Daily Movies No 4 ■ Mars 2009
En salles
Josh Brolin nous confie en exclusivité ses souvenirs du tournage de « Milk »
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Festivals
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Il faut l'avoir vu !
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FIFDH : le cinéma au service des droits de l’homme
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« Le Doulos » : quand Melville est devenu grand
La remise des trophées 2007 (avec entre autres Eugène Chaplin et Alain Morisod)
« Le Jet d’Or de Genève » Samedi 21 mars 2009 aura lieu pour la deuxième fois à Genève le Jet d'Or, Festival des Vidéos Amateurs Francophones. Présentation d’une manifestation naissante.
B
iennal – le festival a lieu tous les deux ans –, le Jet d’Or, fort du succès de sa première édition, revient cette année 2009 en force. La preuve en est qu’aux œuvres provenant de Suisse romande et du Tessin des débuts s’ajoutent maintenant des films européens, de pays tels que la France, la Belgique ou le Luxembourg, et même africains, citons la Tunisie et le Niger entre autres. Le Jet d’Or ayant gagné en ampleur, l’ouverture au monde semble être de rigueur, avec pour critères primordiaux des métrages n’excédant pas une durée de 20 minutes et tournés en langue française. Ce dernier point s’explique par le fait que le festival s’intègre à la 14ème Semaine de la langue française et de la francophonie. Le genre, lui,
est laissé au bon vouloir des auteurs. Ce devrait être un gage de diversité et en même temps accroître l’intérêt des spectateurs. Notons encore que le jury sera présidé par Eugène Chaplin, l’un des enfants de Charlie Chaplin. Mais le Jet d’Or n’aurait jamais vu le jour sans les instigateurs du projet : Alain Morisod, Raymond Brussino et Rodrigue Eckert. Ce dernier était alors le président du Caméra Club de Genève – aujourd’hui Gilbert Grange lui a succédé – qui est l’organisateur du festival. Pour ceux qui ne connaissent pas l’association, elle fut fondée en 1929 et réunit les vidéastes amateurs de la région genevoise. Elle propose entre autres, au Centre de l’Espérance aux Eaux-
la vidéo, un autre d’écriture de scénarios, et elle réalise un à deux films par année.
Le gagnant de 2007, Rolf Leuenberger Vives, la projection des films de ses membres ainsi que de réalisateurs invités, un atelier de formation à
Les organisateurs du festival songent déjà à 2011. La motivation est là, la volonté aussi. Il faudra désormais compter avec le Jet d’Or. Toutefois, avant de souhaiter longue vie au festival, réjouissons-nous déjà de la présente édition. Pourquoi ne pas se laisser séduire par l’expérience ? Les œuvres des artistes seront diffusées samedi 21 mars dès 9h00 au Théâtre de l’Espérance à Genève. Avis aux amateurs ! Pour plus d’informations, consultez le site Internet du Caméra Club de Genève : www.cameraclub.ch [RF]
Chroniques B.O.
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Alexandre Desplat confirme son statut avec « L’étrange histoire de Benjamin Button »
Edito ■ Voici un début d’année très chargé ! A peine remis du choc cinématographique de « L’étrange histoire de Benjamin Button » - d’autant plus une réussite que le nouveau film de David Fincher est issu des grands studios hollywoodiens - que la spirale infernale de la programmation du festival genevois « Black Movie » a donné le tournis aux rédacteurs les plus endurcis. Cette année encore, entre une rétrospective consacrée aux films japonais « extrêmes » des 70’s ou une autre sur le thème de l’héritage parental, le spectateur pouvait faire le plein d’une bonne dose de pellicules rares. LA grande découverte pour cette édition, doublée d’un nouveau choc filmique, fut incontestablement « The Chaser », polar coréen sombre et percutant. Une nouvelle preuve que le « Pays du Matin Calme » n’a pas fini de remuer la planète cinéma.
Les découvertes en valent la peine à coup sûr ! ■ Encore et toujours, à Daily Movies, nous vous encourageons à investir en masse ces nombreux festivals prenant place à côté de chez vous. Les découvertes en valent la peine à coup sûr ! Pour ce faire, ne manquez surtout pas fin mars (du 26 au 29) de vous rendre à Servion pour le festival « Voie du muet ». Trois jours durant lesquels seront projetés des films muets rares accompagnés en « live » à l’orgue de cinéma d’époque. Et surtout, allez-y en famille pour le pot-pourri de courts métrages burlesques du dimanche après-midi, histoire de faire découvrir à vos chères têtes blondes les fondements du cinéma. Une expérience inoubliable ! ■ Pour finir, rendez-vous en avril pour un Daily Movies entièrement consacré aux cinémas d’Asie ! Jean-Yves Crettenand dvd@daily-movies.ch
UNE PUBLICATION DU COLLECTIF
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en salle
« Milk » Tragique
De plus en plus demandé sur les grosses productions (« American Gangster », « No Country For Old Men »), Josh Brolin offre une nouvelle grande prestation dans « Milk ». - C'est un événement fort que raconte le film, le scénario vous-a-t-il touché ? - Je l’ai lu et je dois avouer que j’ai pleuré à la fin. C’est une histoire d’amour, une histoire de lutte civique et l’histoire de l’avènement d’une ère nouvelle. Ce qui m’a le plus touché, c’est d’avoir parlé avec les familles. Je pense que Dan White était myope dans le sens où il ne voyait que ce qui était juste sous son nez, il avait un sentiment d’insécurité très profond. - Vous jouez Dan White, le collègue de Harvey Milk qui finira par l’assassiner ; encore un autre personnage négatif après celui de « W » dans le film d’Oliver Stone. Comment faites-vous pour générer de l’empathie envers eux ? - Il faut se rappeler que ce sont des êtres humains. Avec Oliver Stone on avait vraiment voulu humaniser Bush parce qu’on peut jouer à plus de niveaux lorsqu’on humanise quelqu’un. C’est la même chose pour Dan White. J’ai fait autant de recherche que j’ai pu, avec un esprit ouvert. J’ai eu la chance d’écouter sa cassette de confession, qui fut très riche en informations. - Vous devez vous faire votre propre opinion avant de jouer ? - Oui, bien qu’il faille faire attention à ne pas militer à travers son jeu pour cette opinion. Simplement, je me demande « Pourquoi il a fait ça ? ». J’ai ma propre théorie : il a traversé dix mois de totale frustration, ne se sentant pas à sa place. Son corps de pompier et les policiers aussi lui ont mis une grosse pression pour qu’il ramène San Francisco à sa mentalité WASP, sans homos, sans hippies. Et il a commencé à s’effondrer mentalement, il n’a pas réalisé que c’est ce qui se passait. Ça le transformera en quelque chose d’autre, et alors il aura son heure dans le futur. Il disait juste « Pourquoi pas maintenant, pourquoi pas maintenant ? ». Je pense qu’il avait fait le bon choix quand il a démissionné, mais ils ne l’ont pas laissé démissionner. Après dix longs mois, quand vous chargez une arme et que vous la pointez sur quelqu’un, vous le tuez, c’est mécanique. Début, milieu, fin. Alors je le comprends, je ne suis pas d’accord, mais je le comprends.
- Donc il était plus motivé par la frustration que par l’homophobie à votre avis ? - Personnellement, je pense, mais qui sait ? L’homophobie est une chose si insaisissable… Etait-il homophobe ? La seule scène où je me suis laissé aller à montrer un petit peu de cette homophobie est la scène qu’on a avec Sean à son anniversaire, quand on se rencontre dans le hall. La scène était écrite très différemment de la façon dont on l’a jouée. Je devais lui donner une bouteille d’alcool comme cadeau et je pensais « Je n’aime pas cette scène, je n’aime pas comme elle fonctionne ». J’ai pensé « Et si Dan était en train de siffler la bouteille qu’il était censé offrir ? ». J’ai trouvé ça plus intéressant et on l’a tournée de plusieurs façons. A un moment je rentrais dans ce truc de karaté, c’était juste bizarre ; et ensuite Diego arrivait dans la scène. C’est une scène « dangereuse » que j’aime bien. - Harvey suggère que Dan White est gay et il semble que vous l’avez joué comme ça. Il y a du vrai là-dedans ? - A part cette scène-là ? Non, non. Vous n’avez pas besoin en fait, parce qu’au moment précis où Harvey le dit, le public vous met tout de suite ça sur le dos. C’est comme pour W, pareil. Il y a certaines choses que l’on n’a pas besoin de jouer parce que le public vient avec son propre bagage. - Vous avez dit que c’était un personnage difficile à cerner ? - Il se passe tant de choses dans sa tête, il n’y avait jamais une scène directe. Tout ce trouble, ces tourments émotionnels et dans son comportement, il se passe toujours cinq choses à la fois. Même quand il arrive et dit « Hey, j’ai invité quelquesuns d’entre vous au baptême, vous allez être là ? ». Tous ces gars homos l’entourent et il le sait. Il n’en pense pas moins et essaie donc de paraître heureux, mais il se retrouve seulement ridicule.
- Dan White a été condamné à sept ans de prison et n'en a fait que cinq, même s’il a tué deux personnes. Comment est-ce possible ? - Parce qu’il avait les flics derrière lui. Je suis convaincu que c’était une situation corrompue. La « défense Twinky » (ndlr : du nom d’une marque de barre chocolatée fameuse aux Etats-Unis, c’est le fait de plaider la faiblesse mentale pour cause d’hyperglycémie) n‘est qu’un petit élément, mais c‘est ce que les médias ont retenu. Ça sonne très bien mais ça n’a été qu’un petit argument dans le procès.
« Milk »
■ De Gus Van Sant ■ Avec Sean Penn et Josh Brolin ■ Ascot Elite
Sortie le 04/03 Notre avis
9/10
Interview générique. Traduction [YG]
Concours Gagnez des places pour ce film en écrivant à concours@daily-movies.ch, en mettant en objet « Concours Milk » et en mentionnant votre adresse postale. Concours réservé aux abonnés.
La critique Beaucoup aimeraient changer les choses. Peu y parviennent. Harvey Milk fait partie de ceux qui se sont battus et ont tout donné, jusqu’à leur vie, pour un monde meilleur. Gus Van Sant raconte la véritable histoire de cet homme né en 1930 à Long Island et qui, à force de ténacité, fut le premier homosexuel ouvertement déclaré, élu aux Etats-Unis. De la veille de ses 40 ans à son assassinat, nous suivons sa carrière de militant pour la cause homosexuelle, puis de conseiller au maire de San Francisco. Nous assistons
aux balbutiements de son militantisme, aux débats musclés avec les « bigots » au pouvoir, à la détresse causée par les meurtres au sein de sa communauté, à la liesse des soirs de victoire… Gus Van Sant aborde une fois de plus le thème de l’homosexualité avec une grande aisance ; sans doute son admiration pour Harvey Milk y est pour quelque chose.
