Mme bovary dans tous ses états

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Madame Bovary dans tous ses états

Les élèves de la classe de seconde Picasso du groupe Saint-­‐Vincent de Paul à Paris dans le 13ème arrondissement, encadrés par A. Stauder ont écrit ensemble ces journaux intimes des personnages de Madame Bovary et réalisé la couverture du roman.

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Une nouvelle vision de Madame Bovary de Gustave Flaubert axée sur les sentiments éprouvés par les personnages. Cette œuvre retrace l’histoire d’une manière différente du point de vue de chaque personnage, en dévoilant dans leurs journaux intimes leurs pensées et leurs sentiments les plus profonds. Amour, Infidélité, Dépression et Suicide… Quel personnage vous surprendra le plus ?

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CHARLES 8 Septembre 1828 Étant heureux d’aller à l’école mais voulant être paysan, ce jour fut assez nuancé pour moi. Ne parlons pas du comportement de mes camarades, des ingrats. Ils se sont bien moqués de moi. Sous la pression d’une vingtaine de paires de yeux, je dus prononcer mon nom. Cependant, je fis une liaison accidentelle entre mon prénom et mon nom de famille. Une hilarité générale éclata lorsque l’on entendit « Charebovary ». De plus, n’étant pas habitué à leurs coutumes, je ne rangeai pas ma casquette mais la mit sur mes genoux, elle tomba à chaque fois que j’ai dû me lever. Voilà comment a commencé ma scolarité, moi, Charles Bovary. 17 Juillet 1834 Aujourd’hui j’ai lamentablement échoué à mon examen pour l’obtention du diplôme d’Officier de Santé. Pourtant j’estime avoir bien travaillé, mais j’avais beau écouté, je n’y comprenais rien. Février 1836 Je repassai, mon diplôme et cette fois si je réussi à l’obtenir. J’emménageai à Tostes où je me mariai avec une veuve du nom de Héloïse Dubuc, elle était âgée de 45 ans. Elle me faisait penser à ma mère de par son âge et sa façon de penser.

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CHARLES Mars 1836 Je suis arrivé à Tostes. Je repense à mon enfance à la campagne avec mes deux parents. Mon père voulait que je travaille dans les champs, mais ma mère voulait exactement le contraire : elle souhaitait que j’ai une place dans la haute société, notamment en pratiquant la médecine.

EMMA Lundi 1er Janvier 1837 Cher journal, En ce triste temps maussade, où la pluie s’abat sur le rebord de la fenêtre, je m’ennuie de la campagne et je rêve de Paris, de ses petites ruelles tamisées par la lumière de la lune, ses soirées dansantes et ses boutiques luxueuses. J’espère un jour m’envoler à Paris, partager ces moments avec l’homme de ma vie. J’attends impatiemment ce jour qui arrivera avec rapidité, je l’espère.

CHARLES Mercredi 11 Janvier 1837 Le jour de ma rencontre avec Emma. Je m’en souviens comme si c’était hier. J’ai dû aller soigner le père Rouault, son père. J’ai été surpris par la blancheur de ses ongles, ils étaient brillants, fins du bout comme des ivoires de Dieppe et taillés en amande. Elle avait de beaux yeux marron, avec un regard candide. Je suis immédiatement tombé amoureux d’elle.

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EMMA Mercredi 11 Janvier 1837 Aujourd’hui, comme à mes habitudes je m’occupais de la maison, quand entra un homme se nommant Monsieur Bovary, semblant gentil, charmant, mais gras. Celui-ci était un médecin venant prendre soin de mon cher père qui s’était cassé la jambe. Il me parut fort instruit et compétant car père me semblait guérir. Lorsque celui-ci partit j’ai eu l’impression qu’il me trouvait belle et attirante car lors de son départ monsieur Bovary me regarda fixement comme si son regard me transperçait toute entière. J’espère que ma perception de l’instant passé n’est pas uniquement une simple impression car moi je l’apprécie.

