Daily-Movies 05

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Daily Movies No 5 ■ Avril 2009

En salles

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Avec « Ponyo… », Hayao Miyazaki livre un énième chef d’œuvre : c’est lassant…

Festivals

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Les Etranges Nuits du Cinéma : la nuit « Grippe Asiatique » va vous mettre la fièvre !

WWW.DAILY-MOVIES.CH

Asian Made

Nanar, mon amour! 16

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Hideo Nakata nous retrace son parcours et dévoile ses futurs projets.

« Le Justicier contre la Reine des crocodiles » : le titre parle de lui-même, non ?

Edito ■ Bienvenue dans ce nouveau numéro de Daily Movies au goût d’Orient extrême ! Partenaire du Polymanga 2009, nous nous sommes dit qu’un petit numéro thématique ne serait pas une mauvaise idée, toujours dans cet esprit de découverte qui nous tient à cœur. Et nous avons vu large avec l’exploration de toute l’Asie, des steppes kazakhes aux rivages du Japon, en passant par la mystérieuse Indonésie. L’occasion de toucher de l’œil la grisante diversité de ces cinématographies lointaines.

« Polymanga »

Lausanne, du 11/04 au 13/04

« Polymanga » c'est l'évènement suisse de japanimation de l'année ! Cette édition est particulière puisque la manifestation fête ses cinq ans d'existence. Vous n'y êtes pas encore allé ? Alors c'est maintenant que vous devez vous décider car il y aura des surprises !

L

a France a sa « Japan expo », la Suisse a le « Polymanga ». Mais qu'est-ce donc ? Pourquoi trouve-t-on dans la file d'attente des gens costumés en personnages de dessins animés ? C'est tout d'abord un festival dirigé par des organisateurs et une armée de bénévoles courageux dont le but est de faire découvrir tous les aspects du Japon avec un axe bien sûr orienté animation et manga (bande dessinée japonaise). Au Japon, le dessin animé n'est pas uniquement destiné aux enfants, chaque tranche d'âge possède son feuilleton animé ou son manga. Et c'est cette passion

que veut transmettre le Polymanga depuis maintenant cinq ans. Du côté culturel, il y aura une présentation de la célèbre cérémonie du thé (au cours de laquelle on doit retirer sa montre pour oublier le temps qui passe), de l'origami (les confections d'animaux, plantes, objets, par de méticuleux pliages de papier), du Go (célèbre jeu de dames chinois), de la calligraphie... Tout un panel sur les us et coutumes du pays du Soleil Levant. Pour les fans d'anime, il y aura comme chaque année des projections de dessins animés mais aussi

des ateliers de dessins pour lesquels sont annoncés des invités prestigieux. Les jeux vidéo ne seront pas en reste puisqu'il y aura des compétitions, des démonstrations ainsi que des exclusivités. Pour finir, je parlais des déguisements, il y aura donc des concours de « cosplay ». Kesako le « cosplay » ? Le « cosplay » est une véritable institution au Japon. C'est une activité à laquelle de nombreux fans (appelés par certains Otakus) s'adonnent. Le temps d'un festival, ceux-ci vont endosser le costume de leurs héro(ïnes)s préféré(e)s (« cos ») et les jouer ensuite sur scène (« play »). A savoir tout de même

qu'au Japon, chaque année est organisé le « World Cosplay Summit », un concours international de copslayeurs. Il est vrai que le côté théâtral (monter sur scène) vient plus des occidentaux car dans les conventions usuelles au Japon, les fans se contentent de porter le costume et de poser devant les nombreux photographes. Vous l'avez compris « le Polymanga » EST l'évènement à ne pas rater, que l'on soit fan de japanimation ou simplement curieux de ce phénomène qui perdure à travers les années. www.polymanga.com

[LG]

■ Parce que oui, ça fait un peu tarte à la crème de dire ça maintenant que le Japon et le ciné made in China sont tendance, mais je l’affirme quand même haut et fort : cet immense continent a énormément à offrir, au delà des merveilles des studios Ghibli et des films de fantômes style « Ring ». La pluie d’Oscars obtenue par « Slumdog Millionaire » – même si on peut discuter du réel mérite de certains – le prouve assez (et oui, l’Inde c’est aussi en Asie).

nous avons vu large avec l’exploration de toute l’Asie ■ D’ailleurs, en parlant de « The Ring », nous avons pour vous une chouette interview de son réalisateur Hideo Nakata, un homme timide et peu disert, mais fort intéressant. Ajoutez à cela quelques dossiers sur les liens entre manga et cinéma ou le doublage des anime japonais, une sélection de DVD de choix et des gros plans sur les festivals suisses d’avril, qui offrent chacun une place de choix à l’Asie, et vous aurez de quoi rassasier votre faim de culture et de dépaysement. ■ Et pour les curieux qui se demandent ce que veut dire le kanji (idéogramme japonais) exceptionnellement rajouté sur notre logo : et bien il signifie « cinéma », tout simplement.

Yamine Guettari cinema@daily-movies.ch

UNE PUBLICATION DU COLLECTIF


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en salle

« Les Trois royaumes » EPIQUE

John Woo est un des rares cinéastes d’action hongkongais à bénéficier d’une aura internationale incontestée, malgré quelques petits incidents de parcours américains. Retour sur une carrière d’exception. John Woo Yu-Sen est né le 1er mai 1946 en Chine dans une famille chrétienne. Persécutés à cause de leur religion, ils fuient vers Hong Kong et grandissent dans un bidonville qui accueille les migrants du continent. Ce dénuement et un milieu gangrené par le crime le poussent dans les salles obscures, ce qui crée sa vocation. Il reçoit une éducation chrétienne dans des établissements religieux et en garde une certaine influence dans ses films (églises, colombes, etc.). Son entrée dans la monde du cinéma se fait à 23 ans en tant que « script supervisor » pour les studios Cathay. Deux ans plus tard, il devient assistant réalisateur et apprend le métier grâce à son mentor Chang Cheh, illustre metteur en scène de la légendaire Shaw Brothers (« La rage du tigre », « Le temple de Shaolin »…). Basant la plupart de ses films sur des héros virils liés par une amitié et une loyauté indéfectibles, il est cité comme sa plus grande influence par John Woo. Sa première réalisation, « The Young Dragons » en 1977, montre déjà un talent sûr pour filmer l’action (mettant en valeur les chorégraphies d’un certain Jackie Chan) et lui permet de rentrer dans les studios de la bientôt tentaculaire Golden Harvest. Il y alterne les wu xia pian (films de cape et d’épée chinois : « La dernière chevalerie »), les films de kung fu (« Hand Of Death ») et même quelques comédies à succès (« Money Crazy »), genre qui lui offre sa première reconnaissance du public et de la profession. Pourtant au début des années 80 il se lasse de ce style, mais ses producteurs l’empêchent de faire autre chose. Tournant les films à contrecœur, il accumule les bides. Seul « Les larmes d’un héros », un film sur un commando chargé de capturer un baron de la drogue dans la jungle vietnamienne, trouve grâce à ses yeux dans cette période. Mais jugé trop sombre et violent il est mis au placard par les studios, ce qui met Woo en rage et lui aliène le milieu du cinéma hongkongais ; après qu’il a exprimé sa colère aux décideurs. Il s’exile alors à Taïwan et signe deux comédies médiocres qui se plantent. On le dit fini pour le cinéma lorsqu’il rencontre Tsui Hark, le réalisateur-producteur qui monte, avec

qui il se découvre une communauté d’idées sur le cinéma. De cette rencontre découle le formidable « Le syndicat du crime », qui va ouvrir un nouvel âge d’or du ciné d’action made in HK. Ce film est le résultat d’une frustration partagée par les deux compères : le cinéma hongkongais ne produit plus que des comédies et des films de kung fu, tout autre genre est condamné d’avance par les studios et le public ; de plus, les valeurs morales ont sombré dans ces années-là, et Woo tente de les réhabiliter en montrant un trio de personnages portant les valeurs ancestrales de loyauté, d’amitié et d’intégrité. Ce film porte en outre une esthétique ravageuse avec un Chow Yun-Fat ultra classe en imper et lunettes noires (qui devint une super star grâce à ce film), des gunfights d’anthologie filmés comme des ballets avec force ralentis et caméras tourbillonnantes et un flingue (Beretta, toujours) dans chaque main. Une franchise est lancée qui donnera deux suites et ouvrira la porte à d’autres chefs d’œuvre comme le cultissime « The Killer » et l’hallucinant « A toute épreuve », son dernier film HK avant son départ aux USA pour cause de rétrocession. Il est le premier soumis à ce qui deviendra le traditionnel bizutage qui voit un réalisateur asiatique fameux obligé de faire ses preuves aux USA en tournant un film avec Jean-Claude Van Damme : Woo fera « Chasse à l’homme », Tsui Hark « Double team » et « Piège à Hong Kong » et Ringo Lam « Risque maximum » et « Replicant ». S’adaptant d’abord difficilement aux méthodes d’Hollywood (entre autres l’omniprésence derrière son épaule des producteurs) il signe des films moyens avant de devenir bankable avec « Volte/ Face » où l’on retrouve toute sa patte, et « Mission Impossible II », blockbuster « Wooesque » sur la forme seulement. Il enchaîne ensuite avec les demi-échecs

« Windtalkers » et « Paycheck », avant un retour aux sources pour la fresque épique typique « Les Trois royaumes », déjà un gros succès en Chine. Mais le pape du cinéma d’action au style inimitable ne va pas s’arrêter en si bon chemin et il prépare déjà « 1949 », une romance sur fond de guerre de libération de la Chine : la démesure lui sied si bien !

« Les Trois royaumes »

[YG]

■ De John Woo ■ Avec Tony Leung et Takeshi Kaneshiro ■ Elite Film

Sortie le 25/03 Notre avis

6/10

Dès que vous voyez le logo ci-dessus, c'est qu'il y a des places en jeu.

Comment gagner? En écrivant à concours@daily-movies.ch, et en mettant en objet concours + le titre du film. N’oubliez pas votre adresse postale pour participer au tirage au sort!

La critique Absent depuis près de quatre ans, John Woo revient dans nos salles avec « Les trois royaumes » (« Red Cliff » en VO), rien moins que le film le plus cher de l'histoire du cinéma chinois. An 208, dynastie de Han. Cao Cao, un avide premier ministre, manipule l'Empereur afin de récupérer les royaumes du sud et de l'ouest, respectivement gouvernés par Zhou Yu et Liu Bei. Ceux-ci vont alors s'unir pour vaincre l'armée impériale. Véritable épopée guerrière, le film s'affiche ouvertement comme un énorme

blockbuster, notamment lors de sa scène d'ouverture qui, après une brève présentation du contexte historique, plonge immédiatement le spectateur au cœur de la bataille. Et, il faut bien l'avouer, le véritable intérêt du film réside dans ses scènes de combat, lors desquelles les braves seigneurs de guerre semblent omnipotents. Woo emballe efficacement ses scènes d'action, assurant une lisibilité constante.

