Bass Music Magazine #7

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HATCHA | 16BIT | BORGORE | SON OF KICK | VON D | DIRTYPHONICS | STATE OF MIND

BASS MUSIC magazine #07

BASS MUSIC MAGAZINE N째7 MAI / jUIN 2011 BIMESTRIEL GRATUIT

BASS MUSIC MAGAZINE #07 - MAI JUIN 2011

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Dubstep Electronica Musical artifacts

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BASS MUSIC MAGAZINE #07 - MAI JUIN 2011


BASS MUSIC MAGAZINE #7 | MAI JUIN 2011

BASS MUSIC MAG EDITO

BASS MUSIC MAGAZINE Édité par l’association Totaal Rez www.totaalrez.com www.bassmusic.fr ADRESSE Bass Music Magazine Julien Duclos 32, rue Notre Dame 69006 Lyon

Hey la compagnie des joyeux Bass Addicts !

RESPONSABLE DE LA PUBLICATION Elizabeth Valat liza@totaalrez.com

Le beau temps est de la partie, les oiseaux chantent et les artistes ont la langue bien pendue ! Notre équipe en a profité pour se déplacer sur de nombreux événements, aussi, ce numéro est composé en grande partie d’interviews avec de petites exclues toutes fraîches. Comme vous avez pu le voir, la Bass Music est de toutes les parties, les soirées s’enchaînent et ne se ressemblent pas. Un certain nombre de festivals déjà passés (Enjoy à Marseille, UK Festival à Nice) et à venir laissent la part belle à nos rythmes effrénés, quelle aubaine ! N’hésitez pas à vous rendre au Rumble Festival, un festival 100% Bass Music à Lyon, au festival de Dour et au Worldwide où des artistes de qualité sont programmés. Dans tous les cas, RDV sur la partie agenda du blog pour vous tenir au courant des festivités de votre ville !

PUBLICITE contact@bassmusic.fr RÉDACTEUR EN CHEF Julien Duclos asco@bassmusic.fr RÉDACTEURS NARY - Marie-Charlotte Dapoigny KPUSH - Sébastien Zandrini ASCO - Julien Duclos M3T4 - Mattias de Barberin FABIO - Fabio Ramoz JUNIOR - Aurèle Jacquot LIZA - Elizabeth Valat

Liza

GRAPHISME Julien Duclos Bass Music Magazine est un bimestriel gratuit Ne peut être vendu Tirage : 1000 ex ISSN : 2114-2505

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REVIEW 14 | STATE OF MIND

LABEL 24 | MINDTECH

INTERVIEWS 04 | SAWGOOD 06 | HATCHA 06 | 16BIT 08 | DIRTYPHONICS 10 | BORGORE 12 | ORGANIKISMNESS 20 | SON OF KICK 22 | VON D

FESTIVALS 18 | DOUR 19 | RUMBLE FESTIVAL CHRONIQUES 27 | MJ COLE 27 | MATTA SELECTA DU DIGGA 28 | FREE TRACKS 29 | FREE MIXTAPES

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Retrouvez chaque jour sur le site internet : des news de vos artistes préférés, des morceaux en téléchargement libre, des podcasts... Ainsi que l’agenda des soirées Bass Music de toute la France et l’ensemble des numéros de Bass Mag en PDF.

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INTERVIEW | SAWGOOD | ELECTRO DUBSTEP | FR

CHEZ BASSMAG, ON AIME BIEN LES TRUCS ATYPIQUE ET ENCORE PLUS QUAND ON PARLE DE QUELQU’UN BIEN DE CHEZ NOUS. SAWGOOD QUI EST PLUS CONNU POUR SES PRODUCTIONS ÉLECTRO SE MET A FAIRE DU DUBSTEP. CERTAINS DIRONT QUE C’EST UNIQUEMENT POUR SURFER SUR LA VAGUE DEFERLANTE «DU TRUC À LA MODE» MAIS À LA LECTURE DE CE QUI SUIT, VOUS APPRENDREZ QUE LA MOTIVATION EST UN PEU PLUS PROFONDE QUE ÇA. INTERVIEW EN MODE SOFA VILLEURBANNAIS INTIMISTE DANS L’APPARTEMENT DU PROTAGONISTE.

Tu es un des acteurs lyonnais électro parmi les plus connus pour tes productions fidget/dirty electro. Assez récemment tu as pondu quelques très bonnes productions Dubstep, comment en es-tu arrivé là ? J’ai commencé par la Drum n’ Bass, le Breakbeat, ensuite Dubstep, puis Electro à partir de 2009 où j’ai signé mon premier morceau. Je trouvais ça dix fois plus marrant parce que t’as aucune règle et jusqu’à il y a 3 ou 4 ans le Dubstep ça tournait en rond. Maintenant, l’Electro, ça me fait un peu chier donc je fais du Dubstep ! C’est pas vraiment nouveau, j’en ai toujours fait mais ça restait des projets à part. J’ai décidé que je ne ferais plus que ça. Sinon en ce moment je me mets à écouter de la Techno bien dark style Blatta & Inesha, donc beaucoup d’influences différentes au final. Est-ce qu’il y a une anecdote croustillante concernant ton nom de scène ? Non pas d’anecdote croustillante ! Je regardais toutes mes ziks et c’était toujours un synthé avec un «saw» (ndlr: onde en dent de scie) je parlais avec mon pote «Fuckin Crew» qui avait un vieux smiley pourri et je lui ai refait son smiley avec une scie et c’est parti de là, je trouvais le jeu de mot marrant: c’est pas très croustillant, mais c’est drôle ! Du coup, maintenant je suis grillé : va faire des milliers d’artwork avec une scie ! Puis c’était soit ça, soit

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Patrick Juvet; c’était déjà pris, donc ça a été Sawgood : c’est moche mais c’est marrant. Quel matos utilises-tu pour la production ? Comme tout le monde, le même ! (Rires) J’ai une grosse tour, deux écrans, mes monitorings. Je produis sur Ableton mais j’utilise de moins en moins de plug-ins externes. Les instruments natifs d’Ableton ça parait tout pourri mais à la sortie c’est surtout eux qui ont le plus de tunes pour développer, donc ça plante jamais. En ce moment, j’ai des nouveaux trucs qui s’appellent Sound Toys qui m’ont été conseillés par des potes producteurs Drum n’ Bass. Ils m’ont dit que Noisia les utilisaient déjà depuis plusieurs années. Mais je reviens toujours vers les instrus natifs d’Ableton, c’est plus simple et plus stable. J’ai testé à peu près tout ce qui traîne mais la donne a changé, maintenant, c’est plus difficile de trouver des plugs pour PC que pour Mac alors qu’il y a quelques années c’était l’inverse. Ça fait chier, je suis jaloux ! D’ailleurs s’ il y a quelqu’un qui vend des macs pas cher… (Rires). Tu as fais beaucoup de collaborations avec des artistes étrangers pour tes productions Electro: comment se sont passées toutes ces rencontres: Loc E, A Girl & A Gun,

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Interview par Sebastien Zandrini

Belzebass... Souvent sur Myspace à l’époque, sinon j’ai connu AGAG alors qu’elle venait de faire un morceau avec Belzebass. Du coup, on a fait 2 ou 3 trucs ensemble avec Belzebass quand ils sont venus à Lyon, et notamment une parodie de Mind Dimension de Tiga qui ne sortira jamais. Loc E, c’est pareil, c’est toujours de fil en aiguille sur internet. Celui avec qui j’ai fait le plus de prods c’est DJ Intention. Sinon, j’ai fais des featurings avec Ajapaï en Dubstep, avec Calvertron et Giggi barocco, Loc E et A Girl & A Gun, qui est pour moi le plus important: pour une fois c’est pas moi qui ai fini le morceau, donc c’est comme si c’était pas le mien. J’ai le droit de l’aimer plus que la zik des autres même s’il y a mon nom dedans ! Avec internet, c’est trop simple d’être un à Londres, un à Rome et l’autre au Japon. Je check beaucoup les gens sur Soundcloud, la page d’accueil, c’est mortel pour découvrir des trucs. As-tu des projets avec des acteurs de la scène Bass Music ? J’aimerais bien, on est pas mal pote avec Ajapaï et il faut qu’on rebosse ensemble. Mais après, je veux vraiment garder le coté Electro avec des synthés pourris : j’ai pas envie de faire un truc comme tout le monde. Après, je suis ouvert a tout mais je kiffe pas trop les trucs trop «UK Garage». Pas de projet avec les lyonnais ? Ben on les as comme amis sur Facebook, on les connais ! J’ai pas vraiment envie de faire des trucs avec les français ou la scène locale. On est en 2011 et quand tu bosse avec un mec au Japon, ton son il est autant connu à Lyon qu’à Tokyo et du coup, faut en profiter, c’est la chance qu’on a de mélanger des trucs qui viennent de partout. En plus on a plus de culture alors si en plus on reste lyonnais… J’ai mon abonnement internet et je paye ! (rires) Beaucoup de producteurs s’isolent musicalement de ce qui se fait autour d’eux pour créer. Est-ce que c’est ton cas où il y a une ou des muses qui motivent Sawgood ? Je peux pas produire s’il y a quelqu’un dans mon immeuble, je suis obligé de m’enfermer et mettre le son super fort pour être tout seul. Après j’ai les oreilles toutes pinées ! J’entends plus que moi et du coup, je peux baisser le son ! Mais s’il y a ma meuf, je peux rien faire; si on me dérange, s’il y a le téléphone qui sonne, je jette tout, je cherche même pas à revenir dessus. Maintenant, je reprends les vielles méthodes, je fais que des

samples. Après faut aller jusqu’au bout de ses idées. J’écoutes pas beaucoup de son mais je me mets des morceaux en boucle et c’est ça qui m’inspire le plus. Il y a souvent un rapport avec le sang dans tes pochettes de disques - je pense notamment à Teenage Blitz - et ton univers musical est toujours très brut de décoffrage, des envies de meurtre sur le dancefloor ? Un traumatisme ressurgi de l’enfance ? Ou plus simplement comme moi tu kiffes quand c’est sale ?! (Rires) C’est ça en fait, je suis un putain d’ado ! Là, j’aurais 14 ans, je serais Emo, je mangerais des coeurs de pigeons, limite des tampaxs usés, j’adore ! C’est drôle !!! Après tout le monde dit «la boucherie» en parlant de zik, du coup tu fais un truc avec du sang c’est rigolo ! En plus, mes morceaux sont pas spécialement dark, donc j’adore mettre cette touche “ado”. Pourtant, j’ai eu une enfance bien heureuse ! Après, j’ai pas vraiment de charte graphique mais y’a toujours l’esprit «scie» Puis de toutes manières, j’ai aucun goût, même ma copine me le dit ! Qu’est ce que tu écoutes en ce moment? Euh…, non je vais pas le dire, je vais me faire tabasser ! Dans ma caisse, je me suis fait une bonne playlist «patriotique» avec du Jacques Dutronc et plein de conneries ! Sinon, j’écoutes Afrojack, c’est tellement nul, mais c’est tellement bien produit, j’adore ! Sinon, les Noisia, tout ce qui sort de chez Rottun, dernièrement nouvel EP de Phace, Prodigy, Proxy, du Ajapaï, J. Rabbit et j’ai toujours ecouté de la drum et j’en écouterais longtemps. Après, j’ai pas beaucoup de temps pour écouter des trucs, quand tu produis, ça démotive d’entendre ce que font les autres. Mais, j’ai pas de barrière, je peux écouter des trucs super différents, je cherche les choses bien produites. Tu arrives à vivre de ton art ou c’est encore la galère ? Ben, on a la chance d’être en France avec pas mal d’aides sociales, je vais pas les citer ! (rires) Le truc chiant c’est qu’il faut pas voir à long terme, il y a des mois avec et d’autres sans. Des fois t’enchaînes plusieurs remixes, des dates et au final, quand ça se termine, t’as plus d’actu et il faut se remettre à bosser ! Production, promo, faut se relancer. C’est galère, mais c’est cool !

