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Introduction
L’aide au plus démunies, qui habitent nos métropoles occidentales est un enjeux complexe. L’architecte humanitaire qui se donne pour missions de venir en aide aux populations les plus vulnérables doit y inclure les personnes en situation d’itinérance. 1
Maison Benoit Labre, hébergement emblématique du quartier de Griffintown, encore debout aujourd’hui. L’itinérance représente une problématique sociétale transversale à de nombreux pays, même les plus développés, comme le Canada. Elle est qui plus est difficile à cerner, c’est à dire que sa définition ne fait pas consensus au seins même des acteurs qui prennent partie autour de cette question. Selon le gouvernement du Québec: “L’itinérance désigne un processus de désaffiliation sociale qui se manifeste par la difficulté pour une personne d’avoir un domicile stable, sécuritaire, adéquat et salubre et de maintenir des rapports fonctionnels, stables et sécuritaires dans la communauté.” 2 Néanmoins, il convient de distinguer certains types d’itinérances 3 :
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- L’itinérance situationnelle et cyclique concerne la situation des personnes qui sont temporairement sans logement et qui, après avoir été un certain temps sans-abri, parviennent à se reloger. C’est le type d’itinérance le plus fréquent et le moins visible. On pourra la qualifier d’itinérance caché ou invisible.
- L’itinérance chronique correspond à la situation des personnes qui n’ont pas occupées un logement depuis une longue période. Il s’agit de la forme d’itinérance la plus visible. Selon le dénombrement de 2015, près de 25% 4 des personnes sans-abri recensées étaient en situation d’itinérance chronique depuis un an ou plus. Dans cette étude, nous allons nous appuyer sur le cas de la ville de Montréal afin de savoir si l’architecture amène réellement une valeur ajoutée dans les enjeux de l’itinérance. Si oui, comment faire une différence pour certaine clientèle itinérante ?
1 Le termes de personnes en situation d’itinérance est en vigueur au Québec pour désigner une personne sans abris. Ce termes nous éclaire sur la manière de vivre l’itinérance, phénomène plus ou moins ponctuel que certains individu, digne malgrés tout, traversent. 2 Définition du gouvernement du Québec énoncée dans sa Politique nationale de lutte à l’itinérance.
Il convient alors de nérance en général. qualifier l’intervention architecturale La première partie se non pas comme une penchera donc sur solution miracle pour le contexte globale mettre fin à l’itinéet tentera de balirance, mais comme ser les différentes un outil pouvant faire caractéristiques qui une différence signiaccompagnent une ficative auprès des situation d’itinépersonnes qui la rance. Il conviendra vivent. aussi de décrire les Afin de comprendre approches avec lesle contexte de l’itinéquelles les différents rance à Montréal ainacteurs tentent de si que les ressources régler le problème d’intervention exisde l’itinérance. Nous tantes, la présente verrons ici que des étude prend appuis Résidente d’une maison de chambre à Montréal. désaccords philosur des revues littéraires, des précésophiques existent au sein même des dents existant en matière de design parties prenantes. au service des itinérants ainsi que des Dans un second temps, nous dresseinterviews avec des professionnels de rons une liste de précédents architecdisciplines variées amenés à travailler turaux à Montréal et à l’étranger afin de avec des personnes itinérantes. nous permettre d’ouvrir les yeux sur les L’objectif de cette étude sera d’identidifférentes possibilités de projet. Cette fier de quelles manières l’architecture phase d’étude nous permettra, en plus peut contribuer à l’amélioration des de nous approprier le vocabulaire, conditions de vie des personnes en d’établir un système de caractérisation situation d’itinérance et de déterminer des interventions servant de cadre de quelles sont pour les architectes les référence externe pour de futures interopportunités d’interventions à Montréal vention. pouvant avoir le plus grand impact. Nous dresserons ensuite un état des lieux passant par une analyse des parIl est nécessaire de commencer par un ties prenantes. D’un côté nous examitour d’horizon assez large et d’élabonons les profils et parcours des perrer une démarche qui nous permet non sonnes en situation d’itinérance afin seulement d’identifier un projet archid’identifier les besoins probants. En patectural porteur mais aussi de nous farallèle nous explorons les organismes miliariser avec l’écosystème du réseau d’aide locaux afin d’identifier un lieu d’aide aux personnes en situation d’itid’insertion optimal pour les architectes
3 Cette distinction est énoncée dans le Plan d’action Montréalais en itinérance 2018-2020. 4 Chiffre annoncé par le Mouvement pour Mettre Fin à l’Itinérance à Montréal.
dans l’écosystème Montréalais ainsi que des partenaires potentiels. Pour finir cette étude nous mettrons en parallèle une analyse des opportunités architecturales basée sur la méthode du cadre logique employé par Architectures Sans Frontières avec un avis plus personnel sur la question. Dans les deux cas, il s’agit bien de cerner comment une intervention architecturale peut, à long termes, participer à réduire l’itinérance chronique et à court terme offrir des lieux dignes qui encouragent les usagers à l’autonomie et la sociabilisation.
Logement spontanée aux abords de la rue Young. On constate ici la forte dualité de typologie de constructions dans Griffintown.