de Léos Carax. Je suis également un grand fan de « Gummo », de Harmony Korine. Je suis très impressionné par les artistes qui ont assez d’énergie et de personnalité pour accoucher de tels films. En ce qui concerne l’illustration, j’aime des artistes assez différents, comme Gustave Doré, Hans Bellmer et Joe Coleman. - Peux-tu nous parler de tes courts-métrages réalisés en Suisse ? Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées ? - J’ai réalisé deux courts-métrages en Suisse. Le premier était un film d’animation s’inspirant du monde de Lovecraft et le second un film mélangeant acteurs, décor réel, maquettes et images de synthèse. Une histoire d’ogre qui dévore des espèces de fœtus biscornus, appelée « Cronos & Rhea ». Je crois que la difficulté principale était déjà d’avoir assez de volonté et d’énergie pour aller jusqu’au bout de mes idées. Pour les financements, je n’ai pas demandé de subsides sur ces deux films, je travaillais comme employé dans un cinéma et je mettais de côté pendant des mois pour les réaliser. Ça m’a laissé une grande liberté. Je n’avais jamais vraiment de scénario défini sous forme écrite, je me laissais guider par mes envies, j’expérimentais et j’apprenais.
- Tu as eu la chance de pouvoir réaliser un épisode de la série d’horreur française « Sable noir ». Comment es-tu arrivé sur ce projet ? Peux-tu nous raconter cette expérience ? - J’ai co-réalisé ce film de vingt-cinq minutes avec Hugo Veludo. Nous sommes arrivés sur ce projet par le biais d’une boîte de production suisse, Pacific Films, qui co-produit cette série.
Ils nous ont proposé de postuler en tant que coréalisateurs. Hugo a eu une super idée : on est allé tourner la première séquence du film tel qu’on l’imaginait, dans la forêt, avec une petite caméra vidéo. Lorsque les producteurs et diffuseurs français ont vu cette séquence, ça les a convaincus de nous engager. Le principe de cette série est que tous les épisodes se passent dans le village de Sable Noir, où chaque année une malédiction s’abat sur les lieux. A l’origine, des écrivains ont été engagés pour écrire des nouvelles, que les réalisateurs de la série doivent par la suite adapter en scénario. Nous avons adapté une nouvelle d’Ann Scott, dont je ne connaissais pas les livres avant. J’ai lu plusieurs de ses bouquins par la suite et je suis devenu fan ! Le tournage a été une expérience très formatrice, dans le sens où on avait le type d’équipe et d’organisation que l’on trouve sur un long métrage. C’est la première fois que je tournais en 16mm et notre chef opérateur, Axel Cosnefroy, a fait de très belles images. Ce film m’a aussi appris en termes de direction d’acteur, c’était le premier que je tournais avec des dialogues à gérer. Nous sommes très contents d’avoir eu Fanny Valette dans le rôle principal.
c’est un conte horrifique. Le financement n’est pas encore acquis, donc je ne peux pas trop en dire pour l’instant. Mais le projet est bien lancé et une boîte de production, Peliculas Bravas, travaille dessus activement. Il s’agit de la boîte de production d’Annick Mahnert, Adan Martin et Olivier Béguin. Là je suis vraiment en plein dedans. Ça va être un gros boulot, je serai ravi de pouvoir vous présenter le projet lorsqu’il sera tourné, dans un futur numéro du Daily Movies.
- Sur ton site Internet, tu mentionnes un nouveau court-métrage au titre pour le moins mystérieux, « Le lac noir ». Peux-tu nous en dire plus ? - C’est un projet que j’ai commencé à écrire il y a longtemps et qui est enfin en train de prendre forme. Il devrait durer une vingtaine de minutes,
Retrouvez l’intégrale de l’interview sur : www.daily-movies.ch
- Quels sont tes projets à plus long terme ? - Il y en a beaucoup. J’ai ce livre de conte que j’illustre, en recherche d’éditeur. Et je travaille actuellement sur d’autres projets de livres, pour lesquels j’ai déjà commencé les illustrations. Je suis également en train de penser à l’écriture d’un long métrage, je crois qu’il est temps de me lancer dans l’aventure. J’ai aussi composé de quoi faire un premier album avec mon projet musical, mais le plus dur reste à faire, c’est-à-dire enregistrer mes voix. Je ne risque pas de m’ennuyer en 2009. www.victorjaquier.net
[JYC]
Photos : © Isabelle Chêne-Dubois
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La grande peur dans la montagne Le pays de Fribourg – Das Freiburger Land ■ De Claudio Tonetti, avec Jean-Baptiste Puech, Jean-Luc Barbezat, Jean-Luc Bideau, ■ AVWorld distribution
■ Hugo Corpataux ■ Disques Office
Joseph n’a qu’une envie : aller vivre avec Victorine dans la vallée. Mais il manque d’argent. Il décide alors de monter au pâturage de Sasseneire. Là, contrairement au village où il habite, taraudé par la sécheresse depuis trois ans, l’herbe verte abonde. Une expédition est donc organisée. Outre Joseph, Romain, un ami, Clou, « un toqué », Ernest, « un gamin tout malingre », Barthélémy, un vieil homme, et Michel, de la vallée, en font partie. L’argent devrait bientôt affluer. Mais les malheurs se succèdent. Les anciens du village les avaient pourtant avertis : « Cet endroit est maudit ! » La tragédie qui s’y était déroulée il y a vingt ans est en train de se reproduire. « La grande peur dans la montagne », libre adaptation du roman éponyme de Ramuz, s’inscrit, grâce aux talents conjugués du réalisateur Claudio
Hugo Corpataux est né en 1924 à Chevrilles (Giffers). Dès son enfance, passionné par le cinéma naissant, il en fera ses métiers, étant tour à tour projectionniste ambulant, caméraman, réalisateur, producteur et distributeur de films. Durant soixante ans, il œuvra par ses productions et ses réalisations à la création d'une mémoire vivante des grandes fêtes et des évènements qui se déroulèrent dans le canton de Fribourg et qui sont conservés au Médiacentre de la Bibliothèque cantonale et universitaire. Jo Siffert : Le film ne manque pas de rappeler aux Suisses l'histoire d'un grand héros. Une recherche d'un cadre élaboré procure au documentaire une structure tout à fait plaisante. Un peuple jeune – Un vieux pays : Ce film d’archive de 1964 revêt une importance particulière : c’était la première fois qu’un long métrage en couleurs était tourné sur un canton