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INTERVIEW | HATCHA & 16BIT | DUBSTEP | UK

Interview par Aurèle Jacquot et Mattias de Barberin Photo : Marthe Duval de Laguierce

HATCHA et 16BIT ON A CAPTÉ HATCHA ET EDDIE DE 16BIT LORS DE LA OUTLOOK LAUNCH PARTY À LYON. LA BELLE AFFAIRE ! ON A PRIS LES GARS DANS UNE SALLE À PART, HISTOIRE QU’ILS SE TAILLENT UNE BAVETTE : ON S’EST RETROUVÉS À PARLER DE TECHNOLOGIE, DE PRÉSENCE SUR INTERNET, DE RADIO ET DE PATIN À GLACE… UNE INTERVIEW HAUTE EN COULEUR. Salut les mecs, on va commencer avec une question bien fine: vous êtes plutôt «Digital» ou «Vinyle» ? 16bit: Whatever works man Hatcha: Si j’avais des vinyles je n’aurais pas un bac aussi léger. Il y a 5 ans, tous les clubs avaient des platines vinyles bien réglées. Le truc c’est que de nos jours, comme le vinyle est de moins en moins utilisé, le matos n’est pas bien entretenu. Ce qui fait que même avec de la bonne volonté, jouer vinyle, c’est ouvrir la porte à un tas d’emmerdes qui peuvent compromettre la qualité de ton show ! Le CD a beaucoup d’avantages en fait ! 16bit: C’est clair, le pire c’est quand tu fais presser tes acétates (dubplate vinyle) : tu dépenses 40£ pour te retrouver avec un son que tu ne peux pas jouer ! C’est un bon choix niveau santé aussi : regarde moi, je suis faible, les vinyles me font mal au dos. Donc je joue sur Serato.

comme à la Fabric, tu ne peux pas te permettre de jouer quelque chose de plus Deep, les gens attendent de grosses tracks. J’en joue donc, surtout les versions VIP ! Alors qu’au contraire, dans des clubs plus underground comme le Forward tu peux essayer de nouvelles choses… Au passage j’adore ce club !

Jouez-vous beaucoup de promos, de sons qui vous sont envoyés ? Hatcha : Non, pas celles qui sont envoyées en masse en tout cas. 16bit : La même. Hatcha : Si tu n’es pas un DJ « in », tu peux difficilement jouer des exclus. Mais quand t’es au top, tu dois jouer le top, les trucs que personne n’a. Et si je joue avec Skream et Benga… Bordel je suis obligé de changer ma sélection !

Qu’est ce que tu peux nous dire à propos de ton label «Sin City»? et Hatcha Tv ? Hatcha : Sin City, ça fait 2 ans que c’est lancé, maintenant c’est BannerWorx qui gère le label. Pareil pour Hatcha Tv, les mecs entretiennent le site et souvent ils me suivent lors de mes concerts, pour des occasions spéciales. Ils filment tous ça et le balancent sur mon site après. 16bit : Ils le filment sous la douche aussi…

Comment abordez-vous vos sets justement ? 100% dubplates ? Hatcha : Non ce que je fais, je check ce que la foule veut. Du coup ça passe par des passages obligés, genre Magnetic Man. Pour les grosses dates, comme les festivals ou les grands événements, la foule veux entendre des tracks qu’elle connait. Il faut la jouer un peu « top 5 dj » tu vois ! Au Ministry Of Sound

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Tu suis quelques nouveaux producteurs ? Hatcha : Ouais. J’ai des dubs de nouveaux artistes, des mecs que je suis de près, qui devraient sortir des morceaux sur Sincity. Le son de Stinkahbell par exemple. 16bit : Et tes productions ? Hatcha : Mec, j’ai une femme et 2 enfants à nourrir, je ne peux pas être 24h/24 dans mon studio comme Skream ! Mais je fais quand même des sessions studio, le matin souvent. Hé, j’ai sorti quoi, 5 morceaux l’année dernière !?

(Rires). D’ailleurs avec 16bit vous faites des videos aussi sur votre chaîne Youtube. On a matté le clip de Skullcrack, c’est votre vision du Dubstep ce clip ? Est-ce qu’il représente un peu la violence que les fans attendent du Dubstep, de tes prods ? 16bit : Mec, on s’en fout, ça nous faisait juste marrer. Y a aucune intention de représentation de quoi que ce soit, on l’a fait et on s’est dit «ça marche, c’est fun» et on l’a mis sur Youtube.

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Hatcha : Après tout le monde peut interpréter ça de manière différente, c’est comme la musique. 16bit, c’est quoi ton truc pour produire ses sons de fou !? Est-ce que t’as un état d’esprit particulier en créant ? 16bit: L’important, c’est de faire la musique que tu aimes ! Je ne pense pas qu’il y ait d’état d’esprit-type pour ce genre d’exercice. Des fois, t’as envie de faire de grosses tracks, du genre à retourner un club, et des fois tu fais des tracks plus deep, plus chill, juste pour toi-même, pour kiffer. Les gens qui nous connaissent vraiment savent que nous produisons ce genre de tracks, mais la plupart ne prêtait pas attention à nous avant que ne sortions des «Bangers». Ce n’est qu’en jetant un œil à notre discographie qu’ils l’ont su. Je pense que produire exclusivement du commercial, c’est une solution à court terme. A ce propos, y a-t-il un projet en particulier dont tu veux nous parler ? 16bit : On a récemment attaqué un projet avec la chanteuse Bjork. On s’est rencontrés à New York, super vibes, la dernière chose que je lui ai faite, c’est mettre mon doigt dans son oreille. On travaille sur un Ep, ça devrait sortir dans l’année. J’ai pas envie

qu’on compare cette collaboration avec d’autres genre Chase & Status et Rihanna ou encore entre Rusko et Britney Spears, ça n’a rien à voir. Bjork est vraiment une artiste à part. Hatcha, parle-nous un peu de ton expérience de la radio. Hatcha : J’ai un show toute les semaines sur Kiss à Londres. J’étais sur Rinse avant, le premier DJ à jouer du Dubstep ! Parfois Radio One aussi. J’ai fait ma première radio à 16 ans ! Aussi premier mix à 10, premier concert à 11… 16bit : Sur un f****g tricycle ou quoi ? Hatcha: (Rires) Ouais, j’ai commencé jeune. Mais aujourd’hui si je n’avais pas la musique, je n’aurais rien. Ça et le sport : j’ai joué au hockey sur glace pour l’Angleterre aussi. 16bit : Quoi ? Hatcha fait du patin à glace ? Hatcha : Ouais j’adore ça ! Bon et tu vas jouer quoi ce soir ? Hatcha : Du lourd mec. Eh, mon show est dans 10 minutes ! 16bit : N’éclate pas trop le public, je joue après, vieux.

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FOCUS | DIRTYPHONICS | DRUM&BASS | DUBSTEP | FR

Interview par Julien Duclos Photos de Guillaume Tappa

DIRTYPHONICS APRÈS LEUR SET À LA BASS JUMP À GRENOBLE, BASS MAG INTERCEPTE PITCH-IN ET PLAYTE DANS LES BACKSTAGES. Bien passé ce soir ? Chanmé ! C’est un gros plaisir de jouer « chez nous », en France. C’est vrai qu’on tourne beaucoup plus à l’étranger et c’est cool d’être là, avec un bon accueil du public et tout le monde avec la banane. Quelles différences percevez-vous entre le public américain et européen ? C’est clair qu’il y a des différences flagrantes au niveau de l’organisation et des gens de manière générale. En Europe, par exemple en Belgique, en Hollande ou en Allemagne, le plus vieux à la soirée a 22 ans. Les gamins ont entre 15 et 22 ans et ils connaissent toutes les tracks par coeur. Tu mets un tease, un double drop, ils réagissent car ils connaissent tout par coeur, c’est des gros nerds ! En Russie aussi ça répond bien, comme en Ukraine et en Pologne d’ailleurs. Aux EtatsUnis, la culture Drum & Bass et Dubstep est assez récente mais ils savent très bien ce qu’il se passe. Ca devient très gros là-bas et ils se développent 250 fois plus vite qu’en Europe. Malgré un tout petit retard de la scène électronique par rapport à l’Europe, ils ont une énergie et des moyens

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financiers énormes pour se développer très très vite. MC Youthstar ayant quitté le projet, vous n’êtes plus que quatre ? Oui, c’est toujours difficile de se séparer d’un membre de son groupe mais on a pris des chemins artistiques différents. Youthstar se consacre plus à l’écriture, il prépare un album et bosse sur pas mal d’autres projets. Le truc positif pour nous c’est que les gens se focalisent plus sur les machines. Quand tu as un MC, les gens ont tendance à regarder le chanteur. Maintenant on est devenu les frontmen. Au bout du compte, la transition s’est bien passée. En live, qui fait quoi ? Nous sommes 4 personnes en ligne avec différentes machines : 2 MPC, 2 DJM800, 4 platines CD, 1 filtre Moog pour filtrer les basses (wobble) et 1 Kaos Pad pour faire les effets. Sur les MPC on pré-découpe chaque note de nos morceaux et on rejoue chaque mélodie note par note comme un instrument classique, ce qui permet de faire des versions différentes, des versions VIP.

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A la française, c’est le principe des chaises musicales. On est multi-tâches ! Il y a un ordinateur principal avec un monitoring d’enceintes. A côté un mec va développer une idée sur autre morceau, au casque sur son laptop. A côté un gars va faire un graphisme pour une nouvelle pochette. Et ça tourne. Mais c’est quand même la bataille pour la souris (rires). On fait tout nous même : morceaux, visuels, vidéos, la com... Maintenant on a une plus grosse équipe derrière nous (agent, manager) qui nous permettent de se consacrer plus à la production. Quel matos, logiciels et plug-in utilisez-vous ? On travaille sur Cubase. Après avoir beaucoup squatté Massive, on utilise maintenant un Korg MS20, un Roland SH101 et surtout un VIRUS, qui est un clavier hardware mais qui commande un plug sur l’ordinateur. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes producteurs ? Travaillez, amusez-vous et vous prenez pas la tête avec des règles pré-établies, il n’y en a pas ! Ça m’a beaucoup trop freiné pendant longtemps. Un kick ne doit pas sonner comme-ci ou comme-ça, à 50 Hz ou quoi, on s’en fout. Pour apprendre à faire des basses comme Subfocus ou Skrillex, allez sur Youtube et cherchez des tutoriaux. Mais après, faites votre truc à vous. Si vous voulez savoir si votre morceau sonne, comparez-le avec un morceau d’un producteur super balèze qui se rapproche de ce que vous avez envie de faire. N’ayez pas peur de faire de nouveaux trucs, de nouveaux concepts.

Justement est-ce qu’il y a une part d’improvisation ? Estce que c’est millimétré ? Quelle est la part de liberté, d’imprévu ? Dans la globalité, c’est assez préparé. C’est obligé pour synchroniser quatre personnes. On a aucun ordinateur. Charly (Playte) et moi (Pitch-In) callons les disques, les instrus, les beats. Il faut être carré et bien gérer les volumes. Thomas (Capskod) et Julien (Pho) doivent aussi être super carrés sur ce qu’on fait, donc c’est évidemment travaillé à l’avance. Quand tu tournes beaucoup, ce qui est notre cas maintenant, tu as une certaine facilité et après tu peux improviser et surprendre tes potes. On se prévient pas forcément et on se fait des petites surprises, c’est ça qui fait l’interaction. En gros c’est calé, c’est un live, c’est pensé comme un concert mais maintenant que ça tourne et que c’est rodé, on se permet de faire des petites impros à la cool.

Quels sont vos projets ? On part mercredi prochain (16/04) aux Etats-Unis pour la conférence de Miami et on en profite pour faire une petite tournée de 2 semaines : Austin au Texas, Chicago, Los-Angeles, Miami et Minneapolis. On a énormément de festivals cet été en Europe puis en Octobre on va en Australie et en Nouvelle-Zélande. Au niveau des sorties on a pas mal de trucs prévus : le remix de « Wondering » du groupe de Rock anglais ‘Does It Offend Yeah ?’, un morceau pour le prochain album de Tali, un maxi pour Dim Mak le label de Steve Aoki, une collaboration avec le groupe d’Electro Mustard Pimp. On vient de finir un remix de Skrillex qui va sortir chez Warner. On prépare un maxi Dubstep pour la chaîne Youtube UKF qui monte son label. Et surtout on bosse sur notre album prévu pour début 2012. Le mot de la fin ? Merci Grenoble, mon tee-shirt est trempé, c’était un énorme kif. Keep it Dirty !!!

Vous êtes signés sur Audioporn, le label de Shimon, comment s’est fait la connection ? C’est un peu grâce à Tali qui était chez nous pour enregistrer The Secrets. Crissy Criss a passé deux fois d’affilé notre morceau French Fuck dans son émission sur BBC1 Xtra et Tali a senti qu’il y avait quelque chose à faire. Elle a sauté sur AIM et contacté Shimon, Fabio, Hype... Shimon a répondu direct qu’il voulait signer et nous a invité chez lui en Angleterre. On est donc monté avec nos ordinateurs, MPC et on avait déjà quatre morceaux de prêts avec les pochettes. Il a pris tout le packaging. Au niveau de la production, est-ce vous produisez tous les quatre ? Ensemble, chacun chez soi ?

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INTERVIEW | BORGORE | DUBSTEP | ISRAEL

Interview par Julien Duclos Photo de Marie-Charlotte Dapoigny

BORGORE NOUS ÉTIONS AU REPERKUSOUND A LYON, OÙ BORGORE ÉTAIT PROGRAMMÉ. NOUS N’AVIONS PAS PRÉVU DE FAIRE D’INTERVIEW MAIS LE GARÇON NOUS A SEMBLÉ FORT SYMPATIQUE ALORS UNE PETITE DISCUSSION S’EST ENGAGÉE À SA SORTIE DE SCÈNE.

