Baleària. Une traversée de 25 ans

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Une traversée de 25 ans (1998-2023)


Une traversée de 25 ans (1998-2023) Dénia, octobre 2023 © Baleària Impression DPrint Conception et conceptualisation graphique Anversal et Inmedia Solutions Photos Baleària, Vicens Giménez, Tolo Balaguer, Juan Carlos León, Diario de Ibiza Dépôt légal A586-2023 Imprimé sur papier Arena extra White de 140 g


SOMMAIRE

PRÉSENTATION

25 ans de succès partagé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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FAITS MARQUANTS 1998-2023 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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HISTORIQUE

Une naissance dans une mer agitée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Le pari de la grande vitesse et ses conséquences (positives). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Le voyage en tant qu’expérience. Cap sur la durabilité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Mers lointaines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Le bateau en tant qu’élément stratégique de l’économie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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L’expression de l’engagement envers la société. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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La force des personnes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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La réalité économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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REGARDS

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EN CHIFFRES

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PRÉSENTATION


25 ans de succès partagé Adolfo Utor Martínez Président de Baleària

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25 ans, ce n’est pas rien ; mais en repensant à cette époque, la situation était très différente de ce qu’elle est aujourd’hui. En 1998, en Espagne, le groupe terroriste ETA sévissait encore, les crimes envers les femmes étaient dénommés crimes passionnels, le football féminin était presque anecdotique et le service militaire était encore obligatoire ; pour divorcer, il fallait qu’il y ait un coupable et le mariage entre personnes du même sexe n’existait pas. En 1998, Google est né, l’A lfa Romeo 156 a été la voiture de l’année en Espagne, le Barça a remporté le championnat et le Real Madrid la Ligue des champions. Ce fut également l’année de lancement du Viagra, les Spice Girls étaient numéro 1 dans les classements, le film Titanic sortait en salles, et Baleària a été fondée. Dans le secteur du transport maritime, en 1998, en Espagne la référence était Trasmediterránea, dont le capital était majoritairement public depuis vingt ans. En 1998, Flebasa, qui

avait voulu remettre en cause depuis Dénia le statu quo du secteur du transport maritime, fait faillite. Et alors que le calme, et avec lui l’absence de compétitivité semblaient à nouveau s’imposer au sein du secteur, Baleària a fait son apparition. 25 ans plus tard, Baleària est la première compagnie maritime espagnole. Comme je l’ai dit bien souvent, la raison de la création de Baleària était le maintien à l’époque des postes de travail. Et tout ce qui s’est passé depuis est expliqué dans les pages suivantes. Pour ma part, je voudrais simplement souligner que cette réussite est le succès de tous, résultat de l’effort, de l’engagement et du professionnalisme des milliers de personnes qui ont travaillé ou travaillent actuellement chez Baleària depuis 25 ans. Si certains noms apparaissent dans ces pages et que d’autres n’y figurent pas, c’est simplement parce que tout choix implique une exclusion, même si elle n’est pas méritée.

PRÉSENTATION


Rien n’aurait été possible si, au sein de Baleària, nous n’avions pas su et voulu, dès le début, générer de la confiance et donc des synergies. Nous ne serions pas là où nous en sommes sans nos usagers, nos passagers et nos clients de fret, qui nous ont toujours fait confiance et avec lesquels nous avons été et sommes en dialogue permanent. En d’autres termes, sans toutes les personnes qui nous ont fait confiance, nous ne serions rien. Et en cela, il n’y a pas de distinction entre le triangle Îles Baléares-Catalogne-Communauté valencienne, où Baleària a concentré ses opérations dès les premières années, et les ports de Ceuta, Melilla, d’Andalousie, du Maroc, d’Algérie, de France, des États-Unis et des Bahamas où nous opérons également aujourd’hui. Et, bien sûr, à l’avenir, nous allons appliquer la même politique d’engagement envers les personnes et les régions auxquelles nous prêtons service. Ajoutons à cela la formule Baleària qui repose sur un engagement social et culturel mis en œuvre par la Fondation qui s’implique envers les régions et les personnes en toute humilité. Et un engagement en faveur de l’environnement, un domaine dans lequel nous avons été pionniers et maintenons clairement notre leadership grâce à notre recours à la technologie. Car nous sommes convaincus que, pour célébrer notre prochain 25e anniversaire, nous devons préserver la planète en prêtant des services maritimes de qualité assurés par des navires qui tendent vers zéro émission. C’est l’objectif que nous nous sommes fixés et que nous voulons partager avec la société.

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FAITS MARQUANTS


Faits marquants 1998

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Adolfo Utor dirige la création de Baleària avec d’autres anciens employés de la compagnie maritime Flebasa qui avait récemment fait faillite. La compagnie exploite les lignes Dénia-Ibiza-Palma et IbizaFormentera.

2003 Lancement de la première ligne internationale Algésiras-Tanger (Maroc).

2001 Le Federico García Lorca assure la ligne Dénia-Ibiza-Palma. Ce fait constitue une révolution dans les liaisons maritimes avec les Îles Baléares qui ne sont plus qu’à deux heures de l’Espagne continentale.

2002 Pour garantir sa croissance, la compagnie initie une phase de professionnalisation de son équipe de direction.

2000 La compagnie construit son premier navire, l’innovant fast-ferry Federico García Lorca, qui sera le fleuron de la société au cours des années suivantes.

La compagnie propose des services intégraux et quotidiens depuis Barcelone vers toutes les Îles Baléares, avec de nouvelles liaisons vers Alcúdia, Ciutadella, Ibiza et Mahón.

2004 Création de la Fondation Baleària afin de consolider les relations avec les régions où la compagnie est présente. Création de Baleària Carga pour prêter un service intégral de transport de marchandises.

FAITS MARQUANTS


2005 La fusion par absorption d’Umafisa, la division maritime du groupe Matutes, renforce la compétitivité de la compagnie. La compagnie poursuit sa politique en faveur de la grande vitesse en intégrant dans sa flotte de nouveaux fast-ferries.

2007 Acquisition de la compagnie maritime Buquebus España et consolidation de la présence dans le détroit de Gibraltar. Implantation dans le port de Valencia depuis lequel la compagnie rejoint Palma tous les jours.

2009 2006 Lancement de nouvelles liaisons à la fois dans le détroit de Gibraltar (Algésiras-Ceuta) et vers les Îles Baléares : Barcelone-Palma avec un ferry de grande capacité et la première ligne directe en fast-ferry entre Dénia et Formentera.

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La compagnie intègre à sa flotte deux ferries de dernière génération, plus efficients et avec une plus grande capacité de fret, et à bord desquels la traversée devient une expérience de voyage. Publication du premier Rapport de développement durable.

2010 Entrée en service de deux ferries de dernière génération. Création de l’indice d’éco-efficience de Baleària pour contrôler la flotte. Mise en place du Code de conduite et de déontologie de l’entreprise. 11

2011 La compagnie franchit une nouvelle étape dans son internationalisation en commençant à opérer aux ÉtatsUnis et aux Bahamas. Attribution de la ligne d’intérêt public Algésiras-Ceuta.


2012

2016

La compagnie lance Baleària Fun&Music, un programme qui combine des services à bord avec des contenus de loisirs.

Début de la ligne avec l’Algérie, entre Valencia et Mostaganem. Inauguration de nouvelles liaisons de Melilla vers Alméria et Malaga.

2013

Tenue de la première Convention Baleària.

Inauguration de Baleària Port, la nouvelle gare maritime de Dénia et siège social de la compagnie.

La compagnie intègre dans son modèle d’activité les ODD des Nations Unies comme feuille de route.

2014 12

Lancement d’un projet innovant en Espagne pour mettre au point le premier générateur au gaz naturel pour ferries de passagers.

2015

2017

Obtention des autorisations du gouvernement américain pour opérer à l’avenir avec Cuba.

Lancement de la quatrième liaison internationale : Alméria-Nador (Maroc).

Pour garantir sa croissance, la compagnie lance un nouveau plan de flotte, avec la construction de nouveaux navires et en en affrétant d’autres.

Début de la construction de deux ferries à double motorisation au gaz. La compagnie devient membre du Réseau espagnol du Pacte mondial, dont elle est signataire depuis 2011.

FAITS MARQUANTS


2020 Malgré le contexte d’incertitude dû à la pandémie, la compagnie poursuit son plan de flotte au gaz naturel et commence à installer des capteurs de mesure sur ses navires.

2018 La compagnie intègre dans sa flotte quatre éco-fast-ferries pour assurer la ligne entre Ibiza et Formentera en réduisant les émissions. Alliance avec Fred. Olsen Express pour opérer conjointement entre Huelva et les Îles Canaries.

2019 Grâce à la construction de nouveaux bateaux et à l’adaptation des moteurs de ceux existants, la compagnie devient la première à exploiter des ferries propulsés au gaz naturel en Méditerranée, dans le détroit de Gibraltar et à destination des Îles Canaries. Début de la conversion des navires en smart-ships, de la numérisation de la division de fret et lancement de la Tour de contrôle de la flotte. Inauguration de nouvelles lignes aux Bahamas. BALEÀRIA · 25 ANS

2022 Début de la construction du deuxième fast-ferry à moteur hybride.

Nouvelle liaison internationale entre Sète (France) et Nador (Maroc).

Adjudication de la construction et de l’exploitation de la gare maritime de Valencia.

2021

Début de la liaison entre Motril et Tanger Med (Maroc).

Entrée en service du premier fastferry du monde à moteur hybride au gaz. 13

Le président et fondateur de Baleària, Adolfo Utor, devient actionnaire unique de la compagnie.

2023 Inauguration du premier ferry électrique d’Espagne. Baleària fête ses 25 ans, avec le statut de compagnie maritime leader en Espagne. Une entreprise engagée envers les régions, avec une vocation de service public et qui considère la durabilité et l’innovation comme des éléments indispensables.


« Una travesía de 25 años », le documentaire

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En juin 2023, Baleària a présenté Una travesía de 25 años (Une traversée de 25 ans), un documentaire qui raconte son histoire à travers le témoignage du président de la compagnie et de quatorze personnes, dont des experts du secteur du transport maritime et des témoignages à la première personne sur l’évolution de l’entreprise, avec ses réussites et ses vicissitudes sur toute la période. D’une durée de 45 minutes, le documentaire raconte les débuts de la compagnie, les décisions qui ont permis son développement et les moments difficiles, sans oublier un regard tourné vers l’avenir. Baleària a fait appel à l’agence de communication valencienne Crea Concepto pour produire ce documentaire qui a été tourné à Ibiza, Minorque, Barcelone, Dénia, Tanger et Miami. Una travesía de 25 años a été projeté en avant-première au siège de la compagnie, à Dénia, devant 300 personnes, et diffusé sur le canal YouTube de Baleària, accessible à travers le code QR ci-joint.

Intervenants lors du documentaire Adolfo Utor, président de Baleària Fátima Oualit, responsable de Baleària à Tanger Federico Alarcón, responsable d’exploitation de Baleària à Ibiza Javier Ortega Figueiral, journaliste spécialisé dans le secteur maritime Llanos Moreno, responsable recouvrement de Baleària Lluís Moll, gérant de Mascaró Morera Maribel Pérez, responsable de la Fondation Baleària Marisa Marco, responsable des finances de Baleària Maydo Conde, responsable de comptabilité José Ignacio Marí, ancien capitaine et pilote d’Ibiza Francisco Marí, employé retraité des services à bord de Baleària Pedro Puertas, capitaine de Baleària José Costa, propriétaire de Viajes Marazul Pilar Lecha, responsable de Baleària à Miami (2011-2013) Teresa Costa, responsable de consignations à Ibiza (Version en espagnol)

FAITS MARQUANTS


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HISTORIQUE



1998. Une naissance dans une mer agitée

Parfois, même si cela est rare, le petit poisson mange le grand. C’est ce qui s’est passé il y a 25 ans, lorsque Baleària a surgi des cendres de Flebasa-Isnasa. Le jeune Adolfo Utor, qui avait évolué aux côtés de Victoriano Sayalero, propriétaire de Flebasa-Isnasa, a été à la tête d’un projet qui, avec le temps, a relayé ce petit empire maritime, alors en décrépitude, créé par Sayalero. Pour Baleària, tout a commencé en 1998. Sayalero régnait sur le détroit de Gibraltar depuis la fin des années 1970 avec Isnasa, et il avait créé Flebasa comme deuxième marque pour opérer sur les lignes des Îles Baléares. Il avait innové avec l’inauguration de la ligne Dénia-Ibiza, qu’il prolongea plus tard jusqu’à Palma, tout en assurant les lignes inter-insu-

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laires Minorque-Majorque et Ibiza-Formentera et en offrant des services depuis le port de Vilanova i la Geltrú, en Catalogne, vers les Îles Baléares. L’homme d’affaires d’Ibiza Eduardo Mayol, qui détenait 20 % du capital de Flebasa, eut un différend avec Sayalero en 1990, suite à quoi Adolfo Utor devint le principal dirigeant de l’entreprise. En 1998, la compagnie maritime de Sayalero s’effondre sur fond de scandales et de conflits dans le détroit de Gibraltar, mais Flebasa obtient de bons résultats et la ligne Dénia-Ibiza se maintient grâce à l’élan et à l’engagement d’une équipe dirigée par Adolfo Utor à Dénia, qui en est le directeur général, et par Perfecto Cortés à Ibiza. Mais cette même année, l’inévitable se produit et une opportunité se présente. Fle-

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Isnasa La société Isleña de Navegación S.A. a été créée au début des années 1970 par l’armateur majorquin José Alzina Ferragut pour relier Cala Ratjada (Majorque) à Ciutadella (Minorque). Cette compagnie est rapidement contrôlée par Victoriano Sayalero qui réoriente ses activités vers le détroit de Gibraltar, en modernisant les services (bateaux de proue à poupe, hôtesses à bord, etc.), brise le monopole de Trasmediterránea et connaît pratiquement sans interruption des conflits du travail et un surendettement qui auront raison de l’entreprise en mai 1998.

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basa est sur le point d’être entraînée par la chute de sa maison mère Isnasa, à laquelle appartenaient les navires qu’elle exploitait. L’immobilisation pour impayés du Manuel Azaña, le meilleur navire avec lequel Flebasa naviguait, précipita l’entreprise au bord du gouffre. Du jour au lendemain, après le Manuel Azaña, Flebasa perd également le Bahía de Málaga et le Punta Europa, les trois navires pouvant tenir tête à Trasmediterránea, alors et depuis 1978 sous l’égide de l’État espagnol. Du gouffre généré par les impayés, personnel compris, et de l’immobilisation des navires est née Baleària, un projet avec un leader clair, Adolfo Utor, avec le concours de tout le personnel, tant à terre qu’en mer, qui a tout misé et qui a gagné. Baleària a été créée comme un acte de survie dans le but de maintenir les emplois de Flebasa. Le 20 juin 1998, Eurolíneas Marítimas S.A.L. est officiellement constituée en société anonyme à responsabilité limitée, avec Dénia comme siège social. En plus de ce leadership, l’entreprise a pu compter sur le défi (les prestations chômage ont été capitalisées) et la finezza économique de l’économiste Federico Cervera, originaire de Dénia, qui a toujours été à l’origine des meilleures décisions économico-financières de Baleària, du moins à ses débuts. Les statuts de constitution d’Eurolíneas Marítimas S.A.L. passés par-devant le notaire de Dénia, Me Vicente Sorribes, font état de plusieurs dirigeants, outre Adolfo Utor. Auprès d’eux, la société Flujo S.A., qui représente les

intérêts de Victoriano Sayalero, et certains associés qui ont permis à Baleària de resurgir des cendres de Flebasa : Pablo Arnau, Federico Cervera, Josep Hilari Lledó, Vicent Mut, Vicent Pérez, Juan Martínez, Perfecto Cortés, Joaquín Ginestar, Javier Moreno et Juan Vicente Soriano. Le capital initial, libéré à 25 % seulement, semble ridicule 25 ans plus tard pour une compagnie maritime : 100 millions de pesetas, soit un peu plus de 600 000 euros... dont seulement 25 millions de pesetas (125 000 euros) libérés à l’époque. D’où le titre de l’article d’un journal au sujet de Baleària : « La compagnie maritime qui est née sans navires », les navires appartenant effectivement toujours à Flebasa. DES DÉBUTS COMPLIQUÉS

Comme presque tous les débuts, ceux de Baleària ont été difficiles, notamment en raison des engagements pris envers Victoriano Sayalero, sur le plan formel, un associé de plus, mais déterminé à obtenir de la nouvelle compagnie maritime ce qu’il n’avait pas pu obtenir avec Isnasa. Adolfo Utor en étant bien conscient, il s’était assuré de ne pas lui donner accès à la trésorerie. Rapidement, les 16 premiers associés-employés ont été rejoints par d’autres, ainsi que par quelques fournisseurs-créanciers. La flotte avec laquelle Baleària a démarré, à partir de la cession de Flebasa, était à l’image de son petit capital social. Le Bahía de Málaga, avec déjà 18 ans de service à l’époque et fleuron de la nouvelle compagnie maritime, le

HISTORIQUE


Le Bahía de Málaga était l’un des navires commandés par Victoriano Sayalero à la fin des années 1970. Il a appartenu à Baleària entre 2001 et 2009, date à laquelle il a été revendu à une compagnie maritime turco-chypriote. À l’époque, le Bahía de Málaga reliait l’Espagne continentale aux Îles Baléares (Dénia-Sant Antoni de Portmany) en moins de quatre heures, transportant passagers, véhicules et fret ro-ro.

Le Cala Galdana navigue toujours dans les Antilles sous pavillon bolivien et s’apprête à fêter son 50e anniversaire, puisqu’il a été mis à l’eau en 1974. Flebasa a acquis le navire en 1992 à Naviera Mallorquina ; il est passé à Baleària après la création de l’entreprise et il a été revendu trois ans plus tard à une compagnie maritime panaméenne.

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Les premières années de Baleària : de nombreux intervenants

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Aujourd’hui, Baleària est une entreprise qui existe depuis 25 ans et compte près de 2 000 employés. Mais lorsque tout a commencé, elle était loin d’avoir la taille d’aujourd’hui, et le protagoniste était encore Victoriano Sayalero, vers la fin de sa carrière, qui nous a quittés en 2021 à l’âge de 88 ans. Éleveur de taureaux, promoteur, hôtelier et armateur, il était d’une personnalité excentrique et débordante. Il aimait rappeler que l’un de ses taureaux, nommé Avispado, avait causé la mort du célèbre toréador Paquirri à Pozoblanco en 1984, l’une des grandes tragédies de l’histoire de la tauromachie en Espagne. Son comportement ne faisait pas l’unanimité parmi les amateurs de tauromachie et les étrangers. En définitive, un homme catégorique qui a laissé aux fondateurs de Baleària des souvenirs et des sensations doucesamères et contradictoires. Lors de la disparition de Flebasa et de l’émergence de Baleària, Adolfo Utor était délégué de pouvoirs, mais il n’était pas le seul. Federico Cervera a été le premier directeur-associé solidaire de Baleària. Économiste et issu d’une famille de restaurateurs de Dénia, il a toujours été aux côtés d’Adolfo Utor. Au début, en tant que membre de la direction de la compagnie, en conciliant toujours sa profession et la gestion de ses entreprises du secteur du tourisme et de la restauration, qui ont contribué dans une grande mesure à faire de Dénia une destination gastronomique en synergie avec Baleària.

Une autre personne importante lors du passage de Flebasa à Baleària a été l’ingénieur industriel Amalio Muñoz, qui nous a quittés en 2018 à l’âge de 83 ans et qui, jusqu’au dernier moment, a fait partie du noyau dur des personnes avec la plus grande confiance d’Adolfo Utor. Il a toujours obtenu de ce dernier la plus grande admiration pour sa contribution et son implication dans le projet, résultat de son expérience forgée lors de nombreuses initiatives maritimes du temps de l’autarcie. Et ce, même s’il a commencé à Baleària en tant que représentant des intérêts de Victoriano Sayalero. Perfecto Cortés, qui venait également de Flebasa et entretenait de bonnes relations avec Sayalero, a été pendant de nombreuses années l’homme de confiance de la compagnie à Ibiza. En effet, il a su faire face à toutes les éventualités. Doté d’une grande empathie, Perfecto Cortés a su prendre le pouls de la compagnie à Ibiza et à Formentera, et il a dirigé l’entrée de Baleària sur le marché du détroit de Gibraltar avec l’inauguration de la ligne Algésiras-Tanger. Tout comme Perfecto Cortés, Juan Vicente Soriano avait fait ses débuts chez Flebasa. Ce dernier a géré de main de maître la délégation de Baleària à Majorque et la présence de la compagnie à Alcúdia et Ciutadella, avec la valeur ajoutée de le faire à une époque où d’autres compagnies maritimes dominaient le marché. On doit l’image de Baleària à José Vicente Faus, connu de tous sous le nom de Pepe Faus. Décédé en juin 2023, depuis son atelier de La Xara de la région de la Marina Alta, il est l’auteur de l’image graphique tout au long des 25 ans de Baleària, rendant l’entreprise visuellement proche et reconnaissable.

HISTORIQUE


Ettore Morace, originaire de Naples et issu d’une famille de navigateurs siciliens, a joué dès ses débuts un rôle essentiel pour l’intégration décisive du navire Federico García Lorca dans la flotte de la compagnie. Pendant la plus grande partie de sa carrière professionnelle, il a été courtier maritime basé à Malte, et il a fourni plusieurs navires à Flebasa. Il a également été à la tête de compagnies maritimes en Italie. Après l’opération Lorca, il a rejoint Baleària et occupa le poste de directeur des opérations de la compagnie entre 2018 et début 2020. Peu après avoir quitté Baleària, en tant qu’homme de confiance de la famille Grimaldi en Espagne, il est devenu directeur général de la toute nouvelle société Trasmed-Grimaldi qui a repris une partie du trafic avec les Îles Baléares de l’historique compagnie Trasmediterránea. Peu après avoir obtenu sa maîtrise de droit, David Fernández a rejoint Baleària début 2003. Après avoir travaillé au poste d’expert juridique, il devient en 2009 secrétaire général de Baleària, poste qu’il quitte en juillet 2019 pour occuper celui de sous-secrétaire du ministère de la Santé du gouvernement valencien, et depuis lequel il a géré l’achat de matériel pour faire face au Covid. En juillet 2021, il rejoint Baleària pour prendre la direction des opérations et de l’exploitation. Parmi les capitaines qui n’ont pas hésité à s’engager dans la création de Baleària figurent également Alfredo González Pérez, capitaine du célèbre Manuel Azaña, qui nous a quittés peu après sa retraite, José Ignacio Marí, devenu en 2000 capitaine de navires du port d’Ibiza, ou encore Luis Ángel Álvarez Rodríguez, aux commandes des rapides de Formentera.

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Manuel Azaña Le navire qui a permis la transition de Flebasa à Baleària Le Manuel Azaña a été construit dans les chantiers navals de Huelva sur commande de la compagnie maritime Isnasa. Ce navire est entré en service dans le détroit de Gibraltar en 1995 et, après deux sai-

sons estivales, il a été affecté en 1996 à la ligne Dénia-Ibiza-Palma. Conçu comme un navire double-ended (qui opère à la fois par l’avant et par l’arrière), le projet a été modifié alors que le navire était déjà en cours de construction en raison de modifications dans les normes de sécurité maritime. La silhouette du Manuel Azaña est alors devenue particulière, avec un pont panoramique sur 360 degrés au milieu du navire, la disposition de la poupe avec deux

cheminées parallèles et la proue spectaculaire, qui a permis au navire de résister à de nombreuses tempêtes. En 2009, le Manuel Azaña a été vendu à la compagnie maritime jordanienne Arab Bridge Maritime Co. Le ferry est rebaptisé Amman et il entre en service en Mer Rouge, ce qui ne l’empêche pas d’être affrété pour participer à plusieurs opérations de passage du détroit de Gibraltar, notamment sous la bannière Baleària lors des saisons 2018 et 2019.

HISTORIQUE


Rápido de Formentera et Rápido de Menorca La grande vitesse entre les îles Pityuses Le Rápido de Formentera et son quasi jumeau, le Rápido de Menorca, sont des catamarans construits en Norvège en 1974 et 1975 et qui naviguent toujours même s’ils sont sur le point de fêter leurs 50 ans. Le premier, sous pavillon uruguayen et renommé Buenos Aires Express, navigue entre l’Uruguay et l’Argentine, et le second navigue sous le nom de Hontanas dans les Antilles. Ces deux rapides de petite taille ont été acquis par Flebasa en 1989 et exploités essentiellement sur la ligne entre Ibiza et Formentera. À partir de 1998, ils ont donc navigué sous la bannière de Baleària. En 2008, ils ont été remplacés par des navires plus modernes et durables.

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Arlequín Rojo Le doyen des navires de passagers en Europe Construit à Nantes en 1964, il a été exploité sous différents noms dans plusieurs estuaires de la côte atlantique française jusqu’en 1993, date à laquelle il a été racheté par Flebasa et rebaptisé Arlequín Rojo, avec l’apparence d’un ferry fluvial mais qui a prouvé sa capacité à assurer la liaison entre Ibiza et Formentera même en cas de mauvais temps. Sa bonne manœuvrabilité et le fait qu’il soit opérationnel dans les deux sens grâce à sa symétrie constructive ont fait de lui le navire idéal entre les deux îles. La conception du moderne Cap de Barbaria (2023) reprend le concept de l’Arlequín Rojo, qui a été exploité jusqu’en 2012, lorsque Baleària a mis en service le Posidonia sur la ligne entre les îles Pityuses.

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HISTORIQUE


ro-ro Cala Galdana, qui approchait les 25 ans de service, le Rápido de Menorca, le Rápido de Formentera et l’Arlequín Rojo, un bateau singulier datant de 1964 et qui fut en service jusqu’en 2012, près d’un demi-siècle après sa mise à l’eau. À terre, outre la capacité de séduction incontestable et la grande empathie d’Adolfo Utor, l’entreprise comptait sur la gestion de Federico Cervera et sur ses dirigeants comme Manuel Pérez à la comptabilité, Antonio García aux systèmes d’exploitation et Alberto Durá à la gestion du personnel, qui apportèrent crédibilité au projet, avec le cabinet d’audit PricewaterhouseCoopers (PwC). Tout cela donna aux créanciers et aux fournisseurs une image très différente de celle que Flebasa avait laissée en tant que prédécesseur direct de la nouvelle compagnie. En effet, dès le début, la confiance a constitué un élément essentiel de Baleària. Cette confiance qui a uni les associés de l’entreprise ; cette confiance générée lors des moments difficiles auprès des fournisseurs et des clients. Et la rectitude et une certaine sobriété mesurée, parfois obligatoires, dans la gestion. Certains, comme l’ingénieur Amalio Muñoz, ont été parties prenantes de la nouvelle compagnie dès ses débuts, en apportant leur expérience et leur connaissance du secteur. À cela est venu s’ajouter le dynamisme des responsables de zones et des membres de l’équipe fondatrice tels que Juan Vicente Soriano et Perfecto Cortés. Pendant ce temps, en mer, des équipages également engagés dans

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le projet — et à la tête desquels se trouvaient alors de jeunes capitaines comme Francisco Jiménez Vara ou Pedro Puertas — ont assuré les premières traversées d’une compagnie maritime qui fête aujourd’hui ses 25 premières années d’existence. Ainsi, le secteur très conservateur et traditionnel du transport maritime a vu naître une nouvelle compagnie avec peu de navires — dirigée par celui qui, quelques années auparavant, avait débuté comme arrimeur, parmi d’autres fonctions — qui, malgré tout, a réussi à maintenir une certaine part de marché et la confiance d’une partie non négligeable de clients de fret et de passagers grâce à l’attrait de la ligne Dénia-Ibiza. C’est dans ce contexte qu’après un accord laborieusement élaboré par Adolfo Utor et son équipe avec les chantiers navals de Huelva, Baleària a réussi à intégrer le Manuel Azaña dans sa flotte en mars 1999, et à prouver ainsi, en interne et aux yeux de tous, que le projet avait de l’avenir.

DÈS LES PREMIERS INSTANTS, LA CONFIANCE QUI A SOUDÉ L’ÉQUIPE EST DEVENUE UN ÉLÉMENT ESSENTIEL DE BALEÀRIA

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Le pari de la grande vitesse et ses conséquences (positives)

Lorsque la mer agitée qui sévissait au moment de sa naissance semblait se calmer, Baleària l’a de nouveau agitée. Si la création de la compagnie fut en soi un pari risqué, tout simplement un acte de survie selon son principal protagoniste, l’acquisition et la mise en service du Federico García Lorca a été un quitte ou double qui s’est rapidement avéré gagnant. Dès sa constitution, Baleària a commencé à redevenir une compagnie comme les autres et à oublier les convulsions inhérentes à toute entreprise située dans l’orbite de Victoriano Sayalero. L’armateur participait encore à la gestion de l’entreprise et sa frustration grandissait à mesure qu’il se rendait compte que la gestion de Baleària était régie par la rectitude et la génération de confiance à deux niveaux :

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au niveau interne et, surtout, auprès des clients et fournisseurs. La structure de l’entreprise avait été élargie et sa gestion rationalisée, avec Adolfo Utor et Federico Cervera à la barre et Amalio Muñoz en tant que représentant des intérêts de Sayalero qui, après les avoir liquidés, devint l’un des hommes de confiance d’Adolfo Utor jusqu’à sa mort. Mais à cette époque, au début du siècle, Baleària était encore considérée par le marché comme une petite compagnie maritime de Dénia, quelque peu atypique et déclassée, dans un secteur où les noms de famille avec ascendance abondaient et où la dépendance de Trasmediterránea de l’État avait débouché sur une situation de statu quo. Le Federico García Lorca fit alors son en-

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trée sur scène, et c’est avec ce navire que tout commença, ou du moins la consolidation et le décollage de Baleària. L’acquisition du Lorca a été une décision aussi risquée que judicieuse. Risquée parce qu’il s’agissait d’un projet naval italien qui était sur le marché et n’avait aucun prétendant. Cela était principalement dû au fait que les catamarans de conception australienne étaient le paradigme de la grande vitesse, tandis que le projet italien était un long monocoque en aluminium. Et judicieuse, car le navire a non seulement permis à Baleària de devenir un acteur de premier ordre sur le marché du transport maritime, mais il a également été vendu avec une importante plus-value en 2013, après 12 ans de bons et loyaux services, à une compagnie de transport maritime vénézuélienne. C’est le triangle Tennesse-Dénia-Sicile qui a permis de financer le Lorca (7 200 millions de pesetas, 42 millions d’euros, une somme exorbitante pour un armateur au capital social réduit) et, avec lui, de marquer toute une époque. Ettore Morace, alors directeur commercial des chantiers navals familiaux Rodriquez Cantieri Navali, est originaire de Sicile. À Nashville (Tennessee) se trouve le siège de Cat Financial Carterpillar... et à Dénia, celui de Baleària. Le jour de l’Épiphanie 2000, Adolfo Utor reçoit un appel d’Ettore Morace : il y avait la possibilité d’un financement américain pour le navire dont la vente était en cours. Les intérêts du prêt étaient abordables à une époque où les taux d’intérêt n’étaient pas favorables et où les

banques espagnoles n’étaient pas disposées à s’engager auprès de Baleària. Dans les mois qui suivirent, la Baleària naissante s’est mise à nu devant ses créanciers potentiels, convaincus de la cohésion de l’équipe humaine, de la rectitude de sa gestion et de la confiance qu’elle transmettait à ses clients et fournisseurs. Il était également important de faire connaître aux responsables envoyés par Cat Financial depuis les États-Unis le mode de vie méditerranéen lors de leurs visites à Dénia et Ibiza. À un moment décisif, cette société financière imposa une dernière exigence : que l’équipe dirigeante de Baleària garantisse le crédit avec ses biens personnels. Compte tenu que les biens étaient rares et les charges élevées, cela ne constitua aucun obstacle. DES CRÉANCIERS DE CONFIANCE

La détermination des Américains à financer la première grande opération de Baleària contrastait avec la réticence des banques et de l’administration espagnoles. L’opération financière s’est bien déroulée pour Cat Financial Carterpillar, ce qui n’est pas si fréquent dans le financement des navires, même si, comme pour le Federico García Lorca, c’est le groupe Carterpillar lui-même qui a fourni les moteurs. Adolfo Utor n’a aucun doute à ce sujet : « Nous avons gagné leur confiance ; nous avons compris l’importance de travailler avec la valeur de la solvabilité personnelle et la confiance de nos clients et fournisseurs, la confiance de notre société, la confiance de nos administrations. Car, à n’en pas douter, la

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Federico García Lorca La révolution du transport maritime Le fleuron de la flotte des débuts de Baleària a été construit dans les chantiers navals Rodriquez Cantieri Navali à Pietra Ligure, non loin de Gênes. L’un des piliers de Baleària

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depuis ses débuts, Antonio García, se souvient de sa mise à l’eau : « Le moment précis où j’ai vu le navire entrer dans l’eau, sur le brise-lames du quai, en compagnie des familles des employés du chantier naval invitées à l’événement, a été très spécial. Toute la ville était présente et ce fut une grande journée pour tous ; à côté de moi, une mère et son fils étaient également émus lorsque

le bambino a vu le bateau quitter le port et commencer à voguer, en s’exclamant « la nave de mio papa ! ». En entendant ces mots, j’ai commencé à pleurer. C’était comme la prémonition que quelque chose de grand allait se passer. Ce jour-là, j’ai non seulement assisté à la naissance d’un navire, mais il s’est avéré être la base sur laquelle l’entreprise actuelle a été construite ».


