ministresse-culture-5-09-2012

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José VALVERDE

LETTRE OUVERTE

Madame Aurélie FILIPPETTI Ministre de la Culture Ministère de la Culture 3 rue de Valois 75033 Paris Cedex 01

Vincennes, le 5 Septembre 2012

Madame le Ministre,

Votre Chef de Cabinet, Madame Marie Aubert m’a fort poliment répondu au précédent courrier que je me suis permis de vous adresser. Votre Chef de Cabinet a précisé que vous aviez pris connaissance de mes remarques avec attention et que vous me remerciiez de mon envoi. Si vous avez effectivement pris connaissance de mon courrier vous comprendrez que je ne saurais me désintéresser de la réponse que vous pourriez être amenée à faire à mes suggestions et en particulier à la disparition d’un prétendu Ministère de la Culture qui devrait, dans sa forme actuelle, se nommer, plus justement, « Ministère de la distribution de bakchichs aux artistes autoproclamés et adoubés par les fonctionnaires de votre Ministère. » Malgré le fait que j’ai toujours déclaré que ce système de subventions du théâtre par l’Etat, système hérité du pétainisme, était absurde et contreproductif socialement et artistiquement, j’ai fait partie de 1960 à 2003 des bénéficiaires de cette distribution de l’argent de tous les citoyens, y compris de ceux qui ne mettent jamais les pieds dans un théâtre. Il existe peu de statistiques fiables sur l’impact social de cette partie de la dépense publique au profit des « théâtreux » adoubés par l’Etat mais le fait que le plus exemplaire par la qualité de sa programmation et de sa fréquentation soir le Théâtre du Rond-Point situé sur les Champs Elysées, à deux pas du célèbre « Fouquets » en est peut-être l’illustration significative. Certes ce succès est dû, légitimement, au talent d’auteur, de metteur en scène et d’animateur de son directeur l’excellent Jean Michel Ribes et cela est très bien mais reste emblématique de « l’ECHEC COLLECTIF DE TOUS CEUX QUI ONT RECU L’ARGENT DU PEUPLE POUR DEVELOPPER SA CULTURE » C’est avec douleur que, vieux combattant du « Théâtre Populaire », moyen d’action efficace pour lutter contre la fracture culturelle de la Cité, je constate NOTRE ECHEC COLLECTIF ! Que nous en soyons réduits à demander à nos instituteurs, on dit pour faire chic, « professeurs », de donner à nos enfants des rudiments de sens moral, en espérant sans doute qu’ils en feront bénéficier leurs parents signe notre échec. C’est un échec de nous tous mais permettez-moi de préciser que certains d’entre nous, les « cultureux », ont responsabilité plus grande que d’autres. …/…

8 allée Mabille 94300 VINCENNES ata.valverde@bbox.fr


…/… Je laisse à chacun de mes « grands collègues artistes émérites» le soin de procéder à leur examen de conscience. En effet, quelle morale peut se concevoir sans conscience ? C’est bien le moins que l’on puisse attendre des « subventionnés » qu’ils soient exemplaires sur le plan de la conscience, base de la morale ! Moi-même, rien ne m’autorise à donner des leçons dans ce domaine puisque j’ai accepté ce statut d’artiste subventionné pendant si longtemps. Certes, « je lavais ma conscience plus blanc », en prenant des positions publiques sur le sujet et en me trouvant des excuses dans la dimension sociale que j’ai toujours mise en avant, soit en Banlieue, au Théâtre Gérard Philipe de Saint Denis ou au Théâtre Essaïon de Paris, mais, sans me préoccuper de la pertinence et de l’efficacité de mon action ! J’ai sans honte tendue ma sébile pour recevoir l’argent de tous ! L’utilité sociale de mon action brandie ,comme un bouclier, pour toucher l’argent de L’Etat et faire l’artiste sans prendre le risque du boulanger du coin, vulgaire commerçant, qui fait faillite si son pain est mauvais ! Je suppose et j’espère que mes collègues avaient légitimement bonne conscience puisqu’ils se considéraient comme d’efficace défenseur de l’accès pour tous à la culture élitaire. Mais permettez-moi de redire ici qu’il ne me semble pas nécessaire d’ouvrir procès public, c’est à chacun de faire son examen de conscience, y compris les ministres qui vous ont précédés et vous-même, bien sûr. Mais je suis trop vieux pour ne pas avoir appris à ne pas me faire d’illusions ! Ce n’est sans doute que pour me donner, moi aussi « bonne conscience » à bon compte, moi qui ne suis plus en charge de rien, sinon de ma conscience, que je vous adresse cette lettre ouverte en rappelant la suggestion essentielle de mon précédent courrier, motivé par l’urgence : « La création d’un véritable grand Ministère de la CULTURE qui engloberait tous les outils pour ce travail et donc les ministères des enseignements à tous les niveaux de la maternelle aux Grandes Ecoles, la Jeunesse et les Sports et votre Ministère actuel en donnant à cet ensemble l’objectif le plus urgent pour l’avenir de notre civilisation au-delà des clivages philosophiques et politiciens la « REDUCTION DE LA FRACTURE CULTURELLE » et non un vague et mou « multiculturalisme ». C’est à cette suggestion dont j’espérais et dont j’espère toujours réponse ! Je n’ai rien à foutre des réponses de convenance ! Quand la maison brûle, l’on n’attend pas des ronds de jambes des pompiers ! C’est à nouveau en vous témoignant ma compassion pour votre lourde, impossible et inutile tâche que je vous prie d’agréer mes meilleures salutations citoyennes.

José VALVERDE

8 allée Mabille 94300 VINCENNES ata.valverde@bbox.fr


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