Salut ! Tu viens de passer sur scène ! A chaud, quelles sont tes impressions ? Génial. Excellent public. Très motivant. Et lors de ton set, tu as chanté ! Exact. Tu as même pris un bouteille de chantilly pour la vider sur le public ! Oui, pour ma chanson intitulée ‘Love’. Comme quand on finit sur le visage des filles. La crème fouettée est donc comme... enfin voilà, tu m’as compris. Oui oui ! (Rires) Plus sérieusement, quand as-tu commencé à produire, à être DJ ? Il y a à peu près quatre ou cinq ans. Moi et ma copine nous étions séparés et j’étais plutôt déprimé. Et j’ai donc décidé que j’allais écrire quelques paroles à son sujet. Et j’étais assez extrême, c’était une manière pour moi de me sentir mieux. Tu aimes chanter donc ? Oui, je suppose que oui. C’est la chose la plus naturelle qui vienne à un homme. Tout le monde chante. Mais c’est plutôt exceptionnel de voir un DJ Dubstep chanter ! Je monte simplement sur scène et je m’amuse. J’essaie juste de prendre le plus de plaisir possible à faire ce que je fais. Ma vision des choses, c’est que si je prends du plaisir, la foule aussi en prendra. Je vois beaucoup de DJs comme ça, juste debout là, et en fait on dirait qu’il se font vraiment chier en jouant ! Je pense que l’essentiel est avant tout de passer un bon moment avec le public, tu vois. De sentir le public ressentir tes émotions. Et qu’en est-il de tes origines? Tu viens d’Israel il me semble... En effet. Comment est la scène Dubstep là-bas ? La scène y est très importante. Énorme même. Il y a beaucoup de producteurs ? Il y a énormément de DJs, pas beaucoup de producteurs,

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mais beaucoup de soirées. Je t’assure, il y a un ou deux ans de ça, Israel était l’une des sènes les plus importantes, parce que nous avions des milliers de gens à chaque évènement. Mais ces derniers temps, quel que soit l’endroit où j’aille, le Dubstep est un phénomène tellement énorme qu’Israel n’a plus cette position de leader. En terme de production, quel genre de logiciel utilises-tu ? Avant j’utilisais Cubase, mais en ce moment j’utilise beaucoup Ableton, parce que je suis passé de PC à Mac et j’ai trouvé Ableton très facile à utiliser, tout y est très intuitif. Tout ce dont tu as besoin est à portée de main. Un conseil pour devenir un bon producteur: se tenir à un programme avec lequel on se sente particulièrement à l’aise, parce que fondamentalement, tous les logiciels font la même chose, que ce soit Fruity Loops, Cubase, Ableton ou même Logic. Le mieux reste donc de s’attacher à celui qui nous permet de nous exprimer le plus naturellement possible. Parce qu’au final, ils sonnent tous de la même façon. Et donc toi, c’est davantage avec Ableton ? Oui ! Mais honnêtement, je peux travailler avec n’importe quoi ! Donne moi n’importe quel programme, une semaine, et le tour est joué. Ok, et tu as des plugins, des sons que tu affectionnes particulièrement ? J’appécie beaucoup Massive. C’est super. Quand tu dois le prendre pour donner un peu de distorsion, de phaser parfois... hop c’est fait, et ça sonne bien ! Tu aurais des conseils pour les producteurs débutants ? La production est un peu comme toutes les autres activités. Plus tu travailles, meilleur tu deviens. Et si tu arrêtes de t’entraîner, tu perds ton niveau. C’est quelque chose qu’il te faut entretenir, un peu comme le piano. Tu t’entraînes 8 heures par jour, et tu deviens un virtuose. Mais si tu ne le fais pas, tu ne le seras jamais. C’est un travail de longue haleine, de tous les jours. Tu penses que tu es le plus célèbre en Angleterre, ou en Israel ? Tu penses que ta musique est internationale ? Mes morceaux sont super-internationaux. Je pense que je suis l’un des DJs qui a le même niveau de réputation dans tous

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les pays. Il y a des DJs qui sont plus connus et réputés dans certains pays que dans d’autres. Mais quel que soit l’endroit où je me rende, je donne le meilleur de moi-même. Comme maintenant. Tu n’es jamais sûr de rien dans ce business, peut-être bien que l’année prochaine tout le monde adorera la Minimale, et je ne serais plus vraiment dans le coup. Mais pour l’instant, je m’efforce d’être bon partout où que j’aille. As-tu des influences, des groupes qui t’ont particulièrement marqué ? Je pense qu’il faut écouter et s’intéresser à tout. J’écoute J.S. Bach comme j’écoute des trucs de Wayne Shorter, les Circus Guys, The Rapture, Joe Cocker, Skrillex, … J’écoute tout le monde ! Je pense que la magie réside dans le fait d’écouter et d’apprécier la musique, non dans le fait de se restreindre. Il faut tous les jours écouter quelque chose de nouveau, considérer toutes ces idées.

Et si tu avais trois morceaux, exceptés les tiens, auxquels tu es très attaché, là maintenant, quels seraient-ils ? Là maintenant ? J’aime beaucoup le remix de Netsky, ‘Everyday’... Oui de Rusko, le dernier que tu as joué, c’est ça ? Oui, celui-là. Pour les autres je ne sais pas, il y en a tellement ! Bon laisse moi prendre mon iPod, les deux premiers morceaux les plus écoutés qui vont apparaitre seront les bons ! Premier morceau: Amy Winehouse, ‘Back to Black’ ! Et l’autre est Deftones, ‘Lifter’. C’est très éclectique ! Oui, mais j’aime de tout, comme je te l’ai dit ! Ok, merci beaucoup pour cette interview, et pour ce très bon set de ce soir ! Merci à toi !

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INTERVIEW | ORGANIKISMNESS | DRUM&BASS | NZ

Interview par Marie-Charlotte Dapoigny Photos : DR

ORGANIKISMNESS IL EST DE CERTAINES TROUVAILLES COMME D’ANCIENS TRÉSORS CACHÉS. ON LES DÉCOUVRE SOUDAINEMENT, ET ALORS LA JOIE SE MÊLE AU PLAISIR COUPABLE D’AVOIR TOUJOURS SU QU’ILS ÉTAIENT LÀ ET DE NE PAS L’AVOIR DIT PLUS TÔT... C’est à peu de choses près ce qui m’est arrivé avec Organikismness. J’ai découvert ses morceaux en même temps que l’artiste au cours de l’été dernier. Et je les ai secrètement gardés, bien au chaud dans une playlist, toute fière que j’étais de mon immense trouvaille. Parce que ces titres ne sont pas facilement accessibles. Qui d’autre qu’une petite souris assidue de Trackitdown telle que moi aurait pu tomber dessus, sinon par hasard ? Trop peu de gens ne connaissent ici ne serait-ce que son nom, sinon très vaguement, pour ses collaborations avec DubFx. Mais les intérêts du DJ finissent bien un jour par se heurter aux impératifs moraux du journaliste: cet artiste ne pouvait indéfiniment rester dans l’ombre, sournoisement dissimulé aux oreilles du monde par d’égoïstes desseins. Pour me dédouaner de ces mois de silence volontaire, ce producteur de talent trop méconnu, et de vous présenter son premier album avec tout le respect dû à son rang, en attendant impatiemment le second, dont la sortie est prévue cet été. Je vous invite vivement à écouter «Outer Space», pour moi l’un des morceaux les plus représentatifs du travail de celui que l’on nomme affectueusement ‘Organik’ dans son pays natal. Basses profondes, mélodies et rythmes tribaux, venus d’un autre temps, d’un autre monde. D’ailleurs. Bass Music Magazine: Tu es pour moi l’un des producteurs néozélandais les plus discrets. Il est donc assez difficile de retracer ta carriere. Pourrais tu nous en dire un peu plus sur toi, comme es tu tombé dans le DJ’ing et la production Bass Music ? Harry: J’ai débuté ma carrière de DJ avec un battle de DJing Hip Hop & Big Beat quand j’avais 14 ans, à Auckland. Je me suis fait une place petit à petit au travers des différents genres, à la recherche de l’un d’entre eux qui me ferait vraiment accrocher. Je l’ai trouvé à l’âge de 17 ans, il m’a littéralement scotché corps et âme: la

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Drum n’Bass. J’ai commencé à en mixer et de fil en aiguille, j’ai atteint l’âge de 18 ans et j’ai pu aller en soirée en ville, et voyager en tant que DJ. Quand j’ai déménagé à Nelson, j’ai formé un duo avec un ami: Organikismness était né, et nous avons commené à composer ensemble sous ce même nom. Nous avons sorti notre premier album ‘Touch’e’ en 2006. En 2008 nous nous sommes séparés, et j’ai décidé de poursuivre Organik en tant que projet solo. A partir de là, j’ai sorti un second album “The Web That Has No Weaver” en 2009, la même année de la sortie de mes deux singles sur Protogen Recordings, ainsi que mes premières sorties Dubstep en Nouvelle-Zélande et à l’international. 2010 fut l’année où je pus enfin terminer mon second album ‘Form in Motion’, mon premier album solo, et ma plus grande oeuvre en tant qu’artiste jusqu’à présent. J’ai aussi récemment lancé mon propre label Oragnik Audio, dont les premières sorties vont commencer en mai 2011. Ainsi qu’un groupe live à cinq Dubstep/ Electronica, appelé Soulware. J’habite aujoud’hui un petit village à une heure de Nelson, Riwaka, sur la rive Ouest de Tasman Bay, là où est mon studio et ma maison, un endroit tout petit et très calme, très beau et vraiment magnifique pour composer de la musique. J’ai vu que tu faisais le choix de ne jouer que tes propres productions lors de tes prestations DJ. Pourquoi ne pas mettre en place une prestation live à la place ? J’ai commencé à le faire il y a six ans et je ne l’ai jamais regretté. Tu as un contrôle très créatif sur la qualité du son que tu envoies, tu peux éviter le surplus sonore du morceau un peu plus fat qui suit, et tu peux apporter quelque chose avec les platines qui te place instantanément à part. Je joue aussi sur Apc et Mpd lorsque des représentations live avec mon groupe Soulware. Mais pour la Drum n’Bass et le Dubstep j’apprécie tellement le fait de mixer que je ne ferais jamais quoi que ce soit pour perdre ça.

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Voici la vue depuis le studio d’Organikismness... Il me semble avoir remarqué que la scène néozélandaise était assez unifiée: de jeunes producteurs sont souvent supportés par les plus vieux. Malgré cela, je n’ai rien trouvé dans ta discographie avec aucun d’entre eux, pourrais-tu expliquer pourquoi ? Nous sommes tous bons amis, mais j’ai toujours habité assez loin. Je travaille actuellement sur un projet avec Tiki. En fait, j’étais dans un groupe avec State of Mind lorsque nous avons commencé il y a à peu près huit ans, et j’ai fait des tournées avec eux. J’ai discuté de projets avec The Upbeats et Concord Dawn de nombreuses fois, nous ne nous sommes simplement pas encore retrouvés dans les studios. C’est indéniablement un manque d’occasion et non de volonté. Parlons un peu plus précisément de ton son. J’ai acheté ton dernier album sorti à la fin de l’été dernier, et je l’ai trouvé très intéressant. Selon moi, il met en exergue une des spécificités du son néozélandais: l’influence tribale. D’où cela peut-il venir ? Eh bien, mon son vient d’un endroit vraiment unique: comme je l’ai dit, je vis à la campagne, donc mes influences de tous les jours sont vraiment particulières. Je suis aussi un amoureux de la nature, et j’adore la culture tribale. Avant qu’il y ait une notion d’énergie, les origines de la musique sont tribales, et je penseque sans vraiment le faire exprès cela se ressent dans mon travail. J’essaie de sonner différemment, une sorte d’hybride de digital et d’organique. Mon principal objectif est de faire transparaitre l’émotion, plus que le groove, ce qui pour un producteur de “dance music” n’est pas si porteur. Tu es un artiste assez insaisissable, difficile à classifier, entre le Dubstep, la DnB, et les sonorités très variées que tu explores à travers ces genres respectifs (Techstep, Minimal, & Deep). Quel est ton principe dans ce paysage multicolore ? Eh bien quand je joue, j’essaie de trouver un lien entre ce que je ressens et ce que je pense apte à faire danser les gens (ou les apaiser, selon le set). Je travaille toujours là-dessus, autant que possible. Je pense que l’évolution et la nuance sont les éléments-clefs d’un set, en particulier de nos jours. J’essaie de jouer les morceaux les plus sensibles et les plus lourds de la soirée, et crée un véritable voyage entre eux. En terme de production j’écris ce que je ressens, et cela change d’un jour à l’autre, le son en fait naturellement de même.