Cependant, malgré l'évidente capacité d'immersion du film, les défauts s'affichent rapidement. En effet, dans un excès d'ambition, on ne sut pas forcément fixer certaines limites, ce qui entraîne une qualité très approximative des effets spéciaux, rendant les mouvements de masse peu crédibles. De plus, le montage aligne quelques étrangetés, telles qu'une forte utilisation d'accélérés et de ralentis dans une même séquence, ce qui hache les images. Au final, malgré son scénario parfois ampoulé et sa durée excessive, le film offre des scènes de guerre remarquables, qui justifient le déplacement en salle. [LV]


en salle

« Ponyo sur la falaise, Bio près de la mer »

Hayao Miyazaki Débuts à la Toei

Croustibat

A

près « Le château ambulant », datant de quatre ans blème d'homogénéité. déjà, Miyazaki fait son grand retour avec « Ponyo Somptueux, le résultat sur la falaise, près de la mer », une libre adaptation éblouit, émeut, node « La petite sirène » de Hans Christian Andersen. Sosuke, tamment lors de séquences empreintes d'un lyrisme verun petit garçon qui habite avec sa maman dans une maison tigineux (le siphon, les transformations de poissons), et au sommet d'une falaise, découvre un petit poisson, impressionne, grâce à l'incroyable travail fourni. En effet, bloqué dans un bocal. Après avoir libéré Ponyo – tel qu'il les décors, les reflets des personnages (sur l'eau, notamle baptise – Sosuke le ramène chez lui, et ne tarde pas à ment), ainsi que les jeux de lumière témoignent du soin le présenter à son entourage. Mais Ponyo s'avère être un minutieux qu'ont apporté les animateurs à chaque détail. poisson pas comme les autres : il aspire à devenir humain. En outre, il serait injuste d'omettre la participation du Sans pour autant délaisser son côté militant écolo, Miyazafidèle Joe Hisaishi à la musique, qui signe, une fois de plus, ki rompt toutefois avec ses thématiques graves et sérieuses, une composition dantesque, qui sied merveilleusement à et opte pour une histoire dont la simplicité et la naïveté la virtuosité des images de « Ponyo... ». En revanche, on rappellent fortement « Mon voisin Totoro », tant les propourrait regretter le manque d'explications concernant le tagonistes, enfantins, évoluent avec insouciance dans un monde aquatique et magique, et la présence de quelques environnement relativement dangeraccourcis scénaristiques sur la dernière reux. Toujours emprunt de touches partie. Mais il serait honteux de passer fantaisistes, l'univers de Miyazaki à côté de cette nouvelle réussite des envoûte et attendrit le spectateur, nostudios Ghibli, qui prouvent une fois tamment grâce à des personnages vrais encore – s'il en était besoin – que les et chaleureux, mais également par les films d'animation n'ont rien à envier ■ De Hayao Miyazaki touches d'humour que distille le réaaux productions « live » traditionnelles. lisateur tout au long de son film. Ce■ Frénétic Films pendant, l'atout majeur de « Ponyo... » Sortie le 08/04 reste sans conteste son esthétique, qui [LV] jongle savamment entre différentes Notre avis 9/10 techniques de dessins, sans aucun pro-

« Ponyo sur la falaise, près de la mer »

« My Magic »

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e réalisateur Eric Khoo nous permet de voyager dans son univers asiatique en nous narrant une belle histoire simple et touchante. Il a su décrypter avec brio la relation conflictuelle entre un père et son fils, qui peut survenir au sein d’une famille où les membres cherchent chacun leur place dans leur monde dévasté par la perte d’un être cher. Il a su aussi montrer le sacrifice autant physique que mental qu’est prêt à faire un père pour donner à sa progéniture la possibilité d’une vie meilleure. On s’attache aux personnages, surtout au père, joué avec talent par Francis Bosco, magicien professionnel dont c’est le premier rôle au cinéma. Il a tourné lui-même toutes ses scènes et si certaines sont dangereuses, il a su relever le défi avec grandeur, en restant calme et concentré dans ses divers tours. Il nous présente une magie hors du commun, comme par exemple manger du verre, se planter des aiguilles à travers diverses parties du corps, avaler des lames de rasoirs et d’autres tours tous plus extraordinaires les uns que les autres. Le fils est interprété par le tout jeune Jathishwenran, dont ce n’est pas le premier rôle devant la caméra, il a déjà joué dans deux pièces de

théâtre et plusieurs téléfilms. « My Magic » est un film intimiste qui a été réalisé en dix jours de tournage et quand on voit le résultat, le réalisateur a su exactement diriger ses acteurs à la perfection pour faire ressortir des émotions fortes et touchantes dans les moments clés, aidé par un scénario solide qui suit un schéma cohérent. Un film bouleversant mais qui n’est malheureusement pas à la portée de tous les cinéphiles, il touchera un public averti et qui aura une préférence pour le style dramatique. A noter que « My Magic » fut présenté avec succès, mais sans prix, dans le cadre de la sélection officielle du festival de Cannes 2008. [CP]

« My Magic » ■ De Eric Khoo ■ Avec Francis Bosco et Jathishweran ■ Frénétic Films

Sortie le 01/04 Notre avis 7/10

Vent nouveau Ils fondent ensemble le légendaire Studio Ghibli, qu'inaugure « Nausicaä de la Vallée du Vent » en 1984, le premier succès de Miyazaki. Ils ont alors la possibilité de peaufiner leur technique d'animation et d'approfondir la maturité thématique de leurs films.

Que des classiques De l'esprit de Miyazaki sont nés des chefs-d'oeuvre au succès interplanétaire, tels que: « Le château dans le ciel », « Princesse Mononoke », « Le voyage de Chihiro »… [LV]

« Tokyo Sonata » TEMPETUEUX

A PERE-FILS

Véritable étendard du cinéma d'animation japonais, Hayao Miyazaki débute pourtant dans la petite lucarne, à la branche animation des studios de la Toei. Ici, entre la création de divers génériques, il rencontre Isao Takahata.

près avoir réalisé plusieurs films dans la veine du thriller, tel que « Kaïro » en 2001, le réalisateur japonais Kiyoshi Kurosawa s’est lancé l’année dernière dans la réalisation d’un film troublant : « Tokyo Sonata », avec lequel il change de registre pour se tourner vers le drame social, voire par moment le film noir. Le film relate la vie d’une famille japonaise banale. Chacun de ses membres cache ses petits secrets et feint que tout se passe bien. Le père est au chômage, la mère s’ennuie profondément dans son rôle de femme au foyer, le fils aîné rêve de devenir soldat dans l’armée

américaine, et le fils cadet prend des leçons de piano en cachette, son père le lui ayant interdit. A mesure que les jours passent, l’incommunicabilité se fait plus dense, jusqu’au moment où tout éclate et que chacun décide de s’affirmer. Il a fallu atteindre le fond pour que chaque membre de la famille puisse se remettre en question et éprouve le désir de repartir à zéro. Le film, admirablement bien réalisé, est parcouru çà et là de symboles qui donnent toute sa profondeur à la trame. Dès le début, la tempête fait rage, et cette tempête météorologique annonce la tempête familiale

qui va éclater. Le champ de la caméra ouvert sur la famille qui dîne est souvent obstrué par des objets utilitaires, tel que du mobilier, afin de mieux symboliser l’incommunicabilité si présente au cœur de ce foyer. Et la famille elle-même est un symbole : celui du Japon contemporain en proie au trouble et à la crise économique.

Au travers d’une famille ordinaire, Kiyoshi Kurosawa soulève des problèmes importants du Japon, comme le taux élevé de chômage, l’autorité trop présente du père et la place de l’art. Il parvient à réaliser un film envoûtant, froid et paradoxalement émouvant avec un talent certain. [PR]

« Tokyo Sonata » ■ De Kiyoshi Kurosawa ■ Avec Teruyuki Kagawa et Kyoko Koizumi ■ Trigon-film

Sortie le 25/03 Notre avis 8/10

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en salle Manga et Cinéma : deux univers en interaction DOSSIER Cowboy Bebop

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samu Tezuka, souvent surnommé le « dieu du manga » indiquait à propos de son œuvre « je ne les considère pas [mes dessins] comme des images – je pense à eux comme à des hiéroglyphes… En réalité, je ne dessine pas. J’écris une histoire avec un type unique de symbole ». Par cette phrase, Tezuka évoque simplement le lien fondamental entre le 7ème art (le cinéma) et le 9ème art (la bande dessinée, manga signifiant « bande dessinée japonaise »), dont les sources remontent aux e-makimono, rouleaux peints invitant le lecteur à suivre une histoire au fur et à mesure que le rouleau se déroule. Isao Takahata (studio Ghibli) indiquera d’ailleurs qu’il retrouve des éléments du cinéma et des animes dans ces e-makimono. Depuis, cinéma et manga se sont développés tout en restant intimement liés.

Le manga : des techniques empruntées au cinéma

Un Kamishibai L’invention du manga moderne est souvent attribuée à Osamu Tezuka. Né en 1928, l’auteur est rapidement initié au manga par sa mère, tandis que son père lui ouvre les portes de la cinématographie et permet à Tezuka de s'initier à la caméra. Ce mélange d’inspiration influencera à jamais le jeune Tezuka. Tout aussi inspiré par le cinéma de Walt Disney que par les mangas, il développe son propre style après la deuxième guerre mondiale, utilisant un découpage des cases proche du cinéma. Dans ses oeuvres, il propose ainsi de voir une scène sous plusieurs angles, avec différents cadrages, rappelant ainsi les mouvements de caméra. Chaque action fait l’objet d’une décomposition, à la manière d’un story-board, permettant de renforcer le dynamisme

des scènes. Tezuka utilisera aussi ces effets pour renforcer l’aspect dramatique d’une scène ou l’expressivité des personnages. En réalité, les prémices de cette technique étaient déjà utilisées dans le Japon d’avant guerre chez d’autres auteurs comme Noboru Ohshiro et il s’était même développé le « Kamishibai », un petit théâtre de papier ambulant où les images défilent pendant qu’un conteur narre une histoire. De nombreux mangaka ont commencé par le « Kamishibai » (comme Shigeru Mizuki), qui peut être considéré comme un « ancêtre » du cinéma. Dans tous les cas, ce style emprunté au cinéma sera développé par de nombreux auteurs, utilisant des trames (correspondant au fond de l’image et remplaçant souvent les décors). Par exemple, la multiplication des traits en décor permet de rendre une impression de vitesse, et de petites fleurs peuvent permettre de donner un coté « glamour » à la scène (cela remplace un peu la musique ou les jeux de lumières).