Trois décennies après la mort de celui-ci, le réalisateur sort enfin le film qu'il laissait mûrir depuis des années. Les acteurs sont tous plus irréprochables les uns que les autres, avec une mention spéciale pour Sean Penn qui parvient à capter l’attention et à se rendre attachant dès les premières secondes du film. Des images d’archives renforcent le réalisme du métrage qui, malgré sa longueur (2h07), ne souffre d’aucun temps mort. La bande originale elle non plus n’échappe pas au déluge d’éloges : elle est signée Danny Elfman, qui n’en est plus à une petite merveille près. À ne rater sous aucun prétexte ! [MB]
en salle
« Gran Torino »
Bio
Clint Eastwood Grand acteur
BOURRU
«
Ironique, non ?, lancera Sue à Walt, il lave la voiture qu’il a voulu voler. » Cette Ford Gran Torino est le bijou de Walt depuis 1972. Vieil homme raciste et hargneux, vétéran de la guerre de Corée, il tient sans doute plus à elle, aux prémices de l’histoire, qu’à ses voisins asiatiques. Eclatante comme au premier jour, elle est la promesse d’une vie meilleure, L’Eternel, la réplique de Walt aux cieux, quand lui ne compte plus ses rides. Elle sera aussi le déclencheur d’une lutte sans merci contre le gang du quartier.
En tant que réalisateur, Eastwood signe une œuvre dense et originale, quoique manquant peutêtre d’ampleur et de justesse par moments. En-deçà du chef d’œuvre « Million Dollar Baby », « Gran Torino » n’en demeure pas moins une leçon de vie exemplaire.
Là, dans la nuit ténébreuse et cinglante surgit un briquet, à la symbolique au moins autant riche que celle de la voiture. Mais parce qu’il est son aîné, parce que Walt l’a A Munny d’« Impitoyable » et Dunn de « Million Dollar reçu en 1951, un lien plus fort doit les lier. 1951, c’est Baby » succède Walt, un « diable blanc ». D’eux, il garde précisément le cœur de la guerre de Corée. Walt sait bien le passé lourd et l’aigreur ciselée. A regret, Eastwood ne ce qu’est le crime d’un homme, pour en avoir commis quitte donc pas dans « Gran Torino », en tant qu’acteur, plus d’un : horreur et fardeau. La médaille militaire un registre connu. S’il est fidèle à luireçue pour son mérite, il n’en veut même, il n’étonnera aucunement, ne pas. Où est le mérite, où la fierté ? réjouira pas beaucoup plus. Ses blagues Sa main, dévoilant au spectateur racistes amuseront peut-être un temps, le briquet, semble grogner : « Plus ■ De Clint Eastwood sans doute lasseront-elles vite. Toutefois jamais ça ! » Quelque part, le final de ■ Avec Clint Eastwood, la suite du métrage, pour le plaisir de « Gran Torino » est l’antithèse de celui Bee Vang, Ahney Her tous, le verra évoluer, en même temps d’« Impitoyable », une réponse pleine que l’œuvre gagnera en intensité. de noblesse et d’intelligence à la fois à ■ Warner Bros Quant aux acteurs épaulant Eastwood, ce dernier et à la violence qui défigure Sortie le 25/02 on ne trouvera aucun nom connu, le monde. plusieurs amateurs qui apportent une Notre avis 6/10 fraîcheur bienvenue au film. [RF]
« Gran Torino »
« Après l’hiver »
J
an Sverák est le plus brillant réalisateur tchèque, récompensé par un Oscar en 1997 pour « Kolya », et malheureusement trop peu connu en nos contrées. Avec son père Zdenek, auteur, scénariste et acteur de renom dans son pays, ils forment un tandem artistique efficace qui propose des films très riches émotionnellement. Comme sur les autres métrages du fils, c’est le père qui a écrit le scénario et il tient même le rôle titre : on essaie d’imaginer l’ambiance particulière qui doit régner sur le plateau, quand un fils dirige son père, qui a aussi son avis de scénariste ! Zdenek Sverák a écrit sur « le démon de midi » qui touche un sexagénaire, mais aussi sur la recherche difficile de l’amour. On se demande d’ailleurs si le rôle principal n’est pas autobiographique tant l’auteur incarne parfaitement Josef, professeur de littérature à l’ancienne qui ne trouve plus de plaisir dans son travail, largué qu’il est par la nouvelle jeunesse. Il démissionne mais refuse la retraite, il prend d’abord un travail de coursier puis gère la consigne d’un supermarché. Cette fuite peine sa femme Eliska, qui pense, à raison, qu’il a juste peur de se retrouver seul avec elle et ne la trouve plus désirable. Car Josef s’oc-
cupe du bonheur des autres, rend volontiers service, fantasme beaucoup sur ses clientes (ses rêveries sont très amusantes) et se montre volontiers charmeur, mais il délaisse son foyer et s’éloigne de son épouse. Arrivera-t-il à mettre de l’ordre dans ses sentiments ? Cette comédie douce-amère montre des personnages qui cherchent tous l’amour au mauvais endroit, mais finissent incidemment par le (re) trouver. Cette petite tranche de vie anodine repose en grande partie sur les épaules d’un Zdenek Sverák immédiatement attachant et incorrigible (la fin est délicieusement amorale). Un film frais, sensible et qui tape juste. [YG]
« Après l’hiver » ■ De Jan Sverák ■ Avec Zdenek Sverák et Daniela Kolárová ■ Look Now
Sortie le 25/03 Notre avis 7/10
Grand réalisateur Comme un hommage il œuvre dans le western (« L’homme des hautes plaines », « Pale Rider ») puis le film policier (« Le retour de l’inspecteur Harry »).
Le dernier des grands Malgré une image de dur, il sait aussi faire des films très sensibles (« Sur la route de Madison », « Mystic River »), montrant une versatilité inégalée qui lui offre quatre Oscar. « Gran Torino » est, dit-il, son dernier film devant la caméra. [YG]
« L’enquête » PARANO
V
CHARMEUR
Révélé dans les westerns spaghetti de Sergio Leone, il trouve un autre rôle de légende avec l’expéditif inspecteur Harry de Don Siegel. L’âge venant, il se tourne vers des rôles de durs marqués par la vie (« Impitoyable », « Million Dollar Baby »).
oici un film d’intellect et d’action avec Louis Salinger (Clive Owen) au centre de tout. Mais qui est-il : dénonciateur ? Policier ? Services secrets ? Il écoute des conversations qui finissent par des morts sous ses yeux, il court après des assassins et piste les traces de leurs crimes. On apprend finalement qu’il est agent d’Interpol et travaille en tandem avec l’assistante du procureur de Manhattan Eleanor Whitman (Naomi Watts). La mort accidentelle de témoins dans leur enquête les conduit à dévoiler leurs investigations à la police allemande, qui travaille sur le dernier décès :
un complot surréaliste dans lequel IBBC, une banque tentaculaire, serait derrière les meurtres de ces businessmen de haut vol prêts à témoigner contre ses activités internationales de blanchiment. Ils sont rapidement éconduits. Mais le plus gros est à venir : IBBC tirerait même les ficelles de la dette mondiale et donc de la politique internationale. L’intrigue est tristement crédible au vu de l’actualité… Le sens de l’action à échelle humaine de Tom Tykwer (« Cours Lola, Cours », « Le Parfum ») se démarque agréablement des standards actuels. Une paranoïa permanente sourd
du film : Owen est seul contre tous, vulnérable, cerné, peut-il seulement gagner contre un tel monstre ? Une puissante scène d’interrogatoire entre lui et un ancien communiste devenu suppôt de la banque remet en question leurs engagements moraux respectifs : Salinger pense que ce dernier peut revenir à ses convictions initiales, le tueur à gages rétorque que
l’agent travaillera pour IBBC bien assez tôt… L’action est relativement absente, hormis un superbe gunfight au musée Guggenheim, Tykwer préférant se concentrer sur ses personnages et leur enquête impossible. Un thriller passionnant et bien conduit, brûlant d’actualité considérant l’état de notre économie moderne. [JC]
« L’enquête » ■ De Tom Tykwer ■ Avec Clive Owen et Naomi Watts ■ Walt Disney Pictures
Sortie le 18/03 Notre avis 8/10
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en salle « Le déjeuner du 15 août » NONNA
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ne situation financière difficile oblige Gianni, quinquagénaire, célibataire, et italien jusqu’au bout des ongles, à vivre avec sa mère et être aux petits soins avec elle. Et oui, « la famille c’est la famille », pas question pour lui de la laisser seule. Ce dicton, c’est aussi celui que vont lui ressortir deux de ses proches. En échange du remboursement de dettes et d’autres menus services, ils vont tour à tour profiter de sa situation pour lui demander d’accueillir leurs mères (et pendant qu’on y est, une tante), le temps du congé du 15 août. Coincé, Gianni se transforme avec un sourire forcé en surveillant pour mamies solitaires. On est à Rome, il fait chaud, et heureusement le contexte méridional encourage à faire passer la plupart des problèmes à coup de verres de blanc. Avec quatre grands-mères aux caractères bien trempés à la maison, mieux vaut avoir assez de bouteilles… Cette comédie italienne très légère plaît surtout par son ambiance méditerranéenne. Outre cette manière de parler que l’on sait expressive avec son accent qui chante, la musique et les images amènent une ambiance du Sud réellement bien transmise. Il faut insister sur le côté « comédie légère », car déclencher de grands éclats de rire n’est pas la vocation principale de cette réalisation. Non, ce n’est ni « Young@Heart », ni « Tatie Danielle », mais quelque
« Face Nord » PIOLET
chose de plus simple dans lequel on rit peu, c’est vrai, mais qui laisse le sourire. Le tout reste malheureusement trop court et l’arrivée subite du générique de fin alors même qu’on sentait que la comédie prenait une vraie ampleur frustre beaucoup. Douce ironie, au final, que de ressortir sur sa faim de ce « Déjeuner du 15 août ». Les perspectives étaient là, pourquoi n’avoir pas creusé un peu plus ? [VG]
« Le déjeuner du 15 Août » ■ De Gianni di Gregorio ■ Avec Gianni di Gregorio et Valeria de Franciscis ■ Xenix Film
Sortie le 11/03 Notre avis 6/10
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n 1936, la face nord de l’Eiger est toujours invaincue. Ce ne sont pourtant pas les candidats qui manquent. Le gratin des alpinistes de l’époque se bousculent pour devenir les nouveaux héros en pleine ascension du régime nazi. Toni Kurz et Andreas Hinterstoisser sont deux amis fans d’alpinisme dont le talent n’est pas demeuré inaperçu. Bien loin du cirque engendré par la conquête de la face nord de l’Eiger, les deux amis se font plaisir sur les sommets qui entourent leur village de Berchtesgaden, jusqu’au jour où Luise Felner, l’amour d’enfance de Toni, vient leur soumettre l’idée. La jeune femme, stagiaire dans un journal à Berlin, est chargée de les convaincre de tenter leur chance. Première tentative, premier échec pour Luise qui se heurte au refus catégorique de Toni, qui trouve le risque trop grand. Mais une telle ascension, c’est le rêve de tout alpiniste, et Toni et Andreas se retrouvent finalement au pied de « l’Ogre » sous une tente en attendant leur heure. Et puis, une nuit, la pleine lune décide Toni qui réveille Andi pour l’aventure de leur vie. La cordée autrichienne leur emboîte vite le pas et va sans le savoir
influencer irrémédiablement leur destin. La montée se passe très bien jusqu’au moment où Willy, un des Autrichiens, se blesse à la tête. L’ascension héroïque se transforme alors en descente héroïque. « Face Nord » est un grand film d’aventure, avec des prises de vue magnifiques et très réalistes qui nous immergent pleinement dans les péripéties, et une touche de romanesque, avec l’histoire d’amour de Luise et Toni. On a froid avec eux, on souffre avec eux et on est suspendue à la même corde que ces courageux « conquérants de l’inutile ». Un bel hommage à des gens qui ont voulu vivre leur rêve, au péril de leur vie. [JM]
« Face Nord » ■ De Philipp Stözl ■ Avec Benno Fürmann, Johanna Wokalek, Florian Lukas ■ Rialto Film
Sortie le 11/03 Notre avis 8/10
« Max Frisch. Citoyen » « Qué tan lejos » ROAD MOVIE PENSEUR
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ax Frisch est le dernier grand intellectuel suisse dont les écrits et les réflexions ont suscité un intérêt planétaire et ont contribué au débat sur l’engagement moral et politique après une seconde guerre mondiale dévastatrice. Un des grands écrivains germanophones de l’après-guerre, dont les interrogations sur l’identité et la patrie ont trouvé un écho dans une jeunesse en quête de repères. Au travers d’une narration chronologique s’attardant sur les différentes phases de sa vie privée et intellectuelle, Matthias von Baunen propose un documentaire scolaire qui a du mal à creuser et décoder le personnage et sa pensée. Les citations complexes de l’écrivain se succèdent,
nécessitant une grande concentration pour saisir leur profondeur. Heureusement, les interviews de ses contemporains nous éclairent plus sur le personnage et amènent un peu d’intérêt à un ensemble trop aride et exigeant. [YG]
« Max Frisch. Citoyen » ■ De Matthias von Gunthen ■ Avec Helmut Schmidt, Henry Kissinger, Günter Grass ■ Look Now
Sortie le 18/03 Notre avis 4/10
ymne au voyage, « Qué tan lejos » (« si loin » en dialecte équatorien) est un petit bijou de road movie dépaysant. La volubile et un peu naïve Esperanza est une jeune Catalane qui part découvrir l’Equateur en solo, accrochée à
son guide comme à une bouée. Dans le bus Quito-Cuenca, elle tombe sur Tristeza, une étudiante boudeuse qui n’apprécie guère les clichés qu’elle nourrit sur son pays. Coincées par une grève nationale, elles vont former un duo improbable qui décide de poursuivre la route coûte que coûte, et bientôt un trio avec l’arrivée du sympathique Jesus. De rencontres en péripéties, ils vont apprendre à se connaître et découvrir les raisons du
voyage de chacun. Enorme succès en Equateur et primé par le public au Filmar Festival de Genève, le film offre de superbes paysages et une belle dimension humaine qui remontent le moral et donnent envie de partir en stop, sac au dos. [YG]
« Qué tan lejos » ■ De Tania Hermida ■ Avec Tania Martinez, Cecilia Vallejo, Pancho Aguirre ■ Trigon film
Sortie le 18/03 Notre avis 7/10
« Pas vu mais on y croit ! » « WATCHMEN – LES GARDIENS » Zack Snyder se colle après « 300 » à un défi de taille : l’adaptation du graphic novel culte d’Alan Moore, le gourou des « geeks ». La transcription de cet univers uchronique de fin du monde semble méticuleuse, ça sent bon !.