CHARLES Avril 1837 Ce jour-là Héloïse est décédée, je me suis senti comme libéré. 28 Septembre 1837 Je suis allé demander à Monsieur Rouault la main de sa fille, j’eu comme l’impression qu’il s’y attendait. Cependant, je suis impatient que la cérémonie commence. 18 Mai 1838 Le père Rouault s’est occupé de tous les préparatifs du mariage, j’étais bien trop timide pour faire quoi que ce soit. Le mariage était de mon point de vue réussi, je n’ai jamais été aussi heureux.

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EMMA Août 1838 Ce mariage est un désastre. Où sont passés mes rêves de grandeurs et d’aventure ? Où est passé ce mari cultivé, riche et passionné ? Quelles souffrances j’endure au quotidien, quelle banalité ! Et ce Charles, mon Dieu ce Charles ! Rentrant toujours à la même heure et s’attablant devant le repas que, comme tous les soirs, je lui prépare. Il me raconte alors sa journée, identique et ennuyante, comme chaque jour. Je n’en peux plus de ses manières et de l’attention qu’il me porte. Je me sens comme spectatrice de son quotidien. Je ne supporte plus cette situation invivable si cela se répète éternellement je crois que je vais craquer.

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CHARLES 2 Octobre 1841 Emma semblait très vague ces derniers temps. Je craignais que ce soit dû à une forme dépression ou à un malaise. Nous décidâmes de quitter Tostes pour aller nous installer dans une ville un peu plus éloignée du nom de Yonville, pour qu’Emma puisse changer d’air. Sur le trajet, la chienne d’Emma se perdit, ce qui je pense n’améliora pas son mental. Une fois arrivés à une auberge, nous rencontrâmes monsieur Homais, le propriétaire de cette auberge. Nous passâmes un cours instant en cet endroit où Emma fit la connaissance d’un homme du nom de Léon. Il paraissait fort sympathique et traitait de sujets apparemment poignant pour Emma. Je pense que nous pouvons devenir de bons amis avec le temps. 21 janvier 1842 Ce fut une rude journée comme il y en a eu autant d’autres depuis ce début d’année. La vague de froid que j’attendais ne m’a pas fait venir plus de patients, les comptes sont vides. Mais malgré cela, je garde espoir. Monsieur Homais m’a dit qu’a la même période de l’année dernière il n’y avait guère plus de patients, mais que dans les semaines qui survinrent, ils furent tous atteints du même mal. De plus, j’ai une femme qui m’aime et qui me soutient, elle m’a même remonté mon moral lorsque je lui ai raconté qu’aujourd’hui je m’étais froissé avec un confrère pour une histoire de diagnostic sur lequel nous avions tous deux nos torts. J’espère que les jours qui arrivent seront meilleurs.

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LÉON 8 mars 1842 Cher journal, Je me rendais à mon auberge habituelle, le Lion d’Or, afin d’y retrouver les habitués et d’y passer du bon temps, quand tout à coup je vis une calèche noire s’avancer vers ma destination. Depuis 15 ans que je côtoyais Yonville, je n’avais jamais vu cette voiture, ni ses chevaux dont le pelage semblait être très bien traité. En entrant au Lion d’Or, je devinai une tension flotter au dessus des visages familiers, et comprit que les gens à bord de cette calèche devaient être importants. Plus tard dans la soirée, attablé en compagnie de Pascal et Jacques, je me sentis tout à coup fatigué, et me levai pour rentrer. Alors que j’enfilai mon pardessus, la serveuse me prit le bras et, dans un grand sourire, me présenta à la jeune femme qui venait d’arriver, du nom d’Emma. Je restai bouche bée devant son visage pâle, et ses yeux d’un vert profond reflétaient une grande détresse. Des cernes allongeaient ses yeux fatigués, et ses cheveux blonds tombaient sur ses épaules frêles. Malgré la tristesse que son visage dégageait, elle était d’une beauté incroyable. Afin de continuer à regarder son minois angélique, je lui demandai ses goûts littéraires et ses yeux émeraude s’illuminèrent. Elle débita de nombreux ouvrages, tous à l’eau de rose, et je l’écoutais attentivement. Plus elle parlait, plus je l’ai trouvée belle. Ses goûts étaient intéressants, mais son visage l’était encore plus. Je baissai le regard et vit qu’elle avait posé délicatement ses mains blanches sur son ventre légèrement gonflé, et un éclair de souffrance me

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fit défaillir : elle était mariée, et enceinte. Au même instant, un homme dont les cheveux gras et blonds coupés au bol luisaient sur son visage boursouflé arriva et posa une main protectrice sur son épaule. Son mari.