Tonetti et des acteurs ainsi qu’à une bande son du meilleur aloi, au panthéon des grands téléfilms. La montagne, en tant qu’entité maléfique, a rarement été aussi terrifiante. Les instruments, oiseaux de mauvais augure, le disputent en noirceur aux voix lancinantes, et quand la nuit tombe, se mêlant aux beuglements des vaches, ils donnent naissance à une oppressante symphonie. Les caméras, souvent instables et bondissantes lors des passages empreints d’angoisse, semblent être les yeux fourchus de la montagne, Satan catalysant le mal. Tout contribue à engendrer une grande peur dans la montagne. C’est un succès. Mise en scène parfaite. Une œuvre primée, à juste titre. [RF]
Notre avis
8/10
suisse. Les Fribourgeois ont profité de l’Expo 1964 pour présenter leur peuple et leur pays. Les 800 ans de Fribourg : Un documentaire sur un anniversaire historique de taille, le huitième centenaire de la fondation de la ville en 1157 par le duc Berthold IV de Zähringen, mais aussi un film déjà devenu historique lui-même. Fribourg autrement : Comprendre ce qui lient les hommes à leur ville, telle est l'ambition de ce film. D'un quartier à l'autre, d'un habitant à l'autre, le film tente de capter le charme de la ville. Balade fribourgeoise : Porté par ses souvenirs, un armailli (interprété par Conrad Bapst) se promène entre passé et présent, entre images d'autrefois et images d'aujourd'hui, à travers sept districts du canton de Fribourg. [RD]
Notre avis
7/10
Diary of the Dead
■ Un film de George A. Romero, Avec Shawn Roberts, Megan Park ■ Ascot Elite Le livre La nuit des morts vivants John Russo / Editions Milady
Notre avis
5/10
A près de septante ans, George A. Romero a toujours été l’homme d’un seul genre ! Créateur de la saga des morts vivants, le cinéaste a également toujours su insuffler dans ses œuvres autre chose que seulement de l’horreur, de l’épouvante ou du fun. En réalisateur engagé, pour ne pas dire
enragé, et malgré le genre utilisé, il n’a jamais aussi bien analysé ses semblables qu’aux travers de ses films de zombies, toutes époques confondues. Après « Land of the Dead » en 2005, un retour en fanfare mais qui avait quelque peu déçu les fans de la première heure, voici donc Romero de retour plus en forme que jamais avec un « Diary of the Dead » au sujet très critique. Avec ce nouvel opus de la saga des morts, le géant de Pittsburg s’approprie de manière déconcertante un procédé à la mode actuellement, la caméra subjective (« Cloverfield », « REC »), pour nous en faire une véritable leçon de cinéma. Au même titre que « Dawn of the Dead » (« Zombie ») en 1978 mettait le spectateur devant ses responsabilités face la (sur)consommation grandissante (Romero a toujours été un visionnaire), ce « Diary of the Dead » pose aujourd’hui une autre question des plus pertinente : comment gérer cette (sur)information grandissante, avec le nombre de médias à notre disposition de nos jours, sans se laisser manipuler par les images ?
Wall-e
■ D’Andrew Stanton avec les voix (v.o) de Ben Burtt, Elissa Knight, Sigourney Weaver ■ Buena Vista Cela fait sept cent ans que l'humanité a quitté la planète en laissant le soin à un petit robot prénommé Wall-e de la nettoyer. Cette petite machine erre seule sur la terre depuis ces longues années et n'a qu'un seul ami... un cafard nommé Hal ! Mais sa vie de robot solitaire s'apprête à être chamboulée suite à l'arrivée d’une jolie robote venue sur la planète bleue afin de l'étudier. Dès lors, il succombe aux charmes de la bien carrossée Eve et trouve enfin un sens à sa vie. Malheureusement, celle-ci est rappelée dans l'espace pour y terminer sa mission et pour Wall-e il est hors de question de la laisser filer. En grand ro(bot)mantique, il est prêt à explorer la galaxie pour être en sa compagnie. Après les poissons de « Nemo », Andrew Stanton s'attaque aux robots et le résultat est réussi ! Cette jolie histoire d'amour entre deux robots sur fond de chaos planétaire possède
un réel message écologique qui, une fois n'est pas coutume chez Pixar, est rempli de références cinématographiques et de clins d'œil. Véritable bijou d'animation à mi-chemin entre « E.T »., « R2D2 » et « Johnny 5 », leur neuvième long métrage est imprégné par le style des films muets ainsi que des classiques de S.F. Cette œuvre 3D extrêmement réaliste au design sonore impeccable, débarque enfin en DVD avec tous ses bonus intergalactiques : courtsmétrages, makingof, scènes coupées et autres bonus cachés se trouvent dans cette boîte à merveilles empreinte de poésie.« Wall-e » est un DVD indispensable qui vous fera passer de féeriques moments terrestres. [MBu]
Notre avis
8/10
L’histoire est très simple : un groupe d’apprentis cinéastes en plein tournage d’un film fantastique se retrouvent pris au milieu d’une invasion de morts vivants. L’un d’eux décide de filmer les événements afin d’en réaliser un documentaire. Avec ce postulat de départ, Romero tisse, par le biais de
l’œil fictif de son réalisateur amateur, une critique de notre société de consommation de l’image en se permettant une métaphore subtile sur le terme anglais « to shoot » et ses deux significations : tirer avec une arme à feux et filmer avec une caméra. Jusqu’à un dernier plan traumatisant, lourd de sens ! En parallèle à la sortie en DVD de « Diary of the Dead », les éditions Milady ressortent la novellisation du premier film de Romero, « La nuit des morts vivants » par John Russo, co-scénariste du film, dans une nouvelle traduction et texte intégral.Bien qu’à l’époque une divergence artistique avait eu lieu entre les deux hommes pour la paternité des « morts vivants », le livre de Russo n’atteindra jamais la force critique et provocatrice de l’œuvre de Romero. Une curiosité à découvrir néanmoins ! [JYC]
Notre avis
8/10
Omoide Poroporo ■ De Isao Takahata ■ Frenetic Films / Studio Ghibli
