CRISE D’INNOVATION WORKSHOP CO-CONSTRUCTION ETUDIANTS/ROMS ------------------------------L’Atelier Volant Encoopération avec LA MAIRIE DE LILLE
L’Atelier Volant
Observatoire des paysages lateliervolant.fr 38 rue Gustave Delory 59179 FENAIN contact@lateliervolant.fr +33 6 23 69 40 30
origine du projet A l’origine de l’initiative se trouve la ville de Lille qui, dans le cadre de la semaine de la solidarité internationale, veut rassembler une série de travaux (installations, films) autour du thème de l’habitat précaire, et passe commande à l’Atelier Volant pour en réaliser un exemple. Nous changeons rapidement la donne : si un habitat précaire doit être réalisé, autant que les populations qui en connaissent le mieux les ressorts la réalisent. Et, tant qu’à faire, plutôt que de présenter une cabane de Roms, mieux vaudrait saisir l’opportunité de réfléchir et
d’agir ensemble autour de ce type d’habitat et de son évolutivité. Enfin, que ce moment soit l’occasion d’un enrichissement mutuel : pour les Roms, se faire connaître du public pour leur potentiel créatif, et pour les jeunes architectes, se dégourdir les mains sur une réalisation en temps record à l’échelle 1.
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Par ce projet nous nous inscrivons dans deux axes majeurs, celui de l’éducation, que nous développons dès aujourd’hui à travers des projets de plus en plus ouverts aux étudiants. En effet, nous travaillons avec des étudiants pour proposer un regard engagé et ouvert sur l’architecture et la ville. Deuxièmement nous avons pu, pour la première fois, offrir une rémunération et un travail dans un cadre privilégié, sécurisé et œuvrant favorablement à l’insertion de personnes marginalisée et vivant dans un très grande précarité.
CRISE D’INNOVATION Un mot d’ordre La précarité c’est aussi l’économie de moyens. C’est par cet axe que L’Atelier Volant s’est lancé dans une recherche d’innovations techniques et artisanales autour du réemploi et du recyclage. Le travail / résultat d’une semaine d’atelier In Situ avec des étudiants de l’ENSAPL et des Roms est proposé dans le cadre de l’exposition de la Semaine de Solidarité Internationale.
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Un événement, trois lieux atypiques (de haut en bas): La Crupe, un campement de Mons-en-Baroeul; la Gare Saint Sauveur, une friche de Lille qui nous a accueilli une semaine; la maison folie Wazemmes, un lieu d’exposition.
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DEROULEMENT DU PROJET La Rencontre Le projet débute par deux temps d’échange et de rencontre réunissant architectes, étudiants, artistes, sociologues, militants et trois Roms intéressés par la construction. Nous avons volontairement laissé les objectifs de la semaine indéfinis. Nous n’avons pas donné de ligne directrice et pas d’objectif clair. Nous avons d’abord laissez place à l’échange, et les choses se sont définis d’elles-mêmes. Notre rôle était celui d’un Encadrement, nous avons fixé des règles et accompagné un mouvement en l’orientant. Le processus de collaboration ouvert a laissé à chaque personne intéressée par le sujet la possibilité de s’intégrer et d’influencer la dynamique du groupe. De ce fait, l’arrivée d’une sociologue et d’un militant du collectif “Paroles de Roms” nous a donné un regard plus fin sur les questions sociales auxquelles nous touchions. Cette rencontre nous a permis d’organiser un temps d’échange et de débat durant la semaine autour de la projection d’un film réalisé par les militants.
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Le chantier Pendant cinq jours, nous avons réfléchi et travaillé ensemble autour de ces habitats précaires. Le premier jour nous avons fait une visite des «cabanes» du campement de La Crupe de Mons-enBaroeul. Deux jours ont été nécessaires pour niveler les disparités sociales et horizontaliser l’échange. Ceci étant fait, un véritable échange a commencé, les groupes se sont soudés grâce à un objectif commun et nous nous sommes lancés dans un vrai travail collectif. Nous plaçâmes un objectif après ces deux jours, celui de produire en trois jours des échantillons de construction expérimentale, ni issues d’un campement, ni de l’imaginaire d’un architecte. Ce sont des constructions, pragmatiques qui valorisent des «déchets». A travers ce mot il ne faut pas entendre des poubelles mais des rebuts, des matières qui ne sont pas introduite dans un nouveau cycle de consommation après leur premier usage.