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Présentation de la construction du Federico García Lorca avec Perfecto Cortés, Federico Cervera, Ettore Morace, Adolfo Utor, Juan Vicente Soriano et les responsables des chantiers Rodriquez.

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confiance est le premier et le meilleur atout d’une entreprise. Et c’est bien sûr celui de Baleària ». Le Lorca a commencé à assurer la ligne régulière Dénia-Ibiza-Palma le 26 juin 2001. Il est rapidement devenu non seulement le fleuron de Baleària, mais aussi une référence pour les communications maritimes espagnoles en Méditerranée. Voyager avec des temps compétitifs par rapport à l’avion, dans le confort et avec la possibilité de se déplacer en voiture a séduit les habitants ainsi que les étrangers, et a fait de Dénia, avec Barcelone et Valencia, l’un des ports espagnols reliant non seulement Ibiza, mais aussi Majorque. Baleària et son nouveau navire sont alors devenus des références, une chose impensable trois ans auparavant, après avoir resurgi de l’agonie de Flebasa. Le secteur avait connu plusieurs tentatives de lancement de liaisons à grande vitesse vers les Îles Baléares, mais elles avaient toutes échoué en raison du manque de fiabilité des navires, de l’inadéquation des horaires et des mauvaises conditions de traversée pour les passagers. Mais avec le Federico García Lorca, Baleària apporta la fiabilité suffisante, des horaires adaptés à la demande, et non seulement le confort mais aussi un bon service à bord d’un grand monocoque en aluminium, avec de puissants moteurs et une conception innovante. Le pari gagnant du Lorca a également servi à générer les recettes qui ont permis à Baleària de se libérer des participations de Victoriano Sayalero et de structurer la gestion et l’actionnariat, avec Adolfo Utor en tant qu’ac-

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LE FEDERICO GARCÍA LORCA EST DEVENU LE FLEURON DE BALEÀRIA ET UNE RÉFÉRENCE EN MATIÈRE DE LIAISONS MARITIMES DANS L’OUEST DU BASSIN MÉDITERRANÉEN

tionnaire principal et d’excellentes plus-values pour les associés qui, dès le début ou plus tard, ont participé au capital de l’entreprise. Après le Lorca vint le Ramon Llull, issu des mêmes chantiers navals, avec la même conception mais de plus petites dimensions, mieux adapté au vieux port de Ciutadella et au trafic avec un taux d’occupation plus faible. En juin 2003, Baleària a inauguré sa ligne Barcelone-Alcúdia-Ciutadella avec le Ramon Llull, ce qui a également supposé le début de l’activité dans le port de la capitale catalane. Et ce, dans un contexte de bouleversements au sein du secteur maritime espagnol : Acciona avait pris le contrôle de l’historique Trasmediterránea ; aux Îles Baléares, Umafisa, du groupe Matutes, maintenait sa part de marché, et l’erratique

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Mise à l’eau du fast-ferry Ramon Llull dans les chantiers navals italiens Rodriquez (à Pietra Ligure), en présence d’une représentation des travailleurs de la compagnie.

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Iscomar se présentait comme une compagnie maritime low-cost jusqu’à sa chute définitive en 2009, avec sa déclaration de cessation de paiements, même si elle continua à opérer sur la ligne Alcúdia-Ciutadella jusqu’en 2016. Avec le Lorca comme fleuron de sa flotte, Baleària a commencé son expansion et son internationalisation en 2003 avec le début de l’exploitation de la ligne Algésiras-Tanger. Si, en 2000, Baleària a pris la décision risquée et sage de la grande vitesse illustrée par le Lorca, l’adaptation du concept a été tout aussi réussie, voire plus. La fiabilité et le confort des passagers du Lorca étaient principalement dus au fait qu’il s’agissait d’un navire monocoque, ce qui signifie un plus grand déplacement et donc une plus grande consommation de

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carburant qu’un catamaran. Lorsque le Lorca est entré en service en 2001, le prix du pétrole brut Brent, la référence en Europe, était de 24 dollars le baril. Lorsque la vente du navire a été conclue en 2013, le baril était à 109 dollars, après une hausse ininterrompue qui a avait atteint 97 dollars en 2008, coïncidant avec la crise financière et la récession qui en suivit, avec un pic maximum de 111 dollars en 2011. Outre les raisons strictement économiques, le concept de durabilité et de changement climatique a conduit Baleària non seulement à réduire la consommation et donc les coûts, mais aussi à repenser son pari pour la grande vitesse. Une fois de plus, il était important d’anticiper. Dans cette optique, Baleària

Le nom du premier de ces catamarans, le Jaume I (suivi du Jaume II et du Jaume III) a été choisi par vote parmi les téléspectateurs de TV3 lors d’une émission qui permit à l’audience de rendre hommage à son personnage historique préféré de la région catalane (le port d’attache du navire allait être Barcelone). Les trois catamarans sont toujours exploités dans les différentes régions où la compagnie est présente : le Jaume I dans le détroit de Gibraltar, le Jaume II sur les lignes vers les Bahamas et le Jaume III (le seul des trois à disposer de services intelligents ou smart et dont les intérieurs ont été entièrement rénovés) entre Alcúdia et Ciutadella.

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Ramon Llull

La liaison directe avec Formentera

Avec les mêmes caractéristiques que le Federico García Lorca mais aux dimensions plus petites, le Ramon Llull est toujours exploité par Baleària 20 ans après sa mise à l’eau dans les chantiers navals Rodriquez, en 2002, et après l’adaptation de ses moteurs pour en réduire la consommation. Depuis quelques années, ce fast-ferry assure la seule liaison directe entre For-

mentera et l’Espagne continentale, depuis le port de Dénia, l’une des lignes les plus fréquentées de la compagnie. En plus de ses espaces intérieurs améliorés, le navire a été transformé en smart ship, ce qui permet aux passagers de disposer à bord de nombreux services numérisés, dont une connexion à Internet et une plateforme de contenus numériques.

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a fait construire par les chantiers navals de la société norvégienne Marin Teknikk à Singapour deux navires jumeaux baptisés Nixe I et Nixe II et conçus pour des liaisons de courte distance comme celle d’Ibiza à Formentera ou d’autres comme dans le détroit de Gibraltar, entre Alcúdia et Ciutadella et, ponctuellement, entre Dénia et Ibiza. C’est dans ce contexte d’engagement modéré en faveur de la grande vitesse qu’a eu lieu l’intégration progressive de trois catamarans, plus petits que le Federico García Lorca et dont les cales ne peuvent transporter que des véhicules : les navires Jaume, dont le premier est entré en service sur la ligne Barcelone-Alcúdia-Ciutadella en juin 2005. De plus, grâce cette ligne, Baleària a renforcé sa présence à Barcelone, a fait d’A lcúdia un port de référence et a relevé le pari, également gagnant, de réduire la durée du trajet Barcelone-Majorque tout en positionnant le navire de manière à assurer une liaison triangulaire avec Minorque. En définitive, Baleària a relancé le port d’Alcúdia en tant que port de passagers au-delà des communications avec le port voisin de Ciutadella à Minorque. Cette période a également vu les débuts de Baleària dans le secteur du trafic de passagers parmi les plus actifs d’Europe : la ligne Algésiras-Ceuta, avec l’un des navires Jaume. Une politique commerciale réussie et la fiabilité du service ont permis de racheter en septembre 2007 la totalité du capital de Buquebus España, ce qui a supposé l’intégration des navires Avemar Dos et Patricia Olivia

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dans la flotte de Baleària. L A F U S I O N AV E C L E G R O U P E M AT U T E S

En définitive, l’engagement stratégique et alors réussi en faveur de la grande vitesse a eu des conséquences positives pour Baleària. En effet, sa consolidation économique a permis à l’entreprise de fusionner par absorption avec la division maritime du groupe Matutes, qui est devenue partenaire minoritaire (avec 42,5 % du capital) de Baleària. Au-delà de pouvoir moduler l’offre, cette fusion a permis à Baleària d’intégrer un partenaire avec une culture d’entreprise différente, ce qui, loin d’impliquer des dysfonctionnements, a contribué à renforcer la structure de l’entreprise ainsi que son capital, et à devenir définitivement une compagnie maritime de référence. À ce titre, le secteur a fait une lecture concrète du pari de Matutes qui avait acquis peu avant 12 % du capital de Trasmediterránea lors de sa privatisation, raison pour laquelle la Commission de défense de la concurrence a dû se prononcer sur la participation de Matutes dans Baleària, avec une seule objection concernant le transport de marchandises entre Ibiza et Formentera. L’intégration de la division maritime du groupe Matutes dans Baleària a provoqué beaucoup moins de tensions, voire aucune, les dirigeants de Matutes assumant le rôle de représentants d’un partenaire financier au sein du conseil d’administration. Ceci, à deux exceptions près dans les organes de direction de Baleària : Guillermo Alomar, qui a été pendant de nombreuses années directeur de la

Buquebus España Filiale de la compagnie maritime uruguayenne Buquebus, Buquebus España a été pionnière dans les communications maritimes à grande vitesse entre Barcelone et Majorque. Après son échec commercial sur cette ligne, elle s’est consacrée à la ligne Algésiras-Ceuta.

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Nixe I, Nixe II La grande vitesse entre les îles Pityuses La première traversée du Nixe I depuis les chantiers navals Marin Teknikk de Singapour à destination de Dénia, en 2004, s’est avérée être une odyssée qui, heureusement, a bien terminé. Après avoir été surpris par un typhon qui aurait pu le faire sombrer, le

fast-ferry ne communiquait plus et n’avait pas fait l’escale prévue au Sri Lanka. Après plusieurs jours d’incertitude, le Nixe I a finalement pu rejoindre l’île indienne d’Andaman avec quelques avaries et les systèmes de communication électronique et le téléphone satellite hors service à cause du typhon. Après réparation, le Nixe I a pu entrer en service sur la ligne Ibiza-Formentera en tant que premier navire à grande vitesse à relier ces deux îles avec véhicules privés

et marchandises à bord. Son jumeau, le Nixe II, a été le premier à relier à grande vitesse Formentera à Dénia, d’abord via Ibiza et plus tard par des liaisons directes. D’une capacité de plus de 550 passagers, ces navires rapides ont assuré d’autres liaisons courtes comme Algésiras-Tanger, Dénia-Sant Antoni et Alcúdia-Ciutadella. Le Nixe II ne fait plus partie de la flotte de Baleària depuis 2008, tandis que son jumeau continue de naviguer entre les îles Pityuses.

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flotte de Baleària, et Joan Serra, actuellement responsable de la compagnie aux Îles Baléares. Depuis la consolidation du projet et le début de l’alliance avec le groupe Matutes, les professionnels présents depuis les origines de Baleària ont également été intégrés. Deux de ces professionnels ont également rejoint le conseil d’administration de l’entreprise au sein duquel les sièges ont été répartis avec la représentation du groupe Matutes : Víctor Terricabras et Ricardo Climent. La confluence des deux entreprises initiée par Adolfo Utor et Abel Matutes en 2005 a conclu fin 2021, avec de bonnes plus-values​​ pour le groupe Matutes à une époque d’incertitudes et de mauvais résultats financiers du secteur du tourisme touché par la pandémie, en faisant d’Adolfo Utor l’actionnaire unique de Baleària. Les deux acteurs du mariage et du divorce à l’amiable qui a suivi ont toujours insisté sur la cordialité qui a régné pendant leurs années de traversée conjointe. Il se trouve qu’à l’époque, la fusion par absorption a permis de rationaliser le trafic qui présentait une certaine convergence (Ibiza-Formentera et Ibiza-Dénia). Cela a permis à Baleària de faire son apparition sur la ligne Barcelone-Ibiza que le groupe Matutes exploitait alors avec le navire Isla de Botafoc. Auprès du monde des affaires, le fait d’intégrer un poids lourd du monde économique et politique conservateur a servi, en outre, de contrepoids à l’image générée par le récent passé socialiste d’Adolfo Utor.

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L’Isla de Botafoc était un ferry très marin, de construction et d’esthétique britanniques (1980), qui a été en service pendant plus de quarante ans. Il a été acquis par le groupe Matutes en 1999 et fut destiné à la ligne Barcelone-Ibiza. Une fois dans la flotte de Baleària, il a été en service sur plusieurs lignes jusqu’en 2010.


Intégration du groupe Matutes dans Baleària : quelques noms

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L’intégration de la division maritime du groupe Matutes a été rapidement et bien digérée par Baleària, alors encore à ses débuts. Ce fut l’occasion de certaines retrouvailles comme celle du capitaine Emilio Saiz Cruza, qui avait participé à la constitution de Baleària et fit son retour dans la compagnie aux commandes du célèbre Isla de Botafoc, l’un des navires apportés par le groupe Matutes. Cette fusion par absorption est intervenue après des périodes de concurrence acharnée, et elle fut présentée aux employés d’Umafisa avec le slogan « 1 + 1 = 1 », ce qui illustrait bien la situation dans laquelle se trouvait l’entreprise. Ce fut donc une nouvelle étape professionnelle également pour Guillermo Alomar, originaire d’Inca et capitaine de la marine marchande. Depuis 1985, ce dernier avait été aux commandes des premiers petits ferries entrés en service sur la ligne Ibiza-Formentera à l’initiative du groupe Matutes et, plus tard, il était devenu directeur de la flotte, poste qu’il a également occupé chez Baleària à partir de 2005 jusqu’à son départ en retraite en 2022. Il entretient toujours des rapports

professionnels avec Baleària en tant que conseiller. Un autre bon exemple de l’intégration chez Baleària du personnel provenant des compagnies maritimes Matutes est celui de Joan Serra, de Formentera, qui a commencé sa carrière dans une ancienne compagnie maritime locale avant de rejoindre le groupe Matutes jusqu’à son intégration dans Baleària. Ce dernier a passé plusieurs années à la tête de la ligne Ibiza-Formentera en bon connaisseur de ses spécificités, avant de devenir responsable de la ligne à Ibiza et Formentera en 2011 et, à partir de 2021, de l’ensemble des Îles Baléares. Deux hommes qui avaient la plus grande confiance d’Abel Matutes dans la structure de son entreprise, Juan Lladó et José Bonet, ont vécu l’intégration Baleària-Matutes en siégeant au conseil d’administration qui était en place jusqu’à ce qu’Adolfo Utor devienne actionnaire unique de Baleària. Juan Lladó et José Bonet ont apporté la rigueur dans la gestion propre à la marque Matutes. Ils adaptèrent le contrôle des dépenses en fonction des investissements à long terme et lorsque cela fut nécessaire, ils firent preuve de leur capacité d’intégration. José Bonet (connu de tous sous le nom de Pepe Bonet) nous a quittés en juillet 2022 à l’âge de 80 ans alors qu’il était toujours dans les affaires.

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Le voyage en tant qu’expérience. Cap sur la durabilité

Le succès du Federico García Lorca n’a pas été repris comme modèle d’activité par Baleària. Le paradigme des années suivantes a été une décision stratégique prise contre toute attente en 2006, mais qui s’est finalement avérée judicieuse. Depuis sa création, Baleària avait toujours eu des bateaux à grande vitesse. Cependant, alors que personne ne voyait encore venir la crise financière de 2008, malgré l’augmentation du prix du carburant, la compagnie avait abandonné la grande vitesse pour les trajets courts ou ceux axés sur les passagers et leurs véhicules, tout en la conservant cependant sur la ligne principale Dénia-Ibiza-Palma. Elle commanda alors aux chantiers navals Barreras quatre navires pour 350 millions d’euros. Le pari économique de

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Baleària était une fois de plus risqué. La marque Baleària commençait à être réputée au-delà de ses régions géographiques de confort, juste avant les bouleversements qu’allait provoquer la crise financière de 2008. Ce pari pour la construction de quatre grands navires était également le signe que la compagnie de Dénia voulait tenir tête à celle qui était alors sa principale concurrente, la compagnie Trasmediterránea, détenue par le puissant groupe Acciona depuis 2002. Auparavant, Baleària avait déjà fait son apparition sur quelques-unes de ses principales lignes, Barcelone-Palma et Valence-Palma, avec des navires récemment construits et affrétés pour l’occasion comme le Pau Casals, suivi des ferries de plus grande capacité opérant alors

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La marque Baleària Un nom, un logo et une couleur corporative qui s’identifient aux îles où l’entreprise a commencé son activité, et au bleu turquoise des eaux dans lesquelles elle a navigué. Le graphiste Pepe Faus a joué un rôle déterminant dans la création et le développement de la marque.


en Méditerranée, le Borja I et le Borja II. Avec ces navires, Baleària commença à tenir tête à celle qui était encore à l’époque la compagnie maritime de référence, l’historique Trasmediterránea, qui ne maintient aujourd’hui cette marque, avec celle d’Armas, que dans les Îles Canaries, le détroit de Gibraltar et la mer d’Alboran. Tout cela après avoir abandonné l’activité des liaisons des Îles Baléares en la cédant à l’opérateur italien. Le premier navire de la série Barreras a été le Martín i Soler, entré en service en 2009, suivi de l’Alhucemas, du Passió per Formentera et de l’Abel Matutes, déjà en 2010. Lorsque le Martín i Soler a été mis à l’eau dans l’estuaire de Vigo en 2008, la crise financière déclenchée par l’explosion de la bulle immobilière aux États-Unis avait déjà affecté les marchés 44

LES NAVIRES CONSTRUITS PAR LES CHANTIERS NAVALS BARRERAS ONT INAUGURÉ UNE NOUVELLE ÈRE, AVEC UN CHANGEMENT DE PARADIGME POUR BALEÀRIA

financiers européens et le prix du carburant avait été multiplié par sept par rapport à 2000, année de la commande du Federico García Lorca. D’où la sagesse d’une décision stratégique adoptée à une époque d’optimisme économique antérieur à la crise de 2008. Ces navires à la pointe de la technologie étaient destinés à marquer une nouvelle étape pour la compagnie dans le cadre d’un changement de paradigme : le voyage en tant qu’expérience pour le passager. D’où le nom de la série Baleària+. Et ces mêmes navires devaient en outre être capables de répondre aux besoins du secteur du fret. Cette évolution a pris la forme d’intérieurs de meilleure qualité combinés à un équilibre entre vitesse et rationalisation des opérations d’embarquement et de débarquement pour permettre aux transporteurs d’effectuer la rotation complète entre l’Espagne continentale et les Îles Baléares en moins de 24 heures, un élément qui demeure l’un des grands avantages concurrentiels de Baleària. Cette décision prise en faveur de cette série de ferries semble avoir été la bonne puisque, aujourd’hui, ces navires sont non seulement toujours compétitifs, mais ils répondent également aux besoins des passagers qui en sont très satisfaits grâce à leurs zones communes agréables et leurs cabines spacieuses, fonctionnelles et confortables. Le tout combiné à la fiabilité des horaires et à la bonne navigabilité de ces navires, ce qui est particulièrement important lorsqu’il s’agit d’assurer des lignes aux conditions de navigation souvent com-

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Les chantiers navals Hijos de J. Barreras et Armon Ces chantiers navals historiques de Vigo, Hijos de J. Barreras, ont été fondés à la fin du 19e siècle par une famille d’origine catalane qui se consacrait à l’industrie de la conserve. La commande des quatre ferries de Baleària a représenté une bouffée d’oxygène pour ces chantiers navals qui, peu après les livraisons, ont déposé volontairement leur bilan. Après de nombreuses vicissitudes, ils furent finalement repris en 2022 par la filiale locale d’Astilleros Armon, ce qui signifia la disparition d’une marque qui avait existé depuis 1892. Baleària est désormais un important client d’Armon, un groupe de sociétés fondé en 1974 et dont le siège se trouve dans les Asturies, là où nos derniers navires comme le ferry électrique Cap de Barbaria ou les modernes fast-ferries Eleanor Roosevelt et Margarita Salas ont été construits. 45

En 2006, le contrat avec Barreras a été signé à Dénia pour construire le premier de ces quatre ferries ultramodernes. La signature a eu lieu en présence du président de Baleària, Adolfo Utor, de celui de Barreras, José Francisco González Viñas, d’Abel Matutes en sa qualité de directeur de Baleària, et des directeurs financiers Ricardo Climent pour Baleària et Fernando Vilariño pour Barreras. Par ce contrat, Baleària accédait en première division et les vicissitudes pour l’obtention d’un financement étaient un souvenir du passé... jusqu’à la crise financière de 2008, l’une des nombreuses tempêtes que la compagnie a su surmonter.

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Martín i Soler Le voyage commence à bord Le premier navire de la série a illustré la nouvelle philosophie de l’entreprise : le voyage commence à bord et il doit être une expérience agréable et non un simple

transport. Le Martín i Soler est devenu une référence en matière de confort, avec un design moderne et minimaliste, et des services de qualité. Ses sièges ergonomiques tapissés de cuir constituent une nouvelle norme pour la flotte, ainsi que ses espaces intérieurs et extérieurs, avec des cabines plus fonctionnelles, des points de restauration, une boutique, une aire de jeux pour

enfants, une piscine... Des prestations qui viennent s’ajouter à une vitesse de navigation de 22 nœuds, supérieure à celle des ferries conventionnels. Le nom du navire rend hommage au compositeur Vicent Martín i Soler, né à Valence au 18e siècle, dont la vie et l’œuvre sont évoquées à l’intérieur du navire à travers les œuvres du peintre Ramón Pérez Carrió, originaire d’Alicante.

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Abel Matutes Le navire le plus long Ce navire a été le dernier des ferries de nouvelle génération construits par les chantiers navals Barreras, mettant ainsi un terme au plan de renouvellement de la flotte de Baleària. Mis à l’eau lors d’une grande célébration à Ibiza en juin 2010, il était à l’époque le plus grand navire de la compagnie, d’une longueur de 190 mètres. C’était également celui qui avait la plus grande capacité en cale, avec une conception opérationnelle à l’avant et à l’arrière qui permet des opérations plus rapides et plus sûres d’embarquement et de débarquement des véhicules. Ce navire a été le premier de Baleària sur lequel a été expérimenté le gaz naturel, grâce au premier générateur d’un ferry de passagers qui utilisait cette énergie au port. Il a ensuite été adapté avec des moteurs hybrides au gaz, comme les autres navires de la série (à l’exception du Passió per Formentera).

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Le fast-ferry Federico García Lorca, le premier fleuron de la flotte de Baleària, dans le port d’Ibiza à côté des ferries Alhucemas (aujourd’hui Bahama Mama) et Abel Matutes, qui ont illustré un nouveau paradigme axé sur l’expérience de voyage, la capacité de fret et le respect de l’environnement.

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Baptisé Alhucemas, il a comme marraine l’employée María José Ortiz, de la délégation d’Algésiras. Lorsqu’il a été temporairement affecté à la ligne entre Port Everglades (Miami) et Grand Bahama, en 2015, les écoliers de l’île, dans le cadre d’un concours, l’ont rebaptisé Bahama Mama, une boisson populaire de cet archipel. Avec un concept similaire à celui du Martín i Soler, il se distingue par ses services à bord.

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pliquées comme c’est le cas dans le détroit de Gibraltar. C’est à ce titre que le Passió per Formentera constitue, grâce également au bon travail de ses équipages, une garantie de communication entre Ceuta et Algésiras, même les jours de mauvais temps. En effet, comme s’en souviennent les techniciens qui ont conçu les quatre navires, il s’agissait d’optimiser et de flexibiliser les opérations, notamment lors de l’embarquement et du débarquement, afin de garantir des temps de transit suffisamment courts sur des lignes très compétitives auxquelles les navires allaient être destinés. Et ce pari a été gagnant, en partie parce que la fonctionnalité des navires en matière de fret et d’opérations portuaires a toujours été accompagnée de la volonté d’offrir aux passagers un excellent service. Mais ces ferries+ sont aussi nés lors de la crise financière survenue en 2008. Le président de Baleària, Adolfo Utor, a toujours reconnu que l’entreprise présentait certaines faiblesses financières lorsque, avec les navires en construction, les banques ont commencé à paniquer et les recettes de la compagnie ont chuté, comme celles de toutes les entreprises. C’est dans ces circonstances que Baleària a su montrer sa force en tant qu’entreprise. Son partenaire financier, le groupe Matutes, a permis de renforcer l’équipe de direction et le sens des affaires toujours calculé d’Adolfo Utor, ce qui a fait comprendre aux banques qu’il était impossible de revenir en arrière dans le financement des navires : soit elles maintenaient le

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crédit, soit elles allaient devenir propriétaires des coques métalliques en construction dans l’estuaire de Vigo. Le résultat est connu de tous. Avec l’évolution du secteur, ces entités bancaires ont disparu, Baleària fête son 25e anniversaire et les quatre navires sillonnent toujours les mers sous la bannière de Baleària, désormais de manière plus éco-efficiente grâce au fait que trois d’entre eux ont été équipés de nouveaux moteurs hybrides au gaz. En effet, la durabilité et l’éco-efficience ont toujours fait partie de l’ADN de Baleària. Le président de l’entreprise a émis sa théorie sur le besoin pour une entreprise d’allier respect de l’environnement et efficience si elle veut être compétitive au 21e siècle. « Soit on est durable, soit on n’existera pas », selon les termes d’Adolfo Utor. Et justement, les navires construits par les chantiers navals Barreras et ceux qui ont suivi en sont un bon exemple, tant lors de leur construction qu’après, avec l’application de mesures pour en améliorer l’efficience énergétique. À ce titre, avec l’entrée en

Le lancement du Martín i Soler a été retransmis en direct auprès de tous les travailleurs de Baleària. Il s’agissait du troisième navire de ces caractéristiques pour la compagnie, après la mise à l’eau du Federico García Lorca et celle du Ramon Llull. La marraine du navire a été Andrea Ivars, une employée de Baleària à Dénia élue parmi toutes ses collègues et qui représente symboliquement toutes les femmes de la compagnie.

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Baleària FunAndMusic Ce concept comprenait les nouveaux services à bord intégrés sur les ferries+ et un programme de loisirs sur les navires, avec des concerts, des spectacles de magie, des fêtes et des activités pour les enfants. Baleària a mis l’accent sur le plaisir de voyager, en ajoutant de nombreux services et commodités à bord comme des sièges en cuir ergonomiques et inclinables et des cabines entièrement équipées. Les travaux ont pris différentes formes pour que les nouveaux navires disposent de boutiques cadeaux, d’aires de jeux pour enfants, de piscines et d’espaces détente à l’extérieur, ou encore de zones aménagées pour les animaux de compagnie. L’expérience de voyage à travers le divertissement et une gamme complète de services ont été maintenues depuis.

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service des navires construits par les chantiers navals Barreras, la compagnie a défini l’indice d’éco-efficience Baleària et a commencé à équiper sa flotte de moteurs permettant d’en réduire les émissions. Dans ce domaine, si quelque chose définit bien Baleària et la distingue de la concurrence, c’est son engagement en faveur d’une navigation la plus éco-efficiente possible. Cela s’est traduit ces dernières années par le recours au gaz naturel comme carburant de transition, un domaine dans lequel l’entreprise a été pionnière au niveau mondial. La compagnie a commencé à travailler en 2013 sur des projets liés à cette énergie — la plus propre et la plus mature qui existe actuellement — et a installé quelques années plus tard sur l’Abel Matutes le premier générateur d’énergie au gaz naturel pour ferries de passagers en Méditerranée. Cette expérience a été le point de départ d’un plan de flotte ambitieux pour lequel la compagnie a investi près de 500 millions d’euros, entre les nouveaux navires construits et l’adaptation des moteurs des ferries déjà existants. Baleària a ainsi été la première compagnie maritime de passagers et de fret à naviguer au gaz en Méditerranée, dans le détroit de Gibraltar, dans la mer d’Alboran et à destination des Îles Canaries. L’Hypatia de Alejandría, construit par les chantiers navals italiens Visentini, est devenu en 2019 le navire qui a marqué le début de l’ère du gaz naturel chez Baleària. Il a été suivi par son jumeau, le Marie Curie, et par les six navires qui faisaient déjà partie de la flotte et dont nous avons adapté les moteurs entre

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BALEÀRIA A INVESTI PLUS DE 500 MILLIONS D’EUROS DANS UNE FLOTTE DE NAVIRES NEUFS AUX MOTEURS HYBRIDES ADAPTÉS POUR NAVIGUER AU GAZ

2019 et 2023 (ceux de la série Barreras, à l’exception du Passió per Formentera, les navires jumeaux Nápoles et Sicilia, et le Hedy Lamarr). Personne ne doute que l’une des variables qui expliquent le succès de Baleària réside dans les bonnes décisions prises lors de la conception, de l’acquisition, de l’affrètement et de l’entretien des navires ; sans craindre les changements de conjoncture ni les défis technologiques, toujours en faveur de la compétitivité inéluctablement liée aux exigences environnementales les plus strictes. Une innovation qui, juste avant les premiers navires au gaz, a débouché sur la construction des navires de la série Eco, spécialement conçus pour la ligne entre Ibiza et Formentera, et qui nous montrent le chemin à suivre : construire des navires alliant vitesse au respect de l’en-

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Tour de contrôle de flotte Pour Baleària, il est essentiel de pouvoir prendre des décisions de manière rapide et efficace dans tous ses domaines d’activité et, en particulier, en ce qui concerne la flotte. La Tour de contrôle de la flotte a ainsi été créée pour suivre en temps réel différentes données et les analyser pour améliorer les opérations des navires, contrôler les paramètres des moteurs ou permettre une navigation plus efficiente, parmi d’autres facteurs. De plus, plusieurs de ses navires disposent d’équipements de mesure et de capteurs installés pour obtenir des données en temps réel sur la consommation de carburant et les émissions dans l’atmosphère.


Nápoles / Sicilia Des moteurs adaptés pour naviguer au gaz

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Le ferry Nápoles a été le premier ferry de Baleària à adapter ses moteurs et sa salle des machines pour naviguer au gaz, dans les chantiers navals Gibdock à Gibraltar, tandis que son jumeau le Sicilia a été adapté dans les chantiers navals portugais West Sea. Dans les deux cas, l’installation du réservoir de GNL sur un pont intérieur a été une opération complexe au cours de laquelle plusieurs ponts ont été sectionnés pour y loger le réservoir. Les adaptations ou retrofits au gaz de la flotte de Baleària ont été partiellement subventionnées par le Fonds CEF (Connecting Europe Facility) de l’Union européenne. D’autre part, la capacité d’accueil de passagers du Nápoles a été renforcée en transformant un pont pour véhicules en trois salons et un bar.