Le découpage à la Tezuka

Les adaptations de manga au cinéma En raison du succès croissant du manga, il n’est pas surprenant que les titres les plus importants aient été adaptés au cinéma. Autrement appelés « Live action », ces adaptations sont aujourd’hui monnaie courante, en témoigne l’adaptation des mangas « Nana », « Death Note », « 20th Century Boys », etc. Malheureusement, les films ne sont que trop souvent de fades reprises, mettant en scène des acteurs peu crédibles avec un scénario et un univers souvent loin de la richesse de l’œuvre originale. La nouvelle adaptation de « Dragon Ball » semble être l’apogée de cette triste réalité (voir notre preview cidessous). Néanmoins, tapis dans l’ombre, se cache un grand nombre de projets colossaux. Si le scéna-

riste est toujours inconnu, les studios Fox préparent en ce moment l’adaptation de « Cowboy Bebop » avec Keanu Reeves dans le rôle de Spike Spiegel. James Cameron travaillerait également depuis des années sur l’adaptation de Gunnm. En attendant, vous pourrez toujours vous régaler avec l’excellente adaptation du manga « Old Boy » par Park Chanwook, tandis que Steven Spielberg se penche sur un remake américain ! Comme quoi, tout n’est pas perdu… [JR]

«Dragonball Evolution» « Tulpan » STEPPES PREVIEW

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a date de sortie annonçait déjà la mauvaise blague et les bandes-annonces n’ont fait que renforcer cette conviction : le film aurait plutôt dû s’appeler « Dragonball Démolition », voire « Dragonball Onvouprenpourdécons ». Trahissant joyeusement tout ce qui fait le manga (la quête pleine de rebondissements, les caractères des héros, l’esthétique), le tâcheron James Wong (« Destination Finale », « The One ») nous offre une adaptation qui n’a de « Dragonball » que le nom. Tout le reste n’a visiblement rien à voir avec le manga d’Akira Toriyama, à commencer par cette endive de Chatwin pour jouer Sangoku et ce pauvre Chow Yun-Fat qui a dû exiger un paquet de brouzoufs

pour camper Tortue Géniale. On se demande l’intérêt de cette trahison : le public qui ne connaît pas « Dragon Ball » en manga se fout du nom et pourrait même apprécier le film, alors que les fans préparent déjà l’huile bouillante pour les auteurs de ce désastre annoncé… [YG]

« Dragonball Evolution » ■ De James Wong ■ Avec Justin Chatwin, Chow Yun-Fat et Emmy Rossum ■ Warner Bros

Sortie le 01/04 Notre avis /10

iction ou documentaire ? Bien après le générique de fin on se demande de quel côté penche ce film. Le réalisateur russe Sergeï Dvortsevoy pose un regard vériste et sans artifices sur les steppes kazakhes. Il suit la tentative d’Asa,

jeune homme revenu de l’armée, qui désire s’installer et acheter un troupeau. Mais pas de troupeau sans mariage, et la seule fille libre à des kilomètres à la ronde, Tulpan, refuse sa proposition sous prétexte qu’il a les oreilles décollées. Asa est alors tiraillé entre son envie de partir à la ville, usé par une vie frugale et ingrate, ou de persévérer, même si la cohabitation avec son beau-frère est problématique. A priori arché-

type du film exotique pour critique de Télérama, le métrage vaut un peu plus que ça, réservant de vrais moments d’émotion, même s’il lasse sur la longueur. Il a d’ailleurs obtenu le grand prix « Un Certain Regard » au festival de Cannes 2008. [YG]

« Tulpan » ■ De Sergeï Dvortsevoy ■ Avec Askhat Kuchinchirekov et Samal Yeslyamova ■ Filmcoopi

Sortie le 29/04 Notre avis 5/10

« Pas vu mais on y croit ! » « DEPARTURES » Oscar 2009 du meilleur film étranger, ce film japonais de Yojiro Takita offre un regard sur la mort et le deuil au travers de son héros, apprenti embaumeur. Auréolé de sa récompense, nous devrions bientôt pouvoir le découvrir dans nos salles.

« UNITED RED ARMY » Un retour épique de 3h10 sur les sombres heures de l’activisme estudiantin au Japon dans les années 60-70, marqué par une violence extrême de jeunes complètement embrigadés. Un film coup de poing et intelligent qu’on espère voir bientôt.

« SPARROW » Petite comédie comme sait les faire Johnnie To, on retrouve au casting les éternels Simon Yam et Lam Suet. Intermède léger qui suit les mésaventures d’une bande de pickpockets confrontée à une belle intrigante, on passera un bon moment.

[YG]


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festivals

Dix ans d’étranges nuits à la Chaux de Fonds !

Tapie dans la brume glacée des hauts plateaux hostiles du canton de Neuchâtel, une horde de cinéphiles cannibales organise chaque année depuis dix éditions le festival cinématographique le plus barge de Suisse. Rencontre avec Mathias Gautschi, le zombie en chef, amateur de pellicules bien saignantes.

La Chaux-de-Fonds du 8/04 au 12/04

- Comment vous est venue l’idée de monter ce festival ? - GNA ! (nda : ne vous formalisez pas, il est un peu étrange mais très affectueux). L’idée ne vient pas directement de nous. Ça s’est passé en 1995. Le collectif KA, gérant du Bikini Test a décidé de monter « 2300 Outerspace », un week-end cinéma à Pâques, puisqu’il était interdit de danser durant ces jours fériés (nous sommes dans un canton protestant, n’oublions pas !). Le festival a changé de nom en 2000, pour s’appeler « Les Etranges Nuits du Cinéma » et tient depuis cette date d’année en année. - Pourquoi cette orientation cinématographique séries B (voire Z), films bis, gore, etc. ? - Pour résumer, le pendant du rock’n’roll en matière de cinéma, ce sont les films dont tu parles : un genre festif, facile d’accès, mais plein d’humour noir et serré. Présenter ça au public sur un grand écran tout en lui servant des bières, la GNA GNA GNA au bec, a été jusqu’ici un argument de poids pour occuper le désert culturel de Pâques. - Après une décennie, le feu sacré est toujours là ? Y a-t-il un gros soutien autour de vous (bénévoles, commune…) ? - Les équipes ont changé, et un renouvellement a toujours eu lieu depuis 2000 pour arriver à un comité de sept personnes à l’année, et à soixante bénévoles. Un soutien financier existe, certes, mais le festival a toujours eu lieu avec un tas de zombies, prêts à se donner corps et âmes pour la gloire du Christ Ressuscité… et de Mortimer, le présentateur d’outre-tombe. - Peux-tu déjà nous donner un aperçu de la programmation ? - On commencera le mercredi 8 avril, avec une soirée Bal des Vampires, avec un film d’un collectif local qui refait du cinéma expressionniste façon 1920 en HD, « Vin Aigre » de Nathan Jucker, pour continuer avec « Nosferatu », de Murnau, un vrai film muet de 1922, dont la bandeson sera refaite en direct par le trio Grand Reportage Ensemble. Le jeudi 9 ce sera la nuit des Courtsmais-trash, avec quatre programmes en provenance de tout le monde connu ou presque, avec concours et prix signés Plonk & Replonk. Des

« Nosferatu »

interventions électro sont prévues entre les programmes par le collectif Cycle Opérant. Vendredi 10 : la nuit de tous les espoirs, avec « Divine mais Dangereuse », où la bombe sexuelle souffle vraiment tous ceux qui s’en approchent ; « Meteor », un film catastrophe des années 70, avec Sean Connery, et la carte blanche du NIFFF : « The Glamourous Life of Sachiko Hanai », un pinku japonais haut en couleurs. Samedi 11 : Nuit de la Grippe Aviaire (nda : voir l’encadré en bas de page pour plus de précisions sur ce concept ravagé), avec en ouverture, « Sex Galaxy », de Mike Davis, un superbe film de scix-ploitation, un genre à découvrir. Et pour finir, le dimanche 12, la Nuit d’avant le lundi, avec un patchwork visuel hors-normes : « Renaissance 2054 » (animation SF), « Princesse » (animation + vidéo), et « Bikini Bandits », une merveille de Sexploitation, une fabuleuse ration d’iconoclastie jouissive bouffée par une bande de filles légèrement habillées et lourdement armées. Après au lit !!! A noter que le cinéma ABC programmera parallèlement les courts-mais-trash, ainsi que trois longs métrages chaque soir à 20h45. - Il y a une grosse dimension déconne en même temps que les projections, avec les déguisements et les petits shows improvisés. C’est du boulot de concilier une organisation horlogère et ce côté bordélique ? - La déconne et le maquillage, c’est l’emballage cadeau pour nous, les bénévoles et le public. C’est-à-dire que nous pouvons compter sur des gens sérieux, qui font leur travail sans se prendre au sérieux. Et le public apprécie beaucoup. - Y aura-t-il un nouvel invité exceptionnel cette année (après Lloyd Kaufman, légendaire fondateur de la firme américaine Troma en 2008) ? - Mike Davis, réalisateur de « Sex Galaxy », nous viendra de Los Angeles pour présider le jury des Courts-mais-trash. Son film est un patchwork de morceaux de pellicule détournés, à la manière de Roger Corman. Il est produit par Jonathan

Yudis, le réal de « Pervert », que nous avions eu l’honneur d’accueillir l’année passée. - Etes-vous contents de l’affluence, est-ce que des spectateurs viennent de loin ? - Jusqu’ici, 2300 Plan 9 est enchanté de faire salle comble au Temple Allemand. Les guichets ont été fermés deux fois l’année passée. Pourvu que ça dure, et pour prévenir la porte close, une programmation parallèle a été montée en collaboration avec le cinéma ABC à 50m. Des Belges, des Français de tout le pays, des Valaisans, des Vaudois, des Genevois et des Suisses alémaniques font régulièrement le voyage de Pâques pour ne pas louper ça… En plus bien sûr de notre fidèle public de la région. - Quels sont tes récents coups de cœur au cinéma ? - J’ai un amour de toujours : le « Rocky Horror Picture Show » ; plus récemment « Tokyo » (de Gondry, Carrax et Bong Jon Hoo) et « Chasseurs de Dragons », un film d’animation magnifique et vraiment tordant (film des enfants 2009 à 2300 Plan 9).