« WELCOME » Pour impressionner et reconquérir sa femme, Simon, maître nageur à la piscine de Calais, prend le risque d'aider en secret un jeune réfugié kurde qui veut traverser la Manche à la nage pour retrouver sa belle. Une belle histoire en perspective.
« LE PREMIER CERCLE » Jean Reno revient dans un de ces rôles qu’il affectionne : le gangster d’honneur. Chef de clan, défenseur de son cercle familial, il devra faire face à la défection de son fils et héritier alors qu’il monte son dernier gros casse.
[YG]
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festivals
La 5
ème
Nuit Excentrique
Nanarland et Daily Movies collaborent chaque mois pour vous offrir un aperçu du monde merveilleux du nanar. Mais le nanar, c’est meilleur à plusieurs, alors quoi de mieux que de partager une nuit de projection avec 415 nanardeurs fous furieux ? Régis Brochier, membre fondateur de nanarland va vous donner envie de venir.
Paris la nuit du 7/03
- Comment êtes-vous arrivés à rentrer dans ce temple du cinéma qu’est la Cinémathèque Française pour monter une telle nuit de déglingos ? - Par un savant mélange de contact, de chance et d’atomes crochus. L’un des membres de l’équipe était en contact avec Jean-François Rauger, le directeur de la programmation de la Cinémathèque Française. Ce dernier voulait relancer un concept pratiqué jadis par cette institution : les nuits thématiques. C’est en découvrant le site qu’il s’est dit que nous ferions un bon partenaire pour des marathons de nanars et autres excentricités cinématographiques. Il nous alors contactés pour nous proposer le partenariat. Nous avons répondu par l’affirmative après environ un dixième de seconde de réflexion : le décalage entre le thème du site et la façon dont le public envisage la Cinémathèque ne pouvait que nous plaire ! Une petite partie de la queue à la nuit excentrique n°4
- Jean-François Rauger semble tout à fait dans l’esprit de la Nuit Excentrique… - Tout à fait ! C’est aussi un ardent défenseur du cinéma sous toutes ses formes, jusqu’aux plus incroyables. Non content de permettre cette nuit Excentrique, il organise aussi tous les quinze jours des séances de cinéma bis, avec des films proprement hallucinants ! Je précise, bien sûr, qu’il a en plus une connaissance encyclopédique de TOUT le cinéma, sans exception. C’est en cela que la Nuit Excentrique, et les soirées Bis de Jean-François Rauger sont en totale cohérence avec l’esprit d’Henri Langlois, l’homme à l’origine de la Cinémathèque. En effet, ce dernier militait pour la sauvegarde de TOUS les films, sans exception. Le fait de régulièrement déterrer des pellicules de films improbables, introuvables, décalés, nanars ou excentriques et de les projeter est en totale adéquation avec l’esprit insufflé par Langlois.
lement, la nuit peut commencer. Il y a chaque année quatre longs métrages en 35 mm pré-sélectionnés par la Cinémathèque (sur lesquels nous donnons notre avis) sur une base éclectique. Nous commençons par un « incunable » cinémathèque : un film introuvable, quasiment jamais projeté. Il y a trois ans, par exemple, nous avons eu droit à un film français des années 30 sur le trafic de marijuana ! Ensuite c’est une programmation variée qui tente de proposer des classiques du site, qui si possible n’ont pas été réédités en DVD. Parallèlement à cela, nanarland propose des « Cuts Excentriques », des montages vidéo des pires films que nous avons vus dans l’année, ainsi qu’un documentaire sur une personnalité du monde du nanar. La Cinémathèque puise aussi dans ses stocks infinis de bandes-annonces complètement folles et d’extraits de films. Tout se finit traditionnellement (sous l’impulsion de Jean-François Rauger, je tiens à le préciser !) par quelques bandes-annonces décalées et vintage de films classés X ! - Qu’aurons nous à l’affiche ? Y aura-t-il du ninja ? - Il y aura du Ninja ! Je ne sais plus qui disait qu’une Nuit Excentrique sans ninja, n’en serait pas vraiment une. Nous projetons en quatrième film « Ninja in the USA », un film de chez Filmark, spécialisée dans ce genre. La soirée débutera par une rareté, « La Fiancée de la Jungle », scénarisé par Ed Wood. Ensuite, nous aurons droit à « Dracula, Vampire Sexuel », que je n’ai pas la chance d’avoir vu. Néanmoins, la cinémathèque en avait passé un extrait grandiose il y a deux ans. C’est sans doute le film qui fera le plus parler cette année. Ensuite, en troisième film, nous aurons droit Venir déguisé est bien vu !
Une des fameuses bandes-annonces en 35 mm à « Yor » (ndlr : voir la chronique en page 16) De notre côté, nous planchons actuellement sur les cuts et sur un doc surprise, qui cette fois-ci s’attaquera à un pan du cinéma français. - Etes-vous surpris de l’affluence de cet évènement ? Les places s’arrachent littéralement ! - Complètement ! L’an dernier, le quota de places qui nous était alloué est partie en moins d’une minute, entre minuit et minuit une. C’était surréaliste ! Heureusement la Cinémathèque sait faire face à ce genre de soirée et les quotas de places sont bien répartis : nous en avons en stock, mais il est ensuite possible d’acheter ses places via la cinémathèque et son site internet, ou encore d’acheter ses places le soir même. - L’année dernière vous avez rencontré Lloyd Kaufman, légendaire fondateur de la firme américaine Troma, au festival 2300 Plan 9 de la Chaux-de Fonds (voir encadré cidessous sur l’édition 2009), vois-tu une communauté de vue entre ce festival et « l’esprit nanarland » ? - Tout à fait ! Nous nous sommes rendus au festival l’an dernier, et
- Quel est le déroulé d’une Nuit Excentrique normale, si tant est qu’on puisse utiliser cet adjectif ? - Tout commence par Chuck Norris, en 35mm qui dit qu’il met les pieds où il veut et que c’est souvent dans la gueule. Ça, c’est le rituel. Après, seu-
NANARLAND.COM Nanarland est avant tout un site web, véritable mine d’or pour l’amoureux de cinéma en général, et de son côté déviant en particulier. Visite guidée. On est d’abord abasourdi par la profusion de contenus : plus de 600 chroniques ;
Régis Brochier (au centre, les pouces levés) avec des forumers nanarlandais
des tonnes d’extraits audio et vidéo hilarants ; un glossaire très instructif ; des biographies d’acteurs, de réalisateurs et de producteurs ; un radio-blog ; des mini-sites dédiés (celui de Weng-Weng tue tout) ; un forum très bien fréquenté… Bref tout ce qu’il faut pour des heures de rigolade, tout en se cultivant au passage, car on apprend énormément sur le septième art. Quant à l’évolution du site – il a déjà sept ans – et des activités de l’équipe nanarland, Régis
nous avons été estomaqués par ce que nous avons vu. Une ambiance énorme, avec un esprit « do it yourself », mêlé à une organisation des plus professionnelles (les films sont diffusés en 35 mm, les réalisateurs sont invités). C’est cette dichotomie qui nous a vraiment scotchés : entre les projections on a l’impression que les organisateurs oublient tout. Ils sont déguisés, ont un vrai sens de la fête et du happening. Et pourtant de fil en aiguille, le festival suit son cours, sans accrocs, de manière extrêmement bien construite avec une prog’ impeccable. C’est en cela que j’ai vu un lien entre eux et nous : faire sérieusement quelque chose, sans se prendre au sérieux ; savoir s’amuser, tout en respectant son sujet. www.nanarland.com www.cinemathequefrancaise.com [YG] Retrouvez l’intégrale de l’interview sur : www.daily-movies.ch
Brochier nous confie : « le site va continuer à évoluer au gré du web, mais je suis incapable de dire à quoi il ressemblera dans cinq ans ! Parallèlement nous aimerions développer des choses concrètes, en « dur ». Le fait que Daily Movies nous permette de publier une chronique sur un support papier (et je vous en remercie énormément !), que nous puissions régulièrement organiser des soirées, créer des documentaires, ce sont des choses qui nous plaisent vraiment beaucoup, et qui je l’espère pourront faire partie du futur de Nanarland ». Soyez sûrs en tout cas que Daily Movies mettra en place d’autres collaborations dans le futur. [YG]
festivals
Le FIFDH 2009 12
ème
Genève du 6 au 15 mars 2009
L
e Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains fait partie des festivals cinématographiques à ne pas manquer, car il allie avec justesse films et réflexions sur l’époque actuelle et ses maux. Pour sa septième édition, le FIFDH se propose d’aborder des thèmes d’actualité, tels que le conflit israélo-palestinien dans la bande de Gaza, celui de l’Algérie avant les élections imminentes et de la Bosnie actuelle, après la guerre fratricide. Des thèmes récurrents et non moins importants y seront également discutés : la pauvreté, la liberté d’expression, la corruption et la question des sans-papiers. Comme chaque année depuis sa création, le FIFDH projettera des films sur ces thèmes et organisera des débats faisant intervenir plusieurs personnalités politiques ou culturelles. Trois prix se verront également décernés dans trois catégories de films : le Grand Prix FIFDH offert par l’Etat de Genève dans le cadre de la section des films documentaires, le Prix de l’Organisation Mondiale contre la Torture pour les films reportages et le Prix du jury des jeunes pour les différents films en compétition. Le jury de cette sélection 2009 sera composé de deux cinéastes, Mathieu Kassovitz et Idrissa Ouédraogo, de la journaliste Florence Aubenas, de l’ex haut commissaire de l’ONU aux Droits de l’Homme Louise Arbour et de l’auteur Slimane Benaïssa. Des invités de différents horizons seront également de la partie et prendront part aux nombreux débats et réflexions. Citons parmi eux l’acteur Charles Berling, la conseillère d’Etat Micheline Calmy-Rey, le co-rédacteur de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme Stéphane Hessel, et bien sûr la directrice du FIFDH Fourest Souhayr Belhassen. La sélection de cette nouvelle édition se veut, comme à son habitude, éclectique. En effet, des films de tous horizons seront présentés, selon les thèmes choisis. Citons par exemple le film prometteur d’Abderrahmane Sissako, « Le rêve de Tiya », sur