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Hypatia de Alejandría / Marie Curie Le pari pour le gaz naturel Ces ferries jumeaux, qui tirent leurs noms de célèbres femmes scientifiques, ont été les premiers navires de Baleària conçus dès le début pour naviguer au gaz naturel. L’Hypatia de Alejandría a commencé à naviguer début 2019, devenant ainsi le premier ferry à passagers propulsé au gaz en Méditerranée. Quelques mois plus tard, le Marie Curie a rejoint la flotte. Les deux ferries ont inauguré une nouvelle ère chez Baleària qui consiste à utiliser ce carburant et à mettre les innovations technologiques au service du client, en maintenant une gamme complète de services, avec un design axé sur le confort. Ces dernières années, le Marie Curie a été le navire affecté sur la ligne des Îles Canaries, alors que son jumeau opère toujours aux Îles Baléares. L’entrée en service des navires à gaz a été précédée d’un plan complet de formation des équipages de Baleària.

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Le gaz naturel Même s’il s’agit encore d’un carburant d’origine fossile, et donc considéré comme transitoire, ses avantages environnementaux par rapport aux carburants traditionnels du transport maritime sont évidents : il réduit de 30 % les émissions de CO2, de 85 % celles d’oxyde d’azote, et il évite 100 % des émissions de soufre et de particules nocives pour la santé. Cantiere Navale Visentini Chantiers navals italiens fondés en 1964 et spécialisés dans la construction de grands ferries de passagers et de fret. Différents navires de la flotte Baleària y ont été construits : Hypatia de Alejandría, Marie Curie, Nápoles, Sicilia et Hedy Lamarr.

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Oliver Design Basée à Getxo, il s’agit de la société espagnole leader en matière de conception et d’architecture navale. Fournisseur régulier de Baleària, ses aménagements intérieurs sont présents à bord de nombreux navires : le Federico García Lorca, les ferries construits par les chantiers Barreras, la série Eco et les récents navires Eleanor Roosevelt et Cap de Barbaria. Toujours avec des solutions innovantes d’aménagement intérieur qui transforment les navires de Baleària en espaces fonctionnels et conviviaux pour les passagers.

vironnement, avec un maximum de confort et la meilleure expérience de voyage possible pour le passager. Mais le fait marquant de ce début de décennie marqué par la pandémie a été la mise à l’eau de l’Eleanor Roosevelt, le premier fastferry au monde équipé de moteurs hybrides au gaz. Au sein du secteur, la sensation a été que Baleària « a encore réussi », en référence à l’impact qu’avait eu, à peine 20 ans plus tôt, le lancement du Federico García Lorca. Si la grande vitesse a été une première révolution, notre compagnie est, cette fois, allée plus loin avec un navire qui, en plus de sa vitesse, offre une éco-efficience et des services intelligents ou smart. Le Margarita Salas, version agrandie et améliorée autant que possible (en termes de puissance, de capacité de fret et de manœuvre, d’espace et de services aux passagers, etc.) de l’Eleanor Roosevelt, sera opérationnel en 2024, ce qui laisse présager que le chemin entrepris est prometteur. En 25 ans, les perceptions et les besoins des clients ont changé. Lorsque le Federico García Lorca a commencé à naviguer, la vitesse prévalait alors que la durabilité importait à très peu de gens. Aujourd’hui, la société exige la prise de conscience environnementale et apprécie les espaces et le confort à bord. L’Eleanor Roosevelt, pouvant accueillir jusqu’à 1 200 passagers, se distingue également par ses intérieurs soigneusement conçus que l’on doit au cabinet Oliver Design et à l’architecte d’intérieur Jorge Benlloch. Pour Baleària, disposer de bateaux équi-

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Les quatre navires Eco sont entrés en service entre 2017 et 2018, construits par les chantiers navals Gondán, dans les Asturies, une entreprise dont les origines remontent au 19e siècle. Destinés uniquement au trafic de passagers, ils représentent un nouveau concept de navire conçu pour offrir vitesse et confort tout en minimisant la consommation sur l’une des lignes avec le plus grand nombre de passagers d’Europe, grâce à des moteurs de dernière génération, des panneaux solaires et une coque en polyester renforcée avec de la fibre de verre plus écologique.

En 2023, Baleària a intégré dans sa flotte le nouveau ferry de croisière ou cruise ferry Rusadir, un navire à la pointe de la technologie, équipé d’un système à propulsion électrique alimenté par des moteurs hybrides au gaz naturel, et avec de nombreux services à bord axés sur le confort et le divertissement des passagers.

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Le fast-ferry Eleanor Roosevelt entrant dans le port de Dénia où sont amarrés le Nixe et le Ramon Llull. Le fastferry accoste au quai de Dénia pour la première fois après sa première traversée en provenance des chantiers navals Armon de Gijón.

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Eleanor Roosevelt Premier fastferry équipé de moteurs au gaz

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Mis à l’eau en pleine pandémie (septembre 2020) dans les chantiers navals Armon, ce fast-ferry ultra moderne a commencé à naviguer le 1er mai 2021 sur la ligne Dénia-Ibiza-Palma. Il s’agit d’un navire pionnier dans le transport maritime au niveau mondial puisqu’il a été le premier fast-ferry équipé de moteurs hybrides au gaz, ainsi que le catamaran le plus long du monde. Avec un investissement de 90 millions d’euros, des collaborateurs experts dans leurs domaines respectifs ont participé à sa construction, comme Wärstilä, Incat Crowther, Bureau Veritas et Marintek-Sintef. Ce fast-ferry présente des innovations de pointe qui réduisent considérablement les mouvements, les vibrations et le bruit. Grâce à ses quatre moteurs hybrides, il a effectué en 2022 le premier voyage pilote d’un fast-ferry avec un carburant 100 % d’origine renouvelable en Europe (le biométhane). Ce fast-ferry est devenu le nouveau fleuron de la compagnie, avec un niveau de satisfaction des passagers très élevé.

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Cap de Barbaria Le premier ferry électrique d’Espagne Avec ce navire, Baleària a relevé un nouveau défi de l’histoire du transport maritime, puisqu’il s’agit du premier ferry

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électrique de passagers et de fret espagnol avec zéro émission pendant son approche et sa présence au port. Il offre un nouveau concept de voyage plus durable et éco-efficient baptisé Green Travel Experience, axé sur le plaisir de voyager, où les zones extérieures ont été privilégiées, avec un espace chill out, un bar, des canapés et

des hamacs design. De plus, il s’agit d’un navire essentiel pour Formentera, puisqu’il garantit le transport des marchandises et des produits de base vers l’île, étant opérationnel quelles que soient les conditions météorologiques. Par ailleurs, sa conception double-ended permet un embarquement et un débarquement plus rapides.


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Cap sur la durabilité Le principal objectif de ce projet est d’obtenir une navigation écoefficiente à l’horizon 2050, lorsque les émissions devront être nulles. Pour atteindre cet objectif, Baleària parvient actuellement, année après année, à réduire sa consommation et donc ses émissions. La compagnie prend également des initiatives en matière d’économie circulaire visant à recycler les emballages plastiques en mobilier pour les navires, et elle participe, entre autres, à des projets de financement durable et de compensation carbone. De plus, à travers la Fondation Baleària, elle collabore avec des organismes dans le but de promouvoir la recherche, la préservation et la divulgation du milieu marin.

pés de moteurs hybrides au gaz signifie disposer d’une flotte dotée d’une technologie polyvalente qui lui permet de naviguer avec différents carburants. Ces navires peuvent être propulsés au gaz naturel ou au fioul, et ils peuvent naviguer à l’avenir avec des sources renouvelables neutres en émissions de CO2, puisque leurs moteurs peuvent consommer 100 % de biométhane, ainsi que des mélanges d’hydrogène vert jusqu’à 25 %, considérés comme les énergies du futur, même si pour le moment ces mélanges ne sont pas viables du fait de leurs coûts et de leur manque de disponibilité. Baleària travaille déjà sur ce que sera cette nouvelle réalité, l’énergie électrique, destinée à la fois à éviter aux navires de devoir maintenir leurs moteurs auxiliaires en marche lorsqu’ils sont amarrés au port, avec le bruit et la pollution atmosphérique que cela représente, et sur la possibilité qui s’ouvre de recharger les batteries des navires à propulsion électrique. En ce sens, alors que les ports ne permettent pas encore le raccordement électrique des bateaux, certains navires de Baleària sont déjà préparés pour être connectés pendant leur présence au port. C’est le cas du ferry Cap de Barbaria, avec lequel Baleària a inauguré l’ère des bateaux électriques l’année de son 25e anniversaire. Conçu spécifiquement pour la ligne Ibiza-Formentera, il est entré en service en mai 2023 après sa construction par les chantiers navals Armon de Vigo. En attendant de pouvoir recharger ses batteries au port, le Cap de Barbaria le fait en naviguant

avec ses moteurs à combustion, afin que les manœuvres d’approche et d’accostage, ainsi que sa présence au port, se fassent sans bruit, ni vibrations, et avec zéro émission, ce qui constitue sans aucun doute un soulagement, en particulier pour le port de La Savina à Formentera où l’intensité de l’activité maritime qui s’y concentre en a fait un point noir en termes de pollution. Mais le Cap de Barbaria illustre également une autre manière d’appréhender la navigation : une traversée tranquille sur l’une des plus belles lignes maritimes de la Méditerranée, et sur une distance (un peu plus de 12 milles) qui fait que la vitesse cesse d’être une priorité. Lorsque les infrastructures portuaires permettront de recharger les batteries, l’ensemble du voyage pourra se faire en silence et sans émissions puisque suffisamment d’espace a été mis à disposition sur le navire pour loger les batteries nécessaires. De plus, le navire est adapté pour y installer un système à hydrogène que Baleària compte utiliser comme laboratoire d’essais en vue de l’utilisation de ce carburant. La famille de bateaux initiée avec l’Eleanor Roosevelt et le Cap de Barbaria constitue deux manières différentes mais convergentes de Baleària de mettre le cap vers la durabilité par la décarbonation, sur la base d’un engagement en faveur de l’environnement, grâce à d’importants investissements et à la mise en œuvre des dernières innovations technologiques. Le tout dans le but de proposer un modèle de mobilité durable et intelligent en mer.

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Smart ships En plus des mesures prises pour une flotte la plus éco-efficiente possible, la stratégie d’innovation de Baleària repose sur la transformation numérique. Ainsi, parallèlement aux nouveaux navires construits et à l’adaptation des moteurs au gaz, Baleària a commencé à convertir ses navires en smart ships et à appliquer des innovations afin que le client ait une expérience technologique complète depuis la phase d’information et de vente (avec un portail web faisant office d’assistant proactif et un chatbot, entre autres), en passant par l’embarquement (avec accès numérisé au navire et aux différentes modalités de traversée) et l’expérience à bord (via son dispositif mobile, le passager peut accéder à certains services comme une plateforme gratuite de contenus numériques à la carte ou la vidéosurveillance de son animal de compagnie). 63

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Le ferry électrique Cap de Barbaria (sur la photo, en approche de Formentera) permet de supprimer le bruit des moteurs au port et de le réduire considérablement pendant la navigation, pour un plus grand confort des passagers, des habitants des quartiers du port et de la faune marine.

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Mers lointaines

Dénia. Palma. Ibiza. Formentera : tel est le carré magique des débuts de Baleària, là où tout a commencé il y a 25 ans. Au terme de ces 25 années, la compagnie est devenue leader du secteur en Espagne et elle est de plus en plus présente à l’international, avec des lignes dans six pays. Il est évident qu’une mer peut paraître plus ou moins éloignée en fonction de la manière dont on la perçoit. Pour une compagnie maritime née avec peu de ressources à Dénia, et avec un nom qui constituait, a priori, une déclaration d’intentions, toutes les mers qui n’étaient pas assimilées comme les siennes pouvaient être perçues comme lointaines. Pour les pionniers de Baleària, se limiter aux lignes entre Ibiza et Formentera et entre Dénia et Ibiza avec l’extension jusqu’à Palma a été une situation de confort après la chute de Flebasa. Le fait de desservir l’ensemble de

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l’archipel baléare a constitué l’étape suivante et a donné tout son sens à la marque Baleària, sans aucun doute l’un des éléments les plus judicieux de la constitution de la compagnie. Et précisément, desservir les quatre îles a été dès les débuts une marque de fabrique et un avantage concurrentiel par rapport aux autres opérateurs, à l’époque de la toute puissante Trasmediterránea et de l’imprévisible Iscomar. En effet, Baleària est actuellement la seule compagnie maritime à proposer des lignes vers les quatre îles de l’archipel, avec des services directs depuis l’Espagne continentale, et avec des liaisons inter-îles. Cinq années seulement s’étaient écoulées depuis la création de Baleària lorsqu’en 2003, l’entreprise a réalisé sa première percée en termes d’expansion en faisant son apparition sur la ligne Algésiras-Tanger. Cela a supposé

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passer d’une activité sur des liaisons locales à une activité sur une ligne extra-communautaire à très forte concurrence, avec toutes les difficultés que cela implique. Comme presque tous les débuts, ils ont été difficiles : « On nous voyait comme des intrus », expliqua Adolfo Utor des années plus tard, en faisant référence à ses concurrents de l’époque, dont la plupart ont disparu aujourd’hui. Malgré un partenaire local — Hakim Oualit —, une marque créée expressément pour ces premières années — Nautas Al Maghreb — et de loin les meilleurs bateaux de la ligne, Baleària a tardé plus que prévu pour faire sa percée dans le secteur de la vente de billets à des centaines de milliers de familles maghrébines qui, avec leurs véhicules, participent chaque année à l’Opération 68

POUR BALEÀRIA, IL EST ESSENTIEL POUR UNE COMPAGNIE MARITIME NATIONALE DE GARANTIR DES LIAISONS D’INTÉRÊT PUBLIC QUI S’AVÈRENT STRATÉGIQUES POUR LES DIFFÉRENTS TERRITOIRES

du passage du détroit ou Opération Marhaba. Aujourd’hui, elle est également devenue leader sur ce marché. Actuellement, les lignes maritimes Algésiras-Maroc ont leur épicentre dans le port de Tanger-Med, qui a inauguré son terminal de passagers en 2010. À la tête des opérations de Baleària au Maroc se trouve une femme, Fátima Oualit, qui travaille au sein de la compagnie depuis ses débuts dans le détroit de Gibraltar, aguerrie face aux nombreuses tempêtes commerciales et administratives, gérées depuis la terre. La délégation de Baleària à Algésiras a donné lieu au début de l’expansion de la compagnie dans le détroit. Les voyages à grande vitesse à destination de Ceuta ont débuté en 2006 et ont été précurseurs de l’acquisition de Buquebus España l’année suivante, ce qui a supposé l’intégration dans la flotte des deux fast-ferries de cette compagnie, dont l’Avemar Dos qui assure toujours la liaison. Depuis lors, la zone Sud de Baleària est gérée par Manuel Rejano en tant que directeur général, et par Pepe Guzmán en tant que directeur commercial. À Ceuta, ville autonome espagnole pour laquelle le transport maritime est essentiel, Baleària a pris racine sur les plans social, culturel et économique. Et la ville autonome a adopté le navire qui garantit sa connexion avec l’Espagne continentale dans (presque) toutes les conditions météorologiques : le Passió per Formentera, le plus court des quatre ferries construits par les chantiers Barreras qui, conçu et nommé pour d’autres mers, a trouvé

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Avemar Dos La grande vitesse dans le détroit de Gibraltar L’Avemar Dos est l’un des plus anciens navires de la flotte Baleària, puisqu’il a commencé à naviguer en 1997. Il est arrivé dans le détroit en 2005 sous la bannière

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de la compagnie maritime Buquebus et il est devenu l’un des navires les plus compétitifs et les plus appréciés de la ligne Ceuta-Algésiras, statut qu’il a conservé lorsque Baleària a pris le contrôle de la filiale espagnole de la compagnie fondée pour relier l’Argentine et l’Uruguay. Le fast-ferry Avemar Dos a continué à opérer dans le détroit de Gibraltar, avec

une brève incursion sur les lignes des Îles Baléares lorsque les besoins du service l’ont exigé. Le bon entretien régulier du navire et sa rénovation complète effectuée ces dernières années, résultat d’un investissement important, ont permis à un ferry entré en service avant la création de Baleària de continuer non seulement à opérer mais de le faire avec d’excellents résultats.


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Passió per Formentera Une garantie de liaison avec Ceuta Le navire Passió per Formentera représente pour la ville de Ceuta une garantie presque totale de communication mari-

time. C’est un navire fiable et ponctuel qui assure la liaison dans le détroit de Gibraltar, même dans de mauvaises conditions météorologiques. YouTube regorge d’images du Passió per Formentera prenant le large dans des circonstances adverses qui empêchent d’autres navires de naviguer. Le Passió per Formentera est

devenu un grand atout lors des situations de tempête dans le détroit car, comme le souligne le directeur de Baleària dans la région, Manuel Rejano, « c’est le seul qui relie Ceuta au continent lorsque le détroit est agité ». Une situation qui, avec le vent d’Est comme vent dominant, se produit fréquemment.

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sa raison d’être dans le détroit de Gibraltar. Même si cela est le résultat de nombreux événements, il est curieux de constater que la ligne de Ceuta, ville pour laquelle la liaison maritime est essentielle, est assurée par un navire dont le nom rend hommage à Formentera, la seule des quatre Îles Baléares sans aéroport et, par conséquent, également avec une grande dépendance des communications maritimes. Depuis 2016, Baleària opère également dans la mer d’Alboran à destination de Melilla depuis plusieurs ports de l’Espagne continentale (actuellement Alméria, Malaga et Motril). L’objectif de Baleària est de garantir sur cette ligne ce que Melilla réclame depuis des décennies : des services maritimes de qualité. C’est la raison pour laquelle la compagnie a franchi en 2023 une nouvelle étape en intégrant le Rusadir, un navire ultra moderne à propulsion électrique et à moteurs hybrides au gaz, qui est la version contemporaine du traditionnel Melillero, nom populaire qui était donné au type de navires qui reliaient la Ville Autonome. Notre compagnie répond aux exigences historiques de Melilla en matière de liaisons maritimes avec l’Espagne continentale : disposer d’un navire fiable et confortable, avec une grande capacité de fret et une disponibilité de cabines, une bonne navigation et une vitesse adaptée. À tout cela vient s’ajouter l’éco-efficience, le signe distinctif de Baleària. En effet, l’un des principaux objectifs de Baleària, en tant qu’entreprise espagnole à capitaux nationaux, est de garantir le trafic stratégique entre les ports du pays. Nous consi-

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dérons que la situation créée par la disparition des compagnies maritimes traditionnelles et l’arrivée sur le marché d’opérateurs ou de capitaux étrangers, positionne Baleària comme la seule entreprise capable de garantir que les lignes d’intérêt public, essentielles et stratégiques pour plusieurs régions espagnoles, soient exploités par une compagnie maritime nationale avec ce que cela représente, comme cela est le cas dans d’autres pays européens. En plus des liaisons avec Ceuta, Melilla et Tanger-Med, la compagnie assure celles avec le port de Nador au Maroc, près de Melilla (à la fois au départ d’Alméria et de Sète, en France), et la ligne reliant Valencia au port de Mostaganem, en Algérie. Il s’agit de lignes pensées spécialement pour répondre aux besoins en transport de la population européenne d’origine maghrébine. En effet, le Nord de l’Afrique constitue depuis des années un marché stratégique et en expansion, dans le cadre des plans de croissance de la compagnie. DES LIGNES DANS LES CAR AÏBES

Lorsque le centre des opérations se trouve à Dénia et aux Îles Baléares, la mer des Caraïbes semble bien lointaine. Depuis pratiquement ses débuts, Baleària a eu comme objectif d’exploiter une ligne de ferry entre les États-Unis et Cuba, une initiative qui a failli devenir réalité sous le dernier mandat de Barack Obama mais qui n’a pas vu le jour à cause, entre autres, du changement de politique américaine suite à l’arrivée de Donald Trump au pouvoir. Après avoir obtenu les autorisations de la partie

Lignes d’intérêt public Les lignes d’intérêt public constituent un mécanisme d’intervention administrative visant à garantir les services sur des liaisons déclarées d’intérêt public. Baleària a obtenu en 2011 le contrat d’intérêt public pour exploiter la ligne Algésiras-Ceuta, et ces dernières années pour exploiter les lignes reliant Melilla à Alméria, Malaga et Motril.

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Sur les lignes reliant le Maroc et l’Algérie, Baleària offre des services spécifiques aux passagers, tels que des services de restauration halal et des salles de prière pendant la traversée, ainsi qu’une assistance téléphonique avec des opérateurs de langue arabe.

américaine en 2015, les obstacles sont venus de la partie cubaine, tant de la part du gouvernement cubain que des différents lobbies qui ont vu d’un mauvais œil qu’une compagnie maritime européenne rétablisse un trafic maritime qui existait déjà avant la révolution cubaine de 1959. Pour l’heure, tout en gardant Cuba en ligne de mire, Baleària a déjà mis un pied à Miami, considérée la capitale latine des États-Unis. En 2011, la compagnie a ouvert une délégation aux États-Unis, dirigée à l’époque par Pilar Lecha, dans le but d’offrir au secteur touristique des Bahamas une double possibilité : l’arrivée de touristes, même pour des excursions d’une journée, et l’acheminement de marchandises par bateau rapide, une option gagnante par rapport au transport maritime conventionnel et au transport aérien, et un modèle inédit dans les Caraïbes. Cependant, les ports dans lesquels opère la marque Baleària Caribbean ne sont pas adaptés pour le fret, les marchandises étant donc transportées dans des bins ou petits conteneurs. Baleària opère depuis le port de Fort Lauderdale, ville de la banlieue de Miami, à destination des îles touristiques de Grand Bahama et Bimini. L’actuel responsable de Baleària dans la région, Mario Otero, explique que les clients américains qui se rendent en vacances à Grand Bahama ou à Bimini méconnaissent le fonctionnement du transport maritime régulier, mais qu’ils sont habitués et exigent un service de grande qualité, tandis que les habitants des îles apprécient la fiabilité du

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service de Baleària qui les relie au continent. Rien de très différent, en somme, de ce qui se passe pour d’autres îles. Le fait de se positionner dans les Caraïbes a constitué une décision stratégique pour diversifier les marchés qui sont toujours au ralenti à cause des conséquences de la pandémie, parmi d’autres raisons. Quoi qu’il en soit, les projets de Baleària dans la région des Caraïbes comprennent également la création de lignes entre la République dominicaine et Porto Rico, et l’exploitation de ferries de passagers et de fret dans la région afin de dynamiser le secteur logistique. Sans pour autant négliger les flux touristiques générés vers les îles, comme celui qui est exploité depuis la Floride. Depuis 2018, Baleària opère également avec les Îles Canaries depuis le port de Huelva, en alliance avec Fred. Olsen Express, en exploitant des ferries combinant des services de qualité pour les passagers avec un trafic de fret ro-ro, ce qui permet des temps de traversée d’un peu plus de 30 heures et une disponibilité immédiate des marchandises à l’arrivée au port, contrairement au modèle traditionnel de conteneurs. Baleària ne cache pas son intérêt pour le marché maritime des Îles Canaries : « Soit nous faisons l’acquisition de la compagnie Armas, soit nous serons confrontés à son repreneur sur le marché », a déclaré Adolfo Utor juste avant le 25e anniversaire de Baleària. La compagnie Armas, détenue par des fonds d’investissement et économiquement au bord de la faillite, conserve la bannière Trasmediterránea et de-

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meure une compagnie maritime de référence dans les Îles Canaries. La volonté d’Adolfo Utor et des projets de Baleària est que les lignes d’intérêt public stratégiques pour le pays ne doivent pas tomber aux mains d’intérêts étrangers, et Baleària aspire à être la compagnie nationale qui les exploite. Il se trouve que les quelque 100 travailleurs à terre et en mer que comptait Baleària lors de sa création il y a 25 ans sont passés aujourd’hui à près de deux mille. Et ils ne sont plus concentrés dans un secteur de la Méditerranée : ils opèrent également dans la mer d’Alboran, le détroit de Gibraltar, aux Îles Canaries et aux Caraïbes. Comme le résume Javier Ortega Figueiral, journaliste spécialisé dans le secteur des transports, « Baleària, avec une structure modeste, a fait de grandes choses ».

Le navire qui a inauguré la ligne avec les Bahamas est le catamaran Pinar del Río, dont la coque a été décorée par le créateur de mode Custo Barcelona. 73


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Le bateau en tant qu’élément stratégique de l’économie

Les navires marchands naviguent pour transporter des personnes et des marchandises. Cette évidence, que l’on semble parfois oublier, Baleària l’a gardée dès le début à l’esprit et elle fait partie de son ADN : la compagnie navigue pour prêter des services aux clients, pour connecter des régions entre elles, pour générer des synergies économiques et sociales, ce qui permet également l’émergence de nouvelles relations entre les personnes. Dans le cas des marchandises, Baleària est une compagnie qui, contrairement à d’autres, a été créée pour prêter service aux passagers ainsi qu’aux clients de fret. Pendant les premières années, compte tenu de la flotte disponible, l’offre était centrée sur les passagers et leurs voitures, ainsi que sur les petits transporteurs,

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presque toujours des indépendants avec des véhicules de petite et moyenne taille. Car, ne l’oublions pas, lorsque Baleària a initié son activité, les opérations de conteneurs étaient encore courantes sur les lignes avec les Îles Baléares et, en fait, il existe aujourd’hui encore des concurrents qui chargent des marchandises non autopropulsées sur des navires à passagers, c’est-à-dire des remorques ou des semi-remorques (connues sous le nom de mafis) qui exigent un véhicule de traction pour être embarquées et débarquées, avec les inconvénients que cela suppose pour la fluidité des opérations portuaires. En revanche, le concept de Baleària a toujours été d’effectuer des opérations les plus rapides possibles, et c’est la raison pour laquelle la compagnie s’est

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consacrée au fret ro-ro qui permet des opérations rapides à l’embarquement comme lors du débarquement. Ceci, combiné à la vitesse des navires et aux horaires adaptés en fonction des besoins et des attentes des clients, permet des rotations en 24 heures, c’est-à-dire qu’un navire à destination des Îles Baléares est de retour à son port d’origine sur le continent en moins de 24 heures et, au port de destination, les transporteurs ont suffisamment de temps pour livrer leurs marchandises. Ce modèle est une réussite et c’est celui que propose Baleària : il est adapté à chacun des marchés, tels que celui entre l’Espagne continentale et les Îles Canaries ou celui des liaisons avec le Nord de l’Afrique. Du point de vue des navires devant prêter ces services, l’engagement en faveur de 76

BALEÀRIA EST RÉPUTÉE POUR PROPOSER DES HORAIRES ET DES FRÉQUENCES ADAPTÉS AUX BESOINS DES TRANSPORTEURS, AVEC UNE GRANDE PONCTUALITÉ

l’innovation avec les chantiers navals et l’ingénierie navale a pris la forme du concept de ferry comme le Martín i Soler, suivi par de nombreux autres navires qui ont également intégré de nouvelles technologies. La nouveauté introduite il y a 15 ans, qui a consisté à mettre en service des navires alliant vitesse, confort des passagers, capacité opérationnelle maximale des opérations d’embarquement et de débarquement, et réduction de la consommation dans le respect de la durabilité, un aspect qui, à l’époque, ne semblait pas être une priorité, a signifié non seulement un modèle de réussite en soi, mais aussi l’émergence d’un nouveau paradigme dans le secteur, avec Baleària comme référence. Ce fut également le point culminant du sorpasso de Baleària, même s’il a coïncidé avec une période de récession économique due à la crise financière de 2008. Mais c’est peut-être la raison pour laquelle le marché a particulièrement apprécié l’offre de Baleària, qui a apporté une logistique génératrice de confiance, avec une réduction des coûts et une gestion optimale des stocks. Il s’agit là d’un autre moment Baleària où une opportunité a surgi de la crise grâce, en grande partie, à l’audace mesurée de la compagnie. L’accession de Baleària au statut de référence dans le secteur du ferry aurait été impossible sans l’implication du secteur de la logistique et des grands transporteurs qui ont trouvé en Baleària la compagnie maritime de confiance et à l’écoute permanente de leurs besoins. Un modèle relationnel aujourd’hui

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Hedy Lamarr Le ferry avec la plus grande capacité de fret Avec une cale pouvant contenir 2 860 mètres linéaires de fret, il s’agit du plus grand navire de transport de marchandises de Baleària, et il opère régulièrement sur les lignes avec les Îles Baléares. Le Visemar One a été acquis par Baleària en 2018, après l’avoir affrété pendant sept ans, et il a été rebaptisé Hedy Lamarr en hommage à une inventrice autrichienne qui a été à l’origine des connexions sans fil. Ce navire est le dernier de la compagnie à avoir été inclus dans le programme d’adaptation des moteurs au gaz pour en faire un smart ship ou navire intelligent.

Posidonia Un service fiable et régulier pour Fomentera Intégré fin 2012 sur la ligne entre Ibiza et Formentera, ce navire a été baptisé ainsi afin de faire prendre conscience de l’importance de la protection de cette espèce d’herbe marine. En termes d’activité, ce ferry a été essentiel pour le transport de marchandises vers Formentera, lors de moments difficiles afin de respecter l’engagement que Baleària avait pris envers l’île, y compris pendant les mois les plus critiques de l’état d’alerte de 2020, en continuant à assurer trois services par jour. Il s’agit d’un navire très spécial pour les habitants des îles Pityuses, puisqu’il a assuré pendant une décennie un service régulier, fiable et de qualité, contre toute attente, jusqu’à l’arrivée en 2023 du Cap de Barbaria, qui a pris le relais pour assurer le transport de biens et de produits de première nécessité vers Formentera.

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Numérisation L’activité de fret a également tiré parti du processus de transformation numérique de Baleària. Des innovations ont été intégrées pour rationaliser les opérations portuaires et améliorer la planification logistique pour les clients de fret, comme un portail de réservation spécifique pour que ces derniers aient plus d’autonomie et puissent suivre tous leurs véhicules avec des données mises à jour. De plus, les responsables des opérations de fret de Baleària contrôlent les

embarquements depuis le quai à l’aide de tablettes, ce qui leur permet de disposer de données en temps réel et d’effectuer un enregistrement dynamique. De plus, les conducteurs disposent d’une application mobile exclusive qui améliore leur expérience d’embarquement : en montrant simplement leur téléphone portable, ils peuvent accéder à la cabine qui leur a été attribuée ou aux services de restauration à bord : c’est pratique, et sans attente comme dans le passé. Ils peuvent également donner leur

avis sur les collègues avec lesquels ils partagent la cabine, ce qui permet au système d’attribuer des cabines à des personnes avec affinités lors de futures traversées. Cet aspect est très apprécié des professionnels du secteur dont beaucoup passent plusieurs jours par semaine à bord. Les conducteurs disposent d’une connexion internet, de contenus en ligne, ils peuvent géolocaliser le navire et le quai où ils vont débarquer, et l’application leur permet de commander repas et boissons à bord.