Bien que les studios Ghibli jouissent d'une notoriété inoxydable, notamment grâce au succès interplanétaire qu'ont rencontré les films de Hayao Miyazaki (« Le château dans le ciel », « Princesse Mononoké »), certaines de leurs productions nous restent encore inédites. C'est le cas de « Omoide Poroporo » (« Souvenirs goutte à goutte »), une œuvre empreinte de nostalgie, réalisée en 1991 par Isao Takahata (« Le tombeau des lucioles », « Pom Poko »). L'histoire est celle de Taeko, une citadine de vingt-sept ans, qui décide de passer ses quelques jours de vacances à la campagne. C'est alors que ses souvenirs d'enfance refont surface, la faisant se questionner sur sa vie et sur la direction qu’elle prend. Si la narration peut surprendre dans un premier temps, puisqu'elle mêle passé et présent, elle devient rapidement évidente, tant sa construction est
limpide. Âgée de plus d'une dizaine d'années déjà, l'animation reste parfaite, autant dans les détails que dans les paysages ; ces larges espaces verdoyants de la campagne, d'une beauté éblouissante. Takahata nous épanouit dans ses quelques éclats de lyrisme, durant lesquels il nous démontre, une fois de plus, toute son aisance dans la production des inserts, métaphoriques ou faisant office de flashback. L'œuvre émeut, attendrit, réjouit, et ce, jusqu'à son générique final (et quel générique !). Dommage, cependant, que l'édition soit dépourvue du moindre supplément, et qu'elle ne comporte qu'une seule piste son. Mais ne boudons pas notre plaisir face à cette énième perle émanant des studios Ghibli ! [LV]
Notre avis
9/10
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Bersten
Deadwood, saison 3
■ De Michael Finger, avec Doro Müggler, Sonja Grüntzig ■ Frenetic / Max Vision En français, bersten veut dire éclatements. Le premier film de Michael Finger suit les destins croisés de trois personnages dans un petit village du Toggenburg. Trois personnes dont la vie subit justement un « éclatement », quand pour le jeune paysan Leachim son père au lourd passé décède, la doctoresse Biela perd son enfant en couche et Elena, mère célibataire, un être cher dans un accident de voiture. Dans une succession de scénettes, le cinéaste montre comment d’un jour à l’autre la vie de chacun peut se transformer et devenir difficilement supportable au point de tout remettre en cause. Malheureusement, même si le film présente des qualités certaines, on se lasse assez vite de ces scènes de disputes répétitives entre les personnages, d’autant plus que l’interprétation masculine sonne faux. Dommage ! [JYC]
Notre avis
5/10
■ De David Milch, avec Timothy Olyphant, Ian McShane et Molly Parker ■ HBO / Rainbow
Alors que le gouvernement s’intéresse à Deadwood pour l’intégrer dans l’état du Dakota du Sud, le magnat de l’or Hearst utilise toute sa puissance pour faire main basse sur toutes les concessions du territoire. Finies l’indépendance et l’anarchie (et les magouilles), les piliers de la ville Swearengen et Tolliver vont devoir faire face à l’irruption de l’ordre (corrompu) dans la ville. L’ombrageux shérif Bullock, tout de colère contenue, n’apprécie pas les manières brutales de Hearst contre la propriétaire Alma Garret et décide de s’élever contre lui : la bataille s’annonce terrible ! Plus qu’un énième western, voici une superbe parabole sur l’installation de la civilisation dans les nouveaux territoires des EtatsUnis, portée par un casting d’exception, Ian McShane en tête. [YG]
Notre avis
8/10
Kung Fu Panda
■ De Mark Osborne et John Stevenson, avec les voix de John Black, Angelina Jolie, Dustin Hoffman ■ DreamWorks Après les contes de fées, Dreamworks « rend hommage » aux films d'arts martiaux chinois. Loin de la vulgarité d'un ogre vert, le panda Po, héros bedonnant, rêve de devenir un maître du Kung Fu. Choisi par le sage Oogway pour devenir le disciple du maître Shifu, il devra empêcher le léopard des neiges TaiLung, fils adoptif de Shifu, d'accomplir sa vengeance. Une tâche qui se révélera ardue pour notre compère. La réalisation de ce long métrage a été confiée à un grand nom du clip : Mark Osborne, responsable des clips cultes du déjanté Weird Al Yankovic. On retrouve son côté décalé dans le montage et le rythme général de l'histoire. Malgré une trame sans surprise, Kung Fu Panda reste un très bon divertissement. Le second opus est déjà en chantier. [LG]
Notre avis
7/10
Naruto Shippuden, box 1
Sex & The City : Le film
Smallville Saison 7
■ De Michael Patrick King, Avec Sarah Jessica Parker, Kim Cattrall ■ Media Diffusion
■ De Alfred Gough, Miles Millar, Avec Michael Rosenbaum, Tom WellingWarner ■ Warner Home Video
Enfin l’anime rattrape le manga et nous commençons la seconde partie des aventures de Naruto avec ces épisodes dits « Shippuden » (la légende de l’ouragan). Naruto est maintenant un adolescent de quinze ans qui a mûri et bien progressé grâce à l’entraînement du Sannin Jiraya. Il retrouve à Konoha tous ses amis qui sont eux aussi devenus plus forts et qui devront tous faire face à un groupe de criminels surpuissants : l’Akatsuki. Leur premier mouvement est la capture de Gaara, devenu Kazekage, par un duo composé de l’explosif Deidara et du taciturne Sasori. Le Pays du Vent demande l’aide de leurs alliés de Konoha et Tsunade envoie des ninjas d’élite à leur secours : Kakashi, Sakura et Naruto. Ils dénichent vite le repaire de l’Akatsuki, mais pourront-ils sauver Gaara à temps ? [YG]
New York, quatre ans ont passé depuis leurs dernières aventures. Carrie vit enfin sa love story avec « Mr Big » et se prépare à faire le grand saut. Tout va pour le mieux dans la grande pomme mais bien évidemment ce n’est pas fait pour durer… Fans de la série TV, cette adaptation format 16/9 vous conviendra certainement. Quant aux autres, attendez-vous à naviguer entre crises d’hystérie entre copines et claquage de fric intempestif, ici on nage dans le pognon et on fait l’apologie du paraître en laissant bien sûr le scénario au placard. Histoire cul-cul et clichée qui fait traîner le film en longueur, il se laisse toutefois regarder en DVD sans pour autant marquer les esprits. Contrairement à la série qui était captivante, ce fruit défendu n’est plus défendable ! [MBu]