Il y a de la nuance partout, dans tout ce que je fais, mais mon son est reconaissable entre mille (c’est en tout cas ce qu’on m’a dit), que ce soit du Dub en live avec Soulware ou du Glitch à 200 Bpm. Tout reflète ma personnalité. Le temps de séparer la musique en différentes sphères hermétiques est quelque chose d’assez surrané je crois. Je joue de l’Organikismness, et c’est bien là mon seul et unique cadre de pensée, non le Dubstep ou la Drum n’Bass. En quelques mots, c’est du “Dubstep/DnB/experimentaldownbeatglitche lectronica-ness” Des projets en cours, des collaborations dans les prochains mois ? Toujours ! Je viens de terminer quelques remixes pour DubFx et j’en commence un nouveau pour Tiki bientôt. J’ai passé un certain temps en studio avec Optimus Gryme, Tsunliminal et Grouch. La plupart de mes derniers efforts en production ont été tournés vers le prochain album ‘The Skyscraper Delusion’, et d’autres singles pour Organik Audio. J’ai vu dans ta biographie que tu prévoyais une tournée en Europe en 2011... Est-ce toujours d’actualité ? Oui, j’essaie d’organiser une tournée européenne en Septembre après être allé aux Etats-Unis. Je vous tiendrais au courant des prochaines dates, et si vous voulez trouvez plus d’infos vous trouverez les détails sur mon site www. organikismness.com. Allez, pour finir, la fatidique question: quelques conseils pratiques et matériels aux jeunes bassheadz qui nous liront ? Choisis ce que tu veux vraiment faire de ta vie. Accroche toi à cet objectif, et sois humble. J’utilise FL Studio 9, et un sacré paquet de VST, environ 600 GB de samples, de grands Mackies, vraiment top ! En live, une Akai APD40 et un controler MPD20, un Kaos Pad, un Kaos Vocoder R4, des synthés, une table de mixage Tabco, tout un tas d’instruments live et quelques gadgets. Mais pour être franc je ne pense pas que toutes ces choses comptent beaucoup, la musique réside dans la créativité et la maîtrise du matériel. Biggie disait que c’était un gouffre financier, et crois moi, plus de matériel = plus de problèmes. Simplifie - Moins, c’est mieux.

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Texte par Marie-Charlotte Dapoigny Photo : DR

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STATE OF MIND Nil by Ear LP IL ARRIVE PARFOIS, LORSQUE QU’ON APPRÉCIE PARTICULIÈREMENT UN ARTISTE,QUE L’ON PUISSE ÊTRE DÉÇU LORS QUE VIENT POINDRE UN NOUVEAU PROJET: A FORTIORI LORSQU’IL S’AGIT D’UN ALBUM, AVEC TOUTE SON ORIGINALITÉ... MAIS AUSSI LE BESOIN DE SE DÉPASSER, DE PROPOSER QUELQUE CHOSE DE NEUF TOUT EN RESTANT COHÉRENT. FORT HEUREUSEMENT, CE NE FUT PAS LE CAS ! APRÈS MOULT ÉCOUTES, RÉÉCOUTES, DEMANDES D’AVIS DIVERS, TESTS EN CONDITIONS RÉELLES SUR UN PUBLIC... ÇA Y EST, LE MOT EST LANCÉ: CET ALBUM EST EN TOUT POINT EXCEPTIONNEL. Comme nos très chers State of Mind ont déjà fait l’objet de toute notre attention lors du précédent numéro, il fallait trouver une forme originale pour présenter un peu plus précisément ce nouvel LP. Nous ne répéterons pas ici tout le bien que nous pensons de ce duo, ni les informations essentielles qu’ils nous ont divulguées lors de notre précédente interview. Cet article sera davantage le lieu d’une rencontre, d’une conversation amicale que j’ai pu entretenir avec Stu, voici quelques heures, au sujet de cet album qui représente à mes yeux l’une des meilleures performances de l’année.

en est un): ‘Merde, comment pourrais-je expliquer ça pour que tu comprennes?’ Me voici sans voix, le temps que je comprenne qu’il ne me pensait pas particulièrement stupide, mais que tout simplement, il s’agit d’un jeu de mot sur une tournure idiomatique. Il s’avère finalement, après quelques volutes et apartés divers sur les nuances de la langue de Shakespeare, que ‘Nil By Ear’ fait référence à une formule médicale, ‘nil by mouth’: c’est le jeun que l’on impose aux malades, avant une opération par exemple. ‘Nous en avons plus que marre des gens qui n’écoutent pas vraiment de musique et qui ne décident pas eux-mêmes de ce qu’ils doivent apprécier’, ajoute Stu. ‘Il y a trop de gens qui Voici venu pour nos deux néozélandais le temps de vont sur Youtube et qui se mettent sur des chaînes comme l’expectative. L’album est sorti ce jour sur iTunes (en UKF, ou autre grosse chaîne du même genre. Et ils se disent Nouvelle-Zélande exclusivement, sortie internationale tout simplement “allez, celui là a beaucoup de vues, c’est que prévue à la fin du mois). Et il est déjà numéro un des ventes ça doit être bon!” Mais ils ne réalisent pas que ces chaînes d’albums dans les charts indie. L’avenir s’annonce donc en question sont en fait payées pour mettre la musique en plutôt radieux, mais je sens tout de même une certaine ligne. Ces gens ne vont pas dans les magasins, ni sur les tension chez mon interlocuteur. Voici un projet fort attendu. plateformes de téléchargement. Ils ne vont rien chercher Stu m’avouera qu’ils sont plutôt fiers du résultat, et surtout par eux mêmes, c’est vraiment triste. Et on se retrouve avec contents de voir ces mois de labeur prendre fin ! Et il y a de des morceaux comme celui de Rebecca Black, ‘Friday Song’, quoi. Stu a.k.a l’éternel insatisfait ajoutera qui se retrouvent avec plus de 30 millions même “Pour notre précédent album, nous de vues en l’espace de deux jours. Non pas «Nous en avons plus avions le sentiment que ce n’était pas aussi parce que c’est bon, mais juste parce que bon que cela aurait pu être”. En voilà un que marre des gens les gens en entendent parler. Avec le titre qui fait encore son difficile ! M’est plutôt by Ear’, nous faisons donc un clin d’oeil, qui ne décident pas ‘Nil avis que si toutes les sorties Drum n’ Bass sur cette triste thématique de l’incapacité à étaient moitié aussi bonnes, le visage de la eux-mêmes de ce qu’ils se servir de ses oreilles.’ Je tiens enfin mon musique serait tout autre. explication. doivent apprécier» Il me fallait passer furtivement par la sempiternelle question concernant la signification du titre, néanmoins passage obligé si l’on veut tenter de comprendre un peu le sens du projet dans sa globalité, (si tant est qu’il

Nous voici aussi face à un projet qui semble vouloir prendre une toute autre envergure, avec une pochette graphiquement très travaillée. Voilà qui tranche un peu avec la simplicité du précédent album. Stu

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Texte par Marie-Charlotte Dapoigny Photo : DR

et Patrick ont décidé cette fois-ci de donner un bien beau là que se trouvent nos racines, à nous, les bassheadz: une vernis à leur oeuvre. ‘C’est le produit du travail d’un artiste incommensurable part de notre histoire ! ‘Nous sommes anglais que nous a conseillé Sigma’ me confie Stu. ‘Cette d’accord’ (Rires). fois-ci, le format digipack prend une vraie forme, nous en sommes très satisfaits. C’est l’oeuvre de Richard, qui travaille Et moi d’avouer toute la difficulté que j’ai eue à préparer pour Devolution Design’. M’est avis que cette image n’est une interview. Bien difficile de se limiter à quelques titres, pas tombée du ciel, et il me confirmera ‘Oui, alors que tous me semblent mériter une place nous avions un concept à la base. La personne dans mon article ! ‘Parfait. C’est l’objectif que sans visage avec une perspective qui répète sa «Si la minimale nous avons essayé d’atteindre avec l’album. De silhouette à l’infini. Le graphiste a assemblé en sorte qu’on ne puisse pas le réduire à un est à la mode, faire quelques dessins, et nous sommes partis de simple single, c’est nul. Nous voulions un album n’allons qui puisse s’imposer petit à petit dans l’esprit là. Je pense qu’avec un album, il est important nous d’avoir un nom, et un concept fondateur.’ Je ne pas nous essayer des gens.’ Voilà selon moi un objectif atteint. Je le contredirais pas. ‘Le graphisme doit faire sens pense qu’ils sont parvenus à proposer quelque désormais, et ainsi l’album prend une dimension à ce genre juste chose de particulier ici, quelque chose qui va vraiment professionnelle’. Voici qui explique pour être dans nous marquer pour un bon moment. ‘Plus cette sensation d’harmonie, une esthétique qu’à espérer que les gens écoutent !’ ajouteglobale, phénomène plutôt rare dans le milieu le coup.» t-il. Certainement, je le souhaite aussi de tout Drum n’Bass, assez curieux pour être relevé. coeur. Il nous faut désormais entre dans le vif du sujet. Nous voilà à discuter du merveilleux “Deeper Stories”. Pour le lecteur profane, ‘Deeper’ était l’un des titres phares du précédent album, composé avec le grand Chris SU. ‘Deeper Stories’ sonne comme un remix sans en être vraiment un. Je lui confie mes premières craintes, car il est vrai que lorsqu’on éprouve un attachement particulier pour un morceau, on peut avoir quelques réticences à l’idée de voir cette relation brisée par une possible déception. ‘Je vois ce que tu veux dire. A la base, ce morceau a été fait pour que nous puissions le jouer en live. C’est un peu un remix-mashup de Deeper, pas très bien ficelé avec un morceau de Trei et nous-mêmes, ‘True Stories’. Mais lorsque que je l’interroge sur la perspective de nouvelles entreprises du même ordre, il me répond par la négative: ‘Non, nous faisons quelques remixes comme ça, mais on ne les vend pas... Parfois on les met juste en téléchargement libre sur notre Soundcloud, comme le dernier ‘City On Fire VIP’, ou le remix de ‘Sunking’ sur notre chaine Youtube. En fait, nous l’avons joué pendant pas mal de temps, et puis finalement on s’est dit ‘Bordel c’est bon, tout le monde peut l’avoir et puis c’est tout’. On ne s’en plaint pas !!!

«Adam Freeland est un de nos producteurs préférés» J’avais été quelque peu surprise en écoutant leur ‘Fucking Sellouts’, l’un des morceaux les plus intéressants. ‘Breaks. Le premier né de la Dance Music.’ Ce titre nous avait rappelé du Adam Freeland de la grande époque. ‘En effet, Adam Freeland est un de nos producteurs préférés, nous sommes partis en tournée avec lui. Sa musique et la nôtre sont sur la même longueur d’onde. Les kids de 17-18 ans ne connaissent certainement pas ce bonhomme, je pense qu’il est important qu’ils en aient un aperçu’. Évidemment. C’est

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Il est bien difficile en ce moment de toucher la scène anglaise, qui semble s’être scindée et davantage portée actuellement sur la vague Deep ou Dubstep. ‘C’est vrai que ce son est à la mode. Mais personne n’achète ce genre de trucs en dehors du petit cercle d’initiés de la Drum n’Bass. Jette un oeil sur les stats Facebook. Regarde qui a des fans et qui n’en n’a pas. Tu pourrais avoir quelques surprises. Cette musique est sympa, mais pour beaucoup de gens, ce n’est pas vraiment dynamique. C’est vraiment dommage, parce que je pense que ça contribue beaucoup à la montée du Dubstep. Imagine, tu as 15 ou 16 ans, tu vas à ta première soirée Drum n’Bass. Quelqu’un est debout là-haut à jouer des trucs minimaux, des morceaux d’Instra:mental, sans énergie propre à exciter un dancefloor. Et ces gamins vont à une soirée Dubstep et entendent du Nero, du Rusko. Et voilà, il n’aiment pas la Drum n’Bass.’ C’est bien possible. Triste réalité que tous ces jeunes puissent passer à côté de toute l’envergure du panel de sons et d’ambiances que peut leur offrir la Drum n’Bass. J’aime bien les sons minimaux, mais il est évident qu’ils peuvent mettre en danger le statut festif et l’aspect ‘Dance Music’ qui constituait l’essence de la Drum. ‘Eh bien, ce n’est pas vraiment de la Drum n’Bass non? C’est plutôt une forme d’Ambient, le tempo est juste le même. Nous faisons le choix de faire ce que nous aimons, même si la minimale est à la mode, nous n’allons pas nous essayer à ce genre juste pour être dans le coup. Ce serait lamentable’. Je sens la faille. Cet album contient pourtant un morceau Downtempo, et nos deux loustics ont déjà oeuvré pour les Fourward, en proposant un remix très chill d’un des morceaux de leur prochain album ! Ils ne doivent donc pas se soucier tant que cela de ne proposer que des morceaux ‘Dance Music’... ‘C’est vrai’, me répond Stu. ‘Mais as-tu déjà entendu ces morceaux sur un sound system ? Ils contiennent une réelle énergie. Pour ce qui est du remix, c’est vrai qu’il est assez tranquille, et plutôt lent. Mais il y a une vraie complexité musicale, ce n’est pas juste une note et un click. Mais bon,

