Jose VALVERDE
Vincennes le 12 Mars 2014
Officier des Arts et Lettres Grande Médaille de Vermeil De la Ville de PARIS
Monsieur François HOLLANDE Président de la République Française
Monsieur la Président Ordinaire, Citoyen très ordinaire, j’ai tenu dès le début de cette lettre que je me permets de vous adresser d’indiquer que, selon moi, votre souhait exprimé pendant la campagne présidentielle est vraisemblablement exhaussé : vous êtes un président, très ordinaire. Mais ce n’est pas la seule caractéristique que nous partageons, puisque les bimbeloteries honorifiques dérisoires que j’ai fait figurer sous mon nom témoignent du fait que, moi aussi, je me tiens le nombril en avant quand je marche et que cette partie de mon individu est celle, comme pour vous, qui me précède. Mais je suis moins doué que vous pour cet exercice puisque je ne suis pas, moi, Président de la République Française. Soyons franc, je peux me le permettre en tant que citoyen ordinaire, s’adressant à un Président ordinaire, parce que je n’ai jamais supposé que ma modeste prose puisse lui parvenir personnellement. Ma seule ambition avec ce déballage ridicule c’est de passer la loge du concierge du secrétariat du Cabinet de monsieur le Président de la République et d’atteindre le bureau du secrétaire du secrétariat du secrétaire du secrétariat du Cabinet de monsieur le Président de la République, celui d’où l’on m’adressera peut-être un accusé de réception et peut être même une formule laissant entendre que vous m’avez lu avec intérêt ! Je plaisante bien-sûr et je ne rêve pas à ce point. Pourquoi alors, m’adresser à vous, puisque je n’ai pas la moindre chance d’être lu par vous ? J’ai évoqué la première ce ces raisons : mon goût immodéré que je partage avec vous de mettre mon nombril en avant. Mais aussi parce que c’est une de vos phrases prononcées lors de votre dernière conférence de presse qui m’ont amené à m’interroger sur la pertinence de celle-ci « J’ai le droit à une vie privée ! ». Le droit à une vie privée est donné, notre vie organique étant la partie la plus privée de notre vie, avec la naissance. En fait monsieur le Président revendiquait le droit au secret de sa vie privée, comme n’importe quel citoyen ordinaire. L’article 9 du Code civil précise en effet que « chacun a droit au respect de sa vie privée », c’est-à-dire à son secret. Et si, précisément en acceptant la fonction de Président de la République, fonction à laquelle, nul ne peut être contraint sans son consentement, le Président de la République devenait le seul citoyen à n’avoir pas le droit à une vie privée ? En acceptant cette fonction vous avez même renoncé à l’intime de l’intime de chaque vie privée : votre santé, puisque vous vous astreignez à rendre compte de votre état de santé ! Vous n’avez plus le droit à une opinion politique et vos premiers mots lors de votre élection le confirment : « Je ne suis maintenant plus un président socialiste, je suis le président de tous les Français, le président de la France ». Ma réponse à votre revendication d’un « droit à une vie privée », de manière plus argumentée tient dans le petit texte que je vous adresse en pièce jointe, dans un pays où la revendication des « droits » prolifère alors que le mot « devoir » est pratiquement obsolète. J’ai hésité longtemps à vous l’adresser, car il est verbeux, imprimé sans avoir été relu et il témoigne que le citoyen ordinaire que je suis n’a de leçon à donner à personne ! …/…