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encore préservé et qui constitue l’un des signes distinctifs de la marque Baleària. Une fois de plus, la confiance qu’elle a générée, comme à ses débuts, a permis à Baleària d’aller de l’avant. Mais le succès dans le domaine du transport de marchandises n’est pas seulement dû aux navires. En 25 ans, Baleària est passée du stade où l’on remplissait au stylo des formulaires de chargement sur le quai à celui de leader dans l’application de la technologie, comme aime à le rappeler Pablo Arnau, de Dénia, responsable du fret dans les premiers temps de la compagnie, et l’un de ceux qui ont joué un rôle essentiel dans son développement. Aujourd’hui, grâce à la numérisation de l’ensemble du cycle de transport, les clients de Baleària peuvent planifier leurs processus dans les moindres détails et, par exemple, réserver un espace en ligne. De plus, les conducteurs peuvent embarquer directement sans passer par les guichets, ce qui permet d’optimiser les temps. De même, dans le domaine de la gestion du fret, Baleària navigue depuis des années en avance sur son temps grâce à son engagement stratégique en faveur de la technologie dans la gestion, chose qui ne s’improvise pas du jour au lendemain. Le succès de Baleària réside dans l’optimisation au sein de laquelle la variable technologique est essentielle. Ses navires sont les premiers à arriver à destination, avec la plus grande ponctualité. Les escales sont réduites et les services et horaires sont adaptés aux besoins des clients de fret. Aux Îles Baléares, où tout a commencé, Baleària demeure la

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LA NUMÉRISATION PERMET AUX CLIENTS DE MIEUX PLANIFIER LEUR LOGISTIQUE ET D’OPTIMISER LES DÉLAIS EN RATIONALISANT LES OPÉRATIONS PORTUAIRES

seule compagnie maritime à offrir des services complets et quotidiens aux quatre îles de l'archipel avec ses propres moyens, ce qui lui a permis de consolider sa position de référence et de créer un modèle qu’elle applique sur les autres marchés où elle est présente. Dans le secteur du fret, cela ne fait aucun doute : « Baleària s’est toujours adaptée au marché, en améliorant les horaires et les fréquences ; aujourd’hui, il est très difficile de rivaliser avec ses liaisons », explique Lluís Moll, directeur de Mascaró Morera, une entreprise de transport qui est une référence en matière de trafic logistique entre l’Espagne continentale et l’ensemble de l’archipel baléare. « Avec Baleària, nous partageons des valeurs et des manières de faire, comme la proximité », ajoute Lluís Moll.

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Garantie d’approvisionnement Lorsque le 13 mars 2020, Pedro Sánchez, président du gouvernement espagnol, a annoncé l’état d’alerte et, avec lui, la paralysie d’une grande partie de l’activité économique, le président de Baleària, Adolfo Utor, n’a pas hésité un seul instant : il fallait garantir l’approvisionnement des îles desservies par la compagnie. Et c’est ce qui a été fait : les navires d’une capacité de plus de mille passagers ont maintenu leurs horaires habituels, mais seuls les transporteurs y ont eu accès. Avec

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la mise en place en un temps record de mesures de sûreté et de sécurité à bord contre le Covid (Global Safe Site), certifiées par le Bureau Veritas. Le secteur logistique a ainsi pu garantir l’approvisionnement en marchandises, surtout en denrées alimentaires périssables, et en médicaments dont les échanges se sont multipliés de manière exponentielle. Les îles ont ainsi pu constater que leur compagnie maritime était digne de confiance ; une fois de plus, la confiance constitue l’un des principaux atouts de Baleària.

Baleària adapte ses services aux besoins de plus en plus exigeants du secteur de la logistique, dont un séjour le plus court possible dans le port de destination tout en permettant le déchargement et la rotation des moyens de transport terrestre en moins de 24 heures. C’est la quadrature du cercle qui a été obtenue après avoir pris en compte les besoins du secteur des transports et s’en être donné les moyens matériels. Les leaders de la distribution font confiance à Baleària, tout comme les petits transporteurs, et tous maintiennent un contact direct et permanent avec les responsables de la compagnie, un aspect très apprécié qui permet à Baleària de bien connaître les préoccupations et les besoins des clients de fret. Quoi qu’il en soit, répondre aux besoins du secteur du transport serait impossible sans des navires permettant le chargement simultané sur différents ponts, sans l’implication et la coordination de l’équipage avec le personnel au sol, et sans le déploiement technologique au titre duquel Baleària est pionnière et leader grâce à une application mobile spécifique. En 25 ans, Baleària est passée de navires tels que le Bahía de Málaga ou le célèbre Manuel Azaña, aux capacités de chargement limitées, à des navires dimensionnés pour des rotations quotidiennes offrant une capacité d’environ 2 000 mètres linéaires en cale. Cette évolution, associée à l’optimisation des opérations de chargement et de déchargement, a permis aux entreprises logistiques travaillant avec Baleària de garantir à leurs clients des délais entre l’enlèvement des marchandises et leur

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livraison à destination qui étaient impensables il y a encore quelques années. La conjoncture du marché et la propre flotte de Baleària ont fait que la compagnie est entrée en douceur sur le marché du fret, avec les petits et moyens transporteurs comme segment cible privilégié de son offre. Cependant, la fiabilité et, une fois de plus, la confiance générée ont permis, dès que la taille de la flotte disponible a été suffisante, d’accéder au marché des grands transporteurs avec lesquels, comme avec les petits et moyens, des synergies et de solides rapports commerciaux ont rapidement été établis. Grâce à ce contexte — flotte et confiance du marché —, la part du fret dans l’activité économique de Baleària est en passe, s’il ne l’a pas déjà fait, d’atteindre la proportion vertueuse entre le chiffre d’affaires des passagers, avec des pics de demande très spécifiques, et celui du fret, plus stable tout au long de l’année. Le fait que la moitié des recettes provienne des passagers et l’autre moitié du fret est un indicateur d’équilibre positif pour Baleària, car il traduit parfaitement sa vocation et son objectif d’unir les territoires et les personnes. Car ce que Baleària a réussi à faire au cours de ces 25 années, c’est de devenir la compagnie maritime de référence dans les régions où elle est présente. Et ce, grâce à des formules qui ne sont plus un secret mais qui illustrent parfaitement l’ADN de l’entreprise comme, par exemple, le service intégral et quotidien avec les quatre îles Baléares et l’application adaptée de ce modèle commercial sur les marchés

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successifs où elle s’est implantée. Grâce à cela, les services de Baleària sont perçus comme fiables et de référence, et ils sont intériorisés dans les régions où la compagnie maritime opère. Il s’agit d’un élément essentiel non seulement de connectivité, mais aussi stratégique pour les relations commerciales et entre les personnes. Cette évolution a débouché sur un modèle d’activité basé sur l’engagement envers les entreprises et les personnes à travers des offres innovantes. Ainsi, si Baleària a fait du port de Dénia l’un des plus importants pour les communications maritimes avec les Îles Baléares, ces dernières années elle a également fait de Huelva l’un des grands ports à destination des Îles Canaries — en collaboration avec Fred. Olsen Express — et elle a fait de Motril le port privilégié à destination du marché marocain actuellement en pleine expansion. Pour ce qui est de la grande carte des communications maritimes du détroit de Gibraltar et de la mer d’Alboran — tout comme cela fut le cas à l’époque dans les Îles Baléares —, en plus de l’apparition de nouveaux marchés grâce à la création de lignes et de services qui n’existaient pas encore, viennent s’ajouter les trafics traditionnels et matures pour lesquels la compagnie de Dénia intervient en tant que révulsif en améliorant les normes de qualité du service dans sa perspective intégrale, et en combinant une flotte moderne adaptée aux trafics avec la manière de faire propre à Baleària où les personnes sont au centre de l’activité. Dans le cas des Îles Baléares, les services

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maritimes constituent un élément stratégique du fait de leur double dimension passagers-fret. En effet, les secteurs touristiques des régions où la compagnie prête ses services disposent ainsi d’un moyen de transport vers et depuis ces destinations, d’une grande capacité et durables du point de vue environnemental, ce qui constitue une valeur ajoutée pour ces destinations touristiques. Une partie du succès des 25 ans de Baleària réside dans sa capacité à combiner les différentes facettes stratégiques du service maritime fourni par des navires qui, avec

les conditions et la capacité adaptées et des horaires appropriés, permettent une offre simultanée pour le fret, le flux de touristes et les services aux résidents. Cet avantage concurrentiel est le résultat du travail coordonné entre les équipages et le personnel à terre. Sans cette coordination, cet objectif d’excellence n’aurait pas été atteint. Une politique d’entreprise alliée à un leadership clair, à l’implication des personnes dans l’obtention des résultats et à l’utilisation des ressources matérielles les mieux adaptées, y compris technologiques, a été la clé du succès.

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DANS LES RÉGIONS OÙ BALEÀRIA EST PRÉSENTE, SES SERVICES SONT PERÇUS COMME FIABLES ET DE RÉFÉRENCE, ET CONSIDÉRÉS COMME UN ÉLÉMENT ESSENTIEL


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L’expression de l’engagement envers la société

En 2003, Baleària était encore une jeune entreprise avec une taille économique très éloignée de ce qu’elle est aujourd’hui. Malgré tout, la décision a été prise de créer la Fondation Baleària afin d’exprimer et de rendre visible son engagement envers les personnes et les régions, tout en présentant la navigation comme un lien physique et émotionnel. La Fondation a été officiellement créée en 2004. Vingt ans plus tard, ce défi est allé bien au-delà de ce qui avait été envisagé lorsque l’entité a initié son chemin dans ce qui était alors la région géographique de confort de la compagnie maritime. Si les entreprises ont une âme, la Fondation devait être, et elle est, l’âme de Baleària. Comme l’a très bien dit Josep Vicent Mascarell, qui a toujours été dans l’orbite de

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l’entreprise d’une manière ou d’une autre, la Fondation « constitue un lien de référence entre Baleària et ses parties prenantes, en créant de la valeur en accord avec la culture d’entreprise de la compagnie ». En effet, depuis ses débuts, la Fondation n’est pas là pour amuser la galerie, sachant que la réputation, en tant que générateur de confiance, est l’un des principaux atouts de toute entreprise du 21e siècle. Les objectifs que s’est fixés la Fondation — et qui, au vu des résultats, ont été atteints — sont nombreux et variés : culturels, environnementaux, solidaires et sportifs. En témoignent les près de 600 organisations des régions où opère la compagnie qui ont reçu une aide pour leurs activités en faveur de la cohésion sociale, de la culture et de la protection de l’environnement. Elles constituent le principal

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L’engagement culturel de la Fondation a pris pour référence le personnage de Raymond Lulle. Ainsi, la présentation en société a eu lieu à Cura, un monastère de Majorque lié à cette homme de lettres, où a été exposée en permanence la collection La baralla de les Meravelles du peintre Ramón Pérez Carrió, qui associe Raymond Lulle aux quatre îles de l’archipel baléare, exposition montée à l’occasion de l’inauguration du fast-ferry Ramon Llull qui porte le nom du philosophe en catalan.

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actif de Baleària, car elles signifient que des dizaines de milliers de personnes, tout au long de ces 20 ans, ont bénéficié du soutien de la Fondation pour mener à bien leurs projets. Car c’est bien là l’une des caractéristiques de la Fondation Baleària : mettre à disposition le bateau comme moyen de transport à la société civile organisée, et même comme plateforme d’études scientifiques. La Fondation est avant tout une référence culturelle et artistique, comme tout le monde a

pu le constater depuis sa présentation en 2004. Dans ce domaine, le principal projet a été la gestion d’espaces culturels dans plusieurs localités, les Llonges de la Cultura, dont les origines remontent à l’espace Es Polvorí d’Ibiza. Il s’agit d’initiatives culturelles dont le dénominateur commun est de promouvoir et d’encourager les échanges entre les régions, avec la volonté de contribuer à la cohésion sociale. La face visible et l’âme de la Fondation a été Ricard Pérez, gérant de l’entité jusqu’en 2021, date à laquelle il est devenu président après son départ à la retraite. Ricard Pérez souligne la contribution de la Fondation « à l’amélioration de la réputation de Baleària et à l’établissement d’alliances avec les administrations et les personnes », et il remercie pour leur travail tous les employés de la compagnie « qui ont la conviction que la Fondation est quelque chose qui leur appartient ». En particulier les bénévoles de l’entreprise, une initiative créée en 2009 et qui montre que la solidarité est l’une des grandes valeurs de Baleària. À travers ce programme, les employés eux-mêmes mènent des initiatives visant à améliorer la qualité de vie des personnes en risque d’exclusion sociale ou issues de secteurs défavorisés de la société, toujours dans une perspective d’interculturalité, d’intégration, de non-discrimination et de diversité. Avec le recul offert par ces 20 années d’expérience, il est clair que la Fondation a créé son propre modèle, éloigné des normes appliquées par les entreprises, tant du fait de la nature pluridisciplinaire de ses actions que

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EcoBaleària La Fondation a mis en place un programme à travers lequel elle propose ses navires à des organisations environnementales et scientifiques comme bases de suivi des espèces marines en Méditerranée et dans le détroit de Gibraltar. De plus, la compagnie facilite le transport d’urgence d’animaux marins blessés vers des centres de soins, elle collabore à des études scientifiques liées à l’environnement et elle propose des activités de sensibilisation et de préservation de l’environnement marin dans le cadre du programme Expedicionària destiné aux étudiants.

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Llonges de la Cultura Dans le cadre d’un accord avec la ville d’Ibiza, la Fondation a géré entre 2011 et 2018 un espace culturel unique : Es Polvorí. Situé dans l’ancienne poudrière de la muraille Renaissance d’Ibiza, cet espace a accueilli près de 100 000 visiteurs venus voir les expositions, concerts et autres événements qui s’y sont tenus. Es Polvorí a également été à l’origine des Llonges de la Cultura en tant qu’espaces d’échange culturel entre différentes régions, promoteurs culturels et lieux de rencontre de la société civile. La Fondation a géré la programmation de plusieurs espaces culturels des Îles Baléares, de la Communauté valencienne, de Ceuta et même d’Oran (Algérie), avec la participation de plus de 450 artistes.

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Baleàrics Sous ce nom, la Fondation organise depuis quelques années des expositions collectives avec des artistes des différents territoires où la compagnie est présente. Ces expositions — dont les thèmes sont variés, allant des ODD à la mer Méditerranée ou au 25e anniversaire de la compagnie — sont présentées dans les Llonges de la Cultura que la Fondation possède dans différentes villes. Pendant les mois de confinement de 2020, la Fondation a organisé le cycle Baleàrics 2.0 pour continuer à promouvoir la culture à travers la poésie et la musique en ligne.

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du grand nombre de personnes qui, directement ou à travers les entités auxquelles elles appartiennent, participent d’une manière ou d’une autre aux activités de la Fondation. Tout cela repose sur la conviction que Baleària est bien plus qu’un simple compte de résultats : c’est un acteur économique qui a la légitimité et la responsabilité d’agir dans la société, d’y être impliqué et de contribuer au bien-être et à la croissance des personnes ainsi qu’au progrès et à la transformation de la communauté. En premier lieu, en prêtant des services maritimes de qualité, mais aussi en tant qu’acteur intervenant dans la société avec ses propres valeurs, spécifiques et différentielles. Pour une entreprise comme Baleària, l’argent n’a jamais été une fin en soi : « C’est ce qui nous permet de remplir nos engagements et nous aide à réaliser nos rêves », déclare Adolfo Utor. « Nous sommes convaincus que l’entreprise est un instrument de changement et de bien-être pour l’ensemble du pays. La préservation de l’environnement et de la culture, par exemple, sont également des valeurs que nous partageons et dont nous sommes fiers », conclut-il. En définitive, la Fondation est peut-être l’illustration la plus évidente de la manière dont Baleària conçoit la responsabilité sociale d’entreprise, une expression très utilisée que la compagnie a non seulement dotée de contenu, mais qui a imprégné chacune de ses décisions et s’est répandue sur terre comme en mer grâce à l’engagement de chacun des hommes et des femmes du personnel de l’entreprise.

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Car la responsabilité sociale, si étroitement liée à la réputation corporative, se traduit par des actes et non seulement par des mots. En 2009, alors que les marchés étaient encore marqués par la crise financière, Baleària a élaboré et publié son premier Rapport de responsabilité sociale conformément aux normes de la Global Reporting Initiative (GRI) : un exercice de transparence à travers lequel, depuis lors, la compagnie se présente chaque année à ses parties prenantes. L’opinion publique, les employés, les fournisseurs... tous disposent dans ce rapport de données objectives dont ils peuvent avoir besoin pour prendre leurs décisions. Si ce document est l’expression concrète d’une volonté de transparence vis-à-vis des parties prenantes, rappelons que cette ma-

Quelques-uns des bénévoles de l’entreprise lors de l’hommage organisé en juin 2023 à Dénia, à l’occasion de la célébration du 25e anniversaire de la compagnie.

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Exercice de transparence Ces dernières années, Baleària a organisé des événements avec ses parties prenantes pour présenter son Rapport de développement durable qui, depuis 2015, a obtenu la qualification Avancé (le niveau le plus élevé) du Réseau espagnol du Pacte mondial. Sur les photos, la présentation qui a eu lieu en 2022 à Palma devant plus de 350 personnes, et pendant laquelle Baleària a réaffirmé son leadership et son statut d’entreprise locale.

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nière de procéder faisait déjà partie de Baleària depuis le début de son aventure commerciale lorsque, en tant que jeune et petite entreprise, elle avait opté pour une politique de communication — externe et interne — qui, à l’époque, était digne des grandes entreprises. Aujourd’hui, le département de communication, dirigé par Pilar Boix depuis 2009, transmet les données pertinentes de la compagnie et jouit de la reconnaissance du secteur grâce à des formules simples mais d’une grande portée, qui incluent la rigueur, la proximité et la proactivité, et qui s’articulent autour du sens stratégique de la communication d’entreprise. DÉONTOLOGIE D’ENTREPRISE

Comme dans bien d’autres domaines, Baleària a de toutes manières été pionnière pour écrire en toutes lettres sa décision d’être une entreprise socialement responsable et durable. Ainsi, en 2010, elle a mis en œuvre son Code de conduite et d’éthique des affaires qui régit la manière d’agir avec intégrité et responsabilité lorsque, par exemple, le personnel de la compagnie passe des contrats avec des fournisseurs ou reçoit des cadeaux ou des attentions de leur part, et qui décrit les valeurs, les principes et les pratiques devant guider l’activité. Ce code a permis de normaliser ce qui avait été une constante depuis la création de la compagnie, parfois par pure nécessité : la maîtrise et le contrôle strict des dépenses, ainsi que le sérieux et l’éthique dans les rapports avec les parties prenantes. En matière de durabilité, Baleària a adop-

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té en 2016 les Objectifs de développement durable des Nations Unies comme feuille de route pour guider son activité et, peu après, en 2017, elle est devenue membre du réseau espagnol du Pacte mondial par lequel les entreprises s’engagent volontairement à régir leurs actions selon les principes des Nations Unies. Une fois de plus, la compagnie a été en avance sur son temps dans ses engagements sociaux envers ses parties prenantes. En 2022, le Comité d’éthique et de conformité, créé trois ans plus tôt, a mis à jour les valeurs de Baleària en partant du principe que, dans une société en mutation, les entreprises qui veulent être des sociétés citoyennes responsables doivent s’adapter afin de mieux répondre aux attentes que les différentes parties prenantes ont d’elles. La responsabilité, l’innovation, la durabilité et la solvabilité sont les quatre piliers sur lesquels reposent ces valeurs et sur lesquels le code de conduite et d’éthique est également mis à jour. À l’occasion de son 25e anniversaire, Baleària a mis en œuvre un plan d’égalité qui va plus loin que celui approuvé en 2013 et qui permet d’être également à l’avant-garde de l’intégration de la femme dans un secteur traditionnellement dominé par les hommes et au sein duquel il est rare, par exemple, de baptiser les bateaux de noms de femmes comme l’a fait notre compagnie avec ses derniers navires. La barrière que Baleària veut briser va bien au-delà de la présence de femmes capitaines : il s’agit de faire en sorte que le personnel de Baleària soit le reflet de la société dans laquelle compagnie

Hommage aux femmes pionnières Conformément à son engagement en faveur des ODD, et dans le but de rendre hommage aux femmes dans différents domaines, Baleària a baptisé ses derniers navires du nom de femmes pionnières dans leurs domaines, telles que l’écrivaine et activiste Eleanor Roosevelt, les scientifiques Cecilia Payne, Hypatie d’Alexandrie et Marie Curie, ainsi que l’inventrice et actrice Hedy Lamarr. En 2024, un tout nouveau fast-ferry portera le nom de la biochimiste espagnole Margarita Salas. De plus, Baleària a publié une collection de plusieurs volumes contenant les biographies de ces femmes pionnières dans leurs domaines.

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La force des personnes

Dans les premiers temps de Baleària, rares étaient les employés qui ne se connaissaient pas, ne se retrouvaient pas pour aller prendre un verre ou aller pêcher ensemble. À la création de Baleària, le 20 juin 1998, 126 anciens employés de Flebasa qui s’étaient battus pour la maintenir à flot et éviter la faillite technique, se sont retrouvés engagés à différents niveaux dans ce nouveau projet qu’était Baleària. À quelques exceptions près, ils se tutoyaient tous et Adolfo Utor était tout simplement Adolfo, celui qui prit la tête de ce que beaucoup considéraient une aventure vouée à l’échec. En aujourd’hui encore, pour les vétérans de notre compagnie, son président est tout simplement Adolfo, même s’il est devenu un homme d’affaires réputé qui s’est vu décerner

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de nombreuses distinctions et que tout le monde considère un self-made man. Un quart de siècle plus tard, l’effectif de Baleària compte près de 2 000 employés : à terre dans six pays de trois continents, et en mer sur une trentaine de navires assurant 25 lignes. Car si l’une des données reflète parfaitement ce que ces 25 années ont été pour Baleària, c’est bien l’évolution de son personnel, plus préparé, plus féminisé et tout aussi attaché à l’entreprise, à ses valeurs et à sa volonté d’être utile qu’au premier jour. C’est la force des personnes. Maintenir l’engagement, le désir de bien faire les choses au quotidien dans un contexte de confiance mutuelle entre l’entreprise et les employés a été l’un des principaux défis que

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Baleària a relevés depuis sa création jusqu’à aujourd’hui. Le secteur du transport maritime ajoute la spécificité du travail à bord, avec ses propres codes, par rapport au travail à terre, toujours dépendant des horaires des navires et de tous les flux de passagers et de marchandises. Deux faits relativement récents illustrent la volonté de Baleària de générer confiance (encore une fois la confiance !) également aux personnes qui assurent l’activité de la compagnie au quotidien, et permettent de comprendre la fidélité du personnel dans un secteur à grande mobilité. Ainsi, en avril 2020, au moment de la plus grande incertitude pro-

voquée par la pandémie, Baleària a pris la décision de garantir la totalité du salaire à tous les employés qui avaient fait l’objet d’un plan social partiel ou ERTE. Un mois après la déclaration de l’état d’alerte, l’heure était grave, les navires naviguaient sans passagers pour garantir l’approvisionnement des îles, les revenus de l’entreprise étaient en chute libre et l’incertitude quant à l’avenir de tous venait s’ajouter aux questions sans réponse d’une entreprise dont l’activité était justement la mobilité qui avait été réduite de manière drastique. Le fait de compléter les salaires jusqu’à leur totalité a été une décision risquée, car

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BALEÀRIA A TOUJOURS VOULU ÊTRE UNE ENTREPRISE À LAQUELLE LES CLIENTS FONT CONFIANCE, QUE LA SOCIÉTÉ APPRÉCIE ET OÙ LES PERSONNES VEULENT TRAVAILLER

personne ne savait combien de temps allaient durer les restrictions et quelles allaient être leurs conséquences économiques. Mais là encore, le risque a été calculé, explique Adolfo Utor : « Soit on s’en sortait tous ensemble, soit on coulait ; par moments, il semblait que la pandémie allait terminer en tragédie ». Mais la compagnie s’en est sortie. Plutôt bien. De cette période compliquée, Adolfo Utor se souvient du jour où une personne est venue le voir à Formentera, s’est présentée comme un employé de la compagnie et l’a remercié. « Sans la totalité du salaire à la maison, cela aurait été difficile », lui a-t-il dit. Le président de Baleària se souvient de ce moment avec fierté, comme la confirmation qu’il avait pris la bonne décision. Le deuxième fait récent qui permet de mieux saisir la nature des rapports de Baleària avec ses employés s’est produit en février 2022 lorsque la Russie a lancé ses troupes contre l’Ukraine. Avec plus de 70 membres d’équipage ukrainiens dans notre flotte, plusieurs officiers et marins ont immédiatement demandé un congé volontaire pour retourner dans leur pays, le défendre de l’invasion russe et retrouver leurs familles. Baleària a facilité la prise de congé immédiate — toujours complexe sur un navire —, le déplacement et, surtout, a rappelé à ces marins ukrainiens qu’ils pouvaient revenir quand ils le voulaient. Baleària a également mené des initiatives de solidarité, en gérant et en payant une partie du voyage en Espagne de certaines familles de membres d’équipage qui ont été hébergées dans des foyers de dif-

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férentes régions grâce à la générosité du reste du personnel qui a participé à son tour de manière proactive aux actions de collecte de fonds de la Fondation Baleària et a coopéré avec des associations externes. Le facteur humain est essentiel dans l’activité maritime, un secteur au sein duquel l’embauche de professionnels qualifiés constitue un défi compte tenu du manque de personnel sur le marché du travail. La formule de Baleària a été la promotion interne, le développement professionnel et une politique de rémunération basée sur une partie variable par objectifs, afin de faire converger les intérêts de l’entreprise avec ceux de son personnel. Et à ce titre, l’évaluation de la performance est un outil essentiel. Il se trouve que malgré les conditions spécifiques de son activité, Baleària applique les mêmes avantages sociaux aux employés permanents à temps plein qu’aux employés intérimaires ou à temps partiel. Elle propose des formations en matière de droits humains, d’égalité des sexes et de développement durable, elle a élaboré un plan pour concilier vie familiale et vie professionnelle, elle s’engage en faveur de l’inclusion et de la diversité, et elle se définit comme une entreprise interculturelle au sein de laquelle travaillent près de 70 nationalités différentes. « Nous sommes convaincus que plus nous serons semblables au monde dans lequel nous vivons, plus nous serons compétitifs », affirme le président. Baleària a toujours voulu être une bonne entreprise, dans le sens d’une entreprise à la-

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Nouvelle convention collective de flotte Début 2023, Baleària a signé une nouvelle convention collective pour son personnel de flotte, avec un système de rémunération par objectifs pour certains postes à bord et des améliorations dans les aspects liés à l’ intégration et au développement professionnel des membres d’équipage. Dans le but de devenir une référence du secteur maritime privé espagnol, la convention vise à attirer et à retenir le talent dans l’entreprise pour la rendre plus compétitive, en plus de renforcer l’engagement et la cohésion des équipes. Système de gestion de la performance Pour que le comportement des personnes soit conforme à la culture et aux valeurs de Baleària, ce système sert à évaluer les compétences (aptitudes, attitudes et connaissances) définies comme fondamentales pour les personnes faisant partie de l’entreprise, tout en évaluant également l’engagement de l’employé pour atteindre les objectifs commerciaux.

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quelle les clients font confiance, que la société apprécie et où les personnes veulent travailler. Ce dernier élément se traduit aujourd’hui par la valorisation de sa marque d’employeur, en donnant priorité au développement du potentiel de ses employés comme forme de fidélisation. Et, malgré tout, lorsqu’un départ a lieu, le cas est analysé afin d’améliorer l’attrait de la compagnie et de retenir les talents. Sans talent, il n’y a pas d’avenir. C O M M U N I C AT I O N I N T E R N E

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Be Baleària En tant que réseau social interne où les ressources audiovisuelles sont essentielles, la nouvelle application est, en plus d’un canal d’information, un outil de gestion des ressources humaines, un espace pour rendre visibles les personnes et pour promouvoir la communication bidirectionnelle. Il s’agit d’une application multilingue et accessible depuis le téléphone portable qui, de ce fait, touche plus facilement l’ensemble du personnel.

Tous ces objectifs reposent sur une série d’actions menées au cours de ces 25 années, comme la communication interne initiée il y a deux décennies en format papier pouvant également être distribué à bord des navires, jusqu’à avoir une application propre en 2021, après l’édition de newsletters, la création d’intranets et d’un magazine interne envoyé au domicile des employés. L’objectif de ces canaux de communication a toujours été de transmettre l’information de l’entreprise, de favoriser la cohésion des équipes et de contribuer au sentiment d’appartenance à une entreprise dont les centres de travail sont dispersés, entre les succursales et les navires. La décision de créer l’EdEB (l’École d’entreprise de Baleària) en 2011 a été particulièrement pertinente pour répondre aux besoins internes en formation, conformément à la réglementation, et pour répondre aux besoins du secteur et de l’activité en général. L’EdEB propose un programme permanent en formation qui permet de renforcer les compétences

des équipes et leur niveau de compétitivité et de productivité, conformément à l’engagement de l’entreprise de garantir le développement professionnel et l’employabilité de son personnel. Évidemment, une entreprise comme Baleària ne peut pas rassembler physiquement tous ses employés au même endroit, cela revenant, entre autres, à paralyser une activité essentielle. Mais les commissions de responsables dans un premier temps et les conventions organisées au cours des dernières années ont rassemblé des centaines de personnes représentant les travailleurs à terre et en mer. Au-delà du contact humain, nécessaire au sein d’une entreprise très dispersée géographiquement, des conférences, des tables rondes et des ateliers sur différents sujets (numérisation, durabilité, valeurs...) ainsi que des activités de team building ont été organisés lors de ces conventions. Et si à un endroit précis l’équipe est importante, c’est bien à bord, là où le capitaine dirige un groupe de professionnels afin de garantir la sécurité du navire et, avec lui, celle des passagers, en répondant aux attentes des clients en termes de qualité de l’expérience et de respect des horaires. Certains capitaines qui travaillaient déjà lors de la création de Baleària sont toujours au sein de l’entreprise. Ils ont su transmettre leurs bonnes pratiques et leur professionnalisme à de nombreux professionnels qui ont commencé comme jeunes officiers et qui sont aujourd’hui aux commandes.

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Conventions La première convention a eu lieu en 2016 avec pour slogan Avante toda, Mediterráneo y Caribe (En avant toutes, Méditerranée et Caraïbes), coïncidant avec l’inauguration de l’Année des personnes chez Baleària qui a marqué un changement dans la culture d’entreprise en matière de gestion des talents et des personnes. Avec son discours Un impulso para una nueva etapa (Un élan pour une nouvelle étape), Adolfo Utor s’est référé lors de la convention de 2021 au nouvel actionnariat de l’entreprise et a mis l’accent sur la reconnaissance du travail, de l’engagement et de la résilience de toutes les équipes pendant la pandémie. « Vos efforts en ont valu la peine. Nous avons surmonté toutes les difficultés et nous sommes préparés à ce qui pourrait arriver », a-t-il déclaré. Lors de la dernière convention de 2022, Adolfo Utor a adopté la devise « Juntos naviguemos más lejos (Naviguons ensemble plus loin) » comme la formule pour rester leader sur le marché : « Il n’y a pas d’autre moyen que d’être une entreprise responsable, nous devons nous sentir fiers d’appartenir à cette famille ».