La saison six se terminait sur un grand suspense : Lana explosait dans un accident de voiture, Lex était arrêté, Chloé mourait, et Clark découvrait son double maléfique Bizarro. Dans cette nouvelle saison dite de la maturité, Clark devient de plus en plus responsable en acceptant son vrai destin de super héros. Côté casting, cette saison nous dévoile de belles surprises. Martha Kent est absente, Lionel Luthor se raréfie pour laisser la place à son fils et Clark fait la connaissance de sa cousine kryptonienne Kara, plus connue comme « SuperGirl ». Côté guests, on croisera Helen Slater (« Supergirl ») dans le rôle de la mère de Clark, Dean Cain (le Superman de Lois et Clark) en vilain savant fou et Marc Mc Clure (le Jimmy Olsen) en Kriptonien. [CM]
■ De Hayato Date, d’après le manga de Masashi Kishimoto ■ Kana Home Video
Notre avis
7/10
Notre avis
5/10
A gagner ce mois « Deadwood saison 3 » (Coffret DVD)
« Sukiyaki Western Django » (DVD)
« Wall-E » (DVD)
« Les frères Scott saison 5 » (Coffret DVD)
Frères Scott, saison 5
■ De Mark Schwahn, avec Chad Michael Murray, Hilarie Burton, Sophia Bush et James Lafferty ■ Warner Home Video Quatre ans ont passé et nous retrouvons de jeunes adultes qui sont rentrés avec plus ou moins de succès dans la vie active. Lucas a sorti un premier roman à succès et peine à enchaîner sur le second, mais il est soutenu par son éditrice et petite amie Lindsey. Car oui, Peyton a refusé d’épouser notre beau gosse en chef, elle qui a réalisé son rêve en devenant le bras droit d’un label prestigieux. La sulfureuse Brooke a monté sa ligne de lingerie, un franc succès qui fait d’elle une femme riche. Seuls Haley et Nathan ont la vie dure, lui cloué dans un fauteuil roulant et plongé dans la dépression depuis que son rêve de NBA s’est envolé. Le passage à la vie adulte se révèle une réussite, donnant une vie nouvelle à tous les personnages. [DM]
Notre avis
6/10
Sukiyaki Western Django
■ De Takashi Miike, Avec Hideaki Ito, Quentin Tarantino ■ M6 Vidéo / Disques Office Génie pour les uns, charlatan pour les autres, Takashi Miike ne laisse jamais personne indifférent ! Preuve en est l’un de ses derniers films (en stakhanoviste de la caméra il en a tournés cinq depuis). « Sukiyaki Western Django », comme son titre l’indique subtilement, est un vibrant cri d’amour fou d’un artiste libre à un genre fédérateur, le western spaghetti. Puisant autant dans la trilogie du dollar de Leone que dans des œuvres moins connues du genre avec en tête le « Django » de Corbucci, mélangé à l’imagerie du film de samouraïs, citant même le théâtre kabuki, Miike accouche d’une œuvre hybride totalement folle. Et comme l’annonce le plat japonais cité en titre, « Sukiyaki Western Django » est un véritable « ragoût » cinématographique dont on se ressert allègrement. Culte et baroque ! [JYC]
Notre avis
6/10
Notre avis
7/10
« Naruto Shippuden » (Coffret DVD)
« Femmes criminelles, vol. 1 » (DVD)
« Smallville saison 7 » (Coffret DVD)
« Le pays de Fribourg » (Coffret DVD)
Concours réservé aux abonnés. Pour participer, envoyez un mail à concours@daily-movies.ch
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Si vous le voyez, tuez-le de ma part !
Au large de Bad Ragaz ■ De Christophe Marzal, Avec Mathieu Amalric, Julia Batinova, Jean-Luc Bideau ■ AVWorld production
■ D’Olivier Beguin, Avec Lambert Bastar, Yannick Merlin ■ Chaoticlock (www. chaoticlock.com)
Avant d’investir les plaines d’Almeria avec ses cow-boys cannibales, Olivier Beguin (voir son interview dans Daily Movies N°2 et sur www.daily-movies.ch) explorait le thème du voyage dans le temps pour les besoins de son second courtmétrage « Si vous le voyez, tuez-le de ma part ». Olivier Beguin est né à Neuchâtel en 1975. Après des études en cinéma à la « London International Film School », il se lance dans la difficile aventure du cinéma de genre en Suisse. Dès 2000, son premier court-métrage, « Time with Nyenne », est remarqué au premier Festival International du Film Fantastique de Neuchâtel (NIFFF) en remportant le Narcisse d’or du meilleur court-métrage. Suivront « Si vous le voyez… » en 2002, « Naufrage » en 2006 et le bien nommé « Dead Bones » en 2008. Un homme arrogant raconte à un ami qu’il a mis au point un moyen de faire des bonds dans l’avenir. Bien vite ce dernier ne pourra que constater les débordements d’un tel pouvoir. Son ami est-il devenu immortel ? Ou s’est-il transformé en une sorte de Dieu ? Pas sûr qu’il trouve les réponses à temps… Une mise
en scène soignée, des acteurs tout à fait convaincants, une très bonne musique, le deuxième essai derrière la caméra de ce jeune cinéaste prometteur s’avère une excellente surprise. Daily Movies a l’immense privilège de pouvoir vous offrir, par le biais d’un concours, l’occasion de gagnez un exemplaire du DVD de « Si vous le voyez… ». Alors n’hésitez pas, tentez votre chance ! [JYC]
Notre avis
7/10
Alex est guide touristique à Genève. Il commence une nouvelle mission en allant chercher Sacha à l'aéroport de Cointrin. Il est surpris lorsqu'une jeune femme s'approche de lui, car il s'attendait à un homme. En chemin pour l'hôtel, Sacha lui demande de l'accompagner le lendemain matin à Montreux. Sur le bateau, Alex observe la jolie jeune Russe qu'est Sacha. En buvant de la vodka, verres après verres, la jeune femme lui explique qu'elle est venue en Suisse uniquement pour récupérer les affaires de son frère défunt. Tout se corse lorsqu'un homme rentre et que des coups de feu éclatent. Sacha court vers l'homme tombé à terre, lui prenant la clé qu'il tient encore dans sa main. Sans comprendre ce qu'il lui arrive, Alex court sur les talons de Sacha échappant de justesse aux tirs qui continuent. Alex décide malgré tout de suivre Sacha pour le meilleur et pour le pire... Je m'attendais à une belle surprise, encouragée par le casting de deux comédiens confirmés, à savoir Mathieu Amalric et Jean-Luc Bideau. Malheureusement, je suis passée de désillusion en désillusion... Le rythme du film est lent, comme souvent les films suisses, même si ces derniers
temps on a eu de belles surprises, et le scénario est bien souvent tiré par les cheveux. Restent de beaux
paysages... Niveau bonus, c'est le néant, dommage. La version cinéma était de 105 minutes avec sous-titres anglais, la nouvelle version DVD est de 90 minutes avec comme seule langue le français. [CLK]