le thème de l’extrême pauvreté. Ce cinéaste mauritanien se propose de peindre la société actuelle, notamment en Afrique, de manière singulière. Bref, il faut se rendre au FIFDH, car la sélection promet d’être variée et d’instaurer un débat fertile sur certains thèmes importants de notre époque. Ce festival permettra encore cette année aux Genevois, et aux autres, de s’ouvrir au monde et de réfléchir à certains de ses problèmes. www.fifdh.org [PR]
7
FIFEL
Lausanne du 31/03 au 3/04 2009
L
'énergie est plus que jamais au cœur de l’actualité. Beaucoup de réserves sont gaspillées chaque année à cause d'une mauvaise gestion, individuelle ou collective ; beaucoup de personnes n'ont pas d'idée précise sur les différentes moyens de produire de l'énergie : éolienne ? Nucléaire ? Un flou, souvent lié à une désinformation par certains médias, nous empêche d'avoir une idée précise sur le sujet. Pour le dissiper, la fondation FIFEL organise tous les deux ans un festival gratuit appelé judicieusement « Festival International du Film sur l'Énergie de Lausanne », qui explique les problématiques liées aux défis énergétiques. Le conseil de la fondation, actuellement présidée par le professeur Hans B. Püttgen, directeur de l'Energy Center de l'EPFL, organise un palmarès de courts métrages, reportages, publicités, suivis ou précédés de tables rondes et de débats sur un thème lié à l'énergie. Cette année le sujet sera la mobilité durable. De grands noms du domaine artistique seront présents. Ainsi pour le premier film projeté le 31 mars au soir, la réalisatrice de « La leçon de piano » Jane Campion (sous réserve) et le producteur Marc Obéron présenteront en avant-première suisse le film « 8 », dont le titre est également le nombre de réalisateurs qui y a participé. Un long métrage qui a pour but de décliner les huit objectifs fondamentaux du millénaire pour le développement. La remise des prix, pour les courts métrages et reportages en lice, se déroulera en présence d’un prestigieux invité surprise. Il y aura aussi une rétrospective des publicités sur les voitures de 1958 à nos jours, présentée par Jean Marie Boursicot, fondateur de « la Nuit des Publivores » et créateur de la cinémathèque JMB. L'invité d'honneur sera Vincent Lamy, directeur de Pariscience qui dirige aussi le festival international du film scientifique de Paris. Les projections auront lieu au mutiplexe Pathé Flon de Lausanne.
Le festival proposera également des expositions et le « Hyb-Alpha », un véhicule hybride de pointe, y sera exhibé. Et n’oublions surtout pas la journée des enfants le 3 avril, pendant laquelle les écoliers pourront rencontrer Mc Lesggy, le fameux présentateur de l’émission de vulgarisation scientifique e=m6, qui animera des échanges sur la mobilité durable. Voilà un rendez-vous indispensable à tous ceux que les défis énergétiques présents et futurs intéressent ! Accès libre sur inscription sur www.fifel.ch
[LG]
8
swiss made A l’occasion de la sortie du DVD « Sir Arne’s Treasure », Daily Movies a rencontré MICHAEL FREI, de Hemlock Smith, groupe lausannois qui a composé la musique de cet étonnant film muet suédois de 1919.
La passion du cinéma par la musique !
- Que représentent pour toi le cinéma et respectivement le cinéma muet ? - Je suis devenu passionné de cinéma dès mon enfance, où j’ai découvert, à la télévision, les films classiques des années 30 à 60 qui restent, encore aujourd’hui, mes films préférés. Par la suite, je suis resté professionnellement dans le milieu du cinéma (au sens large, puisque je vends des DVD). - Peux-tu te présenter en quelques mots et nous raconter ton parcours ? - Je suis d’origine suisse allemande, parachuté en Romandie à l’âge de dix ans. Musicalement, je n’ai aucune formation et j’ai appris les rudiments de manière laborieuse et autodidacte. La formation Hemlock Smith, qui est mon projet personnel, est née des cendres d’un groupe rock fondé dans les années 90, Greenhouse Effect. La plupart des musiciens qui étaient dans cette formation sont toujours avec moi aujourd’hui. Sous le nom de Hemlock Smith, deux albums sont sortis avant le projet « Sir Arne’s Treasure », à savoir « A Secret Life » (2002) et « Umbrella Fitz & Gerald » (2006). Un troisième disque vient d’être terminé et sortira en automne 2009. - Comment vous est venue l’idée, au sein du groupe, de composer une musique originale pour un film muet ? Etait-ce une idée collective ? - C’est en fait un mandat du club lausannois Le Bourg. Nous l’avons accepté avec empressement puisque tous les intervenants trouvaient l’idée passionnante. A l’origine cependant, il ne devait s’agir que d’un seul concert ; nous avons été tellement emballés par l’aventure que nous avons décidé de pousser le projet plus loin. - Comment le choix s’est-il arrêté sur ce film suédois méconnu ? Etait-ce un coup de cœur, un hasard ? - Nous savions que nous voulions un mélodrame, puisque le cinéma burlesque ne correspond pas à notre genre de musique et que le cinéma muet fantastique a déjà été beaucoup exploité pour ce type
de projet. J’ai donc commencé à visionner quelques films dont j’avais entendu parler et, dès les premières minutes de « Sir Arne’s Treasure », je savais instinctivement que j’avais trouvé le film qui nous correspondait. - Peux-tu nous raconter comment se déroule un projet comme celui-là ? - Nous avons d’abord fait un découpage minutieux des actes, scènes et passages-clé du film, avec leur durée. Puis, nous avons analysé les motivations des personnages principaux pour essayer de comprendre les mécanismes de l’action dans le film. Nous avons également lu le roman d’origine de Selma Lagerlöf pour comprendre le contexte dans lequel l’histoire avait été écrite. Puis, nous avons chacun amené des idées musicales et nous avons improvisé sur ces thèmes. Nous avons gardé les passages qui semblaient prometteurs et qui avaient l’air de coller à un passage précis. Nous avons donc construit patiemment la partition avec ces pièces de puzzle. A la fin, mon travail fut d’écrire une dizaine de chansons qui, par le biais des paroles, permettaient de mieux comprendre les tourments intérieurs des personnages. - Il me semble reconnaître l’influence de la musique de John Carpenter dans votre composition. Est-ce que ce réalisateur, également compositeur, fait partie de vos influences ? - J’adore personnellement les films de Carpenter, particulièrement « La chose » et sa version de « l’Homme Invisible ». Cependant, comme c’est une œuvre collective, je ne suis pas sûr que c’était une influence consciente, mais il fait certainement partie des réalisateurs que nous avons beaucoup regardés. Le fait qu’il soit réalisateur ET compositeur est quand même assez extraordinaire. - Peux-tu nous citer quelques films qui ont marqué ta sensibilité artistique ? - Je suis un grand amateur de cinéma fantastique « classique », Frankenstein, Dracula et autres Momies. J’aime aussi le cinéma expressionniste (et muet) allemand, notamment Murnau et Fritz Lang. La censure obligeait les réalisateurs de cette période à trouver des moyens ingénieux pour véhiculer des émotions, notamment l’angoisse. De ce fait, je trouve que ces films sont souvent plus subtils que les œuvres contemporaines. A ce titre, un des meilleurs réalisateurs est sans doute Jacques Tourneur, réalisateur de la première version de « La féline ». - Penses-tu renouveler l’expérience de « Sir Arne’s Treasure » sur d’autres films muets à l’avenir ? - C’est difficile à dire, car ce projet était censé prendre trois mois de nos vies, mais au final, nous y travaillons depuis une année et demie. Personnel-
lement, je suis partant, mais je ne pourrais le faire seulement si une opportunité se présente et que les autres sont d’accord. Seul, je sais que je ne pourrais jamais y arriver. - N’as-tu jamais pensé composer une bande originale pour un film contemporain ? - Non. Je me considère personnellement comme un « songwriter », un écrivain de chansons. De ce fait, je ne suis pas sûr d’avoir les armes suffisantes pour réussir à écrire une partition instrumentale complète pour un film. - Quel(s) regard(s) portes-tu sur la composition musicale pour le cinéma ? - C’est un domaine passionnant que je connais encore très peu. Le fait d’écrire cette musique nous a certainement permis de mieux comprendre les mécanismes subtils de cette discipline. C’est très difficile et j’ai énormément de respect pour les compositeurs de B.O. - Quels sont tes projets actuels, ainsi que ceux avec ton groupe ? - Le projet immédiat sera de terminer la tournée de « Sir Arne’s Treasure », ce qui devrait nous occuper jusqu’en été. Puis, nous préparerons la sortie de notre troisième album officiel, que nous espérons sortir en Suisse ainsi que dans plusieurs pays européens.