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La réalité économique

Certains ont peut-être cru que c’était de la magie : mais non, c’était de la rigueur. Les débuts de Baleària, également sur le plan économique, ont été difficiles, très difficiles. Avec un capital limité, provenant essentiellement de la capitalisation des allocations chômage de ses 16 associés fondateurs, le pari fut pris de créer une compagnie... que certains journalistes qualifièrent de « compagnie maritime sans navires ». À proprement parler, ce n’était pas vrai car, même si le Bahía de Málaga et le Manuel Azaña appartenaient toujours à Flebasa (ils finirent par appartenir à Baleària après de nombreuses vicissitudes), notre compagnie disposait à cette époque d’une petite flotte composée de navires peu compétitifs. Compte tenu de la situation, Adolfo Utor a appliqué la

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recette de maîtrise des coûts combinée à la rigueur et au sérieux nécessaires pour générer confiance auprès des clients, des fournisseurs et des employés eux-mêmes : mieux valait payer les factures avant d’acheter une table de bureau. À l’arrière-garde économico-financière se trouvait Federico Cervera, et pour gérer au mieux les quelques ressources matérielles et financières à terre, Antonio García, Vicent Pérez et Manuel Pérez. Ce fut l’époque où l’exploit a été d’atteindre un chiffre d’affaires de 4,5 milliards de pesetas (27 millions d’euros) au terme du premier exercice complet (1999). En 2022, le chiffre d’affaires s’est élevé à 563 millions d’euros, ce qui signifie que les recettes ont été multipliées par plus de 20 au cours des 23 exercices complets clôturés par la compa-

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gnie pendant ses 25 années d’existence. L’histoire des premières opérations de Baleària est bien connue : tout d’abord un accord conclu avec les chantiers navals Astilleros de Huelva qui avaient saisi le Manuel Azaña puis, en 2001, dans le cadre d’une opération financière à laquelle beaucoup ne croyaient pas mais qui a permis à Baleària de devenir propriétaire du Federico García Lorca grâce à des fonds américains. Autrement dit, l’argent que les banques espagnoles avaient refusé de prêter était finalement venu des États-Unis. Ce financement providentiel ne fut pas non plus le résultat d’un miracle : Baleària a simplement su présenter son projet et l’engagement de ses dirigeants auprès du secteur bancaire américain dans un langage et d’une manière que les banques espagnoles étaient incapables de comprendre. Le phénomène Lorca a également signifié la possibilité de professionnaliser la direction de l’entreprise, ce qui a débouché en 2003 sur l’arrivée de Ricardo Climent au poste de directeur financier. Après 20 ans, Ricardo Climent est toujours à la tête de la direction financière générale de Baleària et il siège au conseil d’administration de la compagnie. Justement, cette stabilité dans la gestion économico-financière de l’entreprise a été une valeur ajoutée pour générer le moment venu confiance auprès des fournisseurs et des banques, plus encore si Ricardo Climent dirige une équipe impliquée et stable. Au terme de 25 ans, cette histoire semble appartenir à un autre siècle — ce qui est le cas,

dans une grande mesure — mais également à une autre galaxie. L’ancienne gare maritime de Dénia, très appréciée mais trop petite, fait dorénavant partie du passé : depuis 2013, Baleària dispose des installations fonctionnelles et adaptées de Baleària Port, ainsi que d’un centre opérationnel dans tous ses ports d’attache. Un moment clé à l’origine de l’histoire actuelle de Baleària remonte probablement à 2005 avec la fusion par absorption des compagnies maritimes du groupe Matutes, jusqu’alors concurrentes sur les lignes d’Ibiza à Formentera et Dénia, sans pour autant empêcher des accords opérationnels ponctuels depuis 2000 sur les lignes entre Ibiza et l’Espagne continentale. Cette fusion a été une décision surprenante qui a fait du groupe Matutes détenteur de 42,5 % du capital de la compagnie, ce qui a amené les pessimistes à annoncer comme imminente la reprise définitive de Baleària par le conglomérat d’entreprises Matutes, dirigé par celui qui est probablement l’homme d’affaires et politique espagnol connu de tous. Mais l’arrivée du groupe Matutes a permis de donner à Baleària une dimension économico-financière suffisante pour digérer sans problème, en 2006, l’acquisition de Buquebus España et ainsi renforcer sa présence dans le détroit de Gibraltar, le premier secteur hors de sa zone géographique de confort, et qui avait déjà été abordé en 2003 avec la ligne Algésiras-Tanger. Mais surtout, l’alliance avec le groupe Matutes — qu’Adolfo Utor aimait qualifier de « partenaire financier » — a permis d’entreprendre la construction, désormais

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Ci-dessus, l’ancienne gare maritime de Dénia, avec le fast-ferry Federico García Lorca amarré et son jumeau Al-Sabini en arrière-plan. Ci-contre, extérieur et intérieur de la gare maritime de Dénia dans les premières années de Baleària.

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avec un financement provenant de banques espagnoles, de quatre ferries dans les chantiers navals Barreras pour permettre à Baleària de se mesurer sur les marchés avec toutes les garanties. Un financement qui n’a tenu qu’à un fil lorsque la crise financière a éclaté en 2008 et que les banques espagnoles ont hésité à débloquer les fonds pour terminer la construction des navires, éventualité qui aurait fait qu’elles seraient devenues propriétaires de tonnes d’acier flottant dans l’estuaire de Vigo. L’audace calculée et bien connue d’Adolfo Utor a été soutenue par le groupe Matutes en tant que partenaire, et les banques peu convaincues ont finalement récupéré les crédits qu’elles avaient accordés, chose qui leur fut impossible dans le secteur de l’immobilier. Une fois de plus, la confiance générée par Baleària a été cruciale. En conclusion, après la crise financière de 2008, Baleària a été plus que jamais convaincue de l’importance de disposer des liquidités nécessaires pour faire face à toute éventualité. À ce titre, la pandémie de 2020 et ses répercussions économiques ont été pour la compagnie un véritable test de résistance qu’elle a surmonté avec brio, en grande partie grâce à la conviction remontant à 2008 de disposer de la trésorerie nécessaire pour faire face à des conjonctures économiques adverses. Tout cela dans un secteur à très forte intensité de capital pour lequel les principaux actifs, les navires, obligent à de gros investissements amortis qu’à long terme. « Il faut quatre à cinq ans pour construire un bateau, et encore 25 ou 30 ans pour l’amortir », se souvient

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LA STABILITÉ DANS LA GESTION ÉCONOMICO-FINANCIÈRE DE L’ENTREPRISE A ÉTÉ UNE VALEUR AJOUTÉE POUR GÉNÉRER CONFIANCE AUPRÈS DES FOURNISSEURS ET DES BANQUES

Adolfo Utor. Par ailleurs, dans le secteur maritime, la part du carburant dans la structure des coûts d’exploitation est très élevée, et elle l’a été encore plus ces dernières années, raison pour laquelle une gestion efficiente est essentielle. C’est la complexité de l’activité à laquelle se consacre Baleària, sans concessions à la diversification qui fait pourtant partie du credo majoritaire du monde de l’entreprise. Le modèle de gestion de Baleària a toujours été clairement dirigé par Adolfo Utor : au début, avec le soutien de la vieille garde fondatrice de l’entreprise et de professionnels qui ont été, ou sont encore proches d’Adolfo, s’ils ne sont pas à la retraite. Après l’acquisition du Federico García Lorca, des professionnels qualifiés dans des domaines spécifiques ont

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Baleària Port Une gare maritime de référence

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En 2013, la compagnie a inauguré Baleària Port, la gare maritime de Dénia qui accueille le siège de la société, sous le régime de concession. Au cours de ces années, les installations ont été améliorées et agrandies, et elles comprennent actuellement trois quais d’amarrage, des terrains, plusieurs zones de stationnement et une passerelle d’embarquement. Outre les bureaux de la compagnie, le bâtiment principal accueille les guichets et la salle d’embarquement, des boutiques et des restaurants, une ludothèque, une bibliothèque d’échange de livres et une exposition de maquettes de la flotte. Indiquons également deux espaces multifonctionnels pour la tenue d’événements et de conventions : la salle culturelle La Casa de la Paraula, avec une exposition permanente d’artistes de la Fondation Baleària, et la salle Multiespai L’Androna, au dernier étage. Par ailleurs, un nouveau plan d’investissement est prévu pour doter la gare d’une usine d’approvisionnement en GNL et d’une centrale photovoltaïque pour l’autoconsommation.

Ces dernières années, Baleària Port est devenu un véritable quartier de la ville, un lieu de rencontre par lequel transitent chaque année des milliers de passagers lors de leur voyage vers les Îles Baléares, ainsi que de nombreux habitants et touristes qui se rendent dans cette région touristique et gastronomique, et où Baleària organise de nombreuses activités sociales et culturelles ouvertes à tous. Toutes ces mesures prises ces dernières années ont permis de redynamiser ce secteur du port connu sous le nom de Moll de la Pansa. Pendant les premières années — et avant la pandémie —, les usagers pouvaient rejoindre le centre-ville depuis Baleària Port à bord du bateau La Panseta qui naviguait uniquement à l’énergie électrique grâce à ses panneaux photovoltaïques. Le succès de cette gare maritime fait de Baleària Port le modèle de référence de la compagnie pour la construction de futures gares dans d’autres ports, avec la volonté d’en faire également des installations plus durables et intelligentes. L’objectif est ce que Baleària appelle le smart maritime transport, ou navigation intelligente : prêter des services écologiques et intelligents qui englobent l’expérience du passager dans toutes les étapes du voyage.

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Mise à l’eau du ferry Alhucemas (aujourd’hui Bahama Mama) dans les chantiers navals Barreras, à Vigo.

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rejoint l’entreprise. Un peu plus tard, la fusion par absorption des compagnies du groupe Matutes a supposé la présence au sein du conseil d’administration de représentants de cette holding d’Ibiza ainsi que de professionnels de ses compagnies maritimes. Et ces dernières années, la nouvelle dimension de l’entreprise et sa transformation numérique ont exigé l’intégration de professionnels dans de nouveaux domaines comme le commerce électronique, l’innovation ou le Revenue, tout en renforçant la structure de départements déjà existants comme le département de flotte. Contre toute attente, fin 2021, et après 17 ans d’alliance, le groupe Matutes est sorti du capital de Baleària et Adolfo Utor est devenu actionnaire unique de l’entreprise grâce à l’acquisition préalable des actions auprès d’associés minoritaires avec l’obtention d’importantes plus-values ​​pour ces derniers, avant d’acquérir en octobre 2021 les 42,5 % du capital détenu par le groupe Matutes. Cette opération a eu lieu lorsqu’était en vue la fin des conséquences économiques et sociales de la pandémie et la chute des recettes de Baleària qui a provoqué des pertes de 17 millions d’euros pour la compagnie lors de cet exercice. C’est dans ces circonstances qu’Adolfo Utor a décidé d’acheter et qu’Abel Matutes, avec ses activités dans le secteur hôtelier et des loisirs également touché par la pandémie, a décidé de vendre. Depuis le départ du groupe Matutes de Baleària, le conseil d’administration de la compagnie est logiquement plus petit. Ricardo Climent y siège depuis 2004 en tant que

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directeur général financier, accompagné de deux experts arrivés en 2019 : Georges Bassoul — ingénieur civil de formation avec une grande expérience en gestion d’entreprise — au poste de directeur général, et José Manuel Orengo — ingénieur agronome de formation avec une grande carrière politique à son actif — au poste de secrétaire général. L’exercice du Covid a donc généré ces pertes de 17 millions d’euros. Mais en 2022, avec un chiffre d’affaires de 563 millions d’euros, l’excédent brut d’exploitation avant déduction des frais financiers (EBE) s’élève à 140 millions d’euros, pour un résultat de l’exercice de 67 millions d’euros. Dans ce contexte, on peut se demander : Que font Baleària et son actionnaire unique avec les bénéfices ? La réponse est simple : réinvestir dans l’entreprise. Ne pas se diversifier, en cohérence avec la mission de Baleària : construire des navires et ouvrir de nouvelles lignes de transport de passagers et de marchandises pour répondre aux besoins de la société en matière de transport maritime. Le fait que Baleària soit incontournable pour les régions dans lesquelles elle opère pour le tourisme ou la logistique ne l’a pas éloignée de sa mission. Une gestion optimisée de l’entreprise et la propriété exclusive de la compagnie après le départ du groupe Matutes ont également renforcé l’une des variables qui expliquent en partie le succès de Baleària : l’agilité dans la prise de décisions. Cette rapidité et cette fermeté dans la prise de décisions constituent depuis les débuts de l’entreprise des points

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forts, surtout par rapport à d’autres sociétés d’un secteur dans lequel les décisions ne sont généralement ni rapides, ni prises sur le terrain, à l’inverse de ce qui se passe chez Baleària. Rappelons également qu’une partie des résultats est due à la bonne gestion des risques liés aux matières premières. Tout le monde sait bien que le carburant représente une part importante des dépenses d’une compagnie maritime et que la guerre en Ukraine, combinée à d’autres événements, a provoqué des pics historiques des coûts du carburant. Le fait que Baleària ait acquis des produits dérivés a en partie atténué les effets de cette hausse, tout en constituant selon le contexte une certaine marge grâce à la technologie hybride des

moteurs de nombreux navires permettant de choisir entre le gaz naturel liquéfié — le pari de Baleària en tant que carburant de transition — et d’autres carburants. Quelle que soit la conjoncture, Baleària présente chaque année ses résultats économiques ainsi que son Rapport de développement durable avec des contenus et une portée allant au-delà de l’obligation légale résultant de la transposition de la directive européenne 95/2014/UE. C’est la manière pour notre compagnie de réaffirmer son engagement en faveur d’un développement responsable et durable et de présenter les impacts les plus significatifs d’un point de vue économique, social et environnemental.

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LA RAPIDITÉ ET LA FERMETÉ DANS LA PRISE DE DÉCISIONS SONT L’UNE DES FORCES DE BALEÀRIA DEPUIS SA CRÉATION



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25 regards

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Les 25 premières années de Baleària ont été riches en événements. La compagnie a été, et est importante pour de nombreuses personnes, tant pour celles qui font ou ont fait partie de l’entreprise que pour celles qui ont été ou sont concernées par l’activité de Baleària. Sachant qu’un choix oblige toujours à renoncer à d’autres, nous avons sélectionné 25 regards portés par des personnes pour lesquelles Baleària est, ou a été, importante. Des personnes qui le sont également pour Baleària, qui font partie de ces 25 ans que nous célébrons et que nous remercions pour leur témoignage. Car Baleària ne serait pas ce qu’elle est

sans ces personnes qui, au niveau interne ou externe, ont permis à la compagnie de célébrer ses 25 premières années d’existence en 2023, résultat d’un succès incontestable. Le leadership d’Adolfo Utor chez Baleària n’est en aucun cas incompatible avec la contribution essentielle de milliers de personnes qui est résumée à travers ces 25 regards. C’est la raison pour laquelle cet ouvrage sur les 25 ans d’existence de Baleària est non seulement enrichi mais également illustré par les témoignages des pages suivantes qui offrent une vision plus large et pluridisciplinaire, depuis différents points de vue, de ce qu’est Baleària depuis 1998.


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María González CAPITAINE

« Baleària est perçue comme une entreprise forte, moderne et innovante ». 114

En septembre 2022, María González Moraleda est devenue capitaine du ferry Passió de Formentera. Une bonne nouvelle pour Baleària qui accueille une autre femme à la barre, et pour María qui avait rejoint la compagnie 15 ans plus tôt en tant que membre d’équipage et qui, tout en assumant d’autres responsabilités à bord, a étudié la navigation, ce qui lui a permis de devenir officier de pont jusqu’à prendre les commandes du Passió per Formentera, le ferry sur lequel elle a passé la plus grande partie de sa carrière. S TA B I L I T É

« Grâce à ma réussite professionnelle, j’ai atteint sur le plan personnel une stabilité et un bonheur qui me comblent tout à fait », explique

la capitaine González, dont le projet de fin d’études à l’École supérieure de navigation de l’université de Cantabrie a été un guide pour l’arrimage des ferries de lignes régulières, et qui a pour but de concilier sécurité et rapidité des opérations. Un aspect essentiel pour le navire que pilote la capitaine González, car le Passió per Formentera relie Ceuta à Algésiras plusieurs fois par jour, et il est essentiel d’assurer la connectivité même lorsque les conditions météo sont adverses. Lorsqu’elle est arrivée chez Baleària en tant que membre d’équipage, María González a été surprise par la coordination et la solidarité à bord pour atteindre les objectifs et, en particulier, pour s’assurer que l’embarquement et le débarquement se font rapidement et en toute sécurité.

En ce qui concerne l’évolution de Baleària, selon elle, la compagnie « s’est développée à la fois grâce à ses services et à son engagement en faveur de l’environnement, et surtout parce qu’elle a toujours eu une approche globale du marché, en se développant en très peu de temps ». Pour elle, tout s’est passé très vite : « Ce sont des années de changements et de croissance que j’ai vécues avec beaucoup de motivation et d’enthousiasme pour continuer à évoluer. J’ai de très bons souvenirs en général, mais surtout à chaque fois que j’ai été promue ; pour moi, ce sont sans aucun doute mes meilleurs souvenirs ». U N E C O M PA G N I E L E A D E R

Pour María González, du fait des circonstances propres à Baleària, elle l’a perçue comme une

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grande entreprise, forte, moderne et innovante. « C’est pour cela que nous sommes leaders », souligne-t-elle. La capitaine rappelle aussi que Baleària a également connu des moments difficiles, « mais elle a toujours réussi à rester à flot et à aller de l’avant avec une grande stratégie, et à devenir l’entreprise leader du secteur maritime espagnol ». Elle reconnaît également que les moments les plus difficiles ont été les années marquées par le Covid : « L’incertitude sur ce qui allait se passer s’est emparée de nous tous ». Lorsque María González a rejoint Baleària en 2006, elle a laissé derrière elle, après une mauvaise expérience, un poste de directrice commerciale dans une agence de publicité. C’est sa sœur jumelle Carolina, qui travaillait à l’époque pour Buquebus en tant que membre d’équipage sur le Patricia Olivia, qui l’a encouragée à s’embarquer « et à tenter sa chance dans le monde fantastique de la mer ». Pendant l’opération de reprise de Buquebus par Baleària, Carolina fut un jour absente à l’appel : elle avait été victime d’un accident de la route. « Elle était en route vers le port mais elle n’est jamais arrivée. Moi, j’étais de relâche ce jour-là. Lorsque je me suis réveillée, ma vie a changé du jour au lendemain. Je pense que ce jour-là, un lien puissant s’est créé entre moi et Baleària », se souvient la capitaine, sans cacher sa peine.

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Alberto Durá ANCIEN CHEF DU PERSONNEL DE BALEÀRIA

« Nous sommes proches, comme une grande famille » 116

Alberto Durá Miralles, psychologue et enseignant de formation, a été l’un des piliers de Baleària, l’une de ces personnes qui ont toujours été présentes, y compris bien avant la création de l’entreprise, puisqu’il avait commencé à travailler chez Flebasa en 1990. Et toujours en tant que chef du personnel jusqu’à son départ en retraite en 2022, même si, comme il l’explique, le nom du poste a évolué au fil des ans : « Au début, c’était le Département du personnel, puis les Ressources humaines, la Direction des personnes et la Gestion des talents, et aujourd’hui à nouveau la Direction des personnes ». Cependant, lorsqu’il dresse le bilan de ses 30 ans de carrière, Alberto Durá rappelle avec une certaine fierté que son centre de travail a toujours été à Dénia.

Depuis ce poste, il a été le témoin privilégié non seulement de l’évolution de la compagnie, mais aussi de deux mondes, le terrestre et le maritime, qui cohabitent au sein d’une compagnie comme la nôtre : « Au début, je me suis retrouvé avec deux mondes dans la même compagnie, celui de la flotte et celui à terre, avec des mentalités très différentes, y compris le langage. Les deux premières années, j’ai eu beaucoup de mal à me faire comprendre par la flotte. La solution a été de suivre les cours de navigation, et c’est moi qui ai changé. À partir de ce moment, la communication avec Flebasa a été beaucoup plus fluide et compréhensible pour tout le monde ». Il s’agit à n’en pas douter d’une tactique d’un psychologue pragmatique. Sa longue carrière lui permet également

d’évoquer la fin de l’ère Flebasa : « Il y avait des créanciers partout. Ce qui m’a frappé, c’est qu’ils ont arrêté de payer les salaires, d’abord ceux du personnel à terre, puis ceux de la flotte ; jusqu’à trois mois sans être payés, mais ils continuaient à travailler, et ils avaient seulement la parole qu’ils seraient payés dès que l’entreprise le pourrait, mais les promesses ne payent pas les frais des familles ; le peu que l’on pouvait obtenir était destiné à ceux qui se trouvaient à bord ». L E S P E RS O N N E S , U N AC T I F E S S E N T I E L

Tout cela, c’est du passé pour Alberto Durá, car Baleària « est une entreprise très particulière, tout d’abord parce qu’elle a toujours eu des objectifs clairs et qu’elle a utilisé tous les moyens disponibles pour les atteindre ; à chaque crise, lorsque d’autres entreprises se sont repliées, Baleària a saisi l’occasion de se développer, en risquant tout, et elle a toujours compté sur son grand capital, à savoir ses employés », affirmet-il, lui qui a formalisé des milliers de contrats au fil des ans. Pour lui, cette spécificité de Baleària et son leadership sont des éléments qui ont permis à la société de ne pas percevoir la compagnie comme une entreprise distante et déshumanisée, car « elle a toujours été intégrée dans toutes les régions où elle a ouvert une ligne, en engageant du personnel local et en collaborant avec toutes les entités locales dans la mesure de ses possibilités ; cela a fait que, même si elle a beaucoup grandi, Baleària est toujours perçue comme une entreprise proche, comme une grande famille ».

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Marisa Llopis RESPONSABLE ACHATS DE BALEÀRIA

« Nous allons continuer à nous développer parce que personne ne peut nous arrêter ». Marisa Llopis Company a commencé en mai 2000 à travailler au call-center de Baleària, à un poste de soutien en vue de la campagne d’été, car il lui permettait de concilier son travail et sa vie familiale. Aujourd’hui, elle travaille toujours au siège de Dénia en tant que responsable des achats. Beaucoup de choses ont changé au fil des ans, mais elle affiche toujours son grand sourire. Lorsque Baleària a commencé à naviguer en tant que compagnie maritime, le siège de Dénia est devenu un centre de travail en développement, en particulier son call center, qui a fini par compter plus d’une centaine d’employés, en majorité des femmes. À l’époque, la vente en ligne était encore une illusion. Et, comme beaucoup d’autres personnes, Marisa

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a envoyé son CV à Baleària grâce au boucheà-oreille. Sans expérience dans le secteur, elle a relevé le défi avec l’optimisme qui lui est propre : « Lorsque j’ai été engagée, je n’en revenais pas. On peut dire que je suis à Baleària grâce à Carol Ramis (une collaboratrice historique, chez Flebasa à partir de 1993, puis chez Baleària au poste de comptable) qui avait dit à ma cousine qu’ils avaient besoin de personnes pour la campagne d’été, et je crois que je ne lui ai jamais dit. Je profite de l’occasion pour la remercier. J’ai commencé au call center en donnant des informations et en faisant des réservations par téléphone, mais deux mois plus tard, ma responsable, Cristina Mulet, m’a demandé si je voulais travailler aux guichets parce qu’ils

avaient besoin d’une personne. Et j’ai accepté ». Depuis ce lointain mois de mai 2000, Marisa n’a passé que deux mois au call center, avant de travailler aux guichets pendant 10 ans et de rejoindre finalement le Service achats régi par nos principes de déontologie qui constituent l’un des principaux composants de l’identité de Baleària. L’optimisme de Marisa fait qu’elle se souvient avec enthousiasme de plusieurs événements marquants de l’histoire de l’entreprise, comme l’entrée en service du majestueux Federico García Lorca (elle dit avoir été très triste lorsqu’il a été vendu) et le départ du chantier naval, la traversée et l’arrivée à Dénia de l’Eleanor Roosevelt (qu’elle qualifie de riches en émotions). Même si elle n’a aucune

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« BALEÀRIA EN EST ARRIVÉE LÀ GRÂCE AU COURAGE DE NOTRE PRÉSIDENT, CAR QUI NE PREND AUCUN RISQUE N’OBTIENT RIEN, ET IL A SU PRENDRE DES RISQUES ET S’ENTOURER DE PERSONNES EFFICACES »

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préférence quant aux navires et aux postes occupés au sein de l’entreprise, elle déclare : « J’ai toujours vécu avec enthousiasme les bons moments de Baleària. Chaque nouveau navire qui a été construit, chaque ligne qui a été ouverte, la construction de la gare maritime où nous nous trouvons aujourd’hui... ». C’est précisément en raison de son caractère positif que Marisa est un témoin de référence des moments critiques de Baleària qui se sont présentés, comme dans toute organisation : « Je me souviens de la crise économique de 2008, lorsque Baleària s’est endettée avec quatre nouveaux navires ; lors du dîner de Noël de cette année-là, les choses allaient très mal et Adolfo l’a dit au début du dîner. Mais il nous a également dit que son intention n’était pas de licencier qui que ce soit et il a ajouté que si nous nous en sortions, ce serait tous ensemble. Et c’est ce qui s’est passé, nous nous

en sommes sortis grâce à l’effort de tous ». Un autre de ces moments critiques a été la pandémie (pendant laquelle Baleària a maintenu les salaires des travailleurs concernés par le plan social temporaire). Marisa se souvient encore lorsqu’elle a lu chez elle le message du président en ligne : « Je ne l’avais jamais vu aussi abattu que ce jour-là, cela m’a rendue très triste, j’ai cru que c’était la fin de Baleària. Je n’ai pas pu retenir mes larmes... Je me suis demandée comment il était possible qu’une entreprise qui se portait si bien à l’époque puisse sombrer à cause d’un virus. Mais heureusement, nous nous en sommes sortis. » « Baleària en est arrivée là grâce au courage de notre président, car qui ne prend aucun risque n’obtient rien, et il a su prendre des risques et s’entourer de personnes et de services efficaces qui ont su évoluer pour se moderniser et ne pas

se laisser distancer. Il n’a pas eu peur de faire construire de nouveaux navires, de reconvertir plusieurs navires au gaz naturel, d’ouvrir de nouvelles lignes qui représentaient un véritable défi, comme celle des États-Unis, d’investir dans la technologie et la numérisation... », souligne Marisa. Et le plus important, dit-t-elle, c’est que la société perçoive Baleària comme une entreprise sérieuse, responsable et digne de confiance : « Nous allons continuer à nous développer parce que personne ne peut nous arrêter ». Le fait d’avoir commencé par distribuer des cartes d’embarquement en carton tamponnées à la main, et d’avoir dû compter les bordereaux récupérés par l’équipage pour établir la liste des passagers donne à Marisa une perspective qui lui permet d’affirmer qu’elle n’identifie pas « la Baleària d’alors avec celle d’aujourd’hui, au-delà de la camaraderie et des objectifs communs ». De ce point de vue, elle se souvient d’agréables moments vécus avec les clients : « Un jour où j’étais de mauvaise humeur à cause de problèmes personnels, on m’a dit que des clients me demandaient et m’appelaient par mon prénom au guichet ; j’étais intriguée, et il se trouve qu’ils me cherchaient pour me donner deux ensaïmadas en remerciement d’un problème que j’avais résolu pour eux un an plus tôt ; j’ai partagé une des ensaïmadas avec mes collègues et l’autre avec ma famille, et ce fut finalement une bonne journée ». Après avoir raconté l’anecdote, Marisa se demande si, avec les règles actuelles de déontologie qui régissent l’entreprise, elle pourrait accepter les ensaïmadas.

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Judit Binefa RESPONSABLE COMMUNICATION DE BALEÀRIA

« J’ai eu la possibilité de vivre et de raconter une bonne partie de l’histoire de Baleària » Journaliste de formation et originaire de Lérida, Judit Binefa Garrofé est arrivée à la communication de Baleària presque par hasard il y a 21 ans, surprise qu’une entreprise relativement petite et jeune à l’époque dispose d’un service de communication, même si, se souvient-elle, « on faisait de tout ». Aujourd’hui, avec le temps, elle pense que « dès le début, Baleària a été claire sur la valeur stratégique de la communication et cela, parmi bien d’autres choses, a eu un impact très positif sur sa réputation ». Elle considère que la bonne réputation de Baleària s’est construite « pierre par pierre au sein de toutes les équipes, chacune dans ses tâches respectives, et a été promue par le service de communication qui a divulgué tous les projets

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et les nouveautés dans lesquels l’entreprise était engagée ». Pour ce faire, assure-t-elle, l’entreprise a toujours communiqué avec rigueur et transparence : « Cela nous a donné crédibilité aux yeux des médias et confiance aux yeux des clients et des autres parties prenantes ». L A NOTORIÉTÉ DANS LES MÉDIAS

Au cours de ses 25 premières années d’existence, Baleària et son président sont devenus une entreprise de référence, tant dans notre secteur que pour les aspects en matière de développement durable, de responsabilité sociale d’entreprise et d’innovation, affirme-t-elle. « Il y a 20 ans, les médias ne nous contactaient pratiquement qu’en cas de tempête pour savoir si nous annulions les départs, alors qu’aujourd’hui nous

recevons de nombreuses demandes de médias nationaux, économiques et étrangers qui souhaitent connaître nos initiatives ou interviewer le président ou d’autres responsables. La notoriété de Baleària auprès des médias a augmenté de manière exponentielle », souligne-t-elle. Quoiqu’il en soit, la tâche du service de communication consiste à faire état de la réalité « d’une entreprise très dynamique, notamment parce que la personne qui en est à la tête est passionnée par ce secteur et a su transmettre à l’équipe cette volonté de toujours faire mieux, d’aller plus loin, de ne jamais se contenter ». Judit se considère comme l’une des personnes de Baleària ayant relevé ces défis « en travaillant en équipe et en essayant de toujours faire de son mieux ».

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« LA BONNE RÉPUTATION DE BALEÀRIA A ÉTÉ CONSTRUITE PIERRE PAR PIERRE PAR TOUTES LES ÉQUIPES, CHACUNE À PARTIR DE SES TÂCHES RESPECTIVES »

Tout cela a permis à Baleària d’avoir non seulement une bonne réputation, mais aussi d’être perçue comme une entreprise solide et fiable « qui a su transmettre ses valeurs liées à la région, à l’environnement et aux nouvelles technologies », souligne Judit, qui considère avoir eu la chance de travailler dans un domaine qu’elle aime : « Avec nos collègues du département, nous partageons une même vision professionnelle et une même façon de travailler. Nous formons une bonne équipe ». C O M M U N I C AT I O N I N T E R N E

Ayant rejoint Baleària il y a plus de 20 ans, Judit se souvient que le premier canal de communication interne était une brochure papier éditée, imprimée, pliée et distribuée

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par le département. Aujourd’hui, la communication interne se fait à travers les canaux numériques : « Nous avons créé et amélioré les canaux de communication interne et, ces dernières années, la tenue de la convention annuelle, avec une représentation importante de l’ensemble de l’entreprise, a renforcé le sentiment d’appartenance », explique-t-elle. Judit a été passagère de Baleària avant de devenir une employée de la compagnie. Elle est donc consciente de l’importance d’un transport maritime de qualité : « En tant que passagère, j’ai également apprécié les grands progrès que la compagnie a faits en matière de confort et de services à bord : pouvoir voyager sur des navires comme l’Eleanor Roosevelt est un véritable plaisir ».

Le fait que Baleària fonctionne 365 jours par an et 24 heures sur 24 signifie que les incidents, et avec eux les exigences de communication, peuvent survenir à tout moment. Elle explique que « chaque département vit ces moments de tension de manière différente : dans notre cas, nous sommes soumis à une forte pression de la part des médias qui nous demandent des informations, et notre obligation est de fournir des données véridiques que nous devons vérifier en interne alors que beaucoup de choses sont gérées en même temps et que des mesures immédiates sont prises pour résoudre l’incident. Ce n’est pas facile ». L’un des premiers moments de crise dont elle se souvient remonte à 2004 : « Le Nixe, après son départ des chantiers navals de Singapour, avait perdu le contact avec Baleària pendant près de deux jours. Nous ne savions pas ce qui était arrivé à nos collègues, ni au navire, et nous avons dû faire face à cette situation d’incertitude avec une grande demande d’information de la part des journalistes ». Cette ancienne du service de communication de Baleària est convaincue qu’elle peut apporter à ses collègues d’aujourd’hui un éclairage sur le contexte : « Il est important de pouvoir faire notre travail d’explication sur ce qu’est Baleària, ce que fait la compagnie et pourquoi. C’est peut-être aussi ma manière de travailler : j’aime soigner les détails, être rigoureuse pour que le travail soit parfait ». Avant de conclure : « J’espère avoir également apporté un esprit de camaraderie et d’empathie ».