« Bikini Bandits » - Où seront les Etranges Nuits du Cinéma dans dix ans ? - J’aimerais bien pouvoir te répondre mais ça dépendra de leurs organisateurs d’ici-là : elles pourraient avoir fusionné avec le NIFFF comme être devenues un must en matière de cinéma étrange et continuer de tracer toutes seules un chemin bien à elles. Ou encore avoir crevé la bouche ouverte, victime des intégristes chrétiens et de la chasse aux zombies. Si tu existes toujours, pose la question à mon successeur dans dix ans… - Un dernier mot ? - GNA ! www.2300plan9.com [YG] Retrouvez l’intégrale de l’interview sur : www.daily-movies.ch

LA NUIT « GRIPPE AVIAIRE » Probablement la nuit qui verra la programmation la plus barrée – forcément, les films viennent du Japon – pensez à vous vacciner avant d’y aller... Selon Mathias Gautschi, cette agréable appellation cache « Une infection générale, causée par des avant-premières provenant

« Tokyo Gore Police »

directement des esprits tordus de l’Empire du Soleil Levant : « Tokyo Gore Police », « Machine Girl » et « Executive Koala ». Un mélange exquis de policier violent, d’érotisme et d’humour au vitriol ! ». En effet, lorsqu’on se penche sur les scénarios des films, cela laisse rêveur. « Tokyo Gore Police » nous narre les exploits d’une unité spéciale chargée d’exterminer des mutants qui ont envahi la terre : ninjas, tripes, filles dévêtues, un cocktail simple et efficace. Dans « Machine Girl », tout est dans le nom : une charmante lycéenne se fait greffer une mitrailleuse à la place de la main que lui ont tranchée les méchants yakuzas qui ont enlevé son frère. Ça va saigner ! Et pour achever votre cerveau

déjà liquéfié, le film le plus dingo : « Executive Koala ». Un koala employé de bureau (son patron est un lapin) dont la petite amie humaine a été assassinée : il est le seul suspect… Trouvera-t-il le coupable ? [YG]


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Le festival des Visions du réel cinq continents  Nyon du 23 au 29 avril 2009

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Diverses salles du 22/04 au 10/05 2009

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n plus de ses soirées-débats mensuelles sur un thème donné, l'association « cultures&cinémas » organise « Le festival du cinéma des cinq continents » chaque printemps. L'association a pour but de faire découvrir « le cinéma » au public, c'est-à-dire tous les cinémas, qu'ils soient algériens, britanniques ou asiatiques, car l'art n'a pas de frontières. Cette année, la marraine du festival n'est autre que Ursula Meier, la réalisatrice d'un long métrage qui a déjà fait beaucoup parler de lui : « Home ». L'une des grandes exclusivités du festival est la projection du long métrage « Still Walking » (« Aruitemo aruitemo ») de Kore Eda Hirokazu, réalisateur de « Hana » ou « Nobody Knows ». C'est une avant-première suisse le vendredi 3 avril à Ferney au Ciné Voltaire puisqu'il ne sera projeté en salle qu'à partir du 22 avril. Kore Eda Hirokazu a réalisé son premier film « However » en 1991. C'est en 1995 avec « Maboroshi no hikari » connu sous le titre « Maborosi » qu'il gagnera ses premiers prix (neuf dont deux au festival de Venise). Il connaîtra un important succès et une reconnaissance internationale avec son film « Nobody Knows » (palme d'or à Cannes en 2004), racontant l'histoire d'une fille de douze ans qui s'occupe seule de ses demi-frères et sœurs après que leur mère commune les ait laissés, et sa tentative de garder un semblant d'harmonie dans cette famille reconstituée. Dans son nouveau film « Still Walking », le talentueux réalisateur va nous exposer, avec la poésie qui le caractérise, l'histoire de cette famille se retrouvant le temps d'un week-end autour de la commémoration de la mort d'un frère. Un film touchant sorti au mois de juin de l'année dernière au Japon. A voir absolument. Il y aura aussi, pour ceux qui souhaitent le (re)découvrir, la projection du dernier film de Wong Kar Waï « My Blueberry Night ».

Du côté occidental, on peut citer « La planète sauvage », « Hot Fuzz », « Touki Boukli », « Of Time and the City »... Une programmation très variée qui permettra à tout le monde de s’y retrouver. www.c-et-c.asso.cc-pays-de-gex.fr [LG]

ela fait maintenant quinze ans que le festival « Visions du réel » existe, grâce à la volonté de passionnés désireux de faire découvrir ce cinéma du réel. « Notre engagement c'est, à travers mille cinq cent films que nous recevons, de mettre en évidence les cent vingt films qui nous paraissent les plus passionnants pour le public », déclare Jean Perret, directeur du festival. Thématique du journal oblige, je vais vous parler des films asiatiques ou qui ont l'Asie pour sujet, en deux mots et cinq syllabes. Cependant, il faut savoir qu'il y aura aussi des séances spéciales sur « Les vingt ans de la chute du mur de Berlin » ou « Les quinze ans du festival » et aussi des expositions sur les travaux de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, ainsi que ceux de Serge Dvortsevoy et de nombreux autres documentaires. On peut dire que pour ses quinze ans, « Visions du réel » nous gâte. Commençons avec « Pediatric Department » de Wang Hao qui dépeint un service de pédiatrie chinois, et le courage de ces médecins tentant tant bien que mal d'aider leurs patients malgré des conditions de travail exécrables. Ensuite, mon petit coup de cœur viendra à « Mental » (« Seishin ») de Kazuhiro Soda, documentaire déjà primé au festival du film de Dubaï et au « Pusan Film festival International ». Il nous plonge dans l'univers d'une institution psychiatrique japonaise. Criant de vérité. Pour rappel, le précédent documentaire de Soda portait sur une campagne électorale japonaise. Il en est à son sixième documentaire. Le documentaire chinois « Survival Song » de Yu Guangyi nous entraîne dans la vie rurale chinoise à travers l'histoire d'une famille vivant dans la misère, alors que « Unforbidden City » de Floris-Jan van Luyn nous livre les derniers instants d'habitants avant la destruction de leurs quartiers défavorisés à Pékin. Un témoignage fort portant sur des gens pris entre le désir de modernité et la résignation. « Fading » de Ko-Shang Shen fait le bilan humain et matériel d'un des plus grands aéroports mili-

taires taïwanais. Pour les gamers, « Beyond the Game » du Néerlandais Jos De Putters raconte le duel virtuel d'un Chinois et d'un Néerlandais pour le titre de champion du monde sur Warcraft. Les derniers titres de la sélection sont « Baseball Boys » des Taïwanais Ko-Shang Shen et Ching Yao Lia et « Hard Godd Life2 » du Taïwanais Hui-Ju Hsu. Retrouvez l’interview intégrale de Jean Perret sur : www.daily-movies.ch [LG]


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asian made Hideo Nakata, un des nouveaux maîtres de l’horreur « made in Japan », est l’une des voix cinématographiques majeures dans le renouveau du fantastique au Japon. Avec des œuvres comme « Ring » et « Dark Water », le cinéaste a (re)donné une impulsion au genre qui se ressent encore aujourd’hui mondialement. Après « Kaidan », une histoire de fantômes traditionnelle, le cinéaste change de registre en mettant en scène un personnage du célèbre manga « Death Note ». Entre espionnage et action Hideo Nakata « L Change The World » marque certainement un nouveau départ pour Hideo Nakata ! Pour ce spécial cinéma d’Asie, Daily Movies lui donne la parole !

Made in Japan ! L change the world

- Comme beaucoup de réalisateurs japonais, vous avez commencé en travaillant sur des « pinku-eiga » et des « roman-porno ». Pouvezvous nous en parler et nous expliquer cette tendance ? Etait-ce dû à l’époque, ou aujourd’hui encore les jeunes réalisateurs passent par là ? - Dès 1985, j’ai commencé ma carrière en travaillant pour les studios de la Nikkatsu comme assistant réalisateur sur ces productions. J’ai participé à sept films de ce genre pendant cette période. Parmi ces films, certains ont eu beaucoup de succès et m’ont permis d’intégrer la Nikkatsu de manière permanente. Cependant, il faut faire attention de bien différencier les deux catégories que sont le « pinku-eiga » et le « roman-porno ». Les films dits « pinku-eiga » sont de petites productions vite mises en boîte plutôt indépendantes, quatre à cinq jours de tournage maximum, tandis que les « romanporno » (abréviation de romantic-porno, ndlr) sont des productions beaucoup plus élaborées, sophistiquées, avec des moyens plus importants. Dans les deux cas, cela reste des films érotiques (soft-porn, ndlr). Actuellement, ces productions n’existent quasiment plus, très peu de réalisateurs font leurs débuts dans ce genre comme à l’époque. - Avez-vous toujours été attiré par les histoires de fantômes et plus particulièrement par le genre fantastique ? - En fait, je suis arrivé un peu par hasard dans le genre horreur, fantastique. A mes débuts à la Nikkatsu en tant qu’assistant réalisateur, en plus des « pinku-eiga » et des « roman-porno », on m’a souvent confié du travail sur ce genre de productions pour la télévision : des courts métrages, des petits films, etc. Ceci jusqu'à « Ring ». Je me suis donc attaché de cette manière à ces genres qui sont très vastes en matière cinématographique. - Comment êtes-vous arrivé sur l’adaptation pour le cinéma du roman de Koji Suzuki, « Ring » ? - Pour « Ring », trois producteurs sont venus vers moi pour me proposer cette adaptation. Ils m’ont demandé expressément de m’atteler à ce projet. Je n’avais pas lu Koji Suzuki avant de me lancer dans la production de « Ring ». Depuis, je me suis bien rattrapé ! - Avec « Dark Water », vous adaptez encore Koji Suzuki, mais cette fois-ci l’histoire est beaucoup plus ancrée dans la réalité. Etait-ce un besoin de votre part, ce mélange de drame social et de fantastique, ou le thème était déjà présent dans la nouvelle ? - Ce mélange est venu assez naturellement. L’histoire originale de Koji Suzuki est très courte et elle

présentait effectivement déjà cet état d’esprit, en tout cas, moi je l’ai ressenti ainsi. Bien entendu « Ring » n’est pas du tout réaliste, une vidéo qui tue des gens (rires). Pour « Dark Water », déjà le contexte dans lequel se déroule l’histoire est très réel. Cela se passe dans un appartement où il y a une malédiction, on ne connaît pas les voisins, de l’eau coule du plafond. Tout ça est très ancré dans la réalité, cela parle aux gens qui, pour la plupart, vivent en appartements, tout en ouvrant des perspectives mystérieuses, irréelles. Cependant ce qui m’a beaucoup plu dans cette adaptation, c’est justement ce côté social, mettant en scène deux générations de femmes qui sont passées par le divorce, la séparation, les entraînant vers un côté sombre faisant intervenir le fantastique. - Pourquoi avoir accepté de tourner le remake de « Ring 2 » aux Etats-Unis après que le premier remake a été réalisé par un cinéaste américain ? - Le « Ring 2 » que j’ai tourné aux USA n’est pas un remake, c’est une histoire différente ! A cette époque, j’étais aux Etats-Unis pour préparer un autre film que je devais faire là-bas. Comme ce projet a été annulé, j’avais six mois de libre devant moi. Au même moment, le studio Dreamwork était en post-production pour « Ring 2 » dont le réalisateur initialement prévu s’est désisté. D’un commun accord avec le studio, j’ai repris ce poste. - Comment s’est déroulé le tournage à Hollywood ? Est-ce très différent du Japon ? - Hollywood est une très grande machine, entièrement dirigée par les grands studios. Là-bas, le réalisateur est un employé des « majors », le studio est tout puissant. Pour faire une comparaison : travailler sur une grosse production hollywoodienne comme « Ring 2 » c’est comme recevoir une nouvelle voiture avec constamment quelqu’un derrière vous pour vous expliquer comment la conduire, sans pouvoir expérimenter. Au Japon,

le réalisateur peut beaucoup plus prendre de décisions, il est véritablement un cinéaste maître de son œuvre. - Votre dernier film est une nouvelle adaptation du célèbre manga « Death Note » : « L Change The World ». C’est un peu une surprise de vous retrouver aux commandes de ce troisième volet. Pouvez-vous nous expliquer comment vous êtes arrivé sur ce film et ce qui vous a attiré dans ce projet ? - Le producteur de « Death Note » m’a demandé personnellement de participer à ce troisième volet, qui n’est pas vraiment une adaptation officielle de la série, mais plutôt une histoire indépendante mettant en scène un des personnages du manga « L ». Je fais bien sûr partie de la génération qui lit beaucoup de manga et j’apprécie particulièrement « Death Note », bien que l’histoire soit très semblable L change the world simple, à un jeu vidéo : on écrit un nom dans un livre, quelqu’un meurt… « L Change The World » reprend le personnage de L que j’ai développé pour en faire autre chose. C’est justement cette liberté qui m’a attiré dans ce projet. - Actuellement, vous êtes considéré comme l’un des nouveaux maîtres de l’horreur japonais. Comment prenez-vous ce compliment ? - Ce statut est bien entendu très flatteur pour moi, cependant comme je l’ai dit, je suis arrivé dans le genre par hasard, alors bien que je sois très content quand mes films font frissonner les spectateurs, j’aimerais également qu’ils les fassent réfléchir. Je ne veux pas être cantonné uniquement dans une catégorie, à l’avenir je veux explorer d’autres facettes du cinéma, d’autres genres. [JYC]