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pour être franc... Je ne le jouerai pas en soirée. Toutefois je l’écouterais volontiers dans ma voiture ou à la maison. C’est d’ailleurs là le problème, je pense’. Nous voici d’accord sur ce point. ‘Mais tu vois, beaucoup de DJs, de producteurs, et même des leaders de la scène ne comprennent pas la différence. Ils sont peut être convaincus que parce qu’ils pensent faire de la Drum les gens doivent danser dessus !’ Et malheureusement, il faut se rendre à l’évidence, ce n’est pas le cas. Ou alors il faut qu’ils prennent beaucoup d’Ecstasy !! (Rires).

spécial ‘Return of the Prophet’, véritable hommage aux Chemical Brothers: on peut y retrouver certains éléments du fameux ‘Galvanise’. 115 Bpm. ‘Oui, je pense qu’il y a un petit arrière-goût très Chemical Brothers dans ce morceau. Mais ce n’est pas fait exprès. Je pense que c’est un peu plus sombre que la plupart des morceaux des Chemical. La musique est assez rollin’ mais les paroles assez cinglantes, si tu peux les comprendre ! Nous avons vraiment essayé d’appliquer nos sonorités à un tempo différent.’ Mais je me demande quel est vraiment l’enjeu du titre. ‘C’est le sujet de la chanson. PNC, le MC, a eu des ennuis avec la police. Quelque chose à voir avec sa façade un peu Rockstar, du genre être un gansta etc. quand il boit un peu trop. Et les gens provoquaient des bagarres, parce qu’il est connu ici. Il devait se faire oublier un peu, prendre des distances pendant un petit moment. Se rassembler, écrire des lyrics, et son nouvel album. La chanson parle de cette période de sa vie’. Comme dans un film !! ‘Oui, à la Emimem ! ‘8 mile.’(Rires)

Mais je gardais sournoisement le meilleur pour la fin: qui Parlons un peu de ‘Punkd’. L’un des premiers morceaux qu’il est donc cette fabuleuse Sacha Vee? ‘Une chanteuse Jazz de m’avait envoyé. Il contient des aspects assez calmes tout en Nouvelle-Zélande. C’est sa première restant très dynamique. C’est l’un de chanson électro. Elle a une voix mes préférés. ‘Oui, l’intro me rappelle un peu des sons d’Underworld. Mais «Nous voulions un album qui fantastique.’ Le genre de chanson que nous voulions en faire quelque chose puisse s’imposer petit à petit j’aimerais bien voir passer à la radio ! ‘J’adorerais avoir quelque chose à d’assez dynamique tout de même’. dans l’esprit des gens» la radio en dehors de l’Océanie. Il y C’est chose faite. Nous retrouvons a quelques temps nous avions nos également sur cet album la voix morceaux sur BBC: ‘Sunking’, Real de l’impérissable Thomas Olivier. McCoy’, ‘Division Ten’, et puis aussi ‘Dune’. ‘Chanteur de talent. On a écrit le morceau et on lui a juste Je leur souhaite que cela puisse se reproduire à nouveau. donné carte blanche pour qu’il pose sa voix dessus. Il n’y a pas beaucoup de chanteurs ici tu sais, il est difficile d’en trouver de nouveaux’. Et pourtant, nous voyons apparaître un nouveau nom sur leurs featurings, celui de MC Woody, sur ‘The Downward Spiral’, un autre très bon morceau. ‘C’est notre MC habituel. Il met bien le feu en live.’ Une dernière, pour la route. Dans tous les esprits de ceux qui auront écouté l’album restera à jamais gravé le très

Nous papotons encore un peu. Bientôt le soleil va se lever ici. Chez eux il n’est pas encore couché. Mais même depuis l’autre bout du monde, par-delà l’océan et quelques continents, cette musique résonnera pour sûr très longtemps dans les esprits et les coeurs européens. Tout le monde n’est pas si ‘Nil by Ear’... si ?

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FOCUS | DOUR FESTIVAL | BELGIQUE

Texte par Fabio Ramos Ennemy, Rhoff qui a quelques bons morceaux à son passif, Akhenaton et Faf Larage en duo, mais aussi certains qu’on risque bien d’éviter comme la peste (Soprano).

DOUR QUAND ILS ONT DÉCIDÉ DE SE LANCER DANS CETTE GRANDE AVENTURE QU’EST L’ORGANISATION D’UN FESTIVAL EN PLEIN AIR, ILS NE DEVAIENT PAS PENSER QUE CELA PRENDRAIT UNE AMPLEUR PAREIL, JUSQU’À DEVENIR UN DES FESTIVALS LES PLUS IMPORTANTS D’EUROPE. Dour est désormais une énorme machine tentaculaire bien huilée qui voit défiler 200 artistes par ans sur 4 jours. Il y a 23 ans, en 1989 le premier festival de Dour a lieu avec cinq artistes seulement et bien évidemment une seule scène. Ils continuèrent avec une seule scène et pas plus de 8 artistes jusqu’en 1994 où ils en reçoivent 25, ce qui marque le premier pas de l’évolution du festival qui continu à grandir petit à petit jusqu’en 2001, où les programmations démesurées commencent à apparaître : 200 artistes sur 6 scènes, avec un éclectisme mis en avant en passant de Motorhead à DJ Zinc en finissant sur un Rhoff pour que les dizaines de milliers de festivaliers venant de l’Europe entière en aient pour leurs goûts. Malgré tout, depuis quelques années, la musique électronique prend une énorme place dans la programmation de Dour et pour notre plus grand plaisir le Dubstep et la Drum and Bass sont chéris par les programmateurs. La programmation uber-aléchantes que nous propose l’équipe de Dour pour cette année 2011 est presque complète. En attendant les derniers noms qui sont sûrement en train d’être âprement négociés, voici ce qu’il vous attend : Cette année en matière de HIP-HOP la programmation a été light mais ceux qui sont proposés sont plutôt énorme. On retrouvera les allumés de Cypress Hill qui viendront vous allumer avec leur mélange de Hip-Hop classique et de leurs racines hispaniques. House Of Pain qui fait le tour des festivals mondiaux fera une halte à Dour et le très cher gangsta Ice Cube fera l’honneur de venir présenter un live, ce qui sera l’événement Hip-Hop du festival. On trouve aussi le subtil électro abstract de Ghostpoet, les papy de Public

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Le ROCK N’ROLL, le HARDCORE et le MÉTAL sont des styles musicaux amplifiés et énergiques à souhait ont une bonne place sur le festival, ce qui fait réellement plaisir à voir. On a le droit à la grosse sauce façon New York Hardcore représenté par Madball, Terror, Agnostic Front, Life Of Agony et First Blood pour la partie saignante. Quelques énormes têtes d’affiches qui nous rappeleront nos années «collège-lycée» comme Papa Roach, Ill Nino, Pennywise et bien d’autres qui viendront pour nous mettre des claques à l’image des Gallows, Anthrax ou encore les Klaxons. Gros Post-Hardcore par Russian Circles composé d’ex-membres du sacro saint Botch. Quelques réjouissances sauce southwest avec Kylesa, Pop Rock taré avec les Blood Red Shoes, Post Rock grace à Mogwai ou This Will Destroy You. On a même le droit aux japonais de Boris qui oscillent entre épopée sauvage Stoner et pachydermie drone bruitiste au possible. Au niveau des MUSIQUES ÉLECTRONIQUES, le nombre d’artistes montent exponentiellement chaque année et pas uniquement des artistes estampillé Electro. On a le droit au spectre électronique au grand complet. En commençant par l’Electro-Techno : Boys Noize, Erol Alkan, Bart B More, Tiga, D.I.M, Proxy, Housemeister, Laurent Garnier, Shadow Dancer, Jack Beats, Partyharder, Vitalic et j’en passe. Grosse ration de Bass Music anglaise avec entres autres : Netsky, Noisia, TC, Doctor P, Pearson Sound, Joker, Camo & Krooked, 16Bit, Reso, Rusko, Eskmo, Caspa, Feed Me, Sigma, Brookes Brothers, Bok Bok, Joy O, Digital Soundboy Soundsystem, True Tiger ainsi que d’autres noms, tous plus impressionnants les uns que les autres. On a aussi le droit à quelques artistes un peu à part tel que Flying Lotus, Eskmo, Nosaj Thing et Ceephax Acid Crew pour vous retourner le crane comme personne. Il y a aussi quelques artistes que je ne saurais ranger dans des cases spécifiques tels que Cocorosie, The Locos, Israel Vibration ou encore Tokyo Ska Paradise Orchestra, histoire de vous prouver encore une fois les horizons infinis que Dour propose au Festivaliers. Si vous avez un festival à faire cet été, ce serait vraiment celui que je vous conseille, 100€ pour quatre jours de musique avec des artistes de tous les bords. De quoi rassasier votre curiosité pendant un bon bout de temps et à un prix vraiment raisonable. Pour passer vos nuits à Dour, trois solutions se posent devant vous : l’hotel, le camping ou les Festihuts. En effet, depuis l’année dernière Dour a crée les Festihuts, des petites maisons en bois, équipées de lits superposés avec matelas, pour 4 personnes. Situées à l’intérieur du camping dans le festivillage, elles sont à proximité des toilettes et des douches. Vos affaires y seront en sécurité puisqu’il vous est possible de fermer la festihut à clé, et de laisser les clés à la réception du festivillage. Le festivillage se situe dans un espace privé, à côté du camping. Il est équipé de douches (gratuites), et de toilettes privées, uniquement accessibles aux résidents du festivillage.

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FOCUS | RUMBLE FESTIVAL | FRANCE

Texte par Elizabeth Valat

RUMBLE FESTIVAL LE PREMIER « BASS MUSIC MEETING » EST ORGANISÉ À LYON SOUS LE NOM DU RUMBLE FESTIVAL ! NOUS N’ALLONS PAS VOUS LE CACHER, L’ÉQUIPE DE BASS MAG EST TRÈS PROCHE DE L’ASSOCIATION ORGANISATRICE DE L’ÉVÉNEMENT (TOTAAL REZ), PUISQUE BON NOMBRE D’ENTRE NOUS EN FAISONS PARTIE. NÉANMOINS, C’EST PAR PASSION, ENTHOUSIASME ET SANS INTÉRESSEMENT QUE NOUS VOUS PRÉSENTONS CETTE PREMIÈRE ÉDITION HAUTE EN COULEURS ANGLO-SAXONES. Des festivals en France, il y en a pour tous les goûts, que vous soyez Pop Rock, Electro, Reggae, Variété Française... c’est toute une partie de la population française qui a la chance d’écouter ses idoles lors d’évenements festifs fédérateurs. Nous pouvons retrouver sur certains d’entre-eux quelques noms aux sonorités Drum & Bass et Dubstep, mais aucun événement de grande ampleur n’est encore proposé au public français en matière de Bass Music. Amis Bass Heads, ce temps-là est révolu ! Le Rumble Festival est, rappelons-le en France, le premier événement de grande envergure à promouvoir la Bass Music à travers son plus large spectre de courants musicaux la composant, de ses origines à ses dernières nouveautés. Dès la soirée d’ouverture qui aura lieu sur une péniche, le public aura le plaisir d’entendre de la Drum & Bass, du Dubstep, du Dub, du Grime, de la Tropical Bass, du Future Garage, de l’UK Garage et de l’UK Funky, lors de 3 soirs placés sous le signe des infrabasses. Les programmateurs ont réalisé une sélection pointue mélangeant facilement mastodontes du mouvement et jeunes prodiges à fort potentiel artistique. Cette programmation devrait pouvoir ravir le public à l’oreille la plus pointue comme le public à la recherche de découvertes musicales. Organiser un festival demande beaucoup de temps et d’investissement. Choisir des artistes de qualité, attendus par le public et dans le respect d’un budget n’est pas chose aisée. En effet, Totaal Rez aurait pu s’arrêter sur des grands noms de la Drum & Bass et du Dubstep dont on ne présente plus le parcours tellement ils sont connus, mais l’association a préféré jouer le jeu de l’éclectisme, de l’inédit sur Lyon, et

de la promotion d’artistes de renomée en Angleterre mais moins médiatisés en France. Nous saluons alors cette prise d’initiative et vous convions grandement à vous rendre au Transbordeur pour montrer que le public français n’est pas en reste ! PROGRAMMATION JEUDI 5 MAI à La Marquise : Rattus Rattus & Klose One, Major Klemt & Ohmwerk, M3t4, D-Wax, Alvax et Dj Nepi. VENDREDI 6 MAI au Transbordeur : Dj Hype & Mc Daddy Earl, Mala & Mc Sgt Pokes, Plastician, Cookie Monsta, Far Too Loud, Concord Dawn, MJ Cole, Bok Bok, Flore, Vibronics feat. Madu Messenger & Echo Ranks, Turnsteak, Booma Sound, Metod Mc, Wiiskiller Krew, Nico Tico SAMEDI 7 MAI au Transbordeur : Buraka Som Sistema, Shy Fx & Stamina Mc, Emalkay, Toddla T, Roska, Untold, Ruckspin, Dodge & Fuski, Neat, Flatmate, The Analogeeks, Dr Roots, Metod Mc, Wiiskiller Krew, Nico Tico, Oblivion Pour l’occasion, Bass Mag vous propose de gagner des places pour la soirée de votre choix en envoyant un mail à asco@bassmusic.fr en précisant vos nom, prénom et à quelle soirée vous souhaitez participer. Deux gagnants seront tirés au sort le mercredi 4 mai 2011. Bonne chance !