Notre avis
4/10
Coffret femmes criminelles vol.1 « Vierges pour le Shogun » – « Orgies Sadiques de l'ère Edo » – « L'enfer des tortures » ■ De Teruo Ishii, avec Yuki Akagawa, Mitsuko Aoi, Akira Ishihama, Mieko Fujimotoi ■ HK video Dans un somptueux coffret, HK vidéo nous propose trois grands titres du cinéma japonais, s'inscrivant dans un cycle portant le doux nom de « Joy of Torture », que le réalisateur Teruo Ishii débuta en 1968 et qu'il achèvera en 1973. La série produite par la Toho comporte huit films en tout. Ses films appartiennent au genre « ero-guro » (érotisme-gore), lui-même un sousgenre du « pinku eiga » (pornographie très soft) au Japon. Malgré des titres semblant extraits d'un catalogue du réalisateur Jean Rollin, les films sont, au niveau sexuel, bien loin de ce qu'a pu montrer Nagisa Oshima dans son film « L'Empire des sens ». En revanche, pour tout ce qui est soumission, viols, bondage et tortures, Teruo Ishii ne nous épargne rien. Il désirait étudier l'histoire de la torture au Japon à travers une série de films. De ce fait, au fur et à mesure des trois films (dont deux réalisés en 1969), on note une évolution crescendo dans le gore, l'apothéose étant atteinte avec « L’enfer des tortures » (dont une scène de torture est « plagiée » dans « Hostel part. 2 »). « Vierges pour le Shogun » se révèle être le moins sanglant. Les trois histoires se situent dans le Japon féodal et dénoncent tour à tour l'insatisfaction masculine tournant à la folie (« Vierges pour le shogun »), la cupidité (« L'enfer des tortures ») et la dépravation sexuelle (« Orgies sadiques de l'ère Edo »).
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Telle une estampe japonaise, la réalisation de Teruo Ishii est magnifique et jamais vulgaire. Il transcende des scènes psychologiquement insoutenables en véritable poésie visuelle. Le jeu des acteurs s'inscrit à merveille dans ces tragédies dignes du théâtre Kabuki (pièces populaires japonaise) ou Nô (pièces dramatiques japonaises). Certaines situations grotesques (la partie de Sumo entre les concubines dans « Vierges pour le Shogun » par exemple) renforcent l'idée de déchéance psychologique que subissent les protagonistes masculins. Chaque film a bénéficié d'un superbe transfert numérique et est proposé en version originale sous-titrée. Ils sont de plus accompagnés chacun d'une reproduction de l'affiche de l'époque du film correspondant, en format A5. On ne peut que saluer l'initiative des éditions HK, en faisant découvrir un cinéma asiatique plus underground que celui d'Akira Kurosawa à travers les films d'un réalisateur peu connu en occident, mais surnommé « The King of Cult » au Japon. Âmes sensibles s'abstenir. [LG]
Notre avis
REÇOIS
8/10
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1 DVD « Kung Fu Panda » 2 DVD « Diary of the dead » 3 DVD « Omoide Poroporo » 4 DVD « La grande peur dans la montagne » 5 DVD « Si vous le voyez, tuez-le de ma part » 6 DVD « Sex and the City, le film »
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il faut l’avoir vu... « Pandora (Pandora and the Flying Dutchman) »
■ D’Albert Lewin, Avec Ava Gardner, James Mason, Nigel Patrick ■ Edition Montparnasse
D
ans la carrière d’Ava Gardner, « Pandora » est une œuvre très importante à plus d’un titre. Tout d’abord, sa rencontre avec Albert Lewin, cinéaste esthète avec des intentions délibérément surréalistes, qui lui fait découvrir une autre facette de son métier d’actrice : le cinéma peut être de l’art ! Pour la comédienne, c’est également l’une des premières fois qu’elle prend vraiment plaisir sur un plateau de cinéma. Elle s’entendra à merveille avec le cinéaste, tout comme avec le grand directeur de la photographie, Jack Cardiff, maître du Technicolor. « Pandora » est le premier film en
…ET LU !
couleur de la star. Cependant, c’est surtout sa rencontre avec un pays, l’Espagne, qui changera durablement la jeune comédienne au point d’influencer considérablement sa vie future, artistique autant que privée. Elle découvre durant ce tournage le charme ibérique, le romantisme particulier des Espagnols, le flamenco, la corrida, le vin, etc., qui conviennent à merveille à son train de vie turbulent. Ava Gardner viendra par la suite s’installer en Espagne pour de longues années, fuyant Hollywood. « Pandora » coïncide encore avec les débuts de la relation amoureuse passionnée et orageuse de l’actrice avec Frank Sinatra, qui viendra jusqu’en Espagne pour lui rendre visite. Le tournage débute en avril 1950 sur la Costa Brava. Ava retrouve le comédien James Mason avec qui elle s’était très bien entendue sur
« Ava Gardner » ■ De Lee Server ■ Presses de la cité
La vie d’Ava Gardner aurait très bien pu être l’un des scénarios de film dans lesquels elle a eu un rôle prépondérant ! Trépidante, mouvementée, passionnée, haute en
le film « Ville haute, Ville basse » de Melvyn LeRoy deux ans auparavant, et rencontre le ténébreux acteur toréador espagnol Mario Cabre, qui, tout comme dans le film, tombera follement amoureux de la star. L’équipe du film restera deux mois sur la côte pour les prises de vues extérieures. Deux mois de pur bonheur pour Ava Gardner dans le petit port de Tossa de Mar. Elle profite pleinement de la situation pour de folles soirées arrosées sur les rythmes endiablés de la musique tzigane, une autre de ses découvertes. Le tournage se poursuit encore pour deux autres mois dans les studios Shepperton à Londres. Encore un lieu qui marquera la comédienne. Ava Gardner conservera beaucoup de cette expérience, bien plus que ce qu’elle ne s’imagine à l’époque. Elle dira même plus tard dans ses mémoires : « …il ne
couleurs, truculente, autant de superlatifs pour décrire une existence menée sans temps morts par une actrice sex-symbol qui a croqué la vie par les deux bouts et redéfini le statut de « star » à une époque où les studios étaient rois. Entière, parfois colérique, Ava Gardner a toujours été libre, de ses choix, de ses erreurs, de ses amours comme de ses opinions. Elle s’en est toujours donnée les moyens, même au risque de compromettre sa carrière. Femme fatale en puissance, Ava Gardner avait comme principal atout une beauté incroyable, naturelle, surpassant toutes les autres actrices de sa génération et faisant tourner la tête des plus grandes stars masculines de l’époque. Et justement, dans cette biographie, la beauté d’Ava est omniprésente à chaque page. Par les témoignages sincères de proches, collègues et ex-amants de la star, par quelques photos de jeunesse et surtout par ce récit hanté par son magnifique fantôme cinématographique, à jamais