Hideo Nakata entouré des ses intervieweurs

Propos recueillis et retranscrits avec la participation de Wolverine du site www.cinealliance.fr, et traduits par Lucas Arpin. Merci à Luana Di Trapani


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A Bittersweet Life

Kaidan

A une époque, le polar français de qualité a marqué le paysage cinématographique mondial ! Des noms célèbres comme Jean-Pierre Melville, Henri Verneuil derrière la caméra et Alain Delon ou JeanPaul Belmondo devant, ont laissé des œuvres fortes qui, encore aujourd’hui, ne cessent d’influencer les cinéastes des quatre coins de la planète. Après Hong Kong – John Woo n’a jamais caché son admiration pour Melville, tout comme Johnnie To d’ailleurs – la Corée, nouvel « Eldorado » du film de genre, puise dans le répertoire noir hexagonal avec une originalité déconcertante. « A Bittersweet Life », du talentueux Kim Jee-Woon (« Deux sœurs »), suit les déboires d’un personnage de gangster fortement inspiré par le Alain Delon des films de Melville. Sun-Woo, porte-flingue d’un truand local, se voit confier par son boss la

En 1998, Hideo Nakata redonnait ses lettres de noblesses à un genre très important au Japon : le film de fantômes (yurei-eiga) ! « Ring » influencera durablement le film d’horreur mondial, dont les retombées sont encore nettement mesurables aujourd’hui ! Avec « Kaidan », le cinéaste retourne aux sources du genre en livrant un film très classique utilisant une narration essentiellement théâtrale dans la plus pure tradition du « Kabuki » (théâtre traditionnel japonais). Ce nouveau film de fantôme marque clairement la fin d’un cycle pour Hideo Nakata, lui permettant tout d’abord d’évoquer ses influences et ensuite de revenir aux fondements du « yurei-eiga », avant de partir explorer d’autres voies cinématographiques. Au XIXème siècle, Shinkichi, jeune marchand de tabac, tombe amoureux d’Oshiga, une professeur de chant plus âgée que lui, sans savoir

■ De Kim Jee-Woon, avec Lee Byung-Hun, Kim Young-Chul ■ Studio Canal / Disques Office mission de surveiller sa maîtresse qu’il soupçonne de voir un homme plus jeune et, le cas échéant, de les éliminer. Au fur et à mesure de la filature, Sun-Woo tombe sous le charme de la jeunesse insouciante de Hee-Su. A tel point qu’il épargnera les deux amants. Dès lors, il sera déchu aux yeux de son boss. Torturé, afin d’obtenir ses excuses, Sun-Woo arrive néanmoins à échapper à ses anciens collègues. Commence alors la vengeance d’un homme qui n’a plus rien à perdre… Le pays du matin calme nous a habitués depuis quelques années maintenant à des chocs cinématographiques (« Old Boy », « Memories of Murder », « The Host »). Sans être un chef d’œuvre ultime, « A Bittersweet Life » montre l’évolution d’un cinéaste tout en étant immédiatement jouissif ! [JYC]

Notre avis 7/10

■ De Hideo Nakata, Avec Hitomi Kuroki, Kikunosuke Onoe V ■ HK / Media Diffusion qu’une malédiction pèse sur leurs deux familles. Très vite, la romance se transformera en véritable tourment jusqu'à la mort d’Oshiga. Cependant pour Shinkichi le cauchemar est loin d’être terminé… Profitant d’une commande du producteur Takashige Ichise, pour une anthologie destinée au grand écran intitulée « Jap’Horror », Hideo Nakata réalise ce conte d’époque en hommage à ses pairs (Kobayashi Masaki, Nobuo Nakagawa, etc.). Avec un talent rare, le cinéaste signe un métrage envoûtant à la mise en scène rigoureuse dans une succession de plans magnifiques dont les images évocatrices constituent de splendides toiles cinématographiques qui resteront longuement gravées dans votre subconscient. Brillant ! [JYC]

Notre avis 9/10

L’idiot

■ De Akira Kurosawa, Avec Masayuki Mori, Toshiro Mifune, Setsuko Hara ■ Trigon-film Bien avant d’adapter Shakespeare avec « Ran », « l’Empereur » Kurosawa avait le goût des adaptations périlleuses. En adaptant en 1951 les mille et quelques pages (!) de « l’Idiot » de Dostoïevski, il se lançait le défi de rendre justice à la complexité des intrigues et des sentiments qui emplissent le récit, ainsi qu’à cette ambiance si propre à la littérature classique russe. L’histoire fort touffue, tellement qu’initialement l’Empereur fournit une copie de 265 minutes que le studio fit réduire à 166 minutes, a pour centre un double triangle amoureux formé de Kameda, l’idiot du titre, la sulfureuse Taeko, l’enragé Akama et la fière et capricieuse Ayako. Kameda rentre de la guerre marqué par une légère maladie mentale qui l’a rendu naïf et candide, il va être hébergé chez les Ono, de lointains parents. Sur le ferry, il rencontre Akama, qui l’apprécie immédiatement pour sa douceur. Celui-ci rentre pour

retrouver Taeko, la maîtresse d’un notable qu’il aime. Lorsqu’il montre sa photo à Kameda, il en tombe de suite amoureux, lisant dans le regard de Taeko son malheur de femme entretenue. Mais l’idiot va aussi toucher le cœur de la jeune Ayako. L’irruption de cet homme profondément bon dans les calculs sordides de ses contemporains va faire exploser les rancœurs. Taeko va d’abord refuser les avances d’Akama, préférant Kameda, le seul homme à avoir vu son âme, mais persuadée de porter le malheur elle revient vers lui. De l’autre côté, Ayako, que Kameda avoue pourtant aimer, jalouse les liens de Kameda avec la concubine. L’issue de cet imbroglio de violentes passions sera dramatique…

Seiyuu, la voie/x de l’anime

Lorsqu’un manga est adapté en anime, c’est tout l’univers et les personnages papier qui prennent des couleurs, bougent mais surtout parlent… Ceux qui prêtent leur voix et font ainsi vivre un personnage sont appelés Seiyuu. Mais leur métier ne saurait se réduire à simplement interpréter des rôles dans des séries animées. En effet, déjà vers 1925, avec le début des pièces radiophoniques, on parlait de Seiyuu même si le terme n’était pas encore aussi utilisé qu’il l’est actuellement. Avec l’avènement de la télévision, les Seiyuu gagnèrent en importance, dès les années 1960. Profitant du fait que les acteurs de cinéma et de télévision ne pouvaient pas doubler de films étrangers, les Seiyuu furent de plus en plus demandés. L’âge d’or se poursuivit dans les années 70, jusqu’à la première moitié des années 80. Plusieurs Seiyuu se lancèrent dans la musique et des magazines leur consacrèrent

des rubriques spéciales dans leurs pages. Les Seiyuu étaient devenus des « idoles ». Dans les années 90, des magazines spécialisés apparurent (Voice Animage, p.ex.) et organisèrent des prix récompensant les meilleurs doubleurs. Les interventions des Seiyuu se diversifièrent, intervenant par exemple dans les jeux télévisés, les jeux vidéo, etc. Dans la seconde moitié des années 90, avec le boom dans l’animation et grâce à Internet, les Seiyuu gagnèrent encore des fans, la présence d’un doubleur particulier dans un anime

étant souvent synonyme de succès pour la série. Et quand l’on sait que le Japon produit environ 60 % des séries animées dans le monde, on se dit que le métier de doubleur a de beaux jours devant lui ! [PH]

Remplaçant la Russie par l’île septentrionale d’Hokkaïdo et son redoutable hiver qui imprègne chaque plan, Kurosawa se concentre sur ses acteurs et leur regards, met-

tant en scène les affrontements comme du théâtre filmé. On peut lui reprocher ce côté statique et des paresses pour les enchaînements (le recours à quelques reprises aux tableaux de textes entre les scènes pour expliciter les enjeux n’est pas très fin), mais tout est sauvé par les compositions remarquables de Masayuki Mori, touchant et superbement fragile dans le rôle de l’idiot, et de Toshiro Mifune, acteur fétiche de Kurosawa, habité par la furie bestiale de son personnage (quels regards !). Les femmes ne sont pas en reste avec une Setsuko Hara rendant bien la dualité de Taeko, femme à la fois dure et fragile, revenue de tout. Pas le plus abordable ni le meilleur des Kurosawa, mais il mérite un effort rien que pour le casting. [YG]

Notre avis 7/10

L’évolution du dessin animé japonais à la TV française L'aventure télévisée de l'animation japonaise en France commence avec « Le roi Léo » diffusé sur l'ORTF en 1972. C'est « Goldorak », distribué par Jacques Canestier via sa société Pictural Film et diffusé en juillet 1978 comme programme « bouchetrou », qui inaugurera le tsunami. La concurrence de l'époque étant quasi inexistante, la demande devint de plus en plus forte. La société Institut de Droits et Divers Holdings, dont le président est Bruno Huchez (sous le pseudonyme d'Huber Chonzu), va combler les attentes en achetant à bas prix des séries pouvant rapporter beaucoup. Une déferlante de dessins animés japonais arrive sur le Paysage Audiovisuel Français pour le meilleur et pour le pire. C'est l'incohérence de la programmation de l'émission du Club Dorothée (des séries animées non adaptées au public cible de l'émission) qui va déclencher les foudres du Comité de Censure Audiovisuel. Censures, doublages irrespectueux, quotas, tout y passe pour faire plier l'anime japonais aux « normes de la bienséance ». Heureusement le marché de la vidéo sera là pour proposer des séries inédites et de qualité. Cependant celui-ci va saturer

en 1997 devant la prolifération du nombre de titres édités. AB va créer sa propre chaîne pour écouler tous les dessins animés peu diffusés. T.F.1. n’apprécie pas et le Club Dorothée est annulé en 1997. De son côté, Canal Plus continuera toujours à proposer des séries de qualité. Les rares incursions des anime japonais sur les chaînes publiques se bornent à ceux de la première vague avec des émissions comme « KaZ'maga » sur France 2 ou « Génération Albator » en 2005 sur la nouvelle cinquième à midi. Dorénavant, la hache de guerre est enterrée. Les animés reviennent progressivement par la petite porte et cette fois leurs horaires sont adaptés en fonction du contenu. [LG]