Que vais-je faire, cher journal? Je sens de l’amour quand je la vois, et de la haine quand il apparaît, suis-je normal?

RODOLPHE 12 Août 1842, 20h00 Lors d'une saignée chez un fermier avec mon ami Charles si on peut appeler cette chose comme cela; une chose m'a intrigué : sa femme. Elle m'a paru fatiguée de son chère époux qui comment dire, était laid ? Il ne fait que trottiner à ses malades tandis qu'elle reste à repriser ses chaussettes. Pauvre petite femme! Il faut qu'elle revive.

EMMA Août 1842 A la fête, j’ai rencontré un homme aux allures nobles et hautaines. Il m’a accosté et ne m’a plus quitté.il me submergeait de compliments et d’histoires. Il me trouve belle, gentille, attirante et veut me faire la cour, mais j’ai du mal à le laisser faire car je n’arrive pas à m’enlever de la tête Léon qui est malheureusement parti.

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Pourtant cet homme nommé Rodolphe est parfait, c’est l’homme dont j’ai toujours rêvé, le prince charmant de mes livres au couvant, gentil, serviable, galant, beau et vaillant comme un chevalier. Je ne peux pourtant toujours vivre mes histoires d’amour librement car il y a et je ne veux pas qu’il les découvre.

RODOLPHE Août 1842 Aujourd’hui, tout le monde a été invité à la fête des comices. D’ailleurs, c’est à ce moment que j’en ai profité pour séduire la potiche de Mme Bovary, qui ne le sera plus dans quelques temps, ah ah ah ! Je me suis arrangé pour être seul avec elle, je l’ai accompagnée dans les rues et nous avons assisté à certains évènements. Je la charmerais à longs discours auxquels elle ne répondra pas. Je l’aurais bientôt, je le sens.

CHARLES Septembre 1842 Aujourd’hui, je fis la connaissance de Rodolphe. Un homme âgé de 34 ans. Il parait cependant brutal, mais semble intelligent et perspicace. On m’eut même dit qu’il fréquenta beaucoup de femmes et qu’il s’y connaissait plutôt bien.

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RODOLPHE 15 Septembre 1842,15h00 Après les comices, je devais un peu m'éloigner d'elle. Tu me connais mon journal: c'est ma stratégie de séduction pour lui faire augmenter ses sentiments, ainsi lui ai donné envie de me revoir même si elle ne m'intéresse pas plus qu'un bœuf. 2 Octobre 1842, 23h00 J'ai rendu visite à Emma pour lui avouer mes sentiments... enfin pour lui jouer une " scène sentimentale". Quand Charles fut de retour, je lui conseillais de me laisser Emma pour une journée de promenade à cheval à fin d'améliorer sa santé. Bien sûr cette balade satisfait à mon plaisir puis après hop! À la poubelle! 5 Octobre 1842, 23h00 Ça y est, elle a mordu à l'hameçon. J'ai réussi à faire d'elle ma maîtresse, cela n'a pas été difficile, ah ah ah ! D’un côté, elle n'attendait que cela! Quelques mots choisis et hop dans ma poche. Elle s'est abandonnée à moi dans la forêt. Chut! 8 Janvier 1843, 20h00 Cela fait un peu de temps que je, n'ai pas écrit mais je vais t'expliquer pourquoi : elle me fatigue! Je m'en lasse! Je le vois, elle est heureuse et totalement éprise oui, oui, mais elle ne m'intéresse plus. Elle m'offre de nombreux cadeaux. Quel est cet amour sans frein? Je n'en peux plus!! Devine quoi: elle m'a même proposé qu'on s'enfuit ensemble...