serait pas exagéré de dire que ce film a définitivement changé ma vie. » Dans les années trente en Espagne, dans un petit port du nom d’Esperanza, la chanteuse américaine Pandora Reynolds y passe ses vacances au milieu d’hommes admirant son incroyable beauté. Pourtant, Pandora les méprise de son indifférence, jouant avec eux un jeu dangereux. Incapable d’aimer, elle pousse les hommes au sacrifice ultime, elle-même guidée par un tempérament destructeur. Quand un mystérieux yacht arrive dans la baie du port, elle se sent inconsciemment attirée à bord. Complètement nue, Pandora nage jusqu’au bateau où elle rencontre l’étrange Hendrick Van der Zee, un riche Hollandais de passage… Mais s’agit-il bien là d’un être vivant ? La jeune femme tombe instantanément amoureuse de cet homme qui n’est autre que le « Hollandais volant »… Le scénario d’Albert Lewin mélange plusieurs mythes pour un résultat original et inclassable. Cinéaste complexe, Lewin s’approprie la légende du « Hollandais volant » (qui veut qu’un capitaine de navire défunt revienne tous les sept ans dans l’espoir de trouver l’amour d’une femme qui se sacrifierait pour lui afin qu’il puisse obtenir le repos éternel) et le personnage de Pandore, la « première femme » dans la mythologie grecque, associée à la « boîte de pandore »,
pour créer une histoire originale mettant en avant la plupart de ses obsessions. Le choix d’Ava Gardner pour le rôle de Pandora n’est certes pas un hasard. Le cinéaste voulait une comédienne à la vie tumultueuse proche du personnage. Et à cette époque, fin des années 40, la vie privée de la star comporte d’étranges similitudes avec celle de Pandora Reynolds. Amour et décadence, sexualité montrée en filigrane, beauté, questionnement sur la véritable nature de l’art, tout cela se trouve dans ce chef d’œuvre qui mérite bien plus qu’une seule vision ! Tourné dans un Technicolor magnifique, « Pandora » fait honneur à la beauté sublime de la star dans des plans inoubliables. Un film méconnu de la filmographie d’Ava Gardner à découvrir sans tarder. [JYC]
immortalisé par des films remarquables comme « Les tueurs », « La Comtesse aux pieds nus », « La croisée des destins » ou encore « La nuit de l’Iguane ». Cette captivante biographie très détaillée de Lee Server nous entraîne sur les traces d’Ava Gardner, depuis sa naissance jusqu'à sa mort en passant par ses trois mariages mouvementés, pour un voyage passionnant dans cet « autre monde » : celui de l’âge d’or d’Hollywood. Une actrice à (re)découvrir ! [JYC]
CHRONIQUES B.O. Alien
■ Jerry Goldsmith ■ Intrada ■ En 1979, « Alien » redéfinissait la SF au cinéma en lui donnant une patine beaucoup plus sombre contrastant radicalement avec le kitsch qui régnait alors sur le genre. L’extraordinaire partition écrite par Jerry Goldsmith participa grandement à ce renouveau. Figurant sans conteste parmi les meilleures B.O. de tous les temps, le score d’« Alien » fascine plus encore à chaque écoute. Inquiétantes, mystérieuses, dérangeantes, les notes métalliques de Goldsmith traversent les époques sans prendre une ride. Le formidable « Main Title » est à (ré)écouter de toute urgence ! Sans réelle mélodie, instaurant toutefois une atmosphère lourde et prenante, le compositeur utilise les instruments pour produire des sons curieux, renforçant l’ambiance de mystère autour de ce corps étranger tapi à l’intérieur du Nostromo (The Eggs). En 2007, le label Intrada offrit un cadeau inestimable à tous les bophiles de la planète en rééditant ce score mythique dans un double CD contenant la musique originale composée à l’époque par l’artiste et un deuxième disque proposant celle utilisée finalement par le réalisateur. Indispensable ! [JYC]
Batmania
Changeling
■ Que peut-on attendre d’une compilation titrée : « Batmania » ? Le meilleur des musiques des différents Batman ? Oui assurément. Notons tout d’abord les différents compositeurs des musiques de « Batmania » : Hans Zimmer et James Newton Howard pour les deux derniers épisodes : « Batman Begins » et « Batman : The Dark Night » ; Elliot Goldenthal pour « Batman Forever » et Danny Elfman pour « Batman » et « Batman Returns ». Les présentations sont faites. Passons aux choses sérieuses. Le fan de « Batman » que je suis est intéressé par les différentes interprétations musicales existantes, cet album met au même niveau de prestige la musique de film que la musique dite classique. Interprété par le « Global Stage Orchestra », cet album donne toute une sonorité aux différents titres sélectionnés dans cette compilation de trois albums. Ni le son ni le rythme ne sont identiques à l’original. Cela donne une autre idée de cette musique ainsi qu’une autre appréciation. A noter ma grande préférence pour le premier CD qui contient la musique des deux derniers « Batman ». [PAS]
■ Depuis « Pale Rider », une longue et fructueuse collaboration s’est installée entre Clint Eastwood réalisateur et Lennie Niehaus compositeur. Les deux artistes s’entendent si bien ensemble que plusieurs fois le cinéaste aura pris la baguette pour mettre ses propres images en musique sous l’œil avisé de son mentor. Grand amateur de jazz (remember « Bird »), le cinéaste a toujours donné beaucoup d’importance à la partition de ses films, se construisant graduellement un style bien particulier, tout en sensibilité. « Changeling » ne déroge pas à cette règle ! Sous la direction artistique de Lennie Niehaus, aidé de son fils Kyle (musicien émérite et compositeur de « Lettres d’Iwo Jima »), Clint Eastwood nous offre à nouveau un très beau score à l’ambiance forcément jazzy, qui nous berce dans un premier temps pour glisser ensuite lentement vers une longue complainte musicale accompagnant les épreuves douloureuses de cette mère courage livrée à elle-même. Les magnifiques morceaux ouvrant et concluant l’album résonneront longuement dans votre subconscient. Tout en émotion ! [JYC]