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Antarctic Journal ■ D’Im Pil-Seong, avec Song Kang-Ho, Yu Ji-Tae ■ Disques Office

Ghost in the Shell : Mobile Suit Gundam Stand Alone W, intégrale Complex – Les films collector

Eyeshield 21, box 1 ■ Production I.G ■ Kaze

■ Production I.G ■ Beez

■ Sunrise ■ Beez

Un groupe de scientifiques coréens part en expédition sur l’Antarctique. En chemin, ils découvrent un journal enfoui dans la neige ayant appartenu à une expédition britannique, quatre-vingt ans plus tôt. Le manuscrit révèle le sort funeste de ses membres. Bientôt, les six hommes sont confrontés à des événements étranges et similaires à ceux décrits dans le journal, instaurant un climat hostile parmi eux. Hallucination ou cauchemar ? Le périple se transforme petit à petit en un voyage sans retour… La vitalité du cinéma coréen n’est plus à prouver ! « Antarctic Journal » vient une nouvelle fois nous le rappeler brillamment. Démarquage subtile de « The Thing » de Carpenter, le métrage d’Im Pil-Seong plonge le spectateur dans un cauchemar éveillé contrastant avec les magnifiques paysages immaculés de l’Antarctique. [JYC]

Sena Kobayakawa vient d’entrer au lycée Deimon. Garçon timoré, un peu peureux et surprotégé par son amie d’enfance, Sena a développé une vitesse incroyable à force de faire le larbin. Son potentiel est vite repéré par le terrible et génial Hiruma, capitaine de l’équipe de football américain du lycée. Cachant son identité sous le surnom d’« Eyeshield 21 », Sena découvre un nouvel univers. Ceux qui connaissent déjà le manga, publié chez Glénat, savent qu’Eyeshield 21 est un shonen hilarant, bourré d’action et de suspense, avec des personnages tous plus excellents les uns que les autres. Avec l’adaptation animée, l’univers du manga (pas besoin d’être fan de foot américain pour l’apprécier !) gagne des couleurs, du mouvement et des voix. Même si l’on pouvait s’attendre à mieux de la part de Production I.G, il devrait plaire à un large public. Touchdown ! [PH]

Notre avis 7/10

Notre avis 7/10

Notre avis 8/10

Notre avis 7/10

Le sorgho rouge

Les Gosses de Tokyo

Réincarnation

Shining Tears X Wind

■ De Zhang Yimou, Avec Gong Li, JiangWen, Teng Rujun ■ Willy Lugeon

■ De Yasujiro Ozu, Avec Tasuo Saito et Tomio Aoki ■ Trigon-film

Outre les deux films réalisés par Mamoru Oshii en 1995 et en 2004, Ghost in the Shell a également été adapté en série animée. Deux saisons ont été réalisées, ainsi qu’un OAV (« Ghost in the Shell : S.A.C. Solid State Society »). Les histoires de fond des deux saisons (le Rieur et les Onze Individuels) ont été condensées en deux long-métrages sous la direction de Kenji Kamiyama (en charge de la série). Ajoutez à cela le Solid State Society et vous obtenez une trilogie cyber-punk qui ne vous décevra pas. Réunis en un seul coffret, ces trois films permettent aux fans de la Section 9 de retrouver leurs héros dans des histoires fouillées et complexes, servies par une animation techniquement excellente. Les musiques de Yoko Kanno épousent magnifiquement le rythme de l’action/réflexion de la série. A voir !! [PH]

■ De Takashi Shimizu, Avec Yûka, Kippei Shiina ■ HK/Media Diffusion

Pour montrer leur désapprobation envers l’Alliance terrienne, les Colonies envoient secrètement cinq Gundam sur terre afin de détruire les installations d’OZ et de contrecarrer ses plans. Mais les cinq jeunes pilotes choisis pour cette mission tombent dans un piège et aident involontairement OZ à prendre le pouvoir. En première ligne, ils découvrent alors toute l’absurdité de la guerre… Cette série n’est pas vraiment une nouveauté mais elle vaut la peine de s’y arrêter ! Depuis des années, les différents volets de Gundam font partie des incontournables de la japanimation. Ce « Gundam W », sorti en 1995, ne fait pas exception à la règle. Grâce à une version entièrement remastérisée et de nouveaux doublages, il retrouve une seconde jeunesse bienvenue. Fans de mecha et d’anime, ne manquez surtout pas l’occasion de (re)découvrir cette série. [PH]

■ Studio Deen ■ Kaze

Dans la campagne chinoise, lorsque, peu après les noces, son mari lépreux est tué, la jeune Jiu Er hérite la distillerie de sorgho qu’il dirigeait. Elle parvient à asseoir son autorité sur les hommes de l’exploitation et, à l’arrivée des envahisseurs japonais, elle ne compte pas se laisser faire. Pour son premier long-métrage, Zhang Yimou (« Epouses et concubines ») raconte la Chine traditionnelle des années 30 et compose autour de la couleur rouge : le sorgho, l’alcool, le sang, les terres, les corps des hommes brûlés par le soleil, mais aussi la haine, la passion et le chagrin. La rareté des dialogues peut déconcerter, mais l’essentiel est transmis par les plans magnifiques et les nombreuses chansons. Un film à découvrir pour se plonger dans l’histoire et les coutumes de la Chine. [MB]

Un beau retour en arrière avec ce film muet en noir et blanc qui, avec le temps, est devenu l’œuvre de jeunesse du cinéma japonais. Une histoire très touchante de deux enfants de huit et dix ans débarquant avec leurs parents dans la banlieue de Tokyo. Devenant les souffres-douleurs d’un groupe de jeunes, ils vont découvrir les joies de l’école buissonnière. Réprimandés par leur père, les enfants apprendront qu’il est un simple employé obligé de se soumettre à l’autorité de son patron. Le scénario moralisateur montre comment un père éduque ses enfants afin qu’ils deviennent des gens respectables et respectés, alors que lui-même n’arrivent pas à se faire respecter par ses supérieurs. Grimaces, bagarres, gags, toutes les spécificités des films muets de l’époque sont-là… Un vrai délice ! [CM]

Depuis une décennie, le cinéma horrifique d'Asie s'est imposé sur nos écrans, pour le meilleur et pour le pire... C'est justement le cas de « Réincarnation », qui inaugure la collection J-Horror de HK Video. Si la présence de Shimizu derrière la caméra présageait un film honorable (« The Grudge », versions japonaise et américaine), cela ne s'avère pas le cas. Le long-métrage se fourvoie dans les clichés les plus honteux que ce genre de films peut véhiculer, et s'enchaîne sans une once de logique, en alignant des scènes dépourvues de la moindre ambiance. Celles-ci sont noyées dans les influences dont elles abusent, ce qui crée un amalgame de situations abracadabrantes plus ennuyeuses que risibles. Et ce n'est même pas la mystérieuse participation du génial Kenji Kawai à la musique qui sauvera cet échec total. [LV]

Si les adaptations de jeux vidéo en anime/manga sont légions et que les deux univers sont de plus en plus liés (voir par exemple l’univers de « .hack// »), la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. Avec Hiroshi Watanabe aux commandes (notamment réalisateur de « Jing » ou « Star Ocean »), on pouvait s’attendre à un certain niveau. Malheureusement, il n’en est rien. Si l’animation et le chara design des personnages principaux se révèlent plutôt bons, certains monstres paraissent d’un autre temps et certains plans laissent songeurs. L’histoire est assez classique : de jeunes lycéens se retrouvent dans un monde heroic fantasy, les garçons pouvant maîtriser des armes (les armes de cœur, matérialisant en épée le cœur des jeunes filles), et luttant pour la paix. En bref, un scénario mille fois vu. De « Shining Tears X Wind », je ne retiendrais pas grand-chose… [JR]

Notre avis 7/10

Notre avis 7/10

Notre avis 1/10

Notre avis 4/10

« Eyeshield 21 » (Anime)

« La momie 3 » (DVD)

A gagner ce mois « Category 3 – Le livre » « L'idiot de Akira (Livre) Kurosawa » (DVD)

« Kaidan » (DVD)

« Hellboy 2 » (DVD)

« One Piece 4 » (DVD)

Concours réservé aux abonnés. Pour participer, envoyez un mail à concours@daily-movies.ch

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One Piece : Une série phénomène qui dure !

Coffret Histoires de fantômes chinois ■ De Ching Siu-Tung Avec Leslie Chung, Joey Wong ■ HK Vidéo

Le premier « Histoires de fantômes chinois » (1987) reste un film particulier dans nombre de mémoires de cinéphiles. En effet, le film de Ching SiuTung produit par Tsui Hark fait partie de ces métrages mythiques qui firent découvrir le cinéma de Hong Kong aux spectateurs européens. Le luxueux coffret édité dernièrement par HK Vidéo nous permet de revoir aujourd’hui les trois films dans des conditions remarquables tout en mesurant leurs importances ainsi que leurs qualités. Un savant mélange de genres – histoires traditionnelles chinoises, Wu Xia Pian (film de sabre chinois), fantastique – alliés à une mise en scène virtuose, visuellement époustouflante, « Histoires de fantômes chinois » apporta à l’époque une énorme bouffée d’air frais dans le paysage cinématographique ankylosé de la fin des années 80, tout en ouvrant des perspectives visuelles nouvelles pour toute une génération de spectateurs. Dans la Chine antique, Ning, un collecteur d’impôts un peu timide, s’arrête pour la nuit dans un ancien temple. Là, il rencontre une très belle jeune femme dont il tombe éperdument amoureux. Hsiao-Tsing est en fait un fantôme,

« One Piece » est un véritable phénomène au Japon. Nous en avions déjà parlé dans les deux premiers numéros de Daily Movies mais un tel anime mérite son petit encart. A l'origine de l'anime, un shonen (manga/anime dont la cible est le public adolescent masculin) créé par le mangaka Echiro Oda. Un jeune garçon du nom de Monkey D. Luffy ayant, suite à l'ingestion d'un « fruit du démon », un corps élastique, souhaite devenir le seigneur des pirates en trouvant le légendaire trésor laissé par le défunt seigneur des pirates Gold. D. Roger. Au cours de son périple qui n'est pas

obligée d’attirer les voyageurs perdus pour les livrer à son maître, L’Arbre Démon. Toutefois, HsiaoTsing s’éprend elle aussi du jeune homme… Dans un « packaging » de toute beauté, contenant les trois films remastérisés, une version longue du troisième opus et une somme considérable de bonus très intéressants, ce coffret est un « must have » pour tous les amateurs de cinéma asiatique. [JYC]

Notre avis 9/10

la série ne s'essouffle jamais et le potentiel scénaristique est encore énorme. Cette série fonctionne davantage sur l'affectif que le spectateur porte aux personnages que sur la véritable finalité du voyage de Luffy. Le style graphique de Oda a ce côté très « lounge » qui peut rebuter les téléspectateurs au début, mais c'est aussi ce qui en fait son charme. Une mention particulière pour la réalisation, qui au cours d'un épisode propose une quantité incroyable de plans de caméra différents. Neuf films dont les deux derniers résument des parties de la série avec plus ou moins de bonheur, deux oavs et de nombreux « spécials » ont achevé d'élever la série au panthéon des animé à succès.