www.hemlocksmith.ch www.myspace.com/hemlocksmithsirarnestreasure
La prochaine représentation d’Hemlock Smith avec la projection du film « Sir Arne’s treasure », se passera le 9 mai 2009 au Pont Rouge Monthey ! [JYC]
9
10
dvd
Dorothy
■ D' Agnès Merlet, avec Carice Van Houten, Jenn Murray ■ Frenetic / Max Vision La psychiatre Jane Morton est envoyée sur une petite île au nord de l’Irlande pour s’occuper du cas d’une jeune adolescente ayant tenté de tuer un bébé. Dès son arrivée, elle se heurte à une communauté rigide, vivant quasiment en autarcie, basée sur des principes religieux stricts. Pourtant, entre Jane et Dorothy, une certaine complicité s’installe malgré les débordements d’humeurs de la jeune fille. Très vite Jane s’aperçoit que Dorothy semble contenir plusieurs personnalités à l’intérieur d’elle-même. Prise entre une communauté hostile qui entend bien protéger ses secrets, des événements mystérieux et ses propres démons intérieurs, Jane Morton plongera bien profondément dans son passé et celui du village sans être sûre de revenir complètement indemne… Cinéaste française méconnue, Agnès Merlet aura été absente des écrans durant plus de dix ans. Elle
revient aujourd’hui avec un film surprenant tourné en anglais, entièrement interprété par des comédiens anglo-saxons. « Dorothy » est un film hors du temps au rythme étrange qui hypnotise le spectateur pour mieux l’emmener sur des chemins narratifs complexes. Le portrait de ce groupe de personnes vivant dans la culpabilité et le mutisme au point de se ronger de l’intérieur fait froid dans le dos et résonne d’une actualité dérangeante. Carice Van Houten (déjà incroyable dans le « Black Book » de Paul Verhoeven) porte littéralement le film. D’une beauté énigmatique, l’actrice hollandaise y est impressionnante. Tout comme la jeune Jenn Murray, effrayante dans le rôle de Dorothy. Dommage que le DVD propose seulement un court making of en bonus [JYC]
Notre avis
8/10
Monk, Saison 6
■ De Andy Breckman, Avec Tony Shaloub, Ted Levine ■ Universal
Pour cette sixième saison, nous retrouvons avec plaisir le détective le plus asocial, obsessionnel et compulsif de la terre. Toujours secondé par Natalie Teeger, Adrian Monk aide le capitaine Leland Stottlemeyer et le lieutenant Randall Disher à résoudre des meurtres au premier abord impossibles à éclaircir. Cette saison ne comporte que seize épisodes, à cause de la grève des scénaristes. Une série policière qui perdure audelà de cinq saisons sans connaître de baisse d'audience est généralement signe d'une certaine qualité, mais est-ce aussi celui d'une certaine routine ? L'épisode double qui clôture la série amène dans la vie de notre détective des bouleversements qui ne le laisseront pas indemne, et permettront de relancer la série. « Monk » est le genre de série policière sympathique, à regarder pour
se détendre après une journée stressante de boulot. La performance de l'acteur Tony Shaloub est toujours aussi réussie, sa prestation lui a déjà valu de gagner un Golden Globe et trois Emmy Award (sans compter toutes les nominations et autres récompenses de la série). Bien sûr, nous n'éviterons pas des épisodes un peu « faciles » dont un quart d'heure est « bouché » par le comportement de Monk face à une de ses phobies. Cependant l'interaction entre les personnages principaux donne un côté succulent à ce show qui suffit à excuser ce côté « bouchetrou ». Si je vous dis en plus que l'acteur Scott Glenn apparaît dans le dernier double épisode de la saison, qu'attendez vous ? [LG]
Notre avis
7/10
Article 43 ■ De Denise Gilliand ■ AVPresse
« Article 43 » est un documentaire de nonante minutes sur un projet de courts métrages avec neuf prisonniers. Denise Gilliand a proposé à des prisonniers de pouvoir s'exprimer à travers des courts métrages. Ils étaient libres de prendre part au projet et de choisir leur plan de travail. Certains ont choisi le côté artistique, l'écriture d'un scénario. D'autres un travail plus technique, prise de son, lumière, cadrage. Au fur et à mesure, des personnalités se dessinent et se livrent. La réalisatrice a choisi de ne pas demander aux prisonniers la raison de leur incarcération et d'attendre la fin du projet pour la leur demander. Travailler avec des prisonniers sur un projet de film n'est pas de tout repos. Il faut demander des autorisations, des difficultés techniques se font ressentir, sans oublier le nerf de la guerre, le budget. Toutes ces pressions font ressortir des interrogations quant à la continuité du projet. Au final il aboutira avec d’intéressants
courts métrages au cœur de la prison. Filmé durant une année dans l'établissement de la plaine de l’Orbe, Denise Gilliand a su capter des moments intimes chez ces prisonniers qui sont avant tous des personnes avec leurs espoirs, leurs souvenirs d’avant la prison et leurs attentes de peut-être un jour prochain sortir. « Article 43 » a gagné le Prix du Jury des Jeunes au 4ème Festival du film d'éducation à Evreux en Normandie et la mention spéciale du jury « Regard sur le crime » au Festival Visions du réel 2008 à Nyon. Ce documentaire est en version française avec possibilité des sous-titres en anglais, sans bonus. « Œil ouvert en prison », un projet d'envergure, propose cinq courts métrages : « Gros cauchemars », de Pedro Toledo, « Bernhard», de Bernhard Baeriswyl, « La vie d’une patate», de Hervé Barbezat, « La liberté
tout ce qu'il a entendu à propos de sa personne, des voix martelant dans sa tête. Celui qui m’a le plus parlé et touché pose des questionnements sur la liberté, ce qu'elle représente pour lui, pour la société. « Être prisonnier de sa liberté, quel paradoxe ». Ces courts métrages sont uniquement en version française, sans bonus. www.article43.ch www.prelude.ch www.oeilouvert.ch [C-L.K]
Notre avis c’est….», d’Olivier, « A l’époque», de Jean Anken. Dans ces travaux, il est question de liberté, de vie de patate traitée avec humour, d'historique de la prison et de ce qui l'entoure. Comme le dit le réalisateur de ce dernier, il peut parler de ce qui lui est proche, car il ne peut s'échapper d'où il se trouve. Un des réalisateurs se met en scène faisant partager au public
El Suizo – Soupçons en Equateur
Heidi et Pierre
Si le cinéma suisse peine à se construire une image dans le cinéma de fiction, il parvient néanmoins à se rendre efficace dans le cinéma-documentaire, comme le prouve « El Suizo – Soupçons en Equateur », l'adaptation du livre homonyme. Ce film-documentaire retrace les dramatiques événements qui ont secoué la famille de Gilbert Dufour, un Suisse parti en Equateur pour un séjour linguistique, qui tombe éperdument amoureux de Mirka. Bientôt, les deux amants se marient, et ne tardent pas à avoir leurs premiers enfants. Après avoir passé quelques années en Suisse, la petite famille décide de retourner en Equateur, afin que Mirka puisse retrouver ses proches. Mais le 11 mai 2006, tout bascule : Mirka est retrouvée assassinée. Sans avoir le temps de prendre conscience du cauchemar qu'il est en train de vivre, Gilbert est condamné par les autorités comme étant le cou-
Après avoir passé quelque temps à Francfort dans la famille de Clara dont elle est devenue l’amie, Heidi est de retour chez son grand-père à la montagne. Elle retrouve Pierre le chevrier. Avec lui, les journées se passent dans la montagne à courir les pâturages au grand air. Mais Heidi attend fébrilement la venue de Clara, qui doit la retrouver dans le petit village pour se refaire une santé, la pauvre étant gravement malade. Tout le monde pense que le bon air de la montagne lui fera le plus grand bien… sauf Mlle Lottemeier, l’institutrice privée de Clara. Cependant, Pierre voit d’un mauvais œil l’arrivée de l’amie d’Heidi : serait-il jaloux ? Ce film est un véritable enchantement pour tous les amateurs de cinéma ! Datant de 1955, « Heidi et Pierre » est la suite directe du « Heidi » que Luigi Comencini réalisa en 1952
Œil ouvert En prison Prélude 2007 AVPresse Notre avis
8/10
■ De Franz Schnyder, Avec Elsbeth Sigmund, Thomas Klameth ■ AVPresse
■ De ARaymond Vouillamoz et David Rihs ■ AVPresse
pable de l'homicide, car du sang est retrouvé sur l'une de ses chemises. S'engage alors un combat entre la famille de Gilbert et les autorités, afin de prouver son innocence et pour le sortir de prison. Sans se surcharger d'une trop forte dramatisation des faits, l'équipe du documentaire dresse chronologiquement le portrait de ce terrible drame, à l'occasion du retour de Gilbert en Equateur, dans sa quête de vérité. Consternant, le film souligne les différents problèmes sociaux et administratifs que rencontrent Gilbert et sa famille – dont le soutien fut déterminant – abordant ainsi l'omnipotence de la presse ainsi que l'insalubrité des prisons. Un documentaire tantôt révoltant, assurément émouvant, qui ne laissera pas indifférent. [LV]
Notre avis
7/10
7/10
avec un succès mondial. Le réalisateur suisse Franz Schnyder reprend les mêmes acteurs pour cette histoire qui commence exactement là ou la précédente se terminait. Le casting demeure parfait ! La jeune Elsbeth Sigmund, d’un naturel déconcertant, est touchante d’authenticité, dommage que la très jeune enfant (neuf ans à l’époque du premier film) n’ait pas persévéré dans le cinéma. Et Thomas Klameth est excellent dans le rôle de Pierre, en interprètant l’archétype du garnement au bon cœur. Tourné dans un magnifique Technicolor faisant resplendir les somptueux paysages suisses, « Heidi et Pierre » est le premier film réalisé en couleurs dans notre pays. Une bouffée d’air pur des Alpes à redécouvrir de toute urgence ! [JYC]
Notre avis
9/10
dvd
Flashpoint
Dans les bonus de « Flashpoint », Donnie Yen avoue avoir voulu revenir au réalisme des films de Bruce Lee, découverts dans son jeune âge, afin de redonner un aspect brut aux combats. Force est de constater que son pari est (presque) atteint, tant ce métrage, à bien y réfléchir, supporte la comparaison avec ceux du légendaire « petit dragon ». Sans avoir le charisme de la star disparue, Donnie Yen a pourtant une présence incroyable à l’écran durant les scènes de combats. Et quelles scènes ! Raisons d’être d’un film ne brillant pas par son éternel scénario de cache-cache entre flics et truands, ces séquences de bastons sont tout simplement stupéfiantes. Le combat final – dix minutes quand même – entre le bon flic caractériel et le méchant, vaut à lui seul la vision du film. Brutal, féroce, du « Freefight » qui fait vraiment mal ! [JYC]
Notre avis
L’incroyable Hulk
Gossip Girl Saison 1
■ De Wilson Yip, avec Donnie Yen, Collin Chou ■ Pathé / Dinifan
6/10
■ De Josh Schwartz et Stéphanie Savage, avec Blake Lively, Leighton Meester, Penn Badgley ■ Warner Home Video « Salut jeunesse dorée de Manhattan » ! C’est ainsi que Gossip Girl s’adresse aux lecteurs de son blog. Les ragots de la mystérieuse narratrice vont semer le trouble dans les deux collèges privés fréquentés par des jeunes gens huppés de l’Upper East Side à New-York. Dans un monde où tout paraît à la fois rassurant et impitoyable, sur fond de trahison et d’intérêt, les amitiés et les amours vont et viennent. La vie de cette jeunesse dorée se révèle au final bien plus compliquée qu’il n’y paraît, et ses aventures ne sont pas loin d’une certaine réalité… d’autant plus que Serena, la blonde et richissime héroïne de la série, est l’héritière d’une grande chaîne hôtelière. Toute ressemblance avec des personnages existants est évidemment purement fortuite… [RC]
Notre avis
6/10
■ De Louis Leterrier, avec Edward Norton, Tim Roth et Liv Tyler ■ M6 / Disques Office
Si ce nouveau Hulk au vert pomme est incroyable c’est en partie grâce au précédent mauvais film qui donne à celui-ci un a priori favorable sur la qualité du scénario (ça ne pourra pas être pire). Néanmoins le français Louis Leterrier (« Le transporteur », « Danny The Dog ») apporte une bouffée d’air frais à ce personnage attachant et très spectaculaire. Ce nouveau Hulk est plus agile et possède des réflexes épidermiques dynamisés par des effets spéciaux d’une fluidité très flatteuse pour nos yeux. Si rien de nouveau n’est envisagé sur l’origine de l’Incroyable Hulk, Bruce Banner est toujours à la recherche de l’antidote, c’est à la fin du film que se dévoile une belle surprise pour les fans de super héros. Explicitement est annoncé un futur super-film qui s’annonce riche en action et surtout en super héros ! [CM]
Notre avis
6/10
Kyle XY saison 2 ■ Par Eric Bress et J. Mackye Gruber, avec Matt Dallas et Maguerite Macintyre ■ Buena Vista
Série au succès relativement limité, « Kyle XY » demeure néanmoins la série à voir si on est passionné de personnages aux pouvoirs étranges. Lors de la première saison Kyle est accueilli et presque adopté par la famille Trager. Il s’adapte très vite à son nouvel environnement mais quitte la famille Trager précipitamment pour rejoindre Adam Baylin, un personnage tout aussi intrigant que Kyle et qui deviendra son mentor par la suite. Pour la saison deux, tout s’accélère : Kyle découvre l’origine de ses pouvoirs, pourquoi il ne possède pas de nombril et pourquoi il faut se méfier de la société Madacorp... La série « Kyle XY » est riche en intrigues, mais manque parfois cruellement d’action. On s’attache grâce au charisme des personnages et à l’histoire de chacun. [CM]
Notre avis
5/10
Comment lier le plaisir du cinéma haute définition avec une console vidéo.