■ The Global Stage Orchestra ■ Musicora
■ Clint Eastwood ■ Varèse
6/10
Notre avis
Eagle Eye
Flash Of Genius
Pour elle
■ « L’oeil du mal » est le nom français du film « Eagle Eye », qui aurait certainement mieux fait d’être traduit littéralement par « L’œil d’aigle ». Quasiment rien ne vous sera raconté sur ce film parmi ces lignes, sauf que la fin est prévisible mais que le film vaut la peine d’être vu. Le compositeur de la bande originale est Brian Tyler, connu pour avoir composé la bande originale de « Final cut », également du dernier « Rambo » et « Constantine » pour ne citer que ces différents films. Brian est souvent un peu trop répétitif sur la totalité de l’album mais cependant des titres ne sont pas à rater, tels que « Loss of a Twin » qui est un moment de mélancolie dans ce film d’action qui nous emporte à cent à l’heure. Il y aussi « Final Manipulation » qui est stressante et angoissante, un titre qui vous transporte facilement dans la tension permanente du film. La composition de Brian se superpose bien à la trame du scénario. Les percussions sont bien présentes et soutiennent efficacement le patriotisme américain affirmé sans nuances par le réalisateur. Un score d'action bien fichu. [PAS]
a encore frappé ! Extrêmement productif (pas moins de vingt-huit compositions pour le cinéma et la télévision ces quatre dernières années ), sans tomber dans la répétition facile, le musicien (récompensé en 2006 pour la chanson « Sim Shalom ») livre avec « Flash Of Genius » une partition easy listening qui ne demande qu'à titiller vos émotions. Répondant au combat intérieur de Kearns (l'inventeur de l'essuie-glace intermittent pour pare-brise, rien que ça !), le personnage principal du film, les morceaux plutôt impressionnistes oscillent entre ballades bluesy pleines d'entrain, d'espoir et plages aux nappes menaçantes de cordes. Ces dernières sont d'ailleurs très présentes dans la musique du film, en longs accords brumeux soutenant des mélodies de piano, trompette, flûte ou guitare. En bonus, un titre de musique de chambre de dix minutes, explication du compositeur sur son rapport à sa musique et à la crainte d'y consacrer plus de temps qu'à ses proches. Etendezvous et laissez les notes vous raconter leur histoire. [SF]
ment inconnu, pourtant il fait partie de ces compositeurs à qui les studios confient sans sourciller les scores des plus gros blockbusters hollywoodiens (« Constantine », « Pirates des Caraïbes »). Découvert et couvé par Hans Zimmer (le spécialiste de la BO pompière : « The Rock », « Gladiator ») on retrouve dans son style une forte influence de son maître et un manque de savoirfaire pour créer des thèmes marquants. Cette tendance au remplissage se confirme dans un autre style, puisque ce thriller français (assez bon soit dit en passant) appelle un autre genre de composition que les envolées ronflantes dont Badelt est coutumier. Las ! Même dans ce ton plus discret fait de pianos légers, de percussions électroniques et de cordes pleines d’émotion, l’Allemand n’arrive pas à tenir l’oreille de l’auditeur. Pas de thèmes, à part un motif au piano dans « Monsieur Tout-le-monde », cette B.O. passe-partout se laissera écouter distraitement pendant que vous éplucherez les légumes pour la soupe du soir. [YG]
Notre avis
10/10
15
■ Brian Tyler ■ Varèse Sarabande
Notre avis
8/10
Notre avis
■ Aaron Zigman ■ Varèse Sarabande ■ Aaron Zigman le stakhanoviste
Notre avis
7/10
8/10
■ Klaus Badelt ■ Colosseum / Musicora ■ Klaus Badelt vous est probable-
Notre avis
5/10
16
Nanar, mon amour !
En coulisse
DAILY MOVIES 03 – FÉVRIER 2009 Helvetic’Arts/Daily Movies, Case postale 54, 1211 Genève 28, +41 (22) 796 23 61, info@daily-movies.ch, www.daily-movies.ch
« L’Homme Puma »
Compte postal : 10-166823-0 Impression : Atar Roto Presse S.A. Création graphique : Jack Caldron Mise en pages : services-concept.ch Directeur de Publication : David Margraf (DM) Directeur de Publication adjoint :Carlos Mühlig (CM) Rédacteur en Chef : Yamine Guettari (YG) Rédacteur en Chef adjoint :Jean-Yves Crettenand (JYC) Responsable BO : Pierre-Alain Surdez (PAS) Responsable Abo/Distro : Carlos Mühlig Correction : Katia Margraf, Inma Abbet, Edouard Bréard Internet : Ashtom.
D
ans les années 70-80, les Italiens ont tout copié : d'« Alien » à « Mad Max », de « Star Wars » à « Indiana Jones ». Du moment que ça fait des sous au box office, ça peut se reproduire avec cent fois moins de budget et d’ambition artistique. Autant dire que quand « Superman » est sorti et a cassé la baraque, le producteur-réalisateur Alberto de Martino s’est dit qu’il ne devait pas être difficile de faire pareil (bon O.K. moins bien, mais de toute façon ça se vend à l’export alors...). C’est ainsi qu’est né « l’Homme Puma », un projet totalement barré dont le scénar’ a dû être torché un soir de cuite par les pires tâcherons du bis transalpin.
Italian Superman
Dans un passé lointain, des extraterrestres sont venus chez les Aztèques (en passant au-dessus d’une réplique maigrichonne de Stonehenge !) dans une grosse boule pleine de lumières. Ils ont laissé deux choses : un masque d’or très laid qui permet à celui qui le porte de contrôler les esprits et une lignée de « dieux blancs » pour protéger notre planète : les Hommes Pumas ! Le masque d’or intéresse une organisation criminelle diabolique désireuse de dominer le monde et dirigée par le maléfique Docteur Kobras incarné par Blofeld himself : Donald Pleasence. Sauf que celui-ci, conscient de la valeur intrinsèque de ce qu’on lui fait tourner, joue toutes ses scènes avec une lassitude quasiment palpable, assurant le strict minimum syndical en attendant son chèque de fin de tournage. On le comprend assez d’ailleurs, rien qu’aux costumes dont on l’affuble : dans sa base, une combinaison en skaï noir très club sado-maso et en soirée, une costume vert lézard du plus mauvais goût. A vous dégoûter de vouloir devenir génie du mal, tiens...