encore achevé à l'heure actuelle, il va recruter un équipage hétéroclite et attachant. Ici, pas de sidekicks qui ne servent que de faire-valoir aux héros et pas d'héroïnes gourdes. Il n'y a pas non plus de « beau héros ténébreux ». Au bout de déjà quatre cent épisodes,

[LG]

La Trilogie de la jeunesse :

Une ville d’amour et d’espoir, Contes cruels de la jeunesse et L’enterrement du soleil. ■ De Nagisa Oshima, ■ Carlotta Films/3-6-9 Club Cinéaste scandaleux s’il en est, Oshima restera à jamais identifié à « L’empire des sens ». Grâce à ce coffret sorti chez Carlotta, certains découvriront trois films qui n’ont rien à envier à la nouvelle vague française. C’est au sein de la très réputée maison de production Shôchiku qu’Oshima va les réaliser. Prisonnier d’un système qui a produit les films assez classiques de Kurosawa, Ozu ou Mizoguchi, Oshima allait-il réussir à se démarquer ? Absolument ! Son cinéma de l’époque est tout à fait en phase avec la Nouvelle Vague française. « Une ville d’amour et d’espoir », « Contes cruels de la jeunesse » et « L’enterrement du soleil » montreraient même plus son génie que ses grands succès. Oshima filme les émotions et les sujets sont aussi une déclaration d’indépendance : des filles attirées par des voyous, des garçons qui essaient de survivre dans des bidonvilles, des mères pauvres, loin des préoccupations bourgeoises d’un certain cinéma nippon. « Une ville d’amour et d’espoir » débute de façon très poétique. Un jeune homme vend des pigeons à une jeune étudiante riche, sachant très bien que rapidement ils reviennent chez lui. L’étudiante

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découvre que celui-ci est loin d’être un escroc et fait ce commerce afin d’entretenir sa sœur handicapée et sa vieille mère, mais aussi pour payer des études que son statut ne lui permet pas. Une idylle se noue entre les deux, mais le résultat sera loin du happy ending classique. Critique social, Oshima observe, comme si le film se déroulait tout seul et qu’il n’était que témoin. « Contes cruels de la jeunesse » porte bien son titre. Un garçon, Kiyoshi, sauve une fille, Makoto, de viol. Alors que nous observons confortablement un preux chevalier au secours de sa princesse, celui-ci se transforme rapidement en monstre. Une relation malsaine s’installe entre les deux mélangeant violence, sexe et trahison. Une passion qui vire au nihilisme : Oshima est décidément pessimiste.

RECEVEZ

« L’enterrement du Soleil » nage entre « Rebel Without A Cause » et « A bout de souffle ». Nous suivons ici un gang de rue mené par un jeune caïd, animé par la rage, le désir et le désespoir. Notre héros est sombre et ses possibilités d’absolution plutôt réduites. De tristes tableaux néanmoins éblouissants, portés par une brochette d’acteurs de premier plan, jeunes et d’une remarquable sensibilité. Les bonus sont de grand calibre et il serait presque utile aux néophytes de commencer par ceux-ci. La mise en contexte de ces trois perles est essentielle à leur bonne compréhension.

[SM]

Notre avis 8/10

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il faut l’avoir vu ! « Ebola Syndrome »

R

éalisé par Herman Yau, ce film est une revisite tardive d’un premier jalon transgressif de 1993 intitulé « The Untold Story », qui raconte l’histoire d’un restaurateur psychopathe furieusement épris de fornication et de violence envers toutes les personnes qui l’entourent, allant même jusqu’à les découper en morceaux pour en faire des beignets à la viande qu’il sert ensuite en toute impunité. Le concept tiré d’un fait divers réel des plus sordides y était poussé jusqu’au fond le plus obscur de l’immoralité perverse, captant principalement l’attention par la performance ahurissante du rôle principal, l’inévitable Anthony

…ET LU !

Wong. Faciès crevassé, regard ahuri et détachement olympien lui permettaient d’offrir une ambiance de l’extrême tout à fait particulière et à réserver à un public très averti, à prendre au minimum au troisième degré sous peine de fuir ou de s’offusquer au bout de dix secondes. Sous ses airs de vaste blague sans limite de mauvais goût, le film poussait même le vice jusqu’au massacre le plus ignoble qu’il ait été donné de voir au cinéma.

L’archétype du film de Catégorie III Fort de ce premier sommet de décadence, Herman Yau devenu réalisateur locomotive de la Catégorie III, et Anthony Wong, maintenant star multi-facettes, se retrouvent en 1996 pour une revisite en roue libre encore plus extrême. Le restaurant se situe maintenant en Afrique du Sud, où Anthony Wong se masturbe, tue, découpe, viole et vend humains et quartiers de viande alors qu’il est recherché pour un premier triple meurtre commis dès la scène d’introduction. Herman Yau y ajoute une indigène mourante atteinte du virus Ebola que notre cuisinier à la masse va de ce pas violer avec la plus grande insouciance. Il devient très vite porteur sain du dit virus et s’en va joyeusement le propager jusqu’à Hong Kong allant même

jusqu’à cracher sur les passants pour nous offrir toujours plus d’épileptiques se tortillant frénétiquement à terre en évacuant un liquide infecte. Il est bon de rappeler que la violence d’un film HK tel qu’ « Ebola Syndrome » est née d’une culture cinématographique bien différente de celle beaucoup plus familière, gore et spectaculaire d’un « Braindead », en dépit du fait que la seule version existante du métrage soit elle-même censurée ! Même si les deux films sont fondateurs dans la même catégorie de l’horreur extrême et utilisent régulièrement l’humour, l’exagération et la dérision pour dédramatiser le massacre,

« Ebola Syndrome » ne cherche pas la démonstration de gore à tout prix mais plutôt la démonstration de mauvais goût à tout prix, ce qui le rend beaucoup plus malsain. La seule scène vraiment gore est une autopsie lors de laquelle un médecin extirpe des bouts de viscères liquéfiés par le virus Ebola. Le reste, constitué d’épileptiques contaminés à terre, de viols barbares, de meurtres d’une violence inouïe et d’autres joyeusetés urinaires et masturbatoires, demeure assez volontairement hors champ lors des plans les plus gore, ce qui permet à Herman Yau d’appuyer lourdement sur les idées les plus retorses et l’humour local typiquement d’époque, des plus scabreux et raciste.

Un film difficile Comme dans la plupart des films de catégorie III malheureusement, la stupidité de l’ensemble et la mise en scène vite emballée en rebuteront plus d’un. Le talent artisanal d’Herman Yau et la performance d’un Anthony Wong complètement allumé ne peuvent que couvrir un scénario d’une bêtise effroyable qui s’enfonce dans le mauvais goût le plus total sans prendre le moindre soin pour ménager le spectateur. « Ebola Syndrome » est à prendre comme une farce grandiloquente qui se moque de tout. La dernière réplique de l’introduction dit à ce propos : « Je les tue, et alors ? Où est le mal ? » Tout le monde est de toute façon pourri et indigne de vivre dans le film et Anthony Wong incarne cette pourriture de tout son corps. S'il s'agit de conseiller un film révélateur de la folie au cinéma, « Ebola Syndrome » s’impose comme l’un des piliers du jusqu’au boutisme hongkongais, qui se paie même le luxe de faire rire en plus de donner la nausée, ce qui le porte dans une catégorie bien différente des films type « Camp 731 » ou même « Salo ou les 120 journées de Sodome ». [YL]

« Category III : Sexe, sang et politique à Hong Kong » ■ Julien Sévéon / Baazar & Co

Il est impossible de parler de cinéma asiatique sans mentionner un genre complètement fou qui naquit dans l’ancienne colonie britannique à la fin des années 80 : la Category 3 ou Cat III. Mouvement

cinématographique de toutes les outrances, ce genre vit le jour avec l’introduction d’une nouvelle classification des films sur l’archipel. En effet, avant 1988 la censure locale était quasiment inexistante, tout du moins pour l’accès aux salles. Dès 1988, trois catégories sont instaurées pour gérer le flux de productions de tous genres : Category I – Tout public, Category II – Non destinée à un jeune public et Category III – Interdit aux moins de dix-huit ans. Commence alors une surenchère de sexe, de sang et de violence sur celluloïd jamais vue ailleurs qui durera jusqu'à la rétrocession de l’île à la Chine, en 1997. Les cinéastes locaux transformeront

cette classification en laboratoire sauvage où tous les maux de cette société en plein changement sont passés au rouleau compresseur. Un voyage sans retour… Julien Sévéon, journaliste spécialisé dans les cinématographies extrêmes (« Le cinéma enragé au Japon »), collaborant à plusieurs magazines français (Mad Movies) et internationaux, a réalisé un véritable tour de force en produisant ce livre présenté en grand format et papier glacé. Trois cent trente-six pages à l’iconographie dense, agrémentées d’interviews inédites des principaux artisans de ce mouvement. Tous les sous-genres de la Category 3 y sont traités, analysés, répertoriés, un véritable travail d’orfèvre pour la plus grande joie des amateurs d’un cinéma en marge. Un ouvrage de référence doublé d’un très bel objet. Instantanément indispensable !

[JYC]


CHRONIQUES B.O. Ashes of Time («Dung Che Sai Duk»)

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The Best of « Lone Wolf and Cub »

Bleach, TV Animation O.S.T. 1

surprendre les habitués des derniers films de Wong Kar Waï. Le réalisateur chinois nous livre ici un Wu Xia Pian (film de sabres) de toute beauté. La musique s'accorde avec les duels de sabre dans une osmose symphonique quasi-parfaite. Le thème est décliné plusieurs fois, comme dans beaucoup de soundtracks, mais son utilisation n'est pas du tout redondante. Le film n'étant pas une production hollywoodienne à gros budget, l'utilisation du synthétiseur est de rigueur. Heureusement, le mélange synthé-instruments à cordes ou à vent avec les percussions ne détonne pas. A noter en particulier la piste « Réminiscence » dont la composition de percussions gratifiées de voix, en plus d'être magnifique, est un hommage déguisé au compositeur Ennio Morricone pour sa musique sur la célèbre trilogie du dollar. Une musique de film qui s'écoute avec un grand plaisir même si vous n'avez pas vu le film. [LG]

■ En 1972 au Japon, la saga « Baby Cart » produisit le même effet au « chambara » (film de sabre japonais) que les « westerns spaghetti » italiens aux westerns classiques. Plus violents (beaucoup de sang), plus irrévérencieux (une figure du samouraï crépusculaire), les six films de la série, réalisés entre 72 et 74, redonnèrent un deuxième souffle à ce genre par des thèmes plus sombres. Il est très intéressant aujourd’hui de se plonger dans l’évolution de la musique d’une telle saga, rendu possible par cette excellente compilation. La partition peut paraître quelque peu déconcertante au début, pourtant une écoute plus pointue révèle une richesse instrumentale tout à fait intéressante. Peu démonstrative dans un premier temps, utilisant beaucoup de motifs musicaux japonais traditionnels sans réelle mélodie, dépeignant la brutalité des combats par des sons brefs, la musique évolue tout au long des épisodes pour devenir beaucoup plus moderne sur la fin pour ne pas dire « funky », avec même un clin d’œil à… James Bond ! Une belle découverte ! [JYC]