D
epuis le développement et le grand succès du jeu vidéo dans nos foyers, le cinéma a trouvé là un nouveau filon pour promouvoir les films familiaux en sortant des jeux vidéo dérivés d’un film en pleine campagne de communication. En passant par « Batman », « Spiderman » ou encore « Harry Potter », tous ont trouvé une place dans le milieu du jeu vidéo. Donc, quoi de plus normal que les fabricants de consoles nouvelle génération profitent de ce succès pour proposer aux cinéphiles la possibilité de voir leurs films préférés et de jouer avec une seule et même console. Un gain de place considérable dans un salon lorsqu’on possède plus de deux consoles, radio, home cinéma, etc… Le premier à faire le grand pas et à proposer quelque chose d’unique et de qualité, et pour cause certains chercheurs utilisent la puissance de plusieurs consoles pour faire des calculs scientifiques, c’est le fabricant Sony avec sa Playstation 3. Ne se contentant pas de fournir une console de nouvelle génération qui lit les DVD ou autres formats vidéos, la console propose rien de moins que lire les films Blu-ray, dit les films à haute définition ! Les joueurs et les cinéphiles, car il est bien connu que tout joueur qui se respecte apprécie le 7e art, profiteront d’une console de nouvelle génération de loisirs interactifs grâce aux innombrables possibilités de la PS3. Techniquement parlant, la console propose de trier, stocker des photos, de la musique, des vidéos et de télécharger des bandes-annonces de films sur Blu-ray Disc ou prochainement dans les salles. Ne se contentant pas de proposer des jeux vidéo « next-gen », vous l’au-
rez compris, Playstation 3 propose aux cinéphiles mais aussi aux joueurs de se tenir prêts au développement du marché Blu-ray qui dans quelques années remplacera peu à peu le DVD classique, comme ce fut le cas une autre fois avec le remplacement de la cassette vidéo par le DVD. Beaucoup moins coûteux et plus performant qu’un lecteur classique, la Playstation 3 donne l’occasion de découvrir le monde de la haute définition avec une résolution de 1080p. alors que pour un film sur DVD la résolution est de 720x576. Une telle capacité de la PS3 est due à un laser bleu-violet d'une incroyable précision, que possèdent les lecteurs Bluray, pouvant lire un disque bien plus efficacement qu'un lecteur DVD. Cela signifie qu'il est possible de stocker plus de données sur un Blu-ray Disc qui a pourtant la même forme qu’un DVD classique. Un Blu-ray Disc simple couche peut contenir 25 Go de données, et un double couche 50 Go ! À titre de comparaison, un DVD simple couche ne peut contenir « que » 4,7 Go (8,5 Go pour un DVD double couche). Donc, l’espace de stockage est impressionnant et fait du premier un support idéal pour les films et les jeux en haute définition. En disposant de plus de données, les développeurs sont en mesure de répondre pleinement aux exigences des jeux de prochaine génération. Autrement dit, la Playstation 3 proposera des jeux et des films extrêmement ambitieux dans les années
à venir. D’ailleurs, Sony Pictures Home Entertainment commence déjà à proposer aux cinéphiles des films sur Blu-ray Disc classique et double couche avec comme exemple le film « La Chute du Faucon Noir », « Casino Royale » ou encore « Hellboy » qui viennent se rajouter à la liste importante de films disponibles actuellement sur le marché. Meilleure qualité visuelle et sonore et surtout bon investissement, la Playstation 3 s’ouvre les portes du milieu cinématographique afin de proposer aux joueurs et aux cinéphiles ce qui se fait de meilleur actuellement. « Tout est possible avec la Playstation 3 »… mais restez sage ! www.blu-raydisc.com www.blu-ray.com
[CM]
A gagner ce mois « Article 43 » (DVD)
« Bons Baisers de Bruges » (DVD)
« D.Gray-man » (DVD)
« Flashpoint » (DVD)
« Gossip girl, Saison 1 » (DVD)
« L'incroyable Hulk » (DVD)
« Kyle XY, saison 2 » (DVD)
Concours réservé aux abonnés. Pour participer, envoyez un mail à concours@daily-movies.ch
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dvd
D.Gray-Man, box 1
Om Shanti Om
Fin 19e siècle, une lutte secoue dans l’ombre le monde entier. L’humanité est sous la menace du Comte Millénaire et de ses hordes d’Akuma, créées à partir du désespoir des hommes. Sous l’impulsion du Vatican, la Congrégation de l’Ombre s’élève pour contrer ce mal. Dans ses rangs, seuls les Exorcistes, des humains compatibles avec l’un des cent neuf fragments d’Innocence, possèdent des armes capables de lutter contre les Akuma. Allen Walker, un jeune homme né avec un fragment d’Innocence dans son bras gauche, rejoint les rangs de la Congrégation et se lance dans le combat. Avec cette sortie DVD de « D.Gray-Man », c’est un tout bon shonen que l’on peut enfin découvrir en anime. Tiré du manga de Katsura Hoshino, prépublié dans « Shonen Jump » (« One Piece », « Naruto », « Bleach » …), la série permet une adaptation réussie de l’ambiance gothique du manga. Car gothique et Japon sont un mélange qui donne souvent des résultats esthétiquement intéressants. Que ce soit avec les Gothic Lolita et autres déclinaisons, le Visual Kei en musique ou en manga avec des auteurs comme Kaori Yuki ou Hoshino, l’effet visuel est garanti. Et quand, comme c’est le cas ici, c’est allié à une bonne histoire de fond, que de-
Quel feu d’artifice de couleurs et de gaieté ! Contre la morosité et les idées noires, rien de tel qu’un (long) voyage pour « Bollywood » ! Toute la folie, la frénésie et l’extravagance du cinéma indien condensées en 2h40 pour une expérience unique et jubilatoire. Si vous ne connaissez pas les productions de Bollywood, ce « Om Shanti Om » est la parfaite introduction à ce cinéma haut en couleurs, un mélange incroyable de genres, une ode au septième art. Tout y passe : l’amour, la mort, l’égoïsme, la vanité, la vengeance, etc. Croyez-moi, quand les Indiens s’y mettent, ils ne font pas le travail à moitié ! Om est un jeune acteur secrètement amoureux de la star du moment. Nous sommes en 1970 et Shanti l’actrice star crève les écrans. Par d’heureuses coïncidences, Om et Shanti finissent par se rencontrer. Malheureusement, à peine les sentiments installés entre les deux jeunes artistes qu’ils trouvent la mort dans de mystérieuses circonstances… Trente ans plus tard, Om est réincarné dans une méga-star du cinéma de notre époque. Après avoir retrouvé ses origines, il mettra au jour les vraies raisons de sa mort tout en retrouvant son seul amour : Shanti… Emmené par la super star Shah Rukh Khan, félin jusqu’au bout des doigts, et la jeune débutante Deepika Padukone, d’une beauté ahurissante,
■ Kana Home Video
■ De Farah Khan, avec Shah Rukh Khan, Deepika Padukone ■ Disques Office
mander de plus ? Après un premier épisode de mise en train, nous plongeons dans l’ambiance de D.GrayMan : combat, humour, amitié, sans cracher sur une bonne dose de mystère et un brin de dureté… Un héros charismatique et ambivalent, une histoire qui devrait plaire à un large public, bien ficelée et prenante, et une ambiance à l’esthétisme gothique, « D.Gray-Man » contient tous les ingrédients d’un bon shonen. [PH]
Notre avis
7/10
le rythme de cet extraordinaire loooooong métrage ne diminue à aucun moment. Ebouriffant ! Danses,
chansons, situations délirantes, humour ravageur, décidément cette cinématographie particulière n’a pas fini de nous étonner. Bollywood rules ! [JYC]
Notre avis
10/10
Bons baisers de Bruges ■ De Martin McDonagh, avec Colin Farrell, Brendan Gleeson, Ralph Fiennes ■ M6 / 3.6.9 Ah, la Belgique, son architecture, ses bonnes bières, ses musées, ses chocolats et ses célèbres moules frites... A priori elle a visiblement tout pour plaire et pourtant Ray (Colin Farrell) la déteste déjà avec ferveur. Fraîchement débarqués à Bruges avec son équipier Ken (Brendan Gleeson), ces deux tueurs à gages dans l’attente d’un contrat, jouent aux heureux touristes, surtout Ken, qui lui succombe aux charmes de la belle cité médiévale. Coincés dans cette ville, les deux acolytes insouciants flânent en Flandre occidentale tranquillement jusqu’au jour où leur boss Harry (Ralph Fiennes) demande l’inconcevable en ordonnant à l’un d’abattre l’autre… Premier long métrage écrit et réalisé par Martin McDonagh, « Bons baisers de Bruges » se démarque et séduit par son originalité scénaristique ainsi que par son cocktail tragicomique détonant et efficace. De plus, les deux comédiens irlandais jouent superbement leurs rôles : Colin Farell (« Le rêve de Cassandre », « Alexandre », « Minority Report ») est poignant en dépressif torturé au bord du gouffre, de même que le talentueux Brendan Gleeson (« Harry Potter et l’ordre du Phoenix », « 28 jours plus tard », « Braveheart ») qui interprète avec
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l’acteur belge Jérémie Renier (« L’heure d’été », « Fair Play », « La promesse ») viennent étoffer cet excellent casting. Quant à Bruges, cette sublime cité belge, avec ses rues pittoresques et ses magnifiques monuments, est mise en scène et occupe l’écran au même titre qu’un acteur et devient le quatrième personnage principal du film. On peut d’ailleurs l’admirer plus en détails, grâce aux reportages instructifs qui se trouvent dans les bonus du coffret DVD, où l’on peut parcourir les canaux de cette féerique cité.
grande justesse un tueur au grand cœur. Le grand Ralph Fiennes (« The Reader », « Harry Potter et l’ordre du Phoenix », « Le patient anglais »), la comédienne française Clémence Poésy (« Blanche », « Le dernier gang », « Harry Potter et la coupe de feu ») et
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En 1h41, McDonagh nous livre une excellente comédie noire aux dialogues incisifs et nous apporte une vision originale sur la fragilité et l’humanité de ces personnages atypiques et torturés, qui au fil de l’histoire deviennent attachants. La mise en scène lente et mélancolique, qui se calque sur la ville elle-même, offre un vrai contraste entre le côté tragique de l’histoire et l’aspect romantique de la ville. Film sombre, violent et drôle à la fois, « Bons baisers de Bruges » ne vous laissera pas sur votre faim et vous ne serez pas déçus du voyage. Film à visionner encore et encore ! [MXB]
Notre avis
7/10
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1 DVD « Dorothy » 2 DVD « El Suizo – Soupçons en équateur » 3 DVD « Heidi & Pierre » 4 DVD « La fille de Monaco » 5 DVD « Wanted » 6 DVD « Sir Arne's Treasure »
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il faut l’avoir vu ! « Le Doulos » sages quasiment expressionnistes (la scène du réverbère, la scène dans le couloir), qui écartent volontairement le film du réalisme. Le plan séquence du générique d’ouverture, dans lequel Faugel chemine dans un passage souterrain, passant constamment de l’ombre à la lumière, est emblématique de l’usage qu’il fait des contrastes pour faire passer son message sur les protagonistes.