Rédacteurs & Collaborateurs : Carole-lyne Klay (CLK), Pierre-Alain Surdez (PAS), Jenifer Cross (JC), Sébastien Frochaux (SF), Tristan Bossy (TB), Joëlle Michaud (JM), Vincent Gerber (VG), Pauline Hausmann (PH), Valérie Wyssbrod (VR), Bram Dauw (BD), Isabelle Swali (IS), Rosa Capelli (RC), Manuelle Beurdeley (MB), Laure Noverraz (LN), Jean Saillet (JS), Camille Morend (CM), Maxine Bucher (MBu) Richard Tribouilloy (RT), Raphael Fleury (RF), Luc Grandsimon (LG), Loïc Valceschini (LV), Rapahël Dessarzin (RD) Remerciements : A tous les annonceurs, collaborateurs, partenaires, abonnés et toutes les personnes grâce à qui Daily Movies existe !
Paraît 10 fois par an.
Access point
Cela étant, le Docteur Kobras est tout de même bien embêté : une seule personne peut se mettre en travers de son plan diabolique : l’héritier du pouvoir des Hommes Pumas !
Félin bécile...
En fait, celui-ci est un jeune étudiant londonien, Tony Farms (Walter George Alton, meilleur acteur que la moyenne des bellâtres habituels du bis italien) qui ne se doute de rien. Il est retrouvé avant les méchants par l’envoyé des dieux aztèques, Vadino (Miguel Angel Fuentes, vu dans « Fitzcarraldo »), un Indien de presque deux mètres, qui joue avec un sérieux et une conviction imperturbables, au point de faire tache dans le désastre ambiant. « Tu es l’Homme Puma » dit-il, l’air
pénétré, après avoir balancé Tony du 3ème étage pour réveiller ses superpouvoirs. Après quelques péripéties, notre héros se transforme enfin en Homme Puma : une cape verte et rouge, un polo avec un motif d’idole précolombienne grimaçante… On a mis des photos sinon on ne nous croira jamais. Et ses pouvoirs alors ? Ben y vole... enfin il essaie... Il faut voir notre pauvre héros, tordu à 45° au niveau des fesses (il doit être suspendu par un harnais) battre des bras devant des images toutes pourries de Londres la nuit, accompagné par des bruitages au synthé qui vrillent les tympans. Affligeant. Et les autres pouvoirs sont à l’avenant : il passe à travers les murs dans un petit bruit de synthé, rebondit sur d’invisibles trampolines, a des
visions astrales à base de trucages numériques pourris digne d’un show de Maritie et Gilbert Carpentier. « On aurait dit un félin qui volait ! » résume un homme de main, dépassé par les événements… Les producteurs croyaient dur comme fer à leur projet et espéraient initier une série de films avec l’Homme Puma pour héros. Mais comme l’avoue de Martino dans l’interview qu’il a accordée à Nanarland : « Nous en attendions beaucoup, d'autant que j'étais co-producteur. Je me souviens de la sortie : nous avions téléphoné à une salle de Turin pour savoir comment le public réagissait et le patron nous a dit : personne n'est venu ! ». Retrouvez l'intégralité de cette critique – et des centaines d'autres – sur nanarland.com, le site des mauvais films sympathiques. [RT]
Genève : City Disc, Media Markt, Usine, Antishop, Lapsus Vidéo, Vidéo club 2001, Chat Noir, Cinéma Central, O’CD, Les Scalas, Stigmate, Mr. Pickwick, Cinéma Nord-Sud, Cinéma Bio, IFM University,Planet cinéma Pinon, Britannia Pub, Théatre de Carouge, Librairie du Cinéma, Camera Club de Genève. Nyon : American Market, Disques Services, Fondation FCMA, Cinéma Capitole. St-Prex : Shark Vidéo. Morges : Boullard Musique, Théâtre de Beausobre. Lausanne : City Disc,Bleu Lézard, Art Computer, Vidéo Futur, C&A Clockhouse, MixImage, University of Lausanne, Vidéo Club Chailly, Atlantis ST Vidéo, Cinéma Capitole, City Disc, Le Zinéma. Pully : Cinéma City. Penthaz : Cinémathèque suisse. Oron-la-Ville : La mine d’Or, Cinéma d'Oron. Orbe : Cinéma Urba, L'Autre. Vevey :Les Rex, City Disc, 24/24 Vidéo Club, Log On Games, Cinéma Astor. Montreux : Hollywood, Ned, Vidéo & DVD Center, Opus Café. Martigny : Cinéma Casino, Sunset Bar, No Comment, Ecole-Club Migros. Aigle : Cosmopolis, Fun Vidéo. Bex : Grain d’Sel. Saint-Maurice : Piscine de St-Maurice, Théâtre du Martolet. Conthey : Media Markt. Crans-Montana : Cinécran. Sion : City Disc, Cinéma Arlequin, Mangamaniak, Mean MachineTattoo. Bulle : Cinéma Prado, Ebullition, HR Giger Bar, Tropic Vidéo, Collège du Sud. Fribourg : Media Markt, Cinéma Alpha, La Spirale, Cinémotion, Nouveau Monde, FriBowling, EMAF, ADS Informatique. Payerne : Cinéma Apollo, Silver Club, Media Music. Romont : Au 7ème Art, Bicubic. Bienne : City Disc, Filmpodium, Cinéma Palace, Cinéma Apollo, Top-D Computer. Chauxde-Fonds : City Disc, Scala, Vidéo Shop, Cinéma ABC, Discothèque de la Ville, Bikini Test. St-Imier : Espace Noir. Delémont : MP Vidéo, Image et son, La Grange. Moutier : Le Cinoche, Hänzi Electronique. Tramelan : Le Cinématographe. Tavannes : Le Royal. Neuchâtel : City Disc, Cinéma Bio, C&A Clockhouse, Covadonga 2, Espace Passion Image, Media-Zone.TV, Théâtre du Pommier, Bar de l'Univers, Librairie Apostrophes. La Neuveville : Cinéma de la Neuveville. Sainte-Croix : Cinéma Royal, Royal Coopérative Mon Ciné. Yverdon : Image et son, Amalgame, Movie's Star, Le Double R café, Maison d'Ailleurs. Berne : ISC Club. Solothurn : Kulturfabrik Kofmehl. Tessin : Université de Lugano. Plus de lieux sur www.daily-movies/distro