■ « Bleach » fait partie des gros mangas qui marchent du feu de Dieu et l’anime n’échappe pas à la règle. Dans cette première compilation exhaustive de la musique de la série télé, on retrouve l’inoxydable Shiro Sagisu aux commandes : ce nom ne vous dit peut-être rien, mais quand je vous dirai qu’il a travaillé sur « Jeanne et Serge », « Max et compagnie » ou « Neon Genesis Evangelion », vous verrez vite que c’est pas un débutant (trente ans de carrière). Cette expérience est à la fois une qualité et un défaut dans cette B.O. qui alterne rock, électro, morceaux d’ambiance et chansons marquantes, titres d’action et mélancoliques, avec parfois un son ringard à la « Bontempi ». C’est bien fait mais pas très original, même si des titres sortent du lot : la merveilleusement triste « never meant to belong », la classe « storm center », la guitare sèche de « going home » ou la jumpy « Thank You !! », en version TV raccourci malheureusement. Le fan se jettera dessus avec raison, les autres pourront se laisser tenter. [YG]

Notre avis 7/10

Notre avis 8/10

Notre avis 6/10

Death Note, Anime O.S.T. #01

Musashi

■ Hideki Taniuchi et Yoshihisa Hirano ■ Wasabi Records / Kaze

■ Encore une B.O. de la (bonne) version animée d’un (excellent) manga, méga hit international. Une vraie bonne surprise que ce CD bicéphale, qui propose dix-huit premières pistes composées par Hideki Taniuchi dans un registre rock à la Placebo et les douze dernières de Yoshihisa Hirano, une musique classique grandiloquente convenant parfaitement aux thématiques profondes développées dans « Death Note ». On sent d’ailleurs Hirano grandement influencé par le « Carmina Burana » de Carl Orff avec son orchestration symphonique associée à des chœurs pompeux, « Death Note Theme » démarquant ouvertement le fameux « O Fortuna ». Quant au rock instrumental de Taniuchi, il alterne bien morceaux rythmés, tranquilles et introspectifs, avec la présence de petites touches de synthé (pianos et effets) bien vues. Je mettrai en avant « Jiken (Case, Incident) », exemple emblématique, et « L’s Theme », avec son clin d’œil à la musique de « L’exorciste » (« Tubular Bells » de Mike Oldfield).

Le CLASSIQUE DU MOIS

■ Hideakira Sakurai ■ La La Land Records

■ Frankie Chan ■ Rock Records ■ Le film « Ashes of Time » pourrait

Slumdog Millionaire

■ Ennio Morricone ■ Sony / Victor (Japan) ■ On ne présente plus Ennio Morri-

cone, l’homme aux 500 bandes originales. L’un des compositeurs de musique de films les plus connus au monde ! Que vient-il faire dans un spécial cinéma asiatique, me direz-vous ? Et bien tout simplement parce que le bonhomme a composé en 2003 la partition de la série japonaise « Musashi », énième adaptation d’une célèbre figure historique nippone. Une musique tour à tour mélancolique et épique dans la plus pure tradition morriconienne. Mélange entre sa période « western spaghetti » et des partitions plus intimistes, la musique du maestro happe l’auditeur dès les premières notes de « Brivido di guerra », morceau qui présente quasiment tous les thèmes qui seront traités par la suite, dominé par une magnifique trompette faisant resurgir bien des souvenirs. Avec « Musashi e l’amicizia », la flûte de Pan nous renvoie instantanément à « Il était une fois en Amérique » dans une variation du fameux « Cockeye’s Song » du film de Leone. Quant à « Musashi e la vendetta », il libère toute la rage d’un combat martial aux consonances asiatiques. Un pur petit bijou !

[YG]

Notre avis 8/10

■ Shiro Sagisu ■ Wasabi Records / Kaze

[JYC]

Notre avis 10/10

■ A.R Rahman ■ Polydor ■ Comment mettre en musique

« Les fabuleuses aventures d’un Indien malchanceux qui devient milliardaire », titre original du livre de Vikas Swarup qui est devenu le film « Slumdog Millionaire » de Danny Boyle ? En faisant confiance à l’immense talent de A.R Rahman, compositeur indien star dans son pays et néanmoins méconnu outre Oural ! Le résultat est magistral ! En mêlant sons électroniques et instruments classiques indiens, Rahman donne une dimension bollywoodienne envoûtante au rythme effréné du film de Danny Boyle. On passe tour à tour des sonorités très électroniques de « Paper Planes » jusqu’à la mélancolie de « Latika’s Theme », en passant par le génial et oscarisé « O Saya ». L’écoute de l’album est une véritable invitation au voyage, qui nous emporte des slums de Mumbay au majestueux Taj Mahal ; au travers de la chaleur et de la vivacité des couleurs d’une Inde pleine de vie et de rêves. Au final : Oscar, Golden Globe et Bafta 2009 de la meilleure musique ainsi que Oscar de la meilleure chanson… Peut-on vraiment passer à côté de cet album ? [JS]

Notre avis 9/10


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Nanar, mon amour !

« Le Justicier contre la Reine des crocodiles » Les fameux hommes crocodiles

L

a chronique d'un film issu d'une culture radicalement différente de la nôtre est un exercice périlleux : le nanardeur enthousiaste ne risque-t-il pas de commettre un pêché d'ignorance en se moquant à bon compte de ce qui ne paraîtrait nullement nanar au public local ? Il faut pourtant se risquer à ce genre d'exercices, tant le monde regorge

Un héros expressif de films aussi obscurs (vu de chez nous) que frappadingues, et qui ne pourront que plonger le nanardeur curieux dans un abîme de délices : « Star Wars » turcs ou brésiliens, super-héros mexicains, légendes indonésiennes : le cinéma regorge de trésors enfouis, propres à enchanter le cinéphile acharné comme l'amateur de ringardises sympathiques.

Le filon indonésien L'Indonésie nous a déjà offert « La revanche de Samson », classique de Nanarland. Le cinéma indonésien a en effet connu, au milieu des années 80, une brève période d'exportation qui nous permit de découvrir dans nos salles quelques-uns des joyaux de son cinéma populaire. « Le Justicier... » a en outre pour intérêt de mettre en vedette Barry Prima, LA star du cinéma d'action indonésien des années 80, célèbre notamment pour son rôle de Jaka Sembung, héros populaire de la lutte indépendantiste contre les Hollandais. Il interprète ici Mandala, le « Justicier » du titre, qui parcourt le pays à cheval pour défendre la veuve et l'orphelin en bombant les pectoraux. Il affronte, comme le titre explicite l’indique, la Reine des crocodiles, une sorcière

perverse et libidineuse, qui terrorise la région en se faisant livrer les jeunes hommes du village, dont elle fera, une fois hypnotisés, ses esclaves sexuels. Elle utilise une armée abracadabrantesque de sauriens, dont on ne comprendra pas si ce sont des hommes déguisés en crocodiles, ou de véritables mutants homme-crocodiles. Peu importe tant les costumes sont ridicules : le spectateur ne voit que de malheureux figurants portant masques et costumes de crocodiles, qui laissent apparaître leurs bras et jambes d'humains. Voir les hommescrocodiles se déplacer par petits sautillements et téléportations subites fera basculer dans une autre dimension le spectateur le plus blasé.

Ils osent tout

En effet, le cinéma populaire indonésien tel qu'il nous apparaît dans ce film se caractérise avant tout par une chose : la démesure.

Des trucages de folie

Un superbe craignos monster

Ici, on ne suggère pas, on montre ; on ne temporise pas, on ose ! On nous exhibe dans la joie et la bonne humeur les scènes d'action les plus frappées du ciboulot qu'un cerveau humain ait jamais pu concevoir. Ici, point de choses mesquines telles que « réalisme » et « sens de la mesure » : les adversaires se battent dans des flots de gore et usent de super-pouvoirs magiques à faire pâlir les super héros américains. Il suffit de voir, dès la première séquence, le méchant monter sur un rocher, puis le rocher s'envoler et le transporter vers le but de sa mission, tandis que notre homme ricane en brandissant ses deux sabres, pour se retrouver plongé dans un univers de naïveté digne d'un comicbook des années quarante. A partir de ce moment les bastons ne vont pas arrêter de s'enchaîner et c'est d'ailleurs ce qui participe grandement au charme de cet étrange OVNI : il va tout simplement à cent à l'heure, sans jamais souffler ou presque, au rythme des échanges de baffes, des combats d'arts martiaux (horriblement mal dirigés), des duels au sabre et des tours de magie. Vous l'aurez compris, cette perle tient largement les promesses de son titre cartoonesque et constitue, notamment par son premier degré inébranlable, une authentique curiosité à découvrir de toute urgence ! Retrouvez l'intégralité de cette critique – et des centaines d'autres – sur nanarland.com, le site des mauvais films sympathiques. [NM]

En coulisse DAILY MOVIES 05 – AVRIL 2009

Helvetic’Arts/Daily Movies, Case postale 54,1211 Genève 28, +41 (22) 796 23 61, info@daily-movies.ch, www.daily-movies.ch, Compte postal : 10-166823-0 Impression : PCL Presse Centrale SA Création graphique : Jack Caldron Mise en pages : services-concept.ch Directeur de Publication : David Margraf (DM) Directeur de Publication adjoint : Carlos Mühlig (CM) Rédacteur en Chef : Yamine Guettari (YG) Rédacteur en Chef adjoint : Jean-Yves Crettenand (JYC) Responsable BO : Pierre-Alain Surdez (PAS) Responsable Abo/Distro : Carlos Mühlig Correction : Katia Margraf, Inma Abbet, Edouard Bréard, Maud Von Bergen Internet : Ashtom. Rédacteurs & Collaborateurs : Carole-lyne Klay (CLK), Luc Grandsimon (LG), Jenifer Cross (JC), Sébastien Frochaux (SF), Tristan Bossy (TB), Joëlle Michaud (JM), Vincent Gerber (VG), Pauline Hausmann (PH), Valérie Wyssbrod (VW), Bram Dauw (BD), Isabelle Swali (IS), Rosa Capelli (RC), Manuelle Beurdeley (MB), Laure Noverraz (LN), Jean Saillet (JS), Camille Morend (CMo), Maxine Bucher (MXB), Richard Tribouilloy (RT), Raphael Fleury (RF), Loïc Valceschini (LV), Raphaël Dessarzin (RD), Pauline Rappaz (PR), Yannick Langevin (YL), Nikita Malliarakis, Carole Prodolliet (CP), Jeoffrey Rambinintsoa (JR), Serge Mailloux (MS) Remerciements : A tous les annonceurs, collaborateurs, partenaires, abonnés et toutes les personnes grâce à qui Daily Movies existe ! Paraît 10 fois par an.

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