LIEux
dialogues avec la nature
MOUVANTS
2014
The Lumberjack Tale « Dans les bois de mon enfance, l’univers désolé de la forêt qui se renouvelle d’elle-même était un vecteur de rêve. Je voyais des arbres fracturés, vieillis par les ans, devenir soudain des voies royales vers le ramage d’un vieux chêne. Je faisais ma vie dans les airs, le contact de l’écorce m’était réconfortant et je communiais avec les branches. Le bois mort devenait un outil pour construire, aménager, calibrer, connecter ou brûler.»
Aucun lieu ne peut être simplement déprécié, confisqué par un discours purement écologiste. Est-ce une réaction au développement durable? Comme un refus de la perte de l’esthétique au profit de réponses trop souvent creuses et techniques. La crise actuelle n’est pas conjoncturelle mais bien révélatrice d’un glissement progressif vers un nouveau type de mode de vie. De nouvelles formes, de nouvelles méthodologies, de nouvelles manières de s’insérer dans le projet de paysage sont aujourd’hui à l’œuvre. Il ne s’agit pas d’en définir les contours, ils s’inventent justement à chaque action. Quels nouveaux modes d’interventions inventer? Le jardin n’est plus concevable ni dans une optique purement esthétique ni comme le refuge d’une nature maintenue sous perfusion. Il doit se faire l’écho du lieu qu’il habite. La matière vivante présente sur les lieux, constitue un potentiel formidable d’inventivité et d’intelligence du geste. A la fois comme un mode écologique de gestion et comme une recherche esthétique se traduisant par une action spatiale. Cette action peut-être forte et reproduite pour se maintenir dans le temps, tout comme délibérément éphémère. Ces gestes simples qui transforment la matière vivante du site, la mettent en valeur et révèlent un lieu. Ils ne peuvent se produire que « in situ ».
Nous proposons pour ce projet une méthodologie de travail plus qu’une image figée de jardin. Ce travail cherche à rendre visible notre relation au vivant. Il s’agit également de repenser la place du concepteur et son rapport à la commande. Nous ne répondons pas à celle-ci par une création sur papier mais par une action physique, flexible dans sa réalisation, qui demande peu de moyen mais un temps intense de confectionconception. Nous mettons en place un processus qui, en rencontrant le terrain, fait naitre le projet. L’idée, très simple, est d’utiliser les moyens financiers mis à disposition pour s’équiper en outillage: pelles, pioches, tarières et tronçonneuse... Ces outils très « bruts » permettent une quantité de travail conséquente et efficace. Nous les choisissons pour leur « domaine de travail», d’un côté le bois, l’arbre, le tronc, matière rigide à la forme définie. De l’autre, le sol, la terre, matière malléable que l’on met en forme. - La tronçonneuse, outil de gestion forestière par excellence, permet de récolter une matière très riche et variée (section de bois très différente et en grande quantité, écorces…). Nous souhaitons, par cet outil, participer à la vie et à la composition du paysage du domaine de Kerguéhennec (entretien des lieux, dégager des points de vue, évacuer des arbres morts, éclaircir…), et non plus à la seule parcelle du
potager. Le jardin n’est alors plus considéré comme un objet décontextualisé, mais comme une composante d’un paysage plus large. La tronçonneuse permet ensuite d’offrir au bois une seconde vie pour en faire un formidable matériau de composition de jardin. (Taille des sections, découpes, agencements…). - Pelles, pioches et tarières permettent de travailler un des matériaux privilégié du paysagiste, le sol. De tout temps, les jeux topographiques ont été sources d’inspirations dans l’art des jardins. L’impact spatial du travail du sol peut être saisissant et transformer complètement l’image d’un lieu. Il suffit pour s’en convaincre, d’observer la fosse sur le site du potager et le dialogue qui s’instaure avec l’espace rectangulaire alentours. Nous assumons le caractère abstrait de notre proposition. Nous connaissons par certains de nos travaux précédents les perspectives incertaines qu’engendre la conception in situ. L’outillage dans lequel nous investissons est un mode d’action autant qu’une rémunération et permettront d’autres actions ultérieures, comme une continuité du geste.
Fiche projet Lots 5/6
dialogues avec la nature
PALETTE D’OUTILS
LIEux MOUVANTS 2014
protocole
Fiche projet Lots 5/6
LIEux
dialogues avec la nature
MOUVANTS
2014
References Un sélection de réalisations qui inspirent notre démarche. Ces réalisations se basent sur le ré-emploi de matière vivante en présence sur le site d’intervention.
Copper beech landscaping // Natural Play // UK
Florian Aigner // Climbing Tower // Allemagne
Florian Aigner // Untersbergstraße Playground // Allemagne
Donald and banbara zucker // Natural Exploration Area // NY
Laboratoire du dehors // Construction de banc et banquette en bois
Fiche projet Lots 5/6