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INTERVIEW | SON OF KICK | DUBSTEP | UK/FR

Interview par Sebastien Zandrini Photo : DR

SON OF KICK Son of Kick était de passage à Lyon au mois de mars avec Grems, Ntek et Sawgood pour la WILD#4. Il a bien voulu se prêter au jeu de l’interview pour Bass Music Magazine. Comment les choses ont commencé pour toi ? Qu’est ce qui t’a amené à produire de la Bass Music ? Ton parcours ? Tes influences musicales ? Je suis arrivé de France en Angleterre il y a 13 ans et au bout d’un an ou deux, j’habitais chez le pote d’une amie qui m’a appris à mixer sur des sons Techno. De là, j’ai rencontré un autre pote qui avait un ordi avec Logic Audio et on a commencé à faire des beats plutôt obscurs à la Ninja Tune mais complètement mélangés parce qu’on intégrait de vrais instruments. Je suis assez «éclectique» au niveau musical, adolescent, j’écoutais du Ministry, les Beasties Boys, beaucoup de Blues, Led Zeppelin, Pink Floyd,… mais aussi les sixties, de la musique orientale… Vers 20 ans c’était plus HipHop mais c’est vrai que je n’aime pas m’arrêter à un style et j’écoute vraiment de tout. Plus Eastcoast ou Westcoast? Les deux, mais j’ai toujours préféré Biggie à Tupac! D’où vient ton nom de scène ? Il y a quelques années tout le monde me cassait les couilles «c’est trop obscur, c’est trop mélangé, pas assez formaté», tout le monde me disait «vas-y, fais de la musique Club, tu vas voir, ça va marcher». Du coup, j’ai monté ce projet à côté de ce que je fais déjà. Le kick, c’est ce qui représente le plus la musique de Club, c’est ce qui te met en transe, et je voulais être un grand, donc, j’ai décidé d’être le «Fils du kick du Club» !! (Rires) C’était pour entrer dans une démarche commerciale au niveau production ? Non, pas vraiment, c’était plus une question de format: une vraie intro pour les Djs, une montée, etc… Et finalement ils avaient pas trop tort car ça m’a permis d’émerger et maintenant je peux faire les trucs que je kiffe. Qu’est ce que tu utilises comme matos pour la production, le live ? Pour la prod, je suis très minimal, j’utilise Mac et logic, un mixeur Mackie sur le côté, un micro, un compresseur Tampa, une carte son Motu et mes monitoring KRK que j’ai acheté a Los Angeles il y a 10 ans et que j’adore. Pour le live j’utilise Ableton parce que je me suis pété le dos avec des vinyles pendant des années et je vais avoir 33 balais

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donc ça suffit ! J’ai bossé sur Serato pendant quelques années mais ça m’a vite saoulé. Ableton me permet surtout de partir dans un autre délire; je fais pas encore de gros live, mais je découpe, j’envoie des boucles, des cuts, des accapelas, je «glitche», je lance des effets avec un petit contrôleur Midi, mais ça reste très simple et plutôt efficace! En fait, je m’en branle de ce que les gens pensent à ce niveau là. Pour te raconter une anecdote, je jouais à Southampton et un mec est venu me taper sur l’épaule alors que j’étais en train de péter le dancefloor pour me dire «You don’t play CD’s?» et je l’ai un peu envoyé chier en lui montrant mes 6 pistes qui tournaient en même temps: le cd, tu as le BPM, donc il y a rien de compliqué. Mais tu ne t’es jamais dit «je vais tout faire sur Ableton» ? Tu trouves ça trop limité? Non carrément pas, j’ai plein de potes qui produisent sur Ableton mais plus j’écoute ce qu’ils font et plus je reconnais un mec qui a bossé sur Ableton. Chaque logiciel a son empreinte sonore et c’est vrai que je bosse sur Logic par habitude, j’ai l’impression d’être «à la maison» quand je l’utilise: c’est une machine de guerre !!! Comment est née la collaboration Brokabilly ? J’ai rencontré Grems dans le studio de Simbad qui est un gros producteur Français Broken Beat / House. Il m’a fait écouter les nouveaux morceaux de Grems et c’est vrai que je sortais d’une période où le Hip-Hop m’avait saoulé, donc je n’étais pas emballé par le truc. Grems débarque dans le studio, on se présente et il me demande si l’album m’a plu (ndlr: ‘Sea Sex & Grems’). Je lui réponds «Non, je trouve que tu rappes trop vite» et je crois qu’il a apprécié de tomber sur un mec qui vient pas le sucer sur ce qu’il fait. Simbad lui a proposé d’écouter mes beats et il a adoré. Le lendemain, on était chez moi et on a fait le morceau Carlos presque en one shot, j’ai produit un beat en vingt minutes pendant qu’il écrivait les paroles. En se levant pour partir, je lui dis «on a pas de refrain» et j’ai commencé à fredonner «Caaaaarloooos, hanhanhanhan» et on a finalisé ça avec les vestes sur le dos. Depuis cet épisode, on est inséparable, et c’est vraiment la famille: on est similaire sur plein de choses et j’ai vraiment eu l’impression de rencontrer un frère caché, même si quelques fois, j’ai envie de le taper ! (Rires)

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Avec des bisous, mais pas trop dur d’être réveillé de bon matin par un mec avec des tatoos bizarres pour aller courir dans Londres ? (Rires). Pour l’anecdote, ils m’ont dit qu’ils débarquaient et j’ai passé 10 minutes à les appeler, demandant où ils étaient en faisant semblant de dormir chez moi avant qu’ils arrivent avec Neopen. C’était vraiment le début, on apprenait à se connaître et là on a vu qu’on avait aucune restriction, que tous les deux on était vraiment barré et qu’on s’en battait les couilles, on était dans la rue en caleçon avec des groupes de japonais armés de panneaux «Jésus Christ», on leur sautait dessus, on leur faisait des bisous, c’était complètement ouf !

Déjà, je bosse tout seul par expérience parce que j’ai bossé avec d’autres personnes mais ce n’est pas facile. Je n’ai plus envie de me stresser avec ça. Du coup, je travaille avec un certain nombre de gens que je connais très bien ou alors avec qui je sens tout de suite que ça va être très simple et sans prise de tête. Les productions Son of Kick c’est perso, j’ai une couleur musicale à laquelle je tiens. Après, j’ai quelques trucs en préparation : je bosse avec les Foreign Beggars et on a un projet à 4 avec Grems, Disiz et Simbad à la production. D’ailleurs, c’est une exclue que je te donne : le groupe devrait s’appeler «Club Sandwich» avec un style hybride entre Dubstep, Deep House et Hip-Hop.

Apparemment vous avez eu des soucis avec la police allemande lors du tournage du Clip de « Guacha » à Berlin avec Grems, Disiz et Orifice Vulgatron de Foreign Beggars. Que s’est il vraiment passé ? Ils vous ont pris pour des fous? On était dans un ancien hôpital allemand datant de la guerre et après avoir tourné toute la journée, on est tombé sur les keufs en sortant. On s’est pris 100€ d’amende chacun et en discutant un peu - bien sûr personne ne parlait allemand ils se sont rendus compte qu’on n’était pas méchant et on a fini par faire des photos avec eux. C’était vraiment n’importe quoi !

Ça va être bien orienté Dubstep du coup? Non pas seulement, Simbad amène le coté Deep, moi les trucs un peu plus violents. Ça va être de l’hybride avec aussi des prods super propres. J’aime pas trop cette catégorisation des styles où les labels ne veulent pas de toi si tu fais pas de la prod à 140 BPM. A Londres on revient bien à du 2step Deep avec des voix et ça part un peu dans tous les sens comme en Allemagne où ils ont réussi à unir Techno Minimale et Dubstep.

D’ailleurs tu as posé une voix sur cette instru avec un flow assez impressionnant mais on t’entend peu au micro et le public ne fait pas trop l’amalgame entre Son of Kick et Micro Coz. Micro Coz existe depuis pas mal d’années. Plusieurs morceaux sont sortis sur des compils, Rap Mag, etc… J’avais un peu arrêté parce que le Hip-Hop m’avait complètement cassé les couilles. Grems a écouté mes anciens morceaux m’a mis des baffes et reboosté pour refaire des trucs. D’ailleurs, un album est en préparation. Mais je kiffe que les gens n’aient pas fait l’amalgame et pensent que c’est une autre personne !

As-tu d’autres activités à part de la musique ou tu arrives à vivre de ton art ? Pour l’instant, j’en vis à 100% et même si quelques périodes sont difficiles, j’arrive à payer mon loyer et à manger. J’ai pas trop à me plaindre et je suis pas un mec qui a beaucoup de besoins : mon Mac, mes enceintes, ma famille. Après plus de 15 ans de bataille, je commence à être reconnu, et ça fait plaisir.

A part les remixes de tes morceaux et les MCs que tu fais poser, tu fais visiblement peu de collaborations en production avec d’autres artistes, pourquoi ?

«Le groupe devrait s’appeler Club Sandwich. Avec un style hybride entre Dubstep, Deep House et Hip-Hop» BASS MUSIC MAGAZINE #07 - MAI JUIN 2011 21


INTERVIEW | VON D | DUBSTEP | FRANCE

Interview par Mattias de Barberin Photo de Edwige Hamben

VON D VON D FAIT PARTIE DE CES PRODUCTEURS FRANÇAIS QUI NE SONT PAS TANT RECONNUS AU PAYS MAIS QUI EXPLOSENT SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE. AVEC SES PREMIERS MAXIS SIGNÉS SUR ARGON ET UNE FLOPÉE DE SIGNATURES CHEZ LES LABELS DUBSTEP LES PLUS PRESTIGIEUX, IL NOUS LIVRE AUJOURD’HUI SON PREMIER ALBUM INTITULÉ «DAYDREAMING». IL NOUS PARLE DE SON DISQUE, SON STUDIO, SA VILLE, SES POTES… INTERVIEW ! Alors, ton album arrive, tout le monde en parle… Comment s’appelle-t-il déjà ?! L’album s’intitule «DayDreaming», dans l’idée de «rêvasser» ou «tête en l’air». On me faisait souvent cette remarque quand j’étais plus jeune ; et puis le premier morceau que l’on a fait en featuring avec PhePhe s’appelait « DayDream », alors comme ça je lui fais un petit clin d’œil par la même ;) Depuis quand travailles-tu dessus ? Ça fait un an à peu près. Je ne me suis pas fixé de date butoir à vrai dire. A l’origine ça devait sortir sur Argon, mais finalement c’est Boka qui produit le disque. A quoi peut-on s’attendre ? Il y aura un vinyle sampler en featuring avec Foreign Beggars avant la sortie de l’album, qui lui sera disponible en CD, double vinyle et digital. Les productions présentées sur l’album sont toutes exclusives. L’album est assez varié: différents tempos, différentes vibes… mais on peut toujours distinguer un fil conducteur. J’ai voulu éviter le syndrome «suite de maxi «: y a des tracks dancefloor bien sûr, mais aussi beaucoup de chansons et de musique à écouter chez soi, ainsi que des trucs plus «deep» et expérimentaux. C’est moi qui ai décidé de la tracklist du CD : j’ai même rappelé des morceaux auprès de certains labels parce que je les voulais sur mon disque ! As-tu d’autres sorties en parallèle prévues ? Oui, j’ai un morceau sur la prochaine compil’ de Get Darker. Aussi un track en featuring avec Silky, des projets avec Sub Freak (le label de Dj Chef)… mais là il faut que je retourne au studio, refaire des beats. En plus j’ai récupéré du nouveau matos et je compte bien pousser mon son encore plus loin, lui ajouter de nouvelles couleurs. Ton approche pour la production ? Parfois je me dis, «Tiens je vais faire un track Dubstep». Hop, je mets mon DAW à 140 bpm, et puis je vois ce qu’il arrive ! Les résultats sont assez variables : parfois je vais faire 3 morceaux en une semaine, parfois ça ne va pas venir… mais en tout cas avec les années mes processus de productions sont bien établis donc je travaille plus mon style désormais. A quoi ressemble le « Von D » Studio ? Mac et Pc, et plein de petits gadgets : delay analogiques, reverb à ressorts, de «spring reverb»… Aussi j’ai des potes