Des personnages de tragédie
J
ean-Pierre Melville fait partie du panthéon des grands réalisateurs français, dont l’œuvre a marqué le cinéma avec des films comme « L’armée des ombres » ou « Le cercle rouge ». Mais c’est à un de ces films plus mineurs que nous allons nous intéresser, un film charnière dans le parcours du cinéaste, qui donne les premiers signes de ce que sera le style Melville. En effet, « Le Doulos » se situe en place médiane du parcours du réalisateur, il réalisa six films avant et six après. Comme souvent, il s’inspire d’un livre éponyme de Pierre Lesou, et le porte à l’écran, avec toujours en tête sa fascination pour les grands réalisateurs américains de polars (Huston, Mann, Walsh), genre qu’il ne quittera plus par la suite. Il se sert du matériel de base pour mettre en
avant les thématiques qu’il affectionne : l’amitié virile, la solitude, la fatalité, une certaine nostalgie.
Une adaptation réussie Le roman de Lesou est un polar classique, quoique assez retors et malin dans son dénouement, qui se déroule à Montmartre et se plaît à dépeindre le milieu avec un certain folklore : l’argot parisien y est omniprésent, les références à la géographie de ce quartier populaire parisien aussi. On suit Maurice Faugel, caïd récemment sorti de prison, qui a du mal à réintégrer le milieu et semble traîner un sourd mal-être. Hébergé par le receleur Varnove, il le descend pourtant par vengeance. Il s’empare du magot et le cache avec l’arme du crime dans un terrain vague. Le lendemain, il rencontre Silien, son meilleur ami, pour préparer un casse. La nouvelle compagne de Maurice, Thérèse, ne l’apprécie pas car il a la réputation d’être un « doulos », c’est-à-dire un indicateur. Mais le casse tourne mal, le complice de Faugel meurt et il est contraint de tuer l’inspecteur Salignari, avant de s’évanouir après avoir pris une balle. Pourtant un mystérieux inconnu le met à l’abri avant qu’il ne soit embarqué. Faugel soupçonne Silien de l’avoir donné car tout l’accuse, encore plus lorsque Thérèse meurt dans des conditions louches et que la police le cueille. De son côté Silien mène un jeu trouble, ourdissant des machinations mais faisant sortir son ami de prison. On
se demande jusqu’au bout ce que le « doulos » mijote, avant une conclusion limpide et dramatique. Melville commence vraiment dans ce métrage à affirmer sa patte de mise en scène, léchée, précise et minimaliste. Il expurge tout le côté folklorique du film : l’action se déroule dans des quartiers anonymes de Paris ou dans des coins miteux de banlieue (ce qui était rare à l’époque), les protagonistes parlent un français impeccable, seul le terme « Doulos » (en argot le chapeau, mais aussi celui qui le porte, donc l’indic) demeure. Lesou affirmera après avoir vu le film qu’il aurait préféré écrire son livre comme Melville l’avait transformé, car l’histoire en gagnait plus de force. En outre, il fait un usage magnifique du noir et blanc, avec des pas-
Car cette distanciation du réel n’a qu’un but : sur-caractériser les personnages afin qu’ils soient le point central de l’attention du spectateur. Aussi malin que soit le scénario, Melville veut surtout que nous suivions la destinée de ses personnages au plus près, que nous comprenions leurs sentiments et leurs codes de vies (l’amitié et la loyauté avant tout, même au prix de la vie). Bien que Belmondo soit en haut de l’affiche en incarnant un Silien délicieusement antipathique, c’est l’immense Serge Reggianni qui tient le film, tant il transmet le désarroi de Faugel et incarne avec sincérité ce personnage pourtant archétypal. L’essentiel du cinéma de Melville est déjà présent ici, le style typique d’un réalisateur de génie qui inspirera des cinéastes du monde entier, de John Woo aux frères Cohen, qui lui rendront même hommage avec un discret remake du « Doulos », « Miller’s Crossing ». [YG] Jean-Pierre Melville
Ecoutez c’est du muet «Sir Arne’s Treasure» ■ De Mauritz Stiller, avec Mary Johnson, Richard Lund Willy Lugeon
Une fois n’est pas coutume, « Ecoutez, c’est du muet » fusionne ce mois avec la rubrique « Swiss Made » à l’occasion d’une association pour le moins atypique ! En effet,
le collectif lausannois pop rock Hemlock Smith, emmené par son leader Michael Frei (interviewé dans ce numéro) a composé une surprenante bande son originale pour un étonnant film muet suédois de 1919 : « Sir Arne’s Treasure ». Edité sous la forme d’un DVD comprenant le film remasterisé et un CD de la musique isolée, cette initiative des plus excitante constitue une aubaine pour tout amateur de 7ème art. D’autant plus que ce film méconnu, d’une modernité effarante, représente une certaine quintessence du cinéma. Réalisé par Mauritz Stiller, cinéaste suédois à qui l’on doit la découverte de Greta Garbo, « Sir Arne’s Treasure » détonne par rapport aux traditionnels films muets de l’époque. De par la sobriété du jeu des acteurs, inconcevable alors, de par une expérimentation de procédés cinématographiques inhabituels, comme le travelling, des angles de prises de vues nouveaux, des mouvements de caméra fluides ou encore par un tournage en décors naturels, malgré le milieu hostile (l’hiver
scandinave) dans lequel se déroule l’action du film, cette histoire adaptée d’un récit de la grande romancière suédoise Selma Lagerlöf nous plonge dans une atmosphère hypnotique constamment à la frontière du fantastique, bien que le récit soit ancré dans une réalité historique (16ème siècle), le tout renforcé par le score « instinctif » du groupe suisse. Tout bonnement indispensable ! [JYC]
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10/10
CHRONIQUES B.O.
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The Curious Case of Benjamin Button
The Day the Earth Stood Still
Madagascar 2 : Escape 2 Africa
nièrement, Alexandre Desplat s’est positionné parmi les compositeurs essentiels du moment. Après un « Largo Winch » privilégiant l’action et la très belle partition de « Et après », on retrouve le « maestro » sur le magnifique long métrage de David Fincher. Sur le principe qu’une bonne musique de film ne doit jamais être envahissante, le score d’Alexandre Desplat ne semble à aucun moment présent à la vision du film, il s’intègre parfaitement aux images, faisant un tout avec l’œuvre. Il est d’autant plus étonnant que lors de cette vision, l’impression de ne pas entendre de musique est très étrange, aucune mélodie ne nous reste en mémoire. Dès lors, à la première écoute de la musique isolée, le sentiment de (re)découvrir quelque chose de connu procure une impression particulière. La musique de Alexandre Desplat est tout simplement magique, elle capte de manière très subtile le temps qui passe par une pléiade d’instruments inspirés (cordes, cuivres, piano, etc.). L’album comprend un deuxième CD avec les chansons du film. [JYC]
■ Difficile de succéder à un compositeur aussi mythique que Bernard Hermann ! D’autant plus sur un nouveau remake tant inutile qu’inconsistant. Pourtant, le score composé par Tyler Bates pour cette nouvelle version de « Le jour où la terre s’arrêta » n’est pas complètement dépourvu d’intérêt. Au contraire, en se démarquant totalement de son modèle, Tyler Bates signe une bonne bande originale, un peu plus consistante que certaines de ses dernières compositions. Sans réelles mélodies, mais aux accords amples (« Helicopter Collision ») et mystérieux (« Cemetery »), Bates réussit parfaitement à cerner le genre traité : la science fiction (« They Are Not Afraid Of Us »). Utilisant toujours abondamment les synthétiseurs, le compositeur s’efforce cependant de plus en plus de faire intervenir l’orchestre pur dans ses partitions créant ainsi un mélange tout à fait intéressant (« Distress »). Sans atteindre des sommets musicaux, la musique de « The Day the Earth Stood Still » mérite sa place dans les découvertes du moment. A écouter plusieurs fois pour vraiment apprécier son contenu ! [JYC]
■ Voici qu’arrive sur nos grands écrans romands la suite des aventures du lion Alex, du zèbre Marty, de la girafe Melman, de l'hippopotame Gloria, du Roi Julien, de Maurice et des pingouins. Le compositeur de la bande originale est à nouveau Hans Zimmer, comme pour le premier Madagascar ; on ne change pas une équipe qui gagne. Hans Zimmer est connu pour une multitude de compositions de musiques de films : « Le dernier samouraï », « Gladiator », « Pearl Harbor » ou « Mission Impossible 2 », ceci étant une liste non exhaustive. On trouve sur cet album trois titres repris à la sauce Madagascar : « I Like to Move It » reprise de « Real 2 Real » qu« on entendait déjà dans le premier volet, une reprise de « The Good, the Bad and the Ugly » en français « Le bon, la brute et le truand » et « New York, New York ». Dans l'ensemble c'est un bon album même si Hans Zimmer aurait pu y mettre un peu plus de créativité. On peut dire que, de manière générale, Hans Zimmer fait plus d'efforts pour les films que les films d'animations. [PAS]
■ Alexandre Desplat ■ Concord Records ■ En l’espace de trois films sortis der-
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10/10
■ Tyler Bates ■ Varèse
Notre avis
6/10
■ Hans Zimmer ■ Interscope Records
Notre avis
7/10
The Eiger Sanction
The Spirit
Twilight
■ Composée la même année que le célèbre thème de « Jaws » (1975), la partition de John Williams pour le film « La sanction » de Clint Eastwood, est certes beaucoup moins mythique que le motif de deux notes allant crescendo du requin blanc lui ayant rapporté son deuxième Oscar, elle reste néanmoins un bon exemple de la variété musicale de l’un des derniers grands compositeurs classiques hollywoodiens. Pianiste de jazz à ses débuts, certaines de ses compositions pour le cinéma sont fortement empreintes de ce mouvement musical populaire, surtout dans la première partie de sa carrière. « The Eiger Sanction » fait partie de cette catégorie. En grand amateur de jazz, le choix de Clint Eastwood pour le compositeur n’était certainement pas un hasard. De la collaboration entre les deux artistes résulte une agréable B.O., légère sans être insignifiante, qui s’écoute agréablement. Dès le « main title » le compositeur introduit de manière admirable les instruments propres au jazz (piano, trompette, etc.) poursuivant tout au long de l’album un séduisant chassé-croisé musical. Un « must have » ! [JYC]
Miller est tiré de la bande dessinée de Will Eisner : « The Spirit. » Il raconte l’histoire d’un ancien flic qui revient mystérieusement d’entre les morts. Devenu « The Spirit » il va combattre le crime dans les rues sombres de Central City. Au casting, du beau monde : Samuel L. Jackson, Scarlett Johansson et Eva Mendes. Visuellement, ce film a des faux airs de « Sin City », ce qui ne saurait déplaire aux spectateurs qui aiment ce genre d’adaptation du dessin au film. David Newman est le compositeur de ce film. Il avait composé également la musique de « L’âge de glace » (« Ice Age » pour les anglophiles). Dans ce dernier opus, il a su insuffler dans sa composition musicale une ambiance stressante, angoissante, digne des grands thrillers et des films policiers que l’on connaît si bien. Pas de grands titres à écouter absolument plus qu’un autre mais l’album en entier vous fait plonger dans une ambiance noire et comme dans les vieux westerns vous pouvez entendre de l'harmonica. Belle prestation Monsieur Newman. [PAS]
écrans de cinéma romands. Le compositeur de la musique de ce film est Carter Burwell, inconnu du grand public pour le moment, mais il est possible qu’il se fasse connaître suite au succès de cette adaptation par Catherine Hardwicke du livre écrit par Stephenie Meyer. Ce qui pourrait bien ne pas être des plus bénéfiques pour mes petites oreilles. Après l’écoute unique faite pour écrire cet article, j’ai dû me les laver avec d’autres musiques de films bien plus intéressantes à mon humble avis. Carter Burwell a composé une musique de film trop lente et monotone sur quasi toute la durée de l’album. Ses titres n’ont aucun goût ni aucune saveur. Je ne sais pas ce que vaut le film mais la musique n’est pas du tout à mon goût et je déconseillerai vivement à qui que ce soit d’aller acheter cet album. C’est bien dommage de tomber sur ce genre de catastrophe musicale quand on imagine ce que le budget du film a dû coûter. C’est triste mais de temps en temps cela arrive de rencontrer ce genre de raté. [PAS]
■ John Williams ■ Varèse
Notre avis
10/10
■ David Newman ■ Silva Screen Records ■ Le dernier film réalisé par Frank
Notre avis
8/10
■ Carter Burwell ■ Wea ■ « Twilight » est toujours sur nos
Notre avis
4/10
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Nanar, mon amour !