Je ne

comprends pas pourquoi j'avais dit "oui". M'enfuir avec cette autruche! Jamais de la vie!

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LÉON 26 mai 1843 Cher journal, Je reviens vers toi après tout ce temps. Cela fait déjà 1 mois que je suis à Paris, pour mes études. Malgré toutes mes aventures vécues, j’éprouve toujours des sentiments intenses envers Emma, je suis obnubilé par la passion dévorante, et je ne peux l’oublier… Cependant, elle est la vraie cause de mon départ. Ma perception de Charles n’a pas changé, il n’était qu’un obstacle entre elle et moi. Il est insensible à l’amour aux femmes, incarne la médiocrité, inconscient de ses actes maladroits, trop préoccupé par son travail. Tandis que moi, je serai l’homme qu’il faut, celui dans les livres dont elle a tant rêvé. Je suis épris d’elle, toutes mes pensées lui sont dirigées. Je l’avoue, elle me manque énormément. Je sais bien que je ne suis qu’un étudiant, que j’ai un grand avenir devant moi… Mais pourtant, je ne veux qu’elle, et passer le restant de mes jours à ses côtés.

CHARLES Mai 1843 J'ai dû opérer le pied bot d'Hyppolyte. Je pensais avoir réussi cette opération et aussi rendre fière Emma, mais ce fût un échec. Hyppolyte a dû être amputé. Je crois que Emma a été déçue que je n’aie pas réussi cette opération.

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RODOLPHE 3 Septembre 1843, 21h00 C'est fini, j'ai craqué. Je lui écrit une lettre pour me justifier de ma lassitude. Lorsque je lui ai apportée ce matin, elle avait les yeux brillants telle une nuit étoilée au dessus d'une tempête. Tant puis moi ca m'arrange, je ne vais pas me forcer. J'en avais obtenu tous ce que je voulais. Maintenant, je préfère tâter d'autres terrains.

LÉON 10 septembre 1844 Cher journal, Je n’en peux plus, je suis de retour à Yonville. J’attends avec hâte de l’a revoir, mais une pointe d’appréhension me retient de courir chez elle. Me méprise-t-elle?

Peut

être

qu’elle

ne

veut

plus

de

moi?

Je décide de laisser faire le temps, et d’aller ce soir à l’opéra pour me détendre.

EMMA Automne 1844 Ces trois derniers jours furent probablement les journées les plus exquise de ma vie. Depuis que je me suis mariée je n’ai fait que vivre les jours comme ils viennent, dans une morosité et une monotonie sans nom.

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Mais maintenant, la personne que j’attendais depuis toujours est enfin là. Celle-ci, Léon ma donc amené en Lune de miel « au bord de la mer. Léon change ma vie du tout au tout contrairement à Charles, il est intéressé par ce que je fais, il me prête beaucoup d’attention et se préoccupe beaucoup de mon sort .il passe ses journées à s’occuper de moi, nous sortons beaucoup, nous passons notre temps à manger, nous promener et nous parler. J’espère vraiment que cela sonnera le renouveau que j’attendais depuis si longtemps dans ma vie.

LÉON septembre 1844 Cher journal, Cela fait longtemps que je ne t’ai pas ouvert. Je suis aux côtés d’Emma, mais pas en tant que femme. Je suis son amant, son amant maudit, qu’elle ne pourra jamais épouser par la faute de Charles. Ce matin, en marchant, je l’ai aperçue à sa fenêtre, rêveuse. Je me demandai à quoi elle pensait. Sa tenue attira mon attention : une robe de chambre ouverte, laissant voir une chemisette plissée avec trois boutons d’or. Je repris mon chemin, des rêves plein la tête.

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LÉON octobre 1844 Cher journal, Je l’ai revue, elle m’avait manqué, bien que ça faisait moins d’une semaine. Elle sortait d’un établissement, une liasse de papiers sous le bras, visiblement occupée. J’allais partir vers chez moi, quand sa douce voix m’appela. Un frisson m’a parcouru, et j’ai pratiquement accouru pour venir vers elle. J’ai pris ses papiers, et son visage me montra qu’elle n’était pas habituée à ce genre de politesse avec Charles. Elle me dit qu’elle allait chercher Berthe chez sa nourrice, et me demanda si je pouvais l’accompagner jusqu’à là bas. Je l’ai suivie donc, un grand sourire aux lèvres. J’avais voulu lui tenir la main, l’accompagner

partout,

l’écouter

parler

jusqu’à

la

nuit tombée.