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qui ont plein de hardware, du coup je crée pas mal de matière sonore dans leur studio avant de la retravailler dans mon studio. C’est du son analogique re-traité donc ! Mais je ne me prends pas la tête avec le débat «hardware vs software», sachant que le software peut sortir du son vraiment impressionnant. Le fait d’avoir fait une formation d’ingénieur du son t’a-t-il vraiment aidé pour affiner ton son ? A vrai dire j’ai été un peu déçu. La musique a toujours été 100% de ma vie et j’avais déjà pas mal d’acquis. Je suis allé à l’école, j’ai passé mon Bac… mais j’étais toujours dehors à faire du son, au contact des machines, des samplers… à partir de ma quinzième année je suis vraiment tombé dedans. Mon école d’ingénieur du son a bien confirmé mes acquis. Cette formation m’a surtout apporté une «vision» par rapport à la manière d’appréhender les sons. Pour moi c’était plus un apport «culturel» que «technique». Après mon parcours musical est surtout fait de rencontres et je privilégie cet aspect là. Je suis tout le temps en train de cogiter sur ma musique et partager, ouvrir cette réflexion est important pour moi. A l’opposé, parfois je tombe sur des types très arrêtés, très fermés et qui persistent dans leurs idées reçues, ce qui a tendance à me gonfler. Quel est ton sentiment par rapport aux évolutions du Dubstep ? Le Dubstep pour moi c’est : 140 bpm, des basses. Après les noms, les styles, je ne m’en inquiète pas. Si le morceau est bien je le jouerai, c’est simple. D’autres producteurs que tu apprécies en ce moment ? Silkie, Joker, Mr Lager, Jack Sparrow, 501, Vivek, Mensah… Je joue plein de trucs bien sûr, mais sur le moment ces gars m’inspirent bien. Ton feeling par rapport à la scène française ? Au niveau des producteurs, tout le monde se parle, tout le monde est cool je trouve. Après chez moi à Cergy, il n’y a personne dans cette musique, mais je connais bien la scène parisienne: Absurd, Niveau 0, Casual, Dogboy, Malilone, Nibé… c’est tous des bons potes ! En tout cas j’essaie d’être le plus open possible, surtout quand on me propose des dates au pays : c’est tellement rare que j’accepte souvent avec plaisir :)

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INTERVIEW | MINTECH RECORDINGS | DRUM & BASS | FR

Mindtech est l’un si ce n’est le plus important label francophone en Drum n’Bass, spécialisé dans les sonorités parmi les plus lourdes et ténébreuses que la Drum puisse nous offrir. Francophone ? Oui, car produit d’une fructueuse collaboration franco-belge, entre les Djs Square et Nevroz. Activistes de la scène DnB nordiste depuis quelques années déjà, ils ont mis sur pied ce projet de label voici bientôt deux ans. Après quelques sorties plutôt remarquées ces derniers mois, il semblait tout naturel de vous dévoiler les coulisses de ce label visiblement fort prometteur. Avec en perspective la sortie d’artistes tels qu’Optiv (C4C), Rregula & Dementia, Kantyze ou encore Paperclip, c’est toute la France qui les observe d’un oeil envieux et d’une oreille plus qu’attentive. Nous avons tenté ensemble de dresser le bilan de cette activité, mais surtout de vous présenter la teneur et l’avenir de ce projet plus en détail.

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MINDTECH RECORDINGS L’HISTOIRE DU LABEL Quelle idée fondatrice était à la base de l’aventure Mindtech, celle qui vous a réunis, et quels ont été vos parcours respectifs avant la création du label ? Nevroz: J’ai commencé la musique en 1995, à l époque j’étais bassiste dans un groupe de métal hardcore avec lequel nous avons fait quelques concerts. A l’aube du nouveau millénaire, je deviens rapidement accro aux soirées DnB bruxelloises et à force d’acheter des vinyles, je commence à mixer sous le nom de «NEVROZ», ensuite pour palier au manque désespérant de soirée DnB dans ma ville natale de Tournai (B), je lance un concept de soirée appelé «RESOLUTION». Plus ou moins 25 soirées ont été organisées entre 2003 et 2007 essentiellement à Tournai mais aussi à Bruxelles et à Liège. J’ai eu l’idée de fonder un label Neurofunk en 2007 car à l’époque, il n’y en avait pas en Belgique, le premier objectif était de faire connaître Mindtech en réunissant une douzaine d’artistes autour d’un projet appelé « The Frame of Mind LP » (MTRDLP01) un album disponible en téléchargement gratuitement sur notre site web. J’ai rencontré Nicolas dans une soirée ou l’on partageait le même line up, de fil en aiguille, nous sommes devenus amis. Nous avions des goûts musicaux assez proches et aussi des atouts complémentaires pour développer ensemble le label, donc pour moi, il était logique de lui proposer de devenir mon associé. Square: Originaire du Nord de la France, je suis passionné de Dnb depuis le début des années 2000. Cet engouement s’est nourrit au fur et à mesure de bon nombre de sorties dans les soirées sur Bruxelles, Gand, Paris…etc. et puis je fais la connaissance d’une bonne partie de la scène Drum’n bass de Lille : 5 ans de rencontres avant un « passage à l’action » à la suite d’une soirée décisive où je croise Nevroz. A l’époque déjà, nous avions pas mal de goûts musicaux en commun. Et c’est à ce moment où j’ai senti quel côté de la drum me plaisait le plus ! S’ensuivent des collaborations studio avec Edsik et la participation à pas mal d’événements sur la métropole lilloise ainsi qu’une émission hebdomadaire sur la web radio UK « PlanetDnB »… La radio, c’est un truc qui me plaît bien aussi : depuis 2007 je participe à l’émission Hard Bass Dealers Radio Show (tous les jeudis, à minuit sur www. rcv-lille.com) aux côtés de Digital Soap, B.T. Kod, R9 crew, Kapak, Nixus... 2009 est une année charnière, où l’on pose avec Nevroz les bases de ce qui va devenir Mindtech… et puis aussi une chose à citer pour nous : la dernière de Renegade Hardware @ The End, London qui provoquera comme un déclic dans nos têtes respectives… ! Pouvez vous dresser un bilan de l’évolution de cette activité depuis les débuts ? Nevroz: Le bilan est encourageant, je pense que le label a bien

Interview par Marie-Charlotte Dapoigny Photo : DR

mûri depuis 2010. Notre identité musicale s’est solidement forgée, de plus en plus d’artistes nous font confiance et ont envie de signer leur musique sur Mindtech. Aujourd’hui, nous sommes fiers de pouvoir travailler avec des artistes que nous respectons depuis longtemps comme Optiv, Rregula ou encore Kantyze pour ne citer qu’eux. Square: Au-delà des rapports producteur/artiste, je crois qu’une vraie communauté se crée autour de Mindtech, avec des artistes de confiance, des rapports d’amitié parfois forts… et surtout la passion des gens autour qui booste tout le monde chez nous ! Aujourd’hui Mindtech c’est 27 sorties (22EP, 3LP, 2 singles) et un concept porteur introduit par le Frame of Mind LP. Malgré ça, pas de routine : toujours de nouvelles choses, de nouvelles rencontres et de nouvelles découvertes… Nevroz & Square: Ce dont nous sommes content, c’est d’avoir eu l’occasion de signer une centaine d’artistes d’une trentaine de nationalités à travers le monde, de Porto-Rico à Moscou, et qui se reconnaissent, nous l’espérons, dans Mindtech. Mais le plus important pour nous, c’est vraiment l’aventure humaine… Que ferait-t-on sans nos artistes ?! Square: Après 2 ans, le label est encore en devenir, beaucoup de choses restent encore à faire... Mais en dépit de cette relative jeunesse, je crois que nous restons fidèles aux fans de Mindtech, nous nous recentrons vers un «noyau» qui commence à définir précisément « LE » son Mindtech : il faut dire que bosser avec des artistes comme Rregula nous aide beaucoup et nous fait aujourd’hui réaliser que le label prend de l’envergure… Quelle est aujourd’hui votre ligne directrice ? Nevroz & Square: Le fait que l’on soit deux est important pour comprendre quelle est la ligne directrice de Mindtech. On reçoit chacun des morceaux d’artistes différents. Souvent l’un de nous va voir l’autre pour lui faire écouter un track. C’est souvent le coup de cœur simultané qui fera la signature (mais pas toujours). Ce qui fait que le processus est quand même assez exigeant ! Après, certains artistes font des morceaux directement pour Mindtech… C’est le cas du prochain Optiv. Littéralement, on est du côté Tech et Neuro de la Drum (ce que tu retrouves dans le nom du label). Et puis il y a aussi une question d’énergie : on la recherche comme une plante cherche la lumière pour sa croissance (rires). Après on laisse les gens faire leur musique… Des perspectives d’avenir ? Square: On espère bientôt pouvoir développer avec le vinyle ce que l’on fait avec le digital. Et puis on aimerait aussi être dans la promotion évènementielle des artistes (bookings, tournées, etc…). Pour nous le vinyle n’est pas mort, même si il n’a plus le poids qu’il avait hier.

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LE MILIEU

LUMIÈRE SUR :

Quelle place prennent la France et la Belgique sur la scène DnB internationale selon vous ? Square: La France est différente de la Belgique ! Surtout pour nous, frontaliers… Si j’avais dû ne jamais sortir de la France, je crois que je n’aurais jamais connu de soirée Drum. En belgique la Drum est bien plus importante qu’ici, et ça fonctionne toujours : du son, du monde, de la promo, des jeunes… Les soirées sont toujours aussi blindées qu’il y a 10 ans ! Ca a pris beaucoup plus là-bas qu’ici. Donc la France, en fait, on connait mal : quelques réseaux, orgas de potes, mais nous voilà assez mal placés pour parler de la scène DnB en France : on est dans le Nord, et du coup on sort paradoxalement beaucoup plus en Belgique. Aujourd’hui, géographiquement, le Nord est un véritable carrefour : un carrefour entre l’UK et l’Europe. Au début, pour moi la Drum c’était 100% UK, aujourd’hui c’est worldwide.

La direction artistique du label pour les prochains mois : et plus précisément, quels sont les prochains artistes que nous retrouverons dans votre catalogue ? Nevroz: Nous venons de sortir un album important avec No Future LP, avec des artistes représentant le Mindtech d’hier, d’aujourd’hui et de demain : Future Signal, Rregula & Dementia, Zero Method, Kantyze, Nickbee & Malk, Perfect Unknow, Acid Lab, No Money, Axi, Paperclip, Eleventh Sun, Disphonia, Polarity, Trinity … Les prochains artistes que l’on peut vous annoncer en exclusivité pour Bass Music Magazine : le premier EP du Français Nerologik, un EP de Inward Phase, un nouveau track de Rregula et également en prévision un énorme morceau du Bruxellois Mik et un autre du français Redject (aka T.Rex).

Comment envisagez vous l’évolution et l’avenir de la Techstep au sein du mouvement ? Square: Clairement, j’observe aujourd’hui un « retour » de la Techstep, qui donne une orientation nouvelle au mouvement. Et ça me plaît. Mais il y a aussi de plus en plus d’influences liées au fait que la musique circule beaucoup plus qu’avant ! Pour moi, la Techstep a toujours eu sa place et est appelée à se développer encore demain ! Parlons distribution, digital, etc... : arrivez-vous à vivre de cette activité, et si oui, comment ? Square: S’enrichir, pas vraiment… Mais si ça arrive tant mieux (rires), on pourra investir de l’argent pour financer nos artistes, découvrir de nouveaux talents et développer l’évènementiel en généra

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Un événement : quels vont être les moyens mis en œuvre et qu’espérez vous en retirer ? Square: La dernière soirée Mindtech pour le lancement de No Future LP au Kiosk Club, à Lille : le club des musiques underground de Lille. Pour cette soirée on a eu le plaisir de mettre sur pied un pur line up avec Optiv, Zero Method et notre ami Axi… Une vraie célébration pour nous ! D’autres soireés du même genre sont à venir… Une sortie vinyle : pourquoi et quelle est la prochaine étape ? Nevroz: Je pense que c’est une évolution logique pour un label tel que le nôtre, de se tourner vers la production de vinyles. Cela nous donne l’opportunité de signer des artistes qui jusque là, n’auraient probablement pas été intéressés par une sortie exclusivement digitale. Square: C’est par le vinyle que ma passion a grandi. Mais je ne vais rien vous apprendre sur le fait que le vinyle se porte mal... Pour autant, Mindtech veut faire du vinyle depuis sa fondation : et pas seulement parce que notre public le réclame. Oui, il y a encore des gens qui considèrent qu’être un label digne de ce nom passe par le vinyl. Pour nous, il était logique de commencer par le digital, c’était le moment ou jamais. Je m’explique : Mindtech est arrivé à un moment où toute la scène basculait vraiment vers le digital. J’ai l’impression que Mindtech a commencé parallèlement à cet avènement et pour pas mal de Djs autour de moi… De la même manière, je pense que c’est aussi le moment de faire ce vinyle que nous attendons depuis longtemps… depuis le début en fait.