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Antonio García DIRECTEUR DE SYSTÈMES D’EXPLOITATION DE BALEÀRIA

« Nous sommes une entreprise appréciée de la société »

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Antonio García Fernández travaille chez Baleària depuis toujours : il a en effet commencé très jeune chez Flebasa, en 1991, et ce jusqu’à aujourd’hui. Ses fonctions, essentielles dans l’organisation de l’entreprise, sont celles de directeur de Systèmes d’exploitation : par exemple, à l’ouverture d’une nouvelle ligne, Antonio intervient pour organiser les systèmes informatiques et de communication, indispensables au bon fonctionnement de Baleària. Même si son centre de travail se trouve à Dénia, le déploiement des systèmes de réservation et de fret l’oblige « à être présent dans tous les bureaux et à faire partie des équipes de démarrage des nouvelles délégations », explique-t-il. Au cours de ses 25 ans de carrière au sein

de la compagnie, Antonio se souvient des faits marquants dans son domaine comme le call center qui a compté jusqu’à 100 opérateurs, coïncidant avec les débuts du Federico García Lorca, ou le lancement, pionnier dans le secteur, d’un système de vente sur le site web. T R A N S F O R M AT I O N N U M É R I Q U E

À cela s’ajoute la modernisation des systèmes de gestion dans les domaines des ressources humaines, des achats et de la flotte. « Les derniers processus de numérisation et de transformation numérique de la flotte et des services aux passagers ont permis de faire progresser et d’améliorer le service, en nous plaçant à l’avantgarde des services de transport de passagers

par tous les moyens, qu’ils soient aériens ou terrestres, et en devenant une référence et un modèle à imiter dans notre secteur en Espagne et en Europe », affirme-t-il. Parmi les plus anciens de Baleària, Antonio se souvient de la crise de Flebasa et de la grève du personnel de la compagnie pour que la direction générale de la marine marchande autorise le Manuel Azaña à naviguer : « Nous nous sommes retrouvés sans opérations, sans recettes et, logiquement, avec une perte de postes de travail imminente. À l’époque, lorsque de nombreux collègues sont allés manifester à Madrid devant la marine marchande, on m’avait confié la communication avec les médias depuis Dénia, et il y a eu un moment très inquiétant

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où les collègues ont dû faire face à la police anti-émeute, et j’ai dû veiller à ce que la presse puisse être présente à ce moment-là pour éviter qu’il y ait des blessés », se souvient-il. Antonio résume le succès de Baleària en une phrase : « Nous avons su être l’entreprise qui a le mieux compris, à tout moment, ce qu’il fallait faire, et nous l’avons fait de manière courageuse et très professionnelle, en rivalisant et en innovant ». Cette attitude, ainsi que « la ténacité et la connaissance du métier ont permis à Baleària de se positionner sur des lignes exploitées par d’autres compagnies maritimes, de les concurrencer et de devenir leader au détriment de celles qui ont disparu, comme Iscomar, ou que nous avons nous-mêmes rachetées, comme Buquebus ou Pitra/Umafisa ». Antonio souligne le travail incommensurable de la Fondation Baleària et ses excellents résultats. « L’image de Baleària en tant qu’entreprise a été construite sur la base de nos valeurs, qui ont été dès le début notre guide dans tout ce que nous avons fait, et grâce à cet effort et à cet engagement, je suis convaincu que l’entreprise est reconnue et appréciée de la société », déclare-t-il. Homme d’entreprise s’il en est, Antonio se dit « fier d’appartenir à ce groupe de personnes qui continuent de travailler dur tous les jours pour améliorer l’entreprise et qui, avec ceux qui nous rejoignent maintenant, permettent à Baleària de se développer et de progresser jour après jour ». Et, dans la foulée, il tient à rappeler qu’il est marié depuis 30 ans avec Silvia Gil qu’il a rencontrée dans les bureaux précaires que Flebasa occupait à l’époque à Dénia.

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Francisco Jiménez CAPITAINE

« Entre tous, nous avons réussi à faire d’un rêve une réalité » 126

Francisco Jiménez Vara a embarqué à l’âge de 17 ans comme matelot et, à 27 ans, il avait déjà pris les commandes d’un navire en tant que capitaine de la compagnie Marítima de Formentera. Entrer dans le métier pendant l’adolescence, explique-t-il, était une tactique de son père pour le décider à reprendre ses études de médecine, qu’il avait commencées avant celles de navigation. Mais, apparemment, son père n’a pas réussi à l’en dissuader. Près d’un demi-siècle plus tard, ce capitaine se souvient de sa première expédition : « C’était

difficile, mais cette expérience m’a ouvert les yeux sur un monde très différent de celui dans lequel je vivais tous les jours à Madrid ». Le jeune capitaine a commencé à travailler chez Isnasa en 1990, d’où il est passé chez Flebasa et donc à Dénia, en 1995. Il a vécu de près les incertitudes de la chute de la compagnie de Victoriano Sayalero et la naissance de Baleària ; toujours en tant que capitaine et sans quitter le navire qu’Adolfo Utor a lui-même commandé, et à la barre duquel, assure-t-il, il se sent à l’aise : « Nous avons un système de travail

de type mousquetaires, tous pour un. Et malgré la taille de l’entreprise, j’ai toujours l’impression d’appartenir à une grande famille ». C’est avec fierté qu’il ajoute : « À nous tous, nous avons réussi à faire d’un rêve une réalité ». Sa carrière professionnelle l’a conduit sur pratiquement toutes les mers du monde (« Sauf l’Arctique, qui me donne froid rien que d’y penser », ajoute-t-il). Mais Francisco peut surtout être considéré comme le capitaine des grands navires de Baleària. Il a été le premier capitaine du Federico García Lorca (« C’était comme passer d’une deux-chevaux à une Mercedes ; qui n’aime pas ça ? », dit-il avec ironie), et du Ramon Llull, y compris avec les manœuvres très difficiles dans le vieux port de Ciutadella. Toujours au poste de capitaine, Francisco a joué un rôle essentiel à l’un des moments les plus critiques de l’histoire de Baleària, lorsque les communications avec le Nixe I avaient été interrompues pendant plus de deux jours lors de sa première traversée depuis Singapour, en plein typhon, dans une région où les pirates étaient nombreux. De plus, le capitaine se souvient de la livraison du navire Martín i Soler, de l’inauguration de la ligne à Miami (« Nous étions comme Hernán Cortés et Pizarro ») et de l’acheminement du Daniya, aujourd’hui Poeta López Anglada, de Belfast à Santander. Quant à son travail chez Baleària, Francisco souligne également son rôle d’inspecteur de la construction des quatre ferries des chantiers navals Barreras de Vigo pour lesquels, en tant que capitaine baléare, il a tout fait pour garantir la qualité des navires

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et de tous leurs éléments. En faisant le bilan de ses années de carrière, il se déclare fier d’avoir pris la bonne décision en restant chez Baleària « alors qu’il y avait d’autres possibilités mieux rémunérées, mais tout ne se résume pas à l’argent dans cette vie », et il est convaincu que la compagnie « continuera à être pendant longtemps la fierté de la région de la Marina Alta et de la marine marchande espagnole ». F O R M AT I O N C O N T I N U E

Francisco n’ose pas dire ce qu’il pense avoir apporté à ses collègues (« C’est à eux de le dire », réplique-il), mais lorsqu’il s’agit de décrire sa contribution à l’entreprise, il n’a aucune hésitation : « Travail, expérience, professionnalisme et fierté », dans un contexte qui lui a permis « d’apprendre jour après jour et de rencontrer des amis, travailleurs et honnêtes, mais aussi toutes sortes de personnes ». Ce capitaine travailleur n’a aucun doute sur la croissance et la force de Baleària : « Personne ne misait sur nous, mais nous sommes aujourd’hui la première compagnie maritime d’Espagne ; voilà ce que nous sommes devenus ». Et même s’il ne remet pas en cause la réputation de la compagnie et sa valeur immatérielle, il ne semble pas s’inquiéter outre mesure de la perception de l’entreprise : « Certains nous envieront, d’autres nous respecteront, mais Baleària doit penser à ses objectifs, qui sont nos clients, et maintenir le cap que nous avons pris il y a maintenant un quart de siècle ».

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María Teresa Saucedo RESPONSABLE DES OPÉRATIONS DE BALEÀRIA À ALGÉSIRAS

« Nous réagissons et résolvons rapidement tout problème » María Teresa Saucedo Castaño a rejoint Baleària en juin 2006 ; dès qu’elle a appris que la compagnie allait commencer à exploiter la ligne Ceuta-Algésiras, elle n’a pas hésité un seul instant : elle voulait travailler pour une compagnie maritime espagnole après avoir évolué au sein de compagnies maritimes marocaines. Teresa est passionnée par son travail et par l’opération du passage du détroit de Gibraltar dénommée OPE, lorsque des centaines de milliers de voyageurs traversent avec leurs véhicules le détroit en haute saison pour retrouver leur pays et leurs familles. « Pendant l’OPE, nous travaillons sans relâche pour que tout le monde soit heureux et satisfait du service. Nous permettons aux familles des deux côtés du détroit de se retrouver ; c’est très gratifiant de savoir que l’on

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se donne à 100 % pour que tout se passe bien, et de voir que ça fonctionne », ajoute-t-elle. Teresa nous fait part de l’évolution de sa carrière professionnelle chez Baleària : ce n’est pas un hasard si elle est passée des guichets à la direction des opérations de Baleària à Algésiras, l’un des ports européens avec le trafic le plus important, plus de quatre millions de passagers et près d’un million de véhicules en 2022. « J’ai grandi avec l’entreprise au cours de ces 16 années de travail ; j’ai grandi sur les plans personnel et professionnel, et je me sens épanouie dans mon travail. J’aime ce que je fais et je ne me vois nulle part ailleurs », dit-elle. Teresa souligne également son travail de formatrice au sein de Baleària, qui l’a amenée à se déplacer à Motril, Malaga, Alméria, Ceuta et

Tanger, autant de ports où Baleària opère et où elle a pu constater en personne l’engagement de tout le personnel : « Nous aimons que le client se sente important pour nous », souligne-t-elle Comme beaucoup de professionnels de Baleària, elle se souvient de la crise financière de 2008 comme d’un très mauvais moment, sans oublier la pandémie. « C’était une situation compliquée, mais nous avons pu résister », se souvient-elle, avant d’ajouter qu’elle a toujours été surprise par la capacité d’action de Baleària dans l’adversité : « Nous sommes une compagnie maritime qui réagit immédiatement à tout problème et qui le résout rapidement ». C’est la raison pour laquelle, selon Teresa, la société perçoit Baleària « comme une compagnie maritime résolument engagée en faveur de l’environnement et du bien-être des passagers », devenue leader grâce aux innovations de sa flotte et aux services prêtés aux passagers. Pour ce qui est du trafic entre Ceuta et Algésiras, la responsable des opérations souligne la confiance que transmet aux clients le ferry Passió per Formentera « qui peut pratiquement toujours prendre la mer malgré les fortes tempêtes dans le détroit ». Teresa n’oublie pas non plus le travail mené par la Fondation Baleària. En effet, elle se souvient de l’un de ses meilleurs moments de sa carrière au sein de l’entreprise « lorsqu’ils m’ont appelé de la Fondation pour lancer le Plan Famille, que la compagnie met en œuvre en collaboration avec la Fondation Adecco, et qui vise à aider les travailleurs qui ont à leur charge un membre de la famille handicapé ».

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Leticia Henríquez DIRECTRICE D’HÔTEL BALEÀRIA

« J’aime mon travail... Que puis-je demander de plus ? »

particulière du ferry Isla de Botafoc, amarré sur le quai de Drassanes de Barcelone, l’a particulièrement marquée. « Alors que j’étais en vacances à Barcelone, j’ai vu le bateau et j’ai plaisanté sur la possibilité de travailler à bord ; je naviguais pour une autre compagnie, j’ai postulé un poste chez Baleària… et l’Isla de Botafoc a été mon premier navire au sein de la compagnie », explique-telle. Forte de son expérience antérieure dans d’autres compagnies, Leticia a débuté chez Baleària en tant que chef de cabine et, avec l’arrivée des ferries construits par Barreras, elle est devenue directrice d’hôtel. LA COEXISTENCE À BORD

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Vénézuélienne d’origine et Canarienne d’adoption et de cœur, Leticia Henríquez est l’une des directrices d’hôtel Baleària, un rôle à bord dénommé auparavant chef de cabine : il s’agit du poste responsable de coordonner et de diriger tout ce qui concerne l’attention et les services aux passagers, ce qui, sur les grands ferries, comprend la restauration et tout ce qui concerne les cabines, en plus du nettoyage général du navire. Issue d’une famille de marins, Leticia a

commencé à naviguer dès la fin de ses études secondaires, avec une prémisse toujours présente dans son travail quotidien à bord : « La vocation d’aider les passagers et de faire de leur voyage une expérience positive. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons atteindre l’excellence que nous recherchons chez Baleària pour le passager, de l’embarquement au débarquement », conclut-elle. Leticia travaille chez Baleària depuis 17 ans, depuis 2006, lorsque l’image maritime

Aujourd’hui, Leticia occupe son poste sur des navires avec une grande capacité de passagers et de nombreux services, comme le Martín i Soler ; tout cela après avoir connu de nombreux navires de la compagnie, qui fonctionnent 24 heures sur 24, ce qui signifie « que la même équipe de membres d’équipage passe des journées très intenses dans un espace limité et pendant très longtemps », une circonstance à laquelle, explique-t-elle, il faut faire face en respectant l’espace des autres, en appréciant le travail des collègues et, surtout, en gérant les relations à bord avec empathie. À bord, et depuis le quai de Drassanes de Barcelone, Leticia se souvient avoir connu deux moments graves : les attentats d’août 2017 sur la Rambla de Barcelone et en 2020, en pleine pandémie, lorsque l’équipe sortait tous les soirs à 20 heures sur le pont du Martín i Soler pour applaudir le personnel soignant pour son

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travail, tout comme le faisaient les habitants de Barcelone. Pendant ses 17 années à bord, Leticia a vécu en personne l’évolution de l’entreprise. « Quand j’ai commencé, explique-t-elle, nous passions les commandes de matériel des navires par téléphone au siège de Dénia ; maintenant, tout se fait par ordinateur avec un programme spécifique qui nous permet de contrôler l’ensemble de la procédure ». Pour Leticia, ce progrès n’est qu’un

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exemple du développement de l’entreprise : « J’en suis très satisfaite, et cela m’a permis de progresser de jour en jour avec Baleària, d’intégrer et d’apprendre petit à petit les changements, de voir arriver la nouvelle flotte, de voir et de mettre en œuvre l’évolution de la gestion de notre travail à bord, les nouvelles technologies, etc. ». Cette directrice d’hôtel est catégorique lorsqu’elle déclare : « J’aime mon travail… Je fais ce que j’aime et où je veux. Que demander de plus ? ».


Josep Vicent Mascarell PRÉSIDENT DU COMITÉ D’ÉTHIQUE ET DE CONFORMITÉ DE BALEÀRIA

« De Baleària par nature ; dans l’entreprise par conviction »

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Retraité de Baleària mais présidant son Comité d’éthique et de conformité, Josep Vicent Mascarell a défendu en 2022 sa thèse de doctorat à l’université Jaume I de Castellón qui porte sur la gestion du capital moral en tant que base éthique de la confiance dans l’entreprise, un domaine dans lequel, à différents postes et modalités, il travaille au sein de la compagnie depuis deux décennies, lorsque la Fondation Baleària a été officiellement créée en 2004. Au sujet de l’entreprise, Josep souligne sa capacité d’innovation et de développement de projets. « Il y a une phrase du philosophe Ortega y Gasset que nous avons reprise dans l’un des rapports de développement durable et qui l’exprime très bien : sa capacité de voir en grand et de porter le regard au loin. Et surtout sa vocation à faire partie de la société », déclare-il.

Avant d’ajouter que cela fait comprendre à la société qu’elle peut compter sur Baleària. Josep associe les caractéristiques de la compagnie directement avec le monde de la mer : « C’est un autre monde : une aventure permanente qu’on ne fait jamais seul ; riche, exubérante... aux horizons jamais atteints, mais empreints du passé et toujours présents. J’ai appris à comprendre que nous ne sommes personne si nous ne regardons pas au-delà de nous-mêmes ». DES MOMENTS COMPLIQUÉS

En mer et dans l’entreprise, il y a des tempêtes et des moments critiques. Josep se souvient qu’après la crise financière de 2008, lorsqu’il a rejoint l’entreprise en tant que salarié, Adolfo Utor lui a dit : « Eh bien, ça y est... tu fais partie de Baleària... Nous verrons si cela se termine

bien et si tu n’es pas obligé de retourner à ton poste de professeur ». Une autre époque d’incertitude et de confusion a été pour lui l’année 2017 : « De nombreux changements se sont produits, très rapidement et tous en même temps. Différents regards, perspectives, cultures… se sont chevauchés », se souvient-il. Quoi qu’il en soit, Josep reconnaît avoir vécu avec passion le modèle de réussite de Baleària : « J’ai toujours pensé que, tout comme je l’ai ressenti pendant toutes ces années, ceux qui ont accompagné Alexandre le Grand dans ses aventures à travers l’Orient et l’Asie devaient ressentir les mêmes sentiments ». Parce qu’il y a un leadership, un leader, « un projet passionnant capable d’évoluer en permanence pour inspirer les autres sans cesse, avec des adeptes fidèles », déclare-t-il. « Je pense que la personne d’A dolfo est essentielle ; et tout le personnel.

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Chez Baleària, il y a et il y a eu des personnes extraordinaires : de jeunes talents, maintenant moins jeunes, pleins d’initiative, généreux... très compétents, qui ont partagé une culture, une manière de travailler, de servir l’entreprise et surtout des valeurs ». LES R APP ORTS DE DÉVEL OPPEMENT DURABLE

En tant que promoteur des rapports de développement durable que Baleària présente chaque année, Josep Vicent Mascarell nous rappelle : « Lors de la préparation des premiers rapports, il n’y avait aucun moyen de savoir combien de personnes faisaient partie de Baleària, et encore moins combien de cultures, de nationalités, d’hommes, de femmes... La rédaction du rapport nous a aidé à mieux nous connaître : savoir qui nous étions, ce que nous voulions, combien nous étions, où nous en étions et où nous voulions aller ». Ces rapports, indique-t-il, ne sont pas seulement une manière d’expliquer à la société ce qu’est Baleària : ils aident également l’organisation à mieux se connaître et, par conséquent, à prendre de meilleures décisions. Tout cela amène Josep à affirmer ce qui suit : « De Baleària par nature ; dans l’entreprise par conviction. Vous pouvez exercer le même métier dans d’autres entreprises, mais ce n’est pas Baleària ». Et avec une contrepartie d’une grande valeur, car la société en général perçoit qu’elle peut compter sur Baleària. Quant à sa contribution personnelle, il n’en doute pas : « Je pense avoir apporté des idées à Baleària ; et aux collègues, respect et amitié ».

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Marta Isern RESPONSABLE DES GUICHETS DE BALEÀRIA À ALCÚDIA

« Nous avons grandi parce que nous formons une bonne équipe » 134

Marta Isern Fiol se souvient encore de ce vendredi midi où elle a reçu un appel du siège de Baleària à Dénia : « Monte à bord du Federico García Lorca à Palma demain (samedi !) à 8 heures et viens à Dénia pour commencer ta formation ». Marta avait 25 ans et aujourd’hui, 21 ans plus tard, elle est responsable des guichets de Baleària à Alcúdia. Aujourd’hui, elle se souvient de cet appel comme d’un exemple du dynamisme de la compagnie leader d’un secteur qui, souligne-t-elle, « ne s’arrête jamais ; la compagnie travaille du lundi au dimanche, 24 heures sur 24, douze mois par an ».

Depuis Alcúdia, poste qu’elle n’a jamais quitté, Marta a pu voir en personne l’évolution de Baleària. Elle se souvient de l’innovation qu’a représenté l’arrivée du Ramon Llull par rapport aux navires qui accostaient alors dans le port d’Alcúdia, comme l’Isla de Ibiza ou le Bahía de Málaga. « Le Martín i Soler a également suscité beaucoup d’espoirs, car il s’agissait d’un navire plus grand et plus moderne », se souvient-elle. Lorsqu’elle a commencé à travailler pour la compagnie, Marta se souvient également que le port d’A lcúdia offrait des installations assez précaires. Tout a changé

en 2010, « lorsque la nouvelle gare maritime a été inaugurée à Alcúdia ; cela a été un énorme changement de passer du petit préfabriqué où nous avions les guichets aux nouveaux locaux », se souvient-t-elle. L A F I E R T É D ’A P PA R T E N A N C E

Marta souligne tout particulièrement la stabilité que son emploi chez Baleària a apportée à sa vie personnelle : « Un emploi à côté de mon lieu de résidence, le sentiment d’appartenir à une entreprise, le fait d’être de Baleària et le sentiment que tu peux compter sur l’entreprise dans les bons moments comme dans les mauvais, comme la pandémie ou les crises économiques que nous avons traversées ; nous avons toujours pu compter sur elle ». Pour la responsable des guichets d’Alcúdia, le sentiment d’appartenance au projet de l’ensemble de l’équipe est fondamental. Et ce, en plus du fait que Baleària « n’a pas peur d’aller de l’avant, elle se modernise constamment et prend des risques pour toujours devancer les autres ». Marta n’hésite pas à résumer tout cela en une grande affirmation : « Nous avons grandi parce que nous formons une bonne équipe ». Cette évolution à laquelle Marta fait référence se réfère à la technologie appliquée aux opérations quotidiennes des guichets : « Je me souviens des imprimantes que nous avions au début de l’ouverture de la ligne à Alcúdia, avec du papier à copier et continu... Les imprimantes se bloquaient, le papier se déchirait, nous devions le séparer manuellement, si les imprimantes ne fonctionnaient pas, nous devions remplir

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les billets au stylo et ensuite, selon le type de voyage, séparer plus ou moins de copies du billet au moment du check-in... Rien à voir avec les imprimantes à papier thermique que nous avons aujourd’hui, qui sont rapides et ne tombent pas en panne, ou très peu ». Quoi qu’il en soit, ce que Marta souligne le plus dans son travail, c’est la confiance que l’activité de Baleària suscite chez les clients qui, explique-t-elle, « surtout en hiver, sont réguliers, des gens qui, par exemple, vont et viennent de

Minorque pour des raisons professionnelles ou familiales ». Certains sont des clients habituels depuis le début de la ligne : « Ils m’appellent par mon prénom... les rapports finissent par être très proches après tant d’années », souligne-t-elle. Alcúdia est une petite délégation de Baleària, avec des pics de travail très prononcés, comme lors des fêtes de Sant Joan à Ciutadella, lorsque des milliers de Majorquins embarquent à Alcúdia pour s’y rendre. C’est à ce moment-là que le travail repose sur la rationalisation des

formalités d’embarquement autant que possible et que les cartes d’embarquement électroniques prennent tout leur sens. « Nous faisons tout à Alcúdia, de la billetterie à la réservation du fret, en passant par l’embarquement et d’autres tâches administratives. Mon travail quotidien est très diversifié. En tant que responsable, je suis également chargée d’aider toute l’équipe en cas de questions ou de problèmes », explique la responsable des guichets de Baleària à Alcúdia.

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Jaume Fuster

et les équipages ont dû rester chez eux sans voir la mer ; le retour à la normale a été difficile... Dieu merci, c’est fini maintenant ».

CAPITAINE

« Baleària s’est développée parce que nous avons pris des risques » Jaume Fuster Cervilla, Majorquin et capitaine de la marine marchande, se considère avant tout un homme de mer. Depuis trois ans, il est aux commandes du Jaume III de la ligne Alcúdia-Ciutadella, ce qui lui permet d’être proche des siens et de sa région. De sa carrière professionnelle chez Baleària, qui a débuté en 2007 sur le Ramon Llull, il se souvient de la première fois qu’il a commandé un navire, le Jaume I, sur la ligne Fort Lauderdale (Floride) - Freeport (Grand Bahama), ou encore la première traversée du Jaume II d’Algésiras à la Floride. Les navires Jaume ont en effet occupé une grande place dans la carrière de Jaume. Mais ce qui l’a le plus surpris lorsqu’il a rejoint Baleària en tant qu’officier, c’est « la grande polyvalence pour changer de destination, tant pour l’équipage des navires que pour les

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navires de ligne », le tout, se souvient-il, avec un très bon accueil de la part de ses collègues : « Sur les navires de passagers, il est normal de former une grande famille, ce qui est particulièrement évident chez Baleària ». « J’ai toujours été lié à la mer d’une manière ou d’une autre et je pense que c’est une façon différente d’appréhender la vie. Je ne peux pas concevoir de passer une journée sans voir la mer, et quand je ne la vois pas, quelle qu’en soit la raison, la journée est incomplète, en d’autres termes, je sens qu’il me manque quelque chose », explique-t-il. C’est précisément pour cette raison qu’il se souvient que les mois les plus critiques de la pandémie ont été très durs pour lui : « Cette maladie a changé le monde, ou du moins elle a changé les personnes. Beaucoup de navires ont été arrêtés, surtout les plus rapides,

DES MOMENTS CLÉS

À l’opposé des mauvais souvenirs de la pandémie, Jaume se souvient de la construction et de la mise en service des ferries Baleària+ : « Je pense que ce moment a été déterminant dans l’histoire de Baleària, tout comme l’inauguration de la ligne des Caraïbes entre la Floride et les Bahamas, à laquelle j’ai participé, ainsi que l’inauguration de la gare maritime de Dénia, qui vaut bien le détour, à l’intérieur comme à l’extérieur ». Pour le capitaine Fuster, il ne fait aucun doute que le leadership de Baleària sur son secteur est principalement dû au fait d’avoir « pris les bonnes décisions à des moments décisifs ; de l’avoir fait avec courage, en ayant une vision d’avenir et en prenant les risques que cela implique ». Il considère que les valeurs qu’il a apportées à l’entreprise sont « le professionnalisme, la responsabilité et l’engagement ; et sur le plan personnel, l’affinité avec les personnes qui ont besoin d’aide pour résoudre n’importe quel type de problème ». Il a également appris, explique-t-il, « à faire face à des problèmes quotidiens et à le faire avec prudence lorsqu’il s’agit de prendre des décisions importantes ». Tout cela l’a amené à vivre avec fierté l’essor de Baleària : « Chaque étape franchie par Baleària a contribué à sa croissance ; il y a de quoi être fier de voir ce que cette entreprise est devenue aujourd’hui ».

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Alina Prundaru MEMBRE D’ÉQUIPAGE DE BALEÀRIA

« Chaque jour de travail est un défi, et cela nous aide à progresser » 138

Alina Ionela Prundaru se souvient encore de ce 13 mars 2007 où elle se promenait sur la Rambla de Barcelone avec sa valise à la main et où, juste à côté des anciens arsenaux, et derrière la statue de Christophe Colomb, elle a vu l’Isla de Botafoc, le ferry qui opérait à l’époque sur la ligne Barcelone-Ibiza. Ce jour-là, Alina a commencé sa carrière chez Baleària, et elle y est restée. « Je suis roumaine, je viens d’un village de montagne, des Carpates, le pays du comte Dracula, et j’ai toujours rêvé de la mer. Un bon ami m’a dit que si j’aimais la mer, je pourrais en faire mon mode de vie, et c’est ainsi que j’ai envoyé mon CV à Baleària », se souvient-elle. Après plus de 16 ans passés chez Baleària, Alina n’hésite pas à déclarer : « Chaque jour de travail est un défi, et cela nous aide à progresser ». Elle le dit en connaissance de cause, puisqu’elle

a travaillé sur pratiquement toutes les lignes de Baleària : « Je suis surprise par la facilité avec laquelle l’entreprise ouvre de nouvelles lignes ; et j’aime que, grâce à ces défis, nous puissions répondre aux besoins des clients ». Elle se souvient qu’elle a commencé comme membre d’équipage et à la réception : « Je suis fascinée par ce métier dont l’objectif est de rendre le voyage le plus agréable possible aux passagers ; j’aime que les gens soient heureux, qu’ils partent avec le sourire et qu’ils aient envie de revenir ». LA VIE À BORD

Alina souligne que les équipages ont un programme de travail et de repos tant qu’ils sont à bord, et que leur travail consiste également à assurer la sécurité, même pendant les pauses,

car la sécurité, dit-elle, « est un objectif partagé par tous les membres de l’équipage et elle est toujours présente ». Pour ce membre d’équipage originaire de l’intérieur de la Roumanie, la clé du succès de Baleària est évidente : « Aller de l’avant, déterminer les besoins des gens... c’est ce qui vous permet de grandir et d’arriver au sommet, là où nous sommes aujourd’hui », affirme-t-elle de manière catégorique, avant de souligner que « Baleària, c’est le voyage ; ce n’est pas le besoin mais le plaisir de voyager ». Toutes ces années passées en tant que membre d’équipage permettent également à cette Roumaine de faire le point sur les pires et les meilleurs moments qu’elle a vécus à bord. Selon elle, les pires moments ont été le pic de la pandémie — « même si la compagnie en a atténué les conséquences pour les travailleurs » précise-t-elle —, et les meilleurs moments sont nombreux, « car ce sont des instants de la vie quotidienne à bord ». Dans cette optique, Alina, qui fait partie des quelque deux mille employés de la compagnie, considère qu’elle apporte son expérience et qu’elle progresse tous les jours : « Pour moi, il est très important de travailler dans une bonne ambiance ; j’aime bien accueillir les nouveaux collègues et partager mes connaissances avec eux. Je me considère comme une bonne collègue, positive et joyeuse ». Et elle résume son attitude face à la vie par une maxime : « Demandez-vous si ce que vous faites aujourd’hui vous rapproche de l’endroit où vous voulez être demain ».

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Víctor Terricabras ANCIEN DIRECTEUR D’EXPLOITATION DE BALEÀRIA

« Baleària s’est rapidement positionnée comme leader dans le domaine des réservations en ligne » 140

Víctor Terricabras Balada, formé à l’administration et à la gestion d’entreprises à l’école de commerce ESADE, a rejoint Baleària en 2002, lorsque la compagnie, en pleine effervescence après l’intégration du Federico García Lorca dans sa flotte, a opté pour la professionnalisation de son équipe de direction. Víctor a quitté Baleària à la mi-2018, après avoir occupé les postes de directeur marketing puis de directeur commercial. Depuis, il dirige à Majorque une entreprise du secteur de la réalité virtuelle auprès du monde de l’enseignement et de la formation en entreprise, par le biais de projets de transformation numérique. Víctor a concrétisé le défi pris par Baleària de vendre des billets sur Internet, toute une nouveauté il y a plus de 20 ans. « Avant de re-

joindre Baleària, j’ai travaillé pendant deux ans dans plusieurs start-ups du secteur d’Internet, et il m’est apparu clairement que l’avenir des entreprises de transport passait par la vente en ligne. Cette innovation a permis à l’entreprise de se positionner très tôt comme leader de la réservation en ligne », explique-t-il. L’engagement en faveur de la vente en ligne n’a en aucun cas signifié reléguer les agences de voyages car ces dernières ont disposé de leur propre application dès le début. Comme presque tous ceux qui ont été en contact avec Baleària, que ce soit dans le cadre de leur travail ou non, Víctor souligne la rapidité de la compagnie dans la prise de décisions : « D’un simple appel, un grand projet pouvait être lancé, ce qui, ajouté à la liberté

d’entreprise dans mon domaine, a rendu ces premières années très motivantes ». Cette rapidité dans la prise de décision a fait que les décisions ont toujours été prises, rappelle-t-il, à partir des prémisses imposées par la culture de l’entreprise : « Cela nous a permis d’être très à l’écoute des affaires, de suivre en permanence les résultats, de changer de cap lorsque les choses ne se passaient pas comme prévu et de réagir rapidement à tout changement significatif sur le marché ». Depuis son poste de responsable au sein de la compagnie, Víctor a participé activement à deux moments décisifs dans l’expansion de Baleària : l’ouverture de la ligne avec Tanger (2003) et le positionnement à Miami (2011). Víctor se souvient bien de la particularité de

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la ligne du détroit de Gibraltar au cours de ces années : il rendait visite à des dizaines de stations-service situées le long des routes de l’Europe vers Algésiras pour vendre les billets de Baleària, à l’époque un canal de vente essentiel pour un marché axé sur le service aux dizaines de milliers de familles d’origine maghrébine qui, chaque année, traversent la

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moitié de l’Europe avec leurs véhicules pour embarquer à Algésiras à destination de leurs pays d’origine. La situation était également compliquée à Miami, mais l’objectif de créer une ligne maritime à partir de zéro, entre les ports de Miami et de Bimini, a bénéficié d’un coup de pouce de la chance. Víctor se souvient : « Nous devions avoir

le soutien d’un partenaire local avec lequel nous avions prévu de draguer un chenal d’accès dans le port de Bimini pour commencer à opérer. Ce chenal n’a jamais vu le jour, mais heureusement, au cours de cet été, une compagnie maritime locale qui reliait les ports de Fort Lauderdale et de Freeport (à Grand Bahama) a fait faillite et nous a donné l’occasion d’occuper cet espace ». Douze ans plus tard, Baleària exploite toujours cette ligne. Víctor est convaincu que la société perçoit Baleària comme une compagnie maritime fiable, qui transmet sécurité et confiance aux clients de fret et qui offre un excellent service aux passagers. « C’est une compagnie stratégique pour les îles et les villes espagnoles d’Afrique, car elle est leur porte d’entrée des marchandises et leur connexion avec le continent », résume-t-il. Víctor considère que tant les passagers et résidents les plus fréquents que ceux occasionnels apprécient particulièrement le service de Baleària et la qualité de ses navires modernes « qui rendent les traversées très agréables », ajoute-t-il, avant de résumer ce qu’ont signifié, pour lui, ces 25 premières années de la compagnie : « Les entreprises leaders sont celles qui imposent la manière de travailler dans leurs secteurs d’activité respectifs, et dans le cas de Baleària dans le transport maritime, cela a sans aucun doute favorisé l’arrivée de navires innovants, à la pointe de la technologie, avec une grande capacité de transport, et l’excellence dans le service. Au cours de ces 25 années, Baleària a contribué à ce que le transport maritime en Espagne n’ait rien à envier à celui des autres pays ».