Malheureusement, devant la maison, elle me salua et continua seule.

LÉON 22 mars 1846 Cher journal, J’ai décidé de partir. Etre l’amant d’Emma, bien que ces moments avec elle me procure un grand sentiment de bien être, me fait atrocement peur. Si Charles découvre son infidélité, son mariage sera rompu de ma faute. De plus, il me connaît, et il risque de venir à même ma maison pour me tuer. Je sens bien les regards insistants que les villageois nous lancent, lorsque nous marchons ensemble. On a failli se faire prendre de

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nombreuses fois, et les doutes commencent à se faire étoffer par des rumeurs diverses à Yonville. Non, notre relation ne mène à rien, je ne comprends pas pourquoi je suis retourné auprès d’elle après Paris. Peut être devrais-je y retourner, sans la prévenir. Elle ne le remarquerait pas, trop occupé à nourrir Charles, et préparer sa fille. Je rêve toujours d’être à la place de son mari, de ne pas craindre son retour à chaque instant. J’hésite : Dois-je retourner à Paris et couper les ponts brutalement, ou rester pour m’éloigner lentement d’elle… Ce qui est sûr, c’est que je vais partir. Laisser tomber notre amour, même si on mis beaucoup d’énergie pour le construire. Je ne sais pas si c’est une preuve de lâcheté, ou de courage, mais c’est la seule solution. Tels des amants maudits, comme il me plaît de nous appeler, nous ne pouvons vivre notre amour pleinement, et ça me plonge dans une dépression morbide. A chaque moment où je vois Charles, quand sa main grasse se lève pour me saluer, et que son visage se fend dans un sourire naïf, je n’ai qu’une envie : Arracher Emma de cet homme faible, et inconscient de la chance d’avoir une femme comme telle. Mais je ne fais que feindre un sourire, et lever distraitement ma main. Je ne pense pas être capable de faire ça, tout simplement parce que mon esprit me dicte de l’ignorer à chaque fois que je le vois. Je me hais pour ça, je me sens faible et lâche.

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CHARLES 23 Mars 1846 Je suis fou, je ne dors plus, j’ai cessé de manger. Emma se tue devant moi et je ne peux rien y faire. Elle soufre, nous souffrons, l’arsenic l’a dévorée. Moi qui la pensais heureuse à mes côtés, je ne comprends pas. Pourquoi a-t-elle fait cela ? Je suis perdu, elle me cachait tant de choses comme les prêts de monsieur Lheureux. Pourquoi apprendre tout cela de cette manière ? Mais je l’aime et je ne m’imagine pas vivre sans elle. Les huissiers sont passés pour faire l’inventaire de ce qui va être vendu. Nous n’avons plus rien mais je n’en veux pas à Emma. Je garde espoir, demain, nous devons recevoir la visite de monsieur Larivière, c’est un médecin de renom, il trouvera un remède pour sortir ma femme de ce mal. En attendant sa visite, je reste à son chevet.

EMMA Samedi 16 novembre 1846 C’est décidé, depuis aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours pensé que ma vie serait différente de ce que j’ai toujours traversé. J’ai toujours eu l’impression que quelque chose allait venir me chercher, que cette chose était là tout près. Mais Aujourd’hui voilà où j’en suis rendue. Toutes les personnes que j’ai semblé avoir aimées ne sont en réalité que source de déception. Pour commencer il y a ma famille, mon mari, un médecin incapable, n’ayant aucune ambition, aucun objectif, ne sachant même pas comment s’occuper correctement de moi. En réalité,