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CHRONIQUES

Textes par Fabio Ramos Photo : DR

Mj Cole

Matta

Prolific Recordings

Skint Under 5’s Records

Satellite

Turning Tricks

Vinyle / Digital

Digital

Mj Cole fait parti de cette génération de producteurs qui pourraient nous raconter les mutations de la musique électronique de ces 20 dernières années. Après un premier EP sorti en 1997 il crée directement sa propre structure Prolific Recordings, il sort deux albums : Sincere en 2000 et Cut To The Chase en 2003. Depuis il enchaine les EPs solo, collaborations et remixes. En 2011, à presque quinze ans de carrière au compteur il arrive avec un tout nouveau maxi quatre titres originaux intitulé Satellite.

Encore des nouvelles du duo Matta qui cette fois ci arrive avec un trois titres sorti sur le label Skint Under 5’s Records le 28 février en exclusivité sur Juno pour la première semaine de sortie.

Il entame cette nouvelle année en nous sortant quatre merveilles très typées Bass Music de son studio. Un maxi qui commence direct très fort avec TGV, un morceau rythmé par un beat coupé-décalé et un sample de piano parfaitement utilisé qui donne un coté très classe au morceau. On poursuit sur Hawaii un morceau Dubstep qui continue de distiller une atmosphère pure. Le meilleur morceau de cette galette arrive avec Bordeaux, un trip planant et progressif dans un univers beau et serein. La fin de Satellite arrive, un EP qui porte très bien son nom puisque pendant ce trajet musical on se sens emporté et c’est pas Manta qui me fera dire le contraire puisqu’il se laisse aller sur ce morceau où des éléments Glitch viennent s’imposer et un coté 90’s fait son apparition pendant un long break qui laisse rêveur. On sent l’aboutissement des années de production, des morceaux d’une propreté effarante, rien ne dépasse. Moi qui ne connaissait pas ce grand de la musique électronique je suis tout chamboulé par tant de talent. Pour couronner le tout il passera durant le Rumble Festival en mai prochain sur Lyon, impatience...

On connaissait des Matta produisant des morceaux sombres à l’ambiance oppressante peu enclin à l’écoute par nos amis claustrophobe, mais cet EP vient démontrer qu’ils étaient loin du maximum de leur potentiel en matière d’oppression musicale. Turning Tricks ne laisse aucun répits avec ce rythme galopant et cette basse qui monte en puissance au fur et à mesure jusqu’à vous paralyser. Enchaînons avec Chamber qui vous propulse en moins de deux dans les catacombes avec son rythme pachydermique et cette basses rampante ponctuée de quelques notes de piano et de violon salvatrice. A coté des deux autres morceau Puncture qui clôture l’EP ressemble à une ballade de santé dominicale avec toute la petite famille.

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FREE DOWNLOAD | FREE TRACKS

Textes par Sebastien Zandrini

LA SELECTA DU DIGGA Free Tracks Pour ce numéro, j’ai choisi d’aller fouiner du coté des States. Dans mes recherches je suis une multitude de jeunes producteurs à la peau encore boutonneuse qui « envoi le paté » d’une façon assez exceptionnelle. Des troupées de « kidz » débarquent dans le bass business et il ne fait aucun doute aux premières notes qu’ils vont mettre au rencard tous les « tontons » de la Bass endormis sur leurs lauriers de star en mode « poussez vous de là les vieux !! » On sent encore le manque d’expérience mais ouvrez bien vos oreilles et imaginez juste ce que ça va donner dans quelques années voir pour certains quelques mois: place au sang neuf !!! Bien sûr vous retrouverez toujours les trucs qu’il fallait pas rater sur Soundcloud mais il devient de plus en plus dur se vous trouver de la Drum n’Bass et du Breakbeat, même les producteurs electro/ Fidget se mettent au Dubstep. Qui plus est avec des prods carrément pas dégueux !!! J’ai choisis volontairement de faire plus de place aux tracks ce mois ci, il y avait beaucoup de choses à vous faire écouter!!! Faites vous plaisir et surtout partagez: faites découvrir à vos amis !!!

Crizzly - Big Booty Bitchezz Crizzly n’a que 15 ans et il a l’etoffe des grands. Originaire de San Antonio, ses productions oscillent entre les styles dubstep et drumstep avec beaucoup de semples de voix qui leur donne un style résolument hiphop http://crizzly.cowurl.com

Excision Subsonic (Bong remix) / Excision - Get to the point (Oblivion remix) Oblivion et Bong, tous deux agés de 16 ans se sont attaqués aux concours de remix d’Excision, et ils n’ont pas grand chose a envier au maître http://bongoblivion.cowurl.com

Lethal Bizzle (Zombie Dust remix) Zombie Dust a 17 ans et mëme si le son est encore brouillon, il arrive a donner de la puissance au morceau de Lethal Bizzle qui est un acteur privilégié de la scène grime, pow! http://zombie.cowurl.com

Nemesis - Function Nemesis, a 16 ans et est originaire de Baltimore. Cette track trouvée sur squittybubbler.com est lourde et

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la production est propre, pas grand chose à envier aux plus grands pour lui également et pourtant si peu de monde qui le suit!! A l’heure ou j’écris cet article, seulement 35 personnes «like» sur Facebook!!! A mon avis, ça va vite changer... http://nemesis.cowurl.com

Rage Against the Machine - Killing In The Name Of (Davr remix) Davr est un suédois de 17 ans qui apparait sur la compil «VA new blood of Dubstep vol1» de Play Me Records. C’est un des meilleurs remix dubstep que j’ai pu entendre de ce morceau, Davr a su garder la puissance des guitares initiales pour les utiliser dans la composition et je trouve ça carrément bien foutu et encore plus quand on sait l’age qu’il a: a suivre de très très près!!! http://davr.cowurl.com

Mark Instinct - Get Loud Nouvelle recrue sur Rottun Records, Mark Instinct est un jeune Canadien de 23 ans qui a sorti son premier EP en Janvier. Celui-ci est cadeau, mais je vous invite vivement a aller écouter les autres morceaux. http://markinstinct.cowurl.com

Figure – The Werewolf Malgré que ce soit un style montant en ce moment (et pourtant pas si nouveau que ça), je peine a trouver des artistes intéressants en drumstep. Figure ne fait pas partie de ceux-là et je pense que vous allez faire tourner en boucle cette bombe qui nous viens tout droit du Midwest !! http://werewolf.cowurl.com

Point Blank - Squirrel War Point Blank, c’est le projet de 2 producteurs belges appelés Matar & Vyron. Ils s’apprêtent a sortir un EP sur Buygore que l’on attends avec impatience http://pointblank.cowurl.com

The Bloody Beetroots feat Steve Aoki - Warp (Dirtyphonics rmx) On ne les présente plus et ils font l’objet d’une interview dans ce mag. Vous avez surement déjà entendu ce remix en soirée avec des reese basslines acérées qui donnent toute sa dimension au morceau. Ils nous font le plaisir de le lâcher en free download, jetez-vous dessus! http://dirtyphonics.cowurl.com

Tatu - Not Gonna Get Us (Liquid Stranger rmx) Liquid Stranger a balancé quelques tracks pour fêter d’avoir atteint 10000 fans sur Facebook. Un remix inattendu du groupe Tatu produit avec talent qui doit rappeler leurs premières «boums» a beaucoup d’entre vous. http://tatu.cowurl.com

Helicopter Showdown - Dramatron Beaucoup hurlent à la copie presque conforme du «Bass Canon» de Flux Pavilion et il est vrai que la ressemblance est plus que frappante. Ceci dit les morceaux sont sortis quasiment en même temps…. Si c’est une vraiment une copie, bien, je préfère celle-ci!!! http://helicopter.cowurl.com

Flux Pavilion - Bass Canon (Filth Collins rmx) Filth Collins est un jeune producteur australien qui commence a émerger, ses productions sont de plus en plus appréciées et nul doute que c’est un artiste à suivre en 2011, au vu de ce très bon remix du «boulet de Canon» de Flux Pavilion sorti sur le tout frais label Circus/UKF. http://flux.cowurl.com

The XX - Shelter (HULK Remix) Hulk, c’est le duo de Richie August un producteur de Chicago et Claw qui vient de New York. Un morceau qui va vous donner envie de déchirer vos sappes après une exposition soutenue aux rayons gamma…. http://hulk.cowurl.com

Like a G6 (Bare rmx) Bare c’est juste le truc bourrin qu’il faut écouter en ce moment, Play Me ne s’y est pas trompé en signant cet artiste qui envoi le bouzin à chaque morceau, je n’ai dailleurs été déçu d’aucune de ses productions. http://bare.cowurl.com

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FREE DOWNLOAD | FREE MIXTAPES

Texte par Sebastien Zandrini

Jogo - Whipped Up Jogo est un producteur belge et cette scène est une découverte me concernant: beaucoup de bons artistes qui donnent envie de digger à la frontière nord de notre bon vieux hexagone, miam! http://jogo.cowurl.com

Ratbeat – Parov Stelar remix Ratbeat est un jeune producteur lyonnais qui commence à faire parler de lui avec quelques morceaux produit et un liveset qu’il joue avec son frère aux platines sous le nom Babybro. Il s’attaque à un morceau électro/Swing de Parov Stelar et nous livre ici un remix très bien produit qui change de ce qu’on entends habituellement en Dubstep, d’ailleurs, est ce vraiment du Dubstep ?? http://ratbeat.cowurl.com

LA SELECTA DU DIGGA Free Mixtapes High Rankin - America Fuck Yeah mix Force est de constater que les artistes en vogue en ce moment pensent la même chose que moi, en ce moment c’est du coté de l’Amérique et plus localement de la Californie qu’il faut porter ses oreilles pour entendre «le son frais » Dubstep, la playlist est essentiellement composée de producteurs américains et bien que certains passages soit mixés assez simplement le mix est cohérent et comporte les grosses patates du moment. http://highrank.cowurl.com

Reid Speed - Play Me Thank you Mix Reid Speed c’est le label manager de Play Me Records. Pour reprendre ses mots, «merci a tous ceux qui sont devenus fous sur nos beats, tous ceux qui nous ont supportés, sans vous rien n’aurait été possible!!» Elle avait envie de livrer ici quelque chose de spécial et je trouve ça super réussi, la selecta est solide, à la fois cohérente et variée: 40 morceaux pour 1h10 de mix. http://reidspeed.cowurl.com

Filth Collins - Subsource Podcast volume 1 Je vous ai déjà présenté Filth Collins plus haut. Il nous livre ici le premier podcast de ce qui semble bien être une serie, à suivre... http://subsource.cowurl.com

Never Say Die volume 8 by Dodge & Fuski Comme d’habitude, chaque release sur Never Say Die est l’occasion d’une mixtape de promotion. Dodge & Fuski seront présents pour le Rumble Festival à Lyon, ne les ratez pas!! http://nsd8.cowurl.com

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Arty Farty Licences 2-1024000 3-1024001 / Traces ĂŠventuelles de gluten

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7 e Ed

ition

24>25 juin 2011

Poleymieux au mont d’or Terrain de 4x4

3 scènes sous chapiteaux - Village associatif samedi après-midi - Camping sur place

TAKANA ZION JAHTARI & SOOM T DARK DARK DARK SPYDA TEAM ANAKRONIC ELECTRO ORKESTRA LA KUMPANIA BEATS PETER SOLO & KAKARAKO HOT CLUB AFROBEAT ORCHESTRA KIFÉTÉLÉ

LA PTITE CONNEXION DJ PHILGOOD PAÏAKA FIVE POINTS ALIENHEARTS BABY'BRO GILOO & TRIBALOYA 12MÉ & RAPH DJ SPY WIISKILLER KREW

SUR PLACE: 16 euros / soir PRÉVENTES: 14 euros / soir 25 euros / Pass 2 soirs

Capacité du parking limité, pensez à covoiturer Les animaux, sound system et bouteilles de gaz sont strictements interdits sur l'ensemble du site

(uniquement en prévente)

Réservations: Digitick www.digitick.com ou Fnac / Virgin

Réseau Carrefour - Fnac - Géant / 0892 68 36 22 (0,34 € ttc/min) / www.fnac.com Réseau Auchan - E.Leclerc - Virgin / 0892 39 01 00 (0,34 € ttc/min) / www.ticketnet.fr

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Curis St Germain Poleymieux au mont d'or

Réservation fortement recommandée

Pour plus d'infos: www.demondor.com BASS MUSIC MAGAZINE #07 - MAI JUIN 2011


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