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Abel Matutes HOMME POLITIQUE, HOMME D’AFFAIRES ET ARMATEUR

« Le bateau est un moyen de transport essentiel pour les habitants des îles »

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Quand Abel Matutes Juan, à la carrière d’homme politique et entrepreneur bien remplie, est convié à donner son avis sur les 25 ans de Baleària, la première chose qu’il fait est de se définir comme petit-fils et fils d’armateur et de justifier la valeur stratégique des communications maritimes pour les Îles Baléares en général, et pour Ibiza en particulier. « Le bateau est un moyen de transport essentiel pour ceux qui vivent dans les îles, et le fait de disposer de liaisons régulières, tant entre l’archipel et le continent qu’entre les îles, est fondamental. Sans aller plus loin, les liaisons entre Ibiza et Formentera sont particulièrement importantes pour les habitants des deux îles », affirme-t-il de manière catégorique. De ce point de vue, et fort de sa formation de juriste et d’économiste, Abel Matutes

explique que l’intégration en 2005 de la division maritime de son groupe d’entreprises au sein de Baleària a constitué « une alliance satisfaisante et fructueuse pour les deux entreprises » à l’occasion de laquelle, souligne-t-il, « l’amitié cordiale et les rapports de loyauté et de confiance » qu’il entretient avec Adolfo Utor ont été des facteurs déterminants. Quoi qu’il en soit, il souligne qu’au cours des 17 années de collaboration, un facteur essentiel a été de « partager des valeurs d’entreprise et la volonté de contribuer au développement du secteur ». Pour Abel Matutes, il ne fait aucun doute que son groupe d’entreprises a apporté à Baleària « une expérience dans les secteurs du transport maritime et du tourisme », ce qui a permis d’augmenter la flotte et de mettre en place de nouvelles liaisons. « Ensemble,

nous avons uni nos forces et vécu une période importante au cours de laquelle nous avons notamment œuvré pour que les Îles Baléares disposent de liaisons plus nombreuses et de meilleure qualité », explique celui qui, parmi d’autres postes à responsabilité politique, a été ministre espagnol des Affaires étrangères et membre de la Commission européenne. De ces 25 années de Baleària, Abel Matutes souligne ce qu’il considère être l’attention particulière que la compagnie maritime a portée aux habitants des Îles Baléares, les reliant entre elles « et servant de lien avec le continent, en permettant les déplacements et en contribuant à leur développement social et économique », le tout, souligne-t-il, dans un contexte qui n’a pas toujours été facile ni serein. « Comme en mer, parfois le vent est favorable, parfois il est

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contraire, et parfois la tempête rend la traversée difficile, mais Baleària a su affronter chacune de ces étapes et arriver au terme de la traversée », explique l’homme d’affaires d’Ibiza en utilisant cette métaphore maritime. Car, comme c’est le cas pour la plupart des Ibiziens de sa génération et des générations précédentes, ses rapports avec la mer et les navires remontent à son enfance. « Je me souviens m’être promené avec mon père le long des bateaux de la compagnie fondée par mon grand-père et avoir vu ces premiers bateaux, si différents de ceux d’aujourd’hui, et avoir écouté les histoires de ceux qui embarquaient », se souvient-il, avant de faire part de son admiration face aux « grands bateaux modernes d’aujourd’hui, comme le premier ferry électrique

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d’Espagne que Baleària vient de présenter ». Pour toutes ces raisons, l’homme d’affaires et politique d’Ibiza, qui est surtout connu au-delà de l’île, n’hésite pas à affirmer que les liaisons maritimes « ont été décisives pour les Îles Baléares tout au long de leur histoire dans de nombreux domaines, du commerce au tourisme en passant par les déplacements nécessaires des habitants des îles ». Abel Matutes met l’accent sur les personnes qui ont contribué au développement du secteur du transport maritime. « Il est essentiel, en ce sens, de souligner le travail des marins d’Ibiza », souligne-t-il, et il se souvient avec fierté que Baleària a baptisé le plus grand navire de sa flotte du nom d’Abel Matutes en 2010. « Adolfo Utor a rendu un hommage sin-

cère à toute ma famille et je lui en serai toujours reconnaissant, car il honore le travail de ces pionniers, comme mon grand-père, Abel Matutes Torres, qui, avec détermination et enthousiasme, ont créé les premières compagnies maritimes de l’île, ainsi que les générations qui leur ont succédé, avec le même esprit d’entreprise et le désir de contribuer au progrès d’Ibiza et de Formentera », déclare-t-il. Abel Matutes se souvient également que le lancement du ferry a été suivi par une foule nombreuse à Ibiza et que l’une de ses filles, Estela, est la marraine du navire. Mais, insistet-il, tout cela a été « un hommage bien mérité à tous nos courageux marins d’Ibiza qui, dans les moments difficiles, ont su se battre pour leurs familles et pour l’île ».

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José Poblet DIRECTEUR GÉNÉRAL DE COTENAVAL

« Les projets de Baleària sont toujours en phase avec les préoccupations sociales » 144

José Poblet Martínez, ingénieur naval de formation, est le directeur de Cotenaval, une entreprise de conseil pour le secteur maritime créée en 2008 et dont le siège se trouve à Valencia, avec de nombreux clients dont Baleària pour laquelle il a travaillé à la définition des adaptations des navires de la flotte, en particulier à la mise en œuvre du gaz naturel liquéfié (GNL) en tant que carburant propre de transition, « la seule véritable alternative », assure-t-il. « L’une des grandes réussites des navires de Baleària et, par conséquent, de l’entreprise, est qu’elle a toujours été capable d’adapter ses projets aux exigences commerciales, tout en s’alignant sur l’évolution des préoccupations sociales et, dans certains cas, en les anticipant »,

déclare José Poblet, avant d’analyser, de son point de vue technique, les différentes séries de navires de Baleària, à la conception desquels il a participé depuis 2008. José Poblet est tout de suite très clair : Baleària a été à l’avant-garde en décidant de se doter de navires hautement compétitifs. Mais au cours de ces 25 années, la prise de conscience environnementale a évolué et il serait aujourd’hui impensable d’entreprendre la construction de navires avec les mêmes critères de conception que ceux du Federico García Lorca « pour lequel la vitesse et l’immédiateté primaient sur tout autre concept. Le concept d’éco-efficience n’était pas encore intériorisé dans la société », précise-t-il. En ce qui concerne les navires de la série

ferry+ construits dans les chantiers navals de Barreras, José Poblet considère que leur construction a commencé à une époque d’incertitude économique « où la recherche de l’optimisation des résultats était vitale » et « dans une situation de compétitivité exigeante, non seulement à l’étranger mais également sur le plan national, où les navires devaient gagner en flexibilité, en optimisant les opérations de chargement et déchargement, et où l’amélioration des résultats grâce aux économies d’échelle était importante ». Le directeur de Cotenaval considère que l’Hypatia de Alejandría et le Marie Curie sont « philosophiquement en continuité avec les navires de la série Barreras », mais ils ont été construits à une époque « où la préoccupation environnementale est deve-

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nue évidente, où la société l’a intériorisée et ressentie comme un besoin ». D’où le choix du GNL comme carburant, « pour répondre aux exigences sociales en termes de durabilité, en utilisant le carburant le plus propre qui existe actuellement », affirme-t-il. Quoi qu’il en soit, la série Eco (destinée à la ligne Ibiza-Formentera) est, selon José Poblet, celle qui reflète le moment où la prise de conscience du développement durable a commencé à s’imposer : « La société a commencé à prendre conscience de l’importance du respect de l’environnement, et cette série envisageait déjà des améliorations spécifiques dans ce domaine

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comme la réduction du poids, des propulsions très réduites en termes de puissance et donc de consommation, et l’installation de panneaux solaires », explique-t-il. Les nouveaux fast-ferries à moteurs hybrides Eleanor Roosevelt et Margarita Salas (ce dernier actuellement en construction) sont, selon lui, la réponse technologique à la combinaison de ces préoccupations sociales avec la protection de l’environnement et les besoins de vitesse et de rapidité qui sont toujours en vigueur et qui, dans le cas de ces deux navires, dépendent « des engagements environnementaux qui ont émergé au sein de la société, en plus

des concepts de confort et de durabilité, qui ont pris plus d’importance ». « L’électrification est de plus en plus présente dans notre société ; c’est aussi une voie d’amélioration et de développement pour l’avenir. Baleària ne pouvait et ne voulait pas y être étrangère : sur le navire qui a suivi, expressément conçu pour répondre aux exigences commerciales, l’électrification a été introduite comme une exigence pour commencer à avancer vers cet objectif, et c’est ainsi qu’est né le Cap de Barbaria, un navire électrique qui permet toutes les opérations au port avec zéro émission de gaz polluants ». Pour José Poblet, le défi à relever dans l’avenir immédiat est la construction de navires plus éco-efficients, avec des réductions drastiques des émissions. « Cet objectif sera atteint grâce à l’amélioration de l’efficience énergétique et à la recherche de profils d’exploitation optimaux, c’est-à-dire des vitesses de navigation plus faibles et des opérations au port plus rapides », explique-t-il. Parallèlement, l’utilisation de carburants plus propres et, à l’heure actuelle, du GNL, reste la seule véritable alternative, « même si, à l’avenir, l’utilisation de biocarburants et de carburants synthétiques sera une réalité et Baleària les a déjà en ligne de mire », affirme-t-il. À plus long terme, cet ingénieur naval évoque les navires dits autonomes, « mais ce n’est pas quelque chose qui concernera Baleària à court et moyen terme. La numérisation appliquée aux procédures de maintenance à distance sera très importante dans un avenir proche ».

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Àlex Prats ENTREPRENEUR DU SECTEUR DES TRANSPORTS

« Faire équipe avec Baleària a fait de nous une success story » 146

Àlex Prats Bea, ingénieur mécanicien de formation, a rejoint en 1989 la direction de l’entreprise familiale de transport fondée en 1926 en Catalogne par José Prats Beltrán pour distribuer des produits frais. Aujourd’hui, cette entreprise s’apprête à fêter son premier siècle d’existence et se consacre au transport de denrées périssables dans les Îles Baléares. Depuis 2006, Transportes J. Prats S.A. entretiennent des rapports étroits avec Baleària, comme en témoigne la page d’accueil du site web de l’entreprise : un camion de l’entreprise avec un navire de Baleària en arrière-plan. Le directeur de Transportes J. Prats S.A. (TJP) considère que ces rapports avec Baleària ont été plus que positifs parce qu’ils ont reposé sur la confiance mutuelle : « Se nourrir des

besoins que le marché nous demandait année après année a contribué à la croissance positive de TJP en volume et à l’obtention de nouveaux clients. Cette confiance au fil des années a créé un modèle d’entreprise qui est aujourd’hui une référence. Travailler en équipe a fait de nous une success story », déclare-t-il. L A C H A Î N E D ’A P P R O V I S I O N N E M E N T

Àlex Prats souligne que Baleària a été en mesure de comprendre les besoins changeants de ces dernières années, parce qu’elle a su répondre « et donner de la valeur aux évolutions ou aux nouveaux besoins des clients, en apportant des solutions pour approvisionner toutes les îles ». Il estime que cela a permis à Baleària de devenir « un outil dont le marché

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avait besoin pour évoluer, en intégrant le secteur maritime dans la chaîne de distribution comme un autre maillon de la chaîne ». L’entreprise qu’il dirige est parvenue à respecter les horaires de ses livraisons à plus de 98 %, « ce qui aurait été impossible sans Baleària », souligne-t-il. « Cela a été possible parce qu’il s’agit d’une entreprise engagée auprès de ses clients, qui étudie les besoins de chaque livraison, aussi bien individuellement qu’en gérant des comptes, en analysant chaque créneau afin de coordonner les besoins du transporteur avec les demandes du marché, de sorte que le résultat génère de la valeur au client final », conclut-il. LE TR ANSP ORT DE MARCHANDISES

Àlex Prats souligne l’évolution constante des services de fret de Baleària, l’augmentation de la fréquence des liaisons, l’optimisation de l’arrimage et du désarrimage des navires, ainsi que l’augmentation de la vitesse et de la longueur des bateaux qui ont permis d’établir des itinéraires plus stables. « Grâce à cela, nous avons pu tenir nos engagements auprès des clients finaux, en garantissant les dates et les heures de livraison, en parvenant à augmenter la rotation des équipements et en réduisant les coûts de stockage à destination », explique-t-il. Selon lui, tout cela a permis qu’un service avec les Îles Baléares se fasse actuellement avec un temps de transit garanti de 16 à 18 heures entre le chargement à l’origine et le déchargement à destination, ce qui permet de réduire les stocks grâce à la fiabilité et à la confiance obtenues.

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Vicente Prats DIRECTEUR DES SERVICES BANCAIRES AUX ENTREPRISES DE BANC SABADELL

« Nous avons cru en la gestion de l’équipe de direction de Baleària »

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Vicente Prats Roig, en tant que directeur de banque, a pu voir de près l’évolution de la capacité financière de Baleària. Vicente Prats a été directeur de zone à Ibiza de l’ancienne entité bancaire Caja de Ahorros del Mediterráneo (CAM), héritière de l’historique Banque Matutes, avant de devenir directeur des services bancaires aux entreprises de Banc Sabadell, qui a repris les actifs de la CAM. Il se souvient que le début de ses relations avec Baleària remonte à l’accord de fusion qui avait commencé à prendre forme en 2003, et par lequel le groupe maritime Matutes avait été intégré à Baleària. « Je me souviens qu’Abel Matutes m’a appelé pour me demander une opération de fonds de roulement pour Baleària ; à l’époque, Baleària n’était pas un client de la CAM. Nous avons dû demander de la documentation pour l’intégrer en tant que client et étudier le

crédit. Quelques jours plus tard, les fonds ont été concédés et ce fut le début de mes rapports avec Baleària ». Ce banquier reconnaît le bien-fondé de la fusion par absorption effectuée par Baleària, qui a consisté à intégrer la division maritime du groupe Matutes. « Avec la fusion, nous avons pu combiner des forces : la capacité et la maîtrise de la gestion de navires de fret et de passagers du groupe d’A dolfo Utor — que nous pourrions appeler partenaire industriel — avec un partenaire financier qui lui a donné solvabilité et prestige à l’époque », rappelle-t-il (la participation du groupe Matutes dans Baleària était de 42,5 % et a été maintenue jusqu’en 2021, date de l’acquisition de la totalité du capital de la compagnie par Adolfo Utor). En tant que banquier expérimenté, Vi-

cente Prats considère Baleària comme un client atypique en raison de la stabilité de sa gestion financière. « En 20 ans, j’ai toujours eu les mêmes interlocuteurs, ce qui est rare de nos jours », explique-t-il. De plus, il souligne la crédibilité de la direction de la compagnie obtenue « en ayant le courage et en faisant toujours face aux différentes crises que nous avons connues, face à la concurrence et aux adversités. Et, bien sûr, le succès mutuel de l’union de Baleària avec le groupe Matutes, un bon exemple de partenariat industriel et financier ». Dans tous les cas, Vicente Prats est fier d’avoir pu être le témoin de plus de 20 ans de collaboration avec Baleària : « Presque depuis sa naissance jusqu’à ce qu’elle devienne la première compagnie maritime espagnole. J’ai eu la chance d’être son conseiller au sein de ma banque, en apprenant des navires, des tonnages,

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de la structuration des opérations... et surtout de la ténacité de ses dirigeants ». Ce vétéran de la finance était convaincu du succès de Baleària, lorsque la crise financière de 2008 a frappé et que la compagnie avait quatre navires en construction. « Alors que la construction était en cours et que le financement n’était pas encore terminé, les marchés de liquidités se sont repliés. Il fallait choisir entre arrêter ou continuer », déclare Vicente Prats qui se souvient encore des paroles d’Adolfo Utor : « Si nous arrêtons les travaux, nous allons avoir un tas de ferraille qui va rouiller ; si nous terminons les bateaux, nous pourrons les exploiter et être tous gagnants ». Avec ces mots et sa décision implicite, Adolfo Utor « a convaincu les deux banques qui ont cofinancé les quatre navires ; ce fut le décollage définitif de Baleària », affirme-t-il avant d’ajouter : « Baleària a remboursé sans problème ». Vicente Prats considère que la crise financière de 2008 a été un moment critique pour Baleària, époque à laquelle la compagnie a bénéficié du soutien des banques. « Ce furent des années très difficiles en raison du manque de liquidités ; des années desquelles Baleària est sortie vaccinée et avec les quatre navires les plus modernes et les plus efficients qui ont finalement pu naviguer en Méditerranée ». En tant que professionnel du secteur bancaire, il déclare : « Nous avons cru dans la gestion de l’équipe de direction de Baleària et nous avons contribué à l’achèvement des quatre navires ». En analysant le passé, il affirme avec certitude : « Ça a été un grand succès ».

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Leire Pajín SOCIOLOGUE

« Bien faire les choses, c’est rentable »

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Leire Pajín Iraola est devenue populaire en tant que ministre de la Santé, de la politique sociale et de l’égalité (octobre 2010-décembre 2011) de l’un des derniers gouvernements de José Luis Rodríguez Zapatero. Née à Saint-Sébastien et sociologue de formation, Leire Pajín a mené presque toute sa carrière politique à Alicante, une province pour laquelle elle a été députée à plusieurs reprises avant de devenir sénatrice désignée par le gouvernement valencien, en plus d’occuper des postes importants au sein du PSPV-PSOE. Depuis 2014, elle occupe le poste de directrice de Développement mondial de l’Institut de santé mondiale (ISGlobal) de Barcelone, un centre de recherche soutenu par la Fondation La Caixa. De plus, elle est présidente du Réseau

espagnol pour le Développement durable des Nations Unies. De son point de vue, Leire Pajín souligne de manière très positive le fait que Baleària ait adhéré, dès 2011, au Pacte mondial en intégrant ses dix principes universels liés aux droits de l’homme, au travail, à l’environnement et à la lutte contre la corruption dans les stratégies et les opérations de la compagnie. « Baleària a été l’une des entreprises espagnoles qui ont adhéré au Pacte mondial comme première étape dans la construction d’un modèle d’entreprise qui ne peut être compris sans un engagement ferme envers le territoire où elle génère de la richesse, un engagement clair en faveur de la durabilité économique, environnementale et sociale, de la stabilité de l’emploi et du bien-être de ses tra-

vailleurs et de ses clients, et de la diffusion de la culture », explique-t-elle, avant d’affirmer que « cet engagement constitue aujourd’hui le cœur de la réputation de Baleària, exigée et reconnue par ses clients et les autres parties prenantes ». ENGAGEMENT ENVERS L A PL ANÈTE

Pour la directrice d’ISGlobal, « Bien faire les choses, c’est rentable », et c’est ce que « Baleària a compris depuis de nombreuses années en adoptant un engagement fort pour réduire l’empreinte carbone qu’elle génère, en pariant sur la réduction des émissions avec des objectifs spécifiques pour 2050 et sur l’énergie propre et les carburants moins polluants, d’abord avec le gaz liquéfié, et plus récemment avec le bateau électrique, le premier dans le secteur du transport de mar-

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chandises et de personnes en Espagne ». Pour Leire Pajín, ce n’est qu’avec un engagement global fort « qu’il sera possible d’obtenir une économie décarbonée, qui générera de nouvelles opportunités de durabilité économique et sociale. La réglementation et les politiques publiques doivent encourager et reconnaître ces pratiques ». En tant que parlementaire de la circonscription d’Alicante, l’ancienne ministre n’hésite pas à affirmer que Baleària « a relevé plusieurs paris en même temps : pour la durabilité environnementale en s’engageant à réduire les émissions, pour la durabilité sociale à travers la création d’emplois stables et un engagement social fort, et pour la durabilité économique en générant de la richesse et de la croissance pour l’entreprise ». Elle souligne également que la compagnie a créé « une alliance avec la connaissance, en formant une partie active du conseil social de l’université d’Alicante, en soutenant les chaires de responsabilité sociale d’entreprise qui permettent de générer des solutions innovantes pour réduire les émissions et aborder les objectifs de développement durable ». Leire Pajín espère que les entreprises engagées en faveur de l’environnement comme Baleària deviendront « d’authentiques forces motrices pour le reste de leur chaîne d’approvisionnement et leurs parties prenantes, en les incitant à s’engager ». Le tout en tenant compte du besoin impératif d’atteindre des objectifs clairs « comme l’égalité des sexes au sein des équipes de direction et des conseils d’administration des entreprises, où il existe encore de fortes inégalités ».

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Antonio Miragall DIRECTEUR DE VIAJES CALIMA

« Baleària a positionné Dénia sur la carte » Antonio Miragall Espasa, en tant qu’agent de voyages, est une mémoire vivante de l’évolution de Baleària et de l’ancienne Flebasa, lorsque le fax et le télex étaient encore des dispositifs utilisés, avant l’arrivée du premier téléphone mobile Motorola qui fut une révolution dans le monde des communications. En effet, Antonio Miragall a commencé en 1985 à émettre les premiers forfaits de voyages pour grossistes dont le centre d’opérations était alors la nouvelle ligne maritime Dénia-Ibiza. Cette année-là, il se souvient avoir fait la connaissance d’un tout jeune Adolfo Utor qui travaillait chez Flebasa : « J’étais chez Viajes Arthemis à Dénia. Nous émettions les premiers forfaits de bateau et hébergement et nous avions déjà commencé avec l’excursion d’une journée », explique-t-il, en mettant l’accent sur la nouveauté que représentait à cette époque l’excursion d’une journée sur l’île d’Ibiza.

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Peu de temps après, en 1986, Antonio Miragall a rejoint Flebasa, au sein des bureaux de Sant Antoni, pour créer le grossiste Rutas de Ibiza et le détaillant Iberinsular à travers lequel il a vendu des milliers de réservations, explique-t-il. De retour à Dénia en 1990, il revient chez Viajes Arthemis. « En 1994, j’ai créé Calima Vacaciones, agence avec laquelle nous continuons de nous battre aujourd’hui », déclare-t-il. De ces années, Antonio Miragall se souvient que les ventes se faisaient entièrement de manière présentielle, avec des visites continues dans les agences de voyages, des brochures publiées pour les vacances de Pâques et pour l’été qui proposaient des forfaits en bateau avec hébergement et une excursion d’une journée à Ibiza incluant une visite de l’île en autocar : « Avec une nuit d’hôtel, et des entrées aux discothèques, bien sûr »,

précise-t-il. « Chaque année, nous organisions des voyages d’information de 3 à 4 jours pour permettre aux agents de voyages de connaître à la fois les navires et les établissements hôteliers d’Ibiza, et plus tard de Majorque ». C’est à cette époque qu’Antonio Miragall se souvient avoir faire la connaissance de personnages illustres de Baleària, comme Pablo Arnau, Vicent Pérez ou Antonio García, ce dernier toujours en activité. Tout a changé lorsque la vente en ligne a également été mise en place pour les agences et les grossistes. « Ce n’était que des avantages : rapidité, flexibilité, sécurité… Si je me souviens bien, nous avons été le premier grossiste à nous connecter et à proposer en ligne les services Baleària aux agences de voyages. Puis tous les autres en ont fait de même », se souvient cet agent de voyages vétéran et passionné qui n’hésite pas à citer Adolfo Utor et son « dynamisme, sa capacité de travail et son leadership » comme des facteurs clés lors de la création de Baleària et de son essor. Pour lui, si le siège de Baleària a toujours été à Dénia, c’est grâce à ce dernier. « Une preuve de l’engagement envers la région où nous sommes nés, avec toute la gratitude qui en résulte. De plus, tout le travail de la Fondation dans les petites localités de la Marina Alta est remarquable à plus d’un titre », déclare-t-il, avant d’ajouter : « il est évident que Baleària a positionné Dénia et la région sur la carte. L’essor de Dénia est indéniable, avec l’agrandissement du port et la construction de la gare maritime, des références dans la Communauté valencienne ».

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José Francisco González ANCIEN DIRECTEUR DES CHANTIERS NAVALS BARRERAS

« Baleària a été pionnière dans son engagement envers l’environnement »

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José Francisco González Viñas, ingénieur naval et océanique de Pontevedra, est devenu président du chantier naval Hijos de J. Barreras alors qu’il n’avait que 30 ans, poste qu’il a occupé pendant plus de 40 ans, jusqu’en 2012. Il se souvient avec fierté du défi qu’a supposé pour Barreras la construction de quatre ferries pour Baleària (Abel Matutes, Alhucemas, Passió per Formentera et Martín i Soler), « qui étaient tout à fait innovants à l’époque », et qui ont contribué, affirme-t-il, à consolider le développement des chantiers navals dans le secteur du fret et du trafic de passagers « jusqu’à ce que Barreras devienne une référence pour ce type de navires au niveau mondial ». Pour lui, ce bond en avant qu’ont représenté pour les chantiers Barreras et pour Baleària la construction et la mise en service de ces

quatre navires est dû au fait qu’il s’agissait de « navires polyvalents et attrayants pour le client, bien plus rapides, avec un bien meilleur confort et une diminution drastique des accélérations verticales pendant la navigation, ce qui a eu un impact positif sur le bien-être et le confort des passagers et des membres d’équipage ». Tout cela, estime-t-il, a signifié pour Baleària « et pour le secteur maritime espagnol l’entrée sur une niche florissante d’un marché qui avait un énorme potentiel de développement, comme ce fut le cas dans les années suivantes ». Lorsque ces quatre navires ont été conçus, le prix du carburant était loin d’être l’actuel et la prise de conscience environnementale n’était pas encore aussi forte. Malgré cela, selon José Francisco González Viñas, « Baleària laissait déjà entrevoir à cette époque qu’elle allait

devenir une marque importante au cours de ces 25 années, en tenant compte du respect de l’environnement et en utilisant progressivement des systèmes à propulsion visant à réduire ou supprimer les émissions de gaz à effet de serre, notamment le CO2, le SO2 et le NO2. En ce sens, Baleària a été pionnière en matière d’engagement en faveur de l’environnement ». CONFORT ET DUR ABILITÉ

Celui qui a été président de Barreras pendant de nombreuses années est convaincu qu’une bonne partie du succès de Baleària est due à cette conscience environnementale, ainsi qu’à « sa gestion réussie et méticuleuse, en essayant d’améliorer le design, le confort et la durabilité des bateaux, en les rendant plus attractifs pour les passagers, en garantissant

REGARDS


la ponctualité des départs et des arrivées, et en faisant du voyage un élément de plaisir ». C’est la raison pour laquelle, affirme-t-il, Baleària est considérée dans le secteur comme « une entreprise jeune, moderne, prospère, avec une mentalité ouverte et très internationale, toujours à la recherche de nouveaux débouchés et de nouveaux défis ». Grand connaisseur du secteur maritime espagnol, selon José Francisco González Viñas, les différents acteurs (chantiers navals, armateurs, ports...) devraient appliquer une stratégie commune axée sur la promotion du secteur maritime en mettant l'accent sur l’efficacité des projets et des programmes afin de permettre un développement intégral du secteur (Pertes et Next Generation) qui serait bénéfique à tous les intervenants.

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REGARDS


Fanny Tur HISTORIENNE

« Baleària fait désormais partie de l’histoire du transport maritime »

Mais pour cette ancienne ministre de la Culture du gouvernement des Îles Baléares, s’il y a une chose qui ressort de la contribution de Baleària, c’est le rôle joué par la Fondation Baleària qui a permis « de voyager vers de nouveaux scénarios et de ne pas rester au point de départ. Pour s’enrichir et grandir, l’art et la création doivent bouger tout en conservant leurs racines bien fortes ». En accord, souligne-t-elle, avec la gestion d’espaces culturels « dans différentes villes – ce que la Fondation Baleària appelle les Llonges de la Cultura –, en permettant ainsi d’accueillir plus facilement des activités, des rencontres, des recherches, des expositions collectives et des créateurs, car l’art et la recherche sont un travail en soi, mais ils sont aussi partage et connaissance mutuelle ». 157

Originaire d’Ibiza, militante écologiste, historienne, directrice des archives historiques d’Ibiza... Fanny Tur Riera a occupé, parmi d’autres fonctions publiques, celle de ministre de la Culture du gouvernement des Îles Baléares entre 2017 et 2019. Riche de cette expérience, son analyse avec une vision historique gagne en valeur : « Baleària fait déjà partie de l’histoire du transport maritime des Îles Baléares et de la Méditerranée », affirme-t-elle avant de réfléchir sur ce qu’a signifié l’arrivée de la compagnie maritime, car « les monopoles ne sont jamais bons et la diversification de l’offre doit toujours profiter aux usagers ». D’un point de vue culturel et de genre, cette historienne souligne certains aspects

BALEÀRIA · 25 ANS

concernant Baleària tels que « l’attention accordée au catalan ou l’attribution de noms de femmes à certains navires, ce qui prouve que l’histoire est aussi écrite par les femmes ». D’un point de vue environnemental, Fanny Tur apprécie l’engagement de Baleària en faveur de la durabilité en partant du fait que « l’activité humaine en général, et le tourisme et la mobilité en particulier, ont des effets dévastateurs sur la mer et le territoire ». En ce sens, elle souligne que « toutes les mesures mises en œuvre pour minimiser les effets de la massification, comme le recours aux énergies renouvelables et la collaboration avec des entités écologiques, ajoutent un grain de sable à une lutte qui est depuis longtemps essentielle pour la survie ».

C R É AT I O N C U L T U R E L L E

En définitive, pour Fanny Tur, « Baleària, à travers sa fondation, a permis à la création d’être mobile, de circuler, d’être présentée dans de nouveaux contextes, pour ainsi grandir et trouver de nouveaux paysages… Baleària a contribué aux rapports et à la connaissance mutuelle entre créateurs, leur permettant de se retrouver plus facilement, de se connaître et, finalement, d’établir des liens ». Dans le cas des Îles Baléares, Fanny Tur considère que Baleària et sa fondation ont été une magnifique contribution en faveur de l’articulation sociale et culturelle, en plus de souligner le regain de dynamisme dans tous les domaines, grâce à la ligne entre Dénia et Ibiza.