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il ne ce soucie pas de moi .Le fait qu’il n’a pas eu la puce a l’oreille lors de mes escapades avec mes amants le prouve bien ! On peut aussi parler de ma fille, pour laquelle je me demande encore si elle tient vraiment de moi, je sais bien que ce n’est point de sa faute, mais elle est laide et une telle source de problèmes ! Et tant qu’à faire on peut ranger, Rodolphe et Léon dans le même panier puisqu’ils m’ont tout les deux donné l’illusion de m’aimer, avant de lâchement m’abandonner au moment le plus crucial. Aujourd’hui tout me parait plus vide que jamais, faux, dégoûtant. Mon cœur, qui autrefois était tombé si facilement dans ces premiers charmes, n’y voit aujourd’hui plus que des créatures errant d’endroit en endroit, d’objet en objet, mais elles ne se meurent non pas pour trouver un but ou un plaisir, elles n’ont tout simplement aucun objectif, aucune raison d’exister. Et moi-même paradoxalement, je ne vis que pour ces personnes. Et ce n’est que maintenant que je me rends compte que moi-même, je suis inutile. Adieu. Emma Bovary, 1846

CHARLES 26 Mars 1846 C’est le jour fatidique, le jour le plus horrible de ma vie. Ce jour-là, Emma est décédée. Elle fut enterrée le lendemain de son décès. J’ai revu son père à ses obsèques.

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13 Juin 1847 Léon, Léon ah ! Je croyais que c’était une personne de confiance ! De toute évidence, je me suis trompé. J’ai découvert ses lettres de correspondance avec Emma, ma femme ! Je n’ai strictement rien vu des relations d’Emma, je crois que je l’ai même mise dans les bras de ses deux amants. En effet, Rodolphe tenait également une liaison secrète avec elle. Que je regrette toutes les erreurs que j’ai pu faire. 22 Août 1847 Il y a peu, j’ai vu Rodolphe, je lui dis que je n’avais pas de rancœur contre lui, quel soulagement de lui dire. Je sens que ma fin est proche, j’écris certainement mes derniers mots sur le banc au fond de mon jardin. Mon chagrin m’oppresse, je commence à avoir du mal à respirer. Je ne sais pas vraiment quoi penser de toute cette histoire qu’est ma vie, à part que tout le monde autour de moi à dû souffrir. Je me lasse de ce monde. Charles Bovary.

LÉON 23 décembre 1847 Cher journal, Emma s’est suicidée. Même quand je l’écris, je n’y crois pas. Morte. C’est impossible. Imaginer son visage dépourvu de ses joues rosies par le froid, ses cheveux ternes, ses yeux profonds et illuminés, ça me déchire le coeur, vide mon esprit et me fait défaillir.

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Tout ça à cause de son mari, de sa vie banale, alors qu’elle méritait tellement plus. Quand j’écris, des larmes me laissent des yeux, que j’essuie rageusement. Lorsque je ferme les yeux, je vois son visage, son sourire, son regard… Je peux même sentir son léger parfum de violette. Mais quand je les rouvre, je vois le visage dégoulinant de sueur de l’homme à qui elle à dit “Oui”, et ça me met dans une rage folle.

LÉON 5 janvier 1848 Cher journal, Ce matin, en allant chercher le courrier, j’ai vu une lettre, signée Charles. Il explique avoir vu des lettres échangées entre Emma et moi, et a donc découvert notre liaison. Mon ventre se tord à cette idée, et la peur me fige. Je l’imagine débouler chez moi, un couteau à la main, le visage tordu par la douleur. Malgré ma terreur, je continue ma lecture, puis pose la lettre et me sers un verre de whisky. Charles est malheureux, ça se voit par les taches de larmes recouvrant ma lettre, son écriture tremblante et ses mots, dépourvus de sentiments, de passion. Malgré toute ma haine envers cet homme, je ressens une certaine pitié… Il aimait sa femme, mal, mais d’un amour sincère. Quelque chose dans sa lettre m’ayant alerté, j’y replongeai mes yeux, maintenant humides. Je n’étais pas le seul amant d’Emma, un certain Rodolphe l’avait également courtisée. Un gémissement de douleur m’empoigna, et je pleurai toutes les larmes de mon corps.

FIN

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