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Par le travail nous nivelons des disparités bien ancrées dans les mentalités, nous montrons qu’il est possible de valoriser des compétences acquises dans l’urgence et la misère. Nous affirmons que tous ont droit au travail et à une reconnaissance sociale.
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NOTRE ENGAGEMENT
Architectes et Paysagistes issus de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et du Paysage de Lille, nous militons au sein de l’Atelier Volant depuis plusieurs années pour la reconnaissance des droits humains, localement comme au-delà de nos frontières, à travers notre regard et nos outils de jeunes professionnels. Fraîchement débarqués sur un marché du travail sinistré, nous puisons de notre propre précarité des réponses à la crise et adoptons une posture innovante où savoir académique et artisanat cohabitent, ou l’organisation horizontale et les savoir-faire de chacun priment. Tirant notre force de nos pratiques multiples, de l’enrichissement perpétuel de nos outils mais aussi de notre mise en réseau (physique comme virtuelle), nous nous revendiquons volontairement comme des nomades. Ce nomadisme partiel mais choisit est donc pour nous paradoxalement un moyen d’inclusion et de faire société. La question de la précarité de l’habitat ne nous apparaît donc pas principalement avoir de résolution technique mais bien territoriale et sociale. Former les gens appelés à inventer la ville de demain
à intégrer ces notions nous semble alors fondamental. Notre ville, notre territoire, notre lieu de vie est aussi le théâtre de processus de stigmatisation et d’exclusion extrêmement violents. A la marge de nos métropoles, une population de migrants économiques vit en situation de très grande précarité matérielle. Subissant leur nomadisme, les habitants des bidonvilles nous rappellent combien le vivre ensemble est une notion accaparée par celui qui a le choix. Pourtant, le bidonville, tout en étant une « urbanité inaccomplie » (Abdelmalek Sayad), est de la ville, donc les problèmes des habitants des bidonvilles sont ceux de la Cité en général. Nous avons voulu ici « faire ensemble » plutôt que « faire pour » afin de « faire société ». C’est dans la réciprocité de confiance, d’échanges de techniques et d’inventivité que nous avons questionné l’habiter et l’altérité. En témoigne ses structures hybrides, inutiles en soi mais chargées de cette histoire collective et lourdes de sens à nos yeux.
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LE PROJET
Pourquoi alors proposer un workshop de co-construction entre Rroms et étudiants en architecture pour tenter d’y répondre? D’abord parce que fréquenter les Roms en Roumanie et dans des bidonvilles en France permet « de ne pas oublier que les gens que l’on voit vivre dans des cabanes agglutinées entre l’autoroute et les voies ferrées, en compagnie des rats, des gaz d’échappement et d’une boue tenace, n’ont pas commencé leur existence ici, dans ces conditions. Ils viennent de quelque part, y ont leurs attaches, une vie sociale, de bons et mauvais souvenirs
– bref, ils avaient une vie avant le bidonville. Et ces familles ont même une vie pendant le bidonville, en dépit d’une très grande précarité matérielle ». Contrairement aux membres de l’Atelier Volant et aux idées reçues, ils subissent un nomadisme économique et non romantique.
Exposition «Sous les toits du Monde», vernissage le 14/11 puis exposition du 15 au 23 /11, Maison Folie Wazemmes, 70 rue des Sarrazins, Lille.
Durant cette semaine de travail collectif, les trois Roms constructeurs qui se sont investi sur le chantier ont été rémunérés selon le taux actuel du Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance. A savoir 9,53€/h.
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Multitude d’architectes et de paysagistes lateliervolant.fr contact@lateliervolant.fr « Tant que l’architecte reste confiné entre spécialistes, tant qu’il ne mesure pas ses créations par rapport à un impact social ou ethnologique, il se sent autonome et crée une oeuvre personnelle (parfois géniale) qui tire sa justification d’elle même (…) Ces oeuvres vont tout droit vers les galeries, les biennales et les revues d’architecture qui en dévorent beaucoup » KROLL (L.), Bio, Psycho, Socio / Eco, Ecologie Urbaine, Ed. L’Harmattan, 1996, p.8