Luis Guerrero RESPONSABLE DE BUREAU VERITAS

« Baleària est passée d’une flotte vieillissante à l’une des plus durables d’Europe » 158

Peu après la création de Baleària, Luis Guerrero Gómez, docteur en ingénierie navale et océanique, est devenu directeur de la division navale de l’organisme de certification Bureau Veritas en Espagne et au Portugal. Il est donc l’un des spécialistes indépendants avec un point de vue privilégié sur l’histoire de Baleària, notamment en matière de sécurité maritime. En tant qu’organisme de certification, Bureau Veritas garantit la sécurité des navires et, dans le cas de Baleària, il participe dès la conception du navire

à la définition des niveaux de classification et les notations les plus exigeantes pour déterminer la spécification qui sera ensuite soumise aux différents chantiers navals. « L’important pour Bureau Veritas est de détecter toutes les pannes avant la livraison du navire pour garantir un cycle de vie le plus long et efficace possible », souligne son responsable. Luis Guerrero rappelle qu’il y a 25 ans, « peu de gens croyaient à la viabilité d’une entreprise issue d’une faillite ». À cette époque,

l’apparition du leadership d’Adolfo Utor a été providentielle : lui qui était conscient que les liaisons maritimes entre l’Espagne continentale et les Îles Baléares étaient essentielles, a impliqué tout le personnel de l’entreprise et les parties essentielles à la survie du projet de Baleària. Aujourd’hui, estime-t-il, « Baleària a suivi une évolution très différente de celle à laquelle nous sommes habitués au niveau européen, passant en quelques années d’une flotte vieillissante à l’une des flottes les plus efficientes d’Europe, construite principalement dans des chantiers navals espagnols ». U N E V O C AT I O N D ’ I N N O VAT I O N

Parmi les raisons du succès de Baleària, Luis Guerrero souligne son « projet de renouvellement et de croissance de la flotte sans précédent en Europe ». À cela s’ajoute l’engagement en faveur de carburants plus propres et l’innovation dans tous les domaines « qui ont abouti à la conversion au gaz naturel comme carburant pour nombre de ses navires, le plus propre aujourd’hui, et à la construction de ses nouveaux navires avec GNL ». Le caractère innovant de Baleària l’a amenée à construire le premier navire au monde à grande vitesse avec moteur hybride et l’un des premiers ferries électriques, rappelle le responsable de Bureau Veritas. En ce sens, il recommande de lire le rapport de développement durable de Baleària, « unique dans le secteur et modèle pour tous », avant d’avertir « qu’il est dommage que d’importantes lignes avec les Îles Baléares soient passées entre des mains étrangères », en référence à l’entrée

REGARDS


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de GNV et au rachat par Grimaldi de l’activité avec les Îles Baléares de l’ancienne compagnie Trasmediterránea. À ce titre, Luis Guerrero considère que Baleària « propose un modèle de gestion unique basé sur la durabilité entre tous les acteurs de la chaîne de transport maritime entre l’Espagne continentale, les Îles Baléares, les Îles Canaries et les villes du Nord de l’Afrique, en plus de ses lignes maritimes aux États-Unis ». Il considère que l’engagement de la compagnie auprès des régions desservies et « sa vision

BALEÀRIA · 25 ANS

toujours avant-gardiste d’avoir la flotte la plus respectueuse de l’environnement et sa vocation de leadership ont fait de Baleària l’opérateur espagnol de navires de passagers et de fret avec le plus grand potentiel ». Au sujet de l’avenir de la compagnie, Luis Guerrero n’a aucun doute : « Baleària va augmenter considérablement la part du trafic maritime avec les Îles Baléares, ce qui est naturel, et d’autres liaisons avec le Nord de l’Afrique continueront à se développer de manière constante et durable, un fait inhérent à Baleària ».


José Escalas CAPITAINE MARITIME DE PALMA

« Baleària fait reposer sa politique sur les concepts de durabilité et de sécurité » 160

José Fernando Escalas Porcel est capitaine maritime à Palma depuis près de 30 ans, ce qui lui donne une perspective privilégiée sur l’évolution de Baleària au cours de ses 25 années d’existence. José Escalas souligne la volonté de la compagnie à se doter de navires modernes et durables, ce qui, selon lui, répond à sa sensibilité transversale face aux besoins d’une industrie touristique de qualité, axée sur l’écologie et le développement durable. « C’est résolument une réussite », affirme-t-il de manière catégorique. En ce sens, José Escalas rappelle que, peu de temps après sa création, Baleària a fait un grand effort pour « disposer de nouveaux navires conformes aux normes de sécurité les plus modernes, ce qui a constitué une contribu-

tion très positive ». Et le fait est que, quelques années après sa création, Baleària avait déjà acquis et mis en service des navires comme le Federico García Lorca ou le Ramon Llull, avant de parier plus tard sur les navires appelés commercialement des ferries, la série ayant commencé avec le Martín i Soler. SÉCURITÉ MARITIME

En tant que responsable de la sécurité maritime, José Escalas rappelle que les désastres du Herald of Free Enterprise et de l’Estonia (en référence aux tragédies maritimes de la fin du 20e siècle de ces deux navires dans les mers du Nord) ont mené à une révision approfondie des normes et des critères de stabilité en cas de pannes des

ferries et des ropax, « en améliorant leur résistance à l’inondation des cales de véhicules. Cela a amélioré la sécurité intrinsèque de ces navires ». C’est la raison pour laquelle, explique-t-il, les normes de sécurité sont aujourd’hui très différentes et garantissent que des accidents tels que ceux auxquels il fait référence n’ont plus leur place, plus encore sur des navires conçus et construits conformément aux paramètres et aux normes de sécurité en vigueur. Parallèlement, le capitaine maritime de Palma souligne comme essentielle la mise en œuvre des systèmes de gestion de la sécurité maritime et de la prévention de la pollution (ISM) avec une vision qui implique également le navire et l’entreprise à parts égales. Un aspect

REGARDS


auquel Baleària a toujours participé activement et qui combine les deux axes de la durabilité et de la sécurité cités par José Escalas et sur lesquels a reposé l’activité de Baleària pendant toutes ces années. Au-delà des questions de sécurité maritime, José Escalas est convaincu que le succès de Baleària est dû à la qualité du service « mesurée en termes de standard de flotte, de temps de traversée, de confort à bord et de niveaux de sécurité ». Mais le capitaine maritime fait également référence à « la capacité de Baleària à communiquer avec la société baléare à tous les niveaux, avec un engagement résolu de l’entreprise dans tous les domaines, comme la culture, le sport, l’éducation, l’écologie ou le tourisme ».

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REGARDS


Josep Pons Fraga RÉDACTEUR EN CHEF DU JOURNAL MENORCA

« Baleària a su lire les grands changements du transport maritime »

« Baleària a su lire, grâce à l’intuition d’Adolfo Utor, les grands changements du transport maritime. Le président de Baleària anticipe de nombreuses décisions, il sait qu’il prend des risques, mais il les mesure. Dans chaque décision, il y a une philosophie d’entreprise, résultat de l’expérience, de la connaissance du secteur et du marché », explique Josep Pons Fraga, journaliste infatigable de Minorque et référence absolue en matière d’information sur l’île depuis quatre décennies. La relation entre Baleària et Minorque passe, selon lui, incontestablement par Ciutadella. Il affirme ainsi que la compagnie a su promouvoir un nouveau modèle économique dans la navigation maritime en Espagne qu’elle a appliqué au transport de passagers, de vé-

BALEÀRIA · 25 ANS

hicules et de fret. « Dans le cas de Minorque » déclare-t-il, « son grand pari a été le port de Ciutadella, et plus particulièrement la ligne Barcelone, Alcúdia et le port de Minorque. Adolfo Utor a toujours défendu que, dans le trafic maritime, il fallait travailler sur les distances les plus courtes ». Mémoire vivante des 40 dernières années de Minorque, Josep Pons Fraga se souvient qu’Adolfo Utor fut fervent partisan de la construction de l’avant-port, aux côtés de Joana Barceló, alors présidente du Conseil de Minorque, et de l’ingénieur naval Joaquim Coello, qui fut président du port de Barcelone, étroitement lié à Minorque. Il se souvient « qu’Adolfo et Joana ont convaincu le président du gouvernement baléare, Jaume Matas, après

le grand raz-de-marée du 15 juin 2006, qui avait causé de grands dégâts aux bateaux amarrés dans le port intérieur de Ciutadella, qu’il était indispensable de construire un port extérieur dans la baie pour garantir le trafic maritime, éviter les accidents et maintenir la connectivité ». Josep Pons Fraga rappelle que les avions ne sont pas la solution pour Minorque, car une bonne partie des biens et des marchandises, ainsi que tous les véhicules qui entrent sur l’île ont besoin de bateaux. « Baleària a su résister et s’est développée parce qu’elle a répondu à la demande tout au long de l’année, même en basse saison, alors que d’autres compagnies maritimes opportunistes interrompent leur service ». Selon le rédacteur en chef du journal, « Adolfo Utor applique le critère de "celui qui

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« LORSQUE BALEÀRIA DONNE À SES NAVIRES LE NOM DE FEMMES PIONNIÈRES ET DE MILITANTES DES DROITS CIVIQUES, ELLE FAIT UNE DÉCLARATION DE PRINCIPES »

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résiste gagne", mais il le fait avec de nouveaux modèles qui supposent la rupture des compartiments étanches de l’entreprise à travers la formation d’équipes pluridisciplinaires qui savent comment gérer le big data ». Il estime que le défi de travailler dans un environnement numérique et avec les nouvelles technologies « fait partie de "l’âme, du cœur et de la vie" de Baleària, avec la réduction des gaz polluants à l’étape actuelle de transition énergétique et un modèle efficient de responsabilité sociale d’entreprise ». Josep Pons Fraga souligne également que Baleària est une entreprise atypique. « Adolfo Utor a su attirer et ajouter des ressources, capitaliser la nouvelle entreprise et créer une société anonyme. Baleària est née comme un

acte de survie, avec une personne qui exerce un leadership auprès des capitaines, qu’il connaît et traite de manière directe et cordiale, également exigeante, ainsi qu’auprès du personnel à terre et du groupe de dirigeants avec lesquels ils forment une équipe de travail efficace ». L A VA L E U R D E L’ É Q U I P E H U M A I N E

Le rédacteur en chef du Menorca estime que la grande valeur ajoutée de Baleària est précisément « le groupe de professionnels qui ont su travailler en équipe, résoudre toutes sortes de difficultés et proposer un nouveau concept de transport maritime en Espagne ; les ressources humaines sont le grand capital de Baleària ». À cela vient s’ajouter « l’audace de son capitaine, Adolfo Utor, capable de conclure des accords in-

croyables comme celui qu’il a su tisser et conclure avec Abel Matutes, autrefois concurrent et plus tard partenaire et allié économique ». En ce qui concerne les noms des navires de Baleària, loin des clichés, Josep Pons Fraga a également sa propre opinion : « Lorsque Baleària donne à ses nouveaux navires le nom de femmes comme Hypatie d’Alexandrie, Marie Curie ou Eleanor Roosevelt, pionnières et militantes des droits civiques, elle fait une déclaration de principes ». Le journaliste se souvient des noms des navires d’Isnasa-Flebasa, dont certains ont été exploités par Baleària : « C’était l’œuvre de Victoriano Sayalero, républicain de gauche, qui nous avait surpris en donnant les noms de Miguel Hernández et Manuel Azaña aux navires de sa flotte, mais qui avait beaucoup plu au tout-puissant vice-président du gouvernement espagnol de l’époque, Alfonso Guerra ». Enfin, le doyen des journalistes de Minorque rappelle un événement qui illustre le talent d’Adolfo Utor : « Du temps de Flebasa, un navire avait été acheminé vers le vieux port de Ciutadella pour effectuer des manœuvres à titre d’essais. Personnellement, je me souviendrai toujours de l’image de cette manœuvre risquée et compliquée de tourner à l’intérieur du vieux port ; les dimensions du port étaient réduites et elles permettaient à peine au navire de manœuvrer. « Nous avons réussi », avait déclaré Adolfo à la fin, avant d’ajouter : « Maintenant, nous allons faire d’autres essais plus compliqués ». Cet esprit, peut-être façonné par le passage du temps et l’importance que Baleària a aujourd’hui, s’est maintenu », déclare Josep Pons Fraga.

REGARDS


Concha Pastor JOURNALISTE DE DÉNIA

« J’ai toujours su que Baleària allait réussir »

Concha Pastor Gimeno est une journaliste, directrice de TodoAlicante.es depuis 2022. Elle a fait partie de l’équipe fondatrice du journal El Sol de Madrid, et a une carrière de plus de 32 ans à Las Provincias en tant que déléguée de la région de la Marina Alta, parmi d’autres fonctions. « J’ai toujours su que Baleària allait réussir », déclare Concha Pastor qui, en sa qualité de journaliste à Dénia, a couvert la chute de Flebasa, avec les impayés, les grèves, les saisies de navires... et la création de Baleària par ses employés. « Si j’ai toujours été convaincue que Baleària allait s’en sortir, c’est parce que je savais ce qui se passait dans l’entreprise, avec Adolfo Utor à la barre ». Et ce malgré « les manifestations dans le port de Dénia, les problèmes de Flebasa avec les travailleurs, avec le

BALEÀRIA · 25 ANS

Manuel Azaña, et le procès contre Adolfo Utor dont la sentence a finalement été à sa faveur », rappelle la journaliste. Concha Pastor considère que, lors de sa création, « personne ne croyait au futur de Baleària », et elle reconnaît l’audace et les difficultés auxquelles ont dû faire face ceux qui l’ont créée. La mise à disposition du Manuel Azaña a été un tournant « qui a supposé la renaissance de la compagnie de Dénia, puis la construction du fast-ferry Federico García Lorca ». Pour Concha Pastor, le succès de Baleària est dû à « la stratégie commerciale, la prise de risques, les équipes – parmi lesquelles l’équipe de communication – et le fait de mettre l’usager au centre de l’entreprise ». Tout cela a permis à la compagnie d’être aujourd’hui une entreprise réputée qui, depuis son siège de Dénia, définit le cap de ses opérations. La journaliste souligne les aspects positifs des synergies Dénia-Baleària : elle considère que la compagnie « a beaucoup contribué à faire connaître Dénia, car c’est dans son ADN, puisque son siège s’y trouve. De plus, le fait d’assurer des liaisons avec les Îles Baléares a fait que beaucoup de personnes savent maintenant où situer Dénia sur la carte ». Concha Pastor se souvient de l’époque où Baleària, tout comme Flebasa le faisait auparavant, opérait depuis le centre de Dénia. Rien à voir avec le siège actuel et la gare maritime, une nouvelle infrastructure qui a contribué de manière décisive à dynamiser l’économie locale.

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EN CHIFFRES


60 14 87

33

affrétés

auxiliaires

18

ro-ro MILLIONS DE VÉHICULES

NAVIRES

85

5

NAVIRES

85 MILLIONS DE MÈTRES LINÉAIRES DE FRET

168

en propriété

36

fast-ferries

26 PAYS

EFFECTIF

4,6 M

MÈTRES LINÉAIRES

LIAISONS

NAVIRES

125

7M

1

ferries 1998 1999 2000 2001 2 0 02 2 0 03 2004 2005 2006 2 0 07 2008 2 0 09 2010 2011 2012 2013 2 0 14 2015 2016 2017 2018 2019 2 02 0 2 02 1 2 02 2

PASSAGERS

1998 1999 2000 2001 2 0 02 2 0 03 2004 2005 2006 2 0 07 2008 2 0 09 2010 2011 2012 2013 2 0 14 2015 2016 2017 2018 2019 2 02 0 2 02 1 2 02 2

MILLIONS DE PASSAGERS 2000 2001 2 0 02 2 0 03 2004 2005 2006 2 0 07 2008 2 0 09 2010 2011 2012 2013 2 0 14 2015 2016 2017 2018 2019 2 02 0 2 02 1 2 02 2

Totaux

2000 2001 2 0 02 2 0 03 2004 2005 2006 2 0 07 2008 2 0 09 2010 2011 2012 2013 2 0 14 2015 2016 2017 2018 2019 2 02 0 2 02 1 2 02 2

25 années en chiffres (1998-2023) Évolution CHIFFRE D’AFFAIRES

EBE

4

1 850

563 M€

140 M€

52

6 25

6

35

1998 2023

EN CHIFFRES


Lignes en 2023

FRANCE

CARAÏBES GRAND BAHAMA FORT LAUDERDALE

SÈTE

FREEPORT

FLORIDE (ÉTATS-UNIS)

BIMINI

ESPAGNE

BARCELONE

169

BAHAMAS VALENCIA MINORQUE DÉNIA MAJORQUE ALCÚDIA-PALMA

HUELVA IBIZA MALAGA

MOTRIL ALMÉRIA

ALGÉSIRAS

FORMENTERA

ÎLES CANARIES TENERIFE SANTA CRUZ

TANGER MOSTAGANEM

CEUTA MELILLA

GRANDE CANARIE LA LUZ

BALEÀRIA · 25 ANS

MAROC

NADOR

ALGÉRIE


Flotte Années en service chez Baleària

Navire et année de construction

170

Abel Matutes (2010)

190,5 m

26 m

900

2 235 ml

23 kn

Depuis 2010

Aguila Pescadora (2019)

10,67 m

4,5 m

-

-

11 kn

Depuis 2019

Al-Sabini (2000)

113,4 m

16,5 m

876

163 v

38 kn

2003-2004

Arlequín Rojo (1964)

64,9 m

15,6 m

-

100 ml

12 kn

1998-2012

Auto Baltic (1996)

138,5 m

22,6 m

-

1 304 ml

20 kn

2015

Avemar Dos (1997)

82,0 m

23,0 m

855

174 v

34 kn

Depuis 2007

Bahama Mama / Alhucemas (2010)

154,3 m

24,2 m

1 000

1 350 ml

23 kn

Depuis 2010

Bahía de Málaga (1980)

93,1 m

17,6 m

617

245 ml

16 kn

1998-2009

Balear Jet (1989)

35,5 m

11,3 m

308

-

30 kn

2012

Bimini Blue Marlin / Maverick Dos (1990)

39,0 m

9,4 m

356

-

30 kn

Depuis 2011

Borja (2007)

186,4 m

25,6 m

800

2 255 ml

24 kn

2007-2010

Borja Dos / T-Rex Uno (2007)

186,4 m

25,6 m

800

2 255 ml

24 kn

2007-2011

Bréant (1979)

110,0 m

17,0 m

-

760 ml

13 kn

2006-2007

Cala Galdana (1974)

75,0 m

13,0 m

-

-

14 kn

1998-2001

Cap de Barbaria (2023)

82,0 m

15,5 m

390

240 ml

15 kn

Depuis 2023

Caroline Russ (1999)

153,4 m

20,6 m

-

1 607 ml

21 kn

2018-2020

Cecilia Payne (1999)

86,6 m

24,0 m

800

200 v

38 kn

Depuis 2018

Clipper Pennant (2009)

142,0 m

23,0 m

-

1 830 ml

21 kn

2018-2019

Clipper Racer / Triumph (1997)

122,3 m

19,8 m

-

1 057 ml

17 kn

2007-2010

Corb Marí I (2015)

16,4 m

6,2 m

-

-

10 kn

Depuis 2015

Dénia Ciutat Creativa (1992)

150,0 m

23,4 m

399

1 850 ml

19 kn

Depuis 2016

Duba Bridge (1976)

141,6 m

23,2 m

399

1 300 ml

16 kn

2018-2019

Borja

Cecilia Payne

Dénia Ciutat Creativa

EN CHIFFRES


Longueur

m : mètres

En propriété

Électrique

Largeur

ml : mètres linéaires

Ferry

Moteurs hybrides

Passagers

v : véhicules

Smart-ship

Fret

kn : nœuds

Fast-ferry Ro-ro

Vitesse

Auxiliaire

Années en service chez Baleària

Navire et année de construction Eleanor Roosevelt (2021)

123,3 m

28,0 m

1 217

450 v

35 kn

Depuis 2021

Eco Aqua (2017)

28,0 m

9,0 m

355

-

28 kn

Depuis 2017

Eco Aire (2018)

28,0 m

9,0 m

355

-

28 kn

Depuis 2018

Eco Lux (2018)

28,0 m

9,0 m

355

-

28 kn

Depuis 2018

Eco Terra (2018)

28,0 m

9,0 m

355

-

28 kn

Depuis 2018

Eivissa Jet (1987)

39,0 m

9,4 m

310

-

30 kn

2011

Espalmador (1985)

33,0 m

10,5 m

247

-

11 kn

2003-2006

Espalmador Jet (1999)

42,0 m

12,0 m

360

-

31 kn

2007

Espresso de Ravenna (1993)

150,3 m

23,4 m

91

1 600 ml

17 kn

2015

Federico García Lorca (2001)

115,2 m

17,0 m

876

210 v

38 kn

2001-2013

Foners (2000)

41,5 m

9,2 m

16

-

25 kn

Depuis 2014

Formentera Direct (1987)

49,4 m

14,0 m

309

36 v

30 kn

Depuis 2014

Hedy Lamarr / Visemar One (2010)

186,5 m

25,6 m

600

2 860 ml

24 kn

Depuis 2011

Hoburgen (1985)

121,4 m

21,0 m

-

1 400 ml

15 kn

2006

Hypatia de Alejandría (2019)

186,4 m

25,6 m

880

2 194 ml

24 kn

Depuis 2019

Ibiza Jet (1977)

27,8 m

9,0 m

294

-

28 kn

2012

Ippotis (1991)

136,0 m

20,5 m

-

1 186 ml

21 kn

2011-2013

Isla de Botafoc (1980)

129,6 m

21,6 m

670

780 ml

18 kn

2003-2010

Isla de Ibiza (1977)

86,5 m

14,6 m

400

175 ml

16 kn

2003-2004

Jaume I (1994)

78,0 m

26,0 m

623

130 v

32 kn

Depuis 2005

Jaume II (1996)

81,0 m

26,0 m

624

140 v

32 kn

Depuis 2006

Jaume III (1995)

81,0 m

26,0 m

655

140 v

32 kn

Depuis 2006

BALEÀRIA · 25 ANS

Eco

171

Isla de Ibiza

Hedy Lamarr


Flotte Années en service chez Baleària

Navire et année de construction

172

Kerry (2001)

186,5 m

25,6 m

992

2 030 ml

23 kn

Depuis 2022

Levante (1994)

150,8 m

23,4 m

100

1 600 ml

17 kn

2013-2017

Manuel Azaña / Amman (1995)

139,7 m

18,4 m

600

680 ml

18 kn

1999-2009 2018-2019

Margarita Salas (2024*)

123,0 m

28,0 m

1 200

450 v

35 kn

2024

Marie Curie (2019)

186,4 m

25,6 m

880

2 194 ml

24 kn

Depuis 2019

Martín i Soler (2009)

165,3 m

25,6 m

1 200

1 710 ml

23 kn

Depuis 2009

Maverick (1990)

39,0 m

9,4 m

356

-

30 kn

2011-2018

Meloodia (1979)

138,9 m

24,2 m

1 900

600 ml

21 kn

2007

Miranda (1999)

153,4 m

20,6 m

-

1 625 ml

20 kn

2015

Mistral (1999)

153,4 m

20,6 m

-

1 625 ml

20 kn

2020

Moby Zaza (1982)

154,4 m

24,7 m

1 465

800 ml

16 kn

2022

Nápoles (2002)

186,0 m

25,6 m

1 600

1 418 ml

23 kn

Depuis 2015

Napoli (1995)

175,0 m

24,4 m

100

1 865 ml

15 kn

2022

Nissos Chios (2007)

141,0 m

21,0 m

1 400

530 ml

27 kn

2014-2019

Nixe I (2004)

63,0 m

16,0 m

546

122 v

32 kn

Depuis 2004

Nixe II (2004)

63,0 m

16,0 m

546

122 v

32 kn

2004-2008

Panseta (2013)

11,0 m

4,2 m

64

-

5,5 kn

Depuis 2013

Passió per Formentera (2009)

100,0 m

17,0 m

800

300 ml

22 kn

Depuis 2009

Pau Casals (1998)

179,9 m

25,2 m

400

2 000 ml

24 kn

2006-2008

Pauline Russ (1999)

153,4 m

20,6 m

-

1 607 ml

20 kn

2017-2018

Pinar del Río / Patricia Olivia (1991)

74,0 m

26,0 m

462

80 v

32 kn

2007-2019

Nápoles

Nissos Chios

Posidonia

EN CHIFFRES


Longueur

m : mètres

En propriété

Électrique

Largeur

ml : mètres linéaires

Ferry

Moteurs hybrides

Passagers

v : véhicules

Smart-ship

Fret

kn : nœuds

Fast-ferry Ro-ro

Vitesse

Auxiliaire

Années en service chez Baleària

Navire et année de construction Poeta López Anglada / Daniya (1984)

132,9 m

22,5 m

1 257

780 ml

18 kn

Depuis 2012

Posidonia (1980)

69,5 m

14,0 m

550

150 ml

16 kn

2012-2023

Puglia (1995)

150,3 m

23,4 m

99

1 600 ml

17 kn

2014-2015

Ramon Llull (2003)

83,0 m

13,5 m

550

120 v

32 kn

Depuis 2003

Rápido de Formentera (1974)

29,1 m

9,0 m

180

-

25 kn

1998-2007

Rápido de Menorca (1973)

17,1 m

9,0 m

188

-

25 kn

1998-2001

Regina Baltica (1980)

145,0 m

25,5 m

1 600

780 ml

19 kn

Depuis 2017

Robur (1989)

125,1 m

19,7 m

-

1 000 ml

13 kn

2011

Rolon Plata II (2019)

16,7 m

5,9 m

-

-

11 kn

Depuis 2019

Rolon Sur (1978)

111,0 m

16,0 m

-

616 ml

14 kn

2000-2004

Rosalind Franklin (1999)

188,3 m

28,7 m

860

3 118 ml

22 kn

2018-2021

Rusadir (2019)

187,0 m

31,0 m

1 670

2 600 ml

22 kn

Depuis 2023

Sardinia Vera (1975)

120,7 m

21,6 m

1 533

870 ml

18 kn

2017

Shipper (1992)

122,0 m

19,0 m

-

1 268 ml

16 kn

2022-2023

Sicilia (2002)

186,0 m

25,6 m

1 000

2 030 ml

23 kn

Depuis 2015

Sonia (2004)

117,0 m

20,0 m

1 200

600 ml

21 kn

2006

Star Figther (1978)

117,8 m

20,3 m

-

803 ml

17 kn

2015

Tom Sawyer (1989)

77,0 m

26,0 m

440

2 240 ml

19 kn

2023

Virot (1973)

64,4 m

11,1 m

41

117 ml

12 kn

Despuis 2015

Volcán de Tauce (1995)

120,0 m

19,5 m

80

1 865 ml

15 kn

Depuis 2022

Visborg (2003)

196,0 m

25,0 m

1 500

1 600 ml

19 kn

2023

Wasa Express (1981)

140,8 m

24,5 m

1 560

1 150 ml

18 kn

Depuis 2021

BALEÀRIA · 25 ANS

Rosalind Franklin

173

Rusadir

Virot


Indice onomastique

174

Alarcón Dueñas, Federico P. 14

Costa Rey, Teresa P. 14

Henríquez, Leticia P. 130, 131

Alomar Borrás, Guillermo P. 37, 40

Costa, José (Pepe) P. 14

Isern Fiol, Marta P. 134, 135

Álvarez Rodríguez, Luis Ángel P. 23

Durá Miralles, Alberto P. 27, 116

Ivars Cervera, Andrea P. 51

Alzina Ferragut, José P. 20

Escalas Porcel, José Fernando P. 160, 161

Jiménez Vara, Francisco P. 27, 126, 127

Arnau Soler, Pablo P. 20, 79, 153

Faus Palones, José Vicente (Pepe) P. 22, 43

Lecha Puig, Pilar P. 14, 72

Barceló Martí, Joana P. 163

Fernández Martinez, David P. 23

Lladó Oliver, Juan P. 40

Bassoul, Georges P. 109

Fuster Cervilla, Jaume P. 137

Lledó Tró, Josep Hilari P. 20

Benlloch, Jorge P. 56

García Fernández, Antonio P. 27, 31, 101, 124, 125, 153

Llopis Company, Marisa P. 119, 120

Binefa Garrofé, Judit P. 121, 123

Gil, Silvia P. 125

Marco Martí, Marisa P. 14

Boix Escolies, Pilar P. 91

Ginestar Frases, Joaquín P. 20

Marí Figuerola, José Ignacio (Nacho) P. 14, 23

Bonet Ribas, José (Pepe) P. 40

González Moraleda, María P. 114, 115

Marí, Francisco (Paco) P. 14

Cervera Devesa, Federico P. 20, 22, 27, 29, 32, 101

González Pérez, Alfredo P. 23

Martínez Solano, Juan P. 20

Climent Escriche, Ricardo P. 39, 45, 102, 108

González Viñas, José Francisco P. 45, 154, 155

Mascarell Mascarell, Josep Vicent P. 85, 132, 133

Coello Brufau, Joaquim P. 163

Guerra González, Alfonso P. 164

Matas Palou, Jaume P. 163

Conde Roselló, Maydo P. 14

Guerrero Gómez, Luis P. 158, 159

Matutes Juan, Abel P. 37, 39, 40, 45, 105, 108, 142, 143, 148, 164

Cortés Llorens, Perfecto P. 19, 20, 22, 27, 32

Guzmán Fernández, José Antonio (Pepe) P. 68

Mayol, Eduardo P. 19

EN CHIFFRES


Miragall Espasa, Antonio P. 152

Pastor Gimeno, Concha P. 165

Saiz Cruza, Emilio P. 40

Moll, Lluís P. 79, 14

Pérez Carrió, Ramon P. 46, 86

Sayalero López, Victoriano P. 19, 20, 21, 22, 29, 33, 126, 164

Morace, Ettore P. 23, 30, 32

Pérez Fernández, Vicent P. 20, 101, 153

Sánchez Castejón, Pedro P. 80

Moreno Pons, Javier P. 20

Pérez Ivars, Ricard P. 86

Saucedo Castaño, María Teresa (Mayte) P. 129

Moreno Sevilla, Llanos P. 14

Pérez Pastor, Maribel P. 14

Serra Mayans, Joan P. 39, 40

Mulet Serer, Cristina P. 119

Pérez Villar, Manuel P. 27, 101

Soriano Reus, Juan Vicente P. 20, 22, 27, 32

Muñoz Fernández, Amalio P. 22, 27, 29

Poblet Martínez, José P. 144, 145

Sorribes, Vicente P. 20

Mut Martínez, Vicent P. 20

Pons Fraga, Josep P. 163, 164

Terricabras Balada, Víctor P. 39, 140, 141

Obama, Barack P. 71

Prats Bea, Alex P. 146, 147

Orengo Pastor, José Manuel P. 109

Prats Beltrán, José P. 146

Ortega Figueiral, Javier P. 14, 73

Prats Roig, Vicente P. 148, 149

Ortiz Jiménez, María José P. 50

Prundaru, Alina Ionela P. 138

Otero Rivera, Mario P. 72

Puertas Ríos, Pedro P. 14, 27

Oualit, Fátima P. 14, 68

Ramis Ronda, Carol P. 119

Oualit, Hakim P. 68

Rejano Melgar, Manuel P. 68, 70

Pajín Iraola, Leire P. 150, 151

Rodríguez Zapatero, José Luis P. 150

BALEÀRIA · 25 ANS

Tur Riera, Fanny P. 157 Utor Martínez, Adolfo P. 6, 10, 13, 14, 19, 20, 22, 27, 29, 30, 32, 33, 39, 40, 45, 51, 68, 73, 80, 89, 93, 94, 99, 101, 102, 105, 108, 112, 126, 132, 142, 143, 148, 149, 153, 158, 163, 164, 165

175



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