En coulisse DAILY MOVIES 04 – MARS 2009
Helvetic’Arts/Daily Movies, Case postale 54,1211 Genève 28, +41 (22) 796 23 61, info@daily-movies.ch, www.daily-movies.ch,
« Yor, le chasseur du futur »
Compte postal : 10-166823-0 Impression : PCL Presse Centrale SA Création graphique : Jack Caldron Mise en pages : services-concept.ch Directeur de Publication : David Margraf (DM) Directeur de Publication adjoint : Carlos Mühlig (CM) Rédacteur en Chef : Yamine Guettari (YG) Rédacteur en Chef adjoint : Jean-Yves Crettenand (JYC) Responsable BO : Pierre-Alain Surdez (PAS) Responsable Abo/Distro : Carlos Mühlig Correction : Katia Margraf, Inma Abbet, Edouard Bréard, Maud Von Bergen Internet : Ashtom. Rédacteurs & Collaborateurs : Carole-lyne Klay (CLK), Luc Grandsimon (LG), Jenifer Cross (JC), Sébastien Frochaux (SF), Tristan Bossy (TB), Joëlle Michaud (JM), Vincent Gerber (VG), Pauline Hausmann (PH), Valérie Wyssbrod (VW), Bram Dauw (BD), Isabelle Swali (IS), Rosa Capelli (RC), Manuelle Beurdeley (MB), Laure Noverraz (LN), Jean Saillet (JS), Camille Morend (CM), Maxine Bucher (MXB), Richard Tribouilloy (RT), Raphael Fleury (RF), Loïc Valceschini (LV), Raphaël Dessarzin (RD), Pauline Rappaz (PR), Séverine Amato (SA)
U
n guerrier de la préhistoire à la recherche de son passé découvre qu'il vient d'une autre planète. Rahan découvre qu’il ne fait qu’un avec Luke Skywalker ! Ce postulat hautement farfelu, tirée d’une bande dessinée italienne, « Yor il cacciatore », de Juan Zanotto, qui remporta un vrai succès dans les années 1970, aurait pu donner un film réussi si les moyens mis en œuvre avaient été à la hauteur du challenge. Hélas, on ne peut pas dire qu’Anthony M. Dawson, alias Antonio Margheriti, ait vraiment réussi son pari. Habituellement plus inspiré, ce vétéran du cinéma italien, qui signe scénario, réalisation et effets spéciaux, s’embourbe quelque peu dans ce qu'il désignera luimême comme une grosse BD bon enfant.
Fourrure et brushing
D’entrée, le film nous met dans l’ambiance avec sa merveilleuse chanson « Yooooor’s world ! / He’s the man ! / Yooooooor ! » (composée par Guido
et Maurizio De Angelis : rendons à César que ce qui est à Nanar), accompagnant les bonds de cabri du niaiseux Reb Brown qui parcourt les montagnes rocheuses, sa hache de pierre à la main. Rasage impeccable et brushing parfait, Yor est un héros bon aryen top crédible, qui lutte dès les cinq premières minutes contre un dinosaure en polystyrène dont le niveau de crédibilité va au-delà de nos plus folles espérances. Le trio de héros, composé du preux Yor, d’une belle sauvageonne interprétée par Corinne Cléry et d’un vieux sage joué par Alan Collins, alias Luciano Pigozzi, l’homme qui figure dans tous les bis italiens, vit ensuite des aventures rocambolesques sombrant en quasi-permanence dans le nanar. On combat de redoutables tricératops en plastique à mains nues, on fait du deltaplane avec un ptérodactyle mort, on affronte des hommes de Néanderthal. Toute cohérence temporelle est oubliée, de même que les milliards d’années
séparant les hommes des dinosaures. De toutes manières, ce n’est pas grave, puisque l’on apprend au milieu du film que le héros est un extraterrestre. La seconde moitié du film fait en effet passer « Yor » du niveau de film bis en toc à celui de nanar stratosphérique. Après avoir rencontré les androïdes du méchant dictateur Overlord et découvert le secret de ses origines, Yor affronte les méchants en réussissant, tout guerrier de Cro-Magnon qu’il est, à manipuler les ordinateurs et lasers hautement perfectionnés du vaisseau spatial.
Un final dantesque
Il faut citer la scène hautement ridicule où le vieux Alan Collins, qui ne servait pas à grand-chose depuis le début du film, se balance sur un câble pour rattraper Yor au vol comme un trapéziste : le mannequin en mousse et la coupure du montage
Remerciements : A tous les annonceurs, collaborateurs, partenaires, abonnés et toutes les personnes grâce à qui Daily Movies existe !
Paraît 10 fois par an.
valent véritablement le détour. Mention spéciale aux costumes, qui se résument pour les guerriers à d'énormes moon-boots en fourrures et pour les filles à de beaux bikinis en moumoute pelucheuse. Tout en restant un film mis en scène de manière assez professionnelle, voici un nanar de très bonne cuvée, surprenant à chaque scène par ses incohérences, ses scènes en contrejour, son Reb Brown « bi-expression » et son final à la débilité achevée, se déroulant dans une base spatiale en carton, avec des soldats en caoutchouc au look de sous Dark Vador, et un John Steiner, cabotinant sans retenue en sous Palpatine. Une crétinerie de très bonne tenue, suffisamment rythmée et colorée pour satisfaire les amateurs de kitscheries décomplexées et qui fut en son temps, mine de rien, un joli succès au box-office international. Cela laisse passablement rêveur, mais on s’en réjouit tout de même pour cette série B dont le ridicule n’enlève rien au côté profondément sympathique. Retrouvez l'intégralité de cette critique – et des centaines d'autres – sur nanarland.com, le site des mauvais films sympathiques. [SA]
Access point
Genève : City Disc, Media Markt, Usine, Antishop, Lapsus Vidéo, UNI GE, Chat Noir, Cinéma Central, O’CD, Les Scalas, Stigmate, Mr. Pickwick, Cinéma Nord-Sud, Cinéma Bio, IFM University, Planet cinéma Pinon, Britannia Pub, Théatre de Carouge, Librairie du Cinéma, Camera Club de Genève. Nyon : American Market, Disques Services, Fondation FCMA, Cinéma Capitole. St-Prex : Shark Vidéo. Morges : Boullard Musique, Théâtre de Beausobre. Lausanne : City Disc,Bleu Lézard, Art Computer, Vidéo Futur, C&A Clockhouse, MixImage, University of Lausanne, Vidéo Club Chailly, Atlantis ST Vidéo, Cinéma Capitole, City Disc, Le Zinéma. Pully : Cinéma City. Penthaz : Cinémathèque suisse. Oron-la-Ville : La mine d’Or, Cinéma d'Oron. Orbe : Cinéma Urba, L'Autre. Vevey :Les Rex, City Disc, 24/24 Vidéo Club, Log On Games, Cinéma Astor. Montreux : Hollywood, Ned, Vidéo & DVD Center, Opus Café. Martigny : Cinéma Casino, Sunset Bar, No Comment, Ecole-Club Migros. Aigle : Cosmopolis, Fun Vidéo. Bex : Grain d’Sel. Saint-Maurice : Piscine de St-Maurice, Théâtre du Martolet. Conthey : Media Markt. Crans-Montana : Cinécran. Sion : City Disc, Cinéma Arlequin, Mangamaniak, Mean MachineTattoo. Bulle : Cinéma Prado, Ebullition, HR Giger Bar, Tropic Vidéo, Collège du Sud. Fribourg : Media Markt, Cinéma Alpha, La Spirale, Cinémotion, Nouveau Monde, FriBowling, EMAF, ADS Informatique. Payerne : Cinéma Apollo, Silver Club, Media Music. Romont : Au 7ème Art, Bicubic. Bienne : City Disc, Filmpodium, Cinéma Palace, Cinéma Apollo, Top-D Computer. Chauxde-Fonds : City Disc, Scala, Vidéo Shop, Cinéma ABC, Discothèque de la Ville, Bikini Test. St-Imier : Espace Noir. Delémont : MP Vidéo, Image et son, La Grange. Moutier : Le Cinoche, Hänzi Electronique. Tramelan : Le Cinématographe. Tavannes : Le Royal. Neuchâtel : City Disc, Cinéma Bio, C&A Clockhouse, Covadonga 2, Espace Passion Image, Media-Zone.TV, Théâtre du Pommier, Bar de l'Univers, Librairie Apostrophes. La Neuveville : Cinéma de la Neuveville. Sainte-Croix : Cinéma Royal, Royal Coopérative Mon Ciné. Yverdon : Image et son, Amalgame, Movie's Star, Le Double R café, Maison d'Ailleurs. Berne : ISC Club. Solothurn : Kulturfabrik Kofmehl. Tessin : Université de Lugano. Plus de lieux sur www.daily-movies/distro